-id 1996. — No 19 S. (C.R.) ISSN 0755-544 X Mercredi 6 mars 1996

DÉBATSPARWENT JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

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t1 MARS 19ö•

SESSION ORDINAIRE DE 1995-1996

COMPTE RENDU INTÉGRAL

Séance du mardi 5 mars 1996

(61e jour de séance de la session)

19 982 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

ab-

SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU Question de M. François Autain. - Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi ; M.' François Autain. 1. Procès-verbal (p. 985). RESPECT DE L'INTÉGRITÉ DES PERSONNELS PSYCHOLOGIQUE (p. 994) 2. Saisine du Conseil constitutionnel (p. 985). D'UN CENTRE MEDICO- Question de M. Nicolas About. - Mme Anne-Marie 3. Communication du Gouvernement (p. 985). Couderc, ministre délégué pour l'emploi ; M. Nicolas About.

4. Questions orales (p. 985). ENCADREMENT DES ÉLÈVES DE L'ENSEIGNEMENT M. le président. • DU PREMIER DEGRÉ DANS LE DÉPARTEMENT DES ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE (p. 995) ALLOCATION DE PRÉPARATION A LA RETRAITE Question de M. Fern and Tardy. - Mme Anne-Marie POUR LES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD Couderc, ministre délégué pour l'emploi ; M. Fernand (p. 985) Tardy. Question de M. Marcel Lesbros. - MM. Pierre Pasquini, ministre délégué aux anciens combattants et victimes de CARTE SCOLAIRE DANS LE DÉPARTEMENT guerre ; Marcel Lesbros. DE LA HAUTE-VIENNE (p. 996) an-Pierre Demerliat. - Mme Anne-Marie CONSTRUCTION D'UN DEMI-ÉCHANGEUR SUR LA DÉVIATION Question de M. Je ministre délégué pour l'emploi ; M. Jean-Pierre DE . PUSEY-CHARMOILLE (HAUTE-SAÔNE) (p. 986) Couderc, Demerliat.

Question. de M. Alain Joyandet. - Mme Anne-Marie Idrac, secrétairéd'Etat aux transports. RÉGIME D'AIDE A L'IMMOBILIER INDUSTRIEL HORS ZONE DE PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (p. 998) AVENIR DE LA PRODUCTION DE VEAU DE BOUCHERIE EN (p. 987) Question. de M. Fernand Demilly. - MM. Jean-Claude Gaudin, ministre de l'aménagement du territoire, de la Question de M. Jean Huchon. - MM. Philippe Vasseur, ville et de l'intégration ; Fernand Demilly. ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. FISCALITÉ APPLICABLE AUX CLUBS DE VOILE (p. 999) PROBLÈMES POSÉS AUX PETITES ET MOYENNES SOCIÉTÉS EURO= PÉENNES PAR LA DIRECTIVE EUROPÉENNE CONCERNANT LA Question de M. Christian Bonnet. - MM. Yves Galland, MISE SUR LE MARCHÉ DES PRODUITS PHYTOPHARMACEU- ministre délégué aux finances et au commerce extérieur ; TIQUES (p. 988) Nicolas About. Question de M. Auguste Cazalet. - MM. Philippe Vasseur, AVENIR DE LA BANQUE FRANÇAISE ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation ; DU COMMERCE EXTÉRIEUR (p. 1000) Auguste Cazalet. Question de Mme Nicole Borvo. - M. Yves Galland, DIALOGUE SOCIAL A ÉLECTRICITÉ DE FRANCE (p. 989) ministre délégué aux finances et au commerce extérieur ; Mme Nicole Borvo. Question de Mme Nicole Borvo. - M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de La Poste et des télécommunica- AVENIR DU CRÉDIT FONCIER (p. 1001) tions ; Mme Nicole Borvo. Question de Mme Nicole Borvo. - M. Yves Galland, IMPLANTATION D'UNE CENTRALE NUCLÉAIRE ministre délégué aux finances et au commerce extérieur ; AU CARNET (LOIRE-ATLANTIQUE) (p. 991) Mme Nicole Borvo.

Question de M. François Autain. - MM. Franck Borotra, PROJET D'IMPLANTATION D'UNE USINE D'INCINÉRATION ministre de l'industrie, de 7.a Poste et des télécommunica- DES DÉCHETS A VITRY-SUR-SEINE (p. 1003) tions ; François Autain. Question de M. René Rouquet. - MM. Yves Galland, ORIENTATION DE L'EXPLOITATION DES MARAIS (p. 992) ministre délégué aux finances et au commerce extérieur ; René Rouquet. Question de M. Michel Doublet. - MM. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation ; Suspension et reprise de la séance (p. 1004) Michel Doublet.

INCIDENCE DE L'AUGMENTATION DU FORFAIT HOSPITALIER PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY SUR LES BUDGETS DÉPARTEMENTAUX D'AIDE SOCIALE (p. 993)

Question de M. René Marquès. - Mme Anne-Marie Eloge funèbre de Jean-Paul Chambriard, sénateur de la Couderc, ministre délégué pour l'emploi ; M. René Mar- Haute-Loire (p. 1005). ' quès. MM. le président, Jacques Barrot, ministre du travail et des PROJET DE CONSTRUCTION DU SIÈGE ADMINISTRATIF affaires sociales. DE LA CAISSE DES ALLOCATIONS FAMILIALES DE LOIRE-ATLANTIQUE (p. 993) Suspension et reprise de la séance (p. 100.6) SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 983

PRÉSIDENCE DE M. YVES GUÉNA Article 9 (p. 1027) Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur, 6. Conférence des présidents (p. 1006). le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article. 7. Transposition dans le code de la propriété intellectuelle de directives relatives au droit d'auteur. Adoption Articles 10 et 11. - Adoption (p. 1028) d'un projet de loi (p. 1008). Article 12 (p. 1028) Discussion générale : MM. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture ; Pierre Laffitte, rapporteur de la commis- Amendement n° 15 de la commission. - Adoption. sion des affaires culturelles. Amendement n° 16 rectifié de la commission et sous- ' amendement n° 27 de M. Ralite. - MM. le rapporteur, PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD Renar, le ministre. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié. MM. Robert Vigouroux, Philippe Richert, Jack Ralite, Mme Danièle Pourtaud, M. le ministre. Adoption de l'article modifié. Clôture de la discussion générale. Article 13. - Adoption (p. 1028) Article 1« (p. 1018) Amendement n° 1 de la commission et sous-amendement Intitulé du titre III (réserve) (p. 1029) n° 23 de M. Ralite. - MM. le rapporteur, Renar, le Amendement n° 28 du Gouvernement. - Réserve. ministre. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement rédigeant l'article. Article additionnel avant l'article 14 (p. 1029) Article 2 (p. 1020) Amendement n° 17 de la commission. - MM. le rapporteur, Amendemept n° 2 rectifié de la commission et sous- le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un amendements n°' 24, 25 de M. Ralite, 32 rectifié bis, article additionnel. 39 rectifié bis, 33 rectifié bis et 34 rectifie bis de M. Pelchat ; amendement n° 31 rectifié bis de M. Pelchat. - Article 14 (p. 1029) MM. le rapporteur, Renar, Delaneau, le ministre. - Retrait des sous-amendements n°' 25, 32 . rectifié bis, Amendement n° 18 de la commission. - MM. le rapporteur, 39 rectifié bis, 33 rectifié bis et 34 rectifié bis; rejet du le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant sous-amendement n° 24 ; adoption de l'amendement n° 2 l'article. rectifié, l'amendement n° 31 rectifié bis devenant sans objet. Article additionnel après l'article 14 (p. 1029) Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, Amendement n° 41 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption. le ministre, Mme Pourtaud. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel. Adoption de l'article modifie.

Article 3 (p. 1023) Article 15 (p. 1030) Amendement n° 4 de la commission. - MM. le rapporteur, Amendements n°' 19 à 21 de la commission. - MM. le rap- le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant porteur, le ministre. - Adoption. l'article. Amendement n° 40 rectifié de M. Rufin. - MM. Bernard, le Article 4 (p. 1023) rapporteur, le ministre, Ralite. - Adoption. Amendement n° 5 de la commission. - MM. le rapporteur, Amendement n° 22 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant le ministre. - Adoption. l'article. Adoption de l'article modifié. Article 5 (p. 1024) Articles additionnels après l'article 15 (p. 1032) Amendement n° 6 de la commission et sous- amendement n° 26 de M. Ralite. - MM. le rapporteur, Renar, le Amendement n° 29 du Gouvernement et sous-amende- ministre. - Retrait du sous-amendement ; adoption de ment n° 42 de la commission. - MM. le ministre, le rap- l'amendement. porteur, Renar. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel. Amendements n°' 7 à 9 de la commission. - MM. le rap- porteur, le ministre. - Adoption. Amendement n° 30 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption de l'amendement insérant un Adoption de l'article modifié. article additionnel. Article 6. - Adoption (p. 1026) Intitulé du titre III (suite) (p. 1033) Article 7 (p. 1026) Amendement n° 28 (précédemment réservé) du Gouverne- Amendement n° 10 de la commission. - Adoption. ment. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé. Adoption de l'article modifié. Vote sur l'ensemble (p. 1033) Article 8 (p. 1026) MM. Jack Ralite, Jacques Habert, Adrien Gouteyron, pré- Amendements n°' 11 à 13 de la commission. - MM. le rap- sident de la commission des affaires culturelles ; Pierre porteur, le ministre. - Adoption. Laffitte, Mme Danièle Pourtaud, M. James Bordas. Adoption de l'article modifié. Adoption du projet de loi. 984 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

8. Communication de l'adoption définitive de propositions 10. Dépôt de propositions d'acte communautaire (p. 1035). d'acte communautaire (p. 1035). 11. Dépôts rattachés pour ordre au procès-verbal de la séance du 22 février 1996 (p. 1036). 9. Dépôt d'une question orale avec débat portant sur des sujets européens (p. 1035). 12. Ordre du jour (p. 1037). SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 985

COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU sera le suivant : n° 267 de M. Marcel Lesbros, n° 281 de vice-président M. Main Joyandet, n° 279 de. M. Jean Huchon, n° 285 de M. Auguste Cazalet, n° 295 de M. Michel Doublet, M. le président. La séance est ouverte. n° 280 de Mme Nicole Borvo, n° 300 de M. François (La séance est ouverte à neuf heures trente.) Autain, n° 266 de M. René Marquès, n° 299 de M. François Autain, n° 298 de M. Nicolas About, n° 276 de M. Fernand Tardy, n° 286 de M. Jean-Pierre Demer- liat, n° 292 de M. Fernand Demilly, n° 283 de Mme Nicole Borvo, n° 291 de Mme Nicole Borvo, no 297 de M. Christian Bonnet et n° 289 de M. René PROCÈS - VERBAL Rouquet. M. le président. Le procès-verbal de la séance du jeudi Je rappelle que l'auteur de la question dispose de trois 22 février 1996 a été distribué. minutes pour exposer cette dernière et que, après l'inter- Il n'y a pas d'observation ?... vention du ministre, il peut répondre au Gouvernement, Le procès-verbal est adopté. pour une durée n'excédant pas deux minutes.

2 ALLOCATION DE PRÉPARATION A LA RETRAITE POUR LES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD SAISINE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL M. le président. M. Marcel Lesbros appelle l'attention M. le président. En application de l'article 34 de l'or- de M. le ministre délégué aux anciens combattants et vic- donnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi times de guerre sur le problème de l'allocation de prépa- organique sur le Conseil constitutionnel, M. le président ration à la retraite, l'APR, pour les anciens combattants du Sénat a été informé que le Conseil constitutionnel a en Afrique du Nord. Il lui indique en effet que, malgré été saisi de deux requêtes enregistrées au secrétariat géné- les mesures adoptées lors de la discussion budgétaire pour ral du Conseil constitutionnel le 23 février 1966, tendant 1996, le problème demeurait entier pour les anciens à l'annulation de l'élection sénatoriale qui s'est déroulée combattants d'AFN, chômeurs de longue durée, qui sont le 11 février 1996 dans le département du Bas-Rhin. pénalisés en matière de retraite complémentaire. Acte est donné de cette communication. Il lui indique que le Front uni ne souhaite pas le maintien de l'allocation de préparation à la retraite au- A delà de l'âge auquel l'allocataire peut percevoir une 3 retraite à taux plein car cela serait contraire au principe en vigueur pour toutes les préretraites, ainsi qu'au but COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT poursuivi par la commission tripartite chargée d'évaluer le coût d'une retraite anticipée, et non retardée. M. le président. M. le président a reçu de M. le Pre- Il lui précise que les crédits inemployés permettent au mier ministre une communication, en date du Gouvernement de contribuer au financement de la valida- 23 février 1996, relative à la consultation des assemblées tion des périodes de versement de l'APR pour la retraite territoriales de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie complémentaire comme il le fait déjà pour la retraite du française sur le projet de loi autorisant l'approbation d'un régime général, ce qui éviterait aux intéressés de subir accord entre le Gouvernement de la République française l'abattement de 22 p. 100, que les fédérations d'anciens et le Gouvernement de la République algérienne démo- combattants ne sauraient accepter. cratique et populaire sur l'encouragement et la protection En conséquence, il lui demande si le ministère des réciproques des investissements (ensemble un échange de anciens combattants et victimes de guerre - le fonds de lettres interprétatif). solidarité AFN relevant de son budget - envisage d'ali- Acte est donné de cette communication. gner l'APR sur les préretraites du fonds national de Ce document a été transmis à la commission compé- l'emploi, le FNE, au regard des retraites complémentaires. tente. (N° 267.) La parole est à M. Lesbros. 4 M. Marcel Lesbros. Monsieur le ministre, le problème de l'allocation de préparation à la retraite pour les anciens combattants d'Afrique du Nord est d'une actualité pres- QUESTIONS ORALES sante. M. le président. L'ordre du jour appelle les réponses à Malgré les mesures adoptées lors de la discussion du des questions orales sans débat. budget pour 1996, le problème demeure entier pour les J'informe le Sénat qu'à la demande du Gouvernement anciens combattants d'Afrique du Nord chômeurs de et en accord avec les auteurs l'ordre d'appel des questions longue durée, qui sont pénalisés en matière de retraite orales sans débat inscrites à l'ordre du jour de ce matin complémentaire. 986 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Je vous indique, monsieur le ministre, que le Front uni pleinement d'accord avec vous sur ce point : il n'en est ne souhaite pas le maintien de l'allocation de préparation pas question, et ma position s'identifie, sur ce plan, à la à la retraite au-delà de l'âge auquel l'allocataire peut per- vôtre et à celle des associations du Front uni. cevoir une retraite à taux plein, car cela serait contraire Enfin, vous faites une suggestion extrêmement intéres- au principe en vigueur pour toutes les préretraites ainsi sante : utiliser éventuellement les 2 000 millions de francs qu'à l'objectif poursuivi par la commission tripartite char- qui étaient inscrits au budget de 1995 et qui ont été gée d'évaluer le coût d'une retraite anticipée et non retar- inemployés. La règle de l'annualité m'interdit de les utili- dée. ser, mais j'ai obtenu du Gouvernement que quelque Je 'vous précise par ailleurs que les crédits inemployés 2 000 millions soient à nouveau bloqués. permettent au Gouvernement de contribuer au finance- Vous citez la déclaration de Mme le ministre délégué ment de la validation des périodes de versement de l'APR pour l'emploi devant votre assemblée. Au vu des travaux pour la retraite complémentaire comme il le fait déjà de la commission tripartite - ses résultats paraîtront avant pour la retraite du régime général, ce qui éviterait aux le 31 mars 1996 selon un décret du Premier ministre - intéressés de subir l'abattement du 22 p. 100, que les les 2 000 millions de francs que j'ai pu préserver pour- fédérations d'anciens combattants ne sauraient accepter. ront être utilisés dans l'intérêt des anciens combatttants Le fonds de solidarité AFN relevant de votre ministère, dès ce moment. je vous demande donc si vous envisagez d'aligner l'APR M. Marcel Lesbros. Je demande la parole. sur les préretraites du fonds national de l'emploi au regard des retraites complémentaires. M. le président. La parole est à M. Lesbros. Si je puis me le permettre, j'ajouterai un argument M. Marcel Lesbros. Monsieur le ministre, j'ai pris acte supplémentaire : Mme le ministre délégué pour l'emploi a des informations particulièrement intéressantes que vous indiqué, le 14 février, au Sénat, à propos du fonds pari- avez bien voulu me donner. Je reconnais que nous taire d'intervention pour l'emploi que, « jusqu'à l'âge sommes dans une période de transition et que nous légal de la retraite, le salarié continuera à acquérir des devons attendre les résultats de la commission tripartite. droits à la retraite complémentaire grâce à des versements J'espère que, pour le prochain budget, ou en cours d'an- du fonds paritaire » - ces propos figurent à la page 642 née, nous pourrons prendre, tout au moins dans le prin- du Journal officiel. cipe, un certain nombre de décisions auxquelles vous avez fait allusion. Il n'y a aucune raison qu'il n'en soit pas de même pour les anciens combattants d'Afrique du Nord qui optent en faveur de l'allocation de préparation à la CONSTRUCTION D'UN DEMI-ÉCHANGEUR SUR retraite. Aussi serait-il équitable que le fonds de solidarité LA DEVIATION DE PUSEY-CHARMOILLE (HAUTE-SAÔNE) AFN, qui est placé sous votre responsabilité, intervienne à M. le président. M. Alain Joyandet attire l'attention de l'instar du fonds paritaire d'intervention pour l'emploi. M. le ministre de l'équipement, du logement, des trans- M. le président. La parole est' à M. le ministre. ports et du tourisme sur la réalisation d'un demi- M. Pierre Pasquini, ministre délégué aux anciens combat- échangeur sur la RN 19 dans le cadre des travaux de la tants et victimes de guerre. Monsieur le sénateur, j'ai indi- déviation de Pusey-Charmoille, agglomération de Vesoul. qué à plusieurs reprises, notamment lors de la dernière Une telle construction permettrait, en effet, de desservir discussion budgétaire, que les mesures prises pour le bud- le centre d'enfouissement technique de classe I situé à get de 1996 se sont révélées, d'une façon générale, inopé- proximité de Vesoul, tout en améliorant les conditions de rantes, notamment les appréciations du nombre des sécurité de la desserte du site. combattants d'Afrique du Nord qui pouvaient passer de Il lui rappelle que ce demi-diffuseur avec la route l'allocation différentielle à la préretraite avaient été suré- départementale 118 faciliterait grandement les échanges valuées : on avait estimé qu'il y aurait 35 000 demandes avec la partie ouest du district de Vesoul, que le site pro- environ alors qu'il n'y en a, à l'heure où je vous parle, posé se prête bien à un tel aménagement, qu'il a l'avan- que 2 500. tage de permettre l'accès au centre d'enfouissement tech- J'ai également dénoncé quelques blocages. Ils résultent nique sans avoir à traverser les villages de Pusey et de des mesures qui ont été prises hâtivement lors de la dis- Charmoille, ce qui constituerait une amélioration majeure cussion budgétaire : d'une part, on avait tout simplement des conditions de vie des riverains. oublié de réévaluer les salaires de référence, omission que Enfin, il ajoute que ce projet représente la solution la je suis parvenu à corriger en débloquant une somme pré- moins coûteuse et la plus rationnelle et que les autres levée sur le budget ; d'autre part, on avait négligé de fixer solutions alternatives posent de graves difficultés. un plancher pour l'APR, qui soit égal à l'allocation dif- En conséquence, il lui demande quelle décision il férentielle. compte prendre concernant ce dossier pour assurer aux Ces deux blocages ont été levés, mais il en reste un habitants de Pusey et de Charmoille des conditions de vie troisième qui, comme vous le savez, dépend non pas de et de sécurité acceptables. (No 281.) moi mais du ministère des affaires sociales. Il tient au fait La parole est à M. Joyandet. • que les caisses de retraite complémentaire ont indiqué M. Alain Joyandet. Madame le secrétaire d'Etat, des que, si les anciens combattants allaient vers l'APR, leur travaux importants sont engagés dans l'agglomération de retraite serait minorée de quelque 5 p. 100 . Vesoul afin de dévier une partie du trafic routier ; or, à Je suis incompétent sur cette question. Aussi ai-je proximité de cette nouvelle déviation, il existe un centre transmis le dossier au ministère du budget et au ministère d'enfouissement technique de classe I, ce qui est assez des affaires sociales. M. Barrot s'en occupe et je vous exceptionnel en Franche-Comté. informerai de la suite qui sera donnée et de la solution Selon le projet initial de déviation, ce centre de classe I qui sera apportée. n'est desservi ni par un échangeur ni par un demi- Vous m'indiquez, en outre, qu'il n'est pas question de échangeur. Mais la société exploitante serait prête à maintenir l'APR au-delà de l'âge auquel l'allocataire peut, prendre en charge des travaux pour éviter aux camions de s'il le désire, faire valoir ses droits à la retraite. Je suis traverser deux villages. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 987

Je souhaiterais donc savoir s'il est possible d'envisager des éleveurs de mon département due au projet de la cette réalisation qui améliorerait sensiblement la sécurité Commission européenne relatif au logement des veaux et dans les agglomérations environnantes. à leur alimentation. M. le président. La parole est à Mme le secrétaire C'est un projet qui risque d'entraîner en effet des désé- d'Etat. quilibres dans le secteur du veau de boucherie puisqu'une modification de la viande produite, notamment de sa Mme Anne - Marie Idrac, secrétaire d'Etat aux transports. couleur, ne sera pas sans incidence sur la consommation. Monsieur le sénateur, M. Pons, qui m'a chargée de le De telles décisions auraient pour conséquence d'influer représenter ce matin, connaît bien l'importance que les sur le secteur, déjà fragile, de la viande bovine et sur celui élus de la Haute-Saône attachent à cette question de du lait. L'enjeu est donc grave pour cette production demi-échangeur sur la RN 19. typiquement française qu'est le veau de boucherie. Comme vous le savez, la réalisation d'un équipement Monsieur le ministre, vous avez saisi la Commission de ce type est dérogatoire à un certain nombre de normes européenne d'un mémorandum en lui demandant de techniques. Toutefois, je vous confirme de la manière la bien analyser l'impact de sa proposition dans les filières plus claire que, compte tenu de votre insistance et de non seulement de la viande de veau, mais aussi de la l'attachement que vous portez à ce projet, M. Pons a viande bovine et du lait. décidé d'accepter la réalisation de ce demi-échangeur, qui Nous savons que dans le mémorandum vous avez fer- a pour objet d'améliorer les conditions de desserte du mement affirmé l'attachement de la France aux spécifici- centre d'enfouissement technique, dans la mesure où sa tés de la viande de veau, c'est-à-dire une viande blanche, construction ainsi que son exploitation seront prises en qui correspond à la demande des consommateurs français. charge par les collectivités locales et par la société qui gère le centre en question. Vous avez indiqué qu'il était possible de prendre en compte ces considérations tout en répondant aux préoc- Bien entendu, chacun le comprendra, compte tenu de cupations relatives au renforcement du bien-être des ani- la proximité avec les points d'échanges voisins, la configu- maux. Cette question était à l'ordre du jour du conseil ration de ce demi-échangeur devra être adaptée, afin que des ministres de l'agriculture de l'Union européenne qui les règles élémentaires de sécurité et de bonne circulation s'est tenu le 26 février dernier. soient préservées. Je vous demande aujourd'hui, monsieur le ministre, si Mais l'essentiel, je crois, monsieur le sénateur, est la vous pouvez nous rassurer sur ce point et nous dire où en confirmation de cet accord sur la possibilité de réalisation est ce dossier. du demi-échangeur. M. le président. La parole est à M. le ministre. M. Alain Joyandet. Merci de votre réponse, madame le secrétaire d'Etat. M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Monsieur le sénateur, vous connaissez bien les problèmes auxquels sont confrontés AVENIR DE LA PRODUCTION DE VEAU aujourd'hui, dans le département que vous représentez, DE BOUCHERIE EN FRANCE les éleveurs de viande bovine. Vous m'interrogez sur la viande de veau. Effective- M. le président. M. Jean Huchon appelle l'attention de ment, la Commission européenne nous a présenté, voilà M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'ali- quelques jours, à Bruxelles, des perspectives relatives au mentation sur les inquiétudes des éleveurs et des entre- logement des animaux. Celles qui concernent l'alimenta- prises spécialisées dans la production de veau de bouche- tion animale ne nous ont pas encore été exposées, et la rie. France demande que ces questions soient examinées Il lui indique que cette production constitue l'essentiel conjointement, afin qu'il n'y ait pas, • d'un côté, une des 2 000 000 de têtes produites annuellement en France, réflexion sur le logement des animaux et, de l'autre, un fournissant environ 250 000 tonnes de viande de veau. examen des questions liées à l'alimentation. Ces pro- Il lui précise qu'en Europe la France est le premier blèmes doivent être étudiés simultanément. producteur et consommateur, suivie de très loin par l'Ita- Vous avez souligné, à juste titre, monsieur le sénateur, lie et les Pays-Bas, et qu'en outre la production de veau que la modification des conditions d'élevage des veaux de boucherie est un secteur d'activité qui emploie risque d'entraîner de profonds déséquilibres dans le sec- 20 000 personnes. teur du veau de boucherie, bien entendu, mais également C'est la raison pour laquelle il lui demande si le Gou- dans les secteurs déjà très fragiles de la viande bovine et vernement entend s'opposer aux projets européens relatifs du lait. aux normes de logement et aux méthodes d'alimentation Vous le savez, j'ai placé la crise de la production de du bétail, qui remettraient en cause cette production typi- viande bovine au tout premier rang de mes priorités quement française, ainsi que les 20 000 emplois qu'elle quand j'ai été améné à m'exprimer sur le paquet « prix » représente. (No 279.) lors du conseil des ministres européens de l'agriculture, La parole est à M. Huchon. avec une demande de revalorisation des aides. Au-delà, il M. Jean Huchon. Monsieur le président, monsieur le nous faudra bien entendu mettre en place des mesures ministre, mes chers collègues, la semaine dernière, nous plus structurelles pour mieux maîtriser les marchés. avons tous visité, plus ou moins longuement, le salon de S'agissant de la viande bovine, j'ajoute que je me l'agriculture. Nous avons vu la façade rutilante de l'éle- réjouis d'avoir été de ceux qui ont permis l'adoption vage français, qui est encourageante. Mais cette façade d'une position unique pour refuser toute introduction de rutilante ne cache-t-elle pas un magasin en ruine ? viande hormonée venant d'autres pays, introduction qui Monsieur le ministre, je souhaite que vous nous infor- déséquilibrerait davantage encore le marché. miez sur l'évolution du dossier de la viande, dossier qui Je reviens au problème du veau de boucherie. nous est cher et pour lequel vous vous battez beaucoup. Compte tenu de l'importance des conséquences socio- Je voudrais aujourd'hui attirer votre attention plus parti- économiques que ce projet de directive risquait d'avoir, culièrement sur l'inquiétude des négociants en viande et j'ai pris l'initiative, dès le mois de janvier, de saisir la 988 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Commission européenne ainsi que mes homologues de J'espère que, dans ce domaine de la viande de veau l'Union d'un mémorandum destiné à éclairer et à ration- - j'en discute avec les éleveurs et nous pensons que nous naliser les débats, qui ont quelquefois tendance à échap- avons de bons arguments à faire valoir - nous prouverons per à toute logique. Je souhaite ainsi que nous disposions que la France est capable d'être positive, offensive, de d'une véritable étude d'impact économique de la proposi- sauver sa filière de viande de veau et, à travers elle, sa tion qui nous est faite pour les secteurs de la viande et du filière lait et sa filière de viande bovine. lait concernant cette éventuelle modification en matière M. Jean Huchon. Je vous remercie, monsieur le d'élevage des veaux. ministre. J'ai posé dans le mémorandum des questions tout à fait simples, tout à fait claires, tout à fait précises. J'at- PROBLÈMES POSÉS AUX PETITES ET MOYENNES SOCIÉTÉS tends des réponses de même nature : simples, claires et EUROPÉENNES PAR LA DIRECTIVE EUROPÉENNE précises. CONCERNANT LA MISE SUR LE MARCHÉ DES PRODUITS Nous avons procédé à un tour de table, et la question PHYTOPHARMACEUTIQUES du mémorandum français sera abordée lors de la pro- chaine réunion, qui aura lieu les 18 et 19 mars, à M. le président. M. Auguste Cazalet expose à M. le Bruxelles. Je sais que le conseil spécial agricole, instance ministre de l'agriculture, de . la pêche et de l'alimentation permanente qui se réunit cette semaine, va examiner ce que la directive 91/414 CEE impose aux sociétés euro- problème du mémorandum afin que nous puissions en péennes fabriquant et distribuant des produits phytosani- débattre lors du prochain conseil des ministres de l'agri- taires de réhomologuer au niveau européen toutes leurs culture. autorisations de mise en vente nationales, l'objectif étant d'éviter de mettre sur le marché des produits dont les Je ne vous cache pas cependant que la période qui risques pour la santé, les eaux souterraines et l'environne- vient sera difficile, et d'abord à cause de la très forte pres- ment n'ont pas fait l'objet de recherches appropriées. sion qu'exercent certains de nos partenaires. En outre, Le travail de réenregistrement doit porter sur des subs- avec ces campagnes à répétition, les consommateurs tances déjà présentes sur le marché avant le 25 juillet 1993 semblent devenir de plus en plus sensibles à quelques et consiste à veiller à ce qu'elles répondent aux exigences argumentations développées par les organisations de pro- actuelles pour la mise sur le marché en matière de don- tection des animaux. Nous devons donc être réalistes et nées toxiques et écotoxiques. La Commission, soucieuse tout mettre en oeuvre pour éviter une détérioration de de mener à bien le travail de révision des anciennes subs- l'image de la viande de veau, détérioration qui se retour- tances actives, a clairement indiqué sa volonté de per- nerait contre nous et contre les éleveurs. C'est dans cet mettre la meilleure collaboration possible entre les auto- esprit que j'apporte tout mon soutien aux actions de rités nationales et européennes chargées d'instruire les communication que les professionnels se proposent de dossiers de demandes d'autorisation et les sociétés qui éta- mener pour préserver la confiance et l'attachement des blissent ces demandes. consommateurs français à ce produit exceptionnel et spé- Il souhaite attirer son attention sur les problèmes que cifique qu'est le veau blanc. ce dispositif, tout à fait louable dans son principe, pose Sur ce dossier, la France est, pour l'instant, très ,isolée aux PME concernées. D'abord, elles n'ont pas les moyens face à la plupart des Etats membres, même si le mémo- financiers de procéder aux études complémentaires randum français a été bien accueilli. Chez certains de nos demandées par la direction générale de l'agriculture de la partenaires, surtout au nord de l'Europe, le bien-être ani- Commission européenne. Ensuite, elles ne disposent pas mal est devenu un thème de très forte mobilisation de des données de base qui pourraient leur permettre d'avoir l'opinion publique, puissamment relayée par les gouver- accès à ce travail de révision. nements avec des arrière-pensées qui ne sont pas inno- Les études que la directive leur demande de refaire centes. • sont en réalité détenues par des entreprises multi- Dans ce débat, à un facteur rationnel, un facteur nationales, américaines pour la plupart, ayant bénéficié logique, pour lequel nous avons de très bons arguments, pendant des années d'un monopole lié à la protection des s'ajoute un facteur irrationnel, un facteur émotionnel, qui brevets, mais qui ne souhaitent pas collaborer. Certains joue un rôle parfois trop important. J'insiste sur la néces- pays, tels que les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, proposent sité de fonder toute modification réglementaire sur une de se charger de réexaminer les produits, mais le coût de approche scientifique incontestable - et non pas simple- chaque examen est prohibitif. Comme il n'existe aucune ment sur des sentiments qui seraient fallacieux - réalisée disposition réglementant ou organisant le partage des par des experts de compétence internationale et reconnue. études destinées à la réhomologation des produits géné- Mon objectif, monsieur le sénateur, sur ce dossier, c'est riques, la situation va être la suivante : d'un côté, une de sauvegarder les intérêts des éleveurs français sans pour position de quasi-monopole d'accès au processus de révi- autant ignorer les préoccupations qui se manifestent assez sion tenue par deux ou trois firmes ; de l'autre, des largement dans l'opinion publique. petites ou moyennes sociétés européennes indépendantes des grands groupes chimiques multinationaux et dispo- Nous serions coupables - parce que nous irions, à mon sant, dans leur propre pays, de l'autorisation de mettre avis, au-devant d'une défaite en rase campagne - si nous leurs produits génériques sur le marché mais qui n'auront n'étions pas capables de montrer qu'il est possible de pas les moyens de défendre leurs homologations natio- répondre à l'ensemble des préoccupations. nales. Nous nous sommes heurtés à un problème de même Prenons le cas de l'entreprise Calliope, installée dans nature l'année dernière à propos du transport des ani- les Pyrénées-Atlantiques, à Noguères, où elle emploie maux. Nous pensions que la situation était sans issue ; or environ cent cinquante personnes à la fabrication de pro- nous sommes parvenus à trouver un accord satisfaisant duits chimiques, essentiellement à base de substances pour toutes les parties. La France a réussi à montrer que actives génériques, destinés à la protection des cultures. l'on pouvait à la fois concilier les nécessités inhérentes à Cette société, qui a déjà investi des sommes très impor- l'élevage et les revendications qui nous étaient soumises. tantes pour obtenir des autorisations nationales, a évalué SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 989

à 25 millions de francs par an le coût de ces études mais une remise en ordre s'impose si l'on ne veut pas que complémentaires demandées par la directive. Chez Cal- le nombre de PME risquant de pèrdre leurs autorisations liope, comme pour toute société ne disposant pas de don- de mise sur le marché continue d'augmenter. nées de base, le dispositif proposé par la directive est dis- Je souhaiterais connaître les intentions du Gouverne- criminatoire et pourrait provoquer un ralentissement de ment à ce sujet. l'activité. M. le président. La parole est à M. le ministre. Le processus de révision pourrait de plus augmenter le M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la coût des produits et donc le prix des intrants pour l'agri- pêche et de l'alimentation. Monsieur le sénateur, comme culteur européen. Il lui demande s'il ne serait pas oppor- vous venez de le souligner, la directive 91/414 CEE rela- tun de réglementer la gestion des études en obligeant, par tive à la mise sur le marché des produits phytopharma- exemple, les multinationales à partager leurs informations, ceutiques impose aux sociétés détentrices des autorisations moyennant une compensation financière fixée par un de ces produits un réexamen de l'ensemble des substances arbitre et les moyens que la France pourrait mettre en actives déjà sur le marché communautaire, dont beaucoup oeuvre afin d'apporter des modifications au dispositif pro- ne sont plus protégées par des brevets et sont donc deve- posé et ainsi d'éviter à de nombreuses entreprises de nues génériques. perdre leurs autorisations de mise sur le marché. Cette obligation vise à assurer le respect des exigences (N° 285.) actuelles en matière de santé publique et de protection de La parole est à M. Cazalet. l'environnement. Une société sollicitant l'inscription d'une substance active doit donc élaborer et fournir un M. Auguste Cazalet. Monsieur le président, monsieur dossier réunissant des informations complètes en matière le ministre, mes chers collègues, la directive du Conseil de données toxicologiques et écotoxicologiques. des Communautés européennes du 15 juillet 1991 a pour A une époque où la protection de l'homme et de objet d'harmoniser, au niveau européen, les conditions de l'environnement est devenue primordiale - sujet que j'ai mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques encore eu l'occasion d'évoquer voilà quelques instants - utilisés pour protéger les cultures. la mise à jour de ces données est indispensable, même si Partant du principe tout à fait louable que ces produits elle nécessite, pour certains substances actives - des subs- ne devront plus présenter de risque pour la santé, les eaux tances anciennes - des études complémentaires très coû- souterraines et l'environnement, les auteurs de la directive teuses, dont le coût peut aller de un million à 10 millions demandent aux fabricants de procéder à la réhomologa- de francs. tion, au niveau européen, des autorisations déjà obtenues Il est vrai que, de ce fait, les sociétés multinationales au niveau national. propriétaires de molécules, qui sont les seules à même Ce travail de réenregistrement porte sur des substances d'investir aussi lourdement, pourraient retrouver un déjà présentes sur le marché avant le 25 juillet 1993 et monopole au détriment de sociétés détentrices de pro- suppose la réalisation d'études complémentaires. duits génériques déjà sur le marché qui se trouvent inca- Or ces études non seulement coûtent cher, trop cher pables financièrement de parvenir à un accord avec les pour des sociétés petites et moyennes qui ont déjà premières ou d'entreprendre par elles-mêmes des études. dépensé des sommes très importantes pour obtenir les Monsieur Cazalet, je suis très sensible aux arguments autorisations nationales, mais surtout ne sont réalisables que vous venez de développer sur la nécessité de sauve- qu'à condition de disposer du dossier de base. garder cette activité économique et je suis conscient des préoccupations manifestées par les représentants des En pratique, ce dossier est détenu par les multi- petites et moyennes entreprises de ce secteur. nationales, nord-américaines pour la plupart, qui, en tant Les services du ministère de l'agriculture, de la pêche et que détenteurs originaux des produits, ont bénéficié pen- de l'alimentation chargés de la procédure d'homologation dant des années d'un monopole de vente lié à la protec- des produits phytopharmaceutiques sont donc mobilisés tion des brevets. De plus, ces sociétés n'acceptent pas de sur ce sujet. Ils ne manquent pas de faire valoir le point coopérer, car elles n'y sont pas obligées. que vous avez soulevé auprès des services de la Commis- Certes, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne proposent sion européenne lors des travaux relatifs à la mise en de faire le travail, mais le coût de chaque réexamen est application de la directive. Nous insistons notamment sur prohibitif. le dispositif à mettre en place pour faciliter la recherche Comment, dans ces conditions, une petite et moyenne d'accords entre les sociétés qui vont réaliser les études entreprise indépendante des grands groupes chimiques complémentaires et celles qui ont développé une activité multinationaux pourra-t-elle participer au travail de révi- sur les produits génériques pour permettre à ces dernières sion préconisé par la directive ? de poursuivre leur activité. L'entreprise Calliope, implantée dans mon départe- C'est un dossier difficile, monsieur le sénateur, mais je ment, a calculé que ces études lui coûteront 25 millions suis confiant, étant donné la bonne volonté des dif- de francs par an, ce qui dépasse ses capacités financières. férentes parties en présence, sur la possibilité de trouver une solution aux préoccupations que vous avez exprimées. Une trentaine de petites et moyennes entreprises euro- péennes fabriquant et distribuant des produits phytosani- M. Auguste Cazalet. Je demande la parole. taires génériques se sont donc regroupées en association. M. le président. La parole est à M. Cazalet. Elles constatent que toute société ne disposant pas des M. Auguste Cazalet. Je prends acte de la réu onse de données de base se voit opposer un refus unilatéral de M. le ministre, que je remercie des précisions quiil a bien présenter un dossier collectivement, ce qui explique la voulu m'apporter. disparition d'un nombre important de sociétés du proces- sus de révision. DIALOGUE SOCIAL A ÉLECTRICITÉ DE FRANCE La directive invite pourtant les Etats membres à insti- M. le président. Mme Nicole Borvo appelle l'attention tuer des mesures nationales afin d'organiser le partage et de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme l'utilisation des informations. Cela n'est pas obligatoire, de l'Etat et de la décentralisation sur le fait que la direc- 990 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

tion d'EDF s'est lancée dans une politique de répression auprès de la direction d'EDF au lieu de la prise des sanc- tous azimuts envers les salariés de l'entreprise, surtout tions lourdes qui, pour l'instant, menacent Marc Brière, lorsque ceux-ci sont syndiqués. Christian François, Jean-Pierre Grihon et Joël Lemaire ? En effet, des responsables parisiens de la CGT d'EDF M. le président. La parole est à M. le ministre. ont été victimes de sanctions très sévères pour avoir inter- M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et pellé la direction d'EDF sur l'ensemble de leurs revendi- des télécommunications. Madame le sénateur, la question cations. que vous venez de poser comprend, en réalité, deux Les salariés qui ont participé au puissant mouvement parties. social de cet hiver sont en droit d'attendre d'autres Vous avez évoqué des perspectives de privatisation réponses que le « tout répressif » à leur égard. d'EDF-GDF. Je tiens à apporter le plus formel démenti N'y a-t-il pas d'autres solutions que les sanctions aux déclarations de ce type que j'entends rabâcher, lourdes ? (No 280.) semaine après semaine,... La parole est à Mme Borvo. M. Alain Gournac. C'est incroyable ! Mme Nicole Borvo. Monsieur le président, monsieur le M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et ministre, mes chers collègues, je tiens à relever l'acharne- des télécommunications. ... et qui ne correspondent à ment dont fait preuve la direction d'EDF-GDF vis-à-vis aucune réalité. de son personnel syndiqué, car le groupe communiste Vous avez parlé d'objectif idéologique pour qualifier la républicain et citoyen s'oppose toujours vigoureusement formation destinée à l'encadrement. Je trouve que vous aux atteintes aux libertés individuelles et collectives. êtes bien mal placée pour parler d'idéologie. Ainsi, rien qu'à EDF les exemples ne manquent pas : La réalité, c'est qu'EDF-GDF est une entreprise Patrick Durand et Maurice Marion, tous deux secrétaires publique, destinée à le rester, qui assume la responsabilité du syndicat CGT grenoblois d'EDF-GDF, ont été du service public tout en recherchant la compétitivité condamnés à trois semaines de mise à pied. nécessaire pour permettre à ses clients de faire face aux A Bordeaux, c'est Patrick Raynaud, autre responsable conditions naturelles de concurrence. CGT, qui lui aussi a été traduit devant la commission de La deuxième question que vous avez évoquée concerne discipline à la suite des grèves de décembre. les sanctions disciplinaires. Dans la Somme, c'est Daniel Volckick, secrétaire régio- Je rappelle que, lors du sommet social du nal CGT de Picardie, qui vient de se voir retirer sa dis- 21 décembre 1995, le Premier ministre a demandé, dans pense d'activité rémunérée par l'entreprise. un souci d'apaisement et de réconciliation, que les sanc- Aujourd'hui, ce sont Marc Brière, Christian François, tions disciplinaires qui auraient pu être prononcées dans Jean-Pierre Grihon et Joël Lemaire, tous quatre respon- les entreprises publiques « affectées par le récent mouve- sables CGT, qui sont lourdement sanctionnés. ment social puissent être rapportées, à l'exception de En lieu et place du dialogue social prôné par le Gou- celles ayant trait à des faits portant atteinte à la sécurité vernement, la direction d'EDF-GDF multiplie délibéré- des personnes et des installations sensibles ». ment les actes de répression et d'entrave au droit syndi- Cette recommandation de M. le Premier ministre a été cal. Or il est évident que les dirigeants syndicaux ne appliquée. Sur les 400 procédures disciplinaires engagées peuvent être tenus pour responsables de tout acte inter- à EDF, seules cinquante-quatre ont été maintenues. Ces venant au ` cours d'un mouvement social. cinquante-quatre procédures disciplinaires, qui sont en En outre, il est pratiquement impossible de ne pas faire cours d'instruction selon les dispositions du statut général la liaison entre ce que je viens d'évoquer et la stratégie de du personnel des industries électriques et gazières, corres- privatisation que mène la direction d'EDF-GDF et à pondent pour l'essentiel à des atteintes à la sécurité des laquelle les syndicalistes s'opposent radicalement. personnes et des installations sensibles. Au terme de l'ins- Cette répression trouve son origine dans la mise en truction, et dans le cadre des garanties statutaires, sera oeuvre des politiques de la direction et des gouvernements déterminée la suite à donner à ces cinquante-quatre cas. qui se sont succédé depuis 1984. En outre, sept autres procédures ont été engagées à Depuis cette date, ont été mis en place des projets l'encontre d'agents de la centrale de Saint-Alban et de la visant à faire d'EDF et de GDF des entreprises comme centrale de Tricastin, en vertu des dispositions de la loi les autres et à utiliser les salariés comme leviers pour par- du 25 juillet 1980, notamment de son article 6, qualifié venir à cette fin. d'« amendement Giraud ». Cette politique s'est traduite en 1987 par la fieation de Il s'agit de personnes... l'objectif de la qualité des performances financières de M. Alain Gournac. Des irresponsables ! l'entreprise et par la mise en place du management ac- M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et compagnée de moyens énormes consacrés à la formation des télécommunications. ... qui ont fait courir un risque par dite socioprofessionnelle, mais en réalité à vocation idéo- leur intervention dans les salles de contrôle des centrales logique, destinée au personnel d'encadrement. nucléaires. Elles doivent donc, de ce fait, être soumises Tout ce qui peut aller à l'encontre de cette conception aux dispositions de la loi de 1980. autoritaire du travail - pour ne pas dire plus - est sévère- Ainsi, madame le sénateur, il n'y a eu que cinquante- ment sanctionné. quatre procédures disciplinaires pour les 142 000 per- Cette attitude est à l'opposé d'une prise en compte des sonnes que compte EDF-GDF. Vous n'avez donc pas le propositions des salariés d'EDF-GDF et du développe- droit de parler de « politique de répression tous azimuts ». ment d'un service public démocratique correspondant aux La direction d'EDF a effectivement respecté la volonté du attentes des usagers qui ne sont pas, comme certains Premier ministre de n'engager vis-à-vis des personnels en tentent de le faire croire, des clients. cause que les mesures strictement nécessaires au regard Toutes ces raisons m'amènent à vous poser lauestion des menaces ayant pesé sur les personnes et sur les instal- suivante : comptez-vous, monsieur le ministre, dans un lations sensibles. (Applaudissements sur les travées du RPR, esprit d'apaisement, prôner, vous aussi, le dialogue social des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) SÉNAT SÉANCE DU 5 MARS 1996 991

