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www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17675 – 10 F - 1,52 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Voyage extraordinaire au pays de l’euro b Tout sur la monnaie unique, avant l’arrivée des nouvelles pièces et billets, le 1er janvier b Une exploration pédagogique et ludique b La zone euro sera le deuxième pôle monétaire mondial, après le dollar et devant le yen

A moins de cinq semaines du passage à l’euro, le 1er janvier 2002, Le Monde propose un voyage exploratoire et pédagogique au pays de la nouvelle devise euro- péenne. Un Monde complet, avec SERGEI CHIRIKOV/AFP toutes ses rubriques habituelles (International, France, Société, etc.) et un espace « Horizons » Vers la prise de Kunduz développé avec sept pages consa- crées aux enquêtes, aux analyses, aux débats et à l’histoire. CAHIER SPÉCIAL Négociations sur la reddition des talibans Commencée au début des années 1990, la préparation de la monnaie unique débouche aujour- L’euro SOMMAIRE dans le Connecticut. Pour 10 dol- d’hui sur la création d’un marché lars, une méthode de fabrication de 304 millions d’habitants. L’Euro- sans peine b La guerre contre Al-Qaida : L’as- de l’anthrax à domicile. p. 5 land devient ainsi le deuxième saut contre Kunduz est proche. pôle monétaire mondial, loin On peut apprendre l’euro sans pei- Incertitudes sur la reddition des b En France : Lionel Jospin annon- devant le yen japonais et moins talibans encerclés. Les talibans ce l’envoi du porte-avions Charles- ridicule qu’on ne le dit face au dol- ne. C’est ce parti pris pédagogique, défendent Kandahar. Renforts de-Gaulle dans l’océan Indien. lar américain. tout à la fois sérieux et ludique, qui a attendus de commandos de mari- Débat à l’Assemblée nationale. p. 6 Mais contrairement aux classes été choisi pour ce cahier spécial du nes américains. Revue de détail des dirigeantes, les populations res- Monde de 28 pages, vendu exception- forces spéciales. Les quartiers géné- b Horizons-Enquête-Débats : Por- tent souvent réticentes, partagées raux d’Al-Qaida à Jalalabad. p.2à4 trait d’une famille américaine. entre nostalgie de leurs monnaies nellement jusqu’au lundi 26 novembre. Deux points de vue. p. 14 et 17 nationales et crainte de ne pas Enquêtes, reportages et analyses. b L’anthrax aux Etats-Unis : Mystè- s’adapter à la nouvelle devise euro- re autour de la mort d’une femme f www.lemonde.fr/dossier-special péenne. f www.lemonde.fr/euro Paris : enquête Microsoft promet d’équiper les écoles les plus défavorisées des Etats-Unis NEW YORK poursuites, son système d’exploitation Win- subi, une somme impossible à distribuer sans sur la gestion passée de notre correspondant dows XP présenté comme le plus novateur en prélever l’essentiel pour payer les frais de ver- Après avoir échappé in extremis il y a cinq depuis de nombreuses années. Il a mis sur le sement. Microsoft a saisi l’occasion et s’engage LE MAIRE de Paris, Ber- mois à un démantèlement, Microsoft vole de marché, il y a une semaine, la première machi- à apporter plus de 500 millions de dollars de logi- a trand Delanoë, a publié, succès en succès. Un à un, les obstacles judiciai- ne portant son nom, la console de jeu X-Box. Et, ciels, au moins 200 000 ordinateurs d’occasion jeudi 22 novembre, l’audit de la res et commerciaux tombent. Le numéro un surtout, il a conclu le 2 novembre avec l’adminis- remis à neuf, 90 millions pour former les ensei- P. GEORGE/AFP Mairie de Paris promis pendant sa mondial des logiciels a annoncé un nouvel tration Bush un « compromis historique », selon gnants et 160 millions pour le support techni- campagne électorale. Les experts accord à l’amiable, mettant un terme aux pour- les propres mots du ministre de la justice John que aux écoles. Le groupe fournira aussi des SÉCURITÉ chargés de ce travail critiquent suites lancées contre lui par des associations de Ashcroft, mettant fin à des années de bataille ordinateurs et logiciels de marques concurren- sévèrement la « déficience » du consommateurs représentant 65 millions judiciaire contre les autorités antitrust. Seuls tes comme Apple. Entre 150 et 250 millions de contrôle de l’emploi des fonds d’Américains. Elles accusaient le groupe fondé s’opposent encore à lui neuf Etats américains et dollars seront consacrés à la création d’une fon- Mobilisation publics municipaux par les organis- par Bill Gates d’avoir abusé de sa position domi- la Commission européenne. dation chargée de superviser le programme et mes satellites de la Ville. Ces nante dans les systèmes d’exploitation pour Le compromis avec les organisations de con- de financer les besoins à long terme en technolo- policière défaillances ont permis, selon eux, ordinateurs afin de gonfler le prix de son pro- sommateurs doit encore être entériné par le gies de l’information des écoles défavorisées. Plus de 20 000 policiers ont manifesté, l’émergence de « pratiques illéga- gramme Windows. En compensation, Microsoft juge fédéral Frederick Motz, de Baltimore Pendant ce temps-là, fort d’une trésorerie de mercredi 21 novembre, à l’appel de trois les ». Ils émettent également des a accepté de donner en cinq ans entre 1,1 et (Maryland). Ce dernier devrait donner sa déci- 36 milliards de dollars, le rouleau compresseur soupçons de « favoritisme » dans 1,7 milliard de dollars sous forme d’ordinateurs sion dans deux ou trois semaines. Elle s’appli- commercial Microsoft a repris sa marche en de leurs syndicats, à Paris et dans plu- les subventions aux associations. et de logiciels pour équiper les 12 500 écoles quera alors sans recours à tous les plaignants. Si avant. Certains font même remarquer malicieu- sieurs préfectures de région. Ces rassem- La Fondation Claude Pompidou américaines les plus défavorisées. Sept millions elle est favorable, la centaine de plaintes collecti- sement que, en fournissant des logiciels et des blements représentent la plus forte mobi- ne fait pas partie des associations d’élèves sont concernés et les établissements ves (class actions) déposées contre Microsoft machines à des milliers d’écoles, le groupe ren- lisation policière depuis 1991. Daniel examinées par l’audit. Elle fait en sélectionnés seront ceux où les enfants bénéfi- seront retirées. L’idée de cet accord inédit force son poids relativement restreint dans le revanche l’objet d’une enquête de cient en plus grand nombre de repas gratuits. revient à l’un des avocats des plaignants, monde de l’éducation, même s’il s’est engagé à Vaillant s’est déclaré « disponible » pour l’inspection générale de la Ville de C’est une victoire supplémentaire pour Micro- Michael Hausfeld. Il est arrivé à la conclusion fournir des machines et des logiciels Apple. de nouvelles négociations. p. 12 Paris. soft. Déjà, en octobre, le groupe avait réussi à que chaque consommateur ne toucherait pas Lire page 7 lancer, en dépit de nombreuses menaces de plus de 10 dollars en contrepartie du préjudice Eric Leser f www.lemonde.fr/police Mariage risqué Le pouvoir en miettes dans l’acier de Romano Prodi LAEKEN, résidence royale des l’entreprise visant à restaurer la cré- faubourgs de Bruxelles, accueillera dibilité du président de la Commis- les chefs d’Etat et de gouverne- sion est vouée à l’échec, alors que ment de l’Europe dans un peu plus d’autres ne voient que des avanta- de trois semaines. C’est un laps de ges à l’affaiblissement politique de temps bien court pour que les celui qui loue – mais dans le désert Quinze puissent espérer ressaisir –l’« extraordinaire succès » de la l’attention d’une opinion publique « méthode communautaire ». LE MONDE DES LIVRES obnubilée par la guerre d’Afghanis- Or les deux phénomènes sont tan. Oussama Ben Laden est un consubstantiels : l’image ternie du Guibert FRANCIS MER adversaire trop coriace pour Roma- président de la Commission de no Prodi ! Rien d’étonnant donc si, Bruxelles contribue à miner l’auto- LES GROUPES Usinor, Arbed et confronté aux fortes images de la rité de l’institution qu’il préside, posthume Aceralia se sont entendus, mercre- traque contre le chef d’Al-Qaida et laquelle est l’un des trois piliers du A la « une » du Monde des Livres, le di, pour fusionner et donner nais- de la catastrophe aérienne de New triangle institutionnel, avec le Con- sance au numéro un mondial de York, le récent discours sur l’état seil et le Parlement européen. Journal inédit d’Hervé Guibert, dix ans l’acier. Ce mariage à trois est, tou- de l’Union du président de la Com- L’ensemble est aujourd’hui après sa mort. Et au sommaire, outre tefois, un pari. mission européenne est passé qua- déséquilibré, au détriment de sa Henri Meschonnic, qui « célèbre » la siment inaperçu. La chance n’est vocation communautaire. Au-delà poésie, les nouveaux recueils de Jean Lire page 18 décidément pas une alliée de de ses aspects vaudevillesques et Ristat, Franck Venaille… Un automne Romano Prodi. Ce bilan à mi-par- des maladresses de la diplomatie hongrois à Paris. Le cadavre du situa- f www.lemonde.fr/restructurations cours, censé mettre en perspective britannique, le mini-sommet euro- les quelque vingt-cinq mois qui péen fractionnel de Londres, orga- tionnisme bouge encore : Asger Jorn et Afrique CFA, 1 100 F CFA ; Algérie, 35 DA ; Allemagne, 3,5 DM (1,79 ¤); Antilles-Guyane, 12 F (1,83 ¤); Autriche, 30 ATS (2,18 ¤); séparent celui-ci de la fin de son nisé au début du mois par Tony Guy Debord. Cinéma : théories et pro- Belgique, 60 FB (1,49 ¤); Canada, 3 $ CAN ; Danemark, mandat, était pourtant fort instruc- Blair, qui a entraîné une protesta- menades cinéphiliques. 15 KRD ; Espagne, 300 PTA (1,80 ¤) ; Grande-Bretagne, 1,25 £ ; Grèce, 600 DR (1,76 ¤); Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3 500 L (1,81 ¤); tif sur l’état de santé des institu- tion officielle des huit pays de Luxembourg, 60 FL (1,49 ¤); Maroc, 12 DH ; Norvège, 14 KRN ; tions européennes. l’Union qui n’y ont pas été conviés, Pays-Bas, 4 FL (1,81 ¤) ; Portugal cont., 300 ESC (1,50 ¤); France...... 7 Aujourd’hui ...... 26 Réunion, 12 F (1,83 ¤) ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,90 FS ; Dans ce discours de Bruges, a signalé une dérive pour la cohé- Société...... 10 Météorologie ...... 29 Tunisie, 1,80 DT ; USA (NY), 2,50 $ ; USA (others), 2,50 $. M. Prodi rendait la monnaie de sion de l’Union, rappelant aux Régions ...... 13 Jeux ...... 29 leur pièce à des chefs d’Etat et de « petits » pays le mauvais souvenir Horizons ...... 14 Culture ...... 30 M 0147 - 1123 - 10,00 F - 1,52 E gouvernement qui, alors qu’il est des « directoires » européens. Entreprises...... 18 Guide culturel ...... 32 de nouveau la cible de vives cri- Communication...... 21 Kiosque ...... 33 tiques, ne lèvent pas le petit doigt Laurent Zecchini Tableau de bord ...... 22 Abonnements ...... 33 pour le défendre. Certains d’entre 3:HJKLOH=UVUUU[:?b@b@m@n@a; Carnet ...... 25 Radio-Télévision ...... 34 eux pensent manifestement que Lire la suite page 15 2 LA GUERRE CONTRE AL-QAIDA LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

CONFLIT Les forces américaines terrain dans la traque des Oussama entendent demeurer en contrôle des voir. b KUNDUZ, dernier bastion des de guerriers islamistes étrangers qui vont engager leurs commandos de Ben Laden et des autres chefs du provinces du sud du pays. Ils démen- talibans dans le nord, paraissait, jeu- sont mêlés aux combattants afghans marines dans la guerre en Afghanis- réseau Al-Qaida. b LES TALIBANS du tent que leur chef spirituel soit en di 22 novembre, sur le point de tom- risque d’être sanglant. b LA FRAN- tan. Ces hommes appuieront les uni- mollah Omar, repliés dans leur fief contact avec les chefs tribaux de la ber aux mains de l’Alliance du CE envoie le porte-avions Charles-de- tés des forces spéciales déjà sur le de Kandahar, annoncent qu’ils région pour leur transférer le pou- Nord. Le sort des quelques milliers Gaulle sur zone. Washington renforce ses unités spéciales lancées dans la traque de Ben Laden Le Pentagone pense avoir détruit par ses bombardements la plupart des infrastructures du réseau terroriste Al-Qaida. Pour les commandos américains, la recherche des terroristes est une mission de longue haleine en raison de leur détermination probable à se défendre à partir des souterrains où ils s’abritent

b Kunduz assiégée. Quelques bureau du mollah Mohammad la ville. Hamid Karzaï est le chef jeudi. Les Etats-Unis, qui avaient mée de terre américaine, notam- Tachkent, devait insister auprès centaines de soldats de l’Alliance Omar, et le chef militaire des tali- d’une importante tribu pachtoune dans un premier temps approuvé ment les fameux Rangers et Bérets des responsables ouzbèkes sur l’im- du Nord ont avancé jeudi bans, qui ont nié tout accord de red- et un ancien vice-ministre afghan son maintien parce qu’elle permet- verts. Le président George W. Bush portance de l’acheminement de 22 novembre de deux ou trois kilo- dition à Kunduz. des affaires étrangères. Il est pro- tait le contact avec les talibans, ont a de son côté averti que le plus dur secours aux Afghans. L’aide est blo- mètres vers Kunduz, le dernier bas- b Pression sur Kandahar.Le che de l’ancien roi Mohammed fait récemment savoir aux autori- restait à venir dans la traque lancée quée depuis 11 jours à la frontière tion taliban dans le nord de l’Afgha- leader pachtoune Hamid Karzaï a Zaher Chah, qui vit en exil à Rome tés pakistanaises que cette ambas- contre le réseau Al-Qaida et son ouzbèke, alors que les premiers sol- nistan, soumis à une pression crois- déclaré jeudi qu’il poursuivait ses depuis 1973, et est soutenu par les sade ne se justifiait plus. chef Oussama Ben Laden, et que la dats français sont arrivés pour orga- sante de diverses unités anti-tali- négociations avec les talibans de Etats-Unis. b Eviter la fuite des miliciens. traque des terroristes devrait être niser un pont aérien. Lionel Jospin bans et aux bombardements améri- Kandahar, dans le sud de l’Afgha- b Fermeture de la seule ambas- Les Etats-Unis craignent que les étendue à travers le monde. « Nous a rappelé mercredi à l’Assemblée cains. L’Alliance du Nord avait lan- nistan, et qu’il espérait que les mili- sade des talibans. Le Pakistan a étrangers qui combattent dans les avons eu un bon début en Afghanis- nationale les grandes lignes de la cé mercredi un ultimatum aux mil- ciens islamistes accepteraient de décidé de fermer l’ambassade des rangs des talibans à Kunduz et Kan- tan, mais beaucoup reste encore à fai- participation de la France aux diffé- liers de miliciens afghans et étran- céder pacifiquement le contrôle de talibans à Islamabad, a-t-on appris dahar ne s’évanouissent dans la re (…) et les pas les plus difficiles dans rentes opérations engagées. gers, assiégés depuis plus d’une nature à la faveur d’une reddition cette mission nous attendent toujours, b Trois autres journalistes semaine dans la ville. des talibans et se regroupent a affirmé le président américain ; tués. Trois journalistes auraient été La chaîne américaine CNN avait Burhanuddin Rabbani et la conférence de Bonn ailleurs. Ils redoutent également mais nous ne nous lasserons jamais et tués mercredi, a rapporté la radio affirmé qu’un accord de reddition qu’Oussama Ben Laden ne réussis- nous les traquerons jusqu’à la fin ». d'Etat iranienne. Ce qui porterait à avait été obtenu des talibans par le La conférence de Bonn doit traiter « des problèmes importants, mais se à s’échapper en profitant de la b Réunion inter-afghane à dix le nombre des reporters tombés général Abdul Rashid Dostom, le pas des principaux, qui doivent être discutés à l’intérieur de l’Afghanistan, porosité de la frontière avec le Bonn. La conférence sur l’avenir de en Afghanistan. Citant son corres- responsable de la chute de et pas à l’étranger », affirme Burhanuddin Rabbani, dans un entretien Pakistan. Pour prévenir une fuite l’Afghanistan se réunira à Bonn, et pondant à Kaboul, la radio affirme Mazar-e-Charif, qui dirige le front au quotidien russe Vremia Novosteï du jeudi 22 novembre. L’ancien pré- par la mer, les navires américains non à Berlin, la semaine prochaine. que les trois journalistes ont été ouest de Kunduz. Mercredi soir, cet- sident afghan, toujours reconnu par la communauté internationale, ont commencé des opérations de Le représentant de l’ONU pour tués sur la route entre Jalalabab et te information n’était pas confir- estime, à propos du futur rôle de l’ancien roi Zaher Chah, que l’«onne fouilles des bateaux marchands qui l’Afghanistan, Lakhdar Brahimi, Kaboul. « Des responsables de mée à Washington. Elle a été peut pas d’avance donner la préférence à qui que ce soit ». M. Rabbani quittent le port pakistanais de Kara- qui présidera la conférence, s’est en l'Alliance du Nord ont confirmé ces démentie jeudi par les talibans sur n’exclut pas la participation de talibans au gouvernement : « Parmi chi, sur la mer d’Oman. revanche déclaré « optimiste », tout décès, mais la nationalité des morts et la chaîne de télévision qatariote eux, il y en a certains dont la candidature peut être envisagée à titre indivi- b Hommage aux commandos. en recommandant la « patience ». l'identité des meurtriers sont incon- Al-Jazira. Le correspondant d’Al- duel et auxquels on peut avoir affaire », dit-il. Selon lui, Oussama Ben Le secrétaire américain à la défense b Passage humanitaire.Le nues », a précisé la radio. L'informa- Jazira en Afghanistan a affirmé Laden, qui « doit être jugé par un tribunal international », est toujours Donald Rumsfeld, a rendu visite ministre français de la coopération tion n'a pu être confirmée de source avoir contacté jeudi matin le en Afghanistan, dans la région de Kandahar. – (Corresp.) mercredi aux troupes de choc de l’ar- Charles Josselin, attendu jeudi à indépendante. Les forces de l’opération « Liberté immuable » vont recevoir l’appui de 3 200 commandos de marines DES DÉTACHEMENTS du Depuis le début de la guerre, Wash- nue à être directement protégé, lui ricaines va bénéficier de l’appui de donnent à croire que le réseau sou- ciales comptent beaucoup sur les corps des marines américain – soit ington se refuse à donner des et ses proches, par 500 à 1 000 com- trois nouvelles « canonnières » terrain y est autrement plus com- promesses de récompenses pécu- quelque 1 600 hommes à bord de détails sur le travail et le volume battants déterminés, talibans volantes AC-130, qui s’ajoutent pliqué et bien moins rustique. niaires faites à ceux qui, dans la chacun des porte-hélicoptères de ses forces spéciales, mais on afghans ou étrangers au pays, qui aux trois acheminées au début des Pour le moment, même si les population, les aideraient à trou- d’assaut Bataan et Peleliu croisant compterait plusieurs centaines de n’ont plus rien à perdre. Dans un raids, et du renfort des marines drones leur permettent de tracer ver Oussama Ben Laden et ses en mer d’Arabie – viennent d’être ces hommes. On parle actuelle- pays vaste comme une fois et débarqués de leurs porte-hélicop- une cartographie précieuse des adjoints. Une prime globale de mis à la disposition du général ment de 500 au total. quart la France, le terrain – même tères d’assaut quand le général lieux, les forces spéciales américai- 25 millions de dollars a été avan- Tommy Franks qui commande, C’est au général Franks de conce- s’il se rétrécit au fil des jours avec Franks le décidera. Mais la traque nes ne peuvent pas négliger, pour cée. A ce jour, selon le départe- depuis son PC de Tampa (Floride), voir le sens de la manœuvre attri- les succès militaires de l’Alliance du réseau Al-Qaida, si elle reste, ment d’Etat, aucune des l’opération « Liberté immuable » buée à ces marines sachant que, du Nord – est parcouru de tunnels pour l’instant, du seul domaine 22 000 informations parvenues en Afghanistan. déjà, la mission numéro un aménagés en forteresses ou de des forces spéciales, est une mis- L’aviation pourrait par courrier ou par téléphone n’a Outre des avions Harrier du allouée aux forces spéciales est de grottes naturelles, souvent irri- sion de longue haleine, de patien- donné le résultat escompté. « L’ar- corps des marines, qui ont partici- traquer Oussama Ben Laden et les guées, dans les montagnes. Certai- ce et, surtout, de détermination. avoir recours à des gent fera parler », a dit le secrétaire pé aux bombardements, des équi- agents de son réseau terroriste nes de ces excavations ont été pré- En particulier, les états-majors s’at- à la défense, Donald Rumsfeld. pes au sol sont déjà intervenues, Al-Qaida. Par ses bombardements, cédemment bombardées. Le tendent à voir, sauf un ralliement bombes incendiaires Dans le cadre des affaires « psy- notamment pour récupérer, fin l’aviation américaine a, en effet, réseau est surveillé par des satelli- surprise, les rebelles chercher à ops » (action psychologique) con- octobre, les occupants d’un héli- détruit nombre des infrastructures tes-espions et des avions sans pilo- résister dans leurs souterrains. Dès ou asphyxiantes à fiées aux forces spéciales, on ne coptère blessés dans un accident. du mouvement terroriste pour lui te (drones) Predator ou Gnat de lors, l’aviation des Etats-Unis pour- dément pas que des commandos Mais, cette fois-ci, les marines interdire de se prévaloir d’un quel- l’armée américaine et de la Central rait avoir recours à des moyens de effet de pénétration sur le terrain puissent distribuer – pourraient – c’est l’une de leurs conque sanctuaire en Afghanistan. intelligence agency (CIA), utilisés guerre nouveaux, tels que des bom- après vérification du renseigne- missions habituelles – venir en Pour autant, les services de ren- pour leur capacité à détecter les bes incendiaires ou asphyxiantes à dans le sol, ment – quelque menue monnaie appui de commandos des forces seignement occidentaux considè- sources de chaleur enterrées. effet de pénétration dans le sol, qui libérerait la parole d’indica- spéciales américaines présentes rent qu’Oussama Ben Laden, s’il Nul ne se fait d’illusions. Certes, voire des gaz, pour les en déloger voire des gaz teurs ou de défecteurs. Le Pentago- sur le théâtre des opérations. n’a pas déjà réussi à s’enfuir, conti- le travail des forces spéciales amé- une fois le renseignement tactique ne dit, en effet, avoir des indices réuni, puis recoupé par les forces selon lesquels le réseau Al-Qaida, spéciales. évaluer la situation, le résultat de sur place, est à court d’argent. En Au Vietnam, déjà, les armées leurs interrogatoires des rares pri- particulier, Oussama Ben Laden américaines en avaient appelé à de sonniers talibans que l’Alliance du n’aurait plus les moyens de se tels expédients. Mais, pour l’Afgha- Nord a consenti à leur présenter. garantir la loyauté de ceux qui l’en- nistan, elles ont obtenu des Russes Cette approche est rendue difficile tourent, de près ou de loin, et des- – dont les commandos ont eu à du fait de la langue et, du même quels les Américains espèrent être essuyer quelques revers durant coup, elle dépend du bon vouloir renseignés sur ses déplacements. leurs opérations dans les années des interprètes. 1980 – des informations qui leur Dans leur chasse, les forces spé- Jacques Isnard Les talibans affirment être décidés à Interrogé lors d’une conférence de presse, le porte-parole du mollah Omar

SPIN BOLDAK aidé les talibans dès leur début et les lah Omar pour lui demander de se (province de Kandahar) assiste encore. Il n’a jamais demandé retirer, ce qui permettrait à leurs de notre envoyée spéciale qu’on lui remette la ville. » Selon Bis- yeux d’éviter la disparition complè- Sur le déclin, les talibans affir- millah, tout juste arrivé de Kanda- te. Pour l’instant, dans les zones ment toujours contrôler et vouloir har, « les talibans contrôlent bien la pachtounes, les talibans ont passé défendre jusqu’au bout les provin- ville et si la nuit ils se retirent dans les le pouvoir à des Pachtounes de ces du sud de l’Afghanistan, Kanda- montagnes avoisinantes, le jour, ils confiance qui ne divergent pas fon- har, Zabol, Uruzgan, Helmand et sont là pour regarder ce qui se passe et damentalement de la ligne talibane. une grande partie de la province de contrôler les gens ». « La police reli- Tayab Agha a touché un point Ghazni. C’est pour l’affirmer haut et gieuse, précise-t-il, regarde toujours sensible en rappelant que les tali- fort que Tayab Agha, secrétaire pri- les coupes de cheveux, les barbes, etc., bans avaient ramené la sécurité vé et porte-parole de leur chef suprê- mais les autres talibans ne dérangent dans le pays alors qu’à peine sous le me le mollah Mohammed Omar est pas les gens. » contrôle de l’Alliance du Nord, coali- venu, mercredi 21 novembre, à Spin tion des minorités ethniques tadji- Boldak rencontrer la presse. PACHTOUNES DE CONFIANCE ke, ouzbèke et hazara opposées aux « Nos forces se sont retirées de dif- C’est toutefois avec quelque nos- talibans pachtounes, Kaboul con- férentes provinces, maintenant elles talgie que Tayab Agha rappelle l’his- naissait de nouveau des vols, des ont atteint le Sud et elles ont décidé torique du mouvement taliban, meurtres, des viols. « Les gens de de défendre les provinces qu’elles con- « démarré à Kandahar pour lutter Kandahar savent que si les talibans trôlent » a affirmé Tayab Agha, qui contre les bandits et les voleurs et met- s’en vont, tout cela va reprendre », a qualifié de « rumeurs sans fonde- tre en pratique l’islam ». « A cette a-t-il souligné pour expliquer le sou- ment et propagées par nos ennemis » époque (1994), a-t-il souligné, nous tien que, selon lui, la population les informations sur une offre ne contrôlions pas Kaboul et le Nord. apporterait aux talibans. Dans le d’abandon de Kandahar par le mol- Notre but n’était pas le pouvoir mais bazar de Spin Boldak, les habitants lah Omar. « Le mollah Omar vit dans l’application de la loi islamique, et en sont convaincus. Muhammad les régions sous notre contrôle et il a cela reste notre devoir, notre obliga- Rahim, un chauffeur de bus, affir- donné l’ordre de défendre l’émirat tion religieuse. Nous n’avons pas le me : « La situation redevient la islamique et l’islam », a martelé son choix. » Toutefois, et malgré l’assu- même que celle d’avant les talibans. porte-parole, qui a démenti que les rance donnée par Tayab Agha sur le Différents groupes vont avoir des chefs tribaux aient pris contact avec fait que les talibans ont assez de armes et vont avoir le pouvoir sur dif- le mollah Omar. troupes pour défendre le territoire férentes provinces et il sera de nou- En réponse à une question sur une qu’ils contrôlent aujourd’hui, il est veau très difficile de circuler. » éventuelle remise de la ville à Hajji certain que le doute s’est emparé de A 25 ans, parfaitement bilingue Bachar, riche homme d’affaires de la beaucoup de hauts responsables en anglais – langue apprise à Quetta tribu dominante des Nourzaï, Tayab talibans qui font pression – jusqu’à alors qu’il poursuivait des études Agha a indiqué : « Hajji Bachar a maintenant sans succès – sur le mol- religieuses – Tayab Agha assure LA GUERRE CONTRE AL-QAIDA LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 3

Exemple d'équipement d'un commando des forces spéciales Un équipement qui permet Casque construit le combat de nuit avec du matériel Un outil crucial de la « guerre de l’ombre » Jumelles d'avant-garde afin pour d'alléger son poids vision (moins de 1,3 kg) et Pour faire face aux nouvelles menaces, chaque armée développe ses unités spécialisées nocture de résister à un tir de LA SECONDE guerre mondiale interventions en environnement même autorité, le Commande- d’hommes et de femmes, recrutés pistolet 9 mm a été le creuset de la création des particulièrement hostile ou diffici- ment des opérations spéciales dans les trois armées ou dans la forces spéciales avec une série le ; la Delta FOrce, probablement (COS), subordonné directement au société civile. Une « poignée » de Micro et Gilet pare- d’initiateurs, tels David Stirling, l’unité la plus jalouse de ses mystè- chef d’état-major des armées pour ces personnels a été engagée en écouteur balles résiste qui a formé les Raiders britanni- res et chargée, entre autres mis- l’emploi. Ce qui, en réalité, le situe Afghanistan, et, bien avant la mort pour rece- à des balles ques face à l’Afrikakorps alle- sions, de la lutte antiterroriste ; et sous le contrôle exclusif de l’Elysée du commandant Massoud, des voir et retourner de9mmetà mand, Valerio Borghese et Teseo les « Nightstalkers » (les traqueurs et de Matignon, par l’intermédiaire agents de renseignement de la les informations des fragments Tesei, qui donnèrent naissance de nuit), qui conduisent des expédi- du ministre de la défense. DGSE ont servi auprès de l’Allian- et rester en de métal aux nageurs de combat en Italie, tions aéroportées ou héliportées Le COS représente une forma- ce du Nord. A la différence des for- contact ou l’amiral Wilhelm Canaris, qui a clandestines. tion de moins de 2 000 hommes, ces spéciales, la tradition veut permanent organisé les commandos de la divi- A ces formations de l’armée de dits du premier cercle, comme le qu’ils agissent sans uniforme. avec le reste de sion nazie Brandebourg. Ce furent terre, il faut ajouter les forces spé- 1er régiment parachutiste d’infante- b L’Allemagne. En 1996, elle a la troupe autant de précurseurs dont se ciales de la marine (notamment les rie de marine à Bayonne (Pyrénées- créé un commando de forces spé- sont inspirées, par la suite, et Seals, ou phoques), qui mènent Atlantiques), auxquels viennent ciales (le KSK) au sein de la Bundes- notamment pendant la guerre froi- des opérations d’espionnage sous prêter main forte, selon les wehr. Soit un millier d’hommes de Est-Ouest, les armées du pacte l’eau, et les unités de l’armée de besoins, des commandos spéciali- basés à Calw, en Forêt-Noire, dont de Varsovie et celles de l’Alliance l’air, composées de commandos sés de la marine, des commandos l’engagement doit recevoir, même atlantique. emmenés de nuit, par avion ou par parachutistes de l’air, le comman- a posteriori, l’aval du Bundestag. Carabine M40 : b Les Etats-Unis. Dotées d’un hélicoptère, pour des coups de Le KSK, qui est intervenu dans les son poids est commandement central à Tampa main rapides, avec des jumelles de Balkans aux côtés de forces améri- de 6,58 kg, elle (Floride), les unités américaines vision nocturne. Le cinéma caines, britanniques et françaises, peut être rassemblent quelque 45 700 hom- b La Grande-Bretagne. C’est a vu le jour après que des soldats équipée de mes. L’armée de terre et le corps incontestablement l’armée britan- hollywoodien a illustré belges, en avril 1994, ont dû inter- Batterie : cette lunettes de des marines en représentent l’es- nique qui est, en la matière, la plus venir pour secourir des employés unité de vision nocturne. sentiel, avec pas moins de aguerrie. Qui ne connaît, en effet, maintes aventures des de la chaîne allemande Deutsch contrôle gère 25 000 hommes, suivis par l’armée au moins de réputation, ses SAS Welle pris en otage au Rwanda. l'équipement et de l’air (12 500) et la marine (Special Air Service) experts dans marines, mais l’exploit b L’Espagne. Au sein de la direc- est intégrée à (8 200). Le cinéma hollywoodien a les opérations de sabotage et de tion opérationnelle du commande- l'uniforme illustré maintes de leurs aventures. renseignement, dont l’action la n’est pas toujours ment des opérations spéciales, elle Mais l’exploit n’est pas toujours au plus spectaculaire – télévisée en dispose de quelque 400 légionnai- rendez-vous, comme en Iran en direct à l’époque – a été l’assaut au rendez-vous res (l’ex-Bandera de operaciones avril 1980, avec l’échec d’une tenta- réussi, donné en 1980 à l’ambassa- especiales de la Legion), en paral- tive de récupérer des otages améri- de d’Iran à Londres, pour mettre lèle avec deux unités de combat, cains, ou en Somalie en octo- fin à une prise d’otages. Le gouver- do d’action sous-marine Hubert, une unité de transmissions et un bre 1993, quand dix-huit comman- nement garde un silence absolu un groupe de combat en milieu état-major dépendant du Mando dos trouvèrent la mort en voulant sur les faits et gestes d’un corps clos et des détachements d’avions de operaciones especiales (MOE) capturer le général Mohammed relativement modeste, avec quel- ou d’hélicoptères pour des mis- de l’armée de terre espagnole. Farah Aidid, accusé de terrorisme. que 700 commandos sélectionnés. sions spéciales, généralement de b La Russie. Durant les années Les plus connues de ces forces Les SAS peuvent vivre en autarcie, nuit et sur des terrains rustiques. Il 1980, Moscou a engagé en Afgha-

Source : Military.com spéciales américaines sont les en pleine nature, pendant de lon- existe des unités, dites du deuxiè- nistan ses troupes de diversion con- « Green berets » (bérets verts) qui gues périodes, à la recherche de me cercle, comme le 13e régiment nues sous le nom de « troupes à Les forces spéciales américaines totalisent quelque 45 000 soldats, sur entraînent les armées étrangères, cachettes et de positions enne- de dragons parachutistes à Dieuze usage spécial » (Voyska spetsial’no- une armée qui mobilise globalement près de 1 370 000 hommes et aident à installer une guérilla ou mies. vo nazatcheniya, ou Spetsnaz). Pré- femmes. Sur le territoire afghan, elles aligneraient environ 500 (Moselle), chargé du renseigne- commandos, qui opèrent par équipes légères de 10 à 20 soldats mènent des actions ciblées derriè- Outre ses SAS, le Royaume-Uni ment dans la profondeur, des uni- sentés comme des unités d’élite, agissant en uniforme, à la différence des agents clandestins des services re les lignes adverses ; les Rangers, peut puiser, selon les compéten- tés de recherche humaine (URH) censés être capable de désorgani- d'action et de renseignement, comme la CIA, qui travaillent en civil. une unité d’infanterie spécialisée ces, dans un régiment parachutis- parachutistes ou non, voire le grou- ser l’Occident par des opérations dans les combats de nuit et des te, parmi des nageurs de combat et pe de sécurité et d’intervention de clandestines sur les arrières et con- des commandos de marine ou fai- la gendarmerie nationale (Gsign) tre les populations civiles, les re appel à une brigade de Royal en certains cas. Spetsnaz furent, durant la guerre Marines, 3 500 hommes rompus Outre le COS, qui peut recourir à froide Est-Ouest, la bête noire de En France, forces spéciales et services de renseignement recrutent aux affrontements dans les zones des réservistes embauchés selon l’OTAN. Mais ils se révélèrent peu froides et en montagne. Il dispose leurs compétences, l’armée de ter- efficaces en Afghanistan, subissant C’EST l’un des résultats, indirects de novembre, le mensuel officiel du rétribués sur les crédits de leur admi- aussi d’une troupe très spéciale, re aligne une brigade du renseigne- de lourdes pertes. Depuis, outre et pas réellement inattendus, de la ministère français de la défense, nistration d’origine. A ce budget, il héritée de son empire colonial et ment, créée en 1993 et forte de six l’armée russe, d’autres services de guerre en Afghanistan. La France Armées d’aujourd’hui, annonce faut ajouter quelque 30 millions constituée de Gurkhas, des merce- unités différentes expertes dans la sécurité, comme le service de ren- enregistre des candidatures de volon- qu’un tel renfort est envisagé. d’euros prélevés sur les fonds spé- naires népalais réputés pour leur guerre électronique, qui constitue seignement extérieur SVR (ex- taires à l’entrée au sein de ses forces « A la lumière des récents événe- ciaux de Matignon pour payer les combativité. « les yeux et les oreilles » de l’état- KGB), le service fédéral de sécurité spéciales et à la direction générale ments, estime le général Kelche, les opérations clandestines de la DGSE b La France. Alors que les Etats- major. FSB ou des ministères ont mis sur de la sécurité extérieure (DGSE), les missions des forces spéciales vont être – celles de son millier d’hommes et Unis l’avaient fait dès 1986 et la Ce dispositif est indépendant du pied des unités de commandos services de renseignement à l’étran- repensées, surtout en termes de volu- de femmes affectés au service Grande-Bretagne l’année suivante, service « action » de la direction antiterrorisme et anticriminalité. ger. Au point qu’elle envisage d’en me lié à l’intervention plutôt qu’en ter- « action » – et pour rémunérer ses elle a attendu 1992 pour fédérer générale de la sécurité extérieure accroître les effectifs et que cette ini- mes de modèle d’action. » informateurs français et étrangers. ses forces spéciales sous une (DGSE), qui comprend un millier J. I. tiative se traduit d’ores et déjà dans La crainte des responsables du le budget pour 2002. « PARCOURS DU COMBATTANT » COS ou de la DGSE, devant cet Ainsi, le commandement des opé- De même, la DGSE, sous la direc- afflux de candidats, est que les éven- rations spéciales (COS), sous l’auto- tion de Jean-Claude Cousseran, tuelles recrues soient découragées La revue « Raids » dans l’air du temps rité du général Henri Poncet, com- vient d’être autorisée à embaucher. par le « parcours du combattant » prend actuellement quelque 2 000 L’an prochain, les services spéciaux que représente toute embauche EN FRANCE, les forces spéciales ont leur club de tions du GIGN, qu’on a tendance à assimiler aux forces hommes, dont 150 sont des réservis- de la France, avec une planification chez eux. Le COS recrute sur des cri- fans. Des collectionneurs qui traquent les modèles spéciales. Et puis, il y a eu le 11 septembre. L’intérêt des tes sélectionnés pour leurs compé- de 4 600 civils et militaires au total, tères physiques et intellectuels réduits (armes, uniformes, figurines, etc.) et les insi- médias n’a jamais été aussi fort ! » tences civiles et leur pedigree mili- devraient recruter une centaine de assez contraignants. gnes des unités du monde entier. Des passionnés, Le conflit en Afghanistan, comme la guerre du Gol- taire. Si l’on en croit le général Jean- nouveaux agents par rapport à La sélection à l’entrée à la DGSE incollables sur les SAS britanniques ou la mystérieuse fe ou celle du Kosovo, a dopé les ventes du magazine. Pierre Kelche, chef d’état-major des 2001. La priorité est donnée à des reste soumise à de tels impératifs de Delta Force américaine. Ils veulent tout savoir des Le hors-série consacré le 20 septembre aux forces armées, qui est responsable de l’em- traducteurs de langues rares et à sécurité draconiens que la tâche de tenues de camouflage, des techniques de survie, des spéciales françaises s’est vendu à ce jour à ploi des forces spéciales, il est néces- des experts de l’informatique. la direction des personnels n’en est modes opératoires. Ils ont leurs magasins, leurs sites 25 000 exemplaires. Quant au numéro de novembre, saire de créer un régiment supplé- Le projet de budget, dans sa ver- pas facilitée. D’autant que, pour le Internet et un journal de référence : le mensuel titré « Guerre au terrorisme », il devrait dépasser les mentaire, au sein du COS, qui serait sion officielle, doit s’élever à 259 mil- tiers des effectifs qui sont issus des Raids, édité depuis 1986 par Histoire et Collections, 35 000 exemplaires. La France est encore loin des spécialisé dans la recherche du ren- lions d’euros. Mais cette somme ne armées, leur profil de carrière est un petit groupe de presse parisien qui publie des Etats-Unis et du Japon, où les militaires d’élite font seignement. Soit l’équivalent de 700 comprend pas la rémunération des ralenti par un passage à la DGSE. livres et une douzaine de magazines spécialisés. l’objet d’un véritable culte, mais le phénomène à 900 hommes, tous volontaires et personnels, car, pour la plupart, les Bien que la revue en question soit conçue par des prend de l’ampleur. professionnels. Dans son numéro fonctionnaires de la DGSE sont J. I. civils, elle recrute la majorité de ses lecteurs dans les Raids, dont le lectorat est à 99 % masculin, se veut rangs de l’armée, en France et en Belgique. 70 % d’en- indépendant, tout en entretenant des relations de tre eux sont des militaires en exercice, âgés pour la confiance avec la hiérarchie militaire. Il arrive ainsi plupart de vingt-cinq à vingt-neuf ans. Selon le rédac- que les responsables d’unités convient les journalis- défendre Kandahar et les provinces du Sud teur en chef de Raids, Eric Micheletti, auteur de tes de la rédaction à faire un reportage sur leurs for- divers ouvrages sur le sujet, les forces spéciales sont mations. « A l’heure de l’armée de métier, certaines dans l’air du temps. « Il y a encore quinze ans, dit-il, unités sont confrontées à des problèmes de recrutement a déclaré « n’avoir aucune idée de l’endroit où se trouve Ben Laden » on n’en parlait presque pas. Le mythe portait davanta- et soignent leur image à travers nous », dit M. Miche- ge sur la Légion, le côté “sable chaud”. L’aspect letti, qui est lui même un ancien du 13e régiment de depuis plusieurs années le secréta- zones sous notre contrôle. Nous ne apporter la paix en Afghanistan. “cagoule-gilet-armes secrètes” était méconnu du dragons parachutistes. riat de mollah Omar. Il veut croire savons pas où ils sont allés et, à l’heu- Tout effort, tout plan mis en place public. Aujourd’hui, c’est différent. Des films populai- à l’avenir. Peut-être est-ce pour re où je parle, nous ne savons pas où par des forces étrangères est voué à res ont contribué à ce phénomène, comme les interven- Philippe Broussard cela qu’il a semblé prendre ses dis- ils sont. Je n’ai pas d’informations l’échec et ne conduira qu’à des tances avec l’islamiste d’origine selon lesquelles ils pourraient être à batailles internes », a-t-il dit. Fai- saoudienne, Oussama Ben Laden, Kandahar. » « A cause des problè- sant allusion au roi comme « quel- à l’origine des malheurs actuels de mes de communication, nous qu’un qui vit à l’étranger et ne peut l’Afghanistan. « Nous n’avons aucu- n’avons pas de contact avec Al-Qai- pas jouer un rôle en Afghanistan », il ne idée de l’endroit où se trouve Ben da », a-t-il insisté. Agha a toutefois a aussi dénoncé par avance le pro- Laden. Depuis les frappes américai- réitéré l’impossibilité pour les tali- cessus de Loya Girga (Grande nes, nous n’avons plus de communi- bans de livrer inconditionnelle- Assemblée) en affirmant : «La cations avec lui », a-t-il affirmé. ment Ben Laden aux Etats-Unis. Loya Girga ne peut pas apporter la Interrogé à plusieurs reprises sur Sur l’avenir immédiat et les négo- paix et la stabilité en Afghanistan. Ben Laden et les membres de son ciations politiques en cours, Tayab Nous ne prendrons jamais part à une organisation Al-Qaida, Tayab Agha Agha s’est montré catégorique : Loya Girga. On a déjà expérimenté a indiqué : « Ben Laden et les mem- « Nous sommes sûrs que des interven- cela pendant vingt ans. » Agha a éga- bres d’Al-Qaida ne sont pas dans des tions étrangères ne pourront jamais lement violemment dénoncé les Nations unies en les accusant de n’être qu’un « outil des Etats-Unis ». La préférence de Donald Rumsfeld « Où étaient les Nations unies quand les Etats-Unis ont décidé de frapper Evoquant « sa préférence » sur le fait de savoir s’il fallait retrouver le peuple afghan ? Il n’y a pas de Oussama Ben Laden mort ou vif, le secrétaire américain à la défense, Nations unies et si l’organisation exis- Donald Rumsfeld, a déclaré, lors d’une visite aux troupes à Fort Bragg te, elle travaille sous les ordres des (Caroline du Nord), mercredi 21 novembre : « Ce n’est pas une position Etats-Unis », a-t-il souligné. gouvernementale, mais une position personnelle. J’ai ma préférence, je Conscient des difficultés qu’af- vous laisse vous servir de votre imagination. » Concernant les difficultés frontent les talibans, Tayab Agha à mettre la main sur l’homme le plus recherché au monde, M. Rums- s’est toutefois voulu rassurant en feld a précisé : « Il a été dit, et à juste titre, que c’était comme rechercher rappelant que, pour les musul- une aiguille dans une botte de foin. Mais nous travaillons dur. » mans, cette situation n’était pas Il a, d’autre part, répété que « des gens qualifiés » et des réseaux de nouvelle, que le prophète Moham- renseignement étaient mobilisés, en espérant que les primes promi- mad avait aussi connu des mauvai- ses aux Afghans, dont le montant (25 millions de dollars) a été diffusé ses passes, qu’il s’était retiré et à la par radio et par tracts, « inciteront la population locale à faire une fin avait remporté la victoire. démarche au moins économiquement intéressante » pour eux, a-t-il ajou- té en souriant. – (AFP.) Françoise Chipaux 4 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 LA GUERRE CONTRE AL-QAIDA A Kunduz, les troupes des talibans tentent de négocier leur reddition Dans leur dernière place forte du nord de l’Afghanistan, assiégée par l’Alliance du Nord, les combattants du mollah Omar essayent d’échapper à une défaite sanglante. A leurs côtés, des milliers de volontaires étrangers, exclus des négociations, n’ont d’autre choix que de se battre

TALOQAN la ville et ceux qui résisteront seront Ouïgours chinois et de ressortis- de sang en obtenant la reddition impossibles à vérifier, et répon- général Daoud, 470 d’entre eux envoyé spécial tués », précisait-il. Environ dix mil- sants du Sud-Est asiatique. des assiégés. Ils ont choisi de négo- dent trop bien aux intérêts du auraient été tués dans la poche de Ce ne serait peut-être plus le talibans se trouveraient aujour- Les bombardements américains cier avec les talibans afghans dans Front uni pour être adoptés tels Kunduz depuis une semaine, 300 qu’une question d’heures. Jeudi d’hui assiégés dans ce réduit qui ont quelque peu diminué d’intensi- l’espoir d’isoler les combattants quels. Mais les désertions se multi- dans le village d’Alchin, 140 dans 22 novembre, des négociations se comprend la ville de Kunduz et té depuis le début de la semaine, étrangers, avec lesquels, assurent- plient bel et bien. celui de Qaram Khul, et une tren- ses campagnes environnantes pour permettre des négociations. ils, aucune discussion n’est possi- Juma Khan, par exemple, l’a taine dans la région de Khanabad, REPORTAGE dans un rayon d’une trentaine de Mardi, le général Daoud a ainsi ble. échappé belle. Lundi soir, ce jeune l’une des plus touchées jusqu’ici « Beaucoup de talibans kilomètres. rencontré, dans un village, les Pachtoune, qui avait rallié les tali- par les bombardements. deux principaux dirigeants tali- DÉSERTION PRÉPARÉE bans il y a trois ans, les a abandon- Les désertions ne concernent vont se rendre, mais les COMBATTANTS AGUERRIS bans de Kunduz, le mollah Fazil et Cette stratégie a porté de pre- nés. Il a soigneusement préparé sa que les assiégés afghans. Les com- étrangers se défendront La plupart sont des combat- le mollah Dodiullah, dit « le Boî- miers fruits. Le général Daoud désertion, avec l’aide d’un émissai- battants étrangers ne sont pas jusqu’au bout » tants aguerris, que le mollah teux ». Mercredi, une rencontre affirme que plus de mille talibans re civil du général Daoud qui a invités à se rendre, et ne se ris- Omar avait déployés sur ce qu’il semblable a eu lieu à se sont rendus à ses troupes ces franchi la ligne de front pour l’en- quent pas à traverser les lignes. Le pensait être le dernier front de la Mazar-e-Charif entre deux hauts derniers jours. « Auparavant, 60 % courager à la trahison et lui fixer discours que tiennent sur leur poursuivaient sur le sort des mil- guerre et qui se sont retrouvés émissaires de la ville assiégée et le des assiégés étaient des Afghans et un rendez-vous en pleine nuit compte les officiers du Front uni liers de combattants talibans et encerclés dans le nord de l’Afgha- général ouzbek Rachid Dostom. 40 % des étrangers, prétend-il. avec un groupe de moudjahidins. leur laisse peu d’espoir de bénéfi- étrangers retranchés autour de la nistan. A défaut de pouvoir rejoin- Les dirigeants du Front uni affir- Aujourd’hui, la proportion s’est L’homme assure être venu avec cier de la moindre clémence. ville de Kunduz, leur dernier gros dre leur fief de Kandahar, ces for- ment vouloir empêcher un bain inversée. » De tels chiffres sont plusieurs dizaines de combattans « Beaucoup de talibans vont bastion dans le nord de l’Afghanis- ces, lourdement équipées, se sont et huit véhicules remplis d’armes abandonner le combat, mais les tan. Dans le même temps, les pre- repliées en bon ordre dans l’une pour mieux se faire pardonner ses étrangers se défendront jusqu’au mières lignes des talibans sem- des rares villes à forte proportion Le colonel Kadhafi veut éviter un « massacre » errances. bout, explique le commandant blaient enfoncées par les avan- pachtoune de la région, pour y Shajahan, l’un des principaux cées de l’Alliance du Nord. soutenir un long siège. Mouammar Kadhafi a proposé que les combattants étrangers FUSILLÉS SUR-LE-CHAMP assistants du général Daoud. Ils Mercredi soir, un assaut des Les volontaires islamistes étran- alliés des talibans soient remis à leurs gouvernements respectifs D’autres talibans tentent de pensent en effet que nous les tue- troupes de la coalition antitali- gers y seraient quelques milliers, pour éviter un « massacre » à Kunduz, a annoncé, mercredi 21 novem- s’échapper sans avoir conclu ce rons s’ils se rendent. Alors, ils préfè- bans était présenté comme immi- mais les évaluations diffèrent en bre, l’agence officielle libyenne Jana. Cette offre a été faite à « toutes genre de marché. Mercredi, l’un rent mourir les armes à la main. » nent. La veille, le général Moham- fonction des sources. Selon les les parties concernées », a ajouté Jana, sans plus de précision. Redou- d’entre eux, qui se fait appeler Et s’ils sont, malgré tout, captu- med Daoud, qui tient les fronts dirigeants du Front uni (Alliance tant d’être exécutés s’ils se rendent aux moudjahidins, les volontai- Boz Mohammed, a été identifié rés vivants par ses hommes ? est et nord, avait affirmé que l’at- du Nord), leur contingent s’élève- res étrangers avaient proposé, lundi, de se retirer de Kunduz sous par des moudjahidins juste après « Nous les jugerons selon les précep- taque surviendrait « avant la fin rait à quelque dix mille hommes ; protection onusienne. Mais les Nations unies ont indiqué ne pas être avoir passé la ligne de front. Il a tes de l’islam » répond l’officier, de la semaine ». il se composerait de quatre à cinq capables d’organiser une telle opération, par ailleurs exclue par les immédiatement été battu sur la sans se montrer pour autant capa- Jeudi matin, Mohammed mille Pakistanais, de deux à trois Etats-Unis qui craignent de voir ces combattants islamistes leur route, à coups de crosse et de bot- ble de préciser quelles peines sont Daoud expliquait que les discus- mille Ouzbeks du chef de guerre échapper. tes, puis entraîné dans une mai- réservées à ceux qu’il qualifie sions continuaient. « Une majorité Juma Namangani (dernièrement Mercredi, au Pakistan, le mufti Nizamuddin Shamazai, un haut son en ruine où il a été interrogé. sans discontinuer de « terroris- de talibans afghans a accepté de se mort au combat, selon plusieurs dignitaire musulman de Karachi naguère reçu par le mollah Omar en De leur côté, les talibans tes ». rendre, mais aucun milicien étran- témoignages), d’un millier d’« Ara- Afghanistan, a déclaré que « si des Pakistanais sont massacrés à Kun- seraient impitoyables avec leurs ger n’a déposé les armes. Nous som- bes » d’Al-Qaida et de quelques duz, il y aura une forte réaction ici contre le gouvernement militaire [du propres déserteurs, qu’ils fusille- Etienne Dubuis mes cependant prêts à entrer dans centaines de Tchétchènes, de président Pervez Moucharraf] ». – (AFP, Reuters.) raient sur-le-champ. Selon le (Le Temps) A Jalalabad, dans les quartiers généraux des riches et puissants « légionnaires arabes » d’Al-Qaida JALALABAD (Afghanistan) message. A Shushman Khanji, la passé au peigne fin. étaient cinq, ils étaient petits, ils ne ensemble, dans une enfilade de nous sommes arrivés, tout le monde de notre envoyé spécial « maison d’Al-Qaida » comme on Dans la maison de Shushman sortaient jamais dans l’impasse pour huit maisons communiquant entre était parti », indique leur chef. Plus de 150 roquettes dans leurs l’appelle dans le quartier, est déjà Khanji, ne restent plus sur les plan- jouer avec les autres. » elles et cernées par de hauts murs A l’intérieur, même razzia. Dans emballages ; deux tubes de tir de ravagée. Plus un meuble, plus un chers tachés que quelques vête- Prudence, discrétion, anonymat de terre battue. une courette intérieure, trois pou- fabrication chinoise sur leur tré- tapis, plus une lampe. ments de femmes déchirés, trois étaient de règle pour les « invités » « Ils étaient au moins soixante, les, désintégrées, ont été abattues Mal nourris et sans solde la plu- douzaines de livres islamiques arabes du mollah Omar. « Ils dont une trentaine d’enfants si je me par balles. Restent deux lapins REPORTAGE part du temps, les moudjahidins abandonnés dans un coin et quel- étaient riches, ils étaient puissants, souviens bien », rapporte notre blancs qui courent sur un rachiti- descendus des montagnes pour ques manuels divers en langue ara- ils ne parlaient à personne, c’étaient témoin. Ben Laden, qui disposait que parterre de fleurs. Les longues « Ils ne sortaient remplacer l’ordre taliban commen- be. « L’un des deux hommes qui des Arabes », résume Mohammed d’une résidence privée à la sortie oreilles n’en ont plus pour long- jamais sans leurs cent à se payer sur le terrain. Les vivaient ici s’appelait Aboul Nas- Ashraf, agriculteur et voisin immé- de Jalalabad, a été aperçu dans la temps. « Hi hi, il faut bien passer le armes et ne parlaient bâtiments des organisations non ser », affirme Karouan, un jeune diat d’un autre groupe appartenant ville le 9 septembre, deux jours temps », s’excuse en ricanant un à personne » gouvernementales (ONG), arabes voisin afghan d’une quinzaine d’an- à Al-Qaida. avant la destruction des tours moudjahidin sans barbe et couvert mais aussi occidentales, sont vidés nées. « L’autre, je ne sais pas. Mais Plus loin, au siège du service de jumelles de New York. Se pourrait- d’acné. A gauche, en entrant, une de leurs matériels, ordinateurs et ils étaient tous les deux grands et renseignement militaire (Isterba- il qu’il soit passé ici ? Vautrés au grande pièce vide : « C’est là que pied ; une caisse de grenades qua- véhicules abandonnés par les expa- forts. Environ la trentaine. Ils ne sor- ratt) et juste derrière l’hôtel Spin- soleil sur de grands sharpaïs – des leurs enfants recevaient les cours », drillées ; quelques obus et une poi- triés, partis il y a déjà plusieurs taient jamais sans leurs armes et ne gar, qui a pu accueillir quelques lits de corde -, une dizaine de jeu- précise Mohammed Ashraf. « Ces gnée de mines antipersonnel, de semaines. Même le bâtiment du parlaient à personne. Pas de servi- « légionnaires » de Ben Laden, les nes moudjahidins en armes mon- gens-là n’étaient pas comme nous, celles qui fabriquent les unijambis- Haut-Commissariat des Nations teurs, non, leurs femmes s’occu- précautions étaient les mêmes. Les tent désormais la garde devant le ils n’envoyaient pas leurs enfants à tes à la chaîne. A en juger par ce unies pour les réfugiés (HCR) a été paient de la maison. Les enfants hôtes du mollah Omar vivaient « quartier islamique ». « Quand l’école du quartier. » qui gît encore dans leur arrière- Tous les soirs, des hommes cour, les deux familles arabes qui armés effectuaient des rondes vivaient depuis deux ou trois ans autour du pâté de maisons. Nos au fond d’une impasse malodoran- Faux papiers, faux visas et stocks chimiques dans un « collectif islamique » abandonné témoins sont formels : les hommes te, dans le quartier de Shushman du collectif « travaillaient » à la Khanji, avaient de quoi soutenir un JALALABAD Al-Tunisi (un Tunisien ?). Une chose est sûre : à pure en quantité et de l’oxyde de zinc à ne plus base d’Al-Qaida de Darounta, à siège. de notre envoyé spécial en juger par les nombreux livres en français savoir qu’en faire. Que fabriquait-on ici ? Mys- 20 kilomètres de piste de Jalalabad, Qui étaient-ils et comment Joyce Devenny, titulaire d’une carte de crédit abandonnés sur place, certains, ici, parlaient la tère. « Il y a dans cet inventaire des produits pri- sur la route de Kaboul. Le camp a vivaient-ils, ces milliers « d’interna- à la Citibank. Asmatullah, 22 ans, étudiant à langue de Molière. Quant à leurs identités réel- maires pouvant entrer dans la fabrication d’ex- été détruit en octobre par les bom- tionalistes », arabes et autres, qui Westwood (Londres), sous le nº 14 653. Chah les, c’est une autre affaire. plosifs », dit un spécialiste parisien. Pour quoi bardements américains. « Ils s’en- ont lié leur sort à celui du million- Wasir Wassrat, étudiant à Stuttgart, résident à Dans le tiroir d’un meuble en morceaux sur faire ? Une feuille volante tachée, ramassée traînaient aux armes par groupes de naire d’origine saoudienne Oussa- Londres et à Dubaï. Aziz Abdoul, environ 65 un plancher, on déniche des tampons du consu- sous un patio, donne peut-être la clef. C’est un cinquante environ. Mais certaines ma Ben Laden ? ans, médecin à Londres. Abdoul Rassoul, titulai- lat pakistanais à Londres, des essais par dizai- texte convenablement tapé sur un ordinateur. fois, il fallait préparer à manger « Quand nous sommes arrivés re d’une carte bancaire – compte nes sur des feuilles blanches, des visas vierges, Il dit ceci : « Ô mes sœurs, unissez-vous et soute- pour au moins deux cents person- près de la maison, le 14 novembre », nº 120 142 870 – à la Deutsche Bank. Sami tout prêts à se retrouver collés sur des passe- nez vos époux (…) à remplir leurs obligations nes », se souvient le vieil Afghan raconte Mohammed Zaher, le chef B. Ali, né le 27 mars 1965, titulaire d’une carte ports. Le collectif était bien organisé. envers l’islam. Rappelez-leur toutes les douceurs qui aidait à la cuisine. enturbanné de noir du petit pelo- d’« étudiant international ». Mohammed promises à l’heure fatale. Nous devons suivre ton de moudjahidins qui occupe Homayoun, Sherin Agha, etc. DES DIZAINES DE BOUTEILLES l’exemple de notre frère, le cheikh Oussama Ben RÉSIDENTS PRIVILÉGIÉS aujourd’hui les lieux, « une dizaine Les résidents du « collectif islamique » pro- Dans une cave sombre, en sous-sol, plu- Laden. Il suit les commandements du saint Al-Qaida recevait beaucoup de d’hommes nous attendaient. Ils ont che du siège du service de renseignement mili- sieurs dizaines de grandes caisses sont empi- Coran. Il nous faut livrer combat contre nos véri- visiteurs. Des Arabes bien sûr, ouvert le feu les premiers. J’ai reçu taire (Isterbaratt) ont laissé des traces de leur lées au frais. On les ouvre : « Aldéhyde formique tables ennemis. » mais aussi des Soudanais, des une balle dans le pied ». Il montre passage. Faux papiers ? Faux noms ? Sur une en solution à 37 % » des laboratoires améri- Pour le « collectif », le rêve est presque termi- Tchétchènes, des Bengalis, des son bandage ; « Nous avons répli- feuille volante, parmi les immondices qui jon- cains Merck. Des pots de 500 grammes de né. Jeudi 22 novembre, dans certaines régions Ouzbeks, des Philippins et même, qué. Ils ont eu deux blessés et un chent le sol, une liste déchirée de noms, les magnésium. Des dizaines de bouteilles pleines de l’Afghanistan, « l’ennemi véritable » conti- nous assure-t-on, des musulmans mort, un jeune Arabe d’environ dix- mêmes, placés sous le « commandement » de d’acide acétique à 36 %. Une vingtaine de nuait ses bombardements… chinois qui venaient là chercher un huit ans. » deux hommes : Abou Amza Al-Magrebi – un grands pots de nitrate de plomb en provenan- soutien, de l’argent, des armes. Marocain peut-être – et Abdullah Juneid ce d’« Allemagne de l’Ouest », de la glycérine P. C. Dans le « collectif » de l’Isterba- « CENTRE D’ACCUEIL » ratt gisent des dizaines de livres et Equipés de leurs armes les plus de manuels, en arabe, en suédois, légères – 15 fusils d’assaut kalach- en allemand, en russe ou en fran- nikov et lance-grenades RPG 7 –, çais. les autres, entassés dans deux pick- « Ce que tout musulman doit con- ups japonais flambant neufs, ont naître de sa religion », s’intitule fui vers le nord, en direction d’Asa- l’un d’eux. « Discipline dans le che- dabad, capitale de la province du min vers la prière », annonce un Kounar. Selon un mémo des servi- autre, signé de cheikh Mohammed ces russes de renseignement, daté Ibn Abdelwahab, théoricien du du 9 mars et transmis fin septem- wahabbisme, et édité en Arabie bre au Conseil de sécurité des saoudite. Dans les huit maisons, Nations unies par Moscou, Al-Qai- des manuels d’ordinateurs de gran- da disposait dans cette cité poussié- des marques, de téléphones porta- reuse, à six heures de piste d’ici, bles et de valises-satellites jon- d’un véritable « centre d’accueil » chent les sols. Les matériels ont dis- pour ses pistoleros. paru, emportés par leurs proprié- « Par ordre du gouverneur du taires ou pillés, on ne sait. Nangarhar, Haji Kadir, les résidents Les « Arabes » étaient ici chez de Jalalabad sont informés qu’en eux. « Une fois, se souvient Moham- dehors des moudjahidins, nul n’est med Ashraf, leur électricité a été plus autorisé à porter des armes coupée par la ville. Ils sont allés voir dans la cité. Les contrevenants ver- le mollah Kébir » et l’électricité est ront leurs armes confisquées, inch revenue. « Ils ont expliqué qu’ils Allah. Peuple de Jalalabad, ne crai- étaient ici par la volonté du mollah gnez rien, vaquez à vos occupations, Omar, qui leur avait donné ce ter- vivez en paix. » La guerre et les bom- rain public. » Pour les résidents bardements se poursuivent alen- très privilégiés du collectif islami- tour. Mais, six fois par jour depuis que de l’Isterbaratt, tout était alors une semaine, des camionnettes rentré dans l’ordre. Jusqu’à ce jour chargées de jeunes hommes en fatidique du 14 novembre. armes et équipées de haut-parleurs sillonnent la ville et dispensent leur Patrice Claude 5 L’ALERTE À L’ANTHRAX AUX ÉTATS-UNIS LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 Le décès d’une cinquième victime américaine de la maladie du charbon pose une énigme WASHINGTON relation avec les milieux politiques Le cas d’Ottilie Lundgren pose le sans le savoir, la ou les personnes de notre correspondant ou médiatiques, visés par des même problème que celui de responsables des envois de lettres Une cinquième personne est envois d’anthrax fin septembre et Kathie Nguyen, employée d’un contenant de l’anthrax. Ces recher- morte, mercredi 21 novembre, victi- début octobre ; elle n’avait aucune hôpital new-yorkais, décédée elle ches n’ont rien donné. Pour la me de la forme pulmonaire de la activité publique de nature à expli- aussi, le 31 octobre, d’un anthrax vieille dame d’Oxford, selon le gou- maladie du charbon, et ce nouveau quer qu’elle ait pu être la cible pulmonaire, sans que l’origine de verneur, l’hypothèse retenue par cas pose une énigme aux enquê- d’une tentative de contamination. cette contamination ait pu être éta- les enquêteurs est celle d’une con- teurs et aux pouvoirs publics améri- tamination provenant du courrier. cains. Ottilie Lundgren, âgée de Le 16 novembre, une nouvelle quatre-vingt-quatorze ans, vivait La piste d’un terrorisme domestique lettre a été découverte dans le cour- seule dans une maison de style rier destiné au Congrès, à Washing- campagnard à Oxford, dans le Con- Si la cible Daschle pouvait avoir été choisie par un terrorisme exté- ton, contenant le bacille du char- necticut, au nord-est des Etats- rieur aux Etats-Unis – le sénateur du Dakota du Sud est le chef de l’op- bon. L’enveloppe est en tous Unis. Elle a été admise, le position démocrate et, de ce fait depuis le 11 septembre, le principal points identique à celle qui avait 16 novembre, à l’hôpital Griffin, partenaire de M. Bush dans le consensus bipartisan –, le choix de été reçue, le 12 octobre, dans les situé dans la ville voisine de Derby, M. Leahy suppose une assez grande familiarité avec la vie politique bureaux du chef de la majorité se plaignant de troubles respiratoi- américaine et, probablement, une hostilité spécifique envers la gau- démocrate du Sénat, Tom Daschle, res apparus depuis deux jours. Les che démocrate de la côte Est. Mardi, le ministre de la justice, John élu du Dakota du Sud : même écri- médecins ont envisagé une pneu- Ashcroft, a déclaré sur CNN que « le type de “profil” rendu public » par ture, même adresse d’expéditeur monie et procédé, le 17 novembre, le FBI le 9 novembre « et le type d’indices que cela nous permet de rece- fictive, même cache de la poste en à des examens qui ont révélé la pré- voir tend à nous conduire dans la direction » d’une source intérieure. date du 9 octobre. Cette missive sence d’une bactérie. Selon le doc- Le ministre de la santé, Thomas Thompson, a indiqué mercredi, dans était adressée à Patrick Leahy, teur Stephanie Wain, qui dirige le USA Today que, selon les scientifiques qu’il a consultés, un microbiolo- démocrate lui aussi, sénateur du laboratoire de l’hôpital Griffin, des giste travaillant seul, avec un matériel d’une valeur de 2 000 dollars Vermont et président de la commis- tests supplémentaires ont montré (environ 15 000 francs), pourrait être à l’origine des contaminations sion judiciaire du Sénat. Elle était CARLA M. CATALDI/AP qu’il s’agissait du bacille de l’an- provoquées depuis un mois et demi. – (Corresp.) dans l’un des 250 conteneurs de thrax, ou maladie du charbon. courrier bloqués après la découver- a DERBY (Connecticut, Etats-Unis). Des policiers et des pom- Cette information a été rendue te de la lettre envoyée à M. Das- piers en tenue de protection chimique et bactériologique stationnent publique, mardi 20 novembre, par Elle avait exercé la profession de blie. Plusieurs centaines de poli- chle. Elle contenait plusieurs mil- devant l’hôpital Griffin où Ottilie Lundgren, 94 ans, est décédée, mercredi le gouverneur de l’Etat, John secrétaire juridique ; son mari, ciers ont enquêté sur l’emploi du liards de spores, selon les enquê- 21 novembre, de la forme pulmonaire de la maladie du charbon. La vieille Rowland, qui l’a présentée comme décédé en 1977, était juge d’instan- temps et les relations de Kathie teurs, et aurait contaminé à elle dame, qui vivait à Oxford (Connecticut), dans le nord-est des Etats-Unis, vraisemblable avant de la confir- ce. Sa nièce a indiqué au journal Nguyen, une des hypothèses envi- seule plusieurs sacs de courrier. aurait pu contracter la maladie après avoir reçu du courrier provenant mer, mercredi matin, une fois con- The Hartford Courant que la vielle sagées étant qu’elle ait pu fréquen- d’un sac postal contaminé par l’une des lettres au bacille du charbon nus les résultats des analyses défini- dame avait cessé de conduire et ter, en connaissance de cause ou Patrick Jarreau adressées à plusieurs personnalités démocrates de la région. tives effectuées par le Centre de qu’elle allait au temple luthérien et contrôle des maladies d’Atlanta, en chez le coiffeur « quand elle était Géorgie. Ottilie Lundgren est décé- en forme ». Oxford est une commu- dée un peu plus tard, bien qu’elle ne rurale de moins de dix mille eût été placée sous antibiotiques, habitants, située à environ 120 kilo- selon les médecins, dans les heures mètres au nord de New York. qui avaient suivi son admission. Des équipes spécialisées du FBI « Tout patient âgé a du mal à com- (Bureau central d’investigation) et battre une infection, même du type du Centre de contrôle des maladies bactérien le plus courant », a obser- ont passé au crible la maison de la vé l’un d’entre eux, le docteur malade et son environnement Lydia Barakat. En l’espèce, la natu- immédiat, sans trouver de trace du re de la maladie « a été une surprise bacille du charbon. Le bureau de pour nous, parce que la malade ne poste local avait été testé le présentait aucun des facteurs de ris- 11 novembre, a indiqué que », a déclaré le docteur Howard M. Rowland, et les résultats Quentzel, chef du service des mala- avaient été négatifs, de même dies infectieuses à l’hôpital Griffin. qu’au centre de tri de Wallingford, Selon le gouverneur Rowland, dont dépend Oxford, selon le porte- Ottilie Lundgren n’avait aucune parole de US Postal. Pour 10 dollars, une méthode de fabrication de l’anthrax à domicile WASHINGTON morale, comme le gouvernement ». de notre envoyé spécial Cela ne l’a pas empêché d’écrire, Peut-on, dans un pays où les atta- de proposer une méthode tout à ques à l’anthrax ont provoqué une fait efficace de fabrication de l’an- panique justifiée, dans un pays qui thrax, indiquent des spécialistes con- n’a de cesse de se protéger contre sultés par le journal – y compris l’il- les « terroristes », vendre au public lustre Ken Alibek, qui a décrit en un manuel de fabrication « d’armes détail les terrifiantes expériences de biologiques avancées » ? Oui, et le guerre biologique qu’il a menées plus tranquillement du monde. Le jadis pour l’URSS – : « Ce n’est pas New York Times du 21 novembre sophistiqué, mais ça marche. » La publie la photo d’un personnage à méthode du sieur Tobiason ne va la silhouette rondouillarde, qui, pas jusqu’à expliquer comment par- deux jours plus tôt faisait l’article de venir au stade de l’anthrax réduit en sa marchandise devant un stand très fines spores, du type le plus dan- d’un « gun show », une foire aux gereux, contenu, par exemple, dans armes de Salt Lake City. Il s’agit les lettres adressées aux sénateurs d’un CD-ROM et d’un livre qu’il a Daschle et Leahy. Mais il fournit au écrits lui-même, et doté d’un titre moins la première étape aux ama- aussi ambitieux qu’explicite : « Prin- teurs. cipes scientifiques pour improviser un Evidemment, les activités du per- matériel de guerre et de défense inté- sonnage n’ont pas complètement rieure : Volume 6-1 : armes biologi- échappé à l’attention du FBI. ques avancées, conception et fabrica- D’autant que, dès 1988, il avait susci- tion ». té l’inquiétude de ses voisins en paradant dans un minivan orné « ÇA MARCHE » d’inscriptions du type « J’aime les L’homme, Timothy Tobiason, explosifs », et « Fabriquez vos pro- appartient à une catégorie assez par- pres bombes », tout en se vantant de ticulière, celle des « government- savoir comment « détruire des gens haters », des gens qui détestent sans tirer un coup de feu ».Ilse l’Etat. Dans son cas particulier, les plaint d’ailleurs d’avoir reçu la visite raisons de cette rancune semblent d’agents du FBI et d’être suivi. liées à une histoire de brevet pour Cela ne l’empêche pas de conti- un herbicide de son invention, mais nuer tranquillement son petit com- que les autorités ont accordé à une merce. Dans les « gun shows », il autre entreprise que la sienne. est très entouré, et pour dix dollars, M. Tobiason est en effet décrit par on peut acheter sa méthode, précé- ses connaissances comme un hom- dée d’une introduction alléchante : me doué de solides talents de chi- « Pourquoi payer pour recruter des miste et de microbiologiste, domai- troupes et construire des usines pour nes que, ancien marin du porte-avi- faire la guerre, et tuer pour vous, ons Enterprise, il a explorés en auto- quand la nature peut le faire gratuite- didacte. ment ? » Les raisons qui le poussent à expli- Timothy Tobiason ne s’arrêtera quer à ses concitoyens comment pas avant que « tout le monde dans fabriquer de l’anthrax ne paraissent ce pays sache fabriquer des armes bio- pas absolument limpides : il semble logiques ». Et il rumine déjà son pro- s’agir d’une sorte de chantage. chain ouvrage, consacré aux armes Selon le New York Times, il a distri- biologiques « à très grande échel- bué – dès le mois de juin – son le ». Il y proposera même quelques ouvrage à un grand nombre de séna- « planet-killers », des tueurs de pla- teurs, dans l’espoir d’obtenir une nètes. M. Tobiason a bien de la chan- audition publique au Congrès pour ce d’avoir le teint rose, pas moyen- exprimer ses doléances à l’égard des oriental pour un sou. autorités. Mais il admet aussi avoir perdu « tout sens de l’éthique et de la Jan Krauze 6 LE DÉBAT SUR LA GUERRE EN FRANCE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 DÉPÊCHES

Le gouvernement français « veillera à empêcher toute dérive » a ÉTATS-UNIS : le décompte officiel des victimes des attentats du 11 septembre Lionel Jospin, à l’Assemblée nationale, assure que Paris entend garder le contrôle des opérations de sécurisation auxquelles continue à être revu à la baisse. La municipalité de New York a les forces armées participeront dans un objectif « défensif et local » en fonction d’une « solution politique » à déterminer par l’ONU déclaré, mercredi 21 novembre, que le nombre de morts et APRÈS AVOIR souvent protesté mi-décembre en océan Indien nord, regretté que la France ait « exagéré- France au mois d’avril. Il a égale- res de l’Assemblée, a, pour sa part, disparus dans les décombres du contre l’absence de débat parle- du “Charles-de-Gaulle” et de son ment réduit la part de son budget ment reproché au premier minis- estimé que « l’Alliance du Nord, World Trade Center était ramené mentaire sur la situation en Afgha- escorte ». Il a affirmé que « le gou- défense, qui est passé de 3 % à 2 % tre de ne pas avoir évoqué la néces- quels que soient ses mérites, n’offre maintenant à 3 899, y compris nistan, les députés ont obtenu, vernement veillera à empêcher tou- de notre PIB ». « La France a voulu sité de lutter contre le régime des pas toutes les garanties d’unité, de les passagers des deux avions mercredi 21 novembre, leur deuxiè- te dérive » de la mission française trop tôt toucher les dividendes de la talibans – « un mot que vous n’avez stabilité, de représentativité ». Cet- détournés ayant percuté les me débat sur le conflit. L’hémicy- en Afghanistan, en répétant que la paix », a affirmé M. Juppé, tout en même pas voulu prononcer » – lors te inquiétude sur le futur régime tours. Au total, le bilan cle était à moitié plein, seulement, France apportera sa contribution précisant que la « difficulté françai- du précédent débat à l’Assemblée, qui pourrait être mis en place a des attaques du 11 septembre mais tous les barons de la droite et militaire « dans la mesure où cela se se, n’était pas dans la fixation des le 3 octobre. Il a épinglé les déclara- d’ailleurs été aussi au cœur de l’in- est maintenant de 4 132 morts. de la gauche française étaient là fera selon les conditions qui nous objectifs », fixés par Jacques Chi- tions du président de la Républi- tervention de Jean-Pierre Chevène- Le 24 septembre, un premier pour écouter Lionel Jospin énon- conviennent ». M. Jospin a assuré rac, mais bien dans l’« insuffisan- que lors d’une conférence de pres- ment, pour le groupe RCV. L’an- bilan officiel faisait état cer son analyse de la guerre. «La que la mission de sécurisation en ce » des moyens. « La lutte contre se à Abou Dhabi le 13 novembre – cien ministre, aujourd’hui candi- de 6 789 victimes uniquement coalition constituée autour des Etats cours de déploiement avait «un le terrorisme international ne s’arrê- « Il était probablement difficile dat à l’élection présidentielle, a à Manhattan. La réduction Unis pour éradiquer le terrorisme objectif défensif et local ». « Son tera pas avec la capture tant souhai- d’empêcher les forces de l’Alliance expliqué que les forces de l’Allian- s’explique notamment par le fait avait adopté deux objectifs, a rappe- déroulement est suivi très stricte- tée de ben Laden », a-t-il par du Nord d’entrer à Kaboul », avait ce du Nord « ne représentent pas la que de nombreux disparus ont ailleurs souligné. « Tout ou presque totalité du peuple afghan » et ne été retrouvés et que des victimes reste à faire », car l’Afghanistan peuvent, à elles seules, « opérer la ont été comptabilisées plusieurs Retransmission du débat interrompue sur France 3 n’est pas « la seule base politique, Selon Lionel Jospin, recomposition politique après la chu- fois sous des noms différents, financière, militaire du terroris- te des talibans ». Tout en approu- notamment les femmes mariées. Les téléspectateurs n’auront pas pu voir jusqu’au bout l’ensemble me ». Enfin, M. Juppé a insisté sur la France apportera vant l’envoi d’unités protégeant – (Corresp.) du débat parlementaire sur l’Afghanistan, mercredi. France 3, qui la nécessité de régler les « conflits l’aide humanitaire, l’ancien minis- a La compagnie Walt Disney a retransmet traditionnellement, le mercredi de 15 heures à 16 heures, internationaux qui pourrissent la vie sa contribution tre de l’intérieur a estimé qu’il annoncé, mercredi 21 novembre, les questions d’actualité à l’Assemblée nationale, a en effet renoncé à internationale », à commencer par n’était « pas normal que nos trou- son intention de participer à amputer ses programmes pour la jeunesse. Les interventions de Jean- celui du Proche-Orient, et à relever militaire « dans pes puissent être engagées sans un l’effort de guerre, conformément Pierre Chevènement (groupe RCV), Philippe Douste-Blazy (UDF), le « défi de la pauvreté et des inéga- vote du Parlement ». Enfin, il a aux souhaits exprimés par Alain Bocquet (PCF) et Jean-Jacques Guillet (non inscrit) n’ont donc lités », « la misère et l’injustice », la mesure où cela appelé à ce que l’avenir de l’Afgha- la Maison Blanche dans le cadre pas été retransmises par la chaîne publique. Le président du groupe qui sont, dit-il « le berceau de la nistan soit organisé par l’ONU. de la campagne antiterroriste PCF à l’Assemblée, M. Bocquet, a adressé, mercredi, une lettre de pro- haine et de la violence ». se fera selon Philippe Douste-Blazy, prési- engagée depuis les attentats testation au président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Alain Madelin, qui était l’orateur dent du groupe UDF de l’Assem- du 11 septembre. Des artistes Dominique Baudis. Pour sa part, la chaîne parlementaire LCP-AN n’a de DL, s’est montré plus beaucoup les conditions qui blée, a lui aussi plaidé pour la mise sous contrat avec Disney iront pas non plus retransmis l’intégralité du débat. A 16 heures, elle a plus critique envers les deux têtes en place d’un « gouvernement inté- distraire les troupes américaines passé le relais à la chaîne Public-Sénat, qui, elle, avait prévu une émis- de l’exécutif, Lionel Jospin et Jac- nous conviennent » rimaire représentatif de toutes les déployées à travers le monde sion en direct du congrès de l’Association des maires de France (AMF). ques Chirac. Le chef de Démocra- composantes de la société afgha- et des films produits par la tie libérale, candidat à l’élection ne », une responsabilité « qui compagnie seront distribués dans présidentielle, a estimé que dans la dit M. Chirac. « Comme si ce n’était incombe aux Nations unies ».Le des bases militaires, a annoncé la lé le premier ministre : renverser le ment, sous contrôle national, et sa « réjouissance d’aujourd’hui, il y a pas là une très très bonne nouvel- chef de file des députés communis- compagnie dans un communiqué. régime taliban au pouvoir en Afgha- poursuite sera évaluée en fonction comme un léger malaise ». « Tout le », a lancé M. Madelin, provo- tes, Alain Bocquet, a réclamé pour « Nous nous mobilisons nistan et éliminer les réseaux d’Al- de la solution politique qui se déga- se passe comme si cette victoire vous quant des protestations dans l’hé- sa part un vote de l’Assemblée sur pour faire connaître ce pourquoi Qaida qui soutenaient le régime de gera sous l’égide de l’ONU ». Le pre- ne l’aviez pas prévue, vous ne l’aviez micycle. Appelant à « repenser » la les conditions de l’engagement de nous nous battons, et comment Kaboul. » « Le premier de ces objec- mier ministre s’est ensuite attaché pas voulue, en tout cas pas sous cet- politique étrangère de la France en la France. Enfin, Jean-Jacques chacun de nous peut participer tifs est atteint », a-t-il expliqué, «le à tirer les premières leçons du con- te forme », a-t-il ajouté, en préci- appliquant « le principe de préfé- Guillet, député du Rassemblement à la bataille », a fait valoir second objectif est en cours ». flit. sant, à l’adresse du premier minis- rence démocratique », le discours pour la France (RPF), a appelé à le président de Disney, Reconnaissant que cela n’irait pas Pour débattre avec M. Jospin, le tre : « Ce vous est un vous de cohabi- de M. Madelin n’a été applaudi trouver en Afghanistan une solu- Michael Eisner. – (AFP.) sans difficulté, M. Jospin a alors RPR avait dépêché son ancien tation ». M. Madelin a notamment que par quelques députés DL. tion qui ne soit pas « fonction de a AFGHANISTAN : les pays exposé les choix militaires et politi- ministre des affaires étrangères, reproché aux deux têtes de l’exécu- Au nom du groupe socialiste, l’appétit de ses voisins ». engagés dans l’aide à la ques de la France. Le premier ancien chef du gouvernement, tif de ne pas avoir reçu le comman- François Loncle, président de la reconstruction du pays ont ministre, a annoncé l’envoi, «àla Alain Juppé. Celui-ci a notamment dant Massoud, lors de sa visite en commission des affaires étrangè- Raphaëlle Bacqué évalué dans un premier temps à 10 milliards de dollars le montant de l’aide nécessaire, a déclaré, mercredi 21 novembre, Sadako « Il est souhaitable qu’à la coalition contre le terrorisme succède une coalition pour un monde plus juste » Ogata, ancien haut-commissaire des Nations unies pour les VOICI le texte de la dernière partie du dis- nier avatar de la guerre froide, le fondamen- La stabilité de la région entière est cruciale. C’est le sens des efforts de la France. réfugiés. Le Japon, les Etats-Unis, cours prononcé par Lionel Jospin à l’Assemblée talisme afghan ayant servi à constituer une C’est la politique de la France d’encourager Dans le monde actuel, les diverses formes l’Union européenne et l’Arabie nationale, mercredi 21 novembre. barrière face à l’Union soviétique. En même les coopérations régionales, source de pro- de violence, l’irrespect des droits de l’hom- saoudite se sont engagés Il faut tirer des premières leçons du conflit temps, elle annonçait les nouveaux périls grès et de stabilité. L’événement souligne me, les atteintes à l’environnement, l’aggra- à participer à cet effort. engagé depuis le 11 septembre. Comment d’une période où, soulagée de la tension aussi l’importance des solidarités culturelles vation des inégalités, se conjuguent et se Des responsables américains un pays tel que l’Afgha- entre les blocs, la communauté internationa- et émotionnelles qui se fondent sur des sen- renforcent les uns les autres. Ce constat souhaitent très vite apporter nistan est-il devenu le le sous-estimait le risque de voir des pays timents d’appartenance qui dépassent les nous conduit à insister sur l’importance de une aide concrète susceptible de sanctuaire du terroris- pauvres, dépourvus de structures étatiques frontières. la démarche multilatérale (cf. Marrakech, redonner espoir aux populations me ? Grâce à un pacte responsables, devenir la proie et le champ Le terrorisme est l’ennemi de l’humanité ; qui donne au protocole de Kyoto ses chan- afghanes. Il est envisagé de entre Al-Qaida, organi- d’action d’organisations criminelles. mais pour que la communauté internationa- ces d’être mis en œuvre, Doha, avec le lance- fournir des graines aux paysans sation criminelle, et les Or, celles-ci se sont révélées capables de le reste unie dans ce combat, aucun de ses ment d’un nouveau cycle sur des bases qui pour relancer l’agriculture, talibans, régime illégiti- défier la sécurité mondiale. ensembles ou de ses groupes constitutifs ne préservent les points essentiels pour nous, de rapatrier rapidement me, non reconnu par Cette déviation ne doit plus se reproduire. doit se sentir rejeté ou méprisé en raison de rôle reconnu à l’ONU dans la crise afghane). les afghans exilés au Pakistan VERBATIM la communauté inter- La communauté internationale doit s’effor- ce qui fonde, à ses propres yeux, son identi- Il faut espérer que les Américains, qui ont ou en Iran, de reconstruire des nationale. Les terroristes apportaient leur cer de ne plus laisser aucun peuple dans une té. C’est ce message de respect et de fait l’expérience tragique de leur possible écoles et d’engager des femmes capacité de combat, leurs réseaux de finan- situation de non-droit ou de non-assistance, reconnaissance mutuels des peuples, des vulnérabilité et ont reçu le témoignage dans l’enseignement, de remettre cement, d’armement, de trafic, leurs métho- telle qu’il soit exposé à devenir l’otage de religions et des cultures que tient constam- réconfortant de la solidarité internationale, en état les routes et de faire des d’endoctrinement : tout cela aidait les groupes uniquement tournés vers la violen- ment notre pays. nous rejoindront dans cette approche et cet- redémarrer l’alimentation talibans à garder le contrôle du pays. En ce destructrice, dans leurs pays comme à Nous ne pourrons être durablement soute- te démarche : ils ont éprouvé l’utilité d’une en électricité et en eau potable. retour, le régime taliban accueillait et proté- l’extérieur. nus par tous dans la lutte contre le terroris- coalition, ils devraient comprendre l’intérêt – (AFP.) geait les réseaux et les bases du terrorisme. Nous devons penser aussi à tout ce qui a me si nous paraissons tolérer des conflits, d’une démarche multilatérale pour traiter a Le secrétaire au Foreign Pourquoi un tel pacte était-il possible ? alimenté ce système. Non seulement les des injustices et des frustrations, sources de les problèmes communs de l’humanité. Office britannique, Jack Straw, Parce que les talibans n’étaient pas les repré- réseaux de financement proprement dits, violence. L’Europe, quant à elle, s’affirme comme a annoncé jeudi 22 novembre, sentants légitimes d’un Etat-nation se con- qui nécessitent de nouveaux instruments de A cet égard, le retour au dialogue entre un acteur, un organisateur de cette « multi- à Téhéran, à la presse, qu’il formant aux règles de droit régissant la com- répression. Mais aussi les trafics d’armes, le Israéliens et Palestiniens est prioritaire. Les polarité ». rencontrerait dans la capitale munauté internationale, mais un pouvoir narcotrafic, la contrebande, le détourne- événements du 11 septembre sont une rai- Je veux croire que la recomposition des iranienne Abdullah Abdullah, niant totalement ces règles. Et parce que ce ment de matériaux chimiques, biologiques, son de plus de faire la paix au Proche- relations internationales entraînée par le le ministre afghan de l’Alliance pacte était fondé sur un fanatisme religieux, ou nucléaires. Là aussi, le droit international Orient. La France a demandé, dès 1982, la 11 septembre favorisera une prise de du Nord. Le gouvernement qui inspirait, à l’intérieur, la barbarie et doit prévaloir. création d’un Etat palestinien. C’est la posi- conscience nouvelle chez ses partenaires. Il de l’Alliance, qui a pris le pouvoir l’oppression, et à l’extérieur, l’usage de la L’Afghanistan nous rappelle aussi l’impor- tion des Européens depuis 1999, et mainte- est souhaitable qu’à la coalition contre le ter- à Kaboul et dans la majeure violence terroriste. tance des équilibres régionaux. La coalition nant celle du président Bush. Pour ouvrir rorisme succède une coalition pour un mon- partie du pays, a accueilli Cette déviation historique est apparue à a besoin, pour agir militairement, du sou- une perspective de paix, il faut recréer la de plus juste donnant à chacun sa place à la très défavorablement le projet une période charnière de l’histoire contem- tien des pays limitrophes. Il en sera de confiance, et redonner toute leur force aux communauté internationale. britannique de déployer poraine. D’un côté, elle semblait être un der- même pour rechercher la solution politique. principes d’une solution juste et durable. C’est à cela que travaille le gouvernement. quelque 6 000 soldats en Afghanistan. – (AFP.) a Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés Le porte-avions « Charles-de-Gaulle » va se rendre dans l’océan Indien (HCR), Ruud Lubbers, a remercié, mercredi 21 novembre, LE PORTE-AVIONS nucléaire qui explique, en particulier, que des de-Gaulle emportera quelques Rafa- être intégrés à l’escorte du porte-avi- le dalaï-lama, chef spirituel Charles-de-Gaulle devrait être bâtiments de guerre américains ont le, afin de tester ce nouvel appareil ons français, qui sera accompagné et temporel du Tibet, d’une déployé à la mi-décembre dans le commencé – sur des informations – en condition opérationnelle puis- de frégates françaises et, probable- contribution personnelle de nord de l’océan Indien. A la suite à intercepter des bateaux mar- que, pour le moment, la marine ment, par un sous-marin nucléaire 50 000 dollars pour les opérations d’un conseil restreint à l’Elysée, le chands, voire des boutres quittant n’en a reçu que sept exemplaires. d’attaque comme c’est l’usage. du HCR en Afghanistan. premier ministre Lionel Jospin l’a les côtes pakistanaises et soupçon- Mais il embarque surtout des avi- M. Jospin, ayant souhaité officielle- Un chèque accompagné annoncé, mercredi 21 novembre à nés de transporter des responsables ons-radar Hawkeye et des avions ment la contribution des marines d’un message du dalaï-lama lui l’Assemblée nationale, et il a ainsi d’Al-Qaida et des armes. A Toulon, d’attaque Super-Etendard, pour la européennes, a affirmé que « les pre- a été remis par un représentant confirmé des propos de l’amiral le Charles-de-Gaulle vient d’achever reconnaissance de zone, l’échange mières réponses sont positives ». du dignitaire tibétain à Genève, Jean Moulin, commandant la force l’entraînement de son équipage et il entre marines alliées de renseigne- a fait savoir le HCR dans d’action navale à Toulon au Monde prépare la qualification de ses pilo- ment et pour le contrôle de l’espace Jacques Isnard un communiqué. – (Corresp.) du 9 novembre. M. Jospin a ajouté tes d’avions Rafale, Super-Etendard aéromaritime. que la France avait proposé à ses et Hawkeye aux opérations d’ap- Au Palais-Bourbon, M. Jospin a partenaires de l’Union européenne pontage et de catapultage. lancé un appel aux pays de l’UE (UE) de se joindre à ce déplace- pour « donner à ce déploiement une ment. EFFORT DE CONCERTATION dimension européenne », qui, a-t-il Une des missions du porte-avions Dans le nord de l’océan Indien, le dit, sera « la bienvenue ». En effet, français sera, selon le premier minis- porte-avions français devrait retrou- cette mission du Charles-de-Gaulle tre, dans le cadre des opérations en ver trois groupes aéronavals améri- peut être l’occasion d’un effort de Afghanistan, d’« éviter une exfiltra- cains (soit une cinquantaine de concertation européenne dans la tion de dirigeants terroristes par voie bateaux) ; un groupe britannique, lutte antiterroriste. L’Illustrious est de mer ». En effet, selon les services autour de l’Illustrious, qui a com- depuis longtemps sur zone, le pro- de renseignement occidentaux, des mencé à y séjourner avant même longement de sa mission peut se membres du réseau Al-Qaida ou les raids sur l’Afghanistan, et un heurter à l’endurance de l’équipage ceux qui les soutiennent en Asie cen- groupe italien, autour du porte-avi- et le Royaume-Uni envisage son trale pourraient chercher à fuir par ons Garibaldi, qui devrait être sur remplacement. bateau. C’est ce qu’ils appellent zone dans une dizaine de jours. De même, des navires allemands, « l’évaporation » par voie de mer et Outre des hélicoptères, le Charles- italiens et britanniques pourraient 7 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

ARGENT PUBLIC Le maire (PS) pendants, au mois de juillet 2001. l’ancien maire (RPR), Jean Tiberi, et « déficient ». b LES SUBVENTIONS tisme ». b M. DELANOË s’est enga- de Paris, Bertrand Delanoë, a rendu b LE RAPPORT des auditeurs, qui un « pilotage insuffisant ». b LE ont été accordées aux associations gé à réformer, dès le budget 2002, publiques, jeudi 22 novembre, les porte sur la période 1998-2000, CONTRÔLE de l’utilisation des fonds dans des conditions parfois « illéga- les procédures d’attribution de ces conclusions de l’expertise qu’il avait déplore le « cloisonnement » de la publics alloués aux organismes satel- les », estiment les auditeurs, qui relè- subventions, qui s’élèvent à 1,3 mil- commandée à deux cabinets indé- gestion municipale, alors dirigée par lites est qualifié par les experts de vent l’existence de délits de « favori- liard de francs par an. Un audit financier porte de sévères critiques sur la gestion de Paris par le RPR Dans un rapport rendu au maire (PS) de la capitale, Bertrand Delanoë, les experts de deux cabinets privés déplorent les « déficiences » du contrôle de l’utilisation des fonds publics par les sociétés d’économie mixte et les associations entre 1998 et 2000. Il signale l’existence de « pratiques illégales »

LE MAIRE DE PARIS, Bertrand tes, avait refusé de voter les 3 mil- annuels par habitant en équipement capitale. La direction des affaires cien maire (RPR), Jean Tiberi, a occu- importantes, les experts concluant Delanoë, a rendu public, jeudi lions de francs nécessaires à ce con- contre seulement 1 268 francs à sociales, écrivent-ils, ne s’est pas pé la présidence jusqu’en mars 2001 que l’importance des vérifications 22 novembre, l’« audit général, bud- trôle. Paris). Lorsque le Conseil de Paris aperçue que dans les crèches, les – avec les Mutuelles du Mans-Assu- est inversement proportionnelle aux gétaire et financier » que la municipa- Etablir « l’état des lieux » de la vote des autorisations de program- dépenses de personnels s’étaient rances. Signé le 2 mars, soit à quel- montants alloués. Les plus grosses lité avait commandé au cabinet situation financière de la Ville sur les me, seule la moitié des montants accrues de 23 % en trois ans, quand ques jours du premier tour des muni- subventions sont votées en bloc, Andersen et à la Société centrale et trois dernières années, clarifier les affectés est effectivement engagée la fréquentation des crèches n’avait cipales, il reposait, selon l’audit, sur avec le budget de la Ville, « sans ins- d’équipements du territoire (SCET), relations avec sa myriade d’organis- dans l’année. En 2000, 4 % des mar- augmenté, elle, que de 1 %. une « sous-valorisation » importante truction de la demande, sans procédu- filiale de la Caisse des dépôts. Les mes et d’associations, mais aussi chés ont été déclarés infructueux en Les incertitudes de cette gestion de l’activité cédée. Ce projet, mis en re d’arbitrage budgétaire et sans vote 900 pages du rapport – consultables permettre à la collectivité parisienne raison d’une mauvaise évaluation sont clairement mises en cause à pro- sommeil par M. Delanoë, avait été spécifique du Conseil de Paris », indi- sur le site Internet de la Ville de Paris de mieux cerner ses « marges de des besoins et cinq ans s’écoulent, pos des fonds versés aux nombreux piloté par le secrétaire général de que le rapport. – ont été adressées aux huit prési- manœuvre budgétaire » : tel a été l’es- en moyenne, entre la décision de organismes financés ou subvention- l’époque, Bernard Bled, « sans vérita- De leurs travaux, les auditeurs dents de groupe du Conseil de Paris. sentiel du cahier des charges imposé construction d’une nouvelle école et nés par la Ville de Paris. Les onze Les experts y critiquent sévèrement aux deux cabinets d’experts. S’agis- la livraison des locaux. sociétés d’économie mixte (SEM) la « déficience » du contrôle de l’em- sant des organismes « satellites » de immobilières ou d’aménagement Enquête sur la Fondation Claude-Pompidou ploi des fonds publics municipaux la Ville (associations, sociétés d’éco- AUCUN SUIVI SÉRIEUX ont réalisé un chiffre d’affaires glo- par les organismes « satellites » de nomie mixte et délégations de servi- Une organisation « cloisonnée » bal de 9,6 milliards de francs en La Fondation Claude-Pompidou ne fait pas partie des associations la Ville, qui a, selon eux, permis ces publics), les auditeurs ont, toute- doublée d’un pilotage « insuffisant », 2000. Malgré leur poids financier, il examinées par les auditeurs. Elle fait en revanche l’objet d’une enquête l’éclosion de « pratiques illégales ». fois, posé d’emblée les limites de un processus de décision trop « com- n’existe ni recensement centralisé de l’Inspection générale de la Ville de Paris, indique-t-on dans l’entoura- La réalisation de cet audit était l’exercice. « Il ne s’agit ni d’une plexe » et « une faible implication des des flux financiers ni validation juri- ge de Bertrand Delanoë. Les financements alloués à cette association, l’une des promesses principales de démarche de certification d’états élus » : c’est ainsi qu’est caractérisée dique des contrats passés avec la Vil- présidée par la veuve de l’ancien président et vouée à l’aide aux person- M. Delanoë durant la campagne élec- financiers, ni d’une démarche de type l’administration municipale. Alors le. Les auditeurs critiquent ainsi les nes âgées et aux enfants handicapés, avaient été contestés durant l’été, torale municipale. Après 25 ans de expertise judiciaire », écrivent-ils. Il qu’elle représente un marché de conditions extravagantes du renou- après une série d’articles du Canard enchaîné. L’hebdomadaire avait indi- gestion RPR, le candidat socialiste appartiendra donc à M. Delanoë de près de 5 milliards par an, la politi- vellement, par la régie immobilière qué qu’à partir de 1979 – soit un an après l’achat, par la Fondation, d’un assurait vouloir restaurer une forme donner des suites éventuelles, juridi- que d’achat de la Ville ne fait, par de la Ville de Paris (RIVP), en décem- terrain voisin du château de M. Chirac en Corrèze – la Ville lui a octroyé « d’éthique démocratique » dans la ques ou judiciaires, à certaines ano- exemple, l’objet d’aucune approche bre 2000, et pour 43 ans, du contrat une double subvention – deux fois 175 000 francs – accordée par le gestion d’une ville dont le périmètre malies constatées. Il s’est engagé à le globale et à la direction de la voirie, de gestion de ses 29 000 logements. Conseil de Paris, au titre de la municipalité et du département (Le Mon- financier dépasse 60 milliards de faire « au cours de l’année 2002 ». deux agents contrôlent sept cents La redevance annuelle a été fixée à de du 8 août). Le 24 avril, la nouvelle majorité municipale avait recon- francs (9,1 milliards d’euros) pour un Le rapport des auditeurs conclut marchés par an. 107 millions de francs, soit 10 % du duit, pour 2001, la subvention de 380 000 francs versée en 2000. L’entou- budget annuel de 33 milliards. Lors que si la Ville de Paris est riche, elle Les experts relèvent que faute montant des loyers collectés. Un rage de M. Delanoë expliquait alors qu’il ne serait pas possible de « faire du premier débat budgétaire du nou- investit peu. Moins en tout cas que d’un véritable contrôle de gestion, il arrangement jugé « peu favorable » le ménage » avant les résultats de l’audit. Il assure que la régularisation veau Conseil de Paris, le 24 avril, la la moyenne des villes de plus de est impossible de connaître le coût à la municipalité, soulignent les audi- sera effectuée pour le budget 2002. droite, à l’exception des élus tibéris- 300 000 habitants (1 711 francs brut du mètre carré d’espace vert dans la teurs. En ce qui concerne les organismes publics (OPAC, caisses des écoles, ble mise en concurrence » et sans déduisent une série de mesures préfecture de police, centre d’action qu’y soit associée la direction des urgentes à adopter. Outre la réforme Soupçons de « favoritisme » dans les subventions aux associations sociale, etc.), le rapport constate affaires financières de la Ville, indi- des subventions, le maire de Paris qu’ils ne font l’objet d’aucun suivi que le rapport. est invité à moderniser, « dans les six LES AUDITEURS missionnés par le maire de Paris vention annuelle. Les auditeurs s’interrogent en outre sérieux et que leur utilisation des Les auditeurs traitent enfin longue- mois », les systèmes d’information Bertrand Delanoë ont sélectionné vingt associations sur l’intérêt, pour la collectivité parisienne, du verse- fonds publics n’est soumise à aucu- ment le cas des 3 000 associations de la Ville, à gérer plus activement dont ils ont analysé, en priorité, les liens financiers avec ment de 11,3 millions de francs à l’Association des mai- ne justification. Les auditeurs fusti- subventionnées par la Ville, dont son patrimoine et à remobiliser les la Ville. Parmi elles, les dix plus importantes au regard res francophones (AIMF) dont les seuls frais de fonction- gent, par ailleurs, l’opacité d’un pro- 260 perçoivent plus de SEM. des montants alloués ont perçu, en 2000, entre 24,6 mil- nement « et l’animation de ses instances » ont absorbé, jet de filiation d’une partie des activi- 500 000 francs annuels. Les déficien- lions de francs (3,75 millions d’euros) pour la Maison en 2000, 9,2 millions de francs. tés du Crédit municipal – dont l’an- ces du contrôle semblent là aussi Christine Garin européenne de la photo et 102 millions de francs pour Les accusations les plus graves visent l’Association le Théâtre musical de Paris. Les dix autres n’ont pas été pour l’animation et la promotion du Parc floral. L’audit choisies au hasard, plusieurs d’entre elles ayant fait, évoque un « délit de favoritisme » au sujet d’une conven- dans le passé, l’objet d’enquêtes de l’inspection généra- tion signée, en août 1998, pour une durée de huit ans, le de la Ville ou de la chambre régionale des comptes – en lieu et place d’une délégation de service public. Il c’est le cas de l’Association pour l’animation et la pro- révèle surtout qu’en mars 1998 l’inspection générale de motion du Parc floral et de Paris-Evénements. Le maire la Ville avait dénoncé, dans un rapport jamais rendu de Paris a annoncé qu’il avait engagé le « processus de public, le non-reversement par l’association, « jugée dissolution » de cette dernière association. prospère », de 7 millions de francs d’excédents d’exploi- Plusieurs associations interviennent en qualité de tation à la Ville, pour les années 1991-1996. délégataires de service public, sans mise en concurrence – les auditeurs relèvent à ce propos des « délits de favori- « RÉCEPTIONS, BROCHURES ET VOYAGES » tisme ». Ainsi, l’Association pour le développement de Le rapport mettait également en exergue une « prise l’animation culturelle à Paris (ADAC), qui perçoit, cha- illégale d’intérêt pour trois élus ayant perçu des salaires que année, plus de 33 millions de francs, le Cercle cultu- pour 5,7 millions de francs ainsi que des avantages en rel Panthéon, dont l’objet est de « valoriser les activités nature importants ». Il signalait la prise en charge de cer- culturelles de la mairie du 5e arrondissement » ou encore taines « dépenses du cabinet de l’adjoint au maire [en le Comité de promotion de la fête foraine, très proches charge des parcs et jardins] (salaires de membres de cabi- de l’ancien maire de Paris, Jean Tiberi, et au RPR pari- net, véhicules,(…)places de parking) ». Entre 1995 et sien, ne sont liés à la Ville par aucune convention. 2000, c’est Françoise de Panafieu, aujourd’hui maire L’audit pointe des « insuffisances » sur « la justification (RPR) du 17e arrondissement, qui exerçait cette déléga- de l’emploi des fonds » pour le Comité de la fête foraine tion, sous la mandature de Jean Tiberi. Des dépenses de et s’interroge sur la « fréquentation » réelle des activités « réceptions, brochures et voyages » de la direction des promues par le Cercle culturel Panthéon. parcs et jardins auraient également été prises en charge Il mentionne aussi « l’octroi de subventions à des asso- par l’association. « Si les pratiques de prise illégale d’inté- ciations dont l’utilité publique locale n’est pas avérée et rêt ont cessé en 1997, écrivent les auditeurs, le reverse- pour lesquelles l’activité ne peut être mesurée au regard ment des excédents d’exploitation n’a pas été régularisé. » du montant des concours octroyés », évoquant notam- Bertrand Delanoë, a demandé à l’inspection générale ment des actions de l’Association de recherche médica- de la Ville une actualisation de son rapport sur l’Associa- le Claude-Bernard (10 millions de francs en 2000) ou cel- tion pour l’animation et la promotion du Parc floral. Il les de la Maison de l’Europe. Cette dernière, qui revendi- s’est par ailleurs engagé, jeudi 22 novembre, à traiter que 1 000 adhérents, organise essentiellement des « au cas par cas, chacune des situations juridiques contes- dîners-débats et des conférences. En 1999 et 2000, la Vil- tables » dénoncées par les auditeurs. le lui a versé 3 millions de francs d’indemnités compen- satrices de loyer, en sus de 2 millions de francs de sub- Ch. G. M. Delanoë se dit prêt à attaquer « les situations contestables » LE MAIRE DE PARIS, Bertrand créé pour l’instruction des deman- par celle qui doit être installée dans Delanoë, a annoncé, mardi des. les appartements privés du maire. 22 novembre, dix mesures inspi- Pour assurer le suivi des recom- Concernant les sociétés d’écono- rées des recommandations des mandations générales de l’audit, mie mixte (SEM), le maire de Paris experts. En présence de son adjoint une « commission d’évaluation des souhaite renforcer les effectifs de aux finances, Christian Sautter, il a politiques publiques » sera créée et la mission de contrôle financier qui tenu à souligner, en préambule, placée sous l’autorité d’une person- devra se livrer « à un examen atten- que « plusieurs chantiers de moder- nalité indépendante, issue de la tif des conventions liant la Ville et les nisation, confortés par les conclu- Cour des Comptes ou du Conseil SEM ». sions de l’audit, ont été engagés dès d’Etat. Elle formulera des recom- Sera, aussi, établi, un « recense- le début de la mandature ». mandations dans des domaines ment exhaustif du patrimoine de la Appliquées dès 2001, « les nouvelles stratégiques comme les aides socia- collectivité » sur lequel, faute d’élé- modalités de gestion de la trésorerie, les ou la fixation des tarifs munici- ments d’analyse, l’audit est assez a-t-il estimé, ont déjà permis une paux. M. Delanoë souhaite, aussi, lacunaire. Le travail, déjà en cours économie d’environ 25 millions de nommer un « délégué général à la au secrétariat général de la Ville, francs ». modernisation des services » qui sera, a précisé M. Delanoë, rendu Le maire de Paris s’est également sera rattaché au secrétariat général public en 2002. Enfin, l’inspection engagé à traiter « au cas par cas, de la Ville. générale des services de la Ville, chacune des situations juridiques En matière d’investissement, les dont les experts ont souligné que contestables » dénoncées par le auditeurs ont insisté sur la nécessi- les observations « qui concernent rapport et à régulariser « toutes les té de raccourcir les délais de mise parfois des illégalités avérées ne sont situations qui doivent l’être ». Une en œuvre des opérations. Une étu- que très rarement régularisées »,va réforme du mode d’attribution de a été commandée à la direction être dans l’obligation de rédiger un sera engagée avec, notamment, la du Patrimoine et de l’architecture, rapport d’activité annuel, sur le suppression, en 2002, des subven- a rappelé M. Delanoë qui souhaite modèle de celui de la Cour des tions annexées au budget primitif que « plusieurs mois » soient Comptes, qui sera publié. et votées sans délibérations spécifi- gagnés sur, notamment, la cons- ques. Un « guichet unique » sera truction des crèches, à commencer Ch. G. 8 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 FRANCE François Bayrou offre des gages aux chiraquiens pour les élections de 2002 Le président de l’UDF souligne, à l’intention des partisans du chef de l’Etat, qu’il « faut la diversité pour l’emporter ». Il a demandé à son rival au sein du parti centriste, Philippe Douste-Blazy, qui soutient Jacques Chirac, de participer aux négociations avec le RPR et DL sur les investitures pour les législatives Crédité par les sondages de 4 % à 5 % d’in- intitulé Relève (Grasset). Le président de Info, M. Bayrou a souligné, à l’intention des président du groupe UDF de l’Assemblée mant que M. Bayrou cherche un poste minis- tentions de vote au premier tour de l’élec- l’UDF prend soin d’y rectifier le positionne- partisans de Jacques Chirac, qu’il « faut la nationale, Philippe Douste-Blazy, le soin de tériel et que lui ne « marche pas dans la com- tion présidentielle, François Bayrou, qui doit ment qu’il avait adopté lors de sa précampa- diversité pour l’emporter ». Pour preuve de participer à la préparation des élections bine ». Désormais, les chiraquiens ména- déclarer sa candidature le 27 novembre, s’ef- gne, et qui avait été critiqué par ses proches. sa bonne volonté, il a aussi accepté, mercre- législatives. Le numéro deux de l’UDF, Hervé gent M. Bayrou afin de rassembler le plus force de justifier son ambition dans un livre Interrogé mercredi 21 novembre sur France- di soir, de confier à son rival chiraquien, le de Charette, dénonce cette entente, en affir- largement possible au second tour.

UN CANDIDAT, un livre, un on ne rassemblera pas les gens qu’il sens sont également venus du RPR sur les investitures en interne et en fait candidat à un poste ministériel. l’UDF. « Pour se vendre, Douste préfè- congrès. François Bayrou, qui a faut pour l’emporter si on se compor- et de Démocratie libérale (DL). liaison avec le RPR et DL. Et les militants de l’UDF sont appelés re qu’on coûte cher », résume abrup- dédié son ouvrage « à la mémoire te de cette manière. » M. Bayrou a d’abord adressé La présence à cette réunion du à être les dindons de la farce… Je ne tement un proche de M. Bayrou. du commandant Massoud, que nul Sans enthousiasme pour la démar- une lettre apaisante, mardi, à cha- patron des députés centristes a sus- marche pas dans la combine. » Traduction : le maire de Toulouse n’écouta », espère – enfin – se faire che de M. Bayrou, les élus centristes que député UDF. Il a fait un pas cité la colère de M. de Charette. Sa marge de manœuvre paraît au ne pourrait postuler à Matignon, en entendre. Relève (Grasset) sort en s’inquiétaient surtout du peu d’em- supplémentaire en évoquant le Tout en se félicitant que « pour la demeurant réduite, tout étant fait cas de réélection du chef de l’Etat, librairie le 28 novembre, campagne pressement qu’il manifestait pour la sujet, mercredi soir, lors d’une réu- première fois, François Bayrou recon- pour apaiser le climat interne à que si M. Bayrou obtenait un score d’affichage à l’appui. préparation des élections législati- nion avec M. de Charette, la secré- naisse la nécessité de préparer les l’approche du congrès d’Amiens. honorable au premier tour. La veille, M. Bayrou aura officielle- ves. Se faisant leur porte-parole, le taire générale de l’UDF, Anne- législatives avant la présidentielle », M. Douste-Blazy a fait savoir que, La relative discrétion du maire de ment déclaré sa candidature à l’élec- président délégué de l’UDF, Hervé Marie Idrac, et son éternel rival, le président délégué de l’UDF finalement, il s’y rendrait – tout au Toulouse tient également à l’inquié- tion présidentielle, depuis ses terres de Charette, avait récemment jugé Philippe Douste-Blazy, président confiait son indignation : « Bayrou moins à la veille du vote sur l’inves- tude qui commence à se manifester béarnaises. Le président de l’UDF « indispensable que les élections légis- du groupe UDF de l’Assemblée et Douste, ce dernier servant d’inter- titure de M. Bayrou. Ses proches dans les cercles chiraquiens. Consi- recevra ensuite l’investiture de son latives soient préparées dès mainte- nationale, qui soutient M. Chirac. médiaire, ont partie liée avec Chirac. ont prévenu qu’il ne ferait preuve, dérant comme acquise la préémi- parti, réuni en congrès à Amiens les nant en liaison avec nos partenaires Ils devaient être invités par M. Bay- Douste-Bayrou, c’est cul béni et béni dans son intervention, d’« aucune nence, à droite, du chef de l’Etat, 1er et 2 décembre. Ce « nouveau de l’opposition ». Des appels en ce rou à participer aux négociations cul ! Comme Madelin, Bayrou est en agressivité » envers le président de certains soulignent la nécessité de départ », selon l’expression de la ménager M. Bayrou. « Il faut que députée européenne Marielle de chacun trouve sa place. Personne n’a Sarnez, est destiné à faire oublier le intérêt à ce qu’il y ait des gens qui se précédent, qui n’avait eu d’autre Plaidoyer pour une « relève » capable de construire « la France réunie » sentent fragilisés ou humiliés », affir- effet que de renforcer un malaise me le vice-président de DL, Jean- persistant dans l’entourage du prési- « Les choses importantes sont toujours difficiles. rant, d’ancrer davantage sa candidature dans le cer la personnalité des candidats », le député euro- Pierre Raffarin. « Nous sommes deve- dent de l’UDF (Le Monde des La question est de savoir si ce combat pour la relève camp de l’opposition. S’il dénonce d’un même péen prend soin, en préambule, de retracer son nus les meilleurs amis des chira- 26 octobre et 9 novembre). Exit la est nécessaire. Il l’est. » Le livre de François Bay- élan « l’Etat PS » et « l’Etat RPR », en soulignant itinéraire, ancré dans son Béarn natal. Il décrit quiens, sourit Mme de Sarnez. Chirac fameuse « troisième voie », hypothé- rou, qui sortira en librairie le 27 novembre, s’achè- que, dans ces deux partis, « dominent également ensuite ses « visages de France ». Dans ce pan- voit [dans les sondages] qu’il fait un tique rassemblement de la « droite ve sur une ultime tentative l’approche technocratique et l’esprit de clan », théon personnel, M. Bayrou accorde une place premier tour qui est pauvre. Il a républicaine » et de la « gauche réa- de justification de son ambi- M. Bayrou se dit « plus proche, par [son] histoire et privilégiée à Charles de Gaulle et Pierre Mendès besoin de nous. » liste », en faveur duquel M. Bayrou tion présidentielle. Publié par [sa] raison », des élus du parti gaulliste. « Tous France, « tous deux vaccinés à la grandeur ». Ira-t-on au-delà d’un pacte de avait longuement plaidé, fin août, alors que la candidature du mes mandats, sans exception, je les ai gagnés Notant qu’ils « passèrent à côté l’un de l’autre sans non-agression assorti de quelques lors de l’université d’été de l’UDF. président de l’UDF suscite contre » le PS, insiste-t-il. Le député européen se rencontrer », M. Bayrou semble vouloir lui- amabilités ? Si nécessaire, l’étape Le député européen n’est pas davan- de sérieux doutes chez les prend garde, également, de ne pas renouveler les même incarner cette « parenté mystérieuse » qu’il suivante pourrait être une entente tage en mesure, aujourd’hui, d’asso- élus de son parti, Relève est attaques qu’il avait lancées contre Jacques Chirac, croit distinguer entre les deux hommes. « De soli- tacite sur une meilleure répartition cier dans les mêmes critiques Jac- presque exclusivement con- fin août. Tout au plus jette-t-il un regard critique tude en solitude, de Gaulle, toujours trahi par le des rôles. Après avoir envisagé de ques Chirac et Lionel Jospin, com- BIBLIOGRAPHIE sacré à cet effort d’auto- sur un passage de La France pour tous, écrit par doute des siens, leur désir de carrière, leur angoisse prononcer, mardi, à l’ouverture du me il le faisait auparavant. légitimation. Renvoyant, pour la présentation de M. Chirac lors de sa campagne de 1995 « pour criti- de s’être trompés de “cheval” », évoque irrésistible- 84e congrès des maires de France, Au risque de paraître réviser à la son projet, à la publication – « dans quelques quer la gestion Balladur ». Citant le propos, ment la situation actuelle du président de l’UDF. un nouveau plaidoyer en faveur de baisse ses ambitions, il s’est inscrit semaines » – d’un second ouvrage intitulé La Fran- M. Bayrou indique qu’il « approuve l’intégralité de « Chez Mendès, homme d’idées, les idées n’étaient la décentralisation, M. Chirac a choi- dans la perspective d’un rassemble- ce réunie, M. Bayrou se borne ici à tracer quelques ce texte ». Et d’y ajouter « deux questions, et leur pas tout. Peut-être même n’étaient-elles pas l’essen- si d’exalter l’« espace privilégié de la ment de l’opposition autour du pré- perspectives, notamment en matière institution- réponse : qu’y a-t-il eu de fait à partir de 1995 pour tiel. Il y avait d’abord comme une ascèse de la démo- nation » (Le Monde du 22 novem- sident sortant au second tour, en nelle, et à définir le cadre d’une méthode : celle, changer cet état de choses ? Rien. Et l’effort pour le cratie de responsabilité », explique aussi M. Bay- bre). « C’est une bonne nouvelle de réclamant d’y avoir sa place. «Il précisément, de la « France réunie ». Succédané renouveau peut-il être fourni par les pères de l’an- rou, qui se prononce, plus loin, en faveur du « ren- voir que Chirac court après Chevène- faut la diversité pour l’emporter », de la « troisième voie » en faveur de laquelle plai- cien système ? Je ne le crois pas. » Pour l’essentiel, forcement de la responsabilité des trois acteurs ment, commente Mme de Sarnez. S’il a-t-il affirmé sur France-Info, mer- dait M. Bayrou, elle est le simple engagement M. Bayrou a toutefois réservé son « devoir de colè- majeurs [président, Parlement, citoyen] du dialo- tient un discours moins “central”, ça credi 21 novembre, en ajoutant : d’« associer l’opposition à la réflexion et à re » à un jugement sans appel sur l’état de notre gue démocratique ». peut rouvrir un espace dans les semai- « L’idée que tout le monde se mette l’action », après les élections, sur tous les « sujets pays, appuyé par l’évocation de « quelques-uns nes qui viennent. » en rang le petit doigt sur la couture de l’urgence nationale », parmi lesquels figurent des grands “Titanic” de l’impuissance française » ; J.-B. de M. du pantalon derrière un candidat et aujourd’hui la sécurité, les banlieues, les retraites, « l’absence d’alternance » en étant, à ses yeux, Jean-Baptiste de Montvalon un seul est une idée, je le dis à l’avan- l’école et l’Europe. une des « causes majeures ». e Relève, de François Bayrou, Grasset, ce, destructrice parce qu’évidemment Le président de l’UDF prend soin, au demeu- Notant qu’« à juste titre, les électeurs veulent per- 199 pages, 78,70 francs (12 euros). f www.lemonde.fr/presidentielle 2002 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 9 Lionel Jospin accepte de réinscrire la réforme des tribunaux de commerce au Parlement Matignon a cédé à la pression des 101 députés pétitionnaires. Le texte doit être examiné au Sénat fin janvier Lionel Jospin a finalement accepté de réinscrire à textes, adoptés en première lecture à l’Assem- cratie de proximité. A l’initiative d’Arnaud Mon- l’ordre du jour du Parlement les trois projets de blée nationale en mars, seront discutés au Sénat tebourg (PS), 101 députés de la majorité, dont lois réformant les tribunaux de commerce. Ces fin janvier, après l’examen du projet sur la démo- DSK, ont signé une pétition en ce sens.

VENI, vidi, vici : à l’issue d’un tion » demandant au garde des salué le « travail considérable » des ture n’a pas eu lieu, la loi « Gui- entretien avec le directeur du cabi- sceaux, Marylise Lebranchu, de députés et annoncé « un projet de gou » sur la présomption d’inno- net de Lionel Jospin, Olivier Schra- réinscrire les trois projets de loi à réforme ambitieux ». cence, très critiquée par les poli- meck, mercredi 21 novembre, les l’ordre du jour du Parlement (Le « L’appui de Dominique Strauss- ciers, va être revue et corrigée. Et trois rapporteurs socialistes des Monde du 26 octobre). Un mois Kahn et son retour sur la scène politi- maintenant, on enterrerait les tribu- projets de loi réformant les tribu- plus tard, la pétition recueillait la que nous ont aidés. En 1998, son naux de commerce ? naux de commerce, Arnaud Monte- signature de 101 députés, parmi les- cabinet avait tout de suite compris Le « retour » de la réforme de la bourg (Saône-et-Loire), François quels Dominique Strauss-Kahn (Le l’intérêt de moderniser l’institution et justice consulaire était dans l’air Colcombet (Allier) et Jean Codo- Monde du 22 novembre) et Noël de la rendre crédible à l’étranger. depuis quelque temps. Mardi gnès (Pyrénées-Orientales) ont Mamère, le candidat des Verts à Des fonds avaient été débloqués 20 novembre, en accord avec le pré- obtenu que la réforme de la justice l’élection présidentielle. pour faire des embauches », rappel- sident du groupe socialiste de l’As- consulaire soit réinscrite à l’ordre le M. Colcombet. Dans cette affai- semblée nationale, Jean-Marc du jour du Parlement. Les trois tex- PETIT MOT DE DSK re, Matignon semble avoir été sensi- Ayrault, le président de la commis- tes, adoptés en première lecture Mercredi soir, à Matignon, ble, aussi, à l’électorat des artisans, sion des lois, Bernard Roman (PS, par l’Assemblée nationale, les 28 et M. Montebourg a plaidé en faveur auxquels avait été promise une loi Nord), a proposé que les trois pro- 29 mars, devraient être examinés du dossier, avant de montrer à d’orientation, qui est toujours dans jets de loi soient examinés au Sénat au Sénat après la discussion sur le M. Schrameck la liste des signatai- les tiroirs du gouvernement et susci- « après le projet de loi sur la démo- projet de loi relatif à la démocratie res et le petit mot de DSK : «Tu te de nombreux débats : le texte cratie de proximité ». Personne ne de proximité, prévue le 8 janvier peux faire état de mon soutien si tu sur les tribunaux de commerce, qui peut prédire si les trois textes pour- 2002. « Le principe de l’examen des trouves cela utile. Je vais tenter de prévoit que les artisans puissent sié- ront être définitivement adoptés trois projets de loi sur les tribunaux remonter au créneau », avait-il écrit ger dans les chambres consulaires, avant la suspension des travaux par- de commerce est acquis », au député de Saône-et-Loire. En serait un signal adressé à la profes- lementaires, en mars, pour cause confirmait, mercredi soir, le juillet 1998, lorsque la commission sion. de campagne électorale. Le Sénat a conseiller parlementaire du pre- d’enquête parlementaire sur les tri- Devant M. Schrameck, les « trois déjà prévu d’examiner pendant mier ministre, Pierre Guelman. bunaux de commerce avait publié mousquetaires » n’ont pas manqué « au moins deux semaines » le texte Le 23 octobre, M. Montebourg son rapport, l’ancien ministre de de souligner que le bilan de la jus- sur la démocratie de proximité. avait adressé à ses collègues de la l’économie et la ministre de la jus- tice était bien maigre : la réforme majorité plurielle une « lettre-péti- tice, Elisabeth Guigou, avaient du Conseil supérieur de la magistra- Clarisse Fabre Christian Blanc, ancien président d’Air France, n’exclut pas d’être candidat à l’Elysée Dans un entretien à « L’Express », il propose un référendum sur une réforme en profondeur de l’Etat

DANS un entretien de huit pages mise en œuvre d’une politique au quotidien l’unité de pensée et de aspirations à une démocratie de à L’Express, publié le 22 novembre, d’adaptation globale de nos règles raisonnement et, finalement, le proximité », explique M. Blanc. Christian Blanc, aujourd’hui prési- de vie en société supposera une forte conformisme ». Cela implique de Pour lui, la région doit jouer un rôle dent de la filiale française de la ban- légitimité, incontestable et opposa- faciliter les conditions du retour à la central : « Je propose que l’Etat trans- que américaine Merrill-Lynch, n’ex- ble à tous les corporatismes, qui, au vie professionnelle de l’élu, avec fère en totalité deux de ses compéten- clut pas d’être candidat à l’Elysée. nom des intérêts particuliers, com- une éventuelle « prise en charge par ces aux conseils régionaux : l’éduca- « Ce n’est pas, aujourd’hui, mon battent l’intérêt général, dit-il. Cette l’Etat de la rémunération des élus sur tion nationale et l’action économi- intention », mais « la réponse me légitimité ne peut venir que du peu- une longue période après leur retrait que. » « Se donner les moyens con- sera dictée par l’écho que mes propo- ple lui-même. Une révolution légale de la vie politique » ou encore la crets de s’attaquer à l’hypertrophie sitions recevront de la part des exige de faire appel aux citoyens revalorisation des rémunérations boulimique de l’éducation nationale Français », dit-il. M. Blanc ne cache pour décider des grands change- des fonctions électives. passe par le transfert à la région de pas son ambition de faire une « révo- ments indispensables, lorsque les responsabilités qui ne peuvent plus lution légale ». L’ancien patron d’Air élites politico-administratives n’ont « HYPERTROPHIE BOULIMIQUE » être maîtrisées au niveau de l’Etat France, qui est interrogé par le direc- pas été capables de les mener à La deuxième proposition du réfé- central », plaide l’ancien préfet. Sur teur de l’hebdomadaire, Denis Jeam- bien. » Ce référendum national por- rendum concerne la réforme des le plan économique, « il faut impé- bar, juge impératif de « changer l’or- terait sur cinq propositions. pouvoirs publics. « Il s’agit de propo- rativement faciliter la vie de ceux qui ganisation de l’Etat (…) et libérer nos La première concerne la « réhabi- ser aux Français un management lisi- inventent, créent, investissent et tra- potentiels économiques ». litation du statut de l’élu ». Il faut, ble et efficace qui permette, d’une vaillent en sachant utiliser les règles Il estime qu’un référendum est souligne-t-il, « mettre fin à l’endoga- part, un pilotage stratégique du pays du jeu de l’économie nouvelle. A nécessaire pour y parvenir. «La mie élus-fonctionnaires, qui produit et qui corresponde, d’autre part, aux savoir les nouveaux entrepreneurs et les PME-PMI qui travaillent en réseau avec d’autres entreprises, PROFIL principaux acteurs de la résolution du conflit en mais aussi avec les centres de recher- Nouvelle-Calédonie en 1988. L’année 1989 marque che et les universités ». UN PRÉFET DEVENU GRAND PATRON sans aucun doute une rupture dans la carrière de Troisième proposition : organiser M. Blanc : il prend la présidence de la RATP, qu’il quit- le retour de la fonction publique Quelque temps avant la dissolution de l’Assemblée tera en 1992, suite au refus de Pierre Bérégovoy de dans le droit commun du travail. nationale en 1997, la rumeur circulait que Christian mettre en place un service minimum dans le métro « Tout le personnel public, à l’excep- Blanc, alors président d’Air France, serait le futur pre- parisien en cas de grève. tion des militaires, des magistrats, des mier ministre de Jacques Chirac. Quand on lui posait la Il est nommé en 1993 à la tête d’Air France, pour ten- diplomates, du corps préfectoral et question, l’ancien rocardien balayait la rumeur tout ter de redresser l’entreprise publique de transport des forces de police, ne relèverait plus en répondant que si la France avait besoin de lui il aérien, alors en fort mauvaise posture. Il y teste les ver- de statuts spéciaux », développe-t-il. serait au rendez-vous. tus du référendum : fin 1993, il s’adresse directement Cela pourrait se faire à l’occasion Aujourd’hui, à quelques mois des élections de 2002, aux salariés de la compagnie pour emporter leur adhé- des départs à la retraite des fonc- M. Blanc n’a finalement pas changé de position. A la sion à son projet de réforme et contourner ainsi le blo- tionnaires prévus ces prochaines question de savoir s’il est candidat à l’élection prési- cage des 14 syndicats de la maison… années : « Les entrants, ainsi que les dentielle, M. Blanc répond, dans L’Express : « Ce n’est En 1997, nouveau « coup de gueule » de M. Blanc : hauts fonctionnaires de catégorie A +, pas, aujourd’hui, mon intention (…). La réponse à cet- face au refus de Lionel Jospin, dont il était pourtant appelés aux fonctions de manage- te question me sera dictée par l’écho que [mes] propo- proche, de s’engager sur une privatisation future d’Air ment du fait de leur grade, bénéficie- sitions recevront de la part des Français. » France, il démissionne, mettant dans l’embarras le raient du droit commun du travail. » A bientôt soixante ans, – M. Blanc est né le 17 mai tout nouveau premier ministre. M. Jospin lui en tien- Pour les autres, les choses se 1942 –, le président de la filiale française de la banque dra longtemps rigueur. Dans l’entourage de M. Blanc, feraient plus progressivement. américaine Merrill Lynch n’envisage manifestement aujourd’hui, on assure que les deux hommes se Enfin, les Français seraient appelés pas de prendre sa retraite. Et semble tenté de revenir, revoient. Toujours est-il que, depuis, M. Blanc a quitté à se prononcer sur le droit de grève d’une certaine manière, à ses premières amours, plus le giron public pour se mettre au service de la haute dans les services publics et sur la politiques que ses fonctions actuelles. finance internationale. démocratie de proximité à travers Proche de Michel Rocard et ancien préfet, M. Blanc l’institution d’un référendum d’ini- a gagné ses lettres de noblesse en étant l’un des Virginie Malingre tiative populaire. Le Sénat réforme le droit des mineurs étrangers arrivant seuls en France LIONEL JOSPIN est fermement rapport avec la proposition de loi re. Le gouvernement cherchait à la défenseure des enfants, Claire décidé à réformer la législation sur examinée », la ministre de la leur adjoindre un administrateur Brisset, juge qu’il faut « supprimer les mineurs étrangers isolés. Les famille a déclaré qu’il s’agissait de ad hoc pour les représenter devant la pratique de la zone d’attente autorités cherchent toujours une mineurs isolés pour lesquels la justice. La Cour de cassation, pour les mineurs étrangers ». Ces solution à la situation de ces « l’autorité parentale ne peut s’exer- dans un arrêt rendu le 2 mai, avait derniers devraient être automati- enfants qui arrivent seuls sur le ter- cer ». La nomination d’un adminis- estimé que la représentation léga- quement confiés à l’Aide sociale à ritoire français dans les aéroports trateur par le procureur de la Répu- le de ces mineurs par un adminis- l’enfance (ASE). et les gares, venant de pays en blique, avisé par la police aux fron- trateur constituait une disposition La ministre de la famille a accep- guerre ou fuyant la misère. Mercre- tières, a pour objectif, a souligné non prévue par l’ordonnance de té un amendement du député di 21 novembre, c’est par un amen- Mme Royal, « d’assister le mineur 1945. Une réforme législative était socialiste de Paris, Tony Dreyfus. dement de dernière minute à la venu sans parents durant son main- donc nécessaire. Il précise qu’en cas d’autorisation proposition de loi sur l’autorité tien et d’assurer sa représentation d’entrée sur le territoire d’un parentale que le gouvernement a dans toutes les procédures adminis- « ACCÈS SYSTÉMATIQUE » jeune étranger isolé le juge peut, si fait voter les sénateurs sur une tratives et juridictionnelles ». Consultée en août 2000, la Com- nécessaire, prendre des mesures réforme de la loi Chevènement sur Comme leurs aînés, les jeunes mission nationale consultative des d’assistance éducative. Les séna- l’immigration. Au milieu de la nuit, étrangers de moins de dix-huit ans droits de l’homme (CNCDH) avait teurs socialistes ont voté le texte. un amendement prévoyant la arrivant en situation irrégulière émis des réserves, recommandant Les communistes se sont abste- nomination d’un administrateur sont placés en zone d’attente pen- « l’admission immédiate des nus, estimant que ces « enfants doi- ad hoc pour représenter ces dant quatre jours. Mais là où les mineurs sur le territoire ».En vent être placés sous la protection mineurs a été adopté. majeurs voient généralement leur décembre, le Haut-Commissariat de l’Aide sociale à l’enfance ». L’As- Après une première tentative en maintien prolongé, les mineurs des Nations unies pour les réfugiés sociation nationale d’assistance mai, retoquée par la commission sont le plus souvent élargis par les (HCR) avait condamné le maintien aux frontières pour les étrangers des lois, Ségolène Royal a réitéré magistrats parce que, étant des mineurs, précisant que ces der- (Anafe) a aussitôt dénoncé « une son initiative. Balayant l’argument mineurs, ils sont incapables d’es- niers « devaient avoir un accès systé- manœuvre pour refouler les enfants soulevé par le sénateur socialiste ter en justice. Le juge ne peut donc matique au territoire ». Enfin, dans étrangers isolés aux frontières ». Michel Dreyfus-Schmidt, qui leur notifier une décision de main- son rapport annuel, remis au pre- jugeait que le texte « n’avait aucun tien ou de reconduite à la frontiè- mier ministre mardi 20 novembre, Sylvia Zappi 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

SANTÉ Selon une étude de l’Inserm, sy. b SELON LES EXPERTS, aucun décès motrices et cognitives est réversible et cancer, notamment des voies aérodi- partir du moment où on a été capables qui devait être rendue publique jeudi n’a été recensé après une intoxication la dépendance au produit serait gestives supérieures. b LA PRÉSIDENTE d’expliquer aux jeunes que le cannabis 22 novembre, le cannabis présente au cannabis, les signes somatiques « modérée ou faible ». b LES SCIENTIFI- de la mission interministérielle de lutte n’était pas le produit le plus dangereux moins de danger que d’autres drogues aigus sont « souvent mineurs », l’altéra- QUES soulignent en revanche la possibi- contre la drogue et la toxicomanie, qu’ils ont commencé à nous écouter sur comme la cocaïne, l’héroïne ou l’ecsta- tion de certaines performances psycho- lité d’une augmentation du risque de Nicole Maestracci, affirme que « c’est à les dangers des autres produits ». Une étude de l’Inserm relativise les dangers de la consommation du cannabis Tout en soulignant les risques de cancer liés à une consommation régulière, l’expertise rendue publique jeudi affirme que ce produit présente des dangers somatiques et psychologiques mineurs. 55 % des filles et 60 % des garçons de 18-19 ans en ont déjà consommé

SANS ÊTRE ANODIN, le canna- port reprend les faits scientifique- cependant « encore fragmentai- ser si l’usage précède ou non le travers le placenta. Lorsqu’une Les scientifiques de l’Inserm bis est loin de présenter tous les ment validés mais aussi les incerti- res ». Si l’on en croit des études trouble. C’est le cas chez les femme enceinte consomme du sont plus affirmatifs en revanche dangers qu’on lui a prêtés : il n’y a tudes concernant les effets du can- américaines, la dépendance au personnes atteintes de dépression cannabis, les concentrations dans sur la possibilité d’une augmenta- aucun décès recensé après intoxica- nabis sur le comportement et la cannabis concernerait « moins de majeure et de psychose maniaco- le sang fœtal « sont au moins égales tion du risque de certains cancers, tion aiguë isolée, les signes somati- santé. Les experts de l’Inserm 5%»de la population générale et dépressive, qui sont, selon certai- à celles observées chez la mère », touchant notamment les voies ques aigus sont « souvent mineurs rappellent d’emblée que « le canna- serait « proche de 10 % chez les nes études, pour 19,6 % et 64 % note l’expertise collective. Les aérodigestives supérieures, du fait et inconstamment ressentis » et l’al- bis est le produit le plus consommé » consommateurs ». Une étude aus- d’entre eux des consommateurs auteurs du rapport souhaitent que d’une « consommation chronique tération de certaines performan- parmi les drogues illicites. tralienne fournit, elle, le chiffre de abusifs ou dépendants. Les scienti- la recherche des effets d’une expo- de cannabis ». ces psychomotrices et cognitives 1,5 % de sujets dépendants au sein fiques de l’Inserm s’interrogent sur sition in utero sur l’enfant à naître Dans leurs recommandations, est réversible. Ce sont les conclu- FAIBLE DÉPENDANCE de la population générale. Si l’on l’existence d’une « vulnérabilité soit « plus rigoureuse ». les auteurs de l’expertise souhai- sions de l’expertise collective réali- L’enquête Escapad, réalisée en compare le cannabis aux autres commune à la schizophrénie et à tent une meilleure adaptation des sée par l’Institut national de la san- 2000 par l’Observatoire français produits psychoactifs, le lien de l’abus de cannabis » car les sujets DES DOUTES À LEVER campagnes d’information et de té et de la recherche médicale des drogues et des toxicomanies dépendance « est le plus faiblement « abuseurs ou dépendants au canna- Evoquant les conséquences sur prévention, selon l’âge et le sexe, (Inserm), que Bernard Kouchner, chez 14 000 jeunes de 17 à 19 ans, observé pour le cannabis » : il est bis » présentent plus souvent des la conduite automobile, les experts selon les risques sanitaires immé- ministre délégué à la santé, et Nico- indiquait qu’à 18 et 19 ans, 55 % nettement plus faible que pour le troubles schizophréniques (6 % se montrent prudents : « Malgré la diats ou à plus long terme, et selon le Maestracci, présidente de la Mis- des filles et 60 % des garçons tabac (40 % contre 87 %), précisent contre 1 % dans la population géné- présomption de dangerosité du les situations et pathologies parti- sion interministérielle de lutte con- avaient déjà expérimenté le canna- les experts de l’Inserm, qui ajou- rale, selon une étude). cannabis sur le comportement de culières. tre la drogue et la toxicomanie, bis. Certains étaient des consomma- tent : « Dans deux cas sur trois, la Les effets pharmacologiques du conduite, il est encore aujourd’hui Les rédacteurs appellent égale- devaient rendre publiques jeudi teurs réguliers : en 2000, environ dépendance au cannabis est modé- cannabis sont essentiellement dus impossible d’affirmer, faute d’études ment de leurs vœux le développe- 22 novembre. Elles viendront sans 15 % des garçons de 18 ans avaient rée ou faible. » à une substance, le delta9-tétrahy- épidémiologiques fiables, l’existence ment des recherches afin d’éclai- doute alimenter le débat sur l’éven- consommé plus de quarante fois Au chapitre des effets sur la drocannabinol, qui se distribue d’un lien causal entre usage de can- rer les nombreuses zones d’ombre tuelle dépénalisation de l’usage de du cannabis. A cet égard, la France santé mentale, le rapport évoque rapidement dans tous les tissus nabis et accident de la circulation. » qui entourent les effets de la cannabis. n’est pas une exception par rapport une corrélation entre l’existence riches en lipides, principalement le Les études prévues par la loi Gays- consommation et surtout de Fruit du travail d’un groupe de aux autres pays occidentaux. de certains troubles mentaux et la cerveau. Cette grande « lipophi- sot, qui viennent d’être lancées (Le l’abus de cannabis. quatorze experts qui ont compulsé Les données épidémiologiques fréquence d’une consommation lie » explique que le delta9 THC Monde du 29 août), devraient la littérature scientifique, ce rap- sur l’abus et la dépendance sont « répétée » de cannabis, sans préci- passe dans le lait maternel et à permettre de lever ce doute. P. Be.

Un débat ancien

b L’avis du Comité d’éthique. En distinction classique opérée par la novembre 1994, estimant que la loi entre les différentes substances distinction entre les drogues licites psychotropes. Il les classait sur des et illicites « ne reposait sur aucune bases scientifiques en trois base scientifique cohérente », groupes en fonction de leur le Comité national d’éthique pour dangerosité décroissante. les sciences de la vie et de la santé Le premier groupe comprenait proposait une classification l’héroïne, les opiacés, la cocaïne tenant compte de la dangerosité et l’alcool ; le deuxième les des différents produits. psychostimulants (amphétamines), b L’avis de la commission les benzodiazépines (médicaments Henrion. En 1994, à une voix de anxiolytiques et hypnotiques), majorité (9 sur 17), la commission le tabac et les hallucinogènes ; présidée par le professeur Roger le troisième, « en retrait », Henrion se déclarait favorable le cannabis. à la dépénalisation de l’usage b Le rapport du Conseil du cannabis et de sa possession national du sida. Rendu public en petites quantités. le 6 septembre, ce rapport b Le rapport Roques. En recommandait la levée juin 1998, le rapport du groupe « de l’interdiction pénale d’experts présidé par le professeur de l’usage personnel de stupéfiants Bernard Roques rejetait la dans un cadre privé ». Eric, fumeur occasionnel et sans complexes ÉRIC EST INTERMITTENT du avec des Africains qui ramenaient spectacle… et du cannabis. de l’herbe du pays. » Amusé, il arbo- « Avant, je fumais tous les jours, re un large sourire et poursuit : mais lorsque je me suis mis à tra- « Elle était forte, et ça me faisait ter- vailler, j’ai bien vu que les prises de riblement tourner la tête. Une fois, je suis même tombé du lit superposé TÉMOIGNAGE sur lequel je dormais ! » Treize ans plus tard, il affirme que fumer du « Je suis bien intégré, cannabis ne lui a jamais posé de j’ai un bon job. problème. « Je suis bien intégré, j’ai Et tous mes amis un bon job et je gagne bien ma vie. en consomment » Tous mes amis en consomment et je suis étonné de voir que beaucoup de gens de quarante ou cinquante ans décisions étaient moins rapides et fument aussi. » Il dit n’avoir que j’étais moins efficace. » Ce « jamais entendu parler de morts ni jeune homme de vingt-huit ans tra- de maladies causées par le canna- vaille dans le cinéma depuis cinq bis, si ce n’est des problèmes de ans en tant qu’assistant réalisateur mémoire à court terme pour ceux sur des films français à gros bud- qui abusent ». Néanmoins lucide, il get. En jean, tee-shirt et baskets, il considère le cannabis comme une confie : « Je fume de temps en « drogue, au même titre que temps, environ deux fois par semai- l’alcool, simplement parce que le ne, quand l’occasion se présente et comportement s’en trouve modifié que j’ai envie de partager quelque et que ça permet d’aborder les cho- chose avec de bons amis. » Il ne ses d’une manière différente ». dépense qu’environ 100 francs par mois pour se procurer du cannabis « ILS N’Y CONNAISSENT RIEN » car ce ne sont « pas toujours les Les messages de prévention et mêmes » qui mettent la main à la d’information à destination des poche. « Il est facile de s’en procu- gens de son âge, « il n’y en a pas », rer, ajoute-t-il. On connaît tous un assène-t-il. Remonté, il cherche dealer, même sans le savoir ! » des yeux le petit écran et conti- Eric, qui vit dans un arrondisse- nue : « L’information à la télévision ment chic de la capitale, consom- sur le cannabis est bidon : ils me le cannabis chez lui ou chez feraient mieux de faire parler des des amis « pour rester tranquille, fumeurs avec des scientifiques plu- discuter, se marrer, toujours entre tôt que des politiques qui n’y con- potes ». Fumer seul lui arrive naissent rien ! » Pour lui, les jour- « rarement ». Il reconnaît cepen- naux et les émissions racontent dant que, parfois, après une haras- toujours la même chose :«Ony sante journée de travail, il se roule parle des problèmes sociaux que un « petit pétard » pour se décon- cause le cannabis, mais pas de tracter et bien dormir : « C’est la santé. » Ainsi, évoquant les rares même chose qu’un verre d’alcool, émissions de télévision qui traitent mais je préfère fumer. » du cannabis, Eric affirme « qu’il Son premier joint, Eric l’a allu- s’agit surtout de débats qui permet- mé à l’âge de quinze ans, à l’inter- tent aux hommes politiques de se nat. « Tout le monde fumait dans la positionner et de drainer des voix ». chambre, et, le soir, une sorte de communauté se formait. C’était O. M. SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 11 Le préfet Bernard Bonnet dénonce un « lynchage public sans précédent » Au troisième jour du « procès des paillotes », le tribunal se penche sur l’examen des personnalités Le tribunal d’Ajaccio a examiné, mercredi nard Bonnet, soupçonné d’avoir donné l’ordre de France récente, il n’y a aucun précédent d’un 21 novembre, les personnalités des prévenus du d’incendier deux restaurants illégalement instal- lynchage public d’un haut fonctionnaire de la procès des paillotes. L’ancien préfet de Corse, Ber- lés sur une plage, a affirmé que « dans l’histoire nature qui a été le [sien] ».

