N° 43 mai 2008 CSPValenciennes Les tableaux de Vuez

Association pour la Sauvegarde du Patrimoine et de l' Environnement Cambrésiens 17 avenue Michelet 59400 q 03 27 78 10 36 u 06 11 26 83 21 aspecambrai.org

La chapelle des Jésuites fait l'admiration des visiteurs.

De très importants travaux sur la charpente et la couverture viennent de s'achever. Vous trouverez dans ce numéro l'inventaire des tableaux que l'on pouvait y admirer à la fin du XVIIIe siècle et ce qu'il en reste aujourd'hui. Vous découvrirez un artiste dont les peintures sont exposées à Lyon, à et au , excusez du peu. Cette chapelle est étonnante. Il y a quelque temps, des acousticiens de l'université de Valenciennes sont venus y faire des mesures : son acoustique est parfaite. La musique y chante, on y parle à un groupe sans élever la voix. Après la réfection de la toiture, n'est-il pas temps de poursuivre, et donner à notre chapelle des Jésuites un usage digne d'elle ? Par ailleurs, nous avons rencontré l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Valenciennes, et échangé quelques idées. Suivez-nous dans ce bulletin…

Bernard Héloir

Sommaire Page L'Assemblée Générale du 22 février 2008 2 Les lauréats des prix ASPECambrai 2008 3 Les plans de Laurent Fortier – Venez partager notre passion ! 4 Rencontre avec le CSPValenciennes 5 Les tableaux de la chapelle des jésuites 8 Une assemblée générale intéressante…à plus d’un titre !

Vous étiez plus de 100 à rejoindre le Salon Blanc de l’hôtel de ville ce vendredi 22 février 2008. Accueillis comme il se doit par quelques membres dévoués, vous avez pris place dans la salle où un diaporama montrant le rôle de l’association vous a permis de patienter. Puis le président Bernard Héloir a ouvert la séance et a procédé à l’ élection des membres renouvelables - Fernand Renaud , Jean Bézu et André Leblon , et à celle de notre nouvelle trésorière, Anne-Marie Bruneau , qui a accepté cette lourde charge « au débotté », la précédente trésorière ayant démissionné peu de temps avant. La nouvelle trésorière a présenté le rapport financier , certifié sincère et juste par le commissaire aux comptes, Marc Derasse . Une augmentation des cotisations vous a été proposée. Rassurez-vous, elles passent simplement à 15€. La secrétaire, Marie-Paule Verchain , a présenté le rapport d’activités. Vous avez pu suivre sur un diaporama l’ensemble des actions menées en 2007.

Monsieur le Député Maire, François Xavier Villain , a alors pris la parole pour nous assurer de son soutien. Il a souligné que 2007 avait été une grande année pour les monuments historiques cambrésiens, puisque de gros travaux ont eu lieu, en particulier à la chapelle des Jésuites. Mais devant le coût et le peu d’aides de l’état, il a évoqué le projet de privatiser certains monuments historiques (les béguinages ?). Il a réaffirmé son soutien à notre action sur le patrimoine privé, et sa volonté de nous associer à la mise en place du PLU (plan local d’urbanisme).

Le président a ensuite présenté le rapport moral. Un très beau diaporama vous a permis de voyager sur la façade de l’hôtel de ville et d’en découvrir les détails. Il a rappelé les objectifs de l’association, en comparant avec ce qui se passe dans les villes voisines : notre patrimoine aussi est très riche et nous devons tout faire pour lui conserver son caractère. « Retroussons nos manches ! » a-t-il conclu ! Toutes les propositions ont été votées à l’unanimité.

Un grand moment : la remise des prix ASPECambrai . Edith Ségard a présenté les réalisations qui nous ont semblé les plus caractéristiques de ce qui est de bon ton. Façade, peintures, porte, volets, tout ce qui réjouit le regard a été mis en valeur. Propriétaires et artisans, ont été réunis pour la photo finale !

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Le Prix ASPECambrai 2008 a été décerné à

Bernard MOREZ, La Cave Aux Fromages, pour la préservation et l’embellissement de la façade d’une ancienne boutique dans le respect du style originel, 9 rue Saint Nicolas à Cambrai. Enseigne Décoplast

Madame et Monsieur LORRIAUX , Optical Center, pour la conservation et la mise en valeur du garde corps en fer forgé, dans le respect du style originel de l’immeuble 11 place Aristide Briand à Cambrai Ets Bosch entreprise à Echirolles

Madame et Monsieur BOQUET , pour le ravalement et la mise en valeur dans le respect du style originel de l’immeuble, 8 rue Sadi Carnot à Cambrai. Ravalement : Herbin à St Hilaire. Menuiseries: Sté CECI 6 rue pasteur à Roisel