Mme Nicole Borvo. Je demande la parole. d'emplois et moins dangereuses existent. En effet, la M. le président. La parole est à Mme Borvo. France produit suffisamment d'électricité pour sa consommation. Sa production est même excédentaire Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je prends puisqu'elle exporte. Par ailleurs, le retraitement des acte de votre réponse. Mais je tiens à préciser que les déchets et leur stockage ne sont pas maîtrisés, loin de là, agents dont j'ai cité le nom ne font pas partie de ceux vous le savez. qui ont menacé la sécurité des personnes et des installa- La fin de ce que l'on peut considérer comme le pre- tions. mier âge nucléaire rend nécessaire un débat sur l'avenir. Par ailleurs, le tribunal des prud'hommes de La représentation nationale doit s'en emparer. Dans cette Montélimar s'est prononcé pour la réintégration de plu- attente, nous nous opposerons à toute nouvelle implanta- sieurs salariés : Guy Fayolle, Floréal Lacoste, Jean-Marie tion de centrale nucléaire. Monsieur le ministre, le Gou- Luzon, militants CGT de la centrale nucléaire du Tricas- vernement a-t-il toujours l'intention d'implanter une cen- tin. Ce n'est donc pas la direction qui a pris cette déci- trale sur ce site ? sion c'est le juge qui a ordonné la suspension des muta- tions d'office de ces militants. M. le président. La parole est à M. le ministre. La sagesse serait de prendre une décision similaire en M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et ce qui concerne les quatre syndicalistes dont j'ai parlé, ce des télécommunications. Monsieur le sénateur, s'agissant de qui constituerait, selon moi, la meilleure preuve que le l'implantation éventuelle d'une centrale nucléaire au Car- Gouvernement a le désir d'engager un véritable dialogue net, je peux vous rassurer. social, comme il l'affirme, et qu'il n'a pas pour objectif Notre pays a choisi l'électronucléaire comme source d'organiser la privatisation d'EDF-GDF. principale d'approvisionnement énergétique et électrique. Il est vrai que le recours à cette source a tu comme IMPLANTATION D'UNE CENTRALE NUCLÉAIRE conséquence d'améliorer considérablement la compétiti- AU CARNET (LOIRE-ATLANTIQUE) vité de notre pays en termes d'énergie. Il est également vrai que, dans l'état actuel des choses, M. le président. M. François Autain attire l'attention l'équipement électronucléaire est suffisant pour répondre de M. le ministre de l'industrie, de La Poste et des télé- non seulement aux besoins présents, mais également à communications sur le projet d'implantation d'une cen- ceux des prochaines années. Par conséquent, il n'est pas trale nucléaire au Carnet, en Loire-Atlantique. question de prendre, avant au moins dix ans, la décision Ce projet se situe à un moment déterminant de l'évo- de construire une nouvelle centrale nucléaire. lution de notre politique énergétique : la fin du premier De toute façon, lors des choix que nous serons amenés âge nucléaire, qui nécessite un débat sur l'avenir. Nous à faire dans les années qui viennent, nous devrons vérifier devrons donc nous prononcer sur la place des différentes que l'utilisation d'autres sources d'approvisionnement énergies, renouvelables ou non, sur la maîtrise des énergétique n'est pas plus compétitive. consommations énergétiques. L'utilité éventuelle d'une centrale nucléaire doit donc être démontrée et ses inci- Ce pourra être le cas de l'éolien, dont le Gouverne- dences sur l'environnement et l'aménagement du terri- ment vient de décider le développement grâce à un pro- toire doivent être évaluées avant toute décision. gramme qui devrait déboucher sur la production de 250 En conséquence, il lui demande quelles sont les inten- à 500 mégawatts, c'est-à-dire pratiquement l'équivalent tions du Gouvernement quant à l'implantation de la cen- d'une demi-centrale nucléaire. trale du Carnet. (N° 300.) Soyez donc rassuré, monsieur le sénateur, les travaux La parole est à M. Autain. qui peuvent être entrepris sur le site du Carnet le sont à des fins d'entretien ou de préparation à long terme du M. François Autain. Monsieur le ministre, voilà quel- terrain je pense au remblaiement. ques années, en raison de la crise pétrolière, les pays En outre, je vous rappelle qu'aucune décision concer- industriels avaient tout misé sur l'énergie nucléaire. Or, nant une centrale nucléaire ne peut être prise en dehors aujourd'hui, on reconnaît qu'il y a des sources d'énergie de la réunion d'un conseil interministériel sur les grands bien meilleur marché : le pétrole, le gaz, le charbon ou équipements énergétiques, ce qui n'est pas à l'ordre du l'hydroélectricité. jour. M. Alain Gournac. Le charbon ? M. François Autain. Je demande la parole. M. François Autain. Oui, on en parle. La relance de la déclaration d'utilité publique pour M. le président. La parole est à M. Autain. l'implantation d'une centrale nucléaire en Loire- M. François Autain. Je vous remercie de votre réponse, Atlantique a été demandée récemment par le président de monsieur le ministre, mais je me demande s il ne la région Pays de la Loire. conviendrait pas que la représentation nationale soit saisie Votre prédécesseur était resté très vague sur le sujetsujet lors de ce problème, car on ne connaît pas exactement la poli- de sa venue à La Baule, en octobre dernier, pour les tique du Gouvernement en matière énergétique. assises nationales des déchets industriels. Alors qu'un certain nombre de pays, la Grande- Le Président de la République, lors de son déplacement Bretagne et les Etats-Unis, notamment, ont cessé de à Saint-Philbert-de-Grandlieu, en février 1993, s'était construire des centrales nucléaires, la France reste, en déclaré lui-même hostile au projet d'implantation d'une Europe, semble-t-il, le dernier pays qui continue à fonder nouvelle centrale nucléaire. sa production énergétique sur le nucléaire et à envisager Or le site du Carnet est l'un des quatre sites possibles la construction de nouvelles centrales. pour la construction d'un réacteur nucléaire en 1999. Il est donc temps, selon moi, que le Gouvernement, Ce projet me paraît inutile. Il ne correspond à aucune soit à travers un débat au Parlement, soit par des prises nécessité de satisfaction des besoins, qu'ils soient locaux, de position publiques, indique clairement les choix qu'il régionaux ou nationaux. D'autres solutions plus créatrices entend faire en matière énergétique. 992 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

ORIENTATION DE L'EXPLOITATION DES MARAIS M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications. M. le ministre de l'agriculture m'a M. le président. M. Michel Doublet indique à M. le prié, monsieur le sénateur, de vous communiquer les élé- ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation ments de réponse qui suivent. que les exploitants agricoles du marais de Charente- Vous soulevez en fait deux questions : celle de l'évolu- Maritime sont aujourd'hui dans l'expectative quant à tion du marché de la viande et celle du devenir des opé- l'orientation de leurs productions. Cela est dû à la rations agri-environnement qui ont été lancées jusqu'à conjonction de plusieurs phénomènes : caractéristiques présent. présentes des marchés de la viande et des céréales, arrivée En ce qui concerne le secteur de la viande, vous savez prochaine à échéance des premiers OGAF - environne- que des mesures spécifiques ont déjà été mises en place. ment - mesures agri-environnementales - difficultés d'ap- Nous pressons, en outre, la Commission européenne de plication du protocole départemental. consentir un nouvel effort en faveur des éleveurs de trou- En 1995, la chute du cours d'achat de la viande a pro- peaux allaitants dans le cadre de la négociation du voqué une baisse de recettes des éleveurs de l'ordre de 15 « paquet prix » à Bruxelles, au mois de juin. à 20 p. 100. A contrario le produit de la récolte des En ce qui concerne le devenir des opérations agri- céréales n'a cessé de monter au cours de ces deux der- environnement, progressivement engagées pour cinq ans nières années, incitant certains exploitants à abandonner depuis 1991, nous devons procéder à leur évaluation. l'élevage et à se diriger vers la production céréalière. De plus, la reconduction des anciens OGAF - envi- Certains contrats n'ont tout simplement pas vocation à ronnement - 22 000 hectares primés - n'étant pas assurée, être reconduits dans la mesure où ils avaient pour unique et vu la situation économique actuelle, on irait irrémé- objet d'accompagner une transition vers un nouvel équi- diablement vers une extension des drainages en superficie. libre de l'exploitation. Sans aides publiques, les réalisations ne seraient pas Pour d'autres opérations, comme celles qui intéressent contrôlables, ce qui se traduirait par la disparition des les marais de l'Ouest, la question est, en revanche, tout à prairies et l'apparition d'importants problèmes d'écoule- fait d'actualité : peut-on envisager la signature de nou- ment, car il est dangereux, dans un marais donné, de veaux contrats pour cinq ans ? Votre plaidoyer, sur ce drainer plus de 40 p. 100 de sa superficie totale. point, monsieur Doublet, est tout à fait convaincant. En conséquence, il lui demande s'il peut lui donner Pour ces opérations agri-environnement, le cofinance- l'assurance que les OGAF - environnement seront ment attribué par l'Union européenne, qui représente reconduits et qu'ils permettront d'éviter ce scénario cata- 50 p. 100 du coût de l'opération, est conditionné à l'exis- strophe pour 1 économie agricole. (No 295.) tence d'un bénéfice pour l'environnement. En outre, le La parole est à M. Doublet. niveau des indemnisations à attribuer aux agriculteurs doit être proportionné aux pertes de revenu qu'ils M. Michel Doublet. Les exploitations agricoles du subissent du fait des contraintes environnementales cor- marais de Charente-Maritime, réunies dans le plus grand respondant aux contrats qu'ils ont signés. syndicat mixte de France - il représente 100 000 hec- Pour vérifier ces points et nous permettre d'établir un tares - que j'ai l'honneur de présider, sont aujourd'hui bon argumentaire vis-à-vis de Bruxelles, un « audit » sur dans l'expectative quant à l'orientation de leurs produc- place doit avoir lieu pour chaque opération, suivi d'une tions. concertation nationale à laquelle sont conviés les préfets Cela est dû à la conjonction de plusieurs phénomènes : de région concernés, ainsi que les représentants des orga- caractéristiques présentes des marchés de la viande et des nisations agricoles et des organisations de protection de la céréales ; arrivée prochaine à échéance des premières nature. mesures agri-environnementales ; difficultés dans l'appli- Cette procédure est en cours en ce qui concerne les cation du protocole départemental. marais de l'Ouest et, même si M. le ministre de l'agri- En 1995, la chute des cours d'achat de la viande a pro- culture est d'un naturel plutôt optimiste, il ne peut, à ce voqué une baisse des recettes des éleveurs de l'ordre de stade, en préjuger les résultats. Soyez néanmoins assuré, 15 p. 100 à 20 p. 100. A contrario, le produit de la monsieur le sénateur, que la décision sera très prochaine- récolte des céréales n'a cessé de croître au cours des deux ment arrêtée. dernières années, ce ri a incité les exploitants à aban- donner l'élevage et à s orienter vers une production céréa- En tout état de cause, il faut bien veiller à parler de lière. renouvellement de ces opérations. On ne saurait considé- rer qu'un cahier des char es datant de plus de cinq ans De plus, la reconduction des anciennes mesures agri- n'a pas besoin d'être « toiletté » ; il convient donc d'ex- environnementales - 22.000 hectares primés - n'étant pas clure tous les termes qui peuvent évoquer une reconduc- assurée et vu la situation économique actuelle, on risque tion automatique. de se diriger irrémédiablement vers une extension de la superficie des drainages. C'est indiscutablement en cherchant à améliorer en permanence ces actions qu'on en garantira le plus facile- Sans aide publique, les réalisations ne seraient pas ment la durée. contrôlables, ce qui se traduirait par la disparition - des prairies et par l'apparition de problèmes d écoulement. M. Michel Doublet. Je demande la parole. Nous savons en effet qu'il est dangereux de drainer plus de 40 p: 100 de la superficie totale d'un marais donné. M. le président. La parole est à M. Doublet. En conséquence, monsieur le ministre, pouvez-vous m'assurer que ces mesures seront reconduites et qu'elles M. Michel Doublet. Je remercie M. le ministre de sa réponse. Celle-ci me rassure puisque les critères qu'il permettront d'éviter un scénario qui serait catastrophique pour l'économie agricole ? vient d'évoquer sont justement ceux qui ont été mis en place dans mon département et que les résultats, sur le M. le président. La parole est à M. le ministre. plan de l'environnement, sont très significatifs. SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 993

INCIDENCE DE L'AUGMENTATION DU FORFAIT HOSPITA- Corrélativement, le taux directeur d'évolution des bud- LIER SUR LES BUDGETS DÉPARTEMENTAUX D'AIDE gets des établissements publics privés participant au ser- SOCIALE vice public hospitalier a été fixé à 2,1 p. 100 pour l'exer- cice 1996, soit un niveau compatible avec les hypothèses M. le président. M. René Marquès appelle l'attention de croissance du .PIB. de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur Ces deux mesures se conjuguent pour contribuer au l'arrêté du 27 décembre 1995 qui fixe le nouveau tarif du redressement de la situation financière de la sécurité forfait journalier hospitalier porté de 55 francs à sociale. 70 francs. L'exonération dont bénéficient certaines catégories Il lui rappelle que, dès l'automne dernier, l'association comme les victimes d'accident du travail ou de maladie des présidents de conseils généraux se préoccupait 'de l'in- professionnelle, les pensionnés militaires d'invalidité, les cidence financière de cette mesure sur les budgets dépar- bénéficiaires de l'assurance maternité, les enfants ou ado- tementaux d'aide sociale. lescents handicapés, ainsi que l'admission de plein droit à Il lui indique que l'application de cette mesureentraî- l'aide médicale avec prise en charge du forfait, notam- nerait une dépense supplémentaire de 1 345 francs ment au profit des bénéficiaires du RMI, sont autant de pour le département des Pyrénées-Orientales. 'Ii lui rap- dilpositions qui limitent en pratique la portée de la pelle que, lors de la séance de questions d'actualité à mesure. l'Assemblée nationale, le 17 octobre dernier, il indiquait Cela dit, il est exact que le jeu des correctifs existants, que cette disposition ne s'appliquerait pas aux personnes qui visent à préserver l'accès aux soins et à prévenir la en difficulté, bénéficiaires du RMI, de 1 aide sociale ou de précarisation des populations les plus démunies, se tra- l'aide médicale gratuite. duira par un surcoût supporté par le budget de l'Etat en L'arrêté du 27 décembre 1995 ne prévoyant aucune ce qui concerne les adultes handicapés et, pour ce qui est disposition particulière pour ces populations, il lui des bénéficiaires de l'aide médicale, c'est vrai, par les bud- demande si un autre texte est actuellement en réparation gets départementaux. ou si le forfait, dans son nouveau montant, s applique à Tels sont, monsieur le sénateur, les éléments de toutes les populations, ce qui aurait pour conséquence réponse que je peux, à ce jour, vous apporter. d'alourdir encore les budgets départementaux sans compensation financière, au bénéfice du secteur « santé .» M. René Marquès. Je demande la parole. relevant de la compétence de l'Etat. (N° 266.) M. le président. La parole est à M. Marquès. La parole est à M. Marquès. M. René Marquès. Je vous remercie, madame le M. René Marquès. Dans le département que je repré- ministre, de cette réponse très claire. Il reste que, mal- sente, les Pyrénées-Orientales, le taux d'allocataires du heureusement, elle ne peut , me satisfaire du fait de ce RMI est particulièrement élevé puisqu'il dépasse 3 p. 100 qu'elle implique pour le budget départemental d'aide de la population, et les dépenses d'aide médicale liées au sociale. forfait journalier hospitalier sont importantes : plus de 4,6 millions de francs en 1995, alors même que le forfait PROJET DE CONSTRUCTION DU SIEGE ADMINISTRATIF était encore de 55 francs. DE LA CAISSE DES ALLOCATIONS FAMILIALES DE LOIRE- Or l'arrêté du 27 décembre dernier a fait passer le ATLANTIQUE montant du forfait à 70 francs. Je rappelle que l'association des présidents de conseils M. le président. M. François Autain appelle l'attention généraux, à laquelle j'appartiens, s'était préoccupée de de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur le savoir comment cette augmentation serait compensée. projet de construction du siège administratif de la caisse Pour mon département, l'application de l'augmentation des allocations familiales de Loire-Atlantique. incriminée entraînera une dépense supplémentaire de Alors que les travaux autorisés devaient commencer 1,345 million de francs cette année. prochainement, le projet serait actuellement menacé de Lors de la séance du 17 octobre 1995 à l'Assemblée « gel ». nationale, en réponse à une question d'actualité, Outre le fait que la réhabilitation de l'immeuble actuel M. Barrot a indiqué que cette disposition ne s'applique- coûterait plusieurs dizaines de millions de francs, cette rait pas aux personnes en difficulté bénéficiaires soit du décision - si elle était confirmée - ne serait pas sans RMI, soit de l'aide sociale, soit de l'aide médicale gra- conséquences économiques et sociales pour les entreprises tuite. et les personnels qui avaient été retenus pour la construc- Cependant, l'arrêté du 27 décembre 1995 ne prévoyant tion de cet ouvrage. aucune disposition particulière pour ce type de personnes, En conséquence, il se permet d'insister auprès de ses je vous demande, madame le ministre, si un autre texte services afin que soit poursuivie cette opération, très est actuellement en préparation ou si le nouveau montant importante pour la région des Pays de la Loire. (N° 299.) du forfait s'applique effectivement à toutes ces popula- La parole est à M. Autain. tions. Si tel est le cas, le budget départemental d'aide M. François Autain. Madame le ministre, je voudrais sociale se trouvera nécessairement alourdi, faute de attirer votre attention sur les conséquences graves que va compensation financière, et cela au bénéfice des établisse- entraîner la décision du Gouvernement de suspendre la ments de soins relevant de la compétence de l'Etat. construction du siège administratif de la caisse des alloca- M. le président. La parole est à Mme le ministre. tions familiales de Loire-Atlantique, à , alors que les marchés sont sur le point d'être notifiés aux vingt- Mme Anne - Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi. Monsieur le sénateur, le forfait journalier hospi- trois entreprises retenues dans l'appel d'offres. talier, qui n'avait pas été revalorisé depuis 1993 en dépit En 1990, la commission départementale de sécurité a d'une forte progression des coûts hospitaliers, a effective- enjoint la caisse de mettre son siège en conformité avec la ment été actualisé par l'arrêté du 27 décembre 1995, qui réglementation régissant les immeubles de grande hau- l'a porté à 70 francs à compter du 1" janvier 1996. teur. En 1991, cette commission a accepté qu'il soit sur- 994 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

sis à l'exécution de cette mise en conformité, à condition La décision de construire ce siège n'est évidemment pas que soit engagée, dans les meilleurs délais, une opération le résultat d'un caprice de cette caisse. Elle ne faisait, je le immobilière, ce qui fut fait. rappelle, que répondre à l'injonction d'une commission, Les autorisations, délivrées et renouvelées régulière- l'immeuble actuel n'étant pas conforme à la régle- ment, ont permis d'acquérir le terrain sur lequel doit être mentation en vigueur. Il faut donc à tout prix soit édifié l'immeuble, de réaliser les études de conception de construire un nouveau siège, soit mettre celui qui existe projet et d'arrêter au mieux les marchés avec les entre- en conformité. prises de bâtiment de la région des Pays de la Loire. Cela va nécessiter, de toute façon, une prise de posi- Il convient de souligner que le résultat des appels tion de la part du Gouvernement. C'est pourquoi je ne d'offres se situe, en termes de coûts, bien en deçà de comprends pas son attitude actuelle. Même s'il ne s'agit l'estimation financière prévisionnelle nationale. pas poùr lui de s'engager au coup par coup, au moins Quelle que soit l'acception accordée au terme « gel » et serait-il souhaitable que, pour ce cas particulier, le Gou- quelle que soit la durée de celui-ci - elle n'est pas, vernement déroge à la règle du gel, compte tenu de la aujourd'hui, définie - les incidences financières de cette situation. C'est la réponse que j'attendais de votre part ; suspension pourraient être très lourdes, compte tenu du ce n'est malheureusement pas celle que vous m'avez faite, coût lié à l'adaptation des études, du coût éventuel de et je le regrette. résiliation ou de toute autre solution de remplacement des contrats conclus avec les intervenants, du coût éven- RESPECT DE L'INTÉGRITÉ DES PERSONNELS tuel des dommages et intérêts, etc. D'UN CENTRE MEDICO-PSYCHOLOGIQUE Je signale enfin que la réhabilitation du siège actuel coûterait presque autant que la construction de locaux M. le président. M. Nicolas About demande à M. le neufs. secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale s'il trouve normal qu'une personne travaillant dans un centre Madame le ministre, le Gouvernement est-il véritable- médico-psychologique, accusée à tort par ses supérieures ment décidé à maintenir sa position, malgré toutes les hiérarchiques d'avoir commis un vol de 400 francs dans conséquences qu'elle va entraîner ? le portefeuille d'un médecin psychiatre, se soit vue enfer- M. le président. La parole est à Mme le ministre. mée, puis contrainte, sous l'exercice de la violence et du chantage, de se déshabiller devant ses collègues pour Mme Anne- Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi. Comme vous le savez, monsieur le sénateur, le prouver sa bonne foi ? plan de redressement de la sécurité sociale comporte des Il souhaiterait savoir quelles sanctions administratives économies de gestion sur le fonctionnement des caisses, y sévères il entend prendre pour que cet acte inadmissible, compris un gel des opérations immobilières. qu'il qualifie de faute professionnelle aggravée, dans la Cette mesure, qui a été annoncée par. le Premier mesure où elle a été commise par un psychiatre et une ministre le 15 novembre dernier, constitue une participa- psychologue au sein du milieu médical, soit puni de tion des caisses de sécurité sociale à l'effort commun de façon exemplaire. sauvegarde de la protection sociale. Que compte-t-il faire pour que les collègues de cette Les partenaires sociaux gestionnaires des caisses ont personne qui ont subi le même traitement mais qui, dans parfaitement admis la nécessité de ces économies et coo- la crainte de perdre leur emploi, n'ont pas osé faire appel péré avec le Gouvernement pour les mettre en oeuvre. Je à la justice, puissent être soustraits à la terrible pression tiens à dire ici qu'ils ont fait preuve, en l'espèce, d'un très psychologique dont ils sont encore aujourd'hui les vic- grand sens des responsabilités. times ? Dorénavant, il leur appartient de gérer, dans le cadre Enfin, quelles mesures 1 entend-il prendre pour qu'à de l'autonomie de gestion des caisses que le Gouverne- l'avenir une telle situation ne puisse se reproduire et que ment entend bien conforter, leurs budgets de fonctionne- les victimes de tels actes trouvent les moyens juridiques ment ainsi redéfinis. de se défendre ? (N° 298.) La parole est à M. About. Il n'appartient donc pas à l'Etat de décider au coup par coup du bien-fondé des opérations immobilières sur M. Nicolas About. Monsieur le président, madame le l'ensemble du territoire national : ce serait contraire à la ministre, mes chers collègues, je souhaite évoquer un fait clarification des responsabilités que le Gouvernement divers qui choque tout particulièrement le médecin et le appelle de ses voeux et qui sera au coeur des ordonnances parlementaire que je suis. qu'il est en train de préparer. Voilà quelque temps, au centre médico-psychologique Enfin, je puis vous assurer, monsieur le sénateur, que de Versailles, 400 francs ont disparu de la poche d'une l'organisme responsable, la Caisse nationale des alloca- psychiatre de ce centre. Immédiatement, ce médecin et sa tions familiales, dans sa décision concernant la caisse de collègue psychologue ont bloqué les issues du service et Loire-Atlantique, tiendra compte de l'ensemble des cri- contraint, sous la menace et la pression psychologique, tères auxquels vous avez fait référence et, en particulier, tous les membres du personnel à se dévêtir pour apporter de la nécessité de l'amélioration du service public. la preuve, devant leurs collègues, qu'ils ne détenaient pas la somme volée. M. François Autain. Je demande la parole. Madame le ministre, quelles sanctions administratives M. le président. La parole est à M. Autain. sévères entendez-vous prendre pour que cet acte inad- M. François Autain. La réponse que vous m'avez missible, que je qualifierai de faute professionnelle aggra- apportée, madame le ministre, ne peut malheureusement vée, dans la mesure où elle a été commise par un psy- me satisfaire puisque vous n'avez pas dit - sans doute chiatre et par un psychologue en milieu • médical, soit n'en avez-vous pas la possibilité si le Gouvernement puni de façon exemplaire ? avait renoncé au gel de la construction du siège adminis- Que comptez-vous faire également pour que les col- tratif de la caisse des allocations familiales de Loire- lègues de la personne qui a osé porter plainte, qui ont Atlantique: subi le même traitement mais qui, dans la crainte de SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 995 perdre leur emploi, n'ont pas fait appel à la justice, Alpes-de- puissent être soustraits à la terrible pression psychologique Haute-Provence Hautes-Alpes dont ils sont encore aujourd'hui les victimes ? Enfin, quelles mesures entendez-vous prendreour que, à l'avenir, une telle situation ne puisse se reproduire Population 130 883 118 065 Nombre de communes 200 177 et que les victimes de tels actes trouvent les moyens juri- ter diques de se défendre ? Effectif scolaire du degré 13 823 12 008 Communes sans écoles 80 (40 p. 100) 65 (36,75 p. 100) M. le président. La parole est à Mme le ministre. Nombre de ZEP 4 2

Mme Anne - Marie Couderc, ministre délégué pour Nombre de classes uniques 53 57 l'emploi. Avec mes collègues MM. Barrot et Gaymard, j'ai bien pris note, monsieur le sénateur, des faits tout à fait Le nombre de postes d'enseignant attribué aux deux inqualifiables et contraires à toute déontologie qui se départements est respectivement de 740 pour les Alpes- seraient produits à plusieurs reprises au sein d'un centre de-Haute-Provence et de 693 pour les Hautes-Alpes. médico-psychologique des . Le ratio effectif total sur nombre de postes est de Grâce aux renseignements complémentaires que vous 18,70 pour les Alpes-de-Haute-Provence et de 17,32 pour avez bien voulu nous donner - et je vous en remercie - les Hautes-Alpes. . les services compétents du ministère du travail et des affaires sociales ont procédé à une première enquête Si l'on appliquait le ratio des Hautes-Alpes aux Alpes- auprès de l'administration de tutelle, la direction départe- de-Haute-Provence, on devrait avoir 799 postes, d'où un mentale des affaires sanitaires et sociales des Yvelines, et déficit comparé de 799 - 740 = 59 postes. de l'hôpital dont dépend l'établissement en cause. Or, à Aussi, il lui demande quelles mesures il compte ce jour, il semble qu'aucun des faits dont vous vous faites prendre afin de réduire cette distorsion entre deux dépar- l'écho n'ait été porté à la connaissance des autorités de tements voisins et semblables, distorsion qui explique le tutelle. mécontentement des maires et enseignants des Alpes-de- Néanmoins, j'incite vivement les personnes concernées, Haute-Provence. (No 276.) victimes d'agissements aussi intolérables, à informer direc- La parole est à M. Tardy. tement ces autorités, cela préalablement à une éventuelle plainte devant la justice - une plainte, vous venez de l'in- M. Fernand Tardy. Madame le ministre, les Alpes-de- diquer, a d'ores et déjà été déposée - sans oublier une Haute-Provence et les Hautes-Alpes sont des départe- saisine du Conseil de l'ordre des médecins puisqu'un ments dé montagne aux caractéristiques très proches. médecin psychiatre semble malheureusement impliqué Les deux départements sont classés dans leur totalité en dans cette affaire. . zone de montagne et présentent les mêmes handicaps S'agissant d'une sanction administrative, l'administra- pour ce qui est du relief et des voies de communication, tion centrale agira en conséquence, tout en assurant aux souvent difficiles, des espaces, vastes et très dépeuplés, des personnels qui ont été soumis à ce traitement toutes les dessertes scolaires, longues, dangereuses en hiver et coû- garanties nécessaires. teuses. Reste que la première démarche consiste, pour les per- De même, la situation de leurs structures d'enseigne- sonnes, à briser la loi du silence afin de permettre à ment du premier degré est absolument comparable, l'enquête de se dérouler et d'aboutir, le cas échéant, à des comme en témoignent les chiffres qui suivent. sanctions exemplaires. La population des Alpes-de-Haute-Provence atteint M. Nicolas About. Je demande la parole. 130 883 habitants ; celle des Hautes-Alpes, 118 065 habi- tants. M. le président. La parole est à M. About. Le nombre de communes s'élève à 200 dans les Alpes- M. Nicolas About. Madame le ministre, je voudrais tout d'abord vous remercier de votre réponse et ensuite de-Haute-Provence et à 177 dans les Hautes-Alpes ; insister sur le fait que, si l'une des infirmières a osé porter l'effectif scolaire du premier degré est de 13 823 élèves dans les Alpes-de-Haute-Provence, contre 12 008 élèves plainte, le reste du personnel ne l'a pas imitée. Ma ques- dans les Hautes-Alpes. tion tendait donc surtout à demander au Gouvernement de tout faire pour que les personnes qui n'ont pas eu le Les communes sans école sont au nombre de quatre- courage d'entreprendre cette démarche et qui ne le feront vingts dans les Alpes-de-Haute-Provence, soit 40 p. 100, pas plus sur le plan judiciaire qu'elles ne l'ont fait sur le et de soixante-cinq dans les Hautes-Alpes, soit plan administratif soient tout de même protégées et pour 36,75 p. 100. que leur cas soit pris en considération. Pour ce qui est des ZEP, les zones d'éducation priori- taire, il y en a quatre dans les Alpes-de-Haute-Provence, ENCADREMENT DES ÉLÈVES DE L'ENSEIGNEMENT contre deux dans les Hautes-Alpes. DU PREMIER DEGRÉ DANS LE DÉPARTEMENT DES Enfin, les classes uniques sont au nombre de cin- ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE quante-trois dans les Alpes-de-Haute-Provence et de cin- quante-sept dans les Hautes-Alpes. M. le président. M. Fernand Tardy attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de. l'enseignement Le nombre de postes d'enseignant attribués aux deux supérieur et de la recherche sur l'encadrement des élèves départements est respectivement de 740 pour les Alpes- de l'enseignement du premier degré dans les Alpes-de- de-Haute-Provence et de 693 pour les Hautes-Alpes. Le Haute-Provence et les Hautes-Alpes. ratio total sur le nombre de postes est de 18,70 pour les Les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-de-Haute-Provence et de 17,32 pour les Hautes- Hautes-Alpes sont des départements de montagne à Alpes. caractéristiques très proches. La situation de leurs struc- Si l'on appliquait le ratio des Hautes-Alpes aux Alpes- tures d'enseignement du premier degré est absolument de-Haute-Provence, nous devrions avoir 799 postes, d'où comparable, comme en témoigne le tableau ci-après. un déficit comparé de cinquante-neuf postes. 996 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS '1996

Les rentrées scolaires sont de plus en plus aléatoires La création de trois postes dans le département des dans les Alpes-de-Haute-Provence. Elles s'accompagnent Alpes-de-Haute-Provence répond donc à ce souci. d'occupations d'école, de manifestations et de protesta- M. Fernand Tardy. Je demande la parole. tions nombreuses des élus. M. le président. La parole est à M. Tardy. Je . demande donc à M. le ministre de l'éducation nationale ce qu'il compte faire pour réduire cette distor- M. Fernand Tardy. Madame le ministre, vous l'avez sion entre deux départements encore une fois voisins et vous-même relevé, ces deux départements seront excéden- semblables, distorsion qui explique le mécontentement taires cette année. Il s'agit non pas, pour le département des maires et des enseignants des Alpes-de-Haute-Pro- des Alpes-de-Haute-Provence, de trente ou quarante vence. élèves, mais de quatre-vingt-dix élèves de plus ! Que l'on me comprenne bien, il n'est nullement ques- Certes, les Alpes-de-Haute-Provence ont été dotées de tion pour moi de dire que les enseignants du primaire trois postes, mais les Hautes-Alpes aussi ! Il y a là sont trop nombreux dans les Hautes-Alpes. Je m'étonne incontestablement une distorsion. simplement que les Alpes-de-Haute-Provence ne soient Et j'attends que l'on me démontre que les Hautes- pas traitées de la même façon. Alpes sont plus rurales que les Alpes-de-Haute-Provence, étant donné que l'on compte quatre-vingts communes M. Jean Huchon. Il y en a qui souffrent plus que sans école dans les Alpes-de-Haute-Provence et soixante- d'autres ! (Sourires.) cinq dans les Hautes-Alpes. Cela prouve bien que les M. le président. La parole est à Mme le ministre. deux départements sont très comparables. Or, cinquante- neuf postes de différence entre les deux départements, Mme Anne - Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi. Monsieur le sénateur, M. Bayrou m'a chargée de c'est énorme sur la totalité. vous apporter les éléments de réponse suivants. J'aurais souhaité qu'au moins vous reconnaissiez cette La rentrée scolaire 1996, dans l'enseignement du pre- différence et que vous vous engagiez à la gommer, certes mier degré, est marquée par la poursuite de la baisse des petit à petit, car cette situation perdure depuis de très effectifs. Ainsi 50 000 élèves de moins sont attendus dans nombreuses années et n'est pas le fait du seul gouverne- les écoles en 1996, une diminution de 25 000 élèves ment actuel. . enregistrée en 1995 et de 8 000 élèves en 1994. Cette Vous ne l'avez pas fait, je le regrette. Je vais être dans baisse est donc significative. Dans ces conditions, l'effort l'obligation d'indiquer aux maires, qui ne sont pas du Gouvernement est exceptionnel puisque le nombre de contents, aux parents d'élèves, qui le sont encore moins, postes d'enseignant est maintenu. et aux enseignants la position du Gouvernement sur cette question qui nous tient tous à coeur. Si une diminution des effectifs est prévisible dans quatre-vingt-un départements, en revanche dix-neuf dépar- tements vont devoir accueillir 7 200 élèves supplémen- CARTE SCOLAIRE taires. Cette situation contrastée rend donc indispensable DANS LE DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE le rééquilibrage des dotations départementales. Les dépar- tements qui perdent des élèves ou qui bénéficient d une M. le président. M. Jean-Pierre Demerliat attire excellente dotation doivent céder des postes à ceux qui l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de enregistrent une hausse sensible d'effectifs. l'enseignement supérieur et de la recherche sur les diffi- cultés que ne manqueront pas d'entraîner les suppressions Le département des Hautes-Alpes comme le départe- de postes prévues pour la rentrée 1996 en Haute-Vienne. ment des Alpes-de-Haute-Provence verront leurs effectifs augmenter à la rentrée 1996, respectivement de cin- En effet, dix-neuf postes seront repris dans l'enseigne- quante-trois et de soixante élèves. Ils recevront les ment primaire et en maternelle et cent soixante-dix-neuf emplois nécessaires pour accueillir ces élèves nouveaux. heures d'enseignement seront supprimées dans les col- lèges, ce qui équivaut à • dix postes. En ce qui concerne le Ils bénéficient d'une bonne dotation et ont, l'un et personnel non enseignant, onze postes seront supprimés l'autre, un taux d'encadrement global supérieur au taux dans l'ensemble de l'académie. de référence retenu pour les départements comparables par la structure du réseau des écoles. Ces mesures ne sont pas en rapport avec la diminution du nombre des élèves et conduisent à la détérioration de Pour les Hautes-Alpes, ce taux d'encadrement est, je le la qualité de l'accueil, à l'impossibilité de mettre en place rappelle, de 5,76 postes d'enseignant pour 100 élèves et, un soutien efficace aux enfants en difficulté ainsi que le pour les Alpes-de-Haute-Provence, de 5,37 postes d'ensei- démarrage de l'enseignement des langues vivantes gnant pour 100 élèves. Ces deux départements n'ont pas en CE 1. de retard à combler en matière de taux global d'encadre- Les effectifs des classes vont bien évidemment, si ces ment. Ils sont, en effet, comparables. Ils connaîtront, à mesures sont maintenues, dépasser le plus souvent les quelques élèves près, la même évolution d'effectifs à la seuils de vingt-cinq élèves par classe dans le primaire et rentrée 1996. Le département des Hautes-Alpes accuse de trente • élèves en maternelle. pourtant un caractère rural plus prononcé. En effet, 5,1 p. 100 des effectifs sont scolarisés dans le rural « pro- Ces mesures vont à l'encontre des objectifs affichés par fond », contre 2,2 p. 100 dans le département des Alpes- le Gouvernement et plus particulièrement par le ministre de-Haute-Provence. Il se trouve, de par son rang dans le de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et groupe 4, très proche du groupe 5, le plus rural. Il est de la recherche. Aussi demande-t-il à ce dernier de rap- donc normal que le nombre de postes d'enseignant pour porter ces mesures et de mettre ainsi en accord ses inten- 100 élèves y soit plus élevé. tions et ses actes. (N° 286.) L'objectif, monsieur le sénateur, est bien d'accueillir les La parole est à M. Demerliat.

