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LA LETTRE DE L’AFMA BULLETIN D’INFORMATION DE L’ASSOCIATION FONDS MÉMOIRE D’AUSCHWITZ

Voyage de l'AFMA à Brzeszcze-Jawischowitz en Pologne - Octobre 2009 par Isabelle Choko adame la Maire de Brzeszcze, Teresa habitants de la région, et qui ont porté MJankowska, nous a invités Charles secours aux prisonniers d'Auschwitz et des Baron, Jacques Celiset et moi-même dans le camps annexes. Cette édition est présentée cadre du lancement d'un vaste projet actuellement au Musée d'Auschwitz- « L'itinéraire de la mémoire ». Birkenau. La ville de Brzeszcze a d'ailleurs En effet, l'AFMA a participé à ce programme reçu une distinction polonaise officielle pour grâce aux droits accordés à la ville pour la l'aide apportée aux prisonniers durant la 2ème traduction en polonais de notre livre guerre mondiale. « Jawischowitz-annexe d'Auschwitz ». Ce Pendant notre séjour sur place, nous avons fut un des voyages le plus émouvant auquel fait des témoignages auprès d'un large audi- j'ai participé après la guerre. La sollicitude toire de jeunes, ensuite auprès des habitants, constante de Mme la Maire de Brzeszcze, de ainsi que devant les invités de la ville. Nous ses adjoints, nos témoignages croisés avec avons eu la chance de rencontrer sur place ceux de quelques survivants du camp de encore quelques survivants et les enfants de Jawischowitz et de leurs familles ont rendu ceux qui ont disparu. Tous nous ont confirmé ces journées inoubliables. que leurs actes n'étaient nullement héroïques, « L'itinéraire de la Mémoire » comporte tout secourir son prochain est une chose naturelle. un ensemble de visites, film, édition du livre, Pourtant, en Pologne, celui ou celle qui témoignages, etc. Grâce à ce voyage nous aidaient les résistants, les Juifs ou les La délégation de l’AFMA devant le monument de avons pu nous rendre compte sur place du Jawischowitz. De droite à gauche : Isabelle Tziganes, étaient condamnés à mort ainsi que programme qui sera proposé aux visiteurs. Choko, Jacques Celiset, Charles Baron, Jacek leurs familles. Lachendro historien, Mme Teresa Jankowska Lors du trajet, nous avons pris le temps de Maire de Brzeszcze. Nous avons promis aux habitants de nous recueillir et d’observer une minute de Brzeszcze de raconter leur histoire, celle silence devant la plaque placée à côté du A chaque nouvelle histoire que j'apprends, je qu’ils ont vécu durant la guerre de 1939- monument inauguré en 1983 à la Mémoire crois que c'est la pire, mais comme nous 1945. Ils sont tous conscients de la mauvaise des victimes du camp de Jawischowitz. disait pour terminer, le responsable SS du image des catholiques polonais à l’étranger Cérémonie durant laquelle Henri Moraud, commando de Celle, « vous allez au camp de concernant l'antisémitisme, très désireux à la ancien prisonnier et Secrétaire général de Bergen-Belsen et vous regretterez celui de changer dans le future. l’Amicale d’Auschwitz à l'époque, a pro- Celle ». Je dois confirmer aujourd'hui qu'il Nous ne demandons pas mieux que de les noncé le discours d'inauguration. avait raison, il y a toujours eu pire. aider en rapportant fidèlement les paroles Je ne connaissais pas l'histoire des camps de Mais le camp de Jawischowitz avait une par- empreintes d'humanité et de fraternité pro- Jawischowitz, où les déportés et les prison- ticularité, de nombreux habitants de la com- noncées par Mme la Maire de Brzeszcze – niers travaillaient essentiellement dans la mune aidaient les prisonniers et les déportés. Jawischowitz et par ses habitants. mine, ni de celui de Buda destiné aux fem- Une résistance organisée et active y était ins- Je joins un poème écrit par Krystyna Blamek, mes où furent enfermées également 90 tallée, ce qui a permis l'évasion de quelques fille de Ludwig Papli qui travaillait au fond Françaises juives, vivant dans des conditions prisonniers, même d'Auschwitz. Plus de 300 de la mine avec les déportés. Il illustre parfai- abominables, et qui toutes ont été noms figurent sur la liste des « Hommes de tement l'enfer vécu par ces hommes et l'esprit massacrées. bonne volonté » dans le livre consacré aux de fraternité qui y régnait.

2010 - Année du 65ème anniversaire de la libération des camps

SOMMAIRE L'AFMA présente • Édito ...... p. 2 • Voyage de mémoire AFMA ...... p. 4 à 8 à ses adhérents et à leurs familles • Jawischowitz podoboz Auschwitz...... p. 3 • Auschwitz libéré ...... p. 9 ses meilleurs voeux pour 2010

Novembre-décembre La Lettre de l’AFMA bulletin trimestriel de l’Association Fonds Mémoire d’Auschwitz – Loi 1901 – No 243476 o 17, rue Geoffroy l’Asnier – 75004 PARIS – Tél. et fax : 01.48.32.07.42 – C.C.P. : 1769182 E PARIS N 64 2009 Directeur de la publication : J. Celiset – Commission paritaire no 1212A06296 – Imprimerie SIPÉ, 91350 GRIGNY 3€ AFMA 64 12 p 14/12/09 12:11 Page 2