AJACCIO (Corse-du-Sud) teurs : « Dans l’histoire de France, ches que l’on a retrouvées brûlées sur La contradiction est l’un des moteurs de notre envoyé spécial récente, il n’y a aucun précédent d’un une plage. » « Permettez-moi de de mon action. ». Est-il colérique ? Le ton est calme et posé. Loin lynchage public d’un haut fonctionnai- vous dire que, heureusement, très « Pas plus que la moyenne des Fran- des gesticulations des deux pre- re de la nature qui a été le mien. » récemment, la justice de mon pays a çais. » Manipulateur ? « Je suis un miers jours et des tirades médiati- L’énarque, soupçonné d’avoir démontré qu’elle savait être indépen- serviteur de l’Etat. Je ressens cela ques. Au pro- donné l’ordre d’incendier deux res- dante et ne pas se laisser aveugler par comme une injure. » Autocrate ? cès des paillo- taurants illégalement installés sur la l’instruction préparatoire ».Et« Je suis un préfet républicain. C’est tes, mercredi plage, près d’Ajaccio, dit son par- d’« espérer » que le tribunal d’Ajac- le contraire. » Calculateur, provoca- 21 novembre, cours bordé d’élogieuses apprécia- cio « sera aussi indépendant que le teur et schizophrène ? « C’est stric- Nicole Maestracci, présidente de la mission l’heure est à tions, qui sied à ses affectations. Et il tribunal de Paris qui a constaté que tement absurde ! » l’examen des expose, pour la gloire, quelques Dominique Strauss-Kahn et Robert Le procureur Patrick Mathé veut interministérielle de lutte personnalités. combats en terre catalane, alors Hue étaient innocents. » balayer ces réponses « convenues », Alors le pré- qu’il était préfet des Pyrénées-Orien- « artificielles ». « Vous arrive-t-il de contre la drogue et la toxicomanie PROCÈS fet Bernard tales, qui le virent dans sa voiture « VOUS ARRIVE-T-IL DE DOUTER ? » douter ? » Réponse : « A chaque ins- Bonnet parle de lui, soulignant ses « lapidée » ou dans son bureau «en Le président Ferrière rappelle que, tant. » Le président Ferrière, un ins- qualités, évitant les défauts, remo- flammes ». On le dit très travailleur ? contrairement à ses sept coprévenus tant, s’interroge sur la nature du sou- « Tous les pays d’Europe convergent delant son image de jacobin intran- « Ce n’est pas très original. Pas plus dont les témoignages l’accusent, il rire crispé qu’arbore le préfet pres- sigeant. « J’ai subi avec une extrê- que les présidents de tribunaux. » n’y a, au dossier aucune expertise que constamment. « Il peut paraître me blessure les propos, ici ou là, me Rigoureux, voire intransigeant ? «Je psychiatrique ou psychologique le “narquois”, comme la marque d’un vers une approche pragmatique » traitant de gauleiter. Mon père revendique la rigueur, pas le rigoris- concernant : « Mon conseil à l’épo- manque de considération pour votre [militaire] a connu ma mère en Alle- me. La mission qui m’était confiée que [NDLR : Me Francis Szpiner] a interlocuteur… » « La franchise de « Pourquoi avez-vous jugé pas non plus destiné à traiter des magne. Elle était allemande. Son était de faire appliquer les lois dans le considéré que nous n’avions pas à vos propos appelle une réponse fran- nécessaire de demander à l’Insti- conséquences du développement de père a refusé le serment nazi. Il a été refus des intérêts partisans. » rechercher dans la psychiatrie des atté- che, dit Bernard Bonnet. C’est un sou- tut national de la santé et de la la consommation du cannabis sur le incarcéré pendant cinq ans. Alors Et de lâcher soudain sa rancœur. nuations de responsabilité à des délits rire de défense, un moyen de protec- recherche médicale (Inserm) de plan social ou en termes de sécurité. me traiter de “gauleiter”… C’est une Il lui est « intolérable » que « celui que nous n’avions pas commis. » tion. Lorsque la pression est trop forte, réaliser une expertise collective Il ne permet pas non plus de confor- blessure profonde. » qui a découvert les assassins du pré- Alors, Me Gumery, avocat de Ber- je souris. Je suis désolé. Je vais faire un sur les effets du cannabis sur le ter ou d’affaiblir les partisans d’une Qualifié d’« autocrate manipula- fet Erignac » ait fait deux mois de nard Bonnet, déroule un interroga- effort pour être plus triste. » comportement et la santé ? éventuelle dépénalisation. teur » par l’ancien procureur d’Ajac- prison, qu’une vie personnelle ait toire bien huilé, en forme d’experti- – Nous avons voulu, sur les sujets – Une évolution vers des législa- cio, Jacques Dallest, qui obtint son été « brisée », « tout simplement se accélérée. Supporte-t-il la con- Jean-Michel Dumay les plus controversés, disposer d’un tions plus souples n’est-elle cepen- renvoi devant le tribunal, l’ancien pour la satisfaction de réparer ce tradiction ? « Je me sens incapable état des lieux qui nous permette de dant pas en train de se dessiner préfet de Corse attaque ses détrac- qu’on a dit être un délit – des plan- de décider et d’agir dans la solitude. f www.lemonde.fr/corse parler à partir de connaissances en Europe, y compris au Royaume- scientifiquement validées. C’est ce Uni où le gouvernement de Tony que nous venons de faire également Blair prônait plutôt une ligne pour l’alcool avec l’expertise collecti- dure ? ve de l’Inserm (Le Monde du 21 sep- – Toute l’Europe débat de ce qu’il tembre). Nous avons également mis convient de faire avec le cannabis et en place, avec l’Observatoire fran- tous les pays convergent vers une çais des drogues et des toxicoma- approche pragmatique, car ils ont nies, des enquêtes épidémiologi- tous entre un tiers et la moitié de ques régulières. Avec ce type de leurs jeunes qui ont déjà expérimen- démarche, nous pouvons mettre en té le cannabis. En gros, l’attitude évidence des faits que l’on ne per- adoptée consiste à rappeler l’inter- çoit pas à partir des seules données dit, tout en prenant acte que le can- de l’activité des services de santé, de nabis présente moins de danger que police et de justice. C’est indispensa- d’autres drogues comme la cocaïne, ble pour mener une politique publi- l’ecstasy ou l’héroïne. En conséquen- que. Beaucoup de choses contradic- ce, les sanctions de l’usage s’orien- toires ont été dites sur ce sujet dans tent de plus en plus vers des peines un climat parfois particulièrement contraventionnelles comme au Por- polémique. Nous voulions donc en tugal, en Espagne ou en Italie. Le finir avec le règne du “Moi, je Royaume-Uni et la Belgique s’orien- pense…”. tent également dans cette voie. La France est donc dans une situation comparable à celle de ses voisins, sauf en ce qui concerne la possibilité d’incarcérer des usagers simples. En revanche, nous sommes plutôt en avance dans l’articulation de la politi- que de santé publique avec la jus- tice, parce que toutes les personnes interpellées peuvent être dirigées vers des structures de soins. – Cela n’empêche pas d’impor- tantes disparités géographiques NICOLE MAESTRACCI dans la sévérité des décisions. La France n’est-elle pas plutôt en – Avez-vous été surprise par les retard dans ce domaine ? conclusions de cette expertise col- – Pas vraiment. Des disparités géo- lective ? graphiques existent dans tous les – Le plus étonnant n’est pas telle- pays européens. Elles sont même ment ce que l’on apprend, mais plu- plus importantes dans les pays com- tôt le fait que l’on savait moins de me l’Espagne ou l’Allemagne, dispo- choses qu’on pouvait le penser. sant d’une autonomie régionale for- S’agissant d’un produit ayant de te. Il existe cependant un consensus nombreux expérimentateurs – plus pour ne plus incarcérer les person- de la moitié des jeunes de dix-huit nes pour simple usage. Il n’y a pas ans en France – et malgré son carac- de loi parfaite. La meilleure sera cel- tère illicite, la méthode choisie a per- le qui fera suite à un véritable débat mis de documenter précisément les et recueillera l’adhésion de la majori- effets repérables du cannabis sur la té des citoyens. santé. On peut en retenir que sur le – Quelle conséquence tirez- plan des effets immédiats, le canna- vous du fait qu’en France plus bis ne provoque pas d’accident gra- d’un jeune de dix-huit ans sur ve mettant en jeu le pronostic vital, deux a expérimenté le cannabis ? contrairement aux drogues de syn- – Il faut à la fois hiérarchiser les ris- thèse. Au niveau des effets à long ter- ques et fixer les limites, c’est le rôle me, quelques études américaines de la loi. Apprendre à gérer les ris- mettent en évidence une élévation ques, c’est le rôle de la prévention. du risque de cancer broncho-pulmo- Nous devons aussi apprécier la situa- naire chez les fumeurs réguliers. Res- tion de manière globale. L’enquête tent les incertitudes à propos des européenne Espad, réalisée en 1999 effets sur le fœtus au cours de la auprès des jeunes scolarisés de quin- grossesse, des conséquences sur la ze et seize ans a montré que si les conduite automobile, des rapports jeunes Français sont les plus con- avec les troubles mentaux et ce sommateurs de médicaments psy- qu’on appelle le « syndrome amoti- chotropes et de cannabis, ils sont vationnel » chez des jeunes souvent dans le même temps moins consom- en échec scolaire, qui est fréquem- mateurs d’alcool. Cela marque une ment rapporté par les profession- rupture avec la génération de leurs nels, mais pas étayé scientifique- parents. Cette enquête montre éga- ment. lement une stabilisation, voire une – Ce rapport de l’Inserm n’éclai- baisse, de la consommation dans les re que le versant sanitaire du pro- pays où elle était plus élevée. Nous blème. Comment l’intégrez-vous avons donc une marge de manœu- dans votre politique globale à vre non négligeable. C’est à partir l’égard du cannabis et dans le du moment où nous avons été capa- débat sur l’éventuelle dépénalisa- bles de dire la vérité, c’est-à-dire tion de l’usage de ce produit ? d’expliquer aux jeunes que le canna- – Nous n’avions en effet sollicité bis n’était pas le produit le plus dan- cette expertise collective que dans le gereux qu’ils ont commencé à nous domaine des effets du cannabis sur écouter sur les dangers des autres la santé, à l’exclusion de l’évaluation produits. » de ce produit à des fins thérapeuti- ques, qui relève d’une autre discus- Propos recueillis par sion. Le travail de l’Inserm n’était Paul Benkimoun 12 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 SOCIÉTÉ Les aides-éducateurs La chancellerie présente Plus de 20 000 policiers ont manifesté de niveau bac + 2 une nouvelle mouture à Paris et dans plusieurs préfectures pourront passer de son projet de loi pénitentiaire Daniel Vaillant s’est déclaré « disponible » pour de nouvelles négociations les concours A l’appel des syndicats Alliance, Synergie-officiers et l’échec des premières négociations, lundi, le ministre du SCHFPN, les défilés de protestation ont représenté de l’intérieur Daniel Vaillant s’est déclaré « disponi- Le texte sera soumis en 2002 en conseil des ministres la plus forte mobilisation policière depuis 1991. Après ble » pour de nouvelles discussions. de l’enseignement PRIORITÉ à la sécurité. Loin des les « personnels ayant au moins le L’ÉPREUVE de force se pour- M. Garnier a annoncé la tenue n’a pas de prix », assurait René LES PERSONNES ayant travaillé déclarations de principe sur « les grade de premier surveillant à déte- suit. Tandis que les manifestations d’un colloque sur la sécurité, le Cadalen, un major retraité. dans le secteur de l’éducation qua- droits des citoyens-détenus », qui nir des armes autres que des armes à de policiers ont rassemblé, mercre- 11 décembre, à Paris, auquel ont A l’occasion d’une rencontre tre ans au cours des cinq dernières étaient inclus dans l’avant-projet feu ». di 21 novembre, plusieurs milliers été conviés l’Union syndicale des avec la presse, concomitante à la années, notamment les aides-édu- de loi sur les prisons rendu public Le projet de loi entérine, par de protestataires à Paris et en pro- magistrats (modérée), des repré- manifestation parisienne, cateurs, pourront postuler aux con- le 18 juillet (Le Monde du 19 juillet), ailleurs, la nouvelle classification vince, les négociations ont été pro- sentants des pompiers, de l’éduca- M. Vaillant a affirmé que son cours de l’enseignement à condi- la dernière mouture du texte, qui des établissements pénitentiaires visoirement suspendues. Le minis- tion nationale et SOS-Racisme. «Il ministère n’avait « jamais obtenu tion de posséder un diplôme de devait être présenté, jeudi en fonction du profil des détenus tre de l’intérieur Daniel Vaillant faut que les politiques prennent un budget pareil depuis 1985 ».Il niveau DEUG (bac+2), selon un 22 novembre, à un collège de per- et non plus de la longueur de leur s’est cependant déclaré, mercredi enfin conscience de la gravité des s’est par ailleurs déclaré favorable projet de décret validé, mercredi sonnalités, témoigne du souci du peine. Sont ainsi créés, en plus de 21 novembre, « disponible à tout problèmes, indiquait Bruno Bes- à des recrutements supplémentai- 21 novembre, par le comité techni- ministère de prendre en compte le maisons d’arrêt départementales et moment », pour une nouvelle ren- chizza, secrétaire général de Syner- res de policiers. « Nous avons déci- que paritaire (composé de repré- thème de la sécurité. Sans remettre des centres de détention, des « mai- contre avec les syndicats. Celle-ci gie-officiers. Peut-être sont-ils en dé l’embauche de 3000 fonctionnai- sentants des syndicats et de l’admi- en cause certaines avancées de la sons d’arrêt régionales » et des pourrait se tenir au début de la train de le faire avec la loi sur la pré- res supplémentaires pour 2002, il nistration) du ministère de l’éduca- loi en faveur des détenus, notam- « centres nationaux de détention » semaine prochaine. Un premier somption d’innocence. » faudra poursuivre cet effort en tion. Cette disposition, réservée ment en matière de droit du travail, qui seront sécurisés. Les détenus rendez-vous, lundi 19 novembre, 2003 », a estimé le ministre. aux personnels sous statut privé, de droit à l’intimité ou de respect impliqués dans des « actes terroris- s’était conclu par un échec au ter- TRAVAIL « SUR LES PRATIQUES » M. Vaillant a également fait con- est valable uniquement pour les des liens familiaux, ce nouveau pro- tes »,du« trafic de stupéfiants en me de sept heures de discussion, Très contestée par les policiers, naître son intention de faire passer trois sessions de concours à venir jet, qui devrait être présenté en con- bande organisée »,du« proxénétis- achoppant sur les revendications celle-ci doit faire l’objet d’une mis- de 14 à 100 les sites d’action priori- (2002, 2003 et 2004). A l’issue de seil des ministres début 2002 avant me » ou du « vol à main armée » y salariales. Plusieurs responsables sion parlementaire d’évaluation taire, où la police concentre des cette période, le diplôme requis une présentation au Sénat, est mar- seront affectés, ainsi que d’autres syndicaux ont réitéré, mercredi, que Lionel Jospin a confiée, mer- moyens exceptionnels pour sera de niveau licence (bac+3). qué par plusieurs concessions fai- prisonniers, en fonction de la « gra- leur appel au premier ministre credi, au député (PS) Julien Dray. démanteler des formes de délin- Environ 10 000 des 70 000 aides- tes aux syndicats pénitentiaires. vité des faits » qui leur sont repro- pour « débloquer la situation ». « Il n’a pas été question de modifier quance endémique – les vols à la éducateurs rempliraient les condi- Signe du changement de ton, le chés. Une classification dénoncée Plus de 20 000 gardiens de la la loi », a toutefois indiqué la gar- portière à Nice, par exemple –, ou tions pour se présenter à ce con- document de présentation indique par l’Observatoire international paix, officiers et commissaires ont de des sceaux, Marylise Lebran- pour lutter contre l’économie sou- cours de « troisième voie » lors de que « la loi pénitentiaire aura des prisons qui souligne le risque défilé, mercredi, à Paris et dans plu- chu, qui a évoqué un travail « sur terraine. la session 2002. notamment pour objet la prévention de créér des « poudrières ». sieurs préfectures de région (Lyon, les pratiques » liées à l’entrée en « Le mal-être policier est réel » a de la récidive, facteur déterminant La dernière mouture de la loi Marseille, Bordeaux, Strasbourg et application du texte. M. Vaillant a ajouté M. Vaillant qui a déclaré DÉPÊCHES du renforcement de la sécurité de décline enfin les prérogatives du Toulouse), soit la plus forte mobili- annoncé l’organisation d’une ren- « comprendre » que des manifesta- a JUSTICE : un nouveau juge nos concitoyens ». « Mieux sanction- « contrôleur général des prisons », sation policière depuis 1991. A contre entre les syndicats de poli- tions aient eu lieu après la mort en d’instruction, le dixième en vingt- ner pour mieux réinsérer, tel est l’ob- une personnalité indépendante Paris, les organisateurs du mouve- ce, lui-même et Mme Lebranchu. service de deux gardiens de la deux ans, a été chargé de l’enquê- jet du projet de loi pénitentiaire, nommée pour six ans par le prési- ment, Alliance (gardiens de la paix « Ami, entends-tu les cris sourds paix, le 16 octobre, au Plessis-Tré- te sur les circonstances de la mort pour une vraie sécurité », conclut-il. dent de la République. Le projet de et gradés), Synergie-officiers, et le de la police qu’on enchaîne », vise (Val-de-Marne), et les multi- de Jacques Mesrine, l’ancien Il y a quelques mois, la chancellerie loi indique que le contrôle « porte Syndicat des commissaires et « Elus, on vous a à l’œil », les bande- ples incidents dans lesquels des « ennemi public numéro un » tué affirmait qu’il était question de limi- sur les conditions générales de déten- hauts fonctionnaires de la police roles parisiennes témoignaient du policiers ont été blessés ou visés par les hommes du commissaire ter les incarcérations en instituant tion et sur le respect de la condition nationale (SCHFPN) ont fait valoir malaise de policiers qui se disent par des tirs d’armes à feu. «Onne Robert Broussard, le 2 novembre la prison comme « ultime juridique des détenus ». L’instaura- que les demandes d’amélioration inquiets de leur statut. « Pour que peut pas se permettre de déstabiliser 1979, à Paris. Le juge parisien Bau- recours » ; d’ériger le détenu en tion d’un contrôle externe à l’admi- des revenus des policiers n’étaient la police nationale survive, il faut la police nationale », a toutefois doin Thouvenot reprend l’informa- « citoyen » ; et de faire évoluer les nistration avait suscité l’appréhen- pas le seul motif du mécontente- qu’on lui donne les moyens maté- conclu le ministre de l’intérieur, en tion judiciaire ouverte à la suite personnels pénitentiaires en met- sion, voire l’incompréhension, des ment. riels et légaux d’accomplir sa rappelant son attachement au d’une plainte pour « assassinat », tant l’accent sur leur mission de surveillants. La chancellerie semble « Tant que les négociations en res- tâche », affirmait un commissaire. caractère étatique des forces de déposée peu après la fusillade par la réinsertion. en avoir tenu compte, puisqu’elle teront au niveau du catégoriel, elles Des gendarmes retraités et pour la sécurité. Une nouvelle manifesta- fille et la mère de Jacques Mesrine. Le texte final reprend nombre affirme, dans son document accom- seront un échec », a affirmé André- première fois des femmes de gen- tion était prévue, jeudi 22 novem- a Onze familles victimes du satur- des dispositions déjà retenues en pagnant la loi, que « la désignation Michel Ventre, le secrétaire géné- darmes – le statut militaire des gen- bre à Paris, à l’appel du syndicat nisme ont déposé, mercredi juillet. Les périodes de sûreté inclu- d’un contrôleur général des prisons ral du SCHFPN. « La sécurité est un darmes les prive du droit de mani- général de la police (SGP-FO) et 21 novembre, une requête devant ses dans les peines perdent leur (…) garantira les agents de l’adminis- problème crucial que pose l’évolu- fester – s’étaient joints au cortège du syndicat national des policiers la commission d’indemnisation caractère automatique et devront tration pénitentiaire contre les accu- tion de notre société, ajoutait Jean- pour affirmer que toutes les forces en tenue (SNPT, gardiens de la des victimes d’infractions péna- être prononcées au cas par cas par sations infondées ». Luc Garnier, le secrétaire général de sécurité sont confrontées aux paix). les de Paris. Pendant plusieurs les cours d’assises. Les détenus d’Alliance. Et, il n’a pas été pris en mêmes problèmes. « Les Français années, elles avaient demandé, sans atteints d’une maladie engageant Cécile Prieur compte. » ont besoin de sécurité, et la sécurité Pascal Ceaux succès, un logement social alors le pronostic vital pourront voir leur que les services de l’Etat et de la peine suspendue, et il est prévu de municipalité savaient que leurs faciliter l’hospitalisation des déte- enfants étaient intoxiqués au nus présentant des troubles psycho- 500 000 visiteurs sont attendus au Salon de l’éducation, à Paris plomb. Les requérants estiment logiques. Le rapprochement fami- que les pouvoirs publics ont man- lial devient un critère principal d’af- qué à leurs obligations en ne les fectation dans les prisons, où Le secteur public et les entreprises privées se côtoient lors de cette manifestation créée en 1999 relogeant pas avec la célérité néces- seront favorisés les rapports avec saire. les proches par le biais d’unités de AVEC 70 000 m2 d’exposition et privés, 60 %. Ils sont deux, égale- « rééquilibrage ». « Toute la publi- ca, proposé 20 millions de francs. a SÉCURITÉ : le maire d’Asnières vie familiale et de parloirs sans sur- 500 000 visiteurs attendus, le Salon ment membres du comité d’organi- cité de ce Salon est construite sur le Le Salon reste « la vitrine de ce que (Hauts-de-Seine), Manuel Aes- veillance. Le droit de téléphoner de l’éducation, qui a ouvert ses por- sation : L’Etudiant (Vivendi Univer- soutien que lui donne l’éducation fait l’éducation nationale », affirme chlimann (RPR), a pris un arrêté est reconnu aux prévenus et aux tes mercredi 21 novembre à Paris, sal) et Edit Expo International. Ces nationale, a-t-il expliqué au Monde. un collaborateur de Jack Lang. Le municipal interdisant la circula- condamnés, sauf restrictions pour est devenu une très grosse affaire. entreprises louent des stands – Il faut lever la confusion, et faire en « combat se déroule à la loyale avec tion solitaire des mineurs de raisons de sécurité. Enfin, le travail Et c’est précisément ce que certains 2 000 francs le mètre carré au maxi- sorte que les visiteurs soient systémati- les salonniers privés », poursuit-il, moins de treize ans entre 23 heu- en prison est encadré, par la créa- lui reprochent. « Il faut taper du mum. Le chiffre d’affaires annoncé quement informés de l’offre du ser- mais il faudra « une évaluation res et 6 heures ainsi que toute réu- tion d’un véritable contrat de tra- poing sur la table : des familles se par L’Etudiant est de 20 millions de vice public : c’est la meilleure, et elle sérieuse à l’issue de ces trois premiè- nion de plus de trois mineurs de vail et par la fixation d’un salaire laissent abuser par les marchands de francs. L’éducation nationale, elle, est gratuite. » res éditions ». René Sylvestre, lui, moins de seize ans, non accompa- d’au moins 50 % du SMIC. savoir ! », a ainsi tempêté Jean-Luc occupe l’espace à prix coûtant. Son s’emporte : « Ne tuons pas une bon- gnés. Cette mesure, qui vise les sec- Mélenchon, ministre délégué à l’en- investissement porte sur l’aménage- « QUERELLES IDIOTES » ne idée ! » teurs de la commune ayant «un MAINTIEN DES 45 JOURS DE MITARD seignement professionnel, au ment des stands, la communication René Sylvestre, patron du grou- taux de délinquance particulière- La chancellerie a cependant démarrage de cette troisième édi- et diverses subventions : la dépen- pe L’Etudiant, juge ces « querelles Nathalie Guibert ment élevé », sera applicable pen- renoncé à plusieurs avancées. Le tion. Il y a un mois, M. Mélenchon se se monte à 13,5 millions de idiotes ». Selon lui, les organismes dant les périodes scolaires. recul le plus symbolique est le main- avait déjà plaidé contre la marchan- francs. Des « major partenaires » privés n’occupent que 15 % des sur- tien d’une sanction disciplinaire de disation de l’éducation, au forum (région Ile-de-France, Mairie de faces ouvertes au grand public et quarante-cinq jours de mitard en de Porto Alegre. Il n’était pas le Paris, MAIF, Radio France, Comité « il ne faut pas prendre les jeunes cas d’« agression contre les person- plus enthousiaste à arpenter les des œuvres complémentaires de pour des abrutis qui confondraient nes », alors que la première version allées de la Porte-de-Versailles, où l’école, France Télécom, La Cinquiè- l’école Macheprot avec Harvard ». du projet réduisait de 45 à 20 jours se côtoient écoles privées et presta- me) apportent pour leur part La Ligue de l’enseignement affirme maximun le placement en quartier taires de services de toutes sortes. 15 millions de francs, selon la pour sa part garder ses distances disciplinaire, et ce quelle que soit la Conçu par Claude Allègre et la Ligue. avec l’aspect commercial de l’évé- faute commise par le détenu. Cet Ligue de l’enseignement, cet événe- L’édition 2000 du Salon avait nement. « Nous nous interdisons de abaissement de l’échelle des sanc- ment offre une image brouillée : il déjà suscité des critiques : pour cer- faire du commerce sur ce salon : tions, qui alignait la France sur les apparaît comme le Salon de l’édu- tains, le service public n’y était pas nous ne vendons pas de mètres car- recommandations européennes, a cation nationale, alors que ce n’est assez visible. Cette fois, « les socié- rés », souligne Alain Dubroca. Les été jugé inacceptable par les per- pas exactement le cas. Membres du tés privées ne sont plus en vitrine », opérateurs privés, précise-t-il, doi- sonnels, qui ont estimé qu’elle enta- comité d’organisation, la Ligue de souligne Alain Dubroca, directeur vent suivre un cahier des charges mait leur autorité. La chancellerie a l’enseignement, le ministère de général de la Ligue de l’enseigne- précis. « Le prix auquel ils peuvent également renoncé au principe des l’éducation et l’Onisep gèrent cette ment, organisatrice principale du louer les stands est sensiblement infé- fouilles de cellule effectuées en la année 40 % de l’espace d’exposi- Salon. S’il reconnaît que les stands rieur au marché », ajoute M. Dubro- présence des détenus et autorise tion, selon la Ligue. Les opérateurs de l’Onisep ou des établissements ca. Le directeur général de la Ligue publics sont mieux placés, Jean- reconnaît toutefois que la manifes- Luc Mélenchon veut poursuivre le tation « est un objet économique qui suscite de très grandes envies ». Le logo rouge et noir « Salon de l’éducation » a été déposé par la Ligue à l’Institut national de la pro- priété industrielle (INPI) pour la modique somme de 1 850 francs en 1999. Un an plus tard, « un groupe anglo-saxon » en a, selon M. Dubro- 13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 La gestion des déchets nucléaires de Cadarache cristallise des inquiétudes L’installation d’un nouveau système de conditionnement et d’entreposage dans ce centre du Commissariat à l’énergie atomique des Bouches-du-Rhône fait l’objet d’un débat public préalable à l’enquête. Les opposants à ce projet regrettent le caractère partiel de la consultation

MANOSQUE radioactifs) que le CEA veut implan- le futur », précise-t-on au CEA, don- de la Durance et non à l’est, assure de notre correspondant régional ter dans son périmètre depuis 450 bâtiments sur 1 600 hectares nant le détail des mètres cubes et que les normes actuelles sont large- Parmi les cent vingt présents dans 1997 pour remplacer l’ancien. Solli- Manosque provenances passées et futures. On ment assez rigoureuses. Après plus le gymnase de Manosque (Alpes-de- citée par l’association France envi- demande ce qui a été prévu contre de deux heures de discussion, la sal- D6 Haute-Provence), ce vendredi ronnement, la Commission nationa- les menaces terroristes, en particu- le commence à se vider, laissant 16 novembre au soir, beaucoup se le du débat public (CNDP) a estimé La Bastide- lier contre un éventuel avion-suici- entre eux ceux qui se connaissent des-Jourdans connaissent. L’état-major du centre que ce chantier n’avait pas à être dis- Ste-Tulle ALPES-DE de. Réponse : le CEA n’a pas d’im- trop pour s’écouter encore. HTE-PROV. du Commissariat à l’énergie atomi- cuté au plan national mais méritait meubles de grande hauteur suscepti- Dans leur rapport à la CNDP, les Gréoux- que (CEA) de Cadarache, situé à de l’être localement. C’est une pre- BARRAGE les-Bains ble d’être visé, les fûts de stockage scrutateurs devront rendre compte quelques kilomètres de là, de l’autre mière en France. Neuf réunions DE CADARACHE sont sécurisés, et le dossier, ayant des questions soulevées, dans ces VAUCLUSE côté de la Durance, a pris l’habitude publiques dans des communes Verdon été élaboré bien avant le 11 septem- réunions comme sur le site Internet. de se confronter à ses opposants, autour du centre, un site Internet, PARC RÉGIONAL Beaumont- bre, sera réexaminé. Le CEA retiendra les objections qui écologistes de conviction ou voisins un numéro d’appel téléphonique DU LUBÉRON de-Pertuis Vinon- lui paraissent pertinentes dans le sur-Verdon mécontents, qui considèrent que le gratuit, un Journal du débat sont LA SALLE SE VIDE dossier qu’il soumettra à l’enquête Eze D973 centre est un vrai danger et tout donc mis en place par le CEA. On entame ensuite le débat sur la publique d’ici la fin de l’année. Pour développement de ses activités une Des scrutateurs contrôlent leur Pertuis Ginasservis sismicité qui réunit un panel de géo- le moment, son directeur dit sur- D554 c e aberration. déroulement et en établissent les D u r a n logues et de sismologues aussi com- tout avoir noté les remarques con- BCHES-DU Cela fait six réunions qu’ils se comptes-rendus écrits : ceux des VAR pétents qu’opposés. Certains sont cernant les risques terroristes. Mais RHÔNE retrouvent dans le cadre du « débat précédentes réunions sont à la dis- Canal de Provence membres de la CRII-RAD, labora- il faudra aussi tenir compte de la A51 CENTRE DU COMMISSARIAT local » à propos de l’installation de position du public à côté de la Peyrolles- toire indépendant, d’autres tra- question soulevée par un partici- Jouques 4km À L'ÉNERGIE ATOMIQUE Cedra (lieu et système de condition- maquette de la future installation. Meyrargues en-Prov. DE CADARACHE vaillent pour le CEA, pour le Bureau pant à la réunion de Manosque : il nement et entreposage de déchets Ce soir, Jean-Paul Puyfaucher, de recherche géologique et minière soulignait qu’il était difficile de d’EDF, et Michel Meuret, de l’INRA (BRGM) ou l’Institut de sûreté et de débattre d’un projet dont on ne con- (Institut national de la recherche d’une militante de l’énergie solaire. Un ancien commissaire enquêteur protection nucléaire (ISPN). Cartes naissait pas le détail, puisque le dos- Les Verts de PACA agronomique), jouent, avec une On s’interroge sur les raisons explique qu’à l’époque il avait voté et graphiques à l’appui, Denise sier d’enquête publique n’est sou- autorité parfois contestée, ce rôle pour lesquelles l’enquête d’utilité contre le dossier mais qu’il faut Nury, géologue de la CRII-RAD, mis aux autorités qu’après ce cycle contre le débat local qui consiste à garantir « l’équité, l’in- publique de 1997 avait émis un avis absolument construire une installa- affirme que « Cadarache est sur un de réunions ouvertes. Il lui fut tégrité et l’impartialité du débat ». défavorable sur le même projet. tion nouvelle pour stocker les faisceau de failles intéressant le répondu qu’on ne pouvait pas repro- Dénonçant un « simulacre de Après trois réunions ils ont pris l’ini- M. Bernard en lit des extraits qui déchets produits depuis plus de qua- socle » : il faut donc prévoir des cher à un débat d’être « déjà ficelé » consultation », les militants Verts tiative que soit abordée frontale- portent sur la forme du dossier et rante ans à Cadarache. constructions pouvant résister à des et lui reprocher aussi de ne l’être de la région Provence-Alpes-Côte ment « la question de la sismicité », sur la demande de ne pas utiliser de On s’inquiète de la proportion de séismes de force 10. Marc Nicolas, pas assez. La quadrature du débat. d’Azur s’insurgent contre le fait toujours évoquée par les opposants gaz fréon dans l’installation : il n’y ceux venus d’autres sites : «20% sismologue au CEA, après avoir que c’est le CEA, donc l’exploitant, au CEA mais qui n’était pas prévue en aura pas dans le nouveau site. seulement, pour l’avenir comme pour expliqué que le danger est à l’ouest Michel Samson qui organise le débat sur le Cedra dans le premier cahier des charges. (conditionnement et entreposage Le directeur du CEA de Cadara- de déchets radioactifs) sans con- che, Hervé Bernard, ouvre la réu- tre-expertise possible, comme il nion qui se tient en présence du mai- détermine tout seul le périmètre re de la ville, avant que Maurice de consultation. Sur le fond, ils Haessler, responsable de l’installa- estiment que « proposer une instal- tion à venir, n’en détaille l’ampleur lation fonctionnant pendant qua- et le fonctionnement. La discussion rante-sept ans est une anticipation avec micro baladeur s’ouvre : cha- des résultats du débat parlemen- cun est libre de poser les questions taire », prévu à partir de 2006. Ils qu’il souhaite pour peu qu’il se pré- considèrent donc que le projet sente, et les scrutateurs s’efforcent Cedra est un projet d’intérêt d’insister si la réponse est confuse national, comme l’avait soutenu ou trop alambiquée. Ceux qui veu- Dominique Voynet alors qu’elle lent évoquer les questions politi- était ministre de l’environne- ques générales, comme celle des ment. « Présenté comme une inno- sources d’énergie en France, sont vation démocratique, ce débat (…) interrompus si leur discours est trop est un ratage qui augure mal de long : « Hors débat ! La CNDP a l’application future de la loi sur la voulu déconnecter que la discussion démocratie de proximité », assu- reste centrée sur Cedra », tranche rent-ils. – (Corresp. rég.) un scrutateur, au grand dam Le projet de nouvelle installation pourrait coûter 115 millions d’euros « IL FAUT de temps en temps vider premiers sont stockés en surface la poubelle. » La formule d’Hervé par l’Andra dans l’Aube et dans la Bernard, directeur du centre de Manche, site plein depuis 1994. Les Cadarache, résume le projet pour le seconds, dont la destination finale Conditionnement et l’entreposage sera définie, espère-t-on, en 2006, de déchets radioactifs (Cedra) qu’il sont stockés en attendant à espère voir aboutir à l’issue des Marcoule et à la Hague. actuels débats publics et de l’enquê- Une unité de traitement, implan- te publique qui les suivra. Le Cedra tée sur trois niveaux couvrant a pour vocation d’accueillir une par- 5 000 m2, permettra de trier, décon- tie des déchets radioactifs produits taminer et compacter ces déchets par les activités de Cadarache (80 % faiblement irradiants : une partie du volume), ainsi que ceux générés sera reclassée en catégorie A. L’inci- par les autres laboratoires du CEA nération de certains autres déchets (20 %) depuis 1949 et au cours des (gants, cotons, cartons) permettra trente prochaines années. de réduire leur volume, une presse Cadarache, qui se consacre hydraulique y contribuera égale- depuis 1959 à la recherche sur les ment. Au total, 3 800 m3 de déchets réacteurs, les déchets nucléaires, devraient y être traités durant les l’environnement et la fusion nucléai- trente ans d’exploitation du Cedra. re, est le plus vaste du CEA hors région parisienne : 450 bâtiments, REJETÉ EN 1997 1 600 hectares, 5 000 personnes Le projet du CEA prévoit deux pour un budget de 380 millions unités d’entreposage. L’une pour d’euros environ. Les installations les déchets faiblement irradiants qui abritent les déchets radioactifs (13 000 « colis », soit 10 000 m3 envi- sont presque saturées. La marge de ron). La seconde pour les déchets manœuvre ne dépasse pas « quel- moyennement irradiants ques années », assure M. Bernard. (4 700 colis, soit 2 350 m3), disposés Difficile alors d’attendre 2006 – date dans des alvéoles ventilées, obtu- à laquelle le Parlement doit en prin- rées par des bouchons étanches cipe statuer sur le mode de gestion amovibles. Actuellement, ces des déchets radioactifs les plus déchets reposent dans des alvéoles encombrants – pour envisager une provisoires installées à l’air libre solution que l’Agence nationale « faute de place », indique M. Ber- pour la gestion des déchets radioac- nard. « Comme toute installation tifs (Andra) mettrait ensuite des industrielle », convient-il, le Cedra années à concrétiser. Il était impéra- engendrera des rejets « très fai- tif de « trouver des solutions pragma- bles », qui finiront dans le système tiques sur le terrain », soutient de récupération des effluents com- M. Bernard. muns du centre de Cadarache. Le Cedra s’occupera de déchets L’Autorité de sûreté nucléaire solides (gants, outils métalliques, juge le dossier Cedra satisfaisant, en câbles, appareils mécaniques…) de tout cas plus complet qu’en 1997, type B, c’est-à-dire faiblement ou où il fut rejeté à l’issue de l’enquête moyennement irradiants, dont la publique, notamment en raison période d’activité est supérieure à d’un manque de précision sur l’origi- trente ans et, pour certains élé- ne des déchets qui y seraient traités. ments, peut atteindre des dizaines L’ensemble devrait coûter 115 mil- de milliers, voire des millions d’an- lions d’euros et son fonctionne- nées. On les distingue des déchets ment, assuré par 35 à 40 personnes, de type A (faiblement ou moyenne- s’élever de 5 à 6 millions d’euros ment radioactifs, période inférieure par an. à trente ans) et des déchets de type C, hautement irradiants. Les Hervé Morin 14 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 HORIZONS ENQUÊTE Fin de crise chez les O’Dea

CLATÉE aux qua- Tom et Mary-Ann entourés tre coins du pays, de leurs six fils, leurs deux la famille O’Dea, belles-filles et leurs deux d’origine irlandai- petits-enfants. se, se réunit, jeudi 22 novembre, au- tour de la dinde de « c’est une question de justice ». Thanksgiving, la Dans le hall de l’église, elle deman- fête la plus impor- de au Père Sébastien, qui est d’origi- tante aux Etats-Unis. Tom et Mary- ne indienne : « Islam et musulman, EAnn, 56 ans, courtier d’assurances c’est la même chose ? L’Indonésie, et agent immobilier, retrouvent c’est à côté du Vietnam ? ». Le Père leurs six fils chez Mark, le frère de Sébastien redoute que le Pakistan Mary-Ann, à Princeton, dans le fasse usage de la bombe nucléaire New Jersey. Tous vont faire une contre l’Inde. Elle se tourne vers prière avant de passer à table, bien une amie qui tient la sacristie : «Ne manger, puis regarder les deux serait-on pas en train de vivre les der- traditionnels matches de football niers chapitres de l’Apocalypse ? » américain à la télévision, sans dou- Un jour, elle craque. Avec Chris te quelques images sur l’Afghanis- qui, depuis Los Angeles, lui dit que tan. Et parler. Chez les O’Dea, les « tout cela, c’est aussi de la faute avis divergent sérieusement depuis des Etats-Unis », elle s’emporte. le 11 septembre. Et aujourd’hui per- Une expression du temps de la sonne ne crie vraiment à la victoire. guerre froide sort de sa bouche : Certains sont soulagés, d’autres res- « Chris, comment peux-tu être si tent sceptiques sur la déroute des “un-American” (non améri- talibans. cain) ? ». Elle prend l’avion pour le De toute façon, Mary-Ann, la rejoindre. Chris doit ramener une mère, pense que la paix devrait être voiture à ses frères dans le New Jer- une chose simple : il s’agit de fon- sey et retaper une maison là-bas. der une famille, « y faire régner les Tous les deux traversent le conti- valeurs morales et le dialogue, les nent d’est en ouest. Le voyage enfants créent eux-mêmes leur dure six jours. Mary-Ann veut met- famille et on peut, comme ça, éten- tre un petit drapeau américain sur dre cet état d’esprit à une nation, le capot. Chris refuse. puis au monde entier ». Elle égrène De retour en Floride, elle semble les prénoms de ses fils : Mark, soulagée : « Il est idéaliste, il me fait l’aîné, 38 ans, professeur pour penser à un saint marchant. Je l’ai enfants en difficulté, « toujours céli- écouté parler, finalement, ça bataire », s’angoisse-t-elle. Tom, 37 “sonne” assez américain. » Elle est ans, cadre supérieur chez Lucent, décidée d’en apprendre un peu une entreprise de nouvelles techno- plus sur le monde extérieur. « Chris logies, « marié mais sans enfants », me dit qu’on a besoin d’être informé John, 36 ans, ancien pilote de l’ar- et de ne pas suivre aveuglément le mée de l’air reconverti chez Delta gouvernement. Il a raison. Mais je ne Air Lines, « bon, lui, ça va, il est veux pas perdre mon point de vue marié, il a deux enfants », Ken, 34 américain. Les pauvres du monde ans, directeur de vente, « fiancé, ça entier, quand ils viennent ici, ils tra- semble sérieux », Chris, 31 ans, vaillent dur et ils réussissent. Des fau- « célibataire, il cherche sa voie dans tes, on peut toujours en faire, c’est le cinéma », Danny, 29 ans, profes- humain. Nous essayons de faire de seur d’histoire, « lui aussi célibatai- bonnes choses au nom de Dieu. » re ». Les parents vivent à Palm Elle se demande comment changer Coast en Floride, les enfants sont l’esprit de ces fanatiques, « sans dispersés à des milliers de kilomè- doute par l’éducation, je crois sur- tres : Atlanta, Los Angeles et le tout qu’il faudrait un miracle ». New Jersey. C’est Chris, le premier, qui sème E jour où Kaboul tombe sous le trouble dans la famille. Après le contrôle de l’Alliance du avoir fait des études de cinéma, il LNord, Tom, le père, est « sou- s’essaie au documentaire à Los lagé ». Il redoutait que les Améri- Angeles. L’an passé, il fait un voya- cains perdent patience. « Finale- ge en Chine, en Inde, au Népal, au ment, c’est allé vite. Bush et son équi- Cambodge, au Vietnam, « juste pe ont eu la bonne stratégie depuis pour voir comment le monde est diffé- le début. Mais c’est juste une victoi- rent, à quoi ressemblent des pays qui re contre les talibans. Ben Laden res- comptent des milliards d’êtres te toujours caché », constate-t-il. humains ». Il est surpris par la pau- Mary-Ann est « heureuse mais pru- vreté. « La Chine m’a fait penser à dente » : « C’est une petite victoire. l’Amérique, les gens ne parlent aucu- Ce sera de toute façon mieux ne autre langue que la leur et ils ne qu’avant. » John, le pilote de Delta veulent pas perdre la face. En Inde, Air Lines, confirme : « Les militai- j’étais choqué par un jeune qui m’a res ont fait des attaques bien demandé combien de revolvers ciblées. Ça a marché. Je crois qu’on j’avais chez moi. » Il est invité à est en train d’évoluer vers une COLLECTION O’DEA prendre le thé chez un musulman, manière de faire la guerre plus puis par des moines d’un temple le soutenir. Tom, le cadre supérieur s’il l’avait fallu, il l’aurait fait en exactement ce qu’ils font ». Tous les humaine, moins brutale. » sikh qui l’ont hébergé et nourri Dans la de Lucent, répond à Chris que de « évitant tout sentiment de colère ». mardis, de 22 heures à 23 heures, ils Dany, l’historien, a regardé à la « gratuitement ». « Je ne sais pas si toute façon « l’OMC ne peut pas Pour lui, on peut toujours discuter prient dans une petite pièce derriè- télévision des images d’habitants c’est le fait d’être relax, mais j’ai eu le famille O’Dea, s’occuper à la fois de la libéralisation de l’opportunité d’une guerre « con- re l’autel de l’église Sainte Elisa- de Kaboul en liesse : « Je ne sais pas sentiment que les gens étaient plus du commerce et des droits de l’hom- fortablement dans un salon ».En beth, à Palm Coast. D’autres parois- où est la réalité. On nous présente ça humains dans leur relation entre eux on aime me, elle serait inefficace. Le problè- Afghanistan : « Il n’y avait plus aucu- siens prennent le relais tout au long comme la libération de l’Europe que chez nous, dans le “premier mon- me c’est qu’il n’existe pas d’organisa- ne solution diplomatique. » de la nuit. après la deuxième guerre. Ça ressem- de”. » Il revient à Los Angeles, discuter, tion aussi puissante que l’OMC pour Dany, professeur d’histoire dans Agenouillée, Mary-Ann croit voir ble à de la propagande pour rendre inquiet. « Nous, les Américains, la question des droits de l’homme un lycée chic de Princeton, est le le visage du Christ dessiné dans les les Américains heureux. Pour moi, il nous représentons 6 % de la popula- s’emporter dans le monde ». Mark, le profes- seul à être d’accord avec Chris, son nervures d’une colonne de marbre. n’y a pas de victoire. On ne sait pas tion et nous consommons 35 % des seur pour enfants en difficulté, dit combien de civils ont été tués. Les pro- ressources de la planète. Si l’Inde et rire. Tom, qu’il ne faut pas être angélique. blèmes ne font que commencer. » avait le même niveau de vie que « Les terroristes ne sont pas comme Avec Chris qui, depuis Los Angeles, lui Chris, lui, anticipe : « On va nous nous, le monde mourrait », croit-il le père, Hitler mais leurs objectifs sont les montrer des images d’aide humani- savoir. mêmes. Comme pendant la deuxiè- dit que « tout cela, c’est aussi de la faute taire, ça va marcher pour Noël. Les Quelques jours après l’émotion est d’origine me guerre mondiale, un mouvement femmes vont peut-être pouvoir du 11 septembre, il ne peut s’empê- pacifiste peut faire mourir des mil- des Etats-Unis », Mary-Ann s’emporte. retourner à l’école et travailler. Je cher de penser que Ben Laden a tou- irlandaise, lions de gens. Les terroristes ont un suis inquiet. L’Alliance du Nord ne ché « le symbole d’un système mala- calendrier, c’est évident. » John, le Une expression du temps de la guerre froide s’est pas très bien comportée avec de ». « Nous sommes aveugles, nous sa femme, pilote de Delta Air Lines, a confian- elles dans le passé. En réalité, on veut ne savons rien de ce que notre gou- ce en la stratégie de son pays. Il con- sort de sa bouche : « Chris, comment peux-tu montrer qu’on est les plus forts, cal- vernement commet à l’étranger. On Mary-Ann, tinue de voler sur les lignes intérieu- mer la colère des Américains. » soutient des dictatures, on nourrit le res. Ses enfants ont cessé de regar- être si “un-American”(non américain)? » John, le pilote, qui risque de per- terrorisme. La libéralisation du com- catholique. der les images à la télévision du dre son emploi à la fin de l’année, merce détruit les droits de l’homme World Trade Center. « Je ne veux ne cesse de rappeler qu’il ne s’agit ailleurs dans le monde. La guerre ne Leurs six fils pas qu’ils aient peur quand ils savent frère de Los Angeles. « Si on tue « L’abbé me dit que c’est une coïnci- plus seulement de l’Amérique : «Le va qu’accroître le fossé entre les pays que je suis parti au travail. » 50 000 Afghans parce qu’on a eu dence, moi, je dis que c’est un mira- monde entier est concerné et le mon- riches et les pays pauvres. Les problè- s’entendent 6 000 victimes, comment ne pas nour- cle », plaisante-t- elle à moitié. Elle de entier est avec nous. Dans la lutte mes sont dans notre miroir », procla- ENDANT onze ans, il a rir d’autres terrorismes ? Les talibans n’est pas mécontente que les Améri- contre le terrorisme, l’Afghanistan me-t-il. Il envoie à toute la famille bien. manœuvré des bombardiers étaient nos alliés, ils sont devenus nos cains aient imploré Dieu après le n’est qu’une étape. Ça va prendre la copie d’une analyse de L’Hindu, PB1 de l’US Air Force, puis for- ennemis. L’Alliance du Nord est 11 septembre. « On ne répétait plus des années. Il paraît qu’Al-Qaida un quotidien indien, qui rappelle L’attentat du mé des pilotes de l’OTAN avant de notre alliée, mais pour combien de notre devise : en Dieu, nous avons n’est que l’un des treize réseaux qui que l’accès au pétrole de la mer Cas- rejoindre la compagnie aérienne temps ? J’ai peur pour l’enfant de confiance. » En voiture, elle passe ont un pouvoir de destruction, affir- pienne par l’Afghanistan est plus 11 septembre privée. Pendant la guerre du Golfe, huit ans qui vit sous les bombes. Il va devant chez Khaled, le teinturier me-t-il. Comme dit Bush, ce sera que jamais un enjeu stratégique il fait partie des équipes de pilotes grandir avec une haine incroyable pakistanais, « lui, je ne pense pas long. Mais on y arrivera. » Dans la pour les Etats-Unis. les a déchirés. qui sont en permanence en état contre nous. » qu’il soit terroriste, il travaille très famille O’Dea, on aime discuter, Trois frères, Mark, Tom et John, d’alerte, prêts à décoller avec une Pendant les premières semaines dur ». Elle pense aux victimes du s’emporter et rire. Tout le monde réagissent : l’attaque contre le WTC Peu de temps. bombe nucléaire. « A ce moment- de bombardements, Tom et Mary- World Trade Center, mais aussi «à est ravi de se retrouver. La journée est d’abord un acte de guerre. Il là, je me disais seulement : il faut que Ann O’Dea écoutent les voix discor- ces milliers d’êtres humains qu’on de Thanksgiving risque de défiler à faut à tout prix neutraliser le réseau Récit d’une je sois dans l’avion en quelques secon- dantes de leurs enfants, ils soutien- tue dans nos cliniques d’avortement, toute vitesse, cette année. de Ben Laden et les talibans puis- des. » Il espérait n’avoir jamais l’oc- nent George Bush, écoutent les por- il faudrait déjà commencer par là ». qu’ils ont choisi de le protéger et de réconciliation casion de lâcher une bombe. Mais te-parole militaires sans « savoir Elle défend la peine de mort, car Dominique Le Guilledoux HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 15 Un dialogue est-il possible entre islam et christianisme ? 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 JEAN PAUL II a invité les res- tout débordement. Ils organisent pays d’islam radical, des prêtres rement l’emporter. La Fondation Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F ponsables musulmans à un ras- – souvent avec des partenaires européens ouvraient des églises Agnelli pour l’étude comparée Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). semblement pour la paix à Assise juifs – des rassemblements de inoccupées à des immigrés musul- des religions va reprendre ses tra- Internet : http: // www.lemonde.fr le 24 janvier prochain, mais peut- prières, comme le fait la commu- mans privés de lieux pour prier ! vaux, fin novembre, à Turin. Ils on croire encore à un dialogue nauté Sant’Egidio à Rome. Ils se Et que dire des impasses sur les- n’ont pas cessé à l’université ÉDITORIAL entre islam et christianisme, alors réunissent en colloques érudits quelles échouent toutes les tenta- jésuite Saint-Joseph de Beyrouth qu’au nom du Dieu des musul- dans des lieux symboliques – Cor- tives de dialogue : par exemple la où alternent professeurs chré- mans on vient d’entendre des doue, Rabat, le Caire, etc. –, émet- peine de mort pour crime d’apos- tiens et musulmans. appels d’un autre âge à la guerre tent des catalogues de vœux tasie dans l’islam ; l’interdiction Grâce au dialogue, la Femmes afghanes sainte, à la « guerre des peuples de pieux, lancent des appels à la tolé- de tout culte chrétien en Arabie conscience croît du pluralisme l’Orient musulman contre le peuple rance, protestent contre l’an- saoudite et au Qatar ; le verrou religieux, la connaissance de ES femmes afghanes peu- indispensable à des populations des croisés d’Occident » (Oussama nexion de Dieu à des fins politi- mis à tout examen critique de l’Autre, du lointain, de l’étranger vent à nouveau sortir affamées. Ben Laden, 3 novembre) ? Ce dia- ques. l’histoire et des textes sacrés s’enrichit. La leçon des événe- dans la rue sans être cha- Mais ce geste repose aussi sur logue est une réalité de longue Ce sont des universitaires et musulmans ; la violence contenue ments actuels est que l’islam pas Lperonnées par un hom- une formidable hypocrisie, desti- date, inspirée par des pionniers des théologiens qui, dans un con- aussi dans des textes de l’Ancien plus que le christianisme n’est un me de leur famille. Elles peuvent née à satisfaire une opinion occi- comme Louis Massignon texte plutôt élitiste, font reculer Testament. Tous les acteurs chré- bloc. Tenir bon sur cette ligne de enlever leur burqa en public. dentale à juste titre sensibilisée (1883-1962), Louis Gardet les stéréotypes – le fatalisme et le tiens de ce dialogue doutent de crête, de plus en plus raide, est C’est un progrès par rapport au à la cause des femmes, et à (1904-1986), l’Egyptien Moham- fanatisme musulmans, le colonia- l’indépendance de leurs partenai- donc la seule manière de deman- régime taliban, qui leur avait laquelle se sont adressées, dans med Abduh (1849-1905), l’Algé- lisme et le prosélytisme chré- res musulmans par rapport à des der justice pour les minorités des interdit de sortir, de travailler, un duo bien coordonné, Laura rien Ben Badis (1889-1940) ou le tiens –, mais restent éloignés des influences politiques qui, en Fran- deux camps, d’encourager l’exerci- d’étudier, voire de se faire soi- Bush et Cherie Blair, pour défen- Pakistanais Mohammed Iqbal masses, impuissants devant l’am- ce par exemple, bloquent encore ce critique, les efforts de révision gner, sous prétexte qu’elles dre la « dignité de la femme afgha- (1877-1938). pleur des divergences historiques, tout effort d’organisation de la et de conversion, en un mot de étaient une tentation permanen- ne » dévoilée. Car on sait bien Elle est illustrée aujourd’hui géopolitiques, théologiques qui communauté islamique. sauver ce qui peut l’être du te pour les hommes, et qui pré- que cette question ne préoccupe par la Conférence mondiale des séparent islam et christianisme. Persévérer, en dépit de tout, meilleur de ces deux traditions. tendait que leurs voiles grillagés guère les nouveaux dirigeants religions pour la paix, d’origine C’est la catégorie des « scepti- même si les sceptiques et les étaient destinés à les protéger de qui se disputent le pouvoir. Ils américaine, en France par la Fra- ques » et des désengagés qui voit intransigeants semblent provisoi- Henri Tincq la concupiscence des mâles. veulent avant tout asseoir leur ternité d’Abraham, par le Groupe ses rangs grossir aujourd’hui. Mais un progrès tout relatif, car autorité et, quand ils ont la fibre de recherches islamo-chrétiennes Comment continuer de croire, en la première manifestation de sociale, assurer du minimum né en Tunisie, par des revues effet, à un œcuménisme islamo- femmes dans les rues de Kaboul, une population dont l’âge de sur- importantes comme Islamochris- chrétien, alors qu’en Algérie on a où elles ne demandaient que l’ap- vie avoisine les quarante ans, tiana à Rome ou Muslim World égorgé, au nom de Dieu, une ving- Les gens par Kerleroux plication de la promesse faite hommes et femmes confondus. d’origine protestante américaine, taine de prêtres, moines, évêque, par l’Alliance du Nord de les D’autres pays de la coalition anti- et d’autres initiatives au religieux chrétiens ? autoriser à travailler, a été inter- terroriste, comme l’Arabie saou- Maghreb, au Liban, en Egypte, en dite ; et que, en pays pachtoune dite, ou, dans une moindre mesu- France, dans les pays anglo- CONVERSIONS FORCÉES – la plus importante ethnie du re, le Pakistan, ne traitent guère saxons. Du Conseil œcuménique En Egypte aussi, on a brûlé des pays – la coutume considère tou- mieux leurs femmes. Les Afgha- (Genève) au Vatican, les Eglises y églises et des musulmans et chré- jours la moitié de sa population nes étaient mieux considérées contribuent largement et les visi- tiens coptes ont péri entre les pire qu’une bête de somme. sous la dictature communiste, tes de Jean Paul II à l’université mains d’islamistes. Au Soudan, On ne peut toutefois que se où elles représentaient environ al-Azhar du Caire et à la mosquée des chrétiens sont encore soumis réjouir de ces petites avancées, la moitié des fonctionnaires, des des Ommeyades de Damas sont au djihad – conversions forcées, même si elles ne sont que symbo- enseignants et du personnel de encore dans les mémoires. discriminations à l’emploi, imposi- liques ou destinées à s’assurer santé. Autant d’efforts pour un si piè- tion de la charia – béni par les les bonnes grâces d’un Occident Aider, sauver les femmes tre résultat ? Trois types d’attitu- autorités de Khartoum. La situa- que l’on ne comprend guère afghanes de leur sort peu envia- de dominent aujourd’hui : les tion se répète dans le nord du mais auquel il faut bien faire ble est un objectif noble et qui « intransigeants », qui nient tou- Nigeria. plaisir. Ainsi, l’Alliance du Nord vaut mieux qu’une propagande te possibilité de rencontre entre Après le 11 septembre, un et l’ex-roi Zaher Chah ont fait intéressée, de quelque bord islam et christianisme ; les « ingé- degré supplémentaire a été fran- assaut de surenchère en annon- qu’elle vienne. Car les talibans nus », qui prêchent le dialogue chi. Dix-sept fidèles ont été mas- çant que leur délégation à la ne sont pas les seuls responsa- envers et contre tout ; les « scepti- sacrés, le 28 octobre, dans une conférence interafghane de Ber- bles de cette situation. Se limiter ques », qui y ont cru, mais qui église du Pakistan, à l’heure du lin comprendrait une ou deux à dénoncer leurs méfaits, baissent les bras. Les « intransi- culte protestant. Et c’est contre la femmes. Tant mieux si les diri- criants, risque d’aboutir à nier geants » sont ceux qui pensent communauté chrétienne partout geants américains et britanni- l’existence d’un problème plus que tout dialogue entre musul- dans le monde que Ben Laden a ques se satisfont de cette conces- profond, historique, social, fon- mans et chrétiens est inutile et mobilisé ses fidèles. Pour les sion purement formelle, plus dé sur une culture d’un autre âge voué à l’échec, que ces deux extrémistes, un Américain est for- facile à faire que d’autoriser les certes, mais aussi sur un man- visions du monde et du salut, de cément un « chrétien », sans dis- troupes alliées à assurer la distri- que d’éducation et une misère l’histoire et de la Révélation, du tinction de confession, ni d’appar- bution d’une aide alimentaire persistante. temporel et du spirituel sont stric- tenance ! tement inconciliables. Aussi l’écart se fait-il de plus en 0123 Pour la foi chrétienne, l’incarna- est édité par la SA LE MONDE plus cruel entre les appels répétés Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani tion d’un Dieu qui se révèle dans à la tolérance et cette montée de Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. l’histoire des hommes est l’événe- la violence religieuse qui conforte Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel ment central, mais pour la foi toutes les résistances dogmati- Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain musulmane l’« immanence » ques et politiques. Devant un tel Directeur de la rédaction : Edwy Plenel d’un Dieu fait homme est incom- détournement du sacré, on peine Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon préhensible et scandaleuse. Pour à croire à une paix des religions, Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard l’islam, l’histoire s’accomplit dans anticipatrice d’une humanité Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer la Révélation même, transmise réconciliée, à un dialogue entre Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, par Dieu à Mahomet. Tout le res- des monothéismes qui prêchent Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre te est abandon et soumission à sa des vérités concurrentes. Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; volonté. Quelle régression par rapport Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Les « ingénus » sont ceux qui aux années 1960 et 1970 quand Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) croient qu’un dialogue entre clercs et intellectuels, chrétiens et Médiateur : Robert Solé islam et christianisme fera reculer musulmans, confrontaient pacifi- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg les extrémismes et représente quement leurs théologies, quand, Directeur des relations internationales : Daniel Vernet une assurance minimale contre sans souci de réciprocité dans les Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

ner, ou s’il décidait lui-même de Celle-ci sera précédée par une gences sémantiques entre la Le Monde est édité par la SA LE MONDE jeter l’éponge. Après la chute de convention, où siégeront notam- « fédération d’Etats-nations » chè- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Le pouvoir Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, la Commission Santer, et alors ment des représentants des assem- re à Jacques Delors et Lionel Jos- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, que l’Union est engagée dans blées parlementaires et des gou- pin et l’« Europe d’Etats-nations Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. en miette l’aventure incertaine d’un vaste vernements, et un forum permet- indépendants » défendue par élargissement, une nouvelle crise tra à la société civile de se faire en- Tony Blair, la vérité est que ces saperait les bases mêmes de l’édi- tendre. In fine, les gouvernements deux concepts recouvrent deux ILYA50 ANS, DANS 0123 de Romano Prodi fice de la construction euro- trancheront entre différentes niveaux d’ambition pour l’Europe. péenne. options, dans le cadre d’une nou- Globalement, cependant, les Suite de la première page Les gouvernements laissent velle conférence intergouverne- chefs d’Etat et de gouvernement Des avions russes pour les Chinois donc pourrir ce qui apparaît com- mentale. Nul doute que celle-ci n’ont plus de grandes ambitions La Grande-Bretagne, dont on me une dérive institutionnelle pré- leur permettra de reprendre la pour l’Europe. Mieux vaut se faire LE GÉNÉRAL HOYT VANDEN- dant des forces aériennes américai- sait le peu d’inclination pour occupante à la veille d’échéances main pour défendre la souverai- une raison : dans la grande Eu- BERG, commandant des forces nes avait déclaré que c’était l’inter- l’émancipation d’une politique qui vont largement modeler le neté des Etats. rope, l’« Union » des Etats sera aériennes américaines, de retour il diction de bombarder les bases étrangère commune, n’a pas forcé- futur mode de fonctionnement de plus flexible et moins solidaire, ce y a quelques jours d’un voyage ennemies au nord du Yalou qui ment vu dans cet épisode que des la construction européenne. En DEUX NIVEAUX D’AMBITION qui signifie que la Communauté d’inspection en Corée, a tenu mer- avait empêché les Etats-Unis d’éta- inconvénients, mais l’incident est s’élargissant, l’Europe va naturelle- Au sein de toutes ces instances, risque de se réduire aux acquets. credi 21 novembre une conférence blir leur suprématie aérienne. révélateur d’une tendance plus ment s’éloigner de la « méthode c’est l’avenir de l’Europe, son pro- Avant d’être confrontés à la de presse à Washington. Il a souli- Le général Vandenberg rappela profonde. Au fil des mois, le Con- communautaire » qui a forgé l’Eu- jet politique et la méthode qui dilution de l’élargissement, les gné qu’au cours des derniers mois que la question du bombardement seil ainsi que la présidence en exer- rope des Six, puis des Quinze. sera suivie pour le modeler qui Quinze avaient besoin d’une la Chine a considérablement ren- de la Mandchourie et celle de l’uti- cice de l’Union manifestent une Parce que le consensus à vingt- sont en jeu. Une ligne de partage Commission forte, capable de forcé sa puissance aérienne « grâ- lisation de la bombe atomique propension croissante à ne plus cinq Etats membres deviendra apparaît déjà clairement : celle du défendre sa méthode de gouverne- ce à une autre puissance, qui possè- dépendaient de décisions politi- compter sur l’exécutif de Bruxel- rare, l’Europe à plusieurs vitesses dosage entre la responsabilité des ment. Ils ne le souhaitent manifes- de les ressources industrielles et tech- ques échappant à la compétence les comme force de proposition. est inéluctable. instances communautaires et cel- tement pas. A son corps défen- niques » qui manquent à la Chine des militaires. En réponse à une Peu à peu, l’idée s’installe que le A Laeken, le Conseil européen le des gouvernements nationaux. dant sans doute, Romano Prodi elle-même. question il a précisé qu’à son avis seul véritable creuset du pouvoir devrait adopter une « déclara- Toutes les postures passées et pré- risque d’apparaître demain A cette occasion le général Van- « il n’y a pas d’objectifs en Corée du en Europe est celui qu’incarnent tion » solennelle précisant la sentes des responsables politiques comme l’un des fossoyeurs de l’Eu- denberg a signalé les qualités du Nord qui vaillent une attaque atomi- les gouvernements. feuille de route des travaux prépa- tournent autour de ce thème. rope communautaire. Mig-15, qui, dit-il, surclasse en cer- que ». La déclaration écrite qu’il La comparaison entre Romano ratoires à la prochaine réforme Français et Britanniques ont beau tains secteurs le Sabre américain. avait remise aux correspondants Prodi et Jacques Delors revient des institutions européennes. affirmer qu’il n’y a que des diver- Laurent Zecchini Il avait précisé que les forces de presse concluait qu’étant don- comme une antienne dans les pro- aériennes nord-coréennes et chi- né les progrès de la puissance pos des diplomates européens : noises se composent actuellement aérienne soviétique, les Etats-Unis l’activisme du second agaçait, RECTIFICATIFS nel Jospin a introduit en France PRÉCISION de mille cinq cents avions, dont à devaient entreprendre des efforts mais, comme on pouvait compter des mesures de rupture qui ont peu près la moitié de chasseurs à beaucoup plus grands que ceux sur lui pour émettre des idées et AIRBUS redonné espoir à de nombreux peu- BRICE LALONDE réaction et l’autre moitié de bom- envisagés jusqu’à présent. proposer des solutions de compro- Les deux Airbus qui se sont ples dans le monde » et non à A la suite de notre article évo- bardiers bimoteurs. Le comman- (23 novembre 1951.) mis, il était devenu incontour- écrasés en 1994 à Nagoya (Japon) « de nombreux peuples de rup- quant la possibilité d’un ralliement nable. Il est vrai qu’il disposait et en 1998 à Taïpeh (Taïwan) ture ». de Brice Lalonde à la candidature à d’un puissant parrainage franco- appartenaient à la compagnie l’élection présidentielle d’Alain 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS allemand, qui fait défaut à Roma- taïwanaise China Airlines, et non RAZA HAMMADI Madelin (Le Monde du 14 novem- no Prodi. à la compagnie chinoise China Contrairement à ce qui était bre), le président de Génération Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr L’« absence » de celui-ci peut- Eastern Airlines (Le Monde du écrit, par suite d’une correction écologie tient à préciser que ces Télématique : 3615 code LEMONDE elle perdurer ? Oui, puisque le pré- 14 novembre). malencontreuse, dans l’article « rumeurs » sont « infondées ». Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) sident de la Commission de « L’influence persistante d’un « Etant candidat à cette élection au ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) Bruxelles ne pourrait cesser ses GAUCHE SOCIALISTE génie de la danse, Merce Cun- nom d’une écologie réaliste, huma- fonctions avant la fin de son man- Dans le texte publié par la ningham » (Le Monde du niste et libérale, il est impossible qu’il Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 dat, fin 2004, que si plusieurs Gauche socialiste en faveur de 7 novembre), Raza Hammadi est appelle à rallier un autre candidat chefs d’Etat et de gouvernement Lionel Jospin (Le Monde du un chorégraphe, et non une que lui-même », précise un commu- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 lui « suggéraient » de démission- 13 novembre), il fallait lire : « Lio- chorégraphe. niqué publié par son mouvement. 16 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 HORIZONS-DÉBATS

Le futur des émotions par Klaus Scherer POURQUOI devrait-on s’imagi- D’une certaine manière, ces cas- domaine de la communication et nos voisins, dans le train, le tram, nées ». Lors de catastrophes de dif- produisent un sentiment d’injustice ner que les émotions ont un passé là sont caractérisés par le fait qu’un des médias, vont-ils certainement au restaurant ou dans tout autre férentes sortes, il est maintenant profond. L’effet est encore plus fort et un futur ? Ne s’agit-il pas de grand nombre de personnes parta- s’accentuer dans les années à venir. lieu public. On devient aussi témoin presque dans la norme qu’au lieu quand il n’y a plus de normes socia- mécanismes psychobiologiques et gent l’évaluation subjective d’un Par exemple, la diffusion rapide de l’expressivité non verbale qui, de procéder à une analyse des cau- les qui permettent de contenir les culturels à forte composante univer- état du monde qui devient quasi et à très grande échelle, dans toutes avec l’acceptation montante de ce ses probables la couverture de l’évé- excès. C’est le sentiment d’injustice selle qui ne sui- consensuel. Ces évaluations conver- les couches de la société, des télé- genre de discours public, devient de nement soit plutôt constituée par qui est le déterminant le plus impor- vent pas la gentes des conséquences réelles ou phones portables et leur utilisation plus en plus répandue. Or, d’après des extraits des réactions émotion- tant de la colère et de la rage, ce que mode ? Oui et imaginées d’événements présents massive auront des incidences Elias, l’histoire de la civilisation est nelles des personnes concernées. nous avons pu démontrer au terme non. De par l’im- ou anticipés peuvent générer des importantes sur la vie émotion- l’histoire de la régulation, du contrô- Comme si l’expression de la colère d’une étude interculturelle menée portance des émotions hautement similaires nelle. D’abord parce que, la grande le de « l’émotionnalité brute » dans d’une personne était considérée dans trente-neuf pays sur tous les valeurs sociales dans la population et, par ce biais, majorité des émotions étant provo- l’espace public. Va-t-on vers une comme plus importante que l’analy- continents. Etant donné les tendan- dans le proces- créer des climats émotionnels spéci- quées par des interactions sociales, « décivilisation », au sens d’une per- se impartiale et non affective d’un ces à l’attribution causale décrites sus constitutif fiques. Nous vivons depuis le 11 sep- la multiplication des contacts par le te des bonnes mœurs dans l’exhibi- journaliste. On constate aussi que ci-dessus, on peut donc imaginer de l’évaluation tembre une situation comparable : biais de conversations téléphoni- tion de ses émotions, ou vers une l’on a tendance à attribuer, bien sou- une croissance continuelle du subjective, les émotions sont en fait la peur du terrorisme et des atta- ques, dans toutes sortes de lieux et nouvelle civilisation moins soumise vent hâtivement, la responsabilité potentiel de colère et de rage. soumises aux grands mouvements ques biologiques commence en de circonstances, augmentera les au contrôle et aux conventions, de certains types de développe- Le fait qu’un certain nombre du Zeitgeist (l’esprit du temps). effet à créer dans la plupart des occasions susceptibles de provo- plus ouverte, portée à l’expression ment à des personnes, voire des ins- d’émotions ayant pour effet de con- Le grand sociologue Norbert Elias d’émotions authentiques ? titutions, qui, bien que souvent for- trôler les actes antisociaux comme a décrit l’histoire des civilisations Un autre aspect de la technologie tement impliquées, ne sont pas la violence sont en train de s’affai- comme le processus de la domestica- L’histoire du monde est aussi moderne qui va aller en s’accen- nécessairement les seuls agents res- blir rend ce développement encore tion de l’affectivité de l’homme par tuant est le développement et l’utili- ponsables. plus explosif. C’est notamment le la régulation de l’émotion. une histoire des émotions sation de plus en plus répandue des La présentation des réactions cas pour la honte. La honte est une Le fait que l’histoire du monde mass media, comme la télévision et affectives a déjà par elle-même l’ef- émotion socialisante par excel- est aussi une histoire des émotions (ou plus précisément une histoire Internet. Certes le développement fet d’« émotionnaliser » le débat, lence. Evidemment, elle reflète les (ou plus précisément une histoire de la télévision ne date pas d’hier. souvent par le biais d’une conta- normes de la société et donc, d’une des périodes fortement marquées des périodes fortement marquées Néanmoins, il y a eu dans les gion émotionnelle des réactions certaine manière, elle est une force par des « climats émotionnels ») a années récentes, surtout en raison montrées à l’écran. Cette tendance, conservatrice. En même temps, elle été bien illustré par les travaux de par des « climats émotionnels ») de la compétition acharnée entre associée à celle qui consiste à blâ- implique un idéal du soi et consti- nombreux historiens français, com- les chaînes de télévision publiques mer des individus ou des organisa- tue une réaction à la violation par me ceux de Jean Delumeau sur la et privées dans la recherche de tions d’une manière relativement notre comportement de prescrip- peur en Occident. Souvent ces cli- pays occidentaux un climat émo- quer des émotions. Ensuite parce l’audience et des recettes de publici- simpliste, fait que les processus tions, de normes ou d’attentes. mats émotionnels ont été le produit tionnel qui rappelle les exemples que le fait de téléphoner et de té qui en résultent, une modifica- d’évaluation subjective et donc les C’est la honte qui, pendant de de préoccupations socioéconomi- historiques mentionnés ci-dessus. répondre à des appels à tout tion du contenu même des pro- émotions suscitées par les émis- grandes périodes de l’histoire ques ou religieuses qui ont saisi une On peut également défendre le moment et dans tous les contextes grammes. Ce qui semble être sions de télévision ont tendance à humaine, a permis d’éviter par auto- grande partie de la population dans point de vue selon lequel l’évolu- a pour conséquence d’extraire de demandé et offert n’est plus l’analy- s’accentuer. contrôle un excès d’égoïsme ou de des périodes marquées par la fami- tion des sociétés contemporaines l’intimité l’expression des émotions se approfondie d’événements ne, la peste ou l’incertitude née des pourrait changer les mécanismes interpersonnelles. sociaux et politiques, mais surtout dissensions religieuses, comme au des émotions d’une manière plus Nombreux sont les cas aujour- l’exemple et l’illustration, en temps C’est la honte qui, pendant de grandes temps de la Réforme et de la Contre- définitive. Ainsi les effets de la tech- d’hui où l’on est témoin d’échanges réel, des réactions, surtout émotion- Réforme. nologie moderne, surtout dans le intimes sur la vie émotionnelle de nelles, des « personnes concer- périodes, a permis d’éviter par autocontrôle un excès d’égoïsme ou de délinquance. Non seulement cette technique de socialisation mais aussi le phénomène de la honte elle-même semblent en voie de disparition

Dans une étude que nous avons délinquance. Il n’est donc pas sur- menée dans sept pays européens, prenant que l’évocation de la honte 20 % des émotions vécues quoti- soit utilisée comme moyen de socia- diennement avaient pour origine lisation : « Est-ce que tu n’as pas hon- les médias. Etant donné leur effet te de faire ça ? » Il est intéressant de sur le déclenchement des émotions, noter que non seulement cette tech- on voit facilement comment la con- nique de socialisation mais aussi le sommation massive d’information phénomène de la honte elle-même télévisée peut créer en un temps semblent en voie de disparition. La record des climats émotionnels lar- disparition de normes et de valeurs gement répandus dans la popula- largement acceptées et appuyées tion. C’est ainsi que les événements par un consensus engendre la dispa- du 11 septembre à New York, en rai- rition du sentiment selon lequel on son de la répétition incessante des doit se comporter selon des règles images dans les médias, ont eu que l’on accepte soi-même en tant pour effet de créer le climat émo- que membre d’un groupe social. tionnel connu par nous tous. Aujourd’hui on a l’impression Mais il serait faux de vouloir que le comportement, plutôt que mettre toute la responsabilité sur d’être jugé acceptable ou inaccepta- les médias. D’autres changements ble, devient, au moins pour la géné- dans la société rendent probable un ration des jeunes, objet de négocia- changement des tendances émo- tions entre les personnes directe- tionnelles. Un de ces phénomènes ment concernées. est l’éruption régulière de mouve- ments de colère, dans des banlieues dites difficiles, ou dans des contex- Klaus Scherer est professeur tes de revendications émanant de de psychologie à l’université de personnes qui se sentent lésées par Genève, directeur du laboratoire le système, par la globalisation, ou d’évaluation psychologique. par d’autres facteurs encore. Or la colère surgit notamment quand il y e Ce texte est extrait d’une confé- a frustration d’un besoin important rence prononcée le 1er novembre chez un individu et que celui-ci l’at- dans le cadre de l’Université de tous tribue à une personne ou à une insti- les savoirs. Prochaines conférences : tution particulières (surtout lors- « Les croyances collectives », par qu’une attribution d’intentionnalité Raymond Boudon, le 29 novembre ; de la part de cet agent s’ajoute à l’at- « Qu’entend-on par nanotechnolo- tribution de responsabilité). gies ? » par Henry Van Damme, le La coïncidence entre des attentes 6 décembre ; « Les nano-objets indi- assez élevées et la défense acharnée viduels », par Christian Joachim, le d’acquis va produire des frustra- 13 décembre ; « Nouvelles technolo- tions importantes, surtout dans une gies de l’information et de la com- période de ralentissement économi- munication et nanotechnologies », que. La croyance dans le bien-fon- par Claude Weisbuch, le 20 décem- dé de ces attentes et la certitude bre. Ces conférences ont lieu tous que ceux qui pourraient y répondre les jeudis, à 18 h 30, à l’université vont en priver la personne ou le Paris-V, 45, rue des Saints-Pères, groupe qui estiment y avoir droit 75006 Paris, entrée libre. Quelle tarification pour ’ARTICLE de la rubrique Les réductions y sont beaucoup plus « mode de vie » publié par nombreuses. Ce système, vieux com- Le Monde le 14 novembre me le monde du commerce, est clair Ls’interroge à juste titre sur et bien compris des clients. Sait-on la transparence des tarifs de la d’ailleurs que 76 % des voyages SNCF. Il relate des expériences grandes lignes s’effectuent avec une vécues incontestables. Peut-on faire réduction, et que les 4/5es des por- mieux qu’aujourd’hui ? Ce n’est pas teurs de carte voyagent avec 50 % de certain, voici pourquoi. réduction ? Qui dit mieux ? En premier lieu, le trafic grandes L’article souligne aussi des incon- lignes est très concentré en fin de vénients liés à l’existence de quotas semaine, au contraire de celui de de places à tarifs réduits dans les l’avion. Toutes les rames sont utili- TGV, le fameux « contingentement ». sées, et certaines lignes saturées. Le Hélas, aucun système tarifaire par- tarif TGV dit « de pointe », comme fait n’existe dans les transports. Sans celui de l’électricité « heures plei- le contingentement, le calendrier nes », a pour but d’inviter les clients bicolore bleu/blanc s’appliquerait, qui le peuvent à emprunter les trains comme dans les « corails », empê- moins chargés, en période normale. chant tout accès aux tarifs commer- HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 17 La victoire d’Oussama Ben Laden Oublier Doha voir leur mine fatiguée exemple, le mandat de négociation par Farhad Khosrokhavar mais réjouie, les négocia- pour les trois ans à venir reflète un teurs européens avaient compromis entre les agro-exporta- USSAMA BEN LADEN du sentiment, souvent mythique dent ou de ses fondés de pouvoir velles classes moyennes occidentali- Al’air content du compro- teurs favorables au libre-échange et pris mort ou vif, c’est vrai- mais d’une efficacité symbolique locaux. Etre musulman, c’est pour sées ou résidant en Occident, Ben mis obtenu à l’arraché à Doha. ceux soutenant massivement leur semblablement affaire redoutable, de subir cette mort com- l’écrasante majorité de ces gens qui Laden est un héros pour de tout Comme les Américains d’ailleurs. agriculture. Il ne répond ni aux Ode quelques semaines, me conséquence d’une politique sont souvent jeunes, voire très jeu- autres raisons : il a secoué le joug Notre mine à nous était dépitée. besoins de l’immense majorité des voire moins. Mais à la limite, cela ne impériale américaine (et plus large- nes, être doublement stigmatisé : occidental là où, eux, obnubilés par Représentants d’organisations syn- producteurs ni aux attentes des revêt aucune importance. Sur plu- ment occidentale) qui n’applique par les conditions socio-économi- le clinquant et la richesse diabolique dicale, citoyenne, écologiste et de consommateurs et des citoyens. sieurs fronts, le leader d’Al-Qaida a pas les mêmes droits de l’homme ques et par celles de l’appartenance de cet Occident tentateur, n’ont pas solidarité internationale, nous La défense acharnée par la France déjà goûté une indéniable victoire des deux côtés de la barrière. à l’islam. Celui-ci est, dans leur pers- eu le courage et la vigueur nécessai- étions venus à Doha porter un et l’Europe de ses subventions aux symbolique. Que les autorités religieuses dans pective, injustement traité, malme- re pour le faire. Pour eux, Ben Laden tout autre agenda de négociation. exportations est un mauvais com- D’une part, sur l’Amérique. Celle- bon nombre de pays musulmans (à né, voire persécuté par l’Occident. incarne la virilité alors qu’ils se Nous demandions une évaluation bat. Ce type d’instrument, fonda- ci est perçue comme arrogante et l’exception notable du Pakistan) Ben Laden est apprécié, il est quel- vivent, eux, comme veules et impuis- de l’impact de la libéralisation com- mentalement lié au modèle ultra- suffisante, non seulement par une soient inquiètes et en désaccord quefois même idolâtré, moins pour sants. Ils le respectent autant qu’ils merciale, notamment en matière productiviste que nous rejetons, large partie du monde musulman, avec Ben Laden, dont elles dénon- ses qualités personnelles ou sa capa- se méprisent. sociale, environnementale et sanitai- s’avère toujours à court ou moyen mais aussi, et pour des raisons diffé- cent les méfaits, ne change pas fon- cité de mobiliser effectivement les Dans nos régimes démocratiques, re ; une réforme en profondeur des terme le pire ennemi du producteur rentes, par une partie non négligea- damentalement la donne. Cela souli- musulmans (quasiment nulle, sauf un terroriste, tant qu’il n’est pas pris, mécanismes de négociation et de et du consommateur, en Europe ble de l’Europe. L’unique superpuis- gne, si besoin était, le divorce entre peut-être au Pakistan), mais parce est perçu comme un surhomme règlement des conflits, afin de ren- comme en Afrique. sance du monde actuel n’a pas la les oulémas et la vraie société, celle qu’il symbolise la révolte des humi- maléfique. Mais une fois neutralisé, dre l’OMC transparente, démocrati- Le concept de souveraineté ali- modestie pour vertu cardinale. Cet- qui se sent abandonnée des riches et liés autant que des déshérités, face à il va rejoindre la poubelle des mal- que et équitable ; la reconnaissance mentaire que nous défendons et te arrogance imputée à tort ou à rai- des puissants, celle des laissés-pour- une puissance démoniaquement frats anonymes. explicite par l’OMC des principes de qu’ont tenté de récupérer certains son à l’Amérique a été combattue compte. supérieure dont la munificence et la L’Occident démocratique ne se précaution, de souveraineté alimen- responsables politiques dans des tri- par un seul musulman, arabe mais laisse pas impressionner par la force taire, de service public, de non-bre- bunes récentes, est moins lié à l’Etat- luttant contre l’Arabie saoudite, des opposants à la modernité. Le vetabilité du vivant ; la subordina- nation qu’aux peuples et aux socié- riche mais refusant de mener la vie Il est comme un miroir sur qui se focalise monde musulman, dans sa grande tion du droit commercial aux droits tés. Qu’ils ne se trompent pas, il ne insouciante que lui aurait permis majorité, est encore sous le joug de civils et politiques, aux droits écono- s’agit ni de repli nationaliste ni d’un son opulence largement surestimée le ressentiment d’un monde qui a perdu pouvoirs dépourvus de légitimité, ce miques, sociaux et culturels, aux quelconque « chacun pour soi » ou en Occident. qui facilite la tâche posthume de droits de l’environnement et aux « chacun chez soi ». Mais l’alimenta- Qu’il ait fait périr des milliers d’in- les anciens repères et dont les nouveaux, ceux qui se sont soulevés contre le droits du travail. tion est tellement importante que nocents dans l’attentat contre le pouvoir, que ce soit celui du pays ou Bref nous réclamions le début les sociétés doivent avoir le choix de World Trade Center est, certes, forgés par l’Occident, lui renvoient celui de l’Occident qui apparaît plein d’une refonte de la gouvernance leur politique agricole et de leur déploré par un grand nombre de ses de superbe et démoniaque. internationale. Utopique ? Peut- mode d’approvisionnement, interne coreligionnaires, mais dans les quar- l’image de son infériorité, de son indignité Ben Laden est comme un miroir être. Mais quelles autres réponses ou externe. tiers populaires du Caire ou d’Alger, sur qui se focalise le ressentiment apporter aux dérives de plus en plus dans les villes irakiennes mal nour- d’un monde qui a perdu les anciens dramatiques de la mondialisation ries, mais aussi, au Soudan, au Pakis- Pour une population qui cherche témérité donnent tout son sens à la repères et dont les nouveaux, forgés libérale puisque nous refusons de L’alimentation est tan et ailleurs, que valent les vies à se rehausser à ses propres yeux, mort sacralisée en martyre. par l’Occident, lui renvoient l’image voir le marché et son dernier avatar humaines pour qu’on s’en indigne faute de pouvoir remédier aux maux Cependant, la glorification de Ben de son infériorité, de son indignité, sécuritaire guider nos sociétés, puis- tellement importante outre mesure ? quotidiens qui l’assaillent, la défaite Laden n’est pas uniquement le fait ou pire encore, de son insignifiance. que nous refusons tout autant le En Irak, quelques centaines de mil- symbolique infligée à l’Amérique des exclus musulmans des banlieues Il ne doit pas être uniquement perçu repli souverainiste ? que les sociétés liers de personnes semblent avoir par Ben Laden suffit pour en faire d’Alger ou des réprimés des quar- comme un fanatique qui aurait Nous considérons que l’OMC péri à cause de la pénurie médica- un héros, un héros en passe de deve- tiers palestiniens. D’autres groupes échoué à mobiliser le monde islami- s’est disqualifiée tant sur le proces- doivent avoir le choix menteuse et alimentaire en raison nir un martyr, un martyr en passe de s’y adjoignent, pour des motifs diffé- que (ce qui saute aux yeux, compte sus de négociation que sur son inca- de l’embargo pétrolier. Au Soudan, se muer, avec le temps, en saint. rents, mais les conséquences sont tenu de son absence d’enracine- pacité à faire le lien entre le de leur politique les morts se comptent en dizaines, Les presses populaires dans le pour ainsi dire les mêmes : les jeu- ment dans les sociétés musulmanes commerce et les enjeux de société. voire en centaines de milliers. En monde musulman montrent sou- nes d’origine immigrée des ban- réelles), mais comme celui qui, jus- Sur la forme d’abord. Après Seattle, agricole Algérie, la guerre civile provoque vent cette dichotomie entre deux lieues de France et certains groupes que dans sa disparition annoncée, l’OMC s’était engagée à devenir plusieurs milliers de morts. La liste opinions publiques qui n’ont en musulmans des quartiers ethniques aura su doter de sens la revanche plus transparente et plus démocra- et de leur mode est loin d’être exhaustive. commun que le partage de la lan- de Londres ou de Birmingham, ou symbolique des frustrés de la moder- tique. La conférence s’est en fait Cela ne veut pas dire que les sou- gue, et encore… : les uns font usage encore, certains musulmans, d’origi- nité et des gens sans horizon d’espé- tenue dans un bunker, avec une pré- d’approvisionnement cis humanitaires n’ont pas d’impor- d’un langage châtié, avec des réfé- ne arabe ou noire des Etats-Unis. rance, dans un monde dépourvu de sence militaire et policière totale- tance dans cette autre partie du rences directes ou indirectes à la Eux aussi célèbrent le « grand hom- morale unifiante. ment extravagante et des ONG monde, mais la mort, pour les cou- vision occidentale, les autres se can- me » tout en le critiquant, moins tenues à l’écart du centre névral- Des règles de coopération inter- ches démunies d’une grande partie tonnent dans des clichés qui repro- pour ce qu’il a fait que pour la signifi- gique où se tenaient les réunions nationale sont indispensables, qui des sociétés musulmanes, c’est, si duisent souvent les formes de frus- cation prêtée à son acte : un coup Farhad Khosrokhavar est officielles. définissent les principes d’exercice j’ose écrire, le face-à- face avec la vie tration, de méconnaissance, de senti- d’arrêt à l’humiliation. directeur d’études à l’Ecole des hautes Plus grave, le nouveau multilatéra- de cette souveraineté et de respon- quotidienne. Immense est le poids ment d’infériorité vis-à-vis de l’Occi- Pour une petite partie des nou- études en sciences sociales (Cadis). lisme qu’on nous vantait s’est vite sabilité vis-à-vis des autres pays, en transformé en l’habituel hégémonis- interdisant par exemple toute me des Etats-Unis et de l’Europe sur forme de dumping dans les échan- la négociation, les deux ges, donc les soutiens aux exporta- partenaires/concurrents usant de tions, qu’ils prennent la forme de tous les moyens de pression, notam- restitutions européennes, de cré- par Ismail Karimpour ment vis-à-vis des pays en dévelop- dits à l’exportation ou d’aide ali- Merci aux journalistes pement, pour parvenir à leur fin : le mentaire américains. lancement d’un nouveau cycle de En matière sociale, l’OMC conti- T si on parlait d’un avenir important dans la compréhension ne remet en cause la libération de nir sereinement et méditons un ins- négociation. Ils y sont évidemment nue tout simplement d’ignorer les souverain et prospère de des événements. Ce rôle a autant la capitale par les Afghans. tant sur cette phrase de Zoroastre parvenus. droits fondamentaux de la per- l’Afghanistan, même si ce d’importance que le courage des Juste avant sa mort, le défunt qui disait à ses disciples : « Regar- Cycle du développement, cycle sonne humaine au travail. En ma- En’est pas encore dans l’air Afghans eux-mêmes pour se débar- commandant disait à ses compa- dez la graine tombée par terre si de la régulation « parce qu’après le tière environnementale, le résultat du temps ? Il y a près de vingt ans, rasser des talibans venus d’ailleurs. gnons : « Sachez qu’il arrivera un bas ; observez comment, dans sa soli- 11 septembre plus rien ne sera est pire puisque l’on passe de l’igno- à peine arrivé en France, j’ai partici- La meilleure manière de servir jour où nous allons libérer notre tude absolue, elle devient capable jamais comme avant », on nous a rance à une subordination de fait du pé à une émission de télévision de l’intérêt des Afghans, de la coali- pays. Lorsque vous atteindrez les por- de déchirer l’obscurité de la terre tout servi. Au final, c’est bien un droit environnemental. La déléga- Bernard Langlois intitulée « Résis- tion anti-talibans et des pays limi- tes de Kaboul, ville symbole, je vous pour donner une vie nouvelle et cycle de libéralisation commerciale tion européenne s’est satisfaite du tances ». Avec mon groupe musi- trophes était que Kaboul soit libé- ordonne de réfléchir aux souffrances atteindre la lumière éternelle. » que la conférence vient de lancer. volet environnemental de la déclara- cal composé de jeunes Afghans rée par les Afghans eux-mêmes de nos compatriotes, à nos erreurs Bien malin celui qui saurait dire Agriculture, services, marchandi- tion finale car il comporte la néces- amateurs de musique, nous avions sans que ces derniers soient accom- du passé, et de vous consacrer ce qui va se passer demain aux ses, seuls les objectifs de libéralisa- saire clarification des relations entre chanté une chanson dont le titre pagnés médiatiquement par les autant à la libération de cette ville Etats-Unis, en Afghanistan ou tion sont retenus. En dépit de l’op- droit commercial et droit environne- était Tant qu’il y aura un Afghan ailleurs, mais réjouissons-nous un mental. Abusée ou cynique, com- vivra l’Afghanistan. instant du retour de la musique ment a-t-elle pu laisser les Etats- Alors que les Soviétiques étaient Avec leurs stylos, leurs caméras, leurs après cinq ans d’absence dans un L’OMC s’est Unis imposer une simple phrase qui déjà entrés en Afghanistan, que pays riche de plus de cinq mille ans stipule que les pays non signataires l’opinion internationale avait parié téléphones, ils sont les vrais soldats de la d’histoire. Patience ! Un autre vent disqualifiée tant des accords environnementaux ne sur la fin de la souveraineté de de liberté viendra certainement fai- seront pas soumis aux résultats de notre pays et de son existence, paix en Afghanistan. Qu’ils nous aident ! re danser la burqa pour l’enlever sur le processus cette clarification ? Cette phrase ne chanter, lire ou encore croire à un du visage de nos femmes et l’em- légitime pas seulement l’attitude Afghanistan en l’an 2000 était une porter aux terres lointaines de de négociation que irresponsable des Etats-Unis de non- provocation. Cela ressemblait Américains. Peu importe le juge- qu’au respect strict de la vie de la l’oubli. ratification des conventions environ- beaucoup plus à un vœu pieux tein- ment et les interprétations des population, d’éviter que le sang ne Peu importe qui est à l’origine sur son incapacité nementales (Kyoto sur le climat, Car- té de mélancolie et de nostalgie experts en tout genre sur le pour- coule et que les droits les plus élé- des débâcles des talibans. Réjouis- thagène sur le commerce des qu’à une quelconque probabilité. quoi et le comment de la libération mentaires ne soient bafoués. » sons-nous de leur déroute, si à faire le lien entre OGM…). Elle incite d’autres pays à Aujourd’hui, nous sommes de Kaboul ; ce qui importe aujour- Que l’histoire est cruelle ! Le improbable il y a peu de temps faire de même pour ne pas être con- témoins de la libération de Kaboul, d’hui ce sont les événements qui jour de la libération de Kaboul, le encore. Réjouissons-nous que le commerce et traints de respecter leurs engage- comme nous l’étions en 1992. A la ont eu lieu et les images de Kaboul commandant Massoud était déjà l’aide humanitaire puisse enfin arri- ments. Dans un souci « évident » de différence près qu’aujourd’hui les ô combien symboliques. Certes, ce mort. Remercions un instant ses ver dans ce pays où le peuple com- les enjeux de société protection de l’environnement, le médias sont là, et nous pensons sont les compagnons fidèles du compagnons, qui semblent respec- mençait à oublier la notion de soli- secteur des biens et services environ- que seule leur présence en Afgha- défunt commandant Massoud qui ter son souhait. darité internationale. nementaux sera tout particulière- nistan empêche les ennemis de la ont libéré Kaboul, mais avant tout, A présent, ne cherchons pas à Peu importe si certains ont refu- position des pays en développe- ment libéralisé, faisant la part belle liberté d’agir. Nous adressons à la ce sont tous les Afghans. On tout prix le sensationnel néfaste en sé d’admettre que c’est en Afgha- ment, de nouveaux sujets comme aux multinationales de l’eau ou de presse, à l’ensemble des médias un entend ici et là qu’il fallait attendre nous étonnant de ne pas voir le nistan que le totalitarisme avait la concurrence, les marchés l’incinération des ordures ménagè- grand merci : leur présence sur le pour entrer dans Kaboul, mais désordre et en nous demandant été ébranlé pour la première fois publics, la facilitation des échanges res, par exemple. terrain a joué et joue un rôle très aujourd’hui personne ne discute et sans cesse pourquoi il n’y a pas eu dans son histoire, ce qui l’amena à et probablement l’investissement Si certains peuvent se réjouir d’un de pillages ou de règlements de sa chute. Peu importe si, demain, entreront prochainement dans le nouveau cycle, même réduit, l’OMC comptes. J’ai bien peur qu’à force on refuse d’accepter que les pre- champ de la négociation. s’est donc disqualifiée sur le long ter- de les chercher, nous ne partici- mières victimes du terrorisme Que reste-t-il des enjeux de so- me en poursuivant sa contribution à par Guillaume Pepy pions inconsciemment à les faire international étaient les Afghans ciété ? L’accord sur les médicaments la mondialisation libérale. Nous n’ar- la SNCF ? revivre. Cette fois-ci, la présence avant les autres. Oublions que le génériques constitue une in- rêterons pas pour autant notre com- des médias vaut à elle seule autant, monde a observé une minute de contestable avancée : c’est une bat sur nos terrains d’action privilé- ciaux le vendredi et le dimanche soir. en 2002, puis à 0 franc en 2003. Et si ce n’est plus, que celle des forces silence à la mémoire des 5 000 victi- victoire du droit à la santé sur le giés pour un monde plus juste, sou- Avec le contingentement sont offer- trente-quatre nouvelles rames internationales de la paix. mes des attentats du 11 septembre droit du brevet. Mais si les pays pau- cieux d’équité et de développement tes des places à tarif réduit dans tous duplex seront livrées en deux ans, Avec leurs stylos, leurs caméras, et non à la mémoire des 5 001 victi- vres peuvent désormais produire ou durable. Plus que jamais, « un autre les trains et dans les 2es classes, en permettant de proposer davantage leurs téléphones, les journalistes mes des attentats du 11 et du 9 sep- accéder à des médicaments généri- monde est possible », qui n’a rien à fonction de la capacité. Il arrive que de places, y compris à tarif réduit, sont les vrais soldats de la paix. tembre : le commandant Massoud ques, les firmes pharmaceutiques, voir avec la conférence de Doha. des places à tarif réduit soient « ren- lors des départs en vacances et en Qu’ils nous aident ! Qu’ils fassent a lui aussi été victime de ces atten- relayées par les Etats-Unis et la dues » par certains bénéficiaires qui week-end. en sorte que leur présence sur le tats. Suisse, n’ont pas dit leur dernier diffèrent leur voyage : elles trouvent Au total, les voyages à tarif réduit terrain soit la plus longue possi- Nous, les Afghans, nous allons mot. En effet, l’autorisation pour José Bové est porte-parole de la de nouveaux clients « chanceux » de dans les TGV ont plus que doublé en ble ! N’oublions pas que le terrain garder en mémoire que, dans certains pays en développement Confédération paysanne. réserver à ce moment-là, mais cela trois ans. En conciliant efficacité fertile et idéal à toute sorte d’exac- notre pays, des journalistes ont d’exporter des génériques vers nuit à la simplicité du système. commerciale et intérêt général car, tions, de pillages, en un mot à la donné leur vie. Car les Afghans d’autres pays n’est pas encore acqui- François Dufour est vice-pré- Enfin, de nouvelles améliorations chacun le sait, les grandes lignes ne barbarie, c’est l’isolement, la certi- savent ce qu’est donner la vie pour se. Veillons à ce que cette question sident d’Attac. sont prévues pour poursuivre une bénéficient d’aucune subvention de tude de l’absence des journalistes. sa propre liberté et encore plus soit vite et bien réglée. Surtout, politique commerciale qui a permis l’Etat. Peu importent la philosophie, les pour celle des autres. cette victoire ouvre une brèche dans Yannick Jadot est délégué de gagner 25 % de clients en plus en raisons et les nationalités de ceux le droit du brevet que nous devons général de Solagral. cinq ans. Nous continuons à simpli- qui empêchent ces derniers de fai- élargir aux semences et aux ressour- fier et baisser les tarifs sur les trains Guillaume Pepy est directeur re leur travail, ce sont eux les vrais Ismail Karimpour est juriste ces génétiques. Bruno Rebelle est directeur classiques, en réduisant le prix de la général délégué clientèles de la ennemis de la liberté. d’affaires internationales, chef d’en- L’arbre ne doit pas pour autant général de Greenpeace France. réservation de 20 francs à 10 francs SNCF. A présent, osons regarder l’ave- treprise ; il est en France depuis 1982. cacher la forêt. En agriculture, par Tous étaient présents à Doha. 18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

SIDÉRURGIE Les groupes fran- numéro un mondial de cette indus- feu vert à l’opération. Après de diffi- de fusion. b FRANCIS MER, PDG naires ». b A FLORANGE, dans le çais Usinor, luxembourgeois Arbed trie. b LE MARIAGE va effective- ciles tractations, les conseils d’admi- d’Usinor, explique dans un entretien cœur de l’ancien bassin sidérurgique et espagnol Aceralia vont donner ment pouvoir être consommé puis- nistration des trois sociétés, réunis au Monde les détails de l’accord. Il de Lorraine, les syndicats, notam- naissance à un nouvel ensemble, que la Commission européenne a en fin de journée, sont parvenus à souligne que « tout le monde parti- ment la CGT et la CFDT, sont très divi- dénommé provisoirement NewCo, donné, mercredi 21 novembre, son un accord sur de nouvelles parités cipera à l’effort, y compris les action- sés sur la fusion. La difficile naissance de NewCo, numéro un mondial de l’acier Usinor, Arbed et Aceralia se sont entendus, mercredi, pour fusionner, avec l’accord de la Commission européenne. Les tractations entre les trois groupes ont, toutefois, été très difficiles et augurent mal de l’entente entre les dirigeants du nouvel ensemble

LA CRÉATION du numéro un séderont 22,3 % du nouvel ensem- lité les cultures. Le nouvel ensem- l’union et dégrader encore plus la mondial de la sidérurgie s’est faite ble au lieu de 20,1 % et Arbed ble, fruit de la réunion de trois héri- situation. Si un tel environnement à l’arraché. Alors que la Commis- 23,9 % au lieu de 23,4 %. L’offre tages nationaux, ne va pas faire se confirme, les dirigeants de sion européenne donnait, mercredi publique d’échanges, qui devrait l’économie d’une refonte. D’après NewCo pourront difficilement évi- 21 novembre, son accord à la nais- être lancée le 13 décembre, se fera l’estimation de leurs propres consul- ter de douloureuses mesures de res- sance de NewCo, nom provisoire sur la base d’une action NewCo tants, NewCo serait dans une situa- tructurations. du groupe né de la fusion entre le pour une Usinor, 4 actions NewCo tion de surcapacité estimée à Le problème de la légitimité de la français Usinor, le luxembourgeois pour 3 Aceralia, 43 pour 4 Arbed. 6,8 millions de tonnes dans les direction du nouveau groupe pour- Arbed et l’espagnol Aceralia, les La réunion des trois sidérurgistes seuls produits plats. Où va-t-on rait alors se poser. Conscients de la trois groupes, après une journée- européens donnera naissance à un réduire la production ? Va-t-on difficulté de réaliser un mariage à marathon de conseils d’administra- groupe produisant 44 millions de sacrifier les usines implantées à l’in- trois, les promoteurs du projet ont tion, entérinaient les nouvelles pari- tonnes d’acier par an avec un effec- térieur des terres, et qui appartien- voulu donner une représentation tés d’échange offertes lors de la tif de 110 000 personnes. Il sera à la nent toutes à Usinor et à sa filiale équilibrée dans les instances. Avec fusion (Le Monde daté fois présent dans les aciers plats belge Cokerill, au profit des sites sept directeurs généraux, un prési- 18-19 novembre). (utilisés dans l’automobile, l’embal- côtiers supposés être plus renta- dent de la direction générale, deux Newco sera détenu à hauteur de lage ou l’électroménager), les bles ? Toutes ces questions traver- co-présidents au conseil, NewCo 53,8 % par les actuels actionnaires aciers longs (bâtiment…), les aciers sent les groupes. Pour l’instant, les s’apparente plus à une émanation d’Usinor au lieu de 56,5 %, comme inoxydables et la distribution, con- directions, sans nier les nécessaires multiculturelle de la Commission il était prévu initialement, tandis trôlant au total 6 % du marché mon- réorganisations, ont refusé d’être européenne qu’à un groupe indus- que les propriétaires d’Aceralia pos- dial de l’acier. plus précises, se contentant d’affi- triel homogène. Francis Mer et son cher un objectif de 700 millions partenaire Joseph Kinch, actuel pré- CONDAMNÉS AU COMPROMIS d’euros d’économies d’ici à 2006. sident d’Arbed, font le pari que la Les dix premiers La création de ce géant laisse, Le ralentissement économique culture technique, les intérêts com- cependant, planer un doute sur sa qui frappe de plein fouet le secteur merciaux et industriels et la passion sidérurgistes solidité future, tant les derniers pourrait précipiter les échéances. de l’acier seront des liants suffi- jours ont été ponctués d’âpres dis- Le quatrième trimestre est très mau- sants pour créer une équipe et un Classement en millions de tonnes cussions entre les trois parties. A choqué par la demande de dernière renoncé à demander un partage du vais pour les trois groupes : les prix nouvel esprit de groupe. Les der- 1. NewCo (Luxembourg) : 44,5 l’issue des négociations, chacun des minute d’Aceralia, qu’il a perçue pouvoir plus équilibré où chacun et les volumes sont bas, les carnets niers épisodes témoignent cepen- 2. Nippon Steel (Japon) : 28 trois groupes s’est félicité de l’ac- comme un coup de force, Usinor a aurait eu un tiers des postes, com- de commandes presque vides. La dant d’un fossé entre les dirigeants, 3. Posco (Corée du Sud) : 27 cord. Mais pouvait-il en aller autre- finalement accepté de revenir sur me ils l’avaient évoqué à un faillite en chaîne des sidérurgistes certains déjà adeptes des stocks- 4. LNM Ispat (Inde) : 22 ment ? Très engagés dans le proces- les parités arrêtées en février pour moment. Aceralia a même aban- américains risque d’inciter le gou- options et du marché, d’autres 5. Corus (Grande-Bretagne) : 20 sus de fusion, les trois groupes ne tenir compte des meilleures perfor- donné l’idée d’un dividende excep- vernement Bush à prendre des encore fervents défenseurs des pro- NKK (Japon) : 20 pouvaient faire échouer le projet. mances d’Aceralia cette année. tionnel pour ses actionnaires. mesures protectionnistes et à fer- jets à long terme et de l’intérêt 7. Thyssen Krupp (Allemagne) : 17 Au moment même où la Commis- De leur côté, les groupes luxem- Au-delà du compromis financier, mer le marché américain aux impor- général. Ce flou risque de peser sur Baoshan (Chine) : 17 sion européenne donnait son aval à bourgeois et espagnol n’ont pas des ambiguïtés demeurent tant sur tations. Toutes les productions les premiers pas de NewCo. 9. Riva (Italie) : 15 leur mariage, ils étaient condamnés cherché à remettre en cause l’équili- le projet industriel que sur les parta- européennes mais aussi asiatiques 10. Kawasaki (Japon) : 13 à trouver un compromis. D’abord bre financier du projet. Ils ont ges des pouvoirs et sur la compatibi- pourraient affluer sur le marché de M. O. Francis Mer, PDG d’Usinor « Je comprends qu’il y ait une certaine nostalgie, mais il faut avoir confiance. Nous bâtissons l’Europe » « Vous avez trouvé un nouveau sur votre entente. Les différences méthodes. Ces valeurs de respect et nos partenaires, c’est l’intérêt bien cinq premiers sidérurgistes ont elle ne nous aurait sans doute pas compromis financier avec Arbed culturelles entre vos groupes ne d’attention sociale, qui sont com- compris de NewCo. Nous n’avons, moins de 20 % du marché mondial, demandé les cessions qu’elle nous et Aceralia. Aviez-vous la possibi- risquent-elles pas de compromet- munes à nos trois groupes, se cependant, attendu ni la création alors que, dans le pétrole, la chimie, impose aujourd’hui. lité de refuser un accord, quitte à tre la réussite de la fusion ? retrouveront dans NewCo. C’est le du groupe, ni la dégradation écono- l’automobile ou le verre, les cinq pre- – Est-il vrai que votre mandat faire échouer la fusion ? – Les cultures de la sidérurgie socle du nouveau groupe. mique pour nous adapter. Cokerill miers contrôlent souvent plus de la de président du conseil de – S’il avait été impossible de trou- européenne ne présentent pas de – Votre projet, tel qu’il a été Sambre [la filiale belge d’Usinor] a moitié de leur marché. Il faudra NewCo s’achèvera à la clôture de ver un accord, Usinor aurait tout à différence majeure. Depuis des conçu, est-il toujours valable ? négocié un plan social pour réduire peut-être dix à quinze ans pour arri- l’exercice 2004 ? fait eu la capacité de rester seul. années, nous parlons beaucoup – Nous en avons réexaminé tou- ses effectifs de 2 000 personnes ver à une situation plus conforme – Oui. Cela fait partie des nom- Nous avons donc négocié sereine- tes les hypothèses. Neuf mois d’ici à 2003. Sidmar [la filiale belge au monde économique actuel. Les breux points, non négociables, de ment. Mais les trois parties avaient après, nous sommes très confiants. d’Arbed], a prévu de réduire ses groupes japonais commencent à se la fusion. envie de mener le projet jusqu’au « On ne va pas Tout est revalidé et dans certains effectifs de 900 personnes. En Fran- réorganiser. Aux Etats-Unis, 2002 et – Certains salariés constatent bout. Partant de situations différen- cas, va même au-delà de nos prévi- ce, notre pyramide des âges, qui 2003 risquent d’être très chahutés. avec nostalgie que l’ensemble de tes, nous avons abouti à la même se comporter comme sions initiales, ce qui nous donnera devrait conduire à d’importants La moitié des sidérurgistes sont en la sidérurgie française va être conclusion : Newco est intelligent y une marge de manœuvre supplé- départs en retraite à partir de faillite. Ils ne peuvent plus différer sous capitaux étrangers. Etait-ce compris pour les actionnaires. Les Boeing. Tout le mentaire. Les organisations sont 2003-2004, devrait nous aider à atté- leurs restructurations. Quant à l’Eu- une évolution inéluctable ? enjeux de la fusion sont suffisam- prêtes à se mettre en place. NewCo nuer les effets des restructurations, rope, compte tenu des règles impo- – Usinor était déjà contrôlé à hau- ment importants pour accepter des monde doit participer devrait être opérationnel à partir à condition que notre personnel sées par la Commission, je ne crois teur de 48 % par des capitaux étran- modifications à la marge. La perfor- du 25 février 2002. joue le jeu et accepte la mobilité. pas que pour l’instant, deux autres gers, cela ne nous a pas empêché mance d’Aceralia méritait d’être à l’effort, y compris – La forte dégradation économi- – Pensez-vous que votre fusion grands groupes sidérurgistes puis- de gérer le groupe comme nous l’en- reconnue. C’est ce que nous avons que, notamment dans l’acier, ne va inciter vos concurrents à se sent fusionner. Tant que la Commis- tendions. Je comprends qu’il y ait fait. les actionnaires » va-t-elle pas vous obliger à accélé- rapprocher ? sion n’acceptera pas l’idée que la une certaine nostalgie à voir le grou- – A-t-il été envisagé d’engager rer les restructurations ? – J’espère donner des idées aux sidérurgie a un marché mondial, au pe disparaître dans un ensemble. des discussions allant au-delà – On ne va pas se comporter com- autres. Ce métier doit arriver à se moins au niveau des prix, et raison- Mais il faut avoir confiance dans le des questions de parité ? entre nous. Nous rencontrons des me Boeing. Tout le monde doit par- mondialiser pour mieux “gagner sa nera en parts de marché en Europe, futur. Nous bâtissons l’Europe. » – Non. Les pourparlers ont porté problèmes identiques et nous trou- ticiper à l’effort, y compris les vie”. Pour l’instant, nous sommes il en sera ainsi. Mais je pense qu’elle sur le problème financier. A aucun vons les mêmes solutions. Le seul actionnaires. Nous devons établir faiblement concentrés et donc expo- est en train d’évoluer. Si notre Propos recueillis par moment, le président d’Arbed a point d’achoppement aurait pu être une relation de confiance avec tous sés aux soubresauts du marché. Les fusion avait eu lieu dans cinq ans, Martine Orange demandé d’élargir les discussions. la façon dont nous abordons les Ni explicitement ni implicitement, problèmes sociaux, car dans le mon- le pouvoir opérationnel n’a été de de l’acier, on a rarement de bon- remis en cause. De toute façon, nes nouvelles à annoncer dans ce A Florange, la CFDT approuve « sous condition », la CGT s’indigne c’était un sujet non négociable. domaine. Or on s’aperçoit qu’en – Ces négociations de dernière Europe, à l’exception de l’Angleter- FLORANGE (Moselle) tions à chaud pourrait bien être sur quelque 20 000 autrefois, dans industriel cohérent, sans aucun volet minute laissent planer un doute re, les groupes ont les mêmes de notre envoyé spécial menacée », affirme-t-il sous l’ac- cette unité continentale, « l’une social ». Le métal incandescent défile à quiescement de ses collègues. Plus des plus performantes d’Europe, Avec le syndicat basque d’Acera- vitesse accélérée, en coulée conti- que le cours de l’action, les consé- située à proximité immédiate de ses lia, seule la CGT dénonce un projet nue, sur le train du laminoir. De sa quences industrielles et sociales de clients », proclame-t-on avec une dont la seule finalité est « l’amélio- ce rapprochement suscitent crain- certaine fierté. ration de la rentabilité et la logique REPORTAGE tes et suspicions. Mais Alain Bouchard, directeur de l’actionnaire ». « Or, indique Sur une dizaine de kilomètres, de Sollac Lorraine, ne nie pas ses Jean-François Marchal, délégué De restructurations entre Florange et Hayange – le ber- handicaps. Malgré les investisse- central, nous croyons au développe- en plans sociaux, ils ceau des Wendel et des maîtres de ments pour éliminer fumées et ment de la sidérurgie dans la vallée ne sont plus que 3 700 forge –, la Sollac est le dernier bas- poussières, l’entreprise, au cœur de la Fensch. Il faudra bien recom- sur quelque 20 000 tion de la tradition sidérurgique d’un site urbain, est soumise à la mencer à embaucher des jeunes dans la vallée de la Fensch, près de directive Seveso des sites à risques. pour remplacer les prochains Thionville. Les deux derniers hauts- Quant au coût de l’acier brut pro- départs massifs à la retraite. » cabine, en surplomb de la chaîne fourneaux en service, l’aciérie et le duit sur place, il n’égale pas, même La perspective de nouvelles res- automatisée, l’opérateur visionne train de laminoir à chaud crachent s’il s’en approche, celui des unités tructurations hante les salariés. A une dizaine d’écrans de contrôle. chaque année 2,2 millions de ton- de bords de mer. « Nous n’avons proximité du Luxembourg, où se Le regard rivé sur les graphiques nes d’acier brut. Mais Sollac en pas à craindre les critères économi- rendent chaque jour près de 30 000 des ordinateurs, il ne se prive pas transforme 3 millions de tonnes ques, souligne-t-il. Notre seule salariés frontaliers, et siège du futur d’un détour par le réseau Intranet dans ses laminoirs « à froid » et réponse est de rester au plus haut groupe, ils redoutent que le poids de l’entreprise. ses ateliers de traitement d’aciers niveau de compétences. » politique des gouvernements natio- « Comment vont se transformer plats spéciaux au carbone destinés naux ou régionaux (wallon, fla- nos actions ? », s’enquiert-il, fai- aux constructeurs automobiles « LA LOGIQUE DE L’ACTIONNAIRE » mand ou basque) présents au capi- sant allusion, avec un sourire nar- tout proches (Peugeot, Opel, « Newco ou pas, le vrai handicap tal d’Arbed et Aceralia ne l’emporte quois, aux récentes péripéties Daimler), aux fabricants de l’élec- de la Lorraine reste d’être un site con- sur « les réalités industrielles ».Ace financières de la fusion en cours. troménager ainsi qu’à l’unité pa- tinental. La vraie question se posera jeu, la Lorraine, et Sollac en particu- Acquises par les salariés au prix de ckaging (emballages et boîtes de lors du renouvellement des installa- lier, pourraient bien faire les frais 32 francs lors de la privatisation en conserve) d’Usinor située dans l’en- tions, vers 2005 », relève Edouard d’enjeux internationaux qui les 1995, elles valaient encore ceinte du site. Martin, secrétaire général de la sidé- dépassent. D’autant que, remarque 86,46 francs lundi 19 novembre. De restructurations successives rurgie Lorraine CFDT, qui s’est pro- M. Martin, « la sidérurgie n’est plus, Lancée à la cantonnade, la bouta- en plans sociaux massifs, accélérés noncée pour une fusion « sous con- ici, une priorité pour les élus et les de s’efface vite derrière une inquié- par la modernisation et les gains dition ». « Ne pas la faire présente le pouvoirs publics. C’est devenu une tude, plus sourde : « Avec les de productivité, ils ne sont plus risque que d’autres la réalisent à activité comme les autres. » départs à la retraite des prochaines guère que 3 700 salariés – dont notre place », ajoute-t-il tout en années, la pérennité des installa- 1 600 pour les unités « à chaud » –, déplorant « l’absence de projet Michel Delberghe ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 19 Ciments français : Derniers arbitrages sur le prix dix ans après La Commission inflige une amende des licences UMTS LE COÛT DÉFINITIF des licences de téléphonie mobile UMTS est historique au cartel des vitamines quasiment fixé. Le gouvernement et l’Autorité de régulation des télé- les faits, la justice communications (ART) mettent la dernière main au volet financier de l’attribution de ces licences. La mouture finale devrait être présentée Ayant dénoncé l’entente, Aventis bénéficie de la clémence de Bruxelles la semaine prochaine. Les opérateurs devront acquitter un ticket d’en- se penche sur un trée de 619 millions d’euros plus une redevance annuelle proportion- La Commission de Bruxelles a infligé mercredi tiques qui avaient organisé pendant dix ans un vérita- nelle aux revenus générés par cette activité. Restait à définir le 21 novembre une amende de 855 millions d’euros ble cartel sur les vitamines. Bruxelles veut accroître l’im- pourcentage exact de taxation ainsi que l’assiette sur laquelle elle s’ap- délit de « portages » (5,6 milliards de francs) à huit groupes pharmaceu- munité des entreprises qui dénonceront un cartel. pliquera. L’option choisie devrait privilégier le bas de cette fourchette soit entre PLUS DE DIX ANS après les BRUXELLES plus hauts dirigeants tend à confir- Commission », fonctionnait aux 1 et 1,5 %. La définition de l’assiette est un sujet plus délicat. A priori, faits, et plus de huit ans après leur de notre bureau européen mer que les arrangements relevaient dépens des consommateurs : « Les il s’agit de prendre en compte l’ensemble des revenus générés par l’ac- découverte, le procès des « porta- La Commission européenne sait d’un plan stratégique conçu dans les recettes générées en Europe par la tivité UMTS, que se soit les communications téléphoniques, les servi- ges » dissimulés par Ciments fran- récompenser ceux qui confessent sphères les plus élevées pour contrô- vitamine C, illustre la Commission, ces de données ou d’images, voire la « location » du réseau à des four- çais dans ses comptes des leurs fautes. Elle a ainsi accordé ler le marché des vitamines par des ont chuté, de 250 millions d’euros la nisseurs tiers de services mobiles. Seront toutefois exclus de ce péri- années 1990 et 1991 touche à son mercredi 21 novembre une immu- moyens illégaux. » dernière année de fonctionnement mètre, le chiffre d’affaires lié à la commercialisation des terminaux terme. Mercredi 21 novembre, nité totale à l’entreprise française Sont aussi condamnées trois du cartel (1995) à moins de la moi- UMTS et les reversements que les opérateurs effectueront au profit devant la 11e chambre du tribunal Aventis, qui avait dénoncé en pre- entreprises japonaises (Takeda, tié, soit 120 millions d’euros, trois des fournisseurs de services. correctionnel de Paris, les préve- mier le cartel sur les vitamines qui 37 millions d’euros ; Daiichi, ans plus tard (1998). » nus, Pierre Conso, ancien prési- sévissait dans l’industrie pharma- 23,4 millions ; Eisai : 13,2 millions), M. Monti a affirmé que cette dent de Ciments français, Gilles ceutique et auquel elle participait : une allemande (Merck, 9,2 mil- affaire « témoigne du caractère inci- Euronext prépare la refonte Cosson, ancien administrateur le groupe français, qui détient envi- lions), une néerlandaise (Solvay sif de notre lutte contre les enten- représentant l’actionnaire majori- ron 12 % du marché mondial, a Pharmaceuticals, 9 millions), qui tes ». Car, si les services de la con- taire Paribas, et André Lévy-Lang, donc échappé à une amende qui n’ont, selon la Commission, partici- currence de Bruxelles estiment de sa cote boursière ancien président de Paribas, ont aurait dû s’élever à 113 millions pé au cartel que sur un nombre qu’ils font référence dans le monde écouté, dans une salle presque d’euros. La Commission a trouvé limité de produits vitaminiques, en matière d’examen des fusions EURONEXT, la plate-forme qui réunit les Bourses de Paris, Amster- vide du Palais de justice, le réquisi- son compte dans cette première : tout comme Aventis, qui écope ( en dépit des récentes polémiques dam et Bruxelles, prépare une refonte de la présentation de sa cote, toire rendu par Dominique Pérard, les « preuves décisives » qu’aurait quand même de 5 millions d’euros sur les vetos mis aux fusions Gene- qui devrait intervenir en janvier 2002. La cote boursière serait divisée substitut du procureur de la Répu- apportées le groupe l’ont aidé à d’amende pour sa participation ral Electric-Honeywell et Schnei- en deux : les valeurs de la « Prime Economy », qui s’engageront notam- blique. Le jugement devrait être sanctionner ce cartel, qui a existé passive au cartel de la vitamine D3. der-Legrand), c’est moins le cas ment à présenter des chiffres d’affaires et des résultats trimestriels, et rendu en décembre. de 1989 à 1999. Elle a infligé mer- Les huit entreprises ont trois mois dans leurs procédures antitrust. celles de la « Next Economy », qui fourniront moins de transparence Mme Pérard a estimé que Ciments credi à huit groupes pharmaceuti- pour payer leurs amendes. Roche En 1996, Bruxelles s’est inspiré financière et comptable que celles de la « Prime Economy », mais plus français avait dissimulé 2,2 mil- ques une amende de 855 millions envisage de faire appel auprès de des méthodes américaines pour que ce qui est exigé actuellement sur le Nouveau Marché. De fait, une liards de francs d’engagements sur d’euros, la plus lourde jamais déci- la Cour européenne de justice. mettre au point une procédure qui troisième catégorie comportera les actions qui n’ont pu, ou n’ont pas des rachats de cimenteries à la fin dée pour entente illicite – dépas- Cela le dispenserait de payer immé- favorise les repentis, ce qui avait voulu, être éligible à ces deux catégories. de l’année 1990 et 2,4 milliards à la sant celle de 273 millions d’euros diatement l’amende, mais l’oblige- suscité des réticences, notamment fin 1991. Ces montages visaient à qui avait puni en 1998 un cartel rait à payer des intérêts si la sanc- en France. Aujourd’hui, la Commis- assurer « une apparence d’équili- dans le transport maritime. tion est confirmée. sion veut aller plus loin et compte EDF saisit le Conseil d’Etat contre la bre » à la société. Il est aussi repro- Les deux entreprises les plus lour- adopter début 2002 un règlement ché à M. Conso « des ventes fictives dement sanctionnées sont le suisse AUX DÉPENS DES CONSOMMATEURS l’autorisant à accorder plus facile- d’actifs » afin d’améliorer les comp- Roche et l’allemand BASF, quali- En 1999, la plupart des acteurs ment une immunité ou une réduc- filiale d’électricité des Charbonnages tes. De son côté, M. Cosson aurait fiés de « meneurs » et d’« instiga- du cartel avaient, rappelle la Com- tion d’amende aux entreprises qui été complice de la dissimulation teurs des arrangements collusoires » mission, plaidé coupables dans dénonceront un cartel. Les entre- LE CONSEIL D’ADMINISTRATION D’EDF devait décider, jeudi des portages à partir du premier sur le marché des vitamines. Ils éco- une procédure similaire aux Etats- prises qui collaborent devraient à 22 novembre, d’engager un recours en Conseil d’Etat contre la déci- semestre de 1991. En revanche, la pent respectivement d’une amen- Unis. Roche avait dû payer une l’avenir recevoir rapidement de la sion du Comité Gentot fixant les prix de rachat par EDF de l’électricité culpabilité de M. Lévy-Lang n’a de de 462 et 296 millions d’euros, amende de 500 millions de dollars, Commission des informations écri- produite par la SNET, filiale d’électricité de Charbonnages de France. pas été établie. Le procureur a alors qu’ils détiennent 50 % et 20 % BASF de 225 millions et Takeda de tes sur le taux de réduction d’amen- « Le différend porte sur les modalités d’évolution du contrat d’achat obli- requis « douze à quinze mois d’em- du marché mondial des vitamines. 72 millions, tandis qu’Aventis de (éventuellement à 100 %) qu’el- gatoire par EDF à la SNET jusqu’en 2019 », indique EDF. prisonnement assorti d’un sursis » et Et encore, la Commission a réduit avait, là aussi, bénéficié d’une les sont en droit d’espérer, au lieu Cette saisine, première du genre de la part d’un groupe public contre 400 000 francs d’amende à leur peine de moitié, parce qu’ils immunité. de rester dans l’incertitude jusqu’à une décision qui a force de loi, a obtenu l’aval tacite du ministère de l’encontre de M. Conso, et « quatre ont « également coopéré avec la Le marché des vitamines, quali- la fin de la procédure. Interrogé l’économie, puisque les administrateurs de l’Etat au conseil d’adminis- à six mois d’emprisonnement assorti Commission aux premiers stades de fiées par Bruxelles d’« éléments sur l’opportunité de sanctions tration devaient s’abstenir. « EDF, dont 30 % du marché est déjà ouvert d’un sursis » et 100 000 francs l’enquête en fournissant des informa- vitaux pour la nutrition humaine et pénales contre les dirigeants, à la concurrence, est néanmoins soumise à de nombreuses obligations d’amendes contre M. Cosson. tions cruciales sur toutes les ententes animale », était de 800 millions M. Monti a rappelé : « [Celles- d’achat dépassant les prix du marché, liées ou non à ses missions de servi- Aucune peine n’a été requise con- dans lesquelles elles avaient été d’euros en 1998. Le cartel, dont le ci] ne font pas partie de notre ce public. Ces charges représentent déjà un surcoût de près de 900 mil- tre M. Lévy-Lang. impliquées ». Bruxelles n’en est pas commissaire à la concurrence, arsenal. » lions d’euros (près de 6 milliards de francs) au titre de 2001, dont 1 mil- moins très sévère pour Roche : Mario Monti, a estimé qu’il s’agis- liard de francs pour la seule SNET », explique-t-on dans l’entourage de Adrien de Tricornot « La participation de certains de ses sait du « plus grave étudié par la Arnaud Leparmentier François Roussely. 21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 Les télévisions visent les jeunes mais veulent garder les plus âgés Sérieux remous Face à la concurrence des thématiques et d’Internet, les chaînes généralistes se disent obligées de s’intéresser aux moins de 24 ans, à la rédaction du l’audience la plus versatile. Les publicitaires n’exigent étrangement aucun effort en direction des plus de 50 ans « Soir », en Belgique LES « VIEUX » n’auraient-ils M6 capte proportionnellement le plus grand nombre de téléspectateurs de moins de 35 ans Toutefois, la quête des moins LA DIRECTION du groupe Ros- plus la cote à la télé ? A en croire le de cinquante ans semble plus un sel, actionnaire majoritaire du quoti- discours des chaînes généralistes AUDIENCE DES CHAÎNES FRANÇAISES PAR STRUCTURE D'ÂGE PYRAMIDE DES ÂGES FRANÇAISE effet d’affichage, notamment en dien bruxellois Le Soir, a décidé de auprès des annonceurs, les seules 1er semestre 2001 en % au 1er janvier 1999 direction des annonceurs, qu’une réagir de manière énergique à tranches d’âges dignes d’intérêt se Génération Age réalité pour les téléspectateurs. La l’échec d’une nouvelle formule lan- 100 situent toutes en deçà du demi-siè- 32 41 44 16 42 16 60 ans 1898 raison : séduire les 15-24 ans coû- cée il y a dix-huit mois et à l’inquié- cle. Symbole de cette focalisation et plus 1908 90 te cher aux chaînes mais rapporte tante baisse de diffusion (114 000 des chaînes : les fameuses ménagè- 1918 80 peu. Pire, « à trop proposer de pro- exemplaires, moins 20 % en cinq res de moins de cinquante ans, 42 35 grammes pour cette tranche d’âge, ans). 1928 70 objet de toutes leurs sollicitudes. 35-59 les télévisions pourraient perdre de Bernard Marchant, administra- 35 Ce « jeunisme » forcené des télévi- ans 1938 60 l’audience auprès des autres teur délégué du groupe, et Patrick sions hertziennes a été encore 35 1948 50 publics ». A l’écran, les program- Hurbain, président du conseil d’ad- 33 accentué depuis la montée en puis- 38 1958 40 mes pour les jeunes sont donc ministration, ont annoncé, mercredi 20 25-34 sance de M6 à l’occasion de la dif- 1968 30 limités à quelques émissions. 21 novembre, la nomination d’un 21 fusion de « Loft Story ». Un pro- ans « Des produits d’appel destinés à nouveau directeur général de la 14 1978 20 gramme conçu pour les plus jeu- 15-24 donner une image jeune aux chaî- rédaction. Daniel Van Wylick, jus- 10 16 ans 1988 10 nes, mais qui a séduit toutes les 8 9 12 10,3 nes », pointe un spécialiste du qu’ici directeur-rédacteur en chef 8 5 11-14 1998 0 générations. 4,6 ans marketing. Patrick Le Lay, PDG du quotidien populaire La Dernière 4-10 ans 400300 2001000 0 100 200 300 400 Les chaînes ne dédaignent pas Milliers de la Une, admet que « dans un Heure, dirigera aussi l’hebdomadai- les plus de cinquante ans. Elles ne pays qui vieillit, l’évolution perma- re Le Soir Magazine et le site Web du TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL + LA 5e/ARTE M6 HOMMES FEMMES mettent cependant pas en avant nente de TF1 est un subtil mélange quotidien. Cette décision a été reje- leurs audiences auprès de ce Source : Médiamétrie Source : Insee entre une chaîne en position de lea- tée par la Société des journalistes public, car les annonceurs ne le France 3, La Cinquième-Arte, France 2 et TF1 sont les chaînes qui, dans leur audience, ont la part la plus importante der sur tous les publics et une posi- du Soir, qui, dans un texte publié en ciblent pas. Ils n’ont pas besoin de de téléspectateurs de plus de 60 ans. A l'inverse, M6 et Canal+ s'adressent à un public plus jeune. tion économique qui l’oblige à faire première page, jeudi, se disait le faire. Tout simplement parce de l’audience auprès de cibles plus « scandalisée ». Daniel Van Wylick que « les plus de 50 ans regardent publicitaire. « Les moins de cinquan- ce 2 est trop âgée. Celle de Fran- Avec « Star Academy », TF1 vise ponctuelles qui intéressent les se voit reprocher « ses pratiques pro- deux fois plus la télévision que les te ans sont la seule cible des annon- ce 3 l’est encore davantage. A l’an- cette audience versatile. « Notre annonceurs. » fessionnelles, ses méthodes de ges- plus jeunes », remarque Emmanuel ceurs. Donc nous sommes conduits à tenne, cette démarche s’est tradui- stratégie est de proposer un program- Preuve de ce double langage : tion » et sa ligne éditoriale. La Der- Charonnat, directeur général de proposer des programmes qui ne te, par exemple, par la programma- me destiné à un public ciblé pour « TF1 a créé une cible pour le mar- nière Heure, dont la diffusion aug- Carat TV. Quelle que soit l’heure et visent que cette catégorie de la popu- tion de « Star Academy », sur TF1, l’intégrer à la grande famille des ché publicitaire : la femme responsa- mente et qui a ravi au Soir une par- quel que soit le programme. Ils lation », admet Guillaume de Ver- « On a tout essayé », animé par téléspectateurs de TF1 », reconnaît ble des achats d’un foyer constitué tie de son lectorat populaire, a fran- regardent même « les dessins ani- gès, directeur général adjoint de Laurent Ruquier, sur France 2, ou Guillaume de Vergès. « Star Acade- de trois personnes et plus », signale chi les 90 000 exemplaires en misant més », ajoute-t-il. « Jusqu’à 25 ans, l’antenne et directeur des program- « On ne peut pas plaire à tout le my » a rempli sa mission en terme ce specialiste du marketing. France sur le sport, la proximité et les infor- la consommation de télévision est de mes de TF1. France 2 aussi veut monde », sur France 3. d’audimat. Les chaînes généralis- 2 a fait de même en distinguant mations générales. Pour les patrons deux heures par jour. Entre 30 et 50 attirer les jeunes téléspectateurs. tes doivent absolument séduire les « la cible de 25-59 ans », ajoute de Rossel, l’embauche d’« un profes- ans, elle passe à trois heures par jour « Notre objectif est de rééquilibrer « PUBLIC CIBLÉ » 15-24 ans pour garantir leurs futu- M. Charonnat. Deux démarches sionnel passionné » doit permettre, pour monter à plus de cinq heures les structures d’audience de Fran- Plus encore que les moins de cin- res audiences. « Les télévisions hert- ajustées sur les désirs des annon- « sans modifier le contenu éditorial, au-delà de 50 ans », constate ce 2 pour être le plus proche possible quante ans, les chaînes visent les ziennes ne peuvent abandonner une ceurs et destinées à maintenir la (…) d’accélérer le rythme du change- M. Charonnat. de la composition de la population 15-24 ans. « En un an, il y a eu une tranche d’âge qui risque d’être per- puissance des chaînes sur tous les ment ». Décidée à aller jusqu’à la Depuis la rentrée, TF1 et Fran- qui regarde la télévision », recon- baisse notable d’audience de la télévi- due à jamais », poursuit M. Charon- publics. Les annonceurs semblent grève pour obtenir l’annulation de ce 2 ont mis l’accent sur les moins naît François Tron, directeur des sion auprès des jeunes », pointe nat. Le directeur des programmes y souscrire. Ainsi, Bouygues Tele- la nomination du nouveau venu, la de cinquante ans. Une démarche programmes de la chaîne publi- Emmanuel Charonnat, directeur de TF1 ne dit pas autre chose : com, jadis très focalisé sur les rédaction, qui compte 150 journalis- encore accentuée par la récession que. En clair, l’audience de Fran- général de Carat TV. Selon lui : «la « Les 15-24 ans et les 15-34 ans sont 18-35 ans, « n’en fait plus aujour- tes, redoute aussi la mise au point durée d’écoute des jeunes téléspecta- nos téléspectateurs de demain. » Et d’hui sa cible prioritaire ». L’opéra- d’un plan social. Le Soir devrait con- teurs a baissé de 8 % entre 1999 et d’ajouter : « Les jeunes nous deman- teur est le parrain de « Star Acade- naître de lourdes pertes à la fin de TROIS QUESTIONS À… célébré le baby-boom, la famille, 2000 ». Face à cette déperdition, pour- dent de leur donner des signaux forts my », mais il a « élargi sa cible jus- l’année tandis que la diffusion ris- la jeunesse triomphante. Les tech- suit-il, « les chaînes ont voulu réagir, et événementiels au moyen de pro- qu’aux 49 ans ». que, selon une déclaration de JEAN-PAUL TRÉGUER niques de marketing sont basées car elles ont eu peur que les jeunes par- grammes qui leur sont spécifique- M. Hurbain, de « tomber sous les sur cette grille d’analyse de la socié- tent vers les thématiques et Internet ». ment destinés.» Guy Dutheil 100 000 exemplaires ». Vous dirigez Senioragency, une té. De plus, tous les codes de com- 1agence de publicité qui étudie munication sont pensés par des le marché des personnes de plus créatifs publicitaires et des experts de 50 ans. Comment analysez- du marketing qui ont entre vingt- vous l’attitude des chaînes de télé- cinq et trente-cinq ans. Il faut ajou- vision, qui semblent n’être intéres- ter que les chaînes de télévision et sées que par la jeune génération ? les agences publicitaires sont diri- Les plus de cinquante ans repré- gées par des seniors qui ont sou- sentent la majorité de l’audience de vent du mal à supporter leur pro- TF1, France 2, France 3 et la Cinquiè- pre vieillissement. me. Mais une émission de télévision qui connaît un succès auprès des Les entreprises ont-elles tou- seniors ne garantit pas, bien au con- 3jours du mal à concevoir des traire, de fortes recettes publicitai- produits spécifiques pour les res. Tout cela découle d’une pensée seniors, puis à s’adresser à cette marketing unique : les jeunes consti- cible plus âgée ? tuent la seule cible intéressante. Les Dans certains secteurs très por- publicitaires les prennent au ber- tés sur l’image, comme l’automo- ceau et veulent les accompagner bile, c’est encore une maladie hon- dans leurs achats quand ils grandis- teuse de s’intéresser aux seniors. sent. Le problème est que ce con- D’une manière générale, les entre- sommateur « prend » un an chaque prises ont peur d’associer leurs 1er janvier et que ses besoins, ses marques à la notion de vieillisse- attentes culturelles et physiques ment, elles craignent de perdre la changent. Les plus de cinquante ans tranche de clientèle la plus jeune, détiennent 30 % de pouvoir d’achat qu’elles idolâtrent. S’intéresser à supplémentaire par rapport aux la cible senior nécessite des efforts plus jeunes. Ils concentrent égale- qui existent dans très peu d’entre- ment plus de 45 % du pouvoir prises, à l’exception notable de d’achat total des Français. Mais les l’industrie cosmétique, pour qui publicitaires ne s’adressent que très les femmes seniors représentent, rarement à ces personnes qui se sen- sur certains produits, plus de 50 % tent encore jeunes, mais pas comme de leurs ventes. Les assureurs à vingt ou trente ans. savent aussi tirer parti du senti- ment d’insécurité qui augmente Comment expliquez-vous cette avec l’âge. 2indifférence vis-à-vis des seniors ? Propos recueillis par La seconde moitié du XXe siècle a Laure Belot

DÉPÊCHES a AUDIOVISUEL : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a fixé, mardi 20 novembre, les règles du jeu de la pré-campagne et de la campagne officielle de l’élection présidentielle qui s’ouvrira le 1er janvier 2002 à la radio et à la télévision. Pour « faciliter le travail des rédactions », le CSA a innové et précisé les notions de candidatures présumées ou déclarées. Ce sont « des personnes ayant manifesté publi- quement leur volonté de concourir à cette élection » et « toute personne qui concentre autour d’elle des soutiens à sa candidature ». a Le ministère de la culture et de la communication a transmis « la semaine dernière » au Conseil d’Etat les projets de décrets fixant les obligations des chaînes diffusées sur la future télévision numéri- que hertzienne. Le projet ne prévoit pas l’ouverture de la publicité télévisée aux « secteurs interdits » (distribution, édition, presse, ciné- ma). En revanche, le ministère autorise la publicité sur les chaînes payantes et porte de cinq à sept ans la « montée en charge » pour le respect des obligations de production. Le CSA et le ministère ont pro- mis de publier ces décrets le 15 décembre au plus tard. a Le CSA a engagé des procédures de sanctions contre douze chaî- nes thématiques du câble et du satellite pour non-respect des quotas de diffusion d’œuvres audiovisuelles ou cinématographiques françai- ses ou européennes, a annoncé, mardi, l’instance de régulation. Pour la fiction, les chaînes risquent une amende pouvant aller jusqu’à 3 % de leur chiffre d’affaires. Côté cinéma, le CSA peut suspendre la chaî- ne, saisir la justice ou infliger une amende de 500 000 francs (76 224 euros). LCI et i-télévision ont aussi été épinglées pour avoir « insuffisamment respecté » le principe du pluralisme. 22 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

5118,68 5353,30 4590,18 me trimestre par rapport au pre- quinzaine de sites dans le monde. 5405 5471 4916 M. Fabius estime mier, est aux portes de la récession. AFFAIRES 5074 5264 4663 La Commission estime, elle, que la b SERNAM : le conseil 4742 5056 4411 possible une nouvelle reprise de l’économie allemande INDUSTRIES d’administration de la SNCF a 4411 4848 4158 est « différée », s’attendant à une approuvé, mercredi, l’entrée du amélioration des exportations au 4079 4641 3905 baisse des taux b MICROSOFT : le groupe groupe de transport et logistique milieu de 2002 et à un réel retour 3748 4433 3652 américain pourra répondre aux Géodis, sa filiale à 43,2 %, dans le [[[ [[[ [[[LE MINISTRE de l’economie et des de la croissance en 2003, dans ses inquiétudes de la Commission capital du Sernam, sa filiale de 22 A. 8 O. 22 N. 22 A. 8 O. 22 N. 22 A. 8 O. 22 N. finances, Laurent Fabius, a affirmé, prévisions, mercredi. européenne sur les questions de messagerie. L’opération devrait jeudi 22 novembre, sur Europe 1, a Le baromètre mensuel de l’ins- Indices cours Var. % Var. % concurrence, les 20 et 21 décembre coûter plus de 457 millions Europe 9h57 f se´lection 22/11 21/11 31/12 qu’« il n’y aura pas de récession » titut Ifo, qui mesure le climat des à Bruxelles, a déclaré, mercredi 21 d’euros. EUROPE EURO STOXX 50 3772,63 1,14 – 20,95 en France « malgré le ralentisse- affaires en Allemagne de l’ouest, novembre, le commissaire EUROPE STOXX 50 3721,39 1,07 – 18,34 ment international évident ». Il expli- s’est établi en octobre à b européen à la Concurrence, Mario ALITALIA : le transporteur EUROPE EURO STOXX 324 312 0,94 – 20,37 que que « dans cette période, il faut 84,7 points, son plus bas niveau Monti. Bruxelles avait fait savoir, aérien italien, qui connaît des EUROPE STOXX 653 298,73 0,87 – 16,97 utiliser les atouts que l’on a. Il y a la depuis huit ans (novembre 1993), en août, qu’il enquêtait sur difficultés financières, compte PARIS CAC 40 4590,18 0,73 – 22,55 baisse des prix du pétrole (…). Les contre 85 points en septembre, Microsoft. lever entre 1,2 et 1,4 milliard PARIS MIDCAC ...... taux d’intérêt ont déjà baissé, peut- selon des chiffres publiés mercredi d’euros sur les marchés financiers PARIS SBF 120 3147,75 0,61 – 21,75 être vont-ils baisser à nouveau. L’in- 21 novembre. Les économistes anti- b RHODIA : le groupe suisse au premier semestre 2002, a PARIS SBF 250 ...... flation est en baisse. Tout ça donne cipaient plutôt un rebond techni- Clariant a mis fin dimanche indiqué, mercredi, l’agence de PARIS SECOND MARCHE´ ...... du pouvoir d’achat en plus », a-t-il que de l’indice, après la chute histo- 18 novembre aux négociations presse italienne Ansa. AMSTERDAM AEX 503,07 0,92 – 21,10 précisé. La veille, à l’occasion de la rique de septembre. secrètes en vue d’un BRUXELLES BEL 20 2678,72 – 0,68 .... remise du prix du manager de l’an- rapprochement avec le chimiste b CASINO : le groupe de FRANCFORT DAX 30 5118,68 0,62 .... née du Nouvel économiste à Jean- a ÉTATS-UNIS : le déficit budgé- français Rhodia, en raison d’un distribution va prendre 33,34 % de LONDRES FTSE 100 5353,30 0,74 – 13,97 Martin Folz, le patron de PSA, il taire du gouvernement fédéral désaccord sur les restructurations Vindémia, branche distribution du MADRID STOCK EXCHANGE 8506,10 0,96 – 6,63 avait estimé qu’il fallait « renforcer américain a atteint 9,4 milliards de à mener, rapporte Le Figaro, jeudi groupe Bourbon, grâce à une MILAN MIBTEL 30 32678 0,88 – 25,25 la compétitivité de l’économie », dollars en octobre dernier, contre 22 novembre. Le groupe augmentation de capital réservée ZURICH SPI 6553,10 0,88 .... dénonçant les rigidités et l’effort 11,3 milliards en octobre 2000, a néerlandais DSM resterait en lice. de 91,5 millions d’euros, ont insuffisant en matière de recher- annoncé, mercredi, le département annoncé, jeudi, les deux groupes. ´ che. du Trésor. Le déficit budgétaire b VOLKSWAGEN : les Ce partenariat s’accompagnera AMERIQUES a Les prix à la consommation ont annoncé pour octobre est inférieur 16 000 employés de la principale d’un pacte d’actionnaire. augmenté de 0,1 % en octobre en aux prévisions des experts qui usine du Brésil, près de Sao NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR France, et leur progression sur un tablaient sur un déficit de 11 mil- Paulo, ont approuvé, mercredi, FINANCE 9834,68 1875,05 0,877 an s’est élevée à 1,8 % (1,5 % en sep- liards de dollars. une proposition de la direction 10421 1934 0,931 tembre), selon l’Insee qui confirme a La confiance des consomma- b mondiale annulant ses projets de JAPON : l’assureur-dommages 9984 1832 0,920 ainsi jeudi ses données provisoires. teurs américains dans l’écono- licenciements mais réduisant de japonais Taisei Fire and Marine a a La consommation des ména- mie a progressé en novembre, 9547 1729 0,909 15 % le temps de travail et les déposé son bilan, jeudi, en raison ges français en produits manufac- selon l’indice de l’université du salaires. Volkswagen emploie de coûts de réassurance liés au 9109 1627 0,899 turés (un quart des dépenses de Michigan, qui s’est établi à 83,9 con- 28 000 salariés au Brésil. 11 septembre. Réassureur 8672 1525 0,888 consommation), a reculé de 0,4 % tre une une estimation provisoire d’assureurs américains, la société 8235 1423 0,877 au mois d’octobre par rapport à de 83,5. b [[[ [[[ [[[ GEMPLUS : le numéro un fait face à des frais exceptionnels 22 A. 10 O. 21 N. 22 A. 9 O. 21 N. 22 A. 8 O. 22 N. septembre, qui marquait déjà un mondial des solutions basées sur de 604,3 millions de dollars. repli de 0,1 %, selon les données a JAPON : l’excédent commer- cartes à puce, a annoncé, mercredi, Indices cours Var. % Var. % corrigées des variations saisonniè- cial a chuté de 32,9 % en octobre Ame´rique 9h57 f se´lection 21/11 20/11 31/12 qu’il envisageait « des centaines » b CRÉDIT AGRICOLE res publiées mercredi par l’Insee. sur un an, en raison de la baisse de E´TATS-UNIS DOW JONES 9834,68 – 0,67 .... de réductions d’effectifs en 2002. INDOSUEZ : la filiale de la a Le Conseil d’orientation des la demande mondiale, pour s’éta- E´TATS-UNIS S&P 500 1137,03 – 0,49 – 13,88 Certains syndicats s’attendent à banque verte a annoncé, retraites a évalué, mercredi, les blir à 462,5 milliards de yens (3,8 E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1875,05 – 0,29 – 24,10 450 suppressions de postes en mercredi, l’arrêt de ses activités de besoins supplémentaires de finan- milliards de dollar, 4,3 milliards TORONTO TSE INDEX 7330,90 – 0,68 – 17,94 France et 1 500 dans le monde, sur courtage institutionnel en Asie, à SAO PAULO BOVESPA 12793,79 .... – 16,16 cement du système entre « 4 et 6,5 d’euros), a annoncé, jeudi, le minis- 7 000 salariés. l’exclusion du Japon. 350 emplois MEXICO BOLSA 319,48 – 0,54 1,10 points de PIB » d’ici à 2040. tère des Finances. a sur 500 seront supprimés chez BUENOS AIRES MERVAL 205,28 0,20 – 50,75 Les Français ont déjà allégé b a THYSSENKRUPP : l’entreprise Indosuez WI Carr Securities. SANTIAGO IPSA GENERAL 112,67 – 0,03 17,36 leurs bas de laine de près de ARGENTINE : la fuite des capi- allemande a annoncé, mercredi, CARACAS CAPITAL GENERAL 6294,34 – 0,18 – 7,78 62 milliards de francs (9,45 mil- taux se monte, depuis le début de qu’elle discutait avec le groupe b BNP PARIBAS : la banque liards d’euros) depuis le début de l’année, à 13 milliards de dollars et diversifié Suez, pour lui vendre les française a indiqué, mercredi, cette année, indique la Fédération a catalysé la crise, ce qui représente 50 % qu’elle détient dans une qu’elle mettait fin à ses activités de ASIE - PACIFIQUE bancaire française. Il reste près de 4 % du PIB, a déclaré, mercredi, le société est-allemande de courtage et de banque d’affaires 90 milliards de francs thésaurisés. secrétaire d’Etat aux finances Daniel distribution et d’assainissement en Inde. Cette décision se traduira TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN Marx, en ajoutant qu’« elle avait été a d’eau, Eurawasser. Suez possède par la suppression de 36 emplois. 10696,82 11253,30 108,21 ZONE EURO : la croissance dramatique », lors d’une réunion déjà la moitié du capital s’établira à +1,6 % en 2001 et à seu- avec des dirigeants d’entreprise. 11396 11360 110,6 d’Eurawasser. b INTESABCI : le numéro un lement +1,3 % en 2002 avant de bancaire italien est prêt à 11018 10876 109,7 connaître un rebond en 2003, a PÉTROLE : un accord entre les b E.ON : le numéro un allemand envisager une augmentation de sa 10639 10393 108,7 selon les prévisions économiques pays de l’Organisation des pays de l’énergie s’apprête à acquérir participation de 2,3 % dans le 10261 9909 107,8 de la Commission publiées, mercre- exportateurs de pétrole (OPEP) et deux grosses sociétés énergétiques Crédit lyonnais, dans le cadre de la 9882 9426 106,8 di 21 novembre, à Bruxelles. Les les pays producteurs indépendants américaines, a déclaré son patron vente de la participation de l’Etat 9504 8942 105,9 déficits publics vont fortement pour réduire de deux millions de Ulrich Hartmann, dans un français (10 %), a déclaré son [[[ [[[ [[[déraper en 2002, notamment en barils par jour (bpj) la production entretien publié jeudi par le administrateur délégué, Lino 22 A. 8 O. 22 N. 22 A. 8 O. 22 N. 22 A. 8 O. 22 N. Allemagne. de pétrole et faire remonter son Financial Times Deutschland. Benassi. Indices cours Var. % Var. % prix « est imminent », a déclaré mer- Zone Asie 9h57 f se´lection 22/11 21/11 31/12 a ALLEMAGNE : le produit inté- credi le président vénézuélien SERVICES b ASSURANCE : le président TOKYO NIKKEI 225 10696,82 0,34 – 22,41 rieur brut (PIB) allemand a recu- Hugo Chavez. Il a précisé que le d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, HONGKONG HANG SENG 11253,30 0,71 – 25,45 lé de 0,1 % au troisième trimestre secrétaire général de l' OPEP, Ali b CLUB MÉDITERRANÉE : le suggère, dans Les Echos, la création SINGAPOUR STRAITS TIMES 1448,68 – 1,13 – 24,82 2001 par rapport au deuxième en Rodriguez, lui avait annoncé au spécialiste du village de d’un système de mutualisation SE´OUL COMPOSITE INDEX 77,78 1,61 22,78 données corrigées des variations téléphone qu’« un accord quasi vacances a annoncé, mercredi, 243 pour faire face aux problèmes SYDNEY ALL ORDINARIES 3262,40 – 0,31 3,41 saisonnières et des jours ouvrables, imminent pour retirer du marché suppressions d’emplois en France. d’assurance des compagnies BANGKOK SET 19,29 1,15 3,54 a annoncé, jeudi, l’Office fédéral 2 millions de barils/jours ». « De cet- Ce plan fait suite à l’annonce, le aériennes depuis les attentats du BOMBAY SENSITIVE INDEX 3290,07 1,42 – 17,17 des statistiques. L’Allemagne, dont te manière, le pétrole va retrouver 18 octobre, de la fermeture d’une 11 septembre aux Etats-Unis. WELLINGTON NZSE-40 2021,03 – 0,15 6,28 la croissance avait stagné au deuxiè- son juste prix.»