élèves supplémentaires et de maintenir les meilleures M. Jean - Pierre Demerliat. Monsieur , le président, conditions de scolarisation possible, en tenant compte, madame le ministre, mes chers collègues, M. le ministre notamment, des contraintes liées à la ruralité, sans dégra- de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et der les situations existantes. de la recherche a récemment indiqué qu'il fallait renforcer SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 997 l'encadrement des établissements scolaires dans les zones La dynamique ouverte par le nouveau contrat pour sensibles et veiller à ce qu'aucune baisse d'effectifs ne se l'école, dont • 1996 est la deuxième année d'application, traduise par une baisse de moyens. permet à l'enseignement secondaire de bénéficier de la Or, dans mon département, la Haute-Vienne, si l'on création de 1 000 emplois d'enseignant, . dont 200 par en croit les prévisions de l'administration, l'enseignement transformation d'heures supplémentaires. primaire va subir, à la rentrée prochaine, une ponction de A l'échelon national, la relative diminution des effectifs dix-neuf postes. De plus, cent quatre-vingts heures dans le second degré permet de couvrir notamment les d'enseignement seront supprimées dans les collèges, c'est- besoins dans les lycées et les classes postbaccalauréat, tout à-dire l'équivalent de dix postes de professeur de collège. en rendant possible l'amélioration des conditions d'enca- En ce qui concerne le personnel non enseignant, onze drement dans les établissements situés dans une zone postes seront supprimés dans l'ensemble de l'académie. d'éducation prioritaire, ZEP. Ces mesures ne sont pas en rapport avec la diminution L'académie de Limoges connaît une diminution de ses du nombre des élèves. Elles vont engendrer des ferme- effectifs globaux d'élèves du second degré, de 201 élèves tures, qui détérioreront la qualité de l'accueil et celle du au total. La baisse est de 609 élèves dans les collèges. travail des enseignants. L'académie est relativement mieux dotée que la moyenne Une redistribution des postes existants aurait pu per- des autres académies. A ce titre, il a été décidé de retirer mettre des améliorations de l'accueil en maternelle et la 247 heures supplémentaires et de maintenir le contingent mise en place de l'enseignement des langues vivantes dès d'emplois. le CE1. L'aide et le soutien aux enfants en difficulté en Les conditions d'enseignement dans les collèges du auraient également profité. département de la Haute-Vienne ne sauraient connaître Bien évidemment, si ces mesures sont maintenues, les de dégradation en 1996, puisque les dotations attribuées effectifs des classes dépasseront souvent les seuils de vingt- préservent l'encadrement des élèves tout en tenant cinq élèves par classe dans le primaire et de trente élèves compte, comme cela est logique, des diminutions d'effec- en maternelle. tifs justifiant certains retraits d'heures. La baisse prévue en 1996 et le fait que lors des rentrées • précédentes les Tout cela va à l'encontre des objectifs affichés par le constats réels d'effectifs se soient avérés inférieurs aux pré- Gouvernement, et plus particulièrement par M. le visions annoncées justifient le retrait de 117 heures-postes ministre de l'éducation nationale. Aussi je vous demande, - soit l'équivalent de 6,5 emplois - et de 62 heures sup- madame le ministre, de vous* faire mon interprète auprès plémentaires. Cette suppression d'ampleur très limitée de lui pour lui suggérer de bien vouloir renoncer à ces doit en effet permettre de faciliter l'accueil ` des élèves suppressions de poste. Il lui sera ainsi possible de mettre dans les lycées d'enseignement général et les lycées profes- ses actes en accord avec ses intentions. sionnels dans lesquels les effectifs augmentent. M. le président. La parole est à Mme le ministre. On peut souligner ainsi que le solde global des mesures de carte scolaire arrêtées à ce jour pour l'ensemble des Mme Anne - Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi. Monsieur le sénateur, M. le ministre de l'éduca- établissements du second degré public de la Haute- tion nationale m'a chargée de vous répondre sur les deux Vienne ne traduit aucune déperdition de moyens pour la aspects de la situation, à savoir l'enseignement du premier prochaine rentrée scolaire. degré et l'enseignement du second degré. La préparation de la rentrée de 1996 est bien marquée, S'agissant de l'enseignement du premier degré, la ren- monsieur le sénateur, par le souci d'assurer partout et de trée scolaire de 1996 sera marquée, dans le département manière juste les meilleures conditions de scolarisation. de la Haute-Vienne, par une diminution des effectifs plus M. Jean - Pierre Demerliat. Je demande la parole. forte que les années précédentes, puisque 456 élèves de moins seront accueillis en 1996, soit 1,6 p. 100 des effec- M. le président. La parole , est à M. Demerliat. tifs scolarisés. Dans ce contexte, il a été décidé de ne reti- rer que dix-neuf postes. M. Jean - Pierre Demerliat. Madame le ministre, je vous remercie des précisions que vous avez bien voulu m'ap- Ce prélèvement préserve les conditions de scolarisation porter, même si les chiffres que vous avez cités. ne corres- favorables qui se traduisent, notamment, par un taux pondent pas tout à fait à ceux qui sont en ma possession. d'encadrement global « postes/effectifs » - 5,40 postes Mais les uns et les ' autres ne sont sans doute pas très pour 100 élèves - très nettement supérieur au taux justes, car, comme vous le savez, madame le ministre, et d'encadrement de référence retenu pour les départements bien que vous ne l'ayez pas évoqué, les directeurs d'école comparables par la structure du réseau des écoles, qui est primaire sont en grève administrative depuis longtemps. de 4,85. Le département de la Haute-Vienne se situe au Les renseignements ne remontent donc pas toujours jus- premier rang de son groupe. Compte tenu de la baisse qu'à l'académie ou jusqu'au ministère. Vous n'avez donc des effectifs, la ratio postes/effectifs s'améliorera encore fait état que de projections, qui ne rendent pas forcément en 1996 pour atteindre 5,42 postes pour 100 élèves. compte de la réalité. Le département de la Haute-Vienne disposera donc de Puisque nous parlons chiffres et puisque vous avez suffisamment de moyens pour conduire une politique parlé ratio, permettez-moi de citer deux exemples. Dans éducative de qualité et poursuivre les objectifs fixés par le la Haute-Vienne, le ministère reprendra 19 ou 20 postes nouveau contrat pour l'école. dans le primaire pour une diminution, selon mes chiffres, Quant au démarrage de l'initiation aux langues de quelque 400 élèves. En Corrèze, département limi- vivantes dans la classse de cours élémentaire première trophe de la même région - plus particulièrement cher à année, il s'est effectué dans de très bonnes conditions à la certains - pour une diminution de plus de 300 élèves, rentrée de 1995 : trente et une classes y ont participé. seulement sept postes seront repris. Il y a là une dif- Cette opération pourra se poursuivre à la rentrée pro- férence de traitement au détriment de la Haute-Vienne. chaine. Si cette différence avait été à l'avantage de mon départe- J'en viens au second degré. ment, je n'aurais sans doute rien dit. 998 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Ces reprises de poste et ces suppressions d'heures Il lui demande donc s'il est possible de modifier le d'enseignement vont se traduire par une moins bonne décret n° 82-809 du 22 septembre 1982, conçu dans un qualité de l'accueil à l'école primaire et au collège. contexte économique et politique complètement différent. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y aura moins d'études (N° 292.) dirigées, les heures d'éducation physique et sportive ne La parole est à M. Demilly. seront peut-être pas assurées dans les meilleures condi- M. Fernand Demilly. Monsieur le ministre, la Somme tions. est un département qui cristallise aujourd'hui un Une fois de plus, madame le ministre, on constate une ensemble de ruptures sociales et de tensions liées aux grande différence entre les effets d'annonce du Gouverne- mutations économiques et au marché du travail, dont la ment et la politique réellement menée sur le terrain ; je le principale illustration est un taux de chômage sensi- déplore. blement supérieur à la moyenne nationale. Forte de ce RÉGIME D'AIDE A L'IMMOBILIER INDUSTRIEL HORS constat, la Commission européenne a déclaré l'ensemble ZONE DE PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRI- du département éligible aux fonds structurels de l'objec- TOIRE tif 2, lequel est destiné à aider les zones frappées par le déclin industriel. M. le président. M. Fernand Demilly rappelle à M. le Parallèlement à ces aides européennes, on dispose de la ministre de l'aménagement du territoire, de la ville et de prime d'aménagement du territoire, la PAT, qui est, pour l'intégration que la Somme est un département qui cris- les projets industriels d'une certaine importance, de tallise aujourd'hui un ensemble de ruptures sociales et de 50 000 francs par emploi créé, avec un plafond établi à tensions liées aux mutations économiques et au marché 17 p. 100 des investissements. La PAT a été instaurée par du travail, dont la principale illustration est un taux de le décret du 6 mai 1982 modifié par le décret du chômage sensiblement supérieur à la moyenne nationale. 6 février 1995 qui en définit les modalités d'application Forte de ce constat, la Commission européenne a déclaré ainsi que les zones géographiques qui peuvent en être l'ensemble du département éligible aux fonds structurels bénéficiaires. de l'objectif 2 destiné à aider les zones frappées par le Dans la Somme, le zonage PAT arrêté en 1995 exclut déclin industriel. quelques cantons situés principalement au sud-ouest du Parallèlement à ces aides européennes, on dispose de la département : il n'y a donc pas identité entre les espaces prime d'aménagement du territoire qui est, pour les pro- éligibles à la prime d'aménagement du territoire et ceux jets industriels d'une certaine importance, de qui sont éligibles à l'objectif 2. 50 000 francs par emploi créé avec un plafond.à 17 p. 100 des investissements. La PAT a été instaurée par le décret Cette situation n'est naturellement pas satisfaisante : du 6 mai 1982, modifié par le décret du 6 février 1995 dans la mesure où ces deux dispositifs ont un objet qui 'en définit les modalités d'application ainsi que les commun qui est le redressement économique, il aurait été zones géographiques qui peuvent en être bénéficiaires. souhaitable que leurs zonages coïncident et soient cohé- • rents. Dans la Somme, le zonage PAT arrêté en 1995 exclut quelques cantons situés principalement au sud-ouest du En outre, les cantons situés hors zone PAT sont dou- département : il n'y a donc pas identité entre les espaces blement pénalisés dans la mesure où le décret du 22 sep- éligibles à la PAT et ceux qui sont éligibles à l'objectif 2. tembre 1982 fonde l'ensemble du régime d'aide à l'im- mobilier d'entreprise sur le zonage PAT. Cette situation n'est naturellement pas satisfaisante : dans la mesure où ces deux dispositifs poursuivent un Ce décret, relatif aux aides à l'achat ou à la location de objectif commun qui est le redressement économique, il bâtiments accordées par les collectivités territoriales, leurs aurait été souhaitable que leurs zonages coïncident et groupements ou les régions, exclut du bénéfice de toute soient cohérents. aide nationale ou communautaire les projets d'extension En outre, les cantons hors zone PAT sont doublement ou de création de bâtiments industriels nouveaux dans les pénalisés dans la mesure où le décret n° 82-809 du cantons situés en zone éligible à l'objectif 2 mais situés 22 septembre 1982 fonde l'ensemble du régime d'aide à hors zone PAT. l'immobilier d'entreprise sur le zonage PAT. Ainsi, du fait de ce décret, hors zone PAT, ne sont éli- Ce décret, relatif aux aides à l'achat ou à la location de gibles aux aides- prévues dans les documents de pro- bâtiments accordées par les collectivités territoriales, leurs grammation des fonds structurels européens au titre de groupements ou les régions, exclut du bénéfice de toute l'objectif 2 que les opérations d'acquisition et de rénova- aide nationale ou communautaire les projets d'extension tion de bâtiments industriels existants, et ce uniquement ou de création de bâtiments industriels nouveaux dans les pour la différence entre le prix de revient du bâtiment cantons situés en zone objectif 2 mais situés hors zone après rénovation et le prix du marché. PAT. Cette incohérence par rapport aux objectifs communs Ainsi, du fait de ce décret, hors zone PAT, ne sont éli- affichés en faveur de l'emploi tant à l'échelon national gibles aux aides prévues dans les documents de pro- qu'à l'échelon communautaire, cette discrimination et ces grammation - DOCUP - des fonds structurels européens restrictions à l'intérieur d'un même département rendent au titre de l'objectif 2 que les opérations d'acquisition et insoutenable la position des collectivités à l'égard des de rénovation de bâtiments industriels existants, et ce industries qui se développent ou qui souhaitent s'implan- uniquement pour la différence entre le prix de revient du ter dans les zones concernées de notre département. bâtiment après rénovation et le prix du marché. Vous semble-t-il possible, monsieur le ministre, de Cette incohérence par rapport aux objectifs communs modifier le décret n° 82-809 du 22 septembre 1982, affichés en faveur de l'emploi, tant au niveau national conçu dans un contexte économique et politique complè- qu'au niveau communautaire, cette discriminination et tement différent ? A défaut de revoir 1 ensemble de son ces restrictions à l'intérieur d'un même département économie, il suffirait d'y ajouter que les aides à l'immobi- rendent insoutenable la position de notre- collectivité vis- lier d'entreprise autorisées en zone PAT le sont également' à-vis des industries qui se développent ou qui souhaitent en zone éligible à l'objectif 2. s'implanter dans les zones concernées du département. M. le président. La parole est à M. le ministre. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 999

M. Jean - Claude Gaudin, ministre de l'aménagement du Commission ouvre la possibilité de réviser le zonage pour territoire, de la ville et de l'intégration. Monsieur le séna- la période 1997-1999, je puis vous assurer que aucune teur, vous avez bien voulu attirer mon attention sur les modification n'affectera votre département. difficultés qui résultent dans le département de la Somme Tels sont les éléments de réponse que je peux vous des différents zonages. Plusieurs cantons de votre départe- apporter. ment se trouvent éligibles à l'objectif 2 et bénéficient Pour aller au-delà, comme vous le suggérez, une révi- donc des crédits européens, sans être éligibles à la prime sion globale du cadre législatif et réglementaire de l'inter- d'aménagement du territoire. vention économique des collectivités locales serait néces- Je comprends d'autant mieux votre préoccupation qu'il saire. Avant de s'engager dans une telle réforme, il y a encore quelques mois je siégeais à vos côtés et que des convient de bien en mesurer la portée et d'attendre, en situations analogues à celle que vous décrivez existent particulier, les résultats de l'ensemble du dispositif nou- dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. veau mis en place par la loi d'orientation pour l'aménage- L'existence d'avantages financiers ou fiscaux limités à ment et le développement du territoire. certaines zones est cependant une composante nécessaire Je m'efforce de faire appliquer au jour le jour cette loi de l'aménagement du territoire. Ces avantages permettent d'orientation, qui résulte de la volonté d'un membre en effet d'établir, comme on dit aujourd'hui, une « discri- éminent de cette assemblée. Mais je tiens à vous rappeler, mination positive entre les territoires », soit pour mesdames, messieurs les sénateurs, qu'elle a été adoptée compenser des handicaps, soit pour orienter des inves- voilà à peine un an. Or, à ce jour, dix-huit décrets ont tissements vers les zones vers lesquelles ils ne s'orientent été pris dont dix ont été soumis au Conseil d'Etat - pas spontanément. celui-ci a en quelque sorte activé son examen - cinq sont Aussi, par définition, toutes les zones ne peuvent pas actuellement en préparation et sont soumis à l'examen de être éligibles à tout. Bercy. Comme vous pouvez le constater, nous ne perdons pas de temps en matière d'aménagement du territoire. Je Les zonages actuels résultent d'une approche fondée me plais à le rappeler devant la Haute Assemblée, car je sur des critères techniques, sous le contrôle de la loi et de connais sa volonté de voir cet aménagement du territoire la Commission européenne pour les zonages des crédits se concrétiser. (Applaudissements sur les travées du RPR, des européens et pour la carte de la prime d'aménagement du Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) territoire. M. René - Pierre Signé. Il se concrétise lentement ! Pour ce qui concerne le département de la Somme, il n'a pas été possible de retenir les cantons du sud-ouest de M. Fernand Demilly. Je tiens à remercier M. le votre département dans le cadre de la prime d'aménage- ministre des précisions qu'il a apportées. ment du territoire. En effet, il résulte des négociations avec la Commission européenne que la population cou- FISCALITÉ APPLICABLE AUX CLUBS DE VOILE verte par la carte ne doit pas dépasser 41 p. 100 de la population française, au lieu de 45 p. 100 pour la carte M. le président. M. Christian Bonnet expose à M. le de 1982. ministre délégué au budget que ses services procèdent Malgré cette diminution globale, que la Commission actuellement à des inspections des clubs de voile sur les aurait souhaité plus forte, le Gouvernement, conscient des côtes de la Manche et de l'Atlantique. Il semblerait que difficultés, s'est attaché à couvrir plus largement le dépar- ces inspections tendent à assujettir ces associations très tement de la Somme. Cette augmentation du territoire de largement sociales, à travers notamment la voile scolaire, la Somme éligible à la PAT dans un contexte énéral de à un ensemble de prélèvements fiscaux qu'elles sont, en réduction mérite d'être soulignée et témoigne d une réelle l'état actuel des choses, dans l'impossibilité absolue de connaissance des besoins. Les arrondissements de Péronne supporter, sauf à cesser toute activité. et de Montdidier ont été ainsi rendus entièrement éli- Il lui demande s'il ne lui paraît pas indispensable de gibles à la prime d'aménagement du territoire, ainsi que procéder avec mesure à l'égard d'une activité qui n'a sept cantons de l'arrondissement d'Amiens. encore été touchée ni par l'argent ni par la drogue. Il lui suggère, dans cet esprit, de prendre, après concertation Cette extension a notamment permis de rendre éligible avec les représentants qualifiés des clubs, l'initiative d'une une partie de l'agglomération d'Amiens, précisément pour circulaire précisant, comme tel a été le cas, par exemple, tenir compte des évolutions économiques que vous évo- pour les associations de golf, les dispositions applicables à quez. Compte tenu du critère de la population couverte, dater de sa parution. (No 297.) l'ajout à la carte d'une zone urbanisée représente un effort important. La parole est à M. About. Il n'a malheureusement pas été possible, et croyez que M. Nicolas About. M. Christian Bonnet est actuelle- je le regrette, de rendre votre département entièrement ment à l'Elysée, où il a été convié par M. le Président de éligible à la prime d'aménagement du territoire, en raison la République. des contraintes que je viens d'évoquer. M. René - Pierre Signé. Ah ! En revanche, les cantons du sud-ouest de la Somme M. Nicolas About. Il a d'ailleurs prié M. le ministre sont éligibles au fonds de développement dés PMI créé délégué au budget de bien vouloir excuser son absence. dans les contrats de plan Etat-région en 1994. Or, les Dans sa question, M. Christian Bonnet expose à M. le petites et moyennes entreprises sont reconnues comme ministre délégué au budget que ses services procèdent créatrices d'emploi. Ce fonds constitue donc une contri- actuellement à des inspections des clubs de voile sur les bution au développement économique. côtes de la Manche et de l'Atlantique. Il semblerait que De plus, je puis vous assurer que la Somme restera ces inspections tendent à assujettir ces associations très intégralement éligible à l'objectif 2 des fonds structurels. `largement sociales, à travers notamment la voile scolaire, Naguère, notre ami Max Lejeune ne cessait de le réclamer à un ensemble de prélèvements fiscaux qu'elles sont, en devant le Sénat, à chaque fois qu'il défendait, comme l'état actuel des choses, dans l'impossibilité absolue de vous, son département de la Somme. Même si la supporter, sauf à cesser toute activité. 1000 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Il lui demande s'il ne lui paraît pas indispensable de Cela étant, M. Alain Lamassoure, que j'ai entretenu ce procéder avec mesure à l'égard d'une activité qui n'a matin de ce sujet, s'engage à examiner, en liaison avec encore été touchée ni par l'argent ni par la drogue. Il lui M. Bonnet, les solutions susceptibles de régler les situa- suggère, dans cet esprit, de prendre, après concertation tions particulières évoquées. avec les représentants qualifiés des clubs, l'initiative d'une Voilà les précisions que je souhaitais apporter à la circulaire précisant, comme tel a été le cas, par exemple, demande de M. Bonnet, s'agissant d'un point particulier pour les associations de golf, les dispositions applicables à certes, mais très important quant à ses conséquences dater de sa parution. générales. M. le président. La parole est à M. le ministre. M. Nicolas About. Je demande la parole. M. Yves Galland, ministre délégué , aux finances et au M. le président. La parole est à M. About. commerce extérieur. Comme vous le savez, monsieur le M. Nicolas About. Monsieur le ministre, dès le début sénateur, l'actuel gouvernement, sans doute plus que ses de cet après-midi, M. Christian Bonnet prendra connais- prédécesseurs, s'attache à favoriser le développement du sance de la réponse que vous venez de lui faire, et il ne mouvement associatif. C'est un point sur lequel ne doit manquera pas de communiquer dans les plus brefs délais peser aucune ambiguïté et qui est un facteur essentiel de à M. Lamassoure les réflexions que lui inspire cette prise la cohésion et de l'animation sociales. Nous venons d'ail- de position dans une affaire qui suscite un très grand leurs tout récemment de montrer cet attachement en émoi sur nos côtes. acceptant, sur proposition de l'Assemblée nationale, Pour ma part, je m'abstiendrai de toute remarque. d'améliorer le régime fiscal des dons. Mais faut-il, puisque ' nous sommes attachés à l'ex- AVENIR DE LA BANQUE FRANÇAISE tension du mouvement associatif, laisser celui-ci dévelop- DU COMMERCE EXTÉRIEUR per des activités qui, par leur nature ou par la façon dont elles -sont gérées, relèvent du domaine des entreprises ? Ne M. le président. Mme Nicole Borvo attire l'attention perdons pas de vue nos responsabilités ou nos repères : de M. le ministre délégué aux finances et au commerce autoriser des organismes à poursuivre de telles activités extérieur sur le fait que la privatisation de la BFCE sous leur statut, avec les avantages fiscaux qui s'y rat- menace l'emploi dans le secteur bancaire français. tachent, revient à condamner les entreprises du secteur à .. disparaître - il s'a it évidemment d'une concurrence Que compte faire l'Etat pour assurer la pérennité de la déloyale - et, avec elles, les emplois et les ressources bud- mission publique de la BFCE, pour préserver l'emploi et gétaires qu'elles assurent. pour engager un véritable débat sur l'avenir de cette banque dans le système économique avec la représenta- C'est la raison pour laquelle les dispositions du code tion nationale, les salariés de la BFCE, les syndicats et les général des impôts réservent le régime fiscal privilégié des comités d'entreprise concernés ? (No 283.) organismes sans but lucratif aux seules activités étrangères La parole est à Mme Borvo. à celles qui sont habituellement réalisées par les entre- prises industrielles et commerciales. Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je voudrais Je conviens avec • vous, monsieur le sénateur, que les attirer votre attention sur la fusion-absorption de la frontières ne sont pas toujours faciles à . tracer ; elles ne BFCE, la Banque française du commerce extérieur, par le l'ont d'ailleurs jamais été ! On doit notamment admettre Crédit national. qu'une activité peut relever de l'entreprise et donc des Cette opération, menée en catimini, cache en fait une règles du marché, non seulement par nature - l'achat en privatisation de la BFCE, l'abandon de la mission de ser- vue de la revente, par exemple - mais aussi par la façon vice public de celle-ci et la suppression de nombreux dont elle est conduite. Ainsi, le recours à la publicité et emplois. l'édition de catalogues largement diffusés sont le signe A la BFCE, comme partout ailleurs jusqu'ici dans les que les relations entre l'organisme et les utilisateurs établissements économiques et financiers semi-publics, les relèvent moins de celles que 1 on peut avoir dans le cadre salariés s'insurgent contre les suppressions d'emplois et de la vie associative que de celles que peuvent entretenir l'abandon d'une politique de mission publique commune des entreprises avec leurs clients. à l'ensemble de ces établissements. Cela étant, et conformément aux préoccupations de Si, évidemment, l'adossement des activités de la BFCE M. Bonnet, M. le Premier ministre a annoncé qu'une à celles du Crédit national peut tout à fait se concevoir, instruction rappelant les règles fiscales applicables aux les deux organismes ayant des clients communs et des associations serait publiée avant la fin du mois de activités complémentaires, encore faudrait-il définir les juin 1996 et qu'elle ferait l'objet d'une consultation du objectifs économiques d'importance nationale que cet Conseil supérieur de la vie associative avant sa publica- adossement entend servir. tion. Cette instruction est en cours de préparation. Cela n'implique nullement, à notre avis, de remettre S'agissant du règlement du passé que vous avez évoqué, en cause le caractère public de la BFCE. monsieur le sénateur; la Haute Assemblée comprendra Mais, aujourd'hui, l'Etat préfére brader la BFCE à un bien qu'il est impossible de poser pour règle que tous les groupe priva comme AXA, qui, via sa fusion avec le Cré- rappels effectués par les services fiscaux à l'encontre des dit national dont il est l'actionnaire principal, met la associations, y compris les clubs de voile, doivent être main à bon compte sur la BFCE. abandonnés. Ainsi, 340 emplois sur 2 000 se trouveraient menacés Une telle mesure viderait de leur contenu les principes alors que . la BFCE a déjà subi la suppression d'environ que j'ai rappelés précédemment, y compris le principe un millier d'emplois sur un total de 3 000. d'égalité devant l'impôt. Elle pénaliserait aussi les associa- C'est tout à fait inadmissible, d'autant qu'à terme ce tions qui respectent leurs obligations fiscales, autrement nouvel ensemble BFCE-Crédit national, intégré dans une dit la loi, et je puis vous dire que ce sont les plus nom- grande institution financière française ou étrangère, appli- breuses. quera très probablement les recommandations de l'Asso- SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1001

ciation française des banques. Cette dernière évalue donc permettre la constitution d'un groupe bancaire aujourd'hui à quelque 30 000 le nombre des suppressions solide et compétitif à même d'assurer la pérennité et le de postes à opérer d'ici à l'an 2000 au sein du système développement des compétences et des atouts de bancaire français. l'ensemble Crédit national-BFCE. La privatisation de la BFCE constituerait alors une Je vous signale d'ailleurs, madame le sénateur, que le étape vers la concentration bancaire, qui ferait passer comité des établissements de crédit a mis particulièrement l'emploi sous les fourches caudines de la rentabilité. l'accent sur ces questions dans l'avis favorable qu'il a Cette politique nous semble tout à fait néfaste pour la rendu sur cette opération. BFCE et pour le pays. Les choix de gestion d'un éta- Par ailleurs, vous avez évoqué le problème des missions blissement aussi important que la BFCE doivent se faire de service public. Comme la COFACE, elle-même priva- dans la transparence la plus totale. tisée en 1994, la BFCE continuera à assurer, après sa pri- Les salaries de la BFCE, comme ceux de l'ensemble du vatisation, ses missions de service public. La COFACE les secteur des établissements économiques et financiers semi- exerce dans des conditions incontestablement satisfai- publics, sont conscients de cet état de choses. C'est pour- santes. Vous avez d'ailleurs pu constater, lors de l'examen quoi ils protestent contre les suppressions d'emplois et du projet de budget du commerce extérieur pour 1996, 1 abandon de la mission de service public. les très fortes améliorations intervenues dans sa gestion et Ces raisons m'amènent à vous poser la question sui- dans ses perspectives. vante, monsieur le ministre : que compte faire le Gouver- Comme la COFACE donc, la BFCE continuera à nement pour assurer la pérennité de la mission de service assurer ses missions de service public, notamment la ges- public de la BFCE, pour préserver l'emploi et pour enga- tion de trésorerie de certains des accords de consolidation ger un véritable débat sur l'avenir de cette banque dans le de la dette extérieure liée à l'issue des négociations au système économique avec la représentation nationale, les club de Paris et la procédure de stabilisation de taux, salariés, les syndicats et les comités d'entreprise concer- pour laquelle l'encours géré par la BFCE est en croissance nés ? constante. Je le répète, madame le sénateur, cette opération a été M. le président. La parole est à M. le ministre. menée non pas en catimini, mais dans la transparence la M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au plus totale et, je crois, dans le souci des responsabilités commerce extérieur. Madame le sénateur, vous m'avez indispensables à la création d'un véritable projet indus- interrogé sur les perspectives et les missions de service triel entre la BFCE et le Crédit national, conforme à public de la Banque française du commerce extérieur. l'image de nos ambitions en matière de commerce exté- Permettez-moi d'être en désaccord sur votre approche des rieur. choses : il s'agit de tout sauf d'une opération menée en Mme Nicole Borvo. Je demande la parole. catimini ! Je vous rassure sur ce point, et je vais essayer de vous démontrer qu'il s'agit, au contraire, d'une opéra- M. le président. La parole est à Mme Borvo. tion menée dans la transparence la plus totale, ainsi que Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, permettez- vous le souhaitez. moi de vous dire que la fusion-absorption de la BFCE et Comme vous le savez, le législateur a décidé, lors du du Crédit national, telle qu'elle est menée actuellement, vote de la loi de privatisation du 19 juillet 1993, d'ins- risque - vous ne m'avez d'ailleurs donné aucune assu- crire les Assurances générales de France, et donc rance de ce point de vue - d'exposer les salariés des l'ensemble des filiales de ce groupe, dont la BFCE, sur la deux établissements à une concurrence mortelle. liste des entreprises privatisables. C'est la notion de surcapacité bancaire qui est mise en La privatisation de la BFCE est intervenue par cession avant aujourd'hui pour justifier les rationalisations de au Crédit national des participations détenues à son capi- structures et les suppressions d'emplois. Or, cette notion tal par les AGF et par le Consortium de réalisation, s'oppose à la nécessité de conduire une relance de l'acti- structure de cantonnement de certains actifs du Crédit vité et de l'emploi pour laquelle les établissements finan- lyonnais ; la Caisse des dépôts et consignations en a été ciers, en particulier publics, ont un rôle important à l'intermédiaire. jouer. Cette opération s'est déroulée selon les règles prévues En conséquence, la préservation du caractère public de par la loi du 6 août 1986 modifiée, relative aux modalités la BFCE ne pourrait, à notre avis, que garantir la solidité des privatisations. Elle a donné lieu à un rapport d'une et l'efficacité du rapprochement entre le Crédit national personnalité indépendante qui s'est prononcée sur les et la BFCE. Cela permettrait à cette dernière de servir conditions de son déroulement, conformément au décret des objectifs de développement de l'emploi et d'activités du 25 août 1995. Cette cession a été autorisée sur avis nouvelles, en coopération avec d'autres banques et sur un conforme de la commission de la privatisation par un autre critère que celui de la rentabilité financière. arrêté du ministre de l'économie et des finances, qui en AVENIR DU CRÉDIT FONCIER précise les conditions et qui a été publié au Journal officiel du 26 janvier dernier. La privatisation est donc effective M. le président. Mme Nicole Borvo attire l'attention depuis cette date. de M. le ministre délégué au logement sur le fait que Ce rapprochement entre la BFCE et le Crédit national l'abandon des prêts aidés pour l'accession à la propriété, a largement pris en compte le devenir des salariés des les PAP, et la mise en place du prêt à taux zéro mettent deux établissements, ce qui s'est notamment traduit par la gravement en danger 1 avenir du Crédit foncier et, par mise au point d'une charte du rapprochement. Dans ce conséquent, les emplois. cadre, de multiples réunions ont permis une très large . Ainsi, la réforme Périssol traduit concrètement le concertation avec les personnels. désengagement de l'Etat engagé depuis de nombreuses En ce qui concerne le projet industriel, la BFCE et le années par les gouvernements successifs. Crédit national ont étudié conjointement les synergies Quelles mesures compte prendre le Gouvernement pouvant se dégager de la forte et évidente complémenta- pour mettre en oeuvre une politique de satisfaction des rité des deux établissements. Ce projet industriel devrait besoins en logement social en préservant le CFF comme 1002 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

auxiliaire des pouvoirs publics, pour maintenir la mission bués par deux réseaux seulement, par le prêt à taux zéro de service public de celui-ci, pour ne pas livrer les fonds mis à disposition dans tous les réseaux bancaires. Cette de l'Etat à la concurrence acharnée des . banques privées et réforme est bonne pour notre système bancaire. pour maintenir les structures actuelles du Crédit foncier ■ J'observe d'ailleurs que la suppression des ' PAP était ainsi que tous les emplois ? ( ° 291.) prévue de longue date et considérée par tous comme iné- La parole est à Mme Borvo. luctable : dès 1988, M. Bérégovoy, alors ministre de Mme Nicole Borvo. Monsieur le président, monsieur le l'économie et des finances, n'avait-il pas indiqué qu'il fal- ministre, mes chers collègues, ma question porte sur les lait sérieusement s'y préparer ? problèmes d'emploi et de gestion du Crédit foncier et sur Je soulire que les comptes du CFF, au moins jusqu'à le rôle de cet établissement bancaire dans le développe- la fin de 1 exercice 1995, ne porteront aucune trace de la ment de la politique du logement social. réforme et que l'existence d'un encours important de' Depuis près de cinquante ans, le Crédit foncier est prêts PAP. lui préserve une part substantielle de son pro- l'outil des pouvoirs publics pour le financement du loge- duit net bancaire pour de très nombreuses années encore. ment social. Il a permis à des millions de familles Les difficultés du Crédit foncier proviennent, pour modestes de se loger et d'accéder à la propriété. l'essentiel, des engagements très importants pris par cet La réforme Périssol, qui enlève 30 p. 100 de sa pro- établissement dans le secteur de l'immobilier, à la fin des duction de crédit au Crédit foncier, met gravement en années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt- danger l'avenir de celui-ci et, par conséquent, les emplois. dix. Il en résulte une charge du risque qui sera très lourde En effet, 1 200 licenciements sont annonces. au cours des prochaines années. Le logement social verra s'appliquer une baisse de Les pouvoirs publics ne sont pas restés inertes, loin de 10 p. 100 en moyenne de la subvention de l'Etat par là, face à la dégradation de la situation de l'établissement. rapport au système actuel. Au contraire, le Gouvernement a pris un certain nombre L'aide moyenne de l'Etat à l'accession et aux accédants d'initiatives destinées à faciliter l'adaptation du Crédit à la propriété baissera d'environ 10 000 francs par prêt foncier. par rapport aux avantages liés aux PAP. C'est d'abord à cet établissement et à ses dirigeants La participation du Crédit foncier, à la fin des années qu'il revient de mettre en place les mesures de redresse- quatre-vingt, à des opérations de spéculation immobilière ment nécessaires, mais il est légitime que le Gouverne- en France et à l'étranger a effectivement fait . perdre à ment l'accompagne dans ses efforts. C'est ce qu'il fait celui-ci, selon des révélations non démenties de la presse, depuis plusieurs mois. des dizaines de milliards de francs qui auraient été bien utiles pour le développement du logement social. D'abord, le Gouvernement a la responsabilité de nom- Actuellement, l'Etat, en coupant les vivres au Crédit mer les dirigeants du CFF ; il vient de l'exercer en nom- foncier, réduit sa maîtrise sur la politique du logement et mant M. Meyssonnier en qualité de gouverneur. sacrifie l'outil de caractère public intervenant sur le loge- L'arrivée de M. Meyssonnier correspond à une nou- ment qu'est cet organisme. velle étape de la vie de cet établissement, qui doit accom- L'Etat, qui, par l'intermédiaire du Trésor public, est le plir une importante mutation afin de s'adapter aux nou- tuteur et le contrôleur du Crédit foncier de France, fait velles conditions créées par les difficultés de l'immobilier ainsi délibérément l'impasse sur ses responsabilités en la et par l'évolution de la concurrence dans le financement matière. de ce secteur. Il est inadmissible que l'établissement de la rue des Il est apparu au Gouvernement que nommer un Capucines se retrouve ainsi dans le maelström de la libre homme neuf, un professionnel reconnu dans ce secteur. concurrence entre établissements bancaires désireux de spécifique, était la bonne orientation. C'est sur la propo- trouver, dans les financements de l'accession à la pro- sition de M. Arthuis que le Gouvernement a donc porté priété, une surface financière nouvelle et une marge de son choix sur M. Meyssonnier. Ce dernier répond tout à manoeuvre pour compenser quelques mésaventures plus fait au profil recherché, puisque le nouveau gouverneur a récentes. incontestablement fait ses preuves dans le monde ban- Toutes ces raisons me conduisent à poser la question caire, à la fois comme spécialiste du prêt immobilier, suivante : quelles mesures compte prendre le Gouverne- comme expert des questions . financières de ce secteur - ment pour mettre en oeuvre une politique de satisfaction c'est l'un des créateurs du marché hypothécaire - mais des besoins en logement social en préservant le Crédit également comme gestionnaire avisé et efficace, ainsi foncier de France comme auxiliaire des pouvoirs publics, qu'en témoigne son action dans ses précédentes fonctions. pour maintenir la mission de service public de celui-ci, Le Gouvernement fait toute confiance à M. Meysson- pour ne pas livrer les fonds de l'Etat à la concurrence nier pour mettre au point dans les plus brefs délais les acharnée des banques privées et pour maintenir les struc- mesures d'adaptation et de redressement qu'appelle la tures actuelles du Crédit foncier de France ainsi que tous situation du Crédit foncier. les emplois ? Je vous rappelle en outre que le Gouvernement a pris M. le président. La parole est à M. le ministre. plusieurs mesures destinées à faciliter l'adaptation du Cré- M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au dit foncier. commerce extérieur. Madame le sénateur, malgré vos cri- Il a ainsi favorisé l'accord entre cet établissement et tiques, les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs La Poste pour la distribution de prêts à taux zéro, à la à la situation du Crédit foncier de France. Ils l'ont d'ores fois à la clientèle de cet établissement et à ses agents, et déjà clairement démontré en prenant un certain assurant ainsi au CFF un débouché important pour la nombre d'initiatives fortes, sur lesquelles je reviendrai production de prêts à taux zéro. Celle-ci démarre d'ail- dans un instant. leurs à un bon rythme, d'après les informations dont je La période difficile que traverse le Crédit foncier de dispose, et je suis convaincu que nous constaterons bien- France n'est pas, comme je l'entends dire trop souvent, tôt les conséquences du prêt à taux zéro sur la relance imputable au remplacement des PAP, qui étaient distri- dans l'immobilier. SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1003

Par ailleurs, la réforme des prêts locatifs intermédiaires Dans le cadre de la discussion du plan départemental et la mise en place des prêts de transformation de d'élimination des déchets, le conseil général du Val-de- bureaux en logements constituent également une bonne Marne a voté ce plan en posant comme condition l'aban- nouvelle pour le Crédit foncier, puisque ce dernier sera don du projet de Vitry-sur-Seine. un très important distributeur de ces deux produits, dont Par ailleurs, les effets de la pollution atmosphérique sur le développement me paraît promis à un bel avenir. la santé de la population commencent à être mieux Plus généralement, le CFF bénéficiera de toutes les dis- connus et le rapport récent du réseau national de santé positions qu'a prises le Gouvernement pour soutenir le publique fait état des conséquences concrètes et graves secteur de l'immobilier. qu'elle entraînait pour les Franciliens. Enfin, je crois que nous pouvons nous réjouir, Il lui demande les mesures qu'elle compte prendre madame le sénateur, qu'une ligne de trésorerie négociée pour que l'avis de l'assemblée départementale soit respecté sur des bases commerciales entre le CCF et la Caisse des et que le projet de construction d'un incinérateur à Vitry- dépôts ait pu être mise en lace. Ce concours, qui sur-Seine soit abandonné. ( ■ ° 289.) sécurise le financement de 1 établissement, _ permettra La parole et à M. Rouquet. au CFF de poursuivre dans les meilleures conditions pos- sible la mise au point des mesures d'adaptation écono- M. René Rouquet. Monsieur le président, monsieur le mique et de restructuration financière rendues nécessaires ministre, mes chers collègues, l'actualité vient de mettre par la situation de l'établissement. en évidence les graves problèmes de pollution atmosphé- Je vous le disais en introduction et je peux vous le rique qui se posent désormais de plus en plus fréquem- répéter tranquillement en conclusion, les pouvoirs publics ment dans notre pays, et plus particulièrement en région assurent totalement les responsabilités qui sont les leurs parisienne. vis-à-vis du Crédit foncier de France. Au moment même où Mme le ministre de l'environne- ment soumet pour avis au Conseil d'Etat un projet de loi Mme Nicole Borvo. Je demande la parole. sur l'air, on espère qu'elle saura vaincre les réticences qu'il M. le président. La parole est à Mme Borvo. semble avoir provoquées au sein du Gouvernement, pour répondre aux nombreux espoirs qu'il a suscités et pour Mme Nicole Borvo. Monsieur le minist e, si le Gou- faire avancer concrètement la cause de l'environnement. vernement se préoccupe de la situation du 'Crédit foncier de France, il est cependant largement responsable des dif- Dans ce contexte, je souhaite aujourd'hui attirer votre ficultés que connaît aujourd'hui cet établissement. attention, monsieur le ministre, sur la vive inquiétude que soulève, à Alfortville et dans les communes environ- Il doit assumer son rôle en permettant à tous les sala- nantes du Val-de-Marne, le projet d'implantation d'une riés et citoyens de décider des orientations qui doivent usine d'incinération des déchets à Vitry-sur-Seine. prévaloir sur un sujet qui met en cause les intérêts natio- naux. Cette usine viendrait, en effet, s'ajouter à d'autres sources de pollution déjà existantes dans ce secteur. Ainsi, Vous ne m'avez pas du tout rassurée, en tout cas, en ce trois usines d'incinération d'ordures ménagères fonc- qui concerne l'emploi. tionnent à Ivry-sur-Seine, Rungis et Créteil, et leur capa- Dans un élan unitaire extraordinaire, les salariés reven- cité totale atteint environ 800 000 tonnes par an alors diquent, pour le Crédit foncier comme pour les autres que les besoins du département ne sont que de établissements économiques et financiers, un moratoire 500 000 tonnes par an. sur les suppressions d'emplois et les privatisations qui per- Par ailleurs, la centrale EDF de Vitry-sur-Seine repré- mette d'examiner les problèmes sociaux ainsi que tous les sente un exemple type de pollution industrielle en ville enjeux économiques du moment. difficilement admissible, car elle est équipée d'un système Je me permettrai, à cet égard, de faire une suggestion : de dépoussiérage d'une efficacité très inférieure aux possi- au lieu d une avance remboursable sans intérêt proposée bilités actuelles. A proximité directe de ces sources de par le prêt Périssol, qui n'oblige pas les banques à coopé- pollution atmosphérique, et sous les vents dominants, est rer pour organiser la baisse du crédit mais qui vise à située une zone fortement urbanisée, comprenant notam- accroître le volume du crédit aux taux du marché condui- ment le futur lycée d'Alfortville, dont les travaux sant, à terme, à de fortes déconvenues pour les accédants, viennent de commencer. il serait utile que s'organise une intervention publique Chacun peut imaginer les conséquences sur l'envi- pour lever la barrière de l'accès au crédit et pour obtenir ronnement d'un tel regroupement d'usines polluantes. une baisse massive et durable des taux d'intérêt. Elles seraient immanquablement aggravées par la réalisa- tion de cette nouvelle unité. PROJET D'IMPLANTATION D'UNE USINE D'INCINÉRATION Conscients du danger que représente cette accumula- DES DÉCHETS A VITRY-SUR-SEINE tion de nuisances atmosphériques sur un même site, les membres du conseil général du Val-de-Marne ont exclu, M. le président. M. René Rouquet appelle l'attention le 29 janvier dernier, le projet de Vitry-sur-Seine du plan de Mme le ministre de l'environnement sur l'inquiétude départemental de traitement et d'élimination des déchets. que soulève à Alfortville et dans les communes environ- Ainsi, à l'heure où un rapport récent établit, pour la nantes le projet d'implantation d'une usine d'incinération première fois, une relation de causalité entre les concen- des déchets à Vitry-sur-Seine. En effet, ce projet viendrait trations de produits polluants et l'état sanitaire des popu- s'ajouter à deux autres sources de pollution déjà exis- lations, je souhaite à nouveau attirer l'attention du Gou- tantes : la centrale thermique de Vitry et l'usine d'inciné- vernement, et en particulier celle de Mme Lepage, sur les ration d'ordures ménagères d'Ivry-sur-Seine. risques que représenterait pour la santé de nombreux Un tel regroupement d'usines polluantes ne peut habitants du Val-de-Marne l'implantation de cette usine qu'entraîner des conséquences néfastes sur l'environne- d'incinération à Vitry-sur-Seine, qui a été décidée sans ment alfortvillais, notamment sur une zone fortement concertation préalable et sans prise en compte globale de urbanisée située à 200 mètres et incluant un futur lycée. l'environnement. L'annonce, ces derniers jours, du projet 1004 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

de construction d'une turbine à combustion que EDF doute pas que, conformément à la loi de 1992 sur les s'apprête à lancer sur ce même site de Vitry-sur-Seine n'a déchets, l'esprit de concertation présidera à la rédaction fait que conforter mon opposition à ce projet. finale du plan. Préserver la qualité de la vie et la santé de nos conci- Lorsque ce plan sera approuvé, les décisions des toyens en veillant tout particulièrement à la qualité de communes et de leurs groupements ainsi que les décisions l'air est un enjeu majeur pour les générations futures. prises au titre de la législation des installations classées Pour ces raisons, monsieur le ministre, je vous pour la protection de 1 environnement dans ce départe- demande de bien vouloir préciser les mesures que le Gou- ment devront être compatibles avec ses orientations. vernement compte prendre pour que soit confirmé l'avis du conseil général du Val-de-Marne. Je crois important de souligner que la loi prévoit désormais une consultation des départements limitrophes M. le président. La parole est à M. le ministre. au département couvert par le plan. Il semblerait en effet M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au peu souhaitable de voir l'élimination des déchets faire commerce extérieur. Monsieur le sénateur, je vous prie abstraction de toute coopération intercommunale ou tout d'abord de bien vouloir excuser Mme Lepage, qui se interdépartementale. Mais l'organisation de cette coopéra- trouve aujourd'hui dans l'Hérault pour régler le problème tion relève des collectivités concernées et non de l'autorité dramatique des inondations que ce département a subies. de .l'Etat. Le Gouvernement connaît, naturellement, le projet Je ne doute pas que les élus locaux côncernés, dont d'usine d'incinération des ordures ménagères qui suscite vous êtes, monsieur le sénateur, trouveront des solutions les inquiétudes que vous relevez. Il s'agit de la construc- à la gestion des déchets dans le cadre particulier de l'Ile- tion de la quatrième installation du SYCTOM d'Ile-de- de-France. France, syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères qui regroupe quatre-vingt-deux M. René Rouquet. Je demande la parole. communes de la région parisienne, dont la capitale elle- même, et qui assure, je crois, de très bonnes prestations M. le président. La parole est à M. Rouquet. dans la région. Je voudrais toutefois souligner qu'aucune demande M. René Rouquet. J'apprécie la réponse qui vient d'être d'autorisation d'exploiter n'a, à ce jour, été formellement faite. Je note que le souci de Mme Lepage et du Gouver- déposée auprès de la préfecture du Val-de-Marne au titre nement est de traiter ces problèmes avec l'attention qu'ils de la législation des installations classées pour la protec- méritent. tion de l'environnement. Je ne peux donc pas vous donner de précisions parti- En effet, dans un monde où l'impact sur l'environne- culières sur ce projet initié par le SYCTOM. C'est en ment des activités industrielles n'avait été jusqu'à mainte- effet la procédure d'autorisation que je viens d'évoquer nant que très peu pris en compte, la pollution atmosphé- qui doit permettre d'apprécier l'impact éventuel d'une rique constitue aujourd'hui un réel problème de santé telle installation sur l'environnement et les mesures à pré- publique. voir pour les limiter autant que faire se peut. Les différentes études réalisées tant en Amérique qu'en Je peux, en revanche, vous dire combien Mme le Europe démontrent qu'un niveau élevé de pollution ministre de l'environnement pense utile de moderniser la atmosphérique augmente le taux de mortalité des per- gestion de nos déchets. L'organisation de collectes sépa- sonnes fragilisées, en particulier des malades cardio- rées et le développement du recyclage, notamment des vasculaires et des personnes souffrant de graves problèmes déchets d'emballages, en sont des moyens aujourd'hui respiratoires. faciles à mettre en oeuvre. De même, il est aujourd'hui prouvé que les pics de L'incinération avec récupération d'énergie est une solu- pollution enregistrés sur Paris et sa région vont de pair tion complémentaire de valorisation qui trouve tout son avec une surconsommation médicale et un afflux de intérêt dans le cas de l'agglomération parisienne. L'éner- patients dans les services d'urgence des hôpitaux. En gie récupérée peut en effet contribuer à l'alimentation du 1994, les syndicats de médecins constataient 16 p. 100 réseau de chauffage urbain. d'enfants asthmatiques en région parisienne et des diffi- L'impact sur l'environnement des rejets des installa- cultés respiratoires aggravées pour les jeunes enfants et les tions d incinération de déchets retient évidemment toute personnes âgées. l'attention de Mme le ministre de l'environnement. Les prescriptions en la matière sont sévères en ce qui En conséquence, il est plus que jamais du rôle des élus concerne tant les émissions dans l'air que l'élimination de tout mettre en vigueur pour veiller à préserver la santé des résidus solides de l'incinération. de nos concitoyens en limitant l'implantation d'usines Il appartient toutefois à l'exploitant de bien préciser polluantes sur un même site, dans une même région, et dans son étude d'impact les effets locaux que peut créer en demandant que des études globales de pollution soient son projet, en tenant compte des autres sources de pollu- menées en concertation préablable avec l'ensemble des tion et de la sensibilité particulière de l'environnement du partenaires concernés, élus des collectivités, associations site choisi. La zone urbaine envisagée nécessitera, en la de défense de l'environnement et populations riveraines. matière, une vigilance accrue. Je peux toutefois vous informer que les incinérateurs M. le président. Mes chers collègues, nous allons main- de déchets ne sont pas des sources importantes des prin- tenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à cipaux polluants qui posent des difficultés dans l'air seize heures. ambiant de l'agglomération parisienne. La séance est suspendue. Mme le ministre de l'environnement a enfin pris note de l'avis exprimé par le conseil général du Val-de-Marne (La séance, suspendue à onze heures trente, est sur le projet de plan d'élimination des déchets ménagers reprise à seize heures, sous la présidence de M. René et assimilés qui a été élaboré dans ce département. Elle ne Monory.) SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1005

PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY Dans sa ville, il s'attache à soutenir l'économie locale, crée une zone industrielle et favorise l'implantation M. le président. La séance est reprise. d'« usines relais ». Brioude découvre en lui un bâtisseur. Les écoles sont agrandies. Une caserne de pompiers et un foyer pour personnes âgées sont construits. La circulation 5 en ville est facilitée. On voit s'élever de nouveaux bâti- ments dédiés aux activités traditionnelles : l'Hôtel de la dentelle, puis la Maison du saumon, qui est destinée à ÉLOGE FUNÈBRE mettre en valeur le saumon sauvage de la Haute-Loire, DE JEAN-PAUL CHAMBRIARD, car le maire de Brioude est en effet un authentique SÉNATEUR DE LA HAUTE-LOIRE défenseur de la nature. Chef d'entreprise chevronné, élu local respecté, Jean- M. le président. Mes chers collègues, je vais prononcer Paul Chambriard entre au Sénat en 1983. Fidèle aux l'éloge funèbre de Jean-Paul Chambriard. (MM les ministres, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.) principes libéraux qui ont toujours guidé son action, il rejoint le groupe des Républicains et Indépendants. Rien ne laissait prévoir que le destin frapperait si bru- talement Jean-Paul Chambriard, sénateur de la Haute- En 1985, il devient conseiller général, achevant ainsi le Loire. parcours électoral accompli autrefois par son père. Ce matin du 24 janvier, nous avons été nombreux à Lucide, Jean-Paul Chambriard mesure les limites de entrevoir sa haute silhouette, à lui adresser un salut ou à l'action politique face aux grands problèmes de la société partager quelques instants sa conversation. Alors qu'il et de l'économie, comme le chômage. Parfois, le doute venait de quitter le Sénat pour se rendre à l'aéroport est là. Mais jamais bien longtemps, car il conserve d'Orly, il a trouvé la mort dans un tragique accident de intactes cette capacité d'indignation et cette volonté d'af- la route. Cette terrible nouvelle nous a tous bouleversés. fronter les difficultés qui font l'honneur de l'homme poli- tique. Il se dépense sans compter pour infléchir une réa- Jean-Paul Chambriard est né en 1929, en terre d'Au- lité économique et sociale angoissante à bien des égards. vergne, dans une famille d'industriels implantée de Qu'il s'agisse de lutter contre les effets d'une concurrence longue date à Brioude, où l'on cultive l'attachement aux internationale de plus en plus rude dans le secteur du traditions républicaines et le dévouement à la chose bois, qu'il s'agisse de défendre au Parlement les mesures publique. Son père, Paul Chambriard, est engagé au ser- destinées à protéger les activités économiques des départe- vice des autres. Après la Libération, à laquelle il participe ments de montagne, Jean-Paul Chambriard se bat avec activement, il entre au Conseil de la République, est élu une détermination peu commune. maire de. Brioude, puis conseiller général. Digne héritier de cet engagement politique, Jean-Paul Dans nos discussions, où il intervient souvent, c'est un Chambriard poursuivra l'action menée par son père. défenseur obstiné de l'aménagement du territoire et du maintien des services publics en zone rurale. C'est un Excellent élève, le jeune homme est animé du désir de interlocuteur incisif du Gouvernement dans les débats connaître et de comprendre : désir de .connaître les gens agricoles. C'est un législateur attentif lorsqu'il est ques- en allant à leur rencontre, désir de comprendre le monde tion de modifier les mécanismes de participation des sala- en allant à sa découverte. Très attaché à l'Auvergne et à riés aux fruits de l'entreprise. C'est aussi un censeur vigi- ses racines, il est aussi curieux des horizons lointains. lant à la commission de contrôle sur la gestion d'Air A peine bachelier, il sait déjà qu'il veut prendre la suc- France. cession de son père à la tête de l'entreprise familiale, dans Profondément implanté dans la réalité locale, Jean-Paul le secteur du bois. Pour se préparer à ce difficile métier, il Chambriard n'en est pas moins attiré par la diversité du passe le concours de l'Ecole supérieure du bois, à Paris. monde. Ce goût du lointain, de l'ailleurs, l'habite depuis Ayant obtenu son diplôme d'ingénieur, il n'en tire sa jeunesse. Après le renouvellement sénatorial de 1986, il aucune vanité. Bien au contraire, il est déterminé à quitte la commission des affaires économiques, où il sié- compléter son savoir par une expérience de terrain. Après geait depuis son élection au Sénat, pour rejoindre celle avoir effectué son service militaire en Autriche, il décide des affaires étrangères. Il participe aux missions de la de franchir l'Atlantique pour passer une année aux Etats- commission aux Etats-Unis, puis en Arabie saoudite et Unis comme ouvrier dans une entreprise de bois. Loin de dans les Emirats arabes après l'attaque du Koweit par sa terre natale, il retrouve dans l'Oregon la profondeur l'Irak et, plus récemment, en Inde. Sa curiosité pour les familière des forêts d'Auvergne et cette nature sauvage terres étrangères, sa volonté d'aller au contact des habi- dont il a le goût. Loin des siens, il découvre les liens qui tants des pays qu'il visite, son assiduité aux travaux de la unissent ceux qui partagent un dur labeur. Cette année commission vont lui conférer une solide connaissance des en Amérique est aussi l'occasion d'explorer des techniques réalités internationales. et des méthodes de production nouvelles. Il s'en souvien- dra. Ardent défenseur des intérêts de ses administrés, animé Ouverture aux autres, pragmatisme et détermination, d'un sens élevé de l'intérêt de la France, devenu citoyen ces qualités vont servir son ascension politique, certes du monde, Jean-Paul Chambriard était un parlementaire favorisée par l'exemple paternel, mais aussi sollicitée par exemplaire. ses concitoyens, qui ont appris à l'apprécier. Simple et chaleureux, il avait gagné d'emblée la sympa- Jean-Paul Chambriard entre ainsi au conseil municipal thie de ses collègues. La fermeté de ses convictions, sa de Brioude en 1964, l'année du décès de son père, qui détermination et son ouverture d'esprit forçaient le res- dirigeait la municipalité depuis 1947. Après avoir siégé pect. longtemps au sein de la minorité du conseil, Jean-Paul Au nom du Sénat, j'adresse nos plus sincères condo- Chambriard reprend la ville aux élections municipales de léances à l'ensemble de sa famille. A vous, madame, qui 1983. Maire de Brioude pendant six ans, il aura la satis- allez reprendre la direction de l'entreprise familiale, je faction de conquérir à nouveau la majorité municipale en voudrais dire mon admiration pour votre courage, devant 1995. lequel votre époux aurait éprouvé une grande fierté. 1006 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires Dans ce monde en mutation accélérée où les valeurs sociales. Je demande la parole. s'entrechoquent et parfois se brisent, Jean-Paul Cham- briard est un de ces hommes dont la vie est un repère, M. le président. La parole est à M. le ministre. comme un phare qui guide les marins dans les nuits de M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires tempête. sociales. Monsieur le président, en présence de mon col- Madame Brigitte Chambriard, qui faites face avec tant lègue M. Jean-Claude Gaudin, je souhaite associer le de courage, je vous exprime, ainsi qu'à vos enfants et à Gouvernement à l'hommage que vous venez de rendre à vos petits-enfants, la très profonde sympathie du Gouver- Jean-Paul Chambriard. nement. Pressé par le temps, comme beaucoup d'entre nous qui Je tiens également à manifester au groupe des Républi- sommes contraints aux allers et retours entre notre région cains et Indépendants et à l'ensemble du Sénat la sympa- d'origine et la capitale, Jean-Paul Chambriard a fait face à thie du Gouvernement. son destin en chemin vers l'aéroport, et la vie d'un homme qui allait toujours de l'avant s'est trouvée brisée M. le président. Mes chers collègues, nous allons, en net. signe de deuil, interrompre nos travaux pendant quelques instants. Jean-Paul Chambriard était avant tout un homme La séance est suspendue. d'entreprise. Tôt formé au . noble métier de l'exploitation du bois, il applique les méthodes modernes qu'il a pu (La séance, suspendue à seize heures quinze, est observer à l'étranger dans l'entreprise familiale qu'il reprise à seize heures vingt-cinq, sous la présidence de reprend dans la continuité. Il se montre un chef d'entre- M. Yves Guéna.) prise dynamique et innovant, mais aussi ferme et acharné à défendre l'emploi. Ses salariés se souviennent de son dévouement et de sa PRÉSIDENCE DE M. YVES GUÉNA ténacité tout au long des trente années parfois difficiles vice-président dans ce secteur économique fragile. Ce faisant, il se bat jusqu'au bout pour la mise en M. le président. La séance est reprise. valeur de notre patrimoine forestier national. Son entrée en politique se fait, elle aussi, dans l'esprit d'une tradition familiale lorsqu'il reprend le flambeau à la mort de son père, Paul, sénateur et maire de Brioude. Ce 6 n'est pas sans appréhension qu'il reprend cette deuxième succession. Mais, très vite, il s'engage corps et âme pour le développement de Brioude et du pays brivadois, qu'il défend et promeut avec cette passion inquiète qui le fai- CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS sait parfois souffrir mais chaque fois repartir au combat. Il savait ce que voulait dire la fermeture d'une usine M. le président. La conférence des présidents a établi dans une région fragilisée qui en compte peu. Il fut ainsi comme suit l'ordre du jour des prochaines séances du l'avocat inlassable du monde rural et de ses valeurs auprès Sénat, sous réserve de l'application de l'article 32, alinéa 4, du • Gouvernement. Maintes fois, il attira l'attention sur du règlement : les difficultés des zones de montagne, sur la politique agricole commune ou sur le maintien des services publics en milieu rural. A. - Mercredi 6 mars 1996, à quinze heures : Jean-Paul Chambriard était un homme à la fois d'enra- Ordre du jour prioritaire cinement et de modernité. Son engagement en politique était inspiré par un patriotisme profond. Sa vision d'un Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant pays plus juste et plus actif le rendait exigeant. Il s'in- réforme du financement de l'apprentissage (no 206, 1995- dignait contre les égoïsmes et les querelles inutiles, contre 1996). le manque d'esprit de responsabilité. La conférence des présidents a fixé : Au Sénat, Jean-Paul Chambriard a pleinement donné - au mardi 5 mars, à dix-sept heures, le délai limite la mesure de ce souci de la place de notre pays dans le pour le dépôt des amendements à ce projet de loi ; monde. Sa vision des problèmes internationaux faisait de - à quatre heures la durée globale du temps dont dis- lui un parlementaire écouté. Au cours de ses nombreuses poseront, dans la discussion générale, les orateurs des missions en France et à l'étranger il s'est activement divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe. préoccupé de bâtir un système de défense plus souple et plus opérationnel pour notre pays. L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la Par son honnêteté foncière, par sa droiture morale, par session et les inscriptions de parole devront être faites au son dévouement au service de la République, mais aussi service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi en vertu de sa bonté, de sa fidélité à ses amis et à ses 5 mars. idées, Jean-Paul Chambriard restera pour nous un modèle. Comme l'a dit M. Henri de Raincourt s'expri- mant au nom de votre assemblée : « Il faisait honneur à B. - Jeudi 7 mars 1996, à neuf heures trente et à la politique. » quinze heures : Par-delà les froides logiques économiques, il ne perdait Ordre du jour prioritaire jamais de vue les personnes. Pour cela, il défendait une certaine conception morale et spirituelle de la société, Suite du projet de loi portant réforme du financement centrée sur la famille et ses liens naturels. de l'apprentissage. SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1007

C. - Mardi 12 mars 1996, à neuf heures trente, à - quinze minutes le temps attribué à chaque groupe ; seize heures et le soir : - cinq minutes le temps attribué à la réunion adminis- Ordre du jour établi en application de l'article 48, trative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun troisième alinéa, de la Constitution groupe. 1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée natio- L'ordre des interventions sera déterminé en fonction nale, améliorant le financement des associations concou- du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la rant à l'action humanitaire en vue de leur permettre de session et les inscriptions de parole devront être faites au participer plus efficacement à la lutte contre l'exclusion service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi (n° 179, 1995-1996). 13 mars. La conférence des présidents a fixé au lundi 11 mars, à F. - Mardi 19 mars 1996, à dix heures : dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amende- ments à cette proposition de loi. 1° Seize questions orales sans débat : 2° Proposition de loi de MM. Haenel, Eckenspieller, N° 284 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de la Lorrain, Hoeffel, Richert, Ostermann et Grignon tendant défense (conséquences de la réduction des crédits de la à actualiser la loi locale de chasse régissant les départe- défense pour le département de la Gironde) ; ments du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle N° 290 de M. Christian Demuynck à M. le ministre (n° 144, 1995-1996). de l'équipement, du logement, des transports et du tou- La conférence des présidents a fixé : risme (projet de rendre constructibles des terrains situés - au lundi 11 mars, à dix-sept heures, le délai limite en zone inondable à Neuilly-sur-Marne) ; pour le dépôt des amendements à cette proposition de N° 293 de M. Bernard Barraux à M. le ministre du loi ;; travail et des affaires sociales (assouplissement des règles - à deux heures la durée globale du temps dont dis- de non-cumul de l'allocation parentale d'éducation et de poseront, dans la discussion générale, les orateurs des certains « avantages invalidité ») ; divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe. N° 294 de M. Bernard Barraux à M. le ministre du L'ordre des interventions sera déterminé en fonction travail et des affaires sociales (ressources prises en compte du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la pour l'attribution de l'allocation de parent isolé) ; session et les inscriptions de parole devront être faites au N° 301 de M. Jean-Paul Amoudry à M. le ministre de service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation (difficultés 11 mars. de mise en oeuvre du programme de maîtrise des pollu- tions des élevages en Haute-Savoie) ; Ordre du jour prioritaire N° 304 de M. Jean-Luc Mélenchon à M. le ministre 3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, por- de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et tant dispositions diverses relatives aux territoires d'outre- de la recherche (délocalisation du laboratoire pour l'utili- mer et aux collectivités territoriales de Mayotte et de sation du rayonnement électromagnétique d'Orsay, Saint-Pierre-et-Miquelon (n° 104, 1995-1996). Essonne) ; La conférence des présidents a fixé au lundi 11 mars, à N° 305 de M. Philippe de Gaulle à M. le ministre du dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amende- travail et des affaires sociales (conditions d'attribution de ments à ce projet de loi. l'allocation pour jeune enfant) ; D. - Mercredi 13 mars 1996, à quinze heures et N° 306 de M. Paul Loridant à M. le ministre de la le soir : défense (rapprochement entre la société Aérospatiale- Ordre du jour prioritaire Cannes et la société allemande DASA) ; Projet de loi de modernisation des activités financières N° 307 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de (n° 157, 1995-1996). la défense (projet de transfert de la société Melco de La conférence des présidents a fixé au mardi 12 mars, Limours, Essonne) ; à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amen- N° 308 de M. Bernard Dussaut à M. le ministre de dements à ce projet de loi. l'équipement, du logement, des transports et du tourisme (sécurité des motards et prévention des accidents) ; E. - Jeudi 14 mars 1996, à neuf heures trente : N° 309 de M. Charles Descours à M. le ministre de Ordre du jour prioritaire l'intérieur (réglementation concernant la vente d'une 1° Conclusions de la commission mixte paritaire ou licence de taxi) ; nouvelle lecture du projet de loi portant diverses disposi- N° 310 de M. Marcel Charmant à M. le ministre délé- tions relatives aux concours de l'Etat aux collectivités ter- gué à la poste, aux télécommunications et à l'espace ritoriales et aux mécanismes de solidarité financière entre (insuffisance de la couverture du département de la collectivités territoriales. Nièvre par les réseaux de téléphone mobile numérique) ; 2° Suite du projet de loi de modernisation des activités N° 311 de M. Jacques Bimbenet à M. le ministre du financières. travail et des affaires sociales (lutte contre le travail clan- A quinze heures : destin et maîtrise de l'immigration) ; 3° Questions d'actualité au Gouvernement. N° 312 de Mme Hélène Luc à M. le ministre de l'édu- L'inscription des auteurs de questions devra être effec- cation nationale, de l'enseignement supérieur et de la tuée au service de la séance avant onze heures. recherche (emploi des maîtres auxiliaires) ; 4° Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, N° 313 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de sur la préparation et les perspectives de la conférence l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la intergouvernementale. recherche (violences au collège Paul-Eluard de Vigneux- La conférence des présidents a fixé à : sur-Seine, Essonne) ; - dix minutes les temps réservés au président de la N° 314 de M. Alfred Foy à M. le ministre de l'éduca- commission des affaires étrangères et au président de la tion nationale, de l'enseignement supérieur et de la délégation pour l'Union européenne ; recherche (illettrisme). 1008 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

A seize heures : tives n° 93/83 du Conseil des Communautés européennes Ordre du jour prioritaire du 27 septembre 1993 relative à la coordination de cer- 2° Eventuellement, suite du projet de loi de modernisa- taines règles du droit d'auteur et " des droits voisins du tion des activités financières ; droit d'auteur applicables à la radiodiffusion par satellite 3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée natio- et à la retransmission par câble et n° 93/98 du Conseil nale, tendant à préciser la portée de l'incompatibilité des Communautés européennes du 29 octobre 1993 rela- entre la situation de candidat et la fonction de membre tive à l'harmonisation de la durée de protection du droit d'une association de financement électorale ou de manda- d'auteur et de certains droits voisins. [Rapport n° 240 taire financier (n° 248, 1995-1996). (1995-1996).] La conférence des présidents a fixé : Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre. - au lundi 18 mars, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de loi ; M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Mon- - à deux heures la durée globale du temps dont dis- sieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, poseront, dans la discussion générale, les orateurs des avant de présenter le projet de loi modifiant le code de la divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe. propriété intellectuelle, qui a pour objet principal de L'ordre des interventions sera déterminé en fonction transposer en droit national deux directives communau- du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la taires concernant des aspects particuliers de la propriété session et les inscriptions de parole devront être faites au littéraire et artistique, j'aimerais commenter à votre inten- service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi tion les travaux d harmonisation qui ont été engagés par 18 mars. l'Union européenne en la matière. Ainsi pourrai-je repla- cer ce projet dans son contexte. G. - Mercredi 20 mars 1996, à onze heures trente, à quinze heures et le soir : C'est en effet dans la perspective de la réalisation du marché unique que ce rapprochement des législations des Ordre du jour prioritaire Etats membres a été entrepris. Ne nous dissimulons pas Sous réserve de sa transmission, projet de loi portant que, dans la logique de la construction européenne, diverses dispositions d'ordre économique et financier 1 objectif en est plus économique que culturel. Il s'agit (urgence déclarée) (AN, n° 2548). plus de réduire les distorsions de concurrence et de favo- La conférence des présidents a fixé au mardi 19 mars, riser la libre circulation des biens et services que d'agir à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amen- sur le caractère culturel de leurs contenus. dements à ce projet de loi. Il n'était donc pas étonnant que le premier texte H. - Jeudi 21 mars 1996, à neuf heures trente, à communautaire dont vous avez examiné la transposition quinze heures et, éventuellement, le soir : ait porté sur la protection des logiciels, certes en leur qua- Ordre du jour prioritaire lité d'oeuvres littéraires, mais aussi comme expression du 1° Suite du projet de loi portant diverses dispositions dynamisme de l'industrie informatique européenne ce d'ordre économique et financier ; fut l'objet de la loi n° 94-361 du 10 mai 1994. 2° Eventuellement, deuxième lecture de la proposition Le programme de travail dont la Commission euro- de loi visant à étendre aux collectivités locales et à leurs péenne avait l'initiative comportait une action dans un groupement l'accès aux prêts distribués à partir des fonds domaine où le législateur français avait précédé la déposés sur les comptes pour le développement industriel démarche communautaire. afin d'accompagner le développement ou l'implantation Ainsi le Gouvernement n'a-t-il pas eu à vous proposer des petites et moyennes entreprises et à créer une obliga- de transposer la directive n° 92-100 du 19 novembre 1992 tion d'information sur l'utilisation de ces fonds. concernant la pratique de la location et du prêt et la La conférence des présidents a fixé au mercredi 20 mars, généralisation des droits voisins du droit d'auteur. La législation française était en effet a priori conforme, grâce à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amen- . dements à cette proposition de loi. en particulier à M. Charles Jolibois, à qui la loi du 3 juil- Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propo- let 1985 doit des qualités d'anticipation dont nous sitions de la conférence des présidents relatives à la tenue retrouverons heureusement les effets à propos du projet des séances ?... de loi que je vous présente aujourd'hui. Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propo- Avec les deux directives dont je vous propose d'exami- sitions de la conférence des présidents s'agissant de l'ordre ner les incidences dans notre droit, nous touchons à la du jour établi en application de l'article 48, troisième ali- fois à l'essence du droit d'auteur, dont la durée de protec- néa, de la Constitution ?... tion sera allongée, et à l'actualité de la communication Ces propositions sont adoptées. audiovisuelle, puisqu'un régime juridique unique est pro- posé pour les diffusions par satellite et les retransmissions par câble en Europe, en complément de la directive Télé- 7 vision sans frontières. Je précise qu'il s'agit dans ces deux cas des modes clas- TRANSPOSITION DANS LE CODE siques de diffusion des oeuvres, c'est-à-dire de leur récep- DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE DE tion directe par le public, et que ne sont pas encore abor- DIRECTIVES RELATIVES AU DROIT D'AUTEUR dées les perspectives qu'ouvrent les technologies numériques aux autoroutes de l'information, dont le développement préoccupe particulièrement votre commis- Adoption d'un projet de loi sion des affaires culturelles, et je la comprends. M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion Comme je l'ai indiqué à son président M. Adrien du projet de loi (n° 264, 1994-1995) portant transposi- Gouteyron, qui a bien voulu m'entendre récemment à ce tion dans le code de la propriété intellectuelle des direc- sujet, le Gouvernement participe à la nouvelle concerta- SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1009 tion que la Commission européenne a engagée au second comme en Allemagne, tandis que les droits voisins bénéfi- semestre de l'année dernière par la publication d'un livre cieront d'une protection de cinquante ans après leur fait vert sur « le droit d'auteur et les droits voisins dans la générateur, comme en France. société de l'information ». Les conséquences de cette harmonisation sur les dif- Avant de rendre compte au Parlement de cette férentes catégories d'oeuvres font l'objet de dispositions réflexion entre Européens, j'aurai à lui présenter une cin- adaptées, que votre commission a améliorées par des quième directive communautaire constituant, en quelque rédactions que j'approuverai totalement, au nom du Gou- sorte, une introduction aux règles de droit du nouveau vernement. monde numérique. Ce texte, que le Conseil vient d'adop- Il en sera de même pour les dispositions transitoires ter Je 27 février, après que la proposition élaborée sur inscrites au titre III du projet de loi afin, principalement, l'initiative de la présidence française de l'Union en 1995 de préserver les droits acquis. eut recueilli un avis favorable du Parlement européen, Le projet de loi comporte, enfin, une modification du définira les modalités d'un renforcement de la protection code de la propriété intellectuelle proposée par le Gouver- juridique des bases de données électroniques, qui consti- nement et destinée à lever une difficulté particulière. tuent un des éléments essentiels de la future société de l'information. En vue de soutenir la reprise du marché de l'art, je souhaite aider les commissaires-priseurs dans la promo- Après ce commentaire général des travaux communau- tion de ventes publiques d'oeuvres d'art en assouplissant taires passés et futurs, auxquels mon ministère participe les règles relatives aux reproductions figurant dans les activement, j'en viens, mesdames, messieurs les sénateurs, catalogues de vente. Tel est l'objet de la modification de à la présentation des dispositions du présent projet de loi. l'article L. 122-5 que le Gouvernement vous proposera Je le ferai brièvement en raison de la très grande qua- par voie d'amendement. lité du rapport de la commission des affaires culturelles. Un second amendement, de simple procédure, a été Je suis reconnaissant à son rapporteur, M. Pierre Laffitte, déposé pour rendre applicable le projet de loi dans les d'avoir su, en se référant aux travaux innovants menés par territoires d'outre-mer et dans la collectivité territoriale de le Sénat en 1985, simplifier la technique juridique effec- Mayotte. tivement complexe sur laquelle s'est formé le consensus communautaire. Monsieur le président, mesdames, messieurs les séna- teurs, je conclurai ce propos liminaire en soulignant l'im- Le Gouvernement, je l'annonce d'emblée, acceptera la portance politique de la concertation, au sein de l'Union totalité des amendements judicieux que votre commission européenne, sur le droit d'auteur et les droits voisins, a rédigés dans cet esprit. dont ce projet de loi traduit deux applications impor- Je limiterai donc mon propos à quelques points qu'il tantes. me paraît aujourd'hui utile de souligner. Dans son essence créative comme dans ses expressions Le titre Ier du projet de loi que j'ai l'honneur de pré- professionnelles et économiques, le développement cultu- senter concerne le régime communautaire élaboré dans la rel ne peut être traité dans les seules limites de nos fron- directive n° 93-83 du 27 septembre 1993 pour les droits tières. Les oeuvres circuleront de plus en plus dans le portant sur la télédiffusion par satellite et sur la retrans- monde. mission par câble. Si nous voulons assurer à nos créateurs et à nos inter- Le règlement d'éventuels conflits de lois à l'intérieur de prètes la place qui leur revient dans la société de l'infor- la Communauté européenne repose sur le critère du pays mation, il faut que, dans le respect des identités natio- d'émission vers le satellite, complété par un dispositif de nales, l'ensemble de l'Union européenne s'implique dans prévention des risques de délocalisation dans des pays la protection juridique des contenus des futurs réseaux tiers ayant des législations moins protectrices. Cela pose mondiaux de la connaissance et du divertissement. en effet un problème très important. En prévision des négociations internationales qui vont En ce qui concerne la retransmission par câble, un s'engager pour réguler la société de l'information, il est de double mécanisme facilite l'acquisition des droits : d'une notre devoir de développer de telles initiatives euro- part, des médiateurs peuvent être institués en cas de péennes. Le Gouvernement continuera de s'y employer négociations difficiles ; d'autre part, la gestion sera obliga- activement. toirement collective. C'est en ayant ces perspectives à l'esprit que je vous demande, mesdames, messieurs les sénateurs, de bien Le Gouvernement a ajouté aux règles communautaires vouloir approuver, sur les points particuliers que j'ai rapi- une procédure d'agrément des sociétés de gestion collec- dement cités, la transposition des deux directives tive qui peut être rapprochée de celle qui fut instituée par d'harmonisation communautaire objet du présent projet la loi du 3 janvier 1995 pour l'exercice du droit de repro- de loi, assortie de la totalité des amendements par duction par reprographie. Je sais que cette proposition lesquels votre rapporteur a amélioré un dispositif juri- suscite certaines interrogations sur lesquelles la discussion dique complexe en lui apportant la clarté législative qu'a des articles nous fournira l'occasion de revenir. toujours recherchée la Haute Assemblée. (Applaudisse- En laissant pour la discussion des amendements le ments.) commentaire des points sur lesquels votre commission a amélioré ces dispositions, j'en viens au titre II du projet M. le président. La parole est à M. le rapporteur. de loi concernant la durée de protection des droits, uni- M. Pierre Laffitte, rapporteur de la commission des formisée pour l'ensemble de l'Europe par la directive affaires culturelles. Monsieur le président, monsieur le n° 93-98 du 29 octobre 1993. ministre, mes chers collègues, transposer une directive en Autour d'un accord franco-allemand, il a été décidé droit national est un exercice souvent un peu frustrant que les droits de tous les auteurs - pas seulement dans le puisqu'il nous est évidemment interdit de mettre en ques- domaine musical ainsi que le prévoit notre code - seront tion le contenu dés directives. Nous pouvons simplement protégés soixante-dix ans après la mort de l'auteur, essayer de faire en sorte que cette transposition ne 1010 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

remette pas en cause la logique du droit national et vigueur des risques de confusion, et je vous sais gré, qu'elle respecte la terminologie en usage, qui est un fac- monsieur le ministre, d'avoir considéré que nos proposi- teur essentiel de sécurité juridique. tions à cet égard allaient dans le sens de la simplification. Ce travail de traduction assez technique, parfois un En revanche, il faut rendre explicite l'application aux peu ingrat, a été hautement facilité, d'une part, par le tra- droits voisins de la règle du pays d'émission ; il faut vail déjà réalisé en 1985 par M. Jolibois - vous l'avez transcrire les règles permettant le rattachement au droit déjà évoqué, monsieur le ministre - et, d'autre part, par national de certaines émissions réalisées à partir d'Etats la coopération étroite qui s'est instaurée avec les services tiers à la Communauté, ainsi que les dispositions transi- de votre ministère. toires applicables aux contrats en cours. Je vous remercie des propos aimables que vous avez Ces dernières sont indispensables, car il ne faut pas se tenus à l'égard de la commission et de son rapporteur. Je dissimuler que l'application à l'échelle de la Communauté crois qu'effectivement nous avons essayé d'accomplir ce de la « théorie de 1 injection » modifiera profondément les travail le plus techniquement et le plus correctement pos- conditions d'exploitation télévisuelle des oeuvres audiovi- sible. suelles puisqu'elle interdira de fait les cessions de droits C'est une tâche indispensable, tout spécialement en ce territorialement limitées et imposera, à terme, d'organiser qui concerne le droit de la propriété littéraire et artis- à l'échelle européenne la « chronologie des médias ». tique. Il ne faut pas non plus se dissimuler que l'application C'est en grande partie à notre pays que l'Europe doit de la directive pourrait favoriser le développement des l'existence du droit d'auteur. Nous devons en préserver activités de télévision par satellite dans les Etats membres autant que possible les principes et les acquis. Ces der- où la protection des droits est la moins élevée. niers ont inspiré nombre de législations, notamment en Bien sûr, la « délocalisation » d'une grande chaîne Europe. généraliste nationale n'est guère envisageable. Mais ce Nous savons qu'il existe d'autres notions, comme le n'est pas le développement de telles chaînes que le satel- copyright, qui sont différentes. Sans doute, petit à petit, lite permettra. au fil des décennies, en tout cas au cours du siècle pro- La régie finale, c'est-à-dire le lieu d'émission, d'une chain, interviendra une certaine convergence. On en voit chaîne thématique qui fait peu ou qui ne fait pas de d'orès et déjà les prémices puisque le droit moral, qui direct, diffusant principalement des films, des séries, des était tout à fait inconnu aux Etats-Unis, fait son appari- documentaires ou des vidéoclips, peut très bien s'installer tion dans leur jurisprudence. dans des pays comme le Luxembourg, où le droit moral Quoi qu'il en soit, de grandes divergences demeurent. n'est guère protégé et où il n'est pas possible d'interdire Pour résumer, on peut dire que le droit d'auteur préserve la « colorisation » ou la coupure des oeuvres. beaucoup plus l'activité créatrice des auteurs alors que le Je ne suis donc pas sûr que la « théorie de l'injection », copyright préserve beaucoup plus les intérêts des éditeurs. qui est très favorable aux auteurs à l'échelle nationale, le Il faudra, dans le domaine que vous avez évoqué, mon- soit autant à l'échelle de l'Europe, en l'état actuel de sieur le ministre, et, qui connaît actuellement une explo- l'harmonisation du droit d'auteur. Il faudra donc que ce sion majeure - nous avons pu le constater à l'occasion de travail d'harmonisation soit poursuivi. Sachez, monsieur l'inauguration du dernier Milia, le marché international le ministre, que la commission des affaires culturelles du du livre interactif et audiovisuel, qui s'est tenu à Cannes - Sénat est toute prête à agir avec vous dans ce sens. il faudra, dis-je, que nous veillions à ce que s'établisse J'en viens aux dispositions concernant la diffusion une combinaison positive entre les droits des auteurs et câblée. les droits des éditeurs de façon que ne nous soit pas La directive impose, dans ce cas, la gestion collective imposé, de façon inopinée, quelque droit qui ne corres- des droits de retransmission, et nous approuvons tout à pondraitas à notre tradition. Voilà quatre ans, nous fait cette notion. avons codifié le droit de la propriété intellectuelle ; il ne Le projet de loi écarte implicitement la solution de la faudrait pas que la transposition remette en cause la gestion collective étendue, qui est pratiquée essentielle- cohérence de cette codification. ment dans les pays nordiques et qui est étrangère à nos Le texte qui nous est parvenu n'était pas d'une clarté traditions. digne de Racine ou de Descartes. Il est certain que la Nous approuvons aussi le fait que la gestion collective directive communautaire résultait d'un certain nombre de obligatoire des droits ait pour contrepartie l'agrément des compromis et que les textes de compromis sont souvent sociétés appelées à gérer ces droits. Encore faut-il prévoir un peu délicats à élaborer. les critères de cet agrément. Nous proposerons de men- Le présent projet de loi comprend trois volets : les tionner parmi ces derniers, en particulier, le respect des mesures relatives aux droits de diffusion par satellite, obligations de transparence que la loi impose aux sociétés celles qui ont trait à la gestion- des droits de câblodistri- de perception et de répartition des droits. bution des télévisions communautaires et, enfin, celles Par ailleurs, il ne nous paraît possible de réserver la qui concernent la durée de protection des droits patrimo- gestion des droits de retransmission aux seules sociétés niaux. françaises agréées. En effet, ne l'oublions pas, il s'agit de S'agissant de la diffusion par satellite, il ne s'agit que la diffusion en France de programmes étrangers : certains de mesures limitées puisque, comme vous l'avez rappelé, titulaires de droits peuvent déjà en avoir confié la gestion monsieur le ministre, en vertu de la loi de 1985, nous à des sociétés étrangères. appliquons déjà la loi du pays d'émission à la représenta- En outre, le principe de liberté de prestation de ser- tion des oeuvres par satellite, que cette télédiffusion soit vices, qui est l'un des fondements du droit communau- directement reçue par le public ou qu'elle soit relayée par taire, interdit de s'opposer à l'invervention en France de un réseau terrestre, qu'elle soit « en clair » ou cryptée. sociétés de gestion collective des autres Etats membres. Il n'est donc pas nécessaire de transcrire dans le code Il n'est pas non plus possible de prévoir que c'est dans de la propriété intellectuelle les laborieuses définitions de le cadre du contrat de diffusion primaire que les titulaires la directive, qui ne feraient qu'introduire dans le droit en de droits devront choisir la société qui gérera leurs droits SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1011

de retransmission. En effet, selon toute probabilité, ce portunité des mesures édictées par le Conseil : il s'agit contrat, signé avec une télévision étrangère, ne sera pas simplement pour nous de veiller à ce que leur transposi- régi par le droit français. tion dans notre droit interne n'affecte pas l'esprit du texte En revanche, il paraît utile que les contrats relatifs à par des ajouts ou des omissions et qu'elle n'entame pas la une télédiffusion primaire en France mentionnent les cohérence de notre législation préexistante. sociétés qui géreront les droits de retransmission par câble Je tiens à féliciter la commission et le Gouvernement dans d'autres Etats membres : cela permettra aux titulaires pour la qualité de leurs travaux de « traduction » - lourde de droits d'avoir l'assurance d'être rémunérés et d'éviter tâche, me semble-t-il - auxquels j'entends apporter tout les aléas du système de gestion collective étendue. - mon soutien. J'en viens enfin aux dispositions transposant la direc- Les deux directives qui font l'objet de cette transposi- tive n° 93/98, relative à l'harmonisation de la durée des tion ont déjà valeur normative et notre débat ne permet- droits patrimoniaux. tra pas d'en modifier la teneur, même si parfois, à mon Cette directive uniformise à soixante-dix ans la durée sens, le besoin s'en fait sentir. post mortem des droits d'auteur, qui ne s'appliquait en Dans mon propos, je ne me bornerai donc pas à France, depuis la loi de 1985, qu'aux seules oeuvres musi- approuver sans réserve les travaux de transposition que cales, et ne modifie pas la règle de base relative à la durée j'évoquais il y a un instant : j'entends, mes chers col- de protection des droits voisins. lègues, faire part au Gouvernement des quelques En ce qui concerne l'entrée en application de la direc- réflexions que m'inspire ce texte, même si son adoption tive, elle ne remet pas en cause les droits acquis avant son ne semble soulever aucune difficulté. entrée en vigueur, fixée au 1 °r juillet 1995, mais elle per- La directive n° 93/83 vise à coordonner certaines règles met la renaissance des droits encore protégés à cette date du droit d'auteur et des droits voisins du droit d'auteur dans au moins l'un des Etats membres. applicables à la radiodiffusion par satellite et à la retrans- Je crois que ces dispositions imposent que toutes les mission par câble. autres dispositions correspondantes du projet de loi soient Les législations disparates des Etats membres de éalement applicables à compter du 1" juillet 1995 ; l'Union européenne créant de nombreuses difficultés pour d ailleurs, le projet de loi aurait da être adopté avant la libre circulation des oeuvres protégées, il était nécessaire cette date si les hasards du calendrier n'en avaient décidé de procéder à leur harmonisation. La directive y parvient autrement. dans son ensemble, et je m'en félicite. Nous devons en effet penser avant tout à la sécurité Toutefois, je crains que cette uniformisation, par sa juridique des titulaires et cessionnaires de droits : si la loi relativité, n'efface pas toutes les difficultés constatées en la nationale retenait une autre date que celle qui est impo- matière. C'est la raison pour laquelle je souhaite vous sée par la directive, elle serait certainement remise en faire part de certaines interrogations, jusqu'à présent res- cause en cas de contentieux ou d'action en manquement tées sans réponse. intentée par la Commission. En outre, la renaissance des La directive n° 93-83, dans sa première partie, relative droits créera déjà des situations suffisamment complexes. à la radiodiffusion par satellite, consacre sans équivoque En revanche, les délais de transition prévus dans le cas le droit exclusif de l'auteur d'autoriser ou d'interdire la d'exploitation des oeuvres rappelées à la protection reste- communication au public d'oeuvres protégées. raient, selon notre proposition, fixées par référence à la Si l'on ne peut qu'approuver la reconnaissance de ce date d'entrée en vigueur de la loi. Ces délais seront ainsi principe essentiel en matière de droit d'auteur, il est en un peu plus larges, dans certains cas, que ceux qui sont revanche troublant de constater que la directive renvoie prévus par la directive, mais ils ne seront sûrement pas aux législations nationales le soin de définir la notion de excessifs. « coauteur » d'une oeuvre audiovisuelle, celle d'auteur fai- Sous réserve de ces aménagements, la commission vous sant déjà l'objet d'une « euro-définition ». propose, mes chers collègues, d'adopter le projet de loi. En effet, les législations nationales s'opposent dans la Monsieur le ministre, l'harmonisation communautaire mesure où elles- appliquent soit le système dit du « droit du droit de la propriété littéraire et artistique est appelée d'auteur » soit celui du copyright. à se poursuivre. Nous aurons bientôt à connaître de la L'Angleterre, qui a adopté le second système, accorde directive relative aux bases de données. La Commission la qualité d'auteur au « financier » de l'opération, à savoir européenne a entamé des réflexions sur les droits d'auteur le producteur, et ce au détriment du scénariste ou du dia- et le multimédia. Nous pourrons, je pense, combiner l'in- loguiste, par exemple. térêt des auteurs et celui des éditeurs pour le plus grand La France, en revanche, protège ces derniers dans la bien de la créativité française. (Applaudissements.) mesure où ils ont apporté « une contribution de nature (M. Paul Girod remplace M. Yves Guéna au fauteuil de créatrice ». la présidence.) C'est sans doute là que se trouve la différence entre le pouvoir de l'argent et celui de la création. Les deux sont PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD certes liés. Le créateur n'a plus ses mécènes, qui l'aidaient vice-président en l'enfermant parfois dans des commandes précises et imposées. Il dépend maintenant d'un autre pouvoir tout M. le président. La parole est à M. Vigouroux. autant financier et sélectionneur : le producteur.