ÉDITORIAL Lettre d’invitation à la délégation de l’AFMA (traduction) uand paraîtra ce n°64, nous serons à un mois de la commé- moration de la Journée internationale de la Shoah et 65ème Respectables Mesdames, messieurs, Q anniversaire de la libération d’Auschwitz. La déclaration Je vous remercie cordialement pour votre participa- instituant une journée de la mémoire de l’holocauste et de préven- tion au projet « The Route of Remembrance » Itinéraire de la Mémoire. Grâce à votre autorisation tion des crimes contre l’humanité fut adoptée à l’unanimité en octo- de traduire le livre « Jawischowitz, annexe bre 2002 par les Ministres européens. La date du 27 janvier anniver- d’Auschwitz » de français en polonais, la commu- saire de la libération d’Auschwitz en 1945 fut retenue par la , nauté locale pourra approfondir les connaissances sur confirmée comme Journée internationale par un vote de Nations l’histoire des drames provoqués par l’occupant nazi Unies. qui se sont déroulés sur le territoire de notre com- En effet, c’est à cette date qu’une unité de l’armée rouge pénètre mune lors de la seconde guerre mondiale. En même temps, il nous sera possible de montrer dans le camp où sont enfermés quelques 3 000 déportés juifs, mala- qu’à l’époque, de nombreux habitants de notre muni- des, grabataires ou souffrant de grande faiblesse et d’autres qui ont cipalité en risquant leurs vies, ont aidé les internés pu se cacher dans les baraques, parmi eux, Primo Levi atteint de d’Auschwitz et des annexes se trouvant sur le terri- scarlatine. toire de notre commune, Budy et Jawischowitz. Quelques jours plus tôt, la majorité environ 60 000 déportés auront Le projet de « Itinéraire de la Mémoire » porte un été « évacués ». Ce furent « les marches de la mort ». Par des tem- message important. C’est nous, les hommes qui fai- sons notre choix entre le bien et le mal, cela dépend pératures de -20°, exténués, affamés, nombreux seront ceux abattus de nous. Dans quel monde voulons-nous vivre ? par les SS. De tous les camps, c’est le repli vers des camps situés en Enfin le fondement du bonheur, c’est la liberté et le Allemagne. fondement de la liberté, c’est le courage. (1) Très peu survivront. D’après l’historien Daniel Blatman dans les La Maire de Brzeszcze derniers mois de la seconde guerre mondiale, alors qu’étaient éva- Teresa Jankowska cués les camps nazis, entre 250 000 et 300 000 déténus ont perdu la vie sur les 700 000 qui y étaient encore internés en janvier 1945. Poème de Krystyna Blamek Avec la libération des camps, Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, de Brzeszcze – Jawischowitz Buchenwald, Dachau, Ravensbrück, Sachenhausen et d’autres en Pologne découverts comme ceux de Treblinka, Maïdanek, Chelmno, Belzec, traduit par Isabelle Choko Sobibor, le monde entier va découvrir l’horreur des crimes nazis. Le Les amis procès des dignitaires nazis à Nuremberg démontrera l’étendue des Unis par une peine meurtrière sous la terre crimes. Si des hauts responsables furent condamnés, les complices Le jeune travailleur Ludwig et Moïse le professeur exécutants à tous les niveaux réussirent très nombreux à échapper extirpaient le charbon du mur aux châtiments comme le Dr Mengelé en charge des « expériences Ludwig dans un misérable vêtement en coton médicales » à Auschwitz ou bénéficiaires de remise de peine. Moïse dans un habit rayé, doublé de vent Ils travaillaient à genou dans l'eau 65 ans se sont écoulé, Auschwitz – Birkenau est le symbole du pressés par la cravache du kapo de Jawischowitz crime contre l’humanité : Plus de 1,2 millions d’hommes, de fem- Ensuite, en cachette, ils mangeaient une miche de mes et d’enfants furent assassinés à Auschwitz dont 90% de juifs, pain noir les autres, des tziganes, des polonais, des russes, des patriotes de Que la mère de Ludwig lui a donné pays européens. Symbole aussi du génocide des juifs, la Shoah, dans Les mains non habituées se paralysaient lequel près de 6 millions d’entre eux ont été assassinés. Les jambes aux engelures s'engourdissaient sous ème les pantalons 2010, l‘année de commémoration du 65 anniversaire de la Moïse rentrait pieds nus dans les rangs libération des camps et de la capitulation des armées nazies le 8 Avec un chant désespéré sur les lèvres mai 1945, sera l’occasion d’événements consacrés à la seconde Ludwig rentrait également à pieds guerre mondiale. Il ne chantait pas Des manifestations seront organisées. L’AFMA vous invite à y par- Un jour Moïse n'est pas venu au travail ticiper. Vous montrerez ainsi votre fidélité au souvenir de ceux qui Mais d'autres sont venus Encore d'autres ne sont pas revenus et votre détermination pour que le manteau de Le jeune ouvrier Ludwig est rentré chez sa mère l’oubli ne les recouvre jamais. Moïse s'est dissipé Jacques Celiset Dans les nuages noirs de Birkenau (1) Sources : Les marches de la mort, la dernière étape du génocide Poème consacré à la mémoire de mon père, Ludwig nazi, été 1944-printemps 1945 par Daniel Blatman. Chez Fayard. Papli, qui durant l'occupation était travailleur de force Et aussi dans Histoire@Politique du centre d’histoire de Sciences Po. dans la mine en compagnie des prisonniers des N° sept-déc 2009. Jawischowitz, annexe d'Auschwitz..

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JAWISCHOWITZ podoboz Auschwitz

n 1985 l’ex-détenu 126.194 derrière les barbelés je ne me souviens comportant 32 pages au lieu de 15, et dédicaçait le livre Jawischowitz pas de paroles d’entraide ou d’un geste environ 60 reproductions photographi- E annexe d’Auschwitz à l’ex- de solidarité de leur part. Encore moins ques absentes de la version française. détenu A. 17594 « pour ne pas oublier et de l’aide des Ukrainiens et des Russes La présentation officielle fut également ne pas laisser oublier ». embrigadés dans l’Ost-Einsatz, le STO un gros succès : dans le théâtre comble En la finissante année 2009, nous déplo- que les Allemands avaient mis sur pied lors des deux rendez-vous que nous rons que le quart de siècle qui se termine pour eux ! Bien au contraire : ils se avons eus avec les habitants de la région nous oblige à continuer la lutte contre le réjouissaient bruyamment lorsqu’un pri- visiblement désireux d’accueillir des passé et ceux dont le vœu est qu’il soit sonnier juif recevait l’annonce qu’une rescapés d’Auschwitz venus de l’étran- oublié. Arrivé en Silésie en septembre sanction l’attendait à son retour au ger. Isabelle Choko nous servit d’inter- 1942, le nom de Jawischowitz ne m’a camp, et n’hésitaient pas, lorsqu’ils en prète. Avec humour par instants si j’en été connu qu’après la fin de la guerre et avaient la possibilité, de provoquer juge par les sourires de l’assistance. les détails de la survie après la lecture de contre nous la colère de nos gardiens. A J’eus aussi à répondre (en français, natu- ce livre à plusieurs voix, conçu par cette rancune s’ajoutait, pour nous les rellement, mais Isabelle…). Mes efforts Henri Moraud qui fut secrétaire général jeunes, ce que nos familles nous racon- pour répondre en incorporant quelques de l’AFMA, et rempli de détails qui, sur taient de leur vie au shtetl avant leur exil rares phrases en polonais. Bien entendu, le moment, me laissèrent étonné, parce – plus ou moins volontaire – de la terre pas celles que j’ai apprises le plus rapi- que j’apprenais par exemple le “ confort ” natale, de leurs contacts pas toujours dement au début de ma captivité mais des baraques qui firent l’étonnement des amicaux avec les familles des voisins de qu’on ne doit vraiment pas prononcer en arrivants et purent leur laisser, un très table à l’école du village ou entre ceux séance publique !!! Succès de rire assuré court instant, croire que c’était “ le bon qui partageaient les salles de l’école (même si ça n’était pas volontaire de camp ! ” Douches en quantité, lits indi- religieuse catholique et celles du Heder ma part). viduels, nourriture plus abondante de l’enseignement religieux hébraïque. J’ai rencontré un nombre relativement qu’ailleurs, soupes épaisses, supplé- Quatre-vingts années ont passé sans que important de survivants des années ments de nourriture et pain en quantité je trouve motif à modifier ce que me d’occupation allemande dont des Justes suffisante ! Ce qui montrait, visible- suggéraient tous ces récits du temps qui ont tout risqué pour aider et aussi ment, que ce camp attendait d’autres passé. sauver des prisonniers d’Auschwitz, des historiens qui, dans diverses parutions, “ invités ” que des Juifs ! Effectivement, Et puis il y a quelques mois est arrivée ont décrit différents aspects du drame ils étaient préparés pour des travailleurs une lettre de la commune de Brzeszeze que nous subissions. J’ai répondu à leurs italiens qui devaient extraire le charbon dont dépendent Jawischowitz, Budy... questions, ils ont complété mon savoir. dont le sous-sol était largement pourvu. et une partie du complexe industriel L’hospitalité de ceux qui nous avaient Quand les Juifs arrivèrent, tous les avan- Herman Göring. Mme la maire de la invités fut un moment agréable de mon tages dont bénéficiaient les occupants ville, Teresa Jankowska nous faisait (de notre !) séjour et m’adoucit les rap- disparurent sauf les douches dont l’exis- savoir qu’au nom de sa communauté pels permanents à des souvenirs qu’on tence était une protection contre les administrative, le livre Jawischowitz, aurait aimé oublier et qui furent aussi maladies que la dénutrition et le manque annexe d’Auschwitz paru en 1985, est nos compagnons permanents. d’hygiène apportaient avec eux. Et cette réédité en polonais et qu’ils aimeraient De retour en France, j’ai longuement crainte d’une épidémie était ce que les que des membres du bureau de notre réfléchi à ce que j’avais vu, entendu, gardiens redoutaient le plus. association soient présents à la mise en ressenti et aussi conclu de ce peu de Les déportés avaient, en général, la vente des premiers exemplaires et à la jours dans le passé : beaucoup ont même origine : la France. Gens de sen- présentation à la presse. sibilité de gauche, ils s’entendirent fort changé, certainement, et je ne suis pas bien avec les travailleurs polonais non- Une délégation de l’AFMA composée sûr que je verrai les habitants au-delà de prisonniers en une opposition commune d’Isabelle Choko, ancienne du ghetto la frontière Oder/Neisse avec les mêmes aux cadres déportés acquis aux nazis. de Lodz, Charles Baron, ancien des sentiments. J’espère que nos hôtes Henri Moraud rappelle un certain nom- camps d’Auschwitz et Dachau, co-pré- auront désormais des façons de nous bre de faits qui soulignent, à mon avis, sidents et Jacques Celiset, enfant caché, voir différentes de celles de leurs que les Polonais aux côtés desquels ils secrétaire général, nous représentaient parents. participaient à l’extraction du charbon, donc lors de différentes cérémonies Ce sont des vœux profonds de part et se montraient plus humains avec nous organisées par la ville de Brzeszcze. d’autre ; à nous de les réaliser, à nos que leurs compatriotes que nous La version polonaise du livre est un peu enfants de les compléter. Oui, vraiment, côtoyions sur nos lieux de travail, je ne différente de l’original en langue fran- ce fut un bon et beau voyage. pouvais répondre qu’avec des mots tein- çaise : l’imposant volume (464 pages) tés d’amertume ; de tout le temps passé est passé à 552 pages avec des annexes Charles Baron