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 21/11 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4449 Action ABB PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,8940 Percy Barnevik LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,4082 en francs suisses àZurich L’INDICE CAC 40 a ouvert en haus- LES MARCHÉS d’actions améri- PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 33,2170 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6982 quitte ABB 35 se de 0,42 %, jeudi 22 novembre, à cains ont terminé en baisse, mer- SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4052 4 576,13 points. Le CAC 40 avait credi 21 novembre, les opérateurs PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,8561 17,8 APRÈS vingt-deux ans de maison, connu, mercredi, une deuxième hésitant à prendre des positions FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,1337 30 le 21 nov. FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....250,1500 dont quatorze aux commandes du séance de prises de bénéfice importantes à la veille du jour férié MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 27593 groupe, le président non éxécutif (– 0,79 %, à 4 557,03 points), aggra- de Thanksgiving, alors que les pers- DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,5940 d’ABB (Asea Brown Boveri), Percy 25 vée par la chute des titres France pectives concernant l’économie et Barnevik, 60 ans, a présenté sa Télécom et Sodexho Alliance. les résultats des sociétés restent Coursdechangecroise´s démission, mercredi 21 novembre. L’opérateur de télécommunica- incertaines. L’indice Dow Jones a 20 Un départ salué par la Bourse de tions avait chuté de 7,1 %, à la suite fini en repli de 0,67 %, à Cours Cours Cours Cours Cours Cours 22/11 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. Zurich, jeudi 22 novembre : l’ac- du lancement d’une nouvelle émis- 9 834,68 points. L’indice Standard DOLLAR ...... 0,81106 0,87780 0,13383 1,41560 0,60334 tion du conglomérat de mécani- 15 sion obligataire, et le groupe de res- & Poor’s 500 a cédé 0,49 %, à YEN ...... 123,29500 ..... 108,21000 16,49500 174,49000 74,38500 que, d’électricité et d’énergie helvé- tauration collective a connu la plus 1 137 points, et l’indice composite EURO...... 1,13921 0,92413 ..... 0,15245 1,61215 0,68730 tico-suédois ABB grimpait de forte correction des titres du du Nasdaq a abandonné 0,29 %, à FRANC...... 7,47230 6,05960 6,55957 ..... 10,57435 4,50835 10 LIVRE ...... 0,70641 0,57295 0,62030 0,09455 ..... 0,42630 2,25 % (à 18,20 francs suisses) dans CAC 40 (– 8,47 %) après avoir 1 875,05 points. FRANC SUISSE ...... 1,65745 1,34430 1,45475 0,22180 2,34575 ..... les premiers échanges. Dans un publié ses résultats pour 2000-2001. communiqué, M. Barnevik, patron 5 TAUX Taux d’inte´reˆt(%) Matif charismatique à l’origine de la M J J A S O N FRANCFORT fusion d’Asea et de Brown Boveri, 2001 JEUDI 22 novembre, dans les pre- Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 21/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 22/11 prix prix explique vouloir, par ce geste, assu- Source : Bloomberg À LA BOURSE de Francfort, l’indi- mières transactions, le marché des FRANCE ...... 3,25 3,27 4,76 5,24 Notionnel 5,5 mer sa « part de responsabilité ce DAX gagnait 0,06 %, à emprunts d’Etat européen était en ALLEMAGNE .. 3,35 3,35 4,61 5,15 DE´CEMBRE 2001 1862 90,55 90,20 [DANS LES]moins bonnes perfor- un total de 160 000. 5 089,9 points, jeudi matin, contre légère hausse. Evoluant mécani- GDE-BRETAG. 3,34 3,84 4,73 4,48 Euribor 3 mois mances d’ABB ces dernières Le successeur de Percy Barnevik a 5 087,03 points, mercredi, à la clô- quement à l’inverse du prix des ITALIE...... 3,35 3,29 4,94 5,49 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,03 0,02 1,33 2,38 années ». Le titre ABB a été divisé d’ores et déjà été élu par le conseil ture. titres, le taux de rendement de E´TATS-UNIS... 2,06 1,96 4,97 .... par deux depuis le début de l’année d’administration. Il s’agit de l’Alle- l’obligation du Trésor à dix ans SUISSE ...... 2,05 2,02 3,12 3,77 Pe´trole à la Bourse de Zurich, sanction de mand Jürgen Dormann, 61 ans, était à 4,75 % en France et à 4,61 % PAYS-BAS...... 3,32 3,29 4,77 5,23 LONDRES Cours Var. % résultats décevants sur les neuf pre- déjà administrateur d’ABB et prési- en Allemagne. En dollars f 21/11 20/11 miers mois de 2001, avec une chute dent du directoire d’Aventis, né en L’INDICE Footsie a ouvert en Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 19,22 + 2,62 de 76 % du bénéfice net, à 289 mil- décembre 1999 de la fusion de l’Al- hausse, jeudi matin, de 0,12 %, à MONNAIES WTI (NEW YORK) ...... 17,72 .... Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 18,71 + 5,47 lions de dollars, pour un chiffre lemand Hoechst et du Français 5 320 points, après avoir terminé, En dollars f 21/11 20/11 d’affaires en faible progression de Rhône Poulenc. Chez Aventis, on la veille, en légère hausse de L’EURO poursuivait son repli, jeu- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE 4 %, à 16,87 milliards de dollars. assure que « les nouvelles fonctions 0,28 %, à 5 313,8 points. Les di, en début de séance, sur le mar- CUIVRE 3 MOIS...... 1486,50 + 0,10 Or ABB a annoncé le mois dernier de M. Dormann au sein d’ABB ne valeurs bancaires et pharmaceuti- ché des changes, craignant une ALUMINIUM 3 MOIS...... 1370,50 – 0,40 PLOMB 3 MOIS ...... 487 – 0,61 qu’il prévoyait un recul de 10 % de l’empêchent pas de continuer d’assu- ques avaient progressé, alors que récession économique européen- Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 4090 – 0,73 En euros f 21/11 20/11 son bénéfice net sur l’ensemble de mer les siennes au sein de notre grou- les valeurs technologiques et des ne à la suite de la dégradation du ZINC 3 MOIS...... 803,50 – 0,19 + NICKEL 3 MOIS...... 5180 – 0,58 OR FIN KILO BARRE ...... 9960 0,61 l’exercice par rapport à 2000. pe. Chez ABB, il n’a pas de rôle éxé- télécoms étaient en repli. climat des affaires en Allemagne. OR FIN LINGOT...... 10010 + 1,01 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE Depuis le début de l’année, le direc- cutif mais ne sera que président du L’euro cotait 0,8767 dollar, contre ONCE D’OR (LO) $ ...... 272,80 – 11,14 ARGENT A TERME ...... 4,07 – 0,37 ` teur général exécutif Jörgen Cen- conseil de surveillance. » Cepen- 0,8790 dollar mercredi. Face à la PIECE FRANCE 20 F ...... 57,10 – 1,38 TOKYO PLATINE A TERME ...... 58254,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 57,30 – 1,21 terman, a orchestré un vaste pro- dant, les difficultés actuelles monnaie japonaise, l’euro s’échan- GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57,30 – 0,35 gramme de restructurations, qui d’ABB pourraient nécessiter un GRÂCE à une reprise en fin de geait à 108,09 yens contre BLE´ (CHICAGO)...... 287 + 0,09 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 196 – 6,67 MAIS (CHICAGO) ...... 212,75 – 0,12 PIE`CE 20 DOLLARS US ... 392 – 0,76 vise un recentrage sur les métiers président à temps plein. La succes- séance, l’indice Nikkei a clôturé, 108,22 yens, mercredi soir. De son SOJA TOURTEAU (CHG.) 163,30 + 0,62 PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 369,25 – 0,27 de l’automation. Dans cette pers- sion d’ABB pourrait donc avoir jeudi, en légère hausse de 0,34 %, à côté, le dollar restait relativement SOFTS $/TONNE pective, ABB avait annoncé en des répercussions sur Aventis. 10 696,82 points, la faillite de l’assu- stable contre la devise japonaise. Il CACAO (NEW YORK) ...... 1279 – 0,78 Cotations, graphiques et indices en temps juillet la suppression de reur Taisei Fire & Marine Insuran- se négociait à 123,30 yens, contre CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». 12 000 emplois dans le monde, sur Gaëlle Macke ce n’ayant eu qu’un impact limité. 123,12 yens mercredi. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 298,73 3772,63 377 4971 349 4551

VALEURS EUROPÉENNES 299,60 b La mauvaise tenue du secteur credi, à la Bourse de Francfort. 3795,47

321 296,99 4132 3748,04 3746,07 des télécommunications sur le Lufthansa, qui envisage de procé- 292 298,73 3712 3772,63 marché européen a pesé sur le der à des licenciements secs, pâtit 296,06

264 295,81 3292 groupe espagnol Telefonica, éga- de rumeurs de marché, pourtant 3724,81 lement affecté par les craintes démenties par la direction, indi- 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ recurrentes sur la dette de l’Argen- quant qu’elle s’apprêterait à lancer 22 NOV. 28 MAI 22 NOV. VLMMJ 22 NOV. 28 MAI 22 NOV. VLMMJ tine. L’action a abandonné 2,48% un emprunt obligataire converti- en fin de journée, à 15,34 euros, ble en actions. NH HOTELES ES e 11,05 + 1,38 TECAN GRP N CH 71,54 – 0,71 SCHNEIDER ELECT FR e 52,40 – 1,13 WANADOO FR e 6,25 – 0,16 mercredi 21 novembre, à la Bourse b le groupe de télécommunica- NXT GB 2,53 .... UNIBAIL FR e 56,65 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,98 + 2,08 WELLA AG VZ DE e 52,90 – 0,94 de Madrid. tions Telecom Italia a terminé la P & O PRINCESS GB 5,63 + 0,58 VALLEHERMOSO ES e 7,42 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,98 + 2,08 f DJ E STOXX N CY G P 390,43 + 0,52 b PERSIMMON PLC GB 4,94 – 0,33 WCM BETEILIGUNG DE e 13,40 – 0,74 SECURICOR GB 1,73 – 2,73 Le titre du groupe pétrolier BP a séance de mercredi, à la Bourse de PREUSSAG AG DE e 30,40 + 0,33 f DJ E STOXX FINS P 245,39 – 0,18 SECURITAS -B- SE 20,46 .... terminé la séance de mercredi en Milan, en repli de 1,05%, à RANK GROUP GB 3,39 + 1,45 SERCO GROUP GB 6,81 .... COMMERCE DISTRIBUTION RICHEMONT UNITS CH 2272,01 .... SGL CARBON DE e 27,50 + 0,36 baisse de 0,66 %, à 524,5 pence, en 9,62 euros. Marco Tronchetti Pro- ALLIANCE UNICHE GB 8,62 .... RYANAIR HLDGS IR e 12,70 – 0,47 SHANKS GROUP GB 2,70 .... ALIMENTATION ET BOISSON AVA ALLG HAND.G DE e 42,90 .... raison de prises de bénéfices, vera, nouveau patron du groupe SAIRGROUP N CH 2,94 – 0,46 SIDEL FR e 50,05 + 0,10 BOOTS CO PLC GB 9,43 + 0,52 SAS DANMARK A/S DK 9,81 .... ALLIED DOMECQ GB 6,34 + 0,51 SINGULUS TECHNO DE e 28,60 + 0,74 après avoir progressé en début de Olivetti/Telecom Italia a indiqué BUHRMANN NV NL e 11,26 + 2,36 SEB FR e 59,55 – 0,50 ASSOCIAT BRIT F GB 8,15 .... SKF -B- SE 20,62 + 0,78 journée. qu’il ne « voyait pas de problème » e CARREFOUR FR e 58 + 0,35 SIX CONTINENTS GB 11,62 + 0,28 BBAG OE BRAU-BE AT 38,50 + 0,47 SMITHS GROUP GB 10,88 + 0,45 e CASTO.DUBOIS FR e 57,80 – 0,86 b La compagnie aérienne alleman- à une baisse de la participation de SODEXHO ALLIANC FR e 45 + 2,04 BRAU-UNION AT 38,83 .... SOPHUS BEREND - DK 22,97 + 0,29 CC CARREFOUR ES e 14,17 + 1,72 THE SWATCH GRP CH 101,90 + 1,54 CADBURY SCHWEPP GB 7,25 – 0,22 SPIRENT GB 2,89 + 1,13 de Lufthansa a abandonné 5%, à Pirelli, dans le cadre d’une fusion CHARLES VOEGELE CH 52,15 + 0,33 THE SWATCH GRP CH 21,65 + 1,77 CARLSBERG -B- DK 45,67 – 0,87 STOLT NIELSEN LU e 120 .... 15,38 euros, en fin de séance, mer- entre Olivetti et Telecom Italia. D’IETEREN SA BE e 146,40 – 2,27 TELE PIZZA ES e 1,83 + 1,67 CARLSBERG AS -A DK 40,97 .... TELE2 -B- SE 35,77 + 1,97 DEBENHAMS GB 6,31 .... THOMSON MULTIME PA 30,76 + 0,52 COCA COLA HBC GR 16,06 .... THALES FR e 38,70 – 1,02 DIXONS GROUP GB 3,87 – 0,41 WILSON BOWDEN GB 12,43 .... DANISCO DK 40,43 – 0,99 TOMRA SYSTEMS NO 12,16 .... GAL LAFAYETTE FR e 145 + 2,11 + DANONE FR e 131 + 0,23 e + KEMIRA FI e 7,90 .... WM-DATA -B- SE 2,76 2,36 TPI ES 4,62 2,67 e DELTA HOLDINGS GR 8,48 .... GEHE AG DE 44 .... Code Cours % Var. e + WOLFORD AG AT e 10,55 – 0,28 TRAFFICMASTER GB 1,02 + 1,61 9h56 KON. VOPAK NV NL 17,30 0,29 GUCCI GROUP NL e 99,30 + 0,20 22/11 f pays en euros 21/11 WW/WW UK UNITS IR e 0,80 + 2,56 DIAGEO GB 12,25 + 0,40 UNAXIS HLDG N CH 115,28 + 1,20 LONZA GRP N CH 660,81 + 0,73 GUS GB 8,98 + 0,54 f DJ E STOXX CYC GO P 120,66 + 1,47 ELAIS OLEAGINOU GR 19,72 .... VA TECHNOLOGIE AT e 21,75 .... NORSK HYDRO NO 43,70 .... HENNES & MAURIT SE 22,75 + 1,42 HEINEKEN HOLDIN NL e 31,60 + 0,48 e + AUTOMOBILE RHODIA FR e 10,36 – 4,69 VEDIOR NV NL 12,11 2,11 e HELLENIC SUGAR GR 9,60 .... KARSTADT QUELLE DE 39 + 0,52 e + VESTAS WIND SYS DK 36,27 .... AUTOLIV SDR SE 20,99 + 1,28 SOLVAY BE 60,40 0,08 e KINGFISHER GB 5,93 .... KAMPS DE 8,65 – 1,14 VINCI FR e 66,05 – 0,97 e + SYNGENTA N CH 58,19 + 2,23 PHARMACIE GB 5,44 + 1,20 BASF AG BE 43,10 0,70 KERRY GRP-A- GB 22,93 – 1,05 e MARKS & SPENCER e TESSENDERLO CHE BE e 25,99 – 1,89 VIVENDI ENVIRON FR 42,89 – 0,05 BMW DE 38,80 .... ACTELION N CH 45,15 + 1,23 GB 6,28 + MATALAN GB 5,36 .... f – KINGFISHER 1,30 VOLVO -A- SE 17,33 + 0,62 CONTINENTAL AG DE e 13,75 – 0,79 DJ E STOXX CHEM P 345,77 0,18 ALTANA AG DE e 56,05 + 1,54 e METRO DE e 38,50 + 1,32 KONINKLIJKE NUM NL 26,25 + 0,19 VOLVO -B- SE 18,12 + 0,59 DAIMLERCHRYSLER DE e 46,90 + 0,97 AMERSHAM GB 10,30 + 0,31 e MFI FURNITURE G GB 2,26 + 0,72 MONTEDISON IT 2,72 + 0,37 WARTSILA CORP A FI e 19,80 .... FIAT IT e 19,33 + 2,01 ASTRAZENECA GB 52,92 + 0,95 NEXT PLC GB 15,01 .... ´ NESTLE N CH 243,60 + 0,57 XANSA GB 5,52 – 0,87 FIAT PRIV. IT e 14,44 + 1,26 CONGLOMERATS AVENTIS FR e 79,90 + 1,27 PINAULT PRINT. FR e 148 – 0,40 NORTHERN FOODS GB 2,68 + 0,61 ZARDOYA OTIS ES e 9,87 + 1,02 FR e 37,25 – e BB BIOTECH CH 80,97 – 0,42 GB 1,34 + MICHELIN 0,40 D’IETEREN SA BE 146,40 – 2,27 PARMALAT IT e 2,96 + 1,37 + SIGNET GROUP 1,22 e f DJ E STOXX IND GO P 342,77 0,76 PEUGEOT FR 49,49 + 0,59 GBL BE e 300,10 .... CELLTECH GROUP GB 16,23 + 1,21 PERNOD RICARD FR e 77,55 + 0,71 VALORA HLDG N CH 188,71 + 0,55 e e PIRELLI SPA IT 1,98 + 1,02 GEVAERT BE e 27 .... DISETRONIC HLDG CH 774,03 – 7,92 RAISIO GRP -V- FI e 0,96 + 1,05 VENDEX KBB NV NL 10,66 + 0,09 e e DR ING PORSCHE DE 390 + 1,30 INCHCAPE GB 9,40 .... ELAN CORP IR 50,50 + 0,60 SCOTT & NEWCAST GB 8,52 + 0,57 W.H SMITH GB 7,73 – 2,04 e e ASSURANCES RENAULT FR 39 – 0,54 KVAERNER -A- NO 1,57 .... ESSILOR INTL FR 32,86 – 0,27 SOUTH AFRICAN B GB 7,27 – 0,66 WOLSELEY PLC GB 7,64 + 0,42 e e VALEO FR 43,30 – 0,46 MYTILINEOS GR 6,14 .... FRESENIUS MED C DE 72,50 + 0,42 TATE & LYLE GB 5,52 + 0,59 AEGIS GROUP GB 1,63 + 3,06 f DJ E STOXX RETL P 298,76 + 0,27 e VOLKSWAGEN VZ DE 34,10 + 0,29 UNAXIS HLDG N CH 115,28 + 1,20 H. LUNDBECK DK 32,37 .... TOMKINS GB 3,25 .... AEGON NV NL e 30,10 + 1,52 f DJ E STOXX AUTO P 210,26 + 0,55 ORKLA NO 17,99 .... GALEN HOLDINGS GB 11,72 + 0,41 UNILEVER NL e 63,95 – 0,47 AGF FR e 58 .... SONAE SGPS PT e 0,81 .... GAMBRO -A- SE 7,17 + 0,75 WHITBREAD PLC GB 9,20 + 1,42 ALLEANZA ASS IT e 12,04 – 0,33 HAUTE TECHNOLOGIE f + GLAXOSMITHKLINE GB 30,46 + 0,75 ALLIANZ N DE e 262,50 + 0,57 DJ E STOXX RETL P 298,76 0,27 f DJ E STOXX F & BV P 225,65 + 0,29 AIXTRON DE e 27,50 + 1,70 BANQUES H. LUNDBECK DK 32,37 .... ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ALCATEL-A- FR e 21,15 + 3,68 NOVARTIS N CH 42,92 + 0,56 AXA FR e 25,61 + 0,95 ABBEY NATIONAL GB 17,47 + 0,74 ALTEC GR 3,12 .... TE´LE´COMMUNICATIONS NOVO-NORDISK -B DK 42,71 – 0,31 BALOISE HLDG N CH 102,93 + 0,17 ABN AMRO HOLDIN NL e 18,75 – 0,05 BIENS D’E´QUIPEMENT ARC INTERNATION GB 0,84 + 1,96 NOVOZYMES -B- DK 21,76 + 0,62 BRITANNIC GB 12,90 – 0,50 ALL & LEICS GB 12,56 + 0,13 EQUANT NV NL e 13,80 + 2,07 ARM HOLDINGS GB 6,44 + 2,84 ORION B FI e 19,20 + 1,32 ABB N CH 12,63 + 3,37 CATTOLICA ASS IT e 23,80 – 0,38 ALLIED IRISH BA GB 18,57 .... ATLANTIC TELECO GB 0,08 .... ASML HOLDING NL e 20,15 + 4,73 OXFORD GLYCOSCI GB 10,30 + 2,57 ADECCO N CH 59,08 + 1,29 CGNU GB 13,90 + 0,47 ALMANIJ BE e 34,04 + 0,77 BRITISH TELECOM GB 5,75 .... BAAN COMPANY NL e 2,65 – 0,38 PHONAK HLDG N CH 28,13 + 1,99 AGGREKO GB 6,36 – 0,25 CNP ASSURANCES FR e 36,11 – 0,80 ALPHA BANK GR 21,42 .... CABLE & WIRELES GB 5,78 + 2,58 BAE SYSTEMS GB 5,49 .... QIAGEN NV NL e 23,21 + 1,35 ALSTOM FR e 14,30 + 0,70 CODAN DK 16,79 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 9,51 + 0,42 COLT TELECOM NE GB 2,71 + 3,07 BALTIMORE TECH GB 0,34 + 10,53 ROCHE HLDG G CH 85,09 + 1,64 ALTRAN TECHNO FR e 50,45 + 0,30 CORP MAPFRE R ES e 18,50 .... B.P.EMILIA ROMA IT e 30,50 .... DEUTSCHE TELEKO DE e 19,45 + 1,83 BROKAT TECHNOLO DE e 0,53 .... SANOFI SYNTHELA FR e 75,75 + 1,34 ALUSUISSE GRP N CH 864,61 .... ERGO VERSICHERU DE e 165,60 + 0,36 B.P.LODI IT e 9 – 0,11 E.BISCOM IT e 56,25 + 3,59 BULL FR e 1,13 – 1,74 SCHERING AG DE e 61,75 – 0,08 ARRIVA GB 5,21 + 2,22 ETHNIKI GEN INS GR 11,98 .... B.P.NOVARA IT e 6,03 + 0,84 EIRCOM IR e 1,34 .... BUSINESS OBJECT FR e 37,44 + 1,68 SERONO -B- CH 942,84 + 1,03 ASSA ABLOY-B- SE 15,78 + 1,37 EULER FR e 44,50 + 1,14 B.P.SONDRIO IT e 10,15 .... ELISA COMMUNICA FI e 14,20 .... CAP GEMINI FR e 76 + 2,77 SHIRE PHARMA GR GB 14,87 + 2,33 ASSOC BR PORTS GB 6,94 + 0,47 FONDIARIA ASS IT e 6,15 + 0,65 B.P.VERONA E S. IT e 9,94 + 0,10 ENERGIS GB 1,36 + 5 COMPTEL FI e 4,03 + 3,33 SMITH & NEPHEW GB 6,02 + 1,91 ATLAS COPCO -A- SE 25,03 + 1,07 FORTIS (B) BE e 27,45 – 4,22 BANCA ROMA IT e 2,61 + 0,77 EUROPOLITAN HLD SE 7,39 + 3,73 DASSAULT SYST. FR e 50,75 + 1,62 SSL INTL GB 8,31 + 1,38 ATLAS COPCO -B- SE 23,38 + 0,69 FRIENDS PROVIDE GB 3,12 .... BANCO SABADELL ES e 15,21 – 0,20 FRANCE TELECOM FR e 46,65 + 2,48 ERICSSON -B- SE 6,11 + 4,55 SULZER AG 100N CH 181,50 – 0,56 ATTICA ENTR SA GR 5,50 .... GENERALI ASS IT e 30,65 + 0,49 BANK OF IRELAND GB 16,23 – 0,30 HELLENIC TELE ( GR 20,20 .... F-SECURE FI e 1,42 + 2,16 SYNTHES-STRATEC CH 784,33 + 0,26 BAA GB 9,38 – 0,34 GENERALI HLD VI AT e 148 .... BANK OF PIRAEUS GR 10,22 .... KINGSTON COM GB 1,82 – 0,88 FILTRONIC GB 6,36 + 3,68 INDEPENDENT INS GB 0,10 .... BANKINTER R ES e 34,20 + 0,94 KONINKLIJKE KPN NL e 5,14 + 3,01 (Publicite´) FINMATICA IT e 22,08 + 3,23 INTERAM HELLEN GR 4,98 .... BARCLAYS PLC GB 36,02 – 0,67 KPNQWEST NV -C- NL e 8,24 + 1,60 GETRONICS NL e 4,14 + 3,50 IRISH LIFE & PE GB 12,24 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 39,50 + 0,77 LIBERTEL NV NL e 10,37 + 0,58 GN GREAT NORDIC DK 6,58 + 1,03 LEGAL & GENERAL GB 2,57 + 0,63 BBVA R ES e 13,96 + 0,43 VODAFONE N DE e 209,85 .... INFINEON TECHNO DE e 21,10 + 4,71 MEDIOLANUM IT e 10,41 + 1,56 BCA AG.MANTOVAN IT e 8,86 + 0,91 MOBILCOM DE e 26 .... INFOGRAMES ENTE FR e 15,46 + 3,76 MUENCH RUECKVER DE e 304 + 0,83 BCA FIDEURAM IT e 8,52 + 1,55 OLD MUTUAL GB 1,81 – 0,88 INTRACOM R GR 15,50 .... POHJOLA GRP.B FI e 18,80 .... BCA LOMBARDA IT e 8,87 – 1,22 OLIVETTI IT e 1,38 + 0,73 KEWILL SYSTEMS GB 0,95 .... PRUDENTIAL GB 12,59 + 0,13 BCA P.BERG.-C.V IT e 17,80 + 1,02 PANAFON HELLENI GR 6,02 .... LEICA GEOSYSTEM CH 122,14 + 0,56 RAS IT e 13,63 + 0,22 BCA P.MILANO IT e 3,98 + 1,02 PT TELECOM SGPS PT e 8,66 .... LOGICA GB 14,21 + 2,09 ROYAL SUN ALLIA GB 6,54 – 0,74 BCO POPULAR ESP ES e 37,36 + 0,54 SONERA FI e 5,55 .... LOGITECH INTL N CH 38,70 – 0,53 SAI IT e 15,10 + 1,68 BCP R PT e 4,50 .... SONG NETWORKS SE 0,98 + 2,78 MARCONI GB 0,63 + 5,41 SAMPO-LEONIA -A FI e 8,85 – 0,56 BIPOP CARIRE IT e 2,14 + 2,88 SWISSCOM N CH 307,42 + 1,01 MB SOFTWARE DE e 0,20 .... SCHW NATL VERS CH 586,70 – 0,58 BK OF SCOTLAND GB 13,35 .... T.I.M. IT e 6,49 + 0,46 NOKIA FI e 27,64 + 4,86 SCOR FR e 38,82 + 1,36 BNL IT e 2,62 + 0,77 TDC DK 38,28 + 0,35 OCE NL e 9,76 – 0,91 SKANDIA INSURAN SE 8,24 + 4,03 BNP PARIBAS FR e 99,60 + 0,05 TELE2 -B- SE 35,77 + 1,97 ROY.PHILIPS ELE NL e 31,02 + 2,72 ST JAMES’S PLAC GB 5,75 .... BSCH R ES e 9,85 + 1,23 VODAFONE PT e 8,65 .... PSION GB 1,42 + 3,53 STOREBRAND NO 6,14 .... COMM.BANK OF GR GR 38,58 .... TELECOM ITALIA IT e 9,70 + 0,83 SAGE GRP GB 4,10 + 3,67 SWISS LIFE REG CH 566,12 + 4,17 COMMERZBANK DE e 21,70 + 0,93 TELECOM ITALIA IT e 5,77 + 1,23 SAGEM FR e 63,65 + 1,03 SWISS RE N CH 115,45 + 0,60 CREDIT LYONNAIS FR e 38,01 – 0,08 TELEFONICA ES e 15,64 + 1,96 SAP AG DE e 132 + 1,93 TOPDANMARK DK 25,32 .... CS GROUP N CH 46,01 + 1,51 TELEF.MOVILES ES e 8,84 + 1,61 SAP VZ DE e 153,99 .... ZURICH FINL SVC CH 302,96 + 2,32 DANSKE BANK DK 17,60 .... TELENOR NO 4,48 .... SEZ HLDG N CH 45,29 .... f 338,97 + 0,64 DEUTSCHE BANK N DE e 75 + 0,67 TELIA SE 5,19 + 1,67 DJ E STOXX INSU P SIEMENS AG N DE e 67,70 + 3,20 DEXIA BE e 17,85 + 0,06 TISCALI IT e 11,54 + 7,85 SPIRENT GB 2,89 + 1,13 DNB HOLDING NO 4,71 .... VERSATEL TELECO NL e 1,31 + 3,15 STMICROELECTRON FR e 38,67 + 3,45 DRESDNER BANK N DE e 40,20 + 0,25 VODAFONE GROUP GB 2,99 + 2,21 MEDIAS THINK TOOLS CH 19,21 – 1,75 EFG EUROBK ERGA GR 16,38 .... f DJ E STOXX TCOM P 487,04 + 1,15 BSKYBGROUP GB 13,43 + 1,71 THUS GB 1 + 6,90 ERSTE BANK AT e 57,05 .... CANAL PLUS FR e 3,66 + 0,55 TIETOENATOR FI e 29 – 0,99 e ESPIRITO SANTO PT 14,70 .... CAPITAL RADIO GB 13,03 – 1,94 f DJ E STOXX TECH P 488,69 + 3,51 FOERENINGSSB A SE 12,75 + 0,84 CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI GB 3,81 + 1,72 HALIFAX GROUP GB 13,43 .... ACCIONA ES e 41,21 + 0,10 DLY MAIL & GEN GB 11,79 + 1,96 HSBC HLDG GB 13,82 + 0,35 e ACESA R ES e 10,27 + 0,69 ELSEVIER NL 13,03 + 1,80 SERVICES COLLECTIFS DE e 13,80 IKB .... e EMAP PLC GB 11,41 .... e ACS ES 27,30 – 1,05 e ACEA IT 8,32 + 1,09 INTESABCI IT e 2,78 + 1,09 UCB BE 42,65 + 1,19 BBA GROUP PLC GB 4,65 + 0,35 e AGGREGATE IND GB 1,44 .... FOX KIDS EUROPE NL 12,60 – 0,79 AEM IT e 2,30 .... JULIUS BAER HLD CH 404,86 .... WILLIAM DEMANT DK 28,74 .... BODYCOTE INTL GB 3,44 .... + AKTOR SA GR 8,40 .... FUTURE NETWORK GB 0,77 2,13 BRITISH ENERGY GB 4,07 – 3,08 e + WS ATKINS GB 10,49 + 0,78 GB 5,49 – 3,68 KBC BANCASSURAN BE 32,80 0,86 – BRAMBLES INDUST GRANADA GB 2,28 + 2,92 AMEY GB 6,30 0,51 e e CENTRICA GB 3,52 + 1,40 LLOYDS TSB GB 12,16 – 0,53 ZELTIA ES 9,87 + 7,40 BUDERUS AG DE 27,75 + 0,18 e + AUREA R ES e 22,92 – 0,35 GRUPPO L’ESPRES IT 3,63 1,40 EDISON IT e 9 + 1,47 MONTE PASCHI SI IT e 3,03 + 0,66 f DJ E STOXX HEAL 531,23 + 1,15 CAPITA GRP GB 7,65 + 0,85 BOUYGUES FR e 36,35 – 0,55 GWR GROUP GB 4,17 .... ELECTRABEL BE e 230 .... NAT BANK GREECE GR 27,78 .... CDB WEB TECH IN IT e 4,13 + 1,47 e BPB GB 4,41 .... HAVAS ADVERTISI FR 9,01 – 0,99 ELECTRIC PORTUG PT e 2,53 .... NATEXIS BQ POP. FR e 97,35 + 0,57 CGIP FR e 34,80 + 1,16 e + BRISA AUTO-ESTR PT e 9,60 .... INDP NEWS AND M IR 1,90 1,06 ENDESA ES e 17,90 + 0,39 NORDEA SE 5,42 .... E´NERGIE CHUBB GB 2,53 .... BUZZI UNICEM IT e 7,36 + 0,55 INFORMA GROUP GB 3,49 – 2,70 ENEL IT e 6,64 .... ROLO BANCA 1473 IT e 17,40 + 1,58 CIR IT e 1,08 .... e + CIMPOR R PT e 19,15 .... BG GROUP GB 4,25 + 1,54 LAGARDERE SCA N FR 45,96 1,97 EVN AT e 42 .... ROYAL BK SCOTL GB 27,40 .... COBHAM GB 18 + 2,01 COLAS FR e 64 – 0,62 BP GB 8,51 + 0,38 LAMBRAKIS PRESS GR 5,98 .... FORTUM FI e 4,99 + 0,81 S-E-BANKEN -A- SE 9,51 + 0,56 COOKSON GROUP P GB 1,26 – 2,50 e CRH PLC GB 28,98 + 0,34 CEPSA ES e 12,52 – 0,08 M6 METROPOLE TV FR 28 + 1,08 e e GAS NATURAL SDG ES 18,56 – 0,38 SAN PAOLO IMI IT 13,09 + 1,16 e COPENHAGEN AIRP DK 64,47 .... e + FCC ES e 23,25 + 1,93 COFLEXIP FR 157 – 0,32 MEDIASET IT 8,60 1,53 HIDRO CANTABRIC ES e 25,82 – 0,73 STANDARD CHARTE GB 13,53 .... DAMPSKIBS -A- DK 6420,50 .... GRUPO DRAGADOS ES e 14,10 .... DORDTSCHE PETRO NL e 2,50 .... MODERN TIMES GR SE 25,08 – 0,42 e + e IBERDROLA ES 14,75 1,03 STE GENERAL-A- FR 64,10 – 0,16 e DAMPSKIBS -B- DK 7118,97 + 1,15 e + GRUPO FERROVIAL ES e 21 + 0,57 GBL BE 56,50 + 0,27 MONDADORI IT 7,14 0,28 INNOGY HOLDINGS GB 3,41 + 1,93 SVENSKA HANDELS SE 15,09 + 0,71 e DAMSKIBS SVEND DK 9536,73 .... e + HANSON PLC GB 7,78 + 1,05 ENI IT 13,54 + 1,50 NRJ GROUP FR 22 0,23 ITALGAS IT e 9,59 + 3,12 SWEDISH MATCH SE 5,47 – 0,96 DE LA RUE GB 8,17 – 0,78 + HEIDELBERGER ZE DE e 45,80 – 3,58 ENTERPRISE OIL GB 7,46 + 4,05 PEARSON GB 13,56 0,96 KELDA GB 5,78 + 1,13 UBS N CH 58,19 + 0,18 E.ON AG DE e 59,60 .... e + HELL.TECHNODO.R GR 6,96 .... HELLENIC PETROL GR 8,04 .... PRISA ES 11,55 1,49 NATIONAL GRID G GB 7,67 + 0,42 UNICREDITO ITAL IT e 4,56 + 1,11 ELECTROCOMPONEN GB 8,67 .... e + HERACLES GENL R GR 14,32 .... LATTICE GROUP GB 2,45 + 1,33 PROSIEBEN SAT.1 DE 7,95 0,63 INTERNATIONAL P GB 3,39 .... f DJ E STOXX BANK P 275,41 + 0,38 e ENIRO SE 7,76 + 0,69 e HOCHTIEF ESSEN DE e 14,99 + 0,74 OMV AG AT 88,60 – 0,45 PT MULTIMEDIA R PT 8,27 .... OESTERR ELEKTR AT e 72,10 + 0,40 EPCOS DE e 55,20 + 3,27 e HOLCIM CH 238,80 + 0,43 PETROLEUM GEO-S NO 5,95 .... PUBLICIS GROUPE FR 28,19 – 1,09 PENNON GROUP GB 10,14 + 1,29 e EUR AERO DEFENC FR e 13,65 + 0,07 + IMERYS FR e 103,40 – 0,39 REPSOL YPF ES 15,88 + 1,21 PUBLIGROUPE N CH 235,37 1,18 POWERGEN GB 12 .... PRODUITS DE BASE e EUROTUNNEL FR e 0,96 – 1,03 + ITALCEMENTI IT e 8,42 + 1,45 ROYAL DUTCH CO NL 56,20 + 0,36 REED INTERNATIO GB 9,33 1,94 SCOTTISH POWER GB 6,34 + 0,51 e e GB 12,79 + + ACERALIA ES 16,09 + 5,79 LAFARGE FR e 102,40 + 0,39 SAIPEM IT 5,06 + 1,20 EXEL 0,89 REUTERS GROUP GB 12,30 1,60 SEVERN TRENT GB 11,87 + 0,96 e + e ACERINOX R ES e 33,90 + 1,19 MICHANIKI REG. GR 2,55 .... SHELL TRANSP GB 7,96 .... FINMECCANICA IT 1 1,01 RTL GROUP LU 42 .... SUEZ FR e 34,59 – 0,52 e ALUMINIUM GREEC GR 36,92 .... NOVAR GB 1,97 + 1,67 STATOIL NO 7,41 .... FINNLINES FI 20,60 .... SMG GB 2,34 .... FENOSA ES e 17,34 + 0,70 e – e + ANGLO AMERICAN GB 16,84 + 0,29 PILKINGTON PLC GB 1,76 + 0,93 TOTAL FINA ELF FR 148,30 + 0,34 FKI GB 2,94 1,62 SOGECABLE R ES 27,50 2,61 UNITED UTILITIE GB 10,17 + 1,45 ASSIDOMAEN AB SE 27,10 – 0,20 RMC GROUP PLC GB 10,27 + 4,26 IHC CALAND NL e 47,60 + 1,28 FLS IND.B DK 8,73 .... TAYLOR NELSON S GB 3,45 .... VIRIDIAN GROUP GB 8,44 + 0,77 e + BEKAERT BE e 37,35 + 1,47 SAINT GOBAIN FR e 166,50 + 0,24 f DJ E STOXX ENGY P 314,61 + 0,50 FLUGHAFEN WIEN AT 29,73 0,44 TELEWEST COMM. GB 1,19 + 4,23 f DJ E STOXX PO SUP P 302,04 + 0,07 BHP BILLITON GB 5,31 + 0,30 SKANSKA -B- SE 7,12 .... GAMESA ES e 16,25 + 0,93 TF1 FR e 31,32 + 2,89 BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,99 + 0,09 TAYLOR WOODROW GB 2,36 .... GKN GB 5,13 + 0,63 TRINITY MIRROR GB 6,99 – 1,59 BUNZL PLC GB 6,85 .... TECHNIP-COFLEXI FR e 135,10 – 0,66 SERVICES FINANCIERS GROUP 4 FALCK DK 137,68 + 0,99 UNITED PAN-EURO NL e 0,59 + 3,51 GB 1,05 – GROUP 4 FALCK DK 137,68 + 0,99 UTD BUSINESS ME GB 11,51 .... CORUS GROUP 1,52 TITAN CEMENT RE GR 38,92 .... 3I GROUP GB 14,74 + 1,22 GR 4 e GUARDIAN IT GB 7,07 .... VIVENDI UNIVERS FR e 58,55 + 1,56 ELVAL .... UPONOR -A- FI 17,90 .... ALPHA FINANCE GR 44,90 .... SE 24,87 e HAGEMEYER NV NL e 19,17 – 0,16 VNU NL e 36,05 + 0,14 EURO HOLMEN -B- .... CIMENTS VICAT / FR 60 .... AMVESCAP GB 16,10 – 0,70 e e e + ______NL 1,90 – HALKOR GR 4,34 .... WOLTERS KLUWER NL 23,96 0,63 ISPAT INTERNATI .... VINCI FR 66,05 0,97 BHW HOLDING AG DE e 33,90 – 0,15 GB 15,53 e – HAYS GB 3,41 + 1,93 WPP GROUP GB 10,93 + 2,27 JOHNSON MATTHEY .... WIENERBERGER AG AT 14,86 0,80 BPI R PT e 2,43 .... FI e 6,95 – f + HEIDELBERGER DR DE e 44,80 .... f DJ E STOXX MEDIA P 311,33 + 1,37 NOUVEAU M-REAL -B- 0,71 DJ E STOXX CNST P 223,49 0,05 BRITISH LAND CO GB 7,62 + 1,29 AT e 53,72 – 1,16 HUHTAMAKI FI e 32,50 .... MAYR-MELNHOF KA CALEDONIA INV.S GB 13,40 .... ´ FI e 10,15 – IFIL IT e 5,81 + 1,57 MARCHE OUTOKUMPU 0,49 CANARY WHARF GR GB 7,49 + 0,22 FR e 52,75 – IMI PLC GB 4,02 + 0,40 PECHINEY-A- 1,95 CONSOMMATION CYCLIQUE CATTLES ORD. GB 4,70 + 0,34 BIENS DE CONSOMMATION FI e 4,30 .... IND.VAERDEN -A- SE 16,47 – 0,64 Cours % Var. RAUTARUUKKI K ACCOR FR e 37,50 + 1,63 CLOSE BROS GRP GB 13,56 .... AHOLD NL e 33,40 + 0,97 22/11 9h56 f GB 20,94 – ES e 9,64 + en euros 21/11 RIO TINTO 0,23 ADIDAS-SALOMON DE e 73 + 0,55 COBEPA BE e 62,10 .... INDRA SISTEMAS 1,47 ALTADIS ES e 17,40 – 0,51 GR 4,18 + SIDENOR .... AGFA-GEVAERT BE e 10,91 – 1,53 CONSORS DISC-BR DE e 10,86 + 0,09 INVENSYS GB 1,76 1,87 AMADEUS GLOBAL ES e 6,27 + 1,13 GR 8,38 + AMSTERDAM SILVER & BARYTE .... AIR FRANCE FR e 16,03 – 1,17 CORIO NV NL e 25,01 – 0,20 INVESTOR -A- SE 12,06 0,89 ATHENS MEDICAL GR 4,40 .... GB 0,03 – + SMURFIT JEFFERS 98,59 AIRTOURS PLC GB 3,52 + 0,46 CORP FIN ALBA ES e 23,89 + 0,46 INVESTOR -B- SE 12,17 1,78 AUSTRIA TABAK A AT e 84,55 .... AIRSPRAY NV 17,10 .... FI e 14,40 STORA ENSO -A- .... ALITALIA IT e 1,08 .... DAB BANK AG DE e 16,04 + 0,25 ISS DK 60,58 .... AVIS EUROPE GB 2,34 .... ANTONOV 0,64 .... FI e 14,55 + e STORA ENSO -R- 1,61 AUSTRIAN AIRLIN AT e 7,01 + 0,72 DEPFA-BANK DE e 65,95 + 0,23 JOT AUTOMATION FI 0,63 – 1,56 BEIERSDORF AG DE e 119,65 + 0,55 C/TAC 3,10 .... SE 27,64 + + SVENSKA CELLULO 0,39 AUTOGRILL IT e 9,55 + 0,74 DROTT -B- SE 11,43 – 0,46 KINNEVIK -B- SE 16,47 0,65 BIC FR e 37,50 + 0,89 CARDIO CONTROL 3,35 – 2,62 DE e 15,40 + e THYSSENKRUPP 1,32 BANG & OLUFSEN DK 23,64 .... EURAZEO FR e 60,20 + 0,33 KONE B FI 76 .... BRIT AMER TOBAC GB 9,22 + 2,51 CSS 23,90 .... BE e 43 – e UMICORE 0,92 BENETTON IT e 11,95 + 0,42 EURONEXT NL e 21,60 – 0,23 LEGRAND FR 157,20 .... CASINO GP FR e 83,65 – 0,06 HITT NV 6,50 .... FI e 38 + e UPM-KYMMENE COR 0,42 BERKELEY GROUP GB 10,90 + 3,05 FINAXA FR e 86,40 .... LINDE AG DE 47,80 + 0,63 CLARINS FR e 60 + 0,84 INNOCONCEPTS NV 18,10 + 0,56 FR e 12,55 – e USINOR 3,83 BRITISH AIRWAYS GB 3,34 + 1,47 FORTIS (B) BE e 27,45 – 4,22 MAN AG DE 21,90 + 1,15 COLRUYT BE e 47,05 + 0,11 NEDGRAPHICS HOLD 4 .... GR 10,66 VIOHALCO .... BULGARI IT e 9,55 + 1,60 FORTIS (NL) NL e 27,49 – 4,32 MEGGITT GB 2,74 + 0,59 DELHAIZE BE e 58,40 + 1,13 SOPHEON 0,48 + 4,35 AT e 32,17 + e VOEST-ALPINE AG 0,22 CHRISTIAN DIOR FR e 34,62 + 0,93 GECINA FR e 84,90 – 0,12 METSO FI 10,40 .... FIRSTGROUP GB 4,67 + 0,70 PROLION HOLDING 94 .... FR e 18,30 – e WORMS N 0,60 CLUB MED. FR e 44,95 – 0,44 GIMV BE e 29,29 + 0,31 MG TECHNOLOGIES DE 9,52 + 0,21 GALLAHER GRP GB 7,07 + 0,46 RING ROSA 0,03 .... f 190,66 + 0,17 DJ E STOXX BASI P COMPASS GROUP GB 7,78 + 1,26 GREAT PORTLAND GB 3,99 .... MORGAN CRUCIBLE GB 3,07 .... GIB BE e 51 – 0,97 UCC GROEP NV 7 .... DT.LUFTHANSA N DE e 15,05 – 2,08 HAMMERSON GB 7,28 – 0,22 EXEL GB 12,79 + 0,89 GIVAUDAN N CH 346,53 .... ELECTROLUX -B- SE 16,90 + 2,25 ING GROEP NL e 30,60 + 2,62 PACE MICRO TECH GB 6,38 + 1,28 HENKEL KGAA VZ DE e 68,30 + 0,44 CHIMIE e EM.TV & MERCHAN DE e 2,11 + 0,96 LAND SECURITIES GB 13,09 – 0,49 PARTEK FI 8,75 .... ICELAND GROUP GB 2,73 – 2,87 BRUXELLES e + + + PENINS.ORIENT.S GB 3,96 – 2 AIR LIQUIDE FR 161,80 0,25 EMI GROUP GB 5,34 0,30 LIBERTY INTL GB 8,01 0,20 IMPERIAL TOBACC GB 13,80 – 0,35 ARTHUR 2,50 .... AKZO NOBEL NV NL e 51,20 – 1,06 EURO DISNEY FR e 0,97 + 1,04 LONDON STOCK EX GB 6,28 – 0,26 PERLOS FI e 12,19 + 1,58 JERONIMO MARTIN PT e 7,89 .... BASF AG DE e 43,10 + 0,70 HDP IT e 3,40 .... MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... PREMIER FARNELL GB 4,81 + 1,36 KESKO -B- FI e 9,10 – 0,33 BAYER AG DE e 37,95 + 0,66 HERMES INTL FR e 162,10 – 0,25 MEDIOBANCA IT e 12,39 + 1,14 RAILTRACK GB 4,52 .... L’OREAL FR e 77,70 – 0,06 e CODES PAYS ZONE EURO + + e – RANDSTAD HOLDIN NL e 12,93 – 0,08 e – BOC GROUP PLC GB 16,81 0,58 HILTON GROUP GB 3,44 0,95 METROVACESA ES 14,48 0,48 LAURUS NV NL 5,05 0,20 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne DE e 19,80 DE e 23,30 + IT e 2,72 + RENTOKIL INITIA GB 3,89 + 0,84 GB 3,33 + CELANESE N .... HUGO BOSS AG VZ 1,30 MONTEDISON 0,37 MORRISON SUPERM 1,48 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 75,31 – 0,23 NL e 27,30 – 0,73 GB 10,35 + 0,16 REXAM GB 5,76 .... GB 15,66 + 1,25 CIBA SPEC CHIMI HUNTER DOUGLAS PROVIDENT FIN RECKITT BENCKIS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche CLARIANT N CH 22,27 + 1,25 INDITEX R ES e 21,36 + 2,69 RODAMCO EUROPE NL e 40 – 0,37 REXEL FR e 62,50 + 0,73 SAFEWAY GB 5,41 – 2,90 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. COLOPLAST -B- DK 72,53 .... J D WETHERSPOON GB 6,04 – 0,53 RODAMCO NORTH A NL e 45,25 + 0,47 RHI AG AT e 7 .... SAINSBURY J. PL GB 6,05 – 2,85 DEGUSSA (NEU) DE e 28,80 + 0,52 KLM NL e 13,66 + 0,15 ROLINCO NV NL e 25,23 – 0,16 RIETER HLDG N CH 248,40 .... STAGECOACH GROU GB 1,13 .... CODES PAYS HORS ZONE EURO DSM NL e 39,86 – 0,47 LVMH FR e 46,31 + 0,56 SCHRODERS GB 13,48 + 0,48 ROLLS ROYCE GB 2,86 .... TERRA NETWORKS ES e 9,50 + 2,70 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e + EMS-CHEM HOLD A CH 4305,91 .... MEDION DE 47,50 + 0,85 SIMCO N FR 76,70 – 0,13 SANDVIK SE 24,45 0,22 TESCO PLC GB 4 + 0,40 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. ICI GB 6,83 + 0,71 MOULINEX FR e 0,01 .... SLOUGH ESTATES GB 5,30 – 0,61 SAURER N CH 22,30 – 1,22 TPG NL e 22,67 + 0,76 24 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

AIR LIQUIDE...... w 161,70 1060,68 +0,19 161,40 EURAZEO...... w 60,20 394,89 +0,33 60,00 PINAULT-PRIN ...... w 148,20 972,13 – 0,27 148,60 w w w Compen- ALCATEL A...... 21,17 138,87 +3,77 20,40 EURO DISNEY ...... 0,97 6,36 +1,04 0,96 PLASTIC OMN...... 67,90 445,39 – 0,22 68,05 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 9,85 64,61 +2,50 ... EUROTUNNEL ...... w 0,97 6,36 ... 0,97 PROVIMI ...... w 17,70 116,10 – 1,67 18,00 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 14,30 93,80 +0,70 14,20 FAURECIA...... w 62,25 408,33 +1,47 61,35 PSB INDUSTRI...... 77,05 505,41 +0,06 ... ALTRAN TECHN .... w 50,10 328,63 – 0,40 50,30 F.F.P. (NY)...... 97,60 640,21 – 0,10 ... PUBLICIS GR...... w 28,27 185,44 – 0,81 28,50 ADECCO ...... 58 380,46 – 1,61 ... ARBEL...... 3,92 25,71 +12,64 ... FIMALAC...... w 39,50 259,10 +1,02 39,10 REMY COINTRE..... w 25,13 164,84 – 1,45 25,50 AMERICAN EXP...... 38,10 249,92 +0,63 ... VALEURS FRANCE AREVA CIP ...... 152,50 1000,33 +0,59 ... FINAXA ...... RENAULT ...... w 39,10 256,48 – 0,28 39,21 AMVESCAP EXP...... b La cotation de l’action Usinor a repris, ATOS ORIGIN...... w 79,25 519,85 +1,99 77,70 FONC.LYON.#...... 26,65 174,81 +0,95 ... REXEL...... w 62,50 409,97 +0,73 62,05 ANGLOGOLD LT ...... jeudi 22 novembre au matin, après une AVENTIS ...... w 80 524,77 +1,39 78,90 FRANCE TELEC ..... w 46,60 305,68 +2,37 45,52 RHODIA ...... w 10,36 67,96 – 4,69 10,87 A.T.T. #...... 19,35 126,93 – 0,10 ... AXA ...... w 25,60 167,92 +0,91 25,37 FROMAGERIES...... ROCHETTE (LA ...... 6,29 41,26 ...... BARRICK GOLD...... 16,31 106,99 – 1,39 ... séance d’interruption due à l’annonce des BACOU DALLOZ .... 79,70 522,80 – 0,38 ... GALERIES LAF ...... w 145 951,14 +2,11 142,00 ROUGIER #...... 56 367,34 +2,28 ... COLGATE PAL...... modalités de fusion à trois avec le luxem- BAIL INVESTI...... w 121,50 796,99 +0,33 121,10 GAUMONT # ...... 33,70 221,06 +5,31 ... ROYAL CANIN...... w 132,50 869,14 – 0,38 133,00 CROWN CORK O.... 1,95 12,79 +2,09 ... bourgeois Arbed et l’espagnol Aceralia. Le BAZAR HOT. V...... GECINA...... w 85,10 558,22 +0,12 85,00 RUE IMPERIAL...... 1710 11216,86 +3,20 ... DIAGO PLC...... 12,06 79,11 – 1,55 ... BEGHIN SAY ...... w 37,99 249,20 – 0,81 38,30 GENERALE DE...... 15 98,39 – 0,33 ... SADE (NY) ...... DOW CHEMICAL.... 42,25 277,14 +1,05 ... titre Usinor affichait un recul de 3,45 % BIC...... w 37,75 247,62 +1,56 37,17 GEOPHYSIQUE...... w 37,77 247,75 +0,59 37,55 SAGEM ADP...... 48,40 317,48 +2,43 ... DU PONT NEMO ... 50,60 331,91 – 0,78 ... dans les premiers échanges, à 12,60 euros BNP PARIBAS...... w 99,75 654,32 +0,20 99,55 GFI INFORMAT ..... w 12,23 80,22 – 0,08 12,24 SAGEM S.A...... w 63,65 417,52 +1,03 63,00 ECHO BAY MIN ...... 0,68 4,46 +4,62 ... (lire page 18). BOLLORE...... w 238,50 1564,46 – 0,04 238,60 GRANDVISION...... w 17 111,51 ... 17,00 SAINT-GOBAIN...... w 166,90 1094,79 +0,48 166,10 ELECTROLUX ...... 16,58 108,76 +3,69 ... BOLLORE INV...... 50,75 332,90 – 0,49 ... GROUPE ANDRE... 120,10 787,80 – 3,15 ... SALVEPAR (NY ...... 50 327,98 +1,01 ... ELF GABON...... 154,80 1015,42 ...... b L’action LVMH gagnait 0,76 %, jeudi BONGRAIN ...... 42,20 276,81 +0,24 ... GROUPE GASCO ... 69,95 458,84 – 0,64 ... SANOFI SYNTH...... w 75,75 496,89 +1,34 74,75 ERICSSON #...... w 6,13 40,21 +5,69 5,80 matin, à 46,4 euros. Selon le Wall Street Jour- BOUYGUES ...... w 36,44 239,03 – 0,30 36,55 GROUPE PARTO.... 60,55 397,18 +0,08 ... SCHNEIDER EL...... w 52,55 344,71 – 0,85 53,00 FORD MOTOR #..... 19,30 126,60 – 0,67 ... BOUYGUES OFF..... w 35,85 235,16 +1,70 35,25 GR.ZANNIER ( ...... 78,85 517,22 – 1,44 ... SCOR SVN ...... w 38,82 254,64 +1,36 38,30 GENERAL ELEC ...... 46,37 304,17 +0,15 ... nal de jeudi, le groupe de mode milanais B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w 82,45 540,84 – 2,08 84,20 S.E.B...... w 59,30 388,98 – 0,92 59,85 GENERAL MOTO.... 53,10 348,31 – 0,09 ... Prada serait en discussion avec LVMH en BULL# ...... w 1,12 7,35 – 2,61 1,15 HAVAS ADVERT ..... w 9,05 59,36 – 0,55 9,10 SEITA...... 45,50 298,46 – 3,60 ... GOLD FIELDS...... 5,07 33,26 +1,20 ... vue de lui céder sa participation de 25 % BURELLE (LY) ...... 51,85 340,11 – 0,10 ... IMERYS ...... w 103,40 678,26 – 0,39 103,80 SELECTIBAIL(...... 16,20 106,27 ...... HARMONY GOLD .. 5,86 38,44 +1,03 ... BUSINESS OBJ ...... w 37,44 245,59 +1,68 36,82 IMMEUBLES DE .... 22,90 150,21 +5,92 ... SIDEL...... 50 327,98 ...... HITACHI # ...... 8,50 55,76 +1,19 ... dans le capital du couturier romain Fendi. CANAL + ...... w 3,68 24,14 +1,10 3,64 IMMOBANQUE ..... 115,50 757,63 ...... SILIC...... HSBC HOLDING .... w 13,77 90,33 +0,58 13,69 b Le titre Rhodia reculait de 4,78 %, jeudi CAP GEMINI...... w 75,50 495,25 +2,10 73,95 IM.MARSEILLA ...... SIMCO...... w 76,70 503,12 – 0,13 76,80 I.B.M...... w 130 852,74 +0,70 129,10 matin, à 10,35 euros. Selon Le Figaro de jeu- CARBONE-LORR.... w 35,64 233,78 – 0,17 35,70 INFOGRAMES E .... w 15,49 101,61 +3,96 14,90 SKIS ROSSIGN ...... 13,40 87,90 – 0,45 ... I.C.I...... 6,70 43,95 ...... CARREFOUR ...... w 58 380,46 +0,35 57,80 INGENICO ...... w 25,99 170,48 +0,39 25,89 SOCIETE GENE ...... w 64,10 420,47 – 0,16 64,20 ITO YOKADO # ...... 48,50 318,14 – 0,02 ... di, le suisse Clariant a interrompu les négo- CASINO GUICH...... 59,10 387,67 +1,03 ... ISIS...... w ...... 146,00 SODEXHO ALLI ...... w 45,34 297,41 +2,81 44,10 I.T.T. INDUS ...... 55,50 364,06 – 0,63 ... ciations en vue d’une fusion avec le groupe CASINO GUICH...... w 83,50 547,72 – 0,24 83,70 JC DECAUX ...... w 11,49 75,37 +4,36 11,01 SOGEPARC (FI ...... MATSUSHITA...... 15,60 102,33 +7,14 ... w w w chimique français. CASTORAMA DU ... 57,50 377,18 – 1,37 58,30 KAUFMAN ET B..... 15,25 100,03 +1,67 15,00 SOPHIA ...... 30,44 199,67 +0,13 30,40 MC DONALD’S...... 31,27 205,12 +1,46 ... CEGID (LY) ...... 86 564,12 – 1,60 ... KLEPIERRE ...... w 108,20 709,75 +0,19 108,00 SOPRA GROUP ...... w 42,25 277,14 – 1,01 42,68 MERK AND CO...... 74,65 489,67 +0,67 ... b L’action Club Méditerranée s’appréciait CEREOL ...... w 28,57 187,41 ... 28,57 L’OREAL...... w 77,30 507,05 – 0,58 77,75 SPIR COMMUNI .... w 67,10 440,15 – 2,40 68,75 MITSUBISHI C...... 7,75 50,84 – 0,64 ... de 0,55 %, jeudi matin, à 45,4 euros. Le grou- CERESTAR...... w 30,81 202,10 – 0,29 30,90 LAFARGE ...... w 102,50 672,36 +0,49 102,00 SR TELEPERFO ...... w 21,95 143,98 +1,25 21,68 NESTLE SA #...... w 244,20 1601,85 +0,91 242,00 CFF.RECYCLIN ...... 41,30 270,91 +2,56 ... LAGARDERE ...... w 46,08 302,26 +2,24 45,07 SUCR.PITHIVI ...... NORSK HYDRO...... pe de loisirs a annoncé la suppression de CGIP ...... w 34,80 228,27 +1,16 34,40 LAPEYRE ...... w 46,51 305,09 +0,02 46,50 SUEZ...... w 34,55 226,63 – 0,63 34,77 PFIZER INC...... 49,51 324,76 – 0,18 ... 189 emplois, dans le cadre d’un plan d’ac- CHARGEURS...... 62,15 407,68 – 0,56 ... LEBON (CIE) ...... TAITTINGER ...... 648 4250,60 +1,25 ... PHILIP MORRI ...... 54 354,22 – 0,28 ... tion destiné à améliorer sa rentabilité et CHRISTIAN DI...... w 34,56 226,70 +0,76 34,30 LEGRAND ORD...... TECHNIP-COFL ..... w 135,50 888,82 – 0,37 136,00 PROCTER GAMB .... 88,75 582,16 – 0,67 ... CIC -ACTIONS ...... LEGRAND ADP...... TF1...... w 31,32 205,45 +2,89 30,44 RIO TINTO PL...... 20,71 135,85 – 1,29 ... visant à dégager des économies de 30 mil- CIMENTS FRAN ..... w 47,50 311,58 +1,06 47,00 LEGRIS INDUS ...... w 19,68 129,09 +4,13 18,90 THALES ...... w 38,70 253,86 – 1,02 39,10 SCHLUMBERGER... 53,80 352,90 +0,47 ... lions à 40 millions d’euros par an. CLARINS...... w 60 393,57 +0,84 59,50 LIBERTY SURF...... 4,30 28,21 +4,62 ... THOMSON MULT . w 30,80 202,03 +0,65 30,60 SEGA ENTERPR...... b Le titre Danone progressait de 0,23 %, CLUB MEDITER ..... w 44,95 294,85 – 0,44 45,15 LOCINDUS...... 122,80 805,52 ...... TOTAL FINA E ...... w 148,30 972,78 +0,34 147,80 SHELL TRANSP ...... CNP ASSURANC .... w 36,12 236,93 – 0,77 36,40 LOUVRE #...... 63 413,25 – 1,25 ... TRANSICIEL # ...... w 34,58 226,83 +3,53 33,40 SONY CORP. # ...... w 52,45 344,05 – 0,57 52,75 jeudi matin, à 131 euros. La société a annon- COFACE...... w 58,40 383,08 – 0,09 58,45 LVMH MOET HE.... w 46,40 304,36 +0,76 46,05 UBI SOFT ENT ...... w 37,99 249,20 +5,53 36,00 T.D.K. # ...... 59 387,01 +2,61 ... cé qu’elle prolongeait de deux semaines COFLEXIP ...... w 157 1029,85 – 0,32 157,50 MARINE WENDE... w 60,70 398,17 +4,12 58,30 UNIBAIL (POR...... w 56,80 372,58 +0,26 56,65 TOSHIBA #...... 4,97 32,60 +2,90 ... COLAS...... w 64 419,81 – 0,62 64,40 MARIONNAUD P .. 49,95 327,65 – 0,10 ... UNILOG ...... w 67,50 442,77 +0,75 67,00 UNITED TECHO..... 66,50 436,21 +0,76 ... (jusqu’au 21 décembre) son offre sur le CONTIN.ENTRE..... 42,90 281,41 – 0,23 ... MATUSSIERE F...... 7,90 51,82 ...... USINOR...... bw 12,50 81,99 – 4,21 13,05 ZAMBIA COPPE...... 0,31 2,03 ...... groupe de boissons néo-zélandais Fruco. CRED.FON.FRA...... 15,05 98,72 +0,13 ... MAUREL ET PR...... 14,88 97,61 – 0,47 ... VALEO ...... w 43,30 284,03 – 0,46 43,50 ...... CREDIT LYONN ..... w 38,01 249,33 – 0,08 38,04 METALEUROP ...... 3,46 22,70 +2,37 ... VALLOUREC ...... w 50,90 333,88 +1,90 49,95 ...... CS COM.ET SY...... 8,80 57,72 +0,57 ... MICHELIN ...... w 37,24 244,28 – 0,43 37,40 VICAT...... DAMART ...... 79,20 519,52 +0,25 ... MONTUPET SA...... 11,30 74,12 ...... VINCI...... w 66,05 433,26 – 0,97 66,70 ABRE´VIATIONS DANONE...... w 131 859,30 +0,23 130,70 NATEXIS BQ P ...... w 97,20 637,59 +0,41 96,80 VIVENDI ENVI...... w 42,90 281,41 – 0,02 42,91 ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DASSAULT-AVI...... 316,80 2078,07 – 0,88 ... NEOPOST ...... w 33,67 220,86 +0,51 33,50 VIVENDI UNIV ...... w 58,55 384,06 +1,56 57,65 ______w + w – w DASSAULT SYS...... 50,85 333,55 1,82 49,94 NEXANS...... 16,90 110,86 0,53 16,99 WANADOO...... 6,26 41,06 ... 6,26 SYMBOLES DEV.R.N-P.CA...... 14,45 94,79 – 3,02 ... NORBERT DENT ... 22,50 147,59 ...... WORMS (EX.SO...... 18,30 120,04 – 0,60 ... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 22 NOVEMBRE Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 63,65 417,52 +1,19 ... NORD-EST...... 26,50 173,83 +4,74 ... ZODIAC...... w 208,80 1369,64 +2,25 204,20 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DMC (DOLLFUS..... 7,67 50,31 +1,19 ... NRJ GROUP...... 22 144,31 +0,23 21,95 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 26 novembre w + DYNACTION ...... OBERTHUR CAR.... 7,95 52,15 0,76 7,89 ...... d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w EIFFAGE ...... 63,90 419,16 – 0,08 63,95 OLIPAR...... 6,60 43,29 – 0,75 ...... ` ´ ´ Compen- w de reglement differe. Cours Cours % Var. ELECT.MADAGA .... 22,60 148,25 ...... ORANGE ...... 9,73 63,82 – 0,31 9,76 ...... sation France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 8,65 56,74 +1,05 8,56 OXYG.EXT-ORI...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ENTENIAL(EX...... 26,99 177,04 +0,33 ... PECHINEY ACT...... w 52,75 346,02 – 1,95 53,80 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 37,30 244,67 +1,08 36,90 ERAMET ...... w 32,89 215,74 – 0,33 33,00 PECHINEY B P ...... 50,25 329,62 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE...... 36,89 241,98 – 0,03 ... ESSILOR INTL ...... w 32,86 215,55 – 0,27 32,95 PENAUILLE PO...... w 33,18 217,65 +2,28 32,44 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AGF ...... w 58 380,46 ... 58,00 ESSO ...... 79,20 519,52 +0,13 ... PERNOD-RICAR .... w 77,55 508,69 +0,71 77,00 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 16,01 105,02 – 1,29 16,22 EULER...... w 44,50 291,90 +1,14 44,00 PEUGEOT ...... w 49,49 324,63 +0,59 49,20 ......

CHEMUNEX ...... 0,31 2,03 ... GUILLEMOT # ...... 18,36 120,43 +1,66 NET2S # ...... 5,80 38,05 – 3,33 GEODIS...... 24,50 160,71 +3,16 CMT MEDICAL ..... 12,35 81,01 +0,41 GUYANOR ACTI .... 0,16 1,05 ... NETGEM...... w 2,73 17,91 – 2,85 GFI INDUSTRI...... 19,06 125,03 +0,05 NOUVEAU COALA # ...... 19 124,63 ... GENESYS BS00...... 1,30 8,53 – 7,14 NETVALUE # ...... 1,39 9,12 – 3,47 SECOND GRAND MARNIE .. d 7500 49196,78 ... COHERIS ATIX...... 9,95 65,27 +2,05 HF COMPANY ...... 26,90 176,45 +1,89 NEURONES #...... 3,80 24,93 – 1,81 ______GROUPE BOURB... d 50 327,98 ... ´ COIL...... 13,25 86,91 ... HIGH BON DE ...... d 3,50 22,96 ... NICOX #...... 53,90 353,56 – 0,46 GROUPE CRIT ...... 16,40 107,58 +10,81 MARCHE CION ET SYS...... 1,57 10,30 +2,61 HIGH CO.#...... 96,60 633,65 – 1,28 OLITEC...... 8,35 54,77 ... ´ GROUPE J.C.D...... 153,60 1007,55 ... CONSODATA ...... d 7,30 47,88 ... HIGHWAVE OPT ... w 4,10 26,89 – 3,30 OPTIMS # ...... 1,45 9,51 – 3,33 MARCHE HERMES INTL...... w 162,50 1065,93 ... MERCREDI 21 NOVEMBRE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HIMALAYA ...... 1,45 9,51 – 3,33 OXIS INTL RG ...... 0,22 1,44 +4,76 HYPARLO #(LY ...... 32,99 216,40 – 1,49 CONSORS FRAN .. 2,07 13,58 – 3,72 HI MEDIA ...... 0,70 4,59 +18,64 PERF.TECHNO...... d 0,01 0,07 ... JEUDI 22 NOVEMBRE IMS(INT.META ...... 7,11 46,64 +1,57 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 1,13 7,41 – 0,88 HOLOGRAM IND.. 4,30 28,21 +0,70 PERFECT TECH .... 4,01 26,30 – 13,20 INTER PARFUM .... 59 387,01 – 3,28 CRYO # ...... 4,80 31,49 – 4 HUBWOO.COM ..... 1,21 7,94 – 12,95 PHARMAGEST I.... 11,20 73,47 +0,54 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 JET MULTIMED .... 17,90 117,42 +2,29 CRYONETWORKS. 3,55 23,29 – 24,47 IB GROUP.COM .... 2,70 17,71 +7,57 PHONE SYS.NE..... 2,50 16,40 +66,67 LAURENT-PERR .... 23,25 152,51 +1,09 Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,62 4,07 – 6,06 IDP ...... 1 6,56 – 7,41 PICOGIGA...... 4,21 27,62 – 7,47 Cours Cours % Var. LDC ...... 111 728,11 +0,63 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 10,80 70,84 – 0,46 IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PROLOGUE SOF ... 5,32 34,90 – 3,27 LECTRA (B) #...... 4,20 27,55 +2,44 A NOVO # ...... w 15,70 102,99 – 1,07 CYBERSEARCH ..... 1,87 12,27 – 1,06 IGE +XAO ...... 8,70 57,07 ... PROSODIE #...... 35,35 231,88 – 0,95 AB GROUPE ...... 28 183,67 ... LOUIS DREYFU ..... b 14,10 92,49 +0,71 AB SOFT ...... d 6,50 42,64 ... CYRANO #...... d ...... ILOG #...... 10,75 70,52 – 3,15 PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... ACTIELEC TEC ...... 4 26,24 – 0,74 LVL MEDICAL...... 26,12 171,34 – 2,54 ABEL GUILLEM..... 6,70 43,95 – 0,89 D INTERACTIV ..... 1,05 6,89 +3,96 IMECOM GROUP.. d 0,75 4,92 ... JEAN CLAUDE...... 1,49 9,77 +8,76 ALGECO #...... 85,40 560,19 +0,95 M6-METR.TV A...... w 28 183,67 +1,08 ACCESS COMME .. 4,35 28,53 – 7,45 DIREKT ANLAG .... 15,80 103,64 +1,28 INFOSOURCES...... b 0,71 4,66 +2,90 QUALIFLOW ...... 5,67 37,19 – 3,90 ALTEDIA...... 30 196,79 ... MANITOU #...... 67 439,49 ... ACTEOS ...... 1,62 10,63 – 4,71 DIREKT ANLAG .... 12,60 82,65 – 0,63 INFOTEL # ...... 27,75 182,03 – 1,35 QUANTEL ...... 4,16 27,29 ... ALTEN (SVN) ...... w 17,15 112,50 +0,29 MANUTAN INTE... 37 242,70 +0,52 ADL PARTNER ...... 8,15 53,46 – 2,04 DALET # ...... 1,23 8,07 +5,13 INFO VISTA ...... 3,71 24,34 – 3,64 R2I SANTE...... 4,10 26,89 – 1,20 APRIL S.A.#( ...... 16,70 109,54 – 0,30 PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALDETA ...... 2,50 16,40 – 13,79 DATASQUARE #.... 0,72 4,72 – 1,37 INTEGRA...... w 1,50 9,84 – 3,23 R2I SANTE BO ...... 0,02 0,13 ... ARKOPHARMA # .. 41,95 275,17 ... PCAS #...... 20,78 136,31 – 0,05 ALGORIEL #...... 4,78 31,35 ... DESK #...... d 0,89 5,84 ... INTEGRA ACT...... RECIF # ...... 16,70 109,54 – 6,70 ASSYSTEM # ...... 36 236,14 ... PETIT FOREST...... 46,90 307,64 – 0,32 ALPHA MOS #...... 3,36 22,04 ... DEVOTEAM #...... w 19,50 127,91 – 5,25 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... REGINA RUBEN ... 0,33 2,16 +3,13 AUBAY ...... 4,45 29,19 +1,14 PIERRE VACAN...... 66 432,93 – 1,49 ALPHA MOS BO.... 0,25 1,64 +4,17 DMS #...... 12 78,71 – 3,23 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... REPONSE # ...... 13 85,27 +6,56 BENETEAU #...... 79,50 521,49 – 2,51 PINGUELY HAU .... w 10,86 71,24 +2,45 ALPHAMEDIA ...... d 0,52 3,41 ... DURAN DUBOI .... 10,66 69,93 +0,09 INTERCALL RE ...... 13,25 86,91 ... RIBER #...... 4,60 30,17 – 4,17 BOIRON (LY)#...... 71,75 470,65 +2,35 POCHET...... d 110 721,55 ... ALTAMIR & CI ...... 70,20 460,48 – 1,54 DURAND ALLIZ.... 0,39 2,56 – 2,50 IPSOS # ...... w 63,05 413,58 – 1,33 RIGIFLEX INT...... 29 190,23 +9,64 BONDUELLE...... 46,20 303,05 +0,11 RADIALL # ...... 62,05 407,02 – 3,05 ALTI #...... 9,12 59,82 – 2,88 DURAN BS 00 ...... d 0,10 0,66 ... IPSOS BS00...... 1,20 7,87 ... RISC TECHNOL .... 8,64 56,67 +0,47 BQUE TARNEAU... d 79,10 518,86 ... RALLYE (LY)...... w 48,50 318,14 – 0,14 ARTPRICE COM.... 6,01 39,42 +4,34 EFFIK # ...... 20,90 137,10 – 4,57 IT LINK...... 2,89 18,96 – 2,03 SAVEURS DE F...... 12,70 83,31 – 1,55 BRICORAMA # ...... 46,95 307,97 ... RODRIGUEZ GR ... w 53,95 353,89 – 0,28 ASTRA ...... 0,55 3,61 – 1,79 EGIDE #...... 77,20 506,40 +0,06 ITESOFT...... 1,97 12,92 – 0,51 SELF TRADE...... 2,84 18,63 – 2,07 BRIOCHE PASQ .... 67,85 445,07 +2,03 SABATE-DIOSO ..... 16,30 106,92 – 1,45 AUFEMININ.CO.... 1,28 8,40 +3,23 EMME NV ...... 13,95 91,51 ... IXO...... 0,65 4,26 +18,18 SITICOM GROU.... 4,99 32,73 – 0,20 BUFFALO GRIL..... 8,62 56,54 ... SECHE ENVIRO ..... 76,50 501,81 +0,99 AUTOMA TECH .... 2,95 19,35 – 7,81 ESI GROUP ...... 13,40 87,90 – 0,74 INFOSOURCE B .... b 0,01 0,07 – 99,31 SODITECH ING .... 3,85 25,25 +8,45 C.A. OISE CC ...... d 89,80 589,05 ... SINOP.ASSET...... d 27,50 180,39 ... AVENIR TELEC...... d 0,16 1,05 ... ESKER...... 5,15 33,78 +3,21 KALISTO ENTE...... 2,15 14,10 +2,87 SOFT COMPUTI.... 3,80 24,93 ... C.A. PARIS I...... 62,50 409,97 +2,54 SIPAREX CROI ...... 26,99 177,04 ... AVENIR TELEC...... w 1,95 12,79 +1,56 EUROFINS SCI...... 19,80 129,88 +9,51 ORCHESTRA KA .... 0,90 5,90 +3,45 SOI TEC SILI...... w 18,50 121,35 – 2,63 C.A.PAS CAL...... 131 859,30 +0,77 SOLERI ...... d 125 819,95 ... BAC MAJESTIC...... 2,09 13,71 – 0,48 EURO.CARGO S.... 13,40 87,90 – 1,47 KEYRUS PROGI ..... 1,10 7,22 – 5,17 SOLUCOM ...... 31,40 205,97 ... CDA-CIE DES...... 52,90 347 +0,19 SOLVING #...... 49 321,42 – 1,21 BARBARA BUI ...... 13,22 86,72 – 0,45 FI SYSTEM # ...... w 2,25 14,76 – 2,17 LA COMPAGNIE.... 6,49 42,57 ... SQLI ...... 1,13 7,41 – 5,83 CEGEDIM #...... 48,60 318,80 – 0,82 STEF-TFE # ...... 57,40 376,52 – 0,69 BCI NAVIGATI...... 4,85 31,81 +8,99 FIMATEX # ...... w 3,40 22,30 – 2,02 TETE DS LES ...... 1,18 7,74 +1,72 STACI # ...... 1,35 8,86 – 12,90 CIE FIN.ST-H ...... d 125 819,95 ... STERIA GROUP ..... 31 203,35 +3,30 BELVEDERE...... 22 144,31 +7,84 FLOREANE MED .. 7,70 50,51 – 3,27 LEXIBOOK # S...... 17,50 114,79 – 1,02 STELAX...... 0,71 4,66 +2,90 CNIM #...... 48,81 320,17 +0,02 SYLEA ...... d 40 262,38 ... BOURSE DIREC .... 2,50 16,40 ... FI SYSTEM BS...... 0,15 0,98 ... LINEDATA SER...... 19,15 125,62 +0,26 SYNELEC # ...... 10,50 68,88 – 1,87 COFITEM-COFI..... d 62,45 409,65 ... SYLIS # ...... 21 137,75 +0,48 BRIME TECHN...... 0,22 1,44 – 15,38 GAMELOFT COM . 0,58 3,80 ... LYCOS EUROPE..... 0,98 6,43 – 2,97 SYSTAR # ...... 3,86 25,32 – 3,02 DANE-ELEC ME.... 3 19,68 +2,04 SYNERGIE (EX ...... 25,50 167,27 +5,37 BRIME TECHNO... 33,95 222,70 – 0,15 GAUDRIOT #...... 34 223,03 +0,03 LYCOS FRANCE..... 2,02 13,25 – 3,81 SYSTRAN ...... 1,65 10,82 – 4,62 ETAM DEVELOP ... d 9,25 60,68 ... TEAM PARTNER ... 4,30 28,21 ... BUSINESS ET ...... 7,30 47,88 +2,10 GENERIX # ...... 15,13 99,25 +0,87 MEDCOST #...... 1,44 9,45 +2,86 SOI TEC BS 0...... 9,30 61 – 15,45 EUROPEENNE C... 37,65 246,97 ... TRIGANO...... w 23,89 156,71 +3,42 BUSINESS INT ...... 1,69 11,09 – 10,58 GENESYS #...... 15,60 102,33 +3,52 MEDIDEP #...... 18,20 119,38 – 2,67 TELECOM CITY..... 2,70 17,71 +8 EXPAND S.A...... 55 360,78 ... UNION FIN.FR...... 34 223,03 – 0,15 BVRP ACT.DIV...... w 7,15 46,90 – 6,17 GENSET...... w 8 52,48 – 2,32 MEMSCAP ...... 2,38 15,61 ... TEL.RES.SERV...... 2,15 14,10 +7,50 FINATIS(EX.L ...... d 115,60 758,29 ... VILMOR.CLAUS ..... 71,25 467,37 +0,35 CAC SYSTEMES..... 4,97 32,60 ... GENUITY INC...... 1,69 11,09 – 5,59 METROLOGIC G ... 56,30 369,30 – 1,92 THERMATECH I.... 9,68 63,50 +0,10 FININFO...... 32 209,91 +2,89 VIRBAC...... 91,05 597,25 ... CALL CENTER...... 10 65,60 – 1,96 GL TRADE #...... 38,11 249,99 – 2,53 MICROPOLE UN ... 4,20 27,55 – 11,76 TISCALI SPA ...... 11,09 72,75 +2,69 FLEURY MICHO ... 22,64 148,51 +0,04 ...... CARRERE GROU... 17,42 114,27 +1,28 GPE ENVERG.C..... 0,87 5,71 – 4,40 MILLIMAGES...... 7,60 49,85 – 5 TITUS INTERA ...... 3,94 25,84 – 3,19 FOCAL GROUPE ... 46,40 304,36 – 1,04 ...... CAST ...... 3,69 24,20 +2,50 SILICOMP # ...... 23,95 157,10 – 2,24 MONDIAL PECH ... 5,15 33,78 – 10,90 TITUS INTER...... 1,17 7,67 – 6,40 GECI INTL...... 8,90 58,38 – 1 ...... CEREP...... 18,16 119,12 +0,33 GUILLEMOT BS.... 8,64 56,67 +5,49 NATUREX...... 13,86 90,92 – 10 TRACING SERV..... 17,60 115,45 – 0,51 GENERALE LOC.... 10,55 69,20 – 2,31 ......

E´CUR. MONE´TAIRE C ...... 224,03 1469,54 21/11 CIC ECOCIC ...... 367,12 2408,15 21/11 CM OBLIG. LONG TERME .... 109,89 720,83 21/11 POSTE GESTION D ...... 2323,19 15239,13 21/11 E´CUR. MONE´TAIRE D...... 186,61 1224,08 21/11 CIC ELITE EUROPE...... 133,93 878,52 20/11 CM OPTION DYNAM...... 30,88 202,56 21/11 POSTE PREMIE`RE...... 7118,16 46692,07 21/11 SICAV et FCP E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 181,79 1192,46 21/11 CIC EUROLEADERS ...... 389,84 2557,18 21/11 CM OPTION E´QUIL...... 54,25 355,86 21/11 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42564,82 279206,92 21/11 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 39,38 258,32 21/11 CIC FRANCE C ...... 35,33 231,75 21/11 CM OBLIG. COURT TERME .. 165,75 1087,25 21/11 POSTE PREMIE`RE 2-3 ...... 9264,74 60772,71 21/11 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 276,09 1811,03 21/11 CIC FRANCE D...... 35,33 231,75 21/11 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 344,80 2261,74 21/11 PRIMIEL EURO C ...... 53,15 348,64 21/11 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 21 novembre E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,56 187,34 21/11 CIC HORIZON C...... 68,60 449,99 21/11 CM OBLIG. QUATRE...... 166,93 1094,99 21/11 REVENUS TRIMESTRIELS ..... 792,23 5196,69 21/11 GE´OPTIM C ...... 2348,91 15407,84 21/11 CIC HORIZON D ...... 66,16 433,98 21/11 Fonds communs de placements SOLSTICE D...... 365,63 2398,38 21/11 1439,82 ´ Fonds communs de placements CIC MENSUEL...... 9444,60 21/11 CM OPTION MODE´RATION . 19,47 127,71 21/11 THESORA C ...... 190,75 1251,24 21/11 e CIC MONDE PEA...... 28,42 186,42 21/11 ´ E´metteurs f Valeurs unitaires Date E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,01 249,33 21/11 THESORA D...... 159,24 1044,55 21/11 Euros francs ee cours E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,71 227,68 21/11 CIC OBLI COURT TERME C .. 24,80 162,68 21/11 ASSET MANAGEMENT TRE´SORYS C...... 47526,50 311753,40 21/11 19,69 129,16 21/11 E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 40,98 268,81 21/11 CIC OBLI COURT TEME D.... Fonds communs de placements CIC OBLI LONG TERME C .... 15,66 102,72 21/11 AGIPI AME´RIQUE 2000 ...... 129,72 850,91 21/11 ´ CIC OBLI LONG TERME D.... 15,46 101,41 21/11 DEDIALYS FINANCE ...... 83,52 547,86 21/11 08 36 68 56 55 ASIE 2000...... 73,35 481,14 21/11 ´ AGIPI AMBITION (AXA) ...... 25,76 168,97 21/11 CIC OBLI MONDE ...... 404,42 2652,82 16/11 DEDIALYS MULTI-SECTEURS 63,84 418,76 21/11 (2,21 F/mn) NOUVELLE EUROPE ...... 217,09 1424,02 21/11 ´ ´ AGIPI ACTIONS (AXA)...... 26,49 173,76 21/11 CIC OR ET MAT...... 99,42 652,15 21/11 ´ DEDIALYS SANTE ...... 95,17 624,27 21/11 ATOUT CROISSANCE D...... 335,30 2199,42 21/11 SAINT-HONORE CAPITAL C . 3675,05 24106,75 21/11 ´ CIC ORIENT ...... 150,46 986,95 21/11 ´ DEDIALYS TECHNOLOGIES .. 36,48 239,29 21/11 ATOUT EUROPE C ...... 513,51 3368,40 21/11 SAINT-HONORE CAPITAL D . 3330,04 21843,63 21/11 ´ 3615 BNP CIC PIERRE ...... 33,82 221,84 21/11 DEDIALYS TELECOM ...... 47,41 310,99 21/11 ATOUT FRANCE C...... 194,93 1278,66 21/11 ST-HONORE´ CONVERTIBLES 336,55 2207,62 21/11 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) POSTE EUROPE C ...... 93,99 616,53 21/11 Fonds communs de placements ST-HONORE´ FRANCE...... 56,75 372,26 21/11 ATOUT FRANCE D ...... 176,64 1158,68 21/11 POSTE EUROPE D...... 89,65 588,07 21/11 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 76,65 502,79 21/11 ST-HONORE´ PACIFIQUE...... 85,75 562,48 21/11 BNP MONE´ COURT TERME.. 2500,08 16399,45 21/11 CIC EUROPEA C ...... 10,55 69,20 21/11 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 203,01 1331,66 21/11 ATOUTFRANCEEUROPED.. 176,33 1156,65 21/11 10,28 67,43 ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 112,17 735,79 21/11 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13707,89 89917,86 20/11 CIC EUROPEA D...... 21/11 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 186,36 1222,44 21/11 ´ ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 371,46 2436,62 21/11 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11968,30 78506,90 20/11 ATOUT FRANCE MONDE D .. 44,44 291,51 21/11 CIC EURO OPPORTUNITE .... 30,57 200,53 21/11 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 96,87 635,43 21/11 REMUNYS PLUS ...... 103,15 676,62 21/11 BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 78129,30 512494,61 21/11 ATOUT MONDE C...... 53,26 349,36 21/11 CIC GLOBAL C...... 247,34 1622,44 21/11 ´ WEB INTERNATIONAL ...... 26,07 171,01 21/11 BNP OBLI. CT...... 167,44 1098,33 21/11 ATOUT SELECTION D ...... 106,04 695,58 21/11 CIC GLOBAL D ...... 247,34 1622,44 21/11 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. LT ...... 34,80 228,27 21/11 CAPITOP EUROBLIG C...... 102,19 670,32 21/11 CIC HIGH YIELD ...... 102,76 674,06 10/07 Serveur vocal : ANTIN OBLI. MT C ...... 155,50 1020,01 21/11 CAPITOP EUROBLIG D...... 84,31 553,04 21/11 CIC JAPON ...... 8,44 55,36 21/11 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ANTIN OBLI. MT D...... 142,72 936,18 21/11 CAPITOP MONDOBLIG C...... 45,38 297,67 21/11 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 103,94 681,80 16/11 CADENCE 1 D...... 157,59 1033,72 21/11 ANTIN OBLI. SPREADS C...... 189,07 1240,22 21/11 CAPITOP REVENUS D ...... 174,62 1145,43 21/11 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 5,49 36,01 21/11 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 201,88 1324,25 20/11 DIE`ZE C...... 443,78 2911,01 21/11 23,76 155,86 20/11 CADENCE 2 D...... 155,43 1019,55 21/11 KLEBER EURO SOUVERAIN C 1981,25 12996,15 21/11 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... Fonds communs de placements INDICIA EUROLAND D ...... 111,68 732,57 20/11 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 18,86 123,71 20/11 CADENCE 3 D...... 155,52 1020,14 21/11 Fonds communs de placements ´ INDICIA FRANCE D ...... 368,10 2414,58 20/11 CIC PROFIL TEMPE´RE´...... 136,14 893,02 20/11 STRATEGIE CAC ...... 5924,97 38865,26 20/11 CONVERTIS C ...... 230,32 1510,80 21/11 BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1831,81 12015,89 21/11 ´ INDOCAM AME´RIQUE C...... 40,99 268,88 21/11 CIC TAUX VARIABLES...... 197,48 1295,38 16/11 STRATEGIE INDICE USA...... 9421,07 61798,17 20/11 INTEROBLIG C ...... 60,45 396,53 21/11 ´ INDOCAM ASIE C ...... 17,97 117,88 21/11 CIC TECHNO. COM...... 80,73 529,55 21/11 INTERSELECTION FR. D...... 74,26 487,11 21/11 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT www.lapostefinance.fr ´ ´ INDOCAM FRANCE C ...... 334,98 2197,32 21/11 CIC USA ...... 18,71 122,73 21/11 Sicav Info Poste : SELECT DEFENSIF C...... 194,01 1272,62 21/11 ´ www.bpam.fr 01 58 19 40 00 INDOCAM FRANCE D...... 275,35 1806,18 21/11 CIC VAL. NOUVELLES...... 279,50 1833,40 21/11 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... 241,92 1586,89 21/11 BP OBLI HAUT REND...... 107,28 703,71 20/11 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 188,89 1239,04 21/11 SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 169,81 1113,88 21/11 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 56,43 370,16 20/11 Fonds communs de placements www.clamdirect.com ADDILYS C ...... 107,21 703,25 21/11 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 145,92 957,17 21/11 ´ ADDILYS D...... 106,36 697,68 21/11 ´ 209,55 BP NOUVELLE ECONOMIE ... 97,46 639,30 20/11 ATOUT VALEUR D...... 78,56 515,32 20/11 SELECT PEA 1 ...... 1374,56 21/11 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 25,68 168,45 21/11 BP OBLIG. EUROPE ...... 52,83 346,54 21/11 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 192,36 1261,80 23/11 EURCO SOLIDARITE´...... 232,43 1524,64 21/11 SG FRANCE OPPORT. C...... 420,51 2758,36 21/11 ´ ´ AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 24,87 163,14 21/11 BP SECURITE...... 103295,84 677576,29 21/11 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 189,56 1243,43 23/11 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 491,33 3222,91 21/11 SG FRANCE OPPORT. D...... 393,74 2582,77 21/11 AMPLITUDE EUROPE C...... 32,74 214,76 21/11 CYCLEO EUROPE CYCLIQUE. 108,04 708,70 20/11 INDOCAM FONCIER...... 92 603,48 21/11 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 413,78 2714,22 21/11 SOGENFRANCE C ...... 462,95 3036,75 21/11 AMPLITUDE EUROPE D...... 31,36 205,71 21/11 CYCLEO EUROPE CROISSAN 118,86 779,67 20/11 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 267,96 1757,70 20/11 SICAV 5000 ...... 158,83 1041,86 21/11 SOGENFRANCE D...... 417,19 2736,59 21/11 ´ AMPLITUDE FRANCE ...... 84,11 551,73 21/11 CYCLEO EUROPE DEFENSIV. 101,08 663,04 20/11 MASTER ACTIONS C...... 41,77 273,99 19/11 SLIVAFRANCE ...... 274,01 1797,39 21/11 SOGEOBLIG C...... 114,62 751,86 21/11 AMPLITUDE MONDE C ...... 227,90 1494,93 21/11 EUROACTION MIDCAP...... 126,32 828,60 21/11 MASTER DUO C...... 14,36 94,20 19/11 SLIVARENTE...... 40,13 263,24 21/11 SOGE´PARGNE D...... 44,65 292,88 21/11 AMPLITUDE MONDE D...... 204,42 1340,91 21/11 FRUCTI EURO 50 ...... 97,91 642,25 21/11 MASTER OBLIGATIONS C ..... 31,15 204,33 19/11 SLIVINTER ...... 154,66 1014,50 21/11 SOGEPEA EUROPE...... 220,69 1447,63 21/11 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 15,72 103,12 21/11 FRUCTIFRANCE C ...... 80,90 530,67 21/11 MASTER PEA D...... 12,59 82,58 19/11 TRILION...... 749,63 4917,25 21/11 SOGINTER C...... 53,23 349,17 21/11 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 15,02 98,52 21/11 FRUCTIFONDS FRANCE NM 179,14 1175,08 21/11 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 18,85 123,65 20/11 Fonds communs de placements E´LANCIEL EURO D PEA ...... 98,98 649,27 21/11 Fonds communs de placements OPTALIS DYNAMIQ. D...... 17,67 115,91 20/11 www.cdcixis-am.fr ACTILION DYNAMIQUE C.... 184,80 1212,21 21/11 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 40,44 265,27 21/11 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 15,65 102,66 20/11 OPTALIS E´QUILIB. C ...... 19 124,63 20/11 ACTILION DYNAMIQUE D.... 174,07 1141,82 21/11 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 30,73 201,58 21/11 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 53,71 352,31 20/11 OPTALIS E´QUILIB. D...... 17,29 113,41 20/11 ACTILION PEA DYNAMIQUE 68,58 449,86 21/11 GE´OBILYS C ...... 123,06 807,22 21/11 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 33,61 220,47 21/11 OPTALIS EXPANSION C ...... 15,10 99,05 20/11 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 179,67 1178,56 21/11 GE´OBILYS D...... 112,20 735,98 21/11 DE´CLIC BOURSE PEA...... 51,77 339,59 20/11 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION D...... 14,73 96,62 20/11 ACTILION E´QUILIBRE D...... 167,99 1101,94 21/11 INTENSYS C ...... 20,74 136,05 21/11 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 16,71 109,61 20/11 LIVRET BOURSE INVEST...... 188,45 1236,15 20/11 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18,06 118,47 20/11 ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 169,44 1111,45 21/11 INTENSYS D...... 17,63 115,65 21/11 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,67 115,91 20/11 NORD SUD DE´VELOP. C...... 529,41 3472,70 20/11 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,86 104,03 20/11 ACTILION PRUDENCE C ...... 174,64 1145,56 21/11 KALEIS DYNAMISME C...... 221,44 1452,55 21/11 DE´CLIC PEA EUROPE...... 24,81 162,74 20/11 NORD SUD DE´VELOP. D ...... 408,57 2680,04 20/11 PACTE SOL. LOGEM...... 76,90 504,43 20/11 ACTILION PRUDENCE D...... 162,74 1067,50 21/11 KALEIS DYNAMISME D ...... 215,37 1412,73 21/11 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 60,77 398,63 20/11 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 81,91 537,29 20/11 Sicav en ligne : INTERLION ...... 235,84 1547,01 21/11 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 80,47 527,85 21/11 FAVOR ...... 307,22 2015,23 21/11 08 92 68 09 00 (2,21 F/mn) LION ACTION EURO ...... 89,74 588,66 21/11 KALEIS E´QUILIBRE C...... 204,40 1340,78 21/11 SOGESTION C...... 48,45 317,81 20/11 ´ E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 50,67 332,37 21/11 www.cic-am.com LION PEA EURO...... 90,66 594,69 21/11 KALEIS EQUILIBRE D...... 198,02 1298,93 21/11 SOGINDEX FRANCE C ...... 531,26 3484,84 20/11 ´ ´ ´ E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 17,61 115,51 21/11 KALEIS SERENITE C...... 192,74 1264,29 21/11 ...... ´ ´ ´ E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 64,29 421,71 21/11 CIC CAPIRENTE MT C...... 36,11 236,87 21/11 KALEIS SERENITE D ...... 186,31 1222,11 21/11 ...... E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,66 292,95 21/11 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,82 175,93 21/11 KALEIS TONUS C PEA...... 70,51 462,52 21/11 ...... ´ ´ ´ E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 42,89 281,34 21/11 CIC AMERIQUE LATINE ...... 102,89 674,91 21/11 CM EURO PEA...... 21,55 141,36 21/11 LIBERTESETSOLIDARITE.... 102,99 675,57 21/11 ...... E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 43,97 288,42 21/11 CIC CONVERTIBLES...... 5,48 35,95 21/11 CM EUROPE TECHNOL...... 4,47 29,32 21/11 OBLITYS C...... 115,22 755,79 21/11 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14783,97 96976,49 21/11 CIC COURT TERME C ...... 34,21 224,40 21/11 CM FRANCE ACTIONS ...... 34,39 225,58 21/11 OBLITYS D ...... 113,42 743,99 21/11 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,26 277,21 19/11 CIC COURT TERME D...... 27,06 177,50 21/11 CM MID. ACT. FRANCE...... 30,28 198,62 21/11 PLE´NITUDE D PEA ...... 42,73 280,29 21/11 LE´GENDE : e Hors frais. ee A titre indicatif. E´CUR. INVESTISSEMENTS D 52,40 343,72 21/11 CIC DOLLAR CASH...... 1422,39 .... 21/11 CM MONDE ACTIONS...... 318,85 2091,52 21/11 POSTE GESTION C ...... 2620,69 17190,60 21/11 CARNET LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 25

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – Michelle et Jean-Pierre de Saintilan, – Odette Pélegrine, – M. et Mme Jean-Marc Angelloz, Conférences leurs enfants et petits-enfants, son épouse, ses grands-parents, Naissances Jean Strozecki Martine et Bernard Pélegrine, Dominique Payen de la Garanderie, Vendredi 23 novembre 2001, et ses enfants, ses enfants, sa mère, 20 h 15 à 21 h 30, Danièle Strozecki, Yann Pélegrine, « Les étapes de la méditation ». Laurence de CAMBRONNE Gilbert et Geneviève Cornu, son petit-fils, Ses oncles et tantes, et Fabien ROLAND LEVY, ont la tristesse de faire part du décès, Renée Pélegrine, Ses cousins et cousines, Loge unie des théosophes, Michael Chantal et Alain MAMOU-MANI, dans sa quatre-vingt-quinzième année, sa belle-fille, Et tous ses amis, 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. ses grands-parents, du Sa famille, ont la tristesse de faire part du décès de Entrée libre et gratuite. Stanislas, Alexandre, Paul, Hadrien, ont la tristesse de faire part de la Tél. : 01-47-20-42-87. Raphaël, Mathias et Arthur, docteur disparition de Catherine www.theosophie.asso.fr ses oncles, Irène CORNU-STROZECKA, PAYEN de la GARANDERIE, Karoli Julie et Jeremy, ancien combattant Oscar PÉLEGRINE, ses parents, de la guerre d'Espagne, survenu le 18 novembre 2001, à l'âge de Rencontres ont la joie de faire part de la naissance de médaillée de la Résistance. survenue le 21 novembre 2001. guitariste du groupe Can vingt-huit ans. Rencontre de Notre-Dame- Maxélie GILBERT, Selon sa volonté, don a été fait de son Les obsèques auront lieu le vendredi de-la-Sagesse : MOURIR sur scène en jouant de corps à la science. 23 novembre, à 16 h 15, au cimetière La cérémonie religieuse aura lieu le « Sagesse chrétienne le 10 août 2001. vendredi 23 novembre, à 9 heures, en la la guitare : si pour certains musi- ancien de Boulogne-Billancourt (Hauts- et raison scientifique », Cet avis tient lieu de faire-part. de-Seine), entrée principale rue de paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, place ciens du paraître, cette fin très avec Mgr Pierre d'Ornellas, Adresse des parents : l'Ouest. de la Porte-de-Saint-Cloud, suivie de évêque auxiliaire de Paris, rock’n’roll représente un idéal, 22, rue Véron, 14, rue Jean-Longuet, l'inhumation au cimetière du directeur de l'école Cathédrale, rien ne pouvait moins convenir à 75018 Paris. 92290 Châtenay-Malabry. Ni fleurs ni couronnes. Montparnasse. Xavier Le Pichon, géophysicien, Michael Karoli, personnalité dis- professeur au Collège de France, crète, d’une grande humanité, Anniversaires de naissance – On nous prie d'annoncer le décès de – M. Jean-Claude Rouy, Jean Dhombres, mathématicien, me Anniversaires de décès artiste pour qui l’effet ne se conce- M. et M Jean-Pierre Colignon, directeur d'études à l'Ehess. vait que s’il était un acte musical. M. Yannick GUILLOU, M. et Mme Michel Ambroise, – Il y a un an, le 23 novembre 2000, Kronia polla... romaniste agrégation écrit, M. et Mme Michel Rouy, décédait C’est pourtant ainsi qu’est décédé ancien bibliothécaire ses enfants, Maison Notre-Dame-de-la-Sagesse, le guitariste allemand, à Essen, en Kronia polla, princesse... université Rennes-II, Rémy, Benoît, Séverine, 13 bis, rue Abel-Gance, 75013 Paris. En cette historique journée ancien professeur Christophe, Céline, Fabien et Vincent, Paul BÉQUET, Tél : 01-53-61-37-20, Allemagne, lors d’un concert, président honoraire samedi 17 novembre. Telle une caresse de Saint-Cyr-Coëtquidan ses petits-enfants, métro Quai-de-la-Gare Pour toi cette pensée : et du lycée d'Auxerre. me à la cour d'appel de Paris, Né le 29 avril 1948 à Straubing M Yvonne Girod, ou Bibliothèque ou bus 89, M. et Mme Pierre Girod, le samedi 24 novembre 2001, à 15 h 30. en Bavière, violoniste, flûtiste, Etre l'Etre... Les obsèques auront lieu le vendredi à l'âge de soixante-dix-neuf ans. ses beau-frère et belles-sœurs, Participation libre. chanteur et guitariste, Michael 23 novembre 2001, en l'église de Geneviève, Claude et Claire Beaupuy, Karoli a été l’un des membres fon- Que tu sois l'Etre Guiscriff (Morbihan), à 14 h 30. Madeleine et Jean-Pierre Martin, Ayez une pensée pour lui. dateurs du groupe mythique Can, Fait que cette lettre soit. Christiane Cladel, ses neveux et nièces, Forums Mais être l'Etre – La direction générale, qui de 1968 à 1978 a fourni à la C'est être et rester soi... Les familles Girod, Gauthier, Guinde – Pour le dixième anniversaire du LE COLLÈGE DES ÉTUDES JUIVES musique quelques-unes de ses Et tous les collaborateurs des et Nervi, décès de Editions Bordas de l'Alliance israélite universelle recherches les plus avancées en Si tu sais qui tu es ont la tristesse de faire part du décès de ont la grande tristesse de faire part du Patrice MALTERRE, Forum matière d’assemblage entre le Si tu sais qui je suis « Les juifs sont-ils toujours décès de M. Georges ROUY, ingénieur Inseet, rock, le jazz, la musique concrète Je te suis, telle que tu es des parias ? Je te suis, tel que je suis. rénovateur du Tramway en France, et les musiques du monde. Un M. André LAGARDE, survenu à Arpajon (Essonne), le Israël en question : inspecteur général honoraire cofondateur gérant de Metram-Semaly. temps étudiant en droit, passionné Etre l'Etre 16 novembre 2001, dans sa quatre-vingt- médias et désinformation » de l'éducation nationale, onzième année. d’astrologie, jazzman et bluesman Tu l'es en soi chevalier de la Légion d'honneur, Son épouse, de formation et de passion, Sois mon Etre Sa fille, avec Daniel Dayan, Raphaël Draï, commandeur dans l'ordre La cérémonie religieuse sera célébrée Michael Karoli a aussi été, au sein Pour qu'heureux je sois... des Palmes académiques, Sa tante et marraine, Frédéric Encel, Marc Knobel, le vendredi 23 novembre, à 14 h 30, en Ralph Pinto, Gérard Rabinovitch, du groupe Can, un guitariste parti- officier de l'ordre de Léopold II, Ses cousins, Ces quelques lettres l'église Saint-Martin, à Palaiseau Tous ses amis des transports urbains, Jacques Tarnero et Shmuel Trigano. (Essonne), où l'on se réunira. culièrement fin, apte à créer des Ne sont pas en soie survenu le lundi 19 novembre 2001, à en ce congrès du GART, pensent à lui. atmosphères plutôt qu’à déverser Elles sont pour toi mon Etre, Neuilly-sur-Seine, Dimanche 25 novembre 2001 quelques mots en soi : Un registre du souvenir tiendra lieu de des dizaines de notes. En 1968, en condoléances. 6, boulevard Périer, (10 heures-18 h 45) pleine vague de musique dite pla- et adressent à sa famille et à ses proches 13008 Marseille. Etablissement Georges Leven (AIU), S'agapo para poli... leurs sincères condoléances. nante, Michael Karoli fonde – avec L'inhumation aura lieu au cimetière de 30, boulevard Carnot, Palaiseau dans la sépulture de famille. le pianiste , le bassis- La cérémonie religieuse sera célébrée Colloques Paris-12e (PAF). te , le batteur Jaky Décès le vendredi 23 novembre, à 14 heures, en Renseignements : 01-53-32-88-55. 25, rue de la Voûte, Le colloque « Locus in fabula. Liebezeit et le flûtiste David John- – Françoise et Daniel Aron, l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur- 75012 Paris. Seine, 90, avenue Achille-Peretti. La topique de l'espace son, rapidement remplacé par le Catherine Bengui, dans les romans de langue française Séminaires chanteur afro-américain Malcolm ses enfants, L'inhumation aura lieu le samedi avant 1800 » Samedi 24 novembre 2001, Mooney –, le plus inventif des Judith et Christian von Wistinghausen, 24 novembre, à 11 heures, au cimetière se tiendra à l'Ecole normale supérieure, Vous pouvez 14 heures à 18 heures précises, groupes allemands, dont l’influen- Nathaniel Aron, ancien de Royan, boulevard 45, rue d'Ulm, Paris-5e, nous transmettre Séminaire ses petits-enfants, Clemenceau. du 26 au 29 novembre 2001, ce sera régulièrement revendi- Le docteur et Mme Charly Bengui, vos annonces la veille avec la participation d'une cinquantaine « Mourir pour renaître - L'Alchimie quée, que cela soit par la new son frère et sa belle-sœur, Ni fleurs ni couronnes. pour le lendemain de spécialistes et théoriciens du roman, de la vie et de la mort ». wave ou les punks des années ont la tristesse de faire part du décès de du Moyen Age à la Révolution, dont Loge unie des théosophes, 89, boulevard Auguste-Blanqui, jusqu’à 16 h 30 1980 ou lors de la récente percée Henri Coulet, Franco Moretti, 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. des musiques électroniques. M. Armand BENGUI, 75013 Paris. Entrée libre et gratuite. (Le Monde du 22 novembre.) Permanence le samedi Henri Lafon, Michel Delon. Renseignements au 01-42-55-36-40 Tél. : 01-47-20-42-87. survenu le 20 novembre 2001, dans sa jusqu’à 16 heures JEU EN ORNEMENTATION quatre-vingt-quatorzième année. ([email protected]). www.theosophie.asso.fr Durant dix ans, Michael Karoli et –Mme André Lefèvre, me Can enregistrent de nombreux dis- M. et M Jean-Claude Dubarry- Les obsèques ont lieu ce jeudi Lefèvre, ques, sont en tournée quasi perma- 22 novembre, à 11 h 30, au cimetière Stéphanie, Laurent, nente et répètent des heures durant ancien, 1, rue Victor-Noir, à Neuilly-sur- Et toute la famille, pour trouver les idées et la base de Seine. ont la douleur de faire part du décès de leur musique fondée sur l’improvi- 2, rue des Haudriettes, M. André LEFÈVRE, sation. Au sein de cette formation 75003 Paris. ancien collaborateur du journal, allemande chez qui la notion de col- 97, rue Vieille-du-Temple, lectif a été poussée le plus loin pos- 75003 Paris. leur époux, père, grand-père et parent, sible, Michael Karoli propose un jeu en ornementation, fondé sur survenu le 16 novembre 2001, à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'âge de soixante- des cycles mélodiques, où sa con- – Georges et Patricia Blot, seize ans. BRÉSIL naissance des codes du jazz et du André et Christiane Labarrère, née A Manaus, un foot fou rock est régulièrement détournée Blot, Priez pour lui. ses enfants, ,05 E FF / 3 pour éviter les clichés. A Can il don- 01 20 bre 20 Frédéric, Olivier, Benjamin Labarrère, novem Le service religieux sera célébré le au 28 du 22 ne, avec Irmin Schmidt, une part ses petits-fils, vendredi 23 novembre, à 15 heures, en N° 577 lyrique et mélodieuse. Quand le Sa famille et ses proches, l'église Notre-Dame-du-Rosaire, 194, rue groupe se sépare, en 1978, Michael ont la grande tristesse d'annoncer le Raymond-Losserand, Paris-14e. Karoli fonde son propre studio d’en- décès de www.courrierinternational.com registrement, Outer Space Studio, L'inhumation aura lieu au cimetière de Marie Pauline BLOT. Belleville, Paris-20e, dans le caveau de dans une ancienne usine d’huile famille. d’olive du sud de la France. Les obsèques ont eu lieu à Monaco, le Il développe alors ses conceptions 22 novembre 2001, dans la plus stricte musicales, fondées sur les microto- intimité. année 2001-2002 nalités, la recherche d’atmosphères Cet avis tient lieu de faire-part. TARIF ÉTUDIANTS et de sonorités inusitées – sans per- dre de vue la spécificité de la guitare « Rendez gloire à Yahvé, votre Dieu, SOUTENANCES DE THÈSE –, produit ou enregistre avec divers avant que ne viennent les ténèbres. » 13,35 E - 87,55 F TTC la ligne groupes et rejoue régulièrement Jérémie 13, 16. avec certains des membres de Can, en particulier au sein d’un groupe TARIF CARNET 2001-2002 qui, outre Holger Czukay et Jaki Lie- bezeit, compte Jah Wobble. Il partici- E pe aussi à de nombreuses rencon- Tarif à la ligne : 22 - 144,31 F TTC tres avec des musiciens africains ou Tarif abonnés : 18,50 E - 121,35 F TTC de jazz, comme le saxophoniste Bar- ney Wilen. Le groupe Can se refor- Tél. 01-42-17-39-80 — Fax : 01-42-17-21-36 mera entre 1986 et 1988 pour enre- e-mail: [email protected] gistrer l’album , avec à nou- veau , qui avait été un temps remplacé au poste de chanteur par le Japonais Kenji « Damo » Suzuki. Michael Karoli enregistre également avec le chan- teur Arno, , participe de près à la création de la musique du film de Wim Wenders, Jusqu’au bout du monde. Toujours très actif, bre e prêt à se remettre en question, numéro de décem Michael Karoli venait d’enregistrer, en juin, avec le duo Suicide et le chanteur James Chance. Energie : les scénarios du futur 1,98 / F 13 Sylvain Siclier ● Le tout-nucléaire traité diversement selon les pays. ● Les sources d’hydrocarbures en voie d’épuisement. ■ ● Comment concilier croissance et environnement : 20 FF économie et renouvellement des énergies ? ● Quelles énergies possibles pour demain ?

Et les Clés de l’info : AFGHANISTAN Le partage des dépouilles ● Les nouveaux maîtres de Kaboul. ● La population du monde musulman VUKOVAR Dix ans après les bombes condamne majoritairement la guerre.CHEZ 2VOTRE MARCHAND DE Et chaque jour : www.courrierinternational.com JOURNAUX 26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

TECHNOLOGIE Le groupe ouvrant les portes du numérique à imprimée sur le papier permettant radio se charge d’enregistrer l’écritu- noncent multiples, depuis l’archiva- Hamelin, numéro un européen de la l’écriture manuelle traditionnelle. d’en coder chaque point. b UN STY- re manuelle et de la transmettre à ge de notes manuscrites jusqu’à la production de cahiers, classeurs et b ANOTO, entreprise high-tech sué- LO doté d’une caméra infrarouge, un ordinateur, soit directement, soit publicité grâce à l’utilisation de enveloppes, a annoncé la commercia- doise, a mis au point un système d’un microprocesseur, d’une mémoi- par l’intermédiaire d’un téléphone zones actives qu’il suffit de cocher lisation, en 2002, d’un papier spécial complet comprenant une trame re électronique et d’un émetteur mobile. b LES APPLICATIONS s’an- pour recevoir des informations. Avec le stylo caméra et son papier spécial, l’écriture vole à travers l’espace Une entreprise suédoise a développé un système révolutionnaire de transfert des textes manuscrits vers un ordinateur ou un téléphone portable. Le procédé, qui sera commercialisé en 2002, peut également envoyer des courriers électroniques

QUOI DE PLUS NATUREL que avant de saturer sa mémoire et ticulier auprès des jeunes. Ces appli- l’écriture manuelle sur papier ? Son Le stylo magique et son papier électronique d’imposer un transfert vers un or- cations, si séduisantes soient-elles, apprentissage est acquis dès l’en- dinateur, soit directement, soit par ne représentent qu’une partie du 1 PAGE D'ÉCRITURE 3 CHAÎNE DE TRANSMISSION fance, et elle échappe presque to- DE DONNÉES l’intermédiaire d’un téléphone potentiel du système Anoto. talement à la fracture sociale. Le portable. L’entreprise a, en effet, prévu de caractère intuitif de cet interface a Démarrer Il suffit de cocher la case les étendre de nouveaux modes de engendré bon nombre de tentatives 2 STYLO NUMÉRIQUE « Envoi » après celle qui définit communication. La publicité inté- pour l’intégrer à l’univers numéri- Liaison radio le type de logiciel de destination grée dans les journaux pourrait

que. Le 22 novembre, le groupe Ha- (Word ou PowerPoint, par exem- également comporter des cases à iio radio Liaison melin, numéro un européen dans la ple). L’ordinateur reçoit un fichier cocher pour obtenir des informa- ÉMETTEUR Liaison téléphone papeterie (cahiers, classeurs, enve- images (format Jpeg), qu’il est pos- tions supplémentaires, voire ache- loppes…), a annoncé le lancement BLUETOOTH sible de conserver en l’état ou de ter un produit. Chaque stylo per- du premier cahier à papier numé- transformer en texte d’imprimerie mettant d’identifier son utilisateur, BATTERIE rique pour le deuxième ou le troi- MÉMOIRE en utilisant un logiciel de reconnais- ce dernier peut déclencher l’envoi sième trimestre 2002. sance de caractère (OCR). Seconde d’un message à partir de n’importe Il s’agira d’une adaptation du MICROPROCESSEUR fonction de base, l’envoi simplifié quel support papier doté de la tra- modèle à spirale de 160 pages au de courriers électroniques. Il fait me Anoto. L’appareil reconnaîtra la format A4 de sa gamme 001 inter- Envoi ENCRE uniquement appel à un téléphone zone cochée et enverra un message national. Le papier numérique ne se distingue de son homologue classi- CAMÉRA ET SON OBJECTIF que que par sa couleur, légèrement BARRE DE COMMANDES 100 millions d’unités vendues d’ici à 2006 plus grise. Il intègre en effet la tra- QUI PERMET D'ENVOYER me mise au point par l’entreprise LES INFORMATIONS ÉCRITES BILLE DU STYLO Contrairement à nombre de petites entreprises high-tech, Anoto, SUR LA PAGE suédoise Anoto, créée à Lund fin qui emploie environ 180 personnes, a adopté une stratégie de licen- 1999 et filiale de C Technologies, Source : Groupe Hamelin ces non exclusives afin de concentrer ses forces sur la création d’un une société spécialisée dans le traite- Ce papier numérique1 a toute les apparences d'une feuille normale. Il contient une sorte de grille microscopique faite standard mondial. Côté production de papier numérique, elle a déjà ment d’image et fondée en 1996. de millions de points différents. Lorsque l'on écrit, la microcaméra du stylo2 filme le mouvement de l'écriture (à raison trouvé trois partenaires avec le groupe Hamelin pour l’Europe, Mead de 100 images par seconde) en se repérant sur ces points visibles seulement en lumière infrarouge. Le microprocesseur aux Etats-Unis et Kokuyo au Japon. Côté stylo, Ericsson commerciali- UNE MATRICE POUR CHAQUE POINT du stylo enregistre alors et transcrit en temps réel3 ces données en informations numériques. L'émetteur Bluetooth sera les premiers modèles. Mont Blanc et Palm, fabricant du célèbre Le système fait appel à un stylo permet de renvoyer l'information vers un téléphone mobile, un ordinateur ou un fax. Palm Pilot, pourraient suivre. Le prix de vente, relativement élevé spécial équipé d’une pointe classi- lors du lancement, environ 2 000 francs, devrait baisser rapidement. que à bille, d’une caméra vidéo ches de l’utilisateur. Ce dernier écrit virtuelle permettant de lui donner part de l’originalité et du potentiel Anoto vise la vente de 100 millions de stylos en cinq ans et, à cette infra-rouge, d’un microprocesseur, normalement comme sur un papier un code unique. 272 combinaisons du système Anoto réside dans cette date, un prix de 100 ¤. La société favorisera le développement d’appli- d’une mémoire et d’un émetteur ordinaire. Le stylo enregistre cha- existent pour ce code, ce qui permet trame imprimée sur le papier. Sa cations exploitant la diversité des possibilités de son système. radio. Pour l’instant, les premiers que caractère ou dessin sous la de couvrir pas moins de 880 000 mil- visibilité par le stylo est indépen- exemplaires du stylo restent de forme d’une image. Il reste à trans- liards de feuilles A4, soit une surfa- dante de la couche d’encre. En effet, taille respectable. Il devrait rapide- mettre le contenu de la mémoire ce de 55 millions de km2 équivalen- l’appareil éclaire le papier avec un portable équipé de la fonction Blue- à l’entreprise qui a inséré la publi- ment bénéficier de la miniaturisa- vers un ordinateur. Il suffit, pour te à l’Europe et l’Asie réunies, avec rayon infrarouge qui la traverse. tooth. Quelques mots griffonnés, cité. De même, une carte postale tion de l’électronique. Ses fonctions cela, de cocher la case marquée des points reconnus par le stylo Cela autorise les ratures mais égale- l’adresse électronique du destina- numérique peut être transmise à comprennent la prise de vue à « Envoi ». Une manœuvre dont la comme différents les uns des ment l’écriture sur des zones préim- taire écrite dans la case prévue à cet son destinataire sans passer par la 100 images par seconde, le traite- simplicité enfantine dissimule toute autres… Ainsi, il devient possible primées. De quoi démultiplier le effet, la case « Envoi » cochée, et le poste. Dans un kiosque public, il ment et le stockage des informa- la complexité et l’intelligence du d’affecter à la case « Envoyer » une nombre des applications. message est envoyé… Le message suffira de sélectionner celle de son tions numériques ainsi que leur système. série particulière de points qui est alors reçu sous forme graphi- choix d’un coup de stylo, d’écrire transmission par radio en faisant La trame créée par Anoto joue un déclenchera l’émission par radio 50 PAGES ENREGISTRÉES que, ce qui autorise les dessins et un message et une adresse électro- appel à la norme de communication rôle essentiel. Elle est constituée des informations enregistrées dans La première utilisation concerne autres fioritures. Une adaptation nique. La magique case « Envoi » sans fil sur courtes distances Blue- par des points de 0,1 mm de dia- le stylo vers un téléphone portable l’archivage classique de notes ma- aux très populaires services de mes- fait le reste. tooth. Dans la pratique, le système mètre espacés de 0,3 mm. Chacun ou d’un ordinateur équipés d’un nuscrites. Le stylo peut enregistrer sages courts (SMS) pourrait rempor- Anoto simplifie à l’extrême les tâ- d’entre eux comporte une matrice récepteur Bluetooth. Une bonne jusqu’à 50 pages au format A4 ter un succès considérable, en par- M. Al.

TROIS QUESTIONS À... res années. Mais, parallèlement, le développement des imprimantes Sur le papier électronique, on peut écrire en couleurs et à distance STÉPHANE HAMELIN personnelles d’ordinateur a fait exploser nos ventes de produits de PARADOXALEMENT, la premiè- tel produit est le fruit de microtech- La compétition sur ce thème est des (LCD) et une lisibilité élargie à Vous êtes président du groupe rangement, tels que les classeurs re tentative de développement nologies particulièrement difficiles rude avec E Ink, une start-up fon- un plus grand angle de vision, sa 1Hamelin, qui emploie 3 300 per- et les pochettes plastiques. Nous d’un papier électronique n’est pas à maîtriser. dée en 1997 pour exploiter une résolution de 80 dpi risque de pâtir sonnes et a réalisé un chiffre d’af- profitons donc déjà de la vague née de l’idée de trouver un substi- Ce Smart Paper est fait d’un sand- technologie issue des laboratoires de la comparaison avec les faires de 520 millions d’euros en numérique. Mais nous savons que tut au papier mais plus simplement wich de deux feuilles de plastique du MIT. L’idée est proche de celle meilleurs assistants personnels 2000. Qu’attendez-vous du déve- nous entrons dans un monde nou- de la recherche, au début des transparentes enserrant des lignes développée par Sheridon dans les actuels. Un inconvénient que pour- loppement du papier électronique veau dont nous ne connaissons pas années 1970, d’un système qui de minuscules billes plus petites années 1970. Son rival, Joseph rait compenser la très faible con- Anoto ? encore toutes les répercussions. pourrait remplacer efficacement qu’un grain de sable. Les hémisphè- Jacobson, a imaginé en 1995 un sys- sommation – 100 fois moins que Nous nous intéressons au systè- les écrans des ordinateurs, dont l’af- res de chacune d’elles sont colorés. tème faisant appel lui aussi à de les LCD – de cette encre. C’est, sem- me depuis plusieurs années dans le Quel rôle pensez-vous pouvoir fichage était pâle et peu contrasté. Blanc pour l’un, noir pour l’autre. minuscules sphères transparentes ble-t-il, ce qui a poussé Philips à cadre d’une veille technologique à 3jouer dans le développement « Trouver un substitut au papier Toute l’astuce est de les faire contenant des pigments blancs de s’associer à son tour à E Ink. long terme. L’an dernier, Anoto du système Anoto ? n’était pas ma principale motiva- tourner pour qu’elles présentent dioxyde de titane baignant dans un Les collaborations se multi- nous a présenté un prototype qui L’objectif de l’entreprise suédoi- tion », reconnaît dans Scientific une face plutôt qu’une autre, l’en- liquide bleu. Les particules de plient : un autre marché concerne nous a fait découvrir le champ se est de créer un standard mon- American de novembre Nicolas semble des taches noires venant dioxyde de titane, chargées positi- les écrans flexibles, qui nécessitent d’applications possibles. Il s’agit, dial de fait grâce à une politique K. Sheridon, pionnier de ce domai- ainsi former des lettres ou des chif- vement, peuvent être alternative- la mise au point de transistors en pour nous, d’entrer dans le monde de licences. Le rôle du groupe ne de recherche, nourri pendant fres. Il suffit pour cela que les deux ment attirées ou repoussées selon plastique. La définition des pre- du numérique sans rompre avec Hamelin se concentre sur la four- plus de vingt ans au « brain stor- hémisphères de ces microsphéru- les charges appliquées sur un miers prototypes est encore très l’utilisation traditionnelle et ins- niture du papier spécial Anoto que ming » créatif du fameux Palo Alto les soient porteurs de charges élec- réseau d’électrodes transparentes grossière, mais Lucent espère amé- tinctive du papier. nous vendrons de 30 % à 40 % Research Center (Parc) de Xerox. triques différentes pour que, par qui recouvre les microcapsules. liorer sa technologie. Avec IBM, La caractéristique la plus extraor- plus cher que son équivalent Aujourd’hui, les choses sont dif- simple application d’un champ élec- Le procédé a été jugé suffisam- l’idée est de produire des écrans à dinaire du système Anoto, c’est classique. N’ayant pas d’exclusivi- férentes et les travaux de Sheridon trique, on puisse faire apparaître ment prometteur pour attirer des matrice active fondés sur le même qu’il évite toute forme d’apprentis- té, la concurrence se développera, suffisamment avancés pour qu’une une face noire ou une face blanche. investisseurs comme Motorola et principe, en dopant la vitesse de sage préalable pour l’utilisateur. mais cela ne nous gêne pas. Au société, Gyricon Media, dans drainer des fonds de l’agence de changement de couleur des micro- La doyenne des Français peut ainsi contraire. laquelle Xerox détient la majorité ESSAIS CHEZ MACY’S recherche de la défense américaine capsules. Avec le japonais Toppan avoir accès à la technologie la plus Pour que le papier et les services des parts, ait été créée en décem- Le système est en cours d’essais (Darpa). et ses filtres colorés, E Ink table sur récente. Anoto soient de plus en plus utili- bre 2000. Le chercheur de Xerox en chez Macy’s. Il intéresse d’autant La première application, en une large palette de couleurs pour sés, il faut que le papier soit dispo- est bien évidemment le directeur et plus cette chaîne qu’elle consacre 1999, a consisté à fournir des pan- les écrans des consoles de jeux por- S’agit-il pour vous de compen- nible partout, aussi bien sous for- il a eu le plaisir de présenter, en chaque semaine plus de 25 000 dol- neaux publicitaires, mais les tables. 2ser l’effet du développement me de cahiers que de magazines mars à Chicago, un premier pro- lars à la valse des étiquettes. Pou- clients, rapporte Scientific Ameri- Et tout comme ses concurrents des techniques numériques sur ou de journaux, de cartes postales, duit : le Smart Paper. Il s’agit d’une voir le faire rapidement, et à distan- can, souhaitaient un plus grand – Smart Paper et diodes organi- vos productions ? de guides touristiques… Imaginez sorte d’écriteau rectangulaire de la ce, serait donc un plus pour cette choix de caractères, de couleurs et ques photo-émettrices – E Ink Non, car nous sommes très peu un plan de Rome sur lequel il suffit taille d’une feuille de papier com- grande surface qui, n’en doutons de graphiques. La société s’est déjà table sur l’avènement des puces affectés par ce phénomène. de cocher à la main un quartier me en utilisent les grands magasins pas, réclamera vite comme réorientée vers des écrans porta- radio, comme Bluetooth, qui per- Annuellement, nous produisons pour recevoir par téléphone mobi- pour vanter leurs articles. d’autres clients des polices de carac- bles destinés à l’électronique mobi- mettront de charger à distance les 85 000 tonnes de cahiers et autres le des informations sur les restau- Le prix et les messages qui l’ac- tères mieux dessinées – la résolu- le grand public, comme les assis- futurs journaux ou livres imprimés agendas, 1 milliard de pochettes rants ou les musées les plus compagnent apparaissent sous la tion (100 dpi) est encore dix fois tants personnels. à l’infini sur les feuilles de son de classement et 8 milliards d’enve- proches… forme de caractères faits de petites inférieure à celle d’une page de Un prototype d’écran de type papier électronique. loppes blanches. Seul ce dernier taches. Comment cela fonctionne- magazine – et la couleur. Nicolas Palm a même été fabriqué. Mais article a subi une baisse de quel- Propos recueillis par t-il ? Le plus simplement du mon- K. Sheridon a déjà déposé des bre- s’il offre un meilleur contraste que Jean-François Augereau et ques pour cent au cours des derniè- Michel Alberganti de, même si la mise en œuvre d’un vets en ce sens. les écrans classiques à cristaux liqui- Hervé Morin L’Amérique mal aimée 0123 0123 Un dossier spécial de 8 pages daté 25-26 samedi 24 novembre1 AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 27 Ligue L’écurie d’Alain Prost a six mois pour trouver un avenir des champions : Le tribunal de commerce de Versailles (Yvelines) devait placer la société du quadruple champion du monde des pilotes de formule 1 en redressement judiciaire. Prost Grand Prix souffre d’un déficit de quelque 200 millions de francs Zinedine Zidane Jeudi 22 novembre, le tribunal de commerce que 200 millions de francs et nombre de ses poursuivre son aventure sportive en 2002. estimée à quelque 20 milliards de dollars et de Versailles (Yvelines) devait placer la socié- soutiens se sont désengagés. Malgré tout, le Alain Prost avait confirmé avoir été ces derniè- aurait pu sortir l’écurie de sa situation diffici- montre l’exemple té Prost Grand Prix en redressement judiciai- quadruple champion du monde français des res semaines « en contact très concret » avec le. Les événements du 11 septembre ont pour re. L’écurie de formule 1, installée à Guyan- pilotes devait annoncer jeudi, en fin d’après- le prince Al Whaleed. Ce neveu du roi Fahd partie contrarié ce projet. Alain Prost s’est court (Yvelines), souffre d’une dette de quel- midi, au siège de son usine, son intention de d’Arabie Saoudite est à la tête d’une fortune engagé régulièrement pour la saison 2002. au Real Madrid LE TRIBUNAL de commerce de Prost au quotidien L’Equipe daté du Canada, le 15 juin 1997. L’écurie ter- Le moteur du constructeur français Prost), quittent le conseil d’adminis- LE REAL MADRID (groupe C), Versailles (Yvelines) a placé la socié- 22 novembre. mine la saison sixième avec est, il est vrai, très en deçà de ceux tration. En septembre, Jean-Luc vainqueur sur le terrain du Sparta té Prost Grand Prix, en redresse- Quand en février 1997, Alain 21 points. L’AP01, la première voi- fournis par la concurrence. Au ter- Gripond, le directeur financier de Prague (3-2), et le Deportivo ment judiciaire, jeudi 22 novem- Prost rachète l’ancienne écurie ture entièrement conçue et fabri- me de la saison, Peugeot se désen- PGP, rejoint le club de football de La Corogne (groupe D), qui a battu bre. Me Michel, désigné administra- Ligier situé à Magny-Cours (Niè- quée par Prost Grand Prix est lan- gage. Prost Grand Prix ne marque Nantes. Arsenal (2-0) à domicile, ont parfai- teur judiciaire, devra, durant une vre) et fonde Prost Grand Prix, son cée en 1998. aucun point et termine dernier de Alain Prost a confirmé avoir été tement réussi leurs débuts dans la période d’observation de six mois, projet est d’en faire un fleuron fran- Le personnel augmente considé- tous les classements. ces dernières semaines « en contact deuxième phase de la Ligue des aider à la recherche d’une solution. çais des sports mécaniques. « Nous rablement, en particulier dans le Bilan de l’année : un chiffre d’af- très concret » avec le prince Al Wha- champions, mercredi 21 novembre. Toutefois, le quadruple champion visons le titre mondial d’ici trois bureau d’études, l’informatique, la faires de près de 470 millions de leed, un neveu du roi Fahd d’Ara- Un doublé de son avant-centre du monde français de formule 1, ans », clamait le jeune patron. Une recherche et le développement. La francs hors taxe, mais un résultat bie Saoudite, un passionné d’auto- international Fernando Morientes devait annoncer jeudi, en fin ambition que seule la stabilité éco- société emménage dans sa nouvel- négatif de 27,5 millions de francs. mobiles qui serait à la tête d’une (36e et 74e) a permis au Real Madrid d’après-midi, son intention de nomique et industrielle peut garan- le usine de Guyancourt (Yvelines). Le calvaire d’Alain Prost commen- fortune estimée à 20 milliards de de s’imposer, après avoir connu poursuivre son aventure sportive tir. Même s’il avoue avoir préféré En juillet 1998, l’ingénieur John Bar- ce. Avec son caractère difficile, l’an- dollars. Mais les événements du quelques problèmes en seconde en 2002. une alliance sur cinq ans, Alain nard devient consultant technique cien champion se met à dos nom- 11 septembre ont pour le moins période. Le Sparta, qui n’avait La dette de son écurie s’élève à Prost signe avec Peugeot un con- exclusif. Cette année là, Gauloises bre de ses partenaires. Alain Prost malmené ce rapprochement. Le encaissé que trois buts depuis le 30,49 millions d’euros (environ trat de fourniture de moteur en Prost Peugeot, termine 9e du cham- fait appel à la famille du pilote bré- 20 novembre, comme si de rien début de la compétition, a cédé 200 millions de francs) et nombre exclusivité sur une durée de trois pionnat du monde. En 1999, Prost silien Pedro Diniz, qui, en prenant n’était, l’écurie Prost Grand Prix se sous les coups d’une attaque madri- de ses soutiens se sont désengagés. ans, à compter de 1998. Grand prix renforce sa structure 40 % des parts de l’écurie permet présente ainsi sur son site inter- lène retrouvée, dans le sillage d’un « La situation de l’écurie n’est ni technique et s’adjoint les services de payer la facture de 30 millions net : « Tandis que le travail de con- Zinedine Zidane inspiré. Le meneur meilleure ni pire que les semaines L’ACCIDENT DE PANIS d’Alan Jenkins au poste de direc- d’euros du moteur Ferrari client. ception et de fabrication de l’AP05 de jeu de l’équipe de France avait passées », avait jusqu’alors déclaré Encore dotées d’un moteur teur technique. Les Prost Peugeot En 2001, Gauloises, Canal +, Bic, se poursuit normalement à l’usine de ouvert le score (20e). Quant au l’écurie à ceux qui s’inquiétaient de Mugen-Honda, la Prost JS45 entre AP02, voitures totalement nouvel- Agfa et Sodexho, ses principaux Saint-Quentin en Yvelines, Prost Deportivo La Corogne, il a nette- son devenir. « J’ai eu une réunion en piste au Grand Prix d’Australie les conçues par Loïc Bigois, termi- sponsors, quittent le navire. Deux Grand Prix a déposé dans les temps ment dominé Arsenal, en dépit de avec mon personnel pour lui expli- le 9 mars 1997. Détenteur d’une nent 7e du championnat du monde. personnalités influentes, Daniel son engagement pour le champion- la rentrée de l’attaquant internatio- quer la situation et les posibilités. J’ai brillante 2e place au GP d’Espagne, 2000 sera une année noire. Les rela- Piette (président du fonds LV Capi- nat du Monde 2002 de Formule 1 à nal français Thierry Henry. Le Néer- encore une nouvelle rencontre, je ne le Français Olivier Panis, autre com- tions avec Peugeot, à qui Alain tal qui détient 10 % de Prost) et la FIA. » landais Roy Makaay (9e) puis Diego peux rien dire. Comprenez que la posante française du projet Prost, Prost reproche de ne pas totale- Gilles de Dumast (représentant du Tristan (25e) ont assuré le succès du situation est épineuse, a confié Alain est victime d’un grave accident au ment s’investir en F1, se dégradent. Crédit Suisse, la banque conseil de Jean-Jacques Larrochelle club galicien en première mi-temps. Ce résultat confirme la fragilité des Gunners à l’extérieur. Le FC Porto Prost Grand Prix : quatre années d’histoire PROFIL au lendemain lorsqu’Alain Prost a chose pour m’y investir durable- (groupe C), pourtant nettement abandonné les baquets de formule ment », avait argumenté Alain dominé, a réalisé une bonne opéra- b L’écurie Prost Grand Prix championnat du monde des « PROFESSEUR » DEVENU 1, fin 1993, avec, en poche, quatre Prost, qui avait déjà, par trois fois, tion en obtenant le nul (0-0) sur la est née le 14 février 1997 du rachat pilotes titres de champion du monde (1985, tenté de monter une écurie (en pelouse du Panathinaïkos Athènes. de l’ancienne écurie Ligier Neuvième, en 1997 avec Olivier CHEF D’ENTREPRISE 1986, 1989, 1993) et 51 victoires en 1989 avec Renault et Elf, en Lors de la première phase, le club par Alain Prost. Panis (16 points en dix GP ; Grand Prix. Pilote chez Renault, 1994-1995 avec Renault encore), ou grec avait gagné ses trois matches à b Début en formule 1 2 podiums : 2e au GP d’Espagne Un « Calimero » des paddocks. McLaren et Ferrari, le Français avait d’en racheter une (Ligier-Renault domicile. La Juventus Turin et le 1997 (GP d’Australie, 5e). et 3e au GP du Brésil ; cinq fois L’image est sans doute caricaturale. déjà la réputation d’insatisfait per- début 1992). Bayer Leverkusen devront patienter b Nombre de Grand prix dans les points). Mais c’est celle qu’Alain Prost (46 manent et de râleur. Mais il en était S’il lui « a été facile de passer de la jusqu’au 28 novembre avant d’effec- disputés : 83. b Classement au championnat ans) renvoie depuis ces cinq années excusé. Son talent au volant et son combinaison de pilote au costume tuer leur entrée en lice dans le grou- b Meilleurs résultats du monde des constructeurs 2001 qu’il a endossé le costume de patron souci permament de faire progres- de chef d’entreprise », comme il l’a pe D. La rencontre qui devait les 2e du GP d’Espagne 1997 et du GP Neuvième (sur 11). d’entreprise. Il n’est qu’à regarder ser les voitures qui lui étaient con- assuré, Alain Prost a néanmoins dû opposer au Stade des Alpes a été d’Europe 1999 ; 3e du GP du Brésil b Classement au championnat les photographies où il apparaît. On fiées – il n’avait pas pour rien été sur- se confronter très vite à une donne à reportée en raison du brouillard. (1997) ; 4e du GP de Monaco du monde des pilotes 2001 l’y voit quasi perpétuellement le visa- nommé « le professeur » – gom- laquelle, pilote, il n’avait guère été 1997 et du GP d’Allemagne (1997) ; Quatorzième avec Jean Alesi ge crispé : sourcils froncés, ongles de maient tout. habitué : la gestion sinon des défai- 5e du GP d’Australie (1997) ; 6e (6 points dont 4 marqués pour la main gauche nerveusement mor- Alain Prost aurait pu tirer un trait tes, du moins de l’absence de succès. RÉSULTATS du GP du Canada 1997, du GP Prost Grand Prix et 2 pour dillés… Et ce ne sont pas ses déclara- sur l’univers de la Formule 1. Il y a « Je suis frustré », a-t-il avoué, fin de Hongrie (1997), du GP du Jordan en fin de saison). tions publiques qui peuvent atté- songé : l’idée d’« acheter une pro- juin 2 001,à L’Equipe Magazine, assu- LIGUE DES CHAMPIONS Luxembourg 1997, du GP de b Pilotes nuer cette image de personnage gro- priété de 500 hectares pour faire du rant que « ce n’est pas le fait de ne Deuxième tour, 1re journée Belgique (1998), du GP du Brésil Panis-Nakano-Trulli (1997) ; gnon, prompt à s’en prendre à vin » l’a effleuré. Mais « à 40 ans, je pas gagner » qui le taraude, mais de b Groupe C 1999, du GP d’Espagne 1999 Panis-Trulli (1998) ; l’« extérieur » pour expliquer ses ne voulais pas montrer à mes ne pas pouvoir « accomplir ce que je Pan. Athènes (Grè)-FC Porto (Por) 0-0 S. Prague (RTC)-Real Madrid (Esp) 2-3 et du GP d’Allemagne 1999. Alesi-Heidfeld (1999) ; « misères » : si difficulté il y a, c’est enfants qu’on peut travailler quel- voudrais ». Pour autant jusqu’à ce Classement : 1. Real Madrid, 3 pts ; 2. FC Porto, 1 pt ; b Meilleur classement au Alesi-Mazzacane-Burti-Frentzen généralement la faute des autres, ques années et ne plus rien faire jour, il a toujours tenu à assurer que 3. Panathinaïkos Athènes, 1 pt ; 4. Sparta Prague, 0 pt. championnat du monde des (2001). qu’il s’agisse des pilotes, ou des par- après », avait-il expliqué lors du lan- « si je ne l’avais pas fait, je l’aurais b Groupe D constructeurs b Motoristes tenaires techniques. cement de sa propre écurie, en 1997, regretté toute ma vie ». Dep. La Corogne (Esp)-Arsenal (Ang) 2-0 Juventus (Ita)-B. Leverkusen (All) remis (brouillard) Sixième, en 1997. Mugen Honda (1997) ; Peugeot Ce caractère, que d’aucuns disent suite au rachat de Ligier Sports. Classement : 1. Deportivo La Corogne 3 pts ; 2. Juventus b Meilleur classement au (1998, 1999, 2000) ; Ferrari (2001). trempé, ne s’est pas révélé du jour « J’avais besoin de créer quelque Ph. L. C. Turin et Bayer Leverkusen, 0 pt ; 4. Arsenal Londres, 0 pt.