M. Robert - Paul Vigouroux. Monsieur le président, Mais le producteur, comme le mécène auparavant, a monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi besoin de la création. La protection de cette symbiose est qu'il nous est donné d'étudier aujourd'hui vise à transpo- donc indispensable. C'est aussi une question de moralité. ser dans le code de la propriété intellectuelle deux direc- On comprendra aisément les enjeux financiers qui tives du Conseil des Communautés européennes. pèsent sur cette distinction, notamment quant à la rému- Comme l'a très justement rappelé notre collègue Pierre nération des artistes, au sens large du terme. N'aurait-il Laffitte dans son excellent rapport ainsi que devant la pas fallu avant tout, monsieur le ministre, encourager les commission, il ne nous appartient pas de juger de l'op- Etats à adopter une position commune sur ce point ? Je 1012 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 sais la difficulté de l'harmonisation, car chacun des Etats Dorénavant, il est fait obligation à l'Etat membre dans veut conserver son passé, sûr qu'il est de sa valeur. Mais, lequel la diffusion a lieu de « veiller à ce que les retrans- ici, c'est la valeur de l'artiste qui est en jeu, et nous missions par câble d'émissions provenant d'autres Etats devons la protéger. membres » se déroulent « dans le respect des droits d'au- La directive s'adapte à l'évolution des technologies teur et des droits voisins en vigueur, sur la base de nouvelles lorsqu'elle décide de ne plus opérer de distinc- contrats individuels ou collectifs ». tion entre satellites de radiodiffusion directe et satellites Si l'on peut se féliciter du fait que cette mesure permet de communication, entre antennes individuelles, antennes de faciliter la tâche des câblo-opérateurs secondaires tout collectives et câblodistribution. J'approuve cette concep- en assurant une protection efficace des droits d'auteur ou tion, même si elle risque de susciter par la suite quelques des droits voisins grâce 3 l'intervention obligatoire des difficultés, dont l'importance restera, au demeurant, toute sociétés de gestion collective, l'exception accordée aux relative. radiodiffuseurs suscite en revanche quelques difficultés. En revanche, le biais qu'utilise la directive .pour abor- En effet, aux termes de son article 9, la directive n'a der la difficile notion d'acte de communication me pas vocation à s'appliquer aux droits détenus par un orga- semble appeler quelques critiques. nisme de radiodiffusion sur ses propres émissions : pour Deux théories partagent la doctrine à ce sujet : la théo- ces organismes, le recours à une société de gestion collec- rie dite « de l'injection » et la théorie de Bogsch. tive ne s'impose pas. Dès lors, comment assurer la protec- Le Conseil des Communautés européennes a penché tion des auteurs et des artistes salariés de ces organismes, en faveur de la première, en vertu de laquelle « la lorsque l'on sait que, dans la majeure partie des cas, ils communication au public par satellite a lieu uniquement abandonnent leurs droits d'exploitation ? . dans l'Etat membre dans lequel, sous le contrôle et la res- Je signale cette unique zone d'ombre, alors que ponsabilité de l'organisme de radiodiffusion, les signaux l'ensemble des mesures de la directive me semble consti- porteurs de programmes sont introduits dans une chaîne tuer une réelle progression dans le domaine de la pro- ininterrompue de communication conduisant au satellite priété intellectuelle. et revenant vers la terre ». Ainsi l'article en cause per- Je partage les craintes expriméesar M. le rapporteur met-il de déterminer quelle sera la loi applicable à ladite quant aux difficultés que risque de faire apparaître l'inter- communication. vention éventuelle de sociétés de gestion collective étran- La théorie de Bogsch, écartée par le Conseil, s'intéresse gères. La commission a, à juste titre, me semble-t-il, non pas à la nationalité de la station émettrice, mais aux décidé d'amender le projet de loi afin de ne pas res- zones géographiques couvertes par le satellite. Selon cette treindre aux sociétés de perception et de répartition des théorie, il conviendrait de respecter les législations de droits françaises l'exercice de la gestion collective des l'ensemble des pays dans lesquels le signal peut être capté. droits de retransmission. On comprend aisément que la directive préfère l'ado - Concernant la transposition dans notre droit interne de tion du système dit de « l'injection » puisque, ainsi, la loi la directive n° 93-98 relative à l'harmonisation de la applicable sera unique. Mais n'est-ce pas la théorie des durée de protection du droit d'auteur et de certains droits très petits pas ? voisins, je me félicite de l'entrée en vigueur de cette nou- Toutefois, ce système présente un grave inconvénient, velle réglementation dans la mesure où elle a notamment qui est lié à la disparité des législations européennes en pour objet de mettre fin aux distorsions provenant des matière de droits d'auteur. Dans certains pays, en effet, la différences de durée de protection. législation peut être qualifiée de faiblement protectrice ; il Cette harmonisation est particulièrement souhaitable, sera dès lors à craindre que l'injection ne soit réalisée à car non seulement elle permettra d'assurer une protection partir de ces pays, ce que relève M. le rapporteur en par- accrue des auteurs européens, mais encore elle constituera lant d'un « risque de délocalisation ». un préliminaire de qualité à la diffusion de la culture La- théorie de l'injection, jugée préférable parce qu'elle d'origine européenne. présente un caractère d'unicité, ne pourri pas trouver de J'ai été satisfait de constater que le régime adopté par légitime application tant qu'il ne sera pas . procédé à l'harmonisation des législations communautaires en le Conseil des Communautés européennes pour la durée matière de droits d'auteur. C'est pourquoi, . monsieur le de protection des droits voisins a été calqué sur la législa- tion française comme j'approuve les objectifs fixés par ministre, j'incite fortement le Gouvernement à remédier à cette directive. cette absence d'harmonisation. L'application de la théorie de Bogsch, malgré une mise En conclusion, je tiens une nouvelle fois à rendre en oeuvre complexe, n'aurait-elle cependant pas permis, hommage au travail considérable de la commission et de en l'attente de l'harmonisation des textes relatifs aux son rapporteur. droits d'auteur, de remédier aux inconvénients que pré- Les directives dont il nous est demandé de voter la sente la théorie de l'injection ? transposition aujourd'hui accroissent de manière efficace Le Conseil des Communautés européennes semble la protection accordée aux auteurs même si, comme je l'ai avoir regardé avec plus d'attention la paille que l'on déjà indiqué, certains points requièrent notre vigilance. trouve dans l'oeil de nos voisins que la poutre située dans En conséquence, avec la majorité des membres du le nôtre puisqu'il est fait grand cas des risques de déloca- groupe du rassemblement démocratique et social euro- lisation vers l'extérieur de l'Union. Si la législation à péen, je voterai le texte qui nous est présenté. (Applau- intervenir pare efficacement à cette menace, elle semble dissements.) avoir omis l'hypothèse que cette menace puisse intervenir à l'intérieur même de l'Union, en dehors d'une réelle et M. le président. La parole est à M. Riche rt. plus totale harmonisation. M. Philippe Richert. Monsieur le ministre, nous savons Le second volet de la directive dont nous étudions que la marge de manoeuvre dont dispose le Sénat pour la aujourd'hui la transposition concerne l'acquisition des transposition des directives européennes dans le droit droits de diffusion secondaire câblée à l'importation. national est relativement étroite. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1013

Il s'agit pourtant d'un travail important, d'abord par le France protégeait les droits pour de telles oeuvres pendant nombre des textes qui nous sont soumis, lequel va crois- cinquante ans. Le projet de loi réduit cette durée à vingt- sant, ensuite par les harmonisations qu'amènent souvent cinq ans. ces transpositions et qui ont des conséquences non négli- Enfin, je tiens à soulever un dernier problème, qui geables sur le droit national. pourrait déclencher une belle bataille financière entre les Le projet de loi que vous nous soumettez aujourd'hui a éditeurs et les héritiers d'auteurs. le mérite de ne pas introduire de modifications fonda- L'ceuvre d'un auteur allemand ou espagnol tombée mentales dans notre législation, tout au moins en ce qui dans le domaine public en France, mais encore dans le concerne les droits d'auteur applicables à la radiodiffusion domaine privé outre-Rhin ou en Espagne - la durée de par satellite et à la retransmission par câble. protection y étant plus longue - reviendra dans le Sa portée ne doit cependant pas être méconnue : il domaine privé une fois la loi entrée en vigueur. L'éditeur permet de tenir compte des nouvelles technologies de dif- de cette oeuvre, qui avait calculé sa marge sans tenir fusion des spectacles et, plus généralement, de la culture, compte des droits puisqu'il n'y en avait pas, devra, dès en procédant à la nécessaire harmonisation des législations lors, prendre en compte cette nouvelle situation et verser applicables en la matière. aux héritiers le montant de leurs . droits légitimes. Sans entrer dans les détails d'un texte extrêmement Avouons qu'il s'agit là d'une disposition peu saine. De technique, je tiens à formuler quelques remarques. plus, le délai d'un an pour régulariser de telles situations Tout d'abord, je rappelle, M. le rapporteur, que ce sera presque impossible à respecter. Cette disposition fera texte aurait dQ être adopté au mois de juillet 1995. Ce peut-être le malheur des éditeurs et le bonheur des héri- retard risque fort de créer des distorsions par rapport aux tier : elle fera en tout état de cause la fortune des avocats autres pays qui ont déjà transposé ces directives, notam- spécialisés ! . ment en ce qui concerne les délais, dont certains courent Si ce projet de loi peut être source de complication dès l'entrée en vigueur de la loi. juridique, il n'en est pas le seul responsable. La loi La première partie du projet de loi, qui transpose la de 1957, par sa rédaction un peu imprécise, a créé des directive relative à la coordination des règles de droits vides juriques que l'on essaie de combler au fur et à d'auteur applicables à la radiodiffusion par satellite et à la mesure. Or, dans la pratique, la jurisprudence s'éloigne retransmission par câble, valide en quelque sorte le de plus en plus du texte législatif original. Dans ces monopole des sociétés d'auteurs, en particulier de celle conditions, il serait sans doute utile de remettre à plat, qui est chargée de percevoir et de répartir les droits en dans un proche avenir, toute la législation du droit d'au- matière de retransmission par câble. teur. Mais il s'agit là d'un autre débat, dans lequel nous aurons le plus rapidement possible, j'espère, à entrer. Certes, il est plus facile en ce domaine de n'avoir qu'un seul et unique interlocuteur. Cependant, sur les A l'heure où la circulation des biens culturels est de dix-huit sociétés d'auteurs actuellement agréées par le plus en plus souhaitable en Europe, ce projet de loi parti- ministère de la culture, chacune ayant son propre cipe à la construction européenne de la façon la plus domaine d'activité, plusieurs connaissent quelques démê- satisfaisante qui soit. C'est pourquoi mes collègues du lés judiciaires désagréables. De plus, leur gestion n'est pas groupe de l'Union centriste et moi-même le voterons, toujours parfaitement transparente. En forçant le trait, on • après les précisions que vous ne manquerez pas de nous pourrait presque les comparer, tout au moins certaines apporter, monsieur le ministre, sur les quelques points d'entre elles, aux associations ou organismes qui ont évoqués à l'instant. (Applaudissements.) défrayé la chronique récemment, tant leurs frais de fonc- M. le président. La parole est à M. Ralite. tionnement sont importants. M. Jack Ralite. Monsieur le président, monsieur le M. Adrien Gouteyron, président de la commission des ministre, mes chers collègues, j'ai assisté, voilà plusieurs afxires culturelles. Tiens ! Tiens ! (Sourires.) années, à Baïkonour, au départ d'une fusée dans laquelle avait pris place Jean-Loup Chrétien, colonel de l'armée M. Philippe Richert. Je pense que je n'ai pas besoin française. Entrant dans l'atelier de finition, j'ai découvert d'être plus explicite, chacun aura compris. quelques hommes qui, perchés sur un escabeau semblable Quoi qu'il en soit, n'est-il pas regrettable de créer des à celui qui était dans la cuisine de ma grand-mère, tapo- situations de monopole là où la concurrence pourrait taient d'un marteau expert certaines parties . des fusées assainir les rapports entre les différentes parties ? prêtes à prendre leur envol. La transposition de la deuxième directive, à l'inverse de Je ne vous livre pas ce souvenir comme une sucrerie ou la première, est plus lourde de conséquences sur le régime une décoration verbale, je l'évoque pour rendre concrète du droit d'auteur. La véritable innovation en la matière une donnée fondamentale : même dans l'hypertechnicité, réside dans l'allongement de la durée des droits post mor- l'homme, comme la femme, reste, en dernière analyse, le tern. centre de tout, l'homme et ses droits et, parmi eux, le Jusqu'à présent d'une durée de cinquante ans, ils droit d'auteur. passent à soixante-dix ans. La France s'aligne donc sur Initié en 1791 par Beaumarchais, le droit d'auteur est,

l'Allemagne et l'Autriche, donc, dans ce cas particulier, par delà . les garanties pécuniaires qu'il offre, un droit his- sur le mieux disant. Cette harmonisation est plutôt satis- torique, un droit démocratique, un droit de l'homme. faisante. Cependant, le régime français comporte quelques L'histoire en a condensé le contenu dans la convention dispositions particulières. Je pense, par exemple, aux pro- de Berne, et si, pendant des dizaines d'années, une partie rogations spécifiques pour les années de guerre, que ce de l'Europe occidentale seule y adhéra, les Etats-Unis soit pour les oeuvres publiées avant les guerres ou pour les avec, il est vrai, certaines contorsions, puis récemment la oeuvres dont les auteurs sont morts pour la France. La Russie devaient les rejoindre, et aujourd'hui les auteurs question du devenir de ces prorogations forfaitaires se africains le revendiquent. Bref, l'espace public de sa pose. reconnaissance et de sa revendication atteint les dimen- Par ailleurs, il semble que le texte déroge au principe sions de la planète au moment même où les mutations de l'harmonisation sur la base de la plus forte protection technologiques et les organisations régionales dans le en ce qui concerne les oeuvres posthumes. En effet, la monde, telles que l'Europe, semblent, est-il dit, le 1014 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

remettre en cause et donner raison à une autre tradition législations nationales ne deviennent-elles pas subordon- du droit d'auteur, la tradition anglo-saxonne née d'un nées dans l'ordre culturel à un niveau juridique supra- édit datant de 1710, qui conférait à l'époque aux impri- national, supraétatique ? meurs anglais la propriété des livres qu ils éditaient. Quatrième question : tout cela ne met-il pas en jeu le Je souhaite tout de suite pétitionner en faveur d'un contenu même des règles édictées notamment sur le droit attachement de fond au droit d'auteur garantissant son d'auteur tel qu'il prévaut dans la convention de Berne ? droit moral, inaliénable et incessible. La bataille entre le Les droits de la communication d'abord croisés - audio- droit moral et le copyright est, à mon sens, une bataille de visuel, informatique, télécommunications - puis unifiés civilisation et le texte que nous examinons aujourd'hui ne risquent-ils pas d'être délestés des enjeux culturels au n'y est pas étranger. Sans doute participe-t-il - )e vous bénéfice de la financiarisation ? cite, monsieur le rapporteur - « à une démarche d organi- sation prudente », mais, surtout, il privilégie une concep- Woody Allen disait un jour : « Qui sommes-nous ? tion trop économiste de la propriété littéraire et artistique D'où venons-nous ? Où allons-nous ? » Et il ajoutait : « « s'efforçant de respecter un équilibre, au moins apparent, Qu'est-ce qu'on mange ce soir ? » (Sourires.) En exami- entre les intérêts en présence et ménageant la diversité nant les directives qui nous sont soumises, nous devons d'inspiration de législations nationales partagées entre la aborder cette question : qu'est-ce qu'on mane ce soir ? logique personnaliste du droit d'auteur et celle, plus Ou plutôt : qu'est-ce qu'on lit, qu'est-ce qu on écoute, entrepreneuriale, du copyright. » qu'est-ce qu'on regarde ce soir ? Soyons plus précis. Depuis 1977, l'Europe de la CEE y Et, là, je veux évoquer la Déclaration universelle des travaille. Mais tout s'accélère à partir de 1990, dans le droits de l'homme de 1948, en son article 27, où sont cadre du marché unique, et encore plus avec les accords énoncés la nécessaire reconnaissance du droit d'auteur et de Maastricht puisque la culture est devenue une compé- le droit de toute personne à accéder à la culture, c'est-à- tence européenne, ce qui ne me gêne pas du tout. dire aux oeuvres. En 1988, la Commission de Bruxelles, obnubilée par C'est cette fertilisation croisée qu'il faut toujours favo- une lecture uniquement commerciale, monétaire et riser. C'est l'éternelle question posée par Apollinaire lors- économiste de la culture, tenta de traiter le droit d'auteur qu'il affirmait : quand l'homme a imité la marche, il a selon l'expression de Bernard Edelmann « du droit d'au- inventé la roue, qui ne ressemble pas à une jambe. Nous teur sans auteur ». sommes là dans un problème de société humaniste. C'est J'ai eu l'occasion, à Médiaville, qui se tenait à Lyon, le tout autre chose que la recherche d'un compromis entre 29 mai 1990, de polémiquer avec le commissaire pour la l'auteur et le pouvoir commercial, économique et finan- culture de la Commission de Bruxelles d'alors, M. Donde- cier. linger, qui, devant la levée hostile et légitime des artistes C'est surtout radicalement différent de la bataille des pays européens, affichait le double souci d'avoir des actuelle des grands groupes multimédias, notamment auteurs ayant une situation décente et des « marchands américains, qui cachent leur guerre mercantile derrière raisonnables ». Admirable vocabulaire ! Mais, à un une sorte de crème Chantilly sur les nouvelles techniques, moment de franchise absolue, il parla avec netteté et eut avec le secret et forcené désir de faire triompher le copy- cette expression : « la législation française est extra- right qui nie le droit moral, ce dernier étant curieusement vagante ». mais heureusement de plus en plus revendiqué par les Depuis, se sont livrés des combats : celui du GATT, artistes américains. Nous sommes là dans un problème de ceux de la directive « Télévision sans frontière », qui ont société financiarisée, acceptant sans doute, de temps' en fait justice de toute pensée fataliste. Des points ont été temps, d'accorder une aide humanitaire. marqués, toujours à garantir - monsieur le ministre, vous Mais revenons aux conclusions de l'atelier de réflexion allez sans doute avoir beaucoup à faire pour que le vote que j'évoquais tout à l'heure et aux réponses plurielles du Parlement de Strasbourg sur la directive Télévision apportées aux quatre questions posées par Serge Regourd. sans frontière ne soit pas remis en cause par certains de vos collègues - des offensives ont été bloquées. Il reste Je citerai Gilles Vercken, juriste : « Il est absolument que, de plus en plus, nous sommes confrontés aux nou- possible de gérer le droit d'auteur dans la production du velles technologies de la communication qui, nous dit-on, multimédia interactif. Il y a méconnaissance de la culture interpellent le droit. propre à la production de biens culturels liée à l'arrivée dans le multimédia des agents économiques étrangers à Qu'en est-il réellement ? Un atelier de réflexion s'est cette culture, soit les gens de l'informatique, soit les gens tenu à Aubervilliers lors des assises du Métafort, les des télécommunications. Or ce secteur doit apprendre à 30 septembre et 1 « octobre 1994. Il a réfléchi en se vivre avec celui des contenus. » posant quatre questions exprimées au début du débat par un universitaire de droit de Toulouse-Le Mirait, Serge André Lucas, professeur à la faculté de droit de Regourd. Nantes, déclarait : « Le droit d'auteur a fait la preuve de Première question : l'argument de la fatalité tech- sa souplesse et il faut se méfier des réformes ponctuelles nologique met-il en cause la pertinence même d'une dictées par les groupes de pression, surtout dans un régulation juridique qui serait par nature condamnée à domaine où tout change vite. l'obsolescence ? « Le droit d'auteur n'intéresse que des oeuvres. On Deuxième question : les évolutions juridiques proposées tente parfois de l'oublier, emporté par la logique d'indus- sont-elles commandées par les seules mutations tech- trialisation du marché de la culture qui incline à parler niques ou par les discours politiques qui s'en emparent, des produits et des services ou qui, par la fascination de notamment le discours libéral de déréglementation ? la technique, conduit à privilégier le contenant par rap- Troisième question : les sources traditionnelles du port au contenu. droit, de types lois et décrets, ne sont-elles pas remplacées « En droit français, les droits patrimoniaux de l'auteur par des dispositions contractuelles plus souples, plus sont définis de manière assez synthétique pour faire face à adaptées aux évolutions techniques et économiques ? Les toutes les évolutions techniques. SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1015

« Le droit moral est plus que jamais nécessaire pour Serge Regourd, dans un article des Cahiers français, bien marquer qu'au-delà de la technique et des enjeux numéro 266, écrit à propos de cette directive : « Les économiques les oeuvres sont créées par des hommes. » nombreuses exceptions et dérogations qui viennent affec- Enfin, le professeur Pierre Sirinelli, auteur du rapport ter le principe proclamé conduisent à s'interroger sur le que chacun ici connaît, affirmait : « Je crois que le pro- fait de savoir si la directive n'est pas un texte en trompe- blème du droit d'auteur ne va pas venir des nouvelles l'oeil. » techniques, mais de leur redéfinition ou de la remise en Je sais que la directive « câble et satellite » s'essaie à cause progressive des concepts fondamentaux comme être familière avec le droit d'auteur «à la française », et celui d'oeuvre et celui de créateur. cela soit dit sans mettre en avant l'exception française, je « La solution ne peut pas être nationale 3 l'heure du parle seulement de notre spécificité. village planétaire ; elle ne peut être qu'internationale. » Mais, surtout, cette directive sur les satellites entérine Dans le débat, je me permettais de citer Valéry qui, que c'est le pays d'émission et non le pays de réception après la guerre de 1914-1918, disait : « Nos beaux-arts - chacun, ici, se rappelle l'immense bataille que cela a ont été institués et leur type comme leur usage fixes dans été ; nous préférions le pays de réception - qui" dicte le un temps bien distinct du nôtre par des hommes dont le droit d'auteur, avec un danger de délocalisation. On me pouvoir d'action sur les choses était insignifiant auprès de rétorquera que la directiverévoit précisément une har- celui que nous possédons, mais l'étonnant accroissement monisation des droits et qu l n'y a donc pas de risque. de nos moyens et la souplesse et la précision qu'ils Moi, je pense qu'il n'existe pas de garantie totale. Le atteignent, les idées et les habitudes qu'ils introduisent droit anglais n'est pas le droit français et, quand le pays nous assurent de changements prochains et très profonds d'émission sera hors Communauté européenne, dans l'antique industrie du beau. qu'adviendra-t-il ? Il est dit que le principe du pays Je ne crois pas possible de réfléchir au projet de loi que d'émission, du pays où se produit l'injection dans le satel- nous examinons cet après-midi ,sans avoir à l'esprit ces lite, pour être plus précis, ne s'appliquera pas. Alors, quel réponses plurielles. La commission, sur la seconde direc- principe s'appliquera ? Comment cela fonctionnera-t-il ? tive - la durée - a vraiment bien toiletté le texte. Je ne pense pas que cette partie soulève de graves problèmes. Et puis, il y a l'environnement de cette directive. Je ne Certes, on aurait pu souhaiter que la prolongation ne peux pas oublier que le droit moral n'a pas été reconnu, concerne que les héritiers directs. En effet, il y a des col- qu'il a été combattu et même exclu dans le volet TRIPS latéraux, voire des cousinages éloignés qui, plus proches du GATT qui a fait l'impasse sur l'article 6 bis, c'est-à- des droits-monnaie que des droits-oeuvres ont bien mal- dire l'article constituant le coeur de la convention de mené les oeuvres. Berne. Comme standard de référence de la propriété intellectuelle, on ne peut guère faire plus mal. En revanche, en ce qui concerne la première directive - le satellite et le câble - j'avoue une certaine perplexité. Monsieur le rapporteur, vous avez fait un considérable Je trouve, en effet, que nous entrons dans un maquis et fin travail d'amélioration du texte dont la rédaction juridique qui est hors des compétences du Parlement. En était en partie consternante. Mais cette bonification ne vérité, nous ne légiférons plus à l'échelon où nous suffit pas. Il existe encore trop d'incertitude, malgré l'im- sommes. Nous ne faisons plus du politique avec son portance de votre travail. Je lance un cri d'alerte à toutes incontournable signification symbolique. Georges Balan- celles et à tous ceux que concerne le droit d'auteur. Je dier dirait : « Le politique ne se donne pas sans splendeur souhaite que la conscience s'accroisse car la ligne de par- symbolique ». Nous faisons de la « politique-expert » ; tage tend à s'estomper entre le droit moral, qui prolonge nous faisons de la « jurisprudence-confetti » ; nous faisons la personne, et le droit pécuniaire, qui appartient au mar- une sorte de bric-à-brac juridique. Et qui peut prétendre ché. - en tout cas pas moi - maîtriser cela et, surtout, le Il y a dans tous ces textes, selon l'expression de communiquer ? Je vous cite, monsieur le rapporteur : Mireille Delmas-Marty, dans son beau livre Pour un droit « Cette harmonisation laisse évidemment subsister des commun, auquel j'adhère philosophiquement, un « enlève- risques importants de conflits, notamment en ce qui ment des bornes ». concerne l'exercice du droit moral », ou encore : « Les ajustements qu'elle rend nécessaires pour être de portée Je sais, mieux, je revendique que nous devons limitée ne sont pas toujours heureux. » apprendre à penser le multiple, le multipolaire, le complexe. Mais cela ne signifie pas céder devant je ne sais Nous ne prenons pas une bonne voie. Il faut d'abord quel « supermarché du droit », avec ses marchands et ses et avant tout s'entendre sur ce que nous voulons comme acheteurs, qui, en pratique, quand ils sont les plus forts, politique du droit d'auteur, surtout dans cette assemblée nient le pluralisme. qui y a toujours porté un vif et haut intérêt. Notre législation - je pense à la loi de 1985 - si elle a Je suis pour une conception combinatoire, qui tend à donné des droits voisins aux artistes interprètes, ce qui est rechercher les principes de compatibilité n'est cela le considérable, a généré une ébauche du copyright à la pluralisme ! - avec cependant, au coeur, l'irréductible française et une ébauche « d'entreprise auteur ». Sur le humain, et le droit d'auteur en fait partie. plan européen, se profile également un copyright à l'euro- Compte tenu des traditions du Sénat et des préoccupa- péenne, s'appuyant sur une vision industrielle de la créa- tions de ses membres qui s'occupent de cette question - le tion. travail de la commission le prouve - nous devrions mener Je crois que les directives européennes, par-delà les un travail global sur l'approche du droit d'auteur dans le mots, vont, à petits pas souvent, dans ce sens. La pre- monde d'aujourd'hui, je dirai presque pour nous, c'est-à- mière rédaction de la directive « Télévision sans fron- dire pour ceux avec qui nous avons des rapports tière », rappelons-nous - et M. le ministre l'évoquait tout constructifs et fructueux ; je suis sûr que, à cet égard, le à l'heure - prévoyait la licence légale. Certes, la directive ministère nous rejoindrait ou que nous le rejoindrions. location-prêt a reconnu le droit exclusif aux auteurs Mais il me semble que, aujourd'hui, notre travail est trop artistes interprètes, mais aussi aux producteurs de phono- l'écho de directives qui, au coup par coup, « mitent » une grammes et de films et aux organismes de radiodiffusion. liberté fondamentale. 1016 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Ce travail me paraît d'autant plus important que nous Cette tâche est d'autant plus délicate que les droits sommes en 1996 et que l'OMPI, l'Organisation mondiale d'auteur relèvent du domaine de l'esprit, de la culture, de la propriété intellectuelle, va tenir sa conférence inter- des coutumes. Distincts de ceux de nos voisins, ils ont nationale. Son ordre du jour est un document annexe à engendré des droits à leur image, et donc différents, voire la convention de Berne. On sait les batailles, énormes, parfois contraires. Je note cependant avec satisfaction que auxquelles il donne lieu dans les réunions privées qui le plusieurs pays, dont l'Espagne, en 1987, se sont inspirés préparent. Il y a, par rapport à notre législation, par de la loi Lang pour élaborer leur propre réglementation. exemple, que je ne « tautologise » pas, des réflexes et des Il s'agit donc, comme bien souvent, de ne pas perdre attaques qui ne sont pas de mise dans une coopération notre identité culturelle et, en même temps, de ne pas internationale. compromettre la construction européenne. Le débat d'aujourd'hui est déjà une contribution à ce débat international, qui dépasse l'Europe, mais qui la Cette construction européenne s'effectue lentement, de comprend. Nous avons tout intérêt à être très clairs et façon générale. Mais, dans le secteur des médias, les nou- très précis sur la question du droit d'auteur. (Applaudisse- velles techniques et les normes de transmission jouent un ments sur les travées du groupe communiste républicain et rôle précurseur d'unification des peuples, pour le meilleur citoyen et sur les travées socialistes.) et pour le pire. • Mme le président. La parole est à Mme Pourtaud. Pour le meilleur, le câble, le satellite, la flexibilité et la multiplicité des offres dans le secteur audiovisuel nous Mme Danièle Pourtaud. Monsieur le président, mon- permettront d'accéder à un nombre très grand de pro- sieur le ministre, mes chers collègues, la tradition de pro- grammes transnationaux, enrichissant ainsi notre propre tection des droits d'auteur en France remonte à loin, expérience. puisque, dès 1777, Beaumarchais fondait la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Cette dernière, à Pour le pire, éventuellement, cette même diversité l'heure actuelle, défend les intérêts liés à la reproduction d'offres engendrera tous les abus si elle n'est pas rigou- des oeuvres dramatiques du spectacle vivant et à leur reusement encadrée partout : abus sur le contenu des exploitation audiovisuelle. offres, abus sur la transmission des oeuvres et des pro- Avec l'apparition de nouveaux modes d'expression, la grammes ainsi offerts, entraînant la violation des droits notion de droit d'auteur s'est élargie au fil des siècles, et d'auteur et la diffusion de patrimoines protégés. notre droit interne a étendu ce droit aux droits voisins. Dans l'intérêt du consommateur, des artistes et de l'in- La défense de ces droits - principalement leur perception dustrie de programmes européenne, tous les Etats, sous et leur répartition - fait aujourd'hui l'objet d'une gestion l'impulsion de l'Union européenne, tentent d'établir des collective. réglementations compatibles entre elles pour servir de Ainsi, en droit français, le droit d'auteur protège une cadre à cette nouvelle liberté. « oeuvre de l'esprit » existant du fait même de sa réalisa- La directive « Télévision sans frontière » comme les tion : entrent donc dans le champ des oeuvres protégées deux directives dont nous étudions aujourd'hui la trans- au titre des droits d'auteur les écrits, les oeuvres musicales position en droit interne ont pour objet de régler nombre et chorégraphiques, les oeuvres du spectacle vivant, les de ces problèmes. Je tiens d'ailleurs à saluer le travail du oeuvres cinématographiques, audiovisuelles, graphiques ou groupe socialiste du Parlement européen, qui a réussi à plastiques, mais aussi les oeuvres de l'industrie de mode faire voter le 14 février dernier un texte - M. Ralite y fai- ou encore les logiciels. sait allusion à l'instant - améliorant la nouvelle directive Les titulaires des droits d'auteur sont l'auteur ou les sur laquelle le Sénat s'était prononcé par voie de résolu- coauteurs et, plus particulièrement pour les oeuvres audio- tion en octobre. Ce nouveau texte renforce les quotas de visuelles, l'auteur du scénario, celui de l'adaptation, celui diffusion, étend le champ d'application aux nouveaux ser- du texte parlé, celui des compositions musicales réalisées vices et précise la notion d'oeuvre audiovisuelle, toutes pour l'oeuvre et le réalisateur. améliorations que mon groupe et le Sénat dans son Les auteurs bénéficient de prérogatives d'ordre moral et ensemble, d'ailleurs, avaient souhaitées. patrimonial sur leurs oeuvres. C'est là le fondement même J'espère, monsieur le ministre, que vous pourrez faire du système français de droit d'auteur qui diffère du copy- prévaloir cette position lors du prochain conseil des right britannique, notion plus économique, fondée uni- ministres européens. quement sur le droit patrimonial. Le droit d'auteur est transmissible aux héritiers pen- J'en reviens plus précisément maintenant aux deux dant une certaine période. L'exploitation des droits se fait directives que le projet de loi qui nous est soumis vise à par contrat. transposer en droit interne : l'une porte sur les transmis- sions par satellite et par câble, l'autre concerne la durée Afin de mieux appréhender la réalité de la reproduc- de protection des droits d'auteur. tion et de la représentation d'oeuvres, notre droit a créé luatre grandes catégories de titulaires de droits voisins : Je ne m'attarderai pas sur la transposition de ces deux 1 artiste interprète, le producteur de phonogrammes, le directives en droit interne, car M. le rapporteur en a déjà producteur de vidéogrammes et l'entreprise de communi- traité longuement avec brio ; je le rejoins sur de nom- cation audiovisuelle. breux points, notamment en ce qui concerne certaines de Pour ce qui a trait aux droits voisins, seuls les artistes ses interrogations. interprètes bénéficient d'un droit moral, transmissible à Le texte proposé ne bouleverse pas fondamentalement leurs héritiers. notre droit interne. Comme cela a été souligné ici et là, Si j'ai souhaité dire deux mots de notre législation l'adaptation de la directive en droit français insuffle certes incluse dans le code de la propriété intellectuelle et issue quelque peu chez nous l'esprit britannique du copyright ; des lois du 11 mars 1957 et de la loi Lang du 3 juil- mais, pour l'essentiel, la modification de notre législation let 1985, c'est pour souligner le caractère complexe et sur les droits d'auteur découlant de cette transposition spécifique de celle-ci et la délicate tâche que représente n'est que très partielle. En particulier, le droit moral des son harmonisation avec les normes européennes. auteurs n'est nullement touché. SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1017

Je m'inquiéterai néanmoins, s'agissant des droits voisins Je le remercie d'affirmer que le rapprochement des dif- et plus précisément de la durée de leur protection, de la férentes législations est nécessaire. définition restrictive des « collaborateurs d'oeuvres audio- De votre intervention, monsieur le sénateur, je reten- visuelles » introduite par la directive et reprise par le pro- drai quatre points. jet de loi. En effet, contrairement à notre code de la propriété En réponse à votre observation sur les coauteurs de intellectuelle, qui cite in extenso cinq types de collabora- l'oeuvre audiovisuelle - ce point a également été évoqué à teurs à une oeuvre audiovisuelle, ces deux textes n'en pré- l'instant par Mme Pourtaud - je précise que l'article 2 de voient que quatre et, sauf erreur de ma part, les auteurs la directive n° 93/98 sur la durée de protection donne d'une adaptation ne sont pas pris en considération pour bien une énumération, certes limitative, de ces coauteurs, le décompte de la durée de la protection des droits d'au- afin de créer une durée égale pour tous. Cela me paraît teur. Peut-être pourrez-vous nous expliquer la raison de évidemment important. cette restriction, monsieur le ministre. J'ajoute qu'il a fallu beaucoup d'opiniâtreté aux repré- De même, l'alignement de la durée de la protection sentants français pour que soit retenue la conception des droits, qui était de cinquante ans en droit français, française de l'oeuvre de collaboration. sur celle qui est envisagée par l'Union européenne, à S'agissant de votre commentaire du critère retenu pour savoir soixante-dix ans, n'aura-t-elle pas des conséquences la loi applicable à la diffusion par satellite, que rejoignent économiques non négligeables pour certaines activités d'ailleurs certaines des observations de M. Ralite, je concernées par ces droits ? répondrai que ce sont les incertitudes concernant la déli- Enfin, si je ne peux que me féliciter de la transposition mitation de l'empreinte au sol d'un satellite qui ont de la première directive, qui nous permet de faire d'une conduit à un accord sur une loi unique, c'est-à-dire celui pierre deux coups, à savoir combler un vide juridique du pays d'émission. La France avait d'ailleurs anticipé, concernant la diffusion par satellite, pour lequel il aurait puisque tel était l'esprit de la loi de 1985, comme M. le fallu tôt ou tard légiférer, et nous mettre en conformité rapporteur l'a rappelé. avec le droit européen, je réitère néanmoins mon souhait En outre, une harmonisation suffisante des droits est de voir adapter rapidement notre propre législation aux désormais assurée par les autres directives pour que nécessités engendrées, en matière de droits d'auteur, par l'Europe n'abrite pas d'antennes de complaisance ; de le multimédia. Je rejoins d'ailleurs, sur ce point encore, plus, des dispositions transitoires sont prévues pour les les préoccupations de notre collègue M. Jack Ralite. oeuvres audiovisuelles. Je souhaiterais également recevoir l'assurance que les expérimentations sur les autoroutes de l'information, dont Le fait que la qualité d'auteur ne recouvre pas la même nous avons débattu voilà quinze jours, entrent dans le réalité en France et dans les pays de copyright est égale- champ d'application du texte que nous examinons ment un point important.. Je dois rappeler que les direc- aujourd'hui. tives visent non pas à créer un modèle uniforme, mais à réduire les distorsions de concurrence dans le respect des Comme j'ai eu récemment l'occasion de l'expliquer particularités nationales. devant la Haute Assemblée, il me semblerait en effet extrêmement dangereux que ces expérimentations, qui Qu'il soit clair que, pour nous, la législation commu- bénéficieront déjà d'excessives dérogations au droit nautaire ne peut pas porter atteinte au fondement même commun de la communication audiovisuelle, ne soient de notre droit d'auteur, à savoir la personnalité de pas soumises au respect du' droit d'auteur et des droits l'auteur, qui est la source de la création. Heureusement, voisins. nous partageons cette conception avec une majorité M. Pierre Laffitte, rapporteur. Tout à fait ! d'Etats membres. Mme Danièle Pourtaud. Le groupe socialiste avait Enfin, pour le câble, vous critiquez le régime accordé déposé sur ce point des amendements, que M. le rappor- aux radiodiffuseurs. Cette dérogation est justifiée. En teur a bien voulu reprendre dans un amendement ten- effet, les radiodiffuseurs sont toujours identifiables, et ce dant à insérer un article additionnel que nous examine- n'est que par contrat librement négocié que l'auteur ou rons tout à l'heure. l'interprète accepte de céder ses droits à l'employeur. M. Pierre Laffitte, rapporteur. Exact ! Monsieur Richert, je regrette comme vous que les Mme Danièle Pourtaud. J'ose espérer que la Haute contraintes de l'ordre du jour des travaux du Parlement Assemblée adoptera cette proposition, sur laquelle je aient empêché ce dernier d'examiner plus tôt ce projet de reviendrai lors de la discussion des articles. loi. Sous réserve de ces interrogations et du débat sur les Mais soyez rassuré ! Tout d'abord, concernant le titre I« amendements, je voterai, avec le groupe socialiste, le texte relatif à la radiodiffusion par satellite et à la retransmis- qui nous est proposé ; je pense en effet, paraphrasant sion par câble, des mesures transitoires ont été prévues Jaurès, qu'il en est de la protection des droits d'auteur dans la directive elle-même pour les oeuvres audiovi- comme des sociétés humaines : elles doivent trouver leur suelles. Pour les autres catégories, les professionnels ont équilibre vers le haut. (Applaudissements sur les travées pu anticiper puisque, comme l'a souligné M. le rappor- socialistes et sur les travées du groupe communiste républi- teur, le législateur français, dès 1985, avait choisi le cri- cain et citoyen.) tère du pays d'émission.

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Je S'agissant du titre II, la Commission a donné au dis- demande la parole. positif relatif à la durée un effet rétroactif à la date du M. le président. La parole est à M. le ministre. 1 er juillet 1995.