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Voyage de mémoire en Pologne par Jacques Celiset

l’invitation de la ville de commandos extérieurs à Auschwitz- Brzeszcze et de sa Maire Mme Birkenau. Cet ouvrage n’est donc pas A Teresa Jankowska, une déléga- l’œuvre d’historiens mais destiné aux tion de l’Association Fonds Mémoire historiens qui recherchent des témoigna- d’Auschwitz ( AFMA ) s’est rendue en ges authentiques. Pologne du 29 septembre au 1er octobre 2009. Composée de Mme Isabelle Décrivant avec force détails le camp Choko, M. Charles Baron coprésidents et depuis sa création, son organisation M. Jacques Celiset secrétaire général, la interne, la vie quotidienne, les problè- délégation était invitée entre autres manifes- mes de santé, la place du camp dans l’ef- tations pour la présentation au public fort de guerre allemand, les effectifs, de la version traduite en polonais les nationalités des déportés : Français, d’un livre « Jawischowitz, annexe Belges, Hollandais, Italiens, Hongrois, d’Auschwitz », récit de 45 témoignages Polonais venant des ghettos de Lodz et d’anciens déportés juifs et de 8 mineurs de Cracovie et des mineurs profession- polonais, publié à compte d’auteurs en 1985. nels polonais Il décrit aussi le comporte- ment des gardiens, citant des noms, Cette présentation du livre, destiné aux n’épargnant pas les quelques-uns des bibliothèques et établissements scolaires déportés qui collaborèrent avec les nazis. faisait partie d’un ensemble plus vaste L’affiche annonçant le projet Trasa Pamieci, de faits locaux relatifs à l’occupation Concernant la vie des déportés, avec Itinéraire de la Mémoire. allemande pendant la période 1939- un travail pour lequel ils n’étaient pas 1945, qui sont autant de repères pour la préparés, exténuant en trois équipes de minima puis exterminer par le travail mémoire et qui sont partie intégrante du 8 heures, une sous alimentation chroni- ceux qui n’avaient pas été systématique- projet Trasa Pamieci, itinéraire de la que, la durée moyenne de survie était de ment gazés à leur arrivée à Auschwitz. mémoire, initié par la ville de Brzeszcze 3 à 6 mois. En plus du travail, les Le rendement charbonnier par déporté et sa Maire Mme Teresa Jankowska. coups étaient le lot commun journalier, oscillait entre 38 et 31 tonnes mensuelle- le moindre manquement était puni, on ment. En cas de mauvais rendement, la Le livre « Jawischowitz, annexe évalue le nombre de décès à plus de bastonnade était courante. d’Auschwitz » 2 000 sur un effectif permanent de 3 000 Concernant le livre, relatant les destins avec une moyenne journalière de 2 à 3. Concernant la Résistance à l’intérieur individuels de ces déportés juifs qui ce qui n’excluait pas ceux qu’on ren- du camp, elle fut le fait d’anciens des n’étaient pas préparés à affronter l’exploi- voyait à Auschwitz pour être gazés. Brigades internationales, communistes tation forcenée du travail dans la mine de allemands livrés aux nazis par le régime Jawischowitz, qu’apporte-t-il de plus que Le but des nazis était de maintenir une collaborationniste de Pétain, et de com- tous les livres publiés sur la Shoah ? valeur productive avec une ration a munistes français notamment.

Ce livre est unique car il regroupe sous un même titre plus de 50 témoignages. Chaque témoignage est unique concer- nant les conditions d’arrestation et d’ex- ploitation au camp. Ainsi, 40 ans après leur libération, comme le souligne la préface, ce livre contribua à la révélation au monde de ce que fut l’abomination des camps alors que certains tentent de nier tout ou partie de cette réalité pour atténuer la responsabilité de ceux qui en furent les instigateurs et les exécutants. Nombre de ceux-là connurent une vieil- lesse tranquille et pensionnée après la guerre ! Enfin, un exemple retentissant nous fut fourni récemment par une per- sonnalité de l’Église qui nia l’existence des chambres à gaz.

La vie dans le camp de Jawischowitz a semblé aux témoins, représentative de ce qui était l’horreur quotidienne des Couverture du livre Jawischowitz. Couverture de la version polonaise.

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Les tentatives d’évasion, creusement D’autres appartiennent à cette catégorie d’un tunnel échouèrent malheureuse- de militants de la mémoire que ment. Hasard de ce camp, la plupart des j’ai connus personnellement : Henri déportés étaient des gens déjà engagés Hersztenzang, Henri Krasucki, Maurice politiquement avant leur arrestation et Liwartowski, Henri Moraud, Samuel leur internement, ce qui explique une Radzinski et Roger Trugnan. Ce dernier grande proximité entre eux. est toujours en vie.

Au travers de ces témoignages, on En dépit de l’asservissement voulu découvre les gestes de solidarité entre par les nazis, il fallait pour les déportés les déportés et aussi les gestes de solida- rester des hommes, ne pas être ravalés au rité accomplis par les mineurs polonais stade de bête où voulaient les amener les vis-à-vis des déportés que ce soit dans la nazis .Si le camp était sous l’administra- remise de nourriture, tranches de pain, tion des SS, des détenus de droit com- saucisson enveloppés dans des journaux mun étaient utilisés et se firent les com- et ainsi porteur de nouvelles. plices dans le traitement féroce infligé Si le mineur polonais était pris, sa famille aux SS. La communication des nouvel- serait déportée comme les juifs. C’est au les par les mineurs polonais concernant péril de leur vie que cette solidarité les défaites subies par les nazis et l’es- s’exerça. Je veux citer le mineur polonais Le monument de Jawischowitz inauguré poir d’une prochaine libération étaient Francizek Jozefowicz aujourd’hui décédé en 1983 en présence de Henri Moraud. essentielles pour le moral. qui aida Henri Moraud et d’autres déportés. objectifs, veillerait à la pérennité des Le camp ouvert le 15 août 1942 fonc- lieux, Auschwitz étant pris comme le tionna jusqu’à son évacuation le18 jan- De cette solidarité au camp, des liens symbole du crime contre l’humanité, vier 1945 où près de 1900 déportés ont d’amitié se sont noués entre la famille perpétuerait le souvenir des victimes et rejoint la marche de la mort tandis Moraud et la famille Jozefowicz. combattrait le négationnisme sous toutes qu’une centaine restaient au camp. 500 ses formes. arrivèrent à Buchenwald. Après 1945 elles se reçurent l’une et l’autre soit en Pologne soit en France C’est ainsi qu’est née notre association Un monument érigé à Jawischowitz pendant plusieurs décennies. C’est ce l’AFMA, de la volonté de 11 associa- fut inauguré par les autorités polonaises même Jozefowicz qui s’occupa de tions ou amicales de déportés et des 2 le 1er septembre 1983 sur l’emplacement recueillir le témoignage des mineurs grandes fédérations nationales françaises. du camp. Henri Moraud était présent et polonais. Aujourd’hui décédé, il a une prononça un discours. fille et un fils et des petits enfants habi- Mais dès 1981, Henri Moraud entrepris tant à Bielsko-Biala et ils sont toujours un travail de recueil des témoignages Le projet Trasa pamieci en contact avec la veuve de Henri sur l’univers concentrationnaire que fut Mais la ville de Brzeszcze et sa Maire Moraud. le sinistre camp de Jawischowitz où il ont voulu aller plus loin. Bénéficiant du fut exploité comme mineur à partir de soutien de la Commission européenne Qui était Henri Moraud juin 1943. Ce travail de recensement de elles ont jeté les bases d’un projet inti- Je viens d’évoquer le nom de Henri témoignages se poursuivit jusqu’en tulé : Trasa pamieci (Itinéraire de la Moraud. Qui était Henri Moraud ? De 1984. Il en assura la conformité et la mémoire), véritable patrimoine mémo- son vrai nom Moschkovitch son témoi- coordination en venant sur place à riel de ce district qui comptait deux gnage figure dans le livre. Responsable Auschwitz. Aidé par son épouse sous camps d’Auschwitz, Budy et de l’Amicale d’Auschwitz, il était Jeannette Moraud qui lui succéda à la Jawischowitz. convaincu qu’un jour il n’y aurait plus présidence de l’AFMA après son décès. de témoins et voulait créer une structure En 1985, les témoignages de 45 anciens Budy comme une fondation qui, entre autres déportés juifs et de 8 mineurs polonais Budy était à l’origine plutôt une ferme furent publiés soit 40 ans avec du bétail et des détenus hommes. après leur libération Des bâtiments occupés par des femmes alors que ces déportés la plupart des juives venues de France avaient l’âge de la consignées dans une compagnie discipli- retraite. naire et exploitées 12 à 14 heures par jour à nettoyer les étangs. Sous prétexte Aujourd’hui 24 ans de réprimer une soit disante révolte, 90 après la publication, la d’entre elles furent massacrées par des plupart des témoins sont prisonnières allemandes de droit com- décédés. Parmi eux, mun. Une plaque apposée sur un des bâti- certains m’étaient fami- ments existant rappelle cet horrible crime. liers depuis que j’ai