DÉPÊCHES Sur les chemins du rallye de Grande-Bretagne, les calculs de fin de saison s’ajoutent aux ornières a RUGBY : le demi d’ouverture Gérald Merceron (Montferrand) « LAST BUT NOT LEAST » au lion dans sa quête d’une nouvel- avantage arithmétique. «Ona dû ces dans ce rendez-vous, la prise de pression à gérer et j’en suis générale- et l’ailier Christophe Dominici (« Dernier, mais non des moin- le couronne mondiale. Avec vingt compter sur nos propres résultats et risque sera grande.C’est au volant ment sorti grandi. » « C’est mon éta- (Stade français) feront leur dres »), disent les Anglais. Pour son points glanés au cours des sept pre- sur les contre-performances de nos d’une Ford que l’Ecossais Colin pe favorite de la saison et un rallye retour au sein du XV de France, ultime rendez-vous de la saison, le mières manches, « personne adversaires », assure-t-il. Mais McRae (avec 42 points) mène, de crucial pour moi cette année,a face aux Fidji, samedi 24 novem- championnat du monde des rallyes n’aurait misé un kopek sur notre l’avantage n’est pas seulement son côté, la meute des pilotes, déclaré, de son côté, Richard bre, à Saint-Etienne. Ces change- World Rally Championship (WRC) course au titre au début de la sai- arithmétique, il est aussi psycholo- devant le Finlandais Tommi Maki- Burns. Je sais exactement ce qui est ments sont les seuls dans l’équipe devait se jouer à partir de vendredi son », rappelle Corado Provera, res- gique. « Nos pilotes éprouvent nen, sur Mitsubishi (41 points), et nécessaire faire pour devenir cham- qui avait battu l’Australie (14-13), 23 novembre sur les routes boueu- ponsable sportif de Peugeot Sport. davantage de tranquillité que ceux le Britannique Richard Burns, sur pion. » le 17 novembre. ses du pays de Galles. Après treize Six rallyes plus tard, les Français se qui se battent pour le titre mondial, Subaru (40 points). Plus loin derriè- Si les chances de victoire de ces a SKI : le parquet d’Innsbruck a épreuves et 55 000 kilomètres par- retrouvent en tête avec 90 points et rappelle Corrado Provera. La condi- re, on trouve l’Espagnol Carlos deux forçats des pistes semblent indiqué, mercredi 21 novembre, courus de par le monde, sur l’as- devancent de quatre unités Ford, tion psychologique de Marcus Grön- Sainz (33 points), sur une autre égales, l’issue du rallye d’Angleter- qu’un entraîneur français, Xavier phalte, la terre ou la glace, quatre leur seul concurrent. holm est remarquable. Il est sur un Ford, qui empocherait le titre après re pourrait se jouer en fonction de Fournier, était soupçonné de négli- pilotes (Colin McRae, Tommi Maki- Avant la confrontation galloise, petit nuage. » une victoire en Grande-Bretagne si l’attitude d’autres concurrents, et gence dans l’enquête sur l’acci- nen, Richard Burns et Carlos Sainz) sur les vingt scénarios étudiés par aucun de ses trois adversaires ne de Peugeot, notamment. « Fais ta dent mortel de Régine Cava- sont toujours en lice pour décro- Peugeot face à son adversaire, trois PRISE DE RISQUE finissait dans les points, course, mais abandonne toute velléi- gnoud, le 29 octobre, sur la piste cher le titre. Chez les construc- seulement ne jouent pas en faveur Actuellement cinquième, le Fin- c’est-à-dire à l’une des six premiè- té de lutte avec Burns, a demandé du glacier du Pitztal. «Ily a un teurs, Peugeot, actuellement en du constructeur français. Il faut, landais, qui conserve son volant res places. Hypothèse improbable. Corrado Provera à Marcus Grön- soupçon qui pèse sur l’entraîneur tête, et Ford sont au coude à cou- dans tous les cas, que la différence chez Peugeot lors de la saison A eux deux, Colin McRae et holm. Concentre-toi sur McRae. » français qui a autorisé le départ de de. Jamais, lors de la dernière étape de points marqués n’excède pas 2002, ne subira pas la pression des Richard Burns se sont octroyé les Si ce calcul fonctionne, la mena- la skieuse, a déclaré le procureur d’une saison, autant d’incertitudes quatre au profit de Ford. En cas quatre prétendants au titre et ne quatre dernières victoires en Gran- ce McRae écartée, Peugeot arrache- d’Innsbruck, Heinrich Cede. Mais n’ont pesé quant aux issues d’un d’égalité de points, Peugeot l’em- pourra que mieux se soumettre à de-Bretagne et l’enjeu de cette fin rait le titre constructeurs. Celui des on ne peut pas encore dire si une championnat. porterait en raison de son plus l’objectif de son équipe. Il aura cer- de saison n’a pas manqué de cris- pilotes serait alors remporté par procédure sera ouverte contre lui. » Cette situation, qui donne à la grand nombre de victoires (cinq). tainement matière à tirer son épin- per leurs relations. « C’est la situa- Richard Burns, ce qui ne serait pas M. Cede a précisé : « Une douzaine 57e édition du Rallye de Grande- L’équipe de Corrado Provera, qui gle du jeu dans la lutte et la moin- tion la plus difficile que j’aie jamais une mauvaise chose pour la firme de membres de l’équipe de France Bretagne, organisé par le légendai- a pratiquement fait un carton plein dre faute sera lourde de conséquen- rencontrée, mais je sais qu’il en est française, qui vient de lui faire seront interrogés, en tant que re Royal Automobile Club (RAC), lors des trois derniers rallyes (à San ces. de même pour Richard, a déclaré signer un contrat de deux ans. témoins ou suspects, début janvier un attrait sportif exceptionnel, Remo, au Tour de Corse et en Aus- Parce que de nombreuses écu- l’Ecossais. J’ai déjà connu des situa- au tribunal de Zell am See, près de pourrait bien favoriser la marque tralie), devrait tirer profit de cet ries vont mettre leurs dernières for- tions similaires avec beaucoup de Jean-Jacques Larrochelle Saalbach. » 28 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE A soixante ans, le Vieux Campeur est indémodable Institution des sports et activités de plein air, les magasins créés en 1941 par Roger de Rorthays résistent au temps et s’adaptent aux mœurs

IL Y A quelques semaines, Lionel Roger de Rorthays et sa femme ne milliers d’articles qui y ont été Jospin, flanqué de deux gardes du se découragent pas. En attendant la vendus ont dû traverser bien des corps, débarquait au Vieux Cam- fin de la guerre, ils tressent les tempêtes, des orages et des épreu- peur pour s’acheter une raquette de bagues de foulards scouts, cousent ves. L’enseigne aussi. Elle a surtout tennis. Fin skieur, Dominique et fabriquent leurs premières tentes dû résister à l’apparition des grandes Strauss Kahn est aussi un habitué avec du tissu fourni par les clients. surfaces dédiées au sport (la Fnac de l’enseigne. Tout comme Michel Sport, Go-Sport, Décathlon) qui ont Rocard, François Mitterrand… le UNE QUÊTE DE QUALITÉ entraîné dans leur sillage la chute de furent en leur temps. D’autres En 1946, tout redémarre. Au Vieux toutes les petites boutiques. Toutes encore. Parce qu’il est des politi- Campeur apparaissent les premiers sauf une. Fidèle à sa ligne de condui- ques, comme des clients ordinaires, prix courants (qu’on peut marchan- te, à son approche quasi sentimenta- qui sont fidèles au Vieux Campeur. der) et l’idée de réaliser un catalo- le et extrêmement professionnelle Pas de quoi s’en étonner. Cette gue. Il ne verra le jour qu’en 1949. du client, à sa quête méticuleuse de enseigne est particulière. Elle véhi- C’est aussi à cette date qu’un rayon la qualité dans chaque produit, Le cule ce qu’il faut d’affectif pour ski est mis en place. Le couple de Ror- Vieux Campeur n’a pas répondu aux qu’on s’y attache : être client ici, thays parvient à acquérir une deuxiè- sirènes du produit-mode, du maga- c’est avoir le sentiment d’appartenir me boutique au 48 rue des Écoles. Ils sin branché-design. L’enseigne du à une famille. Une famille qui a pro- décident de la journée continue et Quartier latin a poursuivi sa route, bablement ses faiblesses. Qu’impor- mettent fin aux ristournes. Désor- gardé ses magasins désuets, ses ven- te. On les balaie au profit des mais, les prix affichés sont nets. Un deurs incollables, son matériel poin- rituels, des repères et des richesses slogan est né, qui durera des tu. Et ses mille et un petits produits sur lesquelles elle a su veiller depuis années : « Prix nets, c’est plus honnê- qu’on ne peut trouver nulle part sa création en… 1941. te. » L’ascension ne fait que commen- ailleurs et qui font la différence : les Soixante ans, un bel anniversaire. cer. En dix ans, Le Vieux Campeur allumettes imperméables, le L’heure, forcément, est un peu à la établit sa réputation et renforce son réchaud tous combustibles. fête, mais sans fanfare ni manifesta- capital affectif auprès de ses clients. A soixante ans, le Vieux Campeur DOCUMENTS VIEUX CAMPEUR tion spectaculaire. Le Vieux Cam- Le catalogue est devenu une « ency- n’a pas à rougir de son bilan : La première boutique du Vieux Campeur, achetée par le couple de Rorthays en 1941. peur n’a toujours pas, aujourd’hui, clopédie » où les articles de cam- 28 boutiques – dont 20 (bientôt 21) de service marketing, et il ignore les ping, de montagne et de ski côtoient à Paris, 5 à Lyon, 3 en Savoie (Sallan- des fournisseurs prestigieux (Lafu- mes restés indépendants, ce critère est l’explosion des loisirs de plein air, de études de marché et les campagnes désormais ceux destinés à la plon- ches et Thonon-les-Bains) et bien- ma, Rossignol, Salomon…), une dans nos gènes. » la randonnée, du ski, du snow- publicitaires (hormis quelques peti- gée, la spéléologie et le tennis. tôt une boutique à Toulouse, puis clientèle de tous âges et de toutes L’indépendance passe par la capa- board, du roller… cette vague qu’on tes vagues sur des radios de la ban- Aujourd’hui, Le Vieux Campeur, Strasbourg, Nantes, Rennes les classes sociales. Et un moral cité de dire non. Non aux racheteurs appelle « outdoor ». Mais il a sur- de FM). Le tapage, ce n’est pas son est devenu un mythe (Le Monde du – 250 salariés dont 140 vendeurs, d’acier et une passion à toute épreu- éventuels, non aux fournisseurs qui tout su accompagner le mouvement truc. L’enseigne a préféré publier 1er juillet 1996). On imagine que les 370 millions de chiffre d’affaires, ve qui apparaissent comme le font preuve d’impérialisme, non et parfois l’anticiper. « Nous sommes dans la discrétion une « édition spé- meilleur rempart à certaines propo- aux sirènes des sports de mode. obligés d’être attentifs, tout comme ciale 60 ans » (un supplément illus- sitions alléchantes. « Nous intéres- C’est ainsi que l’enseigne refuse tou- nous sommes obligés de nous dévelop- tré de 60 pages ajouté au catalogue L’esprit scout appliqué au commerce sons beaucoup d’entreprises du jours de vendre des articles de golf, per. C’est une question de survie. Une Neige 2001/2002) qui retrace son his- luxe », s’amuse Jacques-Yves de Ror- un sport que Jean-Yves de Rorthays entreprise, si elle ne se développe pas, toire et définit son esprit. Affiches Le 28 juillet 1912, Roger de Rorthays naît à Paris. Une quinzaine thays (fils de Roger et Solange) aurait bien accueilli, mais dont l’ima- déprime. » A l’affût, Jacques-Yves… et photographies anciennes, éditos d’années plus tard, il découvre le scoutisme. A l’époque, cela signifie entré en 1964 (il a alors 19 ans) au ge n’est « pas conforme, trop snob » qui prévoit même sa sortie. « Je sens du fondateur Roger de Rorthays des nuits sous la tente, la vie en plein air, l’évasion. En 1936, chef de Vieux Campeur, qu’il dirige depuis au Vieux Campeur. « On évite la crè- bien que d’ici quelques années je racontent cette aventure sans précé- patrouille aux Eclaireurs de France, Roger s’ennuie au service admi- 1979. « J’aurais quoi en échange ? Un me et on ne prend que le lait, préci- serai dépassé. Alors je laisserai la dent qui commence par une minus- nistratif de la Samaritaine… quand le Front populaire invente les con- gros chèque. Et moi, qu’est-ce que je se-t-il, goguenard. Mais attention, on place. » Il en parle tranquillement cule boutique, au 38, rue des Ecoles, gés payés. Le grand magasin parisien décide alors de créer un rayon deviendrais... Je n’ai jamais entendu se tient au courant des sports qui parce qu’il sait que l’un de ses fils, en plein Quartier latin, à Paris. Au adapté à ces vacances nouvelles. En résumé : au camping. Les candi- mon père se plaindre de son travail. émergent. D’abord parce que nos Ludovic, déjà dans les murs, est prêt fronton de la porte, s’inscrit en dats capables de s’occuper de ce nouveau rayon ne se bousculent pas. C’est pareil pour moi, en près de qua- fabricants nous sollicitent chaque à prendre la relève. Et qu’il sera pro- majuscules « AU VIEUX CAM- Bien que très jeune, Roger est désigné pour en être le responsable. La rante ans, je ne me suis jamais fois. Puis on lit la presse, on écoute bablement rejoint par son frère PEUR ». Et sur la vitrine : « Cam- guerre éclate. Il s’engage dans les régiments d’outre-mer, dont il emmerdé. Ça vaut de l’or. Ma motiva- nos vendeurs. » La réussite n’est pas Aymeric, « quand il aura fini son ping, scoutisme, alpinisme, sports revient en 1941. A la Samaritaine, sa place est prise. Roger a quelques tion n’est pas l’argent. Peut-être parce le pur fruit du hasard et de la chan- école de commerce ». d’hiver ». Pendant les années d’oc- économies. Il décide, avec sa femme Solange, de les utiliser pour se que je n’en ai jamais manqué. Et ce. Certes, Le Vieux Campeur a cupation, les affaires stagnent. Mais lancer dans le commerce. Le Vieux Campeur est né. puis, depuis soixante ans, nous som- bénéficié des congés payés, puis de Véronique Cauhapé L’homme aux sacs à dos DANS cette enfilade de sacs à dos, grands, petits, moyens, de besaces en toile et à bretelles, le voilà qui émerge, intarissable avec les clients, imbattable sur la der- nière nouveauté en rayon – le sac- valise. Philippe Zaroukian a bien la tête de l’emploi, celle du ven- deur de l’institution Vieux Cam- peur : quarantaine épanouie, che- veux bruns noués en catogan, lunettes cerclées d’intellectuel. Un physique aux rondeurs joviales rehaussé par sa pointe d’accent du Sud. La curiosité ? Une seconde natu- re chez lui. Il ne peut s’empêcher de vouloir tout connaître de son interlocuteur. « Pour satisfaire au mieux le client je suis obligé de lui La couverture du catalogue hiver 1960-1961. demander ce qu’il compte faire avec son sac à dos, pour évaluer le aussi les routes, bourlingué en démentir la formule qui veut que volume dont il a besoin. » Ce con- France et en Afrique où sa mère les cordonniers sont les plus mal tact personnalisé entre le vendeur enseignait la philosophie. « J’avais chaussés. Ses projets : un voyage et le client est une des caractéristi- une vie un peu chaotique », résu- aux Etats-Unis, berceau du blues ques du Vieux Campeur. Et de fil me-t-il. Un été, une amie lui a pro- et du jazz, puis en Arménie, là où en aiguille naissent les amitiés. posé une place pour trois mois au sont nés ses ancêtres. A chacun sa Ainsi cette femme partie faire le Vieux Campeur. Vingt ans après, ligne d’horizon. tour du monde, qui lui envoyait il est toujours là. « Les salaires des cartes postales à chaque esca- pour l’époque étaient aussi beau- Cécile Urbain le, ou cette autre qui habitait le coup plus attractifs qu’ailleurs, même quartier que ses grands- nous n’avions pas de pourcentage parents à Marseille. Sans oublier sur les ventes mais une prime d’inté- des rencontres plus insolites avec ressement non négligeable », racon- des sédentaires cultivant le songe te ce passionné de blues qui a vite d’un perpétuel départ. « Une adopté la vie nocturne parisienne. année nous avons vu revenir une quinzaine de fois un grand gaillard UNE EXIGENCE TECHNIQUE barbu, plus très jeune, qui s’arrêtait Seul déplacement au cours de devant un sac et nous demandait ces deux décennies de négoce : le s’il était solide. Puis il s’en allait. déménagement du sous-sol du Nous avions fini par le surnommer 48 de la rue des Ecoles au 75 de la M. Solide. » rue Saint-Jacques, prospérité obli- ge. C’est de sa boutique qu’il a vu DES OISEAUX DE PASSAGE François Mitterrand en marche Hormis quelques routards fidè- vers le Panthéon le 10 mai 1981. les, le gros de sa clientèle est cons- Depuis, le tourisme de masse est tituée d’oiseaux de passage. Philip- passé par là, les charters ont pe Zaroukian reste, lui, fidèle au embarqué des millions de Français poste, dans cet observatoire des dans les contrées lointaines. transhumances saisonnières à Cependant, d’après Philippe « l’ambiance familiale ». « J’aime Zaroukian, le profil du visiteur du cette entreprise, elle est à échelle Vieux Campeur n’a guère connu humaine, je connais le patron, ses de mutations, exception faite de enfants qui ont travaillé un été. Il y l’afflux d’étrangers, qui l’oblige à a une convivialité que je ne trouve- pratiquer l’anglais. Car le Vieux rais pas ailleurs, j’y ai noué des ami- Campeur, de même que ses tiés fidèles. » clients, est aujourd’hui sans fron- La bougeotte, il a appris à la dis- tières. Des clients plus attentifs à cipliner. Après une enfance dans l’exigence technique mais pas de le Gard, des études d’histoire vite casse-pieds « si on est soi-même abandonnées, un petit boulot bien dans sa peau ». Cet abonné à dans une clinique, il a sillonné lui la « coolitude » entend bien AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 29 ------Très nuageux, sauf au sud-est 23 NOVEMBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Le flux orienté au Poitou-Charentes, Aquitaine, vers 12h00 DU VOYAGEUR nord-ouest contribue à maintenir la Midi-Pyrénées. Sur le Poitou-Cha- sensation de fraîcheur sur la majori- rentes et le nord de l’Aquitaine, des Peu a té des régions. Une perturbation peu éclaircies se développent. Plus au Belfast nuageux ÉTATS-UNIS. La Photo-galerie active gagne les régions du Sud- sud, ciel très chargé avec quelques Liverpool du monde des Amériques (3, rue Dublin Ouest. Seconde perturbation sur pluies. Températures maximales de Varsovie Kiev Cassette, 75006 Paris) présente, du l’ouest de la France. 7 à 10 degrés sur le Poitou-Charen- 24 novembre au 31 janvier, « Les Amsterdam Berlin Brèves Bretagne, pays de Loire, Basse- tes, et de 10 à 13 degrés ailleurs. éclaircies Archives de la Terre », des photogra- Normandie. Ciel très nuageux à par- Limousin, Auvergne, Rhône- Londres phies d’Eric Courtade consacrées 50 o Bruxelles tir de la mi-journée. Bruine sur la Bre- Alpes. Ciel très nuageux en matinée Prague aux parcs nationaux de l’Ouest amé- tagne, puis la Basse-Normandie et sur l’Auvergne et Rhône-Alpes avec Couvert ricain, du Grand Canyon à Monu- les pays de Loire en soirée. Tempéra- quelques gouttes possibles ; flocons Paris Strasbourg Vienne ment Valley, de Bryce au lac Powell. Budapest tures maximales de 9 à 12 degrés. sur les Alpes du Nord ; retour d’un Brume A retrouver sur le site www.ericcour- Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- ciel variable avec des éclaircies Nantes tade.com. Berne brouillard France, Centre, Haute-Norman- l’après-midi. Températures maxima- Bucarest a TOURISME. Selon IPK Internatio- die. Ciel nuageux sur les Ardennes les de 0 à 4 degrés sur le Massif cen- Lyon Milan nal, l’Organisation mondiale du tou- avec possibilité d’averse. Ailleurs, tral, de 3 à 6 degrés sur le Limousin Belgrade Sofia Averses risme (OMT) et la Commission euro- alternance de nuages et d’éclaircies. et Rhône-Alpes, de 6 à 8 degrés sur Toulouse Istanbul péenne du tourisme, la situation du Nuages plus nombreux en fin de la Drôme et l’Ardèche. Mistral jus- tourisme mondial en 2001 et ses journée par l’ouest. Températures qu’à 60 km/h en vallée du Rhône. Rome Pluie perspectives pour 2002 sont loin maximales de 7 à 9 degrés sur le Languedoc-Roussillon, Proven- Barcelone Naples d’être aussi catastrophiques que les Nord-Picardie et 6 à 8 degrés ce-Alpes-Côte d'Azur, Corse. Jour- 40 o Madrid informations actuelles pourraient le ailleurs. née agréable avec un ciel peu nua- Lisbonne Athènes Orages laisser présager, et la reprise pour- Champagne, Lorraine, Alsace, geux. Mistral et tramontane assez rait intervenir dès le début de l’an- Bourgogne, Franche-Comté. Ciel forts avec des pointes entre 80 et Séville née prochaine. Un constat formulé très nuageux toute la journée avec 100 km/h. Températures maximales Tunis Neige au terme du World Travel Monitor, quelques averses de neige au-dessus de 10 et 13 degrés sur le Languedoc- Alger organisé à Pise (Italie) par IPK Inter- de 400 m. Températures dans l’après- Roussillon et de 12 et 17 degrés national. Informations auprès d’IPK midi de 3 à 5 degrés. ailleurs. Rabat 0o 10o 20o Vent fort International (tél. : 01-46-04-29-46).

PRÉVISIONS POUR LE 23 NOVEMBRE 2001 PAPEETE 25/30 C KIEV 0/5 N VENISE 3/10 S LE CAIRE 12/20 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 S LISBONNE 8/15 S VIENNE 1/5 C NAIROBI 15/25 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 21/27 S LIVERPOOL 4/10 P AMÉRIQUES PRETORIA 17/27 S EUROPE LONDRES 1/9 P BRASILIA 18/24 P RABAT 15/21 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 5/7 N LUXEMBOURG 1/4 N BUENOS AIR. 15/29 P TUNIS 12/19 N FRANCE métropole NANCY 3/6 N ATHENES 9/18 P MADRID -4/12 S CARACAS 25/31 C ASIE-OCÉANIE AJACCIO 11/20 S NANTES 4/11 N BARCELONE 6/13 S MILAN 3/13 S CHICAGO 6/13 C BANGKOK 19/30 S BIARRITZ 4/13 C NICE 10/18 S BELFAST 6/11 P MOSCOU -9/-3 C LIMA 16/19 P BEYROUTH 11/18 S BORDEAUX 4/9 C PARIS 3/6 S BELGRADE -1/8 C MUNICH -3/2 C LOS ANGELES 14/18 S BOMBAY 21/33 S BOURGES 1/5 S PAU 2/11 P BERLIN 0/4 C NAPLES 4/16 P MEXICO 5/21 S DJAKARTA 27/29 C BREST 6/12 C PERPIGNAN 5/13 S BERNE -4/5 C OSLO -6/-2 S MONTREAL 3/10 C DUBAI 19/28 S CAEN 6/10 N RENNES 5/12 N BRUXELLES 3/6 N PALMA DE M. 6/16 S NEW YORK 8/15 S HANOI 11/25 S CHERBOURG 5/10 N ST-ETIENNE 1/4 N BUCAREST -3/8 N PRAGUE -2/1 N SAN FRANCIS. 11/14 P HONGKONG 14/24 S CLERMONT-F. 2/4 S STRASBOURG 3/5 P BUDAPEST 1/4 N ROME 1/15 S SANTIAGO/CHI 10/20 S JERUSALEM 10/19 S DIJON 0/5 S TOULOUSE 2/11 C COPENHAGUE 1/5 C SEVILLE 11/16 S TORONTO 5/11 S NEW DEHLI 12/26 S GRENOBLE 1/5 S TOURS 3/8 S DUBLIN 6/11 P SOFIA -1/9 N WASHINGTON 3/17 S PEKIN 3/16 S LILLE 5/8 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 1/5 P ST-PETERSB. -4/-1 * AFRIQUE SEOUL 7/15 S LIMOGES 2/6 S CAYENNE 22/30 P GENEVE 1/6 C STOCKHOLM -3/3 C ALGER 11/18 N SINGAPOUR 25/30 P LYON 3/5 S FORT-DE-FR. 25/28 S HELSINKI -3/1 * TENERIFE 17/21 S DAKAR 24/29 S SYDNEY 15/23 S MARSEILLE 6/11 S NOUMEA 22/28 S ISTANBUL 6/11 P VARSOVIE -2/2 * KINSHASA 21/31 S TOKYO 10/17 S Situation le 22 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 24 novembre à 0 heure TU

VENTES Des céramiques de Picasso dispersées à l’hôtel d’Evreux RÉUNIE par un amateur, une Installé à Golfe-Juan avec Fran- tures : la femme, la tauromachie, transformant pots, coupes et mes existantes ; dans Tête peinte, forme le nez d’un deuxième visa- centaine de céramiques qui çoise Gillot en 1946, Picasso visi- les animaux, les fleurs et les natu- vases en têtes humaines, ani- le col d’un pichet figure une coif- ge (75 exemplaires, 250 000 à témoignent de la créativité iné- te l’atelier Madoura, à Vallauris, res mortes, la mythologie. maux ou créatures hybrides. Un fure féminine (100 exemplaires, 300 000 F, soit 38 110 à 45 730 ¤). puisable de Picasso doit être pro- où travaillent Suzanne et Geor- pichet tout simple en faïence 25 000 à 35 000 F, soit 3 810 à Ce jeu constant entre les for- posée à la vente à Paris à l’hôtel ges Ramié. Séduit par cette PIÈCES UNIQUES devient Petite Chouet- 5 340 ¤). Pour Arènes, il reprend mes et le dessin, le coup de d’Evreux, mardi 4 décembre. Là expression artistique très ancien- L’atelier Madoura met alors au te (200 exemplaires, 6 000 à la technique du vase tournant, crayon magistral qui distingue encore, comme dans les autres ne, qu’il n’a jamais utilisée, Picas- point différents moyens pour les 8 000 F, 920 à 1 220 ¤), Hibou déroulant un décor de corrida dis- chacune d’elles, font de ces pote- domaines, qu’il s’agisse de gravu- so entrevoit immédiatement les éditer. Leurs prix dépendent du Thinsp (500 exemplaires, 20 000 à posé en frises superposées, l’arè- ries des œuvres authentiques, et re ou de dessin, il atteint une maî- possibilités nouvelles qu’elle nombre de tirage (20 à 500 exem- 30 000 F, 3 050 à 4 570 ¤) ou Fem- ne en bas et deux galeries rem- même des chefs-d’œuvre, com- trise technique parfaite. Ses pots, peut apporter à son œuvre. De plaires), de la complexité du me (100 exemplaires, 25 000 à plies de spectateurs au-dessus me ce qui est sorti des mains du plaques, vases, assiettes ou plats, 1946 à la fin des années 1960, les décor, et des dimensions. Certai- 35 000 F, 3 810 à 5 430 ¤) grâce à (100 exemplaires, 50 000 à plus grand peintre du XXe siècle. d’une grande diversité de formes céramiques y tiennent une place nes restent des pièces uniques. la magie de quelques coups de 70 000 F, 7 600 à 10 670 ¤). et de décors, sont estimés de prépondérante. Elles retranscri- Il commence par peindre ou pinceau. Monochromes, minimalistes à Catherine Bedel 5 000 à 350 000 F, 763 à 53 435 ¤. vent tous les thèmes de ses pein- inciser des pièces classiques, L’artiste récupère aussi les for- souhait, les pièces à décor incisé se révèlent toutes aussi belles. e Hôtel d’Evreux, 19, place Vendô- Taureau attaquant , Homme bar- me 75001 Paris. Mardi 4 décembre, Calendrier 25 novembre, b Laval (Mayenne), samedi 24 Soviets, tél. : 01-53-30-30-30. bu, des médaillons ronds creusés exposition sur place samedi 1er de tél. : 04-68-35-68-35. et dimanche 25 novembre, b Lyon (Rhône), jouets-jeux, en faïence rouge n’ont besoin 14 à 19 heures, dimanche 2 de 11 à ANTIQUITÉS-BROCANTES b Rouen (Seine-Maritime), tél. : 02-43-53-49-17. du vendredi 23 au dimanche que de quelques traits du maître 18 heures, lundi 3 de 11 à 17 heu- b Toulon (Var), jeudi 22 du vendredi 23 au dimanche b Strasbourg (Bas-Rhin), 25 novembre, pour exister (60 et 75 exemplai- res, mardi 4 de 11 à 12 heures. Etu- et vendredi 23 novembre, 25 novembre, samedi 24 et dimanche tél. : 04-72-22-24-89. res, 5 000 à 7 000 F, 760 à de Le Mouel, cabinet Camard, tél. : tél. : 04-98-00-83-83. tél. : 02-32-12-06-49. 25 novembre, b Betton (Ille-et-Vilaine), jouets 1 070 ¤). 01-42-46-58-78. b Montpellier (Hérault),du b Montauban tél. : 03-88-37-21-21. anciens, samedi 24 et dimanche Picasso crée bientôt ses pro- vendredi 23 au lundi 26 novembre, (Tarn-et-Garonne),du 25 novembre, pres pièces, des sculptures pein- a BROCANTE. L’étude Parisud- tél. : 04-67-66-11-34. vendredi 23 au dimanche COLLECTIONS tél. : 02-99-55-81-01. tes assez surprenantes. Tripodes, Enchères disperse, dimanche b Nantes (Loire-Atlantique),du 25 novembre, tél. : b Paris, les héros de la bande b Grenoble (Isère), livres, un grand vase tourné, est un 25 novembre, l’entier contenu vendredi 23 au lundi 26 novembre, 05-63-63-41-51. dessinée se retrouvent à l’Espace régionalisme, samedi 24 et pichet posé sur trois pieds. Deux d’une boutique de brocanteurs. Le tél. : 02-40-52-08-11. b Revel (Haute-Garonne), Tajan, 37, rue des Mathurins, dimanche 25 novembre, se transforment en bras : Picasso mobilier régional est au rendez- b Metz (Moselle),du samedi 24 et dimanche samedi 24 novembre à l’occasion tél. : 04-76-51-57-98. a peint deux mains dans leur pro- vous comme les multiples objets vendredi 23 au lundi 26 novembre, 25 novembre, d’une vente qui regroupe affiches, b Les Pavillons-sous-Bois longement, et le personnage, formant le fonds de ce commerce tél. : 01-87-55-66-00. tél. : 05-34-66-67-68. sérigraphies, journaux, (Seine-Saint-Denis), cartes dont le visage s’inscrit dans la (bibelots, miroirs, luminaires, cui- b Perpignan b Bordeaux (Gironde),du périodiques et albums dont une postales et timbres, samedi 24 rondeur du pot, a les coudes sur vres, etc.). Exposition le samedi (Pyrénées-Orientales), samedi 24 novembre au dimanche version en noir et blanc des et dimanche 25 novembre, la table et la tête dans les mains ; 24 novembre de 10 à 18 heures, du vendredi 23 au dimanche 9 décembre, tél. : 05-56-06-24-91. aventures de Tintin au pays des tél. : 01-48-48-37-44. sur l’autre face, l’anse du pichet tél. : 01-69-09-54-85.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 276 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N˚ 249 En collaboration avec la

123456789101112 tous. - 8. Dans la gamme. Com- mencement de toute chose. - 9. La ménagerie du roi I Pour suivre le troupeau de loin. - 10. Les plus grands y résidaient. LOIN du château, la ménagerie II Personnel. - 11. On les retrouve de Versailles, construite entre 1662 dans la boue. Pronom. Ramassé et 1664, regroupait aussi bien des III pour se lancer dans la bagarre. - oiseaux que des mammifères, elle 12. N’est plus en cour. reçut même en cadeau du régent du IV Portugal un éléphant du Congo. Elle Philippe Dupuis était un but de promenade pour le V roi et ses invités. Jean de La Fon- SOLUTION DU N° 01 - 275 taine, par exemple, fait débuter VI Les Amours de Psyché par une visite Horizontalement à la ménagerie : « Notre quatre amis VII I. Poutre. Ferme. - II. Ouragan. estant arrivez à Versailles de fort bon- Pian. - III. Tu. Uélé. Oc. - IV. Roi- ne eure voulurent voir avant le disné VIII de. Guêtre. - V. Vicinale. Ain. - VI. la ménagerie : c’est un lieu remply de Osas. II. Kr. - VII. Yen. Organise. - plusieurs sortes de volatilles, et de qua- IX VIII. Eûtes. ESO. Uu. - IX. Us. drupèdes, la pluspart très rares, et de

Peintures. - X. Reconstituée. païs éloignéz. » Peter Boel, artiste N. MATHEUS / MUSÉE DE LA CHASSE ET DE LA NATURE X anversois venu à Paris en 1668 Pieter Boel (1622-1674), « Double étude d’un héron Verticalement rejoindre les peintres travaillant aux bihoreau ». Toile, 82 × 78 cm. 1. Pourvoyeur. - 2. Ou. Oiseuse. Gobelins sous la direction de Char- Château de Chambord. HORIZONTALEMENT solide. - IX. Il faudra les convertir - 3. Urticant. - 4. Taudis. EPO. - 5. les Le Brun, fut chargé de la tenture Actuellement au Musée du Louvre pour l’exposition en euros. Jamais. - X. Récitées à RG. En. OSEN. - 6. Eau. Air. Is. - 7. dite des Mois ou des Maisons royales « Pieter Boel, peintre des animaux de Louis XIV », I. Toujours près. Toujours prêt. 15 heures. Point culminant. Négligent. - 8. Lue. Asti. - 9. Epée. en qualité de peintre d’animaux. jusqu’au 17 décembre. - II. Quand la violence répond à Knout. - 10. Ri. Tari. Ru. - 11. Il travaille d’après nature dans la la violence. - III. Violent bien VERTICALEMENT Maori. Suée. - 12. Encenseuse. ménagerie de Versailles. L’ensem- ble de ses peintures et de ses Quel architecte a construit la souvent. Bien connue des cruci- dessins, réunis pour la première fois ménagerie de Versailles : verbistes et des amateurs de bul- 1. Ambition et arrogance. - 2. dans cette exposition, est d’une b Jacques Ange Gabriel ? les. - IV. A sec. Faire un tour chez Fait une nouvelle fois le ménage. exceptionnelle qualité par la vivaci- b Jules Hardouin-Mansart ? Morphée. - V. Passages histo- Bout du bout. - 3. Mauvais coup té du trait, le sens de l’observation, b Louis Le Vau ? riques. Voyage qu’il faudrait en pleine poitrine. - 4. A confian- la fidélité au modèle et la mise en Réponse dans Le Monde du réserver aux gens de la mer. - VI. ce. Couverture précaire ou mai- page , d’une étonnante modernité. 30 novembre. Ville de Serbie. Récoltée après son close - 5. Sans bois dans les ouverture du tronc. - VII. Faire bois. Ile de l’Atlantique. Arrive un bout d’essai. Le germanium. après la licence. - 6. Point de Réponse du jeu no 248 paru dans Le Monde du 16 novembre. Militaire US. - VIII. Jolie fleur départ matinal. Assurent la suite. Raphaël commence le grand cycle des décorations des appartements du déguisée en vache. Fît un raccord - 7. Homère est le plus grand de pape Jules II par la Chambre de la Signature, peinte entre 1508-1511. 30 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

ÉVÉNEMENT La commune de ambitieux que celui des précédentes désargentés. b « L’IMAGE reste au ne Trautmann, commissaire de cette tera 2,5 milliards de francs d’investis- Dugny, en Seine-Saint-Denis, accueille- expositions universelles, boudées par cœur des mutations en cours. Elle est exposition. b LE CONSEIL GÉNÉRAL sements. Son président, Robert Clé- ra, du 7 mai au 7 août 2004, une expo- le public. Des infrastructures légères également au centre de la mondialisa- de Seine-Saint-Denis a réussi à impo- ment (communiste), dit vouloir ainsi sition internationale sur le thème de seront mises à la disposition des pays tion. J’attends donc de la circulation ser sa candidature au gouvernement « accélerer le développement du l’image. b LE PROGRAMME est moins invités, afin de ne pas écarter les plus d’idées et des échanges », dit Catheri- pour cette manifestation qui nécessi- département ». L’expo 2004 à La Courneuve, rendez-vous international de l’image La manifestation programmée du 7 mai au 7 août 2004 en bordure du parc de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, déclinera le thème de l’image. Moins ambitieuse que l’exposition universelle d’Hanovre, boudée par le public, elle se veut aussi plus souple pour s’ouvrir aux pays désargentés

BONNE NOUVELLE pour le « carrefours d’images », lieux de département de la Seine-Saint- spectacles de 1 200 m2 chacun, et Denis : la petite commune de 24 kiosques plus modestes Dugny accueillera une exposition (100 m2) où pourront se produire internationale, en bordure du parc des artistes. Enfin, sur une grande de La Courneuve, sur le site de scène pouvant contenir 2 500 per- l’Aire des vents, où se déroule déjà sonnes assises, des rencontres – une fois par an – la fête de l’Hu- auront lieu chaque soir. Ce recen- manité. Ces 25 hectares seront trage se traduira aussi par les lan- donc dotés, pour l’occasion, d’un gues officielles utilisées : à côté du équipement pérenne à la faveur de français, de l’anglais et de l’espa- la manifestation. Celle-ci se dérou- gnol, l’arabe, le chinois et le japo- lera pendant 90 jours, du 7 mai au nais devraient avoir droit de cité. 7 août 2004. L’aménagement du parc a été confié, après concours, UN PÔLE AUDIOVISUEL à l’architecte Bernard Tschumi, le Si la France se lance dans une tel- créateur du parc de La Villette. Il le manifestation, c’est qu’elle y devrait s’associer avec l’agence voit aussi un intérêt concret. Le

Campement urbain, arrivée en D.R. site de La Courneuve est idéal, deuxième position. L’exposition internationale occupera les 25 hectares de l’Aire des vents, à Dugny. Situé à côté de l’aéroport du Bourget, ce assurent les organisateurs. Il est en Le Bureau international des terrain s’ouvre sur le Musée de l’air et de l’espace, sur le parc paysager de La Courneuve et sur une vue imprenable vers Paris. bordure d’un parc, sas de détente expositions (BIE), composé des pour les visiteurs, proche de Paris, représentants des 88 pays mem- sion d’exhiber leur force, leur puis- Saint-Denis table plus modeste- bâtiments de 6 000 m2 chacun, mis Enfin, les Etats les plus démunis à proximité de friches industrielles bres, a donné sont feu vert en sance, leur entregent. La dernière ment sur 8 millions de curieux. à la disposition des invités qui les auront la possibilité d’être pré- dont la mutation est ainsi facilitée, mars 2001. Le commissariat géné- à s’être déroulée sur le sol français Conscient de cette baisse de aménageront comme bon leur sem- sents par le biais d’une simple près des aéroports du Bourget et ral du projet a été confié à Catheri- fut celle de 1937, autour du Troca- tonus, le Bureau international des ble et pourront, s’ils le désirent, se exposition limitée, d’un colloque de Roissy, comme du parc d’expo- ne Trautmann, députée (PS) de déro. En 1989, une polémique expositions a révisé le contenu et regrouper par affinités – les modu- ou d’un spectacle ponctuel. On sition de Villepinte et du Bourget. Strasbourg, ancienne ministre de franco-française fit avorter l’ulti- le contour de ces manifestations. les étant de 500 à 1 500 m2. trouvera donc dans le parc des Cette zone complétera ainsi ses la culture et de la communication. me tentative méditée sur les bords Elles sont désormais moins vastes, équipements sportifs, déjà nom-

Le 20 novembre, une réunion inter- de la Seine. Il faut préciser que ces ramassées dans le temps et dotées Le site de l'exposition internationale breux, par des équipements cultu-

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ministérielle tenue à Matignon manifestations, coûteuses, peu- d’un thème précis : Lisbonne avait I rels (la grande scène), véritables

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s’est accordée sur les grandes vent paraître obsolètes. retenu celui des océans, La Cour- I locomotives pour le nord de Paris.

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I VAL-D'OISE

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lignes budgétaires de l’opération : Les progrès techniques qui neuve opte pour l’image. Le sujet I AAéroportéroport Quant au thème retenu, il ne

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Villetaneuse I

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I du Bourget I

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2,5 milliards de francs (365 mil- accompagnent un début de siècle n’est pas très nouveau, il apparaît I peut que conforter une zone où

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lions d’euros) seront débloqués déboussolé ne font plus guère illu- pourtant comme une panacée I IIII D29 l’audiovisuel est déjà très implan-

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pour les équipements. L’Etat sion : ils auraient plutôt tendance puisqu’il envahit un horizon qui se N1 I I tée (à la plaine Saint-Denis). De

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devrait assurer la trésorerie et le à inquiéter. Ces derniers sont borne de plus en plus à un écran. I II plus, l’impact escompté d’une telle

I RER D I

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I II I Stains I

I Parc départementalII

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financement de 40 % de ces dépen- d’ailleurs de moins en moins spec- Est-ce un gage de succès ? Rien I I exposition sur le tourisme permet-

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I de La CourneuveI

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ses, le reste serait à la charge des taculaires. La révolution informati- n’est moins sûr. I I trait de moderniser, d’adapter, de

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I I I I EXPOSITION

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collectivités territoriales, essentiel- que tient en quelques puces Le coût de participation était un I II créer des équipements en Ile-de-

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I I I II IMAGES 2004

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I II lement région (Ile-de-France) et microscopiques. L’innovation n’a autre obstacle pour les nations I I France : hôtels, salles de congrès I I

I I I I I I I I I Le Blanc- I I I Gare de Dugny- I département. Les projets de trans- donc plus besoin de ces messes désargentées. Les unes ne pou- I St-Denis I ou de salons. Cette manifestation I I LE BOURGET I I I I I Mesnil I I I I I La Courneuve I I I ports publics sont quant à eux déjà rituelles ni de ces bains de foule. vaient se payer le prix d’un I I devrait aussi accélérer la création I I I I I Gare du Bourget I I I I I I I I I I I inscrits dans le contrat de plan. Foules qui ne sont d’ailleurs plus pavillon, et rechignaient à se I I RER B ou la modernisation des infrastruc- I A1 I I I I I RER B I II I I IIIIIIIIIIIIIIIIIIII I I IIIII IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII I II III I I au rendez-vous. S’il y eu 40 mil- retrouver dans une sorte de ghetto I I IIII III tures de transports publics de Sei- I II III IIIIIIIII IIIIII I II III IIIIIIIIIIIIIIIIIIIII I La Courneuve I III I IIII I I I I III II I I II IIII I I II III I I II UN PUBLIC MOINDRE lions de visiteurs à Séville en 1992, collectif, comme à Hanovre. Le BIE IIII I ne-Saint-Denis (nouvelle gare au I I IIII I I I

III I Drancy I II II I LE BOURGET I II III I I I I IIIII I II I I II II I I N301 III Les expositions universelles, ou il n’y en eut que 18 millions à a donc proposé de doter ses exposi- II I Bourget, nouvelle ligne ferroviaire I II I I I N410 IIII A86 II I I III I I I IIII I I I Canal St-Denis III III I I III I II I II I internationales, sont nées au Hanovre en 2000 alors qu’on en tions d’infrastructures plus légères I II dite des Bas-Martineau). Une I II I I I I II I II I I III I e I II I I II SEINE-SAINT-DENIS I I II I I II II XIX siècle. La première fut organi- attendait plus du double. L’exposi- et plus souples. A La Courneuve, il I II aubaine pour les communes du I II IIII I I I II PARIS I I I II IIII I II I II sée à Londres en 1851. Les pays tion de Lisbonne (1998), d’un for- n’y aura pas de pavillons natio- I I département, qui sont loin d’être I II I I I I I I I I I II N2 I I I I I I I I I Aubervilliers I I I I I d’accueil voulaient montrer leur mat et d’une durée comparables à naux, sauf pour le pays d’accueil. A I les plus favorisées de France. I I I I La Plaine- I D14 I I I I I I I I 1km I I I I I I I I I I

I A1 St-Denis savoir-faire sur le plan industriel celle de La Courneuve, attira côté de trois pavillons thémati- I I I I et technologique. C’était l’occa- 10 millions de visiteurs. La Seine- ques, on trouvera une douzaine de E. de R.

TROIS QUESTIONS À... Courneuve de la circulation d’idées vitrine, pour remettre en cause ses et des échanges. Par ailleurs, la contenus car les développements Un vecteur de développement pour la Seine-Saint-Denis CATHERINE TRAUTMANN France a toujours mis en avant sa de cette branche se feront sur des spécificité culturelle, notamment contenus renouvelés. Cette exposi- LA SEINE-SAINT-DENIS n’aura der à la France le privilège d’organi- de 200 à 300 millions de francs pour- Vous êtes commissaire de cette dans le domaine de l’audiovisuel. tion doit être un moment d’élan et pas les Jeux olympiques de 2008… ser ce nouveau concept d’exposi- rait subsister. Ce risque financier 1exposition internationale pré- C’est le moment de faire valoir de pédagogie de l’image. mais une exposition internationale tion, dite « internationale ». Moins explique le scepticisme qui a accom- vue en 2004. Ne craignez-vous pas cette différence sur le plan culturel en 2004. Le conseil général du dépar- ambitieuse que la manifestation pagné le lancement de ce projet, qui que l’image soit à cette date-là mais aussi économique. Par quels moyens ? tement du nord de Paris a réussi à « mondiale » de Lisbonne en 1998 s’est traduit par la difficulté du gou- devenue un thème banal ? 3 En déclinant plusieurs appro- imposer au gouvernement la candi- et que l’édition « universelle » de vernement à nommer un commissai- Cette exposition d’un nouveau Cette exposition doit-elle être ches de ce thème : images pour le dature de la France pour le premier Hanovre, celle-ci ne durera que trois re général. type n’est pas destinée à mettre en 2une vitrine de nos points forts ? savoir, pour voir, pour jouer, pour événement de ce genre depuis l’Ex- mois et s’étendra sur un périmètre Le thème de l’image, choisi par avant la richesse économique, cul- Entre autres. On sait mal que, informer. La création artistique position universelle de 1937. Profi- restreint. les élus de Seine-Saint-Denis, n’est turelle et technologique de la puis- dans notre pays, les industries de sous toutes ses formes, les nou- tant de la défection des Philippines Fort des 25 hectares de l’aire des pas apparu non plus particulière- sance invitante. Elle doit susciter l’image sont aussi importantes que velles technologies et l’ensemble pour 2002, la Seine-Saint-Denis Vents, à Dugny, Robert Clément, le ment attractif. Le Futuroscope de des découvertes, des débats, des celles des télécommunications. des médias devraient être au ren- avait déposé, sans grand risque en président communiste du conseil Poitiers, qui développe le même interrogations. Or l’image reste au Que la publicité, secteur de l’image dez-vous. Avec des questions atten- l’absence d’autres candidats, son général, dit avoir eu l’idée de lancer concept, a perdu plus du tiers de ses cœur des mutations en cours : une à part entière, est aussi concernée. dues mais cruciales : qui fait ces projet devant le Bureau internatio- cette candidature « pour accélérer le visiteurs en quelques années. Et le génération est née et a été élevée Comme le patrimoine : les archives images et pour qui ? La dimension nal des expositions (BIE). développement du département ». deuxième parc d’EuroDisney, à avec, voire dans l’image. Elle est de l’INA seront entièrement numé- sociale de l’image, son impact cultu- Soucieux de redorer son blason Situé à côté du parc des expositions Marne-la-Vallée, ouvrira le 16 mars également au centre de la mondia- risées en 2003 ; ce sera le moment rel, ne seront pas exclus, loin de là. après l’échec financier de l’Exposi- et de l’aéroport du Bourget, ce ter- 2002 pour décliner, lui aussi, le lisation : on l’a vu, sur le versant tra- de le faire savoir et de les promou- tion universelle de Hanovre rain, déjà aménagé, accueille depuis thème de l’image. gique, au moment des attentats du voir. Le secteur de la netéconomie Propos recueillis par (1,23 milliard d’euros de déficit en plusieurs années la Fête de L’Huma- 11 septembre. J’attends donc à La doit pouvoir profiter de cette Emmanuel de Roux 2000), le BIE s’est empressé d’accor- nité. Une simple navette ferroviaire Christophe de Chenay devrait être mise en service entre la station de la ligne RER B au Bourget et la gare de Dugny-La-Courneuve, alors que le département aurait sou- haité une liaison plus directe avec la capitale. Mais, en plus de cet investis- sement de 150 millions de francs (22,76 millions d’euros), l’Etat et le conseil régional d’Ile-de-France vont de leur côté consacrer 100 mil- lions de francs (15,17 millions d’euros) à l’aménagement des rou- tes vers le site de l’Exposition. Alors que, dans un premier temps, les élus départementaux se disaient prêts à prendre tous les risques financiers (Le Monde du 9 mars), il a fallu attendre l’issue d’une ultime réunion interministé- rielle, mardi 20 novembre, pour que le gouvernement donne son feu vert définitif à cette candidature. C’est en effet la France qui doit se porter garanet devant le BIE de l’équilibre financier de l’opération. Deux milliards et demi de francs d’investissements seront néces- saires pour l’organisation de l’Expo- sition. Malgré les recettes de billet- terie espérées (1 milliard de francs pour huit millions et demi de visi- teurs), les apports des entreprises et la revente des pavillons, un déficit CULTURE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / 31 André Malraux, Nomination de un poète en action dans le siècle Jean-Michel Ribes Michèle Rosier propose, dans le film « Malraux, tu m’étonnes », au Théâtre une évocation magnifique de son héros, dont on célèbre le centenaire du Rond-Point C’EST un pari absurde, mené à Gide et Gaston Gallimard, ce « pre- bres ou méconnues, de la biogra- L’AUTEUR et metteur en scène bien avec une formidable modestie mier film » est une succession de phie du jeune Malraux. Et le mystè- Jean-Michel Ribes a été nommé à et une immense fierté. On connaît vignettes, souvent concentrées sur re Malraux s’accroît d’autant à cha- la direction du Théâtre du Rond- les limites et les dangers de la bio- un détail, un moment creux, une que séquence. L’entre-deux de ces Point, mercredi 20 novembre, par graphie filmée (biopic en version non-anecdote. Comment est-il moments se charge d’une densité, Catherine Tasca, ministre de la originale). Tenter celle d’un person- possible que ce soit si fort ? Trois d’une étrangeté et d’une ambivalen- culture et de la communication, et nage aussi complexe, spectaculaire raisons au moins. ce de plus en plus insolubles, que le Bertrand Delanoë, maire de Paris. et finalement officiel que Malraux film se garde bien de vouloir résou- Il succède à Marcel Maréchal, qui a

combinait tous les risques. A quoi, PAS DE NATURALISME dre par quelque « clé » que ce soit. D. R. quitté ses fonctions en décembre sans jamais se soucier de justifier D’abord la qualité de l’interpréta- Le « deuxième film », dont l’arti- André (Jérôme Robart) et Clara (Isabelle Ronayette) Malraux. 2000. Depuis, le théâtre était dirigé rien (de son entreprise) ni de tion : ni imitation ni mise à distan- culation avec le premier se fait par par Philippe Buquet, administra- démontrer quoi que ce soit (concer- ce, le jeu de Jérôme Robart, mais l’unique dérogation à la chronolo- comédien, dans un fascinant jeu de film, qui suggère plutôt une multi- teur provisoire. nant son héros), Michèle Rosier aussi d’Isabelle Ronayette (épatan- gie (l’irruption du discours des glissement sur les gestes, les postu- plicité de figures, assemblées selon Jean-Michel Ribes est nommé pour répond avec un aplomb imparable te en Clara Malraux) puis de Vanes- « Hommes du non », prononcé en res, les intonations, les mimiques. le même principe d’assonances cinq ans. Il entend « dédier aux écri- en inventant pour son personnage sa Larre dans le rôle de sa deuxième 1972 en hommage aux héros de la intuitives qu’utilisait Malraux lui- tures contemporaines » le Théâtre rien de moins qu’un style. Ce style femme, Josette Clotis, trouvent Résistance), est construit sur le UN FILM TISSÉ D’OMBRE même combinant les œuvres dans du Rond-Point qui avait été confié, ressemble-t-il à celui de Malraux ? l’exacte tonalité d’un naturel pas du face-à-face entre deux personnages Ce n’est plus, dès lors, que le film son Musée imaginaire. Extraordi- en 1981, à Madeleine Renaud et Pas du tout. Rien de flamboyant ici, tout naturaliste. Ils font merveille d’exception. Dans l’histoire, laisse dans l’ombre tel ou tel aspect naire aventure trouée d’énigmes en Jean-Louis Barrault. mais au contraire un regard frontal, pour rendre lisibles les actes de cha- Malraux et de Gaulle ; dans le film, de la biographie, de l’interdiction sa première partie, Malraux, tu Le projet de Jean-Michel Ribes s’ap- en aplats, d’une vigueur sèche et cun sans rien expliquer, et chargent Malraux et Clevenot. Clevenot joue de La Religieuse et l’affaire Langlois m’étonnes devient le rêve éveillé et puie sur un vaste mouvement, ini- précise qui prend à contre-pied le les instants du quotidien comme les Malraux après-guerre, il ne lui res- à l’engagement pour le Bangladesh. méditatif d’un grand comédien tié en 2000 par une centaine lyrisme de l’écrivain et les envolées moments de tutoiement avec la semble pas, il ressemblerait C’est qu’il est lui-même tissé d’om- affronté à un rôle non écrit, mais d’auteurs mécontents qui s’esti- de l’orateur. grande histoire d’une présence phy- d’ailleurs plutôt à de Gaulle – alors bre, mais toujours dans la matière vécu, par un autre grand comédien. ment mal traités par les théâtres Malraux, tu m’étonnes n’est pas sique, sensuelle et proche. que le comédien qui interprète le rayonnante des images, imperturba- Que ce soit, en outre, l’ultime appa- français, qui, selon eux, ne leur don- un film, mais deux films. Le premier Ensuite l’assez miraculeuse général, Olivier Hémon, n’a pas du blement lumineuses et donc plus rition de Philippe Clévenot avant sa nent pas la chance d’exister en ne couvre l’existence de l’auteur de La beauté des images d’Emmanuel tout l’apparence physique de son déstabilisantes que tous les clairs- mort ajoute encore en émotion. créant pas leurs pièces. Condition humaine depuis sa nais- Machuel : c’est clair et précis, lumi- personnage. Mais si le « premier obscurs. La Société des auteurs et composi- sance jusqu’à l’arrestation du colo- neux et nuancé, toujours admirable- film » devait figurer des personna- Y aurait-il finalement, deux Jean-Michel Frodon teurs dramatiques (SACD) a tenu nel Berger par les Allemands en ment cadré. Enfin, et surtout, l’intui- ges, le second se propose de les Malraux – le poète aventurier et « à féliciter » Catherine Tasca et 1943. De la boutique de l’enfance tion d’une mise en scène entière- invoquer, par une plus secrète et engagé de la jeunesse, ensuite le e Film français de Michèle Rosier. Bertrand Delanoë pour la nomina- au ciel d’Espagne en guerre, de ment fondée sur le principe : plus plus trouble incantation. Il y par- politique associant ses visions aux Avec Philippe Clévenot, Jérôme tion de Jean-Michel Ribes. Elle con- l’amour de Clara au Front antifascis- on en montre, moins on en voit. Le vient par la rencontre-dédouble- contraintes d’un régime person- Robart, Isabelle Ronayette, Vanessa sidère cette décision comme « histo- te, des statues khmères à André film accumule les saynètes, célè- ment entre le personnage et le nel ? Ce n’est pas la réponse du Larre, Marion Beulque. (3 heures.) rique ». C’est, dit la SACD dans un communiqué, « la promesse du regain de l’écriture vivante ». Une exposition évoque les affinités artistiques du futur ministre DÉPÊCHE MARCHÉ DE L’ART : Rik Gadella, MALRAUX s’étant déclaré «le d’années. Tous jouissent d’une bibliophilique. Il y emploie avec réticence, Braque,à qui il gieux qui ne peut masquer – par le le fondateur-directeur du Salon dernier des romantiques », hom- notoriété établie. Il serait donc Alexeïeff et Galanis pour accompa- demande de peindre au plafond de verbe – la faiblesse des moyens de Paris Photo, dont la cinquième édi- mage lui est rendu au Musée de la vain de présenter Malraux en gner Valéry, Gide et Morand : rien la salle des Etrusques au Louvre. Il son ministère et les limites de son tion a fermé ses portes le 18 novem- vie romantique. Si séduisant que découvreur. Il suffit de comparer que de très raisonnable. Seule s’efforce d’aider ceux qu’il a con- libéralisme. Cette ambiguïté n’a bre, a annoncé qu’il avait vendu cet- soit l’endroit, on ne peut s’empê- son itinéraire artistique à celui exception : la tentative d’aider nus et aimés jadis. rien qui puisse surprendre : elle te foire de l’image fixe à Reed Else- cher de le juger bien trop étroit. d’André Breton, presque son con- Fautrier en 1930 en lui passant com- Alors que l’Etat français, depuis illustre l’éternel malaise des rap- vier. Le prix de la transaction serait Etant donné l’importance du sujet, temporain : en 1921, à vingt-cinq mande, au nom de Gallimard, de un demi-siècle, n’avait plus aucune ports entre pouvoir politique et de 8 millions de francs. Cette socié- il méritait d’être traité largement. ans, Breton admire Picabia et pré- gravures pour l’Enfer de Dante. relation avec l’art contemporain, création artistique en France. té anglo-néerlandaise domine le Quatre salles, dont une toute peti- pare la première exposition à Paris Malraux, avec Georges Salles, direc- marché mondial de l’organisation te, pour suggérer les liens de l’écri- de Max Ernst. A cette date, loin de UN RATTRAPAGE URGENT teur des Musées de France, et Jean Philippe Dagen de Salons. En France, le groupe vain avec les avant-gardes artisti- Dada, Malraux et Clara dépensent A la Libération apparaît un Cassou, directeur du Musée natio- Reed Elsevier est notamment pos- ques, le ministre de la culture, le en voyages l’héritage de cette der- deuxième Malraux, dont le pouvoir nal d’art moderne, fait du rattra- e « André Malraux, le dernier des sesseur de la FIAC, du Salon du directeur de collection chez Galli- nière. Dans la décennie suivante, ne cesse de croître et culmine en page : rien n’est plus urgent en un romantiques, et la modernité ». livre, du Salon nautique, du mard, l’inventeur du Musée imagi- ses goûts demeurent éloignés de 1959, quand il crée le ministère de temps où Picasso est absent des col- Musée de la vie romantique, 16, Midem. Rik Gadella lancera en naire et le curieux de toutes les cul- toute aventure abstraite ou surréa- la culture. Ses préférences artis- lections nationales. De là un déca- rue Chaptal, Paris-9e. Tél. : 01-48- juin 2002 le premier Salon du mobi- tures : on est très près de l’indécen- liste, à en juger d’après les illustra- tiques demeurent stables : Masson lage gênant : faire travailler Cha- 74-95-38. Du mardi au dimanche, lier et design du XXe siècle et restera ce. Le visiteur, à moins de s’être ins- teurs auxquels il demande des plan- pour une édition des Conquérants, gall à l’Opéra en 1962, Masson à de 10 heures à 18 heures. Entrée : directeur de Paris Photo pendant truit au préalable, a peu de chance ches pour sa maison d’édition Fautrier, dont il préface les Otages l’Odéon en 1963, c’est se trouver en 30 F (4,57 ¤). Jusqu’au 24 mars. trois ans au moins. de comprendre pourquoi Balthus désaccord avec l’art « actuel » de côtoie Fautrier, Masson Chagall, ces années-là, mais aussi offrir à Braque Giacometti, les bouddhas Célébration à la Maison de la culture de Bourges ces artistes la reconnaissance publi- du Gandhâra les poupées des que qui leur avait été refusée. Indiens Hopi. On voudrait savoir A l'occasion du centenaire d’André Malraux, né le 3 novembre 1901 Contre le goût dominant de ses pour quelles raisons Malraux est à Paris et mort à Verrières-le-Buisson (Essonne), le 23 novembre amis, de son parti et de ses élec- traité de la sorte. 1976, Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, teurs, Malraux sait, symbolique- De ce désordre, deux figures de lui rendra un hommage officiel le dimanche 25 novembre, à la Mai- ment, assister à l’inauguration de Malraux se dégagent avec peine. son de la culture de Bourges, la première inaugurée en 1964 par le la première Biennale de Paris en La première est celle d’un ami pru- fondateur du ministère de la culture. Cette manifestation repose sur 1959 et imposer une réforme de dent de la modernité. Très jeune, une collaboration entre la Maison de la culture de Bourges et la l’Académie de France à Rome mal- initié à l’art dans le cercle de Daniel- Comédie-Française, dont l’administrateur général, Marcel Bozonnet, gré l’obstruction de l’Institut. A Henri Kahnweiler, où Max Jacob a réalisé un spectacle en hommage à l’écrivain. Catherine Tasca inau- l’inverse, il n’a qu’indifférence ou l’introduit en 1920, il fait la connais- gurera un site Internet (www.culture.fr) dédié aux Voix du silence, méfiance pour les avant-gardes des sance de Braque, Léger, Picasso, d’André Malraux, et Bernard Pivot enregistrera en public une émis- années 1960. Il s’enferme dans une Masson, Derain. Tous, sauf Mas- sion de télévision intitulée « Malraux, un aventurier de la culture », rhétorique incantatoire de la son, sont ses aînés d’une vingtaine qui sera diffusée sur France 2 le dimanche 2 décembre. culture, de l’intemporel et du reli- Ecrivain, homme d’Etat et « père introuvable » C’EST AVEC UN PEU D’AVANCE cru, sans complaisance ni sympa- Durant vingt-huit années, elle maison de Boulogne. Les enfants que l’édition avait célébré, ce prin- thie excessive. Il s’agissait surtout, entretint avec l’écrivain-ministre ne sont évidemment pas la grande temps, avec la sortie de plusieurs pour Todd, de ne pas céder aux des rapports réguliers, confiants et affaire du maître des lieux. Et puis livres, le centenaire de la naissance multiples séductions qu’offraient, parfois conflictuels. Car elle avait tant de célébrités passent là… Mais d’André Malraux – né le 3 novem- et qu’offrent toujours, la figure et son franc-parler, notamment sur ce ne sont pas seulement les traits bre 1901 à Paris. la personnalité de Malraux. Les l’Algérie, et n’hésitait pas à contre- fortement originaux du « héros », Pièce maîtresse de ces publica- quelques livres qui sortent, en ce dire son « patron ». Son récit, écrit ni même le milieu politique et litté- tions, la biographie d’Olivier Todd mois correspondant au centenai- au fil de la plume, révise quelques raire parisien où il trône qui font la parue chez Gallimard (« Le Monde re, n’ont pas ce caractère, ni par « stéréotypes commodes » ; il est valeur de ce livre. Alain Malraux, des livres » du 27 avril) n’appar- leur ampleur ni par le point de vue plein d’anecdotes et d’observa- on le perçoit à chaque page, est res- tient pourtant pas à la catégorie qu’ils proposent. tions faites à la lisière de la vie pri- té l’enfant qui regarde, avec éton- des monuments hagiographiques. Ancienne résistante, déportée à vée (Petit tour autour de Malraux, nement et désir d’aimer, cet hom- Le biographe apportait sur Ravensbrück, journaliste en Indo- de Brigitte Friang, éd. du Félin, me qui peut se montrer odieux ou l’auteur de La Condition humaine chine au début des années 1950, 220 p., 19,05 ¤ [124,95 F]). déployer au contraire tous les fas- et sur les zones d’ombre qu’il Brigitte Friang fut l’attachée de « Alain était un adorable petit tes de son intelligence. Sourde- entretenait, un éclairage un peu presse de Malraux à partir de 1947. garçon aux traits délicats, aux che- ment mélancolique, avec une pro- veux noirs et aux yeux gris brumes- fonde émotion et une justesse de du-Nord de la facture Malraux… » ton qui ne trompe pas, il raconte Ainsi Brigitte Friang parle-t-elle de ce « père introuvable » – c’est le celui que Malraux lui assignait sous-titre du livre – dont il écrit, comme petit « fiancé ». Fils de sans amertume ni déception, dans Madeleine Lioux, belle-sœur et les premières pages : « Quand on seconde épouse de l’écrivain, recèle tant de dons, il faut bien que Alain Malraux sera élevé par son vous manque quelque chose. » (Les oncle, avec les deux fils que celui- Marronniers de Boulogne, d’Alain ci eut de Josette Clotis, Gauthier et Malraux, éd. Bartillat, 366 p., Vincent, qui allaient mourir dans 19,9 ¤ [130,50 F]). un accident d’automobile en Signalons enfin deux autres mai 1961. ouvrages qui viennent de paraître : En 1978, Alain Malraux publiait Malraux l’antiministre fondateur, chez Plon un récit autobiographi- un témoignage de Max Querrien, que, Les Marronniers de Boulogne, qui fut le directeur de l’architectu- réédité ensuite, onze ans plus tard, re de Malraux de 1963 à 1968 (éd. dans une version augmentée, chez du Linteau, 110 p., 18 ¤ [118,07 F]), Ramsay et enfin chez Bartillat en et la réédition revue et corrigée 1996. C’est cette édition qui est d’un essai sur la spiritualité de reprise aujourd’hui. l’écrivain, Malraux ou la lutte avec Ici, bien sûr, la barrière de la vie l’ange, de Raphaël Aubert (Labor privée est franchie, mais avec rete- et Fides, 156 p., 14,94 ¤ [98 F]). nue et respect. Nous sommes dans l’espace intime et familier de la Patrick Kéchichian 32 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 CULTURE

SORTIR

Lear et Jules César e o PARIS Paris-16 .M Passy. Concerts gratuits 20 heures, Aldo Romano Quartet & Quintet le 23 novembre. en partage à Amsterdam Le plus parisien des batteurs Tél. : 01-56-40-15-16. Entrée libre. italiens de Paris, Aldo Romano, retrouve les émois de sa jeunesse VILLEBON-SUR-YVETTE La création contemporaine d’Aribert Reinman en célébrant la puissance, Les Effervessonnes l’inventivité, la joie et surtout les Troisième édition d’un festival qui dans la grande salle moderne et l’opéra mélodies inégalables de Sidney brasse largement les styles et les Bechet, celui par qui nombre de publics. Principe : chaque jour, de Haendel au Théâtre de la Ville musiciens de jazz européens ont une soirée thématique et découvert les vertus de la note populaire au Grand Dôme (reggae ouvrages contemporains, dont une bleue (Steve Lacy, Evan Parker…). avec Aswad, Steel Pulse, Yannick LEAR, d’Aribert Reinmann, par création, et ne répugne pas à impo- Avec Emmanuel Bex à l’orgue, Noah… le 23 ; chanson John Bröcheler (Lear), Gabriele ser de la musique ancienne. Chose le contrebassiste Olivier Sens et francophone avec Jorane, Axel Fontana (Cordelia), David Cor- facile en la ville : le pays a été le deux saxophonistes italiens Bauer, Brigitte Fontaine, Higelin… dier (Edgar), Choeurs de l’Opéra principal vivier « baroqueux » et (« mais ils pourraient aussi bien le 24 ; rock et funk festifs avec néerlandais, Orchestre philhar- les Hollandais ont gardé une légen- être chinois, l’important c’est qu’ils La Ruda Salska, Matmatah, monique néerlandais, Hartmut daire mais bien réelle ouverture soient bons », précise Romano) qui Sinsemilla, Maceo Parker… le 25), Haenchen (direction), Willy Dec- d’esprit à la nouveauté. prennent garde à ne pas copier en même temps qu’une ker (mise en scène), Opéra On était curieux d’entendre, leur glorieux aîné. programmation « innovante » d’Amsterdam, le 20 novembre. jouée en salle, cette partition qui a Au duc des Lombards, 42, rue des (Red Room, Di Maggio, Ol, GIULIO CESARE, de Georg Frie- fait l’objet d’une quinzaine de pro- Lombards, Paris-1er.Mo Châtelet. Kaolin, Kill Reve…) dans deux drich Haendel, par David ductions depuis sa création à 21 h 30, les 23, 24. petits chapiteaux Magic Mirrors. Daniels (Giulio Cesare), Christi- Munich, en 1978, et le dont le rôle- Tél. : 01-42-33-22-88. 100 F. Villebon-sur-Yvette, à partir de ne Schäfer (Cleopatra), Charlot- titre a été cousu sur mesure pour Figures politiques 18 heures, le 23, 16 heures, le 24, te Hellekant (Cornelia), Magdale- Dietrich Fischer-Dieskau. Troisième mini-festival organisé 14 heures, le 25. na Kozena (Sesto), Silvia Tro San- Pour l’entendre, on l’aura enten- par Radio-France depuis le début Tél. : 01-69-31-55-95. 80 F tafé (Tolomeo), Gary Magee due : tonitruante, noyée dans une de la saison. Pas moins de sept (pour les Essonniens), 120 F (Achilla), Della Jones (Nerina), débauche orchestrale tellurique, concerts mêlant musique de la journée, 200 F forfait trois jours. Les Musiciens du Louvre, Marc cette musique table sur un effet chambre (le Quatuor Sine Nomine Minkowski (direction), Ursel et facile : la surenchère. Outre l’énor- et trois des Moraguès dans un MARSEILLE Karl-Ernst Herrmann (mise en me formation symphonique, diri- programme Tiessen, Bartok et Le Jardin des apparences scène, décors, costumes et lumiè- gée avec un calme étonnant par Chostakovitch), jazz et musiques Véronique Olmi, auteur du Jardin res) Harmut Haenchen, il aura fallu traditionnelles grecques adeptes des apparences mis en scène par Théâtre de la Ville, Amsterdam, caser une bonne douzaine de per- du rébétiko, cette expression Gildas Bourdet, a créé une pièce le 21 novembre. Jusqu’au 7 cussionnistes. Reinman écrit les rebelle issue des prisons. Sans à six personnages. Autour du père décembre. De 50 florins à 140 flo- parties vocales en montagnes rus- oublier bien sûr les concerts de « patriarche » sur le point de rins . Tél. : 00-31-20-62-554-55 ses (dont le rôle extraverti d’Edgar, HANS VAN DEN BOQAARD musique symphonique et chorale : mourir, ses deux filles, leurs maris pour un contre-ténor montant très « Jules César » dirigé par Minkowski : un bain de jouvence. le Chœur et l’Orchestre et un jardin « bien plus qu’un AMSTERDAM haut et descendant très bas), nap- philharmonique (le 24 à décor ». Le metteur en scène, de notre envoyé spécial pe le tout de flanquées de cuivres, bain de jouvence. Marc Minkowski de ce qu’ils veulent en dire. C’est 17 heures) avec un programme peintre à ses heures, a conçu L’Opéra d’Amsterdam est une en sous-tendant la chose d’un ne donne pourtant pas dans la blanc, surexposé, plein de rangs de original (Dessau, Weill, Prokofiev un jardin abstrait, loin de ceux, sorte d’hybride entre l’Opéra de fond de cordes harmonisé « sale » demi-mesure, comme on sait. Il plumes blanches, de costumes et Kagel et deux œuvres de hyperréalistes, de Derniers détails, Paris et le Théâtre du Châtelet : du (la scène de Cordelia, par exem- paye comptant, et plutôt en gros- blancs, de jolis accessoires un peu Xenakis en création française), Une station-service ou d’Eté. Pour premier, il possède l’assise financiè- ple), et déverse, la plupart du ses coupures. Mais le public adore surréalistes, de détails grivois un et le trop rare Requiem de Hans interpréter le personnage central re, du second la légèreté et la sou- temps, un continuum de percus- cela. David Daniels, tout juste peu limite. Parfois on se croit à Werner Henze sous la direction de (Armand, le père), le directeur du plesse. Sans formation orchestrale sions… remis d’une aphonie, n’a pas la pro- l’Hôtel Mondrian de Los Angeles, Mark Albrecht (le 24 à 20 heures). Théâtre national de Marseille-La permanente, il peut inviter l’Or- jection très grande ce soir, mais décoré par Starck, parfois on ne Dimanche 25, ce sera à Marcel Criée depuis 1995 a choisi chestre de Rotterdam, celui du EXCÈS POITRINÉ chante formidablement bien. Chris- sait pas ce que font ensemble un Pérès et son Ensemble Organum Jean-Paul Roussillon. Claire Concertgebouw d’Amsterdam ou, Belle production, blanche, styli- tine Schaeffer, en Cléopâtre façon Yul Brunner velu en pantalon trans- de croiser les traces de Saint-Louis Nadeau (Michelle, l’aînée), lorsque le répertoire l’exige, une sée, mystérieuse, de Willy Decker. Crazy Horse, a la voix souvent flot- parent, un écolier en culotte cour- avec celles de traditions Marianne Epin (Sabine, la cadette) formation d’instruments anciens. Il faut craindre que l’œuvre ait tante, mais quelle émotion elle te et demi-cuirasse et un personna- soufies de la Confrérie Awamriyya lui donnent la réplique. En ce mois de novembre, les Ams- vécu tant que Fischer-Dieskau donne à ses airs de l’acte III… Silvia ge en chemise blanche tâchée de de Sfax (à 15 h 30) puis à Jean-Pierre Bouvier et Jean-Yves terdamois ont le choix entre le chantait. Aujourd’hui, elle tient dif- Tro Santafé joue les Marylin Hor- sang, le couteau à la main, tout l’Orchestre national d’honorer Roan incarnent leurs époux Lear d’Aribert Reinman, dans la ficilement, malgré l’engagement ne dans l’excès poitriné, Magadale- droit sorti de Massacre à la tronçon- Bartok, Busoni, Husa et Villa respectifs. grande salle moderne, et le Jules de la distribution vociférante mais na Kozena est la mesure même, neuse. Mais enfin, cela se regarde Lobos (à 16 heures). Tôt dans Marseille (Bouches-du-Rhône). César de Haendel, au Théâtre de la valeureuse réunie pour cette re- Charlotte Hellekant trop effacée. agréablement – et s’oublie dans la l’après-midi, René Koering, Théâtre national de Marseille- Ville – en fait l’ancien Opéra muni- prise. Les époux Herrmann ont une demi-heure qui suit les quatre heu- amphitryon des lieux et La Criée, 30, quai de Rive-Neuve. cipal. Programmation très typique Le lendemain, dans la salle bien fois de plus brodé un spectacle res de spectacle. maître-conférencier, vous aura Jusqu’au 28. 20 h 30, mardi, du directeur, Pierre Audi, qui fait sonnante du Théâtre municipal, ravissant et un peu vide autour affranchi sur « Beethoven, vendredi et samedi ; 19 heures, donner chaque saison deux à trois Jules César, de Haendel, semble un d’une partition dont on se deman- Renaud Machart dissimulateur et tambour-major ». mercredi, jeudi ; 15 heures, Maison de Radio-France, dimanche. Tél. : 04-91-54-70-54. 116, av. du Président-Kennedy, De 65,60 F à 164 F. Avec « Cenizas », Daniel Larrieu fait danser la mort pour célébrer la vie GUIDE ceptation simultanée de la mort, diens comme se dénouer les che- basses », dit-il. Comme les pétales CENIZAS, de Daniel Larrieu (cho- elle indique la seule issue possible à veux ou boire un verre, les seize de roses semés sur la scène par les régraphie et mise en scène). Théâ- la fatalité humaine : l’amour. Les danseurs déplient une fresque har- femmes, chaque séquence, si courte CINÉMA-FESTIVAL 16 heures, le dimanche ; 19 heures, le tre de la Ville, 2, place du Châte- cendres, dès lors, ont le goût du monieuse. Les mains courent soit-elle, se dépose. Moment magné- mardi. Tél. : 01-53-05-19-19. De 32,80 F let, Paris-4e. Jusqu’au 24 novem- néant, mais elles sont aussi le sel de autour des visages, éventent les ais- tique, quand dans l’obscurité qui Festival du film de Dunkerque à 170,55 F. Jusqu’au 23 décembre. Philharmonia Orchestra, bre à 20 h 30. Tél. : 01-42-74-22-77. l’existence. Cendres qui rendent selles, se fourrent dans la bouche métamorphose les fleurs en cristaux Le premier volet de cette quatrième édition met l’accent sur Hongkong, Ensemble Toiimi De 22 ¤ (144,31 F) à 11 ¤ (72,16 F), familière l’idée même de la fin. pour mieux écarquiller les yeux. de neige, deux hommes balaient len- avec Wong Kar Wai, Tsui Hark, Œuvres de Lutoslawski, Bartok, Lind- tarif jeunes dans la journée. Puis Cendres qui, retournant à la terre, Plus discrètes mais bien ryth- tement, traçant le chemin d’un som- Andrew Lau, John Woo et Fruit Chan. berg. Esa-Pekka Salonen (direction). en tournée : 7 décembre, Joué-les- font pousser les plantes, activent le mées, les jambes piétinent serré un bre labyrinthe. Cité de la musique, 221, av. Jean-Jau- Le deuxième s’intéresse à la cinémato- e o Tours ; 18 décembre, Le Mans ; cycle de la vie. danzon (tango tranquille d’origine graphie de Belgique, d’Angleterre, des rès, Paris-19 .M Porte-de-Pantin. Pays-Bas et du Nord - Pas-de-Calais. 20 heures, le 23. Tél. : 01-44-84-44-84. 21 décembre, Le Havre. Sur le plateau, des guirlandes de cubaine). Parfois les interprètes se ULTIME ÉLÉGANCE 110 F, 165 F. danseurs serpentent, composent contentent d’être là, assis, respi- Car la nuit menace Cenizas, ronge Enfin, le troisième, intitulé Mois du film documentaire, rend notamment Rachid Taha, Femi Kuti De la douceur dans la douleur, de des chaînes d’êtres reliés les uns rant, écoutant, rêvant même, qui ses fanions colorés, tisse d’ombres Zénith, 211, av. Jean-Jaurès, Paris-19e. hommage au cinéaste Robert Kramer. o la légèreté dans le drame et du bur- aux autres par une chanson senti- sait ? Dans cette simple présence, les silhouettes aux costumes Dunkerque (Nord). MJC Terre-Neuve, M Porte-de-Pantin. 20 heures, le 23. lesque jusqu’au cœur du macabre ! mentale latino ou une fanfare aux toute la poésie de la scène, sans le pétants de couleurs (impeccable gar- 43, rue du Docteur-Louis-Lemaire. Du Tél. : 01-42-08-60-00. 120 F, 160 F. Conçue entre le Mexique et la Géor- accents funèbres. Les corps défilent moindre élément de décor, prend de-robe signée Marthe Desmoulins 23 novembre au 2 décembre. Tél. : Mohamed Belil Centre culturel algérien, 171, rue de la gie, Cenizas (« cendres » en mexi- d’un commun accord, se portent, et sens, entre vide et plein. au diapason avec le folklore imagi- 03-28-66-47-89. 15 F, 25 F. Il existe un e o tarif d’abonnement. Croix-Nivert, Paris-15 .M Boucicaut. cain), la nouvelle pièce du chorégra- rebondissent les uns sur les autres. Daniel Larrieu revendique ici une naire du chorégraphe). Ultime élé- 20 h 30, le 23. Tél. : 01-45-54-95-31. phe Daniel Larrieu, avance en Certains sont tendrement manipu- subtile inefficacité, affiche la volup- gance que celle de faire bonne figu- TROUVER SON FILM 80 F. funambule sur le fil d’émotions fra- lés telles des marionnettes fati- té retrouvée de l’instant spectacu- re dans un monde crépusculaire, Mohamed Seyam, Adel al-Askary giles et ambiguës. Œuvre au double guées. Dans une gamme de gestes laire dans ses plus secrètes ramifica- chevauché par des squelettes et des Tous les films Paris et régions sur le Institut du monde arabe, 1, rue des Fos- sés-Saint-Bernard, Paris-5e.Mo Jussieu. visage célébrant le vivant dans l’ac- minimale, piquée de détails quoti- tions. « C’est une pièce en vibrations masques mortuaires. Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). 20 h 30, le 23. Tél. : 01-40-51-38-14. Sur un air disco-raï strident, la 80 F, 100 F. danse macabre finale envoie valser VERNISSAGE Compagnie Felix Ruckert travers le regard d’un personnage ce collier d’os qu’est un corps Théâtre national de Chaillot, 1, place NOUVEAUX FILMS e o cynique (Michael Caine) venu ven- comme on fait voltiger un enfant. Philip Taaffe du Trocadéro, Paris-16 .M Trocadéro. Peintures, œuvres récentes. ger la mort de son frère. Sylvester Avec Cenizas, pièce grave et heu- 20 h 30, les 23, 24 ; 15 heures, le 25. Galerie Thaddaeus Ropac, 7, rue Debel- Tél. : 01-53-65-30-00. De 59,04 F à e o HAPPY BIRTHDAY ! ment consubstantiel d’une authenti- Stallone s’est efforcé de gommer reuse dont la saveur rappelle les leyme, Paris-3 .M Filles-du-Calvaire. 111,51 F. a Happy Birthday ! est une chroni- que tradition culturelle. Dans ce cette dimension froide pour bâtir calaveritas, ces confiseries en forme Tél. : 01-42-72-99-00. De 10 heures à que étalée sur plusieurs jours de la dépassement, nourri de nostalgie et un personnage sentimental qui ne de crânes que s’offrent les Mexi- 19 heures. Fermé dimanche et lundi. RÉGIONS vie d’une maternité en Russie. Dans de chansons populaires, se déploie lui sied guère. Un scénario brouillon cains le 1er novembre, Daniel Lar- Jusqu’au au 9 janvier. Cirque Romanès, cirque tsigane un noir et blanc qui allie avec un cer- une vision sentimentale faite d’em- qui rend une partie de l’action rieu réussit sa tentative d’enchan- ENTRÉES IMMÉDIATES mise en scène d’Alexandre Bouglione- tain bonheur la stylisation et le sor- pathie et de poésie pure. J.-F. R. incompréhensible vient gâter ce tement de la vie dans ce qu’elle a de Romanès. dide, quelques femmes en attente Film russe de Larissa Sadilova. Avec film inutile. S. Bd plus cruel. En rendant la mort pro- Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Evreux (Eure). Chapiteau, près du Bel d’accoucher ou jeunes mamans Rano Kubaeva, Gulnara Mkhitarian, Film américain de Stephen Kay. Avec che et acceptable, il trouve le che- tains des spectacles vendues le jour Ebat. 20 h 30, le 24 ; 19 heures, le 27. depuis quelques jours passent le Irina Proshina. (1 h 10.) Sylvester Stallone, Miranda Richard- min de la fonction rituelle du specta- même à moitié prix (+ 16 F de commis- Tél. : 02-32-78-85-25. De 45,92 F à sion par place). 111,51 F. temps entre les soins du bébé, l’en- son, Michael Caine. (1 h 43.) cle dans son lien social avec le Place de la Madeleine et parvis de la La Traviata nui, la nostalgie du foyer, les potins GET CARTER public. Signant un traité d’amour gare Montparnasse. De 12 h 30 à de Verdi. Giuseppe Grazioli (direction), sur les hommes. La force du film de a La carrière de Sylvester Stallone avec les gens, il renoue un pacte 20 heures, du mardi au samedi ; de Jean-Claude Berruti (mise en scène). Larissa Sadilova ne réside pas sim- n’en finit plus de s’effondrer. L’idée avec la danse dont la magie béné- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Rennes (Ille-et-Vilaine). Opéra, place plement dans la façon dont il de tourner un remake de La Loi du fique serre le cœur en dénouant la L’Annonce faite à Marie de la Mairie. 20 h 30, le 24. Tél. : entend témoigner de l’état, plutôt milieu, un polar formidable réalisé peur. La mort chez Larrieu n’a plus de Paul Claudel, mise en scène de Mat- 02-99-78-48-78. 65,60 F et 249,26 F. thew Jocelyn. Merce Cunningham Dance Company vétuste semble-t-il, dans lequel se par Mike Hodges avec Michael Cai- besoin de consolation. Athénée-Louis-Jouvet, 4, square de Mulhouse (Haut-Rhin). La Filature, 20, trouve le système de santé en Rus- ne en 1972, adapté du roman de Ted l’Opéra-Louis-Jouvet, Paris-9e.Mo Opé- allée Nathan-Katz. 19 h 30, le 24. Tél. : sie. Très vite, il convient de voir ce Lewis (réédité chez Rivages sous le Rosita Boisseau ra. 20 heures, du mercredi au samedi ; 03-89-36-28-28. 131,20 F. qui, derrière les apparences, corres- titre actualisé de Get Carter), est a pond aussi à une théâtralité et à une priori excellente. Mike Hodges fil- capacité d’humour et d’épanche- mait les bas-fonds de Newcastle à 33 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 EN VUE

Le 11 septembre a aussi perturbé la tâche du Père Noël a Silvio Berlusconi, président du conseil italien, qui a distribué des montres en or aux élus Aux Etats-Unis, les Santa Claus, Pères Noël que l’on croise dans les rues et les supermarchés au moment des fêtes, de son parti les plus assidus à la Chambre des députés, ont un rôle économique important. Psychologique aussi : ils sont formés pour répondre aux questions d’enfants traumatisés par les attentats en avait déjà offert à George W. Bush et à Vladimir Poutine. C’EST UNE BANALITÉ que de sur ce qu’elle devait dire et ne pas certains d’eux, ont perdu un être dire que l’Amérique a été boulever- dire dans ce contexte. Parmi les sug- cher. Il faut de la psychologie, trop a Le public ne sera pas autorisé sée jusqu’au tréfonds d’elle-même gestions, “Oui, le Père Noël est triste pour que cela soit laissé à l’initiati- à visiter la Maison Blanche par les attentats du 11 septembre. de ce qui s’est passé” et “Etre gentil ve de chacun. Il y va en effet de la durant les fêtes de Noël : Le gouvernement, les entreprises, et joyeux est toujours mieux que santé économique du secteur ter- « C’est une raison supplémentaire les habitudes de vie ont subi, et d’être blessant et mesquin”. » tiaire à un moment où les Améri- de mener une guerre assidue subissent toujours le contrecoup moyenne 8 750 enfants, « en fonc- te-deux ans avec bretelles rouges et cains pensent plus à rester chez contre le terrorisme pour en des catastrophes du World Trade FORMULES TOUTES FAITES tion de la qualité de la barbe, du une clochette, a une autre appro- eux qu’à consommer et où, com- débarrasser le monde et ramener Center et du Pentagone ; les voya- Mais la réponse la plus délicate charisme et du lieu de travail ». che. “On peut ajouter que leur me l’a rappelé à sa manière le prési- la sécurité dans notre pays, gistes, les compagnies aériennes et est celle à une question comme « M. Koehler ne sait pas très bien famille est là pour les aider en dent George W. Bush en ces temps afin que les visites de la Maison même les shopping malls, qui sont « Que dire à une petite fille qui a quoi répondre, et Art Usher, qui quit- disant : Des méchants ont bombar- de récession, la consommation est Blanche puissent reprendre », entrés dans leur saison des fêtes peur de ce qui s’est passé le 11 sep- te chaque année la Caroline du Sud dé le World Trade Center, mais devenue un geste patriotique. a déclaré George W. Bush. de fin d’année. Une des institu- tembre ? », ajoute le quotidien éco- pour jouer les Pères Noël dans le regarde tous ces gens gentils qui Tom Valent, un instructeur, a un tions qui ont été contraintes de se nomique, qui cite plusieurs réac- Massachusetts, répond à sa place : prennent soin de toi”, en montrant petit truc à proposer à ses élèves : a Les policiers de Vannes remettre en question est celle de tions de Santa Claus profession- “Je lui dirais, chérie, il y a des cho- du doigt celui ou celle qui les accom- « Dites aux enfants qu’ils vivent offriront gracieusement « Santa Claus », de ces Pères Noël nels, un « job » qui peut rapporter ses qui se passent dans ce monde pagne. » dans le pays le plus sûr du monde. » des places de cinéma aux jeunes qui se font photographier avec les jusqu’à 30 000 dollars pour six à que nous ne comprenons pas, mais Les différentes écoles ont leurs La méthode Coué a toujours de qui portent l’équipement enfants dans les centres commer- sept semaines de travail et un con- nous travaillons à les résoudre. San- formules toutes faites pour résou- bons adeptes. obligatoire prévu par la loi ciaux. Aux Etats-Unis, où l’efficaci- tact – la plupart du temps accom- ta Claus prendra soin de toi !” Jim dre les problèmes posés par des pour circuler à vélomoteur. té prime tout, ces employés tempo- pagné d’une photo – avec en Heichelbech, un vétéran de quaran- enfants traumatisés et qui, pour Patrice de Beer raires sont formés par des écoles a « Il n’y aura plus désormais spécialisées, raconte le Wall Street de restrictions imposées aux Journal, et celles-ci se sont immé- DANS LA PRESSE que George Bush pourrait un pose la question de l’ambition LCI femmes en Afghanistan, annonce diatement mises au goût du jour. jour apparaître comme une sorte française. Débat qui doit être celui Pierre-Luc Séguillon le docteur Abdullah Abdullah, « Cette année, les classes dans les LE NOUVEL OBSERVATEUR de Harry Truman, le successeur de la campagne présidentielle. a Confronté à un mécontente- ministre des affaires étrangères “Santa Schools” ont été dominées Jean Daniel longtemps sous-estimé, voire ridi- ment policier dont le gouverne- de l’Alliance du Nord. Un simple par un thème peu familier et diffici- a Ben Laden a fourni aux Etats- culisé, de Roosevelt ? LIBÉRATION ment avait fort mal apprécié l’am- voile couvrant la tête suffira. » le : que se passe-t-il si la conversa- Unis l’occasion d’un grand pas Jean-Michel Helvig pleur, à l’instar du ministre de l’in- tion évolue de Noël au terrorisme, à vers la légitimation de leurs inter- LE FIGARO a La sécurité vaut d’abord par la térieur lui-même, Lionel Jospin, en a « Il n’y pas de xénophobie la guerre et à la mort ? “Je ne sais ventions extérieures. (...) George Jean de Belot représentation qu’on s’en fait. Si général hésitant, s’est contenté de parmi les Danois », affirmait pas ce que je dirais dans ces circons- Bush a manœuvré si habilement a L’image ne peut que frapper : l’opinion française, portée actuelle- tergiverser et de reculer au jour le Anders Fogh Rasmussen, tances”, explique Ed Koehler, un avec Moscou et Pékin, New Delhi c’est Joschka Fischer, le ministre ment au pessimisme social, a le jour. (...) Pour tout dire, le chef du futur premier ministre libéral, charpentier qui travaille le week- et Islamabad, Le Caire et Damas, allemand des affaires étrangères, sentiment d’une dégradation dans gouvernement donne le sentiment mercredi 21 novembre, end au Rockaway Town Square au Paris et Berlin qu’il est devenu dif- qui présidera, en présence de ce domaine, les policiers, que leur de chercher à gagner du temps sur au lendemain du succès New Jersey » (…) Ces sessions de for- ficile de lui opposer l’argument Colin Powell, la conférence sur métier expose frontalement aux un dossier dont le traitement de aux élections générales du parti mation sont habituellement une sor- selon lequel le terrorisme antiamé- l’avenir de l’Afghanistan. Le désordres de la société, sont por- fond est reporté à l’après-présiden- d’extrême droite dirigé te de camp d’entraînement dans ricain ne serait que le produit de même Joschka Fischer qui, dans tés à amplifier l’humeur ambiante. tielle, sinon aux calendes grec- par la « dame de fer » Pia une atmosphère joyeuse. SantaPlus, l’excès de puissance des Etats- les derniers mois, a poussé les (...) Ce n’est pas le meilleur ques. Mais en se refusant à pren- Kjaersgaard, qui veut empêcher une branche de Eastman Kodak à Unis et de l’impatience des pays pions de la diplomatie européen- moment pour attendre que soit dre à bras-le-corps le problème que « dans un avenir prévisible Saint-Louis [Missouri] forme envi- pauvres. La seule chose qui peut ne au Proche-Orient. (...) L’Europe enfin abordé de front ce paradoxe policier, Lionel Jospin commet une le pays ne devienne ron 500 personnes en un jour et remettre en question cette recon- de l’élargissement a déjà et aura qui fait que la France compte les erreur politique grave. Le mouve- majoritairement musulman ». demi. (…) Cette formation était pres- naissance planétaire de la morali- toujours son centre de gravité, forces de l’ordre les plus nombreu- ment des policiers peut évidem- que achevée avant le 11 septembre té américaine, c’est évidemment économique, politique, à Berlin. ses par tête d’habitant en Europe, ment s’étioler progressivement, a Les journalistes du quotidien et la société a envoyé à sa main- ce qui va se passer bientôt en (...) Pourtant, c’est au titre même mais que le pays semble toujours comme l’espère le gouvernement. soudanais indépendant Al Watan d’œuvre des instructions précises Afghanistan. (...) Qui aurait prévu de l’équilibre européen que se en manque de protection. (...) Mais le mal demeurera. ont été arrêtés, mardi 20 novembre, dans les rues de Khartoum où ils défilaient SUR LA TOILE la bouche bâillonnée pour www.cisco.com/nobel/survey protester contre la censure INTERNET SANS ABONNEMENT dans une affaire de corruption. a L’Autorité de régulation des télé- communications (ART) a décidé Des lauréats du prix Nobel imaginent l’Internet en 2020 a Gabriel Mba Bela, maire de que les fournisseurs d’accès privés Malabo en Guinée-Equatoriale, seraient désormais libres de fixer VINGT ET UN Prix Nobel de vée vont se multiplier et 51 % crai- accorde à ses administrés leurs tarifs de communication dans médecine, dix-neuf de physique, gnent qu’Internet n’entraîne une un délai de 45 jours pour réparer le cadre de leurs offres d’accès sans douze de chimie, neuf d’écono- diminution des relations sociales et donner des airs pimpants abonnement. Jusqu’à présent, mie, sept de la paix et un de litté- « directes ». Par ailleurs, 44 % pen- à leurs maisons, faute de quoi France Télécom imposait à tous rature : au total, soixante et onze sent que les nations et les classes elles seront démolies et les son tarif de 14 centimes (2 centi- anciens lauréats du prix Nobel, sociales qui maîtrisent aujourd’hui terrains vendus au mieux offrant. mes d’euros) la minute. – (AFP.) sur les deux cent cinquante-neuf les nouvelles technologies de l’in- en vie à ce jour, ont accepté de formation vont accroître leur avan- a « C’est formidable pour des gens CHINE-CENSURE répondre à une liste de vingt-six ce et renforcer leur domination qui sinon auraient besoin a Sur les 94 000 cybercafés recen- questions à choix multiples, por- sur le reste de l’humanité. d’un psychothérapeute », assure sés en Chine en avril, les autorités tant sur l’impact d’Internet sur les Invité par Cisco à commenter les Andreas Schmidtke, directeur en ont fait fermer à ce jour 17 500, grands secteurs d’activité au résultats de l’enquête, un représen- d’un centre berlinois car ils n’interdisaient pas à leur cours des vingt prochaines tant d’Amnesty International, qui de recyclage, en invitant clientèle de se connecter sur des années. L’enquête a été menée a reçu le prix Nobel de la paix en les personnes stressées à venir sites pornographiques ou des sites aux Etats-Unis et en Europe occi- 1977 à titre collectif, a déclaré avec un marteau taper politiques jugés subversifs. – (AP.) dentale par l’institut américain qu’Internet allait peut-être s’impo- sur des carcasses de voitures Princeton Survey Research Asso- ser comme un outil capable de bri- au cours de séances de NU INTERDIT ciates (PSRA), grâce à un finance- ser en partie le contrôle étatique défoulement à 2 dollars l’heure. a Un homme de trente-neuf ans a ment de la société Cisco, premier de l’information dans les pays dic- été condamné par le tribunal cor- fabricant mondial de routeurs tatoriaux. Pourtant, précise-t-il, il a Un Ethiopien du pays Oromo, rectionnel de Paris à deux mois de pour réseaux informatiques. ne faut pas attendre de miracles : emprisonné pendant cinq ans prison avec sursis et 50 000 francs Les résultats complets sont « Internet ne change pas fondamen- pour avoir lancé sans succès (7 622,45 euros) de dommages et publiés sur le site de Cisco depuis avait existé à l’époque où ils ont quotidienne de l’humanité dans talement les autres réalités des socié- un engin explosif sur son frère, intérêts, pour avoir publié sur mardi 20 novembre. Sans surprise, fait les découvertes qui leur ont son ensemble. 91 % estiment qu’il tés humaines. En un sens, il ne fait n’a pas mieux réussi, à peine Internet la photo de son ex-compa- 85 % des répondants pensent que valu le prix Nobel, leur travail facilitera l’accès du plus grand que les refléter. Par exemple, nous remis en liberté, avec sa femme, gne nue, accompagnée de com- d’ici à 2020 le Net va continuer à aurait sans doute été plus simple, nombre à l’éducation, mais 42 % n’allons pas transformer la Chine de qui, poussée du haut d’une mentaires pornographiques et d’in- bouleverser le secteur de la recher- plus rapide et moins coûteux. seulement le considèrent comme l’intérieur en passant uniquement falaise, est tombée sur une meule formations personnelles. L’hom- che scientifique et les canaux de En revanche, leurs prévisions l’une des plus grandes innovations par Internet. » de foin 50 mètres plus bas. me avait agi par dépit amoureux. – diffusion des connaissances. Les sont plus nuancées en ce qui con- du XXe siècle. 65 % se disent per- (AFP.) plus âgés estiment que, si le réseau cerne le rôle d’Internet dans la vie suadés que les atteintes à la vie pri- Yves Eudes Christian Colombani

par Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : par Dominique Dhombres LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex Freud et Jospin a Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35 (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. LIONEL JOSPIN a bien fait rire en puissance de Jean-Pierre Che- sur ses pattes en faisant remar- ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : les députés hier après-midi lors vènement dans les sondages pré- quer que Chevènement était « for- Adresse : du débat à l’Assemblée nationale occupe Lionel Jospin. Il ne veut cément président de quelque cho- Code postal : Localité : sur l’Afghanistan lorsqu’il a don- surtout pas en parler en public. se ». « De la communauté urbaine Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPAE né du « monsieur le Président » à Son inconscient le fait à sa place. de Belfort », lui a charitablement Jean-Pierre Chevènement. Fran- C’est peut-être le Charles-de- soufflé, du perchoir, Raymond Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 ce 3 avait malencontreusement Gaulle qui lui a porté malheur. Forni, lui aussi député de Belfort. J'autorise l'établissement teneur de interrompu la retransmission en Jospin venait d’annoncer qu’avec Tout cela a évidemment beau- mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER direct de la séance, mais ce nou- son hélice toute neuve et son coup réjoui celui qui était ainsi les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... veau lapsus a été relevé gaiement pont rallongé de quelques mètres déclaré vainqueur, par anticipa- au journal Le Monde. Prénom ...... aux journaux télévisés du soir aus- le porte-avions nucléaire français tion, de la course présidentielle, et N° ...... rue ...... Je resterai libre de suspendre provisoire- si bien par Patrick Poivre d’Arvor allait bientôt appareiller vers ce par son concurrent et néan- Code postal Ville ...... …...... ment ou d’interrompre mon abonnement à que par David Pujadas. On con- l’océan Indien. A moins que ce ne moins ami. Comme il est « un peu tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT naît la théorie freudienne : c’est soit Alain Madelin qui l’ait désta- superstitieux depuis quelque DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) la pensée refoulée dans l’incons- bilisé. Le président de Démocra- temps », il y voit « un signe » qui Date :...... cient qui se fraye ainsi un passage tie libérale est imprévisible. ne le « laisse pas indifférent ». Signature : ...... pour apparaître au grand jour. « Tout se passe comme si cette vic- Dans sa Psychopathologie de la vie N° ...... rue ...... L’inconscient du premier ministre toire, vous ne l’aviez pas voulue », quotidienne , Freud avait déjà Code postal Ville ...... doit être singulièrement encom- a-t-il lancé à propos des succès signalé un beau lapsus parlemen- IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER bré ces temps-ci. Il avait parlé des militaires de l’Alliance du Nord, taire. Le président de la Chambre Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB « trotskistes », voulant dire les avant d’ajouter, à la stupéfaction des députés autrichienne, sûre- d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- tion. Il y en a un dans votre chéquier. « travaillistes » britanniques au générale: « Ce vous est un ment désireux d’en finir au plus plus fort de la polémique sur son « vous » de cohabitation. » Peut- vite, avait déclaré un jour, en Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : appartenance passée, qu’il s’était être que le mettre dans le même ouvrant la séance: « Messieurs, la Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. longtemps efforcé de dissimuler, sac que Chirac est le plus sûr séance est close. » On aurait tort Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) à l’un des courants du trotskisme moyen de troubler Jospin. de se plaindre. Jospin n’est pas “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 français. A l’évidence, la montée Ce dernier a essayé de retomber toujours aussi drôle. Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 34 / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 RADIO-TÉLÉVISION JEUDI 22 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.00 André Malraux ou MUSIQUE 17.20 Si je t'aime, TÉLÉVISION ARTE la « Grande Vie ». Chaîne Histoire prends garde à toi aa 21.00 Le Cinéma indien. Planète 17.45 et 20.35, 23.30 Debussy. Jeanne Labrune (France, 1998, 19.00 Voyages, voyages. 19.00 Voyages, voyages. o Sonate pour violon et piano n 3 110 min) ?. Cinéstar 2 TF 1 22.00 Musique et film, Les Seychelles. Arte 19.45 Arte info, Météo. en sol mineur. Enregistré en 1986. 18.10 Une semaine de vacances aa 20.15 Histoires de familles. on connaît la chanson. Planète 20.00 Alexandrie. La découverte Avec Tabea Zimmermann (violon), 17.25 Beverly Hills. Bertrand Tavernier (France, 1980, 20.45 Plus qu'hier, d'un empire perdue. Voyage Arnulf von Arnim (piano). Mezzo & 18.20 et 0.25 Star Academy. 22.55 Le Cinéma d'animation. Planète 105 min) . CineCinemas 3 moins que demain aa 20.05 Témoignages autour du cas 19.50 Tchaïkovski. Concerto pour piano n˚1 aa 18.55 Le Bigdil. & en si bémol mineur, opus 23. 19.05 Nos funérailles Film. Laurent Achard . MAGAZINES Pinochet. [4/12]. La prison. Histoire Abel Ferrara (Etats-Unis, 1996, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. L'aventure du thé. Enregistré en 1975. ? 22.10 Thema. 21.00 Egypte, dieux et démons. Avec Martha Argerich (piano). 100 min) . CineCinemas 1 20.55 Julie Lescaut. L'Affaire Darzac. 22.11 Robert Fortune, le voleur de thé. 19.00 Explorer. Rendez-vous avec la baleine Par l'Orchestre de la Suisse romande, 19.20 Baxter aa 22.45 Morsures mortelles. 23.05 Les Routes du thé. du Pacifique. Le Jitterbug. Montagnes [4/5]. Les dieux et les démons. Voyage dir. Charles Dutoit. Mezzo Jérôme Boivin (France, 1988, Téléfilm. Noel Nosseck %. 23.35 La Mort d'un maître de thé aa russes. National Geographic 21.05 La Mission de Victor Martin. TV 5 22.55 Ravel. Rhapsodie espagnole. 85 min) ?. Cinéfaz 0.55 La Belle Verte Film. Kei Kumaï (v.o.). 20.05 Temps présent. Naissance 21.15 1914-1918, les derniers témoins. Par l'Orchestre philharmonique 19.20 Les Nuits Film. Coline Serreau. 1.20 L'homme d'une expo. Le calvaire de Cosette. TSR [2/2]. La Chaîne Histoire de Munich, dir. S. Celibidache. Mezzo de la pleine lune aaa qui ne savait pas être un ami. 20.55 Envoyé spécial. Autopsie d’une folie 22.00 Nanicomanies. Voyage à travers 23.45 Outis. Opéra de Berio. Par le Chœur Eric Rohmer (France, 1984, FRANCE 2 Téléfilm. Benoît Graffin. meurtrière ; Les cantines scolaires la passion des nains de jardin. Planète et l'Orchestre de la Scala, 100 min) &. Cinétoile sur le grill ; Quand les détectives 22.10 Grottes ornées de Bornéo. Odyssée dir. David Robertson. Mezzo aaa 17.25 Qui est qui ? M6 contre enquêtent ; L’après taliban 20.40 Manèges & Yves Allégret (France, 1949, 18.05 70's Show . en Afghanistan. France 2 22.11 Thema. Robert Fortune, THÉÂTRE & 17.55 Le Flic de Shanghaï &. le voleur de thé. Arte 95 min). Festival 18.25 Friends . 22.20 Recto Verso. aa 18.55 Charmed &. Invitée : Fanny Ardant. Paris Première 23.05 Thema. Les Routes du thé. Arte 23.15 Hommage à Bernard Blier. 20.45 Un flic 18.55 On a tout essayé. On purge Bébé. Jean-Pierre Melville (France, 1972, 19.45 Un gars, une fille. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.30 Open club. 23.35 Passé sous silence. ème 20.05 Madame est servie &. Pièce de Feydeau. Festival 105 min). 13 Rue 20.00 et 0.40 Journal, Météo. Christophe Gans. CineClassics L'affaire Markovic. France 3 aa 20.40 Caméra Café. 20.45 La Flèche et le Flambeau 20.25 Question ouverte. 23.05 Campus, TÉLÉFILMS Jacques Tourneur (Etats-Unis, 1950, SPORTS EN DIRECT Invitée : Michèle Alliot-Marie. 20.50 Popstars. [10/14]. le magazine de l'écrit. France 2 90 min). TCM 22.10 Ally McBeal. 19.05 La Légende de Cendrillon. 20.55 Envoyé spécial. & 23.35 La Route. Invités : Akhenaton 19.30 Football. Coupe de l'UEFA. A la recherche de Barry White . Robert Iscove. Disney Channel 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. 23.00 Le nez de la discorde &. et Djamel Bouras. Canal Jimmy FC Bruges - Lyon. Eurosport 21.00 Les Amours d'Emma Bardac. 1.00 Nikita. Tel est pris %. 23.55 Capital. 20.45 Football. Coupe de l'UEFA. Thomas Mowrey. Muzzik DOCUMENTAIRES 16e de finale. Canal + 0.20 En scène pour la mort. FRANCE 3 FRANCE-CULTURE 18.00 La Guerre en couleurs. Pascal Goethals. Festival DANSE 16.35 MNK, A toi l'actu@. 20.30 Fiction 30 (rediff.). La bataille pour la Norvège. La chute SÉRIES de Singapour. La Chaîne Histoire 18.00 Le Lac des cygnes. 17.35 et 20.25 La Vie à deux. 21.00 Le Gai Savoir. Invité : Patrick Duval. 18.30 Orques Chorégraphie de Rudolf Noureev. 20.55 Julie Lescaut. L'Affaire Darzac. TF 1 18.20 Questions pour un champion. Musique de Tchaïkovski.Par le ballet 22.10 Multipistes. National Geographic 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. de Norvège. de l'Opéra d'Etat de Vienne. 21.35 The Practice. Etats d'urgence. Stratégies. Série Club 20.15 Tout le sport. 22.30 Surpris par la nuit. 19.00 La Main de Staline. Avec Margot Fonteyn, Rudolf Noureev. 0.05 Du jour au lendemain. Avec l'Orchestre symphonique 20.55 Les Grandes Gueules [1/3]. Leningradskaïa, un village 0.15 Deux flics à Miami. Danièle Robert cosaque. Planète de Vienne, dir. John Lanchbery. Mezzo Si peu qu'on prenne (v.o.). 13ème RUE Film. Robert Enrico. 23.00 Météo, Soir 3. (Ovide et Les Métamorphoses). 23.35 Passé sous silence. 0.40 Chansons dans la nuit. L'affaire Markovic. 0.30 J'ai pas sommeil. FRANCE-MUSIQUES 20.45 Plus qu'hier, 20.00 Concert. Par l'Orchestre symphonique Ou les ingrédients permettant de CANAL + de la NDR, dir. Günter Wand. moins que demain aa Arte France 3 jeter l’opprobre sur un homme poli- aa Œuvres de Schubert, Bruckner. Laurent Achard. Avec Pascal Cervo, 16.45 Regarde les hommes tomber 22.00 En attendant la nuit. 22.10 Thema : L’Aventure du thé 22.35 Passé sous silence : tique candidat à la magistrature Martin Mihelich, Læticia Legrix Film. Jacques Audiard %. (France, 1999, 85 min) &. Arte 23.00 Jazz, suivez le thème. Robert Fortune, le voleur de thé,de L’affaire Markovic suprême, en l’occurrence Georges 18.20 Surprises. 22.10 Peut-être a 18.30 Tom et Jerry. 0.00 Extérieur nuit. Diane Perelsztejn, premier docu- Une star du show-biz, un futur pré- Pompidou, via sa femme, Claude. Cédric Klapisch (France, 1999, f En clair jusqu'à 20.45 110 min) &. Cinéstar 1 mentaire de cette soirée sident de la République et son Bref, les recettes d’une vraie, et 18.40 Agrippine &. RADIO CLASSIQUE thématique, raconte de manière épouse, des figures du milieu et des ignominieuse, cabale politico-judi- 22.15 L'Horloger de Saint-Paul aa Bertrand Tavernier (France, 1973, 19.05 + de cinéma. 20.05 Les Grands Interprètes vivante le périple de ce botaniste services secrets jouant leur parti- ciaire, sur laquelle revient de maniè- 110 min) &. Cinéfaz 19.35 Le Journal. à Toulouse. Augustin Dumay, violon, aa 19.50 Le Zapping. Maria Joao Pires, piano. écossais, au cœur d’une Chine tion, dans l’ombre… Le tout attisé re très efficace ce documentaire de 22.15 L'Assassinat du Père Noël Œuvres de Beethoven. interdite aux étrangers. Le second, par les luttes intestines qui sévis- Reynold Ismard réalisé à partir Christian-Jaque (France, 1941, 19.55 Les Guignols de l'info. 90 min) &. Disney Channel 22.05 Les Rendez-vous du soir (suite). Les Routes du thé, réalisé par saient, déjà en 1968, dans les rangs d’une enquête fouillée menée par 20.05 Football. Coupe de l’UEFA. Par l'EuropaChorAkademie, le Chœur 23.35 La Mort d'un maître de thé aa Paris SG - Glasgow Rangers. d'enfants de la cathédrale de Fribourg Claude Lahr, donne la parole aux du gaullisme et épicé d’une pincée Catherine Erhel et Francis Zampo- Kei Kumaï (Japon, 1989, v.o., 20.45 Coup d’envoi. et l'Orchestre symphonique de la SWR professionnels, de la cueillette aux de sexe… Il y a, dans ce qu’on a ni. Un numéro de « Passé sous silen- 105 min). Arte 23.00 The Skulls, société secrète a de Baden-Baden et Fribourg, aa Film. Rob Cohen (v.o.) %. dir. Michael Gielen, Cornelia Kallisch, séances de dégustation, dans diffé- appelé l’ « affaire Markovic », tous ce » sur un scandale qui défraya la 0.50 Vie privée Louis Malle (France - Italie, 0.45 Le Vampire de Düsseldorf a alto. Œuvres de Mahler. rentes régions du monde. les éléments d’un polar de série B. chronique à la fin des années 1960. 1961, 95 min). TCM Film. Robert Hossein ?. 0.00 Les Nuits de radio Classique.

VENDREDI 23 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.00 Mission sauvage. Les éléphants 21.25 Café Müller. 14.30 Merci pour le chocolat aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE de Thaïlande. National Geographic Chorégraphie de Pina Bausch. Claude Chabrol (France - Suisse, 2000, & 18.30 Bibliothèque Médicis. 20.00 Le Cinéma des effets spéciaux. Musique de Henry Purcell. 95 min) . Canal + Vert 13.45 Le Journal de la santé. Enregistré en 1985. Mezzo Les leçons de sagesse. [1/2]. La guerre selon 15.30 Les Sentiers de la gloire aa TF 1 14.05 Le Spectre de la crise. Avec François Bluche, Marc Fumaroli, Hollywood. CineCinemas 1 Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1957, MUSIQUE 90 min). TCM 13.50 Les Feux de l'amour. 15.05 Domus 5, André Comte Sponville, 20.00 Néfertiti, une reine Monique Canto Sperber. Public Sénat 15.45 Coup de torchon aaa 14.40 Dans les bras du danger. c'est comment chez vous ? e mystérieuse d'Egypte. Voyage 19.30 Classic Archive. Téléfilm. Neema Barnette %. 16.00 Il était une fois l'Atlantide. 21.00 La V République. Planète Bertrand Tavernier (France, 1981, 20.05 et 23.15 Témoignages Enregistré à Londres, en 1969 125 min) &. Cinéfaz 16.25 Alerte à Malibu. 17.00 Les Refrains de la mémoire. 22.00 De Gaulle, et à Paris, en 1971. Œuvres aa autour du cas Pinochet. de Beethoven, Debussy, Stravinsky, 16.05 Une semaine de vacances 17.25 Beverly Hills. 17.35 100 % question. le mystère de Baden. Planète Schönberg, Berg, Mahler. Mezzo Bertrand Tavernier (France, 1980, 18.05 C dans l'air. [5/12]. La famille. Histoire 105 min) &. CineCinemas 1 18.20 et 1.25 Star Academy. 22.55 Cinquante ans de relations 19.00 Tracks. 20.30 Les Mystères de la Bible. 20.35 et 23.30 Strauss. 16.05 Betty aa 18.55 Le Bigdil. franco-allemandes. Planète La dernière révolte. Chaîne Histoire Romance pour clarinette et orchestre. 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 19.45 Arte info, Météo. Enregistré en 1991. Avec Sabine Meyer Claude Chabrol (France, 1991, 20.30 Un barrage 100 min) &. Canal + Vert 20.50 Les Enfants de la télé. 20.15 Histoires de familles. (clarinette). Par l'Orchestre aa MAGAZINES pour le Tennessee. Planète philharmonique de Munich, 17.00 Les Quatre du Texas 23.10 Sans aucun doute. 20.45 Colère. dir. Michael Helmrath. Mezzo R. Aldrich (EU, 1963, 120 min). TCM Téléfilm. Matti Geschonneck. 18.05 C dans l'air. La Cinquième 21.00 Liban, la terre 1.55 Les Coups d'humour. 20.55 Tribute Night. Jazz Open 1999. 18.10 Manèges aaa 22.20 La Vie en face. Le Retour des fils. 19.00 Tracks. Dream : Howie B. Backstage : des Phéniciens. Histoire 22.00 Hommage à Duke, Y. Allégret (Fr., 1949, 90 min). Festival Une odyssée albanaise. Congo Tchégué. Vibration : photo 21.00 La Fièvre des îles. Zanzibar. Voyage Ella et les autres. Muzzik 19.00 Petulia aa FRANCE 2 23.15 Les Colonnes du péplum virtuelle. Live : Fonky Family. Arte 22.15 Schubert. Sonate n˚20, D 894. R. Lester (GB, 1968, 105 min). TCM 13.50 Derrick &. 0.15 La Vengeance d'Hercule 21.00 Mangeurs d'hommes. & 19.00 et 1.00 Explorer. Sous-marins nazis. Les crocodiles. National Geographic Enregistré à Snape Maltings, 20.45 La Chatte 16.00 Mort suspecte. Film. Vittorio Cottafavi . Visons des profondeurs. en Angleterre, en 1977. aa Duff Severe, sellier 21.20 Les Objets de la Grande Guerre. Avec Sviatoslav Richter (piano). Mezzo sur un toit brûlant 16.55 Des chiffres et des lettres. R. Brooks (EU, 1958, 105 min) %. TCM des rodéos. National Geographic [2/10]. L'aviation. La Chaîne Histoire 17.25 Qui est qui ? M6 22.25 Rockmaster. 21.00 La Jeune Fille et la Mort aa 19.30 et 0.10 Rive droite, rive gauche. 21.50 Sinasos, histoire Enregistré à l'Assembly Rooms, 18.05 70's Show &. 13.35 Un instant de panique. Roman Polanski (France - GB, 1994, & & Best of. Paris Première d'un village déplacé. Histoire à Amsterdam, en 1983. Canal Jimmy 100 min) %. CineCinemas 2 18.25 Friends . Téléfilm. Dan Lerner . & 19.55 Open club. 21.50 Mémoire de la seconde 23.45 Nina. Opéra de Berio. 21.00 La Ligne rouge aa 18.55 On a tout essayé. 15.15 Demain à la une . Christophe Gans. CineClassics Enregistré à la Scala de Milan, 16.00 M comme musique. guerre mondiale. Hitler, Terrence Malick (Etats-Unis, 1999, 19.45 Un gars, une fille. en 1999. Par l'Orchestre et le Chœur 170 min) %. CineCinemas 1 & 20.50 Thalassa. homme et mythe. La Chaîne Histoire de la Scala, dir. Riccardo Muti. Mezzo 20.00 et 0.30 Journal, Météo. 16.45 Agence Acapulco . Le tour du monde en quatre détroits 21.00 Les Roseaux sauvages aa 17.30 Le Pire du Morning. 22.00 La Main de Staline. [2/3]. 20.55 Une soirée, deux polars. [4/4] : Le détroit de Magellan. France 3 23.50 Living Legend of the Blues. André Téchiné (France, 1994, & La grande terreur à Leningrad. Planète Concert enregistré lors du Festival & P.J. Spiritisme. 17.55 Le Flic de Shanghaï . 110 min) . Cinéstar 2 21.50 Avocats et associés. & 21.00 Une histoire de spectacle. 22.00 Danger. de Montréal, en 1980. Muzzik 18.55 Charmed . Invité : Alex Métayer. Paris Première Paroles de femmes. Sables mouvants. Nat. Geographic 19.54 Le Six Minutes, Météo. THÉÂTRE 22.50 Bouche à oreille. & 21.55 Des livres et moi. 22.20 La Vie en face. Le Retour des fils. 20.05 Madame est servie . Invités : Valérie Mréjen ; 22.55 New York 911. Seule dans la ville &. Une odyssée albanaise. Arte 20.40 Caméra Café. Mehdi Belhaj Kacem. Paris Première 20.40 Fausse adresse. 23.40 Mauvais traitements %. 22.20 Les Nouveaux Détectives. Pièce de Luigi Lunari. Mise en scène 0.50 CD'aujourd'hui. 20.50 Bébés stars. 22.55 On ne peut pas plaire Le feu aux poudres. 13ème RUE de Pierre Santini. Festival 23.15 Buffy contre les vampires. France 3 0.55 Histoires courtes. & à tout le monde. 22.25 Masterclass. Francis Perrin. Festival Nom de code Sacha. Thierry Jousse. Intrigues en sous-sol . TÉLÉFILMS 0.05 L'esprit vengeur %. 23.05 Chacun son monde. 23.00 Sur la route Invité : Bernard Giraudeau. Voyage avec Laurent de Wilde. 19.05 Démons et merveilles. FRANCE 3 0.30 Later... with Jools Holland. La victoire au piano. Muzzik Randall Miller. Disney Channel RADIO Invités : Anastacia ; Ash ; Omera ; Rod ; 13.55 C'est mon choix. 20.45 Colère. Matti Geschonneck. Arte Musiq Soulchid... Canal Jimmy 23.00 Sauve qui peut ! 14.55 Un amour oublié. Naufrage. National Geographic 20.50 Amitié dangereuse. Téléfilm. Anthony Harvey. FRANCE-CULTURE DOCUMENTAIRES 23.05 Black Paroles. Planète Jack Bender %. TF 6 16.30 MNK, A toi l'actu@. 19.30 Appel d'air. 23.15 Les Colonnes du péplum. Arte 20.55 La Dame de Berlin. 16.00 Il était une fois Pierre Boutron [2/2] %. TMC 17.35 et 20.20 La Vie à deux. 20.30 Black and Blue. 23.30 Biographies. 18.20 Questions pour un champion. 21.30 Cultures d'Islam. La lutte pour l’Atlantide. La Cinquième Antoine Blondin. La Chaîne Histoire 0.50 Amour, embrouille et balade. Bernard Malaterre. Festival 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. la Palestine. Invité : Henry Laurens. 17.00 La Grande Réserve. Braconnage 23.30 La Nuit Michael Jackson. TF 6 20.10 Tout le sport. 22.10 Multipistes. en pays zoulou. National Geographic 21.00 Ombres et brouillard aaa 23.35 Le Beau Danube bleu. Planète COURTS MÉTRAGES 20.50 Thalassa. 22.30 Surpris par la nuit. Les Samothraces. 17.10 Monsieur Blier. Festival Woody Allen. Avec Woody Allen, 0.00 L'Expédition d'Egypte. Mia Farrow (Etats-Unis, 1992, v.o., 22.25 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. 0.55 Histoires courtes. Nom de code Sacha. & 17.35 Henri Guillemin présente... [2/2]. Ingénieurs et pharaons. Voyage 85 min) . Cinéfaz 22.55 On ne peut pas plaire Christophe Chabbert Thierry Jousse. France 2 aa Charles Péguy [1 et 2/2]. Histoire 21.00 L'Etrange Madame X à tout le monde. (Malcolm de Chazal). 18.00 Apartheid [1/2]. La Chaîne Histoire SPORTS EN DIRECT Jean Grémillon (France, 1951, SÉRIES 90 min) &. CineClassics 0.45 Ombre et lumière. 18.00 Hollywood Stories. aa 1.10 Les Envahisseurs. L'étau. FRANCE-MUSIQUES Anthony Perkins. Paris Première 17.15 Saut à skis. 22.30 Vaquero 18.25 Friends. Celui qui avait John Farrow (EU, 1953, 90 min) %. TCM Coupe du monde. K120. Eurosport un poussin &. France 2 19.05 Le Tour d'écoute. 18.30 Taxi pour l'Amérique. 23.05 Maudite Aphrodite aa CANAL + Arizona. Voyage 19.00 Bobsleigh. 18.40 Agrippine. Horrible &. Canal + 20.05 Concert franco-allemand. Coupe du monde féminine. Woody Allen (Etats-Unis, 1995, Par l'Orchestre symphonique e & f 19.00 Biographies. Bob à deux (2 manche). Eurosport 20.15 Histoires de familles. 90 min) . TPS Star En clair jusqu'à 14.00 de la radio de Berlin, Antoine Blondin. La Chaîne Histoire Campagnes. Arte 23.10 Il était une fois en Chine aa 13.30 La Grande Course. dir. Karl Anton Rickenbacher, 20.55 P.J. Spiritisme. France 2 Tsui Hark (Hongkong, 1991, Yvonne Loriod-Messiaen, claviers. 19.05 Pilot Guides. DANSE % 14.00 Love & Sex Les îles du Pacifique Sud. Voyage 135 min) . CineCinemas 3 Film. Valerie Breiman &. Œuvres de R. Strauss, Messiaen. 23.10 Friends. Celui qui offrait aa 19.10 Claude Nicolet. 21.00 Beach Birds for Camera. un vélo (v.o.) &. Canal Jimmy 0.15 Jugatsu 15.20 Midnight + %. 22.30 Alla Breve. Chorégraphie de Merce Cunningham. Takeshi Kitano (Japon, 1990, v.o., [2/4]. Beau comme l'antique. Histoire 0.20 Ally McBeal. ? 16.15 Peur bleue a 22.45 Jazz-club. Ben Sidran piano et chant, Musique de John Cage. 90 min) . CineCinemas 2 ? avec Bob Malach, saxophone, 19.45 En quête de l'Histoire. La licorne (v.o.) &. Téva Film. Renny Harlin . Enregistré à New York, en 1991. 0.40 Les Rendez-vous de Paris aa % Billy Peterson, contrebasse Le pont sur la rivière Kwaï : Par la Merce Cunningham Dance 0.55 Chapeau melon et bottes de cuir. Eric Rohmer (France, 1995, 18.05 Lain . et Leo Sidran, batterie. la tragique réalité. La Chaîne Histoire Company. Mezzo Mon rêve le plus fou. Série Club 100 min) &. TPS Star f En clair jusqu'à 21.00 1.00 Les Nuits de France-Musiques. 0.55 La Belle et la Bête aaa 18.40 Agrippine &. Jean Cocteau (France, 1945, 19.05 + de cinéma. 90 min) &. Cinétoile RADIO CLASSIQUE 19.35 Le Journal. 19.50 Le Zapping. 18.30 Classique affaires soir. 19.55 Les Guignols de l'info. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de Ginastera, Rodrigo, Piazolla. 20.05 Burger Quiz. France-Culture RTL Arte 20.40 Alexandre Borodine. 20.45 Encore + de cinéma. Œuvres de Borodine, Balakirev, 15.00 Carnet nomade 18.30 Ne le répétez pas 20.15 Histoires de familles 21.00 L'Enfer du dimanche Rimski-Korsakov, R. Schumann. Pierre Guyotat, écrivain marginal Chaque vendredi soir, depuis sep- Avant-dernier volet du feuilleton Film. Oliver Stone %. 22.45 Les Rendez-vous du soir (suite). 23.30 Surprises. Œuvres de Haydn, Beethoven, et radical, auteur de Tombeau pour tembre, Emmanuel Chain reçoit d’Olivier Langlois, « Campagnes », 23.50 Les Cendres d'Angela Schubert. cinq cent mille soldats, qui fit scan- en direct une personnalité. Il évite programmé depuis lundi. Les diffi- Film. Alan Parker (v.o.) &. 0.00 Les Nuits de Radio Classique. dale lors de sa parution, en 1967, si possible d’interroger les vedet- cultés du monde paysan racontées est l’invité de « Carnet nomade » tes du moment. Un ton profession- à la façon d’un Ken Loach. Deux SIGNIFICATION DES SYMBOLES pour Istanbul, conversation sur la nel, des questions pointues et bien frères agriculteurs ont repris la fer- Les codes du CSA Les cotes des films terrasse. Installé face à la mosquée amenées, on sent le travail en me de leur père et se débattent & Tous publics aaa On peut voir d’Omar et à Sainte-Sophie, il parle amont. Mais l’intérêt de l’inter- dans les contradictions du monde % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer ? aaa de son œuvre, de l’expérience du view repose sur la surprise et l’inso- agricole. Un drame étonnamment Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + réel dans la littérature, de l’enfan- lite, pour sortir des sentiers battus. familier, une fiction réaliste, 1.30 Outland, loin de la Terre aa ! Public adulte DD Dernière diffusion ce, de la guerre d’Algérie et de l’his- De courts témoignages apportent nourrie de souvenirs personnels. Peter Hyams. Avec Sean Connery, ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Peter Boyle (Etats-Unis, 1981, v.o., # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants toire. un éclairage inattendu. Humour et acteurs authentiques. 105 min) &. CineCinemas 1 35

VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 Le plan social Au Congo-Kinshasa, le désarmement de Moulinex accepté Le retour du manuscrit des premiers « rebelles » rwandais par Pierre Georges par tous les syndicats, UNE FEUILLE blanche. Un d’une activité devenue techno- stylo à bille et à caméra, magi- logique et glauque par les mira- sauf la CFDT L’ONU a procédé à une opération « de dénombrement et d’identification » que en somme. Et c’est reparti. cles et astreintes de l’informati- A l’ancienne ou presque. Le que triomphante. LES DÉLÉGUÉS centraux de KAMINA blant de revue militaire, des ont-ils échoué à Kamina ? Où sont manuscrit de pointe. Ecrit à la Ecrire sur écran, dans une for- cinq syndicats de Moulinex sur six (République démocratique chants et des danses pour célé- les centaines d’autres rebelles qui, main. Transcrit numérique- me, dans une boîte, se colleter (CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Sydys) du Congo) brer un événement « exception- d’après les autorités congolaises, ment. Transféré sur ordinateur avec la babasse blême et impa- ont signé, mercredi 21 novembre, de notre envoyé spécial nel ». Rien de moins que la fin ont également accepté de déposer et vogue le texte. De l’écriture vide comme un chargeur en le plan social d’un montant de plus Le fantôme de la Belgique colo- d’une opération, menée par les armes ? Parmi ceux qui l’ont de chat aux caractères d’impri- attente de munitions et de de 800 millions de francs qui doit niale flotte sur Kamina. Dans cet l’ONU, « de dénombrement et fait, d’anciens « génocidaires » merie, du scribe au logiciel. lignes fraîches, ce n’est pas tota- accompagner la reprise partielle endroit perdu de la brousse congo- d’identification » de près de deux tentés de se refaire une virginité Hier, aujourd’hui, demain. lement écrire. C’est autre cho- de Moulinex par SEB. Ce plan laise, impossible à atteindre par la mille rebelles rwandais qui, geste ne se cachent-ils pas ? Que sont Tous ceux qui font profes- se, avec effectivement un man- prévoit la suppression de route depuis Kinshasa, la capitale, sans précédent, ont volontaire- devenues les armes de ces « com- sion d’écrire, tous ceux aussi que de chair, d’humanité. C’est 3 700 emplois sur 5 600, consécuti- les Belges avaient construit une ment déposé les armes après des battants pour la liberté » ? Aucune qui ne se contentent pas, pour souvent presque trop beau, ve à la fermeture de quatre sites de base aérienne monumentale, années de lutte contre l’armée du n’a été montrée aux représen- communiquer, d’un téléphone trop propre, trop net, pour être production (Alençon dans l’Orne, l’une des plus importantes du con- nouveau régime de Kigali, en pla- tants de l’ONU. portable, d’un courriel interstel- honnête. Et c’est trompeur en Bayeux, Falaise et Cormelles-le- tinent africain. ce depuis la fin du génocide en laire en patagon oriental, tous plus. La souffrance ne s’y voit Royal dans le Calvados). Les syndi- Plus de quarante ans après l’in- 1994. « ILS SONT CONDITIONNÉS » ceux en somme qui vivent rési- pas. Et la faute d’orthographe cats avaient obtenu qu’une prime dépendance de l’ex-Congo belge, Dans cette région des Grands Comment croire que c’est à gnés dans l’affliction d’une épo- s’y voit moins qui ne sort additionnelle, de 30 000 à 80 000 F n’en subsistent que la piste d’en- Lacs en proie à une guerre qui Kinshasa, distante de plus d’un que révolue, l’écriture à la mimi- jamais sans son alibi, la faute (4 573 à 12 200 euros) en fonction vol, d’immenses hangars de bri- n’en finit pas, la nouvelle est de millier de kilomètres, qu’ils ont ne, et dans la nostalgie tactile de frappe. de l’ancienneté, soit attribuée aux que rouge, un ou deux bâtiments bon augure, mais un tel flou découvert l’existence des FDLR, et odoriférante, papier, encre, Et la qualité de l’écriture salariés, en plus des indemnités de administratifs, des dizaines de vil- entoure ces rebelles que même les et choisi de s’y enrôler ? Si l’on stylo, buvard, fileront, ce jour, alors ! Combien de mauvais licenciement. las en ruine, quelques inscriptions représentants des Nations unies peut comprendre le refus, pour vers la page 26 du Monde. livres, combien de romans ont- « Nous avons tous signé, sauf la en français et en flamand… La CIA se gardent de pavoiser. Mercredi, des raisons de sécurité, des rebel- Le progrès tel qu’il y est rap- ils franchi le gué, au motif que CFDT », a indiqué à l’AFP Thierry qui, sous le règne de Mobutu, fit les « identifiés », âgés de vingt- les de donner leur nom, celui de porté vient d’y faire un magnifi- sur écran, puis sur feuillets Le Paon, délégué syndical central de Kamina, dans la province méri- deux à trente-cinq ans, étaient ali- leurs parents, leur refus aussi de que saut en arrière. En arrière déjà préimprimés, ils avaient CGT. Claude Renault, son homolo- dionale du Katanga, le centre de gnés au garde-à-vous, sous un se laisser photographier, pour- d’apparence, en avant toute en l’air bien propres sur eux ! Com- gue de la CFDT, a justifié son refus ses interventions clandestines soleil de plomb, devant la tribune quoi n’acceptent-ils pas d’indi- réalité : la réhabilitation futuris- bien d’œuvres, de mauvaise fac- de parapher l’accord par son désac- dans la région et, notamment, en officielle. Au total, mille sept cent quer leur grade et leur lieu d’affec- te de l’écriture manuscrite. Du ture, de faiseurs sévissant à la cord persistant sur « l’injustice » Angola, n’a guère laissé de souve- soixante-seize hommes en treillis, tation lorsqu’ils combattaient manuscrit, au sens premier du chaîne des mots et paragra- qui est faite, selon lui, aux salariés nirs. Aujourd’hui, ce sont des mili- anonymes et peu loquaces. d’autres Rwandais ? Pourquoi ne terme. Ecrit à la main ! Plume, phes sont-elles publiées qui susceptibles de partir en préretrai- taires zimbabwéens, dépêchés au Au terme d’une enquête étalée demandent-ils pas aux Nations papier, encre, pensée, garanti n’auraient pas résisté à l’épreu- te, via le Fonds national pour l’em- secours du régime de Kinshasa, sur une dizaine de jours, les mem- unies de retrouver trace de leurs fait main. C’est-à-dire non écrit ve d’une vraie lecture sur vrai ploi (FNE), et qui « n’auront pas de qui hantent la base assoupie. bres de la Mission des Nations familles ? « Ils sont conditionnés », directement sur une machine à manuscrit ? prime ». Mais la CFDT, a-t-il préci- unies en République démocrati- glisse, sous couvert d’anonymat, écrire du temps, fût-ce un ordi- Si l’on était éditeur, et pas sé, devait consulter à nouveau ses PLÉTHORE DE DISCOURS que du Congo (Monuc), dépêchés un responsable de la Monuc. nateur de la 48e génération. simplement metteur en livre, ce adhérents jeudi avant d’apposer Ce mercredi 21 novembre, pour à Kamina, en sont arrivés à une « Identifiés », « dénombrés », Et alors, dira-t-on ? Et alors jour on filerait vers la page 26 éventuellement sa signature. Cet quelques heures, Kamina s’est conclusion qui n’en est pas une. que vont devenir les ex-rebelles ? cela change tout. Chassez du Monde. On se tuyauterait accord va permettre l’ouverture de réveillée le temps de recevoir du Ces hommes, qui se présentent Ils jurent vouloir retourner au l’écran, c’est l’écriture qui sur la faisabilité de la révolu- la phase de réindustrialisation des beau monde : le ministre belge comme le « bras armé des Forces Rwanda dans le cadre d’un règle- revient au galop. C’est la vieille tion. On achèterait des rames sites et des bassins d’emplois tou- des affaires étrangères, Louis démocratiques pour la libération ment politique de la crise des et superbe lutte qui revient, entières de papier magique, des chés par la faillite de Moulinex, Michel, un commissaire euro- du Rwanda (FDLR) » – une forma- Grands Lacs. En attendant, leur une lutte au stylo contre l’an- stocks de stylos intelligents, mission confiée au délégué inter- péen, le Britannique Chris Patten, tion surgie en 1998 – sont bien sort reste incertain. « Ils sont faits goisse de la feuille blanche. comme les bombes du même ministériel Michel Bove. De son le « M. Politique étrangère » de d’origine rwandaise. Ils en par- pour la guerre, pas pour être des C’est l’encre qui recoule enfin tonneau. On convoquerait ses côté, Brandt, l’ex-filiale de gros l’Union européenne (UE), l’Espa- lent la langue. Et ce sont des mi- paysans », a lâché un dirigeant de son sang d’encre maculant auteurs. Allez, mes gaillards, à électroménager de Moulinex, éga- gnol Javier Solana, des officiels litaires. congolais venu à Kamina. Les le champ de bataille scriptural. la main, comme d’antan. Bras lement en dépôt de bilan, attend la des Nations unies, un ambassa- Ils l’ont prouvé de façon incon- ministres retournés en Europe, les C’est la réhabilitation de la ratu- de fer, bras d’encre, bras de remise au tribunal de commerce deur, une brochette de ministres testable en montant et en démon- mystérieux rebelles vont-ils re qui est au scribouillard ce sueur, que le meilleur gagne. Et des plans de ses repreneurs poten- congolais, un général… tant un kalachnikov et un fusil de reprendre du service ? qu’est le repentir est au bar- en plus, cela enrichira notre col- tiels au plus tard pour lundi Il y a eu pléthore de discours, guerre américain. Pour le reste… bouilleur. C’est la réincarnation lection de manuscrits ! 26 novembre. quelques gouttes de pluie, un sem- Quand et comment ces hommes Jean-Pierre Tuquoi

DÉPÊCHES a MAIRES : Jean-Paul Delevoye, Maroc : quatre mois de prison maire (RPR) de Bapaume, séna- teur du Pas-de-Calais a été réélu, mercredi 21 novembre, président pour un journaliste de l’Association des maires de Fran- ce (AMF) avec 66,36 % des suffra- ALI LAMRABET, rédacteur en chef de l’hebdomadaire marocain ges (contre 71,6 % en 1998) face à Demain Magazine, a été condamné, mercredi 21 novembre, par le tri- Louis Besson, ancien ministre et bunal de grande instance de Rabat, à quatre mois de prison ferme et maire (PS) de Chambéry, candidat 20 000 francs d’amende pour la publication d’un article « erroné » : unique de la gauche plurielle qui a l’évocation, au conditionnel, de la vente du palais royal de Skhirat, sur obtenu 31,25 % des voix. 30 % des le front de mer près de la capitale. Son avocat ainsi que l’association maires ont pris part au vote. Reporters sans frontières (RSF) ont dénoncé un « procès politique ». a OUTRE-MER : Lionel Jospin a Egalement mercredi, la cour d’appel de Rabat a annulé la condamna- annoncé le soutien du gouverne- tion en première instance de trente-six militants de l’Association ment au projet de création d’une marocaine des droits de l’homme (AMDH), qui s’étaient vu infliger « cité des outre-mers » à Paris. trois mois de prison pour avoir manifesté « sans autorisation » le Intervenant devant les maires de 9 décembre 2000, à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration uni- l’outre-mer, lundi 19 novembre, verselle des droits de l’homme. – (AFP, Reuters). dans le cadre du congrès de l’Asso- ciation des maires de France (AMF), le premier ministre a égale- Le Parlement renforce les droits ment évoqué la prochaine création sur la bande FM d’une radio desti- née aux quelque 600 000 personnes successoraux du conjoint survivant originaires d’outre-mer dans la région parisienne. LE SÉNAT a définitivement adopté, mercredi 21 novembre, une pro- a LOTO : résultats des tirages position de loi renforçant les droits successoraux du conjoint survi- no 93 effectués mercredi 21 novem- vant et lui reconnaissant le droit au maintien dans le logement conju- bre. Premier tirage : 2, 3, 4, 5, 35, 49 ; gal. Ce texte vise à améliorer une législation qui privilégiait les liens du numéro complémentaire : 46. Rap- sang sur ceux du mariage. Le conjoint survivant remonte dans l’ordre ports pour 6 numéros : 2 870 735 F successoral et ses droits priment dorénavant sur ceux des grands- (437 641 ¤) 5 numéros et le complé- parents et des frères et sœurs du défunt. Il met également un terme à mentaire : 562 490 F (85 751 ¤) ; une discrimination touchant les enfants adultérins, qui bénéficieront 5 numéros : 6 560 F (1 000 ¤) ; 4 numé- désormais d’une stricte égalité successorale avec les enfants légitimes. ros et le complémentaire : 230 F (35 ¤) ; 4 numéros : 115 F (17,50 ¤) ; me 3 numéros et le complémentaire : 28 F M Boutin déplore le ralliement (4 30 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,10 ¤). Second tirage : 16, 33, 35, 37, 42, 47 ; numéro complémentaire : 41. Pas de de M. Pinton (UDF) à M. Chevènement gagnant à 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complémentaire : LA DÉPUTÉE apparentée UDF des Yvelines Christine Boutin, candidate 117 960 F (17 983 ¤) ; 5 numéros : à l’élection présidentielle, dit avoir accueilli « avec une grande tristesse » 6 645 F (1 013 ¤) ; 4 numéros et le com- le soutien de Michel Pinton, ancien conseiller de Valéry Giscard d’Estaing plémentaire : 322 F (49 ¤) ; 4 numé- et organisateur du Mouvement des maires contre le pacs, à la candidatu- ros : 161 F (24,50 ¤) ; 3 numéros et le re de Jean-Pierre Chevènement. Mme Boutin a mis en garde, mardi complémentaire : 34 F (5,20 ¤) ; 20 novembre à Auxerre (Yonne), les « électeurs déboussolés » contre un 3 numéros : 17 F (2,60 ¤). vote en faveur du président du MDC. « Jean-Pierre Chevènement attire certains à raison de son aura politi- que (…), mais où est la cohéren- ce ? », a déclaré Mme Boutin, en rap- pelant que M. Chevènement comp- tait dans les rangs de son parti Jean-Pierre Michel, « qui réclame le droit à l’adoption pour les couples homosexuels » et, dans son comité de soutien, le sénateur Caillavet, « promoteur de l’euthanasie ».