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Mon- J'aimerais par ailleurs apaiser votre inquiétude au sujet sieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le des sociétés de gestion collective, qualifiées par le code de soutien que M. Vigouroux apporte à l'action européenne la propriété intellectuelle de « sociétés de perception et de d'harmonisation des droits intellectuels ne me surprend répartition des droits ». Le monopole qui leur est accordé pas. pour la gestion des droits relatifs au câble n'est, à mon 1018 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

avis, qu'un reflet de la réalité. Dans ce cas, le regroupe- Quant aux nouvelles technologies de l'information, ment des droits s'est déjà effectué spontanément, y elles constituent, certes, un formidable défi, mais aussi, il compris de la part des producteurs cinématographiques. ne faut pas l'oublier, une remarquable opportunité pour C'est précisément en raison de ce monopole de gestion la diffusion de la culture et pour la communication des d'un droit que le Gouvernement, soutenu en cela par la idées. Encore faut-il que nous ayons la volonté de mettre commission des affaires culturelles, propose une procé- en place une grande industrie de programmes et de les dure d'agrément, qui est d'ailleurs critiquée par plusieurs diffuser. auteurs de sous-amendements. Le droit d'auteur a déjà montré sa capacité à s'adapter, Vous me donnez l'occasion, monsieur le sénateur, d'af- au fil du temps, à des innovations de grande ampleur, firmer que toutes ces sociétés respectent les obligations de qu'il s'agisse du disque, du cinéma, de la télévision ou, transparence que leur impose le code de la propriété aujourd'hui, du satellite et du câble. Il s'adaptera aussi, intellectuelle, à une exception près, celle d'une société j'en suis convaincu, aux nouvelles technologies de l'infor- d'auteurs des arts plastiques placée récemment en situa- mation, sans perdre des qualités auxquelles nous sommes, tion de redressement judiciaire après la désignation d'un vous comme moi, mesdames, messieurs les sénateurs, vis- expert, à la demande conjointe de certains associés et de céralement attachés. Je veillerai donc particulièrement à mon ministère. défendre notre conception commune dans les négocia- L'activité de ces sociétés civiles est régulièrement analy- tions qui vont s'ouvrir sur la régulation des réseaux sée. Je prends l'initiative de communiquer à la commis- numériques. sion des affaires culturelles le rapport élaboré pour 1994. Mme Pourtaud a appelé plus particulièrement mon En outre, je viens d'obtenir du ministre de l'économie et attention sur les nouvelles technologies de diffusion. des finances le concours de l'inspection générale des Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'objet du présent projet finances pour renforcer, si nécessaire, l'investigation de de loi ne vise que la télédiffusion par voie traditionnelle, mes services. à destination du public en général. S'agissant de l'allongement de la durée de protection L'adaptation du régime juridique des oeuvres aux diffu- du droit d'auteur, j'apporterai les réponses aux questions sions numériques fait l'objet d'une concertation autour judicieuses que vous vous posez. du récent Livre vert de la Commission européenne. Elle Concernant les prolongations liées aux conflits armés, fait aussi l'objet de négociation au sein de l'Organisation le projet de loi étend la durée de la protection du droit mondiale de la propriété intellectuelle. Nous avons donc jusqu'à soixante-dix ans après la mort de l'auteur. Vous les moyens de défendre la création française et euro- comprendrez qu'il s'agit là d'un maximum ! Mais les péenne tout en encourageant l'investissement dans les ser- droits acquis ne sont, bien évidemment, pas remis en vices qui circuleront sur les autoroutes de l'information. cause. Dans l'immédiat, il me semble qu'une réponse à vos En ce qui concerne les oeuvres posthumes inédites, la préoccupations concernant la diffusion par câble pourra être apportée grâce à un article additionnel que proposera protection de vingt-cinq ans vous surprend, mais elle tout à l'heure la commission des affaires culturelles et sur constitue, à mon avis, une protection supplémentaire. lequel nous allons revenir dans un instant. Elle a pour objet d'inciter à la publication d'oeuvres pos- thumes qui n ont pas été publiées avant le terme des Enfin, je répondrai brièvement à vos propos concer- soixante-dix ans. nant la directive « Télévision sans frontières ». Nous avons montré ensemble que, lorsque nous étions unis, L'harmonisation européenne vers le haut imposait la nous étions forts. Je voudrais 'saluer, à cet égard, ce qui a renaissance des droits sur les oeuvres tombées dans le été fait au Parlement européen, en particulier grâce à domaine public. Des dispositions transitoires permettent, l'action du groupe socialiste dans son ensemble : nous pour l'essentiel, d'obtenir un équilibre entre, d'un côté, avons frôlé la majorité absolue à Strasbourg. les éditeurs, et, de l'autre, les auteurs, pour la poursuite de l'exploitation d'oeuvres. Evidemment, une nouvelle partie se joue maintenant - et, comme vous l'avez dit, c'est à moi de la jouer - au La loi se devait de ne fixer que des principes sur • le sein du Conseil européen. Nous étions partis avec l'ambi- maintien des droits acquis. Les situations juridiques nou- tion de ne pas reculer par rapport à la directive de 1989. velles se régleront par le contrat d'édition qui encadre la Grâce à notre action au Parlement européen, nous négociation. sommes maintenant bien au-dessus. A moi, maintenant, M. Ralite a très justement rappelé que la défense du d'imposer la position française ! (Applaudissements.) droit d'auteur est un élément du combat pour l'exception M. Claude Estier. Bon courage ! culturelle. Nous avons gagné ensemble, lors des négocia- tions du GATT, une manche décisive en la matière. Les M. le président. Personne ne demande plus la parole socités d'auteurs y contribuent de manière efficace. dans la discussion générale ?... L'harmonisation européenne en matière de droit de La discussion générale est close. propriété littéraire et artistique, à laquelle nous avons tra- Nous passons à la discussion des articles. vaillé, maintient les principes fondamentaux de notre TITRE Pr code, assure un minimum européen de haut niveau et DISPOSITIONS RELATIVES A LA RADIODIFFU- donne les moyens aux titulaires de droits de bénéficier de SION PAR SATELLITE ET A LA RETRANSMIS- rémunérations correspondant • à l'exploitation de leurs SION PAR CÂBLE créations, qui, grâce à un espace sans frontière, sera facilitée. Article 1" Bien sûr, nous devons être attentifs et rappeler sans M. le président. « Art. 1 - Il est inséré, dans le code cesse que les droits de propriété littéraire et artistique de la propriété intellectuelle, après l'article L. 122-2, les sont intimement liés à la création. articles suivants : Il faut donc, me semble-t-il, favoriser la création en la «Art. L. 122-2-1. - Pour les télédiffusions trans- protégeant, et favoriser la diffusion en créant des règles frontières par satellite, les dispositions du livre I« et du communes européennes. titre III du livre III du présent code sont applicables dès - SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1019 lors que les signaux porteurs de programmes sont intro- l'article L. 122-2-1 du code de la propriété intellectuelle, duits à partir du territoire . français, sous le contrôle et la à remplacer les mots : « dès lors que l'oeuvre est émise responsabilité de l'entreprise de communication audiovi- vers le satellite à partir du territoire national » par les sudle, dans une chaîne ininterrompue de communication mots : « dès lors que les signaux porteurs de programmes conduisant au satellite et revenant vers la terre. sont introduits à partir du territoire français. » « Lorsqu'une entreprise de communication audiovi- La parole est à M. le rapporteur, pour défendre sudle diffuse ses programmes par satellite sous forme l'amendement n° 1. codée, l'alinéa précédent s'applique si cette entreprise a M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement tend à mis le dispositif de décodage à la disposition du public rédiger différemment les deux articles nouveaux relatifs à ou a donné son consentement à cet effet. l'application du droit français à la représentation des oeuvres par satellite. « Art. L. 122-2-2. - Lorsqu'une télédiffusion trans- Pour ce qui concerne l'article L. 122-2-1, le code, frontière par satellite . est réalisée à partir d'un Etat non membre de la Communauté européenne et que cet Etat comme je l'ai dit tout à l'heure, est déjà conforme aux n'assure pas un niveau de protection des droits d'auteur dispositions de la directive. Je vous propose néanmoins de équivalent à celui du prisent code : réécrire cet article, en prévoyant simplement que la repré- sentation des oeuvres par satellite est régie par le code de « 1° Si les signaux porteurs de programmes sont trans- la propriété intellectuelle dès lors que l'émission est réali- mis au satellite à partir d'une station assurant la liaison sée à partir du territoire national. Dire explicitement ce montante située en France, la télédiffusion est réputée qui était implicite n'est peut-être pas inutile. avoir eu lieu exclusivement en France ; les droits prévus L'article L. 122-2-2 introduit, en revanche, une nou- par le présent code peuvent alors être exercés à l'égard de .veauté, puisque le droit français ne prévoit pas actuelle- la personne exploitant cette station ; ment la possibilité d'appliquer la loi nationale à des émis- « 2° S'il n'est pas fait appel à une station assurant la sions effectuées à partir de l'étranger. Nous proposons liaison montante depuis un Etat membre de la Commu- donc de le réécrire pour l'harmoniser avec la terminologie nauté européenne mais qu'une entreprise de communica- du code. tion audiovisuelle ayant son principal établissement en Nous proposons aussi de préciser ce qu'il faut entendre France fait exécuter l'acte de télédiffusion par un orga- par l'expression « faire exécuter » une émission : il me nisme situé dans un Etat tiers, la télédiffusion est réputée semble qu'en indiquant que l'émission est réalisée « à la avoir lieu exclusivement en France ; les droits prévus par demande, pour le compte ou sous le contrôle » de l'entre- le présent code peuvent alors être exercés à l'égard de prise qui l'a « délocalisée » à l'étranger, à peu près tous les l'entreprise de communication audiovisuelle. » cas de figure se trouvent couverts. Par amendement n° 1, M. Laffitte, au nom de la M. le président. La parole est à M. Renar, pour commission, propose de rédiger ainsi cet article défendre le sous-amendement n° 23. « Il est inséré, après l'article L. 122-2 du code de M. Ivan Renar. La notion de « signal porteur de pro- la propriété intellectuelle, deux articles L. 122-2-1 et grammes » introduite par la directive que nous retranscri- L. 122-2-2 ainsi rédigés : vons semble techniquement plus précise, et donc plus « A. L. 122-2-1. - La représentation d'une conforme à la directive n° 93-83/CEE, que la notion oeuvre télédiffusée par satellite est régie par les dispo- d'« oeuvre émise à partir du territoire national sitions du présent code dès lors que l'oeuvre est C'est pour cette raison très simple que je vous invite à émise vers le satellite à partir du territoire national. adopter notre sous-amendement, qui permet une couver- ture juridique et technique plus large. « Art. L. 122-2-2. - Est également régie par les dispositions du présent code la représentation d'une M. le président. Quel est l'avis de la commission ? oeuvre télédiffusée par satellite émise à partir du ter- M. Pierre Laffitte, rapporteur. Défavorable. En effet, en ritoire d'un Etat non membre de la Communauté 1985, le législateur avait déjà fait le choix des oeuvres : il européenne qui n'assure pas un niveau de protection s'agit de protéger des oeuvres et non des signaux ou des des droits d'auteurs équivalent à celui garanti par le programmes. présent code Par cohérence avec le code de la propriété intellec- « 1° Lorsque la liaison montante vers le satellite tuelle, je souhaiterais que MM. Ralite et Renar retirent le est effectuée à partir d'une station située sur le terri- sous-amendement n° 23. toire national. Les droits prévus par le présent code M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur peuvent alors être exercés à l'égard de l'exploitant de l'amendement n° 1 et sur le sous-amendement n° 23 ? la station ; M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le « 2° Lorsque la liaison montante vers le satellite Gouvernement est favorable à l'amendement n° 1 de la n'est pas effectuée à partir d'une station située dans commission et défavorable au sous-amendement n° 23, un Etat membre de la Communauté européenne et qui introduit une terminologie technique peu adaptée à lorsque l'émission est réalisée à la demande, pour le un texte sur • les droits d'auteur. compte ou sous le contrôle d'une entreprise de M. le président. Monsieur Renar, maintenez-vous le communication audiovisuelle ayant son principal sous-amendement n° 23 ? établissement sur le territoire national. Les droits prévus par le présent code peuvent alors être exercés M. Ivan Renar. Nous allons nous rendre aux arguments à l'égard de l'entreprise de communication audiovi- de M. le rapporteur bien que les juristes préf erent le suelle. » terme « signal ». Comme l'a dit M. Ralite tout à l'heure, il faudra qu'un grand débat ait lieu sur cette question. Cet amendement est assorti d'un sous-amendement Quoi qu'il en soit, nous retirons le sous-amendement. n° 23, présenté par MM. Ralite et Renar, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, et tendant, M. Pierre Laffitte, rapporteur. Merci, monsieur Renar. dans le texte proposé par l'amendement n° 1 pour M. le président. Le sous-amendement n° 23 est retiré. 1020 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

Personne ne demande la parole ?... simultanée, intégrale et sans changement, sur le ter- Je mets aux voix l'amendement n° 1, accepté par le ritoire national, d'une oeuvre télédiffusée à partir Gouvernement. d'un Etat membre de la Communauté européenne (L'amendement est adopté.) ne peut être exercé que par une société de percep- M. le président. En conséquence, l'article 1 « est ainsi tion et de répartition des droits. Si cette société est rédigé. régie par le titre II du livre III, elle doit être agréée à cet effet par le ministre chargé de la culture. Article 2 « Si le titulaire du droit n'en a pas confié la ges- tion à l'une de ces sociétés, il désigne celle qu'il M. le président. « Art. 2. - Il est inséré, dans le code charge de l'exercer. Il notifie cette désignation à la de la propriété intellectuelle, après l'article L. 132-20, les société, qui ne peut refuser. dispositions suivantes : « Art. L. 132-20-1. - I. - Seule une des sociétés men- « Le contrat autorisant la télédiffusion d'une tionnées au titre II du livre III du présent code, et agréée, oeuvre sur le territoire national mentionne la société 3 cet effet par le ministre chargé de la culture, peut chargée d'exercer le droit d'autoriser sa retransmis- conclure des conventions autorisant la retransmission par sion par câble, simultanée, intégrale et sans change- fil ou par ondes ultracourtes, simultanée, intégrale et sans ment, dans les Etats membres de la Communauté européenne. changement, d'une émission télédiffusée à partir d'un Etat membre de la Communauté européenne. Un décret « L'agrément prévu au premier alinéa est délivré en Conseil d'Etat fixe les conditions de délivrance de en considération : l'agrément. 1° De la qualification professionnelle des diri- « Sauf si le titulaire du droit de retransmission a déjà geants des sociétés et des moyens qu'ils peuvent fait apport de celui-ci à une des sociétés mentionnées au mettre en oeuvre pour assurer le recouvrement des titre II du livre III du présent code, le contrat autorisant droits définis au premier alinéa et l'exploitation de la télédiffusion d'une oeuvre par voie hertzienne terrestre leur répertoire ; ou par satellite doit stipuler que l'exercice de ce droit est « 2° De l'importance de leur répertoire ; confié à une de ces sociétés qu'il mentionne expressé- « 3° De leur respect des obligations que leur ment. La désignation est notifiée par le titulaire du droit imposent les dispositions du titre II du livre III, et à la société qui ne peut refuser. Le décret en Conseil notamment les articles L. 321-5, L. 321-7 et d'Etat mentionné à 1 alinéa précédent fixe les conditions L. 321-12. de désignation de la société de gestion collective des « Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions droits pour les contrats en cours conclus antérieurement à de délivrance et de retrait de l'agrément. Il fixe éga- l'entrée en vigueur de la loi n° du lement, dans le cas prévu au deuxième alinéa, les « IL - Par dérogation au I ci-dessus, le titulaire du modalités de désignation de la société agréée chargée droit de retransmission par fil ou par ondes ultracourtes de la gestion du droit de retransmision. simultanée, intégrale et sans changement peut céder celui-ci directement à une entreprise de communication « II. Par dérogation au I, le titulaire du droit audiovisuelle. peut céder directement celui-ci à une entreprise de communication audiovisuelle. « Les dispositions du I ci-dessus ne s'appliquent pas aux droits exercés par une entreprise de communication « Les dispositions du I ne s'appliquent pas aux audiovisuelle à l'égard de ses propres émissions, que les droits dont est cessionnaire une entreprise de droits lui appartiennent ou qu ils lui aient été transférés. communication audiovisuelle. » « Art. L. 132-20-2 - Des médiateurs sont institués Cet amendement est assorti de six sous-amendements. afin de favoriser, en dehors de toute procédure judiciaire, Le sous-amendement n° 24, présenté par MM. Rallie la résolution des litiges relatifs à l'octroi de l'autorisation et Renar, et les membres du groupe communiste républi- de retransmission par fil ou par ondes ultracourtes simul- cain et citoyen, a pour objet, dans la seconde phrase du tanément, intégralement et sans changement. premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 2 « Un médiateur peut être saisi par l'une des parties rectifié pour l'article L. 132-20-1 du code de la propriété concernées par la négociation. intellectuelle : « Il entend les parties sous réserve de leur acceptation, I. De supprimer les mots : « . Si cette société est ». confronte leurs prétentions et tente de les aider à trouver les termes d'un accord. II. - De remplacer les mots « , elle doit être » par le « A défaut d'accord amiable, le médiateur peut propo- mot : « et ». ser aux parties la solution qui lui parait appropriée, que Le sous-amendement n° 32 rectifié bis, présenté par celles-ci sont réputées avoir acceptée faute d'avoir exprimé MM. Pelchat, Delaneau et Bernard, vise à supprimer la leur opposition dans un délai de trois mois. dernière phrase du premier alinéa du texte proposé par « Un décret en Conseil d'Etat précise lés conditions l'amendement n° 2 rectifié pour l'article L. 132-20-1 du d'application du présent article et les modalités de dési- code de la propriété intellectuelle. gnation des médiateurs. » Les deux sous-amendements suivants sont identiques. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune. Le sous-amendement n° 25 est présenté par MM. Ralite et Renar, et les membres du groupe communiste républi- Par amendement n° 2 rectifié, M. Laffitte, au nom de cain et citoyen. la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par cet article pour l'article L. 132-20-1 du code de la Le sous-amendement n° 39 rectifié bis est présenté par propriété intellectuelle : M. Pelchat, Delaneau et Bernard. Art. L. 132-20-1. - I. - A compter de la date Tous deux tendent, dans la seconde phrase du d'entrée en vigueur de la loi n° du deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement le droit d'autoriser la retransmission par câble, n° 2 rectifié pour l'article L. 132-20-1 du code de la pro- SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1021

priété intellectuelle, après les mots : « Il notifie », à insérer Enfin, l'amendement tend à harmoniser la terminolo- les mots : « , dans un délai de trois ans à compter de la gie de l'article avec celle du code. diffusion de son oeuvre, ». M. le président. La parole est à M. Renar, pour Le sous-amendement n° 33 rectifié bis, présenté par défendre le sous-amendement n° 24. MM. Pelchat, Delaneau et Bernard, vise à supprimer les quatrième, cinquième, sixième et septième alinéas du M. Ivan Renar. La procédure d'agrément telle qu'elle texte proposé par l'amendement n° 2 rectifié pour ressort de la rédaction de l'article 2 du projet de loi que l'article L. 132-20-1 du code de la propriété intellectuelle. nous examinons est de nature, nous semble-t-il, à assurer aux sociétés d'auteurs une meilleure défense des intérêts Le sous-amendement n° 34 rectifié bis, présenté par de leurs membres. Mais je conçois mal les intentions de MM. Pelchat, Delaneau et Bernard, a pour objet de rédi- la commission des affaires culturelles lorsqu'elle entend ger comme suit le huitième alinéa du texte proposé par introduire un hypothétique « si » dans la rédaction finale l'amendement n° 2 rectifié pour l'article L. 132-20-1 du du texte, ouvrant ainsi la voie - mais était-il besoin de le code de la propritété intellectuelle : mentionner ? - à de possibles dérogations. « Un décret en Conseil d'Etat fixe, dans le cas La rédaction initiale du texte proposé pour le premier prévu au deuxième alinéa, les modalités de désigna- alinéa de l'article L. 132-20-1 est, de ce point de vue, tion de la société chargée de la gestion du droit de moins ambiguë. Je vous invite donc à adopter notre sous- retransmission. » amendement. Par amendement n° 31 rectifié bis, MM. Pelchat, Dela- neau et Bernard proposent de compléter le texte présenté M. le président. La parole est à M. Delaneau, pour par l'article 2 pour l'article L. 132-20-1 par un para- défendre le sous-amendement n° 32 rectifié bis. graphe additionnel ainsi rédigé : M. Jean Delaneau. Le projet d'article L. 132-20-1-I, « ... - Si le titulaire du droit d'autoriser la alinéa 1, prévoit que le droit ne peut être exercé que par retransmission par câble, simultanée, intégrale et une société de perception et de répartition des droits sans changement, d'une de ses oeuvres n'en a pas mentionnée au titre II du livre III du code de la pro- confié la gestion à une société de perception et de priété intellectuelle « agréée à cet effet par le ministre répartition des droits, il ne peut revendiquer la chargé de la culture ». rémunération qui lui revient à raison de cette Cette exigence d'un agrément ne figure pas dans la retransmission que dans les trois ans à compter de directive et procède, par conséquent, de la seule volonté cette dernière. » du législateur français. Elle n'apparaîtas fondée à nos La parole est à M. le rapporteur, pour défendre yeux. En effet, les droits d'auteur sont des droits privés et l'amendement n° 2 rectifié. les sociétés d'auteurs sont des sociétés privées qui émanent des auteurs et de leurs ayants droit qui se sont M. Pierre Laffitte, rapporteur. Nous vous proposons de réécrire l'article relatif aux conditions de gestion collective regroupés pour protéger leurs droits et intérêts. obligatoire des droits de câblo-distribution, en France, De plus, comme l'indique M. le rapporteur, l'agrément d'une oeuvre télédiffusée depuis un autre Etat membre. n'est pas prévu pour les sociétés de perception et de Le dispositif proposé dans le projet de loi, directement répartition étrangères, ce qui constitue une discrimination inspiré de la directive, n'est en effet pas très opérationnel. au détriment des sociétés françaises et prive l'agrément de l'efficacité recherchée. D'abord, il impose que les droits soient gérés par une société de perception et de répartition des droits française Ainsi, l'agrément ne s'appliquerait pas si une société et agréée par le ministre de la culture, ce qui est peu étrangère, éventuellement anglo-saxonne, envisageait cohérent avec les principes généraux de fonctionnement d'exercer directement ses droits sur notre territoire, de la Commission européenne et avec la liberté de cir- comme l'indique fort justement M. le rapporteur, dans culation des services : de nombreux auteurs étrangers « le cas où il n'y aurait pas d'accord de représentation auront déjà confié leurs droits à une société de gestion réciproque ». étrangère ; bien sûr, certaines de ces sociétés ont passé des M. le président. La parole est à M. Renar, pour accords avec des sociétés françaises, mais ce n'est pas tou- défendre le sous-amendement n° 25. jours le cas. M. Ivan Renar. Le délai de trois ans que nous propo- Ensuite, le texte prévoit que la désignation de la société sons permettrait aux sociétés d'auteurs d'assurer de façon gérant le droit de retransmission sera faite à l'occasion du satisfaisante la répartition des droits dus à chacun des contrat relatif à la diffusion retransmise. Or, par défini- auteurs. tion, ce contrat sera très souvent signé avec une télévision M. le président. La parole est à M. Delaneau, pour d'un autre Etat membre, et ne sera donc probablement défendre les sous-amendements res 39 rectifié bis, 33 rec- pas soumis à la loi française. En conséquence, le méca- tifié bis, 34 rectifié bis ainsi que l'amendement n° 31 recti- nisme prévu ne fonctionnera pas. fié bis. Enfin, le projet de loi ne prévoit pas, comme il devrait le faire, les critères d'agrément pour les sociétés agréées. M. Jean Delaneau. En ce qui concerne le sous- amendement n° 39 rectifié bis, je me rallie aux explica- Le texte que nous proposons a pour objet de remédier tions que vient de donner M. Renar. à ces inconvénients. • Ainsi, les contrats portant sur la dif- fusion en France d'une émission devront prévoir la dési- Les sous-amendements n°' 33 rectifié bis et 34 recti- gnation des sociétés qui géreront les droits de retransmis- fié bis ont le même objet que le sous-amendement n° 32 sion par câble de cette émission dans la Communauté. rectifié bis. Cela pourra être utile aux titulaires de droits, car, dans J'en arrive à l'amendement n° 31 rectifié bis. certains Etats membres, seront pratiqués des régimes de L'article 9, alinéa 2, de la directive prévoit que l'ayant « gestion collective étendue » des droits qui ne leur sont droit non membre d'une société de gestion collective peut pas familiers et qui sont compliqués. Ils risqueraient donc revendiquer la rémunération qui lui revient à raison de la tout simplement de ne jamais être payés, s'ils ne sont pas câblodistribution d'une de ses oeuvres « dans un délai, à sûrs de savoir qui les représentera. fixer par l'Etat membre concerné, dont la durée n'est pas 1022 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

inférieure à trois ans à compter de la date de la retrans- J'ajoute que ce sous-amendement me paraît dangereux mission par câble portant sur son oeuvre ou un autre élé- parce qu'il pourrait être interprété comme un délai de ment protégé ». péremption des droits des auteurs, comme s'ils n'avaient Or le projet de loi ne fixe aucun délai aux ayants droit plus le droit de réclamer leur dû après trois ans. C'est non membres d'une société de gestion collective pour pourquoi il me paraîtrait préférable qu'il soit retiré. revendiquer la rémunération qui leur revient du fait de la J'en arrive à l'amendement n° 31 rectifié bis, où nous câblodistribution, délai qui devrait être fixé à trois ans, retrouvons le même problème. comme la directive en donne la possibilité, de façon à ne Le projet de loi obligé les titulaires de droits de pas exposer les sociétés de perception et de répartition des retransmission en France à désigner une société de ges- droits à des réclamations trop tardives. tion qui gérera leurs droits. Il ne prévoit donc pas que les M. le président. Quel est l'avis de la commission sur auteurs qui n'auront pas désigné une société puissent lui les sous-amendements n°s 32 rectifie bis, 24, 25, 39 recti- réclamer des droits. fié bis, 33 rectifie bis, 34 rectifié bis et sur l'amendement En conséquence, ce sous-amendement, outre son inuti- n° 31 rectifié bis. lité, n'est pas cohérent avec le dispositif du projet de loi : avis défavorable. M. Pierre Laffitte, rapporteur. S'agissant du sous- Quant aux sous-amendements n°s 33 rectifié bis, 34 amendement n° 24, l'avis de la commission est défavo- rectifié bis et 39 rectifié bis, ce sont des sous-amende- rable. En effet, toutes les sociétés de perception et de ments de conséquence : la commission y est donc défavo- répartition des droits françaises sont, bien entendu, sou- rable. mises aux dispositions du titre II du livre III, M. le président. Monsieur Renar, les sous-amende- Le texte de l'amendement de la commission prévoit ments n°' 24 et 25 sont-ils maintenus ? toutefois le cas où interviendraient, pour le compte d'au- teurs européens, des sociétés de gestion collectives euro- M. Ivan Renar. Le sous-amendement n° 24 est main- péennes, dont l'activité est contrôlée selon la loi de leur tenu. pays d'origine. Cela étant, il va sans dire que les sociétés Quant au sous-amendement n° 25, il nous a paru judi- européennes intervenant en France devront le faire cieux, dans un premier temps, de prévoir une disposition conformément à la loi nationale. assurant une redistribution rapide des droits d'auteur, en évitant du même coup de soumettre les sociétés d'auteur La commission est également défavorable au sous- à une capitalisation obligée. amendement n° 32 rectifié bis. Le projet de loi prévoit un agrément : nous avons retenu cette disposition. Pour autant, le délai de trente ans qui est le délai de prescription commun en matière civile constitue une A partir du moment où la gestion collective est obliga- garantie inaliénable de l'auteur. C'est pourquoi, sensibles toire, c'est-à-dire où le titulaire des droits est obligé de les à l'argumentation de notre commission et de son rappor- confier à une société, il est normal que le législateur lui teur, nous retirons ce sous-amendement. garantisse, en contrepartie, qu'un certain contrôle sera effectué sur la façon dont ils sont gérés. M. le président. Le sous-amendement n° 25 est retiré. Monsieur Delaneau, maintenez-vous vos sous-amende- ..Je vous rappelle que cet agrément a déjà été prévu, en ments et votre amendement n° 31 rectifié janvier 1995, par la loi sur la gestion collective obligatoire bis? du droit de reprographie. Certes, en 1985, il n'y a pas eu M. Jean Delaneau. Je retire les sous-amendements, d'agrément, simplement parce que la loi avait prévu les monsieur le président. conditions de fixation, de perception et de répartition des Avant de me prononcer sur l'amendement n° 31 recti- droits. Il n'y avait pas de sociétés à agréer puisqu'elles fié bis, j'aimerais connaître l'avis du Gouvernement. n'existaient pas s'agissant du droit de communication des M. le président. Les sous-amendements n°s 32 recti- phonogrammes mis dans le commerce. fié bis, 39 rectifié bis, 33 rectifié bis et 34 rectifié bis sont Pour ce qui est des sociétés étrangères, la réponse est retirés. très simple : elles sont contrôlées dans leur pays d'origine Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement - et souvent beaucoup plus sévèrement qu'en France. En n° 2 rectifié, le sous-amendement n° 24 ainsi que sur Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple, le contrôle de l'amendement n° 31 rectifié bis? l'Etat va bien au-delà d'un agrément ; il comporte une M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le série de mesures très précises. Gouvernement émet tout d'abord un avis favorable sur Enfin, si la directive ne prévoit pas d'agrément, c'est l'amendement n° 2 rectifié. tout simplement parce qu'elle laisse expressément aux Quant aux sous-amendements n°' 24, 32 rectifié bis et Etats membres le droit de réglementer les sociétés de ges- 33 rectifié bis concernant la procédure d'agrément des tion collective. sociétés de perception et de répartition des droits, le La commission est tout à fait défavorable au sous- Gouvernement leur est défavorable, car l'agrément est la amendement n° 25, s'il est maintenu. contrepartie du monopole concédé aux sociétés pour la Il faut évidemment que le titulaire de droits, qui doit conclusion des conventions pour l'acquisition des droits. choisir une société pour le représenter, lui notifie ce choix Le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amen- immédiatement pour que la société sache aussitôt que dement n° 31 rectifié bis. En ce qui concerne le délai possible qu'elle doit se préoccuper de gérer et de rémuné- minimal de trois ans prévu par la directive pour la reven- rer ses droits. dication des droits, cette transposition est superflue parce Il faut souligner que la directive prévoyait ce délai uni- que la loi française applique aux répartitions des sociétés quement dans le cas de gestion collective étendue, c'est-à- de gestion la prescription de cinq ans relevant d'ailleurs dire dans le cas où un auteur qui n'a pas confié la gestion de l'article 2277 du code civil. de ses droits à une société peut néanmoins, après coup, M. le président. Personne ne demande la parole ?... lui demander de lui verser des droits de retransmission. Je mets aux voix le sous-amendement n° 24, repoussé Cette notion de gestion collective existe surtout dans les par la commission et par le Gouvernement. pays nordiques, mais pas chez nous. (Le sous-amendement n'est pas adopté.) SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1023

M. le président. Personne ne demande la parole ?... L'article 3 permet, dans ce cas, de garantir qu'une dif- Je mets aux voix l'amendement n° 2 rectifié, accepté fusion faite à partir d'un Etat membre ne lésera pas les par le Gouvernement. droits de ceux à qui le contrat aura donné un droit exclu- (L'amendement est adopté.) sif dans les autres Etats membres. Si je vous propose de supprimer cet article, c'est seule- M. le président. Dans ces conditions, l'amendement ment pour le reporter dans les dispositions transitoires. n° 31 rectifié bis n'a plus d'objet. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. Jean Delaneau. Effectivement. Mais les explications de M. le ministre alimenteront peut-être la discussion à M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- l'Assemblée nationale ! rable. M. le président. Par amendement n° 3, M. Laffitte, au M. le président. Personne ne demande la parole ?... nom de la commission, propose après les mots : « de Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le retransmission », de rédiger ainsi la fin du premier alinéa Gouvernement. du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 132-20-2 (L'amendement est adopté.) du code de la propriété intellectuelle : « simultanée, inté- M. le président. En conséquence, l'article 3 est sup- grale et sans changement d'une oeuvre par câble. » primé. La parole est à M. le rapporteur. M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- Article 4 ment de coordination avec l'amendement n° 2 rectifié en M. le président. « Art. 4. - I. - L'article L. 212-3 du même temps que d'un amendement de précision. code de la propriété intellectuelle est complété par un M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? dernier alinéa ainsi rédigé :

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- « Est assimilée à une communication au public l'émis- rable. sion d'un signal porteur de prestations artistiques vers un satellite, lorsque cette émission est assurée par un orga- M. le président. Personne ne demande la parole ?... nisme distinct de l'organisme bénéficiaire de l'autorisation Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le de la communication au public. Si les titulaires de droits Gouvernement. ou leurs ayants droit l'ont autorisé à communiquer au (L'amendement est adopté.) public, l'organisme d'émission est dispensé du paiement M. le président. Personne ne demande la parole ?... de toute rémunération. » Je mets aux voix l'article 2, modifié. « II. - L'article L. 213-1 du code de la propriété intel- (L'article 2 est adopté.) lectuelle est complété par un dernier alinéa ainsi rédigé : « Est assimilée à une communication au public l'émis- sion d'un signal porteur de phonogrammes vers un satel- Article 3 lite, lorsque cette émission est assurée par un organisme distinct de l'organisme bénéficiaire de 1 autorisation de la M. le président. « Art. 3. - Il est • ajouté, après l'article L. 132-34 du code de la propriété intellectuelle, communication au public. Si les titulaires de droits ou une section 6 ainsi rédigée : leurs ayants droit l'ont autorisé à communiquer au public, l'organisme d'émission est dispensé du paiement de toute rémunération. » « Section 6 « III. - L'article L. 215-1 du code de la propriété intel- « Contrats de coproduction internationale audiovisuelle lectuelle est complété par un dernier alinéa ainsi rédigé : « Art. L. 132-35. - Lorsqu'un contrat de coproduction « Est assimilée à une communication au public l'émis- d'une oeuvre audiovisuelle, conclu avant l'entrée en sion d'un signal porteur de vidéogrammes vers un satel- vigueur de la loi n° du , entre un ou lite, lorsque cette émission est assurée par un organisme plusieurs coproducteurs ayant un établissement en France distinct de l'organisme bénéficiaire de l'autorisation de la et un ou plusieurs coproducteurs ayant un établissement communication au public. Si les titulaires de droits ou dans un autre Etat, prévoit expressément un régime de leurs ayants droit l'ont autorisé à communiquer au répartition des droits d'exploitation par zones géogra- public, l'organisme d'émission est dispensé du paiement phiques sans distinguer le régime applicable à la télé-' de toute rémunération. » diffusion par satellite des dispositions applicables aux Par amendement n° 5, M. Laffitte, au nom de la autres moyens d'exploitation et, dans le cas où une telle commission, propose de supprimer cet article. télédiffusion par satellite porterait atteinte à l'exclusivité, La parole est à M. le rapporteur. notamment linguistique, de l'un des coproducteurs ou de M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission ne ses ayants droit sur un territoire déterminé, l'autorisation comprend pas très bien l'objet de cet article, qui n'ajoute par l'un des coproducteurs ou ses ayants droit de télé- pas grand-chose aux dispositions concernant la diffusion diffuser l'oeuvre par satellite est subordonnée au consente- par satellite d'éléments protégés par des droits voisins. ment préalable du bénéficiaire de cette exclusivité, qu'il Nous proposons donc de supprimer cet article, qui, de soit coproducteur ou ayant droit. » toute façon, n'est pas clair du tout. Par amendement n° 4, M. Laffitte, au nom de la commission, propose de supprimer cet article. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? La parole est à M. le rapporteur. M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- rable. M. Pierre Laffitte, rapporteur. Les dispositions de la directive reprises à l'article 3, qui avaient été prévues à la M. le président. Personne ne demande la parole ?... demande de la France, sont très importantes puisqu'elles Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par le prévoient un régime transitoire pour l'autorisation de dif- Gouvernement. fuser par satellite. (L'amendement est adopté.) 1024 SENAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

M. le président. En conséquence, l'article 4 est sup- « II. - Par dérogation au I ci-dessus, le titulaire du primé. droit de retransmission par fil ou par ondes ultracourtes simultanée, intégrale et sans changement, peut céder Article 5 celui-ci directement à une entreprise de communication audiovisuelle. M. le président. « Art. 5. - Il est inséré dans le code de la propriété intellectuelle, après l'article L. 216-1, un cha- « Les dispositions du I ci-dessus ne s'appliquent pas pitre VII ainsi rédigé : aux droits exercés par une entreprise de communication audiovisuelle à l'égard de ses propres émissions, que les « Chapitre VII droits lui appartiennent ou qu ils lui aient été transférés. « Dispositions applicables à la télédiffusion « Art. L. 217-4. - Des médiateurs sont institués afin de par satellite et à la retransmission par câble favoriser, en dehors de toute procédure judiciaire, la réso- lution des litiges relatifs à l'octroi de l'autorisation de « Art. L. 217-1. - Pour les télédiffusions transfrontières retransmission par fil ou par ondes ultracourtes simulta- par satellite, les dispositions du livre II et du titre III du nément, intégralement et sans changement. livre III du présent code sont applicables dès lors que les signaux porteurs de programmes sont introduits à partir « Un médiateur peut être saisi par l'une des parties du territoire français, sous le contrôle et la responsabilité concernées par la négociation. de l'entreprise de communication audiovisuelle, dans une « Il entend les parties sous réserve de leur acceptation, chaîne ininterrompue de communication conduisant au confronte leurs prétentions et tente de les aider à trouver satellite et revenant vers la terre. les termes d'un accord. « Lorsqu'une entreprise de communication audiovi- « A défaut d'accord amiable, le médiateur peut propo- suelle diffuse sesrogrammes sous forme codée, l'acte de ser aux parties la solution qui lui paraît appropriée, que télédiffusion n'a lieu que si cette entreprise a mis le dis- celles-ci sont réputées avoir acceptée faute d'avoir exprimé positif de décodage à la disposition du public ou a donné leur opposition dans un délai de trois mois. son consentement à cet effet. Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions « Art. L. 217-2. - Lorsqu'une télédiffusion transfron- d'application du présent article et les modalités de dési- tière par satellite est réalisée à partir d'un Etat non gnation des médiateurs. » membre de la Communauté européenne et que cet Etat Par amendement n° 6, M. Laffitte, au nom de la n'assure pas un niveau de protection de droits voisins commission, propose de rédiger comme suit le texte pré- équivalent à celui du présent code : senté par cet article pour l'article L. 217-1 du code de la « 1° Si les signaux porteurs de programmes sont trans- propriété intellectuelle : mis au satellite à partir d'une station assurant la liaison « Art. L. 217-1. - Les droits voisins du droit d'au- montante située en France, la télédiffusion est réputée teur correspondant à la télédiffusion par satellite de avoir lieu exclusivement en France ; les droits prévus par la prestation d'un artiste interprète, d'un phono- le présent code peuvent alors être exercés à l'égard des gramme, d'un vidéogramme, ou des programmes personnes exploitant cette station ; d'une entreprise de communication audiovisuelle « 2° S'il n'est pas fait appel à une station assurant la sont régis par les dispositions du présent code dès liaison montante située depuis un Etat membre de la lors que cette télédiffusion est réalisée dans les condi- Communauté européenne mais qu'une entreprise de tions définies aux articles L. 122-2-1 et L. 122-2-2. communication audiovisuelle ayant son principal éta- « Dans les cas prévus à l'article L. 122-2-2, ces blissement en France fait exécuter l'acte de radiodiffusion droits peuvent être exercés à l'égard des personnes par un organisme situé dans un Etat tiers, la télédiffusion visées au 1° ou au 2° de cet article. » est réputée avoir lieu exclusivement en France ; les droits prévus par le présent code peuvent alors être exercés à Cet amendement est assorti d'un sous-amendement l'égard de l'entreprise de communication audiovisuelle. n° 26, présenté par MM. Ralite et Renar, et les membres « Art. L. 217-3. - I. - Seule une des sociétés mention- du groupe communiste républicain et citoyen, et tendant nées au titre II du livre III du présent code, et agrée à à insérer, dans le premier alinéa du texte proposé par cet effet par le ministre chargé de la culture, peut l'amendement n° 6 pour l'article L. 217-1 du code de la conclure des conventions autorisant la retransmission par propriété intellectuelle, après les mots : « les disposi- fil ou par ondes ultracourtes, simultanée, intégrale et sans tions », les mots : « du livre II ». changement, d'une émission télédiffusée à partir d'un La parole est à M. le rapporteur, pour défendre Etat membre de la Communauté européenne. Un décret l'amendement n° 6. en Conseil d'Etat fixe les conditions de délivrance de M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit en fait de réunir l'agrément. en un seul les deux articles qui prévoient les conditions « Sauf si le titulaire du droit visé à - l'alinéa précédent a d'application du code de la propriété intellectuelle à la déjà fait apport de celui-ci à une des sociétés mentionnées diffusion par satellite d'éléments protégés par des droits au titre II du livre III du présent code, le contrat auto- voisins. risant la télédiffusion d'une prestation artistique, d'un phonogramme ou d'un vidéogramme par voie hertzienne Il procède par renvoi aux articles correspondants terrestre ou par satellite doit stipuler que l'exercice du concernant le droit d'auteur : l'article sur les émissions droit mentionné à l'alinéa précédent est confié à une de réalisées à partir du territoire national et celui sur cer- ces sociétés qu'il mentionne expressément. La désignation taines émissions à partir de l'étranger mais qui peuvent est notifiée par le titulaire du droit à la société qui ne être rattachées au droit français. peut refuser. Le décret en Conseil d'Etat mentionné à Cette rédaction, qui allège le texte, permet aussi d'in- l'alinéa précédent fixe les conditions de désignation de la sister sur le fait que, du point de vue des conditions d'ap- société de gestion collective des droits pour les contrats plication du droit français aux émissions par satellite, les en cours conclus antérieurement à l'entrée en vigueur de droits d'auteur et les droits voisins sont traités rigoureuse- la loi n° du ment de la même façon. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1025