Plaque apposée devant la nursery où en 1942 furent bestialement commencé à militer à Jawischowitz assassinées 90 femmes dont un grand nombre de Françaises juives l’Amicale d’Auschwitz Jawischowitz, le camp attenant à la mine par des détenues allemandes avec la complicité des gardiens SS. en 1954. de charbon appartenait au Reichswerke

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à Jawischowitz ou celui annexe d’Auschwitz par M. Jaroslaw inachevé de la centrale Meusfelt. électrique d’Andreas. - les témoignages de Isabelle Choko, - à recueillir des témoi- Charles Baron et Jacques Celiset invités gnages d’habitants de de l’AFMA. Brzeszcze mentionnant - la présentation et la projection du film les gestes de solidarité documentaire « Interrupted lesson » ( La envers les déportés, les leçon interrompue ) de Pawel Sawicki actions de la résistance qui montre la participation des témoins polonaise comme le polonais, adolescents à l’époque aux groupe du parti socialiste actes de résistance et qui ont aidé sous polonais de Brzeszcze et différentes formes des déportés juifs Dans le petit musée, une partie d’un fragment d’une baraque provenant de Jawischowitz. à publier une liste inache- exploités dans la mine de Jawischowitz. vée de 314 noms dont - deux rencontres-débats avec des Herman Göring et fut ouvert le 15 août 200 de Brzeszcze et 55 de Jawischowitz lycéens et des habitants de Brzeszcze. 1942 par un groupe de 150 juifs français qui ont par des actes aidé les déportés - à nous rendre sur les différents sites et venant d’Auschwitz. Au cours de l’an- juifs. emplacements, repères de ce que furent née 1944, le camp comptait environ 2 - à entretenir le souvenir de héros les deux sous camps, Budy et 500 déportés principalement des juifs de assassinés par les nazis pour leur Jawischowitz. Nous avons ainsi pu nous toute l’Europe. Jawischowitz était parmi participation à la résistance polonaise recueillir devant chaque site.Visites très les plus grands sous camps d’Auschwitz comme Jan Nosal, Konstanty Jagliello, instructives mais aussi pleines d’émotions : qui en comptait une quarantaine. Logés Julian Dusik et Helena Plotnicka. - Budy, ouvert en 1943 comme camp dans des baraques pour 50 personnes, ils - à publier l’ouvrage étaient en 1944 jusqu’à 200 à 250. Jawischowitz, annexe Aujourd’hui, la mine est toujours en d’Auschwitz fonctionnement. - à publier l’étude en polonais et en anglais sur Le travail mémoriel « le district de Brzeszcze Sous la gouvernance de la Maire Mme sous l’occupation alle- Teresa Jankowska, il a consisté : mande 1939-1945 » par un habitant de Brzeszcze - à valoriser les sites aujourd’hui dispa- et aussi historien Jacek rus pour la plupart par l’apposition de Lachendro . plaques commémoratives dédiées aux victimes comme une stèle dans le cime- Le proramme de notre tière communal où furent inhumés des séjour Le site du camp aujourd’hui où l’on a conservé le lampadaire. déportés abattus par les SS lors de l’éva- Accueillis par la Maire cuation du camp d’Auschwitz, appelé la Mme Teresa Jankowska et ses collabora- disciplinaire comprendra environ de 450 marche de la mort. teurs, un programme nous fut proposé à 600 déportées. - à entretenir les différents monuments auquel nous avons été conviés : - A Budy, la nurserie pour enfants érigés à la mémoire des victimes comme - un spectacle poétique et une projection aujourd’hui, qui fut le bâtiment où furent celui dédié aux habitants tués ou assassi- en plein air de vues des événements de détenues des femmes, juives françaises nés durant la période 1939-1945 ainsi 1939 suite à l’invasion allemande intitulé pour la plupart, relevant d’un régime dis- qu’à deux familles juives les Borszteins « le chemin pour conquérir la liberté ». ciplinaire et qui, au nombre de 90 furent et les Rosners qui vivaient à - une conférence de l’historien Jacek bestialement assassinées par des prison- Jawischowitz... Lachendro de présentation d’une étude nières allemandes avec la complicité - à conserver les bâtiments utilisés par en polonais et en anglais sur « Le district passive des SS. les déportés à Budy ou celui des douches de Brzeszcze sous l’occupation alle- - Les étangs où furent exploitées comme mande », ouvrage fort des esclaves durant 12 à 14 heures par bien documenté qui a jour dans l’eau froide les détenues char- valeur de références et gées du nettoiement. qui est une véritable - Au petit musée où a été conservé anthologie pour les faits des fragments d’une baraque de intervenus durant cette Jawischowitz. période à partir du camp - Au cimetière communal où ont été d’Auschwitz et des deux inhumés par la population les cadavres sous camps. de déportés abattus le 18 janvier 1945 Étude qui mériterait une pendant la marche de la mort. ( Une par- large diffusion pour les tie importante des déportés est passée informations contenues. par Brzeszcze ). Egalement les tombes - une présentation de de femmes et d’enfants qui, après leur Salle d’eau conservée où les internés se lavaient au retour de la mine la version polonaise libération d’Auschwitz ont succombé à de Jawischowitz. du livre Jawischowitz l’hôpital de la Croix rouge. Et des sépul-