Tirage du Monde daté jeudi 22 novem- bre 2001 : 537 653 exemplaires. 1-3 Nos abonnés trouveront associé à ce numéro notre supplément « Euro » de 28 pages. VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001

POÉSIE AUTOMNE ASGER JORN Henri Meschonnic, HONGROIS ET GUY DEBORD Jean Ristat, Ariane Dreyfus, page III page V Xavier Bordes, Franck Venaille, James Sacré, Robert Sabatier CINÉMA et Michel Deguy page II YVES BICHET page IV pages VI et VII

quelques mois, à propos du Journal teur » d’images. Dans ce Mausolée et l’autre a les mains nues, les montu- inutile, de Paul Morand (Gallimard, des amants les scènes de rue, de café res de lunettes diffèrent aussi. » « Le Monde des livres » du abondent. Il voit les détails, les sin- L’auteur de ce livre posthume, 23 février), le conflit n’a pas été gularités et les décrit magnifique- qu’il aurait pu sous-titrer « journal entre droite (indulgente à l’égard du ment, en « image fixe ». Il aime par- incommode », serait aujourd’hui un vichysme de Morand) et gauche ticulièrement les personnages incon- homme de quarante-six ans. Hervé (hostile), mais entre ceux, de droite grus, qu’il repère souvent dans les Guibert aurait sûrement détesté les transports en commun. années 1990, précautionneuses et « Je m’assieds l’autre moralisantes. Son regard décapant, Josyane Savigneau soir dans l’autobus, son dédain des convenances, son exprès, devant deux inflexibilité d’adolescent jamais gué- ou de gauche, qui admiraient la vita- vieilles petites jumelles fripées. Elles ri de sa révolte ont manqué, pen- lité, la séduction, le caractère (ne portent le même kabik fermé jus- dant cette décennie régressive, qu’il jamais se repentir) de Morand et qu’au haut du cou avec ces boutons aurait peut-être contribué à rendre ceux qui détestaient tout cela. de bois dans lesquels les enfants sif- moins lugubre. Si la crudité vous déplaît, si vous flaient, elles ont les mêmes cheveux n’aimez pas être dérangé, si tout ce gris coupés exactement de la même (1) « Folio », Gallimard, no 2582. qui était « peu convenable » en façon, la même frange (…), les mêmes vous a été soigneusement tu, caché, rides (…), je les dévisage l’une après LE MAUSOLÉE DES AMANTS bridé, si vous pensez qu’un écrivain l’autre comme devant un jeu des sept Journal 1976-1991 n’a pas le droit d’aller au bout de erreurs et d’un tableau à l’autre, je de Hervé Guibert. son désir d’écrire, de s’écrire sur- n’en trouve pas sept, mais seulement Gallimard, 440 p., 21 ¤ (137,75 F). tout, alors passez votre chemin, car deux : l’une porte des gants de laine En librairie le 28 novembre Guibert refuse, lui, le silence et la retenue. « Le crachat de T., sur moi, b au moment un peu pénible de la jouis- extraits sance, a été le plus doux rafraîchisse- ment, comme la brumisation d’un « Quand ce n’est pas d’un imbécile, je suis très sensible à l’amour mot d’amour. Le corps de T., sous qu’on me porte, à sa qualité, en quels termes il s’exprime, et je finis mes mains, embrassé, sucé, légère- par aimer cet amour plus que la personne qui le délivre. ment meurtri, est aussi un instrument La fatigue, pas envie d’écrire. Envie de pornographie » (p. 114). qui me rend sa musique : non seule- « Hier soir, à la fête de Z., au Palace, c’est l’amour qui me semble se ment ses soupirs ou ses gémissements, passer : les gens ne dansent pas, ils ne mangent pas, il sont les uns mais ses ondulations, ses étirements, avec les autres, ils passent des uns aux autres, et si je devais décrire cet- ses rétractions, toute une gamme ; ce te activité, si le mot n’existait pas ailleurs, faux et désagréable, je dirais corps fait de moi un musicien heu- qu’ils font l’amour, qu’ici l’amour circule alors qu’il se garde jalouse- reux, toujours étonné. » « J’aime le ment et qu’il pourrit entre les quatre murs des maisons et les quatre sadomasochisme concret, parce qu’il yeux des couples (pensée dans le taxi, au retour, en voyant les fenêtres est une transcription brutale qui noires des maisons) » (pp. 115-116). mène vers le plaisir, un exorcisme aux « Peine de l’écriture, comme une punition prétentieuse. Pourquoi ne douleurs du cœur. Mais je déteste le pas croire au pouvoir du secret, pourquoi tant croire à la mort ? » sadomasochisme sentimental, car il (p. 247). est un chemin sournois et triomphant « Je relis une partie assez ancienne du journal pour voir si je dois en D.R./COLL. PARTICULIÈRE vers le déplaisir. » inclure des morceaux dans le roman ; je trouve ça pas terrible ». Plus encore qu’un roman de Gui- (p. 352). bert, son Journal est évidemment un concentré de ses obsessions, de sa passion pour T., de son amour du sexe et de la pornographie – «Ala fois sauvé par la pornographie, et malade de la pornographie » –, de son regard terrible sur sa famille (ses parents, comme on l’a déjà vu Pour retrouver dans Mes parents [1], ses tantes), de ses rêves, fous, souvent atroces, de sa morbidité (avant même de se savoir condamné à mort par la mala- die), de ses cruautés, servies par une acuité d’observation peu commune. Il a l’art des règlements de comp- te lapidaires, probablement injustes parfois. Il n’épargne pas ses amis, ni Hervé Guibert ses éditeurs – notamment Jérôme Lindon, qui a publié sept de ses fieront quelques personnes qui livres –, ni Le Monde, où il écrivait L’écrivain avait laissé furent ses proches, romanciers, phi- sur la photographie. Il quitta le jour- losophes, cinéastes…, de Michel nal avec fracas en 1985, après ce Journal sans date, Foucault à Mathieu Lindon, Patrice qu’Yvonne Baby, qui l’avait fait Chéreau, Hector Bianciotti… Mais entrer, eut été écartée de la direc- tenu de 1976 les reconnaître, ou savoir qui sont T. tion du service culturel. Il se veut (un homme que Guibert aime) et C. lucide jusqu’au bout, capable de l est mort au siècle dernier, à sa disparition, (une femme qu’il épousera à la fin regarder en spectateur extérieur la le 27 décembre 1991. Hervé Guibert en décembre 1991, de sa vie) ou bien Claire ou Yvonne, maladie qui l’envahit, qui va gagner, In’avait que trente-six ans et avait en un mot chercher les « clés » de à moins qu’il ne décide de la devan- cependant publié une vingtaine de ce texte demeure assez secondaire. cer, grâce à la digitaline qu’il possè- livres – « quand je travaille, je suis un afin qu’il soit publié L’enjeu est ailleurs. De même, si on de. Il ne renonce jamais à son forçat » – depuis La Mort propagan- a lu Guibert, on le retrouve avec humour, ni à certains constats, fus- de (éd. Régine Deforges), en 1977, dix ans après sa mort. bonheur dans ce journal et on sent-ils trop noirs : « Je suis content où l’on trouvait déjà ce ton de leçon découvre la genèse de plusieurs d’être le plus malade d’entre nous d’anatomie et cette école de la Un texte choquant, livres. Mais on peut commencer par trois. Je crois que je ne supporterais cruauté qui le caractérisent. Jeune, ce texte et ensuite aller vers les pas d’être le moins malade. » « Je beau, talentueux, il était devenu, sur- cruel, violent romans. sens que ce nouveau manuscrit amé- tout après l’étonnant A l’ami qui ne Son propos, très homosexuel, liore ma condition chez Gallimard m’a pas sauvé la vie (Gallimard, tion, qui permettra au lecteur atten- n’est toutefois pas destiné à séduire parce qu’ils sont plus à l’aise avec les 1990), l’un des symboles d’une géné- tif de dater approximativement tel le « public captif » de « la littérature auteurs morts ou en passe de l’être ration décimée par le sida. Il avait ou tel passage). homosexuelle ». Hervé Guibert est qu’avec les auteurs vivants. Les confié à Gallimard son Journal, avec Guibert se regarde, mais n’a pas plutôt « malpensant », et la ligne de auteurs morts, c’est le fonds, et c’est mission de le publier dix ans après pour autant laissé ce texte pour se partage entre admirateurs et détrac- ce qui paye leurs salaires. Les auteurs sa mort. Etrange objet, qui ne com- faire commémorer, une décennie teurs de son journal ne sera pas vivants, ça ne rapporte rien que des porte aucune date, sauf celles du après sa disparition. Son propos ici, entre homosexuels et hétéro- tracasseries, des récriminations, des début et de la fin – 1976-1991 –, comme dans ses romans, n’est sexuels, mais plus sûrement entre pertes d’argent, de petites jalousies, journal très intime, dont les événe- jamais consensuel, sentimental ou partisans de la société, de la commu- des déjeuners pleins d’ennui. » ments politiques mondiaux sont pathétique, plutôt violent, cruel, nauté et amoureux de la singularité, Photographe lui-même, Hervé absents (parfois une vague indica- choquant. Certains lecteurs identi- de l’individu. Tout comme, il y a Guibert est un merveilleux « cap- II / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 littératures b

Périodiquement, le paysage de la poésie française est secoué « L’amour de la poésie comme désert du poème » par de grands ouragans, (entendez le titre ironiquement), sant. Le grand responsable de cette (Habiter en poète, Champ Vallon, dicte : Ponge, et sa « malherberie sur- CÉLÉBRATION DE LA POÉSIE Meschonnic ouvre, en grand, les hos- dérive vers les eaux troubles et indis- 1995), Michel Deguy, qui n’a jamais faite », Du Bouchet, Jaccottet, Bon- des remises en question de Henri Meschonnic. tilités, avec une épée dans une main tinctes du « poétique », de la « poéti- cessé de penser en poésie, Jacques nefoy et Roubaud, les deux faces, Verdier, 266 p., et dans l’autre un bouclier où il a ins- sation », l’Adversaire, le Coupable, Derrida, qui met sa parole de philo- spiritualiste et formaliste, d’une tempétueuses, des crises 19,10 ¤ (125,28 F). crit cet adage emprunté à Mandels- c’est Heidegger : coupable d’avoir sophe au risque de la littérature et même illusion ; Dupin, Maulpoix, tam : « Dans la poésie, c’est toujours pensé philosophiquement la poésie de la poésie… qui tente de sauver le lyrisme, Pri- centrales d’identité… ul n’ignore que la poésie la guerre. » Admettons. (celle de Hölderlin, celle de Rilke aus- Il y aurait en tout cela, à la source gent, Velter, Delaveau, Beck (fautive- française, loin d’être cet D’emblée, l’auteur prévient, pres- si) à partir des concepts d’« habita- de cette « heideggerianisation du poé- ment appelé Becq), Jouet… Au Henri Meschonnic, espace pacifié et fleuri que avec solennité : ce n’est pas de tion », de « site », de « séjour » ; tique » (c’est l’obsession quasi viscé- moins, pour une fois, le « binaris- qu’imaginent ceux qui polémique qu’il s’agit – elle qui «ne coupable de propager, à partir de rale de Meschonnic) un malentendu me » tellement dénoncé par Mes- infatigable théoricien Nne le fréquentent pas, est un motif vise qu’à mettre l’adversaire au silen- chonnic ne passe pas entre les perpétuel d’affrontements, de crises, ce » – mais, au sens noble du terme, Henri Meschonnic Anciens et les Modernes, mais entre du rythme, traducteur de questions angoissées touchant à de critique, celle qui « fait parler l’ad- Poète lui-même, Henri Meschonnic a publié, Meschonnic et tous les autres. Les sa fonction, son état, son devenir ou versaire. Argumente, discute ».Ala d’abord chez Gallimard, puis essentiellement philosophes ne sont pas non plus émérite de plusieurs son essence. Oui, les querelles sont lecture du livre d’Henri Meschonnic, chez Verdier, une dizaine de livres de poèmes. épargnés : Jean-Luc Nancy, Derrida non seulement fréquentes, mais on doit constater que cette préve- En 1972, pour son premier recueil, Dédicaces déjà cité, et aussi Jacques Rancière chapitres de comme constitutives d’une interro- nance était de pure forme. Car juste proverbes (Gallimard), il obtenait le prix Max et Alain Badiou – à qui l’on reproche gation paradoxale et infinie qui fait après cette clause de politesse, il Jacob. Puisque je suis ce buisson, qui vient de en passant leur amitié pour Althus- la Bible – récemment trembler la poésie – pas seulement s’agit bien de faire rendre gorge à paraître (éd. Arfuyen, 100 p., 9,91 ¤ [65 F]), ser et leur adhésion au maoïsme ; socialement ou en termes d’audien- « l’adversaire » aux si multiples visa- rassemble une série de pièces brèves, qui se cela a-t-il à voir avec le propos, ou des Psaumes –, poète ce – tout en la faisant exister. Certes, ges, d’ouvrir une « guerre » totale. distinguent par une sécheresse volontaire de bien est-ce une simple malveillan- et fort heureusement, des hommes Or on sait qu’à partir de cet instant, l’expression et une mise à distance de tout ce… non polémique comme il se lui-même, vient d’entrer et des femmes ayant mesuré la vani- les notions de respect, d’attention lyrisme. Voici un exemple : doit ? té et le ridicule de ces combats ont courtoise à l’autre, d’accueil, d’incer- « quelqu’un avait une horloge Ah, certes, on ne peut faire grief à en guerre, au nom repris les questions à leur compte, titude quant à sa propre pensée, arrêtée Meschonnic de se montrer hypocri- les ont intériorisées, loin des terrains sont remisées au magasin des vieille- à la place de son visage tement aimable. Il va son chemin à de l’idée qu’il se fait fantasmatiques d’une supposée ries. depuis trente ans le même langage la hussarde, coupant une tête, se bataille. Ils ont considéré que toute Mais laissons d’abord à Meschon- les mêmes mots la même heure moquant de la manière dont une du poème. théorie, toute idée ou pensée de la nic le soin de poser lui-même les ter- une histoire s’est endormie » autre est faite. Mais au nom de quoi, poésie renvoyaient in fine àce mes de sa croisade : « Paradoxale- et d’où – comme on disait il y a quel- L’Ennemi ? qu’eux-mêmes étaient aptes ou dési- ment, dans la poésie française contem- son admirable lecture de Hölderlin, qui remonte à Mallarmé, ce nom ques décennies –, parle-t-il ? Tout reux d’en faire, poétiquement, poraine, il y a trop de poésie, pas assez l’idée que « le dernier pas, mais aussi commode qui continue à faire signe au long du livre, les choses demeu- il est partout ! c’est-à-dire vitalement, au cœur de de poèmes. Des poètes n’ont pas com- le plus difficile, de toute interprétation au contemporain. Mais Meschonnic rent assez floues, négatives. Il s’agit leur propre existence. Et surtout, pris que les poèmes ont deux ennemis, consiste à s’évanouir avec tous ses est là pour rétablir la vérité. Sa véri- d’opposer le poème à la poésie, le Durant les hostilités, avec Reverdy, ils ont admis que la à la nocivité variable. Le premier est la éclaircissements devant le pur se-tenir- té. On aurait fait de l’auteur du Coup langage à la notion évanouissante poésie n’était pas un sujet de discus- poésie, le second est la philosophie. » là du poème ». Langage extatique, de dés le chantre de la nomination de langue, le « moi » et le « je », le la poésie continue. sion… Développons. La poésie souffre d’adoration, de « célébration », inau- alors qu’il a constamment défendu sujet à la subjectivation, « le senti- Et puis Henri Meschonnic vint. d’elle-même et de ceux, poètes et dible pour Meschonnic, qui décrète la suggestion. « Et suggérer, explique ment des choses et les choses elles- Presque comme si Plus exactement, il est là depuis une philosophes, qui lui rendent un du haut sa science du verbe que le professeur, est nécessairement hors mêmes ». Dans les dix dernières trentaine d’années, avec toute sa sta- culte, à la fois vide de pensée (au « l’adoration n’est pas une position de l’opposition du signe en un fond pages du livre, Meschonnic livre de rien n’était ! ture et son impressionnante culture, sens unique où l’entend l’auteur) et propice à la clarté » – et pourquoi très profond et une forme, la enfin son « manifeste pour un parti avec sa triple (unique, dit-il) identité envahi, saturé par la pensée, ou pire, donc ? Inaudible également et par “lettre”. » Par là, se trouvent récu- du rythme » : « Est poème, décrè- de poète, de théoricien et de traduc- la croyance. Pour ce qui est des voie de conséquence, toute une tra- sés, évacués, comme de vulgaires et te-t-il, tout ce qui, dans le langage, teur (1). Mais jusqu’à aujourd’hui, seconds, les philosophes, c’est Hus- dition, une généalogie du lien et de idéalistes sectateurs du « sommeil de réalise ce récitatif qu’est une subjecti- les querelles avaient été relative- serl qui se trouve, dans la modernité, la réflexion entre poésie et philoso- la raison », ces adorateurs du Veau vation maximale du discours. » Les ment circonscrites (ainsi, en 1972, à au « point de départ d’un vide majeur phie. Très vite les « complices » prin- d’or poétique (le « veau dort », souli- adhésions au parti sont ouvertes… propos de la traduction de Paul (…) dans la phénoménologie contem- cipaux sont désignés, coupables eux gne subtilement l’auteur…), à peu Patrick Kéchichian Celan par André du Bouchet) aux poraine – le vide d’une pensée du lan- aussi de faiblesse à l’égard du philo- près toute la poésie actuelle. Nous champs des intérêts de l’essayiste gage. Aggravé chez Heidegger et sa sophe allemand : Jean-Claude Pin- avons cité Deguy, mais les coups (1) Notamment Les Cinq Rouleaux (de – la linguistique, la poétique et la suite. Masqué par le sacre de la poé- son, auteur de l’un des essais les plus pleuvent, sur les morts et sur les la Bible), Gallimard, 1970 et, cette théorie de la traduction. sie ». féconds publiés ces dernières vivants, même si Reverdy et année, Gloires (les Psaumes), DDB Avec Célébration de la poésie Husserl n’était désigné qu’en pas- années sur la poésie contemporaine Michaux échappent de peu à la vin- (« Le Monde des livres » du 18 mai). ... Et pendant ce temps, les poètes écrivent, pensent, inventent

b NY MEC- nerie de NY Meccano, condensation remis sa main devant sa bouche. gédie. » Telle b DIOGÈNE tion de Baudelaire que Michel CANO, de Jean absolue du souvenir : l’ami disparu J’écrase ce sourire. Je vais sans moi.» était, en 1728, de Robert Sabatier. Deguy a placé cette promenade Ristat. et la musique de Steve Reich se Jusqu’à ce que le poème accueille, une des défi- « Plutôt que de poésie, il s’agit ici en prose, méditative et mélancoli- Peut-on répondent. pudique, le pas de deux, « les splen- nitions du ter- d’une prose en habit de poème, de que – car « le Vieux Paris n’est résoudre l’énig- La première piste est une planche deurs de l’amour partagé ». me, dans le dialogues situés dans un espace plus », tous les jours on en réduit me d’un poè- de dessins : un décor de théâtre, de Dans Les Compagnies silencieuses, Dictionnaire théâtral. » Voilà pour la descrip- les aspects, les figures familières. me, élucider dos, de face, décomposé en pièces des sections, dont les titres sont les de Richelet. tion, juste, précise, de ce gros Mais Deguy n’est pas Jacques son secret inti- de Meccano ; on y reconnaît les fragments d’une phrase de Elle convient ouvrage, qui est, au premier Réda ou Léon-Paul Fargue, ces me, fragmenter sites et les monuments de New York Michaux, évoquent des moments à cet admira- abord, un défi à l’actuelle « rai- autres piétons capitaux. Lui, en le corps-à-corp – et des avions dans un ciel blême. d’existence liés à la danse, dont ne ble triptyque son » éditoriale : c’est le lot, et même temps qu’il marche et s du poète et La deuxième est le gémissement de restent que des souvenirs de plus en dans lequel l’honneur, de beaucoup de vrais regarde et décrit, pense, interpel- des mots ? l’absence, en écho à la solitude plus fragiles. « Les mains vides, les Venaille, livres. Il est vrai que Robert Saba- le les édiles et leur politique, don- Peut-on ouvrir en plein jour le « D’un rêve qui t’enfuis au hasard des pieds nus (…) on n’a besoin de rien après les « romanesques » du Tri- tier, romancier à large surface ne son avis sur le stationnement corps du texte, tombeau confié au rencontres/ Et la Seine berce un noyé pour danser. On n’est rien encore, on bunal des chevaux, revient à la poé- médiatique et à fréquents succès intempestif des automobiles, rêve et à la mémoire, où se serrent, qui me ressemble. » La troisième est ne sera rien de plus. L’éclosion. » sie. En 1998, Capitaine de l’angois- – qui est aussi un historien de la l’envahissement de la publicité haletants de grâce ancienne sous le « Songe bleu d’un amour révolu la Avec une exactitude délicate, de se animale (Obsidiane), une antho- poésie française – peut se permet- (« La cité est tombé dans le pan- la dalle unique, Boileau, Marceline chanson/D’un autre siècle… » Mon beaux poèmes évoquent de grandes logie qui retraçait un parcours de tre ce qu’on neau. »)… Mais la pensée elle- Desbordes-Valmore, Aragon et tout est un poème fermé sur la dou- chorégraphies des années 1990 : So trente années, a permis de mesu- refusera à même se retourne : « Penser aussi ces alexandrins-diamants, leur, mais ouvert sur l’infini et le Schnell de Dominique Bagouet, rer enfin l’immense stature de ce d’autres… Dio- Paris ?… Plus on y songe, plus se réfugiés sur le balcon du temps ? mystère de la création : « La poésie Rosas d’Anne Teresa de Keersmæ- poète au lyrisme libre et auda- gène donc, et sent-on, tout au contraire, pensé Prêtons discrètement l’oreille à est à faire de mouvement/ À répéti- ker, ou On était si tranquille,de cieux. On reconnaît, dans Tragi- autour de lui par Paris », écrivait Paul Valéry, ces voix de gramophone que Jean tion une horloge perpétuelle/ Je scie Daniel Larrieu. Le silence, alors, con- que, le « ton Venaille », à travers les figures que que cite Deguy. Juste retour des Ristat emporte comme cape invisi- l’air nouveau et remonte le fère une « chair certaine » aux mots la diversité formelle et typographi- la tradition et choses (Galilée, 56 p., 12,96 ¤ ble, revitalisées, la nuit, par le martè- temps/ Pour le feu les mots le firma- (Flammarion, 86 p., 13 ¤ [85 F] et que des poèmes qui accompa- l’histoire nous [85 F]). P.K. lement du cœur techno. Accompa- ment ses écrous/ Comme une serrure 120 p., 14,50 ¤ [95,10 F]). M. Pn gnent le marcheur las, le voyageur ont transmis, gnons ce voyageur dans l’ivresse dont seul j’ai la clef d’or. » (Galli- b A JAMAIS, LA LUMIÈRE,de trop sensible – « Face tragique, les bribes de e Signalons également l’important des choses mortes. Il traverse le mard, 40 p., 9 ¤ (59,04 F). H. Ma. Xavier Bordes corps menacé, rebelle à jamais ». leurs dis- recueil d’essais d’Etienne-Alain Pont-Marie (« Si douce la nuit sur le b QUELQUES BRANCHES « Lou pantaï » (le rêve) : le Une triple errance dans « l’espace cours ; Diogè- Hubert, Circonstances de la poésie, Pont-Marie je marche/ À reculons et VIVANTES,etLES COMPAGNIES souvenir des mots de sa grand- du dehors » le mène des îles Borro- ne, aussi sage qui portent sur Reverdy, Apollinaire, sans visage ni raison »), parcourt SILENCIEUSES, d’Ariane Dreyfus mère rappelle à Xavier Bordes (né mées à l’Engadine, puis près de la que fou, fou de refuser la sagesse Breton et Desnos (éd. Klincksieck, New York, une ville onirique, y Discrète, vivace : parmi les voix en 1944) son Tamise (Royal Botanic Gardens du monde ; Diogène le solitaire 436 p., 27,44 ¤ [180F]). « cherche la statue de la Liberté ». poétiques d’aujourd’hui, celle enfance pro- Kew) : « homme vieillissant,/ Exi- auprès de qui le grand Alexandre Glissons-nous dans la cruelle machi- d’Ariane Dreyfus, née en 1958, est vençale et geant son droit absolu/ À la concor- vint chercher conseil ; Diogène une des plus attachantes. « Bon- entre, pour lui, de avec lui-même » (Obsidiane disputant avec ses pairs… En onze heur criant, jamais crié » : l’angois- en résonance « Les Solitudes », 168 p., 16,76 ¤ « mouvements » et en décasyla- se n’est jamais avec des ter- [110 F]). M. Pn bes, Robert Sabatier orchestre À NOS ABONNÉS loin, l’allégres- mes grecs. b UNE PETITE FILLE une sorte d’opéra, d’oratorio où se non plus. Musicologue, SILENCIEUSE des voix multiples se font écho. Il Pour vos changements Deux recueils très imprégné CŒUR ÉLÉGIE ROUGE,de faut adapter sa lecture à l’objet d’adresse ou suspensions confirment par le monde James Sacré proposé. Le Diogène de Sabatier d’abonnement l’originalité de méditerra- Paris, une ferme en Vendée, la n’appelle pas de jugement rapide durant vos vacances cette poésie néen, Xavier Nouvelle-Angleterre : tels sont et volage. Il demande au contraire légère et fer- Bordes a tra- les lieux traversés dans ce beau attention et patience. Mais incon- un seul numéro vente, que les duit Ovide et Sénèque ainsi que recueil, poignant et retenu, qui, testablement ce livre existe. Pas 0825 022 021 ellipses rappro- des poètes grecs contemporains, par touches légères, évoque le seulement du fait de son impres- (0,99 F TTC/mn) chent du silen- notamment Odysseus Elytis (Prix souvenir d’une petite fille mala- sionnant volume… (Albin Michel, ce. Quelques Nobel de littérature 1979). Outre de, entre-temps disparue. Retrou- 498 p., 21,34 [140F]). P.K. ou par Internet : branches vivan- des textes critiques, notamment ver, par-delà l’absence, des ges- b SPLEEN DE PARIS,de www.lemonde.fr tes, un recueil contemporain des sur Joe Bousquet, il a publié de tes, des instants, s’interroger sur Michel Deguy (rubrique «Services aux lecteurs») Miettes de décembre (paru au Dé nombreux recueils de poèmes, et « la façon de mettre ensemble des C’est évidemment sous l’invoca- bleu en 1997), rassemble des poè- obtenu en 1999 le prix Max Jacob mots » face au « noir effarant » mes écrits pendant vingt années, pour Comme un bruit de source. de la mort : l’émotion naît de la de 1974 à 1994. L’enfance y est Son dernier recueil, à travers des simplicité et du « parler vrai », Chaque samedi avec très présente : « Sous l’écorce le formes variées, du haïku à l’am- dans ces poèmes où surviennent bois vert ». ple poème « océanique », célèbre de « petits accès de prose ». Ce sont tantôt des rondes et des la lumière et l’idéale « Aïlenn ». Quant à Cœur élégie rouge, pre- 0123 courses haletantes, tantôt une atten- Mais on y trouve aussi des mier grand recueil de James DATÉ DIM./LUNDI tion intense portée à l’infiniment accents satiriques, et parfois l’évo- Sacré (d’abord paru au Seuil en ténu : le bleu mouvant des myoso- cation intimiste des saveurs du 1972, et dédié à Jean Cayrol), il tis, les miettes d’un gâteau sur un « vieux temps » (Gallimard, 290 p., s’impose toujours comme un retrouvez tapis, le tremblement d’un chat 19,95¤ [130,86 F]). M. Pn magnifique ouvrage qui mêle famélique. Et les gestes d’une « peti- b TRAGIQUE, de Franck Venaille lyrisme amoureux et remémora- LE MONDE te danseuse » qui, la main à la barre, Tragique : « Ce mot, se disant des tion du « paysage profond »de découvre son corps. « La jeune fille paroles & du stile, veut dire élevé, l’enfance (éd. André Dimanche, TÉLÉVISION que je suis en train de cesser d’être a sublime, touchant & qui sent la tra- « Ryôan-ji », 94 p., 176 F). M. Pn littératures LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / III b Sur les ruines de l’empire défunt Au cœur de l’Europe, la littérature hongroise, longtemps méconnue, classique et novatrice à la fois, exprime tantôt la nostalgie d’un univers disparu, tantôt les convulsions mortelles du siècle passé et les interrogations ontologiques de l’individu confronté à son destin singulier

rès vite christianisés, les les ruines de l’empire vaincu, la Hon- moyens et surtout - ce n’est pas la surgis sur les ruines de la Cacanie. Hongrois d’origine finno- grie indépendante se retrouve ampu- moindre de ses qualités- la force de L’écriture qu’ils pratiquent est le ougrienne arrivés au tée de la Transylvanie, où les Rou- créer un héros sans nom, atemporel, reflet de l’esprit ironique, de l’amertu- milieu de l’Europe au tour- mains sont majoritaires, ainsi que qui évolue entre deux lieux de nulle me et de la lucidité impitoyable des Tnant du premier millénaire éta- d’une partie de la Slovaquie et de la part, pas nommés eux non plus. clercs d’un empire depuis longtemps blissent aussitôt un royaume catholi- Yougoslavie, habitées par des Slaves. La Hongrie aura beaucoup souf- éclaté. que depuis les Carpates jusqu’en Sur les traces du désastre habsbour- fert pendant la guerre. Selon Raoul Edgar Reichmann Bohême. Victimes tour à tour des geois prend naissance une littérature Hilberg, 437 000 juifs – Hongrie et invasions barbares, d’occupations originale avec Gyula Krudy Transylvanie, récupérées par Buda- (1) De Kaiserlich Königlich, en français : turques et des appétits autrichiens, (1885-1936), Frigyes Karnithy pest à l’automne 1940, confondues – impérial et royal. eux-mêmes dominant les popula- (1878-1933), Yolande Földes furent déportés à Auschwitz. Peu en (2) Printemps mortel, roman de Zilahyi tions indigènes, latines et slaves, les (1903-1963) ou François Kormendi réchappèrent. Parmi eux, Imre Ker- (1891-1074), Editions des Syrtes, traduit classes dirigeantes magyares accep- (1900-1972), souvent occultés par tesz, auteur du Kadish pour l’enfant du hongrois par Georges Kassaï et Gilles tent le compromis proposé par les leurs voisins germanophones d’Autri- qui ne naîtra pas et de Etre sans destin Bellamy. 146 p., 120 F (18,20 ¤). Voir Habsbourg. Ainsi, à partir de 1867, le che. Cette littérature hongroise, pri- (Actes Sud), témoin rare de l’extermi- « Le Monde des livres », 21 juin 2000. royaume de Hongrie intègre leur sonnière d’une langue difficile et de nation – la valeur littéraire de ces (3) Cinéma muet, de Doszö Kosztolanyi, empire, mariage de raison entre faible circulation, exprime, dans les textes rejoint celle d’un Primo Editions Ibolya Virag, texte français de Budapest et Vienne, qui enfantera excellentes traductions parues cette Levi – ; son dernier livre, Le Refus, Maurice Régnault, en collaboration d’un Etat dualiste : c’est la Caca- année, soit la glorification et la nostal- dévoile les manœuvres des autorités avec Peter Adam, 200 p., 60 F (9,15 ¤). nie (1) mythique, surprise par le gie d’un monde défait (Lajos Zila- staliniennes en vue d’occulter la (4) La Vallée de la Sinistra. regard lucide de Musil, facteur d’équi- hy) (2), son dandysme et sa féroce Shoah et d’en marginaliser les survi- libre jusqu’en 1914 au sein d’une mise en dérision (Dezsö Kosztolanyi, vants afin que leurs confessions n’in- L’HÉRITAGE D’ESTHER Europe rescapée des révolutions 1885-1936) (3), sinon les catastro- duisent pas le moindre rapproche- (Eszter Hagyatè) nationalistes de 1848, réprimées par phes du siècle dernier (Imre Kertesz ment entre les camps de la mort et de Sandor Marai. l’empereur autrichien et le tsar de et Adam Bodor) ou bien les interro- ceux, tout aussi mortels, du goulag Traduit du hongrois toutes les Russies. gations métaphysiques de l’individu, soviétique ou hongrois. Kertesz, victi- par Georges Kassaï Zenobianu, L’envol de la littérature hongroise confronté aux avatars d’un destin sin- me des pires totalitarismes du siècle Albin-Michel, 164 p., 92 F (14 ¤). se produit au milieu du XIXe siècle gulier (Sandor Maraï et Röbert dernier, confère au stalinisme le avec le poète national Sandor Petöfi Haasz). Signalons également, chez caractère d’une force mortifère et LE REFUS (1823-1849), héros de la révolution ; Ibolya Virag ed., la confession amou- grotesque. (A Kurduk) il fut également l’inspirateur pos- reuse de Imre Oravecz, Septembre Féroce dénonciation de la dictatu- d’Imre Kertesz. thume de l’insurrection de 1956 con- 1972, texte insolite paru en Hongrie re, en l’occurrence le communisme Traduit du hongrois tre le pouvoir communiste imposé en 1988 dont le tirage s’épuisa en manière roumaine, l’allégorie de par Nathalie Zaremba-Husvaï, par les tsars rouges de Moscou. Le quelques heures (146 p., 15,24 ¤, Bodor, né en 1936 à Cluj, en Transyl- en collaboration contemporain et l’ami de ce grand [100 F]). vanie – il vit aujourd’hui à Budapest, avec Charles Zaremba, patriote, l’écrivain Mor Jokaï Ainsi, proche des milieux des où il avait fui les prisons des sbires de Actes Sud, 350 p., 149 F (22,71 ¤). IN « PHOTOGRAPHES MADE IN HUNGARY » DE KAROLY KINCSES (ED. ACTES SUD/MOTTA/ (1825-1904), s’inspire dans ses nom- meilleurs textes de Zweig, le bref Marchand de journaux à Bucarest par Kerny Istvan Ceausescu –, porte sur une ville ima- breux romans de la présence ottoma- récit de Sandor Marai (né en 1900, à (Hungarian museum of photography) ginaire, modèle de celles d’Europe LA VISITE DE L’ARCHEVÊQUE ne en Hongrie et de la beauté des Kosice, en Slovaquie, mort en 1989, à orientale. Bogdanski Dolina, assou- (Az Ersek Latogatasa) paysages de la Transylvanie, alors San Diego, en Californie) est une seul, le véritable sens de la vie ». Les qui devrait être le sien, demeurent pie au pied d’une décharge pestilen- d’Adam Bodor. que les vers de Janos Arany métaphore de la chute des Habs- œuvres de Marai, auteur-culte infranchissables. Ainsi, les liens fami- tielle, attend un curieux archevêque Traduit du hongrois (1817-1882) expriment sa tristesse bourg : une vieille femme, Esther, vit aujourd’hui en Hongrie, traduites liaux se délitent et, après avoir qui ressemble furieusement au secré- par Jean-Michel Kalmbacu, quant à l’échec du mouvement révo- entre les murs d’une maison en rui- dans le monde entier, avaient été rejoint un groupe de marginaux, le taire général du parti. Les aventures préface de François Fejtö, lutionnaire. Pourtant, c’est avec un ne, en attendant le seul homme qu’el- interdites au temps du régime com- narrateur finit par tourner le dos à la de Gabriel Vantusa, venu d’un pays éd. Robert Laffont, autre poète, Endre Ady (1877-1919) le ait jamais aimé, Lajos, le charisma- muniste. réalité, renoncer à toute ambition et un peu plus normal pour récupérer 136 p., 109 F (16,62 ¤). – il séjourna souvent à Paris –, que la tique escroc sans scrupules qui l’avait Tout autre est l’interrogation que désir, adopter une vision bouddhiste les ossements de son père et leur poésie hongroise, ancrée d’emblée dépouillée de tous ses biens. Au bout soulève l’étonnant roman du jeune qui lui assurerait la survie dans l’éter- assurer des funérailles décentes, sem- LE JARDIN DE DIOGÈNE au XXe siècle, commence à subir les d’une vingtaine d’années, le séduc- Röbert Haasz, né en 1964 au nord de nité : « Le plus gros mensonge que blent sortir d’une bande dessinée (Diogenesz Kertje) attraits de la modernité. Mais l’en- teur revient sur les lieux de ses for- la Yougoslavie. Le narrateur de son j’avais fait dans ma vie, conclut d’Enki Bilal. Son roman précé- de Röbert Haasz. trée de l’Austro-Hongrie dans la faits pour s’emparer de la maison livre quitte le pays natal en raison de l’auteur de ce roman autobiographi- dent (4) a été la révélation de ce chro- Traduit du hongrois Grande Guerre et sa défaite, en 1918, d’Esther, l’unique fortune qu’il lui res- la guerre et trouve refuge dans la que, c’est d’avoir été assez présomp- niqueur de l’absurde dont le génie se par Chantal Philippe, met fin à l’utopie d’un ensemble mul- te. Son charme aura-t-il raison des Hongrie voisine. On y parle sa langue tueux pour me prendre pour un écri- situe entre celui de Ionesco, de Jarry éd. Viviane Hamy, tinational où règneraient la justice et réticences de la vieille dame ? Sans maternelle, et il espère y trouver paix vain. » Malgré lui, il l’est : le prouvent et de Beckett. Etrangement, la plu- 184 p., 129 F (19,67 ¤). la paix. doute car, au fond d’elle-même, et sérénité. Mais les difficultés maté- l’authenticité de son désespoir, ce part de ces écrivains hongrois sont Parmi les petits pays émergés sur Esther aime le danger, qui est «le rielles et d’intégration dans ce pays, texte, sa remarquable économie de originaires d’autres pays que le leur, e voir aussi Agenda page VIII Les masques du malheur Le lyrisme retenu d’Israël Eliraz Renate Dorrestein narre l’histoire d’une vie de famille, simple, faite Poète, Israël Eliraz jongle avec les mots et les paysages d’affrontements, de chamaillerie et de tendresse. Jusqu’au jour où tout bascule... là où la perception se fait question

nous faire signe. C’est parce que sa sept ans et attend à son tour un Tout juste, parfois, des « débris de des mots aussi retenus que le lyris- UN CŒUR DE PIERRE mère l’a oubliée, un soir d’été, qu’El- enfant, est revenue dans la maison PETIT CARNET DU LEVANT soleil » ou des « étincelles du Levant me. Mais d’autant plus puissants. (Ein Hart van steen) len n’a pas été tuée. C’est parce qu’el- de son enfance, qu’elle a rachetée. d’Israël Eliraz. /que l’été fait jaillir » empêchent l’éva- « Une chose est tombée / Tant sont de Renate Dorrestein. le n’a pas été appelée, nommée, qu’el- On n’explique pas le hasard. Mais il Traduit de l’hébreu par Colette sion du poème hors du visible qui le tombées / qu’on ne sait plus laquelle. » Traduit du néerlandais le vit encore. En prenant à rebours le faut une explication à la tragédie. La Salem et Laurent Schuman, fonde. Mais ce visible, et les quelques Gaspard Hons écrivait des poèmes par Danielle Losman, courant de l’amour maternel, Renate réponse vient par bribes, à mesure éd. José Corti, 120 p., animaux ou objets familiers qui le tra- d’Elraz qu’ils « suggèrent la présence Belfond, 254 p. Dorrestein montre qu’il y a quelque qu’Ellen débrouille le terrible éche- 14,48 ¤ (95 F). versent ne sont pas destinés à nous d’un poème invisible au-dedans du poè- 18,40 ¤ (120,70 F). chose de plus fort que l’instinct. Mais veau des événements qui ont con- assurer d’un monde stable. L’énig- me que nous lisons ». Cette remarque cette force qui peut transformer un duit à « ce jour unique où la vie nous a ne dizaine de recueils d’Is- me, le mystère surgissent du plus s’applique à un autre livre récemment ne histoire horrible com- être, métamorphoser l’amour en explosé au visage comme une bom- raël Eliraz ont été traduits immédiat. La perception se fait ins- traduit, un beau « portrait » intérieur mence souvent dans la monstruosité, quel nom lui donner be ». Le traumatisme dont elle a souf- en France (1). Il est donc tantanément question. « Ici est un de Hölderlin, en qui la poésie ne s’ex- banalité, allant parfois jus- pour enfin comprendre ? C’est ce fert, elle a voulu l’oublier, le nier. Seu- temps de reconnaître la événement, trappe de la vue. » En ténua jamais : « Il pleurait d’écrire qu’à faire un détour par le que cherche Ellen pendant vingt- le survivante avec Carlos dont elle a voixU discrète et singulière de ce poète outre, aucun privilège n’est attaché à beaucoup trop et / pas assez. Il pleurait bonheur.U Ce n’est qu’après, lorsqu’il cinq ans. Vingt-cinq ans après la tra- pourtant été ensuite aussi séparée, né à Jérusalem en 1936, qui est passé la tradition spirituelle à laquelle de ne pas / avoir la force de se taire, ou est trop tard, que l’on se rend comp- gédie qui a ensuite dicté sa vie. Par elle fait face aux ombres du passé. du roman au théâtre, et du théâtre ou appartient le poète : « La langue se de se taire sur ce qu’il fallait dire… (2) » te que ce bonheur n’était qu’un prolo- petites touches, en ménageant le sus- Elle entend Kes et Billie qui, de nulle de l’opéra à la poésie. camoufle dans sa forme / comme si on P.K. gue à l’horreur. Jour après jour, le pens, en insérant ici et là une phrase part, commentent ses réactions. Faut- Malgré son titre, Petit carnet du n’était pas / au pays des prophètes. » temps apporte des sédiments au mur qui clignote comme une alerte, Rena- il donc se sentir coupable d’avoir sur- Levant ne renvoie pas explicitement L’avant-dernière section du livre, (1) Notamment aux éditions Unes, Le qui nous sépare du passé, mais aussi te Dorrestein, après le magnifique vécu ? Est-ce pour cela qu’elle est aux paysages qu’Israël Eliraz a « Epouvantails de terre », contient Taillis Pré, Apogée et Dana. épais soit-il, jamais ce mur ne sera Vices cachés (Belfond, 2000 et 10/18), devenue médecin légiste ? Est-ce devant les yeux, autour de sa ville ses plus belles pages. Un tragique des- (2) Hölderlin,(éd. L’Atelier des Bri- assez haut pour cacher les ombres organise son récit comme un album pour cela qu’elle préfère ne pas natale. Pas de « couleur locale ». tin est évoqué, sans insistance, avec sants, 12,20¤ (80F). qui se dressent de l’autre côté pour de famille. connaître le père de son propre En Hollande, le père et la mère d’El- enfant qu’elle a conçu alors qu’elle len dirigent une petite agence d’archi- était encore mariée. Pour ne pas vage de presse spécialisée dans les reproduire le schéma familial ? actualités américaines. Les quatre Le début de la délivrance vient le enfants – Ellen, Kester, Billie et Car- jour où elle entend parler de la psy- los – vivent dans ce monde de chose de l’accouchée due à un dys- papier. Une vie de famille, simple, fai- fonctionnement endocrinien. Elle te d’affrontements, de chamaillerie comprend que Ida n’était pas le petit et de maladroits mouvements de ten- monstre qu’elle imaginait, et qu’elle dresse. Jusqu’au jour où les parents a souffert un véritable martyre annoncent qu’un bébé est en route. qu’elle ne pouvait pas exprimer ; ses L’équilibre est menacé. « J’ai dit à pleurs incessants n’étaient pas le fait mon père qu’il faudrait l’appeler Ida, d’un nourrisson égoïste prenant plai- car je ne pouvais imaginer de nom sir à accaparer l’amour ; Ida était tor- plus laid. Ida rime avec malaria, et en turée jusque dans sa chair par une ajoutant quelques lettres on en fait mère devenue bourreau, en expia- diarrhée. Comme on l’embêterait plus tion d’une faute imaginaire. Reste tard à l’école ! Elle ne l’aurait pas une énigme intolérable : comment volé. » Mais le malheur n’attend pas. un père peut-il accepter de sacrifier Un jour que tout le monde s’occupe ses enfants par amour pour sa fem- du bébé qui hurle dans les bras de sa me ? Accepter de rentrer dans cette mère, une casserole d’eau bouillante boucle infernale de la folie ? « Il n’est se renverse sur Carlos, gravement pas de pardon pour une telle chose, à brûlé. Quand il rentre de l’hôpital, jamais. Et le cœur devra apprendre à prostré, méconnaissable, Ellen en est s’endurcir, à jamais. » Mais cette brus- sûre : c’est Ida, « ce monstre », qui a que détestation ne peut complète- brisé la vie de Carlos, lui qui ne ces- ment oblitérer le souvenir de la ten- sait de la ravir avec ses questions dresse qu’il lui a prodiguée. Malgré d’un bambin de trois ans. sa faillite, c’est lui qui a fait d’elle, Pourtant, les causes du malheur Ellen, une femme forte. Une femme peuvent prendre des masques bien qui doit maintenant choisir à son plus doux, plus stupéfiants encore. tour le nom de son premier bébé. Ellen, qui a maintenant trente- Pierre Deshusses IV / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 littératures b Dernier cercle Ange, corps et âme Pierrette Fleutiaux tisse le lien entre une mère et sa fille au-delà Condamnée à cacher sa nature féminine, travestie en homme parmi les moines, Jeanne déjoue les sexes des rivalités, des rapports de domination et de séduction et balance entre la sainteté et le démoniaque. Sans tiédeur ni mesure, Yves Bichet signe là son plus beau roman

dier, une harassante entreprise de La Femme Dieu transporte le lec- gue qui revisite certaines des obses- opposés, irréductiblement rivaux. DES PHRASES COURTES, conquête, où « rien n’irait jamais LA FEMME DIEU teur aux premiers temps de l’Empi- sions de Bichet, telles que la sourde Ouvert sur une certitude sans appel MA CHÉRIE de soi » – tâche fondée sur la maî- d’Yves Bichet. re carolingien, il n’offre pas ce pitto- révolution des corps au travail, (« J’ai parlé au cheval. Je lui ai dit que de Pierrette Fleutiaux. trise d’une langue claire, compré- Fayard, 342 p., 18,75 ¤ (123 F). resque accablant à force d’érudi- l’échappée lyrique au cœur même j’étais une femme à présent »), le livre Actes Sud, 224 p., 15 ¤ (98,39 F). hensible. tion tatillonne qui caractérise le de la violence et le jeu inépuisable se clôt sur un aveu aussi incontes- Cette mère qui, pour ses rédac- n chant métis, lancé « genre » (mais en est-ce un ?) et entre la fuite et le havre. table (« Je suis un homme »), révéla- ’est une ville de provin- tions d’enfant, lui conseillait d’écri- d’une voix rauque, chau- « oublie » en chemin l’enjeu de Contrainte par la puberté à rejoin- tion lue dans le sourire d’ange d’une ce à cinq cents kilomè- re « des phrases courtes », la narra- de, cassée, une mélopée l’écriture. Nul risque ici que la sève dre le camp des femmes, Jeanne s’en brute, mi-démon, mi-animal, qui la tres de Paris, une ville trice ne l’a-t-elle pas déjà trahie en qui ouvre les abîmes verti- des mots, la pulsation de la phrase échappe presque aussitôt pour survi- sauve pour son mystère même, là où « fantôme », comme gla- s'« embrouill(ant) la plume »,en gineuxU d’une nostalgie plus vaste ne le cèdent à la documentation ; et vre, accusée de porter la peste, à d’autres s’apprêtent à le lui arracher. Ccée sous une Cellophane invisible. s’attachant à des courants secrets, que la mémoire propre ; un sourire qu’importe que l’on confonde les laquelle son jeune frère Sifroi est cen- Seules les lèvres disent la vie. Celles « J’entre dans ces territoires où rien souterrains ? L’écriture, consta- lisse et si tranquille qu’il désamorce petits-fils de Charlemagne ou bous- sé avoir succombé. Ange muet dont du sexe qui s’ouvrent à l’ensemence- de ce que je connais n’a plus te-t-elle, l’a « séparée » des siens, le doute, épuise le désir d’investiga- cule (à peine) la chronologie. la mort n’altère pas la beauté, l’en- ment et pour l’enfantement. Accou- cours », se dit la narratrice chaque causant chez eux un mélange de tion, condamne à se résigner au jeu Bichet est écrivain. Et son roman fant ne savait rien, ne sentait rien : il chant la jument Bras-de-Zil, fois que, depuis sept ans, elle vient fierté et sans doute de gêne : que de l’apparence. C’est ce qui reste de l’un des plus éblouissants de la ren- meurt. Travestie en garçon, sa sœur Jean(ne) revoit le corps mort de y voir sa vieille mère, dans une pim- dire de la découverte de ses pro- la féminité de Jeanne, fille libre et si trée. n’a pas la même naïveté et serre les Sifroi, « lisse, comme étonné »et pante « résidence de retraite » aux pres ouvrages, dans la bibliothè- vivante que les horreurs d’un temps constate : « La beauté colle à la lai- murs de crépi rose. C’est un der- que familiale, masqués derrière les qui n’en est pas chiche l’épargnent, Yves Bichet deur, le désir à la souffrance, la boue nier cercle, un lieu de simulacre où volumes reliés d’un club du livre ? au péril des conventions, lorsqu’elle Né à Jallieu (Isère) en novembre 1951, Yves au crin » ; dans l’effervescence d’un l’on doit être, jusqu’au bout, pré- « Je ne gardais pas la face, n’aidais s’enferme dans la condition des Bichet a longtemps travaillé dans le bâtiment. nouveau corps à naître, il n’est que sentable, où l’on est évalué, jugé pas à consolider la façade qui était mâles, jusqu’à devenir prieur de Consacrant les mortes saisons à l’écriture, il a « des lèvres, des sexes, des croupes sans merci : il y a là aussi des rivali- l’œuvre de leur vie et l’expression de Saint-Alban, maître(sse) d’une com- publié des poèmes (Citelle, Cheyne éd., 1989 ; Le écartelées (…). Lèvres empourprées tés, des rapports de domination et leur morale. Je montrais ce qui ne munauté monastique où son essen- Rêve de Marie, éd. Le Temps qu’il fait, 1995), de des hommes tout autour, mordues par de séduction. doit pas l’être. » ce représente la part du diable. Fem- la prose poétique (Clémence, éd. Le Temps qu’il la peur. La vie ». Les enfants, qui ne sont plus si Comment une romancière peut- me Dieu dans un monde en fureur fait, 1999), du théâtre (La Cérémonie, éd. Paroles Malgré son crâne rasé, sa lèvre ger- jeunes eux-mêmes, rétablissent, à elle rendre compte de tout cela, où les repères se brouillent, les auto- d’aube, 1999), deux romans (La Part animale, Gal- cée, sa poitrine bandée pour confor- l’envers, le lien ancien. Au fils, chi- quand elle ne cherche surtout pas rités se délitent et les élans s’épui- limard, 1994 – en cours d’adaptation cinémato- ter le simulacre, Jeanne ne cède rien rurgien, le souci d’accourir au dans la littérature « la vie copiée sent. En rupture des codes sexuels, graphique – et Le Nocher, Fayard, 2000) et un de sa vraie splendeur. Troublante moindre appel. A la fille, la charge au plus près », qu’elle n’est bien comme l’ange dont la grâce extati- récit, Les Terres froides (Fayard, 2000) qui vient jusqu’au malaise, puisque le prieur de l’apparence, l’achat épique que dans la fiction et la plus éloi- que tempère la mission céleste, por- d’être couronné par le prix franco-suisse Lettres Dom André avoue fiévreusement d’une robe dans un magasin de gnée possible du témoignage ? Un te-parole d’une divinité retirée dans frontière 2001. Il vit dans la Drôme, à Grignan. son désir interdit (« Tu es fait pour vêtements pour personnes âgées, « traumatisme étrange » lie une sa Création et dont le message se décevoir. (…) C’est un plaisir du dia- le lien social avec le médecin trai- fille à la fois rebelle et fidèle, qui a perd avec l’espérance des hommes. La genèse du livre elle-même ne lèvres : « Tout était préparé depuis ble, une joie femelle ») pour le novi- tant et la coiffeuse. fui sans rompre, à une genitrix Même si l’on sait la fortune de la manque pas d’être singulière. longtemps. Tout pour la vie. Rien pour ce, qui confie à la jument, guère plus Entre la mère et la fille, les rela- double, énigmatique : la mère de tradition légendaire, largement Confiant à l’automne 1999, à la res- l’adieu. Les hommes sont ainsi. Cibles amène avec l’étalon : « C’est ma tions ne sont pas simples : il y a tous les pardons et la mère du répandue depuis le XIIe siècle, d’une ponsable du secteur audiovisuel de et flèches à la fois. Les femmes, rien : manière d’aimer. Et crois-moi, « de la bagarre », de vieilles dissen- reproche irréparable. Pierrette femme, Jeanne ou Agnès, qui aurait Gallimard, son intérêt pour la fable des refuges. » Parce qu’elle sait d’em- là-haut, notre Dieu, notre maître, le sions et des discussions sans fin. Fleutiaux ne s’épargne pas elle- occupé la chaire de saint Pierre à antique (une femme de Mayence se blée tout cela, Jeanne balance, fléau pratique au mieux depuis tous ces siè- Malgré son déclin physique, la même dans ce beau livre qui évo- Rome au milieu du IXe siècle, la figu- travestit par amour pour suivre un oscillant entre la sainteté et le démo- cles qu’Il nous dirige.» mère reste cette femme forte à la que l’expérience si commune et re de la papesse intéresse davantage clerc adonné aux études, réussit si niaque. Et son pouvoir surhumain à Mais il est d’autres lèvres. Passe- parole catégorique, qui a enseigné, toujours singulière d’un lent aujourd’hui l’amateur d’emblèmes bien que la Curie l’accueille et qu’el- échapper aux lois ordinaires (la pes- relle entre les mondes, terrestre et préconisé l’effort, aimé la science accompagnement vers la « barriè- – elle entre au répertoire des tarots le succède au pape, avant de suc- te comme le désir), à transgresser les divin, chrétien et mécréant, le chant et la modernité. Epouse du direc- re noire. » Dans « l’entrelacs com- dès le XIVe siècle – et l’histo- comber à sa passion comme à l’en- normes (elle parle aux animaux, de Jeanne est une clameur, un hom- teur de l’école normale d’institu- plexe » du lien entre cette mère et rien – Alain Bourreau donna naguè- fantement, accouchant en pleine transforme le caractère de ceux qui mage à un Très-Haut « sauvage, le teurs, elle a tenu sa place dans cet- cette fille, l’admiration et l’émo- re une formidable synthèse sur le procession – mais peut-il y avoir l’approchent et a l’inquiétant pou- seul qui vaille », qui ne répond à per- te petite préfecture de province. tion l’emportent sur l’irritation et sujet (La Papesse Jeanne, Aubier, encore des degrés dans le scanda- voir de faire pleurer son bourreau) la sonne – il est vrai qu’« on ne s’aime La fille admire avec quelle persis- la révolte de se voir confisquer sa 1988) – que l’homme de lettres, le !), Yves Bichet séduit Enzo Peri, singularise encore. Sainte (la terrible pas, aux alentours de Dieu. On s’obser- tance sa mère lutte pour ne pas liberté. « Maintenant qu’elle n’est même si Stendhal, au hasard de ses venu acheter les droits de Mémoires ordalie dont elle sort victorieuse lui ve. On est guetté mais toujours seul ». devenir une morte-vivante, et diri- plus là, mes lignes de fuite s’em- Promenades dans Rome, contribua à d’Hadrien, de Marguerite Yource- vaut une réputation d’élue) plutôt A elle peut-être, puisqu’elle peut ge encore avec « maestria » son brouillent. Elle ne me manque pas, prolonger le mythe. nar. Convaincu qu’il tient là une his- que sorcière tant que la supercherie répondre à Dom André, qui s’inquiè- propre destin, vendant elle-même j’ai le cœur sec, ne pleure pas, je Pour son troisième roman, Yves toire digne de rivaliser avec Roméo de son travestissement n’est pas te de l’entendre chanter « sans mesu- sa maison, organisant ses futures suis libre et légère, je suis un atome Bichet relève le défi. On n’attendait et Juliette, le producteur demande éventée, Jeanne hésite entre les re, dangereusement »:«Dieu n’aime obsèques. Cette femme opiniâtre détaché et tout se vaut dans l’uni- guère l’auteur de La Part animale au poète une première ébauche. De sexes, jouant de son corps comme ni la tiédeur, ni la mesure. » Qu’on se a toujours mené, depuis qu’elle a vers. » ou des Terres froides sur le terrain ces quelques pages est née La Fem- de son âme, en quête d’une identité rassure, Yves Bichet non plus. quitté la ferme familiale pour étu- Monique Petillon du roman historique. Et, de fait, si me Dieu, premier volet d’une intri- qui se dérobe, entre deux pôles Philippe-Jean Catinchi L’enjeu du péché Le voyage et le doute La voix du diable : François Taillandier et Amélie Nothomb Un essai littéraire sur l’évolution des rapports entre le démon du bien et l’ange du mal entre les prétendus civilisés et les supposés barbares

n Occident, la notion de Amélie Nothomb s’interrogent. que développe François Taillan- Taillandier évite le commentaire dénonçant l’Espagne et la chrétien- péché est refoulée aux Chaque homme ne serait plus que dier. philosophique en faisant intervenir LE SECOND REGARD té civilisées coupables de massa- oubliettes, et la frontière l’esclave autiste d’une entité mons- Le Cas Gentile (1) est l’histoire d’un un certain Nero, surmoi dépressif en Voyageurs et barbares cres d’Indiens qui ne sont pas entre le bien et le mal est trueuse qui édicterait – selon les fait divers sous le double éclairage de habit de diable, qui obsède le pom- en littérature dépourvus de civilisation ; ou Fro- souventE indistincte ; quel est alors nécessités politiques et les intérêts la psychanalyse et de la métaphysi- pier infantile et paranoïaque. Gentile de Jean Soublin. mentin rendant hommage aux l’enjeu de la responsabilité indivi- économiques – les lois d’une mora- que. Le pompier Gentile, héros mal- a été rattrapé par le péché d’Adam. Buchet Chastel, 220 p., Bédouins. duelle ? François Taillandier et le fluctuante. C’est le théorème gré lui, arrache aux flammes une reli- Manipulé, il laisse béante l’interroga- 15 ¤ (98,39 F). Pour illustrer ce thème et en ana- que sacrée (l’action du récit se situe à tion existentielle à laquelle notre siè- lyser les différents effets dans le Turin, en Italie). Un an plus tard, il cle narcissique ne peut répondre. Le érodote intrigué par le temps et l’espace, Jean Soublin détruit à coups de barre de fer des prêtre, le syndicaliste, la journaliste comportement des Scy- n’oublie pas qu’il est aussi roman- panneaux publicitaires. Guido, un amoureuse n’apportent pas de solu- thes ; Ibn Jubayr, secré- cier. L’érudition ne fait pas place à vieux syndicaliste marxiste, Beato, tion. L’apparente régénération du taire du gouverneur de l’imagination, mais, en étudiant les l’aumônier des sapeurs-pompiers, et pompier déjanté reste une énigme. GrenadeH à la fin du XIIe siècle, mœurs de l’époque où ces auteurs Aspasie, une journaliste flouée par Jérôme August, le héros d’Amélie découvrant que les chrétiens ne écrivent et ce que leur conception les hommes, veulent élucider les rai- Nothomb, ressemble à Gentile. Com- sont pas tous des brutes et qu’un du barbare doit à la géographie et sons de ces actes spectaculaires mais me lui, il fait l’ange et offre son tribut musulman peut être un notable à l’histoire, il développe chaque antinomiques, tous deux liés à la au démon. Mais Amélie Nothomb se respecté en terre chrétienne ; le exemple en un récit qui a le ton représentation d’une « divinité » : joue de Dieu comme des hommes. moine Thevet, de retour du Brésil, d’une excellente nouvelle. une image du Christ (on reconnaîtra Égarée dans un récit invraisembla- décrivant des êtres « sans foi, sans Pierre-Robert Leclercq le saint suaire) opposée à une image ble, elle se désintéresse vite de son loi, sans religion, sans civilité aucu- vénale de la consommation. François personnage. Si Jérôme est agressé ne… vivant comme des bêtes irrai- Jean Soublin collabore au Taillandier décrit le mâle moderne, par son Nero, en la personne de Tex- sonnables ». Ce sont là trois person- « Monde des livres » livré à sa solitude, incapable d’assu- tor, il s’avère trop vite qu’ils ne font nages parmi les nombreux que pré- mer l’échec et la douleur, et qui cher- qu’un et que le dialogue, unique sente Jean Soublin dans un essai che à renouer avec l’héroïsme. Hom- substance de Cosmétique de l’enne- où l’on retrouve Mérimée fasciné me ordinaire, peu enclin à l’introspec- mi, est un monologue de tragédie par les Gitans, Eugène Fromentin tion, Gentile vient d’être lâché par classique entre l’homme et sa peintre du Sahel, Tolstoï qui doit Lisia, la femme dont il se croyait conscience. Passées les quelques la vie sauve à des Cosaques sous aimé. Jaloux, angoissé, perturbé dans pages où la romancière installe son les murs de Grozny, et même Bas- son identité virile, trop jeune pour héros dans le décor d’un aéroport, la de-Cuir, le héros des romans de pactiser avec l’oubli, trop vieux déjà confrontation s’empêtre dans la lour- Fenimore Cooper. Chapitres appa- pour se réjouir de sa liberté, il se sent deur d’une démonstration où elle- remment hétéroclites pour un tra- « désexister ». Le sauveur de l’image même succombe à l’ennui. Elle bâcle vail d’une parfaite cohérence sur mystique et l’iconoclaste des afficha- un dénouement pressenti à la vingtiè- l’évolution du mot « barbare ». ges mercantiles perd l’équilibre. Les me page. Que n’a-t-elle mis, au servi- C’est en voyageant, en quittant deux actes, aussi vertigineux l’un que ce de cette ébauche métaphysique, son propre univers, que l’homme l’autre, ouvrent sur le même abîme : son art de cavalière désinvolte qui, prend conscience des préjugés qui le sens de notre présence au monde. d’un coup de cravache, déchire nos portent à se méfier de l’étranger. illusions. De son « second regard », s’instal- Hugo Marsan le le doute, « cette première lézarde dans l’arrogance du dominateur ». (1) François Taillandier propose sur Ce doute qui bouleverse les certitu- Internet (www.00h00.com) des récits à des peut ébranler l’intolérance, suivre. Huit d’entre eux sont réunis conduire à des interrogations. Le dans un livre : Intrigues, L’édition en barbare ne serait-il pas notre sem- Ligne, 100 p., 12 ¤ (78,70 F). blable, notre frère ? Et le civilisé n’a-t-il, en ceci ou cela, un compor- LE CAS GENTILE tement de barbare au sens dévalo- de François Taillandier. risant qu’il donne au mot ? Et le Stock, 226 p., 16,80 ¤ (110,20 F). barbare, en ceci ou cela, n’est-il pas aussi civilisé, voire plus, que le COSMÉTIQUE DE L’ENNEMI civilisé ? Les exemples littéraires d’Amélie Nothomb. que donne cet essai apportent des Albin Michel, 140 p., réponses. Ainsi donc, Hérodote, 12 ¤ (78,70 F). Ibn Jubayr, mais aussi Montaigne essais LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / V b Le cadavre du situationnisme bouge encore. Asger Jorn, l’hérétique permanent A preuve une nouvelle phrase, il faudrait la savoir par livres, les puces et les réutilisait biographie LA GENÈSE NATURELLE cœur, parce qu’elle définit exacte- après quelques modifications. Cette d’Asger Jorn. ment la position de l’art dans la stratégie, que Dada avait inventée, de Guy Debord Ed. Allia. société actuelle, qui s’empresse de Jorn et Debord l’appelaient détour- 90 p., 6,10 ¤ (40 F). le convertir en culture pour avoir la nement. En 1957, dans l’atelier d’un par Vincent Kaufmann, paix. lithographe danois, ils réunissent POUR LA FORME Ces aphorismes sont pris dans un tel matériel et en font un opuscu- une nouvelle revue d’Asger Jorn. des développements argumentés le, tiré à deux cents exemplaires à Préface de G.-E. Debord. par l’histoire, la philosophie, l’éco- l’enseigne du Bauhaus imaginiste, sur les archives Ed Allia, nomie, dans des études où Jorn cite mouvement créé par Jorn contre les 168 p., 15,24 ¤ (100 F). aussi bien Ruskin que Van de Velde, nostalgiques fonctionnalistes du du mouvement, Baudelaire que Bakounine. Des premier Bauhaus, celui de Gropius. FIN DE COPENHAGUE reproductions s’introduisent entre Fin de Copenhague, déclare le et, en trois volumes, d’Asger Jorn. les paragraphes : dessins et cérami- titre. Fin de toute communication, G.-E. Debord, ques du groupe Cobra, dont Jorn a de toute logique. Des bouts d’arti- la confirmation conseiller technique été l’un des fondateurs, et des sur- cles, des titres, des publicités, des pour le détournement, réalistes dont le mérite a été d’affir- cases de bandes dessinées flottent d’un soupçon : éd. Allia, 11,43 ¤ (75 F). mer « la nécessité des arts pour la détachés sur le blanc du papier, où présence de ce que l’on appelle explosent des jets de couleurs. Les Asger Jorn, qui participa ASGER JORN l’homme ». Hommage légitime. phrases sont choisies pour leur idio- Critique de l’image tie, les illustrations pour leur triviali- à la fondation de Cobra quotidienne, L’ORIGINE DU MONDE té. Ce n’est donc pas un livre, mais de Laurent Gervereau. Jorn n’avait donc que méfiance une rapsodie d’images sans légen- et de l’Internationale Cercle d’art, 224 p., pour la société contemporaine, des et de légendes sans images. L’en- 27,44 ¤ (180 F). qu’il savait vouloir liquider tout ce tente de Jorn et de Debord est telle situationniste, fut qui dépasse la moyenne. Dans La qu’ils renouvellent le genre du colla- our la forme a été publié Genèse naturelle, il avance une hypo- ge. Quant à leur usage de la bande l’observateur pour la première fois par thèse : la société est devenue de dessinée, il anticipe de quelques l’Internationale situation- plus en plus puissante en raison des années sur Warhol et Lichtenstein. le plus incisif P niste en 1957, l’année de la progrès techniques, et donc elle a Il semble du reste que des exemplai- Fin de Copenhague. La Genèse natu- de moins en moins besoin d’hom- res de leur ouvrage soient parvenus de la création artistique relle, inédite en français jusqu’à ce mes pour se défendre contre des à New York avant la fin des jour, a été écrite entre 1963 et 1964. dangers qui s’effacent. Ils ont cessé années 1950. Jorn précurseur du des années 1950 et 1960. On ne donne ces précisions chrono- d’être utiles. Désormais, « ils sont pop ? Il se peut. logiques que parce que le lecteur encombrants ».La« démocratie Une vie si débordante, une pen- Ses analyses peuvent pourrait croire que ces écrits de moderne (…) va se partager en ouvriè- sée si incisive doivent désormais Jorn sont récents. Leur auteur est res parfaitement honnêtes et labo- être étudiées de près. Laurent Ger- servir aujourd’hui mort en 1973. Cela n’empêche qu’il rieuses, et en mères somptueuses à vereau s’y est essayé. Mais, empor- traite autant de ce qui s’est passé l’image de Marilyn Monroe ». té par le dynamisme de Jorn, il n’a avec la même efficacité depuis que de ce qu’il a vu se produi- Telle est la thèse. Elle est environ- pu écrire qu’un récit hâtif et haché. re en Europe après 1945. On en con- née de considérations ironiques sur S’il a le mérite d’être le premier en clurait volontiers que, d’une part, il l’origine du monde et ses mythes, la français, il est cependant trop synco- voyait juste et que, de l’autre, les Collage extrait de « Fin de Copenhague » (1957) fin du paradis, les aventures tragi- pé, dans un style obscur à force d’ex- situations se ressemblent, de décen- comiques d’Adam et Eve, celle-ci clamations et d’affirmations nie en décennie. guerre », lisez « dans les années gulier et libre ne s’abolisse pas dans finissant par l’emporter sur son péremptoires. L’analyse de Jorn Voyez par exemple la querelle du 1990 », l’analyse est tout aussi un système, quel qu’il soit. compagnon amoindri. L’androgy- démolisseur d’esthétiques n’y est formalisme et du réalisme. Dans les vraie, de l’art comme de la société. Jorn l’écrit de plusieurs manières nie et la parthénogenèse sont aussi qu’esquissée. On n’en a pas fini années 1950, le second affirmait Jorn continue : « Mais en se libérant dans Sur la forme. Politique : « Seul évoquées, avec une antipathie sensi- avec celui que Debord tenait pour s’opposer à l’abstrait, accusé de for- du formalisme, l’art n’allait pas vers un art nouveau peut éviter que l’hom- ble. Mais ces points importent « l’hérétique permanent d’un mouve- malisme. Aujourd’hui, il règne sous le naturalisme souhaité par les esprits me futur soit réduit à être un simple moins à Jorn que la montée, qu’il ment (le situationnisme) qui ne peut toutes les formes du documentaire, paresseux, mais vers l’informe. » Le instrument d’un équilibre social. » sent irréversible, d’un monde de admettre d’orthodoxie ». photographié, filmé ou écrit et, à naturalisme actuel est sociologique Séditieuse : « Tout art exprime et pro- confort et de normes, dont les Etats- Philippe Dagen nouveau, il veut faire pièce à des ou sexuel, principalement. Les voque une expansion. La police et les Unis et les pays scandinaves formalismes vieillissants. On peut esprits sont toujours aussi pares- politiciens appellent cela de l’évasion, seraient les modèles effrayants. e Les Editions Allia publient par se contenter de cette opposition et seux : ils s’en contentent, ils en rede- parce que c’est une action qui passe « Les hommes – aventuriers, escrocs, ailleurs Défense de mourir, catalogue choisir l’une des deux causes. Ou mandent. « L’informe » ? Il se nom- à côté de leurs contrôles. » Résolue voleurs, spéculateurs – sont générale- très complet de la rétrospective Gil lire Jorn : « Il est exact que le forma- mait alors, en peinture, Klee, Wols, et désabusée à la fois : « Toute tenta- ment désavoués par la société. Moi, Wolman à Blois et Dijon (400 p., lisme est devenu une menace dans Corneille et Jorn lui-même. Aujour- tive pour transformer le monde je suis tout cela, en étant artiste créa- 21,34 ¤ [140 F]). On y trouve une bio- l’art après la guerre, mais il semble d’hui, il a d’autres noms propres. Et d’après nos désirs n’a jamais été et ne teur. » graphie et des textes inédits de celui que ce formalisme ne fait que refléter il se défend contre les formalismes sera jamais qu’une absurdité, mais Voleur en effet : voleur d’images, qui fut, au temps de Potlach, une un aussi grave formalisme social et et les réalismes contemporains, afin pour l’artiste et ceux qui ont l’esprit de slogans, de réclames, de cartes. Il figure majeure de l'Internationale politique. » Au lieu d’« après la que toute notion d’un individu sin- artistique, c’est la vie même. » Cette les prenait dans les journaux, les lettriste.

livraisons Debord, sa vie, son œuvre b ARCHIVES § DOCUMENTS SITUATIONNISTES Cette nouvelle revue, dirigée par Christophe Bourseiller et éditée chez Denoël, entend moins incarner une relève pamphlétaire et Vincent Kaufmann propose une biographie intellectuelle originale et dépassionnée subversive, ou prolonger la démarche de Guy Debord, qu’étudier l’Internationale situationniste et les mouvements qui l’ont précé- du théoricien du situationnisme, dont il salue la « poétique » dée. Christophe Bourseiller considère que le temps est venu de rompre l’omerta sur des vérités susceptibles d’éviter toute récupé- intellectuelle ») de Kaufmann. Pro- puis surtout, qu’aurait-on souhaité particulièrement actives (du point ration, et d’« oser passer à la recherche. Changement d’époque, GUY DEBORD fesseur de littérature en Suisse que Debord fisse ? » Qu’il refît et de vue de la publication) : Debord changement de ton ». Sa démarche consiste à prendre « le risque La révolution au service après avoir exercé à Berkeley, il mourût ? précise son jeu de la guerre et les de l’étude », se situer sur le strict plan de la recherche, de la criti- de la poésie est l’auteur d’essais très fermes : Le premier chapitre est le plus références (historiens et polémolo- que et de la documentation, en se tenant « hors partis », « hors de Vincent Kaufmann. Le Livre et ses adresses. Mallarmé, saisissant d’intelligence et de con- gues) qui lui permettent d’en fixer chapelles », afin d’éviter que Debord et ses frères « ne deviennent Fayard, 416 p., 24,30 ¤ (159,40 F). Ponge, Valéry, Blanchot, Librairie tre-pied. Partant des trois pre- les règles. les idoles permanentes de cultes risibles ou suspects », et au risque des Méridiens - Klincksieck (1986) miers films, dont les Hurlements « J’ai suggéré que la vie de Guy d’entendre « les cris d’orfraie des petits marquis, pour qui Debord vec son Guy Debord. La ou Poétique des groupes littéraires. en faveur de Sade (1952 : Debord Debord était aussi cohérente que tient lieu de sésame mondain. » Au menu du premier numéro, des révolution au service de la Avant-gardes 1920-1970, PUF, se fait naître dans ces eaux-là, son œuvre. » « Un tel, sa vie, son entretiens avec Jacqueline de Jong ou Pierre-André Taguieff, un poésie, Vincent Kaufmann 1997. après dix-neuf années sans jeu- œuvre » : la formule a beaucoup texte de Bourseiller sur la récupération de l’IS par l’extrême droite met les pieds et avance Debord, sans se donner le ridicu- nesse), Kaufmann retrace une servi à pas mal de mauvais livres (Denoël, automne 2001, 172 p., 14 ¤, 91,83 F). A b calmement dans ce que l’on pré- le de menacer d’éventuels biogra- étrange figure qui les traverse, cel- et de pensées courtes. Or, remar- TRACES, REVERS, ÉCART, de Guy Debore sente toujours comme un champ phes, plus léger, moqueur, déli- le des « enfants perdus », enfants que Kaufmann après l’avoir prou- « Debore » et non Debord : il s’agit d’un pastiche, dans lequel de mines : la vie ou l’œuvre, lui dit cat : « Quel besoin a-t-on de “faire du temps perdu qui sont voués à vé : « Rarement une vie et une le véritable auteur, Jean-Marie Apostolidès, qui imagine une que c’est tout un, de Guy Debord un portrait” de moi ? N’ai-je pas la perte et à la disparition, jeu- œuvre auront autant coïncidé. J’ai sorte de suite au Panégyrique de Debord, tente de comprendre (1931, ou plutôt, on verra pour- fait moi-même, dans mes écrits, le nesse sans profit pour personne. écrit en somme un Debord, sa vie, la place de la citation chez quelqu’un qui se fabrique des mas- quoi, 1951-1994). Note rédigée meilleur portrait que l’on pourra Ce qui lui permet de retrouver le son œuvre (…) parce qu’elles relè- ques en proposant une approche autobiographique. Un exerci- par les soins de l’artiste en 1971 : jamais en faire, si le portrait en sol biographique, voire chronolo- vent de la même poétique. » ce de style de détournements, composé en miroirs (éd. Sens « Guy Debord. Se disant cinéaste. question pouvait avoir la plus petite gique, sans s’y abaisser, passions, Francis Marmande & Tonka, 104 p., 9,25 ¤, 60,68 F). J.-L. D. Membre de l’Internationale situa- nécessité ? » Celui-ci s’impose par fidélités, errances, dérives et ivres- tionniste, dont il a été l’un des fon- son ton, le retour aux images et le ses comprises. Avec, au passage, dateurs en 1957. (…) A publié en fil conducteur du poétique. Ce qui un sort plus marqué qu’ailleurs à 1967 La Société du spectacle. L’an- frappe au début, c’est la table rase l’épisode lettriste et à ses consé- née suivante, a figuré parmi les des positions « légitimes » (je ne quences. meneurs du courant le plus extrémis- l’ai pas connu, n’ai participé ni de te lors des troubles de mai 1968. A près ni de loin à aucun combat DEUIL DU GRAND JEU la suite de ces événements, ses thè- qu’il ait mené, ni même de substi- Le discours autobiographique ses ont acquis une grande influence tution, « j’ai toujours eu le senti- (traces, échos, fragments) n’est dans l’ultragauchisme européen et ment d’arriver trop tard pour la qu’un moment du discours théori- américain. Né en 1931, à Paris. » révolution, aussi me suis-je bien gar- que (comme le vrai un moment du Reprenons. Situation : de plus dé de me dépêcher », etc.). Règle faux ?). En quelques propositions, en plus complexe. Incitation : du genre. souvent à peine esquissées, com- l’ivresse autant que l’alcool. Lectu- Le lecteur sans qualités étant me des possibles d’une construc- res choisies : moralistes, histo- ainsi posé, place au cours exact de tion particulièrement opératoire, riens, poètes, les thèses sur Feuer- l’œuvre, sans privilège ni refus. Et Kaufmann effleure ce style en bach, Lautréamont, Dada, Henri pourquoi pas, à l’admiration, que grand deuil du monde et de la vie, Lefebvre, Lukács, Korsch. Forte ne s’interdit même pas Kaufmann, le deuil du grand jeu temporel. implication dans le lettrisme, car il s’en donne les moyens : Pour aussitôt verser dans la con- connexions avec Cobra, Socialis- « J’admire en somme son art du ception du temps qui tient l’œu- me ou Barbarie. Débuts : le ciné- défi, sa poétique à la fois guerrière vre et l’incline. ma, le détournement, le grand et mélancolique », ou encore : Il n’est pas si facile, et presque style. Regrets : qu’on n’aperçoive « Une des choses les plus belles jamais avec tant de délicatesse pas davantage qu’il s’est donné la dans son œuvre, c’est en effet sa (permise par une réflexion fondée liberté de raisonner comme les cohérence, à la fois obstinée, discrè- sur les textes et bien peu sur les classiques (plus que de les imiter). te et pourtant lumineuse. » Et sou- légendes), de toucher réellement – Zones de secret préservé : quel- dain, à propos de la « récupéra- poétiquement – aux paradoxes ques-unes, toujours voulues. Il se tion » ou non de Debord (grave excités qui aboutissent à un art suicide le 30 novembre 1994 ; ses question), cocasse chausse-trape sans œuvres et aux contradictions cendres sont répandues à la poin- de l’imparfait du subjonctif où entretenues du collectif et du per- te du Vert-Galant par sa seconde tombent – ce doit être un petit piè- sonnel dans l’aventure. « Le stratè- femme, Alice Becker-Ho, à qui est ge qui leur est tendu post mortem ge » est le dernier acte, celui qui dédiée la biographie (« forcément – tous ses commentateurs : « Et couvre les douze dernières années VI / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 essais b Deux nouveaux livres marquent un moment important de la pensée Jacques Rancière entre l’amour et la pensée des films du cinéma. L’un, signé Ainsi, par exemple, de la préci- ment frappant se trouve dans le termes n’est défini ? L’effet en en rabattant le cinéma sur une dra- LA FABLE sion chaleureuse avec laquelle il chapitre consacré à M le maudit est particulièrement visible lors- maturgie du récit, en en faisant du philosophe Jacques CINÉMATOGRAPHIQUE parle des films de Rossellini ou et à La Cinquième Victime,de que Rancière s’intéresse à des une variante moderne et visuelle de Jacques Rancière. des Amants de la nuit, de Nicho- Fritz Lang. œuvres elles-mêmes conceptuel- du logos, la caractérisation par la Rancière, s’appuie sur Seuil, « La Librairie las Ray. Au-delà du plaisir que Rancière y approche un phéno- les, comme Le Tombeau d’Alexan- fable le prive de sa singularité du XXIe siècle », 250 p., procurent ces pages, elles susci- mène passionnant : la mise en dre, de Chris Marker, et Histoi- théorique – mise en évidence par une longue pratique 20 ¤ (131,19 F). tent néanmoins l’interrogation œuvre du travail du cinéma dans re(s) du cinéma, de Jean-Luc d’autres, qui n’étaient pas philoso- sur la posture de celui qui les rédi- deux systèmes politiques à la fois Godard. phes mais se sont attelés au diffici- amoureuse des films oici le livre d’un philoso- ge. Le livre combine en effet trois comparables et différents, la Des œuvres dont l’importance le ouvrage du concept, à commen- phe écrivant sur le ciné- types d’écriture sur le cinéma – République de Weimar et les intellectuelle et esthétique n’éta- cer par André Bazin. pour construire ma. Ce livre est sans pré- toutes légitimes, mais relevant Etats-Unis de 1955, travail mis en blit d’ailleurs pas qu’il s’agit de Dans le prologue, Jacques Ran- une réflexion ample et V cédent. Non que les phi- de régimes théoriques diffé- forme par deux régimes de repré- films de cinéma – Godard a de cière s’évertue à disqualifier ce losophes ne se soient de longue rents : la critique, l’histoire de sentation historiquement dis- nombreuses raisons d’affirmer le qui, dans le cinéma, tiendrait à date penchés sur l’art du film, qui l’art et la philosophie. tincts, le théâtre dans le cas du contraire à propos de son propre son dispositif technique fondé sur complexe, où le cinéma inspira en particulier à Benjamin A cette aune, il est évident que premier film, la télévision dans opus, et celui-ci comme celui de l’enregistrement du réel. L’objec- ou à Lukacs une part importante Rancière est un excellent criti- celui du second. Mais, faute de Marker interpellent sur la nature tif est, ici aussi, généreux et stimu- devient objet de pensée. de leur réflexion. Et, depuis les que. Qu’il s’occupe du Tartuffe de lant : établir que le cinéma est années 1960, de nombreux philo- Murnau ou de La Chinoise de non seulement un art (cause acqui- Extrait L’autre, signé de sophes ont été sollicités par les Godard, les lignes qu’il leur con- se désormais), mais un état de revues de cinéma ou se sont sacre agencent avec sensibilité la « Il y a deux manières de tomber qu’un rien l’art en tant que tel, un système l’historien de l’art d’eux-mêmes intéressés au grand compréhension des procédures à sépare, ce rien qui en art mérite seul de s’appe- d’élaboration symbolique esthéti- écran, jusqu’à l’exemple majeur l’œuvre au sein du film et la mise ler âme : aucune partie de la représentation, sé d’un type unique, un « moment Youssef Ishaghpour, est que constitue la somme de Gilles en perspective de cet instant mais une différence imperceptible dans la esthétique » de l’histoire humaine Deleuze Cinéma, en deux tomes, artistique avec des problémati- lumière qui la cerne. Le tracé juste du geste où qui « a préexisté » à sa mise en une somme inspirée par L’Image-mouvement et L’Image- ques plus larges. Le bilan de l’his- se résume le trajet de la liberté, telle est l’exacte œuvre réelle à partir du 28 décem- temps, aux Editions de Minuit. torien de l’art est plus ambigu. mesure du “réalisme” de Rossellini, l’identité bre 1895. une figure centrale de Depuis, les exemples abon- Le premier article du livre, inti- déterminée du spiritualisme du croyant et du Ayant disjoint le dispositif ciné- dent, jusqu’aux cas récents tulé La Folie Eisenstein, est magis- matérialisme de l’artiste : l’âme que l’on dit s’en- matographique comme espèce l’art cinématographique, d’Alain Badiou, de Jean-Luc Nan- tral, un modèle du genre dans la voler exactement circonscrite dans la courbe du particulière de la « fable » de son cy et à présent de Clément Ros- mise en question par les œuvres corps qui tombe. » (« La chute des corps ». actualisation singulière par des Orson Welles, à partir set (1). Mais il reste sans exemple (en particulier La Ligne générale) p. 171-172). appareillages techniques, sociaux qu’au cours d’une durée longue de tout le rapport entre une et formels nouveaux, Rancière se duquel se développe un philosophe ait fait de l’art esthétique et une idéologie, à la réjouit de se trouver alors devant cinématographique en général, fois pour son temps, les années définir des outils théoriques, son propre du cinéma, d’autant plus des paradoxes, des « logiques con- une riche réflexion et de corpus de films nombreux 1920, et pour le nôtre. Mais raisonnement reste étrangement que celui-ci constitue leur maté- trariées ». Mais elles tiennent bien et variés plus spécifiquement, le d’autres approches d’ensemble, contourné et confus. riau principal. plutôt au cadre de référence dans sur la modernité. point de départ d’un travail de par exemple celle de l’œuvre Tout aussi significative est l’ap- Si la lecture de La Fable cinéma- lequel il a renvoyé le cinéma qu’à pensée continu, et ayant donné d’Anthony Mann, sont moins con- proche de Jacques Rancière des tographique ne cesse à aucun la nature de celui-ci. Plus classiques, mais lieu à de nombreuses publica- vaincantes, moins porteuses de livres de Deleuze sur le cinéma. moment d’être passionnante, Jean-Michel Frodon tions ponctuelles (2). Ce sont cer- sens, quelle que soit la pertinen- Elle inspire considération pour le c’est évidemment aussi pour ces richement illustrés, taines d’entre elles, retravaillées ce des passages consacrés à l’un courage d’entreprendre un tra- interrogations critiques qu’elle (1) Clément Rosset vient de publier pour l’occasion, que publie ou l’autre film. vail critique envers des textes qui suscite. Elles renvoient au titre Propos sur le cinéma, dans la collection la plongée en sa aujourd’hui l’auteur de La Mésen- Reste, et c’est bien sûr l’essen- font trop souvent l’objet d’une même du livre, à cette « fable » « Perspectives critiques », aux PUF tente et du Partage du sensible. tiel, le travail proprement philo- révérence paresseuse, et regret que dans un Prologue inédit Ran- (138 p., 12,20 ¤ 80 F). Il y réunit les pas- compagnie dans l’œuvre Les onze textes ici assemblés sophique, si on admet que ce devant la manière dont cette criti- cière définit en se référant à Aris- sages de ses livres déjà parus où il évo- ont été écrits entre 1990 et 2000. mot n’est pas un vague synony- que bute sur l’emploi de termes tote. Une fable, c’est-à-dire quait, plus ou moins directement, le de Brian De Palma On y perçoit d’emblée une carac- me de tout exercice réflexif, mais vagues, non fondés théorique- « l’agencement d’actions nécessai- cinéma. Cet ensemble est précédé téristique loin d’être aussi répan- une activité spécifique. C’est ment, comme « identité », « éga- res ou vraisemblables qui, par la d’un entretien sur le même thème avec et le passage en revue due qu’on le croirait, et qui fait encore Deleuze qui (flanqué de lité » ou « incarner ». Et, plus construction ordonnée du nœud et Roland Jaccard. l’extrême bonheur de lecture son acolyte Félix Guattari) l’a généralement, sur l’emploi incon- du dénouement, fait passer les per- (2) Du moins en Europe. Aux Etats- du thème du « scandale qu’offre La Fable cinématogra- défini comme l’activité de qui for- sidéré du terme « image », mot- sonnages du bonheur au malheur Unis, Stanley Cavell a inscrit, d’une phique : l’affinité intime de ge, éprouve et use de ces outils valise transportant les plus ou du malheur au bonheur ».On manière différente, le cinéma au sein au cinéma » offrent l’auteur avec son objet. Rancière particuliers que sont les con- improbables contrebandes, ou voit alors se dessiner la perspecti- de sa réflexion philosophique. Le par- aime le cinéma, il le comprend de cepts. Or on cherche en vain le parfois seulement du vent – que ve selon laquelle est pensé le rap- cours est évoqué sans Stanley Cavell, d’autres angles l’intérieur, avec une émotion, moindre concept dans tout ce peut bien signifier, par exemple, port au cinéma, et qui empêche cinéma et philosophie, ouvrage collectif une empathie qui lui inspire des livre du philosophe Jacques Ran- « la réalité est un montage d’ima- d’élaborer les concepts que ce tra- que viennent de publier les Presses de d’approche, tandis que, pages proprement magnifiques. cière. Un exemple particulière- ges », quand aucun de ces trois vail semblait pourtant réclamer : la Sorbonne nouvelle. en poète autant qu’en critique, le cinéaste Jean-Claude Biette tient Un monument pour Orson Welles un journal qui vaut phique, les relations entre les l’histoire du cinéma. Ishaghpour les détruit l’unité et l’harmonie, de l’individu dans la modernité ORSON WELLES CINÉASTE. autres arts, Luchino Visconti ou prend ainsi le temps de remettre à casse la belle apparence, opacifie économique, le capitalisme. Cette toutes les thèses, Une caméra visible une série de dialogues avec Jean- plat une série de modèles criti- la transparence des choses postu- dimension constitue encore plus de Youssef Ishaghpour. Luc Godard, se sera toujours tenu ques, de situer la vie de Welles lée par le classicisme hollywoo- ouvertement le sujet de La Splen- lorsqu’il s’agit de Ed. La Différence, trois volumes, éloigné des modes intellectuelles dans l’histoire du monde, de décri- dien. Welles aura détruit le rap- deur des Amberson, qui voit dispa- 672, 430 et 880 p. 26,67 ¤ (175 F), et des divers engouements métho- re Hollywood, au sein duquel il port naturel de l’image et du fil- raître une ancienne aristocratie au pénétrer les arcanes 20,58 ¤ (135 F) et 28,96 ¤ (190 F). dologiques ou conceptuels sur le fera ses premiers films en fonc- mé, affirmant d’abord la toute- profit de la nouvelle bourgeoisie cinéma. tion de modèles généraux don- puissance d’un sujet extérieur à industrielle. La Dame de Shanghaï de la création ne somme. On appelle Fidèle à une démarche détermi- nant lieu à quelques développe- l’objet filmé. est vu sous l’angle d’une critique ça une somme. Trois née par un enseignement précis, ments sur des cinéastes essentiels Lorsqu’il aborde l’œuvre film des images elle-mêmes, à travers livres épais consacrés cet essai sur Welles refuse de se (Vidor, Lubitsch, Sternberg, par film, Ishaghpour en suit rigou- la dislocation des codes du film U par le prix Henri Ginet laisser enfermer dans quelque sys- Hawks, Ford, Capra, Hitchcock). reusement la progression narrati- noir. du livre art et essai. Un peu moins tème trop rigide. Les théories phi- Le contexte historique est décrit, ve, accumule divers paragraphes Les adaptations de Shakespeare de deux mille pages. Trois tomes, losophico-historiques de l’Ecole confronté aux engagements per- dont chacun développe ce qui, à ont droit à un traitement particu- fruits d’un travail de longue halei- de Francfort sur la culture de mas- sonnels et à l’environnement idéo- un certain moment du récit et de lier (près de 220 pages pour Othel- ne sur l’auteur le plus « artiste » se (Adorno et Horkheimer essen- logique du réalisateur, progressis- la ligne dramatique, lui paraît lo), parce que s’y affirme ouverte- du cinéma américain : Orson Wel- tiellement), les thèses de Walter te rejeté par les conservateurs, for- déterminant. Chaque œuvre pour- ment une des sources majeures de les. Le projet d’un opus majeur, Benjamin sur la reproductibilité maliste repoussé par les libéraux. tant est envisagée sous l’angle l’œuvre de Welles. Quant aux der- définitif, sur le réalisateur de Citi- technique n’ont pas empêché d’une idée forte, différente de niers films de Welles, Ishaghpour zen Kane serait né, il y a près de l’auteur d’avoir recours à la phéno- LA MODERNITÉ EN QUESTION titre en titre. Citizen Kane est un y voit une réflexion sur la souve- quarante ans, lorsque Youssef ménologie deleuzienne, voire aux C’est bien sûr la question de la coup de tonnerre. raineté esthétique, la dissolution Ishaghpour sortait des bancs de conceptions nietzschéennes des définition de la modernité de l’œu- Pour la première fois, Hol- de la subjectivité dans un monde l’Idhec. Orson Welles cinéaste. Une puissances du faux, lorsqu’elles vre de Welles qui constitue le lywood produit un film où la dominé par la marchandise, la cri- caméra visible aura donc connu pouvaient servir sa démonstra- cœur de l’ouvrage. Peut-on, en conscience avouée de soi remet se du pouvoir de l’artiste lui- une longue gestation. Entre- tion. Avoir réussi à maintenir un effet, considérer Citizen Kane com- en cause les fondements invisibles même, dont aura peut-être aussi temps, son auteur, qui s’est distin- équilibre entre rigueur et ouvertu- me un film-charnière cassant l’his- du système, où la subjectivité se témoigné l’inachèvement de plu- gué pour ses ouvrages sur la natu- re n’est pas un des moindres inté- toire du cinéma en deux, séparant fait créatrice et critique, où se sieurs œuvres. re de la modernité cinématogra- rêts de ce projet monumental. l’ère du classicisme d’un âge réso- joue l’émergence et la disparition Jean-François Rauger Le premier tome, sous-titré lument moderne ? Ou bien faut-il, Mais notre dépendance à l’image comme certains le pensent, ne fai- est énorme, tente de donner, à tra- re démarrer la modernité cinéma- vers ce que l’auteur appelle une tographique que de la démarche constellation historique, sociale, néoréaliste, de la volonté d’enre- politique, philosophique, artisti- gistrement des faits, dans une que, cinématographique et biogra- visée documentaire pure expri- phique, un cadre et un réseau de mée par le cinéma d’un Rossellini déterminations pour tenter de et dont l’esthétique wellesienne, décrire la nature de l’œuvre welle- illusionniste et baroque, paraît sienne. Les deux livres suivants tout à fait éloignée ? s’attaquent à celle-ci, titre par A l’appui de son raisonnement, titre, en découpant chronologique- Ishaghpour remonte aux sources ment la filmographie : les films de de la définition de la modernité la période américaine pour le historique, et constate dans la tome deux et ce que l’auteur nom- naissance de l’individualisme pos- me les films de la période nomade sessif, dans l’émergence de l’hom- pour le tome trois. Orson Welles me de la Renaissance, une origine cinéaste. Une caméra visible est de la subjectivité wellesienne. Wel- une immersion qui se veut à la les rompt avec les « automatismes fois totale et critique dans l’œuvre perceptifs inhérents au classicisme du cinéaste. La pensée d’Ishag- hollywoodien ». La nature de la hpour y apparaît à la fois précise modernité wellesienne résiderait tout en ayant recours volontiers à alors dans la façon dont ses films diverses digressions dans un souci contestent l’esthétique de la mime- de compréhension générale. sis et de la beauté, nient toute Elle s’enroule parfois largement volonté d’une fusion entre la réali- autour d’une idée, avec le risque té de l’image et l’image de la réali- assumé, non dénué d’accents poé- té. En exhibant sa propre rhétori- tiques, de répétitions et de redi- que, en mettant en question son tes, spirale obsessionnelle encer- propre matériau, en perdant le clant divers aspects d’une des fil- spectateur dans une quête labyrin- mographies les plus chaotiques de thique du sens, le cinéma de Wel- essais LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 / VII b Le soufre et la beauté Un homme de l’ombre Dans un ouvrage richement illustré, Jean-Luc Douin revient sur les films qui firent scandale Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud ont

devant les cinémas qui jouaient Je rencontré Brian De Palma. Témoignage d’un solitaire FILMS À SCANDALE ! vous salue Marie (1985) ou La Derniè- de Jean-Luc Douin. re Tentation du Christ (1988). Jean-Luc avec sa maîtresse. Voilà des données Ed. du Chêne, 168 p., Douin, qui recense aussi quelques per- BRIAN DE PALMA qui nourrissent les thèmes du voyeu- 170 illustrations, 37,90 ¤ les que le temps a rendues réjouissan- Entretiens avec Samuel risme, du complot, des personnages (248,60 F). tes, rappelle la formidable saillie de Blumenfeld et Laurent Vachaud. mégalomanes qui se prennent pour deux éminents cardinaux français : Calmann-Lévy, 212 p., 45,7 ¤ Dieu et finissent par faire le mal. ’ai roulé ma bosse. Mais rien, « Nous n’avons pas vu le film de Martin (299,80 F). Tous les films de De Palma apparais- rien, rien ne m’a laissé avec un Scorsese. Nous ignorons la valeur artisti- sent dès lors comme ceux d’un hom- sentiment de nausée et de que de cette œuvre. Et, cependant, u groupe de ces movie me qui, sorti de l’enfance, veut atti- J dépression comparable à celui nous protestons d’avance contre sa dif- brats, ces « garnements » rer l’attention tout en restant un soli- que j’ai éprouvé en voyant ce fusion. » du cinéma sortis des éco- taire comme assiégé par le monde film. » Ce jugement sans appel du Chemin faisant, le livre renvoie à D les de réalisation qui ont extérieur. Daily Express, c’est le cinéaste anglais une autre question : celle de la défini- bouleversé Hollywood au début des Après la cellule familiale ce sont le Michael Powell qui en fit les frais : Le tion contemporaine du scandale. A années 1970, Coppola, Lucas, Scorse- système hollywoodien et la critique Voyeur suscita un tel tollé outre-Man- Cannes, l’équipe de La Grande Bouffe se, Spielberg et De Palma, ce dernier américaine auxquels il va s’opposer che qu’il mit pratiquement fin à sa car- (1973) sortit de la projection sous les est de loin le moins connu. C’est dire avec véhémence, affichant non sans rière. Aujourd’hui, le film est considé- crachats de la foule. Oui, des crachats. l’intérêt de ce passionnant livre d’en- candeur une haute opinion de lui- ré comme l’un des sommets de son En 2001, la force de La Pianiste de tretiens. Il fallait sans doute deux même : « Mon travail est de plus en œuvre. Mais arrivé trop tôt, ou au Michael Hanneke en fit d’emblée cinéphiles impénitents, ayant explo- plus intéressant », « A l’arrivée quand mauvais moment, il fit, comme on autre chose qu’un objet de scandale, ré chaque recoin de son œuvre, on parlera de Scarface, c’est à mon dit, scandale. même s’il dérangea. Il gagna trois depuis son utilisation des objectifs film qu’on fera référence. » Admira- Des exemples comme ceux-là, Jean- prix. Près de trente années séparent jusqu’aux différentes moutures de teurs et détracteurs de De Palma s’ac- Luc Douin en rapporte de nombreux ces deux films : l’un fut vilipendé, ses scénarios et aux partitions de ses cordent sur un point : la jubilation dans son histoire parallèle du cinéma l’autre non. Les temps changent et musiciens, pour mettre en confiance intense que produisent ses films par et, plus encore, du XXe siècle. Pour lui, s’assagissent. Les spécialistes de la le cinéaste et l’amener à se livrer. leur invention visuelle. Travaillant les « films à scandale » ont deux ver- censure, professionnels ou non, ont- Mais l’art de l’entretien tient autant à exclusivement à l’intérieur des gen- tus. La première est d’être des œuvres ils mûri ? Le public, lui, a toujours vou- la capacité d’écoute et à celle de res : horreur (Carrie), film de guerre « dérangeant la morale publique, pro- lu en savoir plus. Ça, le livre le montre relancer l’échange qu’à la précision (Outrages) ou d’espionnage (Mission vocateurs de tapage, de cris et hurle- parfaitement : les films ne provo- des questions. Les grands réalisa- impossible), le réalisateur renouvelle ments, d’appels au boycott ». La secon- quent le scandale qu’au regard des teurs américains, beaucoup plus l’approche des thèmes par une de, de révéler, en suscitant la colère codes qu’ils transgressent. Lorsque pragmatiques que leurs collègues recherche formelle – dont rendent des censeurs, la propension inépuisa- les codes évoluent, le cinéma, parce européens, se révèlent en général compte plus de 160 photos. De Pal- ble – et internationale – de ces der- qu’il est un art qui change le monde, décevants dans leurs autobiogra- ma est resté marqué par la contre- niers à définir, contrôler et corriger est encore loin devant. phie, et ce n’est qu’éperonnés par culture des années 1960, l’influence notre idée de l’intime : « Le septième Finalement, dans ce livre original des interlocuteurs qu’ils finissent par de la nouvelle vague, de Bergman, art semblait avoir pacte lié avec l’empi- dont la lecture est une promenade se livrer. d’Antonioni et de Buñuel. D’où sa re des ténèbres, il a encouragé la suspi- vivifiante (mœurs, nudité, sexe, politi- Apparemment, l’élaboration de nostalgie d’un cinéma américain TCD/DANIEL BOUTEILLER cion des bien-pensants », écrit-il. Ce plan d’Arletty nue a disparu dans la version définitive du que, religion, crime, guerre, violence, cet ouvrage fut longue tant De Pal- naguère novateur et aujourd’hui, Ce livre est un album. Car dans le « Jour se lève » (1939) de Marcel Carné tout y est), Jean-Luc Douin montre ma fuyait les rendez-vous. A la lectu- selon lui, englué dans le conformis- charme d’une maquette qui rend la qu’il y a une sorte de cinéphilie de la re on comprend ses hésitations, car me, à quelques exceptions près : les lecture agréable, large place est faite à œuvres et d’abord au cinéma lui- lance les films qu’elle veut abattre. » « morale » et qu’il y a des censeurs une fois « à table » il est d’une fran- frères Coen, Tarantino, Paul Thomas de belles illustrations, photogrammes même, « un des grands facteurs Mais si, rappelle Douin, Diderot avait forcément cinéphiles. Tout au long chise troublante, ignore la langue de Anderson. C’est le cinéphile resté à l’appui : du premier baiser au ciné- d’abrutissement du XXe siècle », déjà tout résumé : « Je veux bien voir du siècle, ils auront affiché un goût bois et se met volontiers à nu. Blu- vivant en lui qui lui permet de dis- ma échangé par May Irwin et John d’après Montherlant. des tétons et des fesses, mais je ne veux imparable et un jugement sûr, une fas- menfeld et Vachaud ont réussi à tiller dans des superproductions de C. Rice dans Le Baiser, de William Hei- De fait, le cinéma vivra sous le pas qu’on me les montre », les cen- cination évidente pour la force visuel- transformer leurs conversations fabuleux moments visuels, ou qui le se (1896), et d’Arletty nue dans Le jour regard des procureurs, des maires et seurs du XXe siècle auront de la nuan- le des artistes et une extraordinaire avec l’auteur d’Obsession en une sor- conduit chaque année à passer dix se lève, de Carné, aux corps nus et mai- des curés qui, sans jamais se lasser, ce une idée moins subtile. capacité à mettre en valeur le soufre te de psychocritique, leur « patient » jours incognito au festival de Mont- gres des déportés dans Nuit et désigneront régulièrement quelques Il faut dire que le « Je vous salue et la beauté. A débusquer le sens révélant les liens étroits entre sa vie réal pour entrer dans les salles obscu- brouillard, d’Alain Resnais ; etc. Rien titres à la vindicte publique, brisant Marie, pleine de merde, le fruit de vos caché des choses, les censeurs auront et ses films, beaucoup plus person- res à la découverte des films du mon- ne manque, pas même les mains de des carrières, étouffant des cris mais entrailles est pourri » récité avec fait d’excellents sémiologues. nels qu’on aurait pu le croire. Une de entier. C’est sur De Palma, hom- Robert Mitchum transformées en sou- offrant aussi parfois à des œuvres dif- défiance par Isabelle Huppert dans Thierry Frémaux mère manipulatrice, un frère aîné, me de l’ombre que ce beau livre jette tien-gorge masquant la poitrine de ficiles comme La Religieuse, de Jac- Une affaire de femmes (1988) ne plut (directeur de l’Institut Bruce, considéré comme un génie et de fascinantes lumières. Simone Silva sur la plage de Cannes. ques Rivette (1967), une notoriété effi- pas vraiment à quelques dévots. Les- Louis Lumière) qui le maintenait dans l’ombre, une Michel Ciment Mais Films à scandale ne dissimule cace et bienvenue, ce qui fera dire à quels se déchaîneront aussi contre famille désintégrée et que le jeune pas son projet d’inventorier le vrai Jean-Louis Bory : « On finira par sou- Godard ou Scorsese, allant jusqu’à Jean-Luc Douin est journaliste au Brian contribua à faire éclater en sui- Samuel Blumenfeld est journaliste scandale, celui du sort fait aux haiter le maintien de cette censure qui provoquer bagarres et incendies Monde vant son père pour le photographier au Monde

livraisons Les rêveries d’un promeneur cinéphile b LES ANNÉES POP. Cinéma et politique : 1956-1970, de Jean-Louis Comolli, Gérard Leblanc, Jean Narboni. Conçu en complément de la programmation et du colloque portant le D’un bout à l’autre de l’an 2000, le critique et cinéaste vagabonde avec délicatesse même titre qui ont eu lieu à la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou du 23 mai au 18 juin, ce livre se compose de deux au fil de ses engouements et de ses réflexions parties. La première est un ensemble de trois articles revenant sur un « moment » de l’histoire humaine, et de l’histoire du cinéma. A la sub- nature : foin de théorie, il s’agit cette autres. Quelle importance ? Mais pudique des propres quêtes de Biet- version, au début des années 1960, du binôme géopolitique Est/Ouest CINÉMANUEL fois d’une promenade à travers les aucune ! Ou alors la plus essentielle te, l’érudition chaleureuse à propos par l’irruption de nouveaux acteurs faisait écho la transgression du clas- de Jean-Claude Biette. jours, les émotions, les petits faits, urgence. Celle d’un rapport au mon- de Rohmer et de Pagnol, de Griffith, sicisme de la mise en scène et la polarité récit-représentation. Ce qu’in- POL, 126 p. 13,50 ¤ (88,55 F). les grandes rencontres esthétiques de personnel – ce qui serait une d’Eustache ou de Hitchcock – rien carne la liste des 85 films réunis dans la seconde partie, composée d’un au cours de l’année 2000. assez valable définition du cinéma sur aucun auteur de sa génération cahier de photos et d’une bibliographie commentée. De Chris Marker l y a un an, Jean-Claude Biette On suppose que c’est à la requête lui-même. ou plus jeune, hormis l’expression à Otar Iosseliani en passant par Straub et Syberberg, Skolimowski et publiait (déjà chez POL), Qu’est- de son éditeur que Biette fait mine Le rapport au monde de Jean- d’un élan brusque pour Abel Ferra- Glauber Rocha, ils incarnent la richesse d’une période radicale, non- ce qu’un cinéaste ?, peut-être le de recourir à la forme fixe du jour- Claude Biette est exigeant, mélanco- ra. légendaire, occultée par la mémoire cinéphile dominante. (Bibliothè- I livre le plus courageux consa- nal – mais s’il « tient » son journal, lique et généreux, capté par bribes, Pourquoi ce titre, Cinémanuel ? que Centre Pompidou. 130 p., 18 ¤ [118,07 F.]) J.-M. F. cré au cinéma depuis une bonne selon l’expression consacrée, c’est au détour d’un film, d’un livre, d’un Pour sa suggestivité intrinsèque, la décennie. Le critique de Poétique des d’une main fort nonchalante : souvenir. Et évoqué avec un soin de douceur de ses phonèmes. Et peut- auteurs et cinéaste du Théâtre des 120 pages seulement pour 365 jours l’expression, une précision délicate être pour ce rapport personnel, tac- matières s’y risquait à une très perti- disent la légèreté du pas avec lequel de l’assemblage du mot et de l’idée, tile, artisanal, qu’il suggère entre un nente tentative d’analyse des films est traversée cette année. Le livre qui semble d’un autre âge, et qui cinéaste et la réalité. Car Jean- selon la posture adoptée par celui s’ouvre bien en janvier et se termine enchante. Que trouve-t-on au cours Claude Biette travaille, ne nous y qui en signe la réalisation. Bien rares le 31 décembre, le trajet entre les de cette promenade ? Des commen- trompons pas, il prépare son pro- sont les auteurs qui, aujourd’hui, deux dates est loin de s’astreindre à taires sur la lecture de Waverley,de chain film, et continue de penser le prennent le risque de forger de nou- une quelconque régularité. Ni à Walter Scott, des aphorismes d’une cinéma, tandis qu’il butine ainsi. Les veaux outils théoriques, et tentent aucune autre contrainte d’ailleurs, sagesse souveraine et dandy, une pages du livre n’en fournissent que l’aventure de les mettre à l’épreuve tant il semble que seuls le bon plai- page magnifique sur la nuit et Berg- de discrets échos explicites, mais des œuvres dont ils sont supposés sir, les insomnies fécondes et l’hu- man, de délicates méditations sur c’est bien le récit d’une besogne de éclairer l’approche. Le nouvel ouvra- meur du moment inspirent ces les chefs d’orchestre. Le cinéma ? gestation qui est, avec l’élégance ge de Biette – qui a reçu le prix Philip- lignes – on y constate que les mois Non, son cinéma, entre revendica- d’un miroir d’ombres, réfléchie. pe Arnaud – est d’une tout autre d’été sont plus prolifiques que les tion et évidence, dans le murmure J.-M. F. VIII / LE MONDE / VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Beyrouth, diversité des langues Série noire, new look b Calmann-Lévy/Stock. A l’annon- ce dans la presse du projet de fusion Traditionnel rendez-vous littéraire de la francophonie, La célèbre collection policière, dirigée par entre les deux maisons d’édition (voir Le Monde du 20 novembre), les la capitale libanaise décernait pour la première fois le Prix des cinq continents Patrick Raynal, change de format et de couverture actionnaires minoritaires de la socié- té d’éditions Calmann-Lévy font algré le report d’un Diversité aussi des points de vue, tant, avec pragmatisme, qu’il était lle fut longtemps la reine que la collection est mieux diffu- savoir que « le contrat de mariage an du IXe Sommet de puisque après de longues discus- aussi plus facile d’être édité dans incontestée des collec- sée. Faute de pouvoir rivaliser n’est pas encore signé ». Diffusant un la francophonie, con- sions, c’est finalement la Libanaise cette langue. tions de littérature policiè- avec une collection « mass communiqué en leur nom, Eliane sécutif aux événe- d’origine égyptienne Yasmine Au cours de ces différents échan- re. Et puis, avec le temps, media », la Série noire s’est donc Calmann-Lévy rappelle que « la bon- Mments du 11 septembre, la capitale Khlat, et son premier roman, Le ges, qui portèrent également sur la El’élégance discrète de sa tenue noi- drapée dans une nouvelle maquet- ne tenue financière de la maison est, libanaise continue de vivre à l’heu- Désespoir est un péché (Seuil), qui défense de la langue française face re a fini par lui donner des allures te, ornée d’une photo, affirmant pour une grande part, la résultante de re francophone, comme l’a montré l’a emporté face au Saoudien aux risques d’uniformisation, il de douairière détonnant parmi des sa vocation à publier uniquement trente ans de sacrifices qu’ils ont con- la dixième édition du Salon « Lire Ahmed Abdodemane pour La Cein- était étrange d’entendre, alors que jeunesses qui n’hésitent pas à se des inédits. Elle adopte le format sentis par amour des livres et des en français et en musique », qui ture (Gallimard, mention spéciale le credo de la francophonie est la parer de toilettes voyantes et de de « L’Imaginaire », un meilleur auteurs », qu’il est inenvisageable s’est tenu du 9 au 18 novembre. du jury). Outre une bourse d’écritu- diversité culturelle, les jugements couleurs vives. « L’ancienne couver- papier et passe d’un prix moyen que le nom Calmann-Lévy « puisse C’est dans le cadre de cette manifes- re de 120 000 F (18,29 ¤), la lauréate portés par certains écrivains à l’en- ture de la Série noire, admet de 40 francs à un prix moyen de 60 être dilué dans une appellation de type tation, considérée comme le troisiè- s’est vu offrir un programme de contre de la littérature française Patrick Raynal, son directeur, francs. Elle publie désormais trois CLS, sans âme ni prestige », et souli- me rendez-vous littéraire franco- promotion dans les différents contemporaine. Ainsi de Lise Bis- n’avait plus d’impact. On avait un titres par mois au lieu de quatre. gnent que « les éditions Calmann- phone après Paris et Montréal, que salons littéraires ainsi qu’une aide sonnette qui l’estimait bien infé- peu l’impression que les ouvrages La mue semble réussie puisque les Lévy n’ont pas vocation à devenir le tré- l’Agence internationale de la fran- à l’édition dans son pays. rieure à ce qui est produit aux étaient vieux, qu’ils devenaient aussi- premiers titres parus connaissent sorier d’appoint de maisons d’édition cophonie avait choisi de décerner En prélude à la remise de ce prix, Etats-Unis. Ou encore d’Andreï tôt des classiques que personne ne des tirages supérieurs aux anciens en difficulté, appartenant au groupe pour la première fois le Prix des durant quatre jours les membres Makine qui déclara que Michel lisait. Comme tous les livres se res- et que certains sont déjà des suc- Hachette, dans le cadre d’un Mecca- cinq continents récompensant un du jury ont été à la rencontre des Houellebecq était certes « un phé- semblaient, les libraires n’y faisaient cès comme, 12 rue Meckert, le der- no industriel et financier impulsé par écrivain de langue française mais lycéens et étudiants libanais. Du nomène intéressant » mais qu’il fau- plus attention. » nier Daeninckx, ou Justice blan- la famille Lagardère ». Réagissant de nationalité autre, n’ayant pas lycée franco-libanais à la faculté drait « attendre vingt ans pour La preuve, les deux romans che, misère noire, de Donald Goi- pour Le Monde à ce communiqué, écrit plus de cinq romans. des lettres de Tripoli en passant juger et voir si d’ici là il allait pour- publiés par Romain Slocombe nes. Jean-Etienne Cohen-Séat a tenu à Initiée en partenariat avec l’Asso- par celle de Beyrouth, une même suivre dans cette voie ». Ajoutant à dans la collection et revêtus d’une Parallèlement, et sans abandon- rappeler que la fusion n’était encore ciation du Prix du jeune écrivain, interrogation courait sur toutes les mi-voix : « J’espère que non.» jaquette illustrée d’une photogra- ner le domaine américain, la Série qu’un projet, que les droits et les cette distinction ambitionne d’être lèvres : celle du choix de la langue. Gageons que ces opinions, qui phie ont été « de formidables suc- noire envisage de publier de plus votes des actionnaires et des descen- un tremplin pour de nouveaux Alors qu’Andreï Makine évoquait reflètent un réflexe défensif face à cès » grâce à leur qualité indénia- en plus d’auteurs français. dants des fondateurs des éditions auteurs et, à travers eux, de pro- le « choc » de Pouchkine ou Le Cle- l’hégémonie parisienne – réelle en ble mais aussi parce qu’ils atti- D’abord, estime Patrick Raynal, Calmann-Lévy seront respectés mouvoir la langue française dans zio celui de Rimbaud, Linda Lê, matière éditoriale – n’entameront raient l’œil et que les libraires les parce que le niveau de la produc- « avec le plus grand scrupule ». sa diversité. Une diversité claire- citant Marina Svetaeva (« écrire, pas une défense de la diversité cul- mettaient volontiers en vitrine. tion ne cesse de s’améliorer, mais b Nouvelle formule pour les gui- ment affichée tant dans la sélection c’est déjà traduire dans une autre turelle, dont le chemin passe aussi Curieusement, la concurrence est aussi parce qu’il en a assez de se des France-Info. Luc Jacob-Duver- – treize finalistes originaires du langue »), précisait qu’être écri- par Paris. venue de l’intérieur de la maison battre avec « des agents améri- net, président des éditions du même Liban, d’Arabie saoudite, de Suisse, vain c’est échapper à toute natio- Christine Rousseau Gallimard. C’est le succès de Folio cains qui imposent des prix et des nom, propose une nouvelle formule du Bénin, ou encore du Canada, du nalité. De son côté, le corrosif policier qui a porté un coup fatal à conditions de contrat énormes pour des guides France-Info qu’il réalisait Japon ou d’Algérie – que dans la romancier haïtien Lyonel Trouillot e Comme chaque année, le prix Phé- la vieille maquette d’une Série noi- des bouquins qui ne valent pas tou- en coédition avec Balland. Ces gui- composition du jury qui réunissait rappelait qu’une langue n’est pas nix, qui récompense une œuvre litté- re plus que quinquagénaire. « Avec jours le coup ». Dans la foulée, « la des réalisés par des collaborateurs René de Obaldia, Andréï Makine, seulement un outil de création raire écrite par un Libanais ou par ses couleurs magnifiques, son prix Noire », collection grand format de la station de radio, vendus Linda Lê, Aminata Sow Fall, Lyonel mais aussi de subversion. Et de pré- un francophone et ayant trait au moyen de trente francs et ses textes de littérature du même nom, pour- 7,47 euros (49 francs), sont désor- Trouillot, Henri Lopes, Leïla Seb- ciser qu’après avoir écrit en créole Liban a été attribué ex aequo à Voya- repris de la Série noire, Folio poli- rait bien dans un proche avenir mais divisés en sept domaines : prati- bar, Lise Bissonnette et J.-M. G Le lorsque cette langue n’était pas ges en cancer, d’Evelyne Accad (éd. cier nous a bouffé la laine sur le changer, sinon d’aspect, du moins ques, savoirs, débat, actualité, conso, Clezio autour de la présidente, la reconnue comme telle, il avait Dar An Dahar) et Mon père m’atten- dos », reconnaît Patrick Raynal. d’appellation pour s’écarter un histoire, saga. La diffusion en est pétulante poétesse et romancière opté pour le français au grand dait à Manille, de Marie Moarbès (éd. Les lecteurs attendaient volontiers peu de son ancrage policier. assurée par Diffedit, filiale de La Mar- libanaise, Venus Khoury-Ghata. dam de ses compatriotes. Ajou- Robert Laffont). la reprise en Folio d’autant plus Gérard Meudal tinière. Journaliste, Luc Jacob-Duver- net entend développer sa maison d’édition, avec d’autres collections comme « La République » : La Répu- blique des indépendants, La Républi- A L’ETRANGER que des journalistes, La République des paysans… b ETATS-UNIS : les éditeurs inquiets b Cognac honore Raphaëlle Rérolle Hachette plein écran sur Inter- La majeure partie des grandes maisons d’édition aux Etats-Unis s’in- net. Hachette Livre a entièrement quiète des mauvaises ventes de livres de fiction en baisse parfois de refait son site général qui regroupe réé en 1998 à l’occasion aventureuse, remplie par le bruit et Cognac, où elle animait une émis- 15 % par rapport aux chiffres, déjà très moyens, constatés en 2000. sous la bannière d’hachette.com l’en- du centenaire de la nais- la fureur. Il a inventé un genre littérai- sion littéraire intitulée « Feuilles de Même les auteurs à succès sont loin des résultats habituels, en bais- semble de ses maisons (Calmann- sance de Jean Monnet, le re : le roman autobiographique. » livres et pages de vignes ». Puis elle se encore plus marquée, de 25 % à 40 %. La situation est suffisam- Lévy, Fayard, Grasset, Hatier, Livre Salon de la littérature Pourquoi cacher que l’équipe du avait redonné impulsion à une ment grave pour que certains envisagent soit de limiter le nombre de poche, Stock, etc). Le groupe de Ceuropéenne de Cognac, qui a eu « Monde des livres » a appris avec Bibliothèque, avant de s’atteler à la de livres pour l’an prochain, soit de revoir les avances aux auteurs à Jean-Louis Lisimacchio semblait en lieu du 15 au 18 novembre, décerne une certaine fierté que le second création avec d’autres passionnées la baisse. Même inquiétude auprès des grandes chaînes de librairies retrait dans le domaine électronique, deux prix. Le prix Jean-Monnet, prix, celui qui, d’abord appelé prix de littérature de ce Salon qui se (Barnes & Noble, Borders et Books-A-Million) et pour les ventes en après avoir fermé atoutclic.com et créé en 1995 et parrainé par le François-Ier lorsqu’il fut créé en veut délibérement lieu de rencon- ligne, en particulier pour Amazon.com. Les causes évoquées sont mis sous le boisseau son portail édu- conseil général de la Charente, et 1990, puis nommé prix Cognac de tres avec le public, espace privilégié multiples : depuis la campagne électorale qui aurait vissé les Améri- cation. Il propose aujourd’hui un site qui distingue un auteur européen la critique littéraire depuis 1998, et de débats, plutôt que foire du livre. cains devant leur poste de télévision, leur laissant à peine le temps d’accueil convivial supérieur à celui pour un ouvrage publié dans l’an- parrainé par la Société Hennessy, Le Salon de la littérature européen- de lire, jusqu’aux attentats du 11 septembre. Puis la guerre, la crain- de son principal concurrent, Vivendi née, a déjà couronné Antonio était decerné à notre collaboratrice ne de Cognac (20 000 habitants) te du terrorisme, la peur de la récession. Toutefois, certains espè- Universal Publishing. Mais au-delà Tabucchi, Pierre Mertens, Arturo Raphaëlle Rérolle, responsable de accueille 10 000 visiteurs par an, rent que, pour les fêtes de fin d’année, le marché reprendra un peu de la rénovation réussie de sa vitrine Perez Reverte, Herbjorg Wassmo, la littérature étrangère ? Elle succè- dont nombre d’auditeurs assidus à d’élan. Heureusement, bien sûr, les ventes de livres sur l’islam, le électronique, le groupe a mis au Harry Mulish et Lidia Jorge. Son lau- de à Bruno de Cessole, Joël l’auditorium où se déroulent les terrorisme et autres sujets d’actualité ont très bien marché. point un important service destiné réat est cette année Jorge Semprun, Schmidt, Renaud Matignon, Jean- conférences. Ce week-end, le Salon b ESPAGNE : les écrivains au lycée aux libraires : www.hachette-diffu- auteur en 2001 du Mort qu’il faut Noël Pancrazi, François Busnel… fêtait particulièrement la littérature Pour la seizième année, les lycéens aragonais pourront participer sion.fr, qui permet à ces derniers de (Gallimard). Selon Gérard de Cor- Selon une confidence de Marie- allemande. Il est heureux que l’on y au « Cours d’initiation à la lecture », qui leur permettra de rencon- recevoir des informations et surtout tanze, président de ce jury, « Jorge Hélène Bastier, présidente du put croiser, outre nombre de trer et de discuter de leurs œuvres avec quatorze écrivains espa- de passer et de suivre les comman- Semprun n’a cessé d’interroger l’his- Salon, cette récompense a été romanciers et romancières français gnols ou étrangers qui se rendront dans leur lycée, parmi lesquels des. Le groupe teste également un toire, celle de la guerre d’Espagne et vécue ici, par elle et par les amies (es), Jacob Arjouni, Renate Dörres- Juan Goytisolo, Luis Sepulveda, Cees Nooteboom ou Michel del système d’« office » par Internet et du stalinisme, celle des camps d’exter- avec lesquelles elle organise la tein, Nedim Gürsel, Jens Christian Castillo. Une expérience qui, semble-t-il, porte ses fruits. devrait équiper ses représentants mination, celle des horreurs universel- manifestation, comme une double Gröndhal, Douglas Kennedy, Elsa b PRIX LITTÉRAIRES d’« e-books » de Gemstar. les et quotidiennes, celle d’une vie victoire : la satisfaction de rendre Osorio, Brina Svit, Stephen Vizinc- L’écrivain cubain Guillermo Cabrera Infante, qui vit à Londres hommage au talent et à l’indépen- zey… Doit-on ajouter que la partici- depuis 1964, vient de se voir attribuer le Premio Internacional dance d’esprit de Raphaëlle Rérol- pation des entreprises locales Union Latina de Literatura Romance attribué à Rome par un jury le, en même temps que la reconnais- (cognac et pineau) aux réceptions d’écrivains et d’intellectuels de langue latine. Cabrero Infante sance chez un jury qui, lors des pre- ne nuit pas à la convivialité ambian- avait obtenu en 1999, en Espagne, le prix Cervantès… Jonathan mières années manifesta une certai- te ? Franzen a obtenu le très prestigieux National Book Award pour la ne misogynie, de la possibilité pour Le Salon a créé récemment une fiction pour son roman The Corrections (Farrar, Straus & Giroux), une femme d’être une excellente résidence d’écrivain européen, où qui rencontre depuis sa parution un énorme succès aux Etats- critique littéraire. Marie-Laure fut reçu l’Albanais Besnik Mustafaj Unis, succès qui ne s’est pas démenti après que son auteur eut été Delorme fut déjà distinguée l’an l’an dernier, et qui accueille cette « désinvité » à l’émission télévisée littéraire d’Oprah Winters en dernier. Ainsi, ce serait vrai : on année l’espagnol José Angel raison de déclarations intempestives qu’il avait malencontreuse- aurait changé de siècle ! Manas. Dans sa volonté de diversifi- ment proférées à l’encontre de sa sélection par la très célèbre pré- Bordelaise d’origine, Hélène Bas- cation, le Salon a aussi initié cette sentatrice (Le Monde du 31 octobre 2001). Le prix de poésie a été tier, directrice de la communication année une section Eurociné, qui attribué à Alan Dugan (déjà lauréat du Pulitzer Prize for Poetry), du nouveau maire RPR de la ville, donne carte blanche à un écrivain. le prix pour les essais à un ouvrage sur la Dépression, The Noonday avait créé en 1981 une radio libre à Jean-Luc Douin Demon : An Atlas of Depression, de Andrew Salomon.

la bibliothèque Faidherbe, Paris AGENDA bibliothèques et les éditions Galli- mard recevront l’écrivain Péter b DU 22 NOVEMBRE AU Esterhazy autour de Jean Mattern, 8 DÉCEMBRE. MAGYART. A Joëlle Dufeuilly, Eric Naulleau et Paris, dans le cadre de l’Automne Bernard Engel (à 19 heures, 18-20, hongrois « MAGYart », Paris rue Faidherbe, 75011 Paris) ; same- bibliothèques organise une série di 8 décembre, Sophie Krebs, de rencontres où seront abordés conservateur à la Maison de Victor aussi bien la littérature que la musi- Hugo, donnera une conférence sur que et les arts plastiques ; toutes « Les avant-gardes hongroises : art ces manifestations seront accompa- et littérature » (à 15 heures, biblio- gnées de lectures bilingues. Same- thèque Trocadéro, 6, rue du Com- di 24 novembre, la bibliothèque mandant-Schloesing, 75016 ; ren- Buffon propose un après-midi seignements concernant tous les autour du thème « Hongrie, le programmes au 01-44-78-80-46 ou chant d’un peuple » : poésie et au 01-44-78-80-52). musique avec Georges Kassaï, Jean- Luc Moreau et Jean-Baptiste Para e Signalons la parution aux éditions (à 15 heures, 15 bis, rue Buffon, Librio d’une anthologie de la littéra- 75005 Paris) ; jeudi 29 novembre ture hongroise : Une saison hongroi- à la bibliothèque Mouffetard, Vivia- se, coordonnée par Sylvie Chabroux ne Hamy évoque son métier et pré- et à l’initiative des éditions Viviane sente le catalogue hongrois de sa Hamy, où sont présentés, entre maison d’édition en présence des autres, des textes de Dezsö Kosztola- traducteurs Judith et Pierre Karin- nyi, Attila Jozsef, Andras Sütö, Imre thy et de Gérard Meudal, qui ani- Kertész, Sandor Kanyadi et Adam mera la discussion (à 18 h 30, Bodor. Ce livre est distribué gracieu- 74-76, rue Mouffetard, sement par les associations partici- 75005 Paris) ; jeudi 6 décembre,à pant à l’Automne hongrois. SPECIAL b SALON JEUNESSE Numéro spécial ne peut être vendu Le monde arabe se dévoile aux enfants

ardi 20 novembre 2001. Petit florilège de dépêches sur l’ordina- teur. 8 h 58 : « Une Mbombe placée dans un cartable explo- se à la gare d’Alger » ;9h02:« Des avions de guerre américains tuent cinq civils en bombardant Kanda- har » ;10h22:« On a retrouvé les corps de quatre personnes sur la rou- te de Kaboul »… Aux yeux d’un enfant, comment le monde pourrait- il être intelligible ? On dirait qu’un esprit malfaisant s’évertue à en

Editorial

brouiller le sens, à jeter le trouble Illustrations pages 1 et 3 dans nos représentations du bien et b du mal. Rachid Koraïchi Lieu privilégié des stéréotypes et de l’endoctrinement, les livres pour la jeunesse sont aussi l’instrument indispensable d’une éducation à la paix. Et c’est bien sûr dans cet esprit que le 17e Salon du livre de jeunesse en Seine-Saint-Denis, qui se tient à Montreuil, du 28 novembre au Des livres 3 décembre, invite opportunément à la découverte du monde arabe. En reflétant la complexité des relations Orient-Occident depuis les croisades, ce Salon évitera sans dou- te que les enfants ne réduisent l’is- lam aux drames récents de l’actualité. Il sera l’occasion d’entrer qui délivrent en contact avec la production édito- riale des pays arabes où la jeunesse représente une part si déterminante par Leïla Sebbar de la population. Enfin, la mine extraordinaire des dernières paru- tions françaises sur l’univers arabo- ive nord, rive sud de la maison ont transmis, au fils préféré petits, la voix dans la maison, la cuisi- musulman devrait offrir aux jeunes Méditerranée. la loi de la guerre et du pouvoir, à la ne ou la chambre, la voix qu’ils ont issus de l’immigration de précieuses Au confluent, des livres. fille préférée les qualités de l’épouse réclamée longtemps « encore, enco- portes d’accès à leur propre culture. Le monde arabe à lire, à (de la courtisane ?) et l’exercice des re, c’est pas fini… ». J’ai lu ainsi à mes Florence Noiville regarder,R à entendre. « arts d’agrément ». On leur a donné fils, Les Mille et Une Nuits, dans la lan- Aujourd’hui, dans le même lieu, à lire. La vie des hommes illustres, gue de Galland, Sans famille, Don Qui- des livres parlent et se parlent. Mais des histoires édifiantes. chotte. Des fragments épars de la comment adapter au réel de la fic- Pour les désirs interdits, on n’écrit Bible et du Coran. Leur père, allongé tion, le regard assombri par les pas de livre. Comme si le livre devait comme Gulliver, au pied du lit, a lu écrans lumineux qui projettent des servir à détourner de l’illicite, l’enfant Tolkien et des contes russes. De images où « s’affrontent les deux toujours prêt à transgresser. Restent l’autre côté de la mer, des enfants rives », dit-on ? C’est ce qu’on les contes et les légendes, la source ont entendu raconter ou lire Les Mille ENQUÊTE : LE LIVRE entend, ce qui se colporte. de toutes les rencontres, les plus inso- et Une Nuits en arabe, des histoires POUR ENFANTS EN TUNISIE Les enfants voient tout. lites, les plus inouïes. Les mythes que d’ogresses au Maghreb, extrême occi- Deux tours s’effondrent dans le personne ne songe à prohiber – ce dent de l’Orient, l’épopée de Zir Partagés feu. C’est un attentat. Des morts. serait mutiler l’âme des peuples – se Salem et La Guerre de la chamelle, Des chars détruisent des maisons, croisent et circulent d’une généra- certainement les fables de Kalila et entre les ravagent des vergers. On tue des tion à l’autre, d’une terre, d’un conti- Dimna (La Fontaine s’en est inspiré). soucis enfants. Des familles errent dans les nent, d’une langue à l’autre, à la vites- Qui ne connaît le facétieux Djha, le montagnes. Il fait froid. On lâche des se de la voix, de la lettre, de la ligne. bateleur nomade de la Méditerranée d'éducation bombes « coupeuses de margueri- Arrivés par miracle, ils durent miracu- et les poèmes de Mohand le Kabyle… tes » sur des villes. Nuages noirs et leusement. Qui les a écrits, pour- Des livres et des livres franchissent la des parents ruines. Des morts. Comment nom- quoi ? Nul ne le sait. Personne ne mer et les langues, des deux côtés. mer, comprendre, expliquer ? peut le savoir. Ils vont librement. Ils racontent. Ils n’endoctrinent qui misent Il y a des livres. Oui. On peut les Aussi librement que les ogres pas. sur le livre lire. Des livres pour les enfants. Car, modernes (voraces, ils aiment la Les mots et les images disent une quel que soit l’endroit du monde, jeune chair, ils lui font plaisir) qui histoire dans l’histoire du monde. scolaire l’enfant est l’objet de tous les désirs. fabriquent à des cadences accélé- Là où se croisent d’étranges des- Désirs politiques. Les mouve- rées, des livres écrits pour les enfants tins dans la violence et la tendresse. et leur envie ments de jeunesse, de toute obédien- par des écrivains mercenaires, sous Oui, la tendresse. ce, ont donné la préférence à l’enfan- la férule du Grand Maître de com- Là où la haine et la guerre détrui- de ce, encadrée, embrigadée, pour son merce, suivant un protocole et un sent et que faire contre le chaos, la développer bien et le bien du pays. On lui a don- code rigoureux, l’impératif du profit. catastrophe, l’apocalypse ? né à lire. De beaux livres de propa- Ces ogres-là sont libres de dominer Là où se rencontrent ceux qui ont la créativité, gande… le marché et les enfants consomma- habité si loin l’un de l’autre, au-delà Désirs idéologiques. Les institu- teurs. des mers. les éditeurs tions religieuses et laïques ont adop- Résister. Là où Dieu existe, là où il n’existe en pleine té, de préférence, les enfants, dans Ecrire, publier des livres à lire, pas pas. leurs vastes maisons d’instruction. des livres à jeter, ni des livres qui Dieu, c’est qui ? Et les fous de interrogation Pour une morale de la soumission enchaînent. Répondre à des ques- Dieu ? domestique, de l’obéissance civile et tions graves, des deux côtés de la Est-ce que Dieu aime la guerre ? page IV religieuse. On leur a donné à lire. Vie mer, par des mots et des images qui La folie, c’est quoi ? de Jésus, vie des saints. Vie de Moha- libèrent l’imaginaire et l’intelligence, Et la mort ? med le prophète, vie de ses compa- qui favorisent de nouvelles ques- Ainsi résistent les livres. Sur l’une gnons. tions, d’autres attentes, des désirs et l’autre rive. Ils ont encore à dire, Désirs familiaux. La mère institutri- autonomes. Partout, assis, debout, jusqu’au Jour Dernier et après. De ce ou la tante vieille fille ou la gouver- couchés, les enfants feuillettent, cette nouvelle guerre, que diront-ils, nante dévouée, des femmes dans la regardent, lisent. Ils ont écouté, les livres ? Les livres pour les enfants. II / LE MONDE / NOVEMBRE 2001 salon du livre de jeunesse b

[BANDO]livraisons[/BANDO] b LA REINE ET LE ROI, de Claude Helft et Aurélia Fronty Très joliment illustrée, c’est la rencontre entre le roi Salomon, «le A la rencontre du monde arabe très sage », et la reine de Saba qui tient à découvrir « le secret de sa sagesse ». Réunis dans le palais de verre de Salomon, les deux monarques s’apprivoisent. « Il n’y a pas d’autres dieux que le dieu De Damas à Alger en passant par Beyrouth et Le Caire, une série d’ouvrages didactiques de justice et de paix qui est le mien », enseigne le roi Salomon à sa séduisante invitée, quelque peu sorcière. À partir des légendes jui- et précieux pour appréhender dans sa diversité sociale et culturelle un espace qui couvre vingt-deux Etats ves et arabes, autour des textes de la Bible et du Coran, cette histoi- re aux couleurs d’Orient est une très juste initiation à la tolérance roposer un tour du mon- préserve le plaisir de la lecture, que que » répond le dessin de presse res quarante ans plus tard servent (Desclée de Brouwer, 24 p., 6,40 ¤, [42 F]). A partir de 4 ans de arabe accessible et l’iconographie choisie prolonge ou la caricature), cette encyclopé- de prétexte, avec la pudeur que didactique, c’est d’abord avec bonheur, et augure bien d’une die mérite d’entrer dans tous les l’on connaît au coup de crayon de b LE TRÉSOR D’HOR HOTEP, de Katia Sabet et Philippe Biard délimiter un espace pré- collection dont c’est là le premier CDI (128 p., 20 ¤ [131,20 F]). Jacques Ferrandez, pour revenir En dépit du gris triste des illustrations, néanmoins très précises, de cis.P Or, au gré des vicissitudes histo- titre (Le Monde arabe, sur une « guerre sans nom » avec Philippe Biard, Le Trésor d’Hor Hotep est un palpitant roman riques, des conquêtes et des replis, Milan/Institut du monde arabe, CONTES ET COMPTINES le parti pris d’un aller-retour entre d’aventures et un excellent ouvrage de vulgarisation historique. des acculturations durables et des « Les Encyclopes », 22,56 ¤ Lié, depuis les premières traduc- fiction et réalité, grâce au contre- En Egypte, au début du XXe siècle, époque des grandes découver- avancées sans lendemain, ce sont [148 F]). tions des Mille et Une Nuits, tandis point des photos légendées qui fait tes archéologiques, Rami – onze ans –, orphelin débrouillard, pas- quelque vingt-deux Etats qu’il con- On retrouve le même souci de que Thierry Aprile, alternant récit le prix de la collection « Histoire sionné par le passé de son pays, participe aux fouilles qui mettent vient de ranger en 2001 sous une clarté et la même réussite éditoria- et double page documentaire, nous d’Histoire » (éd. Rue du Monde, au jour le tombeau d’Hor Hotep. Au cours de palpitantes péripé- même bannière. Le score a de quoi le dans un autre album coédité par entraîne Sur les traces d’Aladdin, 36 p., 12,19 ¤ [80 F]). Parfois mal effrayer, comme l’espace géogra- l’Institut du monde arabe – avec La avec la complicité de l’enchanteur connu et facilement dénaturé lors- phique concerné, si c’est une syn- Découverte cette fois – consacré François Place (Gallimard, 128 p., que l’intégrisme alimente les déri- thèse que l’on espère atteindre. plus spécifiquement à l’Afrique du 10 ¤ [65,59 F])(1), à une vision magi- ves terroristes, l’islam bénéficie Avec réalisme – et un appréciable Nord (seule l’Egypte est exclue). que, exotique et paradoxalement d’une brève présentation, précise souci de célébrer autant la diversité Ingénieur et journaliste algérien, opulente, le monde arabe a récem- et accessible malgré sa relative aus- b SINDBÂD DE LA MER des réalités que la force des points Akram Belkaïd-Ellyas sait renvoyer ment vu cette magnificence heureu- térité, d’Ariette Desclée de Mared- communs, Mohamed Kacimi, Algé- en annexe (chronologie thémati- se restaurée par Abdellatif Laâbi, sous. Origine, doctrine, courants et autres contes rien d’origine, établi à Paris depuis que, bibliographie) d’A la rencontre dont le poème L’Orange bleue cou- historiques et contemporains, ces des Mille et Une Nuits. près de vingt ans, a cependant rele- du Maghreb les partitions nationa- rait le long d’un livre-fresque au informations devraient dissiper vé le défi, offrant en 256 pages un les actuelles pour mieux faire saisir, charme inentamé (Seuil, 29,73 ¤ quelques confusions (Raconte-moi Miniature persane astucieux voyage (les chapitres par-delà les aléas de l’histoire, les [195 F]). On retrouve une grâce l’Islam, NAN éd. [153, boulevard de l’école de Qzewïn sont autant d’étapes urbaines, de liens entre populations et territoi- comparable dans le livre de compti- Haussmann 75008], 40 p., 6,10 ¤ (XVIe siècle) Sanaa à Rabat via Damas, Bey- res, civilisation et identité, culture nes, recueillies par Hafida Favret et [40 F]). routh, Le Caire, ou les villes saintes et société. Avec une dernière partie Magdeleine Lerasle et illustrées par Autre piste, essentielle, pour de La Mecque et Jérusalem – dix formidablement pertinente, puis- Nathalie Novi, A l’ombre de l’oli- comprendre les enjeux de cet métropoles au total) où les ques- qu’elle aborde clairement les vier, qui vient de partager, avec automne 2001, l’excellent Mondes ties, le jeune héros démasque le commanditaire des vols d’objets tions de société comme les aspects enjeux démographiques, le poids l’Auschwitz de Pascal Croci (éd. du rebelles junior, d’Elisabeth Com- précieux perpétrés par le contremaître du chantier (Folio Junior culturels sont abordés au hasard de l’islam dans la vie politique, les Masque), le Prix 2001 du livre jeu- bres et Florence Thinard, qui, s’il n˚ 1162, 189 p., 4,95 ¤, [32,50 F]). A partir de 10 ans des pages, avec une fluidité et une freins à la démocratisation en nesse de l’Assemblée nationale (éd. ne néglige aucun des espaces où les transversalité parfaitement adap- cours, le rôle des intellectuels, le Didier, 23 ¤ [151 F]). « nouvelles guerres » causent des b LES MESSAGÈRES D’ALLAH, d’Achmy Halley tées au sujet, d’autant qu’un index fléau de la dette ou celui de la cor- Souvent, toutefois, la curiosité déchirures fratricides, traite de Omérah, la narratrice de ce roman – le premier à mettre en scène la vie permet de restaurer une consulta- ruption. Précise et astucieusement sur le monde arabe répond davan- l’Afghanistan et du terrorisme sans du Prophète Mahomet et la naissance de l’islam –, est la chroniqueuse tion moins ludique. Ce parti pris illustrée (au document « classi- tage à des questions brûlantes. frontières prôné par Oussama Ben d’une fabuleuse biographie, celle d’Aïcha, la jeune veuve du Prophè- Expression culturelle devenue, Laden (excellente présentation te, qui l’a adoptée et dont elle devient la secrétaire. On louera avec sous les feux de l’actualité, un d’Emmanuelle de La Grange, enthousiasme (et plus particulièrement aujourd’hui) la qualité littérai- enjeu politique, les Paroles kabyles, Michalon, 128 p., 19 ¤ [124,63 F]). re, le dépaysement poétique, l’importance didactique de ce récit, enra- rassemblées par Samia Messaoudi Après tant de violence, il ne reste ciné dans une exacte documentation, et qui met les fondements et la et Mustapha Harzounne, célèbrent guère qu’à souhaiter que la fraterni- transmission de la religion dans les mains de femmes cultivées, véné- La vérité du fou autant les poètes berbères que les té célébrée par Gianni Rodari dans rées par les premiers musulmans (Bayard Jeunesse, 256 p., 11,50 ¤ adages de la sagesse populaire (pré- Un et sept, message de paix d’une [80 F]). A partir de 12 ans facées par le chanteur Idir, Albin nécessaire actualité, soit entendue Praline Gay-Para, Ayyam Sureau, Eglal Errera : Michel, « Carnets de sagesse », sans bornes ni frontières (illustra- b HISTOIRE DU PETIT BOSSU, UN CONTE DES MILLE ET UNE 8,99 ¤ [59 F]). La mémoire, sans ces- tions de Béatrice Alemagna, Seuil, NUITS un trio de magiciens du conte se retouchée, du tragique épisode 32 p., 13,90 ¤ [91,18 F]). La traduction de l’arabe est d’Antoine Galland (1646-1715), le premier de la décolonisation est une autre Philippe-Jean Catinchi traducteur français des Mille et Une Nuits. L’accumulation gourmande humaine. Véritable chevalier d’in- entrée : avec Midi pile, l’Algérie, des péripéties accentue le suspens de ce récit en abyme. Dès la premiè- L’OMBRE DU PALMIER dustrie, le moineau construit sa for- Jean-Pierre Vittori revient sur la fin (1) Signalons que Folio vient d’achever re page, le petit bossu chanteur meurt, étouffé par une arête de pois- d’Eglal Errera. tune à partir d’un grain d’orge qu’il de la guerre d’Algérie, la lassitude l’entreprise éditoriale emmenée par son. Un tailleur, un médecin juif, un pourvoyeur musulman du sultan Actes Sud Junior, 64 p., 13 ¤ échange contre de la farine, du des combattants et la vanité d’un Jamel Eddine Bencheikh en publiant et un marchand chrétien, se croient successivement responsables du (85,27 F). pain, une chèvre, une vache… La affrontement « archaïque ». Les son quatrième et ultime volet (l’ensem- cadavre. Les histoires circonstanciées des faux assassins – et des six frè- A partir de 6-7 ans dernière transaction est une prin- retrouvailles entre deux adversai- ble est repris en coffret). res du barbier – s’enchaînent et se répondent jusqu’à la résurrection LE CHANT DU MOINEAU cesse belle comme le jour ! Le prin- prévisible de la victime (Folio Junior, n˚ 96, 192 p., 4,95 ¤ [32,50 F]). A d’Ayyam Sureau. ce Hilal est aussi convaincant que le partir de 8 ans. L’Ecole des loisirs, « Mouche » moineau. Il réussit à raconter une b IZMIR, de Patrick Vendamme et Daphné Collignon 62 p., 6,40 ¤ (44 F). histoire sans fin à un roi cruel qui A partir de 6-7 ans donnera sa fille à l’habile jeune BATBOUT homme qui répétera l’exploit des Palestine, terre de récits de Praline Gay-Para. Mille et Une Nuits. Dans un autre L’Ecole des loisirs, « Mouche », volume, Ayyam Sureau a réuni huit 62 p., 6,50 ¤ (42,64 F). Contes du Caire, illustrés par Chen Trois histoires qui mêlent des légendes b LA REINE ET LE ROI A partir de 6-7 ans Jiang Hong et également publiés à L’Ecole des loisirs. d’hier et d’aujourd’hui une histoire de la oha (Juhâ, ou encore En collection « Mouche » (tout reine de Saba, J’ha) est un personnage petits) ou « Neuf » (à partir de arme contre la puissance, celle de récurrent des contes 9 ans), l’Ecole des loisirs consacre de LES TAGUEURS DE JABALYA l’occupation israélienne en l’occur- de Claude Helft depuis le VIIIe siècle, aus- nombreux volumes aux contes Chroniques d’un camp rence. siG bien en Irak, en Turquie qu’en orientaux. Praline Gay-Para a ainsi de réfugiés palestiniens La nuit, ils taguent les slogans de illustrations d’Aurélia Fronty Egypte. Homme au cœur simple recueilli des Contes du Liban où les d’Ouzi Dekel. la résistance sur les murs du camp. mais rusé et facétieux, il se sort de thèmes colportés depuis des siècles Syros-Jeunesse/Association Ces graffitis interdits, et toujours toutes les embûches en dépit de s’adaptent aux mœurs contempo- France-Palestine solidarité, renouvelés, font enrager l’armée. son physique malingre. Son esprit raines. « J’accuse », Leur secret tient en un mot, la Des dessins aux lignes pures (qui rappellent Le Petit Prince) illus- vif parvient à vaincre tous les obsta- Dans ces seize récits, magiciens 96 p., 7,50 ¤ (49 F). ruse, qui sera dévoilée au cours du trent ce court « roman » à l’écriture très soignée. Izmir, fils d’un cles aussi bien matériels qu’intellec- de légende et figures traditionnelles A partir de 13-14 ans roman. Ouzi Dekel, l’auteur, est pauvre berger, part pour travailler à la ville, le désert ayant enva- tuels. Goha éveille chez le jeune lec- de la fable se mêlent aux officiers, un journaliste israélien, installé à hi les pâturages. Il rencontre un aveugle qui le confie à un habile teur l’intelligence, la lucidité et la éboueurs, messieurs en smoking LE BUCHERON Paris et père de deux enfants. Pour potier. Mais lorsqu’il pratique à son tour ce bel artisanat, son pro- patience. Peur vaincue puis victoire et autres personnages contempo- ET LA PETITE FÈVE avoir refusé de servir dans les terri- tecteur meurt. Chargé de quelques poteries et d’un âne faméli- assumée, le lecteur prend rains. Pour les très jeunes enfants, de Mahmoud Shuqair, toires palestiniens, il a été incarcé- que, il retourne au pays de son père. La richesse – relative mais conscience des complexités de la Praline Gay-Para a collecté et tra- ill. de Mohammad Saleh Khalil, ré dans une prison militaire israé- miraculeuse – se trouvait incrustée dans le sabot de l’animal ! vie en société. Homme ordinaire – duit quatre contes qui « voyagent de Syros-Jeunesse/éd. Shourouk, lienne. Coédité avec l’Association (Père Castor/Flammarion, 28 p., 6 ¤ [39,35 F]). A partir de 8 ans « car il était fait comme nous tous de bouche en bouche depuis la nuit des 38 p., 11 ¤ (72,16 F). France-Palestine solidarité, le livre plus de fragilité que de force, de plus temps. » Un bûcheron mange une A partir de 6-7 ans comprend en fin de volume des b MIDI PILE, L’ALGÉRIE, de Jean-Pierre Vittori de faiblesse que de courage » –, « pomme de grossesse » destinée à sa documents précis sur l’histoire et et Jacques Fernandez Goha affronte cinq expériences femme et accouche lui-même d’un UN MONDE PALESTINIEN l’actualité palestiniennes. Quarante après, en France, Saïd, accompagné de quatre amis, symboliques, domine un colosse, minuscule bébé ! Batbout, fils du éd. Thierry Magnier/ Le Bûcheron et la Petite Fève est assiste aux retrouvailles de son grand-père, ancien fellagha, et de piège un tyran, déjoue les mani- mari, a un appétit d’ogre, se défend éd. Shourouk un conte bilingue français-arabe celui qui lui sauva la vie, en mars 1962, alors jeune appelé du con- gances d’un voleur… Détermina- comme un tigre et atteint sa taille 128 p., 14 ¤ (91,83 F). pour enfants, joliment illustré par tingent. Chez l’éditeur Rue du Monde – qui fêtent leurs cinq ans tion, subtilité, le jeune héros se d’homme en même temps qu’il A partir de 2-3 ans Mohammad Saleh Khalil, publié débrouille des puissants et résout découvre l’amour. Madame Puce et simultanément en France et à les énigmes. La seule force muscu- Monsieur Pou, des chèvres, un erre de conflits, la Pales- Ramallah. L’histoire de cet homme laire, apprend-il, est un leurre. Les corbeau et le rusé Jeha peuplent tine est aussi terre de simple qui se nourrit de fèves et couleurs chaudes et l’humour des aussi le fabliau présenté par Praline récits. Depuis des siècles, qui, grâce à l’aide des djinns, va dessins de Sébastien Mourrain illus- Gay-Para. L’imaginaire vient au des contes et des fables devenir riche puise aux sources tra- trent cette incursion dans l’imagi- secours des contraintes de Tse transmettent, puisant dans le ditionnelles. A l’occasion du Salon b naire. On retrouve la même saveur l’existence. Le conte, lecture privilé- vaste fonds des légendes arabes et de Montreuil, Syros ressort Les LES CONTES BERBÈRES malicieuse dans L’Odeur du poulet giée d’une initiation au bonheur, est orientales. Les voyageurs qui ont Chanteurs de l’ombre, un conte « La Tourterelle » farci, quatre contes arabes qu’Eglal aussi bonheur retrouvé pour ceux hanté les rives du Jourdain les ont paru en 1994, écrit par le grand Errera publie à L’Ecole des loisirs. qui n’ont pas oublié leur enfance et, colportés. Les diseurs locaux les romancier palestinien Jabra Ibra- de Youssef Yousfine. Ayyam Sureau joue sur le même pour les sceptiques, rêve éphémère ont mêlés à leurs propres histoires. him Jabra, récit d’une fête à laquel- illustrations registre de la débrouillardise provo- d’un accommodement de la réalité. Les écrivains et les illustrateurs le un enfant affamé rêverait d’être de Philippe Dumas cante. Le chant du moineau est l’his- Hugo Marsan d’aujourd’hui les font resurgir. convié (ill. de Marcelino Truong, toire d’un enfant transformé en Le roman pour adolescents Les 38 p., 18,29 ¤ [120 F]. A partir de oiseau, mais qui a gardé une pré- Tagueurs de Jabalya décline d’em- 10 ans). sence d’esprit blée sa généalogie. L’ancêtre du Enfin, une quarantaine d’artistes – la collection « Histoire d’Histoire » relie le présent à un événe- récit est Ibn Al-Muqaffa : au palestiniens sont les auteurs d’Un ment du passé. Le récit, illustré par de grandes images en cou- VIIIe siècle, il adapta en arabe la monde palestinien, un imagier origi- leurs, est relayé par des vignettes : photos en noir et blanc de la version persane des fables indien- nal, fruit d’une collaboration entre réalité historique, datées et légendées. Aux antipodes du conte nes de Kalila et Dimna. L’auteur de deux maisons d’éditions, Thierry de fées, ce livre brise le mur du silence. Il est prudent qu’un adul- cette version contemporaine la Magnier, à Paris, et Shourouk, à te en décrypte la complexité (éd. Rue du Monde, 36 p., 12,19 ¤ met dans la bouche d’un Israélien, Ramallah, réalisé avec l’aide du [80 F]). A partir de 8 ans qui la raconte un soir dans un bar ministère palestinien de la culture. de Tel-Aviv. En une centaine d’images de quali- b MA LANGUE EST MON TERRITOIRE Il était une fois Yoval, jeune té – gravures, peintures, photos Vingt-quatre écrivains représentant la littérature du monde ara- Israélien effectuant son service noir et blanc ou couleurs –, il don- be ont été réunis dans ce recueil. Il s’agissait d’ouvrir la jeunesse militaire dans le territoire de Gaza, ne à voir la Palestine d’aujourd’hui actuelle – d’origine maghrébine ou française – à ces écritures de qui trompait son ennui en écou- à travers des regards d’artistes. Sa styles et d’inspirations différents : poème, extrait de roman, tant un vieil instituteur palestinien publication en France n’a pas été court récit ou nouvelle que précède une brève bibliographie. raconter la fable de Kalila et Dim- simple : « Nous avons dû faire voya- Livre rigoureux, instructif (sans illustrations), Ma langue est mon na. L’histoire se passe au camp de ger les images par la valise diploma- territoire défriche une littérature d’aujourd’hui trop souvent réfugiés de Jabalya durant la pre- tique car les Israéliens ne les ignorée (Folies d’Encre/Eden, 172 p., 9,91 ¤ [65 F]). A partir de mière Intifada et les élèves saisis- auraient pas laissées sortir », expli- 12 ans. sent en un clin d’œil la morale du que-t-on chez Thierry Magnier. H. Ma b L’OMBRE DU PALMIER d’Eglal Errera, ill. de S. Mourrain conte : la ruse est la meilleure C. Ba salon du livre de jeunesse LE MONDE / NOVEMBRE 2001 / III b

livraisons

b LA POÉSIE ARABE, poèmes choisis par Farouk Mardam-Bey A travers dix-neuf voix du VIe siècle à nos jours, cette petite antho- logie bilingue chante les thèmes éternels de l’amour, de l’amitié, de l’aventure et de la mort. C’est un pari magnifique que d’avoir su sélectionner ces poèmes de l’absolu. Les images de Rachid Koraïchi et les superbes calligraphies d’Abdallah Akkar métamor- phosent chaque page en œuvre d’art (Mango, 48 p., 13,41 ¤ [88 F]). De 7 à 97 ans. Egalement illustré par Rachid Koraïchi, signalons Je suis ton amour depuis tant d’années, sur un texte de Nancy Huston (éd. Thierry Magnier, 208 p., 27 ¤, [177,10 F]. A par- tir de 7 ans.

b LA TOURTERELLE DE YOUSSEF YOUSFINE, contes berbères choisis par Nathalie Daladier Nomades ou sédentarisés, les Berbères perpétuent les contes ances- traux (une carte situe les régions d’Afrique où vivent dix-sept mil- lions d’entre eux). Douze histoires, illustrées avec la malice de Philip- pe Dumas, célèbrent la victoire de la ruse sur le mal. L’intelligence résout les énigmes, l’amour s’avère tout puissant : un régal (L’Ecole des loisirs, « Neuf », 126 p., 8 ¤ [52,48 F]). A partir de 9 ans.

b BACHIR ET LES SEPT ÉPREUVES, de Pierre Bourgeat En Kabylie vit le petit Bachir, seul mâle d’une tribu de femmes, tou- tes redoutables à ses yeux. Bachir s’enfuit sur les hauts plateaux gar- der les chèvres de son père (décrit avec la férocité d’un enfant qui ne fait aucun cadeau aux adultes). Les Djinn confisquent sept de ses bêtes et imposent au fugueur sept épreuves. Bachir apprendra à aimer les femmes. Audacieux pour un lecteur occidental, ce récit, fort bien adapté en français (belles phrases, sobres et rythmées), déroule le schéma de l’initiation masculine (Castor Poche/Flammarion, 90 p., 4 ¤ [26,25 F]). A partir de 8 ans.