M. le président. La parole est à M. Renar, pour « Si le titulaire du droit n'en a pas confié la ges- défendre le sous-amendement n° 26. tion à l'une de ces sociétés, il désigne celle qu'il M. Ivan Renar. Il s'agit d'un amendement de précision, charge de l'exercer. Il notifie cette désignation à la visant à s'assurer que les droits voisins du droit d'auteur société, qui ne peut refuser. sont régis par les dispositions du livre II de la propriété « Le contrat autorisant la télédiffusion sur le terri- industrielle. toire national de la prestation d'un artiste interprète, d'un phonogramme ou d'un vidéogramme men- M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le tionne la société chargée, le cas échéant, d'exercer le sous-amendement n° 26 ? droit d'autoriser sa retransmission par câble, simulta- M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission souhaite- née, intégrale et sans changement, dans les Etats rait, monsieur Renar, que vous retiriez votre sous- membres de la Communauté européenne. amendement. En effet, en faisant référence au livre II, « L'agrément prévu au premier alinéa est délivré vous excluez les dispositions du livre III, qui traite en considération des critères énumérés à notamment des sanctions pour non-respect des droits de l'article L. 130-20-1. la propriété littéraire et artistique. Or, je sais que telle « Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions n'est pas la volonté des auteurs de l'amendement. Il me de délivrance et de retrait de l'agrément. Il fixe éga- paraît plus simple de se référer à l'ensemble du code de la lement, dans le cas prévu au deuxième alinéa, les propriété intellectuelle : c'est ce que nous avons déjà fait modalités de désignation de la société chargée de la pour l'article L. 122-2-1, relatif aux droits d'auteur. gestion du droit de retransmission. M. le président. Monsieur Renar, le sous-amendement « II. - Par dérogation au I, le titulaire du droit est-il maintenu ? peut céder directement celui--ci à une entreprise de communication audiovisuelle. M. Ivan Renar. Afin qu'il n'y ait nulle ambiguïté, ni dans l'esprit ni dans la lettre, je le retire. « Les dispositions du I ne sont pas applicables aux droits dont est cessionnaire une entreprise de M. le président. Le sous amendement n° 26 est retiré. communication audiovisuelle. » Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amende- La parole est à M. le rapporteur. ment n° 6 ? M. Pierre Laffitte, rapporteur. Par cet amendement, M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- nous proposons une nouvelle rédaction de l'article qui rable. traite de la gestion collective obligatoire des droits voisins M. le président. Personne ne demande la parole ?... de retransmission par câble. Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Il vise, d'une part, à lui apporter les mêmes aménage- Gouvernement. ments qu'à l'article identique applicable aux droits d'au- (L'amendement est adopté.) teur et, d'autre part, à rappeler que les titulaires de droits voisins n'ont pas toujours le droit d'autoriser ou d'inter- M. le président. Par amendement n° 7, M. Laffitte, au dire cette retransmission. nom de la commission, propose de supprimer le texte Le texte ne doit donc s'appliquer que lorsque ce droit présenté par l'article 5 pour l'article L. 217-2 du code de est prévu par le code. la propriété intellectuelle. Par exemple, pour les artistes-interprètes, cela ne La parole est à M. le rapporteur. concernera que les interprétations « vivantes », c'est-à-dire M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- en direct. Pour les producteurs de phonogrammes, cela ment purement rédactionnel, destiné à harmoniser la ne concernera que des enregistrements hors commerce, rédaction de ce nouvel alinéa avec celle du texte en car, pour les disques ou cassettes mis dans le commerce, vigueur. la licence légale prévue en 1985 leur donne un simple M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? droit à rémunération, comme d'ailleurs aux interprètes de ces disques ou de ces cassettes. M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- Il faut le préciser, car la rédaction du texte avait beau- rable. coup inquiété en particulier les producteurs d'oeuvres M. le président. Personne ne demande la parole ?... audiovisuelles, qui bénéficient d'une présomption de ces- Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le sion des droits des artistes-interprètes pour la diffusion et Gouvernement. la retransmission de ces oeuvres. (L'amendement est adopté.) M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. le président. Par amendement n° 8, M. Laffitte, au M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- nom de la commission, propose de rédiger comme suit le rable. texte présenté par l'article 5 pour l'article L. 217-3 du M. le président. Personne ne demande la parole ?... code de la propriété intellectuelle : . Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le « Art. L. 217-3. - I. - Lorsqu'il est prévu par le Gouvernement. présent code, le droit d'autoriser la retransmission (L'amendement est adopté.) par câble simultanée, intégrale et sans changement, sur le territoire national, de la prestation d'un .artiste M. le président. Par amendement n° 9, M. Laffitte, au interprète, d'un phonogramme ou d'un vidéo- nom de la commission propose, après les mots : « l'auto- gramme télédiffusés à partir d'un Etat membre de la risation », de rédiger ainsi la fin du premier alinéa du Communauté européenne, ne peut être exercé, à texte présenté par l'article 5, pour l'article L. 217-4 du compter de la date d'entrée en vigueur de la loi code de la propriété intellectuelle : « , lorsqu'elle est exi- n° du , que par une société de perception gée, de retransmission par câble, simultanée, intégrale et et derépartition des droits. Si cette société est régie sans changement, d'un élément protégé par un des droits par le titre II du livre III, elle doit être agréée à cet définis au présent titre. » effet par le ministre chargé de la culture. La parole est à M. le rapporteur. 1026 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- civile suivant celle où l'oeuvre a été publiée. La date de ment rédactionnel, qui tend à apporter une précision. publication est déterminée par tout mode de preuve de M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? droit commun, et notamment par le dépôt légal. « Au cas où une oeuvre pseudonyme, anonyme ou col- M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- rable. lective est publiée de manière échelonnée, le délai court à compter du 1°' janvier de l'année civile qui suit la date à 1 Personne ne demande la parole ?... M. le président. laquelle chaque élément a été publié. Je mets aux voix l'amendement n° 9, accepté par le Gouvernement. « En ce qui concerne les oeuvres anonymes ou pseudo- (L'amendement est adopté.) nymes, si le ou les auteurs se font connaître pendant la période mentionnée aux alinéas précédents, ou s'il n'y a M. le président. Personne ne demande la parole ?... pas de doute sur l'identité du ou des auteurs, la période Je mets aux voix l'article 5, modifié. de protection légale commence à courir dans les condi- (L'article 5 est adopté.) tions prévues aux articles L. 123-1 et L. 123-2. « Par dérogation au premier alinéa du présent article, TITRE II au cas où une ou plusieurs personnes physiques ont la DISPOSITIONS RELATIVES A LA DURÉE qualité d'auteur de l'oeuvre collective pour son ensemble, DE PROTECTION DU DROIT D'AUTEUR la durée de protection est celle prévue à l'article L. 123-1. ET DES DROITS VOISINS « Pour les oeuvres dont la durée de protection n'est pas calculée à partir de la mort de l'auteur ou des auteurs en Article 6 application des alinéas 1 à 3 du présent article et qui M. le président. « Art. 6. - Le second alinéa de n ont pas été publiées pendant les soixante-dix années sui- l'article L. 123-1 du code de la propriété intellectuelle est vant leur création, la protection prend fin à l'issue de ces ainsi rédigé : soixante-dix ans. » « Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de Par amendement n° 11, M. Laffitte, au nom de la ses ayants droit pendant l'année civile en cours et les commission, propose, après les mots « si le ou les soixante-dix années qui suivent. » - (Adopté.) auteurs », de rédiger comme suit la fin du troisième ali- néa du texte présenté par cet article pour l'article L. 123-3 Article 7 du code de la propriété intellectuelle : « se sont fait connaître, la durée du droit exclusif est celle prévue aux M. le président. « Art. 7. - L'article L. 123-2 est articles L. 123-1 ou L. 123-2. » complété par le second alinéa suivant : « Pour l'oeuvre audiovisuelle, le droit exclusif persiste La parole est à M. le rapporteur. pour l'année civile en cours et les soixante-dix années qui Cet amendement est le suivent la mort du dernier vivant des collaborateurs sui- M. Pierre Laffitte, rapporteur. premier des trois que je vous proposerai . d'adopter à vants : l'auteur du scénario, l'auteur du texte parlé, . l'article L. 123-3, qui prévoit les règles de protection des l'auteur des compositions musicales avec ou sans paroles spécialement réalisées pour l'oeuvre, le réalisateur princi- oeuvres anonymes et pseudonymes. pal. » Il s'agit ici du troisième alinéa, lequel complique le Par amendement n° 10, M. Laffitte, au nom de la texte en vigueur, qui prévoit simplement qu'on revient à commission, propose de rédiger comme suit le début du la règle normale de la protection de soixante-dix ans après texte présenté par cet article pour le second alinéa de la mort de l'auteur si les auteurs des oeuvres anonymes ou l'article L. 123-2 du code de la propriété intellectuelle : pseudonymes se sont fait connaître. Pour les oeuvres audiovisuelles, l'année civile Il y ajoute, en effet, des précisions reprises de la direc- prise en considération est celle de la mort du dernier tive qui sont inutiles, voire dangereuses. vivant des collaborateurs suivants :... Ces précisions sont inutiles d'abord parce que le texte La parole est à M. le rapporteur. en vigueur a toujours été interprété comme ne permet- M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- tant pas de faire renaître la protection si elle a expiré. ment purement rédactionnel. Elles sont inutiles ensuite parce que l'article, par défini- M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? tion, ne vise pas le cas du pseudonyme ou de 1 anonymat

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- « transparents », c'est-à-dire le cas où l'auteur a pris un rable. « nom de plume », mais sans pour autant vouloir dissi- M. le président. Personne ne demande la parole ?... muler son identité réelle. Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le En effet, si cet article prévoit une règle spéciale de pro- Gouvernement. tection post publicationem des oeuvres anonymes et pseu- (L'amendement est adopté.) donymes, c est précisément parce qu'on ne peut pas appliquer la règle normale de protection calculée en fonc- Personne ne demande la parole ?... M. le président. tion de la date de son décès si l'auteur ne veut pas révéler Je mets aux voix l'article 7, ainsi modifié. son identité. (L'article 7 est adopté.) Enfin, la rédaction est dangereuse parce que le texte Article 8 n'impose pas, comme le texte actuel de l'article et comme le texte de l'article L. 113-6, qui définit les droits des M. le président. « Art. 8. - L'article L. 123-3 du code auteurs des oeuvres anonymes ou pseudonymes, que ce de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé : soit l'auteur lui-même qui se fasse connaître. En effet, le « Art. L. 123-3. - Pour les oeuvres pseudonymes, ano- fait de vouloir ou non être connu relève de son droit nymes ou collectives, la durée du droit exclusif est de moral. Il se pourrait très bien, si l'on retient la rédaction soixante-dix années à compter du 1 °r janvier de l'année proposée, que des éditeurs ou des héritiers organisent, SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1027 après la mort de l'auteur, la révélation de son identité, Elle est par ailleurs absurde dans le cas des oeuvres col- afin de pouvoir prolonger l'exploitation exclusive de lectives. l'oeuvre. Elle sera aussi très difficile à appliquer car il ne sera pas Je vous propose donc d'en rester à la formule en toujours évident de « dater » la création de l'oeuvre avec la vigueur, qui n'a jamais posé de problèmes et qu'il n'y a précision suffisante. donc pas de raison de changer. Malheureusement, elle est prévue par la directive et la M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? loi nationale est donc obligée de la transposer. Je vous propose donc simplement de la rédiger de M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- rable. manière qu'elle soit plus compréhensible. M. le président. Personne ne demande la parole ?... M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par le M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- Gouvernement. rable. (L'amendement est adopté.) M. le président. Personne ne demande la parole ?... M. le président. Par amendement n° 12, M. Laffitte, Je mets aux voix l'amendement n° 13, accepté par le au nom de la commission, propose de supprimer le qua- Gouvernement. trième alinéa du texte présenté par l'article 8 pour l'article (L'amendement est adopté.) L. 123-3 du code de la propriété intellectuelle. M. le président. Personne ne demande la parole ?... La parole est à M. le rapporteur. Je mets aux voix l'article 8, modifié. M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet alinéa nouveau porte (L'article 8 est adopté.) sur les oeuvres collectives de type encyclopédies, diction- naires ou collections de manuels, généralement Article 9 commandés » par un éditeur et rédigés par de multiples contributeurs. M. le président. « Art. 9. - I. - Le premier alinéa de Il prévoit que ces oeuvres seront soumises à la règle de l'article L. 123-4 du code de la propriété intellectuelle est protection de droit commun - jusqu'à soixante-dix ans ainsi rédigé : après la mort de l'auteur ou du dernier des coauteurs - si « Pour les oeuvres posthumes, autres que pseudonymes une ou plusieurs personnes « ont la qualité d'auteur de ou anonymes, la durée du droit exclusif est celle prévue l'oeuvre collective pour son ensemble ». aux articles L. 123-1 et L. 123-2. » Cela paraît contradictoire avec la définition de l'oeuvre « II. - Le troisième alinéa de l'article L. 123-4 du collective, qui est précisément une oeuvre pour laquelle code de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé : personne n'a la qualité d'auteur. Il est de plus inutile car, « Si la divulgation est effectuée licitement à l'expiration si une ou plusieurs personnes ont un droit d'auteur sur de cette période, le propriétaire de l'oeuvre, par succession l'ensemble d'une oeuvre, il s'agit alors d'une oeuvre indivi- ou à d'autres titres, qui en effectue ou fait effectuer la duelle ou de collaboration, et les règles prévues aux publication ou la représentation au public, jouit des articles L. 123-1 et L. 123-2 du code de la propriété droits ouverts au présent titre pour une durée de vingt- intellectuelle s'appliquent automatiquement. cinq années à compter du ter janvier de l'année civile sui- C'est pourquoi nous vous proposons de supprimer cet vant celle où l'oeuvre a été publiée. » alinéa. . Par amendement n° 14, M. Laffitte, au nom de la M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? commission, propose de rédiger ainsi cet article : « Le premier alinéa de l'article L. 123-4 du code M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- rable. de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé : Pour les oeuvres posthumes, la durée du droit M. le président. Personne ne demande la parole ?... exclusif est celle prévue à l'article L. 123-1. Pour les Je mets aux voix l'amendement n° 12, accepté par le oeuvres posthumes publiées après l'expiration de Gouvernement. cette période, la durée du droit exclusif est de vingt- (L'amendement est adopté.) cinq années à compter du 1" janvier de l'année M. le président. Par amendement n° 13, M. Laffitte, civile suivant celle de la publication. » au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le La parole est à M. le rapporteur. cinquième alinéa du texte présenté par l'article 8 pour M. Pierre Laffitte, rapporteur. L'article 9 du projet de l'article L. 123-3 du code de la propriété intellectuelle : loi modifie l'article L. 123-4 du code pour introduire les « Les dispositions . du premier et du deuxième ali- nouvelles règles prévues par la directive pour des oeuvres néa ne sont applicables qu'aux oeuvres pseudonymes, posthumes. Désormais, celles-ci seront soumises au même anonymes ou collectives publiées pendant les régime que les oeuvres publiées du vivant • de l'auteur, soixante-dix années suivant l'année de leur créa- c'est-à-dire qu'elles seront protégées jusqu'à soixante-dix tion. » ans après sa mort. Si des oeuvres posthumes sont publiées La parole est à M. le rapporteur. après l'expiration de ce délai, cette publication sera proté- M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet alinéa transpose une gée par un droit exclusif pendant vingt-cinq ans. disposition de la directive qui prévoit que seules peuvent Pour ne pas bouleverser la structure actuelle de prétendre à une protection à partir de la publication les l'article, je vous propose de ne modifier que son premier oeuvres anonymes, pseudonymes ou collectives qui auront alinéa, en y regroupant les nouvelles règles relatives à la été publiées dans les soixante-dix ans suivant leur publica- durée de la protection. tion. Il n'est en effet pas nécessaire de modifier les alinéas Cette règle est très contestable dans son principe, suivants, qui définissent les bénéficiaires du droit de puisque normalement une oeuvre a vocation à être proté- publication des oeuvres posthumes, puisque ces règles gée dès lors qu'elle a été créée. restent les mêmes. 1028 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. le président. Par amendement n° 16, M. Laffitte, au nom de la commission, propose de rédiger comme M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le Gouvernement est favorable à cet amendement, qui amé- suit le dernier alinéa du texte présenté par l'article 12 liore en effet la rédaction du texte relatif aux oeuvres pos- pour l'article L. 211-4 du code de la propriété intellec- thumes. tuelle « Toutefois, si une fixation de l'interprétation, le M. le président. Personne ne demande la parole ?... phonogramme ou le vidéogramme font l'objet d'une Je mets aux voix l'amendement n° 14, accepté par le coma unication au public pendant la période définie Gouvernement. aux trois premiers alinéas, les droits patrimoniaux de (L'amendement est adopté.) l'artiste-interprète ou du producteur du phono- . M. le président. En conséquence, l'article 9 est ainsi gramme ou du vidéogramme n'expirent que cin- rédigé. quante ans après le 1" janvier de l'année civile sui-

vant cette communication au public. . » Articles 10 et 11 Cet amendement est assorti d'un sous-amendement M. le président. « Art. 10. - A l'article L. 123-7 du n° 27, présenté par MM. Ralite et Renar, et les membres code de la propriété intellectuelle, le nombre : • "cin- du groupe communiste républicain et citoyen, et tendant, quante" est remplacé par : "soixante-dix". » - (Adopté.) dans le texte proposé par l'amendement n° 16, à rempla- « Art. 11. - Le chapitre III du titre II du livre I« du cer les mots : « le phonogramme ou le vidéogramme » par code de la propriété intellectuelle est complété par un les mots : « du phonogramme ou du vidéogramme ». La parole est à M. le rapporteur pour présenter l'amen- article L. 123-12 ainsi rédigé : . « Art. L. 123-12. - Lorsque le pays d'origine de dement n° 16. l'oeuvre, au sens de l'acte de Paris de la convention de M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement précise, Berne, est un pays tiers à la Communauté européenne et conformément à la directive, qu'en cas de communication que l'auteur n'est pas un ressortissant d'un Etat membre au public d'un enregistrement, d'une interprétation, d'un de la Communauté, la durée de protection est celle accor- phonogramme ou d un vidéogramme le droit voisin n'ex- dée dans le pays d'origine de l'oeuvre sans que cette durée pire que cinquante ans après cette communication au puisse excéder celle prévue à l'article L. 123-1. » - public. (Adopté.) M. le président. La parole est à M. Renar, pour défendre le sous-amendement n° 27. Article 12 M. Ivan Renar. Il s'agit d'un simple amendement M. le président. « Art. 12. - L'article L. 211-4 du code rédactionnel, qui tend à rendre plus lisible le texte qui de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé nous est proposé pour l'article L. 211-4 du code de la « Art. L. 211-4. - La durée des droits patrimoniaux propriété intellectuelle. objet du présent titre est de cinquante années à compter M. le président. Quel est l'avis de la commission ? du let janvier de l'année civile suivant celle : • M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission est favo- « - de l'interprétation de l'oeuvre pour les artistes- rable à ce sous-amendement n° 27. Mais il convient alors interprètes, que, par coordination, la commission rectifie son amen- « - de la première fixation du phonogramme ou du dement n° 16 pour remplacer les mots : • «"font l'objet » vidéogramme pour les producteurs de phonogrammes ou par les mots : « fait l'objet ». de vidéogrammes, M. le président. Il s'agira donc de l'amendement n° 16 « - de la première communication au public des pro- rectifié. . . grammes visés à l'article L. 216-1 pour les entreprises de Quel est l'avis . du Gouvernement sur l'amendement . communication audiovisuelle. n° 16 rectifié et sur le sous-amendement n° 27 ? « Toutefois, si une fixation de l'interprétation de M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le l'oeuvre, du phonogramme ou du vidéogramme fait Gouvernement est favorable à l'amendement et au sous- l'objet d'une communication au public pendant la pé- amendement. . riode définie à l'alinéa précédent, la durée du droit est de cinquante années à compter du 1« janvier de l'année M. le président. Personne . ne demande la parole ?... civile suivant cet acte. » Je mets aux voix le sous-amendement n° 27, . accepté Par amendement n° 15, M. Laffitte, au nom dé la par , la commission et par le Gouvernement. commission, propose, dans le deuxième alinéa du texte (Le sous-amendement est adopté.) présenté par l'article 12 pour l'article L.211-4 du code M. le président. Personne ne demande la parole ?... de la propriété intellectuelle, de supprimer les mots : « de Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 16 l'oeuvre ». rectifié, accepte par le Gouvernement. La parole est à M. le rapporteur. (L'amendement est adopté.) M. Pierre Laffitte, rapporteur. C'est un simple amende- M. le président. Personne ne demande la parole ?... ment de coordination avec l'article L. 212-1 du code, qui Je mets aux voix l'article 12 modifié. précise que l'artiste-interprète n'interprète pas obligatoire- (L'article 12 est adopté.) ment des oeuvres. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Article 13 M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- M. le président. « Art. 13. - Il est inséré, dans le code rable. de la propriété intellectuelle, un article L. 211-5 ainsi

M. le président. Personne ne demande la parole ?... rédigé . Je mets aux voix l'amendement n° 15, accepté par le « Art. L. 211-5. - Sous réserve des dispositions des Gouvernement. conventions internationales auxquelles la France est par- (L'amendement est adopté.) tie, les titulaires de droits voisins qui ne sont pas ressor- SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1029

tissants d'un Etat membre de la Communauté euro- Article 14 péenne bénéficient de la durée de protection prévue dans le pays dont ils sont ressortissants, sans que cette durée M. le président. « Art. 14. - Les contrats concernant puisse excéder celle prévue à l'article L. 211-4. » - l'exploitation par satellite sur le territoire de la Commu- (Adopté.) nauté européenne d'oeuvres ou d'éléments protégés par un droit voisin, conclus avant l'entrée en vigueur de la présente loi, qui ne sont pas conformes aux dispositions TITRE III des articles L. 122-2-1 et L. 217-1 du code de la pro- DISPOSITIONS TRANSITOIRES priété intellectuelle, doivent être rendus conformes à celles-ci au plus tard le 101 janvier 2000. A défaut, les M. le président. Par amendement n° 28, le Gouverne- clauses non conformes seront réputées non écrites. » ment propose de rédiger comme suit l'intitulé de cette Par amendement n° 18, M. Laffitte, au nom de la division : commission, propose de rédiger ainsi cet article : « Dispositions diverses et transitoires. » « A compter du l u janvier 2000, seront réputées non écrites, si elles n'ont pas été mises en confor- La parole est à M. le ministre. mité avec les dispositions des articles L. 122-2-1 et

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Je L. 217-1 du code de la proporiété intellectuelle, les demande la réserve de cet amendement jusqu'après l'exa- clauses des contrats relatifs à la télédiffusion par men de l'ensemble des articles. satellite, sur le territoire de la Communauté euro- péenne, d'oeuvres ou d'éléments protégés par un M. le président. Quel est l'avis de la commission sur droit voisin, et qui auront été conclus avant la date cette demande de réserve ? d'entrée en . vigueur de la présente loi. » M. Pierre Laffitte, rapporteur. Favorable. La parole est à M. le rapporteur. M. le président. Il n'y a pas d'opposition ?... M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- La réserve est ordonnée. ment purement rédactionnel. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Article additionnel avant l'article 14 Favo- rable. M. le président. Par amendement n° 17, M. Laffitte, M. le président. Personne ne demande la parole ?... au nom de la commission, propose d'insérer, avant Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé : Gouvernement. « Lorsqu'un contrat de coproduction d'une oeuvre (L amendement est adopté.) audiovisuelle, conclu avant 1 entrée en vigueur de la M. le président. En conséquence, l'article 14 est ainsi loi n° du , entre un ou plusieurs rédigé. coproducteurs ayant un établissement en France et un ou plusieurs coproducteurs ayant un établisse- Article additionnel après l'article 14 ment dans un autre Etat, prévoit expressément un régime de répartition des droits d'exploitation par M. le président. Par amendement n° 41, M. Laffitte, zones géographiques sans distinguer le régime appli- au nom de la commission, propose d'insérer, après cable à la télédiffusion par satellite des dispositions l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé applicables aux autres moyens d'exploitation, et dans « Les dispositions des articles L. 132-20-1, L. 132- le cas où une telle télédiffusion par satellite porterait 20-2, L. 217-3 et L. 217-4 du code de la propriété atteinte à l'exclusivité, notamment linguistique, de intellectuelle sont applicables à l'autorisation de l'un des coproducteurs ou de ses ayants droit sur un retransmission simultanée, intégrale et sans change- territoire déterminé, l'autorisation par l'un des ment, par les services de diffusion multiplexée sur coproducteurs ou ses ayants droit de télédiffuser canal micro-ondes, mentionnés à l'article 3 de la loi l'oeuvre par satellite est subordonnée au consente- n° du relative aux expérimentations ment préalable du bénéficiaire de cette exclusivité, dans le domaine des technologies et services de l'in- qu'il soit coproducteur ou ayant droit. » formation, d'oeuvres ou d'éléments protégés par un La parole est à M. le rapporteur. droit voisin télédiffusés à partir d'un Etat membre de la Communauté européenne. » M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement a pour La parole est à M. le rapporteur. objet de rétablir en tête des dispositions transitoires les dispositions relatives aux coproductions internationales, M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement, qui que nous avons supprimées à l'article 3. reprend des sous-amendements de Mme Pourtaud, tend à soumettre à l'obligation de gestion collective les droits de M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? retransmission sur les réseaux micro-ondes expérimentaux M. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture. Favo- de programmes télévisés provenant d'autres Etats rable. membres. M. le président. Personne ne demande la parole ?... M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le Gouvernement. Gouvernement accepte cet amendement de la commission (L'amendement est adopté.) • pour tenir compte de l'examen du projet de loi relatif aux expérimentations dans le domaine des technologies et ser- M. le président. En conséquence, un article additionnel vices de l'information. Ainsi pourrait être mieux appréciée ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant la nécessité de faire référence aux ondes ultracourtes en l'article 14. les distinguant du câble. 1030 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

. M. le président. Je vais mettre aux voix l'amende- des droits voisins qui ont commencé à courir avant son ment n° 41. entrée en vigueur, si ces dispositions devaient entraîner Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour un raccourcissement de cette durée. explication de vote. « II. - Les dispositions du titre II de la présente loi n'ont pour effet de faire renaître des droits sur des M. le président. La parole est à Mme Pourtaud. oeuvres, prestations, fixations ou programmes qui étaient Mme Danièle Pourtaud. Je voudrais expliquer ce qui tombés dans le domaine public avant la date de son avait motivé le dépôt de nos sous-amendements, qui sont, entrée en vigueur que s'ils sont encore protégés dans au comme l'a indiqué M. le rapporteur, repris dans l'amen- moins un autre Etat membre de la Communauté euro- dement de la commission. péenne. Dans ce cas Nous avions jugé utile de déposer quatre sous-amende- « - ces droits ne peuvent être opposés à quiconque ments qui avaient en fait tous pour objet d'appliquer cer- pour les actes d'exploitation accomplis licitement avant la taines dispositions relatives à la protection des droits date d'entrée en vigueur ; d'auteur, concernant en particulier leur gestion collective, - les titulaires de ces droits ne peuvent s'opposer à aux services qui seront diffusés par ondes ultracourtes. l'exploitation d'une oeuvre, d'une interprétation, d'un Or, comme vous le savez, ces ondes sont déjà utilisées phonogramme, d'un vidéogramme ou d'un programme pour permettre de relier deux têtes de réseaux câblés entre pendant un an à compter de la date d'entrée en vigueur elles. si l'exploitation en a ét licitement engagée avant cette Surtout, comme vient de le préciser M. le ministre, ces date ; . ondes ultracourtes vont, par ailleurs, être appelées à se « - les titulaires de ces droits ne peuvent s'opposer à la développer, notamment lors de projets expérimentaux, en poursuite de l'a communication au public d'une oeuvre, utilisant les nouvelles technologies dont le MMDS. d'une prestation, d'une fixation ou d un programme créés Le texte récemment examiné par le Sénat et habilitant préalablement à l'entrée en vigueur de la présente loi à ces expérimentations, sur lesquelles j'ai émis les plus partir de l'oeuvre, de la prestation, de la fixation ou du grandes réserves, est actuellement en navette entre les programme sur lesquels les droits ont recommencé à cou- deux assemblées. rir. En cas de difficulté pour la détermination des droits Les expériences prévues aux termes de ce texte et utili- patrimoniaux, il sera fait application de l'article L. 122-9 sant des ondes ultracourtes bénéficieront de nombreuses du code de la propriété intellectuelle. Le défaut de verse- dérogations au droit commun de l'audiovisuel. Il ne me ment de la rémunération prévue par le présent alinéa est semble pas souhaitable qu'elles dérogent également aux puni de la peine d'amende prévue à l'article L. 335-4 du règles de gestion collective des droits d'auteur applicables même code. aux transmissions par câble et satellite. t III. - Pour les contrats d'édition dont la durée n'est Certes, le cadre européen dans lequel nous légiférons pas déterminée autrement que par référence à la durée aujourd'hui ne nous donne pas en principe de grandes légale de la propriété littéraire et artistique, l'auteur, lors- marges de manoeuvre pour ajouter des dispositions. Mais qu'il bénéficie d'une prolongation de la durée de protec- celle qui a trait aux micro-ondes me semble utile, logique tion prenant effet à la date d'entrée en vigueur de la pré- et allant dans le sens d'une cohérence générale de notre sente loi, accorde un droit de préférence à l'éditeur future législation. cessionnaire à cette même date. » En effet, à notre avis, mieux vaut saisir l'occasion qui Par amendement n° 19, M. Laffitte, au nom de la nous est offerte aujourd'hui, alors que nous légiférons sur commission, propose d'insérer, avant le paragraphe I de les droits d'auteur, pour soumettre à ce cadre législatif les cet article, un paragraphe ainsi rédigé : transmissions par ondes ultracourtes plutôt que d'avoir à modifier dans quelques mois ; les lois existantes en insé- « I A. - Les dispositions du titre II de la présente rant des articles appelés « cavaliers », je crois, soit dans le loi sont applicables à compter du l et juillet 1995. code de la propriété intellectuelle, soit dans la loi du 30 Toutefois, ne peuvent donner lieu à des poursuites septembre 1986 relative à la liberté de communication. pénales que les infractions à ces dispositions commises postérieurement à la date de publication Nos sous-amendements répondaient donc, comme cet de la présente loi. » amendement, à .un double souci de cohérence législative et de respect par tout service de communication audiovi- La parole est à M. le rapporteur. suelle des règles de gestion collective des droits. M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement tend à C'est la raison pour laquelle nous voterons cet amende- ajouter un nouveau paragraphe au début de l'article 15 ment. pour prévoir l'application au ler juillet 1995 des disposi- M. le président. Personne ne demande plus la tions de la loi transposant la directive sur la durée de parole ?... protection, qui devait entrer en vigueur à cette date. Je mets aux voix l'amendement n° 41, accepté par le En effet, comme nous l'avons dit tout à l'heure, cette Gouvernement. date s'imposera en cas de recours juridictionnel ou de (L'amendement est adopté.) recours en manquement de la Commission de Bruxelles contre la France. M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi . rédigé est inséré dans le projet de loi, après Surtout, le fait d'avoir une autre date d'application l'article 14. compliquerait encore les problèmes très délicats que posera l'application dans le temps de la directive.

Article 15 Il est donc indispensable de s'aligner sur la date prévue par la directive. M. le président. « Art. 15. - I. - Les dispositions du L'amendement prévoit qu'aucune poursuite pénale titre II de la présente loi ne modifient pas la détermina- rétroactive ne pourra avoir lieu, ce qui serait anti- tion du point de départ de la durée des droits d'auteur et constitutionnel. Il n'y aurait d'ailleurs pas de grands SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1031

risques à cet égard compte tenu des autres dispositions de présente loi, d'un contrat d'adaptation enregistré au l'article. Mais cette précaution est évidemment indispen- registre public de la cinématographie. En cas de dif- sable. ficulté pour la détermination des droits patrimo- M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? niaux liés à l'oeuvre adaptée ou pour le versement de la rémunération, il sera fait application des M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- rable. articles L. 122-9 et L. 335-4 du code de la propriété intellectuelle. » M. le président. Personne ne demande la parole ?... La parole est à M. Bernard. Je mets aux voix l'amendement n° 19, accepté par le Gouvernement. M. Jean Bernard. Cet amendement tend à parfaire le (L'amendement est adopté.) dispositif prévu au présent article au titre des dispositions transitoires pour éviter que l'allongement de la durée de M. le président. Par amendement n° 20, M. Laffitte, protection des droits des auteurs ne vienne compromettre au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le non seulement l'exploitation, mais encore l'adaptation des paragraphe I de l'article 15 : oeuvres. « I. - L'application des dispositions du titre II de la présente loi ne peut avoir pour effet d'abréger la Le dispositif du projet prend bien en compte le cas de durée de protection des droits d'auteur et des droits la poursuite de 1 exploitation d'une oeuvre, mais ne voisins qui ont commencé à courir avant le 1« juil- couvre pas le cas d'une oeuvre en cours d'adaptation. let 1995. » Or chacun sait que l'adaptation d'une oeuvre pour le La parole est à M. le rapporteur. cinéma demande beaucoup de temps et des tractations souvent compliquées - nous en avons un exemple en ce M. Pierre Laffitte, rapporteur. Il s'agit d'un amende- moment. ment rédactionnel, monsieur le président. Le respect pour les créateurs qui ont déjà entamé M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? l'adaptation d'une oeuvre cinématographique antérieure- M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- ment à l'entrée en vigueur de la loi commande de prévoir rable. une disposition pour protéger leur travail en respectant M. le président. Personne ne demande la parole ?... aussi les droits de l'auteur de l'oeuvre initiale adaptée Je mets aux voix l'amendement n° 20, accepté par le dont les droits, qui étaient tombés dans le domaine Gouvernement. public, sont prolongés grâce au présent projet. (L'amendement est adopté.) La référence à l'inscription sur le registre public de la cinématographie du contrat d'adaptation évite toute dis- M. le président. Par amendement n° 21, M. Laffitte, cussion ou contestation sur les dates respectives de nais- au nom de la commission, propose : sance d'un projet d'adaptation d'une oeuvre et celle de I. - Dans le premier alinéa du paragraphe II de l'entrée en vigueur de la loi. l'article 15, de remplacer les mots : « la date de son entrée en vigueur » par les mots : « le t er juillet 1995 ». Quant à l'auteur dont les droits sont prolongés, s'il ne peut interdire l'adaptation entreprise, il a droit à une II. - A la fin du deuxième alinéa et dans le troisième rémunération pour l'utilisation de son oeuvre. alinéa du même paragraphe, après les mots : « la date d'entrée en vigueur » d'insérer les mots : « de la présente M. le président. Quel est l'avis de la commission ? loi ». M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission n'a pas La parole est à M. le rapporteur. de raison d'être opposée à cet amendement, s'il s'agit M. Pierre Laffitte, rapporteur. Cet amendement a pour bien de celui qui a été rectifié pour viser les oeuvres objet, en conséquence de la fixation au 1« juillet de la audiovisuelles et non plus cinématographiques. date d'application de la directive, de retenir, comme la Je souhaite toutefois, avant de donner l'avis formel de directive, la même date pour apprécier s'il doit y avoir ou la commission, connaître l'avis du Gouvernement, qui non renaissance des droits. seul peut juger si cette mesure sera admise par les auto- En revanche, il n'est pas proposé de modifier la durée rités communautaires. Il s'agit en effet d'une extension des délais prévus pour l'application des contrats portant importante des dispositions transitoires prévues. sur l'exploitation d'oeuvres rappelées à la protection, ou M. le président. Quel est donc l'avis du Gouverne- pour l'exploitation d'oeuvres dérivées d'oeuvres rappelées à la protection, ce qui équivaut à rallonger ces délais d'un ment ? an environ. Cela ne sera sans doute pas de trop pour M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Cet résoudre les problèmes qui risquent de se poser. amendement complète heureusement les mesures transi- M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? toires pour les oeuvres littéraires en cours d'adaptation. Le Gouvernement estime que, eu égard à son intérêt, M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- l'amendement n'entraîne pas un allongement excessif de rable. la durée d'application des dispositions transitoires. M. le président. Personne ne demande la parole ?... Pour qu'il remplisse son objet, il convient, je le sou- Je mets aux voix l'amendement n° 21, accepté par le ligne, que cet amendement se référe aux oeuvres audiovi- Gouvernement. suelles et non plus aux oeuvres cinématographiques, qui (L'amendement est adopté.) étaient visées par l'amendement avec sa rectification. M. le président. Par amendement n° 40 rectifié, Le Gouvernement est donc favorable à l'amendement MM. Rufin, Bernard et Braconnier proposent de complé- n° 40 rectifié. ter le paragraphe II de l'article 15 par un alinéa ainsi Quel est maintenant l'avis de la rédigé : M. le président. commission ? « Les titulaires de ces droits ne peuvent s'opposer à la réalisation d'une oeuvre audiovisuelle qui a fait M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission y est l'objet, antérieurement à l'entrée en vigueur de la favorable. 1032 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? n 40 rectifié. M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Favo- M. Jack Ralite. Je demande la parole pour explication rable. de vote. M. le président. Personne ne demande la parole ?... M. le président. La parole est à M. Ralite. Je mets aux voix l'amendement n° 22, accepté par le M. Jack Ralite. Je suis favorable à l'amendement, mais Gouvernement. je me pose une question. (L'amendement est adopté.) Quand on écrit : « ... pour la détermination des droits M. le président. Personne ne demande la parole ?... patrimoniaux... », on vise en fait le montant de la rede- Je mets aux voix l'article 15, modifié. vance, les termes utilisés sont simplement plus agréables. (L'article 15 est adopté.) S'agissant d'un montant, l'article L. 122-9 prévoit un recours au tribunal en cas d'abus notoires. J'estime qu'il serait un peu curieux que la fixation de la redevance Articles additionnels après l'article 15 devienne le fait du tribunal. Pourtant, en Grande- M. le président. Par amendement n° 29, le. Gouverne- Bretagne, il existe un tribunal du copyright qui fixe les ment propose d'insérer, après l'article 15, un article addi- redevances. Avec cette allusion, un glissement n'est-il pas tionnel ainsi rédigé : possible ? C'est la question que je me pose. « Il est inséré, après le septième alinéa (c du 3°) de Mais cela ne m'empêche pas d'être favorable à cet l'article L. 122-5 du code de la propriété intellec- amendement. tuelle, deux alinéas additionnels ainsi rédigés : M. Pierre Laffitte, rapporteur. Je demande la parole. « d) Les reproductions intégrales ou partielles M. le président. La parole est à M. le rapporteur. d'oeuvres d'art graphiques et plastiques destinées à M. Pierre Laffitte, rapporteur. L'auteur de l'amende- figurer en format réduit dans le catalogue d'une vente aux enchères publiques effectuées en France ment serait mieux placé pour répondre, mais la commis- , sion, quant à elle, estime qu'il ne sera fait appel au tribu- par un officier public ou ministériel pour les exem- nal qu'en cas de conflit. plaires qu'il met à la disposition du public avant la . vente dans le but d'illustrer de manière scientifique M. le président. Personne ne demande plus la la description de l'objet mis en vente publique. parole ?... « Un décret en Conseil d'Etat fixe les caractéris- Je mets aux voix l'amendement n° 40 rectifié, accepté tiques des documents et les conditions de leur distri- par la commission et par le Gouvernement. bution. » (L'amendement est adopté.) Cet amendement est assorti d'un sous-amendement M. le président. Par amendement n° 22, M. Laffitte, n° 42, présenté par M. Laffitte, au nom de la commis- au nom de la commission, propose de rédiger comme sion, et tendant, dans le premier alinéa du texte proposé suit le paragraphe III de l'article 15 : par l'amendement n° 29 pour modifier l'article L. 122-5 « III. - La prorogation à compter du Pt juil- du code de la propriété intellectuelle, après les mots : « en let 1995 des droits d'exploitation faisant l'objet, à format réduit », à insérer les mots : « dans un système cette même date, d'un contrat d'édition n'emporte électronique visant à la commercialisation d'oeuvres d'art pas prorogation de ce contrat si sa durée n'est déter- ou ». minée que par référence à la durée légale de la pro- La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amen- priété littéraire et artistique. dement n° 29. Toutefois, à peine de nullité de la cession, M. Philippe Douste - Blazy, l'auteur ne peut céder à un autre éditeur les droits ministre de la culture. correspondant à cette prorogation sans en avoir au Comme j'ai eu l'occasion de le dire tout à l'heure lors de préalable proposé l'acquisition, aux mêmes condi- la discussion générale, cet amendement vise à dispenser tions, à l'éditeur cessionnaire au 1 °r juillet 1995. les officiers publics ou ministériels procédant à des ventes publiques d'oeuvres d'art graphiques et plastiques de solli- « Cette proposition est faite par écrit. Elle est citer l'autorisation de reproduire cette oeuvre lorsque le réputée avoir été refusée si l'éditeur n'a pas fait catalogue constitue l'accessoire de la vente. Il crée une connaître sa décision par écrit dans un délai de nouvelle exception au droit de reproduction de l'auteur à deux mois. » insérer dans l'énumération de l'article L. 122-5 du code La parole est à M. le rapporteur. de la propriété intellectuelle. M. Pierre Laffitte, Le paragraphe III de rapporteur. Cette disposition, qui est très _ attendue par la profes- l'article 15 prévoit que la prolongation des droits d'auteur sion des commissaires-priseurs, contribuera à soutenir le n'emporte pas prolongation des contrats d'édition conclus marché de l'art national face à la concurrence inter- pour la durée légale de la protection des droits. Autre- nationale. Cette exception supplémentaire est acceptée par ment dit, l'auteur sera libre ' de ne pas vendre, ou de la principale des sociétés d'auteurs des arts plastiques et vendre à quelqu'un qui ne soit pas éditeur - par exemple graphiques. un producteur - les droits correspondant à ces vingt ans supplémentaires. Seulement, s'il veut conclure un nou- M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour veau contrat d'édition, il sera obligé d'accorder, à condi- défendre le sous-amendement n° 42 et pour donner l'avis tions égales, la préférence à son premier éditeur. de la commission sur l'amendement n° 29. Le texte du projet de loi n'est pas très clair et, surtout, M. Pierre Laffitte, rapporteur. La commission est favo- il ne précise absolument pas ce qu'il faut entendre par la rable à l'amendement n° 29 du Gouvernement. « préférence » donnée au premier éditeur. Le sous-amendement n° 42 vise simplement à intro- Nous nous sommes donc efforcés de lui donner une duire un second élément. rédaction un peu plus claire et, surtout, de bien préciser Nous constatons en effet que beaucoup de galeries ou quelles seront les conditions dans lesquelles s'exercera le d'organisateurs de ventes d'objets d'art souhaitent toucher « droit de préférence » du premier éditeur. un public international en diffusant des catalogues numé- SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1033

risés accessibles en ligne sur les réseaux. Ces catalogues M. le président. En conséquence, un article additionnel constituent en fait une publicité pour les créateurs utili- ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après sant des réseaux du type Internet ou autres. l'article 15. Comme ils se heurtent en France à la jurisprudence Par amendement n° 30, le Gouvernement propose interdisant les reproductions intégrales, les galeries ou les d'insérer après l'article 15, un article additionnel ainsi organisateurs de ventes d'objets d'art font réaliser ces rédigé catalogues à l'étranger et cette activité à haute valeur « La présente loi est applicable aux territoires ajoutée ne peut donc pas se développer en France. Inci- d'outre-mer et à la collectivité territoriale de demment, elle échappe ainsi à tout contrôle. Mayotte. » Nous proposons donc de permettre que ces catalogues La parole est à M. le ministre. numérisés soient réalisés et diffusés en France. Les créa- teurs ne devraient pas y être opposés, puisqu'ils ont tout M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le intérêt à faire connaître leurs oeuvres au plus grand code de la propriété intellectuelle étant applicable aux ter- nombre d'acheteurs potentiels, en France et à l'étranger. ritoires d'outre-mer et à la collectivité territoriale de Mayotte, il convient que les textes le modifiant fassent M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'objet de dispositions spécifiques. le sous-amendement n° 42 ? M. le président. Quel est l'avis de la commission ? M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Le Gouvernement est sensible à la volonté de la commission M. Pierre Laffitte, rapporteur. Favorable. d'aider à la commercialisation des oeuvres d'art, mais M. le président. Personne ne demande la parole ?... considère que son amendement n° 29 permet de satisfaire Je mets aux voix l'amendement n° 30, accepté par la cette préoccupation. commission. En effet, un décret en Conseil d'Etat doit fixer les (L'amendement est adopté.) caractéristiques des documents et les conditions de leur diffusion par l'édition classique ou par l'édition électro- M. le président. En conséquence, un article additionnel nique des catalogues. Aller au-delà supposerait une ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après concertation très approfondie avec des représentants des l'article 15. auteurs. Le Gouvernement ne peut donc qu'être réservé Nous en revenons à l'amendement n° 28, qui a été pré- sur ce sous-amendement. C'est pourquoi il s'en remet à cédemment réservé. la sagesse de la Haute Assemblée. M. le président. Personne ne demande la parole ?... Intitulé du titre Ill (suite) Je mets aux voix le sous-amendement n° 42, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat. M. le président. Par amendement n° 28, le Gouverne- (Le sous-amendement est adopté.) ment propose de rédiger comme suit l'intitulé de cette division : M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 29. « Dispositions diverses et transitoires. » La parole est à M. le ministre. M. Ivan Renar. Je demande la parole contre l'amende- ment. M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Il s'agit d'un amendement de coordination avec le pré- M. le président. La parole est à M. Renar. cédent. M. Ivan Renar. Je suis étonné par cet amendement. M. le président. Quel est l'avis de la commission ? A mes yeux, le marché de l'art mériterait tout un débat et justifierait l'adoption de bien d'autres dispositions pour M. Pierre Laffitte, rapporteur. Favorable. régler tous les problèmes gigantesques qui se posent dans M. le président. Personne ne demande la parole ?... ce domaine. Je mets aux voix l'amendement n° 28, accepté par la De plus, monsieur le ministre, comme le bon.peuple, commission. je ne pense pas que la corporation des commissaires- (L'amendement est adopté.) priseurs soit sur la paille ! Je préférerais que des aides fussent allouées aux artistes vivants, dont, chacun le sait, M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre III l'oeuvre nourrit parfois la légende mais pas souvent les est ainsi rédigé. hommes eux-mêmes !