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parents et son frère ont en les tirant de l’oubli, une seconde vie été déportés et assassinés leur est donnée... à Auschwitz. Rencontre ponctuée de nombreuses De même que le monument érigé en questions. 1983 est un repère pour les jeunes géné- rations, la mise en œuvre de Trasa La rencontre de l’après- Pamieci, cet itinéraire de la mémoire et midi avec des habitants la contribution de l’historien Jacek de Brzeszcze au cours de Lachendro constitueront une digue laquelle fut projeté l’ex- contre l’oubli afin que la connaissance cellent film « la leçon de ces événements rende les gens vigi- interrompue » qui mon- lants pour que plus jamais ils ne puissent tre des témoignages de se reproduire. Plaque sur la tombe de déportés abattus durant la marche de la mort et inhumés au cimetière communal. polonais adolescents à Ce voyage de la mémoire à l’invitation l’époque et qui ont aidé de la Maire Mme Teresa Jankowska et tures en hommage à des habitants qui sous différentes formes ont aidé les déportés. des déportés juifs. Nos interventions et le débat - A Jawischowitz, le sous camp entouré qui s’ensuivit. Puis les de barbelés électrifiés et de miradors échanges avec certains dont il ne reste qu’un immense lampa- des témoins du film qui daire qui éclairait le camp, ainsi que le étaient dans la salle. bâtiment où les déportés venant de la Moments de grande mine pouvaient se doucher. Un monu- émotion pour nous. ment en hommage aux victimes fut érigé en 1983. Henri Moraud était présent à Enfin, la présentation de son inauguration. la version polonaise du livre, récits de 45 dépor- Deux sculptures personnifiant deux tés juifs et de 8 mineurs mineurs oeuvre d’un déporté juif polonais par la Maire et Mme la Maire présentant la version polonaise du livre Jawischowitz, français qui sont une copie figurent une séance de dédicaces annexe d’Auschwitz. avec ceux à qui le livre était offert. les liens qui se sont noués également avec tous ses collaborateurs sont un En conclusion de ce socle pour l’avenir et renforceront les voyage de mémoire, à liens d’amitié entre les Français et les nos remerciements et Polonais attachés à la mémoire. à notre reconnaissance pour tout le travail accompli et pour A titre personnel, en tant que Secrétaire l’implication personnelle général de l’Association Mémoire de la Maire Mme d’Auschwitz d’avoir participé à ce Teresa Jankowska notre voyage et au nom de mon association, Association se félicite de j’exprime toute ma reconnaissance et la décision de traduire et mes remerciements à tous nos interlocu- Isabelle Choko s’adressant aux jeunes étudiants. d’imprimer ces témoi- teurs polonais. gnages. sur le site. L’original est au Musée Nous voulons exprimer d’Auschwitz. au traducteur toutes nos - Deux rencontres-débats à la Maison félicitations. Cette déci- de la culture, moments culminants de sion de produire une ver- notre programme. Introduites par la sion en polonais consti- Maire Mme Teresa Jankowska qui mon- tue à nos yeux la ferme tra toute l’importance de Trasa Pamieci volonté de participer au cet « Itinéraire de la mémoire » qui travail de transmission appartient au patrimoine mémoriel des de la mémoire de l’un habitants du district de Brzeszcze et bien des lieux de souffrances au-delà, à la Pologne. pour des humains nés La rencontre du matin avec quelques juifs. La diffusion de ces 250 lycéens où Isabelle Choko et témoignages touchera un Charles Baron anciens d’Auschwitz ont large public, nous en livré leurs témoignages et Jacques sommes certains. De Plaque sur la tombe d’enfants nés de mères internées Celiset, celui d’un orphelin dont les plus pour ces déportés, au camp d’extermination suivi des noms.

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Le district de Brzeszcze à quelques kms d’Auschwitz

ne contribution histori- plus tard, les Allemands occu- que de Jacek Lachendro, paient le district et ce pendant U habitant de Brzeszcze et cinq ans. Cette occupation historien diplômé de l’univer- affecta durablement les habi- sité de Jagiellonian sur ce dis- tants dont certains furent évin- trict sous l’occupation alle- cés, déportés du travail, arrê- mande 1939-1945. Ci-après un tés ou internés à Auschwitz, bref résumé de « A Guide to Budy et Jawischowitz. En dépit Places of Remembrance ». Cet de cette répression, plus de itinéraire des lieux de mémoire 300 habitants ont manifesté a été publié en 2009 en polo- leur solidarité aux internés. nais et en anglais avec le sou- tien de la Commission euro- Le livre comprend notamment péenne pour l’éducation et la une introduction historique, un culture dans le cadre d’un pro- guide incluant les lieux asso- gramme sur la citoyenneté en ciés à l’histoire sous l’occupa- Europe. tion, fort bien documenté avec de très nombreux détails, pho- Comme l’écrit dans sa préface tos, places et témoignages sur Mme Teresa Jankowska maire les combats avant l’occupa- de Brzeszcze, durant la Couverture du livre retraçant les événements qui tion, sur la Résistance polo- seconde guerre mondiale, de se sont déroulés durant l’occupation à Brzeszcze. naise, sur l’aide à l’évasion de nombreux habitants de sa ville déportés avec des portraits de et des environs ont pris des risques pour apporter résistants polonais qui s’illustrèrent dans ce com- aide aux internés du camp d’Auschwitz et des deux bat inégal, sur la Marche de la mort en janvier 1945 sous camps de Budy et de Jawischowitz. Dans le (une partie des déportés venant d’Auschwitz est musée d’Auschwitz figurent les noms de 314 habi- passé par Brzeszcze) et plus tard sur l’inaugura- tants de la ville de Brzeszcze. tion du monument dédié aux victimes de Jawischowitz avec la participation de Henri Soulignant que c’est leur responsabilité de préser- Moraud. ver et de transmettre la mémoire de cette tragique histoire de leur région et c’est cette motivation qui Livre de mémoire mais aussi livre d’espoir pour a inspiré la publication de ce livre, elle forme le montrer qu’au plus noir de l’occupation alle- vœu que sa lecture conduira à réfléchir à notre mande, il s’est trouvé des gens reconnus et d’au- place dans le monde et à l’identité des européens tres anonymes qui se sont levés contre la barbarie du 21ème siècle. nazie.

L’auteur rappelle que le 1er septembre 1939, Saluons l’œuvre de mémoire accomplie par la l’Allemagne a attaqué la Pologne et que ce fut le municipalité de Brzeszcze, sa Maire Mme Teresa début de la seconde guerre mondiale. Deux jours Jankowska, l’historien Jacek Lachendro et tous leurs amis pour la conservation de ces lieux de mémoire, pour leur implication à trans- mettre aux jeunes géné- rations ce passé qui appartient à l’histoire de la Pologne et qui sera une contribution à leur formation de citoyens de cette Europe du Auschwitz II Birkenau. Des prison- Sépulture de Jan et Gabriella Nosal, résistants polonais. Jan Nosal ancien 21ème siècle. niers du Sonderkommando brûlent les mineur et parlementaire socialiste (1928-1930) fut l’un des organisateurs corps de juifs assassinés dans les du mouvement de résistance. Arrêté pour l’aide fournie aux internés en chambres à gaz. Photo secrétement nourriture et médicaments,il sera envoyé à Auschwitz où il périra le Jacques Celiset prise par des prisonniers et transmise 13 janvier 1944 et où sa femme Gabriella déjà internée décéda le par des membres du mouvement de 22 décembre 1943. résistance de Brzeszcze en 1944.

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Il y a 65 ans le 27 janvier 1945 Auschwitz était libéré

En janvier 2010, nous allons commémorer la Journée internationale de l’holocauste décidée par l’Assemblée générale de Nations Unies en mémoire des quelques 6 millions de juifs assassinés par le régime nazi et ses complices durant la seconde guerre mondiale et date anniversaire de l’arrivée à Auschwitz d’une unité de l’Armée rouge le samedi 27 janvier 1945. Nos lecteurs trouveront ci-après un fac-similé d’un article traduit du russe et publié en 2005 par le "Journal des Combattants " relatif au témoignage de l’officier de l’unité qui est entrée à Auschwitz. Egalement le témoignage de Raphaël Feigelson, évadé du camp qui est allé à la rencontre de cette unité pour la conduire vers Auschwitz.