b UN TRAIN POUR CHEZ NOUS, d’Azouz Begag et Catherine Louis Les images en couleurs de Catherine Louis – de véritables tableaux, embrumés d’une lumière dorée –, illustrent le texte lyrique d’Azouz Begag, en parfaite harmonie avec le sujet : le voyage du narrateur enfant et de sa famille, partis de Lyon pour les vacances d’été en Algérie. Train jusqu’à Marseille, bateau vers la baie d’Alger, train à nouveau pour Sétif, le récit est au plus près du vécu. D’une écriture précise et sensuelle, Azouz Begag recrée ce passé heureux (éd. Thierry Magnier, 32 p., 13,50 ¤ [88,50 F]). A partir de 7 ans.

b 17 CONTES D’ALGÉRIE, de Rabah Belamri Recueillis (en 1983 et 1984) et traduits par Rabah Belamri (mort en 1995), ces contes sont, de loin en loin, émaillés de petits dessins de Rolf Weijburg. L’intérêt du recueil est dans le pouvoir enchanteur de ces fables qui mettent en scène – comme autant d’exorcis- mes – la pauvreté, la faim, la peur, le rapt d’enfants, la misère socia- le – finalement vaincus par l’intervention de magiciens, de rois et de princesses, métaphores du génie humain. Un régal comme l’est le recueil de Jean Muzi 16 Contes du monde arabe, chez le même édi- teur (Castor Poche/Flammarion, 160 p., n˚ 135, cat E et 88 p., 4 ¤ [26,25 F]). A partir de 9 ans.

b SINDBAD LE MARIN, raconté par Bernard Noël Sindbad a vécu notre rêve le plus ancien : retourner à la mer et s’y fondre. Non pas retrouver la paix supposée d’un état léthargique, mais, conscient et libéré, participer à sa magie et à sa furie. Naviga- teur et négociant, Sindbad, parti de l’Iraq pour de fabuleux voyages, « Une main tendue vers ceux dont on n’a se consacra, rentré au pays, à la rédaction de ses aventures. Bernard Noël a écrit le superbe texte de cette édition d’Actes Sud Junior. Les dessins d’André Le Foll, à la fois réalistes (puissance du trait, effet de loupe, gros plans) et oniriques (perspective plongeante, rasante jamais voulu voir la culture » ou aérienne), accentuent le processus d’évasion d’un des plus célè- bres contes des Mille et Une Nuits (Actes Sud Junior, 40 p., 10,51 ¤ [69 F]). Phébus propose en poche une édition intégrale de Sindbad Ecrivains, illustrateurs, ils s'adressent aux adultes ou à la jeunesse. Qu'attendent-ils du Salon de Montreuil ? établie par Renée R. Khawam (9,50 ¤, [62,30 F]). Folio Junior ressort aussi une Histoire de Sindbad le marin, traduite de l’arabe par Antoi- b Anouar Benmalek (Algérie) rance ? J’ai retrouvé la maison de m’ont également marqué. Cette b Habib Mazini (Maroc) est ne Galland, illustrée par Gustave Doré (n˚516), ainsi qu’Ali Baba et est écrivain et maître de conféren- Maïmonide, l’été dernier, à Fès, non main qui caresse, qui nourrit, qui l’auteur de romans pour adultes, les quarante voleurs (n˚595) et Histoire d’Aladdin ou la lampe mer- ces à Rennes. Dernier titre paru : loin de la Bou Anania, la fameuse laboure la terre, on la retrouve dans dont un paru chez L’Harmattan veilleuse (n˚77). A partir de 8 et 10 ans. L’Enfant du peuple ancien (éd. Pau- Médersa des princes mérinides. Ce mon dessin. C’est la main de Fatima en 1997 (La Vie en laisse) et de deux vert). lieu m’a beaucoup ému. J’ai pensé ou la main de Tanit. La main de contes pour enfants, La Révolte du b DEVINETTES DE TUNISIE, de Raouf Karray « Ce qui me surprend, c’est que aux images de fraternité d’un passé l’ouverture à l’autre. 30 février et Le Règne de Poussin Ier, Un modèle de livre bilingue, qui respecte, comme naguère le si des idées que l’on croyait révolues – pas si lointain. Oui, l’écriture est une » Montreuil est aussi une main publiés au Maroc par les éditions beau Carnet du dessinateur de Mohieddine Ellabbad (Mango, 1999), l’existence de deux mondes, l’un civi- éthique. Ce que je souhaite montrer, tendue vers ces gens dont on n’a Yomad et distribués en France la lecture occidentale comme celle de l’arabe littéraire, selon qu’on lisateur, l’autre barbare, qui sont des c’est qu’il y a place pour un humanis- jamais voulu voir la culture. Vers ces par Paris-Méditerrannée. circule de gauche à droite ou de droite à gauche. Le peintre Raouf idées de la colonisation – rejaillis- me maghrébin qui rejoint les valeurs enfants d’immigrés dont la langue « La tradition écrite n’est pas déve- Karray offre un délicieux florilège de treize devinettes traditionnel- sent en ce début de XXIe siècle. Le de l’humanisme international. » maternelle a disparu. Qui ne parlent loppée au Maroc, où les livres vien- les, d’une poésie simple (« Des feux de l’enfer, on retire un trésor. En phénomène Ben Laden permet au b Gamal Ghitany (Egypte). ni l’arabe, ni le berbère, ni même le nent beaucoup d’autres pays ara- dedans, de l’argent. En dehors, de l’or »… c’est le pain), qu’il sert avec refoulé de resurgir et donne corps à Romancier, nouvelliste et journa- français – parce que la République bes, essentiellement du Liban et du une grâce naïve et une chaleur contagieuse. Pour réconcilier la for- des arguments du type : “On vous liste. Dernier ouvrage traduit : Les n’a pas su préserver leurs langues Koweït. Parvenir à vendre 1 000 ce de l’oralité et la magie du signe (éd. Grandir – BP 105 84103 Oran- l’avait bien dit, ils sont comme ça.”Il Récits de l’institution (Seuil). d’origine. Comment ces enfants exemplaires constitue déjà une per- ge Cedex –, 60 p., 18,29 ¤ [120 F]). A partir de 6 ans. est vrai que le monde arabe connaît « L’équation “arabe = terrorisme” seraient-ils fiers de leur culture, puis- formance. Mais, depuis quatre ou une régression démocratique très est non seulement fausse, mais on qu’on ne la leur a jamais présentée ? cinq ans, des maisons spécialisées b DJENIA ET LE RAÏ, de Virginie Lou importante, mais les aspirations des n’imagine pas à quel point, vu du Cai- Or, il n’est pas possible de les en littérature enfantine se sont Le raï, c’est la vie. Ce message ne peut que renforcer la douleur de gens sont les mêmes qu’ailleurs. En re, nous souffrons de ce même terro- dépouiller de ce qu’ils sont : il faut créées, notamment Yomad et La Djenia, dont le père refuse d’entendre le désir de chanter. Sa grand- tant qu’écrivain, j’ai l’impression risme. N’oublions pas que ce sont leur montrer les manuscrits, les gra- Croisée des chemins. Pour ma part, mère, tout en la consolant, rappelle la force d’une musique qui fit qu’on me demande sans cesse de des fondamentalistes qui, en 1994, vures, les objets d’anthropologie, les j’écris en français et en arabe, mais il les grandes heures d’Oran. Sous le couvert d’une courte fiction, Vir- prouver que je suis du côté des ont tenté d’assassiner le Prix Nobel bijoux, les coffres… afin qu’ils est nettement plus facile de trouver ginie Lou célèbre un chant qu’illustre aussi le CD audio qui accompa- droits de l’homme, de la démocra- de littérature Naguib Mahfouz. La sachent qu’ils ne viennent pas de un éditeur en français, grâce aux sub- gne ce récit d’enfance. Avec, en contrepoint une information succin- tie : une allégeance aveugle à l’Occi- censure est certes moins pesante que rien, qu’ils ont apporté quelque cho- ventions accordées par l’ambassade te mais précise sur la culture algérienne, et, au finale, une rencontre dent. Or ces valeurs ne sont pas spé- dans d’autres pays arabes – dans se, et qu’ils en soient fiers. » de France aux éditeurs. Mon idée, impromptue avec Nabil, un jeune chanteur de raï de 14 ans. Un bel cifiquement celles du “camp occiden- l’hebdomadaire littéraire Al Akhbar, b Eglal Errera (Egypte) vit en quand j’écris pour les enfants, con- hommage dans une collection précieuse (ill. de Laurent Corvaisier, tal”, comme on dit, comme s’il fallait que je dirige, j’ai pu faire traduire des France depuis 1962. Ecrivain pour siste à les sensibiliser à la lecture, Gallimard, « Musiques d’ailleurs », 36 p., 14,94 ¤ [98 F]). A partir de appartenir à un camp ou à un autre. articles critiques de Salman Rushdie les enfants, elle vient de publier dans un pays où la plupart des gens 10 ans. C’est vrai que le hasard m’a fait naî- sur l’islam –, mais Les Versets satani- L’Odeur du poulet farci (L’Ecole des ne lisent absolument pas et où l’ima- tre dans une partie du monde où il ques circulent toujours sous le man- loisirs) et A l’Ombre du palmier et ge prend le pas sur la tradition ora- b FARISSA, de Mohamed Ad-Daïbouni se passe des choses terribles, mais teau. Les écrivains égyptiens se bat- autres histoires de Goha en Egypte le. » Farissa est une petite fourmi dont la tribu disparaît dans la tempête l’Europe a connu cela à d’autres épo- tent donc contre la répression et (Actes Sud Junior). b Ahmed Abo Dehman (Arabie qui déracine le cèdre tutélaire de la fourmilière. L’album décline les ques. La roue du malheur tourne. pour la liberté. Mais ils luttent aussi « Si en moi l’Occident et l’Orient se saoudite). Journaliste, il est étapes de l’insecte, presque invisible en crayonné gris, à la recher- Elle ne fait pas de ceux qui le subis- contre un autre amalgame : celui qui sont longtemps opposés, la joie est l’auteur d’un roman paru chez che d’un nouveau lieu de vie. C’est la composition de chaque page, sent des êtres à part. Je revendique veut que l’Occident incarne le Mal. sans nul doute du côté arabe. Dans Gallimard, dans la collection où la peinture, le dessin, le collage et l’empreinte marient leurs le fait d’être un écrivain ordinaire, Nous avons traduit des points de vue mes livres, je fais passer une sensuali- « Haute Enfance » : La Ceinture. saveurs propres, qui fait tout le prix de cette fable minuscule (éd. un homme ordinaire. C’est cela, récents d’Umberto Eco, Susan Son- té très importante, j’allais dire une « La lecture de loisirs est extrême- Grandir, 24 p., 13,72 ¤ [90 F]). A partir de 4 ans. actuellement, qui est si difficile dans tag ou Arundhati Roy pour montrer souplesse. Il y a dans la langue arabe ment réduite en Arabie saoudite, où Sélection réalisée par Philippe-Jean Catinchi et Hugo Marsan. le regard de l’autre. » que l’Ouest n’est pas uniforme et que une agilité, une fluidité que j’essaie il n’existe pratiquement pas d’édi- b Kebir Ammi (Maroc). Ecrivain beaucoup y ont pris, envers le mon- de traduire dans l’écriture, dans les teurs dignes de ce nom. Le pays est et enseignant, il vit dans la région de arabe, des positions très courageu- personnages, et dont, me semble-t-il, coupé du monde par une interpréta- parisienne. Dernier titre paru : Le ses. » les petits Occidentaux sont privés. Il tion très stricte de l’islam, et chaque b b Partage du monde (Gallimard, Rachid Koraïchi (Algérie). Plas- s’agit d’une absence de rigidité, texte n’obéissant pas exactement à Rendez-vous « Frontières »). ticien, il a illustré des livres de d’une façon de jouer avec le langage la loi islamique est considéré com- « Hors du texte sacré, la tradition Michel Butor, Mahmoud Darwich, et les situations. Ainsi du personnage me une menace pour la société. En Une cinquantaine d’auteurs originaires du monde arabe seront pré- du lecteur n’existe pas en Afrique du René Char… Dernier ouvrage de Goha dans mon dernier livre, que écrivant La Ceinture, où je parle du sents à Montreuil. L’autre grand thème du Salon est la petite enfance. Nord. Le lecteur n’est pas une figure paru : Tu es mon amour depuis tant l’on retrouve dans le folklore populai- village du Sud dont je suis originai- Voir le programme complet sur : www.lemonde.fr/livres ou habituelle du paysage. On n’ap- d’années, texte de Nancy Huston re, du Caire à Istanbul et dans l’en- re, j’ai voulu évoquer cette Arabie www.ldj.tm.fr prend pas à découvrir des histoires (éd. Thierry Magnier). semble du monde arabe. Goha est effacée : en Occident par les clichés Lundi 3 décembre, une journée professionnelle parrainée par Le Mon- dans la solitude d’une chambre. On « La non-figuration s’est imposée un être qui bondit dans sa parole, et là-bas par une société qui a honte de propose notamment les rencontres et débats suivants : Les livres de devient lecteur comme on devient à moi. Elle n’est en aucun cas le résul- dans sa pensée, dans son corps. C’est de son passé, dirigée par un régime jeunesse dans le monde arabe (9 heures-10 h 30). Editer et diffuser en écrivain, par accident. Mais c’est ce tat d’une contrainte religieuse. un petit bonhomme que rien n’alour- qui nie toute diversité culturelle. pays arabe (10 h 30-12 heures). Comment la langue arabe vit-elle en qui en fait la beauté. (…) L’écriture Venant d’un pays de soleil, j’aime le dit et dont l’irrévérence envers les Mon livre a été interdit en Arabie France dans les structures éducatives et culturelles ? (13 h 30-15 heu- est un engagement. J’ai été fier d’écri- noir et le blanc, le travail de l’ombre puissants constitue un formidable saoudite, mais les gens en font des res). Rencontre avec l’auteur-illustrateur Elzbieta (14 h 30-16 heures). re sur saint Augustin, Maghrébin et de la lumière. On n’angélise pas le contre-pouvoir. Goha est très pré- photocopies. Tous les poètes et Les politiques de coopération culturelle entre la France et le monde avant la lettre et premier Berbère trait : il est bon ou mauvais. Descen- sent dans l’univers égyptien. J’ai gran- romanciers se font publier à l’exté- arabe (15 heures-16 h 30). A 12 h 15 : rencontre autour du prix Baobab chrétien. De même, j’aime penser à dant d’une vieille famille soufie, j’ai di avec lui. Il incarne aussi l’humour, rieur du pays, l’activité éditoriale de l’album, décerné par Le Monde et le Salon du livre de jeunesse. Maïmonide, cet immense penseur fréquenté très tôt les manuscrits, les la tolérance, l’hospitalité, autant de nationale se limitant aux ouvrages à Nouvelle adresse du Salon : 126-138 rue de Paris, 93100 Montreuil. juif écrivant son œuvre dans la lan- enluminures. Les peintures rupestres valeurs – l’hospitalité d’abord, l’hu- caractère religieux. » Métro : Robespierre. Tél : 01-55-86-86-55. Entrée payante à partir gue du Coran. N’est-ce pas la preuve de nos ancêtres du Tassili, ces mour ensuite – qui ont tendance à Propos recueillis par Florence de 14 ans : 20 F (3,04 ¤). que l’islam est une religion de tolé- empreintes de mains millénaires, s’éroder dans le monde occidental. » Noiville et Raphaëlle Rérolle IV / LE MONDE / NOVEMBRE 2001 salon du livre de jeunesse b Tunisie : un secteur qui a encore tout l’avenir devant lui Partagés entre les soucis d’éducation des parents qui misent sur le livre scolaire et leur envie de développer la créativité, les éditeurs en pleine interrogation

vec le Liban et l’Egypte, moderne. En français, la collec- sur les corsaires ou l’alphabet ara- la Tunisie compte parmi tion « Le Miroir d’encre » propo- be sont aussi soigneusement illus- les principaux pays ara- se plusieurs courts romans de qua- trés. bes producteurs de lité pour adolescents, écrits par D’autres maisons d’édition se Alivres pour la jeunesse. Dans ce des auteurs contemporains tuni- consacrent largement à la littéra- pays de près de dix millions d’ha- siens, comme Zinelabidine Benaïs- ture jeunesse, comme Alyssa, ou bitants, une demi-douzaine de sa (voir ci-dessous). entièrement, comme les Editions maisons d’édition publient régu- Tout autres sont les choix de l’Arbre. L’Arbre publie notam- lièrement des ouvrages pour d’Alif, une maison novatrice, fon- ment des livres à découper sur les enfants, en arabe surtout, mais dée en 1986. Ses bureaux situés poupées tunisiennes et des contes aussi en français ou en version au douzième et dernier étage en arabe, cherchant à concilier bilingue. A Tunis et dans les gran- d’un des rares immeubles de gran- qualité et prix abordables. Alyssa des villes, plusieurs librairies les de hauteur de la ville offrent une se consacre au livre de poche avec diffusent. Les 270 bibliothèques vue splendide sur la baie de des séries de romans policiers, publiques et celles des 570 lycées Tunis. Cette modernité est tempé- une collection d’« histoires glau- en acquièrent constamment. Le rée par une multitude d’affiches ques » ou des contes, comme Les Salon du livre pour la jeunesse, et de livres consacrés au patrimoi- Très Filoutes Histoires de Jha,un qui se tient chaque année à Sfax, ne de la Méditerranée, avec un livre impertinent à succès. en est à sa neuvième édition. « Il n’y a aucun problème de cen- Aujourd’hui où l’ensemble des La plupart des textes sure avec la littérature jeunesse, enfants sont scolarisés, où le affirme Noureddine Ben Khader, niveau de vie a fait un bond sont très moralisateurs, parce qu’il n’y a pas assez de textes depuis vingt ans – les Tunisiens forts. La plupart des histoires sont aiment le comparer à celui du Por- il n’y a donc pas de très moralisatrices. Elles n’ont rien tugal –, la demande de lecture qui puisse inquiéter les censeurs. existe. Ses contours sont encore problème de censure. Nous manquons de textes iconoclas- incertains : les parents recher- tes. » Marie-Hélène Béji, cofonda- chent avant tout ce qui semble uti- Ce sont sans doute les trice des Editions de l’Arbre, se le à la scolarité ; les éditeurs col- demande si les éditeurs ne sont lent aux besoins tout en cher- éditeurs eux-mêmes qui pas « trop frileux ». chant à les devancer pour prépa- Peu d’auteurs traitent des thè- rer le marché de demain ; les quel- restent trop frileux : mes comme la sexualité, la réalité ques auteurs et illustrateurs hési- sociale, la violence. « La Tunisie tent sur les perspectives de ce sec- rares sont ceux qui est une société relativement teur neuf. embourgeoisée où l’on ne veut pas « Mon objectif est d’être l’éditeur traitent de la sexualité, prendre le risque d’être malmené d’ici et maintenant, de répondre dans un commissariat. On pratique aux nécessités de la situation réel- de la réalité sociale ou une autocensure générant des tex- le », affirme Noureddine Ben Kha- tes mièvres que les lecteurs n’ont der, directeur des éditions Cérès, de la violence pas envie de lire », assure Noured- principale maison privée qui dine Ben Khader. publie de la littérature et des goût pour l’histoire, la musique, Les livres consacrés à des thè- essais à destination des enfants et le vin. « Presque tous nos titres sont mes religieux sont aussi rares. des adultes. Noureddine Ben Kha- des créations », affirment Moha- « Nous n’avons pas les moyens der est arrivé chez Cérès en 1979, med-Salah et Viviane Bettaïeb, dont disposent les intégristes pour après onze années de prison sous ses responsables. produire des livres, explique Moha- le régime du président Bourguiba. Pour adultes et pour enfants, le med-Salah Bettaïeb. Si nous déci- La maison d’édition publiait alors patrimoine est leur sujet de prédi- dions de faire des livres religieux, surtout des beaux livres, notam- lection. « Les artistes du Sud ont nous les consacrerions aux trois b LE CHANT DES GÉNIES de Nacer Khémir, illustration d’Emre Orhun ment destinés aux touristes. Avec des choses à exprimer, différentes croyances : la Tunisie est un grand son « tempérament d’intellectuel du regard porté par les orientalistes pays juif, un grand pays chrétien et acheter des Corans, a créé des un dictionnaire, mais pas pour un reux de chez Alif. « Carrefour va engagé », comme il aime se décri- du Nord », estime Mohamed- un grand pays musulman. Mais, commissions d’acquisition pour album de contes ». Comme peut-être faire en dix ans ce que le re, Noureddine Ben Khader a vou- Salah Bettaïeb. Toutes les strates aujourd’hui, les livres sur l’islam ne les bibliothèques municipales et d’autres éditeurs, L’Arbre expli- ministère de la culture n’a pas fait lu que « la rue culturelle tunisien- de l’histoire locale – punique, se vendraient pas car les parents scolaires, qui privilégient les mai- que qu’il ne peut plus faire de cou- en trente ans », ironise Mohamed- ne soit présente ». romaine, arabe – sont abordées, recherchent avant tout des livres sons d’édition laïques. « D’une verture cartonnée, car le prix de Salah Bettaïeb. Aujourd’hui, le catalogue com- avec force images et documents. utiles pour la scolarité de leurs part, cela génère des commandes fabrication en est trop élevé. Les En matière d’illustration, un sec- prend surtout des livres de poche Des thèmes tels les droits des fem- enfants. » importantes, observe Noureddine meilleurs illustrateurs refusent de teur faible de l’édition tunisienne, qui reprennent des auteurs classi- mes ou la marginalité au Le bras de fer entamé par le gou- Ben Khader, d’autre part, ces travailler à si bas prix. Seul Alif plusieurs formations se mettent ques, libres de droits, et des con- Maghreb figurent aussi au catalo- vernement tunisien avec les isla- ouvrages sélectionnés sont à leur continue de fabriquer des livres en place. La médiathèque des ser- temporains, pour lesquels Cérès a gue. mistes a des retombées sur le livre tour recommandés par les ensei- selon « les critères de qualité inter- vices culturels français organise obtenu de payer des droits allégés Les livres animés pour enfants jeunesse. Les parents s’en remet- gnants. » nationaux », à des prix bien trop un atelier hebdomadaire animé par les services culturels français. sont l’une des grandes spécialités tent aux enseignants pour le Plus que la censure, ce sont les élevés pour les bibliothèques. par Esma Khemir, la sœur et colla- La collection « Idea », destinée d’Alif. Carthage cité phénicienne choix des titres à acheter. « Or les questions de prix qui préoccupent Des changements se dessinent boratrice de l’auteur Nacer Khe- aux étudiants, publie Pierre Bour- d’Afrique ou Une ville arabe, la éditeurs ne peuvent pas travailler les éditeurs. Le livre en arabe, pourtant. En matière de diffusion, mir (voir ci-dessous). A un niveau dieu, Gilles Deleuze et Félix Guat- médina de Tunis ou encore L’Oa- avec les maîtres : par crainte de l’in- celui qui se vend le mieux, est con- l’ouverture récente du premier plus professionnel, l’illustrateur tari, Michel Foucault ou Ibn Arabi. sis, une halte dans le désert sont de tégrisme, l’éducation nationale currencé par des productions liba- Carrefour tunisien, qui présente Raouf Karaï, professeur d’art gra- La plupart des livres pour magnifiques ouvrages en trois impose une séparation très ferme naises et égyptiennes peu chères un large rayon de livres pour phique à l’Ecole des beaux-arts de enfants sont en arabe, notam- dimensions, où des dessins docu- entre les éditeurs et l’école », expli- (de 5 à 10 francs). Les familles ne enfants, bouleverse le marché. Sfax, a obtenu d’y créer, à cette ment avec la collection « Biblio- mentés s’ouvrent en plusieurs éta- que Noureddine Ben Khader. En veulent pas débourser plus. Selon Des parents qui n’entraient pas rentrée, la première section entiè- thèque ouverte », dédiée à la litté- pes à chaque double page. Les revanche, le gouvernement, lassé Viviane Bettaïeb, « les parents dans les librairies achètent en rement consacrée à l’illustration. rature jeunesse classique et albums de contes et d’histoires de voir des directeurs de lycée sont prêts à se saigner pour acheter quantité, y compris les livres oné- Catherine Bédarida Un drôle d’oiseau Mille et une bouches Siège social : 21 bis, rue Claude-Bernard Ornithologue et médiéviste, le Tunisien Zinelabidine Benaïssa aime plus que tout écrire pour les enfants ri du conteur, l’Ogresse. 75242 PARIS CEDEX 05 L’OGRESSE Plus de quinze ans après sa publi- Tél.: 01-42-17-20-00 Télécopieur : 01-42-17-21-21 ne île à l’abandon, des dont il suivra, tout au long de la reux d’une panthère aux yeux de Nacer Khemir cation, cette Ogresse a conservé tou- Télex : 206 806 F espèces animales en conversation, les évolutions sur dorés, ou transformant des noms bilingue français-arabe te sa savoureuse cruauté. Au fil des voie d’extinction, la une enseigne de l’avenue de de lieux afin de leur donner une Syros, 240 p., 19,50 ¤ (127,90 F). histoires, « L’Ogresse aveugle », Edité par la SA Le Monde, vie libre des hommes Paris. consonance indéfinissable. Ecrire A partir de 11-12 ans. « Les Sept Filles et l’Ogresse », président du directoire, duU désert menacée par la nouvel- en arabe ne lui serait pas plus sim- « Les Sept Ogresses et les quarante le rigidité des frontières étati- LIMPIDITÉ ple, dans un pays où la langue LE CHANT DES GÉNIES et un voleurs »…, Nacer Khemir cro- directeur de la publication : ques : tels sont quelques-uns des Le visage rond et souriant, une parlée à la maison, le « tunisien », de Nasser Khemir que des gamines surdouées, capa- Jean-Marie Colombani thèmes abordés par Zinelabidine trace d’enfance dans le regard, le dialectal, diffère tant de l’ara- ill. de Emre Orhun bles de déjouer les ruses de l’ogres- Benaïssa, auteur tunisien de fic- Zinelabidine Benaïssa se juge be littéraire enseigné à l’école. Actes Sud Junior, 40 p., 12 ¤ se, de planter un couteau tout cru Directoire : tion enfantine. Ce jeune universi- « un peu farfelu ». Les médiévis- « Seuls les écrivains de théâtre ont (78,71 F). A partir de 10 ans. dans son ventre ou de faire voler sa Jean-Marie Colombani ; taire a publié trois courts romans tes passionnés par les genres réussi à créer de grandes pièces en tête d’un grand coup de poignard. Dominique Alduy, en français, Sloughi et la panthè- « mineurs » – la bande dessinée, tunisien », estime-t-il. é en 1948 à Korba, en Les sept petites affamées de directeur général ; re, Le Fils du vent et L’Ile, dans la la littérature jeunesse – ne sont Zinelabidine Benaïssa ne sait Tunisie, Nacer Khemir a « L’Ogresse aveugle » suivent leur Noël-Jean Bergeroux, collection « Le Miroir d’encre », pas nombreux. En réalité, ses his- pas s’il écrira un jour pour les grandi au milieu de fem- père qu’elles aiment d’un amour directeur général adjoint. chez Cérès éditions. En écrivant toires sont fondées sur une adultes. « Je veux d’abord mener à mes à la forte personnali- candide. Quand il les mène au fond pour les enfants et les préadoles- recherche documentaire rigou- terme toutes les histoires que j’ai té.N Sa grand-mère côtoyait le mon- d’un puits pour les punir d’avoir ava- La reproduction de tout article est interdite cents, Zinelabidine Benaïssa sem- reuse. Quand il écrit L’Ile,un envie de raconter aux enfants. de invisible des djinns et, en entrant lé son dîner, elles se révèlent assez sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications ble s’épanouir à nouer les diffé- roman situé sur l’île de la Galite, Actuellement, j’ai une quinzaine dans sa chambre, murmurait à leur habiles pour tromper deux ogresses no 57 437. ISSN : 0395-2037 rents fils de sa vie – son attrait au nord-ouest de la Tunisie, il se de projets. » Il a terminé le manus- adresse : « Pardon, je ne fais que pas- et se transformer en riches princes- pour l’écologie, sa sensibilité à documente sur les familles de crit des Mystères du Belvédère, ser » (Le Monde du 19 octobre). Sa ses. l’enfance, son goût de la littératu- pêcheurs italiens qui y ont vécu une aventure qui se déroule dans mère, Oum el Khir, dessinait de Après avoir dévoré ces pages, Pré-presse Le Monde re. jusqu’aux années 1970 et recher- les souterrains que les Allemands superbes calligraphies, comme cel- ornées de calligraphies et de magni- Impression Studium Vitry-sur-Seine Enfant, il a grandi à Tunis, dans che leurs patronymes dans les avaient creusés sous le parc pen- les qui illustrent Chaharazade, son fiques dessins représentant mille et 94405 Cedex 1998 le quartier de Bab Souika, situé archives locales. Ses romans sont dant la guerre. Il y a joué pen- recueil de contes secrets, travestis une bouches et autant de monstres, Printed in France entre la médina et la zone plus écrits dans un français tellement dant toute son enfance, avant dans un monde féminin des Mille et les lecteurs pourront digérer en aérée du parc du Belvédère. travaillé qu’il en devient limpide, que ces tunnels soient murés par Une Nuits (Ed. Le Mascaret, 1988). écoutant Le Chant des génies, inspiré « Nous passions notre temps à laissant le récit captiver le lec- les autorités tunisiennes. Ses cinq sœurs, Esma, Rafika, Mou- d’un conte traditionnel du Sahel. Ici, inventer des histoires », se sou- teur. L’écrivain vient de prendre la nira, Sabiha et Saïda, ont inventé les un puis cent puis vingt-cinq mille vient-il. Il les raconte à présent à Ecrire en français le « dérange direction de la collection « Le images fantastiques de L’Ogresse,un génies ont raison de la naïveté de ses deux enfants en bas âge. Adul- un peu » : il estime que cette lan- Miroir d’encre », qui publie des recueil paru chez Maspero en 1975, l’homme affamé. Faisant fi des con- Chaque lundi te, il se spécialise dans la littératu- gue tend à régresser en Tunisie ; fictions pour préadolescents. qui vient d’être réédité chez Syros. seils avisés de son épouse, le paysan re française, notamment médié- il se démarque de la génération Chez le même éditeur, Cérès, il Peintre et conteur, Nacer Khemir qui « avait reçu de son père la pauvre- vale, qu’il enseigne à l’université précédente des écrivains maghré- compte lancer une collection des- a animé à Tunis des ateliers de mas- té en héritage » se laisse mener en avec 0123 de Tunis. Il devient ornithologue bins francophones « qui parsè- tinée aux tout-petits. Plus tard, il ques et des spectacles de marionnet- bourrique par les djinns futés. Les DATÉ MARDI amateur, aussi familier des passe- ment leur littérature française de rêve d’écrire des scénarios et de tes géantes, avant de se lancer dans armées de génies aux dents longues, reaux que de Chrétien de Troyes. mots arabes ». Alors il s’invente développer la bande dessinée, un le cinéma (Les Baliseurs du désert, Le imaginées par le dessinateur Emre Lors de notre rencontre à une ter- ses noms propres, fabriquant des genre « qui n’existe presque pas » Collier perdu de la colombe). Dans Orhun, ajoutent un sourire à la vio- LE MONDE rasse en plein centre-ville de surnoms pour ses personnages, en Tunisie. les années 1970, ses marionnettes lence réjouissante de l’histoire. ECONOMIE Tunis, il repère un faucon-pèlerin comme son petit Sloughi, amou- C. Ba campaient déjà le personnage favo- C. Ba 0123 www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17675 - FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Voyage extraordinaire au pays de l’euro b La devise européenne constitue le deuxième pôle monétaire mondial et un marché libre de 304 millions d’habitants b Les Français, partagés entre réticence et impatience, devront s’approprier des billets sans référence à l’histoire nationale

AVEC 304 millions d’habitants, l’euro et que plusieurs pays des l’euroland est devenu le deuxième Balkans, qui utilisent aujourd’hui pôle monétaire mondial. Les le deutschemark, glisseront dans douze Etats embarqués dans la sphère de l’euroland. l’aventure de l’euro – Allemagne, Cette dynamique, qui n’a pas em- Autriche, Belgique, Espagne, Fin- pêché la devise européenne de lande, France, Grèce, Irlande, Ita- perdre un quart de sa valeur par CHRISTOPHE BRUNCK lie, Luxembourg, Pays-Bas et Por- rapport au dollar, depuis sa créa- tugal – franchiront encore une éta- tion officielle le 1er janvier 1999, se PÈDAGOGIE pe, tout à la fois symbolique et heurte à une série d’obstacles psy- très concrète, le 1er janvier 2002, en chologiques et structurels. Psycho- manipulant les billets et les pièces logiques : c’est avec un mélange Un jeu d’euros fabriqués depuis plusieurs de réticence, voire de répulsion, et mois à des milliards d’exemplaires. d’impatience que les habitants des Le marché unique doté d’une Douze attendent l’arrivée de d’enfants monnaie européenne commune l’euro dans leur vie quotidienne. conclut provisoirement le défi lan- En France, les jeunes se montrent L’euro, c’est facile. L’euro peut même cé par l’un des pères de l’Europe, mieux informés que leurs aînés, s’apprendre sans douleur. Preuves à Jean Monnet (1888-1979). Il témoi- mais tout aussi sceptiques ou in- l’appui, Le Monde propose une série de gne en tout cas d’une puissance quiets. L’euro reste une monnaie six chroniques réparties dans le journal inédite. Comparée aux Etats-Unis, inconnue que tout un chacun de- avec le logo « l’euro sans peine ». A li- la zone euro dispose d’une part su- vra s’approprier. Obstacles struc- re aussi : notre abécédaire, petit guide périeure dans le commerce mon- turels : la devise européenne doit dial. Sans compter que quatorze encore faire ses preuves sur les pratique des mots-clés de la nouvelle pays de l’Afrique de l’Ouest et de marchés financiers, lesquels récla- monnaie européenne et une page con- l’Afrique centrale bénéficieront ment aux Douze une meilleure sacrée à l’histoire de la naissance de d’une parité fixe par rapport à coordination économique. l’euro. p. XIV et XVIII Une monnaie A Marcq-en-Barœul, « M. Euro » est un Afghan LILLE ture françaises). En 1980, il fait ses premiers pas poste au service économique de la ville de Marcq- de chez nous de notre correspondant régional dans la carrière diplomatique. en-Barœul (37 000 habitants), dont il devient le Entre deux coups de fil concernant une réu- Elle le conduit successivement à New York, « M. Euro ». Et il se lance avec passion dans cet- FAUT-IL PLEURER le franc, nion d’information sur l’euro, il multiplie les rap- auprès de l’ONU, à Kaboul comme responsable te mission d’un genre nouveau pour lui. Il décli- a ce bon vieux franc frappé pour pels historiques pour expliquer son inquiétude de la division Europe occidentale, et aux Etats- ne l’euro sur tous les tons, admirable VRP de la la première fois au XIVe siècle afin de devant l’entrée à Kaboul des troupes de l’Alliance Unis, puis à Paris, comme premier secrétaire de monnaie unique européenne, organise des après- D. R. payer aux Anglais la rançon exigée du Nord. Ebrahim Ningarhari pratique en virtuo- l’ambassade en 1991. En 1994, il est « viré » par midi pédagogiques pour les jeunes et les vieux. PUBLICITÉ pour la libération du roi Jean II le se l’art du grand écart mental : un pied en Afgha- les Moudjahidins qui ont pris le pouvoir deux Le secret de cette étonnante intégration ? «Ilne Bon ? Pas sûr ! « Il a connu beau- nistan, l’autre dans ce bureau de la mairie de ans plus tôt. Il obtient alors l’asile politique en faut pas avoir peur d’aller vers les gens, de leur par- coup de malheurs », constate Patrice Marcq-en-Barœul, dans la banlieue lilloise, où France. ler. Si l’on se replie sur soi, on est foutu. » La campagne Cahart, ancien directeur des Mon- cet ancien diplomate afghan travaille depuis Une dure épreuve commence pour ce fils de fa- Sa vie est à Marcq-en-Barœul. Son fils de dou- naies et médailles. « Il y a tellement trois ans. mille peu habitué à « travailler pour survivre ». Il ze ans est en quatrième au collège, « dans les de Lise de choses plus importantes : la langue, « La prise de Kaboul va radicaliser les dissen- s’installe à Tourcoing, afin de se rapprocher de tout premiers ». Son épouse travaille dans une cli- les mœurs, la Sécu », note le démo- sions tribales. Il sera de plus en plus difficile de sé- membres de sa famille émigrés aux Pays-Bas et nique de la ville. Quant à lui, il prépare le con- Un slogan unique : « L’euro, notre mon- graphe Emmanuel Todd. Alors, sans parer les personnes sur lesquelles on peut compter en Allemagne. Son épouse, gynécologue de for- cours qui lui permettra d’être titularisé dans la naie ». Mais derrière cette sobriété, les trop de nostalgie, comment les au sein des tribus pachtounes », déplore-t-il. Un mation, reprend ses études pour devenir infir- fonction publique territoriale. «Ici, se réjouit-il, publicitaires des douze pays de l’euro- Français vont-ils s’approprier déchirement pour ce quadragénaire humaniste mière. Lui commence une formation au commer- tout le monde veut le bien du pays et les élus de ten- land ont réalisé des campagnes natio- l’euro ? Des historiens, des sociolo- et francophile, fils d’un ancien médecin-général ce international, « vend des usines clés en main » dances différentes ne s’opposent que sur les nales sur mesure pour épouser les diffé- gues et des hommes politiques ten- pachtoun. Originaire de Laghman, à une centai- au Pakistan et à l’Iran pour Fives-Cail Babcock, moyens d’y parvenir. C’est intéressant et très agréa- tent de répondre à cette question. ne de kilomètres à l’est de Djalalabad, il a fait tou- mais se retrouve au chômage sept mois plus ble. Dans mon pays, on parle avec les armes… » rences culturelles entre les nations. La tes ses études à Kaboul, au lycée français, puis à tard, après une restructuration de l’entreprise. France consacre 45 millions d’euros à Lire page VI l’université (département de langue et de littéra- Après un an sans emploi, il décroche enfin un Jean-Paul Dufour cette communication. p. XXI Des gaffes La dernière victoire de Jean Monnet coûteuses par Jean-Marie Colombani

N ces temps où l’Europe peut-être faut-il revenir aux sour- de la guerre froide ne succède une ments, précipitant une partie du paraît ne plus avoir la for- ces, à cette année 1991 où se joua forme de chaos. D’autant qu’à Za- Vieux Continent dans ces conflits ce de s’unir, alors même notre destin. greb, l’armée de plus en plus ethniques aujourd’hui jugés à Eque le nouveau désordre Cette année-là, l’URSS vivait ses « ex »-yougoslave était assiégée La Haye. mondial devrait lui commander de derniers moments et déjà on pou- par les milices du jeune Etat croa- Devant cette fonte des neiges ca- reprendre sa marche en avant, vait craindre qu’à l’ordre injuste te, précédant d’autres affronte- tastrophique qui se profilait à l’Est, face à une hégémonie améri- caine qui paraissait irrésistible, D. R. quelques mois après l’apparente DESIGN victoire contre Saddam Hussein, trois dirigeants européens – Hel- WIM DUISENBERG mut Kohl, François Mitterrand et Des billets Jacques Delors – décidèrent de CÉLÈBRE pour ses gaffes, le pa- donner un signal fort au monde en- sans visage tron de la Banque centrale euro- tier : ainsi naquit le projet de doter péenne (BCE) incarne quasiment l’Europe d’une monnaie unique. Qui a conçu les billets en euros ? Qui a depuis sa nomination les accès de Ce développement, en plus de choisi de dessiner des portails et des faiblesse répétés de la monnaie uni- l’objectif politique français qui ponts dans des couleurs pastel ? Robert que. Manque de charisme ? Incapa- était d’arrimer l’Allemagne unifiée Kalina (photo), graphiste à la Banque na- cité à diffuser la confiance sur les à l’Europe et d’éviter qu’elle ne fi- tionale d’Autriche. Entretien avec ce marchés financiers ? Une simple nisse par être attirée par une nou- observation de Wim Duisenberg velle Russie en gestation, était, il Viennois de 46 ans dans nos pages au Financial Times a pu faire dé- est vrai, logiquement contenu Culture. Et, dans notre espace Débats, gringoler l’euro… Revêtir les habits dans l’objectif, en cours de réalisa- polémique sur ces billets sans visage. de « M. Euro » ne semble pas tâ- tion, du marché unique. Il était L’historien Michel Pastoureau critique les che aisée. Nommé pour huit ans, il déjà évident à l’époque que les éco- couleurs pâles de l’argent et le psychana- a répété qu’il n’irait pas au bout de nomies européennes avaient be- son mandat. Sans jamais préciser soin d’être protégées contre les lyste Roland Brunner récuse cette mon- quand il partira… abus de concurrence que consti- naie de princes technocrates. tuaient les distorsions monétai- p. XVI, XVII et XXV Lire pages XII et XXVII res ; et, en contrepartie, qu’il fal- lait trouver un chemin entre les ob- International...... II Entreprises...... XIX sessions anti-inflationnistes des Al- France...... VI Communication ...... XXI Supplément au « Monde » lemands et les politiques de dépré- Société ...... VIII Aujourd’hui ...... XXII no 17675, daté 23 novembre. ciation pratiquées partout ailleurs. Régions ...... XI Jeux ...... XXIII Ne peut être vendu séparément. Horizons ...... XII Culture...... XXV Lire la suite page XV II INTERNATIONAL EURO

ÉCONOMIE Avec l’apparition QUE ET MONÉTAIRE (UEM) regroupe rieure eurosceptique. b LA ZONE à des critères stricts pour la rejoin- et de la Commission de Bruxelles a des billets et des pièces, le 1er janvier douze pays. Le Royaume-Uni, la Suè- euro devrait gagner en importance dre. b LA BANQUE CENTRALE euro- été consacrée par le traité de Maas- 2002, l’euro devient une monnaie de et le Danemark ont choisi de res- dans la perspective de l’élargisse- péenne, créée en 1998, est le vérita- tricht. La nouvelle devise a perdu un concrète pour quelque 300 millions ter encore à l’écart, essentiellement ment de l’Union européenne, mais ble « pilote » de l’euro. Son indépen- quart de sa valeur par rapport au dol- d’Européens. b L’UNION ÉCONOMI- en raison d’une forte opinion inté- les pays candidats devront satisfaire dance à l’égard des gouvernements lar depuis le 1er janvier 1999. L’euro devient une réalité concrète pour plus de 300 millions d’Européens 1er janvier 2002 : les pièces et les billets de la nouvelle devise remplacent les anciennes monnaies dans douze des quinze pays membres de l’Union européenne, qui forment ensemble le deuxième pôle monétaire mondial. Ce lancement historique intervient toutefois dans un paysage économique morose

FRANCFORT rang des grandes valeurs refuges tes avec l’ensemble de l’Union sement de l’Union, la zone euro de- jeune devise. Il faut dire que l’euro bilité des prix dans la zone euro, de notre correspondant depuis les attentats du 11 septem- économique et monétaire. Les vrait gagner en importance. En constitue une exception dans le c’est-à-dire une inflation inférieu- Fin 1998, à la veille du lance- bre. Allemands estiment ainsi qu’entre tant que monnaie de réserve, monde, « un étrange objet », selon re au seuil de 2 % fixé par les gar- ment de l’euro, l’euphorie était à Pourtant, la zone euro, avec ses 30 % et 40 % des deutschemarks en l’euro dispose aussi d’un potentiel un banquier central. diens monétaires. Contrairement à son comble. La nouvelle monnaie 304 millions d’habitants, constitue circulation le sont hors de leurs de développement, après des dé- Chaque monnaie est en principe son homologue des Etats-Unis, la était en mesure, disaient les plus bel et bien le deuxième pôle moné- frontières, à l’est du continent. buts timides : selon le rapport an- adossée à un Etat. Depuis des siè- Réserve fédérale, qui a pour dou- optimistes, de contester l’hégémo- taire du monde, loin devant le yen Une quarantaine d’Etats ont même nuel du Fonds monétaire interna- cles, souverainetés politique et mo- ble priorité de lutter contre la nie internationale du dollar améri- japonais. Comparée aux Etats- adopté l’euro comme monnaie de tional, fin 2000, la devise européen- nétaire sont étroitement liées. Or, hausse des prix tout en soutenant cain. Elle devait symboliser la mon- Unis, elle dispose d’un produit inté- référence pour piloter leur propre ne représentait 13 % des réserves la monnaie unique européenne in- la croissance, la BCE ne peut tée en puissance de l’intégration rieur brut inférieur, mais sa part devise, à l’instar de la zone franc de change, contre 68 % pour le nove : pour la première fois à cette donner de coup de pouce à la crois- européenne, sur un continent en dans le commerce mondial est plus CFA (communauté financière dollar. Certaines banques centra- échelle, une devise est pilotée par sance qu’à la condition de ne pas voie de réunification depuis la chu- grande. Les pays de la future zone africaine). les, en Asie notamment, attendent une institution fédérale, la Banque porter préjudice à la stabilité des te du mur de Berlin. euro représentaient, en 2000, Dans la perspective de l’élargis- toujours avant d’investir dans la centrale européenne (BCE), dé- prix. Un mandat très controversé Trois ans plus tard, la monnaie 17,7 % des exportations mondiales pourvue du moindre contrepoids dans le contexte actuel de ralen- unique arrive définitivement dans de biens et services contre 14,7 % politique direct. tissement économique. les portefeuilles, mais elle est pour les Etats-Unis. L’Union écono- « En 1995, personne n’y croyait vraiment » L’organisation et le fonctionne- descendue de son nuage. Pilotée mique et monétaire rassemble dou- UN MANDAT CONTROVERSÉ ment complexes de la zone euro depuis Francfort par une institu- ze Etats parmi les plus développés « Tu t’es fait avoir, la monnaie unique, c’est complètement creux, cela Les gouvernements de la zone et compliquent l’épanouissement tion en quête de crédibilité, la Ban- du monde (Allemagne, Autriche, ne verra jamais le jour. » A son arrivée à la Commission européenne, la Commission européenne n’ont international de sa monnaie. Pres- que centrale européenne (créée Belgique, Espagne, Finlande, début 1995, Yves-Thibault de Silguy se demandait vraiment s’il avait aucun pouvoir sur une BCE dont le sions politiques, commentaires mi-1998), l’euro a bien peiné sur la France, Grèce, Irlande, Italie, hérité du bon portefeuille. Aujourd’hui, près de trois ans après la nais- traité de Maastricht a consacré l’in- discordants des dirigeants moné- scène mondiale : face au dollar, il a Luxembourg, Pays-Bas, Portugal). sance de l’euro et à quelques semaines de l’introduction des pièces et dépendance. Le conseil des gouver- taires, manque d’autorité de Wim perdu un quart de sa valeur depuis Au-delà des seuls pays mem- des billets, il s’amuse des remarques d’«amis»qui voyaient sa nomi- neurs – composé des six membres Duisenberg, la cacophonie règne le 1er janvier 1999. L’an dernier, la bres, l’euro dispose d’une zone nation au poste de commissaire aux affaires monétaires comme un du directoire de l’institut d’émis- encore souvent dans les rangs de devise a même semblé souffrir de d’influence importante. Europe enterrement de première classe. sion et des douze présidents des l’union monétaire. faiblesse chronique, avant de se centrale et orientale, Afrique de M. de Silguy, désormais du directoire du groupe Suez, avoue entre- banques centrales nationales – est En outre, libéré de la tutelle des stabiliser quelque peu en 2001. Mê- l’Ouest et Afrique centrale, bassin tenir un lien sentimental avec la nouvelle monnaie, car il fut l’un des le seul organe de pilotage de la po- gouvernements, l’euro reste bien me dans un contexte de très fortes méditerranéen, une petite cen- architectes de son lancement. « L’autre jour, dit-il, on m’a montré un litique monétaire. sûr très dépendant des soubre- incertitudes économiques et politi- taine de pays dépendent de l’« hé- vrai euro et cela m’a fait quelque chose. Je le regardais et je me remémo- Sous la houlette du Néerlandais sauts politiques et économiques ques aux Etats-Unis, a priori préju- misphère » européen. Leurs écono- rais ces discussions sur la teneur en nickel, les petites rayures sur le côté, Wim Duisenberg, la BCE se concen- de chacun des Etats membres. diciable pour le dollar, la monnaie mies entretiennent des relations le graphisme. (…) On voit maintenant le produit qui va être frappé à tre sur son objectif principal défini européenne a du mal à se hisser au financières et commerciales étroi- 50 milliards d’exemplaires. C’est assez satisfaisant. » – (AFP.) dans le traité de Maastricht : la sta- Philippe Ricard Afrique : pas de bouleversement dans la zone franc La Bosnie, la Yougoslavie et la Macédoine DAKAR parité de change. Sachant qu’un A chaque fois, Charles Konan de notre correspondante franc français vaut 100 FCFA, un Banny se montre rassurant. « L’avè- se préparent à une nouvelle mutation monétaire Le franc ne disparaîtra pas totale- euro vaut 655,957 FCFA. C’est nement de l’euro fiduciaire n’est pas ment. Il restera toujours le franc mathématique. Les opérations de un événement de nature à modifier SI LA GÉOGRAPHIE politique ble bosniaque s’inclinent devant la ment incluse dans l’espace yougos- CFA (Communauté financière afri- conversion sont toutefois plus la parité du CFA. Le franc CFA, répè- s’est passablement compliquée monnaie allemande. Un bail com- lave, la décision (en 1999) de la caine). L’arrivée de l’euro ne devrait compliquées. te-t-il, reste arrimé à la valeur fixée dans l’ex-Yougoslavie de Tito au mercial à Zagreb se paie en Mission intérimaire des Nations donc pas provoquer de bouleverse- au 1er janvier 1999. » Il n’empêche. cours de la dernière décennie – six « DM », tout comme une voiture à unies au Kosovo (Minuk) avait ments dans la zone franc. Les ac- « RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS » Le souvenir de la dévaluation de pays indépendants, un protectorat Belgrade, un appartement à Sko- d’ailleurs provoqué la colère de cords de coopération monétaire La principale préoccupation est 1994 est toujours vif. En un jour, le international, des « entités », une pje ou n’importe quelle note d’hô- Belgrade. La manœuvre fut plus liant la France aux quatorze pays ailleurs. La mise en circulation de CFA avait perdu 50 % de sa valeur. Fédération brinquebalante, le tout tel ou de restaurant à Sarajevo… hypocrite en Bosnie-Herzégovine, africains ayant le CFA comme mon- l’euro ne va-t-elle pas entraîner une Cela avait alors permis de rétablir en lieu et place de l’ancienne You- A Belgrade, on résume ce phéno- où la communauté internationale naie commune restent en vigueur. dévaluation du CFA ? Cette interro- les grands équilibres économiques goslavie –, le paysage monétaire, mène en plaisantant : deutsche- a inventé le « clonage monétaire » Le CFA, qui a cours dans les huit gation revient comme un leitmotiv des pays de la zone franc, mais cela lui, n’a guère changé de relief. mark veut dire « dinar allemand ». en lançant, en juin 1998, le « mark Etats membres de l’Union économi- lorsque le gouverneur de la Banque avait aussi entraîné pour les popula- Avant 1991, il y avait une monnaie, convertible » équivalent exact de que et monétaire ouest-africaine centrale des Etats d’Afrique de tions une chute brutale de leur pou- le dinar yougoslave. Aujourd’hui, la monnaie allemande. (Uemoa) et dans les six Etats mem- l’Ouest (BCEAO), qui est l’institut voir d’achat. il n’y en a toujours qu’une : le A la faveur Selon les estimations de Berlin, bres de la Communauté économi- d’émission de l’Uemoa (Bénin, Bur- « Les éléments actuels ne per- deutschemark ! A la faveur des ce sont quelque 9 milliards de que et monétaire d’Afrique centrale kina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bis- mettent pas de nourrir cette crainte, ex- guerres, de l’hyperinflation, des des guerres, deutschemarks (4,6 milliards (Cemac), continue donc de bénéfi- sau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), plique Charles Konan Banny. La mar- embargos, des escroqueries sous d’euros) qui circuleraient dans les cier d’une garantie de convertibili- reçoit la presse ou les opérateurs ge de compétitivité que nous avons couvert de sociétés financières py- le deutschemark pays de l’ex-Yougoslavie. Les auto- té, à taux fixe. Et le remplacement économiques pour les informer sur acquise avec la dévaluation a été pré- ramidales ou de nationalisations rités monétaires allemandes ont du franc par l’euro ne modifie pas la les modalités du passage à l’euro. servée. Mais rien n’est jamais acquis. Il arbitraires des épargnes, la devise s’était imposé comme fait savoir qu’elles disposeraient faut mériter cette parité. » Ce qui allemande s’est en effet imposée des sommes nécessaires pour con- suppose de poursuivre les politiques comme une véritable monnaie une valeur refuge vertir ce montant en euros. Ce qui, de rigueur monétaire en cours. auxiliaire, une valeur refuge aux par la même occasion, permettrait L’introduction de la monnaie uni- yeux d’une grande partie des popu- aux banques de regagner des épar- que européenne présente du reste lations de l’ex-Yougoslavie, y com- En novembre 1998, le Monténégro gnants qui ont fui les circuits offi- des avantages pour les entreprises pris dans les pays qui s’en sortent a, le premier, rompu officiellement ciels dont ils ont appris, à leurs dé- des pays de l’Uemoa comme de la moins mal que d’autres, comme la le charme de l’illusion par un mé- pens, à se méfier. L’absence de lois Cemac (Cameroun, Centrafrique, Slovénie, assise dans l’anticham- lange d’opportunisme politique – sur le blanchiment d’argent aug- Congo, Gabon, Guinée équatoriale, bre de l’Union européenne. aiguisant sa lutte avec Belgrade mente d’autant les chances des Tchad). La moitié des échanges de A tous ces jeunes Etats indépen- pour sortir de la Fédération – et banques de rassembler les brebis la zone franc se font avec l’Europe. dants, il est un acte d’allégeance d’intérêt comptable dans un pays égarées. A moins que celles-ci, défi- NOVEMBRE 2001 Les entreprises concernées se trou- que les patriotes de toutes sortes que les contrebandiers ont, depuis nitivement réticentes, ne se tour- vent de fait intégrées dans « une rechignent à faire : celui du porte- longtemps, ouvert au commerce nent vers d’autres valeurs refuges zone de stabilité euro-africaine », feuille. Kuna croate, denar macé- international. Au Monténégro, « parallèles »… telles que le dollar souligne-t-on à la BCEAO. donien, dinar yougoslave d’une fé- donc, la monnaie nationale est le ou le franc suisse. dération-croupion (Serbie et Mon- mark. Tout comme au Kosovo. Terrorisme, anthrax, islamisme Brigitte Breuillac ténégro) ou autre mark converti- Dans cette province théorique- Christophe Châtelot Billets, carte bancaire ou chéquier : comment payer à partir de janvier ? LES DOSSIERS er er A PARTIR du 1 janvier 2002, un la moitié des chèques émis dans la ses « Cézanne », il trouvera bien à concernés après le 1 janvier. Les consommateur français pourra se zone euro ? Ils sont généralement les échanger contre des euros dans périodes transitoires (de double promener presque partout en refusés au-delà des frontières, ou les banques locales, moyennant circulation) ont des durées variées DE LA GUERRE Europe et régler ses achats dans bien acceptés avec des frais consi- une commission variable. selon les Etats, jusqu’à la date fi- une seule et même monnaie. Il dérables pour la raison suivante : il nale du 28 février. n’aura plus n’existe pas de fichier européen LE « BIG BANG » ALLEMAND En Allemagne, le choix d’un besoin de pas- des interdits, donc pas de garantie Il peut aussi acheter en France « big bang » a été fait et le mark f et aussi ser par un de paiement. Il est d’ailleurs indi- des travellers-chèques libellés en aura complètement disparu au pro- bureau de qué en tout petit, sur les chèques euros, en payant en liquide ou par fit de l’euro dès le 1er janvier. Aux change avant français en euros, qu’ils sont chèque. Heureusement que, sim- Pays-Bas, euros et florins cohabi- d’acheter une « payables en France ». ple touriste, notre Français ne se teront jusqu’au 28 janvier ; en Ir- L’Afghanistan : les rivalités place pour un Puisque le consommateur ne trouvera normalement pas en posi- lande, la livre continuera à circuler concert à pourra pas faire de chèque dans les tion de devoir faire un virement. jusqu’au 9 février. Partout ailleurs, tribales, histoire et civilisation, L’EURO SANS PEINE Bruxelles, autres pays de l’Euroland, au Du moins s’il ne doit pas faire face les monnaies nationales perdront d’aller voir le Musée de Van Gogh moins pourra-t-il utiliser sa carte à des règlements impromptus, com- leur cours légal le 28 février. Il fau- un patrimoine culturel meurtri ou la maison de Rembrandt à Ams- de paiement. Encore faut-il qu’il ait me le règlement de frais médi- dra ensuite s’adresser directement terdam ou encore manger quel- vérifié au départ qu’il s’agit bien caux… Car ces virements d’un pays aux instituts bancaires ou aux ques tortillas à Madrid. S’il ne pos- d’une carte internationale. à l’autre sont pour l’instant coû- banques centrales pour se défaire par la guerre sède aucun billet d’euro, il pourra, Il ne faut pas oublier non plus teux (15 euros, soit 100 francs au des anciens billets. pense-t-il, toujours utiliser ses chè- que si les retraits d’espèces sont minimum), faute d’un système Si l’on n’a pas l’occasion de voya- ques ou sa carte bancaire, à condi- gratuits en France, cela n’est pas le européen de compensation entre ger début 2002, il faut bien garder tion qu’ils soient libellés en euros cas ailleurs, par exemple en Allema- banques déjà opérationnel. en tête de changer toutes ses devi- Concorde, naissance (les chéquiers en francs n’auront gne, où le distributeur de la ban- Par ailleurs, dans les premières ses étrangères dans les banques plus cours dès janvier 2002). que prélève 1 % de la somme dési- semaines de 2002, les visites à françaises, avant la fin de l’année, Pas de problème, se dira-t-il, rée. Alors, quel choix s’offre à celui l’étranger risquent de se révéler dé- si l’on ne veut pas être contraint de et renaissance puisqu’il a reçu il y a quelque qui n’a qu’une carte bancaire natio- concertantes pour notre consom- se rendre à la Banque de France temps un chéquier en euros. Mais nale, ou bien pas de carte du tout, mateur français : ainsi, s’il lui reste puis dans les capitales étrangères, a-t-il songé que les chèques sont ou qui s’adresse à un commerçant en poche des monnaies européen- dans les mois suivants. o 162 pages - N 12 - 20 F (3,05 e) considérés comme une « manie » qui refuse tout type de carte ? S’il nes, il n’est pas certain qu’il puisse française, l’Hexagone produisant se présente avec ses « Eiffel », ou encore les utiliser dans les pays Françoise Lazare INTERNATIONAL LE MONDE / EURO / III

L'Euro dans le monde L'Union européenne SUÈDE DANEMARK • Deuxième pôle de demain monétaire mondial, ROYAUME-UNI EX-YOUGOSLAVIE l'euro va bien au-delà 1-Slovénie 2-Croatie FINLANDE de l'Union européenne 3-Bosnie-Herzégovine 4-Macédoine ROYAUME-UNI en incluant dans sa Saint-Pierre- 5-Serbie SUÈDE zone d'influence et-Miquelon Monaco 6-Monténégro ESTONIE

l'Europe centrale et Saint-Marin LETTONIE Andorre orientale ainsi que Vatican DANEMARK l'Afrique de l'Ouest et IRLANDE LITUANIE l'Afrique centrale. PAYS-BAS ALLEMAGNE POLOGNE BELGIQUE R. TCHÈQUE LUX. SLOVAQUIE PORTUGAL AUTRICHE CAP-VERT FRANCE Guadeloupe MALI HONGRIE ROUMANIE NIGER SLOVÉNIE Martinique BULGARIE SÉNÉGAL TCHAD BURKINA ESPAGNE ITALIE GUINÉE-BISSAU RÉP. CENTRAFRICAINE TURQUIE BÉNIN Guyane française CÔTE D'IVOIRE CAMEROUN GRÈCE TOGO GUINÉE ÉQUATORIALE CONGO MALTE CHYPRE GABON ZONE EURO ZONE FRANC UNION EUROPÉENNE (15 pays) Pays de la zone euro Départements d'outre-mer et collectivités territoriales Etats indépendants où l'euro circulera dans les mêmes COMORES PAYS CANDIDATS À L'ADHÉSION (13 pays) et principautés inclus conditions qu'en métropole dans la zone euro EN NÉGOCIATION (première vague de l'élargissement) Pays ayant l'euro comme Pays des Balkans Mayotte Pays utilisant le franc CFA EN NÉGOCIATION (seconde vague de l'élargissement) monnaie de référence lequel bénéficie d'une parité utilisant le deutschemark fixe par rapport à l'euro et « promis » à la zone Pays de l'Union européenne Réunion EN ATTENTE figurant en dehors de la zone euro (1 euro = 655,957 francs CFA) euro Les Quinze ont créé un embryon de gouvernement économique BRUXELLES ment économique s’est réuni pour la de notre bureau européen première fois en juin 1998. Trois ans après la naissance de Progressivement, l’Eurogroupe, l’euro, l’Europe n’a pas mis en place même s’il ne décide officiellement de véritable gouvernement économi- de rien, rogne sur les compétences que. Dès la négociation du traité de de l’Ecofin, qui réunit formellement Maastricht, les Français pensaient les ministres des finances des Quin- qu’en face de la Banque centrale ze et se révèle lourd à gérer. Depuis européenne (BCE), chargée de gérer le second semestre 2000, ses réu- la monnaie, il convenait d’instaurer nions ont lieu la veille de l’Ecofin, et un pôle économique fort. Les Alle- non plus le même jour, pour permet- mands n’en ont pas voulu, soucieux tre de se parler, elles ont un ordre du de garantir l’indépendance de la jour et font l’objet d’une conférence BCE. de presse, rappelle Lluis Navarro La création d’une union moné- dans une étude de Notre Europe, taire sans union politique a cepen- l’association de Jacques Delors. dant rendu nécessaire de prendre En pratique, la coordination éco- des précautions, pour que les pays nomique reste molle. Les Quinze se laxistes n’encaissent pas les efforts sont montrés fermes en février 2001 des pays vertueux : avec un budget quand ils ont fait des remontrances fédéral plafonné à 1,27 % du produit à l’Irlande, champion de la croissan- intérieur brut (PIB), l’Europe moné- ce en Europe, pour son inflation ex- taire n’est pas celle de la solidarité cessive, qui a atteint 5,6 % en 2000. budgétaire et des transferts sociaux ; Mais le ministre irlandais des finan- chacun doit gérer rigoureusement ces a vivement contesté l’analyse de ses finances, pour ne pas porter at- ses pairs, et la Commission a fini par teinte à la monnaie partagée. Ainsi lever ses reproches en octobre 2001, sont nés les fameux critères de Maas- le ralentissement économique ayant tricht, exigeant des candidats qu’ils largement résolu le problème. Cette affaire a surtout montré que les Quinze disposaient de peu de Même s’il ne décide moyens coercitifs, même en s’atta- quant à un petit Etat. officiellement de rien, En période de croisière, les Euro- péens se sont mal ou peu coordon- l’Eurogroupe rogne nés. Dès qu’ils ont eu un peu de mou, grâce à la forte croissance de progressivement l’an 2000, ils ont baissé leurs impôts, mais ont agi en ordre dispersé. Lio- sur les compétences nel Jospin a agi notamment en con- trecoup de la réforme du chancelier de l’Ecofin allemand, Gerhard Schröder, qui rendait la pression fiscale française intenable. Ces baisses d’impôts se fassent converger leurs taux d’infla- sont accompagnées d’un relâche- tion et d’intérêt, qu’ils aient un en- ment des efforts de consolidation et dettement et des déficits publics con- ont montré que le pacte de stabilité tenus respectivement à 60 % et 3 % était inopérant pour forcer les gou- du PIB, et qu’ils restent dans le systè- vernements à profiter de la croissan- me monétaire européen. ce pour atteindre l’équilibre budgé- Ces critères, longtemps perçus en taire, au grand dam de la Commis- France comme trop stricts, n’ont pas sion et de la BCE. été abandonnés mais renforcés Résultat, lorsque le ralentisse- lorsque l’euro est devenu réalité. Le ment économique est apparu début pacte de croissance et de stabilité, 2001, la France, notamment, aurait adopté au sommet d’Amsterdam en tiré la sonnette d’alarme, mais ses 1997, reprend les exigences de Maas- partenaires ainsi que la Commission tricht, prévoit une amende pouvant et la BCE ne l’ont guère écoutée : les atteindre 0,5 % du PIB pour les pays deux autorités européennes rumi- qui dépasseraient la barre des 3 % de naient leur mécontentement de voir déficits publics et demande aux que les trois grands pays – France, Al- Etats membres d’avoir à moyen ter- lemagne, Italie – n’avaient pas de me un budget « proche de l’équilibre budget à l’équilibre et insistaient, ou excédentaire ». non sans raison, sur les efforts qui Le gouvernement Jospin, fraîche- restaient à accomplir. Résultat, les ment élu, a dû accepter ces contrain- Quinze n’ont pas eu dès le prin- tes, mais son ministre des finances, temps de réponse commune, à la Dominique Strauss-Kahn, à l’autom- recherche d’un optimal pour la zone ne 1997, a convaincu les Allemands, euro, face au ralentissement. Les puis les Quinze de créer une instan- plus optimistes font toutefois remar- ce réunissant les ministres des finan- quer que les Quinze n’ont pas pris ces de la zone euro, aujourd’hui d’initiatives tous azimuts et que leur baptisée « Eurogroupe ». Il a fallu réaction est incomparable à la dé- accepter que cette instance ne soit bandade qui avait prévalu au début qu’informelle, pour ne pas froisser des années 1990. les Allemands, et l’embryon de ce qui pourrait devenir un gouverne- Arnaud Leparmentier IV / EURO / LE MONDE INTERNATIONAL Depuis 1999, l’euro a perdu un quart Le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark de sa valeur par rapport au dollar EURO CONTRE DOLLAR EURO CONTRE YEN restent réfractaires à la devise européenne 1,20 0,8821 107,92 le 15 nov. 130 le 15 nov.

Membres de l’Union, ces trois pays se contentent pour le moment d’une vaste zone de libre-échange 1,10 120 Alors que le Danemark, qui a refusé d’adhérer à évoluer en faveur de la monnaie unique. En Gran- courant de la majorité, est partisan de la mon- la zone euro en 1992, maintient sa position, l’opi- de-Bretagne, boutée hors du système monétaire naie unique. Il s’est engagé à organiser un réfé- 110 nion suédoise, qui a dit « non » en 1997, semble en 1992, le premier ministre Tony Blair, à contre- rendum au cours de la législature, avant 2006. 1,00 100 BRUXELLES Cela n’empêche pas le premier mi- gé à consulter les électeurs par réfé- Le sujet reste très politique, alors de notre bureau européen nistre britannique, Tony Blair, de se rendum au cours de la législature – que l’Angleterre avait été humiliée 0,90 S’ils n’y sont pas, ce n’est pas déclarer partisan de la monnaie uni- donc avant 2006 –, si ces critères bri- lorsque la livre avait été boutée 90 parce qu’ils ne le peuvent pas, mais que. Pour y entrer, il a ajouté en tanniques sont remplis. Leur in- hors du système monétaire euro- parce qu’ils ne le veulent pas. Ainsi, 1997 pour son pays une série de terprétation sera largement politi- péen en 1992. Optimiste, le ministre 0,80 80 Royaume-Uni, Danemark et Suède contraintes économiques à celles que, mais pas uniquement : la des affaires européennes, Peter 1999 2000 2001 1999 2000 2001 respectent à peu près les critères de exigées par les traités : la City ne décorrélation des cycles économi- Hain, a estimé, fin octobre, que Source : Bloomberg Maastricht, mais n’ont pas adopté doit pas souffrir de l’adoption de ques continentaux et britanniques a l’introduction des euros allait consti- l’euro en raison des réticences de l’euro, celui-ci doit être favorable à longtemps posé problème, la Gran- tuer un événement « plutôt sismi- leur population. Et le boom qu’ils que pour les Britanniques ». « Une Les faux-monnayeurs se préparent, ont connu à la fin des années fois qu’ils auront vu comme il est faci- 1990 ne les a pas incités à changer « Tout allait finalement bien avec la couronne » le d’aller de France en Allemagne, en une recette économique qui mar- Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique prévient Europol chait. La non-participation de la La cote de l’euro remonte petit à petit dans l’opinion scandinave. en utilisant la même monnaie, ils en Grande-Bretagne était acquise dès Les derniers sondages mettaient, en octobre, les partisans et les ad- verront les avantages. » En Scandi- LA HAYE. Plusieurs enquêtes sont en cours pour démanteler des ré- la négociation de Maastricht. Celle versaires de la monnaie unique à égalité, avec 44 % de soutiens cha- navie, la classe politique compte seaux de faux-monnayeurs professionnels qui se préparent à contre- du Danemark fut concédée lorsque cun. Un an plus tôt, les anti-euros avaient 25 points d’avance. « La Suè- aussi sur l’arrivée concrète de l’euro faire l’euro, a indiqué, vendredi 9 novembre, un responsable d’Euro- les électeurs danois ont failli rendre de s’est finalement résignée à entrer dans l’Union européenne à cause de pour convaincre les populations. pol, l’Office européen de police basé à La Haye (Pays-Bas). « Nous caduc le traité en votant contre en la crise des années 1990. Ensuite, la conjoncture s’étant nettement amélio- Le sujet de l’adhésion des pays avons des signes, provenant de pays extérieurs à l’Union européenne, se- 1992. Ils ont alors obtenu de ne pas rée, on se disait que tout allait finalement bien avec la couronne. Mais, d’Europe de l’Est, lui, n’est guère lon lesquels des professionnels se préparent à contrefaire l’euro », a décla- participer à la monnaie unique et maintenant que la nouvelle économie patine, on a davantage tendance à évoqué. Leur entrée à court terme ré le directeur adjoint d’Europol, Willy Bruggeman. Il n’a pas voulu ont confirmé leur souhait en sep- se raccrocher à l’euro », estime un économiste, et le premier ministre dans l’euro est peu probable, mê- préciser dans quels pays ces associations de faux-monnayeurs avaient tembre 2000. social-démocrate, Göran Persson, espère bien voir la Suède rejoindre me si elle est théoriquement dans été repérées. l’euro avant 2005. l’ordre des choses, le modèle sué- Europol a mis en place une cellule de crise destinée à informer tous « PLUTÔT SISMIQUE » Le Danemark, lui, qui s’est payé le luxe de dire « non » à l’euro en dois devant rester une exception. ses Etats membres des éventuels incidents. Concernant le blanchi- Le cas le plus litigieux est celui de septembre 2000, par référendum, n’a pas ce problème : l’économie na- Les nouveaux venus n’auront non ment, M. Bruggeman s’attend à un flux considérable d’argent noir du- la Suède, qui a décidé en 1997 de ne tionale se porte plutôt bien, et la catastrophe annoncée, en cas de re- plus pas d’autres critères à respec- rant la période de change. Certaines organisations criminelles voulant pas rejoindre l’euro alors qu’elle res- fus, n’a pas eu lieu. – (AFP.) ter que ceux de Maastricht. blanchir leur argent placent actuellement leurs liquidités en monnaies pectait les critères de Maastricht. Certains s’en inquiètent, à l’ima- européennes de la zone euro, en faisant le pari que les contrôles se- Officiellement, la stabilité monétai- ge de l’économiste allemand Horst ront rendus extrêmement difficiles par la masse considérable de volu- re n’était pas établie, mais cet argu- l’investissement à long terme en de-Bretagne étant en forte croissan- Siebert, directeur de l’Institut d’éco- mes échangés. – (AFP.) ment masquait mal le fait que les Grande-Bretagne ; il doit permettre ce quand le continent marchait labo- nomie internationale de Kiel (IfW), Suédois se sont octroyé une liberté d’améliorer la croissance, la stabilité rieusement vers l’euro. Mais les qui souhaite que ces pays aient DÉPÊCHES de ne pas adopter l’euro que les trai- et l’emploi ; enfin, les cycles écono- conjonctures se rapprochent et atteint un produit intérieur brut a ALLEMAGNE : des billets de banque et des pièces de monnaie tés ne lui accordent pas. Ces refus miques de la Grande-Bretagne et de l’écart de taux d’intérêts entre la par habitant avant d’entrer dans en euros ont fait leur apparition à Hambourg, moins de deux mois ont finalement consacré un début la zone euro doivent se rapprocher. banque d’Angleterre et la Banque l’Union. En clair, on ne pourrait avant la date officielle de leur mise en circulation, le 1er janvier 2002, a d’Europe à deux vitesses, entre Ces exigences doivent convaincre centrale européenne est passé de partager sa monnaie qu’avec des annoncé, vendredi 9 novembre, le chef de la brigade financière de la ceux qui veulent aller plus loin dans la population, qui reste selon un ré- 4 points en 1999 à 0,75 aujourd’hui. gens ayant des économies sembla- police criminelle locale, Manfred Quetzuweit. Interrogé par le quoti- l’intégration qu’implique l’euro – cent sondage hostile à 51 % à la S’y ajoute le problème de la suréva- bles. Officiellement, il n’en est pas dien Die Welt, le policier a expliqué que des billets et des pièces même si celle-ci est laborieuse – et monnaie unique (34 % y sont favora- luation de la livre, qui serait défavo- question. avaient été saisis dans une douzaine d’endroits différents. Ces euros ceux qui se satisferaient d’une vas- bles). Son approbation est rable à la Grande-Bretagne en cas pourraient provenir de stocks de grandes entreprises qui ont déjà été te zone de libre-échange. indispensable, M. Blair s’étant enga- d’entrée rapide dans l’euro. Arnaud Leparmentier livrées par leurs banques. – (AFP.) a SUISSE : la cohabitation entre le franc suisse et l’euro, qui a dé- buté il y a presque trois ans, est une expérience « positive », a déclaré, mercredi 7 novembre, Jean-Pierre Roth, président de la Banque natio- Les Etats doivent désormais accepter la monnaie unique pour adhérer à l’Union nale suisse (BNS). Il relève cependant que la part du franc suisse dans les obligations internationales a « légèrement diminué ». Le franc suis- FRANCFORT pendant une période de deux ans du système « convergence réelle » engagé depuis la chute se reste toutefois la cinquième monnaie de placement dans le monde, de notre correspondant monétaire européen bis, le dispositif qui enca- du rideau de fer. Le rapprochement avec les derrière le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling. – (AFP.) Principal chantier de l’Union européenne dre les fluctuations des monnaies nationales pays de la zone euro ne doit pas, dans leur a ITALIE : le gouvernement prévoit de mettre en place son centre (UE), l’élargissement aura un impact considéra- des pays de l’Union non membres de la zone esprit, se limiter au seul respect des critères de de renseignements par téléphone sur l’euro quelques jours avant le ble sur la zone euro : à terme, les nouveaux euro. Maastricht : il s’agit avant tout de se doter passage à la monnaie unique, en décembre, a annoncé, lundi 22 octo- pays membres devront en effet adhérer à la d’une économie de marché viable, capable de bre, le ministère de l’économie et des finances à Rome. Pendant trois monnaie unique. La Pologne, la République FORTES INFLATIONS supporter la concurrence interne. mois, les opérateurs de ce centre seront chargés de répondre à toutes tchèque, la Hongrie et l’ensemble des douze Les candidats à la monnaie unique devront « La convergence réelle peut contribuer à la sortes de questions sur la monnaie unique, en provenance aussi bien pays en négociation pour entrer dans l’UE ne aussi respecter les critères de convergence défi- cohésion économique au sein de l’union moné- de citoyens que d’entreprises et professionnels. – (Reuters.) pourront pas disposer de clause de non-adhé- nis par le traité de Maastricht ; ce seront exacte- taire et promouvoir l’intégration entre les Etats a IRLANDE : les organisations caritatives irlandaises ont lancé, sion à l’euro, telle que celle négociée par le ment les mêmes exigences que celles fixées aux membres », répétait Christian Noyer, vice-prési- lundi 22 octobre, une vaste campagne pour tenter de récupérer le plus Royaume-Uni. L’euro fait partie des acquis pays fondateurs. Défi numéro un : la lutte dent de la Banque centrale européenne, en grand nombre possible de pièces irlandaises avant le passage à l’euro. communautaires qu’ils sont dans l’obligation contre le dérapage des prix. Ces Etats enregis- novembre. L’objectif est de rassembler 5 millions de livres irlandaises (6,35 mil- de reprendre à leur compte, à condition d’être trent encore des taux d’inflation au-dessus des En cas d’élargissement en 2004, l’adhésion lions d’euros). Elles ont envoyé par la poste dans l’ensemble du pays prêts le moment venu. performances de la zone euro, de l’ordre de 6 % des nouveaux promus à l’euro pourrait donc plus d’un million de sacs destinés à recevoir la petite monnaie souvent Si l’adhésion des candidats peut se à 7 % en moyenne à la fin 2001. Et le contrôle prendre au minimum deux ans pour les conservée par les particuliers dans les tirelires, boîtes ou coupes. L’ini- concrétiser à partir de 2004, l’élargissement de la hausse des prix est jugé particulièrement meilleurs candidats. Davantage pour les autres. tiative a obtenu le soutien du gouvernement. – (AFP.) de la zone euro proprement dite va prendre difficile dans des pays en phase de rattrapage « Ces pays ne représentent que 6 % du produit davantage de temps. Les pays candidats ont sur le plan économique. intérieur brut de la zone euro, mais il faut être en général signalé leur intention d’aller au Surtout, les autorités européennes, et notam- rigoureux pour que tout se passe bien à long Les Britanniques priés de changer plus vite, mais les obstacles sont nombreux. ment la Banque centrale européenne (BCE), terme », dit un proche du dossier. En principe, avant d’accéder à la monnaie uni- montent au créneau pour que les économies que, les nouveaux promus doivent faire partie des pays candidats amplifient le mouvement de Philippe Ricard leurs devises avant janvier 2002 LONDRES. Le gouvernement de Tony Blair a lancé, vendredi 9 novem- bre, une campagne d’information destinée à rappeler aux Britanni- Une faiblesse chronique Le Japon observe l’émergence ques qu’ils doivent changer les devises étrangères de la zone euro en leur possession avant la fin janvier 2002, où elles n’auront légalement plus cours. qui inquiète les Américains de l’euro avec intérêt et prudence « Environ 40 milliards de voyages seront effectués par des Britanniques vers l’Europe l’année prochaine et ils utiliseront l’euro, qui sera en circula- NEW YORK lar. L’effondrement de la nouvelle TOKYO raître un deuxième pôle monétaire tion à partir du 1er janvier et nous expliquons cela dans notre campagne de notre correspondant économie, la baisse de la Bourse, la de notre correspondant offrant une chance de diversifica- d’information, a déclaré Peter Hain, le ministre des affaires européen- Après avoir regardé d’un œil remontée du chômage, la récession Quelque peu échaudés par les ava- tion ; ensuite, l’euro simplifie leur nes. Nous estimons qu’il y a l’équivalent de millions de livres sterling en condescendant et sceptique la diffi- ont rendu le niveau historiquement tars de l’euro après son lancement vision de l’espace européen, sur- devises étrangères rangées dans les tiroirs de gens qui se sont rendus en cile gestation de la monnaie euro- élevé du billet vert insupportable. et dubitatifs sur les capacités de la tout pour les industriels nippons Europe et il faudrait qu’ils changent ces devises le plus tôt possible, parce péenne, les financiers de Wall « La surévaluation du dollar détruit Banque centrale européenne, les Ja- qui ont investi en Europe ; enfin, que d’ici à la fin janvier, elles cesseront d’avoir cours officiel ». « L’euro Street se sont aperçus avec stupé- les capacités industrielles et la compé- ponais sont restés prudents : depuis son processus de mise en place sera un fait acquis et nous devons nous adapter à cette idée », a-t-il faction à l’été 1998 que l’euro allait titivité de ce pays », affirmait cet été deux ans, les avoirs en monnaie retient l’attention de Tokyo avec ajouté. – (AFP.) voir le jour. Une devise d’autant John Devine, vice-président et direc- européenne sont demeurés aux l’arrière-pensée qu’il pourrait ser- plus critiquée qu’elle était perçue teur financier de General Motors. alentours d’un tiers des porte- vir de modèle à une harmonisation soudain comme une menace pour feuilles en devises des gestionnaires puis à un accord de convergence la suprématie du dollar et celle de SYNDICATS CONTRE DOLLAR FORT de fonds, déçus par les performan- des politiques monétaires de la la place financière de New York. La National Association of Ma- ces de l’euro par rapport à son cours région débouchant, un jour, sur Les entreprises américaines, et nufacturers, représentant les grou- de départ. Pour l’instant, l’euro une monnaie unique asiatique. plus particulièrement les banques, pes industriels, demandait alors de n’est pas perçu au Japon comme un qui ne voulaient pas y croire se faire du « réalignement des parités véritable concurrent du dollar. PLUSIEURS DÉCENNIES sont pourtant décidées, souvent monétaires la priorité absolue ». Les difficultés de l’économie Pour l’instant, on en est encore en catastrophe, à investir les som- L’AFL-CIO, le plus puissant syndi- américaine et une Europe qui appa- loin. La coopération économique mes nécessaires pour se préparer, cat, et la première organisation raît plus en forme pourraient ce- en Asie progresse lentement et la le 4 janvier 1999, à la naissance de agricole, l’American Farm Bureau, pendant inciter les Japonais à envi- coopération en matière monétaire la monnaie unique. Et puis la mena- exigeaient l’abandon de la politi- sager de diversifier davantage leur encore plus. Elle reste une hypo- ce d’un euro fort, reflet d’une puis- que du dollar fort. portefeuille en acquérant plus thèse de long terme tant que les sance économique équivalente à Les économistes s’interrogent d’euros. Ce pourrait être notam- deux géants de la région, Chine et celle des Etats-Unis, a disparu. sans cesse sur les raisons de la fai- ment le cas des compagnies d’assu- Japon, n’auront pas décidé d’aller Passée la crainte initiale de voir blesse chronique de l’euro et sur rances. L’Etat japonais comme ses de l’avant. Une monnaie commune ébranlée la domination sans parta- son incapacité même dans les homologues dans la région sont pour l’Asie prendra sans doute ge du billet vert dans les échanges périodes favorables – quand l’éco- également restés prudents dans la plusieurs décennies avant de se internationaux, l’euro ne faisait plus nomie américaine ralentit – à s’ap- diversification de leurs réserves de réaliser. peur. Il suscitait des sourires entre précier durablement. Ils espèrent change qui sont les plus importan- Japonais et Français ont cepen- sa baisse continue, les gaffes de que ce phénomène disparaîtra tes du monde : additionnées, les dant proposé, en janvier à Kobe, Wim Duisenberg, le président de la avec l’apparition des billets et piè- réserves de la Chine, de Hongkong, un système de taux de change flexi- Banque centrale européenne (BCE), ces de la devise européenne. Elle du Japon, de Singapour et de ble qui incorporerait l’euro, le yen et la politique monétaire jugée « ar- pourrait ainsi revenir progressive- Taïwan se chiffrent à 800 milliards et le dollar dans un panier de mon- chaïque » de cette institution. ment vers des parités reflétant de dollars (920 milliards d’euros). naies afin d’éviter de prendre le Pourtant, depuis quelques mois, mieux sa valeur réelle autour de La monnaie européenne inté- dollar comme unique monnaie de l’euro inquiète à nouveau, à cause 1,10 dollar pour un euro. resse les Japonais pour plusieurs référence. de sa faiblesse cette fois et en contre- raisons : d’abord, ils ne sont pas 4 décembre 1999. partie de la trop grande force du dol- Eric Leser mécontents, à terme, de voir appa- Philippe Pons VI FRANCE EURO

EFFIGIES Comment faire de ont été passés en revue. On a fini par monnaie. L’historien Pierre Nora, français. b PATRICE CAHART, ancien de France aux Anglais, signifiait « li- l’euro, d’entrée, un lieu de mémoire ? dessiner des colonnes et des ponts, l’académicien Erik Orsenna et le psy- directeur des Monnaies et Médailles, bre ». b CÔTÉ PRATIQUE, l’hypothè- Comment conserver à la nouvelle raccourcis de l’histoire achitecturale chanalyste Ali Magoudi, entre autres, rappelle, dans un entretien au Mon- se des hommes politiques est qu’il ne monnaie son caractère d’identifica- commune aux pays de l’UE. b L’IDEN- font part de leur réflexion sur l’irrup- de, que le franc, frappé à l’origine faudra pas sortir sans sa calculette, tion nationale ? b DES SYMBOLES TITÉ française ne se réduit pas à sa tion de l’euro dans le patrimoine pour payer l’énorme rançon d’un roi au moins au début. L’identification entre monnaie et nation n’est plus d’actualité Comment les Français vont-ils parvenir à s’approprier l’euro ? Accessoirement, la nouvelle devise va-t-elle incarner l’idée européenne ? Des historiens, des sociologues et des hommes politiques apportent des éléments de réflexion

EN 1996, Pierre Nora fut convo- ce public en forme de terrain va- le ? Il lui manque une histoire, dit qué avec quelques autres par Jean- gue. Une image « antipathique » Pierre Nora. Il lui manque le bon Claude Trichet, gouverneur de la de la citoyenneté européenne. sens, note l’historien et écono- Banque de France. Pour penser le Abandonner le franc, disent-ils, miste Nicolas Baverez. « On fait les graphisme de la nouvelle monnaie est une façon de détruire un instru- choses à l’envers. Créer une mon- européenne, l’historien des lieux ment d’identification de la société. naie avant les institutions politiques de mémoire devait être l’un des Mais est-ce donc si important que qui permettent de la diriger, c’est hommes de la situation. Car il ça, la monnaie ? Anthropologue, une première. Je ne dis pas que c’est s’agissait bien de cela : construire, « antimaastrichtien déchaîné », perdu ou gagné, mais, une fois de but en blanc, une mémoire na- selon ses termes, Emmanuel Todd l’euro en place, soit on accueille vite tionale. Faire de l’euro un lieu de avoue avoir changé d’avis, aujour- la construction européenne, soit mémoire, sachant que le fait de ne d’hui optimiste sur la force de on rate tout. » plus battre monnaie va mettre fin l’identité nationale où il voit une à cet attribut essentiel de la souve- menace pour l’euro plutôt que le raineté de l’Etat ; que la monnaie contraire. « Je m’étais trompé. On a « Il y a tellement n’est pas seulement un objet éco- surestimé le lien entre monnaie et nomique mais un signe familier, nation. Il y a tellement de choses de choses une chose palpable, une manière plus importantes : la langue, les de se reconnaître chez soi. De ces mœurs, la Sécu. Il ne faut pas pren- plus importantes : quelques réunions au terme des- dre l’argent trop au sérieux. » quelles la France, comme les com- L’un des garants officiels de la la langue, missions d’autres pays européens, langue, l’académicien – et écono- était censée apporter ses proposi- miste – Erik Orsenna, est bien les mœurs, la Sécu. tions, on rentra plus ou moins placé pour le savoir. Le franc, dit- bredouille, confie Pierre Nora. il, était devenu une identité illu- Il ne faut pas La difficulté à trouver un soire, une nostalgie. Un faux consensus révèle à elle seule les sincarnés. Une chose virtuelle, de tricht. On parle d’“Euroland”,de avec les effigies de chaque pays symbole de gloire qui a subi des prendre l’argent problèmes posés par l’euro en ter- nulle part, moins « parlante » que “zone euro”,d’“espace euro- (l’arbre de la Liberté, la semeuse et dévaluations successives. Battre mes d’identification nationale. les billets de Monopoly. « Au-delà péen”, mais pas d’Europe. Déjà le Marianne pour la France, le roi monnaie ne veut plus dire grand- trop au sérieux » Comment s’approprier une mon- du sourire, ça m’a troublé, dit Pierre langage n’arrive pas à nommer la Juan Carlos pour l’Espagne, etc.), chose depuis longtemps. Même naie commune à tous les pays Nora. On n’arrivait pas à s’entendre chose. Alors, le reste, vous ima- elles font bien rire Ali Magoudi. physiquement : on fait des vire- Emmanuel Todd d’Europe sans heurter les particula- sur ce qui allait être le premier objet ginez… » On paiera sa baguette avec des piè- ments, on paie en cartes de crédit. rismes nationaux ? Pour illustrer européen : l’argent, qui est à la fois Le graphisme choisi pour les ces hollandaises qui portent la de- « Le franc était un lieu de mémoire, les billets, on chercha d’abord du collectif et pour soi, qui touche à la futurs billets n’arrange rien. Une vise : « Que Dieu soit avec toi. » mais l’euro ne m’émeut pas. Ce ne Que manque-t-il encore à côté des grands hommes. Mais question de l’identité française. » conception « purement technocra- « Quand la pièce tombera entre les sera jamais un mythe européen. l’euro ? L’Europe, répond Jean- Homère fut jugé trop grec, Goethe L’idée d’une appropriation natio- tique », note Bernard Cassen, mains de Chevènement, le vieux laï- C’est seulement pratique. » Louis Bourlanges, député (UDF) trop allemand, Hugo trop français. nale de l’euro laisse songeur le psy- professeur émérite à l’Institut card va faire une syncope. » Emmanuel Todd, lui, voit le bon au Parlement européen. « L’euro Jean Monnet fit faire la moue. chanalyste Ali Magoudi, coauteur d’études européennes (Paris-VIII) « N’exagérons rien, nuance l’écri- côté des choses : « J’étais contre le ne peut pas faire plus que ce qu’on On passa aux paysages. Les fleu- avec Jérôme Monod de Manifeste et directeur général du Monde di- vain souverainiste Paul-Marie Cou- franc fort, cette monnaie castratrice lui demande. Or l’Europe qui se fait ves européens, le Rhin, le Danu- pour une Europe souveraine. «La plomatique : « Ces billets, on dirait teaux. La langue est un socle identi- martyrisant l’économie française et est sans réalité politique. Les re- be ? Mais les Espagnols pourraient chose est problématique, note-t-il des halls de gare, des portes ouver- taire plus puissant que l’euro. » Ce condamnant les jeunes au chô- lations franco-allemandes n’ont ja- trouver à redire. On en vint à l’ar- sans se poser pourtant en adver- tes, des endroits pour courants qui l’inquiète : plus rien n’identifie mage. Maintenant que l’euro est mais été aussi vides : on ne sait pas chitecture. Le Parthénon, tout de saire de l’euro. Vous avez remarqué d’air. Avec Richelieu, vous savez où les Français. « La langue à l’aban- faible, il n’y a plus besoin de s’éner- qui va faire partie du club, l’identité même, c’est à tout le monde ! Veni- que cet espace géopolitique auquel vous êtes. Là, on n’est nulle part, on don, l’armée idem, la Sécu en piteux ver. En gros, c’est un machin qui a européenne se fait attendre. Le verti- se aussi ! Mais rien n’allait. La se réfère la “zone euro” n’a pas de passe. Comme si l’Europe était en état, l’Histoire, c’est fini, on n’en échappé à ses créateurs. Contraire- ge, ce n’est pas la disparition du conclusion fut, sur nos futurs nom ? Le mot “Europe” n’existe offi- lévitation par rapport aux cultures retient que les pages sombres… La ment à Frankenstein, il est plutôt franc, mais l’indétermination de ce billets, ces tronçons de colonnes ciellement que comme adjectif. On nationales. » disparition du franc est en relation plus beau que prévu. » qui prend sa place. » doriques ou ioniennes, ces bouts ne le voit pas une seule fois dans les Quant aux pièces de monnaie avec tous ces éléments-là. » Que manque-t-il à l’euro pour de croisées d’ogives abstraits et dé- 80 000 pages du traité de Maas- qui auront une face « nationale » Un sentiment de malaise. L’espa- faire partie de l’identité nationa- Marion Van Renterghem Trois repères identitaires Patrice Cahart, ancien directeur des Monnaies et Médailles b Marianne fait de la résistance. On n’en finit plus d’annoncer « Le franc a connu beaucoup de malheurs, beaucoup d’érosion » sa mort prochaine, mais c’est toujours dans l’épreuve « Vous avez écrit de nombreux ce que Bonaparte a adopté cette » Enfin, le conservatisme des ap- “écu” celui d’euro. L’appellation que Marianne se réveille. Née ouvrages d’histoire et de fiction dénomination, pour remplacer la pellations est étonnant. La qualité “euro” est plus abstraite. au sein des Lumières provençales, sous le pseudonyme de Nicolas livre d’ancien régime – tout en lui essentielle d’une monnaie est d’ins- – Y a-t-il des conséquences qui cette figure de liberté, promue Saudray. Parallèlement, vous conservant la même valeur. C’est pirer confiance. Pour cela, on découlent de ce choix ? emblème national, ne devait avez été directeur des Monnaies donc bien une longue page de no- s’abrite toujours derrière de – Je le crois. L’inconvénient de pas résister, disait-on, au grand et Médailles entre 1987 et 1991. tre Histoire qui est tournée. Et nos vieilles dénominations. Les Britan- prendre une dénomination com- processus de « démariannisation » Que vous inspire la disparition amis et partenaires européens niques ont la livre. Or, qu’est-ce plètement nouvelle, c’est que cela européen. Mais c’était sans annoncée du franc ? peuvent en dire autant. Ainsi, que la livre si ce n’est une unité de n’inspire pas complètement con- compter sur son esprit frondeur. – Je ne peux pas dire que j’éprou- pour les Allemands, le passage est poids romaine qui est devenue mo- fiance. Le problème se pose assez Avec l’euro, Marianne poursuivra ve une déception sentimentale à plus difficile que pour nous. Pour nétaire à l’époque de Charlema- peu à l’intérieur même de la zone son épopée : timbres ou pièces de voir le franc disparaître. Cette des raisons qui ont partie liée avec gne ? Les Italiens ont la lire, qui est euro mais dans les pays lointains. monnaie, c’est encore et toujours monnaie a connu beaucoup de la psychanalyse d’abord. Ne dit- également la livre. Quant au mark, L’euro ne dit pas grand-chose aux dans le maniement familier malheurs, beaucoup d’érosion. Le PATRICE CAHART on pas en allemand “la mark” (die c’était tout simplement une demi- habitants des pays du Golfe, de qu’elle préservera à la France, franc est une très vieille monnaie Mark) et “le euro” (der Euro). livre d’argent fin, et derechef une Hongkong ou de Singapour qui au moins provisoirement, qui ne remonte pas à Napoléon, nier des Anglais après la bataille Non seulement ils doivent assu- référence à Charlemagne. De ce continuent de placer leur monnaie sa face républicaine. comme on le croit souvent, mais à de Poitiers (1356). “Franc”, cela mer un changement de sexe, mais point de vue, je regrette, à titre sen- en dollars : d’où les débuts déce- b Vers un « euro symbolique ». Jean II Le Bon (1319-1364). Elle veut dire “libre”, comme dans renoncer à un symbole, le mark, timental, que nos partenaires, prin- vants de la monnaie européenne Réclamer un « franc symbolique » avait été frappée pour payer l’énor- “franc-tireur” ou “affranchir”. dont le retour en 1948 aurait cipalement les Anglais et les Alle- sur les marchés internationaux. devant la justice, c’était d’abord me rançon du roi, tombé prison- » C’est à cause de cette résonan- “sauvé” l’Allemagne ! mands, aient préféré au vocable » Il s’agit pourtant d’un phéno- affirmer que les principes ne se mène transitoire. Un jour ces pays monnayent pas : on entendait s’apercevront que l’euro est soli- seulement faire reconnaître de, que les Etats-Unis ont un endet- une responsabilité, stigmatiser Les députés font toute confiance… à leur calculette tement extérieur considérable, ce un comportement. Quand qui n’est pas le cas de l’Europe. Né- les droits de l’homme sont en jeu, DANS son portefeuille, le dépu- feuille dans la poche, muni du pré- si je ne gardais pas des francs. » Du puté UDF. Chez les Verts, si l’on cessairement, l’euro deviendra par exemple, on ne demande pas té socialiste Eric Besson garde un cieux sésame. côté des europhiles, le passage à en croit la vice-présidente de l’As- donc une monnaie de réserve qui une somme d’argent, bien précieux : un convertisseur en La calculette, Maxime Gremetz, la pratique est lui aussi délicat. semblée nationale, Marie-Hélène pourra faire jeu égal avec la devise et c’est ici que le passage à l’euro euros, dernier cri, de la taille d’une lui non plus, ne la quitte jamais. Hervé Morin (UDF), un proche de Aubert (Verts, Eure-et-Loir), on américaine. Je dois dire, à ce pro- revêt une portée vraiment carte bancaire. Un cadeau d’un « Pour traduire le budget de l’Etat François Bayrou, président de peut être partisan de l’Europe des pos, que je déplore du coup l’habi- « symbolique » : la loi nationale ami au PS, en francs ! Je me rends mieux comp- l’UDF et député européen, est très régions et ne pas s’emballer pour tude prise à la radio de prononcer continuera à s’appliquer, mais à François Reb- te de l’importance des choses », re- motivé. Mais quand, avoue le dé- la nouvelle monnaie. Oui, elle a cent à l’américaine. Je crois qu’il travers un symbole transfrontalier samen, secré- connaît le député communiste. Cet- puté de l’Eure, « l’autre jour, j’ai re- « déjà signé » des chèques en faut dire “centime”, ce qui est du qui la dépasse, dans une Europe taire national te année, pour la première fois, les çu un chéquier en euros, j’ai tout de euros. Oui, ses électeurs « en par- reste admis par un texte officiel, dont l’esprit et la lettre visent aux fédéra- parlementaires ont examiné un suite appelé mon banquier. Je lui ai lent » et leurs questions en disent pour l’usage courant. justement, depuis l’origine, à tions : «On budget exprimé uniquement en dit : “Tu vas m’envoyer des chèques long sur le manque d’informa- – Vous travaillez depuis plu- protéger les droits fondamentaux. sait jamais, ça euros. Elu de la Somme, où le en francs. Pas question d’utiliser les tion : « Si je vais en Allemagne, est- sieurs années à une Histoire de b Le « Jeu des mille euros ». peut toujours « non » à Maastricht a été le plus autres avant le 31 décembre ! Il a ce que ce sont les mêmes euros ? », la civilisation. Pensez-vous que Diffusé en public sur France-Inter, L’EURO SANS PEINE te servir ! », fort (58,93 %) lors du référendum rigolé”. » lui a-t-on demandé. l’arrivée de l’euro correspond à tous les jours à la même heure, lui a-t-il dit en lui offrant cet objet. de 1992, M. Gremetz est un farou- « On est obligés de s’y mettre : les une mutation fondamentale le « Jeu des mille francs » M. Besson ne demandait pas che opposant à l’arrivée de la nou- MANQUE D’INFORMATION contrats de travail des collabora- dont les Européens n’auront a accompagné l’histoire mieux. Maire de Donzère, une peti- velle monnaie, dont il a demandé Cela n’a pas empêché M. Morin teurs parlementaires et les bulletins conscience qu’une fois la chose des finances françaises te commune de plus de 4 000 habi- « le report ». « Alors, vous pensez, d’organiser, en janvier 2001, une de salaire sont désormais présentés faite ? depuis quarante-quatre ans. tants, il a organisé des réunions les gens m’en parlent beaucoup. Ils opération avec des commerçants en euros », note la députée. Pas – C’est un important change- « Jeu des cent mille francs », d’information sur l’euro « pour les me disent : “Qu’est-ce que c’est que de son canton de Cormeilles – où plus tard que le 14 novembre, elle ment d’habitude. Qu’il y ait “saut au début, puis « Jeu des mille personnes âgées ». En général, il ce bazar ?” Je leur réponds : l’on a voté à 65 % contre Maas- a réglé sa note d’hôtel – la résiden- de civilisation”, c’est plutôt vrai francs », il s’appelle désormais fait une courte « introduction » “Prenez un convertisseur, comme tricht – et le Crédit agricole : les ce Saint-Dominique, à deux pas de pour l’Allemagne. Le franc de le « Jeu des mille euros », puis il laisse s’exprimer les « euro- ça, vous ne vous ferez pas arna- clients d’une vingtaine de commer- l’Assemblée, accueille les élus de l’Union latine créé par Napo- de façon à ce que soit préservée formateurs ». Or ces derniers dé- quer !” » ces se sont entraînés en réglant province – en euros. Pour conver- léon III au XIXe siècle, auquel fu- la familiarité avec conseillent fortement l’utilisation Comme eux, le conseiller muni- leurs achats avec des pièces en tir les sommes, elle explique qu’el- rent associés le franc suisse et le le sacro-saint jeu « des mille », d’un convertisseur en euros ! «Il cipal d’Amiens est « attaché au plastique et des billets spécimens le garde quelque chose « d’extrê- franc belge, n’a en revanche laissé et à ce que les techniciens faut se jeter à l’eau, ne pas se cram- franc ». « Evidemment », il va con- de la monnaie européenne. Succès mement précieux » dans son sac. aux Français qu’un souvenir un de la radio puissent continuer ponner à la calculette », expliquait, server un exemplaire de chaque garanti, les caméras de télévision Pas difficile de deviner de quoi il peu pâle. » d’inscrire sur leur matériel lors d’une séance, l’un des interve- pièce blanche et jaune. « J’adore se sont bousculées. Quant à sa cal- s’agit… un simple… « Jeu d’Emile ». nants. En l’écoutant, M. Besson les pièces, j’en ramène de partout, culette : « Je l’ai léguée à mon épou- Propos recueillis par souriait tranquillement, son porte- de l’étranger. Ce serait malheureux se, pour ses achats », explique le dé- Clarisse Fabre Nicolas Weill FRANCE LE MONDE / EURO / VII

Les smicards gagneront 890,98 euros net par mois Les formations express et les RMistes 397,66 euros au 1er janvier 2002 d’un banquier à la retraite Les grands syndicats n’avancent pas pour l’instant de revendications spécifiques en Midi-Pyrénées Les pouvoirs publics n’ont toujours pas communi- devraient toucher 890,98 euros net par mois. doute que le passage à la monnaie unique, en qué le montant en euros du smic, du RMI ou des Pour l’instant, les principales confédérations syn- favorisant des comparaisons entre les Etats mem- allocations familiales. Au 1er janvier, les smicards dicales restent prudentes. Le gouvernement re- bres, ne relance les revendications salariales. Luis Rofé est un militant convaincu de l’Europe

A COMBIEN s’élève le smic en On comprend mieux le peu d’em- gérer son budget en euros », souli- des employés de banque ou des TOULOUSE tricht, rappelle la crise monétaire euros ? Une consultation chez un pressement mis par les pouvoirs gne René Linsolas, inspecteur convoyeurs de fonds. En dehors de de notre correspondant de 1971, lorsque les Américains dé- médecin généraliste ? Une alloca- publics à communiquer sur le général des affaires sociales, char- la CFDT, qui se déclare « favora- Luis Rofé, soixante ans, est à la crètent que le dollar ne sera plus tion de type minimum-vieillesse ? sujet. D’autant qu’il existe aujour- gé de coordonner le dossier euro ble » à l’euro, les sites Internet de retraite depuis le 1er août. Mais tou- convertible en or ; il retrace l’his- Sur tous ces points, l’information d’hui, du fait du passage aux au ministère de l’emploi. ces centrales sont vierges d’in- jours actif. Cet ancien directeur de toire de l’écu, qui explique ce taux est maigrelette, les simulations plu- 35 heures, cinq niveaux de smic Le gouvernement redoute par- formations. si précis de l’euro : 6,55957 francs. tôt rares. Les pouvoirs publics ont différents ! En outre, ce qui est dessus tout que le passage à l’euro, « Evidemment, tout le monde a le PORTRAIT Après ce petit cours magistral, il pourtant, dès 1996, commencé à valable pour les prestations socia- qui favorise les comparaisons en- dossier euro en tête, mais il a été diffuse une cassette vidéo présen- travailler sur les répercussions de les calculées au centime près ne tre les Etats membres, ne relance impossible d’aborder la question Chaque session tant les principales interrogations la monnaie européenne dans le l’est pas forcément quand il s’agit les revendications salariales. C’est des revalorisations dans les réunions est pour lui l’occasion de la population française dans un domaine social en y associant les des plafonds de la Sécurité sociale. sur ce thème que les organisations avec les pouvoirs publics. On nous a de raconter l’histoire « micro-trottoir ». « Les gens se syndicats. Les organismes sociaux Pour ces derniers, comme pour les professionnelles de médecins gé- fait comprendre que ces rencontres de l’aventure européenne retrouvent dans cette cassette, ça ne sont pas en reste. Depuis le impôts, les décimales après la néralistes ont du reste lancé, le étaient uniquement techniques », les rassure de voir que d’autres se 1er octobre 2001, les rembourse- virgule sont abandonnées, l’arron- 15 novembre, une grève des gar- déclare Maryse Dumas, numéro posent les mêmes questions ments d’assurance-maladie se font di se faisant à l’euro le plus proche. des de nuit. La consultation étant deux de la CGT. « A l’approche des la communication et du marketing qu’eux », explique Luis Rofé. en euros. Les Urssaf, organismes C’est la règle qui s’appliquera élections, le gouvernement ne veut du Crédit mutuel à Toulouse va se Le banquier à la retraite utilise collecteurs des charges sociales pour toutes les prestations sitôt rien faire qui puisse déplaire au pa- rendre à la délégation régionale du parfois un ordinateur pour pro- des entreprises, ont, elles aussi, passée la date du 1er janvier 2002. « A l’approche tronat. Il a, en particulier, des yeux CNRS, derrière le campus de l’uni- jeter son exposé, à la manière des commencé à basculer. Les bulle- Selon Bercy, les écarts de conver- de Chimène pour les patrons de versité de Rangueil, pour former le séminaires professionnels. Il dis- tins de paie ont suivi. sion atteindront au maximum 7 %, des élections, PME, considérés comme d’impor- personnel au passage à l’euro, du pose aussi de diapositives et de Mais d’affichage sur le RMI ou mais au ministère de l’emploi et de tants relais dans l’opinion publi- 20 novembre au 13 décembre. transparents, mis au point par ses de tableau d’information sur les la solidarité, on assure qu’ils ne dé- le gouvernement que », ajoute-t-elle. « On espère Sur les 1 600 agents employés soins dans les années 1990. Luis allocations familiales, point. Tout passeront pas 0,5 % à 1 %. « Même que l’euro va dynamiser les revendi- par le CNRS en Midi-Pyrénées, Rofé revendique le statut de pion- juste sait-on que les règles de s’il s’agit de quelques centimes ne veut rien faire cations », soupire Michelle Biaggi 120 se sont inscrits à cette forma- nier de l’euro. Il se souvient avoir conversion et d’arrondis sont les d’euros, pour des personnes aux re- (FO), tout en reconnaissant, pour tion, prévue sur une demi-journée. organisé dès 1996, avec sa ban- mêmes que partout ailleurs. venus très modestes, cela compte », qui puisse déplaire l’heure, une certaine atonie en « Théoriquement, c’est un public cu- que, un « jeu de l’Europe » qui Exemple : de 7 388,68 francs, le proteste Michelle Biaggi, secré- raison des événements interna- rieux. Je vais peut-être davantage in- avait réuni 20 classes de collège au smic mensuel, en brut (169 heures taire confédérale FO. au patronat » tionaux. sister sur la construction de l’Europe parc des expositions de Toulouse. de travail), devrait passer à Le gouvernement a cherché à Les collectifs de chômeurs, dont et la politique monétaire », indique 1 126,397 euros. En appliquant préparer les esprits. A destination Maryse Dumas, CGT AC !, en revanche, se sont mobi- Luis Rofé qui multiplie ce type d’in- SANS CONVERTISSEUR l’arrondi, il atteint, en réalité, des populations dites fragiles – re- lisés, en réclamant, lors des terventions dans l’agglomération « Les enfants sont le meilleur vec- 1 126,40 euros. Suivant la même traités, chômeurs, allocataires de marches européennes contre le toulousaine depuis qu’il est à la re- teur de l’euro. Ils n’ont aucune logique, cela porte, en net, le smic minima sociaux –, des partena- de 115 francs, sa valeur en euros chômage, un revenu minimum traite. « La semaine dernière, j’étais crainte. Contrairement à ce qu’on a à 890,98 euros. Et c’est là que le riats ont été institués avec des équivaut à 17,53 euros. Un niveau égal à 50 % du PIB par habitant, ce à Fonsegrives devant un club du troi- pu dire, le troisième âge ne s’affole bât blesse. Pour plusieurs millions organismes de retraite ou la jugé « indécent », par les syn- qui le porterait, en France, à sième âge. La semaine prochaine, je pas davantage. Le public le moins de salariés, le salaire minimum Caisse des dépôts pour dépêcher, dicats, qui ont réclamé un autre 901 euros (5 910 francs). Présents serai à Balma », raconte l’ancien prêt, ce sont en fait les 40-60 ans », équivaut, en effet, à moins de deux sur le terrain, plusieurs milliers de « arrondi » : 20 euros, et jusqu’à en marge de tous les sommets euro- banquier, dont l’agenda reste bien estime l’euro-formateur de la coupures de 500 euros. Un RMiste « personnes relais », des volon- 30 euros pour la visite à domicile… péens, les tracts de ces collectifs rempli. Maison de l’Europe. Son seul célibataire, sans enfant, qui reçoit taires bénévoles, le plus souvent, Les grandes confédérations de sont explicites. « En euro, c’est com- Luis Rofé est un véritable mis- regret concerne la qualité des 2 608,50 F, percevra 397,66 euros issus des milieux associatifs. « Ces salariés sont restées, jusqu’ici, très bien ta misère ? », peut-on y lire. sionnaire de l’euro et un militant fausses pièces en plastique et des (349,94 avec l’abattement forfai- séances Tupperware doivent notam- prudentes sur la question, préfé- convaincu de l’Europe. Il est admi- billets en carton mis à sa dispo- taire logement). ment servir à expliquer comment rant se concentrer sur la situation Isabelle Mandraud nistrateur de la Maison de l’Euro- sition pour les exercices pratiques pe, une association qui sert de qui concluent ses interventions. vitrine à la Commission européen- Des fac-similés pas assez réalistes ne à Toulouse. Quel que soit le à ses yeux. A Marseille, balade chez les fatalistes, les inquiets et les perplexes public auquel il s’adresse, Luis La formation se termine généra- Rofé tient au préalable à retracer lement par la distribution de con- MARSEILLE « Le journal, c’est 0,76, le pain, à peu près 0,70. » ce que sont l’Europe et la zone euro. Puis sont l’histoire de l’Europe. vertisseurs, comme cela sera le cas de notre correspondant régional Une animatrice sort les euros en carton qu’on venues des questions simples sur le poids du por- « C’est indispensable pour com- au CNRS. Mais l’ancien banquier Au club Entraide de Saint-Mauront, dans le lui a fournis avec un kit de démonstration lors te-monnaie durant la période de transition où prendre que l’euro n’est pas tombé conseille de ne pas les utiliser en 2e arrondissement de Marseille, c’est un après-mi- d’une formation payée par le conseil général. On coexisteront francs et euros, sur la difficulté du ciel en un jour. Il ne faut pas faisant les courses, pour s’habi- di de loto calme : ils ne sont qu’une petite trentai- les manipule sans curiosité excessive, on parle d’utiliser une carte bancaire, sur la convertibilité prendre les gens pour des imbéciles, tuer à avoir le prix de certains pro- des spots télé qui racontent l’euro et on craint des euros en dinars algériens. nous devons leur expliquer que c’est duits de base comme le pain ou le REPORTAGE un peu que des commerçants ne profitent de la le fruit d’une longue maturation. » journal directement en euro. situation pour arrondir à leur profit. Mais on fait LE « JEU DE LA MARCHANDE » Dans son exposé, l’ancien ban- « C’est comme un voyage. Je dis aux On manipule les euros en carton confiance à ceux du quartier : « De toute façon, Plusieurs d’entre elles se sont dites « trop quier revient sur l’antique commu- gens qu’ils vont quitter le franc, et sans curiosité excessive c’est souvent les commerçants qui nous remplissent vieilles » et semblaient avoir renoncé : «Jene nauté du charbon et de l’acier, les qu’ils n’y reviendront jamais. » et on craint que des commerçants les chèques, ça ne changera pas grand-chose. » sais pas lire, je ne sais pas écrire, je ne vais rien différents traités européens, de ne profitent de la situation Ces retraités des postes, de Ricard ou des comprendre », a lancé l’une, qui espère que ses Rome à Nice en passant par Maas- Stéphane Thépot chemins de fer semblent étonnamment sereins. enfants l’aideront. L’animatrice lui a alors expli- Leur mécontentement est ailleurs : sur les prix qué que si elle savait comparer les prix en francs ne de retraités dans la salle proprette aux tables qui ont déjà augmenté. Honoré, responsable du – et elle disait savoir le faire —, elle saurait DÉPÊCHES de Formica. A l’une d’elles siège le seul homme club et scrupuleux comptable, vient de le consta- comparer en euros. Et puis est apparue une sour- a DATE : le ministre français de l’économie, Laurent Fabius, a indi- de la bande. Sous sa casquette grise, il hoche la ter en faisant les achats pour remplir les filets de défiance vis-à-vis des commerçants. qué, mercredi 14 novembre à l’Assemblée nationale, que seuls 9 % des tête en direction de son épouse : « Avec elle, je ne garnis qu’on gagne en jouant au loto : le litre Mais quand on est passé au « jeu de la mar- Français savent que la date du 17 février marque la fin de la circulation risque rien : depuis des mois elle note toutes les dé- d’huile est passé de 4,70 francs à 5,20, le kilo de chande », avec le « kit euro », toutes s’y sont des billets et des pièces en francs. « 48 % des Français » croient encore penses en euro. » Cheveux impeccablement coif- sucre de 7,90 à 9 francs. Et il ajoute : « J’ai regar- mises. On a passé en revue les sommes connues, qu’on peut payer par chèque en francs après le 1er janvier, a précisé le fés, madame opine. Elle est prête pour janvier – dé tous mes relevés cette semaine : ma retraite des d’un loyer à 1 300 francs au revenu mensuel, en ministre. et son mari suivra. D’une voix flûtée, petit visage postes a augmenté de 700 francs sur dix ans… » En général un RMI augmenté d’allocations fami- a AMENDES : si l’on n’a pas en réserve des timbres-amendes en ridé et rieur, une autre confesse n’avoir rien pré- euro ou en franc, « c’est loin de suivre le coût de liales. On a simulé des échanges, on s’est trompé francs pour payer des contraventions reçues en 2001, il faudra en ache- vu : « Quand il n’y aura plus que ça, on n’aura pas la vie », dit-il dans un sourire fataliste. dans les multiplications et, systématiquement, ter libellés en euros. Ainsi, pour un stationnement automobile prolongé le choix : on s’y fera, forcément. » Sa voisine ren- Violaine Manya est conseillère en économie sur les virgules. « Il y a une énorme confusion sur verbalisé mi-décembre (75 francs), il faudra acheter un timbre de chérit : « Pour les nouveaux francs, il restait les an- sociale et familiale et travaille pour les services les centimes », raconte Mlle Manya. Une autre 11 euros. Pour un stationnement non autorisé (230 francs), le timbre ciens, ç’a été plus difficile. Là, ce sera dur les pre- sociaux du conseil général. Elle sort de la réu- séance est donc prévue en décembre. correspondant passe à 35 euros. miers jours, mais ça ira plus vite. » nion d’un groupe de femmes du 1er arrondisse- Désormais, Mlle Manya reçoit deux après-midi a CHÈQUES : un chèque reçu en francs en 2001 doit être débité dans La discussion vient sur les arrondis. Celle-ci ment consacrée à l’arrivée de l’euro. Ce qui l’a par semaine dans son bureau des petits groupes un délai d’un an et huit jours. Les chèques en francs datés jusqu’en dé- donne 500 francs par mois à son petit-fils : il a frappée, c’est la très grande inquiétude de ces et leur fait manipuler sa fausse monnaie : « Jouer cembre 2001 pourront être encaissés toute l’année 2002. Tous les ché- calculé que cela ferait « à peu près » 77 euros, dix femmes de 35 ans à 70 ans, mères de famille, avec les pièces, c’est la seule façon de dédramati- quiers en francs deviendront inutilisables à partir du 1er janvier. « deux francs de plus ». Le carton de loto devrait parfois veuves et souvent originaires d’Afrique ser », affirme-t-elle. a COMMISSIONS BANCAIRES : la commission des finances s’est passer, s’il reste stable, de 3 francs à 0,46 euro. Et du Nord. Elles sont d’abord restées perplexes prononcée, au mois de novembre, en faveur de la suppression des com- le monsieur éduqué par sa femme ajoute : durant le petit exposé expliquant grossièrement Michel Samson missions perçues par les banques sur les petits paiements par carte ban- caire pendant la période de transition du passage à l’euro. La commission a repris un amendement voté par le Sénat prévoyant qu’il ne peut être perçu « aucune commission ou rémunération (…), sur les paiements par car- Les candidats à la présidentielle déclinent leur position sur la nouvelle devise te de paiements inférieurs à 30 euros (196,79 francs) effectués entre le 1er jan- vier et le 17 février 2002 ». Il s’agit d’éviter que les commerçants refusent LE 17 FÉVRIER, l’euro aura rem- dorment. Dans la période de ralen- me les Verts – croient à l’Europe de le des prix soit rétabli de manière ce mode de paiement pour les faibles montants ou soient pénalisés. placé le franc. Quelques semaines tissement actuel, la possibilité d’injec- rappeler que l’Europe, c’est bien plus temporaire jusqu’au 17 février. plus tard, les Français iront aux ter cette somme dans l’économie me que la monnaie unique. Il faut posi- « L’ordonnance de 1986 l’autorise urnes pour élire un nouveau prési- semble intéressante. Ce serait une tiver. Il y aura certes quelques dans des cas particuliers », précise dent de la République. Quelle sera mesure de relance vraiment forte. Et dysfonctionnements, mais pas le trau- son entourage. Une proposition la place de l’euro dans la campagne ceux qui blanchissent de l’argent ont matisme que certains veulent annon- également avancée par la Ligue des différents candidats ? déjà trouvé des moyens de le faire. » cer. Dans nos communes, on a prépa- communiste révolutionnaire. Le RPR et le PS, qui n’ont pas Christine Boutin, membre de ré nos administrés à l’euro. Je pense A l’extrême droite, il y a ceux qui encore officiellement de candidat, l’UDF et candidate à l’élection pré- que les gens vont s’y faire vite. » font de la sortie de l’euro un thème n’ont pas souhaité s’avancer sur le sidentielle, estime, elle aussi, qu’un Les opposants à la monnaie majeur de leur campagne. C’est le sujet. A l’UDF, en revanche, où retour en arrière est possible et sou- unique, eux, ne contestent plus le cas de Jean-Marie Le Pen, candidat François Bayrou est déjà dans la haitable : « Une monnaie nationale, passage à la monnaie unique. Jean- du Front national : « Avec l’euro, course, on a bien l’intention d’insis- c’est un sentiment d’appartenance à Pierre Chevènement, pour le Mou- on perd notre indépendance en ma- ter sur le sujet. « Heureusement son pays », estime-t-elle. vement des citoyens, a bien de- tière politique, économique et socia- que l’on a l’euro dans les turbulen- A gauche, les partisans de l’euro mandé un sursis. Sans succès. Il le. Qui plus est, le passage à l’euro va ces économiques et internationales ne réclament rien. « Ma campagne préfère aujourd’hui insister sur la être inflationniste. Et criminogène, actuelles. Sans la monnaie unique, ne sera pas l’occasion de surfer sur nécessité que la Banque centrale en favorisant les escroqueries aux on aurait encore eu des dévalua- une certaine angoisse liée au pas- européenne continue à baisser les personnes âgées et les opérations de tions compétitives… », développe sage à l’euro, indique Arlette taux. « Les consommateurs, avec le blanchiment. » Au Mouvement Anne-Marie Idrac, secrétaire géné- Laguiller, candidate de Lutte passage à l’euro, risquent de sur- national républicain dont Bruno rale de l’UDF. ouvrière. Je suis pour l’unification seoir à plusieurs décisions d’achat. Mégret défend les couleurs, Jean- Alain Madelin, candidat de de l’Europe et pour une monnaie Cela aura un effet récessionniste. En Yves Le Gallou, conseiller régional Démocratie libérale, bien que favo- unique. Mais l’essentiel de ma cam- plus de l’effet inflationniste que l’on d’Ile-de-France, considère en re- rable à la monnaie unique, sera cri- pagne, c’est d’exprimer le méconten- peut déjà constater. Dans un restau- vanche qu’un « retour au franc est tique sur sa mise en place. « Ce que tement des travailleurs qui n’est pas rant où je vais souvent, le menu est possible. Mais [que] ce n’est pas un je souhaite, c’est la conversion en lié à l’euro mais à la politique des passé de 175 francs à 30 euros, thème majeur de campagne, contrai- euros des francs sans contrôle, pro- grandes entreprises. » c’est-à-dire 197 francs », développe rement à l’ordre et la sécurité, ou pose M. Madelin. Avec une totale Noël Mamère, candidat des M. Chevènement. l’immigration ». amnistie fiscale. Il y a aujourd’hui Verts, se montre optimiste : « C’est Robert Hue, candidat du Parti 8 janvier 1999. près de 150 milliards de francs qui l’occasion pour tous ceux qui – com- communiste, réclame que le contrô- Virginie Malingre VIII SOCIÉTÉ EURO

GÉNÉRATIONS On les aurait événement annoncé depuis long- encore, il y a un an, plus d’appréhen- mais l’euro ne suscite ni emballe- sont aussi nombreux à craindre imaginés les plus euro-enthousias- temps, ne se révèlent pas moins in- sion chez les jeunes que chez les per- ment collectif ni rejet massif. b PRÉ- l’euro qu’à l’aborder sereinement. » tes au sein de la population. Pour- quiets que leurs aînés de l’arrivée de sonnes âgées. b DANS LA CITÉ sco- SIDENTE d’Altavia Junium, une agen- b LES ADOLESCENTS comptent bien tant, les 18-24 ans, s’ils manifestent la nouvelle monnaie. b SELON UNE laire Joffre, à Montpellier, il y a bien ce spécialiste des 0-25 ans, Catheri- profiter du changement pour rené- une certaine impatience face à un ENQUÊTE du Credoc, l’euro suscitait sûr les « pour » et les « contre » ne Lott-Vernet le confirme : « Ils gocier leur argent de poche. Les jeunes sont partagés entre impatience et perplexité face à l’euro On les aurait imaginés les plus euro-enthousiastes au sein de la population. Pourtant, les 18-24 ans, s’ils manifestent un empressement certain face à un événement annoncé depuis longtemps, ne se révèlent pas moins inquiets que leurs aînés de l’arrivée de la nouvelle monnaie

MONTPELLIER (Hérault) trop forts. » « On est français avant « Quand on voyagera à l’étranger, l’homme à la progression », cet élè- de notre envoyé spécial d’être européen », murmure Claire, on n’aura pas à convertir des francs ve d’hypokhâgne trouve que « l’on Audrey est la première à prendre dix-neuf ans, en « prépa scientifi- dans une autre monnaie », se ré- perd une forme de diversité culturel- la parole. Et elle ne mâche pas ses que ». Elric, vingt ans, élève de jouit-il. « Il n’y aura plus aucun le » avec l’avènement de l’euro. Il mots. L’euro ? « Ça n’apportera rien « prépa scientifique » lui aussi, par- frais de change », renchérit Alice. évoque aussi les hausses de prix tage un peu ce sentiment et, en mê- Thibaud, quinze ans, pense que abusives, le risque de confusion REPORTAGE me temps, se dit que la monnaie l’euro va « rapprocher les pays » et pour les générations plus âgées unique peut représenter « un point « couper les frontières ». La formu- qui raisonnent encore en anciens Dans la cité scolaire de départ ». L’euro permettra peut- le « United States of Europe » jaillit francs. Ceux « qui n’ont pas le sens Joffre, l’euro ne suscite être « de se dire qu’on n’est pas si dif- même du milieu de la classe. de la valeur », ajoute-t-il, pour- ni emballement férents que ça », pense-t-il. « Moi, je raient bien être déboussolés – ou collectif ni rejet massif suis optimiste ! », lance Charlotte, « EUROPE DE L’ENTRE SOI » se faire arnaquer – en maniant des dix-huit ans, en terminale ES. Au fond, pour bien des jeunes, billets de 500 euros. Aussi Grégory Dans la cité scolaire Joffre, l’une la monnaie unique demeure une souhaite-t-il que l’Europe se cons- à l’Europe, ce n’est vraiment pas posi- des plus importante de France abstraction qui « ne les concerne truise différemment, en procla- tif », dit cette élève de dix-sept ans, (1 200 élèves au collège, 2 150 au ly- pas trop ». « Quand on sera de- mant quelques « valeurs commu- inscrite en terminale économique cée et 800 étudiants en classes pré- dans, on y verra mieux », résume nes » telles que « la liberté, la tolé- et sociale (ES). Le passage à la mon- paratoires aux grandes écoles), le l’un d’eux. Félix, qui, dans un pre- rance » et en esquissant « un dé- naie unique va s’accompagner passage à l’euro ne semble susciter mier temps, se disait peu intéressé, but de fusion interétatique ». Pour d’« arnaques » en tout genre : les ni emballement collectif ni rejet avoue finalement qu’il a « envie de l’heure, il a le sentiment qu’une prix vont augmenter ; d’ailleurs, massif : quelques jeunes s’y disent [la] voir concrètement ». « Europe riche » s’édifie en lais- c’est déjà le cas pour « les photoco- hostiles ou, à l’inverse, favorables, Dans une salle attenante au cen- sant de côté les nations de l’Est. pies », s’indigne-t-elle. Dans le mais la majorité émettent des opi- tre d’information et de documenta- Cette « Europe de l’entre soi », qui foyer du lycée Joffre, à Montpellier nions prudentes, mesurées. « Ils en tion, Emilie, dix-neuf ans, se sous- agrège des « pays à fort pouvoir (Hérault), les plus prompts à s’expri- parlent peu entre eux, ajoute Jean trait quelques instants à ses devoirs d’achat », Donoxti, dix-sept ans, mer sur l’introduction de l’euro Olivier, le proviseur du lycée, mais pour exprimer des incertitudes. Cet- « ne l’aime pas ». Elle serait « bon- sont plutôt critiques ou, à tout le ça ne les inquiète pas. » Comment gèrement inférieure à 80 % – et la « Je suis un peu indifférent, confie te étudiante en khâgne pense que ne » si elle s’intéressait « aux vrais moins, perplexes. Eric, dix-sept ans, pourrait-il en être autrement pour présence de classes préparatoires Félix, quinze ans, assis au premier la monnaie unique peut constituer problèmes » : l’environnement, la lut- en terminale ES lui aussi, considère ces jeunes dont, rappelle le provi- aux grandes écoles pousse à l’ex- rang. Et puis il va falloir compter. » un premier pas « vers la concerta- te contre le chômage, le développe- que les pays membres de l’Euro- seur, « beaucoup utilisent le télépho- cellence. Enfin, il existe une «sec- « “Ils” auraient dû choisir une valeur tion politique au niveau européen ». ment durable, les questions sociales, land ne mènent pas les mêmes poli- ne portable et les chat rooms [forums tion internationale espagnol », qui plus pratique que 6,56 pour le cal- Sur le plan économique, en revan- énumère cet élève d’hypokhâgne. tiques ; ces « différences » risquent de discussion sur Internet] » ? reflète une ouverture vers d’autres cul », enchaîne Alice, quinze ans. che, « je ne sais pas quels sont [ses] Pour lui, l’introduction de la mon- d’engendrer des « conflits ». pays de l’Union européenne. « Il faudrait arrondir à sept », juge bienfaits », avoue-t-elle. Antoine, naie unique n’a pas été assez débat- « Pas d’accord ! », rétorque « IL FAUDRAIT ARRONDIR À SEPT » Mais on peut très bien être scola- Armelle, seize ans. Fatima, quinze dix-huit ans, étudiant en hypokhâ- tue ; elle s’est imposée au nom d’une Elodie, dix-neuf ans. Pour cette élè- En outre, la cité scolaire Joffre, ni- risés dans un « bahut » coté, ma- ans, est un peu inquiète : le lance- gne, a une opinion plus tranchée : « dictature de l’implicite » alors qu’il ve en classe préparatoire commer- chée dans une citadelle en plein nier les technologies de l’informa- ment de l’euro va coïncider avec le « L’euro, j’y suis favorable, dit-il. aurait fallu s’interroger davantage : ciale, le lancement de la monnaie centre-ville, « recrute » une majori- tion avec aisance et regarder la mon- début des soldes d’hiver, explique-t- C’est plus commode à l’étranger est-ce « une avancée de l’Europe » ? unique présente bien des vertus : il té de ses élèves parmi des classes naie unique d’un œil distant. En elle ; il sera difficile de s’y retrouver pour les échanges, et je trouve sympa Un facteur d’unité ? En tout cas, Do- stimulera la croissance du produit sociales relativement privilégiées, tout cas, les élèves de la seconde 11 et d’avoir des points de repère dans qu’il y ait une monnaie commune à noxti constate que la construction intérieur brut, il favorisera les même si, insiste Jean Olivier, «la ne s’emballent pas pour elle. « Vous la valse des étiquettes. « Comment tout le monde. C’est intéressant, c’est de l’Union européenne élimine des échanges commerciaux, il sera population de l’établissement est savez pourquoi on passe à l’euro ? », on va faire ? », s’interroge-t-elle. le symbole d’une véritable commu- « symboles structurants » : « Une seu- même « un moteur de la cohérence plus hétérogène qu’il y a quelques an- lance Jesse, seize ans. Ce jeune Ces problèmes d’arithmétique nauté européenne. » le source d’émission de monnaies, économique européenne ».Etla nées ». Les taux de réussite au bac « black » qui pose la question a des n’obnubilent pas tous les élèves. Grégory, dix-huit ans lui aussi, c’est dangereux, juge-t-il. Les identités politique, dans tout ça ? L’idée de sont « excellents » – entre 90 % et éléments de réponse mais avoue Julien, dix-sept ans, songe, lui, au soupèse le pour et le contre. Tout locales sont source de richesses. » peuple européen ? « Je n’y crois pas, 96 % selon les séries, en 2000, alors que la monnaie unique, «ça ne côté pratique d’une devise commu- en affirmant la nécessité d’évo- répond-elle. Les nationalismes sont que la moyenne nationale était lé- [l’]intéresse pas, ça [l’]embrouille ». ne aux douze pays de l’Euroland : luer, de changer et d’« habituer B. Bi. Les jeunes mieux informés que les personnes âgées Catherine Lott-Vernet, présidente de l’agence Altavia Junium b Inquiétudes. D’après une confondues ; en revanche, 17 % des enquête du Credoc (Centre de jeunes se disent « hostiles » au « Les jeunes se disent : “Qu’on arrête d’en parler, qu’on le fasse” » recherche pour l’étude et passage à l’euro, contre 11 % pour l’observation des conditions de vie), les personnes âgées de 65 ans et ALTAVIA JUNIUM est une agen- les 18-24 ans, nous avons mené ne sera pas un élément pertur- intitulée « La consommation au plus et 7 % à 8 % pour les autres ce de communication spécialiste des investigations un peu plus bant. début 2001 » publiée au mois de catégories. Enfin, d’après une des jeunes âgés de 0 à 25 ans. Une fouillées, en fonction de la catégo- – Pourtant, le sujet est traité juillet, le lancement de la monnaie enquête d’opinion d’Ipsos publiée fois par an, son département Insti- rie socioprofessionnelle, du sexe, en classe et il y a eu, à la fin du unique suscitait, il y a un an, plus dans le Journal du dimanche du tut de l’enfant réalise des « baro- de l’origine géographique (Paris- mois d’octobre, la semaine de d’appréhension chez les jeunes que 4 novembre, 29,1 % des 15-19 ans mètres » par tranches d’âge province). l’euro à l’école… chez les personnes âgées : déclarent être « plutôt inquiets » (0-3 ans ; 4-10 ans ; 11-17 ans ; » Dans cette tranche d’âge, ils – Absolument. Mais l’histoire de interrogés fin 2000, 41 % des tandis que 43 % des 20-24 ans se 18-24 ans) en questionnant les jeu- sont grosso modo aussi nombreux la monnaie, les précédents change- 18-24 ans se disaient en effet « très » trouvent dans cette disposition nes sur leur environnement fami- à craindre l’arrivée de l’euro qu’à ments d’unité de compte sont peu ou « un peu » inquiets de l’arrivée d’esprit. lial, leurs aspirations, leur équipe- l’aborder sereinement. Le senti- abordés – voire pas du tout. Il se- de la monnaie unique, contre 37 % b Degré d’information. ment, leurs loisirs et d’autres thè- ment d’inquiétude est moins fort rait intéressant de placer les jeu- chez les individus âgés de 65 ans et Selon l’institut CSA, 22 % mes, parmi lesquels le lancement chez les jeunes dont les parents nes dans un état d’esprit de troc, plus. Pour le Credoc, les craintes des des 18-24 ans déclarent ne de la monnaie unique. sont classés dans les catégories so- CATHERINE LOTT-VERNET de manière à ce qu’ils se rendent jeunes générations sont plus liées au « pas [être] informés » au sujet de la « Comment les jeunes vivent- cioprofessionnelles A et B (chefs compte que la monnaie est une va- « potentiel économique » de la zone mise en circulation de l’euro (25 % ils le passage à l’euro ? d’entreprise, cadres, professions – Ces chiffres vont à l’encon- leur d’échange, que ce qui impor- euro qu’à « d’éventuelles difficultés des personnes âgées de 65 ans et – Dans notre dernière enquête, intellectuelles, agriculteurs exploi- tre de certaines idées reçues : on te, finalement, c’est de se forger d’adaptation à une nouvelle plus sont dans ce cas, les autres 58 % des 11-17 ans nous ont répon- tants, artisans, commerçants, pro- aurait, en effet, pu penser que des référents. Eux vont complète- monnaie ». Selon un sondage réalisé catégories affichant un ratio plus du que l’introduction de la mon- fessions intermédiaires) ; en revan- les jeunes seraient les plus ment plonger dans la nouvelle de- par l’institut CSA les 20 et faible). Mais près d’un tiers des naie unique ne les inquiétait pas ; che, les enfants d’ouvriers, d’em- “euro-enthousiastes” au sein de vise ; très vite, à la différence des 21 septembre de cette année, 31 % jeunes connaissent 40 % de cette tranche d’âge appré- ployés et de retraités nourrissent la population française. Et il se adultes, ils cesseront de vouloir des 18-24 ans affirment être la valeur exacte de l’euro hendent l’échéance et 2 % des son- plus de craintes. Et les jeunes qui révèle finalement que la propor- convertir en francs ce qu’ils achè- « inquiets », soit le taux le plus en francs, soit la proportion dés ne se prononcent pas, ce qui vivent en province sont moins tion d’inquiets parmi eux est aus- tent en euros ; ils ont donc besoin faible, toutes tranches d’âge la plus importante. n’est pas vraiment rassurant. Chez “angoissés” que les Parisiens. si importante que dans les de repères. autres tranches d’âge. Comment l’expliquez-vous ? – D’abord, je pense que la pres- « Ils sont grosso Les ados entendent bien renégocier le montant de leur argent de poche sion médiatique joue un rôle. Cer- tains jeunes sont dans la disposi- modo aussi « ÇA VA ÊTRE L’OCCASION de négocier. Je vais l’un des sujets de discussion de la fin de l’année. qui a neuf ans sait très bien que ses grands-parents tion d’esprit : “On en parle tout le demander une augmentation, bien sûr ! » Julien, Selon la seule étude qui existe à ce jour, publiée vont se prendre les pieds dans le tapis et qu’elle temps, il faut s’inquiéter”. Du res- nombreux à craindre dix-sept ans, compte bien profiter de l’arrivée de par l’Insee en août 2001 mais qui remonte à 1992, pourra auprès d’eux jouer sur les arrondis », dit-il. te, à mesure que le lancement de la monnaie unique et de l’arrondi issu de la con- les trois quarts des enfants scolarisés recevaient Le ministre de l’économie et des finances, Lau- l’euro approche, la part des jeunes l’arrivée de l’euro version des francs en euros pour obtenir une reva- de l’argent de leurs parents et les sommes qui rent Fabius, et celui de l’éducation nationale, qui appréhendent cette échéance lorisation de son argent de leur étaient versées représentent en moyenne Jack Lang, comptent toutefois sur l’aide des jeu- s’est accrue : 45 % en 2000 contre qu’à l’aborder poche. Actuellement, ses plus de 3 000 francs (460 euros) par an et par en- nes auprès de leurs parents et grands-parents 50 % en 2001. Par ailleurs, les crain- parents lui donnent fant. pour apprivoiser et utiliser l’euro. « La monnaie tes sont plus répandues parmi les sereinement » 35 francs par semaine, « Le passage à l’euro sera évidemment l’occa- est un lien social, pas seulement un outil économi- jeunes qui ont une activité rémuné- tous les mercredis – une sion de négociations sur la réévaluation de la som- que. Nous comptons sur les enfants pour l’appren- rée ou qui ont un rapport très régu- somme qu’il utilise princi- me ou de l’arrondi. Un peu comme pour des négo- dre aux parents et aux grands-parents », a déclaré lier avec l’argent ; eux ont le senti- » A cet égard, il serait bon de palement pour s’acheter ciations salariales avec les syndicats, mais cela reste M. Fabius, en visite dans un établissement scolai- ment que l’introduction de la mon- prendre en considération la ré- journaux et magazines. une affaire de famille. En fait, rien ne va réellement re à l’occasion de « la Semaine de l’euro », le naie unique va affecter beaucoup flexion que font certains des plus L’EURO SANS PEINE « C’est ma mère qui me changer. L’argent de poche sera toujours réajusté 22 octobre. de choses dans leur quotidien. jeunes : eux, soulignent-ils, rè- donne mon argent de poche et je vais demander suivant l’autonomie financière que l’on veut accor- Pour se familiariser avec la monnaie unique, » Cependant, si on leur deman- glent leurs achats en liquide – à la une augmentation sous prétexte qu’il va falloir que der au jeune », indique Farid Hamana, secrétaire les plus jeunes peuvent déjà participer au con- dait précisément en quoi l’euro va différence des adultes qui utilisent ce soit un chiffre rond et 5,33 euros, ce n’en est pas général de la Fédération des conseils de parents cours organisé par la Banque centrale européen- bouleverser leur existence, com- chéquiers et cartes bancaires. un. Je vais lui dire que ça va être trop dur à donner d’élèves (FCPE). ne (BCE) pour les huit à douze ans. « Si tu vis ment ils comptent procéder pour « C’est nous qui allons devoir contrô- avec toutes ces pièces et elle me donnera 6 euros. dans l’un des douze pays de la zone euro, tu peux se forger des repères sur ce qui est ler la monnaie, c’est nous qui som- En fait, je l’arnaque un peu. Et si elle ne veut pas « JOUER SUR LES ARRONDIS » devenir un champion de l’euro ! », accroche la cher et sur ce qui ne l’est pas, je mes susceptibles de nous faire arna- me les donner, je vais jouer sur le fait qu’elle ne m’a Pour Alain, père de famille qui a vécu pendant BCE sur son site Internet. Les 24 gagnants du con- suis convaincue qu’ils convien- quer par des commerçants », rap- jamais augmenté depuis quatre ans et que le passa- plusieurs années aux Etats-Unis, le passage de cours – deux par pays – seront invités à venir draient finalement ne pas être tel- pellent-ils. Cela peut d’ailleurs ex- ge à la monnaie unique est le bon moment. » Trois l’argent de poche de ses enfants en euros se fera avec leurs parents en Allemagne, à la Banque cen- lement inquiets. Mais le sujet n’a pliquer la hâte de beaucoup d’en- jours plus tard, Julien a négocié. Etonné, il racon- sans problème. « Vous vous souvenez de ce que je trale européenne, pour y présenter au monde en- pas toujours été très discuté avec tre eux d’être confrontés à la mon- te : « Au début, elle m’a dit que l’on verrait le mo- vous donnais à New York ?, leur ai-je dit. Avec tier les nouveaux billets en euros. Ils recevront eux, on ne leur a pas donné tous naie unique. Au fond d’eux, ils se ment venu. Puis elle m’a proposé de son propre l’euro, cela sera pareil », raconte-t-il. A cette occa- également un lot complet des nouveaux billets en les éléments pour qu’ils puissent disent : “Qu’on arrête d’en parler, chef qu’on envisage une augmentation à cette occa- sion, il prévoit de leur donner une petite augmen- euros ainsi qu’un ordinateur portable. De quoi aller plus loin dans leur raisonne- qu’on le fasse”. » sion afin de passer à 6 euros. C’était encore plus tation. Selon lui, c’est surtout auprès des généra- motiver les plus réticents. ment et pour qu’ils réalisent que, simple que prévu. » tions antérieures que les jeunes pourraient ten- concrètement, dans leurs rapports Propos recueillis par Dans toutes les familles, l’argent de poche est ter de profiter de la situation. « L’une de mes filles Cécile Prudhomme avec l’argent, le passage à l’euro Bertrand Bissuel X / EURO / LE MONDE SOCIÉTÉ

Les livres scolaires intégrant l’euro Les amendes pénales feront peu à peu leur entrée dans les classes à l’heure du changement Par souci d’économie, les chefs d’établissement préfèrent attendre les renouvellements de programme Depuis avril 1999, un groupe de travail a été mis A la rentrée 2001, une école sur cinq ne disposait choisi d’attendre le changement des programmes tant, sauf dans les filières professionnelles. En at- en place pour que le passage à la monnaie unique encore d’aucun manuel ou recueil de fiches inté- du primaire, prévu pour septembre 2002. Au col- tendant, le ministère recommande aux ensei- grant l’euro. De nombreux établissements ont lège et au lycée, l’« effet euro » se révèle inexis- gnants d’effectuer les conversions eux-mêmes. n’entraîne pas de dysfonctionnement judiciaire