M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Je Vote sur l'ensemble demande la parole. M. le président. M. le président. La parole est M. le ministre. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Ralite, pour M. Philippe Douste - Blazy, ministre de la culture. Je explication de vote. voudrais simplement dire à M. Renar que cet amende- ment ne vise pas la rémunération des commissaires- M. Jack Ralite. Je ne voterai pas contre ce texte. J'au- priseurs. rais même aimé voter pour. Mais l'heure me paraît venue de donner un petit signal parce qu'il est clair que, notam- Je préfère, pour ma part, que les ventes se fassent en ment dans les débats de l'OMPI, avance le France plutôt qu'à l'étranger, et j'espère que M. Renar copyright. partage ce souci ! Ainsi, il est significatif de voir le directeur du départe- ment des affaires juridiques de l'UER - Union euro- M. le président. Personne ne demande plus la péenne de radiodiffusion, qui regroupe les télévisions parole ?... publiques européennes - M. Walter Rumphorst, écrire : Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 29, « Les Européens devraient sérieusement songer à adopter accepté par la commission. le système américain sur le droit d'auteur, où le produc- (L'amendement est adopté.) teur détient automatiquement, sauf stipulation contrac- 1034 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

tuelle expresse contraire, les droits complets illimités sur M. Adrien Gouteyron, président de la commission des sa production, y compris les droits d'une utilisation ulté- affaires culturelles. Je voudrais adresser à mon tour des rieure encore inconnue au moment où la production a remerciements et des félicitations au rapporteur, qui a été réalisée. » réalisé, avec beaucoup de compétence, un travail extrême- Il existe deux solutions, ajoute-t-il, dont « le résultat ment minutieux, difficile et souvent ingrat. reste finalement identique : que le producteur soit appelé Ce texte est en fait avant tout une affirmation de la auteur - loi britannique - ou que la loi suppose que tous conception française du droit d'auteur et de la propriété les droits des auteurs et autres contributeurs à la produc- intellectuelle. tion soient automatiquement cédés au producteur, à Certes, une directive est toujours un compromis, mais toutes fins et sans limitation dans le temps », c'est-à-dire on peut dire que, dans ce compromis, les traditions juri- la législation américaine. diques françaises ont pesé lourd. C'est ainsi que nous C'est dire à quel point était justifiée l'anxiété dont avons pu aboutir à un texte globalement satisfaisant, on mon propos était empreint tout à l'heure. ne peut le nier. Voilà pourquoi je voterai ce projet de loi. D'ailleurs, certains Américains se posent eux-mêmes Pour autant, je ne méconnais aucunement les diffi- des questions. cultés tenant à l'environnement dans lequel il s'inscrit ni Un auteur explique l'évolution américaine par le fait les inquiétudes que cet environnement peut susciter. que « les sociétés de communication ont réussi à Vous ne les méconnaissez pas non plus, monsieur le convaincre les gouvernements que les critères d'intérêt ministre, et j'ai beaucoup apprécié que, tout à l'heure, public avaient de moins en moins de sens politique faisant référence au vote du Parlement européen, vous puisque les innovations technologiques permettent au ayez affirmé votre intention de défendre auprès du marché de répondre à ces objectifs ». Conseil, au nom du gouvernement français, les positions Et je pourrais multiplier les citations montrant qu'il y qui ont été conquises. a là quelque chose d'assez préoccupant. Monsieur Ralite, tout en comprenant vos craintes, je Certes, cela ne concerne pas directement le texte que voudrais que le vote que nous allons émettre. soit un nous examinons, mais il s'agit bien de ce qui l'environne signe d'encouragement et de confiance adressé au Gou- et qui exerce une pression forte, voire inouïe. vernement. Une sorte de goutte-à-goutte est ainsi en train de se Le débat a montré que, sur un sujet difficile, les posi- distiller. Si l'on ne met pas en garde contre les gouttes, tions de bon sens des uns et des autres pouvaient souvent un jour on se retrouvera noyé ! Tel est le sens que je se rencontrer. Je crois que nous avons fait du bon travail donne à notre abstention. Il s'agit d'une abstention et que nous avons finalement bien servi la cause des combative et constructive. Je tiens à dire qu'elle ne vise auteurs français. ni la commission ni le ministre de la culture. Elle résulte M. le président. La parole est à M. Laffitte. simplement de notre lecture du processus qui est actuelle- ment engagé. M. Pierre Laffitte. Je voudrais non seulement indiquer Il faut bien, à un moment, dire : « Attention ! » En que les sénateurs du Rassemblement démocratique et fait, il s'agit d'un vote d'alerte, d'une sorte de tocsin. I social européen apporteront leur soutien à ce texte mais aussi vous assurer, monsieur le ministre, que l'ensemble Voilà pourquoi, en ayant tant voulu voter pour ce des membres de notre assemblée, y compris ceux qui texte, je m'abstiendrai. s'abstiendront, sont totalement derrière vous pour M. le président. La parole est à M. Habert. défendre la position française dans ce domaine tout à fait M. Jacques Habert. Monsieur le président, monsieur le capital de la création et de la propriété intellectuelle « à la ministre, mes chers collègues, nous ne partageons pas les française ». appréhensions de M. Ralite. Certes, c'est évident, cette conception est aujourd'hui Évidemment, il s'agit d'un sujet extrêmement délicat, menacée, je crois l'avoir montré dans mon propos limi- d'un abord d'autant plus difficile qu'il a une portée mon- naire, lorsque je suis intervenu en tant que rapporteur. diale. Mais j'ai également indiqué que la conception américaine A l'issue de l'examen de ce projet de loi, je veux rendre du copyright commençait elle-même à être menacée par le hommage au travail de la commission des affaires cultu- recours aux droits moraux des créateurs américains. relles, à son président, M. Gouteyron, et surtout à son Nous devons montrer que les politiques et les créateurs rapporteur, M. Laffitte, qui nous a guidés dans ce dédale. sont à l'unisson dans ce combat, auquel les éditeurs ont Les nombreux amendements qu'il a présentés permettent tout intérêt à prendre part. d'aboutir à un texte qu'il convient de voter, ne serait-ce En effet, ce qui va se développer au cours des décen- que parce qu'il revêt à nos yeux un caractère véritable- nies à venir devra tenir compte de plus en plus compte ment exemplaire : c'est la première fois qu'on légifère sur des besoins de l'homme. une telle dimension. Notre démarche est, en l'occurrence, à certains égards, quelque peu expérimentale. M. le président. La parole est à Mme Pourtaud. Nous sommes tous attachés au droit d'auteur. Pour Mme Danièle Pourtaud. A la fin de mon intervention tous les intellectuels de France et d'ailleurs, ce droit liminaire, j'avais annoncé que notre vote était condi- essentiel doit être défendu. tionné par les réponses de M. le ministre et le débat sur Je remercie également le Gouvernement d'avoir pré- les amendements. senté ce texte, dont M. Toubon avait pris l'initiative mais Si ce dernier nous a donné satisfaction, je dois vous que, monsieur le ministre, vous avez repris et défendu avouer, monsieur le ministre, que je n'ai pas été totale- tout à fait brillamment. ment convaincue par votre réponse sur la limitation du Nous vous exprimons notre gratitude et c'est bien nombre des bénéficiaires de droits voisins. Il me semble volontiers que la majorité de la Haute Assemblée votera que les auteurs de l'adaptation ne sont effectivement plus le projet de loi tel qu'il ressort des travaux du Sénat. protégés en l'état actuel du texte. M. le président. La parole est à M. le président de la Néanmoins, nous voterons ce projet de loi. commission. M. le président. La parole est à M. Bordas. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1035

M. James Bordas. Les sénateurs du groupe des Répu- 9 blicains et Indépendants mesurent toute l'importance du travail qu'a réalisé aujourd'hui le Sénat et ils voteront ce projet de loi. DÉPÔT D'UNE QUESTION ORALE AVEC DÉBAT PORTANT SUR DES SUJETS EUROPÉENS M. le président. Personne ne demande plus la parole ?... M. le président. J'informe le Sénat que j'ai été saisi de Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi. la question orale avec débat portant sur des sujets euro- (Le projet de loi est adopté.). péens suivante : M. Paul Masson appelle l'attention de M. le ministre délégué aux affaires européennes sur le réexamen des dis- positions du titre VI du traité sur l'Union européenné auquel va procéder la conférence intergouvernementale qui ouvrira ses travaux à Turin le 29 mars prochain. Il lui demande de faire connaître au Sénat la position que le Gouvernement entend défendre à ce sujet et si cette position est compatible avec les dispositions de la Constitution telles qu'elles résultent des révisions du COMMUNICATION DE L'ADOPTION DÉFINITIVE 25 juin 1992 et du 25 novembre 1993. DE PROPOSITIONS D'ACTE COMMUNAUTAIRE Il observe à cet égard qu'une reprise des accords de Schengen dans les futures dispositions du titre VI du M. le président. M. le président du Sénat a reçu de traité permettrait d'exercer une des coopérations renfor- M. le Premier ministre une communication, en date du cées souhaitées par le Gouvernement sans devoir à nou- 28 février 1996, l'informant que veau modifier la Constitution. (N° QE5.) Conformément aux articles 79, 80 et 83 Idu règle- - la proposition d'acte communautaire E 134 « propo- bis ment, cette question orale avec débat portant sur des sition modifiée de directive du Conseil concernant la pro- sujets européens a été communiquée au Gouvernement et tection juridique des bases de données » a été adoptée la fixation de la date de la discussion aura lieu ultérieure- définitivement par les instances communautaires par déci- ment. sion du Conseil du 27 février 1996 ; - la proposition d'acte communautaire E 521 « propo- sition de règlement CE du Conseil modifiant le règle- 10 ment CE n° 992/95 du Conseil portant ouverture et mode de gestion de contingents tarifaires communautaires pour certains produits agricoles et de la pêche, originaires DÉPÔT DE PROPOSITIONS D'ACTE de Norvège, et portant ouverture et mode de gestion COMMUNAUTAIRE d'un contingent tarifaire communautaire pour des che- vaux vivants originaires de l'Islande » a été adoptée défini- M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre la tivement par les instances communautaires par décision proposition d'acte communautaire suivante, soumise au du Conseil du 22 décembre 1995. Sénat par le Gouvernement, en application de M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier l'article 88-4 de la Constitution : ministre une communication, en date du Pr mars 1996, - proposition de treizième directive du Parlement l'informant que : européen et du Conseil en matière de droit des sociétés - la proposition d'acte communautaire E 549 « propo- concernant les offres publiques d'acquisition. sition de décision du Conseil relative à la conclusion d ar- Cette propostion d'acte communautaire sera imprimée rangements concernant l'accès au marché des produits sous le numéro E-598 et distribuée. textiles entre la Communauté européenne et la J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition République de l'Inde et entre la Communauté euro- d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le péenne et la République Islamique du Pakistan » ; Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la - la proposition d'acte communautaire E 561 « propo- Constitution : sition de règlement CE du Conseil modifiant le règle- - proposition de décisions du Conseil relatives à la ment CEE n° 1602/92 portant dérogation temporaire à signature et à l'approbation, au nom de la Communauté l'application des mesures antidumping communautaires européenne, de la convention européenne concernant des lors de l'importation aux îles Canaries de certains pro- questions de droit d'auteur et de droits voisins dans le duits sensibles » ; cadre de la radiodiffusion transfrontière par satellite. la proposition d'acte communautaire E 562 « pro- Cette propostion d'acte communautaire sera imprimée position de décision du Conseil relative à la conclusion sous le numéro E-599 et distribuée. de l'accord euro-méditerranéen établissant une association J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition entre les Communautés européennes et leurs Etats d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le membres, d'une part, et le royaume du Maroc, d'autre Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la part » ; Constitution : - et la proposition d'acte communautaire E 563 « pro- - proposition de règlement CE du Conseil modifiant position de règlement CE du Conseil modifiant le règle- le règlement CE n° 3448/93 du Conseil déterminant le ment (CEE) n° 2658/87 du Conseil relatif à la nomencla- régime d'échange applicable à certaines marchandises ture tarifaire et statistique et au tarif douanier commun » résultant de la transformation de produits agricoles. ont été adoptées définitivement par les instances commu- Cette propostion d'acte *communautaire sera imprimée nautaires par décision du Conseil du 27 février 1996. sous le numéro E-600 et distribuée. 1036 SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996

1 1 n° 1981/94 du Conseil portant ouverture et mode de ges- tion de contingents tarifaires communautaires pour cer- DÉPÔTS RATTACHÉS POUR ORDRE AU tains produits originaires d'Algérie, de Chypre, d'Egypte, PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU d'Israël, de Jordanie, de Malte, du Maroc, des territoires 22 FÉVRIER 1996 occupés, de Tunisie et de Turquie et le règlement CE n° 934/95 du Conseil portant établissement de plafonds DÉPÔT DE PROPOSITIONS DE LOI tarifaires et d'une surveillance statistique communautaire M. le président. M. le président du Sénat a reçu le dans le cadre de quantités de référence pour un certain 23 février 1996 de M. le président de l'Assemblée natio- nombre de produits originaires de Chypre, d'Egypte, de nale une proposition de loi, adoptée avec modifications Jordanie, d'Israël, de Tunisie, de Syrie, de Malte, du par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, tendant à Maroc et des territoires occupés. (Version révisée E-581.) élargir les pouvoirs d'information du Parlement et à créer Cette proposition d'acte communautaire a été impri- un office parlementaire d'évaluation des politiques mée sous le numéro E-590 et distribuée. publiques. M. le président du Sénat a reçu le 23 février 1996 de Cette proposition de loi a été imprimée sous le M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- numéro 247, distribuée et renvoyée à la commission des taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en lois constitutionnelles, de législation, du suffrage univer- application de l'article 88-4 de la Constitution : sel, du règlement et d'administration générale. - proposition de décision du Parlement européen et M. le président du Sénat a reçu le 23 février 1996 de du Conseil portant deuxième adaptation de la déci- M. le président de l'Assemblée nationale une proposition sion 1110-94-CE (telle qu'adaptée par la décision de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, tendant à préci- XXX-96-CE) relative au quatrième programme cadre ser la portée de l'incompatibilité entre la situation de can- pour des actions de recherche, de développement tech- didat et la fonction de membre d'une association de nologique et de démonstration (1994-1998). Proposition financement électoral ou de mandataire financier. de décision du Conseil portant deuxième adaptation de la Cette proposition de loi a été imprimée sous le décision 94-268 Euratom (telle qu'adaptée par la déci- numéro' 248, distribuée et renvoyée à la commission des sion 96-XX-Euratom) relative au programme cadre pour lois constitutionnelles, de législation, du suffrage univer- les actions de recherche et d'enseignement pour la sel, du règlement et d'administration générale, sous Communauté européenne de l'énergie atomique (1994- réserve de la constitution éventuelle d'une commission 1998). spéciale dans les conditions prévues par le règlement. Cette proposition d'acte communautaire a été impri- M. le président du Sénat a reçu le 23 février 1996 de mée sous le numéro E-591 et distribuée. M. le président de l'Assemblée nationale une proposition M. le président du Sénat a reçu le 27 février 1996 de de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, modifiant la loi M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en sociales et médico-sociales et tendant à assurer une prise application de l'article 88-4 de la Constitution : en charge adaptée de l'autisme. - projet de proposition de directive du Conseil Cette proposition de loi a été imprimée sous le concernant l'accord-cadre sur le congé parental conclu numéro 249, distribuée et renvoyée à la commission des par l'UNICE, le CEEP et la CES. affaires sociales, sous réserve de la constitution éventuelle Cette proposition d'acte communautaire a été impri- d'une commission spéciale dans les conditions prévues mée sous le numéro E-592 et distribuée. par le règlement. M. le président du Sénat a reçu le 27 février 1996 de M. le président du Sénat a reçu le 23 février 1996 de M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- M. le président de l'Assemblée nationale une proposition taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, relative à la application de l'article 88-4 de la Constitution : responsabilité pénale pour des faits d'imprudence ou de - projet de décision du Conseil approuvant la conclu- négligence. sion par la Commission d'un échange de notes entre la Cette proposition de loi a été • imprimée sous le Communauté européenne de l'énergie atomique (Eura- numéro 250, distribuée et renvoyée à la commission des tom) et le gouvernement des Etats-Unis d'Amérique lois constitutionnelles, de législation, du suffrage univer- concernant les transferts de composants nucléaires. sel, du règlement et d'administration générale. Cette proposition d'acte communautaire a été impri- M. le président du Sénat a reçu le 29 février 1996 de mée sous le numéro E-593 et distribuée. M. Daniel Hoeffel une proposition de loi tendant à appliquer aux conseils de districts les dispositions de M. le président du Sénat a reçu le 28 février 1996 de l'article L. 5215-18 du code général des collectivités terri- M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- toriales. taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution : Cette proposition de loi a été imprimée sous le numéro 251, distribuée et renvoyée à la commission des - proposition de décision du Conseil portant révision lois constitutionnelles, de législation, du suffrage univer- à mi-parcours de la décision 91/482/CEE du 25 juillet sel, du règlement et d'administration générale, sous 1991 du Conseil, relative à l'association des pays et terri- réserve de la constitution éventuelle d'une commission toires d'outre-mer à la Communauté européenne. spéciale dans - les conditions prévues par le règlement. Cette proposition d'acte communautaire a été impri- mée sous le numéro E-594 et distribuée. DÉPÔT DE PROPOSITIONS D'ACTE COMMUNAUTAIRE M. le président du Sénat a reçu le 28 février 1996 de M. le président du Sénat a reçu le 23 février 1996 de M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement en taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution : application de l'article 88-4 de la Constitution : - proposition' de directive du Conseil modifiant la - proposition de règlement du Conseil modifiant pour directive 77/388/CEE relative au système commun de certains produits originaires d'Israël le règlement CE taxe sur la valeur ajoutée (niveau du taux normal). SÉNAT - SÉANCE DU 5 MARS 1996 1037

Cette proposition d'acte communautaire a été impri- 3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, por- mée sous le numéro E-595 et distribuée. tant dispositions diverses relatives aux territoires d'outre- M. le président du Sénat a reçu le l e` mars 1996 de mer et aux collectivités territoriales de Mayotte et de M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- Saint-Pierre-et-Miquelon (n° 104, 1995-1996) : taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement en - délai limite pour le dépôt des amendements : lundi application de l'article 88-4 de la Constitution : 11 mars 1996, à dix-sept heures. - proposition de décision du Conseil autorisant la 4° Projet de loi de modernisation des activités finan- République fédérale d'Allemagne à conclure un accord cières (n° 157, 1995-1996) : avec la République de Pologne contenant des dispositions - délai limite pour le dépôt des amendements : mardi dérogatoires aux articles 2 et 3 de la sixième directive 12 mars 1996, à dix-sept heures. 77/388/CEE du 17 mai 1977 du Conseil, en matière 5° Débat consécutif à la déclaration du Gouvernement d'harmonisation des législations des Etats membres sur la préparation et les perspectives de la conférence relatives aux taxes sur le chiffre d'affaires. intergouvernementale : Cette proposition d'acte communautaire a été impri- - délai limite pour les inscriptions de parole dans le mée sous le numéro E-596 et distribuée. débat : mercredi 13 mars 1996, à dix-sept heures. M. le président du Sénat a reçu le 1" mars 1996 de Personne ne demande la parole ?... M. le Premier ministre la proposition d'acte communau- La séance est levée. taire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en (La séance est levée à dix-huit heures cinquante-cinq.) application de l'article 88-4 de la Constitution : - proposition de décision du Conseil en vue de l'adhé- Le Directeur sion de la Communauté européenne à l'accord révisé du service du compte rendu intégral, de 1958 concernant l'adoption de conditions uniformes DOMINIQUE PLANCHON d'homologation et la reconnaissance réciproque de l'homologation des équipements et pièces de véhicules à moteur. Cette proposition d'acte communautaire a été impri- ORDRE DU JOUR mée sous le numéro E-597 et distribuée. DES PROCHAINES SÉANCES DU SÉNAT Établi par le Sénat dans sa séance du mardi 5 mars 1996 d la suite des conclusions de la conférence des présidents Mercredi 6 mars 1996, à quinze heures : 12 Ordre du jour prioritaire Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant réforme du financement de l'apprentissage (n° 206, 1995-1996). ORDRE DU JOUR (La conférence des présidents a fixé : - au mardi 5 mars 1996, à dix-sept heures, le délai limite pour M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la le dépôt des amendements à ce projet de loi ; prochaine séance publique, précédemment fixée au mer- - à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, credi 6 mars 1996, à quinze heures : . dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou Discussion du projet de loi (n° 206, 1995-1996), ne figurant sur la liste d'aucun groupe. adopté par l'Assemblée nationale, portant réforme du L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions financement de l'apprentissage. de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept Rapport (n° 246, 1995-1996) de M. Jean Madelain, heures, le mardi 5 mars 1996) fait au nom de la commission des affaires sociales. Aucune inscription de parole dans la discussion géné- Jeudi 7 mars 1996, à neuf heures trente et à quinze heures : rale n'est plus recevable. Ordre du jour prioritaire Aucun amendement n'est plus recevable. Suite du projet de loi portant réforme du financement de l'apprentissage.

Délai limite pour les inscriptions de parole Mardi 12 mars 1996, à neuf heures trente, à seize heures et le et pour le dépôt d'amendements soir : Ordre du jour établi en application de l'article 48, 1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée natio- troisième alinéa, de la Constitution nale, améliorant le financement des associations concou- rant à l'action humanitaire en vue de leur permettre de 1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, amé- liorant le financement des associations concourant à l'action participer plus efficacement à la lutte contre l'exclusion humanitaire en vue de leur permettre de participer plus efficace- (n° 179, 1995-1996) : ment à la lutte contre l'exclusion (n° 179, 1995-1996). - délai limite pour les inscriptions de parole : lundi (La conférence des présidents a fixé au lundi 11 mars 1996, à 11 mars 1996, à dix-sept heures. dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à 2° Proposition de loi tendant à actualiser la loi locale cette proposition de loi.) de chasse régissant les départements du Bas-Rhin, du 2° Proposition de loi de MM. Haenel, Eckenspieller, Lorrain, Haut-Rhin et de la Moselle (n° 144, 1995-1996) : Hoeffel, Richert, Ostermann et Grignon tendant à actualiser la loi locale de chasse régissant les départements du Bas-Rhin, du - délai limite pour les inscriptions de parole : lundi Haut-Rhin et de la Moselle (n° 144, 1995-1996). 11 mars 1996, à dix-sept heures ; (La conférence des présidents a fixé : - délai limite pour le dépôt des amendements : lundi - au lundi 11 mars 1996, à dix-sept heures, le délai limite pour 11 mars 1996, à dix-sept heures. le dépôt des amendements à cette proposition de loi ; 1038 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996

- d deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans - no 304 de M. Jean-Luc Mélenchon à M. le ministre de la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la figurant sur la liste d'aucun groupe. recherche (Délocalisation du laboratoire pour l'utilisation L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au du rayonnement électromagnétique d'Orsay [Essonne]) ; sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions - n° 305 de M. Philippe de Gaulle à M. le ministre du tra- de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept vail et des affaires sociales (Conditions d'attribution de heures, le lundi 11 mars 1996) l'allocation pour jeune enfant) ; Ordre du jour prioritaire - n° 306 de M. Paul Loridant à M. le ministre de la défense (Rapprochement entre la société Aérospatiale-Cannes et la 3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant société allemande DASA) ; dispositions diverses relatives aux territoires d'outre-mer et aux - n° 307 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de la collectivités territoriales de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Mique- défense (Projet de transfert de la société Melco de Limours lon (n° 104, 1995-1996). [Essonne]) ; (La conférence des présidents a fixé au lundi 11 mars 1996, d - n° 308 de M. Bernard Dussaut à M. le ministre de l'équi- dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce pement, du logement, des transports et du tourisme projet de loi.) (Sécurité des motards et prévention des accidents) ; - n° 309 de M. Charles Descours à M. le ministre de l'inté- Mercredi 13 mars 1996, à quinze heures et le soir : rieur (Réglementation concernant la vente d'une licence de Ordre du jour prioritaire taxi) ; - n° 310 de M. Marcel Charmant à M. le ministre délégué à Projet de loi de modernisation des activités financières (n° 157, la poste, aux télécommunications et à l'espace (Insuffisance 1995-1996). de la couverture du département de la Nièvre par les (La conférence des présidents a fixé au mardi 12 mars 1996, à réseaux de téléphone mobile numérique) ; dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce - n° 311 de M. Jacques Bimbenet à M. le ministre du travail projet de loi.) et des affaires sociales (Lutte contre le travail clandestin et maîtrise de l'immigration) ; Jeudi 14 mars 1996 : - n° 312 de Mme Hélène Luc à M. le ministre de l'éducation A neuf heures trente : nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche Ordre du jour prioritaire (Emploi des maîtres auxiliaires) ; - n° 313 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de 1° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la lecture du projet de loi portant diverses dispositions relatives aux recherche (Violences au collège Paul-Eluard . de Vigneux- concours de l'Etat aux collectivités territoriales et aux méca- sur-Seine [Essonne]) ; nismes de solidarité financière entre collectivités territoriales. - n° 314 de M. Alfred Foy à M. le ministre de l'éducation 2° Suite du projet de loi de modernisation des activités finan- nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche cières. (Illettrisme). A quinze heures : 3° Questions d'actualité au Gouvernement. A seize heures : (L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au ser- vice de la séance, avant onze heures.) Ordre du jour prioritaire 4° Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, sur la 2° Eventuellement, suite du projet de loi de modernisation préparation et les perspectives de la conférence intergouverne- des activités financières. mentale. 3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, ten- (La conférence des présidents a fixé à : dant à préciser la portée de l'incompatibilité entre la situation de - dix minutes les temps réservés au président de la commission candidat et la fonction de membre d'une association de finance- des affaires étrangères et au président de la délégation pour ment électorale ou de mandataire financier (n° 248, 1995-1996). l'Union européenne ; (La conférence des présidents a fixé : - quinze minutes le temps attribué à chaque groupe ; - au lundi 18 mars 1995, à dix-sept heures, k délai limite pour - cinq minutes le temps attribué à la réunion administrative des le dépôt des amendements à cette proposition de loi ; sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe. - à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions figurant sur la liste d'aucun groupe. de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au heures, le mercredi 13 mars 1996) sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions Mardi 19 mars 1996: de parole devront être faites au service de la séance, avant dx-sept heures, le lundi 18 mars 1996) A dix heures : • 1° Seize questions orales sans débat : Mercredi 20 mars 1996: - n° 284 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de la A onze heures trente, à quinze heures et le soir défense (Conséquences de la réduction des crédits de la défense pour le département de la Gironde) ; Ordre du jour prioritaire - n° 290 de M. Christian Demuynck à M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme Sous réserve de sa transmission, projet de loi portant diverses (Projet de rendre constructibles des terrains situés en zone dispositions d'ordre économique et financier (urgence déclarée) inondable à Neuilly-sur-Marne) ; (A.N., n° 2548) - n° 293 de M. Bernard Barraux à M. le ministre du travail (La conférence des présidents a fixé au mardi 19 mars 1996, à et des affaires sociales (Assouplissement des règles de non- dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce cumul de l'allocation parentale d'éducation et de certains projet de loi.) « avantages-invalidité ») ; Jeudi 21 mars 1996 - n° 294 de M. Bernard Barraux à M. le ministre du travail A neuf heures trente, à quinze heures et, éventuellement, et des affaires sociales (Ressources prises en compte pour le soir : l'attribution de l'allocation de parent isolé) ; - n° 301 de M. Jean-Paul Amoudry à M. le ministre de Ordre du jour prioritaire l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation (Difficultés de mise en oeuvre du programme de maîtrise des pollutions 1° Suite du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre des élevages en Haute-Savoie) ; économique et financier. SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 1039

2° Eventuellement, deuxième lecture de la proposition de loi Projet de transfert de la société Melco de Limours (Essonne) visant à étendre aux collectivités locales et à leurs groupements l'accès aux prêts distribués à partir des fonds déposés sur les 307. - 26 février 1996. - M. Jean-Jacques Robert attire comptes pour le développement industriel afin d'accompagner le l'attention de M. le ministre de la défense sur le projet de trans- développement ou l'implantation des petites et moyennes entre- fert de la société Melco située à Limours en Essonne sur Liévin prises et à créer une obligation d'information sur l'utilisation de (Pas-de-Calais). Dans son courrier du 4 janvier dernier, il lui indi- ces fonds. quait qu'aucune décision n'était encore prise à ce sujet. Il s'avère (La conférence des présidents a fixé au mercredi 20 mars 1996, à cependant qu'un plan social a été engagé, concernant le reclasse- dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements d ment du personnel et que les dirigeants de cette société, en rela- cette proposition de loi.) tion avec les ingénieurs de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) se penchent déjà sur le transfert du matériel. Ces opérations se font dans la précipitation et sans consultation, alors COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGIS- même qu'une solution paraît possible pour maintenir sur Limours LATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET cette société performante, un repreneur sérieux s'étant manifesté. D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE C'est pouquoi il lui demande quelles mesures il compte mettre en M. Christian Bonnet a été nommé rapporteur de la proposi- oeuvre pour permettre, avant toute décision définitive de transfert, tion de loi n° 229 (1995-1996) de M. Michel Mercier tendant à un arbitrage ministériel afin d'entendre les représentants du per- sonnel qui ont déclenché un droit d'alerte sur la situation de cette préciser la portée de l'incompatibilité définie à l'article L. 52-5, entreprise, leader français de la protection balistique en matériaux 1°" alinéa, du code électoral. composites et d'envisager toutes les conséquences d'un éventuel M. Christian Bonnet a été nommé rapporteur de la proposi- regroupement avec la société Brunet-Sicap sur Liévin, pour la tion de loi n° 248 (1995-1996) adoptée par l'Assemblée natio- société Melco, qui, transplantée dans une autre région, risque de nale tendant à préciser la portée de l'incompatibilité entre la disparaître complètement, pour l'emploi - le plan social ne pré- situation du candidat et la fonction de membre d'une associa- voyant que quinze transferts sur trente-sept salariés -, pour la tion de financement électorale ou de mandataire financier. commune, qui perd une partie importante de ses ressources.

Sécurité des motards et prévention des accidents

308. - 26 février 1996. - M. Bernard Dussaut appelle l'atten- QUESTIONS ORALES tion de M. le ministre de l'équipement, du logement, des trans- ports et du tourisme sur les problèmes de sécurité des motards et REMISES A LA PRÉSIDENCE DU SENAT de prévention des accidents. Il y a tout juste une année, au mois (Application des articles 76 à 78 du règlement) de mars 1995, a eu lieu à La Villette le premier forum de la moto qui a réuni des journalistes, des importateurs et des associations d'usagers. Ce forum a permis de montrer, si cela était nécessaire, Rapprochement entre la société Aérospatiale-Cannes que les motards sont des gens impliqués, responsables face aux et la société allemande Dasa dangers de la route. Un certain nombre de propositions ont été élaborées. Elles sont autant de mesures concrètes à prendre rapide- 306. - 23 février 1996. - M. Paul Loridant souhaiterait obte- ment pour stopper l'inadmissible danger de mort que représentent nir de M. le ministre de la défense quelques éléments d'informa- les équipements de certaines de nos routes. Il lui demande s'il tion supplémentaires susceptibles d'éclairer la représentation natio- entend rapidement prendre les quelques dispositions indispensables nale sur le rapprochement entre le site basé à Cannes de la société à la sécurité des usagers deux-roues. nationale Aérospatiale et la société allemande Dasa, tel qu'il s'est formalisé à la suite de la rencontre du Président de la République Réglementation concernant la vente d'une licence de taxi et du chancelier allemand à Baden-Baden, le 7 décembre 1995. En effet, les 1 100 personnels de Aérospatiale-Cannes et de ses sous- 309. - 27 février 1996. - M. Charles Descours attire l'atten- traitants sont particulièrement inquiets de ce rapprochement tion de M. le ministre de l'intérieur sur la situation de nombreux concrétisé par la constitution d'une holding répartie à cinquante/ chauffeurs de taxi qui souhaitent vendre leur licence. Pour cela, ils cinquante entre Aérospatiale et Dasa ESI, c'est le nom de la hol- disposent d'un délai d'un an pour le faire, à partir du moment de ding, qui aura son siège à Munich et dont le PDG sera allemand. la cessation de leur activité. Un problème se pose à cause des aléas Le retour des dividendes se fera à cinquante-trois/quarante-sept en de la réglementation en la matière. En effet, la loi n° 95-66 du faveur de Dasa. Aérospatiale-Cannes est spécialisée dans le 20 janvier 1995 vise à établir une nouvelle réglementation pour la domaine spatial. Ce sont des satellites de télécommunication, des profession de taxi. Mais les décrets et arrêtés relatifs à cette loi ne satellites scientifiques et d'observation, des satellites militaires et sont pas sortis respectivement avant le 17 août 1995 et le des cases d'équipement de missiles stratégiques et de systèmes de 7 décembre 1995. Aussi, les chauffeurs de taxi qui ont souhaité leurrage. Sur le plan industriel, Aérospatiale-Cannes occupe une vendre leur licence lors de l'année 1995 se retrouvent dans une position de leadership au niveau des constructeurs européens. Des situation délicate puisque leur dossier a été instruit dans une pé- maîtrises d'oeuvre importantes lui ont été confiées. L'établissement riode où l'ancienne loi n'avait plus lieu d'être et où la nouvelle loi possède une maîtrise incontestable dans les domaines tech- n'était pas encore appliquée dans les faits, compte tenu que les nologiques avancés à travers les produits qu'il réalise. Sur le plan décrets et arrêtés n'étaient pas encore parus. Les chauffeurs de taxi de la défense nationale, on note, d'une part, le rôle essentiel des qui se retrouvent dans cette situation souhaiteraient savoir s'il satellites dans le système du renseignement et, d'autre part, la existe des mesures dérogatoires leur permettant d'obtenir la possi- synergie et la complémentarité importante entre satellites et mis- bilité de vendre leur licence sous l'ancienne réglementation, siles démontrée lors de la guerre du Golfe. Dans ces conditions, sachant qu'aujourd'hui leur délai d'un an pour se séparer de leur s'agissant d'un secteur hautement stratégique pour la France tant licence est déjà grandement consommé. Il lui demande donc de du point de vue industriel que militaire, il l'interroge sur la légiti- bien vouloir l'éclairer sur ce problème rencontré aujourd'hui par mité et l'opportunité d'un tel rapprochement sans que l'avis de la cette profession. représentation nationale ait été sollicitée de telle manière que le pouvoir politique soit, à tout moment, en mesure de contrôler que Insuffisance de la couverture du département de la Nièvre des outils relevant de l'indépendance nationale n'en viennent pas à par les réseaux de téléphone mobile numérique être éparpillés, à plus long terme, entre les mains de futurs action- naires parfaitement étrangers à une conception régalienne de la 310. - 29 février 1996. - M. Marcel Charmant attire l'atten- défense française ou européenne ? Il l'interroge en outre sur le tion de M. le ministre délégué à la poste, aux télécommunica- contenu des échanges de Baden-Baden afin de mieux comprendre tions et à l'espace sur l'insuffisance de la couverture du départe- les raisons qui ont pu pousser le Président de la République fran- ment de la Nièvre par les réseaux de téléphone, mobile numérique çaise, héritier de la tradition gaullienne en matière d'indépendance norme GSM, réseau Itineris de France Télécom notamment. Le nationale, à donner son aval à une opération qui s'apparente grand débat national sur l'aménagement du territoire a permis de objectivement à une démission du pouvoir politique dans un révéler l'importance croissance que jouent les nouveaux moyens de domaine aussi sensible que la défense de certains de nos intérêts communication dans les perspectives de développement des zones les plus vitaux ? fragiles et l'atout supplémentaire qu'ils constituent en matière d'at- 1040 SÉNAT — SÉANCE DU 5 MARS 1996 • tractivité pour une région. A l'heure actuelle, dans la Nièvre, le Violences au collège Paul-Eluard de Vigneux-sur-Seine (Essonne) réseau Itineris ne dessert que les zones situées en limite ouest du département le long de la RN 7 et la région de Château-Chinon. 313. - 4 mars 1996. - M. Jean-Jacques Robert attire l'atten- On nous annonce pour fin 1996 l'installation d'un émetteur à tion de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseigne- Clamecy qui permettra de couvrir l'extrême nord-est de la Nièvre. ment supérieur et de la recherche sur l'inquiétude de l'équipe Néanmoins, une très large majorité du département ne dispose à éducative du collège Paul-Eluard de Vigneux-sur-Seine (Essonne), l'heure actuelle d'aucune couverture par un réseau de téléphone face aux violences répétées se déroulant dans l'établissement et au mobile : le secteur rural pour lequel le développement des moyens climat d'insécurité croissante qui nécessitent des mesures urgentes : de communication est souvent vital, la couronne de l'aggloméra- situation de tension, absence quasi totale de communication, jets tion de Nevers et le bassin industriel d'Imphy-Decize-La Machine, de pierre, dégradations de matériels, « tags » menaçant de mort le classés en zone de revitalisation industrielle (objectif 2) par la principal et son adjoint et hospitalisation d'un professeur brutalisé. Communauté européenne. Dans ces derniers cas, il est bien C'est pourquoi il lui demande d'envisager au plus vite : le retour évident que l'impossibilité d'accès au réseau Itineris constitue un du collèe en zone d'éducation prioritaire pour la rentrée 1996- handicap majeur pour le développement de cette région indus- 1997 ; 1 attribution d'un deuxième poste de conseiller principal trielle et pour l'attractivité de cette zone qui comprend pourtant d'éducation ; le renforcement de la surveillance des entrées du col- des entreprises industrielles importantes : Imphy SA, Kléber lège contre les intrusions étrangères, l'encadrement des jeunes par Colombes et de nombreuses PME-PMI. Il lui demande qu'un l'accroissement du nombre de surveillants, mais aussi pour une effort complémentaire d'équipement puisse être fait pour améliorer meilleure prévention par l'affectation d'une assistante sociale sur le la couverture du département de la Nièvre par le réseau Itineris et collège, en relation avec des éducateurs ; et enfin, d'associer l'éta- que l'installation d un émetteur dans la région d'Imphy-Decize blissement, les services de police et de justice et la municipalité à puisse être réalisée rapidement. des actions de coopération.

Lutte contre k travail clandestin et maîtrise de l'immigration Illettrisme

311. - 29 février 1996. - M. Jacques Bimbenet attire l'atten- 314. - 4 mars 1996. - M. Alfred Foy attire l'attention de M. le tion de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur fait que l'existence de véritables zones de non-droit dans lesquelles et de la recherche sur la gravité du problème de l'illettrisme en des employeurs sans scrupules embauchent et exploitent des étran- France. On peut estimer qu'au total 21,8 p. 100 des adultes ren- gers en situation irrégulière rend inefficace toute politique de lutte contrent des problèmes de lecture ou d'écriture. Certes, l'éducation contre l'immigration clandestine. Si les lois de 1993 relatives à la nationale a obtenu des résultats en constante amélioration depuis maîtrise de l'immigration ont certainement mis un frein à la pré- dix ans, mais il n'en demeure pas moins que de nouvelles mesures sence de clandestins sur notre territoire, ces textes ne sauraient à devront être prises pour mieux identifier les élèves en difficulté, eux seuls constituer un « remède miracle ». C'est aux causes de ce comme par exemple des tests d'expression. Mais que faire pour phénomène et non à ses victimes qu'il convient de s'attaquer. ceux qui sont désormais sortis du système scolaire ? Derrière cette Ainsi la lutte contre le travail clandestin constitue la pierre angu- question s'en profile une autre : quelles sont les catégories de per- laire de la lutte contre l'immigration clandestine et c'est la raison sonnes les plus touchées ? Même si autrefois les analphabètes pour laquelle il souhaite connaître les moyens dont dispose le étaient bien plus nombreux, il n'en reste pas moins qu'ils étaient ministère du travail à cet effet. Il désire également que lui soient infiniment mieux intégrés à la société. Aujourd'hui, force est de transmises les données chiffrées relevées par la mission de lutte constater qu'illettrisme rime avec exclusion : la dévalorisation de contre le travail clandestin qui s'est créée au sein de ce ministère. l'illettrisme est de toute façon contenue dans le postulat que la maîtrise de l'écrit est la condition nécessaire à l'épanouissement personnel et à l'intégration sociale. C'est donc un élément d'aggra- Emploi des maîtres auxiliaires vation et de pérennisation de la détresse sociale et professionnelle il est quasiment impossible maintenant de trouver un emploi lors- 312. - 1" mars 1996. - Mme Hélène Luc tient à attirer qu'on maîtrise mal l'expression écrite et orale, ou la lecture. A cet l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de égard, les chiffres sont éloquents : 36 p. 100 de ceux qui touchent l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation des le revenu minimum d'insertion sont des illettrés profonds. Le enseignants non titulaires relevant de son ministère. Des mises au Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme (GPLI) s'est efforcé chômage massives de maîtres auxiliaires ayant souvent rempli cette d'intervenir, mais il manque peut-être d'une véritable stratégie ; or, fonction pendant plusieurs années sont effectuées à chaque rentrée il est nécessaire d'utiliser des instruments adaptés aux adultes et de avec des conséquences souvent dramatiques pour les intéressés. Dès former ceux qui enseignent aux illettrés. De plus, cette structure maintenant, des décisions sont à prendre à la mesure de l'étendue •est rattachée au ministère du travail et des affaires sociales, alors et de la gravité du problème, sinon des milliers d'autres maîtres que plusieurs ministères sont concernés par le problème de l'illet- auxiliaires seront privés d'emploi à la rentrée prochaine. Cette trisme : la justice, la défense, l'aménagement du territoire, la ville perspective est inacceptable tant sur le plan humain que sur celui et l'intégration, le travail et les affaires sociales, l'éducation natio- des besoins importants à satisfaire en postes d'enseignants pour nale. Dans ces conditions, ne serait-il pas envisageable de rempla- notre système éducatif. C'est pourquoi elle lui demande de bien cer le GPLI par une délégation interministérielle plus étendue vouloir prendre l'engagement du réemploi de l'ensemble des qu'elle ne l'est actuellement qui prendrait en charge ce problème ? maîtres auxiliaires en poste ou en attente de poste, ce que permet- Le Président de la République avait fait de la fracture sociale le trait la transformation immédiate d'une partie des 800 000 heures thème majeur de sa campagne ; l'illettrisme en est une des illustra- supplémentaires en emplois et de créer, dans le même temps, les tions les plus marquantes. C'est pourquoi il souhaiterait connaître conditions adaptées de leur accès à la titularisation. ses intentions sur cette question.