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La délivrance est un combat Les Polonais désirent changer leur image n 1939, Raphaël n’a que 13 ans au moment où la E France entre en guerre contre l’Allemagne. dans l’opinion internationale En 1942, son père est arrêté et condamné par le Tribunal Militaire allemand à trois ans de prison pour détention ette année pour la première fois, la rafles constantes ont décimé la population de matériel radio. Libéré par erreur, il se cache. Quant à commémoration de la liquidation du ghetto. Ensuite, après la déportation Raphaël, il passe en zone libre où il participe à des C du ghetto de Lodz a été célébrée dans les camps d'extermination et de actions de résistance. En mai 1944, l’un de ses compa- en présence du Président de la Pologne, concentration il y a eu très peu de survi- gnons est arrêté par la milice, appréhendé à son tour, tor- M. Lech Kaczynski ainsi que du Maire de la vants. Plus de 90% de la population a turé par la milice et la , il est déporté par le der- ville M. Jerzy Kropiwnicki. été exterminée. Après la guerre, il ne nier grand convoi du 31 juillet 1944 parti de Bobigny. Il est vrai que cette fois-ci, à côté des émou- restait plus qu'environ 12 000 personnes. Des 1 300 qu’ils étaient au départ du convoi, 300 entre- ront au camp, les autres seront gazés le même jour. vantes célébrations concernant l'extermina- Actuellement, la Pologne compte parmi ses 18 janvier 1945, devant l’avance des troupes russes, les tion des Juifs et des Tziganes en Pologne et habitants entre 3 000 à 4 000 Juifs. Cette nazis procèdent à l’évacuation du camp. Ce seront les de la liquidation du ghetto de Lodz, l'accent année, j'assistais donc pour la première fois « marches de la mort » pour quelques 80 000 déportés, a été mis sur l'inauguration du monument à la commémoration de la liquidation du vers les camps situés en Allemagne laissant 3 000 « des Justes entre les Nations ». Un livre ghetto de Lodz où pratiquement toute ma déportés, malades, grabataires ou dans un état de vient également d'être consacré à ces coura- famille a été exterminée. Seulement une grande faiblesse. geux catholiques polonais qui, au mépris du cousine germaine et moi sommes restées en Raphaël Feigelson, évadé du camp le 21 janvier 1945, danger de mort pour eux et leurs familles, vie après la déportation à Auschwitz, Celle ème traverse le front germano-russe et rejoint la 97 divi- ont sauvé des Juifs. et Bergen-Belsen. sion de la LX armée du 1er front de l’Ukraine. Avec un groupe de civils armés, ils sont pris alors pour des Lodz aujourd’hui. La ville de Lodz a beau- espions. C’est parce qu’ils s’exprimaient en yiddish que Le ghetto de Lodz. Soixante cinq années se l’officier russe, lui-même d’origine juive les interroge. sont écoulées depuis la liquidation du coup changé. J'ai bien retrouvé l'immeuble Il connaissait l’existence de Maïdanek où des Russes, ghetto de Lodz. Le plus grand, avec celui où j'habitais, la pharmacie de mes parents, des Polonais et des juifs avaient été massacrés mais de Varsovie, et le plus peuplé ghetto de aujourd'hui une boutique de mode, mais plus Auschwitz ne figurait pas sur le plan de l’offensive. Pologne où progressivement ont été rassem- personne, plus aucun objet familier. Convaincu de l’urgence de l’intervention, et conduit blés tous les Juifs venant des autres ghettos, par Raphaël Feigelson, cette unité entre dans Auschwitz et également des différents pays comme Par contre, les lieux de la Mémoire, alors que le Sonderkommando de SS s’apprêtait à mas- l'Autriche, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne construits ou rénovés, dont le cimetière juif, sacrer les derniers survivants et détruire les traces de et le Luxembourg. Avant la guerre, un tiers la gare « Radegast », et les différents monu- leurs crimes. de la population de la ville de Lodz était ments, rappellent et honorent les massacres Tandis que les malades sont pris en charge par les ser- constitué par les Juifs polonais, environ 231 000 des Juifs et des résistants par les nazis. Dans vices sanitaires de l’armée, Raphaël prend part aux le parc dédié aux survivants, il est prévu la combats dans la région avant de participer à la première personnes. Plus de la moitié d'usines et commission d’enquête à Auschwitz dont il rendra d'ateliers artisanaux appartenaient aux Juifs. plantation d'un arbre pour chacun d'eux. Le compte au délégué de la République Française à chemin qui mène aux monuments est pavé Lublin, Christian Fouchet grâce à qui, son témoignage Occupation de la Pologne. Dès l'occupa- des pierres gravées à leurs noms. Tout cet relayé par la radio polonaise et entendue en France le tion en septembre 1939, les Allemands ont ensemble a été construit avec le concours 17 février, lui permet de faire connaître la première liste pris des mesures anti-juives et ont confisqué des excellents architectes et artistes. de déportés libérés. tous leurs biens. Ils ont également liquidé la Il renonce à être invité par des officiers à Moscou, il plupart des intellectuels. Certains, ainsi que Il en est de même concernant un important embarque à Odessa où il arrive à Marseille le 3 avril quelques familles aisées ont pu quitter la complexe culturel, hôtelier et commercial 1945. Au nom des 63 déportés qui rentrent en France, il Pologne à temps, mais tous les autres ont été édifié et reconstruit dans le domaine de la adresse au Général de Gaulle le télégramme suivant : enfermés dans un ghetto, situé dans la partie famille Israël Pozmanski qui possédait des Arrivés en France, les déportés français miraculeuse- usines et des palais. ment arrachés aux tortures nazies par la gigantesque la plus misérable de la ville. Tous les Juifs offensive soviétique, vous adressent leur salut enthou- ont été parqués dans ce périmètre réduit, Le palais, magnifiquement décoré abrite des siasme et patriotique. Ils entendent de toutes leurs dans des maisons vétustes et des pièces exi- locaux appartenant à la communauté juive. forces seconder l’action de votre gouvernement afin de guës. Ils avaient droit à environ 5m2 par Les usines en briques, admirablement res- développer l’action de rénovation démocratique et personne. taurées, et les terrains attenant comportent l’effort de guerre en vue de l’écrasement final de un musée, un hôtel quatre étoiles, des restau- l’Allemagne hitlérienne dans l’union étroite de toutes Ensuite, ce ghetto appelé « Litzmannstadt rants, des magasins et un énorme parc, dont les forces vives de la France. La majorité des déportés Ghetto », a été entouré de barbelés et sur- une partie est aménagée pour les enfants. qui arrivent de Haute-Silésie sont volontaires pour veillé jour et nuit par des soldats en armes. Il Par l'accueil et par la qualité apportée à reprendre les armes contre leurs bourreaux nazis. était impossible de sortir ou de rentrer la sauvegarde de la « Mémoire juive » en Au cours du voyage de retour, ils avaient pris l’engage- au ghetto sans un permis spécial. Les Pologne, nous devons constater qu'un ment de rester unis pour que le monde ne connaisse énorme effort est fait en ce sens. plus les horreurs d’Auschwitz. Ils prononçaient alors le Allemands y ont enfermé environ 230 000 serment solennel « Plus jamais çà » Et Maurice Honel, Juifs, dont plusieurs familles connues sur le Jacques Greif et Raphaël Feigelson décidaient de fon- plan international, comme celles de Kafka, Il ne reste qu'une ombre dans ce tableau der l’Amicale d’Auschwitz… de Freud etc. plein d'espoir, il s'agit de la Radio Maryja. Raphaël Feigelson qui est âgé de 83 ans est Chevalier Tant que la parole sera laissée à cette radio de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de La déportation. Déjà, avant la liquidation raciste, antisémite et xénophobe, une tâche guerre avec Palme, Médaille de la Résistance, Médaille définitive, c'est-à-dire la déportation mas- persistera sur la terre polonaise. des Évadés, Grand invalide de guerre. sive du mois d'août 1944, les persécutions, Sources : D’après les articles publiés dans la presse sur la faim, le travail forcé, les maladies et les Isabelle Choko R. Feigelson.