L’EURO a des incidences in- belle Magnard, présidente du préparation pédagogique du pas- rie de nouveaux fichiers en euros et L’EURO va-t-il changer la don- ces au terme « franc » a déjà com- soupçonnées : la devise euro- groupe enseignement au sein du sage à l’euro, que la réforme des préfèrent acheter quelques fichiers ne en matière d’amendes péna- mencé. péenne fait perdre à la baguette Syndicat national des éditeurs, programmes du primaire sera en francs pour compléter un stock les ? Selon Alain Legoux, magis- Afin d’éviter que le basculement de pain son intérêt pédagogique. « les ventes ont continué encore en « l’occasion d’un renouvellement qu’elles avaient déjà », explique trat et inspecteur général adjoint à la monnaie unique n’entraîne Exprimé en euros, son prix est en septembre et octobre car certains des manuels scolaires dont les con- Mme Marcé. Les ouvrages en à l’inspection générale des servi- des dysfonctionnements de la jus- effet de 0,61 euro pour une ba- avaient des budgets en francs à dé- tenus seront actualisés ». francs restent en effet disponi- ces judiciaires, « il ne devrait pas tice pénale, la chancellerie a mis guette à 4 francs et devient trop penser ». L’effort s’est donc essentielle- bles. « Il n’y a pas eu de décision avoir d’incidences pratiques sur le en place, le 1er avril 1999, un grou- difficile à utiliser par les enfants ment concentré sur les plus jeu- d’envoyer ces ouvrages au pilon. Ce travail des magistrats » à partir du pe de travail permanent composé qui découvrent le calcul. Plus lar- PAS D’OUVRAGES AU PILON nes, pour lesquels les « fichiers n’est pas à l’éditeur de faire le 1er janvier 2002. Les amendes, qui de 23 personnes. Sous l’égide d’un gement, le simple changement Selon l’étude, seules 13 % des consommables » doivent être de choix à la place de l’enseignant », sont actuellement exprimées en inspecteur des services judiciaires, du symbole monétaire dans les communes ont octroyé cette an- toute façon renouvelés chaque argumente la directrice de Savoir francs, seront en effet traduites en le groupe a élaboré un « plan d’ac- exercices de mathématiques née des crédits supplémentaires année. Selon l’enquête Sofres, livre. Au total, le marché des euros sur la base de la règle rete- tion national du ministère de la jus- aurait frisé l’absurde. Ce sont pour l’acquisition de livres. Ce les trois quarts des classes de CP maths pour le premier degré a crû nue par le gouvernement : un taux tice » en vue « d’aider les magis- donc les objets qui ont été modi- chiffre faible s’explique en grande et de CE1 disposaient à la rentrée de 10 % cette année. fixe de 6,55957, arrondi au chiffre trats et les fonctionnaires de justice fiés. La pochette de feutres à partie par le fait que les program- de documents utilisant l’euro, Mais ces achats supplémentai- rond inférieur, sans virgule et sans à adapter leurs méthodes de travail 3 euros remplace la baguette et mes du primaire vont changer en contre 60 % en CM2. Curieuse- res se sont bien souvent faits au décimale. aux conséquences de l’arrivée de la les rollers à 80 euros le vélo à détriment des autres disciplines, La direction des affaires crimi- monnaie unique ». 600 francs. notamment le français. Pour les nelles et des grâces (DACG) a éta- Reste à savoir si les enfants Centime pour les petits, cent pour les grands éditeurs scolaires, le bilan général bli un tableau général des corres- STAGES ET FORMATIONS pourront disposer de tels ouvra- semble néanmoins positif : « Alors pondances, dont les montants ont Outre les diverses circulaires, ges à partir de janvier, même si le « Eurocentime », « cent », « centime d’euro »… On trouve de tout dans que le marché était en régression été arrêtés en septembre 2000. courriers, notes, périodiques et pu- basculement n’est pas aussi radi- les manuels pour exprimer le centième d’euro. En l’absence d’instruc- de 3 ou 4 % depuis trois ans, une sta- « L’objectif était d’avoir des chiffres blications au Journal officiel, qui cal pour les livres scolaires que tion officielle de la Rue de Grenelle, les éditeurs avaient fait chacun gnation des ventes se dessine pour en euros, lisibles et facilement mé- constituent les principales sources pour les porte-monnaie : les ma- leur choix. La circulaire ministérielle du 13 septembre clarifie désor- 2001 », estime Mme Magnard. morisables, poursuit Alain Legoux. d’information des quelque nuels intègrent la nouvelle devise mais la situation à l’école : l’expression « centime » est de mise. Dans Le principe selon lequel la loi péna- 7 000 magistrats, des conférences depuis 1999, faisant apparaître un les premiers temps, on pourra « préciser centime d’euro pour éviter la « ALLER CHERCHER À LA SOURCE » le la plus douce prévaut s’applique, à l’Ecole nationale de la magistra- double affichage en francs et en confusion avec le centime de franc ». Néanmoins, le terme « cent », utili- Au collège et au lycée, l’« effet en vertu de l’ordonnance du 19 sep- ture (ENM) ont été dispensées. euros. sé dans les échanges internationaux, « devra être introduit comme syno- euro » se révèle, selon Savoir li- tembre 2000. L’euro ne doit pas être L’Ecole nationale des greffes et le A la rentrée 2001, une école sur nyme de centime dès que les élèves ne risquent plus la confusion avec vre, inexistant, sauf dans les filiè- utilisé de manière à faire passer des Centre national de formation et cinq ne disposait encore d’aucun l’adjectif numéral ». Ce choix reprend les recommandations du ministè- res professionnelles. « C’est l’effet augmentations déguisées ! » d’étude de la protection judiciaire manuel ou recueil de fiches inté- re des finances, qui valide la coexistence du terme « cent » au sein de mécanique qui fonctionne : le chan- Le problème était également de de la jeunesse ont, eux aussi, orga- grant l’euro (en CP et CE1, les l’Union européenne et du terme « centime » dans la vie courante gement de programme déclenche le traduire en euros les montants des nisé des stages. élèves n’ont pas de livre de mathé- française. En revanche, la Commission générale de terminologie, ratta- changement de livres », résume Syl- litiges, qui définissent la compé- Un plan de formation à l’initiati- matiques mais des documents sur chée à Matignon, s’est prononcée, pour la période transitoire où euros vie Marcé. La meilleure équation tence des différentes juridictions. ve de la Mission euro de Bercy a lesquels ils écrivent directement), et francs seront en circulation, en faveur du mot « eurocentime ». était donc celle où l’avènement de Le tribunal de grande instance, en outre été mis en place par le selon une enquête réalisée en sep- l’euro coïncidait avec un nouveau qui reçoit actuellement les Centre de formation profession- tembre par la Sofres auprès de programme. C’est le cas en se- demandes en justice dont le mon- nelle et de perfectionnement du 500 directeurs d’école pour le septembre 2002, rendant les ment, certains enfants des peti- conde, où entraient en vigueur les tant dépasse 50 000 francs ministère de l’économie, des finan- compte de l’association Savoir ouvrages actuels caducs. «Ily a tes classes ont reçu à la rentrée programmes de sciences écono- (7622,45 euros), traitera, à comp- ces et de l’industrie. Il a permis de livre (Belin, Bordas, Hachette, Ha- eu des décisions d’attente », recon- des fiches neuves utilisant le miques (deux tiers des livres ont ter du 1er janvier 2002, celles qui ex- diffuser une disquette de forma- tier, Magnard, Nathan). La pro- naît Sylvie Marcé, directrice de Sa- franc : les éditeurs en ont écoulé été renouvelés) et d’histoire-géo- cèdent 7 600 euros. Le montant tion intitulée « L’euro et moi » et portion évoluera peu d’ici au voir livre. Une attitude de bon plusieurs milliers à la rentrée graphie (plus de 90 % de renouvel- minimal ouvrant la possibilité de d’organiser un stage d’une demi- 1er janvier, car la majorité des sens implicitement reconnue au (2 % des ventes). lement), disciplines où la monnaie faire appel, qui était de journée sur le thème : « Mieux achats s’effectue durant l’été, mê- ministère, qui mentionne, dans sa « Ce sont des écoles qui n’ont pas intervient largement. 25 000 francs (3 811,22 euros), connaître l’euro ». me si, cette année, remarque Isa- circulaire du 13 septembre sur la les moyens d’acheter toute une sé- A l’inverse, les classes qui atten- sera, lui, fixé, à partir du 1er jan- Enfin, un guide sur « La justice dent de nouveaux programmes vier, à 3 800 euros. « Les problè- et l’euro », édité à 600 000 exem- (2003 pour l’histoire-géographie mes ne sont cependant pas exclus, plaires, devrait, ce mois-ci, être en première, 2004 en terminale) c’est pourquoi nous nous devons mis à la disposition du public dans Les enseignements sur l’Europe restent marginaux devront se contenter d’ici là des d’être extrêmement vigilants, affir- les services d’accueil des juridic- manuels en francs. Les éditeurs me M. Legoux. Une circulaire est tions et les relais sociaux. COMMENT parler de l’euro dans les classes sans trale dans la découverte de l’Union européenne. font, eux aussi, leurs comptes : en cours de publication afin de ré- « D’autres documentations sont en aborder le thème de la construction européenne ? « On en reste, pour beaucoup, à l’esprit des anciens impossible de refondre des ma- pondre aux questions en suspens. El- cours pour les détenus et le person- Comment comprendre l’importance du basculement programmes, centrés plus sur l’étude des Etats que nuels appelés à changer dans un le correspond à une demande des nel pénitentiaire, notamment pour vers la monnaie unique sans retracer l’histoire de sur la présentation d’une Europe en gestation », indi- ou deux ans. « Cela coûte beau- magistrats et concerne la liste des ce qui est de la gestion des comptes, l’Europe ? Dans son rapport annuel, rendu public le que le document. L’inspection note néanmoins que coup trop cher, ce n’est pas renta- textes qui établissent une réglemen- explique M. Legoux. De notre côté, 22 octobre, l’inspection générale de l’éducation na- des efforts pédagogiques ont été réalisés dans cette ble », avouent-ils de façon unani- tation en matière de passage à nous devons mettre à jour une dizai- tionale (IGEN) livre un constat sévère sur l’enseigne- discipline. me. Seules des mises à jour par fas- l’euro. » Le recensement de près ne de logiciels informatiques. » ment de l’Europe en France. « L’école, le collège et le cicule ou par le biais d’Internet de 10 000 textes législatifs et régle- lycée français campent sur leurs positions nationale- APPROCHE « BINATIONALE » DES LANGUES sont envisagées. mentaires contenant des référen- O. M. ment acquises et n’enseignent l’Europe sous toutes ses Le constat est également mitigé en ce qui concerne « Les enseignants sont capables formes qu’à la marge, sans conviction particulière et les langues vivantes : celles-ci ne réussissent pas à dé- de se débrouiller, avec ou sans ma- dans la dispersion », soulignent les inspecteurs géné- passer une approche « binationale ». L’anglais permet nuels. Ils font les conversions. Tout raux, en appelant d’urgence à « changer d’attitude ». d’aborder les relations entre la France et le Royaume- cela ne nous paraît pas tragique, 54 % des Français attendent L’effort devrait porter sur le contenu même des en- Uni, l’allemand facilite le travail sur la France et l’Alle- tempère Claude Sage, le seignements. L’Inspection estime qu’en dehors des magne, l’espagnol, les rapports entre la France et l’Es- « M. Euro » au ministère de l’édu- sciences économiques et des enseignements artisti- pagne. Mais ils n’offrent jamais, ou trop rarement, cation nationale. Il recommande l’euro avec confiance ques, la plupart des disciplines n’insistent pas assez une vision d’ensemble de l’Union européenne. La con- aux enseignants « d’aller chercher sur la dimension européenne. Les lettres, les sciences clusion des inspecteurs généraux est sévère : cette fri- à la source » certaines données DANS UNE LARGE MAJORITÉ (61 %), les Français s’attendent à des diffi- physiques, les sciences de la vie et de la Terre font losité interdit toute remise en cause du traditionnel chiffrées, notamment auprès de cultés lors du passage à l’euro, mais estiment qu’elles seront passagères, se- preuve d’« atonie », selon les inspecteurs. « francocentrisme ». l’Insee. lon un sondage Sofres réalisé fin octobre pour le ministère de l’économie. L’histoire-géographie présente un « déficit con- Les Français sont tout de même 54 % à attendre l’arrivée de l’euro avec ceptuel », bien qu’elle constitue une discipline cen- Luc Bronner Marie-Laure Phélippeau confiance, contre 47 % deux mois auparavant. La proportion des inquiets diminue, passant de 49 % à 37 %. Les inquiétudes qui demeurent sont liées à l’augmentation des prix et aux problèmes de conversion. Plus du tiers des sondés déclarent préférer attendre 2002 pour effectuer leur premier L’Eglise catholique craint de voir baisser le produit de la quête paiement en euros. Par ailleurs, la connaissance du calendrier de l’euro lais- se encore à désirer : une minorité de Français (48 %) connaît la date exacte Le diocèse de Paris lance un slogan : « 10 francs et votre générosité égalent 2 euros » de la fin des paiements par chèque et cartes en francs (le 1er janvier 2002). DÉPÊCHE UN DIMANCHE dans un petit Même si le Père Schwab fait 40 % des ressources totales de L’idéal serait qu’elle devienne l’équi- a SÉCURITÉ : craignant les contrefaçons, de nombreux commer- village de l’Aisne. Après la messe, confiance à la Providence et à la gé- l’Eglise catholique. « Soit 1,2 mil- valent de la pièce de 10 francs. » çants ont commencé à s’équiper de détecteurs de faux billets, qui une dame de l’équipe d’animation nérosité de ses paroissiens – «Le liard de francs sur un total de La Conférence des évêques de pour certains sont dotés d’un procédé infrarouge détectant l’encre sé- paroissiale verse précautionneuse- Royaume de Dieu passe avant l’ar- 2,6 milliards de francs », précise-t- France est elle-même en train de curisée des billets. Avec l’aide de la Banque de France, les caissières de ment sur la table de la sacristie le gent », commente-t-il avec convic- il. Les ressources ecclésiales pro- passer à l’euro. Au cours de son as- certaines grandes surfaces ont également été formées à reconnaître les produit de la quête. Puis elle range tion –, il prévoit de distribuer, à viennent en effet de quatre sour- semblée plénière de Lourdes, du 4 signes de sécurité des nouvelles coupures. Un dépliant détaillant ces si- les pièces en tas, pour les compter. partir de décembre, des cartons de ces : la quête ; le casuel, c- au 10 novembre, elle a fixé plu- gnes (encre, fil de sécurité, bande métallisée, bande iridescente) sera Celles de 10 francs sont de loin les format carte de crédit portant une ’est-à-dire les contributions de- sieurs montants dans la nouvelle distribué début janvier à chaque foyer français (lire page XXII). plus nombreuses, suivies des table de conversion à l’euro. Avec, mandées aux fidèles pour les ma- monnaie. C’est ainsi que le prix in- 2 francs et des 5 francs. Les pièces écrit dessus, le slogan choisi par le riages, les baptêmes et les enterre- dicatif d’une messe pour un dé- jaunes sont relativement rares, et diocèse de Paris : « 10 francs et vo- ments ; les offrandes de messes funt est resté stable à 14 euros la dame ne s’en plaint pas : «On (91,83 francs). voit davantage de pièces jaunes aux A Saint-Ferdinand-des-Ternes, enterrements, parce que les non-pra- « La pièce centrale des quêtes le Père Schwab se prend à rêver tiquants sont moins généreux. Ce que le passage à l’euro permettra qui nous inquiète le plus avec le est celle de 10 francs. Et puisque la pièce d’augmenter le montant des changement de monnaie, soupire-t- quêtes. « Un certain nombre de pa- elle, c’est que les paroissiens vont de 1 euro lui ressemble comme une sœur, roissiens n’ont pas réévalué le mon- remplacer la pièce de 10 francs par tant de leur offrande en fonction du une pièce de 1 euro. Nous allons per- le risque est grand de voir les fidèles coût de la vie. Je connais des gens dre au change… » qui donnent 10 francs depuis dix Autre décor, même inquiétude. passer de 10 francs à 1 euro » ans… Si tout le monde donne Le Père Emmanuel Schwab est 2 euros, le produit des quêtes aug- curé de la riche paroisse de Saint- mentera et rattrapera l’inflation. » Ferdinand-des-Ternes, dans le tre générosité égalent 2 euros. » Cet- pour des défunts ; et enfin le Déjà, comme beaucoup 17e arrondissement de Paris. Là te campagne, plus quelques phra- denier de l’Eglise, qui est collecté d’autres, sa paroisse a lancé une aussi, les paniers circulent pen- ses bien senties pendant le sermon une fois par an auprès des catholi- campagne de récupération des piè- dant la messe et résonnent des es- et quelques remarques humoris- ques. ces en devises étrangères. A partir pèces versées par les fidèles. Le tiques avant la quête, devraient ef- « Pour le denier, les fidèles arron- de janvier, elle demandera aux fi- prêtre s’interroge : « La pièce cen- ficacement relayer le message, diront sans peine la somme, expli- dèles de donner à l’Eglise les der- trale des quêtes est celle de estime le curé parisien. que Olivier Lebel. Le risque princi- niers francs dont ils veulent se dé- 10 francs. Et puisque la pièce de A la Conférence des évêques, pal porte sur les quêtes. C’est pour- barrasser. Pour remplir une derniè- 1 euro lui ressemble comme une l’alerte est jugée sérieuse. Olivier quoi nous aimerions que la pièce de re fois les paniers des quêtes avec sœur, le risque est grand de voir les Lebel, secrétaire général adjoint 2 euros soit davantage répandue des pièces de 10 francs… fidèles passer de 10 francs à chargé des questions financières, dans les porte-monnaie des Fran- 3 janvier 2001. 1 euro. » rappelle que la quête représente çais que ne l’a été celle de 20 francs. Xavier Ternisien XI RÉGIONS EURO Lille et Strasbourg vivent déjà à l’heure européenne Les deux grandes agglomérations du Nord et de l’Est ont désormais intégré la monnaie unique dans leurs usages. Elles parient sur une nouvelle consommation transfrontalière grâce, entre autres, à la simplification des procédures bancaires

LILLE ET STRASBOURG pole flamande et il n’est pas rare amplifié » par le passage à l’euro. administratives périmées ». Com- bre 1999 à Strasbourg, alors que en France une fois par mois. Le de nos correspondants de les voir chiner le dimanche aux Au niveau du commerce de me Pierre Mauroy, qui en a fait le géant suédois n’était présent banquier allemand prélève des Il est des situations qui entrent étals des brocanteurs du quartier détail, cela semble évident : la son cheval de bataille dans son ac- jusqu’ici que plus loin en Allema- frais forfaitaires au passage, mais dans les faits bien avant d’être en- de Wazemmes. clientèle étrangère ne peut être tion à la tête de la communauté ur- gne, à Karlsruhe et à Fribourg-en- le banquier français, en général, térinées par l’administration. Le Les avantages d’une monnaie que séduite par une monnaie com- baine, il déplore l’absence, entre Brisgau. joue la gratuité. statut transfrontalier des métropo- commune semblent aller de soi. mune – même les Britanniques, la France et la Belgique, d’une con- Le jeu des comparaisons, deve- Si les employeurs allemands, les lilloise et strasbourgeoise est Depuis quelques semaines, le dou- qui n’auront plus qu’une seule vention d’Etat à Etat analogue à nu évident, permettra de faire comme le font déjà Siemens, de celles-là. Au nord, seules les en- ble affichage, avec un prix en conversion à faire dans toute l’Eu- celle qui nous lie à tous nos autres jouer la concurrence. En matière Michelin-Allemagne et quelques seignes en néerlandais signalent euros plus gros que celui en rope. Les commerçants lillois l’ont voisins. Une situation presque de crédits bancaires comme pour entreprises plus modestes, accep- au chaland qu’il a passé la frontiè- francs, est presque partout la rè- très vite compris. Les industriels ubuesque – étant donné l’ampleur des travaux immobiliers, il de- tent de virer directement les salai- re dans l’agglomération ininter- et les négociants internationaux des échanges transfrontaliers fran- vient fréquent de demander des res en euros en France, beaucoup rompue qui joint Lille (Rijsel) à étaient, pour leur part, convain- co-belges – qui a pour origine la devis de part et d’autre de la fron- de frontaliers pourront cesser cet- Kortrijk (Courtrai) ; à l’est, l’air est La clientèle cus depuis longtemps. Les experts difficulté de l’administration fran- tière. Les achats de voitures d’oc- te gymnastique bancaire. Mais, à naturellement européen. estiment que l’appartenance de la çaise à admettre qu’il lui faut trai- casion outre-Rhin sont également terme, les frontaliers sont sou- Le Nord, d’abord. Ici, la mon- étrangère France à la zone euro a été un cri- ter avec les régions belges et non très tentants compte tenu du bon cieux : la comparaison pourrait naie ne saurait poser de problè- tère important pour les dirigeants avec Bruxelles… état général du parc automobile leur nuire, en soulignant le diffé- me. Les commerçants acceptent ne peut être de Toyota quand ils ont choisi le L’Est maintenant. Même natu- allemand. Mais l’Automobile- rentiel de salaire entre la France indifféremment les deux de cha- Nord plutôt que l’Angleterre (où rel, même enthousiasme de part Club d’Alsace incite à la vigilance et l’Allemagne et en incitant les que côté et, au centre de Lille, des que séduite ils fabriquaient déjà des moteurs) et d’autre du pont de l’Europe, où et à se méfier notamment du employeurs allemands à le rédui- distributeurs automatiques de pour implanter leur nouvelle usi- l’on attend avec impatience le pas- « rajeunissement » des comp- re. billets proposent indifféremment par une monnaie ne européenne. sage à l’euro. Ici, les écarts de prix teurs kilométriques, peu sanction- Autre conséquence du prochain francs français ou belges. Les Lil- La région Nord - Pas-de-Calais, peuvent être parfois importants né en Allemagne, et des difficultés passage à l’euro : les bureaux de lois et leurs voisins n’ont pas at- commune par la nature de ses activités (auto- selon la rive du Rhin que l’on habi- d’immatriculation. change se sont déjà raréfiés à tendu l’euro pour se livrer aux mobile, agroalimentaire, vente te. Le disque compact, par exem- L’arrivée de l’euro aura égale- Strasbourg. Le tourisme hors zo- joies des emplettes internationa- par correspondance…), se trouve ple, est bien meilleur marché en ment des conséquences sur les ne euro, à destination de la Suis- les. Le week-end, les commerces gle. « C’est beaucoup plus facile donc « aux premières loges » Allemagne. A l’inverse, l’hôtelle- 36 600 frontaliers alsaciens qui se, de l’Asie ou de l’Amérique du de luxe du Vieux Lille sont enva- dans les régions comme la nôtre », pour profiter de la montée en puis- rie-restauration alsacienne a une travaillent dans des entreprises al- Nord, ne suffira plus à faire vivre his par les Belges et les Britanni- constate Rémy Babinet, conseiller sance de l’Europe commerciale. fidèle clientèle allemande, jus- lemandes. Actuellement, le fronta- un réseau qui reposait surtout sur ques. De plus en plus nombreux technique chargé du commerce in- Aujourd’hui déjà, « on ne peut qu’au fond des vallées vosgien- lier a souvent deux comptes ban- les échanges entre francs et deuts- depuis l’ouverture du tunnel, ces ternational à la chambre de com- plus isoler la situation économique nes. Et les consommateurs alle- caires. En Allemagne, il perçoit chemarks. Pourtant, l’optimisme derniers semblent aussi apprécier merce. Selon lui, l’essor des échan- du Nord - Pas-de-Calais de la Belgi- mands apprécient aussi les gran- son salaire et se constitue éven- persiste. particulièrement le parfum d’exo- ges transfrontaliers constaté de- que et du Kent, estime Rémy Babi- des surfaces de l’agglomération tuellement une épargne-logement tisme que présentent, pour eux, puis plusieurs années dans la ré- net. A plus long terme, il restera strasbourgeoise, comme Ikea, ins- dans les conditions intéressantes Jean-Paul Dufour les nombreux bistrots de la métro- gion devrait être « sérieusement aux Etats à revoir des contraintes tallé sur 15 000 m2 depuis octo- d’outre-Rhin, et rapatrie le solde et Jacques Fortier Révolution pour les 12 500 parcmètres parisiens A Los Limites, les pesetas ont disparu, mais les prix restent LES TARIFS en euros des parcmètres parisiens sont nution, qui va attendre le 1er janvier 2002, sera encore restés un secret bien gardé jusqu’au Conseil de Paris plus spectaculaire, puisque le prix de la journée va attractifs pour les vacanciers et les frontaliers français du 19 novembre. Déjà en mémoire dans les puces passer au tarif simple et attractif de 0,5 euro électroniques d’une partie des 12 500 horodateurs de (3,28 francs). Mais cette baisse de 80 % du tarif du sta- PERPIGNAN contre 2 300 en 1993 – ont encore la faveur du traité des Pyrénées, la Ville, ils n’étaient connus que des seuls techniciens tionnement résidentiel privait la Ville de Paris de de notre correspondant de beaux jours devant eux, bien couronné par le mariage de chargés de les modifier… Les élus parisiens viennent 80 des 400 millions de francs (67,28 millions d’euros) Avec l’été qui s’est prolongé jus- que l’inflation espagnole tende à Louis XIV avec l’infante Marie-Thé- de fixer ces tarifs, selon les zones, à 1 euro de recettes annuelles des parcmètres. Elle est donc lar- qu’en automne cette année, Le Per- rééquilibrer les prix. rèse. Autre frontière singulière (6,55 francs), 2 euros (13,12 francs) et 3 euros gement compensée par la hausse des tarifs du station- thus (Pyrénées-Orientales), à la Les vacanciers qui ont choisi les pour le département des Pyrénées- (19,68 francs) de l’heure : de la périphérie vers le nement rotatif sur la chaussée, limité à deux heures. Pyrénées-Orientales, comme les Orientales, celle avec l’Andorre, centre de la capitale. La hausse est donc quasiment de REPORTAGE habitants du département, iront pays sans monnaie propre où le 30 % par rapport aux tarifs actuels de 5, 10 et NOUVELLE DISSUASION encore acheter l’alcool et le tabac franc et la peseta ont néanmoins 15 francs. Le passage des parcmètres à l’euro permet aussi au L’alcool et le tabac, tant qu’ils seront moins taxés cours légal et qui adoptera l’euro Cette nouvelle tarification a été préparée depuis plu- nouveau maire de Paris d’utiliser les tarifs de station- moins taxés qu’en France. Chaque jeudi, au début janvier. sieurs semaines. Une vingtaine d’agents des sociétés nement comme outil de réduction de la circulation. qu’en France, attirent marché de Figueras, à une demi- Une seule monnaie dans les po- installatrices des horodateurs sont actuellement en Le rééquilibrage substantiel entre les tarifs de station- toujours les amateurs heure de route de Perpignan en ches ou dans les tiroirs-caisses, train de modifier les programmes de chacune des ma- nements résidentiel et temporaire figurait dans les voiture, on entend parler autant tout le monde doit y gagner – sur- chines. Pour les 5 300 appareils qui ne fonctionnent dispositions prévues par le plan de déplacements français que catalan. Plus haut et tout en Catalogne où l’on adore qu’avec des cartes prépayées, le changement de logi- urbains (PDU) adopté par la Ville pour respecter les frontière espagnole, a encore des plus à l’ouest dans les Pyrénées, pouvoir s’émanciper de Madrid –, ciel est relativement aisé, et le paiement en euros se objectifs du gouvernement de baisse de la circulation allures estivales. Les parkings sont les habitants d’Estavar et de Calde- excepté les bureaux de change. fera automatiquement à partir du 1er janvier 2002. automobile. Le renchérissement du coût du station- pleins et l’avenue de France est gas, en Cerdagne française, font Cinquante emplois sur les quatre- Pour les 7 200 horodateurs qui acceptent aussi bien nement est ainsi une nouvelle façon de dissuader le noire de monde. leurs courses dans le confetti d’Es- vingts des bureaux de change des les pièces que les cartes, la manipulation va être plus trafic des véhicules particuliers dans Paris, après la Sur le trottoir de la partie espa- pagne en France que constitue l’en- établissements Sapsa et Servisud longue. Il faut déjà remettre en état les 2 500 appareils spectaculaire mise en service des premiers couloirs gnole – le hameau de Los Limites clave de Llivia. La ville, qui compte côté français, et une quinzaine cô- mis hors d’usage par des bandes de pilleurs organisés. de bus protégés. appartenant à la commune de La aujourd’hui 900 habitants, était té espagnol, pour la société Savisa, Il faut ensuite modifier leur machinerie pour leur per- Vingt millions de francs sont consacrés à ce change- Jonquera –, les amateurs de brèves restée espagnole, lorsque Mazarin disparaîtront le 1er janvier 2002. mettre de reconnaître et d’accepter les 14 différentes ment de tarification. Malgré la perspective d’une am- excursions transfrontalières venus avait grignoté, en 1659, à l’Espa- pièces en euros à partir du 1er janvier, tout en conti- nistie présidentielle, les 1 800 contractuelles de la parfois de loin, encore en shorts et gne un morceau de la Cerdagne, à Jean-Claude Marre nuant à accepter les francs jusqu’au 17 février 2002. Ville de Paris s’apprêtent à expliquer aux automobilis- tenues légères, sont chargés de Le maire de Paris a profité du passage à la monnaie tes les tout nouveaux tarifs du stationnement. sacs ou poussent des Caddies rem- européenne pour tenir l’un de ses engagements de N’ayant pas été augmentés depuis 1993, ils restent plis à ras bord jusqu’aux voitures campagne. Il avait annoncé la baisse du coût du sta- très peu élevés par rapport à ceux de la plupart des ou aux cars de tourisme. Sur ce ter- tionnement résidentiel, réservé aux habitants de la grandes métropoles européennes, qui atteignent par- ritoire espagnol, les clémentines capitale qui laissent leur voiture dans leur quartier fois 50 francs (8,41 euros) de l’heure. sont affichées à 8,90 francs le kilo avec un autocollant sur leur pare-brise. Ce tarif devait avec un gros chiffre en francs et un initialement passer de 15 à 5 francs par jour. La dimi- Christophe de Chenay plus petit en dessous : 1,36 euro. La monnaie espagnole a déjà dispa- ru, même si on peut payer aussi en Les comptabilités publiques respectent pesetas. EXCURSIONS D’UN JOUR Les vacanciers d’un jour, princi- le calendrier du passage à la monnaie unique palement des Français, viennent surtout pour les alcools, le tabac et AU-DELÀ de la grande opération ré et approuvé en francs. Son résultat taient que 10 %. Il est vrai, précise-t- les produits courants des super- lancée fin 2000 et poursuivie en sera converti en euros et voté en il, que la nouvelle monnaie se rappor- marchés. « En zone frontalière, on 2001 auprès des classes de CM1 et euros. » te à une simple loi et deux règlements a l’habitude du change », explique CM2 par 10 000 agents, le Trésor pu- Si, bien évidemment, tous les ser- communautaires. » Jordi Cabezas, le maire de La Jon- blic conduit, depuis de nombreuses vices de Bercy accompagnent le pas- Loin d’une difficulté de compré- quera, qui a fait de sa région de années, de vastes campagnes d’in- sage à l’euro, la direction générale hension monétaire, l’euro, dans l’Alt Emporda la zone de services formation sur le passage à l’euro au de la comptabilité publique (DGCP) nombre de collectivités, a révélé la plus importante d’Europe pour 1er janvier 2002. et, avec elle, le Trésor public, joue une demande de réponses tech- les transports routiers. Les com- En novembre 1997, le ministère un rôle capital. C’est à travers des niques. Ainsi, à quelques semaines merçants ont suivi des réunions de l’économie, des finances et de séances d’animation et de pilotage du passage à la monnaie unique, sur la monnaie unique, mais pour l’industrie a édité Le Guide de l’élu : conduites par des trésoriers- l’action des trésoreries porte plus eux la conversion est déjà une ha- le passage à l’euro. Ce premier guide payeurs généraux que l’information sur la conformité des programmes bitude ancienne, même si l’arrondi sur la mise en place de la monnaie sur l’euro a franchi le seuil des col- informatiques que sur la parité de était rarement en faveur de l’ache- unique prend la tête d’une longue lectivités locales. En effet, le Trésor l’euro en francs. teur français. liste d’une cinquantaine de public, à travers son réseau national Jean-Baptiste Gillet, directeur ad- « Rendre des euros sur des francs, dépliants et de brochures diffusés de 3 800 trésoreries, gère près de joint à la DGCP, indique que ce sera comme avant, rendre des pe- par les services de Bercy à plusieurs 100 000 comptes tant des collectivi- « l’échéancier instauré depuis le setas sur des francs. Mais la mon- millions d’exemplaires. Une docu- tés locales que des établissements 1er janvier 1999 suit son déroulement naie unique permettra de voir plus mentation qui participe à la commu- publics. Autant de structures et normal ». S’il est plus difficile d’éva- simplement encore que les 40 pese- nication sur l’introduction de l’euro groupements qui doivent mettre en luer le taux de basculement des tas [1,60 franc] de différence sur le dans de nombreux organismes tels conformité leur comptabilité avec recettes publiques en euros, tant litre de gazole restent une bonne af- les offices publics d’HLM (OPHLM), la nouvelle monnaie. elles correspondent à une demande faire pour les 8 000 routiers qui pas- les établissements publics de santé volontaire du public, par contre, sent la frontière chaque jour. » et, bien sûr, les collectivités locales. DES DEMANDES TECHNIQUES celles des dépenses avoisinent les Le différentiel de charges entre Ainsi, une brochure éditée en no- Robert Forté, correspondant 55 %. Un résultat conforme au la France et l’Espagne comme le vembre 1999, Collectivités locales, euro au Trésor public, observe para- tableau de marche de l’instauration taux de TVA à 7 % ont encore un comment se préparer au passage de doxalement : « La formation du de l’euro. attrait même si une récente étude l’euro du 1er janvier 2002 ?, précise personnel responsable de la compta- Certains départements ont même de l’Institut de statistiques de Cata- les conditions d’élaboration du bud- bilité a souvent pris le dessus sur l’in- pris de l’avance sur la date symboli- logne (Idescat) montre qu’en 2000 get 2002 de la commune. Ce guide formation sur l’euro. » Il appuie sa re- que du 1er janvier 2002. Ainsi, à cette le nombre de ces excursions d’un indique par exemple que « le budget marque sur des constatations chif- date, toutes les dépenses publiques jour a diminué. Les 80 commerces devra être préparé et voté en euros ». frées : « 90 % des demandes des res- du conseil général de l’Aude auront du Perthus « espagnol », les douze Cela n’empêche pas le même docu- ponsables locaux se rapportaient à été comptabilisées en euros avec centres commerciaux offrant des ment de souligner : « Le compte ad- une demande de formation techni- deux mois d’avance. services aux camionneurs et les dix ministratif 2001, qui se rapporte à un que de comptabilité, alors que les stations-service de La Jonquera – exercice exécuté en francs, sera prépa- interrogations sur l’euro ne représen- Dominique Buffier village de 2 800 habitants en 2001 XII / LE MONDE / EURO HORIZONS ENQUÊTE Voyage au centre de la BCE

LES SIX FAUCONS DU DIRECTOIRE trop pour l’édifice de 150 mètres tant pour la politique étrangère de ces expositions devient même Mardi 16 janvier. Comme cha- Au terme d’une plongée de haut, tout de métal et de verre, désigné par les Quinze, une per- l’un des rendez-vous mondains de que mardi, les six membres du di- situé au cœur du quartier des ban- sonnalité au profil très politique la place de Francfort. L’institut rectoire se retrouvent à huis clos d’une année au sein ques de Francfort. Une partie du parlerait fort et clair pour porter le d’émission en profite pour acheter au sommet de l’Eurotower, siège personnel déménage donc dans un message de la monnaie unique. des œuvres, que l’on aperçoit de- de la Banque centrale européen- de la Banque centrale gratte-ciel voisin, l’Eurotheum. Le L’initiative est un désaveu pour ci de-là dans les couloirs de l’Euro- ne, à Francfort. Autour de son pré- projet de construction d’un nou- M. Duisenberg, qui se targue tower. Responsable des achats, sident, le Néerlandais Wim Duisen- européenne, notre veau quartier général est accéléré : d’être le seul et unique M. Noyer est très attentif à cette berg, une mosaïque de nationali- le conseil des gouverneurs opte « M. Euro ». Mais ses gaffes ont af- démarche de mécénat. M. Duisen- tés : le Français Christian Noyer, correspondant à Francfort, pour le site du marché de gros de faibli sa crédibilité : en octo- berg affiche pour sa part des goûts vice-président, l’Espagnol Euge- la ville de Francfort. Le terrain doit bre 2000, le Néerlandais avait pro- résolument classiques : la carte du nio Domingo Solans, la Finlandai- Philippe Ricard, brosse la être acheté d’ici à la fin de l’année voqué une tempête en excluant continent européen qui décore se Sirkka Hamalainen, l’Allemand 2001 : pour l’instant locataire une intervention sur le marché des son bureau date du… XVIIe siècle. Otmar Issing et l’Italien Tommaso chronique d’une institution d’une filiale de la Dresdner Bank, changes dans l’hypothèse d’un Jeudi 26 avril. Les relations entre Padoa-Schioppa sont présents. l’institut d’émission ne sera vrai- conflit au Proche-Orient. Une con- la BCE et les douze banques cen- Personne n’ose rater ce rendez- très secrète et trop discrète ment chez lui qu’en… 2008. fidence qui avait fragilisé l’euro fa- trales nationales de la zone euro vous primordial dans la vie de la ce au dollar. Cette fois-ci, la réac- sont complexes. Chaque gouver- BCE : il s’agit entre autres de pré- L’EURO PARLE ANGLAIS tion des gardiens monétaires ne se neur de banque centrale dispose parer le conseil des gouverneurs, Jeudi 1er février. Une grande ta- fait pas attendre. M. Duisenberg d’un bureau et d’un badge d’accès réuni un jeudi sur deux, pour con- âpre pour se répartir les porte- dent de la Réserve fédérale améri- ble de bois clair, dix-huit fauteuils renvoie M. Reynders dans les cor- permanent à l’Eurotower… « Ils duire la politique monétaire. feuilles », confie un cadre supé- caine (FED). noirs et une vue plongeante sur le des : « La BCE est responsable de la sont chez eux ici », insiste Helga A eux six, ils constituent rieur. Sirkka Hamalainen a dû se Dans les coulisses, Otmar Issing Main, la rivière qui arrose Franc- représentation externe de la mon- E. Meister, chef de la division pro- l’« âme » de la jeune institution. battre pour ne pas voir ses préro- joue un rôle prépondérant. A la tê- fort. C’est le cadre de la réunion naie unique. Tout le monde devrait tocole et conférences, chargée de Déclinant leur identité à un visi- gatives fondre au profit de ses col- te des services économiques, cet du conseil des gouverneurs. Cet or- le savoir. » régler les moindres détails de leurs teur de marque, le prince espa- lègues. Aujourd’hui encore, des homme convivial, au regard bleu gane pilote la politique monétaire gnol Felipe, ils se sont un jour dé- frictions surviennent sur des com- pétillant, est le cerveau de la politi- de la zone euro, en fixant le niveau clarés « européen », sans en dire pétences transversales, comme les que monétaire. Il dirige un service des taux d’intérêt. Ses dix-huit Les charmes de Francfort ne suffisent pas plus sur leur nationalité d’origi- relations internationales, territoi- de plus de 200 personnes. «Un membres – les six du directoire et ne… Tous, à l’exception de re de M. Padoa-Schioppa. Etat dans l’Etat », selon un de ses les douze gouverneurs des ban- à retenir les membres du directoire. M. Noyer, ont fait une partie de En principe, les membres du di- subordonnés. Accessible – c’est le ques centrales nationales – se re- leur carrière dans la banque cen- rectoire sont placés sur un pied seul membre du directoire que trouvent une fois tous les quinze La plupart se contentent trale de leur pays d’origine. Tous d’égalité, mais, dans les faits, cer- l’on ait vu déjeuner à la cantine du jours, les jeudis matin, au 36e étage sont plutôt considérés comme des tains sont plus égaux que d’autres. personnel au deuxième étage –, de l’Eurotower. Otmar Issing d’y passer la semaine, en célibataire, faucons, c’est-à-dire attachés à Premier président de la BCE, M. Issing est aussi très conscient ouvre le feu, avec un exposé sur une politique monétaire ortho- M. Duisenberg n’a rien d’un auto- de son rôle : « Ils n’ont pas plus d’in- l’évolution économique de la zone avant de rejoindre leur pays d’origine doxe. Outre les réunions du mardi, crate. Au contraire : souvent en dé- fluence que mon chien sur la politi- euro ; il détaille la proposition sur les uns et les autres se croisent à placement, ce bon vivant, mèches que monétaire », a-t-il un jour lan- les taux formulée par le directoire. pour un week-end parfois prolongé l’occasion : leurs bureaux voisi- blanches en bataille, sait déléguer. cé en privé à propos des représen- Suit un topo de la Finlandaise Sirk- nent aux 34e et 35e étages. Dans les Il a la réputation de ne pas s’achar- tants régionaux de la Bundesbank, ka Hamalainen, chargée des opéra- hauteurs de la tour, une salle aux ner sur les dossiers mais excelle, la banque centrale allemande, tions de politique monétaire. Le projet est enterré, mais les séjours, véhicules de fonction, tons pastel les accueille pour expliquent ses proches, dans l’art dont il est issu. Assis par ordre alphabétique relations entre MM. Reynders et chambres à l’hôtel, etc. Les ban- déjeuner. de dégager des compromis. « C’est Mi-janvier. L’Eurotower craque autour de Wim Duisenberg, cha- Duisenberg restent tendues. Le ques centrales nationales ont ce- Cette proximité n’empêche pas un arbitre plus qu’un chef autoritai- de toutes parts. En moins de trois que participant peut prendre la pa- premier ne cesse en effet de récla- pendant du mal à faire de la place les luttes d’influence. Lorsque le di- re », dit un cadre dirigeant de la ans d’existence, les effectifs de la role. La plupart du temps, les gou- mer une baisse des taux, et ses dé- à leur « tutelle » européenne. rectoire s’est réuni pour la premiè- BCE. M. Duisenberg ne jouit jeune institution sont passés de verneurs se sont retrouvés dès le clarations irritent des gardiens mo- « Sur de nombreux sujets, les ban- re fois, en 1998, après la création cependant pas de l’aura d’Alan 450 à 1 100 personnes. Même si cet- mercredi soir, lors d’un dîner infor- nétaires jaloux de leur indépendan- ques nationales défendent leur rôle, de la BCE, « la discussion a été Greenspan, le tout-puissant prési- te croissance va ralentir, c’en est mel à l’Eurotower : ils ont pu pré- ce. A l’abri des micros, les contacts avec une vision fragmentaire », ju- parer le terrain, en l’absence des au sommet sont pourtant régu- ge un cadre de Francfort. En matiè- responsables politiques de la zo- liers, et plus feutrés. Dirigeants po- re de supervision bancaire par ne, invités en tant qu’observateur litiques et monétaires ont pris l’ha- exemple, les dirigeants de la Bun- L'Eurotower : le siège de la Banque centrale européenne (BCE) au conseil. « L’atmosphère ressem- bitude d’un échange de vues très desbank montent régulièrement ble à celle d’un club dont les mem- régulier sur la situation économi- au créneau pour contrer toute vel- bres se sont connus bien avant l’in- que de la zone. léité centralisatrice. troduction de l’euro », confie un Dès qu’il le peut, le Belge assiste Le mode de fabrication des haut fonctionnaire. en tant qu’observateur au conseil billets en euros donne lieu à d’in- Le directoire a dû trouver sa pla- des gouverneurs. En général, tenses débats au sein du conseil ce face à des gouverneurs natio- M. Duisenberg est présent aux réu- des gouverneurs. Tandis que naux dotés d’une solide autorité et nions de l’eurogroupe. « Le problè- Francfort entend alléger le disposi- Etages d’une grande autonomie, à l’instar me, c’est que le président de la BCE tif, chaque banque nationale dé- Salle du conseil de Jean-Claude Trichet, de la Ban- se contente souvent de ressasser son fend son imprimerie. La Banque 3636 des gouverneurs que de France, ou d’Ernst Welteke, message, sans chercher à vraiment de France se méfie d’une mise en le président de la Bundesbank. Les discuter ; à la longue, c’est un peu concurrence des sites car ses coûts Les bureaux de Wim débats monétaires durent au fatigant », dit un habitué de ces de production sont les plus élevés Duisenberg et de moins deux heures et sont souvent rencontres. de la zone. Un compromis est trou- 35 Christian Noyer animés. Chacun des dix-huit gou- vé pour l’après-janvier 2002 : les verneurs dispose d’informations POUR LIMITER LA CACOPHONIE grands pays produiront deux types différentes et d’une sensibilité pro- Avril. Place aux anonymes ! de billets ; les petits, un seul. 34 Le Directoire pre, parfois liées aux évolutions de Pour l’occasion, Wim Duisenberg Par ailleurs, la liberté de parole son pays. En général, M. Duisen- et Christian Noyer se sont abste- des patrons de Banque centrale pa- Les bureaux des berg tente de dégager un consen- nus : la « parole » est laissée aux rasite souvent le message des diri- gouverneurs des banques sus : « Cela ne signifie pas toujours artistes cachés de la BCE, ses Hid- geants de la BCE. Des efforts ont 32 33 centrales nationales l’unanimité », reconnaît un gar- den artists, selon le titre de l’exposi- été faits pour limiter la cacopho- dien monétaire. La baisse des taux tion. Abstraites ou réalistes, pein- nie, mais le naturel revient vite au – et surtout le rythme à suivre – a tures, photos, sculptures, une ving- galop. Les multiples déclarations Direction générale, divisé les participants ces derniers taine de salariés affichent leurs d’Ernst Welteke – le président de relations internationales 29 mois. Et la BCE essuie fréquem- créations au deuxième étage de la Bundesbank reste une figure en ment de fortes critiques pour son l’Eurotower. vue en Allemagne – ont ainsi le Services des questions inertie devant le ralentissement de La BCE n’est pas néophyte en don d’irriter les membres du direc- 25 26 27 économiques l’activité économique. matière d’art : tous les deux mois, toire : une fois sur deux, elles dé- Banque centrale européenne, elle ouvre son espace à un artiste tonnent avec les propos de M. Dui- tour de Babel des temps moder- contemporain originaire de senberg, qui a bien du mal à faire nes ? Non, car l’anglais domine. Si l’Union monétaire. Le vernissage entendre sa voix. 22 23 Service informatique l’équilibre entre les langues offi- cielles de l’Union est un sujet sensi- Service de presse, ble à la Commission européenne, communication et la question ne se pose même pas à 16 13 15 direction des billets Francfort. L’institut d’émission a adopté sans barguigner la langue des milieux financiers. Les services 12 Service du personnel de traduction comptent une dou- zaine d’anglophones de naissance, Salle des marchés utilisée contre deux représentants pour pour les interventions sur chacune des dix autres langues of- 9 le marché des changes ficielles. Les salariés doivent faire preuve d’« une connaissance parfai- Bibliothèque, centrale te de l’anglais et satisfaisante d’une AFP 5 4 téléphonique seconde langue officielle des com- AFP munautés », est-il indiqué. La BCE finance du coup des cours de per- WIM DUISENBERG CHRISTIAN NOYER Salle de conférence, fectionnement pour son person- 2 restaurant du personnel nel : elle est même devenue l’un a Président. a Vice-président. des clients préférés des écoles de Né le 9 juillet 1935, aux Pays-Bas. Né le 6 octobre 1950, en France. langue de Francfort… Ministre des finances travailliste Juriste, énarque, M. Noyer est de 1973 à 1977, député, entré au Trésor en 1976. Après un LES GAFFES ET LE DÉSAVEU cet économiste s’est converti bref passage à la tête du cabinet du Jeudi 1er mars. C’est un ballon à la rigueur budgétaire après ministre de l’économie, Edmond d’essai qui met Wim Duisenberg le choc pétrolier. Nommé en 1982 Alphandéry, dans le gouvernement dans une colère froide. Didier à la tête de la Banque centrale d’Edouard Balladur, il est directeur Reynders, le ministre belge des fi- des Pays-Bas, il a eu à cœur de du Trésor de 1993 à 1995. • Hauteur : 148m sur 39 étages • 16 ascenceurs nances, a proposé la création d’un coupler le florin au deutschemark. Il quitte ce poste pour diriger • 1 500 postes de travail second « M. Euro ». Le président La banque centrale allemande le cabinet du ministre du conseil des ministres des finan- le soutiendra au moment de l’économie et des finances, Jean • architecte : Richard Heil ces de l’Union monétaire expli- des polémiques sur sa nomination Arthuis, jusqu’à la défaite de la • Commencée en 1973, sa construction que : « Nous ne voulons pas assister à la présidence de la BCE. droite aux législatives de 1997. silencieusement et sans agir au déve- Nommé pour huit ans, il a répété Nommé jusqu’à fin mai 2002 , s'est achèvée en 1977 loppement de notre monnaie uni- qu’il n’irait probablement pas au Christian Noyer chapeaute les que. » L’idée est simple : à l’instar bout de son mandat, mais il cultive directions de l’administration, du de Javier Solana, haut représen- le mystère sur ses intentions. personnel et des affaires juridiques. HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / EURO / XIII

Les pièces et les billets d’euros ornent la façade de l’Eurotower, le siège de la Banque centrale européenne à Francfort.

de l’imminence de son geste. Une vi- site de Wim Duisenberg à Helsinki, pour un séminaire consacré à… l’euro, retarde la téléconférence pré- vue avec les gouverneurs de la zone pour emboîter le pas à la FED. Avec trois heures de décalage, la BCE an- nonce à son tour qu’elle baisse ses taux.

DES MINUTES TRÈS SECRÈTES Lundi 22 octobre. La visite a été organisée en toute discrétion : des membres de la commission des af- faires économiques et monétaires du Parlement européen viennent rencontrer le directoire. Ce rendez- vous s’inscrit dans le cadre du dialo- gue monétaire engagé depuis la naissance de l’institut d’émission. Rendez-vous-clés dans ces échan- ges, Wim Duisenberg se déplace quatre fois par an à Bruxelles pour une audition d’un genre nouveau en Europe. « Dans un système où la Banque centrale est très indépendan- te, sans contrepartie politique, ce ty- pe de contact est une obligation pour améliorer la transparence. Il en va de la responsabilité démocratique de la BCE », expliquait en mars Christa Randzio-Plath, la présidente alle- mande de la commission. Elle ajou- te : « Au début, les banquiers cen- traux étaient sceptiques, mais l’habi- tude est prise. » Cet échange est d’autant plus né- cessaire que la communication de

PATRICK PIEL la BCE est très critiquée. Toutefois, le dialogue monétaire balbutie en- VRAIS BILLETS ET FAUSSES COUPURES tion a dû très vite renforcer ses effec- pagnols sont nettement moins atti- pour les enfants de son personnel. décision n’est prise. Il faudra atten- core. Il est méconnu du grand pu- Mai. L’endroit est sous bonne gar- tifs. Et des représentants du person- rés. L’équipement est situé dans le quar- dre la rentrée, jeudi 30 août, pour blic. « C’est souvent un dialogue de de. C’est là, au 15e étage de l’Euro- nel, souvent en bisbille avec la direc- La période des ponts le confirme : tier résidentiel de Westend, à quel- voir la BCE décider d’une seconde sourds, où la BCE répète ses argu- tower, dans des bureaux accessibles tion, se sont émus des méthodes de les charmes de Francfort ne suffi- ques minutes de l’Eurotower. Le baisse des taux après celle du ments, sans trop tenir compte de nos par un sas de protection électroni- recrutement. « L’arbitraire et les affi- sent pas à retenir les membres du di- premier « Kindergarten » était com- 10 mai. remarques », regrette un député que, que la BCE installe un labora- nités nationales peuvent fausser le rectoire. La plupart se contentent plet. Les employés de la banque – Jeudi 30 août. Joao de Almeida écologiste. Le Parlement réclame toire d’analyse des faux billets en jeu », dit l’un d’eux, qui ajoute : d’y passer la semaine, en célibatai- âge moyen : 35 ans – font un usage euros. Ce centre aura pour mission « Ce code est bienvenu, mais il s’agit res, avant de rejoindre leur pays intensif des services de garde. Un d’étudier les différentes fausses cou- d’un oukase de la direction, conçu d’origine pour un week-end parfois bel avantage quand on connaît la Le dosage n’est pas toujours facile. pures saisies aux quatre coins du sans négociations préalables. » prolongé. Chaque membre du direc- pénurie dont souffre l’Allemagne monde. Un travail qui sera réalisé Le recrutement est, il est vrai, une toire dispose pourtant d’un loge- en la matière. Ce n’est pas le seul Les Allemands représentent un tiers en étroite relation avec les services affaire sensible pour une jeune ment de fonctions à sa disposition. coup de pouce dont bénéficie le per- de police et les banques centrales institution engagée dans un pro- Wim Duisenberg, après avoir été lo- sonnel. Car l’institut d’émission se des effectifs. Ils sont très présents de chaque pays membre de la zone, cessus de croissance accélérée. Les gé à deux pas de la BCE, s’est fait démène « pour attirer à Francfort les afin d’alimenter une base de don- contraintes sont nombreuses : les aménager une résidence à Kron- personnes très qualifiées en provenan- dans des divisions-clés, nées commune. Les billets étalons postes sont réservés aux citoyens berg, une banlieue très chic de ce de toute l’Union européenne ». ne sont pas loin, conservés à l’abri des quinze pays de l’Union euro- Francfort. Les salaires sont très conforta- comme les questions économiques. des regards. péenne. S’il n’existe aucun quota Ses collègues du directoire sont bles – en haut de l’échelle, pour l’an- « Les signes de sécurité sur les officiel, de grands équilibres entre restés dans les environs de l’institut née 2000, les émoluments versés Les Français sont sous-représentés billets doivent permettre d’empêcher les Etats membres doivent être res- d’émission. Chaque matin, leurs aux six membres du directoire ont la contrefaçon. En parallèle, il faut pectés, surtout au niveau des postes chauffeurs passent les prendre pour représenté un total de 1,8 million aussi rendre la circulation des fausses de direction. les conduire au bureau, à bord d’un d’euros, soit près de 12 millions de peut souffler. Ces dernières semai- en vain la publication des minutes coupures très difficiles », dit Antti « La constitution d’équipes multi- véhicule de fonctions de marque… francs. S’y ajoutent quantité de pri- nes, la petite équipe pilotée par ce du conseil. Mais la BCE est très ja- Heinonen, directeur des billets à mes : 251 euros par mois par enfant Portugais a dû mettre les bouchées louse de ce genre de secrets. l’institut d’émission. D’ici à la fin de moins de 26 ans, une allocation doubles afin de préparer un des 2001, le centre d’analyse technique A eux six, ils constituent l’« âme » d’expatriation pour les salariés non temps forts de la rentrée : la confé- « CONQUÉRIR LE MONDE » comptera huit personnes. L’effectif allemands (16 % du salaire de base), rence de presse destinée à dévoiler Jeudi 8 novembre. Comme d’habi- sera ajusté en fonction des besoins, de la jeune institution. Déclinant leur 5 % pour les chefs de famille. A les billets en euros, et leurs signes tude, interrogé sur le sujet, Wim mais M. Heinonen espère ne pas l’instar des fonctionnaires euro- de sécurité. Assaillis par les journa- Duisenberg refuse d’en dire plus avoir à développer son équipe de identité à un visiteur de marque, le prince péens, le personnel est dispensé listes, ce jeudi 30 août, Wim Duisen- sur ses intentions. Quittera-t-il son spécialistes… d’impôt sur le revenu en Allema- berg brandi une grosse étoile de bureau de la Kaiserstrasse après l’ar- espagnol Felipe, ils se sont un jour déclarés gne. Les frais de scolarité des en- plastique où sont affichées les pré- rivé des pièces et billets en euros ? LOGEMENT DE FONCTIONS fants sont pris en charge. Et la ban- cieuses coupures. Pour M. de Almei- Ce dossier ultrasensible alimente Vendredi 15 juin. Wim Duisen- « européens », sans en dire plus que a fait des pieds et des mains da, cet instant constitue l’apogée depuis des mois un discret psycho- berg signe un document à usage in- pour qu’une école européenne d’un travail de deux ans. drame. En principe, le Néerlandais terne, dont, contre toute attente, sur leur nationalité d’origine… ouvre ses portes à Francfort, dès la Site Internet, recherche de parte- (soixante-six ans) est nommé pour l’institut d’émission n’est pas enco- rentrée prochaine. naires, publicité, kits de formation, huit ans, mais il a répété vouloir re doté : « Les règles de recrute- les chantiers se sont multipliés pour quitter son poste avant le terme de ment » qui doivent encadrer le bon nationales est une nécessité pour bien allemande. L’Espagnol Solans est TORPEUR ESTIVALE familiariser 304 millions d’Euro- son mandat. Début mai 1998, lors déroulement des embauches, de ma- appréhender l’ensemble de la zone sans doute celui qui reste le plus vo- Jeudi 2 août. Le conseil des gou- péens, souvent sceptiques, à l’arri- d’un sommet européen explosif à nière à respecter « les principes de euro », dit un responsable. Le dosa- lontiers à Francfort en fin de semai- verneurs n’échappe pas à la torpeur vée de la nouvelle monnaie. 200 mil- Bruxelles, un accord avait été qualification professionnelle, de trans- ge n’est pas toujours facile. Les Alle- ne. Car même M. Issing se dépêche estivale : la réunion ne se tient pas lions de brochures, traduites dans conclu pour que M. Duisenberg cè- parence, d’égalité d’accès et de non- mands représentent un tiers des ef- de rentrer chez lui, à Würzburg, une à Francfort, mais par le biais d’une les onze langues officielles de la zo- de la place, à mi-mandat, à Jean- discrimination ». Avec son allure fectifs. Ils sont très présents dans ville de Bavière située à une grosse téléconférence deux ou trois fois ne, doivent être distribuées, avec Claude Trichet, le candidat pressen- d’officier de marine, Hanspeter des divisions-clés, comme les ques- heure de route de son bureau. par an. Cette fois-ci, de nombreux un slogan phare : « L’euro, notre ti par les Français. L’entourage du Scheller, le directeur de l’administra- tions économiques. Les Français responsables monétaires ont déjà monnaie ».«Une sorte de sommet patron de la BCE a cependant ten- tion et du personnel, précise : «Il sont sous-représentés. Tandis que PRIMES ANNEXES fait leurs valises : seuls 13 gouver- dans la vie d’un traducteur », obser- dance à minimiser la portée, voire s’agit pour l’essentiel de codifier des les Finlandais seraient, dit-on, sé- Juillet. Et de deux ! La Banque neurs sur 18 sont au bout du fil. Les ve Sarah Johns, chef de la division la réalité, d’un tel compromis. pratiques qui ont toujours été sui- duits par Francfort, ville du Sud vue centrale européenne ouvre, cou- autres sont remplacés par leurs ad- services linguistiques. Le travail est Pendant toute l’année 2001, les vies. » En trois ans, la jeune institu- des pays nordiques, Français et Es- rant juillet, une seconde crèche joints. Conclusion logique : aucune réalisé en lien étroit avec les ban- rumeurs se sont multipliées, même ques centrales nationales et l’agen- dans les couloirs de la BCE, où le su- ce Publicis. « Le plus dur aura été jet est officiellement tabou. La dis- d’éviter les clichés sur les peuples et cussion embarrasse les gardiens mo- les pays membres de l’Union », dit nétaires ; ils estiment qu’il est ur- M. de Almeida, un ancien avocat re- gent d’attendre. Car la succession converti dans la défense de l’euro. de M. Duisenberg risque d’être déli- cate : M. Trichet pourrait ne pas LA BCE ÉPAULE LA FED être en mesure de prendre la relève, Mardi 11 septembre. Une poi- après sa mise en examen dans le gnée d’heures après les attentats de scandale du Crédit lyonnais. En New York et de Washington, le pré- outre, la discussion affaiblit l’autori- sident de la BCE appelle son homo- té déjà fragile du patron de la BCE. logue de la FED, Alan Greenspan, En avril, alors que M. Reynders, pour lui offrir son soutien. Au mo- encore lui, a sommé M. Duisenberg

AFP ment de la tragédie, l’Américain de « clarifier sa position », Jean- AFP AFP AFP n’est pas à son bureau, à New York, Claude Juncker, premier ministre SIRKKA HÄMÄLÄINEN OTMAR ISSING TOMMASO PADOA-SCHIOPPA EUGENIO DOMINGO SOLANS mais en Suisse ; il mettra une gros- luxembourgeois, a eu cette formule se journée à rejoindre, grâce à un pour apaiser les spéculations : a Née le 8 mai 1939, en Finlande. a Né le 27 mars 1936, a Né le 23 juillet 1940, en Italie. a Né le 26 novembre 1945, vol militaire spécial, le siège de la « C’est un débat qui n’a pas de sens Unique femme du directoire en Allemagne. Entré en 1968 à la Banque d’Italie, en Espagne. Universitaire, Réserve fédérale, à quelques centai- (…) Nous voulons conquérir le mon- et du conseil des gouverneurs, Cet économiste a d’abord ce diplômé du Massachusetts économiste, il a multiplié nes de mètres des deux tours effon- de, mais nous ne sommes même pas elle dirigeait depuis 1992 mené une longue carrière Institute of technology (MIT) les expériences dans drées. A Francfort, le personnel est capables de nous taire. » « Un chan- la Banque centrale de Finlande. universitaire à Würzburg, a passé quatre ans à la direction l’administration et la banque. sous le choc. Les mesures de sécuri- gement à la tête de la BCE dans les C’est là qu’elle a fait sa ville natale. Chercheur des affaires économiques et Après avoir longtemps travaillé té sont renforcées au pied de l’Euro- douze prochains mois ne serait pas l’essentiel de sa carrière, très prolifique, ce spécialiste financière de la Commission pour la Banco Atlantico, il devient tower. une sage décision », a indiqué, l’air à l’exception d’un bref passage de politique monétaire entre européenne. De retour à la Banque conseiller au ministère Surtout, Européens et Améri- de rien, M. Duisenberg, le 11 octo- au ministère des finances en 1990 au directoire d’Italie, il en est le vice-directeur de l’économie, directeur du service cains préparent dans le plus grand bre. La question, reconnaît-on pour- de son pays au début de la Bundesbank, général de 1984 à 1997. Il prend de recherche à l’Institut des études secret une baisse concertée des tant à la BCE, va se poser avec le dé- des années 1980. comme chef économiste, ensuite la présidence de la économiques, puis adjoint du taux. Elle aura lieu le lundi 17 sep- part, prévu pour la fin mai 2002, de Economiste de formation, où il cotoiera le très austère Commission des opérations président de la Banco Zaragozano. tembre : la FED allège d’un demi- M. Noyer. En attendant, l’institut Sirkka Hamalainen est réputée Hans Tietmeyer, nommé de Bourse de la Péninsule. En 1994, il est nommé au comité point le loyer de l’argent, juste d’émission veut se concentrer sur pour son orthodoxie monétaire. président en 1993. Nommé pour sept ans, Tommaso exécutif de la Banque d’Espagne. avant la réouverture de la Bourse ce qui constituera son baptême du Nommée pour cinq ans Nommé pour huit ans, Padoa-Schioppa est chargé Nommé pour six ans, Eugenio de New York, fermée depuis l’atta- feu : l’introduction des pièces et à la BCE, elle est responsable Otmar Issing est responsable des relations internationales, Domingo Solans pilote la direction que terroriste. Peu avant d’agir, billets en euros. des opérations et du contrôle des questions économiques des systèmes de paiement des billets, les systèmes Alan Greenspan a averti le vice-pré- budgétaire. et de la recherche. et de la surveillance bancaire. d’information et les statistiques. sident de la BCE, Christian Noyer, Philippe Ricard XIV / EURO / LE MONDE HORIZONS-DOSSIER L’abécédaire de l’euro De « A » à « Z », le petit guide pratique sur les grands et les petits côtés de l’euro

commerciale mondiale et, en ter- Grèce, l’Italie, l’Irlande, le Luxem- les engagements pris à Maastricht cale, la frappe des pièces est à la ment par la création du marché mes de richesse produite, la deuxiè- bourg, le Portugal et les Pays-Bas. ont été précisés à Amsterdam (oc- charge du gouvernement. En unique, a vu son achèvement avec me derrière les Etats-Unis. A ces Etats membres à part entière tobre 1997). Ces dispositions ont France, elle est du ressort de la Di- la naissance de l’euro. de l’euro, on peut ajouter Andorre, également débouché sur la trans- rection des monnaies et mé- Monaco, Saint-Marin et le Vatican, formation de la Communauté éco- dailles et porte sur 8,1 milliards où l’euro scriptural était déjà une nomique européenne (CEE) en de pièces (qu’il faudra porter à réalité depuis janvier 1999. A comp- Union européenne (UE). 10 milliards ultérieurement) re- ter du 1er janvier 2002, en raison présentant un poids de 26 000 ton- des accords bilatéraux existants – nes, soit quatre fois celui de la avec la France et l’Italie – qui leur tour Eiffel ! Pour l’ensemble des ARRONDIS permettent de profiter du système douze devises, leur poids total re- Le taux de conversion officielle- monétaire du pays voisin, des piè- présente 300 000 tonnes et une ca- ment retenu pour l’euro est de ces et des billets en euro y circule- pacité de stockage d’environ 6,55957 F, soit cinq chiffres après ront librement à compter de jan- 100 000 m3. la virgule. Cette parité correspond vier 2002. De la même façon qu’el- VALIDITÉ à la valeur du franc calculée par FRANC le émet des pièces nationales moné- Jusqu’au 17 février 2002, billets rapport au cours pivot des onze Comme les onze autres devises gasques libellées en francs, la prin- et pièces en francs pourront conti- autres monnaies entrant initiale- entrées initialement dans la zone cipauté de Monaco pourra émettre nuer à être utilisés, au même titre ment dans la zone de la monnaie euro, le franc n’est plus qu’une des pièces monégasques en euros. que les euros. A partir du lende- unique à la date du 31 décembre subdivision de l’euro depuis le La principauté d’Andorre, Etat sou- main, les francs n’auront plus 1998, veille du jour où l’euro a rem- 1er janvier 1999, date de création de verain depuis 1993, n’a pas de mon- NI-NI cours. Au-delà de cette date et jus- placé l’écu. la monnaie unique. Sa disparition naie officielle, les transactions s’ef- Il s’agit de la période transitoire qu’au 30 juin 2002, il sera encore définitive sera prononcée le 17 fé- fectuant en franc français et en pe- entre le 1er janvier 1999 et le 1er jan- possible d’échanger ces espèces en vrier 2002, lorsqu’interviendra la seta espagnole. Après le 1er janvier vier 2002, durant laquelle il n’y a ni francs contre des euros, gratuite- suppression du cours légal des 2002, les pièces et billets en euros obligation ni interdiction d’utiliser ment, aux guichets des banques et billets et des pièces libellés en uni- seront utilisés de la même façon l’euro plutôt que la monnaie natio- de La Poste. A partir du 1er juillet tés monétaires nationales. Son ori- sur le territoire d’Andorre. nale. 2002, cette conversion en euros ne gine remonte à 1360, lorsque fut pourra plus se faire qu’auprès des frappée, à raison de 3 millions RIVALITÉ guichets de la Banque de France, à d’écus d’or, une pièce d’or fin Présenté implicitement comme l’Institut d’émission des départe- (taillée dans un mark d’or). C’était le challenger du dollar, l’euro a en- ments d’outre-mer (IEDOM), ou là la rançon qui permit d’obtenir la core du chemin à parcourir : près auprès du Trésor public et ce, pen- libération du roi de France Jean le de 80 % des opérations de change dant trois ans pour les pièces et dix Bon, battu à Poitiers par les An- se facturent encore en dollars, de ans pour les billets. glais et fait prisonnier quatre ans même que la quasi-totalité des BILLETS plus tôt. Elle permit au roi de re- transactions pétrolières. Dans l’euroland, environ tourner franc (à savoir libre) dans 14,5 milliards de billets de banque son royaume, un nom qui devait à l’effigie de la monnaie unique rester à la pièce. JANVIER sont imprimés en vue du lance- Date de référence. 1er janvier ment de l’euro. En France, c’est à 1999 (en réalité le 4 janvier, en rai- la papeterie de Vic-le-Comte et à son du week-end) : l’euro devient l’imprimerie de Chamalières, tou- la monnaie officielle (scripturale OUT tes deux situées dans le Puy-de-Dô- dans un premier temps) des onze Trois pays figurent encore en de- me, que reviennent l’impression, pays fondateurs auxquels se joint hors de la zone euro. Il s’agit de la sous le contrôle de la Banque de la Grèce deux ans plus tard. 1er jan- Grande-Bretagne (en raison d’une WERNER France, des quelque 2,5 milliards vier 2002 (un mardi) : mise en pla- opinion publique toujours euro- Le 22 mars 1971, les ministres de de billets appelés à circuler. Les ce de l’euro fiduciaire ; les pièces et phobe), du Danemark (qui a choisi l’économie et des finances de la billets ont été dessinés par le gra- les billets sont mis en circulation. de ne pas participer à la première Communauté européenne (réduite phiste autrichien Robert Kalina. Ils peuvent enfin être utilisés com- vague de la monnaie unique) et de alors à six pays membres) adop- me instruments de paiement. Jus- la Suède (dont la couronne ne par- STABILITÉ tent le « rapport Werner », du GRÈCE qu’au 17 février à minuit, la double ticipe pas au mécanisme de change Le Pacte de stabilité et de crois- nom du premier ministre luxem- Dans un premier temps, faute de circulation des euros et des mon- institué dans le cadre du Système sance a été conclu en 1997, donc bourgeois de l’époque, Pierre Wer- pouvoir satisfaire correctement naies nationales est admise. Jus- monétaire européen, condition in- bien après le traité de Maastricht ner, qui avait présidé le comité aux critères de convergence inclus qu’à cette date-butoir, la monnaie dispensable selon le Traité de qui, lui, ne parlait que de « stabili- chargé de tracer les grandes lignes dans le traité dit de Maastricht, la doit être rendue en euros, mais ce Maastricht). té ». Il reflète le compromis inter- de la construction monétaire euro- Grèce, entrée dans la Communau- n’est pas une obligation légale. venu entre les Allemands, sou- péenne. Ce rapport prévoyait no- té européenne en 1981, et qui n’en cieux de maintenir cette compo- tamment la constitution, par éta- remplissait qu’un sur six, n’a pu re- sante du pacte, et les Français, dési- pes et en dix ans, d’une Union éco- joindre les Onze lors de la naissan- reux d’y associer la notion de nomique et monétaire avec, no- ce de la monnaie unique. Athènes « croissance ». Il s’agissait là, de la tamment, la création d’une mon- CENTIMES a dû patienter jusqu’au 1er janvier part de Paris, d’une concession, a naie unique. Cent ou centime ? Les deux ! 2001 pour rejoindre les autres capi- minima, par rapport à sa volonté D’après les recommandations offi- tales de la zone euro, après avoir initiale d’instaurer une sorte de cielles, « centime » durant la pha- dévalué la drachme de 3,5 % par gouvernance politico-économique se transitoire (voir N), puis rapport à l’euro six mois plus tôt. dans la conduite de l’euro. « cent ». Euro et cent ne prennent pas de « s » au pluriel sur les billets et pièces. En revanche, l’accord du LOGO PESSAC pluriel s’applique à l’écrit (« des Pour symboliser le sigle de Commune française située en Gi- euros »). l’euro, la Commission européenne ronde et qui abrite l’usine de la Di- a choisi l’epsilon grec qui rappelle rection des monnaies et médailles, le berceau commun de la culture où sont frappées les nouvelles piè- européenne et la première lettre ces en euros. La modernisation de ZONE FRANC du mot « Europe ». Les deux traits l’usine a coûté environ 100 mil- Dans les départements d’outre- parallèles symbolisent la stabilité lions de francs. La frappe du pre- mer (Guadeloupe, Guyane françai- de cette nouvelle monnaie, au mê- mier euro a eu lieu le 11 mai 1998. se, Martinique et Réunion) ainsi que me titre que le dollar et le yen. Le Les « flans monétaires » en acier TRICHET dans les collectivités territoriales de logo de l’euro est jaune sur fond ou en alliage de différents métaux Actuel gouverneur de la Banque Saint-Pierre-et-Miquelon et de HYMNE bleu. Il a adopté les mêmes cou- (principalement du cuivre, du zinc, de France, Jean-Claude Trichet de- Mayotte (dotées d’un statut particu- Depuis 1985, l’Europe a son hym- leurs que le drapeau européen as- de l’aluminium et du nickel) y sont vrait théoriquement, au printemps lier), l’euro circulera dans les mêmes ne et sa musique : L’Hymne à la joie sorti de ses douze étoiles. découpés en rondelles, et les piè- 2002, remplacer Wim Duisenberg à conditions qu’en métropole. Pour DUISENBERG de Ludwig Van Beethoven, compo- ces sont frappées avec leurs signes la tête de la Banque centrale euro- ce qui est des territoires d’outre-mer Après une rude bataille politi- sé pour le quatrième mouvement distinctifs. Dans l’Euroland, les péenne (BCE). Il achèverait ainsi le (Nouvelle-Calédonie, Polynésie fran- que, conduite notamment par la de sa Neuvième symphonie. Jusqu’à 50 milliards de pièces qu’il faut mandat de 8 ans du premier prési- çaise, îles de Wallis-et-Futuna), les- France, qui avait des vues sur la présent, l’euro, lui, n’avait pas été frapper dans les douze pays de la dent de la BCE, aux termes d’un ac- quels ne font pas partie de l’Union présidence de la Banque centrale mis en chanson. C’est chose faite zone euro, ont huit dénomina- cord non écrit intervenu à Bruxel- européenne, la France dispose, se- européenne (BCE), c’est finale- avec la parution de deux CD à la tions : 1, 2, 5, 10, 20, 50 centimes les en 1998. lon le Traité de Maastricht, de la fa- ment le Néerlandais Wim Duisen- gloire de la monnaie unique. Le d’euro, 1 et 2 euros. De couleur cui- M. Trichet, inspecteur général culté d’y émettre des monnaies se- berg qui en a pris la présidence premier, signé et interprété par vre rouge pour les plus petites, des finances, né en 1942, a été asso- lon les modalités établies par la légis- pour un mandat de huit ans. A l’ins- Bernard Magny, un représentant jaune pour les moyennes et bicolo- cié à divers titres aux gouverne- lation nationale : la monnaie locale tar de la Bundesbank allemande, la commercial d’une entreprise de tra- res pour les pièces de 1 et 2 euros, ments de droite comme de gauche est le franc CFP. Avant le 1er janvier BCE, sous l’égide de M. Duisen- vaux publics, s’intitule tout simple- elles comportent une face commu- depuis la présidence de Valéry Gis- 1999, 1 000 francs CFP valaient berg, mène une politique monétai- ment L’Euro. Le second, écrit par ne et une face nationale. Les pièces card d’Estaing. Il a pris une part ac- 55 francs français. Compte tenu de re très stricte afin de contenir les un trio amateur et interprété par la d’origine française représentent tive dans la création de l’euro, éta- la parité de cette monnaie locale par risques inflationnistes. chanteuse Caro, se veut plus ambi- une Marianne, une Semeuse ou le blissant notamment, en 1993, l’in- rapport à l’euro, fixé par décret en tieux, au moins par le titre : L’euro, dessin d’un arbre stylisé. Quel que dépendance de la Banque vis-à-vis décembre 1998, 1 000 francs CFP EUROLAND pour un monde plus beau. Dans les soit leur lieu d’origine, toutes les du gouvernement. équivalent à 8,38 euros (55 divisés deux cas, textes affligeants. pièces peuvent parfaitement circu- par 6,55957). Pour la zone franc pro- MAASTRICHT ler dans les douze pays en toute lé- prement dite qui utilise le franc Petite ville des Pays-Bas dans la- galité. CFA, monnaie de la Communauté fi- quelle fut signé, le 7 février 1992, le nancière africaine, celle-ci bénéficie traité fondateur de l’Union écono- d’une parité fixe par rapport au mique et monétaire (UEM), celle-ci franc et donc par rapport à l’euro. étant articulée autour de la mon- Sa parité par rapport à la monnaie naie unique. Entré en vigueur le unique est de 1 euro pour 1er novembre 1993, ce traité avait 656 francs CFA. Elle s’applique à été ratifié par référendum par un huit pays de l’Union monétaire peu plus de 51 % des Français. Il ouest-africaine (Bénin, Burkina Fa- Ou Eurolande. La zone euro et prévoit, en plusieurs étapes, le rap- so, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, ses douze pays membres consti- prochement des pays signataires, Mali, Niger, Sénégal et Togo) ainsi tuent un ensemble de 304 millions la création d’une Banque centrale UEM qu’aux six pays de l’Union des Etats d’habitants allant du plus petit IN européenne (BCE), laquelle est ins- Il s’agit de l’Union économique d’Afrique centrale (Cameroun, Cen- Etat, le Luxembourg (400 000 habi- Tous les pays de l’Union euro- tallée à Francfort. Il définit aussi les et monétaire, inaugurée en 1971 et trafrique, Congo, Gabon, Guinée tants) au plus peuplé, l’Allemagne péenne ont vocation à adopter principes d’une politique étrangère reposant sur une étroite coordina- équatoriale et Tchad). (82 millions). Avec environ 20 % du l’euro. Douze pays composent à et de sécurité commune (PESC), QUANTITÉ tion des politiques économiques produit intérieur brut mondial et présent la zone euro. Ce sont l’Alle- ainsi qu’une coopération en matiè- A la différence des billets, dont des Etats membres ainsi que sur Françoise Lazare 19 % des échanges internationaux, magne, l’Autriche, la Belgique, l’Es- re de justice et d’affaires intérieu- l’impression est confiée, dans cha- une politique monétaire commu- et Serge Marti il représente la première puissance pagne, la Finlande, la France, la res. Dans le domaine monétaire, que pays, à la banque centrale lo- ne. Ce processus, marqué notam- Dessins Christophe Brunck HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / EURO / XV Où sont passés les euromilitants ? 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 L’EURO dans les poches et les mistes en particulier – avec en mé- Jean Monnet, Robert Schuman, ve. Les critiques de l’euro, notam- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F portefeuilles aura un impact con- moire l’échec de l’Union latine si- Alcide de Gasperi. Lionel Jospin ment celles des économistes amé- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). sidérable sur les Européens. Psy- gnée en 1865 entre la France, l’Ita- ou Gerhard Schröder sont des ricains comme Milton Friedman, Internet : http: // www.lemonde.fr chologiquement, la monnaie lie et la Belgique et dissoute après professionnels de la politique : pri- avaient raison sur un point : main- commune devrait les rapprocher, la Grande Guerre – sont convain- vés d’une volonté européenne su- tenir la cohérence d’un tel espa- ÉDITORIAL plus sûrement encore que le trai- cus qu’une union monétaire ne ré- périeure, ils défendent la souverai- ce, divisé par la politique et les té de Rome en 1958 ou la signatu- siste pas sans union politique. Par- neté nationale au prétexte de s’en normes sociales et où les niveaux re de l’Acte unique en 1986, deux ce qu’elle appelle une cohérence tenir à leur légitimité nationale. de vie diffèrent du simple au tri- constructions essentielles mais d’ensemble pour résister aux Du coup, ce sont les événe- ple, est une gageure. Un succès d’apparence lointaine pour le ci- « chocs » économiques (les réces- ments qui font l’Europe. La guerre toyen. Un même argent, c’est dé- sions) qui ne peut être obtenue dans les Balkans a convaincu Bri- MANQUE DÉMOCRATIQUE ’EURO introduit comme de fois son intégration économi- jà un même pays. Le 1er janvier que par une décision « centrale ». tanniques et Français de se retrou- Comme les monnaies sont sou- monnaie européenne il y que depuis 1958. La domination 2002 marquera l’aboutissement Il faut une stratégie économique ver à Saint-Malo en 1998 pour dées et ne peuvent plus servir a trois ans est un succès. du mark, justement, représen- du long processus d’intégration d’ensemble ou, a minima, un im- mettre sur pied le début d’une ar- d’outil d’ajustement pour éviter LSoudant « irrévocable- tait la deuxième grande raison de l’Europe. L’euro boucle l’œu- portant budget central, donc des mée européenne. Projet dont on les déchirements, il n’y a plus que ment » entre elles les onze devi- de faire l’euro. Le florin, le franc vre engagée par les pères fonda- impôts harmonisés sinon com- fait grand cas mais qui reste limité deux solutions possibles : ou bien ses qui ont pris le train dès l’ori- et derrière eux toutes les autres teurs, qui avaient choisi de faire muns. Or, depuis Maastricht, l’Eu- à une force « projetable » de la main-d’œuvre devient très mo- gine, depuis rejointes par la monnaies s’étaient collés au l’unité du continent « en passant rope n’avance pas comme prévu 60 000 hommes ; la défense euro- bile pour fuir les zones de réces- drachme grecque, l’Union moné- DM, politique connue en France par l’économie ». dans cette voie fédérale. péenne au sens large, véritable ob- sion comme cela se passe aux taire a parfaitement répondu au sous le nom de « franc fort », Voilà donc notre espace écono- jet d’une politique commune Etats-Unis, ou bien un pouvoir but qui lui était fixé. Les crises destinée à vaincre l’inflation. mique complètement réalisé, sans PLUS DE MOTEUR aboutie, continuant de faire l’ob- central réalise les immenses trans- monétaires intra-européennes Cette stratégie a été suivie dans plus de frontières ni physiques ni Il suffit pour s’en convaincre de jet de différends radicaux. Les at- ferts financiers nécessaires, com- ont disparu et la zone euro est la durée par la droite comme monétaires pour les personnes, parcourir les couloirs de Bercy. tentats du 11 septembre ont préci- me cela se passe entre les deux Al- une zone de stabilité facilitant le par la gauche avec succès, mais pour les biens, pour les capitaux. Avant 1992, les hauts fonctionnai- pité la conclusion d’une Europe ju- lemagne. Mais il suffit d’entendre commerce entre les pays l’Europe était devenue une zone Espace commun où ce qui restait res des finances n’avaient qu’un diciaire (un mandat européen), les salariés de Moulinex pour membres. mark, tandis que le mark était de rivalités malsaines – les guerres sujet de conversation et d’action : dont le dossier était resté dans les comprendre que « travailler au Il est difficile d’imaginer les resté la monnaie de l’Allema- économiques portaient le nom de l’euro. Tous voulaient agir, cha- tiroirs depuis des lustres. L’élargis- pays » est une valeur dominante crises que l’Europe aurait traver- gne. Helmut Kohl avait compris « dévaluations compétitives » – est cun à sa place. L’euro était leur sement devait forcer à revoir les en Europe. Reste le scénario alle- sées sans l’euro. Le traité de que ce système ne fonctionnait aboli. La monnaie vient cimenter grande œuvre. Aujourd’hui c’est institutions et donner l’occasion mand : à ceci près que le budget Maastricht a été signé en 1992, plus parce qu’il faisait reposer l’ensemble. L’Europe rêvée, celle fait. Fin de l’histoire. Et démobili- de réfléchir au but final européen. central ne pèse que 1,27 % des sur fond de grande déprime qui sur son pays une responsabilité de la paix par l’union, celle de la sation de ce ministère, depuis dé- Le sommet de Nice, fin 2000, n’a budgets des Quinze… conduira en 1993 à la première européenne illégitime et, dans prospérité par la taille, celle de la boussolé, où personne ne parle fourni que le spectacle lamentable L’effet psychologique de l’euro vraie récession depuis la sortie tous les cas, insoutenable dans solidarité par ses mécanismes de plus d’Europe que comme con- des conflits égoïstes, et personne vaincra-t-il toutes ces résistan- de guerre. Pourtant, entrée en vi- la durée. Il fallait que la gestion soutien, est devenue réalité. trainte, à de rares exceptions près. n’est vraiment convaincu que la ré- ces ? Jusqu’à l’euro, les hommes gueur le 1er janvier 1999, l’intro- de leur monnaie revienne à l’en- Et ensuite ? L’union monétaire L’Union n’a plus de moteur. Ni forme décidée soit applicable. politiques ont poussé l’Europe duction de l’euro a été accompa- semble des Européens. est-elle le point de départ de la ces fonctionnaires euromilitants Voilà l’euro tout seul. Pointe parfois malgré les populations, gnée d’une forte expansion. L’autre ambition de l’Union dernière phase d’intégration euro- qui, surtout en France et en Alle- avancée de l’intégration, mal d’où d’ailleurs un manque démo- Ensuite, depuis la mi-2000, l’acti- européenne était de rivaliser sur péenne, c’est-à-dire l’union politi- magne, faisaient avancer la lour- étayée sur ses arrières, l’Europe cratique. Le cours peut-il s’inver- vité a brusquement ralenti au le plan monétaire avec l’Améri- que ? Ou n’est-elle qu’un point fi- de machine dans les tempêtes et économique et monétaire reste ser et les peuples devenus euromi- point qu’aujourd’hui la crois- que. C’est en revanche un échec. nal de la stratégie engagée en les doutes. Ni ces hommes politi- une demi-Europe, bancale. La litants bousculer leurs élites deve- sance de l’Euroland flirte avec le L’euro n’est pas devenu une 1958, sans avoir de suite ? Pour ques successeurs de Helmut Kohl, mauvaise entente entre les gou- nues résistantes ? zéro. monnaie achetée par les ban- beaucoup, la monnaie devait être de François Mitterrand et de Jac- vernements et la Banque centrale Ces fluctuations ont provoqué ques centrales et mise en réser- un catalyseur fédéral. Les écono- ques Delors, eux mêmes fils de depuis trois ans en fournit la preu- Eric Le Boucher des divergences entre les Euro- ve. Mais la faiblesse de la mon- péens tant du point de vue de la naie européenne vis-à-vis du croissance que de l’inflation, billet vert sert beaucoup les ex- l’une et l’autre fortes dans les pe- portations, donc la croissance. tits pays et faibles dans les Les Européens vont recevoir grands comme l’Allemagne. Les les pièces et les billets, parachè- monnaies nationales n’auraient vement de l’Union économique pas résisté à une telle succession et monétaire. L’effet psycholo- de chocs rapprochés. Il aurait fal- gique va s’ajouter à la facilité de lu en dévaluer certaines et peut- comparaison des prix entre les être même le mark, monnaie quinze pays pour rapprocher en- centrale dans la phase précéden- core davantage les Européens te. L’Europe du marché unique entre eux. L’euro joue son rôle avait besoin de mettre fin à ces fédérateur. A la génération ac- « dévaluations compétitives » tuelle des hommes politiques de qui ont remis en question tant poursuivre le mouvement.

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contradictions européennes et préfé- pourra plus grand-chose pour lui et que le primat qu’il avait accordé à la ILYA31 ANS, DANS 0123 La dernière rait voir dans l’euro un générateur il devra affronter les questions non politique intérieure peut le conduire de déséquilibres, elle en a été pour résolues touchant aux institutions, à à l’échec. Il devient donc plus euro- ses frais. l’organisation d’un système de péen. En France, en revanche, où la Les années monnaie victoire Les jurés du Nobel ne s’y sont pas défense, à une doctrine de sécurité prime est toujours allée à celui qui se trompés qui, en 1998, ont attribué intérieure et de justice, etc. tenait au plus près de l’idéal euro- A L’ORDRE DU JOUR du conseil re, si les mots ont un sens, conduit leur prix d’économie au Canadien Non pas que l’unité de l’Europe péen, aussi bien le président de la Ré- des ministres des Six réuni ce lundi à des délégations de souveraineté de Jean Monnet Robert Mundell, le théoricien des soit en péril. Mais encore faut-il publique que le premier ministre figurent les propositions de la Com- de plus en plus importantes. convergences monétaires : com- admettre qu’une certaine idée de semblent avoir peur de l’Europe. mission inspirées du rapport Wer- S’il est vrai qu’il vaut mieux se Suite de la première page ment ne pas y voir un hommage aux l’Europe est en train de s’éteindre et L’un comme l’autre sont en fait para- ner pour la création d’une union garder de prévoir dès maintenant architectes de l’euro. La France, que nous sommes au seuil d’une re- lysés par les subtilités, de plus en économique et monétaire. dans le détail la configuration de L’objectif de la monnaie était quant à elle, se montre fort peu définition de celle-ci. Notre diffi- plus grossières, de la cohabitation, Pour le Marché commun, les an- l’union économique et monétaire à donc une nécessité. L’accélération reconnaissante, notamment à culté est que nos gouvernements ainsi que par la gestion de leur nées 1960 auront été celles de l’agri- son étape finale, du moins le ferme de sa mise en place ne l’était pas : l’égard de l’un de ceux qui portèrent ont manifestement pris un temps de propre coalition électorale. Pour- culture. Les années 1970 devraient propos de parvenir à la monnaie elle entrait bel et bien dans le cadre à bout de bras l’opération de mise retard. Très schématiquement, on tant, tant que le moteur franco-alle- être celles de la monnaie. L’expé- commune ne doit-il pas faiblir. d’un projet global d’intégration, in- en orbite de l’euro, à savoir le gou- voit se dessiner dans l’Union euro- mand ne repartira pas, il y a peu de rience acquise sur le chapitre de Qu’on n’arrête pas aujourd’hui un cluant la défense et la diplomatie, la verneur de la Banque de France, péenne deux partis : l’un qui veut chances de voir l’Europe se remettre l’Europe verte ne devrait jamais calendrier détaillé sur dix ans de sécurité intérieure et la justice, bref, Jean-Claude Trichet, aujourd’hui continuer d’avancer et pour lequel vraiment en marche. A moins d’at- être perdue de vue. Combien de cri- l’architecture des institutions de fin jetant les bases d’un nouvel édifice. mis en cause à travers le reliquat de l’approfondissement de l’Union est tendre que Tony Blair, dont la pro- ses aurait-on pu s’épargner si l’on de parcours, c’est la sagesse. Du A ce stade, il n’est pas inutile de la faillite du Crédit lyonnais pour des aussi important que son élargisse- chaine étape est très clairement la avait éliminé du débat des querel- moins qu’à chaque progrès l’on rendre hommage à ceux qui permi- motifs qui semblent encore plus ment ; l’autre, pour lequel il est ur- revendication d’un leadership euro- les théologiques nées de mauvaises fixe une nouvelle date pour aller rent le succès de celle-ci : pour ne ci- ténus que ceux qui valurent à Domi- gent de ne rien faire. péen, soit en situation d’imprimer sa interprétations d’arrière-pensées. plus loin et que, dès maintenant, ter que ceux qui furent à nos yeux nique Strauss-Kahn des mises en C’est malheureusement dans ce marque. Dans cette phase très délicate du l’on agisse de telle sorte qu’aucune les plus importants, le chancelier examen. Comme le disait ironique- dernier parti que se reconnaissent la Ainsi, alors que les circonstances démarrage des négociations, il con- équivoque ne subsiste sur la volon- Kohl, bien sûr, mais aussi Felipe ment Churchill, sans doute est-ce plupart des gouvernements euro- internationales et la perspective uni- vient au fond de ne pas perdre de té d’aller jusqu’au bout de la route, Gonzales, mais encore la gauche ita- « parce que nous sommes un grand péens. Ecartons ici le cas italien, de- ficatrice de l’euro lui imposent d’ac- vue deux idées essentielles : l’union c’est-à-dire la création de la mon- lienne, celle de Romano Prodi et de peuple [que] nous pouvons nous per- venu atypique du fait de la personna- célérer, l’Union européenne hésite. politique des Six ne peut naître naie unique. Massimo D’Alema, et, enfin, quatre mettre ce genre de choses ». lité de son chef de gouvernement : Comme si elle était fatiguée par la d’un glissement graduel de pou- gouvernements français (Bérégo- Bien sûr, tout ne va pas pour le la ligne de plus en plus anti-euro- débauche d’énergie qu’elle a dû dé- voirs de l’étage national à l’étage Pierre Drouin voy, Balladur, Juppé, Jospin). mieux. Mais les vrais problèmes ne péenne de Silvio Berlusconi ne s’ex- ployer pour remporter la bataille de communautaire ; l’union monétai- (24 novembre 1970.) Qui ne voit aujourd’hui que les portent pas sur la monnaie elle-mê- plique-t-elle pas par la crainte que l’euro. Au reste, tous ceux qui ont craintes émises de tous côtés me : ils sont tout entiers contenus nourrit ce dernier de voir se consti- mené victorieusement cette bataille n’étaient guère fondées : on crai- dans la période de transition que tuer un espace judiciaire européen sont sortis de la scène. Une autre gé- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS gnait un euro surdimensionné, péna- nous traversons. L’euro est en effet qui pourrait mettre en péril ses pro- nération, d’autres hommes sont en lisant les exportations : c’est le la dernière victoire de Jean Monnet pres arrangements ? Regardons place. Tous semblent de bonne vo- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr contraire qui s’est produit. On crai- (1888-1979), dont la doctrine, qui fut donc simplement les deux pays qui lonté. Mais une bonne volonté géné- Télématique : 3615 code LEMONDE gnait la dictature de la rigueur alle- appliquée avec persévérance pen- furent constitutifs du moteur de l’Eu- ralisée ne peut tenir lieu de politi- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) mande, alors qu’il y a aujourd’hui un dant un demi-siècle, consistait à rope : l’Allemagne et la France. que. La perspective de l’euro com- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) laxisme allemand ; on craignait l’in- contourner par l’intégration écono- L’Allemagne de Gerhard Schröder mande à l’Europe de redéfinir sa stra- flation venue par les pays du Sud : mique les difficultés ou les impossibi- est en transition vers un idéal euro- tégie et de se doter des moyens d’un Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 elle y a été jugulée ; quant à la vul- lités de l’intégration politique. Désor- péen plus affirmé. Le chancelier, qui nouveau grand bond en avant. gate d’une partie de la presse anglo- mais, la politique est seule face à ses était arrivé au pouvoir sur des bases Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 américaine, qui mettait en avant les responsabilités. L’économique ne nationales, réalise progressivement Jean-Marie Colombani XVI / EURO / LE MONDE HORIZONS-DÉBATS

Les couleurs de l’argent par Michel Pastoureau Respecter

L était beau, il était grand, il gnifier ? Indécent par sa valeur, dé- Sur chaque billet, pont, porte et idéologique. Comme toujours, ce était vert. Il portait l’image plaisant par sa couleur, quel sera le fenêtre sont figurés dans le style ar- sont des choix « par soustraction » d’un couple célèbre et possé- destin d’un tel billet ? Il est permis chitectural d’une époque donnée : qui ont été opérés, éliminant les Idait en lui-même une valeur de s’interroger. l’Antiquité gréco-romaine pour le thèmes et les emblèmes qui le vœu des Français libératoire considérable, la plus for- Il est permis également de le fai- billet de 5 euros ; le Moyen Age auraient « fait des vagues », déplu te émise par la Banque de France re à propos des autres coupures. roman pour celui de 10 euros ; le à tel gouvernant, froissé la suscepti- par Pascal Salin depuis plusieurs décennies. C’était Leurs couleurs non plus ne comp- Moyen Age gothique pour celui de bilité de tel pays, mécontenté tel le billet de 500 F. Or, malgré toutes tent pas parmi les plus séduisantes. 20 euros ; la Renaissance pour ce- ou tel autre. A l’arrivée, c’est une ’EST par une très faible l’euro et son utilité qui sont en ses qualités, il est condamné à une Ce sont des couleurs qui n’osent lui de 50 euros ; l’âge baroque pour Europe bien terne et bien frileuse majorité des voix que les cause. Avec lui, le calcul économi- disparition prochaine, et, comme pas dire leur nom, des couleurs ti- celui de 100 euros ; la révolution in- qui s’est mise en scène sur ses Français avaient accepté que des individus devient difficile, 90 ou 95 % des Français, je n’aurai mides et sournoises, ni franches ni dustrielle pour celui de 200 euros ; billets de banque. Cle traité de Maastricht, certainement pour une longue pé- jamais eu l’occasion d’en tenir un pâles, dont tous les tons – gris, et l’époque contemporaine pour Même la jeune Europe enlevée dont l’une des implications essen- riode. seul exemplaire entre mes mains. brun, bleu, orange, vert et celui de 500 euros. Est-ce une com- par Zeus métamorphosé en tielles était le remplacement des Par rapport à ce défaut majeur, Jamais. jaune – semblent rompus. mission d’architectes qui a choisi taureau n’a pas eu le droit de figu- monnaies nationales par une mon- les avantages de l’euro sont fai- Je l’ai vu, certes, admiré même et Ce qui frappe actuellement, lors- de tels motifs ? La construction rer sur une des sept coupures. A-t- naie européenne. Mais c’est main- bles et ne justifient pas son exis- plus encore convoité, mais jamais que l’on regarde les billets des diffé- européenne se limite-t-elle à des on eu peur du taureau ? On a pour- tenant à une extrêmement forte tence : il facilitera le calcul écono- je ne l’ai touché. En sera-t-il de mê- rentes monnaies encore en circula- constructions architecturales ? tant évité tout billet d’un rouge majorité qu’ils refusent en prati- mique des producteurs et commer- me de son presque équivalent, le tion en Europe, c’est l’opposition Ce qui est certain, en revanche, trop vif… Au taureau et à la belle que cette substitution : presque çants qui pratiquent souvent billet de 100 euros, lui aussi de cou- entre des couleurs vives, celles des c’est que, dans chacun des douze jeune femme aimée du roi des tout le monde continue à raison- l’échange entre des pays qui ont leur verte ? Qui aura la chance de billets des pays du Nord, et des cou- pays concernés par la mise en dieux on a préféré le drapeau euro- ner en francs, à libeller créances et eu jusqu’à maintenant des mon- tenir un jour entre ses mains une leurs pisseuses, celles des billets place de la nouvelle monnaie, il péen et ses douze étoiles, image dé- dettes, factures et comptabilités naies différentes ; il rendra plus telle coupure ? Très peu d’Euro- des pays latins. On retrouve plus existe plusieurs spécialistes confir- pourvue de charme mais aussi de en francs, comme si ces francs ne aisés les voyages pour des ci- péens sans doute. A moins que ou moins ici l’opposition entre une més des problèmes touchant à danger. devaient pas disparaître dans quel- toyens européens à travers l’euro- dans un bel et fol élan de générosi- Europe catholique, frileuse devant l’emblématique et à la symboli- Des futures pièces, il vaudrait ques semaines. land. Mais ces avantages sont de té, les distributeurs de billets de l’argent et les couleurs de l’argent, que. Or aucun n’a été consulté. mieux ne rien dire. La pauvreté Il ne faut pas voir dans ce peu de poids par rapport aux banque se mettent à répandre in- et une Europe protestante, qui ne Pourquoi ? Est-ce parce que ce observée sur les billets est ici multi- contraste une quelconque incohé- coûts concrets énormes que les ci- considérément des coupures de considère pas l’argent comme un sont pour la plupart des fonction- pliée par dix. La face commune aux rence. Lorsque les Français ont toyens vont devoir supporter. 100 euros sous le prétexte falla- péché et qui n’a pas peur d’en affi- naires de la culture et de l’éduca- douze pays est véritablement affli- accepté le traité de Maastricht, La solution existe pourtant et el- cieux d’encourager la consomma- cher les couleurs. tion (conservateurs d’archives, de geante : une simple esquisse de la l’échéance paraissait lointaine, les le est extrêmement simple : il suf- tion. carte de l’Europe, plus ou moins conditions de la substitution fit d’arrêter le processus d’intro- Quant aux billets de 200 et rayée de lignes parallèles chargées étaient inconnues et ils étaient par duction de l’euro au point où 500 euros, annoncés par tous les Comme toujours, ce sont des choix d’une étoile à chaque extrémité. ailleurs soumis à un matraquage nous en sommes arrivés, c’est-à- dépliants et fascicules destinés à Les chiffres indiquant la valeur politique et médiatique qui leur dire de renoncer à la substitution nous préparer à la nouvelle mon- « par soustraction » qui ont été opérés, de chaque pièce ont le mérite présentait la monnaie européenne obligatoire de l’euro aux mon- naie, on a peine à croire qu’ils d’être gros, mais ils présentent un comme la solution magique à tous naies nationales. Autrement dit, il seront véritablement imprimés. A éliminant les thèmes et les emblèmes aspect « italique » du plus vilain les maux… Or, au fur et à mesure convient simplement de décider qui sont-ils destinés ? A quoi pour- effet. N’importe quel graveur sait que la date du remplacement du que l’euro sera une monnaie paral- ront-ils servir ? Un billet de qui auraient « fait des vagues », déplu que ce qui peut être séduisant en franc par l’euro se rapproche, les lèle (ou une monnaie commune) 500 euros, plus de 3 000 de nos typographie ne l’est pas dans l’art Français découvrent les difficultés et non une monnaie unique. Ainsi, francs actuels ! On croit rêver. à tel gouvernant, froissé la susceptibilité de la médaille. considérables de ce changement. ceux qui sont régulièrement impli- Nos banquiers et nos grands Pourquoi cette gravure pen- On est parti en effet a priori de qués dans le commerce intra-euro- prestidigitateurs monétaires ont- de tel pays, mécontenté tel ou tel autre chée ? Pour faire moderne ? l’idée qu’un « marché unique » péen bénéficieront d’un instru- ils perdu toute mesure, toute idée jeune ? dynamique ? Pour montrer supposait nécessairement l’exis- ment unique pour faire leurs tran- de la valeur de l’argent ? Annoncer que l’Europe bouge ? qu’elle est en tence d’une monnaie unique. Cet- sactions et leurs ordinateurs fe- l’émission d’un tel billet semble Avec l’euro, nous avons affaire à musée, de bibliothèque, universi- marche ? Pourquoi, surtout, ne pas te proposition – qui joue sur l’am- ront facilement les conversions né- une provocation, une sorte de mé- des teintes intermédiaires, ni écla- taires) et qu’aussi bien à l’échelle avoir organisé un véritable con- biguïté du mot « unique » – n’a cessaires dans leur propre mon- pris pour le commun des mortels, tantes ni délavées, plutôt des cou- de la Communauté européenne cours auquel tous les Européens, strictement aucun fondement. Un naie nationale ; les touristes pour- presque une indécence. Un billet leurs brisées, et en tout cas très lai- qu’à celle des Etats les gouver- et non pas seulement quelques bu- marché unique entre plusieurs de 500 euros ! Pour qui ? Pour des, notamment pour les billets de nants et les décideurs se méfient reaux d’études, auraient participé pays signifie simplement qu’il quoi ? Les truands eux-mêmes ne 10 et de 500 euros. Il est possible, toujours des fonctionnaires ? afin de proposer des dessins, des n’existe pas d’obstacle aux échan- La solution existe : manipulent que des petites coupu- toutefois, que de tels choix chroma- Ils sont pourtant en ces domai- idées, des projets ? ges. Mais la liberté des transac- res. tiques aient été guidés par des nes plus compétents que les offici- Cela aurait pu constituer un utile tions n’implique en rien il convient Ce qui confirme bien qu’il s’agit considérations pragmatiques : limi- nes privées et n’ont pas l’habitude moyen de préparer ces mêmes l’existence d’une seule monnaie, plus d’une agression que d’une ma- ter les risques de contrefaçon. (ni l’autorisation) de se faire payer Européens à la nouvelle monnaie d’une monnaie « unique », pas de décider ladresse, c’est le choix de la couleur Mais les vilaines nuances des cou- pour donner des conseils perti- et de les y associer plus étroite- plus que celle d’une langue uni- qui habillera ce billet de 500 euros : leurs retenues ne paraissent guère nents. De même, à l’échelle interna- ment. Méfiance envers les popula- que. que l’euro sera une il sera violet, c’est-à-dire la couleur difficiles à imprimer, ni même à tionale, il existe depuis 1949 une as- tions et leur trop-plein d’idées ? Dans le domaine de la monnaie, jugée la plus laide par l’immense photocopier. sociation de savants connus et re- Mépris habituel des gouvernants comme dans tout autre domaine, monnaie parallèle majorité des Européens. Toutes les Ce qui est vrai des couleurs l’est connus, l’Académie internationale pour les gouvernés ? Peurs de tou- la concurrence est d’ailleurs préfé- enquêtes d’opinion conduites en aussi des figures : les thèmes choi- d’héraldique, qui aurait pu donner tes sortes devant l’avenir incertain rable au monopole. Certes, la mul- (ou commune) et ce domaine depuis la fin du XIXe siè- sis et leur représentation graphi- bénévolement des conseils fruc- d’une monnaie dont au fond per- tiplicité des monnaies impose des cle confirment en effet, avec une que ne brillent ni pas leur originali- tueux et proposer des thèmes sym- sonne ne veut ? coûts (coûts de transaction et non une monnaie belle régularité, que le violet est té ni par leur séduction. D’un côté, boliquement plus audacieux. Pour- Il est difficile de répondre. Mais, coûts de risque). Mais, en contre- partout en Europe la couleur la des portes et des fenêtres préten- quoi s’être privé de son concours ? quoi qu’il en soit, telle qu’elle appa- partie, elle maintient une plus unique moins aimée, la plus désagréable à dant symboliser l’esprit d’ouver- Comme trop souvent, l’Union raît sur ses pièces et billets, la futu- grande liberté de choix pour les l’œil, la plus chargée de connota- ture de l’Europe ; de l’autre, la car- européenne a préféré faire les cho- re Europe monétaire semble bien utilisateurs et elle incite les pro- tions négatives (vulgarité, perfidie, te de la même Europe, de l’Atlanti- ses en petit comité, solliciter quel- pâle et bien mièvre, comme si, ducteurs de monnaie à offrir des ront se déplacer à travers l’Europe dépravation, etc.). que à la Volga – Suisse compri- ques bureaux et ateliers avec les- pour reprendre une expression chè- monnaies de qualité. C’est pour- en détenant seulement des euros, Non seulement le violet mais aus- se –, associée sur chaque billet à quels elle entretenait déjà des rela- re à Montesquieu, elle était déjà quoi nous avons toujours défendu bénéficiant d’un pouvoir libératoi- si ses déclinaisons périphériques : une image de pont censée mettre tions et, surtout, sélectionner des « fatiguée de ne plus croire à ses l’idée que le meilleur moyen de re illimité sur tout le territoire le mauve, le parme et surtout l’abo- en valeur les relations internes exis- projets relativement neutres. On propres valeurs ». réaliser l’intégration monétaire européen, à l’instar des monnaies minable magenta, nuance située tant entre les différents pays du sent bien, derrière le choix de ces européenne (ou mondiale) consis- nationales ; mais les citoyens entre rouge, rose et violet, et dont Vieux Continent et leur volonté de ponts, de ces portes et de ces fenê- tait tout simplement à instaurer la auront le droit de continuer à utili- se rapproche le futur billet de lien avec le reste du monde. Quelle tres, une peur des figures et des Michel Pastoureau est histo- liberté de choix pour les utilisa- ser leurs monnaies nationales, 500 euros. Comment a-t-on abouti imagination ! quelle audace ! quel- symboles trop connotés, trop rien et directeur d’études à l’Ecole teurs de monnaie. celles avec lesquelles ils sont habi- à un tel choix ? Qu’a-t-on voulu si- le force symbolique ! riches de signification politique ou pratique des hautes études. Ce débat est malheureusement tués à effectuer leurs calculs dépassé en Europe, puisque l’euro économiques. Et l’on verra bien si existe et qu’il existe une banque l’utilité de l’euro est telle que tous centrale européenne, qui bénéfi- prennent l’habitude de l’utiliser et cie d’un monopole pour la créa- abandonnent progressivement Spectralités francfortiennes par Egidius Berns tion de monnaie sur l’espace de l’usage de leurs monnaies l’euroland. La question qui se nationales. ’IL y a un retour du politi- titres de créance dont la validité dé- Pour soutenir la confiance qu’elle motifs soient perçus en même pose maintenant consiste à savoir Cette solution aurait d’autres que dans l’économisation pend d’un à-venir toujours différé demande, elle peut faire appel au temps sans qu’ils soient réductibles s’il est souhaitable et sage de con- avantages : elle satisferait aussi de la société, il doit y avoir et donc d’une confiance ou foi tou- calcul, créant ainsi de la certitude l’un à l’autre. Doit donc rester indé- tinuer vers le but final, à savoir le bien les « pro-européens » – qui Saussi du politique dans la jours préalable. Dans la relation qui s’accorde mal avec cette cidable si nous avons confiance par- remplacement effectif des mon- auraient ainsi leur symbole unifi- monnaie. C’est le fond du débat que nous avons avec le dehors ou confiance. En tant que marque, un ce que les banquiers de Francfort naies nationales par l’euro. S’il cateur – que les « souverainistes » dès que la traditionnelle opposi- l’autre, celui-ci asymétrise cette billet de banque demande une calculent sans faute ou si leurs cal- nous semble clair qu’il faut répon- – qui s’attristent de la disparition tion entre l’économie et le politi- relation en sa faveur et c’est pour confiance sans limite. Mais en mê- culs réussissent parce nous avons dre « non » à cette question, c’est des monnaies nationales – ou que que touche à sa fin et que par cela qu’il demande crédit. me temps ce même billet ne propo- confiance. parce que la grande majorité des les libéraux – qui déplorent le pro- conséquent une présupposition Pour le dollar ou le florin, ce cré- se qu’une approche chiffrée de La BCE ne pourra pas occuper Français a envie de répondre cessus non concurrentiel de l’intro- commune rend l’économie tou- dit sans fin pouvait se combler cette confiance. Non pas qu’une cette position s’il n’est pas reconnu « non », qu’ils sont désorientés, duction de l’euro. Mais elle serait jours déjà politique et le politique dans la toute-puissance divine et, autre approche eût été préférable. qu’elle n’est pas seulement une ins- qu’ils ont peur du grand change- par ailleurs acceptable aussi bien toujours déjà économique. Je veux pour la tradition philosophique, Certes non. Il y a confiance illimi- tance technique prétendument neu- ment à venir. pour les actuels pays de l’euroland ici cerner un peu plus ce déjà-là du dans la réciprocité du rapport inter- tée justement parce la langue mo- tre et objective mais aussi une ins- Or ils ont raison d’être inquiets. que pour la Grande-Bretagne. Cet- politique dans l’argent et plus parti- subjectif qui caractériserait précisé- nétaire est chiffrée et donc inadé- tance du politique tel que j’ai es- En effet, la monnaie ne peut être te dernière devrait seulement culièrement dans l’euro. ment le politique. C’est bien pour quate et donc confrontée à la pers- sayé de le définir. Elle doit donc utile et désirable que dans la mesu- accepter de donner un pouvoir li- Si la monnaie est une marque, el- cela que le politique ne désigne pective d’une foi sans savoir. jouer – et de fait joue même s’il est re où elle constitue une bonne ré- bératoire illimité à l’euro, mais le met en œuvre, comme toute lan- plus aux yeux de cette tradition En même temps, nous sommes encore tabou de le dire – un rôle po- serve de pouvoir d’achat (c’est-à- sans nécessairement décider un ré- gue, la confiance et donc l’intersub- une circularité toujours différée obligés de savoir, de calculer, de litique majeur, alors qu’il est sou- dire qu’elle n’est pas inflationnis- gime de taux de change rigoureu- jectivité et donc la politique. La tra- mais un mouvement circulaire infi- calculer sans fin une confiance in- haitable de la protéger des influen- te), mais aussi dans la mesure où sement fixes entre l’euro et la livre dition philosophique soutenait niment répété. Il est pour ainsi dire calculable que l’autre nous impose. ces de la politique. les utilisateurs potentiels possè- sterling. déjà ce point de vue. Mon propos une économie parfaitement réus- On comprend que la Banque cen- Ces influences sont générale- dent une bonne information sur Enfin, cette solution donnerait à se déploie cependant différem- sie, sans perte aucune. trale européenne soit déclarée indé- ment marquées par des procédures ce pouvoir d’achat. Et cette infor- chaque pays les moyens d’une dé- ment. Je ne critique pas ou du L’euro en appelle à une telle si- pendante de la politique. Il y faut étatiques auxquelles le politique ne mation, dans un monde complexe cision de sécession monétaire : moins pas en premier lieu une tuation, mais n’étant justement en effet des hommes de savoir et se limite pas. Aussi, fermer les yeux où il existe un très grand nombre dans le cas – qui ne peut pas être action concrète mais ce qu’elle in- qu’économique il ne peut éviter la des experts en calcul. sur cette dimension indique ce qui, de biens et services, ne peut s’ac- exclu – où la politique monétaire voque comme ressort afin de lui en perte. Cela jette une autre lumière Mais en insistant lourdement en ce moment, manque le plus à quérir que par une longue expé- européenne ne lui paraîtrait pas désigner un autre. sur la confiance et sur le politique comme on l’a fait, sur son caractè- l’unification européenne en géné- rience. C’est la raison pour laquel- satisfaisante, un pays pourrait ain- En effet, si la totalisation écono- qu’elle induit. Car dans ce cas, la re non-politique, on commet aussi ral, à savoir justement sa crédibilité le il n’est pas possible de lancer si quitter le système euro pour res- mique de la société inclut toujours confiance provient de l’asymétrie une erreur grave, puisqu’en fin de et la mise en place des politiques une nouvelle monnaie ex-nihilo. taurer son propre système moné- un dehors, le rapport à celui-ci ne indépassable que toute marque et compte la valeur de la monnaie est qui tout en étant politiques ne coïn- Il est évident que l’euro n’est taire. peut être que celui de la confiance. donc aussi la marque monétaire ins- incalculable et suppose de la cident plus avec des procédures de pas une monnaie ainsi créée ex-ni- Cette solution est donc souhaita- La monnaie est une créance de la taure dans la société. Si je la dis confiance et donc l’invention politi- légitimisation étatiques. hilo, puisqu’il a une définition ini- ble, elle serait accueillie avec sou- société par rapport à elle-même « politique », c’est parce qu’elle que d’une règle qui fait le mieux tiale en termes de monnaies natio- lagement par un nombre immen- qu’elle ne peut racheter que grâce oblige, non sans pouvoir, à l’inven- possible justice à la singularité des nales. Il n’empêche qu’il est intro- se de Français (et d’Européens), el- à son activité future et donc incer- tion d’une règle au lieu de son ap- autres. Egidius Berns est doyen de la duit de manière telle que tout le le est extrêmement facile à mettre taine. De plus, la dépense précé- plication. Car pour répondre au cré- La mission de la BCE est le main- faculté de philosophie de Tilburg processus d’acquisition de l’infor- en place. Il suffirait que les diri- dant toujours le retour ou, si l’on dit qu’il demande, l’autre indique tien de la stabilité des prix. Elle doit (Pays-Bas). Il enseigne la philoso- mation sur les prix monétaires en geants d’un pays, la France par veut, et comme on dit dans ma lan- un manque de complétude qui con- en d’autres termes répondre de la phie sociale et l’éthique sociale. termes d’euros est inexistant. exemple, renoncent à imposer la gue, le coût devançant toujours le duit toute simple application à son stabilité de la valeur de l’euro. Cela Le fait que les citoyens de l’euro- substitution obligatoire de l’euro profit, ce futur reste différé car la échec. met en jeu deux motifs insépara- e Le texte que nous publions est land soient dans une large mesure à la monnaie nationale au 1er jan- fin d’un cycle est nécessaire pour le Toutefois, si la monnaie est une bles, mais en même temps irréducti- extrait d’une intervention qui doit incapables de se figurer facile- vier prochain. financement du cycle suivant et dé- langue qui demande comme toute bles l’un à l’autre : le calcul et la être prononcée à Paris, le 24 no- ment et spontanément ce que re- pend donc de sa réalisation incer- langue crédit, elle se distingue des confiance. Pour produire l’effet vembre, dans le cadre du colloque présente un prix en euros n’est taine. autres langues par le fait qu’elle de- voulu, à savoir la stabilité de la va- “L’argent” organisé par le Collège pas du tout un phénomène mi- Pascal Salin est professeur à Nous réglons nos dettes avec des mande crédit de manière chiffrée. leur de l’euro, il faut que les deux international de philosophie. neur. C’est la nature même de l’université Paris-Dauphine. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / EURO / XVII Moi, parlementaire anglais et pro-européen convaincu par Peter Mandelson

ET article a pour ambi- ni un avatar thatchérien ni une in- Compte tenu de la tendance actuel- ce en faveur de l’ouverture et de la me régulateur et comme moteur de nouveaux mécanismes pour ga- tion d’exprimer un point vention étrangère, mais bien un le à vitupérer la globalisation, c’est liberté du marché, contre la mena- dynamique de comparaison entre rantir que l’Europe se concentre de vue pro-européen authentique projet de modernisa- une question qui ne sera pas aisé- ce permanente d’un protectionnis- les Quinze va aussi en augmen- sur ce qu’elle devrait vraiment fai- Cconcernant les voies que tion de la social-démocratie conti- ment éludée. C’est pourquoi je me rampant. Il suffit de comparer tant, et non en diminuant. Cette re correctement, plutôt que de légi- devraient emprunter à présent l’in- nentale, combinant dynamisme pense que l’Europe doit avoir une notre relatif succès dans les domai- nécessité politique d’une véritable férer sur des sujets qui ne nécessi- tégration et la coopération euro- économique et inclusion sociale. dimension sociale. nes où l’Europe parle d’une seule source d’autorité indépendante au tent aucunement de décision à péennes, ainsi que les principes Trop de socialistes européens se Le gouvernement britannique voix sur les questions économi- sein de l’Union européenne signi- l’échelon européen. Pour moi, les qui devraient inspirer une réforme méprennent sur le New Labour. Il s’est montré circonspect sur le ques internationales que nous trai- fie qu’une éventuelle réforme de- meilleurs juges en matière de des institutions de l’Union euro- faut amener un public continental sujet d’une « Europe sociale ». Si tons encore, pour l’essentiel, en vrait viser à rendre la Commission « subsidiarité et proportionnali- péenne pour affronter les tâches sceptique à mesurer l’ampleur des l’Europe est davantage qu’un mar- tant qu’Etats autonomes agissant plus « européenne », à l’inverse té », comme d’action prioritaire qui l’attendent. Si l’Union euro- réformes sociales que nous intro- ché, elle doit représenter certaines à travers le G8. d’une institution où les Etats mem- au niveau européen, sont les parle- péenne n’existait pas, il faudrait duisons progressivement en Gran- valeurs pouvant s’incarner dans Je pense à des problèmes clés, bres se contentent de pousser mentaires nationaux. J’admets l’inventer. Commençons donc par de-Bretagne, en particulier pour une expression politique tangible. comme la réforme des institutions leurs pions respectifs en fonction qu’il existe un problème majeur de réfléchir aux réalités économiques élever la qualité des services Nous devons plaider en faveur de financières internationales pour de leurs propres échéances natio- relation entre la Commission et le d’aujourd’hui dans un contexte de publics au niveau des exigences politiques sociales raisonnables et que le monde puisse gérer plus effi- nales. Parlement. Mais le problème ne se plus en plus globalisé. qui prévalent sur le continent ; équilibrées, et non pas rejeter auto- cacement les crises financières, ou A mon avis, la Commission de- trouve pas là où d’autres le voient. Nous vivons dans un monde où pour réduire les injustices et l’iné- matiquement tout ce qui serait sus- la remise des dettes aux pays forte- viendra plus européenne lorsque Pour moi, la Commission est trop le capital est mobile et les muta- galité sur le marché du travail ; ceptible de déranger nos disposi- ment endettés. Sur ces sujets, chaque Etat membre ne disposera tributaire du Parlement, après l’ex- tions technologiques extrême- pour adapter le système d’imposi- tifs nationaux. Dans le même nous ne parvenons pas à faire en- plus de son propre commissaire. périence Santer. Pourtant, la plu- ment rapides. La prospérité y est tion et d’indemnisation aux temps, il nous faudra maintenir no- tendre la différence européenne. Je ne vois pas dans la Commission part des pro-européens souhai- liée à la capacité de créer un envi- besoins des individus, afin de per- tre opposition à des propositions La conséquence est une moin- le futur « gouvernement » de l’Eu- tent, à tort de mon point de vue, ronnement favorable aux investis- mettre à chacun de trouver un em- de réglementation pesante, d’inter- dre efficacité sur la scène mondia- rope, mais je la vois en revanche renforcer le pouvoir du Parlement sements. Les gouvernements con- ploi rémunéré et valorisant. vention visant à entraver les muta- le. De même pour le FMI et la Ban- tribuent à offrir cet environne- Si le social-démocrate que je tions industrielles, ou imposer des que mondiale, dont la politique ment en assurant aux entreprises suis soutient une réforme écono- charges déraisonnables aux entre- est plus dépendante de l’opinion La Commission de Bruxelles, un accès sans entrave aux grands mique, c’est parce qu’en accen- prises, notamment aux petites du Congrès américain et de l’admi- marchés, ainsi que la possibilité de tuant l’intégration au sein d’un entreprises. nistration américaine que des comme régulateur entre les Quinze, maximiser les économies d’échelle marché plus large, on favorise la Les tenants de la réforme écono- points de convergence entre l’Eu- et de variétés, avec la garantie création d’emplois et la réduction mique doivent convaincre nos par- rope et l’Amérique. Sur ce type de deviendra plus européenne d’une stabilité des conditions éco- de l’épouvantable injustice que gé- tenaires qu’ils ne sont pas des néo- questions, les défis de la globalisa- nomiques pour l’investissement et nère le chômage. L’Union euro- libéraux champions de la dérégle- tion donnent à penser que l’Euro- lorsque chaque Etat membre ne disposera la croissance dans un vaste champ péenne compte encore 14 millions mentation, mais des modernisa- pe a besoin de plus d’intégration d’activités. de personnes sans emploi dont teurs résolus du modèle social pour mieux s’affirmer. La même lo- plus de son propre commissaire La réussite la plus remarquable 1,7 million de jeunes au chômage européen. J’aimerais voir cette phi- gique vaut pour le crime, où les de l’Union européenne à ce jour depuis plus de 6 mois, 5 millions losophie équilibrée de modernisa- problèmes majeurs échappent dé- est la création de ce vaste marché en recherche d’emploi depuis plus tion économique et sociale synthé- sormais à la seule compétence des comme une institution puissante sur la Commission en lui attri- unique et le degré d’intégration d’un an. La proposition d’un em- tisée dans une nouvelle initiative Etats membres. Notre réaction et indépendante, représentant l’in- buant le droit de désigner le prési- économique atteint en son sein. ploi à ceux qui veulent travailler, européenne qui séduise l’imagina- aux terribles événements du térêt collectif de l’Europe et tra- dent. Ce qui amènerait une polari- L’objectif ne fut vraiment atteint aux jeunes, aux parents isolés et tion du public. Cette initiative re- 11 septembre démontre que nous vaillant clairement dans le cadre sation de la division gauche-droi- que dans les années 1980 lorsque aux handicapés, demeure le fonde- poserait sur deux convictions avons besoin d’une cohésion euro- des paramètres fixés par les chefs te, avec pour effet qu’un nombre fut créé le Marché unique. Dans ment de la justice sociale. fortes, largement partagées par les péenne accrue, et non l’inverse, élus du gouvernement de l’Union. significatif de gouvernements les années 1990, l’instauration de Cela devrait suffire aux sociaux- sociaux-démocrates en Europe. pour les questions d’immigration, Pour la plupart des observateurs d’Etats membres cesseraient de se la monnaie unique vint compléter démocrates pour accueillir avec en- D’une part, la croissance doit se de mandats d’arrêt et d’extradi- qui étudient le fonctionnement ac- reconnaître dans la couleur politi- le dispositif du marché unique. thousiasme la réforme de l’écono- faire dans le respect de l’environ- tion. tuel du système de Bruxelles, le que du président élu de la Commis- D’un seul coup disparaissait le ris- mie et l’intégration accrue des mar- nement et l’Europe, qui est l’une Oui, ma foi en l’Europe dépasse souci n’est pas le manque de repré- sion. Je pense pour ma part qu’il que lié aux taux de change pour chés. Toutefois, notre tâche est de des zones les plus riches de la pla- le seul domaine de l’économie. sentation par les Etats membres, est préférable de conserver le ca- les investissements au sein de la trouver une méthode qui allie nète, devrait donner l’exemple C’est un profond attachement à mais l’implication excessive de cha- ractère non politicien de la Com- zone euro. dynamisme et justice sociale, en dans ce domaine. cet internationalisme qui a tou- que Etat membre dans la mise en mission. C’est pourquoi il serait contraire veillant au respect, dans l’en- D’autre part, notre principal jours constitué un trait caractéristi- œuvre précise de politiques qui de- En effet, le test de véritable à l’intérêt national britannique de semble de l’Union, de normes atout dans le monde moderne que de la social-démocratie dans vraient relever en premier lieu de « européanisme » n’est pas pour rester en dehors d’un euro qui, décentes concernant le social, l’en- étant la qualification et la compé- ce qu’elle a de meilleur. Fondamen- la responsabilité de la Commis- moi la création de nouvelles struc- dans la mesure où pourront être vironnement et l’intérêt du tence de tous nos peuples, justice talement, je souhaite une Europe sion. tures fédérales. Il réside en revan- réunies les conditions économi- consommateur. C’est ce qui per- sociale et croissance économique aux ambitions plus recentrées Dans le même temps où s’opère che dans notre capacité pratique à ques adéquates, amènera une bais- mettra aux sociaux-démocrates de peuvent aller de pair. mais néanmoins volontariste, une cet excès d’ingérence des Etats faire fonctionner l’intégration se des prix à la consommation, un Europe qui fera éventuellement membres dans ce qui devrait rele- européenne au bénéfice de tous. financement plus facile et moins moins de choses, mais où ce qui se- ver de la compétence propre de la C’est sur cette réussite-là que nos coûteux pour les petites entrepri- L’Europe a besoin d’être stimulée ra fait sera mieux fait. Commission européenne, le efforts seront jugés. Pour y parve- ses, de meilleurs échanges com- La Commission tient le rôle cen- Conseil, avec ses multiples équi- nir, la clarté et la cohérence des po- merciaux, une augmentation de par des marchés de produits plus ouverts, tral dans l’obtention des résultats pes ministérielles, ne parvient pas litiques menées, ainsi que de la ré- l’investissement intérieur et davan- pratiques pour les citoyens de l’Eu- à définir des stratégies claires pou- forme institutionnelle, mais en tage d’emplois. un marché du capital véritablement intégré, rope et doit continuer de tenir ce vant servir de cadre au travail de la tout premier lieu, des méthodes Pour cette seule raison, les so- rôle. Cette opinion va à l’encontre Commission. Je veux un Conseil de travail efficaces constituent la ciaux-démocrates devraient soute- un marché du travail plus flexible. d’une position superficiellement qui soit une institution plus straté- recette du succès, le tout uni par nir massivement le programme de séduisante, défendue par certains gique, édictant des priorités politi- un leadership politique fort sans le- réforme économique de Lisbonne. Il nous faut plus d’esprit d’entreprise Français. Selon eux, si une Com- ques lisibles qui fourniront à la quel l’Europe ne retrouvera ni sa Malheureusement, de sérieux obs- mission forte a pu avoir son utilité Commission un programme de tra- vision ni son dynamisme. tacles subsistent. L’Europe a be- aux premiers jours de la Commu- vail précis et imposeront une direc- soin d’être stimulée par des mar- vaincre les arguments de l’extrême Ainsi l’Europe, Marché unique nauté, afin de vaincre l’héritage de tion politique claire au-dessus de chés de produits plus ouverts, un gauche en faveur de nouvelles for- pour les biens et les services, défiance laissé par la guerre, cette la masse d’intérêts politiques et bu- Peter Mandelson est député marché du capital véritablement mes de protectionnisme social, devrait-elle se transformer en Eco- utilité est moindre aujourd’hui par- reaucratiques rivaux qui constitue britannique et l’un des concepteurs intégré, un marché du travail plus contre les prétendues menaces de nomie unique de la durabilité et ce que les Etats membres ont main- actuellement le « conseil des minis- de la « troisième voie » flexible. Il nous faut plus d’esprit la globalisation et les inégalités du savoir. Encore faut-il être à la tenant appris à travailler ensem- tres ». Traduit de l’anglais d’entreprise, moins de réglementa- sociales générées par le modèle hauteur de cette promesse de dura- ble. Nous avons également besoin par Françoise Cartano tion paralysante, de meilleures per- social américain. bilité, ce qui implique des idées C’est un argument que je récuse. formances dans la traduction de Les arguments actuellement dé- audacieuses et innovantes pour L’habitude est peut-être acquise, nos succès dans le domaine des veloppés en faveur d’une réforme promouvoir un passage radical et mais les méthodes de travail sont sciences et de la recherche, en in- économique sont trop limités. Ils spectaculaire du transport routier loin d’être parfaites. Si évolution il novations commerciales. soulignent les vertus des marchés au transport ferroviaire, ainsi que y a eu, l’intégration ayant progres- Or la politique de certains Etats ouverts, de la compétition et de la l’acceptation, à l’échelle de l’Euro- sé et le monde étant devenu plus membres, notamment la France et libéralisation dans la droite ligne pe entière, d’objectifs contrai- complexe, le besoin d’une institu- l’Allemagne, freine le processus de du consensus libéral classique tel gnants de production électrique à tion impartiale donnant la priorité réforme. Il faut vaincre les réticen- qu’il s’installa en Europe au cours partir d’énergies renouvelables. à l’intérêt européen et formulant ces de ceux qui voient dans les ob- des années 1990. Pour des sociaux- Peut-être faudra-t-il également des propositions fondées sur une jectifs des partisans d’une réforme démocrates, le principal attrait de une taxe européenne harmonisée compréhension commune des de l’économie européenne le mo- ces éléments d’une économie libé- sur l’énergie industrielle. faits et des positions de chaque dèle néo-libéral ou anglo-saxon. rale, c’est la promesse de nou- J’ai la conviction absolue que, gouvernement national est plus Les persuader que la « troisième veaux emplois. Mais ces emplois dans ce monde globalisé, il est de fort que jamais. Voie » suivie par Tony Blair n’est respecteront-ils la justice sociale ? l’intérêt de l’Europe d’être une for- Le rôle de la Commission com-

Une monnaie de princes technocrates par Roland Brunner E1er janvier 2002, la mau- oublié, ou n’ont pas voulu savoir, l’euro est arrivé en France incogni- sé lui-même… L’effigie de chaque vaise monnaie chasse la qu’une monnaie, c’est aussi du sym- to et n’a pratiquement pas été utili- chef de gouvernement ? Les démo- bonne, pourraient dire bolique. Rarement une monnaie sé par les particuliers, qui pou- craties modernes les rendent trop Lbon nombre de partisans aura été aussi vide de sens pour ses vaient pourtant payer par chèque éphémères. Et puis, quelle règle de notre bon vieux franc, en utilisateurs. Une monnaie qui n’est ou par carte de crédit dans la mon- adopter pour les répartir dans la reprenant la formule célèbre de même pas libératoire dans l’ensem- naie européenne. En France, on hiérarchie des billets entre la T. Gresham. Bien entendu, cette ble de l’espace géographique de paye en francs français, logique… coupure de 500 euros et celle de formule n’est pas exacte, ni sur le l’Union (le Royaume-Uni garde sa L’iconographie choisie pour les 5 euros ? plan économique (la parité franc- livre, excusez du peu). Une mon- billets européens est révélatrice La création de cet euro est un euro est fixée et invariable), ni d’une monnaie par trop « techni- bon exemple, parmi d’autres, de sur le plan technique (remplace- que » : pas d’empereur, pas de mo- l’incapacité des princes technocra- ment de numéraire). Une monnaie, ça doit narque, pas de reine d’Angleterre, tes qui gouvernent en Europe à Mais la formule pourrait être per- pas de George Washington, ni produire du sens et du symbolique, tinente par ailleurs. L’euro est-il aussi faire du lien, grand homme ni femme célèbre. obnubilés par une pensée prosaï- une bonne monnaie ou un monstre Non. Des portes et des ponts, naï- que et affairés à l’élaboration de rè- sur le plan psychologique ? On sait ça doit aussi faire ves allégories des échanges aux- glements tatillons. que la fonction classique de toute quels doit présider cette nouvelle « In God we trust », lit-on sur cha- monnaie est de faciliter et de ren- du « nous » monnaie. On n’y verra pas âme qui que billet américain. On aurait at- dre plus fluide les échanges par rap- vive, pas un être humain, pas un tendu pour l’Europe, inscrite dans port au troc. Elle constitue ainsi un citoyen, pas un sujet, pas de corps, chaque langue de l’Union, une bel- équivalent général. Mais, au-delà naie fiduciaire qui n’a évidemment pas de sexe… Monnaie sans le formule du genre : « Nous avons de ça, ce que n’ont pas compris les pas le pouvoir « magique » d’être prince… confiance en la démocratie. » Rien bureaucrates de l’Union européen- convertible en or ou en argent com- On peut bien se douter que faire de tout cela. On se contentera du ne, c’est qu’une monnaie, ça doit me autrefois. Une monnaie dont la figurer Charlemagne, Charles pont du Gard, nostalgie sans doute aussi faire du lien, ça doit aussi valeur repose sur la notion abstrai- Quint ou Napoléon sur ces billets d’une Europe romaine, unie, faire du « nous ». Or, cet euro aura te de « santé de l’économie » et le aurait posé des problèmes politi- bureaucratique, juridique, procédu- été créé à partir de considérations prix sur le résultat des spéculations ques insurmontables entre les rière, et si peu démocratique… purement économiques et financiè- avec les grandes devises internatio- Etats membres ; et qu’adopter le res, dans l’indifférence générale nales : dollar US, livre sterling, yen, portrait du fonctionnaire de service des citoyens. franc suisse, etc. à la tête de la BCE n’aurait enthou- Roland Brunner est psychana- Ces batteurs de monnaie ont Dans l’attente de numéraire, siasmé ni les Européens ni l’intéres- lyste. XVIII / EURO / LE MONDE HORIZONS-HISTOIRE Né de père français et de mère allemande Lointain héritier du denier d’argent imposé par Rome à toutes ses conquêtes, l’euro a attendu dix-neuf siècles pour voir le jour ! Après bien des avatars, François Mitterrand et Helmut Kohl ont su imposer cette monnaie unique

NE monnaie conti- unité de compte, sous forme de nentale ayant « panier de monnaies » (30 % de pour point d’ap- marks, 19 % de francs…), est pui le capital créée : l’European Currency Unit. Europe tout en- L’écu sert de réserve pour les tier et pour banques centrales et les gouverne- moteur l’activité ments l’utilisent pour leurs em- libre de 200 mil- prunts. Mais la stabilité n’est tou- lions d’habitants. jours pas au rendez-vous : on Cette monnaie unique remplacerait comptera douze réalignements de Uet résorberait toutes les absurdes 1979 à 1991, note l’historien variétés monétaires d’aujourd’hui, Edouard Pflimlin. effigies de princes, figures de misè- res, variétés, qui sont autant de A relance du projet euro- cause d’appauvrissement. » Qui pro- péen, en 1984 par François nonce ces mots ? Valéry Giscard L Mitterrand et Helmut d’Estaing ? Helmut Kohl ? Jacques Kohl, puis en 1986 par Jacques Delors ? Non. Victor Hugo, en Delors, président de la Com- 1855, dans une lettre aux exilés mission, souligne à nouveau l’ur- après le coup d’Etat de Napoléon gence d’une stabilisation des III. Et il n’est pas le premier à rêver changes entre les Douze. Le Grand d’Europe et d’une monnaie unifica- Marché sans monnaie commune trice, forte et symbolique. est « incomplet ». L’histoire monétaire de l’Europe Parallèlement, le contexte a est l’histoire de ses déchirements changé. Si l’inflation semble désor- pendant dix-neuf siècles et de la mais mieux contrôlée, les marchés lente reconstruction de son unité financiers internationaux sont de- dans la deuxième moitié du XXe.La venus capables de provoquer des monnaie est, tout à la fois, l’instru- attaques spéculatives de grande ment de la souveraineté, l’outil de ampleur, devant lesquelles les ban- la paix ou le nerf de la guerre, le fac- ques centrales sont impuissantes. teur de richesses ou de débâcles et L’acte unique de 1986 prévoit une le lien qui lie concrètement l’indivi- union monétaire mais les opposi- du à la société. Elle concentre tous tions restent nombreuses. les enjeux et s’investit de toutes les Rien ne se passe avant 1989 et passions. Depuis le denier d’ar- l’effondrement du mur de Berlin. gent, première monnaie commune Helmut Kohl accepte l’abandon du européenne imposée par Rome à mark comme un saut majeur vers toutes ses conquêtes, le chemin a le fédéralisme auquel il aspire. Fin CHARLIER/SIPA été long vers l’unité européenne et octobre 1990 à Rome, les négocia- l’avènement de l’euro. Ci-dessus : signature tions s’engagent. Rendez-vous est La monnaie est d’abord pouvoir. du traité de l’Union fixé à Maastricht, aux Pays-Bas, en Après la fin de l’Empire romain, européenne décembre 1991. chaque prince, chaque région bat- à Maastricht, Aux côtés des Britanniques et de tent monnaie. La reconquête du le 7 février 1992. la Bundesbank, les opposants sont pouvoir monétaire des rois et de Ci-contre à gauche : légion. Même à Paris, au sein du l’empereur est synonyme de la Pierre Werner, gouvernement socialiste, on traîne mise au pas des vassaux. Mais ancien premier les pieds devant un abandon de la l’idée de monnaie européenne tom- ministre souveraineté monétaire et on voit be dans l’oubli. Il faut attendre le luxembourgeois, avec crainte la naissance d’une XIXe siècle pour que l’ensemble du qui fut l’un des Banque centrale européenne indé- monde s’aligne peu à peu sur le précurseurs de l’euro. pendante sur le modèle orthodoxe Gold Standard britannique qui fixe Ci-contre à droite : allemand. Pierre Bérégovoy, mi- la proportion d’or des pièces et fait la reine Beatrix pose nistre des finances, préférerait, donc du métal jaune une référence avec les principaux comme Londres, l’instauration générale. On aboutit de facto à membres d’Etat d’une monnaie « commune » qui une monnaie dont l’envergure de la Communauté s’ajouterait aux autres sans les rem- n’est pas seulement européenne européenne. placer complètement, du moins mais mondiale. Le rôle économi- dans une première étape. CHESNOT/SIPA que de la monnaie comme AFP François Mitterrand ne cède instrument de stabilité devient dollar passe de 18 000 marks en une « coordination économique ». rale. Maurice Schuman, ministre Bretagne l’abandonne sous les pas : la monnaie sera « unique » et prépondérant. janvier 1923 à 4 200 milliards de L’époque est à l’expansion des français des affaires étrangères, coups de la spéculation contre la non « commune ». Mais quels pays La France résiste en conservant marks en novembre. La France Trente Glorieuses et l’inflation est dénonce « un fatras institutionnel livre. C’est le tour de l’Italie l’an- seront en mesure de l’adopter ? une double référence, or et argent, introduit en 1928 le « franc Poin- maîtrisée. Mais, à la fin des années prématuré ». Paris refuse. En fait, née d’après, puis du franc en 1974. Helmut Kohl ne se sent capable de politique monétaire « bimétalli- caré » constitué par 65 milligram- 1960, les déficits extérieurs crois- la décision prise par le président « Le serpent gît désormais sur le dos, faire passer le projet auprès de ses que » mouvementée quand les mes d’or. Avec un certain succès sants des Etats-Unis ont raison de Nixon, le 15 août 1971, de mettre la peau trouée », commente Valéry concitoyens qu’en échange d’une cours des deux métaux divergent jusqu’en 1936. Ensuite, « notre his- la convertibilité du dollar qui fin à la convertibilité officielle du Giscard d’Estaing. Son échec sévère sélection des pays candidats sur les marchés. Pour lutter contre toire monétaire est marquée par le disparaît de facto. Une nouvelle dollar en or, provoque un flotte- souligne que les mécanismes de et l’idée s’impose à Bonn et Paris la fuite des pièces françaises en retour récurrent de la dévalua- phase de croissance inflationniste ment généralisé des monnaies. Le défense inventés (les interventions de mettre au point des « critères » argent, Napoléon III signe, à la fin tion », écrit l’économiste Jacques commence. La livre et le franc sont rapport Werner est enterré. des banques centrales sur le mar- concernant l’inflation, la politique de l’année 1865, avec l’Italie, la Bel- Mistral. attaqués sans pouvoir résister : Mais les turbulences monétaires ché des changes) sont insuffisants budgétaire et la politique moné- gique, la Suisse et, plus tard, la En 1945, les Alliés veulent éviter l’insuffisance des mécanismes euro- rendent illusoires les progrès de tant que la coordination des poli- taire de chaque pays. Grèce, une Convention monétaire les erreurs des années 1930. Un péens de coopération est évidente. l’intégration économique euro- tiques économiques n’est pas plus C’est la France, et non l’Allema- qui crée une Union latine, et fixe le système monétaire mondial très Le vice-président de la Commission péenne. Les échanges de produits étroite. gne, qui propose de limiter les défi- lien à l’or des monnaies de ces contraignant est mis en place à chargé des affaires économiques, sont impossibles si les prix Il faut, à nouveau, se remettre à cits budgétaires à 3 % du PIB, pays. L’Union latine sera dissoute Bretton Woods autour de la Raymond Barre, propose d’ajouter bougent trop et sans cesse, par le l’ouvrage. Le président Valéry Gis- chiffre qui provoquera beaucoup en 1921, usée par les tourments de convertibilité en or du dollar, une « coordination monétaire » àla jeu des variations des devises. A card d’Estaing et le chancelier de polémiques avec l’Italie qui se la Grande Guerre. monnaie de référence sur laquelle coordination économique. Bâle, le 10 avril 1972, les Euro- Helmut Schmidt reprennent, en sent visée. Rome souligne qu’un Au lendemain de la première s’ancrent les autres monnaies, Un groupe d’experts, sous la péens instituent un régime de chan- 1979, l’idée du serpent, en limitant pays fondateur de l’Europe ne peut guerre mondiale s’ouvre, en Eu- avec une marge de fluctuation limi- présidence de Pierre Werner, prési- ge plus strict entre les monnaies les marges de fluctuations des mon- être exclu de l’UEM et refuse ces rope, une douloureuse période de tée à 1 %. Dans l’Europe en ruine, dent du gouvernement luxem- des Six en limitant leur marge naies autour, non plus cette fois du critères. La Grande-Bretagne refu- perte de la stabilité monétaire. l’heure n’est pas encore à l’union bourgeois, aboutit, en 1971, à un possible de fluctuation à 2,25 %, dollar, mais d’un « cours pivot » se tout. On lui propose une clause Leurs dettes immenses forcent les mais à la coopération. « plan » ambitieux d’Union écono- chacune restant liée au dollar. fixé pour chacune d’entre elles. d’« opting out », qui lui permet de Etats européens à suspendre la Le traité de Rome, en 1957, ne mique et monétaire (UEM) en Le « serpent monétaire euro- L’idée vient d’émerger que l’uni- rester de côté, ce que choisira aussi convertibilité en or. L’Allemagne fait pas allusion à une zone mo- plusieurs étapes, qui supposent péen » (SME) est né. Il aura une té européenne est assez grosse le Danemark. plonge dans l’hyper-inflation, le nétaire commune et s’en tient à une considérable avancée fédé- vie difficile. Dès 1972, la Grande- pour servir d’ancre commune. Une A Maastricht, le 9 décembre, rien n’est encore joué. Un compromis sur une « lecture politique » des cri- Bibliographie tères est imaginé par François La dernière guerre monétaire Mitterrand. L’Allemagne voudrait Une sélection de quelques aller plus loin vers une union poli- livres sur l’euro et l’écu : ITÔT signé, le 7 février 10, l’Angleterre de John Major d’intérêt. Nous sommes le jeu- menacée. La gauche ne peut pas tique. La France voudrait que le b Le Roman de l’euro, Gabriel 1992, le traité de Maas- affirme qu’elle ne dévaluera pas di 17. En France, le référendum dévaluer une nouvelle fois. Kohl traité jette les bases d’une harmoni- Milesi, Hachette Littératures. Stricht, l’Europe doit affron- mais la spéculation se déchaîne. est prévu pour le dimanche 20 ! téléphone à Helmut Schlesinger, sation sociale. L’Angleterre fait de 1998, 21,05 ¤. ter une grave crise qui remet tout Le 12, la Bundesbank abandonne Pas question de dévaluer, bien en- alors à New York : il exige un com- l’obstruction. Puis, vers 2 heures b L’Odyssée de l’euro, Edouard en question. En juin, les Danois les achats de lires qu’elle devait tendu. La Banque de France jette muniqué de défense de la parité du matin, l’accord se fait. Exit la po- Pflimlin. Découvertes Gallimard. rejettent par référendum sa ratifi- faire selon les accords de coopé- toutes ses réserves en défense du franc-mark. La Bundesbank renâ- litique et le social mais l’essentiel 1999, 9,91 ¤. cation. Les marchés financiers sen- ration du système monétaire euro- franc. Le vendredi, mesure totale- cle, puis accepte d’acheter des est sauf : la monnaie unique verra b Histoire de l’Europe monétaire, tent le vent mauvais. La bataille péen. L’Italie doit lâcher prise : ment inédite, elle cesse de prêter francs… mais avec l’argent de la le jour en 1997 si une majorité de Jean-Pierre Patat, Repères-La est partout très difficile, y compris elle dévalue de 7 %. «Trop de l’argent pour ne pas réarmer Banque de France. Qu’importe. pays satisfait les critères, le 1er jan- Découverte. 1998, 7,92 ¤. en France entre les partisans du peu ! », répondent les marchés en francs les spéculateurs qui Le communiqué est publié le len- vier 1999 dans tous les cas. b L’¤uro, Yves-Thibault de Silguy, « oui » et ceux du « non ». Contre qui repartent à l’attaque tous azi- s’empressent de les revendre. demain à 8 heures. Les spécu- L’Europe est prête à devenir «la Le Livre de Poche. 1998, 7,32 ¤. toute attente, la Bundesbank re- muts. Le sterling coule comme Dimanche, ouf !, le « oui » l’em- lateurs sont pris à revers. première puissance du monde », b Du franc Poincaré à l’écu, lève ses taux d’intérêt le 16 juillet une pierre. Helmut Schlesinger, le porte avec 51 % des votes. Le franc sera à nouveau attaqué commente le président français. Le Comité pour l’histoire pour lutter contre l’inflation pro- fier patron de la Bundesbank, Mais cela ne suffit pas à en 1993, année de récession, com- traité de Maastricht est signé le économique et financière de la voquée par la réunification alle- grand théoricien de la monnaie, convaincre les marchés qui se me les autres monnaies du SME. 7 février 1992. En 1995, le nom France, ministère des finances. mande. Les capitaux affluent vers déclare que le réalignement ita- sont enrichis contre la livre. Seu- Il faudra élargir, cette fois, les ban- « écu » est abandonné sur pres- 1993, 37,96 ¤. la RFA et toutes les autres mon- lien « aurait dû être plus large ». le solution : que l’Allemagne s’en- des de fluctuations du SME et la sion allemande : Felipe Gonzalez b L’Euro pour tous, Philippe naies européennes sont affaiblies. C’est le signe qu’une autre dé- gage à défendre le franc coûte solidarité de l’axe franco-alle- propose l’« euro ». « C’est court. Jurgensen, Odile Jacob. 1998, 20 ¤. Les gouvernements s’en mêlent et valuation se prépare, concluent que coûte. Entre Paris et Bonn, mand apparaîtra plus chance- C’est le même nom dans toutes les b Paroles d’¤uro, Serge Marti, Le déclenchent un tir de barrage les spéculateurs… Le 17, tout les négociations commencent im- lante. Mais la fermeté du premier langues. C’est populaire. » Onze Cherche-Midi éditeur. 1998, 15 ¤. contre cette banque, la « Buba », s’écroule. John Major annonce médiatement. Helmut Kohl à ministre Edouard Balladur à pour- monnaies sont « irrévocablement » b Mémoires des monnaies rigoriste et égoïste. qu’il quitte le SME avec une dura- Paris, mardi 22, dans le bureau suivre la politique dite du « franc fixées entre elles et à l’euro qui européennes, Pierre Tabatoni, La crise éclate le 8 septembre, ble rancœur vis-à-vis de Franc- de François Mitterrand, dit com- fort » (collé au mark), malgré les devient la monnaie européenne PUF. 1999, 30,18 ¤. quand la Finlande doit détacher fort. C’est l’humiliation. Rome prendre. Mais il plaide qu’il ne fortes critiques sur les taux d’in- officielle le 1er janvier 1999. Pièces b L’Ecu, Gérard Békerman et sa monnaie de l’écu et dévaluer. laisse filer la lire, qui perd jusqu’à peut rien imposer à la Bundes- térêt élevés qu’elle impose, finira et monnaies viendront trois ans Michèle Saint-Marc, « Que La Suède et l’Italie sont forcées de 40 % de sa valeur en marks. Les bank indépendante. par rétablir le calme. plus tard. sais-je ? », PUF. 1991. pousser leur taux à 75 % pour Suédois veulent résister : ils doi- Le président français argu- défendre la couronne et la lire. Le vent monter à 100 % leurs taux mente : l’Europe tout entière est E. L. B. Eric Le Boucher XIX ENTREPRISES EURO

COMMERCE Un même produit péen. b LES ENTREPRISES qui ont sou- ris des consommateurs, par exemple, et ses tarifs, les différences provenant ceux qui attendent le dernier mo- est vendu, d’un pays à l’autre, à des haité unifier leurs tarifs dans la zone ne sont pas les mêmes en Finlande ou là des taxations nationales. b LA PSY- ment, et ceux qui pensent qu’ils vont prix différents, et l’avènement d’une euro se sont heurtées à des différen- en Italie, en Grèce ou en Allemagne. CHOSOCIOLOGUE Danielle Rappo- se faire avoir. b LES ÉPARGNANTS, monnaie unique ne permettra pas ces culturelles, mais aussi fiscales. b L’INFORMATIQUE a logiquement port distingue les consommateurs qui eux, devraient modifier leurs habitu- l’émergence d’un prix unique euro- b LES PRODUITS ALIMENTAIRES favo- moins de peine à unifier ses produits utilisent déjà leurs chèques en euros, des dans le sens de l’unification. Les entreprises recherchent désespérément « le » consommateur européen La multitude des habitudes et des comportements culturels au sein de l’Europe des Douze rend quasi impossible le lancement sur le marché de produits uniques. Seule l’électronique grand public est parvenue à définir une politique de prix uniques hors taxes