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Marek Edelman, Avec le soutien des élus de la Mairie du 20ème et Disparitions ancien combattant du Ghetto de Varsovie Ce 18 novembre 2009, nous de la Mairie de Paris, la première pose de plaque avons accompagné notre ami Jo eut lieu le 26 avril 1997 en présence de personna- Marek Edelman, dernier héros vivant de la Nisenman à sa dernière demeure. lités dont Geneviève de Gaulle qui dans un dis- révolte du Ghetto de Varsovie est décédé le 2 Déporté à l’âge de 19 ans, il est le cours rendit hommage au travail accompli. octobre 2009 à Varsovie à l’âge de 90 ans, croit- seul survivant d’une famille, ses Avec l’aide de Mme Catherine Vieu-Charier et de on. Commandant en second, sous les ordres de parents et ses deux jeunes sœurs furent assassinés Pierre Cordelier tous deux enseignants, ce fut le Mordechai Anielewicz, autre héros, avec les à Auschwitz. C’est en présence de sa famille et démarrage d’un travail minutieux de recherches combattants de l’organisation juive de combat d’une foule nombreuse d’amis qu’un hommage dans les registres des écoles qui allait aboutir à la (environ 4 à 500) en avril, 1943, ils firent face lui fut rendu par Olivier Kaufman, le Rabbin de pose de plaques. Plus de 1 000 noms furent recen- aux 2 à 3 000 SS puissamment armés, inscrivant la synagogue des déportés de la place des Vosges sés et une soixante de plaques furent apposées une des pages les plus glorieuses de la Résistance qui rappela la personnalité de Jo et récita le dans le 20ème. juive face à la barbarie nazie. Les combats durè- El mole ha hamin et le kaddish, par Milo Adoner, Ce travail de mémoire vers les enfants dont tu fus rent 3 semaines. Alors que les derniers combats président de Blechhammer Auschwitz III qui ne Jo un des premiers, essaima dans tous les arron- s’essoufflent, quelques dizaines de combattants put cacher son émotion, par Jacques Celiset, dissements de la capitale et bien au-delà en dont Marek Edelman parviennent à fuir par une secrétaire général de l’AFMA (voir extraits du banlieue et en province et se poursuit encore bouche d’égout. Il rejoint la Résistance polonaise discours) et par Régine Lipp qui ajouta au mes- aujourd’hui. et participe en 1944 à l’insurrection de Varsovie. sage lu de Mme Catherine Vieu Charier adjoint Ces plaques et ces noms d’élèves scolarisés gra- Après la guerre, devenu médecin, cardiologue au Maire de Paris et chargée de la Mémoire, celui vés dans la pierre, avec l’aide des enseignants, réputé, il avait été renvoyé de l’hôpital Sterling des FFDJF. interpelleront les jeunes générations suivantes de Lodz en 1968, victime de la campagne antisé- pour les informer sur les maux que sont le mite. Il s’engage dans l’opposition communiste JO notre ami, racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et l‘into- puis à Solidarnosc, est interné en 1981 et est élu lérance afin de les mettre en garde. au Parlement de 1989 à 1993. Il n’eut de cesse de Ta disparition soudaine a plongé dans la peine Faut-il le souligner que c’est toi, Jo, et les quel- combattre l’antisémitisme persistant et pour la tous tes camarades et amis. L’hommage que ques uns du Comité Tlemcen sont à l’origine de démocratie. je veux te rendre au nom de tes camarades ce formidable travail de mémoire à l’échelle de l’AFMA, Association Fonds Mémoire nationale, rendu possible par le croisement des ********** listes des noms sur les registres des écoles et cel- d’Auschwitz et celui en mon nom personnel se Notre ami Charles Nauczyciel adhérent de les publiées dans le Mémorial des enfants juifs confondent. l’AFMA depuis sa création, est décédé le 23 août déportés de . Notre rencontre date des années 90, presque 20 dernier à Monaco. Arrêté en août 1941 à Paris, Ce travail de mémoire vers les enfants n’avait ans. C’est peu dans une vie. Mais le temps écoulé interné à Drancy et Beaune-la-Rolande, il sera jamais été entrepris jusqu’en 1997. Par votre trop bref fut riche d’échanges, d’appréciation déporté en septembre 1942. Vice-président d’une action, en les sortant de l’oubli, vous leur avez mutuelle, d’espoir, d’émotions partagées et de cha- association de déportés à Menton, il ne cessa donné en quelque sorte, la sépulture qu’ils n’eu- leureuse amitié avec tous ceux avec qui tu as milité. jamais de témoigner dans les établissements sco- rent jamais. Appartenant à la génération, notre génération qui laires de sa région. Notre association présente A cet engagement permanent, de mémoire contre fut marquée à jamais par la disparition de tant de toutes ses condoléances émues à sa famille. nos êtres chers par la Shoah et toi particulière- l’oubli menaçant, alors que les derniers témoins disparaissent, ce qui te faisait dire que s’il s’ins- ment en tant que déporté à l’âge de 18 ans à ********** Auschwitz. Tu fus l’un des 2 500 survivants reve- tallait, ce serait tuer une seconde fois nos mar- nus sur 76 000 déportés juifs de France dont tyrs, tu t’es également engagé contre ceux qui On nous annonce le décès de Mme Idès Krzak 11 000 enfants. prétendaient nier l’existence des moyens d’exter- adhérente de l’AFMA. Veuve de Jean Marcel Fidèle à tes compagnons de camp qui n’étaient mination des juifs dans les camps et pour qui, ce Henri Jabouille. Toutes nos condoléances pas revenus, c’est tout naturellement que tu t’es n’était qu’un point de détail de l’histoire de la attristées à sa famille. engagé dans le travail de transmission de la seconde guerre mondiale. ********** mémoire au sein de l’Amicale des déportés de En cela tu n’hésitas point comme on dit à descen- Blechhammer et à l’AFMA. dre dans la rue pour manifester, je me rappelle Hommage à Charles Lederman notre participation avec toi et Yvette à Strasbourg Mettant en œuvre toute ton énergie, tu t’es investi Sous la présidence de Bertrand Delanoé, maire totalement dans le travail de mémoire, apprécié où nous étions 50 000 contre le tenant de tels de Paris et en présence de Catherine Vieu- par tes camarades du Bureau de l’AFMA qui propos. Charier, adjointe au maire de Paris chargée de la t’avaient élu comme vice-président. Ce portrait est bien incomplet pour te rendre mémoire et de Dominique Bertinotti, maire du Avec notre regrettée Yvette ton épouse, vous hommage, il faudrait y ajouter tes qualités de 4ème arrt, une cérémonie de dévoilement de plaque étiez des piliers de notre association par votre dis- cœur, ta gentillesse, ton esprit de tolérance, ton à la mémoire de Charles Lederman eut lieu le 5 ponibilité, votre dévouement à notre cause com- humour et aussi ton attitude courageuse et dis- novembre 2009 sur la façade de l’immeuble du mune lors des grands rassemblements convoqués crète face à la maladie. 4, rue St Louis en l’Ile où il vécut. Nous étions par l’AFMA à Drancy, à Bobigny. Lors de nos une centaine à assister à cette inauguration. nombreuses expositions, tu apportais le témoi- Au moment où tu nous quittes, cher Jo, et du vide Rappelons que Charles Lederman était gnage de ton vécu dans l’enfer des camps nazis. que constituera ton absence après celle d’Yvette, En 1995, c’est à ton domicile, rue des Boulets tous deux vous étiez un couple de militants esti- avocat, dirigeant communiste, Sénateur, avec quelques camarades qu’est né le projet d’ap- més par tous ceux qui vous ont connus, saches, si Président de l’UJRE et organisateur de réseaux poser une plaque à l’École rue de Tlemcen en tu pouvais nous entendre que ton souvenir restera de sauvetage d’enfants juifs sous l’occupation. hommage aux élèves de cette école morts en à jamais vivant dans nos pensées et dans notre On lui doit le sauvetage d’une centaine d’enfants déportation. cœur. juifs à Vénissieux à la barbe des Allemands et A ce projet se sont joints d’autres camarades aussi la démarche qu’il entreprit sur les conseils anciens de cette école et c’est ainsi que fut décidé le Nous voulons assurer tes enfants Francine et de Mgr Delubac et de l’Abbé Glaser auprès du dépôt des statuts du Comité Tlemcen. Tu en fus le Charly, tes petits enfants et arrières petits Cardinal Saliège de Toulouse qui lança un appel premier Président et Jacques Grynberg le secrétaire. enfants de tous nos sentiments d’affection. dans tout son diocèse appelant à sauver les juifs persécutés.

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Mémorial de la Shoah Dévoilement de plaques Marseille : Le vendredi 13 novembre à 14h30 Square Adolphe la médaille de Justes Hommage à Benjamin Fondane Chérioux, place Adolphe Chérioux 75015 Paris pour le père de Jean-Pierre Foucault Une exposition consacrée à Benjamin Fondane, avec l’AMEJD du 15ème dévoilement d’une stèle à la mémoire des 17 tout-petits enfants non scolarisés Marseille : C’est avec beaucoup d’émotion que poète, essayiste, cinéaste et philosophe assas- l’animateur Jean-Pierre Foucault et ses sœurs, siné en 1944 à Auschwitz se tient du 14 octobre avecla participation des élèves du Collège Georges Duhamel. Anne-Marie et Françoise, ont reçu la Médaille 2009 au 31 janvier 2010. L’inauguration eut des Justes de Nations en l’honneur de leur lieu avec la participation du Ministre de la Ce même jour à 11h avait lieu au square Eugène Thomas, parvis de la Mairie du 12ème arrt, 130 ave- père décédé, Marcel Foucault. « Cette médaille Culture, M. Frédéric Mitterrand et de M. Eric ème er n’est pas une récompense, c’est un signe de de Rothschild, président du Mémorial. nue Daumesnil 12 , une cérémonie pour le 1 anni- versaire de la pose de la stèle en souvenir des 60 reconnaissance et de gratitude envers ceux qui ont risqué leur vie » déclare Robert Mizrahi, Exposition Les justes de France enfants du 12ème trop jeunes pour être scolarisés et morts en déportation parce que nés juifs. président du Comité français Yad Vashem A Marseille au Mémorial des Camps de la mort France Sud. Quai Louis Brauquier - Marseille. Le 4 décembre 2009 à 11h30 en présence de Mme Vieu-Charier adjointe au Maire de Paris repré- Dès 1941, Marcel Foucault rejoint la Exposition octobre 2009 - janvier 2010 sentant M. Bertrand Delanoé, Maire de Paris et de Résistance à travers le réseau « Combat », la Voyages de mémoire à Auschwitz M. Jean-Pierre Lecoq Maire du 6ème arrt. à eut lieu le plus importante organisation de la zone sud où il tient le rôle de « boîte aux lettres » dans les Dimanche 31 janvier 2010 - Dimanche 21 mars dévoilement d’une plaque apposée sur la façade de l’immeuble 5, rue des Beaux Arts à Paris 6ème à la services de liaison. Il s’occupe aussi des dépôts 2010 - Dimanche 28 mars 2010. d’armes et de la fabrication de faux docu- Visite d’une journée sur le site d’Auschwitz- mémoire du poète Guy Robert du Costal et son épouse Yvonne Le Marec, tous deux résistants de la ments. Avec d’autres, il fait passer la frontière Birkenau. Participation 360 euros. à de nombreux juifs et cherche des lieux d’hé- Tél. : 01.53.01.17.15 toute première heure, membres de Libération Nord, arrêtés par la milice française et déportés par le der- bergement aux victimes des mesures discrimi- Évadé de Treblinka nier convoi du 15 août 1944. Ils ont donné leur vie natoires du gouvernement de Vichy. Au péril pour notre liberté. de sa vie, il cache et protège jusqu’à la fin de Le 10 février prochain aura lieu la présentation la guerre, celle qui allait devenir sa femme de ce livre écrit par Mieczylaw Chodzko, un ********** Paula Foucault-Boyer née Pessa Leska et ses des rares survivants dont la traduction du polo- L'exposition « Shelomo Selinger » futurs neveux. nais a été achevée et paraît dans la collection Paris, novembre 2009 : La Shoah et lui « C’est un grand honneur qui est fait à mon de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah père », déclare Jean-Pierre Foucault ému. Les Ce témoignage est d’autant plus rare que seu- « Vivre pour raconter », c'est le but de Selinger dont trois enfants de Marcel Foucault étaient pré- lement quelques hommes ont réussi à s’évader les œuvres nous confirment, par leur puissance, qu'il sents pour recevoir la Médaille des Justes des de cet enfer. est un battant qui – dans ses moments les plus diffi- Nations en l’honneur de leur père décédé. Cet Au moment des faits, déjà adulte, il a décrit ciles – n'a pas cru à la mort qui l'attendait comme hommage à titre posthume lui a été décerné au avec une parfaite lucidité et surtout une préci- 6 millions des siens. Et pourtant après sa libération nom de l’État d’Israël par le mémorial de Yad sion exemplaire tout ce qu’il a pu voir et des camps nazis en Pologne (il a connu l'internement Vashem afin d’honorer « les Justes parmi les dans neuf d'entre eux et aussi, deux marches de la éprouvé à cette époque tragique. Nations qui ont mis leur vie en danger pour mort à la fin des hostilités), il sera sept années amné- sauver des juifs ». sique. Il retrouvera ses souvenirs au soleil d'Israël où (Droits de reproduction et de diffusion il participera à la construction du pays. réservés : Marseille.fr). Appel à cotisation A Paris, il fut l'élève de Marcel Gimond et y connaî- tra Arp, Brancusi, Giacometti. Spécialiste incontesté Suite à notre appel vous êtes peut-être parmi de la taille de la pierre la plus dure, le granit, il en La déportation ceux qui se sont acquittés de leur cotisation dit : « il se peut que j'essaye d'emprunter sa force pour 2009 et nous vous en remercions. Il n’en pour témoigner, donner vie et parler de beauté » et par la gare de Bobigny reste pas moins que nombreux ne l’ont pas « je voudrais fixer la Mémoire dans la pierre et être Appel aux témoins survivants fait comme le révèle l’examen de nos livres. l'outil grâce auquel l'esprit rentre dans la matière ». L’année 2009 se termine et nous restons Les internés de Drancy qui ont été Éclectique, il puise aussi son inspiration dans la déportés par les convois n° 57 à 77 convaincus que cet oubli sera très rapidement famille, le Livre Sacré, la musique, la Shoah et sa réparé. Si vous souhaitez que votre associa- vie familiale. partis de la gare de Bobigny du 18 juillet tion puisse continuer son travail de transmis- Comme il est dommage que nos bulletins ne puis- 1943 à la Libération en 1944 sont priés sion de la mémoire, vous n’hésiterez pas à sent être coordonnés avec ses expositions dont la de se faire connaître auprès de l’AFMA renouveler votre cotisation, nécessaire pour plus récente fut présentée à la galerie Bernheim- en vue de recueillir leurs témoignages faire face aux dépenses entre autres, celles Jeune, dans le 8ème arrondissement de Paris : l'en- pour la future mise en valeur de ce haut liées à l’impression et à l’expédition de la semble accordait le plus grand espace à ses dessins lieu de la déportation des juifs de France. Lettre de l’AFMA. Votre soutien financier aux couleurs significatives : bleue, noire et blanche. constitue pour nous un encouragement à Shelomo Selinger a de nombreuses œuvres acquises poursuivre nos activités de mémoire et de par des musées d'Europe, États-Unis, Israël et des transmission envers les jeunes générations. honneurs officiels attestent la qualité de ses travaux Les articles signés et publiés dans la lettre Nous comptons sur vous. et qu'il n'a pas oublié les Années Noires. de l’AFMA n’engagent que la responsabilité Hélas, la prochaine exposition se tiendra dans deux de leurs auteurs et ne reflètent pas néces- Le Secrétariat de l’AFMA. ans. Quelle patience il faut ! sairement le point de vue de la rédaction. Charles Baron ✄

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