L’AVÈNEMENT de l’euro va-t-il Autant de pays, autant de prix de la situation de chaque pays faire émerger un consommateur pour pouvoir atteindre la même ci- européen ? De Sony à McDo- Le hamburger L'Actimel de danone L'I Mac d'Apple La 206 XR ble de clientèle. Ces différences nald’s, de nombreuses sociétés de McDonald's de Peugeot* font d’ailleurs le bonheur des im- ont caressé le rêve de proposer à portateurs parallèles. tous, de Madrid à Amsterdam, des La monnaie unique ne devrait prix uniques en euros. Mais les pas fondamentalement changer la différences culturelles et fiscales donne, tant qu’il n’y aura pas de chaque pays de la zone euro d’harmonisation fiscale. « L’euro ont rapidement freiné ces envies. créera une marge de manœuvre Des interrogations de fond demeu- PRIXHT TTCHT TTC HT TTC HT TTC pour des glissements de prix de rent : « Personne ne sait vraiment 10 % au maximum, estime l’insti- quels vont être les seuils de prix FRANCE 0,66 ¤ 0,75 ¤ 0,41 ¤ 0,43 ¤ 999 ¤ 1 195 ¤ 9 024 ¤ 10 793 ¤ tut de prévision Marketing Sys- psychologiques qui vont faire tems. Les prix augmenteront un peu vendre », reconnaît Jérôme Tafa- dans les pays bon marché comme le 1,12 ¤ 1,20 ¤ 0,40 ¤ 0,42 ¤ 999 ¤ 1 159 ¤ 9 112 ¤ 11 210 ¤** ni, vice-président de McDonald’s ESPAGNE Portugal ou l’Espagne et ils diminue- France, chargé des finances et des ront faiblement en France et en systèmes d’information. Quatre ALLEMAGNE 1,03 ¤ 1,15 ¤ 0,35 ¤ 0,37 ¤ 999 ¤ 1 159 ¤ 9 772 ¤ 11 335 ¤ Allemagne. » secteurs économiques illustrent b Electronique grand public. ces interrogations commerciales. Les entreprises du secteur n’ont ITALIE 0,91 ¤ 1,00 ¤ 0,55 ¤ 0,60 ¤ 999 ¤ 1 199 ¤ 8 792 ¤ 10 550 ¤** b L’industrie agroalimentaire. en général pas attendu l’arrivée de Les Allemands aiment leur café l’euro pour uniformiser leurs poli- moins torréfié donc moins amer PAYS-BAS 1,18 ¤ 1,25 ¤ Non communiqué 999 ¤ 1 189 ¤ 8 965 ¤ 13 108 ¤** tiques au sein du marché unique : que les Italiens ; les Belges, les le japonais Sony vient ainsi Français et les Suisses préfèrent le * modèle « Présence » 3 portes, avec ABS et Airbags latéraux ** ABS et Airbags latéraux sont facturés en option Source : Sociétés d’adopter pour l’Europe un catalo- chocolat noir, tous les autres Euro- gue de prix uniques hors taxe. Les péens le chocolat au lait… En raconte-t-on chez Danone. Le marché une caractéristique de unique, on y a bien pensé, mais latin, le restaurant est un lieu « fa- distributeurs, qui mènent de plus matière d’agapes, le consomma- groupe français a mis en place, coût qui ne sera pas modifiée par c’est impossible », explique M. Ta- milial et événementiel », pour en plus des politiques d’achats teur européen n’existe pas ! Les depuis octobre, une opération d’ac- la monnaie unique. Le numéro un fani. Commercialement parlant, l’Européen du Nord, il est plus européennes, seront les premiers produits uniques étaient rarissi- compagnement au changement : mondial de l’agroalimentaire, l’idée était attirante. Elle aurait « utilitaire ». Pour attirer cette à en tirer bénéfice, « mais il n’y mes avant l’arrivée de la monnaie « Nous proposons des promotions à Nestlé, avoue quand même « vou- permis au groupe de restauration clientèle si diverse après le 1er jan- aura pas d’impact direct à court ter- unique, ils le seront tout autant prix ronds de 1, 2, 3, 4, 5 euros pour loir arriver à une certaine harmoni- rapide d’organiser des campagnes vier 2002, l’entreprise fait confian- me sur le consommateur », expli- après, au grand dam des groupes que le consommateur puisse acqué- sation des prix pour que les commer- promotionnelles à l’échelle euro- ce aux spécialistes locaux du mar- que Philippe Poels, directeur géné- agroalimentaires qui cherchent à rir ses premiers repères. » çants n’aient pas tendance à aller péenne. Mais « les différences de keting. « Nous aurons des prix ral de Sony France. unifier leur production. Même pour les quelques pro- se fournir à l’étranger ». Il s’est coût du travail, de TVA et de fiscali- d’appel forts dans chaque pays, Le fabricant américain d’ordina- De Nestlé à Danone, les géants duits qui réussissent à être vendus fixé, par produit, des fourchettes té ne permettent pas une telle opéra- mais qui ne seront pas homo- teurs Apple a depuis longtemps européens du secteur déclarent sans modification dans tous les de prix en euros qui devraient tion », ajoute M. Tafani. L’entrepri- gènes », prévoit M. Tafani. Le adopté des « prix mondiaux » vouloir surtout s’attacher, pen- pays d’Europe (les barres chocola- « s’amenuiser avec le temps ». se a tout de même réuni ses diri- groupe va tout de même lancer à pour ses produits standardisés, dant cette période de changement tées, les eaux minérales…), l’avène- b La restauration rapide. geants européens pour vérifier la fin du mois dans la zone euro moyennant les variations de taux de monnaie, à rassurer les consom- ment de l’euro ne va pas changer Après le 1er janvier 2002, l’amateur que les différences de prix en un jeu, l’« Euromonopoly », pour de change et les différences de mateurs de chaque pays sur la sta- grand-chose en termes de prix. de hamburgers ne pourra tou- euros sont « justifiables ». fidéliser ses clients. taxes entre les pays. « Nos prix bilité des prix. « Des études nous Les taxations locales, les coûts de jours pas, avec la même somme Dans la restauration comme b L’industrie automobile. L’ar- publics toutes taxes comprises ne ont montré que le moins de choses transport et les canaux de distribu- en poche, se restaurer dans l’en- ailleurs, les comportements sont rivée de l’euro ne devrait pas reflétaient que ces différences », ex- possibles devaient être changées », tion spécifiques donnent à chaque semble de la zone euro. « Le prix multiples : pour le consommateur gommer les différences de prix plique Pascal Cagni, vice-président des voitures – de l’ordre de 8 % à d’Apple Europe. Avec l’arrivée de 10 % en moyenne, selon le cabinet l’euro, le constructeur informati- TROIS QUESTIONS À... personnes défavorisées socialement ou cultu- identitaire fort. D’autant plus que l’Europe Lehman Brothers – qui existent en- que a envisagé de « définir un nou- rellement. La plupart n’ont jamais voyagé à apparaît comme un concept très abstrait. Pour tre les pays européens. D’abord, veau prix européen grand public en DANIELLE RAPPOPORT l’étranger. On retrouve également dans cette le consommateur-citoyen, l’euro est la pre- les groupes automobiles ne veu- calculant une moyenne de TVA dans catégorie les personnes très âgées. mière et la seule matérialisation de l’Europe. lent pas d’un tarif unique pour tou- la zone et en compensant dans nos Vous êtes psychosociologue et vous sondez, On peut supposer, à terme, qu’il demande que te l’Europe, car il les empêcherait comptes le manque à gagner dans 1depuis 1997, l’avis des consommateurs fran- Quelles sont les grandes peurs exprimées ? son effort soit accompagné en regard d’une de jouer sur les prix pour accélérer certains pays avec le surplus de recet- çais sur l’avènement de l’euro. A J – 40, quel est 2 La période de double circulation francs- meilleure visibilité de l’institution européenne. la pénétration de telle ou telle mar- tes dans d’autres, ajoute-t-il. Cette leur état d’esprit ? euros, qui va durer du 1er janvier au 17 février, que sur tel ou tel marché national. opération s’est révélée trop délicate Les gens se disent désormais : « Il va falloir s’y est perçue comme un moment générateur de Les comportements d’achat vont-ils, selon Ensuite, la fiscalité sur l’automobi- et nous y avons renoncé. » Comme mettre. » La résistance qui avait cours il y a en- grande confusion. D’où la volonté pour 3vous, changer ? le varie très fortement d’un pays à Apple ne souhaitait pas afficher core un an n’est plus de mise. Cependant, trois certains d’y plonger dès le 1er janvier. Ensuite, la Pour les achats courants, les personnes inter- l’autre : au Luxembourg, le taux des prix publics différents dans cha- grandes catégories de consommateurs appa- première peur réellement exprimée est la perte rogées déclarent vouloir faire « comme d’habi- de TVA est de 15 %, au Danemark que pays, ils ont dû se replier sur raissent : ceux qui utilisent déjà des chèques en de repères. Les personnes se doutent bien tude », mais avec plus de vigilance. Pour les de 25 %, en France de 19,6 %. un prix public européen hors taxe euros et plongeront dans la nouvelle monnaie qu’elles vont mettre plusieurs mois pour jon- achats plus occasionnels, la tendance est plutôt Dans certains pays, il faut ajou- uniforme en Europe, « ce qui cons- dès le 1er janvier 2002 ; ceux qui acceptent à gler avec l’euro et s’approprier réellement la à la prudence et au report. Une attente qui ter des taxes additionnelles qui titue un recul pour le consomma- reculons le changement et tenteront d’utiliser valeur de la monnaie. Elles craignent de faire pourrait s’atténuer si les entreprises mettent en peuvent doubler le prix du véhicu- teur », estime M. Cagni. les francs jusqu’au dernier moment ; enfin, des erreurs mais aussi de ne pas être capables place des campagnes de promotion perçues le, comme au Danemark. Les cons- ceux qui pensent qu’ils vont « se faire avoir ». de débusquer les arnaques. comme pertinentes et lisibles. tructeurs, qui vendent à leur Laure Belot, Ces derniers, qui pourraient représenter jus- Pour certaines personnes, l’euro est vécu com- réseau hors taxes, sont obligés Christophe Jakubyszyn qu’à un tiers des consommateurs, sont des me une perte patrimoniale et un changement Propos recueillis par Laure Belot d’adapter leurs tarifs en fonction et Stéphane Lauer Les épargnants modifient progressivement leurs habitudes Isabelle et Sylvie inventent le « porte-monnaie organisé » LA MISE en circulation de l’euro mais leurs placements restent en européennes les mêmes avantages HÉNIN-BEAUMONT pas très couture », s’esclaffent- se lancer avec elles dans l’aven- va-t-elle bousculer les habitudes très grande partie nationaux. fiscaux que les PEA composés d’ac- (Pas-de-Calais) elles –, leur « bébé » prend forme. ture. Restait à populariser le pro- d’épargne des Européens ? «A Ainsi, selon Hervé Grandjean, de tions françaises », estime M. Grand- de notre correspondant régional Un porte-monnaie dans lequel cha- duit. Isabelle a, de nouveau, l’idée court terme, cela ne va pas changer la direction des études de la Ban- jean. Leur histoire a fait le tour de la Fran- que pièce possède son comparti- de génie : elle présente le Porteuro grand-chose », estime André que de France, le portefeuille des Mais les habitudes d’épargne va- ce. Un vrai rêve de scénariste : deux ment avec un dessin à son effigie au maire d’Hénin-Beaumont, où el- Babeau, directeur du Centre de ménages français en valeurs mobi- rient. Les actions et les fonds jeunes mères et l’indication de sa contre-valeur le réside, dans la région de Lens. recherche sur l’épargne et le patri- lières n’était constitué, en communs de placement tiennent de famille – en francs. Sur le rabat qui ferme le Séduit par le produit et voyant là moine (CREP) au sein du groupe mars 2001, que de 4,6 % d’actions une place importante dans le patri- votre voisine, tout, au-dessus de la poche à un moyen de faire parler de sa com- CSA-TMO. En fait, la naissance de étrangères, de 0,3 % d’obligations moine des Belges, des Italiens ou votre crémière billets, figure également la contre- mune, il leur en commande 10 000 l’euro en 1999 a déjà modifié une étrangères et de 1,4 % d’OPCVM des Espagnols. Pour leur part, les – qui, à par- valeur en francs de ces derniers. exemplaires pour les habitants. partie des habitudes des épar- Autrichiens, les Français et, dans tir d’une idée « Notre système n’évitera pas l’usa- Alertés par les époux d’Isabelle et gnants. Depuis cette date, les tran- une moindre mesure, les Alle- simple mais ge du convertisseur au début, esti- Sylvie – qui travaillent dans la com- sactions sur les marchés financiers Au total, mands placent une très grande par- menée jus- me Isabelle. Mais il vous aidera à munication – FR3 Nord s’empare sont libellées dans la nouvelle tie de leur patrimoine sur des L’EURO SANS PEINE qu’au bout, se identifier les pièces, à vous impré- du sujet… monnaie. les portefeuilles comptes et des livrets bancaires. retrouvent dans la peau d’héroïnes gner de leur valeur quand vous les Depuis, s’émerveillent les deux La disparition du franc va soula- L’assurance-vie ou les sommes d’une étonnante aventure écono- prenez en mains. » En juillet, le femmes, « c’est une autre vie ». ger les particuliers, qui n’auront des Français déposées dans des fonds de pen- mique, d’une « success story » à prototype, baptisé Porteuro, est Tous les médias s’intéressent à plus à jongler entre deux monnaies sion représentent la moitié du patri- l’américaine. soumis à leurs proches, sous pro- l’histoire. Elles gardent un souve- pour établir leurs comptes. « Les ne comportent moine des Néerlandais. Autre diffé- L’étincelle est venue d’Isabelle messe de secret. Il remporte immé- nir émerveillé de leur récent pas- intermédiaires financiers vont eux rence : « Si les Espagnols détiennent Essakhi, qui cache bien une nature diatement un grand succès. sage dans l’émission de Laurent aussi bénéficier de cette simplifica- que 6,3 % de valeurs dans leur grande majorité leur rési- un peu anxieuse sous une allure Ruquier. « C’est impressionnant. tion pour offrir de nouveaux pro- dence principale, ce n’est pas le cas dynamique. « Quand je vais en Bel- CHEZ LAURENT RUQUIER Nous sommes passées tout à la fin. duits », prévoit M. Babeau. La libre étrangères des habitants des Pays-Bas ou de gique, j’ai des difficultés avec la « Nous nous sommes dit qu’un in- La plupart des autres invités avaient prestation de service (LPS), qui per- l’Allemagne », note M. Babeau. «Le monnaie, reconnaît cette infir- venteur ou un fabricant de maroqui- été plus ou moins malmenés, mais il met à un établissement financier recours au crédit à la consommation mière de trente-six ans, l’œil rieur. nerie avait forcément eu l’idée avant a été très gentil avec nous. Il a de proposer ses services partout (organismes de placement collectif est développé dans l’Europe du Nord Alors, vous pensez, avec l’euro ! » nous », se souvient Sylvie. Rensei- trouvé que nous avions inventé le dans l’Union européenne, devrait en valeur mobilière) étrangers. Au alors qu’il reste un réflexe de pauvre Comment faire ? « Poussée par gnement pris à l’Institut national produit euro le plus pratique ! » se développer. total, les portefeuilles des Français en Italie », observe-t-il par ailleurs. mon goût de l’ordre et du range- de la protection industrielle, il n’en Le résultat ne s’est, évidem- « Jusqu’à présent, la LPS se heur- ne comportent donc que 6,3 % de « L’euro va d’abord faciliter une ment, je me suis dit que la solution est rien : le nom comme le concept ment, pas fait attendre. Isabelle et tait à deux obstacles : celui de la lan- valeurs étrangères. ouverture des portefeuilles aux pla- était peut-être un porte-monnaie sont libres de droits ! Dopées par Sylvie sont submergées d’appels gue et celui de la monnaie. L’un des Ce pourcentage, stable depuis cements étrangers », estime M. Ba- organisé. » Elle en parle à sa com- l’enthousiasme de leur entourage, téléphoniques et « de courriers deux va tomber », remarque M. Ba- 1997, concerne les placements beau. Surtout, la disparition des plice Sylvie Bourg, trente-sept ans, elles se lancent dans une course charmants, très touchants, venant beau. Mais l’Europe de l’épargne dans la zone euro mais aussi dans monnaies nationales va rendre en- assistante commerciale actuelle- d’obstacles : « Nous avons perdu souvent de personnes âgées ». De ne devrait émerger que lentement. le reste du monde. Aucune statisti- core plus criantes les disparités de ment au chômage. Cette dernière beaucoup de temps à attendre la « grandes chaînes de distribution » Les habitants de la zone euro que sur les placements au sein de traitement fiscal : un chantier qui s’enthousiasme, toutes deux se réponse de fabricants qui avaient dit ont exprimé leur intérêt pour le étaient à la tête d’un patrimoine de la seule zone euro n’est disponible. risque d’être aussi long que la mise mettent à l’ouvrage « avec du “on vous écrira” après avoir montré produit. La société Luggy a dû se 13 000 milliards d’euros à la fin de « On peut cependant penser que ces en place d’une monnaie unique papier d’abord, puis du tissu et mê- un intérêt poli. » Finalement, la réorganiser pour faire face aux l’année 2000, ce qui équivaut à un derniers vont augmenter puisque le européenne. me du cuir, un vieux sac sacrifié ». société Luggy, un petit fabricant de commandes… peu plus de la moitié du patri- projet de loi de finances 2002 va Après beaucoup d’efforts, et de bagages professionnels de Gruson, moine des ménages américains, accorder aux PEA investis en actions Joël Morio doigts abîmés – « nous ne sommes dans la banlieue lilloise, décide de Jean-Paul Dufour XX / EURO / LE MONDE ENTREPRISES

Les différentes politiques fiscales des Douze Les casinos s’inquiètent créent d’importantes disparités salariales de l’impact psychologique Certaines grandes entreprises commencent tout de même à adopter des mécanismes d’harmonisation de l’euro sur les joueurs L’arrivée de l’euro ne devrait pas bouleverser qui restent nationales, ainsi que les écarts de pro- coordination. Ils espèrent que la société de droit fondamentalement les politiques salariales des ductivité justifient les différences de salaire. Les européen leur donnera davantage de moyens de entreprises. Les législations sociales et fiscales, syndicats souhaitent, malgré tout, une meilleure peser sur les directions. La réflexion porte sur les 13 000 machines à sous

A TRAVAIL ÉGAL, salaire égal. bouleversements : « Les change- tions en euros est « un fait cosméti- tions et le temps de travail, la QUEL QUE SOIT leur niveau de vers une machine à 1 euro, ou à la Avec la généralisation de l’euro, la ments se feront dans la durée. Ce que », indique un porte-parole. formation, etc. préparation, les propriétaires et hausse, vers une machine à tentation pourrait être forte pour n’est pas demain que le Portugal « Les salaires ne pourront être Malgré les réglementations exploitants de casinos doivent faire 2 euros ? les salariés de revendiquer la rejoindra la France, comme la Répu- harmonisés que lorsque les politiques nationales en vigueur, certains face à une redoutable inconnue : « Il n’est pas question de forcer nos réduction des disparités existant blique tchèque et la Pologne, où le fiscales et les cotisations sociales le se- groupes ont commencé à adopter l’impact psychologique de l’euro clients à jouer sur une machine à dé- entre les unités d’un même groupe coût du travail est inférieur de 15 % ront », ajoute-t-il, en soulignant des mécanismes d’harmonisation sur les joueurs. Les machines à sous nomination plus élevée. Il faut implanté dans différents pays. Mal- au niveau français actuel. » que les disparités existent encore à progressive pour un traitement fonctionnent majoritairement avec qu’avec l’euro le client joue le même gré le processus d’intégration, les Dans le groupe hôtelier Accor, l’intérieur d’un même pays. égal de tous leurs salariés. Au nom des jetons. Sur les 13 000 machines temps pour le même potentiel d’ar- différences du coût du travail où l’on pratique un schéma de de « l’équité d’attractivité »,le que compte le parc français, seule gent sur une machine au niveau qu’il restent importantes (parfois du sim- gestion décentralisé selon les pays groupe Accor a été contraint une petite partie s’alimente exclusi- s’est choisi », explique Philippe ple au quadruple) entre l’Alle- avec une politique de rémunéra- Le groupe Accor d’adapter à chaque pays la formule vement avec des pièces. Aujour- Quentin, directeur général en char- magne, les Pays-Bas, la France, le tion très individualisée, «le1er jan- française du plan d’épargne d’hui, les jetons peuvent endosser ge des casinos au groupe Lucien Portugal, la Grèce ou l’Irlande. vier ne devrait susciter aucun déclic. a été contraint d’entreprise alimenté par des la valeur de 1 franc, 2 francs, Barrière. Cette nouvelle étape dans l’uni- Sauf à considérer que l’euro est un actions à taux préférentiel. 5 francs, 10 francs, 20 francs, Au groupe Européenne de casi- formisation monétaire se traduira- élément confédératif d’une Europe d’adapter « Les véritables changements 50 francs et 100 francs, plus excep- nos, qui exploite vingt-quatre éta- t-elle par l’accélération de l’harmo- où les conditions de vie et de salaires interviendront avec l’émergence des tionnellement. blissements, la réaction est identi- nisation des politiques sociales et vont se rapprocher. Mais ce sera à à chaque pays instances représentatives euro- Cette valeur est en fait détermi- que. « Tout le monde est en train de salariales ? Cette éventualité ne long terme », affirme Hervé péennes », estime M. Bertrand, du née par la législation, qui prévoit chercher le bon niveau de mise », semble guère susciter d’inquié- Bertrand, directeur du dévelop- la formule française groupe Accor. Les entreprises, com- que les mises doivent être en adé- reconnaît son porte-parole. «Ilne tudes au sein des groupes multina- pement des ressources humaines me les syndicats, surveillent de près quation avec la monnaie émise. Il ne faudra pas se tromper, car quand tionaux. Pour eux, le véritable du groupe. du plan d’épargne les modalités d’application, d’ici à peut donc y avoir de jeton dont la une machine ne trouve pas son juste basculement a eu lieu avec la fin En fait, plus que la monnaie, ce trois ans, de la future société euro- valeur ne soit pas celle d’une pièce. prix, elle est facilement délaissée », des variations des taux de change sont les politiques fiscales et les d’entreprise alimenté péenne, dont les statuts ont été défi- Or, avec l’arrivée de l’euro, la valeur ajoute-t-il. Heureusement pour les dans la zone euro. Les organisa- réglementations nationales qui nitivement adoptés le 28 septembre des jetons va de facto baisser : les professionnels, il est toujours tions syndicales ne s’attendent pas priment dans la fixation des rému- par des actions par la Commission et le Parlement pièces retenues seront 20 centimes possible de changer la valeur de la non plus à ce que la monnaie uni- nérations. « L’introduction défini- européens. Elle prévoit des disposi- (1,30 franc), 50 centimes mise de la machine par la suite. que contribue, au moins dans un tive de l’euro ne va absolument rien tions telles que les procédures (3,28 francs), 1 euro (6,56 francs) ou « Ces ajustements prendront du premier temps, à la réduction des changer à la politique salariale. Si la fiche de salaire n’est pas le d’information et de consultation 2 euros (13,12 francs). temps mais, à l’évidence, de nom- écarts. Même si elles considèrent Nous nous rapprochons en effet sur seul élément de référence, les des syndicats, qui devraient, plus breux établissements procéderont à que les évaluations seront désor- le plan de la monnaie, mais les lois organisations syndicales n’en que la monnaie, favoriser le proces- « LE BON NIVEAU DE MISE » des modifications », poursuit-il. mais plus faciles. nationales, les impôts, les systèmes considèrent pas moins qu’il reste sus d’intégration et d’harmonisa- En conséquence, il n’y aura plus Chez Partouche, le leader du sec- « Un groupe comme le nôtre prati- d’assurance sociale, les retraites et le nécessaire de « négocier des garan- tion des politiques internes. Y com- de machines dites à « haute déno- teur, Hubert Benhamou, président que les comparaisons depuis très coût de la vie demeurent encore très ties collectives avec des repères mini- pris dans la plupart des sociétés mination » comme celles que l’on du directoire, se donne « trois mois longtemps. Nous réalisons des études hétérogènes », indique Matthias maux dans tous les pays, à la fois dont les comités de groupe euro- trouve encore aujourd’hui à 50 ou d’observation ». La mobilisation des de coût du travail entre les pays, sur Malessa, directeur des ressources dans les grandes entreprises, mais péens mis en place à ce jour demeu- 100 francs. Mais le casse-tête pour casinotiers est à la mesure des en- la base d’une même devise dont les humaines du groupe Adidas- aussi dans leurs filiales et les sous- rent purement consultatifs. chaque casinotier va être de déter- jeux : pour l’exercice 1999-2000, les résultats sont communiqués aux par- Salomon, pour justifier les différen- traitants », note Marcel Guignard, miner le nombre de machines qui cent soixante-six casinos exploités tenaires sociaux dans un souci de ces de revenus au sein d’une même responsable de la métallurgie Michel Delberghe pourront être utilisées avec en France ont réalisé un produit to- transparence », indique Marc Van entreprise. CFDT, en évoquant les discussions (avec Philippe Ricard 2 euros, 1 euro ou 50 centimes. Un tal des jeux de 13,49 milliards de Ossel. Ce dirigeant belge, directeur L’appréciation n’est guère ouvertes au sein de la Fédération à Francfort joueur qui a l’habitude de jouer des francs (2,06 milliards d’euros). des ressources humaines de Saint- différente en Italie. Pour le groupe européenne des métaux. A la et Marie-Noëlle Terrisse pièces ou des jetons de 10 francs Gobain, ne croit pas à de profonds Fiat, la traduction des rémunéra- rémunération, il ajoute les condi- à Milan) va-t-il porter son choix à la baisse, François Bostnavaron Les prudences lucides du dirigeant syndicaliste Emilio Gabaglio Axa lance un contrat d’assistance EN FACILITANT les comparaisons des bulle- également à toute forme de concurrence indi- dération ne reste donc pas inerte, en dépit de tins de paie, la monnaie unique va-t-elle entraî- recte sur les salaires par des diminutions d’impôts l’absence de bouleversement prévisible. pour le changement de monnaie ner une harmonisation des salaires en et de cotisations de sécurité sociale ». En 1999, décision a été prise de créer un co- Europe ? Voilà des années que la Confédéra- A l’échelle de l’Union européenne, non seule- mité de coordination des négociations collec- AXA ASSISTANCE (filiale d’Axa) vient de lancer un contrat d’assistan- tion européenne des syndicats (CES), qui intè- ment le patronat ne souhaite pas entendre par- tives. Il s’agissait d’élargir la démarche des qua- ce et de protection juridique pour le passage à l’euro, à destination des gre pour la France la CGT, la CFDT, FO et la ler de négociations, mais les syndicats n’en tre pays pionniers aux autres pays européens. particuliers. Ce produit, appelé Euro Conso Assistance, met à CFTC, réfléchit à cette question. font pas non plus une priorité. « Nous avons Les premières analyses, présentées en octo- disposition des clients une carte d’adhérent qui donne droit à une A Bruxelles, Emilio Gabaglio, son secrétaire réussi en Europe à créer des convergences sur les bre, montrent que, dans seize pays passés au assistance juridique si le consommateur a un doute lors de son inten- général, reste prudent. « Il y aura sans doute conditions de travail, mais on n’a pas traité la crible, l’inflation est le facteur déterminant de tion d’achat. Il assure aussi la prise en charge totale d’un éventuel liti- une pression vers le haut dans les pays à bas question des salaires. Nous avons d’abord besoin la négociation salariale dans onze pays mais ge, à l’amiable ou en justice, jusqu’à l’obtention de l’indemnisation des salaires et vers le bas dans les autres, mais les si- de comprendre les mécanismes en œuvre dans que, dans cinq autres (l’Allemagne, la Finlande, victimes et la détermination des responsabilités, précise l’assureur. tuations nationales restent trop différentes pour les différents pays et de favoriser les connaissan- l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal), c’est la pro- Le produit est parrainé par des associations de consommateurs, dont qu’il y ait des négociations européennes », obser- ces. Dans un deuxième temps, nous essaierons de ductivité qui est le facteur essentiel. l’AFOC (FO Consommateurs). On peut adhérer pour une cotisation de ve-t-il. Oskar Lafontaine, l’éphémère ministre dégager des sortes d’orientations communes et Mais les choses ne sont pas simples : aucune 39 ¤ (256 francs). Certains organismes, dont la Confédération du loge- des finances de Gerhard Schröder qui souhai- peut-être à terme des lignes directrices », consta- comparaison n’est neutre. La Confédération ment et du cadre de vie (CLCV), font observer que les litiges peuvent tait, en 1998, une « coordination des politiques te M. Gabaglio. européenne des syndicats reconnaît que cer- être réglés gratuitement par des instances publiques. salariales en Europe », n’a pas, trois ans après, tains de ses adhérents n’ont pas envie d’appa- obtenu gain de cause. L’INFLATION, FACTEUR DÉTERMINANT raître comme les « mauvais élèves » de la DÉPÊCHES Seule initiative originale : depuis 1997, les C’est au niveau des branches profession- classe en se montrant moins revendicatifs que a AUTRICHE : alors qu’ils ne devaient pas être accessibles au syndicats allemands, belges, luxembourgeois et nelles que la Confédération européenne des d’autres. grand public avant la mi-décembre, les premiers euros ont circulé néerlandais se réunissent régulièrement pour syndicats juge les négociations les plus perti- Du coup, elle les incite à mettre aussi en en Autriche dès la mi-octobre. La banque centrale nationale a sanc- examiner les revendications salariales et la poli- nentes : « Même si le patronat tente de déstructu- avant des aspects qualitatifs, comme la réduc- tionné la banque négligente (la Deutsche Bank) qui les avait distribués. tique de l’emploi. Dans une déclaration faite en rer la négociation collective en privilégiant l’entre- tion du temps de travail, la création d’emploi, a BCE : le président de la Banque centrale européenne (BCE), septembre, ils « réitèrent leur engagement selon prise, nous croyons que c’est à ce niveau-là qu’il la formation… Autant de sujets dont la compa- Wim Duisenberg, a appelé les agents économiques de la zone euro à lequel ils s’abstiendront de toute concurrence faut situer la politique de coordination. C’est raison s’annonce encore plus complexe que « appliquer strictement les règles de conversion », afin d’éviter une haus- entre eux et œuvreront pour une marge de négo- pourquoi nous incitons nos fédérations à établir celle de la feuille de paie. se des prix. Ces règles veulent que les chiffres exprimés en monnaie na- ciation basée sur la somme de l’inflation et l’aug- des grilles de lecture pour élaborer des solutions tionale soient convertis intégralement en euros et en cents, sans être mentation de la productivité ».Ils« s’opposent convergentes », explique M. Gabaglio. La Confé- Frédéric Lemaître arrondis au chiffre supérieur par souci de simplification. a EUROPE CENTRALE : la banque centrale allemande estime qu’environ 30 % à 40 % des billets de deutschemarks sont détenus hors d’Allemagne. La majorité se trouve dans les pays d’Europe de Les groupes européens sont désormais assurés d’une solide base arrière l’Est et du Sud-Est, y compris la Turquie. Il y a donc fort à parier qu’« une grande partie de ces avoirs sera remplacée par des euros » au début de 2002, selon la Banque centrale européenne. Ce qui crée des Les firmes cherchent à s’implanter hors de l’Union, par exemple en République tchèque ou en Pologne difficultés logistiques. Pour les limiter, la BCE a rappelé que les ban- ques centrales d’un certain nombre de pays hors zone euro pourraient DEPUIS le printemps, la fièvre tions, elles s’inscrivent, pour les en- d’euros), soit près de la moitié du quotidienne pour les entreprises. être préalimentées en billets si elles le souhaitaient, mais seulement à est retombée. Tous les projets de treprises, dans le contexte de mon- total des investissements directs Les ventes à l’intérieur de l’Union partir du 1er décembre, soit deux mois plus tard que dans la zone euro. fusions et d’acquisitions soigneuse- dialisation ou d’intégration euro- extérieurs mondiaux. représentent plus de 60 % du total ment étudiés dans les groupes sem- péenne qui s’applique à tous les Les sociétés peuvent-elles pour- des échanges de l’Europe. blent avoir été remisés dans les car- secteurs. Plus que l’euro, le vrai suivre à une telle allure ? Pour des Aller au-delà ne leur paraît ni pos- tons. Le ralentissement de l’écono- tournant, pour elles, a été la réuni- secteurs comme la chimie, l’éner- sible ni souhaitable. Les règles de mie, des cours de Bourse trop bas, fication allemande, annonciatrice gie, les banques, certains biens concurrence, que la Commission des investisseurs devenus suspi- de la création du marché et de la d’équipement, les transports aé- vient de rappeler avec force en in- cieux, paraissent rendre de plus en monnaie uniques en Europe. Le riens ou terrestres, qui ont bénéfi- terdisant les mariages entre Scania plus difficiles les rapprochements mur de Berlin à peine tombé, de cié encore ces dernières années et Volvo, Schneider et Legrand ou entre sociétés. L’arrivée de l’euro nombreuses entreprises européen- d’un univers réglementaire protec- Tetra-Laval et Sidel, interdisent à pourrait-elle relancer les concen- nes se sont précipitées en Allema- teur, les concentrations risquent de nombreux groupes de penser à trations ? gne de l’Est, dès la fin de 1989, de devenir plus que jamais d’actua- des rapprochements avec d’autres La grande majorité des entrepri- pour racheter des sociétés dans lité, alors que la Commission euro- concurrents. De plus, assurées dé- ses ne le pensent pas. Pour elles, la l’espoir de prendre enfin pied sur péenne semble décidée à accélérer sormais de leur base européenne, mise en circulation de la monnaie le marché allemand. Les déboires les déréglementations et à faire les firmes sont plus préoccupées à européenne n’est que l’ultime éta- ont souvent été à la hauteur des at- tomber les dernières barrières du étendre leur influence à l’extérieur. pe de la monnaie unique. Depuis tentes. Des groupes comme Lafar- marché unique. Lorsqu’elles regardent la carte euro- le 1er janvier 1999, leur univers fi- ge, Elf, SEB, Usinor, Legris, etc. péenne, elles ne s’intéressent plus nancier est déjà en euros. Leur ca- ont mis des années avant de tirer COÛTS DE PRODUCTION MOINDRES qu’à des implantations dans les pital, leurs opérations de marché parti de leurs acquisitions. Cer- Pour les autres secteurs concur- pays appelés à rejoindre l’Union s’expriment dans la monnaie euro- tains ont même jeté l’éponge. rentiels, les grandes manœuvres comme la République tchèque, la péenne depuis cette date. Leurs Mais le coup d’envoi était don- semblent être achevées dans la plu- Slovaquie, la Pologne, voire la Li- factures, leurs ventes, leurs comp- né. Les entreprises se sont mises à part des pays. Les groupes ont ra- tuanie. Leurs intérêts pour ces pays tes ont été peu à peu convertis. Et multiplier les rachats en Europe. cheté les concurrents qui les inté- portent moins sur de futurs mar- tous les groupes ont pris l’habitu- Tous les grands secteurs mar- ressaient le plus. Par la suite, à chés, ralliés à la même monnaie, de de vivre dans la stabilité moné- chands ont vécu, ces dix dernières l’image de Nestlé, d’Unilever ou de que sur la possibilité de se consti- taire procurée par la monnaie uni- années, au rythme de l’intégration l’américain Procter & Gamble, ils tuer de nouvelles bases de produc- que : plus aucun ne vit dans la européenne. En l’an 2000 encore, ont définitivement abandonné les tion à des coûts bien moins élevés crainte d’une dévaluation sauvage les fusions et les acquisitions au dimensions nationales pour bâtir et pouvant alimenter le reste de d’un partenaire européen, comme sein de l’Union européenne ont at- des outils de production intégrés à l’Union sans barrière douanière. ce fut le cas en 1992-1993. teint le niveau record de 617 mil- l’échelle européenne. Le marché 8 juin 2000. Quant aux fusions et aux acquisi- liards de dollars (693 milliards unique est désormais une réalité Martine Orange XXI COMMUNICATION EURO Les publicitaires créent des campagnes nationales sur mesure Les Pays-Bas consacrent un montant de 67 millions d’euros pour réussir à « vendre » la monnaie européenne, la France 45 millions et la Suède seulement 3 millions. Les spots télévisés et les méthodes choisies pour informer reflètent les différences culturelles des Douze

UN EURO par citoyen. Cette es- La jeune Lise, Selon M. Malivoir, « les spots mis à contribution pour diffuser timation donne une idée du coût ci-contre, télévisés reflètent les différences la bonne parole dans les villages. des campagnes de communi- accompagne culturelles entre les mondes anglo- Des bus ou des trains de l’euro cation orchestrées par les douze l’ensemble saxon, latin et germanique ». L’Al- ont sillonné les territoires espa- Etats membres de l’Union euro- de la campagne lemagne a choisi de donner la gnol et allemand. En France, les péenne pour accompagner le bas- française. Celle parole à des « grands témoins », partenariats avec des associations culement vers l’euro. L’effort de la Banque qui se présentent comme des s’est encore intensifié ces der- centrale supporteurs de cette monnaie, niers mois avec l’approche de la européenne alors que les Allemands, très atta- Un slogan unique date fatidique. Le verdict tombe- (ci-dessous) chés à leur deutschemark, s’apprê- ra à partir du 31 décembre 2001 à est la même tent à adopter l’euro à reculons. Il et sobre minuit : la pertinence de l’infor- dans toute s’agit encore de convaincre et de mation et le degré de préparation donner confiance. La campagne d’information de

D. R. la zone euro. des populations seront alors im- la Banque centrale européenne médiatement mesurables pays DES ACTEURS CONNUS (BCE) est exactement la même par pays. A l’opposé de cette campagne dans les douze pays membres de La règle du jeu était claire dès le solennelle, l’Italie et l’Espagne la zone euro. Très sobre, le slo- départ. Si la Commission de ont privilégié l’humour et l’émo- gan – « L’euro, notre monnaie » – Bruxelles cofinance la plupart des tion. L’Italie a fait appel à des est censé produire un effet ras- initiatives, elle n’intervient pas acteurs connus pour jouer des sembleur. « Il ne s’agit plus de con- plus avant et laisse à chaque Etat sketches qui mettent en scène vaincre, mais d’expliquer l’euro », toute latitude dans la définition l’euro. Quant aux Pays-Bas, qui explique Wim Duisenberg, prési- de sa politique de communica- déroulent un véritable rouleau dent de la BCE. Les affiches et les tion. « Globalement, les Douze ont compresseur depuis 1999, ils mar- encarts, tirés à des centaines de D. R. investi 300 millions d’euros pour tèlent des messages pratiques en millions d’exemplaires, se veu- accompagner le passage à la mon- L’Allemagne a choisi, pour sa essayant de s’adresser à toutes les lent didactiques, tandis que les naie unique, dont 100 millions de campagne de presse, un ton sérieux. catégories de la population, des spots télévisés jouent davantage crédits bruxellois », précise Jean- Ci-dessus, l’ancien chancelier Helmut enfants aux sourds et malenten- sur les émotions. Pierre Malivoir, chef de la mission Schmidt affirme : « Aucune banque dants, en passant par les émigrés Magie du tournage, ces séquen- euro à Bruxelles. centrale, aucun Etat, pas même ou les personnes âgées. ces, où l’on croit reconnaître les Ce budget global ne reflète pas le Fonds monétaire international, Mais les grandes campagnes régions des quatre coins d’Euro- les disparités. Budget, calendrier, médiatiques ne sont pas les seuls pe, n’ont été tournées que dans ne pourra manipuler l’euro. » D. R. mode de communication sont vecteurs de sensibilisation exploi- deux pays latins. Conçue par très variables d’un pays à l’autre. est le même pour tous, comme le 2001 à Publicis, a fait le choix déli- télévisées, déclinées également tés par les gouvernements. Des l’agence Publicis, la campagne, « En termes d’investissement, les rappelle Jean-Yves Larrouturou, béré de la pédagogie. très timidement dans la presse. campagnes plus ciblées sont évaluée à 80 millions d’euros, est Pays-Bas arrivent en tête », souli- directeur de la communication au Ni envolées lyriques ni humour Les Français ont été conviés à adressées aux entreprises et aux cofinancée par les banques cen- gne M. Malivoir. Ce seul pays ministère de l’économie, des fi- dans les spots télévisés. Mais le deviner le futur prix d’une baguet- professionnels, en particulier en trales nationales. – (Corresp.) aura consacré 67 millions d’euros nances et de l’industrie : « Prépa- visage de Lise qui a tout d’une te, d’une place de cinéma ou d’un France, pour les inciter à gérer le au projet, à comparer aux 45 mil- rer l’ensemble des concitoyens au collégienne, avec son sac à dos vélo tout terrain. Un jeu simple dossier avec méthode et sans lions d’euros de la France ou aux passage à l’euro, car il y a de vrais noir siglé euro. C’est elle qui a été pour plonger directement dans le retard. Surtout, les autorités na- se sont multipliés. « Près de 3 millions d’euros de la Suède, risques que l’euro soit vécu comme chargée de présenter le calendrier bain de la monnaie unique sans tionales ont multiplié les relais 20 000 personnes de l’action socia- selon les informations publiées un facteur d’exclusion. » Le gou- du basculement, puis de familia- s’appesantir sur le problème de la pour être sûres de ne laisser per- le ont été sensibilisées et un million par la Commission européenne. vernement français, qui a confié riser le grand public avec les prix conversion des francs en euros, sonne au bord de la route. de convertisseurs seront distribués Malgré ces disparités, l’objectif l’ensemble de sa campagne en euros lors de deux campagnes plutôt épineux en France. Au Portugal, les prêtres ont été gratuitement », précise M. Larrou- turou. Enfin, pour compléter le dispositif, des outils de communi- cation de type numéros verts ou L’Allemagne en appelle à des personnalités rassurantes pour expliquer que « les vraies valeurs s’imposent » sites Internet ont été mis en place et des volumes inédits de bro- FRANCFORT cien président de la République, Richard von un dialogue entre deux comédiens sur le thè- Moins d’un Allemand sur deux, selon une chures d’information ont été dis- de notre correspondant Weizsäcker (CDU), et deux journalistes ve- me : « L’euro est un signe qui montre que nous enquête réalisée pour le compte du gouver- tribués. « Les brochures irlan- Convaincre les Allemands des vertus de dettes, dont Ulrich Wickert, présentateur du sommes faits pour vivre ensemble. » nement, pense que l’euro sera un succès. daises avec la représentation en l’euro n’est pas une mince affaire. « L’enjeu journal télévisé de la chaîne publique ARD. La Bundesbank est aussi de la partie : la Dans les Länder issus de l’ex-RDA, où fac-similés détachables des pièces principal de la campagne est de briser les réti- banque centrale allemande a lancé une vaste l’arrivée du deutschemark au moment de la et des billets nous ont inspirés et cences d’une population très attachée au sym- COLLECTE DE LA PETITE MONNAIE collecte de la petite monnaie conservée dans réunification avait soulevé un vent d’enthou- nous allons en distribuer 10 mil- bole et à la force du deutschemark », obser- Spots télévisés, affiches, encarts dans la les bas de laine. Une autre star du petit siasme, les esprits sont encore plus chagrins. lions d’exemplaires. De même, les ve-t-on auprès du gouvernement, à Berlin. presse, la campagne conçue par Publicis et écran, Günther Jauch, animateur du jeu « Ce n’est pas un secret, quels que soient nos Luxembourgeois se sont penchés L’émotion et les slogans visionnaires ne d’un montant de 9 millions d’euros est mon- « Qui sera millionnaire ? », est chargé de efforts, il sera très difficile de convaincre tout sur la question des populations im- sont donc pas de mise. Au contraire. Des tée en puissance depuis le printemps. Cha- faire connaître l’opération. Pour l’instant, le monde », confie-t-on, sans illusion, à la migrées et nous avons depuis déci- personnalités dont la compétence est in- peautée par le gouvernement fédéral, la plus de cinq milliards de pièces ont été re- chancellerie. dé de distribuer des brochures en contestable ont été choisies pour proclamer Commission et le Parlement européen, elle cueillies sur les quelque huit milliards conser- Campagne ou pas, les Allemands ont arabe et en turc », témoigne un message on ne peut plus sérieux : « Les est complétée depuis le début de novembre vées de-ci de-là. « Un vrai succès », se réjouit d’ailleurs rendu un ultime hommage à leur M. Larrouturou. Signe que les vraies valeurs s’imposent. » Parmi les avocats par un spot plus décalé, diffusé dans un mil- Wolf-Rüdiger Bengs, de la Bundesbank. monnaie fétiche en se jetant sur les deuts- bonnes idées des uns passent par- de l’euro figure Helmut Schmidt, l’ancien lier de salles de cinéma. Pour l’occasion, l’aus- En revanche, l’efficacité de la campagne chemarks en or mis en vente cette année. fois les frontières. chancelier social-démocrate, réputé pour son tère ministre des finances, Hans Eichel, fait d’opinion reste à prouver. L’euro gagne en engagement européen. On trouve aussi l’an- même une brève apparition à l’écran, après popularité, mais demeure plutôt mal-aimé. Philippe Ricard Laurence Girard En Belgique, la sensibilisation a précédé « Information, soutien, assistance le lancement officiel de l’euro et sécurité » au programme des Italiens BRUXELLES ciations et les municipalités, CD- ROME lions de ménages ont ainsi reçu de notre correspondant ROM et « kit pédagogique » dans de notre correspondante ces livrets réalisés par le Comité Le visiteur qui débarque en Belgi- toutes les écoles : ces initiatives A Rome, depuis début octobre, euro-eurodesk en collaboration que a de quoi s’étonner : les cam- ont complété celles, plus person- le Comité euro-eurodesk, dépen- avec le Parlement et la Commis- pagnes pour le passage à l’euro nelles, du ministre des finances, dant du ministère de l’économie et sion européenne. sont invisibles, à moins de deux Didier Reynders, qui a saisi l’occa- des finances, a lancé son plan de Des dizaines de millions de pros- mois du grand bond. Etrange, sion de la présidence belge de communication pour « la phase fi- pectus ont également été dis- pour un pays qui abrite l’essentiel l’Union pour s’imposer comme nale du passage à la monnaie uni- tribués en octobre – « L’euro en des institutions européennes et est « Monsieur Euro », en Belgique et que ». Ce Comité entend bien « fa- poche » pour les citoyens, et « En- présenté comme l’un de ceux qui au-delà. Au conseil des ministres miliariser les citoyens italiens » avec treprises, sociétés et commerces au se sont le mieux préparés au passa- de l’économie et des finances (Eco- leur nouvelle monnaie et « leur tout-euro » pour les PME et les ge à la monnaie unique. fin) de Liège, au mois de septem- fournir outre l’information, le sou- commerces. L’explication tient au fait qu’une bre, le ministre a tenu à être le pre- tien, l’assistance et la sécurité les campagne publicitaire est restée mier dirigeant à utiliser des pièces meilleurs possibles ». UN « MONUMENT À LA LIRE » dans les cartons, à la suite d’une et des billets dans des appareils La campagne publicitaire italien- Les trois mille petites commu- polémique entre ministres. Est-ce automatiques. ne utilise les médias, des opuscu- nes italiennes n’ont pas été si grave ? Les Belges, très majoritai- les, ainsi qu’Internet de façon oubliées : du mois d’octobre à la rement favorables à l’euro, esti- COUAC DE DERNIÈRE MINUTE croissante jusqu’au jour J. Depuis fin du mois de janvier, des rencon- ment que l’essentiel a déjà été Le scénario aurait été parfait le 15 octobre, deux spots télévisés tres d’une quarantaine de minu- accompli. sans un couac de dernière minute, de quinze à trente secondes, sur tes sont organisées dans des sal- Le pays s’était effectivement lan- lié à la question du double afficha- les chaînes privées et publiques les communales ou paroissiales cé dans des campagnes d’informa- ge en francs belges et en euros. (trois cents passages par semaine, avec des « médiateurs de confian- tion et d’explication avant même Considérant qu’il s’agissait là d’un deux mille cent au total) veulent ce » qui tentent de répondre aux d’être désigné officiellement com- moyen d’information et de contrô- rassurer en particulier sur le pre- attentes. me participant à l’Union économi- le indispensable, le ministre des mier jour de l’euro, l’« E Day ». A De leur côté, les Postes italien- que et monétaire. Dès 1998, le affaires économiques, le socialiste cette première salve publicitaire nes remplacent les guichets bancai- Commissariat général à l’euro Charles Picqué, jugeait aussi qu’il s’ajoutent de courts spots informa- res dans ces petites aggloméra- adressait un dépliant et une calcu- faciliterait un « travail de deuil » tifs, des pages de publicité dans les tions et proposent au public le kit lette aux personnes âgées ou inva- lié à l’abandon du franc belge, un quotidiens, régionaux et locaux, d’information et les convertis- lides. Une opération baptisée repère aussi important que le dra- comme dans les périodiques, et seurs indispensables, offrant mê- Eurotribu visait à transformer les peau national. des messages radio qui doivent me dans un premier temps une jeunes en « ambassadeurs de Echec de cette mesure très popu- répondre aux interrogations princi- trentaine de millions de ces mini- l’euro » dans leur famille, tandis laire : des collègues de M. Picqué, pales : quelles sont les dates d’en- calculatrices. que les entreprises et les tra- plus sensibles aux protestations trée en vigueur de l’euro et de Enfin un « monument à la lire » vailleurs indépendants étaient in- des commerçants et distributeurs, double circulation des monnaies, doit être érigé en 2003. Ce monu- vités à adapter précocement leur ont bloqué la généralisation de comment arrondir les sommes, ment à la défunte lire, symbole de comptabilité. son projet, qui envisageait le dou- quelles sont les valeurs de change, l’unité nationale, projet très cher Une deuxième campagne publi- ble affichage pour tous les prix, comment les acquérir, etc. au président de la République, que de sensibilisation a eu lieu au entre le 15 décembre 2001 et le Par ailleurs, des livrets d’infor- Carlo Azeglio Ciampi, a pour par- cours des derniers mois. Elle visait, 28 février 2002. Un mauvais point mations pratiques ont été distri- rain l’acteur Alberto Sordi et pour elle aussi, à diffuser une informa- pour l’élève qui se voulait modèle bués dans les boîtes à lettres en marraine la comédienne Stefania tion en profondeur plutôt qu’une de la classe des Quinze… même temps que les formulaires Sandrelli. « image ». Numéro vert, forma- du recensement de la population tion de tous les publics via les asso- Jean-Pierre Stroobants actuellement en cours : vingt mil- Danielle Rouard XXII AUJOURD’HUI EURO

TECHNOLOGIE Depuis plu- dès le 1er janvier 2002 des billets et partie seulement (1,4 milliard) seront lité, va susciter l’appétit des faussai- l’impression. b AVEC L’ARRIVÉE DE sieurs mois, les banques centrales des des pièces en euros. b PRÈS DE mis en circulation au début de l’an- res. Pour les dissuader, chaque nou- L’EURO, les collectionneurs vont pou- douze pays de la zone euro appro- 15 MILLIARDS de coupures ont été fa- née pour remplacer les francs. velle coupure porte sept signes de voir se ruer sur l’ancienne gamme visionnent les banques tradition- briqués. La Banque de France a pro- b COMME LE DOLLAR, cette nouvelle sécurité parfaitement visibles à l’œil des coupures en francs. Mais le jeu en nelles pour permettre la circulation, duit 2,5 milliards de billets dont une devise, du fait de sa relative universa- nu, liés à la fabrication du papier et à vaut-il la chandelle ? Les billets en euros seront tous dotés de sept « verrous » Chacune des coupures de la monnaie européenne bénéficiera des techniques de la taille douce, de la transvision et des hologrammes. La police et les banques centrales ne se font cependant guère d’illusions sur l’apparition rapide de faux plus ou moins grossiers

POUR ASSURER la mise en banquier qui rappelle que les premiè- La face cachée des nouveaux billets b Les bandes iridescentes. Cette place de l’euro au 1er janvier 2002, res contrefaçons du 50 F Saint-Exu- nouveauté est réservée aux coupu- 14,50 milliards de billets ont été im- péry sont apparues quinze jours seu- UNE MULTIPLICATION DE « SIGNES » DE SÉCURITÉ LA VISION EN TRANSPARENCE res de 5, 10 et 20 euros. Elle fait aussi primés par les banques centrales de lement après sa sortie ! Alors, pru- appel aux Optical Variable Inks dont Signature du président Sigles de la BCE couvrant Valeur en gros 1 la zone euro. La Banque de France, dence. En cas de doute, une seule rè- de la Banque centrale les 11 langues de l'Union chiffres la couleur change du jaune au bleu- pour sa part, a confié à ses ateliers gle : vérifier chacun des sept élé- européenne (BCE) européenne et en relief RECTO VERSO té. Les motifs imprimés – valeur fa- auvergnats de Vic-le-Comte pour le ments qui « signent » l’authenticité ciale et sigle euro – apparaissent papier et de Chamalières pour l’im- de la coupure examinée. Car le con- dans une bande de couleur nacrée Bande pression, la fabrication de 2,5 mil- trefacteur, précise un expert, cher- holographique apposée au verso des billets. liards de coupures. Mais, pour des che d’abord à tromper le public et VUE PAR TRANSPARENCE Bien que les faussaires ne cher- raisons de délai et de réglages techni- ne se donne pas le mal de reprodui- chent pas à maîtriser ces neuf Etoiles ques, une partie de cette production re fidèlement tous ces verrous. du verrous, les professionnels de la – 150 millions de billets – a été sous- b Le papier teinté. C’est une in- Filigrane drapeau LES HOLOGRAMMES monnaie ne s’en contentent pas. européen Motifs 2 traitée à la société François-Charles novation. Chaque billet en euro est décoratifs Pour ne pas être abusées, la BCE et Oberthur, de Rennes. teinté dans sa masse avec un ton (ponts les banques centrales ont équipé De tels chiffres ont de quoi susci- pastel qui rappelle sa couleur domi- et portails) leurs billets de « clés » supplémen- ter l’appétit des faussaires qui, la nante. Ce procédé, affirment les police n’en doute pas, sont déjà au experts, serait particulièrement diffi- travail. Pour les dissuader, neuf ver- cile à imiter. En particulier sur les La BCE et les banques rous de sécurité, visibles à l’œil nu, 100, 200 et 500 euros. Euro en alphabet latin et grec Une couleur unique LES ENCRES À EFFET OPTIQUE ont été mis au point. Trois concer- b Le filigrane. Ce procédé ancien par coupure Pont de chaque époque 3 centrales ont équipé nent la fabrication du papier (teinte, joue sur la variation d’épaisseur du (gris pour le 5 euros) filigrane et fil métallique de sécuri- papier. Il permet ainsi de dessiner les billets de « clés » té). Deux font appel aux holo- un motif que l’on peut voir par trans- grammes (bande holographique et parence. En positif, en exposant le supplémentaires patch holographique). Quatre dé- billet à la lumière et, en négatif, en le Près de 15 milliards de billets en euros ont été imprimés. dont quelques-unes Pour dissuader les faussaires, chacun Le prince des faux-monnayeurs Filigrane d'eux porte sept « signes » seulement sont de sécurité visibles à l'œil nu. Des ouvriers des ateliers de fausse monnaie mis en place par Les techniques utilisées font appel tant à la fabrication du papier monnaie connues des banques Joseph Fouché (le chef de la police de Napoléon), aux imprimeurs qu'à son impression. Elles utilisent anonymes employés par le grand banditisme pour faire du dollar, du des procédés aussi sophistiqués commerciales yen et des devises européennes, aucun n’a égalé Bojarski. Dans les que la transvision, les hologrammes années 1960, ce Rembrandt des faussaires a fabriqué – pour plus de présents sur les cartes de crédit ou 3 millions de francs de l’époque – des « 100 F Bonaparte » qui ont don- Départements d'outre-mer les encres à changement de couleur. taires dont quelques-unes seule- né le tournis à la police et à la Banque de France. ment sont connues des banques Le papier des billets, bien que moins épais, était, comme la gravure, commerciales. Ces clés vont du plus d’une qualité exceptionnelle, et les filigranes de bonne facture. change en fonction de l’incidence tés ainsi que la valeur faciale du let vert et un pantalon blanc. Par rudimentaire des compte-fils per- Quelques défauts ont cependant trahi Bojarski. Une mèche de che- des rayons lumineux qui la frappent, billet. transparence (transvision), le per- mettant de distinguer des textes rédi- veux trop longue, un pétale de fleur absent, le rouge trop vif d’un col, a été repris sous deux formes pour Dans les deux cas, l’hologramme, sonnage apparaît entièrement ha- gés avec des mini et des micro- la taille-douce de l’impression moins épaisse. Mais ces 100 F étaient les billets en euros. bande ou patch, est situé sur la par- billé de vert. La modernité n’étant lettres, à des procédés qui mettent si beaux que la Banque de France, pour la première fois, a remboursé Pour les petites coupures – 5, 10 tie droite du recto. pas forcément fille de la poésie, le en œuvre les propriétés de la lumiè- leurs coupures aux victimes abusées par le génial faussaire. et 20 euros –, la BCE a choisi une lar- b La taille-douce. Cette techni- motif choisi pour les euros corres- re (ultraviolets et infrarouge). ge bande métallisée « holographi- que est appréciée des banques parce pond à leur valeur faciale. Les banques centrales sont assez que », le « stripe », où sont répétés que les contrefacteurs ont du mal à b Motifs à couleur changeante. discrètes sur ces « sécurités ». Font- pendent du mode d’impression des posant sur une surface sombre. A verticalement le mot euro et la va- la maîtriser. Elle donne au papier du Les billets français l’utilisent. Il s’agit, elles appel au magnétisme, au laser, billets (taille douce, transvision, mo- titre d’exemple, le chiffre 5 a été leur faciale du billet, éléments qui al- billet un relief détectable au tou- pour le 50 F Saint-Exupéry, d’un pe- à la spectroscopie, à la fluorescence, tifs à couleur changeante, bandes iri- choisi pour le 5 euros. ternent en fonction de l’inclinaison cher. La gamme actuelle des billets tit motif de couleur verte symboli- aux isotopes, à l’informatique, à des descentes). Cinq de ces verrous sont b Le fil métallique. Ce signe, ob- de l’hologramme tandis qu’apparaît français y fait appel, mais la taille- sant un éléphant avalé par un boa techniques de cryptage ? Mystère. communs à toute la gamme euro. servable par transparence, consiste la couronne d’étoiles européenne. douce y est moins « tactile » que et, pour le 200 F Gustave Eiffel, les Mais la Banque de France, com- Deux autres n’apparaissent que sur en l’insertion dans l’épaisseur du Pour les grosses coupures – 50, dans les nouvelles coupures euro- pieds de la Tour Eiffel. Lorsque les me ses homologues européennes, les coupures de 5, 10 et 20 euros et papier d’un fil métallique. Pour les 100, 200, et 500 euros –, l’holo- péennes. En particulier pour les ini- billets sont inclinés à la lumière, ces se dit capable de détecter les faux les deux derniers ne sont présents coupures en euros, la valeur faciale gramme se présente sous la forme tiales de la Banque centrale euro- motifs virent au bleu gris en raison contenus dans les 4,5 milliards de que sur les billets de 50, 100, 200 et du billet suivie du mot euro apparaît d’un macaron métallisé « hologra- péenne en haut du recto. des propriétés particulières de l’en- billets qu’elle vérifie chaque année 500 euros. Chaque coupure possède en clair dans la largeur du fil et le tex- phique », le « patch », dont la so- b La transvision. Ce verrou est cre « optique » (Optical Variable pour en contrôler l’authenticité et ainsi sept signes de sécurité. Mais, te est inversé une fois sur deux. phistication et les formes alambi- particulièrement net sur l’actuel Ink) qui a permis de les imprimer. l’état avant une possible remise en quoi qu’on fasse, les premiers faux b Les hologrammes. Ce procé- quées sont difficiles à reproduire. billet de 50 F. Sur une des faces, le Sur les coupures de 50, 100, 200 et service. euros apparaîtront vite. « Sûrement dé, présent sur les cartes bancaires Les fenêtres et les portails qui Petit Prince porte un gilet blanc et 500 euros, la valeur faciale du billet des photocopies », prophétise un avec une colombe dont la couleur décorent ces coupures y sont répé- un pantalon vert et sur l’autre un gi- passe ainsi du mauve au vert olive. Jean-François Augereau Faut-il garder ses vieux francs La deuxième monnaie mondiale suscite des convoitises FRANCFORT 2001. « Les banques vont être débor- sent dans cette partie du continent », pour ses vieux jours ? de notre correspondant dées début 2002. Elles n’auront pas explique un dirigeant de la Bundes- Qu’on se le dise : les signes de sé- forcément le temps de tout vérifier. Il bank. L’implication de pays tiers DE 3 000 À 10 000 FRANCS pour une monnaie, qu’elle soit romaine ou jourd’hui, les pièces de 1 centime et curité ont beau être multiples, sera très dur dans les mois à venir devrait donc compliquer l’identifica- un « franc à cheval », la monnaie du XXe siècle ». Ensuite, la mode 2 francs de 1991, tirées à l’euro sera contrefait ! Dans la pire d’éviter que de fausses lires soient tion des filières et les enquêtes. d’or émise sous le roi Jean le Bon, peut, sur le court terme, influencer 2 500 exemplaires, s’achètent res- des hypothèses, l’arrivée sonnante échangées contre de vrais euros, à Pour réduire les risques, Europol, en 1360, pour payer sa rançon, les prix. Et susciter l’apparition de pectivement plus de 1 000 et et trébuchante de la monnaie Moscou ou ailleurs », affirme un la Commission et la Banque centrale après sa capture à Poitiers en 1356 pièces commémoratives, comme la 2 000 francs. La 2 francs de 1992, unique pourrait même, selon les spé- expert. européenne (BCE) ont cherché à s’or- par les An- dernière pièce de collection en tirée à 65 000 exemplaires, vaut cialistes, conduire à un regain de Passés les premiers mois, l’euro ganiser, en lien avec les autorités des glais durant la francs, conçue par Philippe Stark, bien moins. créativité des faux-monnayeurs. ne sera pas à l’abri de toute attaque. pays membres de la zone. « L’objec- guerre de commercialisée le 15 septembre. Mais, note Eric Bélivier, « ces piè- Pour cette raison, la Banque cen- Au contraire, car il ouvre de tif est certes d’empêcher la contrefa- Cent Ans. Voi- Tirée à 50 000 exemplaires, elle est ces n’ont pas fait l’objet de frappes trale européenne (BCE) a attendu le nouveaux horizons aux faux- çon avec les signes de sécurité. Mais là qui n’est vendue au prix de 34 euros courantes » et ont seulement été dif- 1er septembre avant de dévoiler les monnayeurs. Utilisé par plus de en parallèle, il faut rendre la circula- pas si cher (223 francs) pour sa version en fusées par la Monnaie de Paris, billets dont elle a la responsabilité 300 millions de personnes, diffusé tion des fausses coupures très diffi- payé pour argent et de 535 euros pour sa ver- dans des coffrets destinés aux collec- dans le cadre de l’union monétaire. dans de nombreux pays hors de la cile », dit Antti Heinonen, directeur une pièce qui sion en or. tionneurs. Ainsi, les négociants pro- La fabrication des précieuses cou- zone, il sera la deuxième devise mon- des billets à la BCE. Cette dernière a L’EURO SANS PEINE marque la « Pour moi, ce n’est pas de la nu- posent près de 300 francs pour le pures éparpillée dans les douze pays diale, derrière le dollar. mis en place, dans des bureaux hau- naissance de la première monnaie à mismatique, précise Sabine Bour- coffret des pièces millésimées 1994 membres et leur acheminement cet tement sécurisés, un centre d’ana- porter le nom de franc. Frappée en gey. Quand les collectionneurs veu- (tirage 3 707 exemplaires), vendu automne sont entourés d’un maxi- MARCHÉ TRÈS LARGE lyse technique des fausses coupures. grande quantité, elle n’est donc pas lent les revendre, ils sont toujours 195 francs à sa parution par la Mon- mum de précautions pour éviter les « L’introduction de l’euro pourrait La petite équipe de spécialistes sera très recherchée. Au contraire, un déçus. Et si l’on souhaite spéculer, il naie de Paris. Reste un ultime fuites. Malgré tout, les services de donc susciter de nouvelles contre- chargée d’étudier les billets suspects franc de Charles X (le « roi de la vaut mieux acheter des 20 francs-or, recours : la recherche obstinée de police de la zone euro s’attendent à façons, car son espace de circulation que lui enverront ses correspon- Ligue »), frappé à Paris en 1590, cotés en Bourse. » pièces rares, usagées, dans les porte- une première année très chargée. est très large. Les grandes monnaies, à dants dans chaque pays. Ces infor- dont on ne connaît que quatre monnaie, avec autant de chance Pour plusieurs raisons. l’instar du dollar, sont particulière- mations alimenteront une base de exemplaires, a atteint 75 000 francs LA COURSE DES NOSTALGIQUES d’en dénicher que de gagner le gros D’abord, la phase de transition ment séduisantes : elles offrent des données ouverte à tous les par- lors d’une vente aux enchères, à Cela n’empêche pas, dans toute lot à la Loterie nationale… qui approche va être propice à la “débouchés “supérieurs aux petites », tenaires. Paris, le 9 octobre. l’Europe, les nostalgiques de la dis- La fortune viendra peut-être mise en circulation de fausses observe Gilles Leclair, directeur des Pour l’instant, aucune alerte Que vaudront, dans quatre ou parition d’un symbole national de d’ailleurs. Les établissements ban- coupures : les faussaires pourraient affaires criminelles et financières à sérieuse n’aurait été enregistrée. cinq siècles, nos francs d’aujour- se lancer dans une espèce de course caires ont reçu l’autorisation de tenter de profiter du manque de Europol, l’organisme de liaison entre « Nous avons de bonnes raisons de d’hui, en passe d’être supplantés au trésor pour récupérer les pièces marquer les billets en francs avant familiarité du public avec les les polices européennes. Les cri- penser qu’il y a déjà des gens au tra- par l’euro ? L’expert Sabine Bour- rares qui manquent à leur collec- de les retourner à la Banque de nouveaux billets et leurs signes de minels implantés dans des petits vail, pour faire au plus vite. Il n’y aura gey, auteur de Trésors — Légendes tion. Du coup, Eric Bélivier, qui cu- France. Ce marquage consiste en un sécurité. Bien que gouvernements pays, dont les monnaies n’ont ja- pas de génération spontanée de faux- et réalités (Editions de l’Amateur), mule les passions pour les timbres- trou dans la zone du filigrane et de et banques centrales tentent d’expli- mais été falsifiées à grande échelle, monnayeurs du fait de l’euro, mais il observe : « Si historiquement et senti- poste et les monnaies modernes, deux demi-lunes sur les bords in- quer les caractéristiques de la pourraient se mettre à l’ouvrage, est clair que les spécialistes vont se con- mentalement cela vaut la peine de note le nouvel intérêt pour les piè- férieur et supérieur du billet. La nouvelle devise, certaines per- surprenant des autorités locales vertir à la monnaie unique », estime conserver ses francs, à titre d’investis- ces modernes n’ayant jamais circu- détention de tels billets percés sera sonnes – troisième âge, handicapés, dépourvues d’expérience en la M. Leclair. Des attaques de fourgons sement, sûrement pas. » Elle rap- lé, vendues sous emballage. interdite. aveugles, enfants, etc. – seront des matière. blindés transportant des euros ont pelle que la numismatique a vingt- « En quelques mois, relève-t-il, la Cependant, les derniers francs-or cibles faciles. Autre difficulté, vu l’intérêt de déjà eu lieu, notamment en Allema- sept siècles d’histoire et que l’on totalité du tirage de la série 2001 frappés par la France entre 1933 et Dans le même temps, les bandes l’euro, la contrefaçon pourrait prove- gne, dans les premiers jours du pré- peut trouver des monnaies romai- “brillant universel” diffusée par la 1936, non émis, qui n’auraient organisées vont avoir tendance à se nir de pays non membres de l’Union acheminement. Ces criminels bien nes, des antoniniens en argent, par Monnaie de Paris, soit 125 000 exem- jamais dû quitter les coffres de la débarrasser de leurs stocks de billets économique et monétaire. «La organisés ont probablement déjà eu exemple, pour quelques dizaines de plaires, est épuisée. » Cette deman- Banque de France, ne valent-ils pas libellés dans les anciennes monnaies contrefaçon extérieure à la zone n’est l’occasion d’étudier de près la mon- francs. de fait monter les prix des séries aujourd’hui, entre 5 000 et (franc, deutschemark, peseta…). En pas à exclure. L’euro pourrait notam- naie unique. Bien avant le commun Rareté et état de conservation dé- plus anciennes. Du fait de la rareté 40 000 francs ? Allemagne, la Bundesbank a déjà ment intéresser les criminels des pays des mortels qui doit encore attendre. terminent la valeur d’une pièce. Ce de certains millésimes, tout le observé une recrudescence de faux d’Europe centrale, car la devise va sont les « critères principaux, pour monde ne pourra être servi. Au- Pierre Jullien deutschemarks depuis le début remplacer un deutschemark très pré- Philippe Ricard AUJOURD’HUI LE MONDE / EURO / XXIII Ergonomie, lisibilité, taille : les trois atouts d’un bon convertisseur Les banques offrent à leurs clients du matériel de qualité souvent inégale. Les commerçants spécialisés proposent pour leur part des appareils aux performances diverses qui coûtent entre 59 et 99 francs. Les plus pratiques disposent d’une fonction « rendu de monnaie »

DEPUIS le mois d’octobre, les res et peu encombrantes, ont l’in- sont proposés : le premier, élémen- pondante. Puis on y inscrit la som- écrans distincts, l’un pour les Chez Texas et chez Hi-Tech, on francs disparaissent peu à peu des convénient d’être difficilement lisi- taire, de petit format ; et un autre, me à convertir à l’aide du pavé euros, l’autre pour les francs, ou trouve des convertisseurs de bu- factures, des bulletins de salaires, bles. plus grand, qui calcule le rendu de numérique ; l’équivalent en francs un seul écran à deux lignes), la reau de plus grande taille des relevés bancaires et même des Plus sérieusement, le Crédit agri- monnaie. Leur distribution est lais- ou en euros apparaît instantané- commodité des touches, ainsi que (12 × 12 cm) pour 15,09 ¤ (99 F). tickets de caisse. Dans les Mono- cole et la Bred offrent de petits sée à l’appréciation du personnel ment sur la ligne supérieure. « Les le mode d’alimentation (solaire ou Lexibook et Firstline proposent prix, par exemple, le coût de cha- convertisseurs extraplats, de la des agences. La Société générale a deux critères d’un bon convertisseur à piles). également des convertisseurs ven- que article figure en euros sur le taille d’une carte bancaire, dont déjà distribué 3,3 millions de con- sont d’une part la gravure en mé- Dans les rayons spécialisés, on dus dans les supermarchés, mais ticket, seul le total est libellé en certains servent également de cal- vertisseurs à 75 % de ses clients ; il moire du taux de l’euro, et d’autre trouve essentiellement des conver- difficiles à tester, car ils sont en francs. Le client désireux de véri- culette. Au Crédit agricole Ile-de- s’agit de deux modèles de petit for- part le respect des arrondis. Autre- tisseurs de format 12 × 8 centimè- pack. fier le détail de ses achats dispose France, on compte en distribuer mat à double affichage, dont l’un ment dit, il faut que la somme affi- tres, avec calculette intégrée, capa- d’un convertisseur géant situé 700 000, soit autant que de clients fait également office de calculette. chée soit la même lorsqu’on bles d’afficher huit chiffres et PETITE TAILLE PEU PRATIQUE près des caisses, mais il est sou- « actifs ». convertit en euros un montant en deux décimales ; chez Hi-Tech, Quant au convertisseur porte- vent en panne. A la direction, on Fabriqués en grandes séries, ces RESPECT DES ARRONDIS francs, puis lorsqu’on reconvertit en deux références, l’un avec couver- clefs « Europocket » (chez Ore- indique que la caissière est censée convertisseurs sont parfois défec- Toutes les machines opèrent de francs le montant en euros », expli- cle rabattable et l’autre sans gon), de forme ronde qui tient prêter son propre convertisseur tueux. Au Crédit agricole, on préci- la même manière. On commence que-t-on à la FNAC. couvercle, mais avec des touches dans le creux de la main, vendu au client, ou lui en offrir un, s’il le se qu’il faut les initialiser sous une par programmer la ligne inférieu- Les convertisseurs se différen- plus grandes : de 8,99 ¤ (59 F) à 9,91 ¤ (65 F), il est attrayant au pre- souhaite : 212 000 appareils sont source de lumière très vive. A la re de l’écran en francs ou euros, cient par le format, la taille et la 10,67 ¤ (70 F). La marque Truly en mier abord, mais de maniement prévus à cet effet et près de 25 000 Bred, deux types de convertisseurs en appuyant sur la touche corres- conception de l’affichage (deux propose un pour 8,99 ¤ (59 F). peu commode : il faut appuyer à ont déjà été distribués. Les con- plusieurs reprises sur une molette sommateurs qui n’auront pas cet- pour afficher les sommes. A réser- te chance auront intérêt à se mu- Avantages et garanties Un autre appareil, appelé Lison, a cœur, Secours catholique, b Avec rendu de monnaie. Un ver à la conversion des petits nir d’un convertisseur. été conçu par la société Daumas Emmaüs, Unapei, Fédération petit euroconvertisseur (6 × 9,5 cm) montants. A chacun de choisir en Le premier réflexe est de s’adres- b Non-voyants Informatique. De format nationale des sourds de France. pourvu de la fonction rendu de fonction de ses critères : ergono- ser à sa banque, mais l’entreprise Les personnes aveugles et rectangulaire, il mesure 10 × 16 cm, Cet appareil de marque Euroka monnaie, baptisé « X-Change », mie, lisibilité, encombrement. n’est pas toujours couronnée de malvoyantes pourront se procurer comporte des touches en braille, mesure 12,5 × 7 cm, avec un écran est disponible sur commande Mais, dès que les euros feront succès. Ainsi, la BNP réserve les des appareils adaptés. un retour vocal, la fonction de 5,5 × 3 cm, et double ligne avec auprès de la société Cecop, pour leur apparition sous forme de précieux instruments aux clients Le ministère de l’économie et des « rendu de monnaie » et pèse affichage simultané francs/euros. 7,47 ¤ (49 F) + 3,05 ¤ (20 F) de frais pièces et de billets, et pendant la « à risques » (personnes âgées ou finances a fait fabriquer 200 grammes. Il sera vendu moins Il sera également vendu dans le de port. On le trouvera aussi dans période délicate de six semaines susceptibles d’être déstabilisées 100 000 convertisseurs à restitution de 45,73 ¤ (300 F). commerce moins de 7,62¤ (50 F). les commerces de proximité où devraient coexister les deux par le passage à l’euro) et offre au vocale (marque Euroka, fabriqués (librairies, papeteries). monnaies, la machine servira à reste de sa clientèle une simple car- par Columbia Finances). De b Publics fragiles b Label Renseignements : Cecop, 24, rue vérifier les arrondis, et à s’assurer te qui affiche quelques valeurs si- dimensions restreintes Près de 1 200 000 convertisseurs à Les convertisseurs doivent Thomas-Edison, 92130 que le commerçant qui a rendu gnificatives en francs et en euros. (11,5 × 7 cm), ils pèsent larges touches avec la fonction comporter le label « conforme au Gennevilliers ; tél : 01-40-85-47-35. des euros contre un paiement en Le Crédit lyonnais ne donne pas 85 grammes et sont équipés d’un « rendu de monnaie » sont règlement CE n˚1103/97 », qui L'« Eurette », autre convertisseur francs n’a pas commis d’erreur. systématiquement des convertis- écouteur avec modulation du son destinés aux personnes garantit le respect de la règle des avec rendu de monnaie (société Actuellement, les convertisseurs seurs, mais diffuse à plus de 2 mil- et de la fonction « rendu de handicapées mentales, physiques arrondis et du taux de conversion. Fimor) sera disponible chez les équipés de la fonction « rendu de lions d’exemplaires des tables monnaie ». Ils seront distribués ou défavorisées économiquement. buralistes. Il existe en deux monnaie » commencent tout juste avec les équivalences. Il est imité gratuitement en novembre. On les Ils seront distribués par le canal b Convertisseur sur Internet modèles, « Mono devise » format à être commercialisés. par divers commerçants (Caram- trouvera également dans le des associations humanitaires et Le site http ://fxtop/com/fr offre carte de crédit 6 ¤ (39,30 F) et « No bar, Kiabi) et même par le ministè- commerce, pour environ 15,24 ¤ caritatives : Secours populaire, l’avantage de convertir les euros en Problemo » (15 × 6 cm) pour 25 ¤ Michaëla Bobasch re de l’économie. Ces cartes, légè- (100 F). ATD Quart Monde, Restaurants du dollars et en yens, et inversement. (163,97 F) le lot de deux. et Françoise Lazare

JEUX Quand le Monopoly remplit une mission pédagogique et ludique AVANT DE POUVOIR vraiment prochains pays à entrer dans l’eu- rue de la Paix, dans la version fran- été omises, il existe seulement des din, 200F, 30 ¤) propose des vacan- dront par exemple que le bois est la manipuler des billets en euros, rien roland ? Et La Valette (Malte), çaise, le site de Roissy-Charles-de- pièces d’un euro, mais il reste large- ces imaginaires en Europe. Pour principale ressource de la Suède, n’interdit d’apprivoiser la nouvelle Istanbul (Turquie) ? Sans doute pas Gaulle figure même parmi les qua- ment de quoi s’amuser. Visible- 15 ¤ (99 F), le client peut aussi se ou que les députés finlandais sont monnaie en jouant. Parker, la filia- assez ludiquement correctes. tre aéroports proposés à l’achat, en ment, le jeu plaît : 140 000 exem- procurer « L’Argent de poche », ou élus pour quatre ans. L’INC (Insti- le du numéro deux mondial du « Nous avons tenté de nous référer remplacement des gares parisien- plaires de cette nouvelle édition « ¤uroFamily » (BD2Games). tut national de la consommation) jouet Hasbro, propose depuis Noël à l’imaginaire des Européens, mais nes. Et si le classement des villes devraient être vendus en 2001, « Pour l’un comme pour l’autre, donne sur son site www.conso.net 1999, parmi les différentes versions nous avions un impératif de 22 ca- sur le plateau reflétait la richesse pour 240 F (36 ¤). La vente est si- l’objectif est le même : manipuler les les références d’une soixantaine de du célèbre Monopoly (le Mono- ses », reconnaît Muriel Gaspard, réelle de chaque pays, alors Luxem- multanément assurée dans neuf nouveaux billets et pièces de mon- ces jeux éducatifs, pour petits et poly-Pokémon, le Monopoly-Foot- chef de produit chez Hasbro bourg figurerait largement en tête. autres pays européens. naie. Les prix des produits sont réels, grands. Du côté des jeux vidéo, balleurs…), un Monopoly-euro qui France. Le nombre de pions, limité Quant aux billets, sans lesquels le Le distributeur français Joué pour s’habituer à l’euro », note Mi- l’une des filiales de Vivendi Univer- ne peut qu’amuser néophytes et à 8 (un par joueur), permet de choi- Monopoly ne serait pas, ils ressem- Club propose de son côté plusieurs chel Dupuis, responsable des jeux sal Publishing, en charge des jeux, connaisseurs de l’Europe. Certes, sir entre la tour Eiffel (Paris), le blent fort aux véritables coupures, jeux-euro, parmi ses milliers de de société du groupe Joué Club. commercialise depuis un an le logi- quelques erreurs et approxima- Manneken Pis (Bruxelles), l’abbaye en plus petites. Celles de 200 ¤ ont références. « Euroland » (Dujar- ciel « Adi euro » (15 ¤), du nom tions sont flagrantes. Mais la géo- de Westminster (Londres), la tour SOIXANTE JEUX ÉDUCATIFS d’un petit extraterrestre qui présen- graphie de l’espace européen n’est- de Pise (Italie), la Porte de Brande- Un mois avant Noël et la consé- te, au travers de quizz, de petits elle pas encore très mouvante ? bourg (Berlin), l’Acropole (Athè- Un succès commercial cration de l’euro, il est également films et d’une mini-encyclopédie Ainsi, au cœur du plateau de jeu, nes), la Sagrada Familia (Barce- possible de se procurer de petits l’euro et l’histoire de l’Europe. figure la ville de Genève, alors mê- lone) et un moulin à vent En proposant depuis 1999 le même Monopoly-euro dans dix pays sachets d’euros fictifs (made in Si les jeux sont nombreux, les me que la Suisse a toujours mani- néerlandais. de l’Union européenne, le distributeur Hasbro réalise une belle opé- Spain), à la valeur réelle de 100 F produits dérivés (stylos, tee-shirts, festé son dédain pour l’univers ration commerciale. Les ventes totales de Monopoly en France (15,24 ¤). Les petits (6-9 ans) pour- etc.) sont encore rares. Ils apparaî- bruxellois. Quant au futur élargisse- AÉROPORT À VENDRE devraient s’élever au montant impressionnant de 500 000 exemplai- ront s’exercer à lire l’ouvrage illus- tront sans nul doute après la mort ment de la zone euro, Parker l’a Vilnius, ville la moins chère, est à res en 2001, dont environ la moitié de jeux standards et plus de tré Mon premier euro (Myade, du franc. Il n’est tout de même pas déjà intégré puisque les villes de vendre pour 60 ¤ seulement ; Paris, 100 000 exemplaires de la version Euro. Les Néerlandais sont éga- 12,8 ¤), ou consulter d’autres livres exclu de pouvoir déjà dénicher des Riga (Lettonie), Vilnius (Lituanie), la plus chère, pour 400 ¤. Les res- lement très amateurs du Monopoly-euro (55 000 exemplaires vendus simples destinés à l’apprentissage. tasses ornées du Pierre et Marie Sofia (Bulgarie) et Bucarest (Rou- ponsables d’Hasbro rappellent que cette année), de même que, dans une moindre mesure, les Alle- Pour les plus expérimentés, « de 8 Curie, l’actuel billet de 500 francs, manie) ont chacune droit à une les deux villes les plus luxueuses, mands (30 000). à 108 ans », existe un autre jeu de ou bien des présentoirs permettant « carte de communauté ». Mais où Paris et Berlin, sont avant tout les Américain de conception, apparu en France en 1936, le Monopoly tapis, « Jeurope » (250 F, 38 ¤, La de classer deux types de pièces. sont donc passées Prague (Républi- capitales des deux pays initiateurs est vite devenu l’un des jeux de société préférés des Français. Il y est mèche rebelle Editions), qui fera de que tchèque), Tallinn (Estonie) et de l’idée européenne. Paris est vendu sous diverses versions (Standard, Pokemon, Football top club, ses joueurs de vrais experts de José Barroso Lubljana (Slovénie), sans doute les donc à l’honneur, à la place de la Junior, Bons voyages, de Luxe) et bien sûr euro. l’Union européenne. Ils appren- et Françoise Lazare

Retrouvez nos grilles 0123 MOTS CROISÉSsur www.lemonde.fr AFFAIRE DE LOGIQUE A LA TELEVISION ET A LA RADIO 123456789101112 Fait circuler beaucoup d’argent dans le milieu. Dans les fonds de I la Manche. - 5. Lettres d’Allema- Les prix psychologiques Le Monde des idées gne. A connu les sous, les LCI II anciens et les nouveaux francs. - POUR le passage à l’euro, confor- tier de francs et un nombre entier Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 6. Valait un sou. Ne valent rien mément aux recommandations du d’euros. Quel est son prix ? Autre Le dimanche à 12 h 10, 15 h 10 et à 0 h 10 III du tout. - 7. Il faut beaucoup ministre de l’économie, des finan- préoccupation du commerçant : Le lundi à 16 h 10 d’argent pour les assurer conve- ces et de l’industrie, ce magasin de nombreux étaient les prix « psycho- IV nablement. - 8. Préposition. Met décoration décide pour chacun de logiques » en francs de la forme « N ࡯ toutes les pendules à l’heure. La ses articles de faire une conversion francs et 95 centimes », où N est un V boulangère en aurait, VGE en pure et simple. Le prix en francs entier. Combien d’entre eux se con- voulait. - 9. Font rêver le monde. Le Grand Jury (qui ne dépasse jamais 1 000) est di- vertissent en prix « psychologi- RTL-LCI VI Bon rapport une fois retourné. - visé par 6,55957 et arrondi au centiè- ques » en euros (un nombre entier 10. Fais glisser. Interprète nos me le plus proche pour donner le d’euros et 95 centimes d’euro ?). Le dimanche à 18 h 30 VII pensées. - 11. Très ou trop chère. prix en euros. Evidemment, il est ra- - 12. Dans la poche du Nippon. re que le résultat tombe « juste ». Elisabeth Busser ࡯ VIII Mettons-les toujours de notre Une exception toutefois : une lam- et Gilles Cohen côté et tout ira mieux. IX pe, qui vaut à la fois un nombre en- © POLE 2001 La rumeur du monde FRANCE-CULTURE

Philippe Dupuis Réponse : ’rodr nu entier. un en s’arrondira , ¤

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etriepr,51.I s lr iéd ocueque conclure de aisé alors est Il ,95312. par termine se ¤ 16 de celle que et

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HORIZONTALEMENT service. Aura de la promotion en décimales. parties les » manipulant « en

nrue 2 e.Rieurs. Sen. 12. - Onéreuse.

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pies. Ip (pi). - 10. Ripes. IFOP. - 11. - IFOP. Ripes. 10. - (pi). Ip pies. . ¤

3,5fac u ecnette 96,95 en convertit se qui francs 635,95 A la « une » du Monde

I. Dépêchez-vous de les dépen- Rien ne va pour elle. Vient de

eon.-8 s T.Eu .Uto- 9. - Ecu. UTC. Es. 8. - Besoins. ; ¤

49 rnsqis ovri n12,95 en convertit se qui francs 84,95 RFI ser avant qu’ils ne disparaissent. partir. - IX. Déjà majeur à la nais-

Lm. Aïeul. - 6. Sol. Clous. - 7. - Clous. Sol. 6. - Aïeul. Lm.

Plus lourds que les précédents, sance. Cercles de jeux. - X. Cou- : euros en » ques Du lundi au vendredi

Aréole. Adu. - 4. Neige. Plie. - 5. - Plie. Neige. 4. - Adu. Aréole.

attention de ne pas les dépenser rant. A l’aise. psychologi- « prix des aussi sont francs en » psychologiques « prix Deux à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris)

1. Florins. Mu. - 2. Ris. Livres. - 3. - Livres. Ris. 2. - Mu. Florins. 1.

. ¤ trop vite. - II. Va aussi disparaît- 84 en convertit se qui francs 551 vaut lampe La

re de la circulation. Ne lâche pas VERTICALEMENT Verticalement ࡯

facilement. - III. Du fric ou du

flouze, qu’importe le change- 1. Eux aussi vont disparaître de Huppés. Usuel. X. - CIO. Médius. Sise. - VIII. Râleuse. Feu. - IX. - Feu. Râleuse. VIII. - Sise. La « une » du Monde

ment. Ouverture à l’anglaise. - la circulation. Circule chez les

IV. Bientôt à notre table. Du Grecs. - 2. Ne circulent plus pour Pion. Sv. VII. - Ui. Alice. Nie. VI. BFM

liquide pour circuler. - V. Asso- cause de folie. Continueront à - Cotiser. Ille. V. - Super. OGM. Du lundi au vendredi

ciée à la Vilaine. Verser sa part. - circuler le temps que l’Angleterre IV. - Open. Oseille. III. - tiné. à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40

VI. Rejette. Merveilleuse jeune fasse ses comptes. - 3. Cercle Obs- Lire. II. - Euros. Francs. I. Le samedi fille. Placées en Suisse. - VII. En intime. Graduée au milieu. - 4. Horizontalement 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 XXIV / EURO / LE MONDE AUJOURD’HUI Huit pièces, sept billets Revue de détail du nouveau porte-monnaie européen

LA SINGULARITÉ de l’euro 140 mm), le 100 ¤ (vert, 147 mm) alliages métalliques utilisés pour s’affiche aussi, et peut-être sur- et le 200 ¤ (brun-jaune, 153 mm). les pièces. Celles de 10, 20 et 50 tout, à travers la connaissance Il est peu probable, au moins centimes d’euro sont jaunes, com- physique des pièces et des billets. en France, que les citoyens au- me les petites pièces françaises, Courant novembre, les citoyens ront en main des violets mais ce n’est pas de la « mi- français ont déjà presque tous vu (3 279,79 francs) – la Banque de traille » : leur valeur varie de des kits de pièces, même si elles France n’en fabrique d’ailleurs 66 centimes de francs à 3,28 F. Les étaient en plastique. Ils ont aussi pas, pas plus que des bruns –, deux plus grosses pièces (1 et 2 ¤) eu connaissance de la présenta- mais ils parleront probablement sont non seulement plus grandes, tion officielle du billet d’euro, as- de verts lorsqu’il s’agira du prix d’un diamètre de 25 mm environ, sorti de son arsenal de sécurisa- d’un poste de radio ou de rouge mais bicolores, comme les pièces tion. Mais, à la mi-novembre, la pour un baril de lessive. françaises de 10 et 20 francs. Atten- vue d’un fonctionnaire bruxellois tion à ne pas confondre les pièces exhibant un – vrai – billet en euros LA NOUVEAUTÉ POUR LA FRANCE d’1 euro avec celles de 10 F, assez suscitait encore l’émoi. La nouveauté touche aussi les semblables. Au-delà des motifs, la gamme 8 pièces de monnaie (1, 2, 5, 10, 20, Les pièces de monnaie se distin- des sept billets d’euros se distin- 50 centimes et 1 ou 2 euros). Leur guent d’un pays à l’autre, puisque gue surtout par la taille et le ton de dimension et leur couleur varient l’une de leur face comporte un chacune des coupures, sept fois dif- aussi, mais les plus petites pièces motif national, la Marianne, la férentes. Du tout petit 5 ¤ (gris, (1, 2 et 5 centimes d’euro) sont cui- Semeuse et un Arbre de la liberté 120 mm de long) au très grand vrées, une nouveauté pour la Fran- pour les francs. Elles pourront cir- 500 ¤ (violet, 160 mm), en passant ce. Le cuivre, réputé antibactérien culer dans l’ensemble de la zone. par le 10 ¤ (rouge, 127 mm), le 20 ¤ et entièrement recyclable, est lar- (bleu, 133 mm), le 50 ¤ (orange, gement utilisé dans les nouveaux Françoise Lazare Quatre dates clés 14 décembre : achats possibles, pour 100 francs, des sachets (kits) de pièces « premiers euros ». 1er janvier 2002 : les billets (au moins 20 ¤ et 50 ¤) seront dans les distributeurs. 17 février : à minuit, le franc n’aura plus cours légal. 30 juin : fin de l’échange francs/euros dans les banques et à La Poste.

« T’as pas un roeu, j’veux me faire du roro » LE PASSAGE à l’euro ne va pas seulement got commun pour désigner leur monnaie com- ra, car la langue est terriblement capricieuse, et modifier nos références monétaires. Il va aus- mune. Les personnages figurant sur certains les mots nouveaux arrivent sans prévenir », si remettre en question notre vocabulaire de billets en francs ont donné leur nom à une avertit Josette Rey-Debove, codirectrice de la l’argent. Autrement dit – soyons francs – no- comptabilité omniprésente dans le folklore rédaction du dictionnaire Le Robert. « Le nou- tre argot du pognon. En janvier prochain, les des romans de « Série noire » (Une valise plei- veau vocabulaire va se forger progressivement, adolescents demanderont peut-être : « T’as ne de Pascals). Les ponts célèbres mis en scène ajoute Jean-Pierre Goudailler, universitaire et pas un euro pour acheter le pain ? », mais il ne sur les billets pourront toujours servir de sour- auteur de Comment tu tchatches (éditions Mai- fait pas de doute que des synonymes apparaî- ce d’inspiration. Pour les centimes d’euro, il sonneuve et Larose). Tout dépendra des repè- tront, tant les formules argotiques s’imposent faudra voir. En attendant, les habitués du ver- res symboliques – ce que l’on peut acheter avec avec naturel et spontanéité dès lors qu’il s’agit lan, qui ont renoncé devant le mot franc, im- un euro, par exemple –, mais aussi du milieu – de parler argent (ou sexe, d’ailleurs). prononçable dans leur jargon, assaisonneront celui de la finance ou du rap – qui saura inven- La valeur d’échange ne se mesure pas seule- peut-être à leur sauce la nouvelle monnaie, ter les termes qui s’imposeront. » ment en francs. On paye aussi en balles, en bri- dont les deux syllabes se prêtent davantage au Les lexicologues n’ont pas encore repéré ques, en sacs, en patates ou en bâtons, mais jeu. l’émergence d’un nouveau vocabulaire lié à rien ne permet d’affirmer que ces expressions l’arrivée de l’euro qu’ils promettent au franc courantes passeront le cap de l’euro. Demain, PASSER LA RAMPE non pas l’oubli, mais une retraite paisible. « 10 balles » seront peut-être 10 euros. Sauf D’après les experts, « roeu » sonne mal, « Un nombre étonnant de monnaies perdurent qu’il ne s’agira plus des mêmes « balles », puis- mais pourrait passer la rampe. « Roro », plus dans notre vocabulaire, note Michel Legrain, que leur pouvoir d’achat sera six fois et demi seyant, désigne déjà l’or… Les paris sont donc directeur général adjoint de Larousse. On supérieur. ouverts. On peut se pencher de la même ma- parle du denier du culte, on a plus une thune et Or cette simple transposition linguistique nière sur le devenir de la brique, de la plaque, on s’ennuie à cent sous de l’heure. » va se heurter à des obstacles éventuellement de la patate et du bâton, tous trois synonymes Très en vogue dans le parler jeune, l’expres- insurmontables. Demander « T’as pas 10 bal- de 10 000 F, une somme « réaliste », alors sion « coincer de la maille » – littéralement les ? », ce sera réclamer l’équivalent de 65 F, qu’une patate d’euros (l’équivalent de « se faire de l’argent » – vient de fort loin. Plus et « T’as pas une balle ? » (ou « un balle »)ne 65 595,70 F) induit un complet changement petite monnaie en circulation sous les Capé- sonne peut-être pas assez bien pour s’impo- d’échelle et une unité de valeur plus éloignée tiens, la maille était l’équivalent d’un demi-de- ser. du salaire moyen et de la vie quotidienne. A nier. Aujourd’hui vieillie, la locution « trois De même que les Américains ont leurs moins que l’on popularise la demi-patate en francs six sous » nous paraîtra bientôt délicieu- « bucks » (dollars) et les Britanniques leurs euro ou que surgisse une expression inédite. sement désuète. « quids » (livres), les Européens de la zone « Un argot de l’euro va forcément se consti- euro réussiront peut-être à s’inventer un ar- tuer, mais personne ne sait à quoi il ressemble- Jean-Michel Normand XXV CULTURE EURO

DESIGN Les sept coupures qui se- l’Institut monétaire européen. traintes de son métier. b SA SÉRIE profils de ponts, signe d’union. effigies. b LE LOGO reste un symbole ront mises en circulation le 1er janvier b POUR LES BILLETS, le lauréat, Ro- évoque, par des portes et des por- b POUR LES PIÈCES, le côté européen fort, tracé à partir de la lettre grecque 2002 et les pièces qui les accompa- bert Kalina, graphiste à la Banque na- tails, les principaux styles d’architectu- est dû au Belge Luc Luycx, de la Mon- Epsilon et barré de deux traits, qui est gnent sont issues de concours de gra- tionale d’Autriche, explique au Mon- re européens, de l’Antiquité à nos naie royale, tandis que chaque pays apparu, sur l’initiative de la Commis- phisme internationaux, organisés par de le sens de son travail et les con- jours. Sur l’autre face, il a tracé des est libre de frapper l’autre côté à ses sion européenne, à Dublin, en 1996. L’euro a une signature graphique forte : son logo Issue de concours jugés en 1996 et en 1997, et validée par des enquêtes auprès des futurs utilisateurs, la création des billets et des pièces en euros a dû ménager les susceptibilités nationales, d’où un design de consensus. Conçu autrement, le graphisme du E est, lui, un vrai symbole

ADIEU DESCARTES, Erasme, Lancé lors du conseil se, une fine ramure de lignes droi- Shakespeare, Galilée ! Adieu Rosa européen de Dublin, tes pour réunir les pays et situer Luxemburg, Maria Callas ou en décembre 1996, l’Europe dans le monde, son dessin Claudie Haigneré ! L’euro de jan- ce graphisme symbolise a remporté les suffrages. Du jury et vier 2002 n’affichera pas figure hu- la nouvelle monnaie, du public, puisqu’un panel de maine. Les dernières coupures que son vrai « visage ». citoyens lui accorda, selon les infor- Robert Kalina, graphiste à la Ban- Inspiré de la lettre grecque mations officielles, 70 % de satis- que nationale d’Autriche et lauréat epsilon, référence faits. Sans oublier le vote des mal- du concours organisé en 1996 pour à l’Antiquité, les deux traits voyants, qu’il ne saurait être la monnaie unique, a dessinées parallèles, qui rappellent question de négliger, qui ont appré- pour son pays natal ont le visage d’autres monnaies cié la clarté du tracé et son relief ras- d’une militante féministe, Rosa prestigieuses, le dollar surant. Mayreder, à 500 schillings, et d’un ou le yen, devaient Rien de formidablement imagina- scientifique, Karl Landsteiner, qui représenter tif pourtant ne distingue cette série affiche le double. « la stabilité de l’euro ». de pièces qu’il sera toutefois amu- Ces deux personnages circulent Ce logo est dû à l’initiative sant de collectionner puisque les depuis 1997. Comme nos chers Pier- de la Commission pays ont pu loger sur le côté face, re et Marie Curie, 500 francs à eux européenne, alors présidée chacun selon son vœu, quelques deux, ils auront eu la vie courte. par Jean Santer, rois, une reine, ou une Semeuse ré- Car, durant le même temps, le mê- et du commissaire à l’euro, publicaine… me Robert Kalina avait su, accroché Yves-Thibaut de Silguy. à son écran de Macintosh, mettre Il n’apparaît pas EMBÛCHES PRÉVISIBLES en forme l’idée qui allait faire de lui sur les pièces dessinées Ces précautions et ces embûches un auteur à succès : qui peut se van- par le Belge Luc Luycx mais prévisibles étant admises, il est ré- ter d’être édité en un jour à 14,5 mil- on le trouvera en filigrane confortant d’apprendre que le signe liards d’exemplaires ? sur la version finale fort, le seul graphisme franchement De cette série de sept coupures, des billets, dessinés par déterminé, celui du E de euro, est de la quasi-centaine de pièces diffé- l’Autrichien Robert Kalina, né dans l’urgence. Dû à la Commu- rentes (Europe côté pile, pays côté dont le projet, dévoilé nauté européenne, à Bruxelles, face), ou du signe graphique promu à Dublin, suscita justement autour du commissaire européen par l’Union européenne, quelle ima- cette création. chargé de l’euro, Yves-Thibaut de ge voudra-t-on retenir comme la Silguy, il a été imaginé à l’approche plus fortement expressive d’une Eu- du conseil de Dublin, où allait, en rope en route vers son cinquante- décembre 1996, être dévoilés par naire ? Jean Santer, président de la Com- mission, les résultats du concours IMPRIMEURS SORCIERS organisé par l’Institut monétaire. Le billet, d’abord. De même que Jean-Pierre Malivoir, « M. Euro » à le lauréat s’efface derrière ce travail Bruxelles, et deux consultants, le hautement codifié, que des bri- D.R. Belge Alain Billet et le Français Jean- gands impatients s’acharnent sans Bernard Blatrier, l’ont mis au point. doute à déjouer, de même, sous Des portes pour exprimer l’ouver- te à des symboles affadis, reforma- que ? Comment marier force de pour la série Moderne-abstrait, Soumis à une rapide enquête d’opi- leur allure d’images pour enfants sa- ture, des ponts pour figurer le lien. tés, scannés puis corrigés par le tru- conviction et consensus ? Com- cinq pour la série Epoque et styles), nion, le graphisme retenu allait or- ges, ces vignettes sont-elles de véri- Classique, roman, gothique, renais- chement de l’ordinateur, il préfigu- ment emporter l’adhésion des ci- puis soumise à un panel de citoyens ner, à Dublin, tee-shirts et échar- tables coffres-forts. Si les banques sance, etc. Le message est simplissi- re une sorte de mondialisation du toyens ? Un retour rapide sur le pro- européens. Après la désignation du pes. L’affaire était lancée, le succès centrales, sachant la monnaie uni- me. Prudence et politique… Déjà, trait, un profond manque de carac- cessus de décision réserve quelques lauréat, annoncée au Conseil euro- suivit et la référence graphique, ab- que en route, ont tout de même ho- avec leur fond de carte géographi- tère. Pouvait-il en être autrement ? surprises. Le design des billets et ce- péen de Dublin en décembre 1996, sente des pièces, va apparaître en fi- noré, in extremis, quelques gloires que, les concepteurs ont ouvert le On imagine l’embarras commu- lui des pièces ont fait l’objet de con- commença la mise au point dé- ligrane sur les billets. Comme autre- nationales, c’était surtout pour pré- bureau des plaintes : s’étant vu ré- nautaire devant le choix d’images cours hautement sécurisés. Jugés taillée. fois, les visages… parer leurs imprimeurs sorciers et clamer les îles Shetland, il leur a fal- parlantes. A part les étoiles du dra- en 1996 et en 1997, ils mettaient en Les pièces, ensuite. A l’issue d’un Equilibré et dynamique, le E est leurs ingénieurs en verrous invisi- lu ajouter les Baléares, même si, au peau européen sur fond bleu, com- lice des projets dont les auteurs autre concours, aussi bien ver- barré de deux traits horizontaux, bles à la compétition technologi- final, on ne distingue ni les unes ni ment l’Europe pourrait-elle dessi- étaient recommandés par chaque rouillé, a émergé, lors du Conseil signe de « stabilité », en cousinage que. les autres. ner d’une seule main ? Comment, institut d’émission mais pouvaient européen du 13 juin 1997, le projet graphique avec le dollar, le yen et la En France, l’apparition du Saint- Pour la familiarité, il faut faire désireuse de ne froisser personne et être indépendants. d’un employé de la Monnaie royale livre. Un trait de confiance en soi, Exupéry, à la fin de 1993, inaugura confiance aux générations montan- de conduire en bon ordre les na- Pour les billets, quarante-quatre de Belgique, Luc Luycx, quarante- qui, en matière monétaire, pourrait ce dernier round. L’artiste franco- tes, déjà sensibles aux coloris de ber- tions à déposer au musée leurs lires, esquisses rendues anonymes furent trois ans, qu’on pourrait surnom- être le commencement de la foi des suisse Roger Pfund, qui venait de lingot de l’euro nouveau. Quant au leurs florins ou leurs drachmes, l’ins- proposées à un jury international mer Lucky Luke en hommage à un autres. moderniser l’Helvétie (Le Corbusier manque de perspective graphique, titution peut-elle définir un nou- d’experts en communication ou en autre artiste de son pays. Chiffres in- et ses lunettes, le tout pour cette platitude du dessin, qui s’ajou- veau symbole de puissance dynami- graphisme qui en retint dix (cinq clinés comme par le vent de la cour- M. Ch. 10 francs, c’est donné !), innova avec le billet-rébus : Cézanne, pom- mes, palette et paysage ; Saint-Ex, Robert Kalina, graphiste à la Banque nationale d’Autriche Petit Prince, avion et boa… Par jeu, et pour multiplier les piè- ges graphiques. Nul ne doute que « Le choix des pastels est dû à des critères de sécurité, ils sont beaucoup plus difficiles à imiter » l’euro nouveau n’en soit, lui aussi, truffé. Mais ce qui s’est perdu en ROBERT KALINA a gagné en sins seraient retravaillés en fonc- – Sans doute, mais il y avait le ris- ils moins soucieux de sécurité ? que d’Italie. Depuis 1997, notre tra- route, au-delà des allégories chères 1996 le concours pour le design des tion des contraintes techniques et que de l’attribuer à un architecte – Non, pas du tout, mais ils privi- vail a fait l’objet de nombreuses au XIXe siècle et des hommes illus- euros-papier. Agé de quarante-six des normes de sécurité. Pour nommément, ou à un pays. Et puis légient d’autres “clés” de protec- discussions, mais cela reste aussi tres chers à la seconde moitié du ans, employé de la Banque natio- l’architecture et les ponts, les mo- ce n’est pas à moi d’inventer le tion. Et la mise au point de leurs un processus très protégé, confiden- XXe siècle, c’est une promesse de fa- nale d’Autriche, où il est entré dès dèles initiaux existent. Mais le tra- bâtiment-type du XXe siècle, je ne billets a été extrêmement longue. tiel. J’ai beaucoup circulé à l’occa- miliarité (on ne dira plus le Pascal, l’obtention, en 1976, d’un diplôme vail ultérieur a consisté à gommer suis pas architecte… – Quel sentiment vous inspire sion des mises au point de l’impres- mais dira-t-on une liasse de « baro- de graphiste, il est le concepteur de toute indication qui permette de – Quelles sont vos affinités le fait de contribuer à la monnaie sion des billets : à Francfort, bien que » ou une valise de faux « pont ces billets que les Autrichiens nom- les situer exactement. avec l’histoire de l’art ? unique ? sûr, et dans une dizaine d’imprime- de Normandie ») avec l’usager. Et ment déjà les « kalinas ». Interrogé – Si l’on regarde les portails, – L’un de mes grand-pères était – C’est passionnant de travailler ries en Europe, où sont fabriquées pour l’œil, une certaine profondeur au téléphone, courtois et précis, il ré- on devine dans votre exemple ébéniste. Personnellement, j’appré- à un tel moment historique. Je crois les coupures. Il fallait harmoniser le graphique, une perspective. pond à nos questions, sans se dépar- de style roman, une forte inspira- cie l’art du début du siècle vien- sincèrement qu’il est dans l’intérêt mieux possible le produit final. tir de la réserve discrète qui sied à tion venue du sud de la France ? – Il pourrait y avoir des nuan- un agent tenu au secret par la natu- – Mais non, on trouve de tels ces ? Bottin graphique re de l’œuvre en question. exemples aussi dans d’autres pays « En architecture, – Infimes évidemment, et non « Vous êtes le lauréat du d’Europe. Pour mes premières perceptibles par un œil non pro- b Robert Kalina, né à Vienne concours organisé par l’Institut esquisses, j’ai pioché dans des il n’y a pas fessionnel ! (Autriche) en 1955, graphiste monétaire européen pour la livres d’architecture, mais tout a – Avez-vous des préférences diplômé, fonctionnaire à la conception des billets en euros. été retravaillé sur l’ordinateur. de modèle dominant parmi les monnaies actuelles, Banque nationale d’Autriche Quels étaient les thèmes pro- – Aviez-vous tenté le même selon leur caractère national ? depuis 1976, est le lauréat du posés aux concurrents ? exercice avec des figures hu- à notre époque. J’ai – Je trouve que les lires sont très concours international lancé – Les concurrents avaient le maines ? artistiques, très italiennes ; les flo- pour les premiers billets libellés choix entre « Abstrait-moderne » – Pas du tout. Je pensais qu’avec voulu montrer le rins très modernes, j’aime beau- en euros, dont le résultat ou « Epoques et styles en Eu- un visage anonyme le billet n’au- coup leurs couleurs intenses. a été proclamé à Dublin rope ». J’ai préféré le second. En rait aucune valeur… métal et le verre – Et les billets français, notam- en décembre 1996. illustrant le patrimoine commun – Pour les “portes” du XIXe siè- ment les plus récents qui ont été b Luc Luycx, né à Alost de l’Europe et en rappelant l’his- cle (fer et verre) et surtout pour qui sont utilisés dessinés par le graphiste franco- (Belgique) en 1958, toire à travers celle des styles archi- le XXe siècle (encore plus de ver- suisse Roger Pfund ? dessinateur-concepteur tecturaux, j’ai proposé une série re), vous semblez embarrassé. ROBERT KALINA aujourd’hui » – Ils sont très bien, mais il me à la Monnaie royale de portes ou de portails, signes Vos images s’appauvrissent et semble que les anciens billets fran- de Belgique, auteur d’ouverture. Sur l’autre face, les perdent toute profondeur… çais étaient plus français… de nombreuses médailles ponts, du plus ancien au plus con- – C’est possible, mais il est très nois, Klimt, Egon Schiele, et bien des Européens de se rapprocher et – Vous avez répondu à la et monnaies, a remporté temporain, expriment l’idée de difficile de trouver un style mo- sûr les peintres impressionnistes. que la monnaie peut y aider. Déjà, presse, après avoir gagné le le concours pour le dessin liens entre les nations et entre les derne qui soit typique tout en – Pourquoi avoir retenu des les enfants vont grandir avec des concours pour l’euro, que vous de la face européenne hommes. étant sans visage. Il n’y a pas de teintes pastel ? pièces différentes venues de tous vous étiez mis vous-même au des pièces, décision annoncée – L’absence de visages ou de modèle dominant à notre époque. – Pour ma part, j’aime la diversi- les pays… chômage pour un moment ? à Amsterdam en juin 1997. silhouettes humaines était-elle J’ai voulu montrer le métal et le té des styles nationaux. J’aime beau- – Quelles sont vos relations – C’était une boutade, évidem- b Les gravures des euros frappés une contrainte impérative ? verre qui sont utilisés aujourd’hui. coup les billets néerlandais, qui ont avec le monde du graphisme ment… Je suis le seul graphiste de par la France sont dues à – Non, il était permis de des- – Faut-il pour autant tracer des couleurs très vives. Le choix des européen ? Quelle est votre for- l’équipe, et nous créons des billets Fabienne Courtiade, pour la siner des visages ou des person- une façade sans relief alors que pastels est dû à des critères de sécu- mation ? Avez-vous voyagé ? pour d’autres pays. Marianne (1, 2, et 5 cents) ; à nages, mais ils ne devaient pas les époques précédentes sont il- rité, ils sont beaucoup plus diffici- – J’ai été formé, après l’école, par – Des pays nouveaux, les- Laurent Jorio, pour la Semeuse appartenir à des figures connues lustrées par de véritables monu- les à imiter. mon prédécesseur à la Banque, le quels ? (10, 20 et 50 cents) ; à Joaquim ou identifiables. J’ai été l’un des ments… Avec le mouvement – Les Suisses, notamment professeur Roman Hellmann. J’ai – Ça, je ne peux pas le dire ! » Jimenez, pour l’arbre et la devise rares à ne pas choisir de repré- moderne et le Bauhaus, ce siècle dans la série la série due à rencontré d’autres graphistes, à républicaine (1 euro et 2 euros). senter des personnages. De toute ne manque pas de références Roger Pfund, utilisent des l’occasion, et travaillé quelques Propos recueillis par façon, je savais aussi que les des- architecturales avec caractère… tonalités soutenues. Seraient- mois avec Gulielmo Savini à la Ban- Michèle Champenois XXVI / EURO / LE MONDE CULTURE A Francfort, la BCE souhaite construire son siège près d’un édifice du Bauhaus La municipalité voit dans l’arrivée de la Banque centrale européenne une occasion en or pour réaménager cette partie des rives du Main

FRANCFORT cêtre de la BCE, l’Institut monétai- construire en fonction de nos be- de notre correspondant re européen, a commencé par oc- soins, alors que dans le quartier des Martin Elsässer, architecte cuper quelques étages au milieu banques les marges de manœuvre francfortois d’avant guerre, aurait- des années 1990 – ne suffit plus. sont plus limitées », indique Hans- il apprécié ce clin d’œil de l’histoi- Louée à une filiale de la Dresdner Peter Scheller, directeur général re ? Un de ses édifices, le marché Bank, l’Eurotower et sa quarantai- de l’administration et du person- de gros de la ville de Francfort, ris- ne d’étages débordent, même si nel, pilote du projet avec le mem- que une reconversion pour le les autres locataires ont presque bre du directoire concerné, le moins radicale. La Banque centra- tous quitté la place. Les effectifs Français Christian Noyer. Outre le européenne (BCE) lorgne le ter- de la BCE vont dépasser les 1 100 les bureaux et les indispensables rain où cette immense halle, toute personnes, contre 940 fin 2000 et équipements, le nouveau siège de brique, de verre et de béton ar- à peine 700 en 1999, année de nais- doit pouvoir accueillir les milliers mé, trône sur les rives du Main. sance de l’euro. Faute de place, en de visiteurs de passage à la BCE L’institution voudrait y construire janvier, une partie du personnel a chaque année ; les besoins réels son futur siège, intégrant le com- déjà déménagé vers une autre sont d’ores et déjà évalués à 1600 D. R. plexe imaginé par Elsässer, disci- tour du centre-ville de Francfort, personnes. Dévoilé en février, le projet de la BCE doit entrer en phase active dans le courant de 2002. ple du Bauhaus, le mouvement l’Eurotheum, de construction plus Le chantier s’annonce qui, dans les années 1920, à partir récente que l’Eurotower. complexe. Car le marché de gros, trouver une utilisation judicieuse de complexe Bauhaus un ou plu- fait sombre, et le commissariat de de Weimar et Dessau, en Allema- construit entre 1926 et 1928, est ces espaces, de les transformer par sieurs immeubles, où les salariés quartier, un rien vieillot, pourrait gne, révolutionna l’esthétique de CHATOUILLER LE CIEL un site classé : la BCE est tenue de exemple en centre de conféren- de l’institut d’émission seraient assez vite se sentir débordé par la la vie quotidienne et l’archi- A terme, l’objectif serait de re- ne pas détruire la halle dessinée ces », indique un urbaniste. L’idée installés. Rien n’est encore décidé, fine fleur de l’Europe monétaire. tecture. grouper tout le monde sur un seul par M. Elsässer. « Le tout est de serait de construire autour du mais la hauteur du nouvel édifice D’ailleurs, la municipalité de En négociation serrée avec la vil- et unique site, modulable selon ne devrait par excéder les 150 mè- Francfort voit dans l’arrivée de la le de Francfort, la BCE devrait les besoins. A l’origine, plus d’une tres. BCE une occasion en or pour réa- avoir bouclé l’achat du terrain dizaine d’emplacements ont été Une skyline à l’américaine Le déménagement de la BCE ne ménager en profondeur les envi- d’ici à la fin de 2001. Dévoilé en fé- étudiés ; en particulier dans le cen- va pas seulement modifier les allu- rons. « Cette implantation va poser vrier, le projet doit entrer en pha- tre des affaires, où les gratte-ciel Située sur les bords du Main, Francfort, cité paisible de moins de res du marché de gros, c’est aussi un problème pour les populations se active dans le courant de 2002, ont poussé comme des champi- 700 000 habitants, est fière de sa skyline à l’américaine. Son surnom, une révolution pour le quartier qui se logent modestement ici », re- avec le lancement d’un concours gnons depuis une décennie. « Res- « Mainhattan », rappelle que la ville est sans doute l’une de celles qui alentour. Populaire et calme, Os- grette déjà un militant du Parti so- européen d’architecture. Le chan- ter dans le quartier n’avait pas comptent le plus de gratte-ciel en Europe. Grandes banques, palais tend n’a rien à voir avec le stan- cial-démocrate. L’autre rive du tier proprement dit commencerait beaucoup d’intérêt, nous n’avons des congrès, entreprises se sont lancés à partir des années 1970 dans ding un peu froid du centre des af- Main donne un aperçu de ce qui au plus vite ensuite, le temps de pas besoin d’être près des banques des projets tous plus grandioses les uns que les autres. La plus haute faires, déserté en fin de semaine. peut attendre le quartier : des im- trouver un nouvel emplacement de la place », dit-on. Surtout, les tour, celle de la Commerzbank, a été achevée en 1997 sur des plans de A deux pas du futur siège, une mai- meubles très branchés ont poussé au marché de gros, dont l’activité contraintes d’espace ont forte- l’architecte Norman Foster. Elle culmine à 299 mètres. son close, dans laquelle les clients ces dernières années pour loger nocturne anime le quartier. Le dé- ment dissuadé les dirigeants de la Aujourd’hui, cinq édifices dépassent 200 mètres de haut, y compris accèdent en franchissant une pai- les yuppies attirés par la capitale ménagement pourrait avoir lieu à BCE : dans le centre, rien d’autre à la tour-antenne de télévision, non habitée, haute de 331 mètres. Par- re de jambes écartées. Pas très de l’euro. D’ailleurs, il paraît que l’horizon 2008. C’est la montée en faire pour les architectes que de mi les projets encore dans les cartons : la tour Millenium pourrait cul- loin, le port fluvial et une vaste zo- le prix des appartements a déjà puissance de l’institut d’émission tenter de chatouiller le ciel. miner à 365 mètres. Les gratte-ciel font partie de la vie locale : au prin- ne industrielle. Les rues des alen- tendance à grimper dans Ostend. qui rend nécessaire un tel projet. « Le site choisi permettra au con- temps, un week-end portes ouvertes leur est consacré, qui attire des tours sont défoncées par le passa- L’actuel quartier général – où l’an- traire une grande flexibilité, pour dizaines de milliers de visiteurs. ge des poids lourds. Le soir, il y Philippe Ricard Olivier Bidou, imprimeur normand, veut ériger un monument à la devise défunte Philippe Starck, UN CÉNOTAPHE sera-t-il élevé à la gloire ce même roi otage de l’Angleterre. Mais le (PC), Gérard Voisin (DL), Lionel Luca (non ins- du franc germinal dont les jours sont comp- franc moderne est surtout un héritage républi- crit), de l’académicien Jean Dutourd, du comé- le dernier des francs tés ? Pour certains, cette disparition est un cain, et la connotation « royale » de la capita- dien Claude Piéplu (la voix des Shadoks), d’un abandon et même davantage : la mort de l’un le champenoise ne convenait pas. conservateur général du patrimoine, Bruno EN DEMANDANT un franc original à Philippe Starck, homme il- des symboles fondateurs de la République. Chamalières, alors ? Dans cette commune de Saint-Victor, ou de l’inévitable Gonzague lustre du design international de la fin du XXe siècle, la Monnaie D’où l’idée du monument lancée par un impri- proche de Clermont-Ferrand, la Banque de Saint-Bris. « Nous sommes d’une stricte neutra- de Paris a fait une bonne affaire : elle a donné à la modernité l’oc- meur de la Manche, Olivier Bidou. Ce dernier France imprime ses billets. La ville déclina sè- lité politique », indique Olivier Bidou. casion de s’incarner dans une pièce de collection, donc en toute a décidé de créer, avec quelques amis, une as- chement l’offre. Même indifférence à Saint- Reste surtout à financer le monument. L’im- liberté artistique, et du même coup de laisser deviner comment sociation pour « entretenir le devoir de mémoi- Chamond, patrie du bon M. Pinay, dont le primeur compte lancer une souscription natio- auraient pu être les euros en métal… Sa ligne ondulée, qui évo- re du franc » et « recueillir des adhésions et des nom fut associé, dans les années 1950, à la dé- nale : « Nous demanderons aux Français de que un sou qu’on jette en l’air à pile ou face, la tranche qui con- dons destinés à l’érection d’un monument com- fense de notre monnaie. Du coup, Olivier Bi- nous donner leurs pièces blanches [de 50 centi- centre un grand nombre d’informations, le dessin sobre et ultra- mémoratif ». Ce vœu pieux entraîne immédia- dou se plonge dans un dictionnaire des com- mes à 5 francs] qui vont être démonétisées. » léger du chiffre sont le résultat de nombreuses innovations tech- tement une cascade d’interrogations. munes de France et repère cinq élues au nom Les collectivités territoriales et même l’Europe niques. Le succès était à la clé : en or, à 5 000 exemplaires, ou en Où placer ce mausolée ? L’imprimeur nor- prédestiné : Franc (Gironde), Frans (Ain), seront également sollicitées. Ces fonds re- argent, à 50 000 exemplaires, le tirage de l’« ultime franc » signé mand, qui souhaite un emplacement « visible, Franqueville (Seine-Maritime), Francière cueillis, il faudra donner une forme au cénota- Starck, lancé le 15 septembre, est épuisé à la vente, dans les deux fréquenté, un rond-point, par exemple, ou une (Somme) et Françay (Loir-et-Cher). Le projet phe. « Son ampleur sera fonction des sommes collections. Il sera livré aux amateurs dans les jours qui viennent. aire de repos au bord d’une autoroute », a ex- est alors soumis à ces municipalités. Elles don- reçues », répond Olivier Bidou qui évoque ploré plusieurs pistes. Paris ? « La capitale n’a nent des réponses de principe, toutes positi- quelques illustres modèles : des piles de pièces DÉPÊCHES pas besoin de monuments supplémentaires et ves. façon Buren autour desquelles les pèlerins du a COLLECTION : le centime-or est disponible à la Monnaie puis il existe déjà l’hôtel de la Monnaie, sur les Il ne suffit pas d’avoir un point de chute, il franc pourraient déambuler ou une pyramide de Paris. Parmi les nombreuses pièces de collection et autres mé- bords de la Seine. » faut aussi « lui donner de la visibilité ». Oliver de verre, comme celle du Louvre, transformée dailles que diffuse l’institution monétaire française, la plus petite Olivier Bidou parie donc sur la province. Il Bidou et ses sept copains adressent une lettre en gigantesque tirelire. pièce jamais émise, le « nouveau » centime, créé en 1960 en mê- songe d’abord à Verdun « où la France est née circulaire à diverses personnalités politiques L’exemple napoléonien le fait rêver. Le petit me temps que le « nouveau » franc mais plus tôt disparu que lui, après le partage de l’empire de Charlemagne ». (tous les députés), à des chefs d’entreprise, caporal avait fait élever, place Vendôme, à la notamment à cause de sa taille, est réapparu en or. Son graphis- La ville a, hélas, acquis au cours de la première mais aussi aux représentants du monde des gloire de la Grande Armée, une colonne avec me un peu enfantin, le mot « centime » écrit à la main comme guerre mondiale une charge autrement sym- arts et des lettres (l’Académie au complet), du le bronze des canons pris à l’ennemi. Le métal par un bon élève de l’école publique, revient, avec la mention bolique. Pourquoi pas Reims ? C’est dans cet- spectacle et des médias, afin de constituer un des pièces démonétisées pourrait servir de ma- 2000 ou 2001 sur cette monnaie vendue… 73 euros, soit te cité que fut couronné Jean II le Bon, l’inven- « Comité d’honneur qui donnera son avis ». tériau à une autre colonne où l’épopée du 478,75 francs français. teur, en 1360, des premiers francs, monnaie Quelques réponses sont reçues : celles des dé- franc, depuis germinal, serait représentée. a ARTS : les pièces de la plasticienne belge Ann Veronica d’or qui valait une livre, et dont le nom évo- putés Jean-Marc Chavanne (RPR), Renaud Janssens. Voilà plusieurs années que cette artiste s’empare d’ob- quait – « franc de l’anglais » – la libération de Donnedieu de Vabres (UDF), Georges Hage Emmanuel de Roux jets usuels qui deviennent sujets d’expérimentation. Les mon- naies font partie de ces supports que la plasticienne utilise afin de modifier notre perception. Il y a quelques jours encore, elle a mis en circulation à Rennes, dans le cadre du Festival Mettre en Deux ou trois choses que vous avez toujours voulu savoir sur l’argent scène, une série de mille pièces françaises dont la face a été dépo- lie, devenant miroir de nos interrogations – et objets de collec- tion. Un livre, destiné aux 8-12 ans, explique avec talent le rôle que tient la monnaie dans notre société a LIVRES : un ouvrage éducatif signé Cohn-Bendit. Dès 1998, Daniel Cohn-Bendit, député Vert européen, s’est préoccupé de ET SI ON JOUAIT à la marchan- ont là un outil précieux pour « li- ge, de revenu minimum, d’alloca- tôt les acteurs avertis. Autre vulgari- l’adaptation des consommateurs européens à la nouvelle mon- de ? Dès le premier âge – billes re » notre monde sous un jour qui tion, de retraite… Voilà que l’on sation brillante, mais pour un pu- naie. Il a consacré à l’euro, avec le député socialiste Olivier Duha- contre sucettes… – les enfants sont lui donne du sens. comprend que tout est lié, que la blic plus âgé, le livre de Nicolas- mel un Petit dictionnaire de l’euro (Editions du Seuil, 13,5 euros sensibilisés à l’échange. Mais rares Et pour le lire en s’amusant ! Car monnaie est « avec la langue et les Jean Bréhon, paru en 1998, et dont [89 francs]). Anticipant sur l’événement, l’ouvrage ne présentait sont ceux qui peuvent répondre à cet ouvrage s’avère d’une remar- lois » le signe d’appartenance à une Flammarion sort une nouvelle édi- pas le taux de conversion entre l’euro et les monnaies nationales. ces questions quable clarté. Ainsi parcourt-on, communauté – l’Europe, dont tion. Mais de nombreux éléments, comme la fabrication des nouvelles simples : l’ar- en un galop agréable et enlevé, l’idée de départ, la paix, est égale- Préfacé par Laurent Fabius, qui pièces, restent utiles, et d’autres entrées sont savoureuses. Ainsi, gent, d’où l’histoire de l’argent, des coquilla- ment très bien expliquée – et que rappelle que Victor Hugo avait eu, il est écrit à « paradis artificiels » que « l’Europe est le seul projet vient-il ? A-t- ges aux premières pièces métalli- son emploi, à l’échelle de la collecti- il y a cent cinquante ans, la « vision politique d’avenir. Mais il implique le renoncement total aux para- il toujours ques, du droit de battre monnaie vité, nous renseigne sur le degré de prophétique » de la monnaie uni- dis artificiels de l’inflation, de la dévaluation solitaire, du chacun existé ? Quel aux premiers billets de banque qui civilisation du monde dans lequel que, cet ouvrage très complet pro- pour soi et de la navigation à vue ». rôle joue-t-il n’étaient autres que des reconnais- nous avons choisi de vivre. pose également un certain nombre dans notre so- sances de dettes, et de l’argent vir- d’annexes pour piquer la curiosité. L’EURO SANS PEINE ciété ? On dit tuel à la monnaie unique. Sans On y calculera ses chances de ga- qu’il est vital, pourtant « personne oublier que tout instrument moné- Confiance, valeur, gner au Loto ou de faire fortune. n’en mange ni ne s’abrite dessous taire doit refléter la confiance de On s’amusera à retrouver le voca- (…) et on peut mourir devant un tas ceux qui l’utilisent. prix… Voilà d’autres bulaire de l’argent dans le langage de billets. Alors pourquoi est-il aussi Confiance, valeur, prix… Voilà courant. Ou à anticiper les pro- indispensable ? » d’autres notions simples auxquel- notions simples chains surnoms de l’euro. Balles, A la veille de l’arrivée des pièces les les jeunes sont invités à réflé- sacs, briques ou bâtons ? Aux lec- et des billets en euros, l’économis- chir. Comment se forme un prix ? auxquelles teurs de les imaginer. te Michel Le Duc et la journaliste En théorie, c’est une addition, la Nathalie Tordjman ont croisé leurs somme du travail qu’il représente. les jeunes sont Florence Noiville talents pour « raconter l’argent » Mais il y a des contre-exemples, le aux plus petits. C’est là toute l’origi- billet de banque, justement. Et puis invités à réfléchir e L’Argent et l’Euro à petits pas, nalité de leur démarche : partir de l’on sait bien que certains biens de Michel Le Duc et Nathalie Tordj- très loin, philosophiquement s’en- sont gratuits, que tout ne s’achète man. Illustrations d’Yves Calar- tend, pour montrer que l’argent est pas. De proche en proche, de la san- Il faudrait pouvoir relever bien nou. Actes Sud Junior, 80 p., aussi « un moyen d’appartenir à té à la sécurité sociale, des impôts à d’autres richesses dans le livre de 10,90 ¤, (71,50 F). A partir de une société et d’y survivre ». Non l’épargne, le lecteur « circule » Michel Le Duc et Nathalie Tordj- 8 ans. pas une fin en soi, mais l’instru- avec l’argent : argent prélevé, dé- man. Pour les enfants de 8-12 ans e Du troc à l’euro, de Nicolas-Jean ment d’un lien social. Tous les en- pensé, donné ou économisé. Cha- auxquels il s’adresse, une nouvelle Brehon. Préface de Laurent Fabius. fants que la télévision rassasie, que notion en amène une autre, aventure commence. Gageons que Illustrations de Jérôme Félix. Cas- sans qu’ils les comprennent, d’indi- toujours aussi naturellement. Voilà cet album intelligent et subtil leur tor Poche Flammarion, 190 p., 6 ¤ 5 mai 1998. ce Nasdaq ou de cours de Bourse, que l’on rencontre l’idée de chôma- fournira les moyens d’en être bien- (39,35 F). A partir de 12 ans. XXVII

EURO Les trois premières années de l’euro Le moulin à comptes ont été marquées par une baisse continue par Pierre Georges LE NOM même est un enchan- toujours bien dans ce paysage : tement : convertisseur. Rien « Son habituelle et innocente Le rival du billet vert n’a pas réussi à s’imposer comme monnaie de réserve sans mon convertisseur, cet joie de convertisseur. » Admi- étrange et alchimique engin qui, rable propos : le convertisseur MERCREDI 14 novembre 2001 : que, dans les mois qui avaient pré- pas réussi à s’imposer comme mon- que les handicaps structurels dont d’ici peu et incessamment, trans- convertissant dans la satisfac- l’annonce de la chute de Kaboul et cédé son lancement, s’était trompé naie de réserve. Selon les der- souffre l’économie européenne formera nos vils et vieux francs tion de la conversion accomplie. la déroute plus rapide que prévu sur l’évolution future de l’euro. nières statistiques disponibles, le (en matière de souplesse du mar- en purs euros. Pour Noël, sous Hélas ! il est assez peu probable des talibans au pouvoir en Afgha- Il ne faisait pratiquement aucun dollar représentait, à la fin de ché du travail, de niveau des prélè- le sapin, ou pour la Saint-Syl- que ce bel apostalat et ce nistan profitent au billet vert, et doute, aux yeux des experts, que la l’année 2000, 67,6 % des réserves vements obligatoires, de retard vestre, en tout cas déposé magnifique destin soient ceux l’euro tombe sous la barre de monnaie unique serait une devise officielles de change des banques dans le domaine des nouvelles comme jouet de la divine trans- que nous réserverons demain à 0,88 dollar. Tout à coup pénalisée forte. La naissance d’un bloc moné- centrales, contre 56,8 % fin 1995 et technologies) empêcheront encore mutation sur nos charentaises, notre convertisseur. Même dans par les succès militaires améri- taire vaste, unifié et stable était 65,7 % fin 1998 ; l’euro ne repré- longtemps l’euro de se redresser made in France profonde, pour le secret religieux des comptes. cains, la monnaie européenne supposée favoriser l’arrivée de ca- sentait que 13,1 %, soit une part face au dollar. trois francs six sous, en pure Avant que de nous convertir, n’avait en revanche tiré aucun pitaux internationaux sur le Vieux plus faible que celle occupée aupa- Les autorités monétaires euro- laine vierge et néanmoins câline, nous demanderons à notre cher avantage, au cours des deux mois Continent. Le grand économiste ravant par les monnaies des pays péennes, pour leur part, s’effor- exigeons tous un convertisseur. transformateur à monnaies al- qui avaient précédé, des catas- américain Fred Bergsten estimait de la zone euro (22,9 % fin 1995 ; cent de rester sereines. Commen- Ah ! le bel engin, l’indispen- ternatives de convertir tout bête- trophes qui s’étaient abattues sur ainsi que le volume de réallocation 14,5 % fin 1998) ! tant le énième accès de faiblesse sable engin pour les mal-comp- ment. De prendre ses responsa- les Etats-Unis (attentats contre le des portefeuilles de titres en dol- Comme le soulignent les écono- de l’euro, le vice-président de la tants, les mal-mutants et les mal- bilités. De saisir un prix, une fac- World Trade Center et le Penta- lars vers des titres en euros allait mistes de la Caisse des dépôts et Banque centrale européenne modernes ! Convertisseur, mon ture, un chiffre pas rond, par le gone, psychose de l’anthrax, en- s’élever à 700 milliards de dollars. consignations (CDC), cette situa- (BCE), Christian Noyer, a estimé, beau convertisseur, si cela était travers de l’euro, et de nous le trée en récession de l’économie). mi-novembre, que « le taux de un effet de ta modernité, peux- rendre intelligible. En belle, bon- L’asymétrie de comportement ob- change actuel ne reflète pas la force tu me dire en quel état moné- ne et loyale farine d’autrefois. servée durant ces huit semaines Commentant le énième accès de faiblesse intrinsèque de l’euro ». « Tôt ou taire j’erre ? Si l’on use de cette métaphore, constitue un résumé fidèle de l’évo- tard, sa valeur sera plus élevée, a Avec cet euro pas si franc du ce n’est pas tout à fait par lution de l’euro sur le marché des de l’euro, le vice-président de la Banque ajouté M. Noyer, presque fataliste. collier, non plus que du porte- hasard. Après avoir été homme, changes depuis son lancement : Les fondamentaux sont déjà là. » Le monnaie, au point d’avoir réussi le convertisseur fut, au cours des sensible aux mauvaises nouvelles, centrale européenne, Christian Noyer, même jour, toutefois, le ministre cet exploit inouï de se transfor- âges français ou autres, machi- insensible aux événements qui lui belge des finances et président en mer en ovni monétaire, en casse- nes. L’ingéniosité des inventeurs sont théoriquement favorables. estime que « le taux de change actuel exercice de l’Eurogroupe – réu- tête eurolandais et en supplice étant ce qu’elle est, les conver- Résultat : au cours de ses trois nion des ministres des finances de sino-transformiste – 6,55957 F tisseurs servirent à convertir premières années d’existence, ne reflète pas la force intrinsèque de l’euro » la zone euro –, Didier Reynders, ju- l’unité, encore merci ! – il nous tout. De la fonte en acier. De la l’euro n’a guère suivi qu’une seule geait que le niveau actuel de l’euro faudra bien le secours de la ma- tension analogique en son équi- direction : celle de la baisse. La était « correct ». Pour de nom- chine à remonter le cours de nos valent binaire. Du couple-mo- monnaie européenne a connu son On espérait aussi beaucoup que tion est « très curieuse » dans la breux experts, il ne faut pas aller pensées comptables et habitu- teur. Et même, même, le fameux cours le plus élevé lors de ses pre- les banques centrales asiatiques, mesure où le commerce extérieur chercher plus loin les causes de la des de pensées. convertisseur du meunier-tu- mières minutes de cotation, dans dont les réserves de change sont de la zone euro est aussi important faiblesse structurelle de l’euro de- Donc, ce fameux convertis- dors, faisant du gruau brut de la la matinée du 4 janvier 1999. Elle pour l’essentiel constituées de que celui des Etats-Unis, puis son lancement. Elles résident seur. Au dictionnaire précisé- belle et bonne farine. s’était alors hissée brièvement jus- billets verts, allaient en partie bas- notamment avec les pays émer- dans l’incapacité des pouvoirs poli- ment, la première utilisation et Dans l’affaire qui nous arrive à qu’à 1,19 dollar, déclenchant en culer vers l’euro. Durant l’année gents. « Si la structure des réserves tique et monétaire non seulement le premier sens de ce mot – pas tous, un Nouvel An de grand Europe des commentaires préma- 1998, un conseiller économique du de change reflétait la structure du à faire taire leurs querelles mais né d’hier, puisque de 1530 – soir monétaire, avec probable turés célébrant le triomphe moné- gouvernement chinois n’avait-il commerce, la part de l’euro devrait surtout à mettre en place une poli- consistait à signifier l’état avan- sentiment d’avoir plus l’air, en taire du Vieux Continent sur le pas affirmé que le tiers des avoirs être beaucoup plus importante. Une tique économique cohérente et tageux et méritoire de l’homme cette épreuve, d’un moulin à Nouveau. en devises de la banque centrale hausse de dix points – ce qui est fai- coordonnée, à l’image de ce qui se ayant réussi à convertir ses sem- vent que d’un virtuose de la C’était en fait le point de départ (évaluées à 150 milliards de ble – de la part de l’euro dans les passe aux Etats-Unis entre la blables. Le convertisseur était en conversion mentale, voilà tout d’une inexorable glissade. Au dé- dollars) seraient libellés en euros avoirs en devises au détriment du Réserve fédérale américaine et la quelque sorte une machine ce que nous serons en mesure but du mois de décembre 1999, d’ici trois ans ? dollar déplacerait 120 milliards de Maison Blanche. Pour que l’euro à fournir de l’âme fraîche au d’exiger : que nos vieux gruaux l’euro passait, symboliquement, Ces transferts espérés n’ont pas dollars, un montant suffisant pour inspire confiance sur les marchés confesseur. de francs, déjà moisis, et atteints sous la barre de 1 dollar, pour tom- eu lieu : les instituts d’émission apprécier visiblement l’euro. » A financiers, expliquent les éco- D’où son importance, et l’im- par la péremption monétaire, ber, le 26 octobre 2000, à un d’Asie, mais aussi d’Amérique du quand cette conversion ? Les éco- nomistes, encore faudrait-il que portance de cette corporation soient, vite et bien fait, trans- plancher de 0,8230 dollar, dans une Sud et d’Europe centrale et orien- nomistes se montrent divisés. les dirigeants de l’édifice monétai- missionnaire – engagez-vous, formés en notre farine et pain ambiance proche de la panique. tale sont restés fidèles au dollar. Si Pour certains, l’introduction des re européen inspirent eux aussi croyez, croissez et multipliez – quotidiens. Et peut-être, à ce S’il n’est pas allé plus bas depuis, il l’euro est devenu, sur le marché in- pièces et des billets devrait suffire confiance. justement célébrée par Charles moment-là, l’appétit nous vien- n’a en revanche pratiquement pas ternational des émissions d’obliga- à servir de déclic. D’autres ne Péguy en une phrase qui fera dra-t-il, d’un euro bien frais. remonté. Tout le monde, ou pres- tions, un rival du billet vert, il n’a croient pas à ce scénario. Ils jugent Pierre-Antoine Delhommais

A NOS LECTEURS Les médias jouent la devise européenne gagnante a Le site Internet du Monde suit jour après jour l’actualité de l’euro et la suivra jusqu’à l’adoption définitive de la monnaie TF1 A DÉMARRÉ la première. La chaîne pri- l’euro. Un programme quotidien d’une minute travailler sa rédaction nationale. Chaque same- unique. Les principaux articles de la rédaction qui paraissent dans vée s’est mise à l’heure de l’euro dès le 8 sep- sera diffusé, dès le mois prochain, juste avant le di, depuis le 22 septembre, la chaîne propose le quotidien y sont classés par grands chapitres : « Entreprises », tembre. Pour marquer son passage à la mon- journal télévisé du soir, le « 6 minutes ». Ce un magazine baptisé « 6.56 » – valeur d’un « Administrations », « Pratique », « L’euro ailleurs », « Citoyen », naie unique, la Une a choisi de convertir une « format court », comme le dit M6, aura pour euro en francs – pour traiter de l’arrivée de la etc. Des articles spécialement conçus pour le site complètent ce « émission symbolique ». Depuis le début sep- objectif de « traiter des questions simples à pro- monnaie unique. Mieux encore, la chaîne a dossier, ainsi qu’une infographie animée et un convertisseur de tembre, le jeu « Qui veut gagner des mil- pos de l’euro et auxquelles les gens ne savent pas décidé de convertir en euros son jeu « Ques- monnaie. On y trouve aussi des liens avec les sites de la Banque de lions ? » a troqué le franc pour l’euro. Une toujours répondre ». tions pour un champion ». France 2 attendra le France, de la Banque centrale européenne (BCE) et de Bercy. conversion au bénéfice des participants. De L’autre projet se veut plus ambitieux. Il pren- début 2002. Au début de l’an prochain, la 4 millions de francs la saison dernière, les gains dra l’apparence « d’une grande émission du chaîne devrait programmer « Le juste euro », f www.lemonde.fr/euro sont passés à 1 million d’euros, soit 6,55 mil- dimanche soir », annonce Thomas Valentin, un jeu diffusé il y a peu par TF1 sous le nom lions de francs. patron des programmes de M6. Cette émission « Le juste prix ». TF1 n’a pas choisi ce jeu au hasard. Pour sa promet des enquêtes et des révélations, notam- A la radio, la future devise européenne est rentrée, la Une avait signalé son intention de ment sur les dessous de l’euro. déjà venue doper le célèbre « Jeu des mille proposer sur son antenne « une formation péda- Cela dit, M6 n’a pas attendu la fin de l’année francs ». Le 24 septembre, cent jours avant le gogique des téléspectateurs à l’euro ». « Qui veut pour éduquer ses téléspectateurs à la nouvelle passage à la monnaie unique, l’émission créée gagner des millions ? » s’est imposé car «il monnaie. Depuis janvier, « M6 boutique », en 1958 est devenue le « Jeu des mille euros ». s’agit d’un jeu basé sur l’argent, donc une émis- émission matinale dédiée au téléachat, pra- Un changement doublement bénéfique : outre sion tout indiquée pour habituer les gens à se tique le double étiquetage de ses tarifs. Désor- des gains en hausse, 6 556 francs au lieu de convertir à l’euro », fait savoir TF1. mais, l’affichage de l’euro prend le pas sur celui 5 000 francs, l’audience ne cesse de progresser. Dans la foulée de la Une, M6 mettra aussi du franc. « Une évolution calculée pour une dis- En passant à l’euro, le jeu a gagné 500 000 fidè- prochainement son antenne à l’heure de la parition progressive du franc au profit de l’euro » les pour atteindre 1,5 million d’auditeurs. monnaie unique. En décembre, la rivale de à la fin de l’année, annonce la chaîne. TF1 proposera deux émissions consacrées à Du côté du service public, France 3 a fait Guy Dutheil Commerçants, entrepreneurs et industriels réagissent de manière variée La nouvelle monnaie euphorise les uns et fait râler les autres

AU CONTACT direct des monnaie est en soi un instrument pour dénoncer différents maux les ceux qui ne peuvent s’appuyer sur consommateurs, les entreprises de de marketing, utilisé par la plupart affectant. C’est le cas des coiffeurs, des fédérations d’employeurs ou services et de distribution se disent des chaînes. qui, par le biais de leurs associa- des chambres de commerce, assez généralement bien informées et b Les ambassadeurs. D’autres tions professionnelles, protestent généreuses. préparées à l’euro. Mais, entre cel- commerçants sont fiers d’être des contre les accusations d’« eurotri- Dans un univers de « concurren- les qui se dirigent docilement vers acteurs privilégiés, tels les buralis- cheurs » qui leur auraient été faites, ce féroce », les gérants de stations- la nouvelle monnaie, celles à qui tes. Payés à 80 % en liquide, érigés notamment par la Direction généra- service demandent pour leur part l’euro rend bien service, celles qui en symbole du commerce de proxi- le de la concurrence, de la consom- que les prix du carburant soient ex- en profitent pour râler, celles, en- mité, les 34 000 établissements rece- mation et de la répression des frau- primés avec trois chiffres, et non fin, qui demandent des faveurs par- vront à partir du 14 décembre des des (DGCCRF). En fait, il apparaît deux, après la virgule. Ils savent que ticulières, l’éventail est large. Quel- kits de monnaie en euros, qu’ils ven- rapidement que, si les prix des cou- les automobilistes regardent de ques exemples : dront pour 100 francs (15 ¤). pes-brushings ont souvent augmen- près le prix de l’essence : quelques b Les surfeurs. Dans le grand Pour d’autres, Air France par té, l’adoption de l’euro sert surtout millièmes d’euros peuvent faire commerce alimentaire, selon une exemple, l’euro est une véritable bé- de prétexte aux plaintes contre la une différence. enquête du magazine LSA, 71 % des nédiction. Selon Florence Fornery, suppression de l’exonération fiscale Si, de manière générale, les com- caissières ont reçu une formation à Mme euro de la compagnie aérienne, du pourboire intégré dans les prix. merçants ne redoutent plus trop le l’euro et 37 % des directeurs de ma- « les voyages seront facilités par Il s’agit d’une mesure décidée à passage à l’euro, tel n’est pas le cas gasins seulement redoutent une l’euro fiduciaire ». Evidemment, la Bruxelles, annoncée en France au des plus petites entreprises. L’euro baisse de la consommation. Michel zone euro représente 60 % du trafic printemps 2001. y est souvent vécu comme un dra- Edouard Leclerc, l’un des patrons de la compagnie aérienne et assure L’application de la loi des 35 heu- me par des employeurs déjà trau- les plus enthousiastes, a d’ores et 86 destinations : dans cet espace pri- res se révèle aussi délicate, alors matisés par le passage aux 35 heu- déjà annoncé qu’il ne ferait que des vilégié, il est bien plus simple de se que la clientèle demande des horai- res. Comment alors financer l’adap- arrondis de prix à la baisse. limiter à une seule monnaie. Air res d’ouverture de plus en plus sou- tation du matériel (caisses enregis- Carrefour profite même de l’euro France a même commencé à utili- ples et que, au moins en théorie, treuses, machines à affranchir…), pour offrir à ses clients un fonds ser des prix psychologiques en plusieurs années d’apprentissage prendre le temps d’établir une nou- commun de placement avec un euros : 79 ¤ pour des vols intéri- sont nécessaires avant l’exercice du velle comptabilité ? La plupart des taux d’intérêt garanti de 6,55957 % eurs, 199 ¤ sur des lignes européen- métier. petites PME affirment qu’elles « s’y (le chiffre officiel de la conversion nes. b Les traumatisés. Enfin, les re- mettront » à partir du 1er janvier. franc-euro), élevé dans le contexte b Les râleurs. Certaines profes- vendications, surtout financières, actuel. Le passage à la nouvelle sions profitent du passage à l’euro ne sont pas oubliées, surtout par Françoise Lazare