Ets FONTAINE DESMOULIN, pour la mise en valeur et l’embellissement dans le respect du style originel de l’immeuble (ancien magasin aux chars), 1 rue Froissart à Cambrai. Ravalement : Nord-ravalement à Caudry

Madame et Monsieur TERNISIEN pour le sauvetage d’une maison du XVIIIe siècle et la restauration de la toiture dans le respect du style originel de l’immeuble, 33 rue du pont de Solesmes à Cambrai. Sur cette maison de 1791, Christophe Ternisien, professeur d'ébénisterie, a restauré lui-même la charpente (2 ans de travaux). Couvreur : Mr Gabet de Niergnies

Madame et Monsieur DUHAUBOIS , coiffeur, pour la restauration et l’embellissement dans le respect du style originel de l’immeuble 34 avenue de la Victoire à Cambrai. Menuiseries : Bottin à Cambrai

Madame le Docteur Isabelle DUCAMP , pour la restauration dans le respect du style originel de la belle porte d’origine de la demeure du XVIIIe siècle, 14 rue Saint Vaast à Cambrai. Artisan : Yvan Macaigne 8 rue de Bonnières 59217 Bévillers.

Madame Anne Le VEN et Monsieur Eric CHARRON , pour l’embellissement dans le respect du style originel de l’immeuble, 11 rue Louis Blériot à Cambrai. Ravalement : Herbin à St Hilaire

Madame et Monsieur SULE , pour la préservation et l’embellissement de la façade dans le respect du style originel de l’immeuble, 47 rue des Capucins à Cambrai. Ravalement : Tison à Inchy en Artois

En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org 3 Les plans de Laurent FORTIER

Nous avions évoqué dans le précédent bulletin la disponibilité des plans originaux de cet architecte de talent. L'ASPECambrai ayant initié cet achat, nous sommes heureux que Monsieur le Maire de Cambrai ait complété généreusement notre souscription. Ainsi c'est près de 300 plans qui rejoindront prochainement la Bibliothèque- Médiathèque de Cambrai et viendront s'ajouter aux nombreux documents indispensables à l'étude et à la connaissance de l'architecture du début du XXe siècle et particulièrement à l'architecture cambrésienne.

APPEL A TOUS Venez partager notre passion !

En 1994, notre association fut créée par André LEBLON et une bande de passionnés du patrimoine pour sauvegarder l'architecture et l'environnement cambrésiens. C'est un travail d'observation, d'études et de recherches, d'information et d'argumentation auprès du public et des responsables, acteurs du patrimoine. Nous conseillons, présentons des expositions, éditons ce bulletin et animons un site internet riche et documenté qui reçoit de nombreux visiteurs.

Notre équipe est variée, composée de professionnels du bâtiment, d'enseignants, d'amoureux des vieilles pierres, Dans quelle rue se trouve ce bel écoinçon figuré ? de l'Histoire et des arts.

Aujourd'hui nous avons besoin de renforcer notre équipe.

Le patrimoine cambrésien est incroyablement riche. Le Service d'Animation du Patrimoine, Ville d'Art et d'Histoire, et l'Office de Tourisme du Cambrésis font un remarquable travail de promotion et de mise en valeur. Notre association complète ce dispositif parce qu'il est nécessaire de convaincre pour sauvegarder ce que la méconnaissance et le laxisme menacent. Expliquer, sensibiliser, pour préserver, telle est notre mission. Bien modestement, nous sommes un peu les Nicolas Hulot ou les Yan Arthus Bertrand du patrimoine de Cambrai. A la fois veilleurs et passeurs. Pas besoin d'être spécialiste pour nous rejoindre. Une bonne volonté, un peu de temps, un brin de passion suffisent. Ensemble nous apprendrons. Nous nous réunissons le premier mercredi de chaque mois à 18h30 à la maison des associations. Venez à la prochaine, juste pour voir… Contactez Bernard au 06 11 26 83 21.

4 En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org Rencontre ASPECambrai / CSPValenciennes. Par Marie-Paule Verchain

Arrêtez le massacre !

C’est à ce cri que quelques Valenciennois se sont rassemblés en décembre 1968 pour fonder le Comité de Sauvegarde du Patrimoine de Valenciennes (CSPV). Comme Cambrai, Valenciennes avait beaucoup souffert des destructions de la guerre. La moitié de la ville était sous les décombres, et il fallait reloger la population au plus vite. C’est l’époque de la construction des immeubles qui entourent la grand’place ; comme à Cambrai, c’est l’époque de la Choque… Quand la municipalité décida de raser toutes les maisons encore debout entre la Place d’Armes et l’Escaut, pour les remplacer par des « cubes de bétons », là, les Valenciennois se sont insurgés. Faire revenir la municipalité sur son permis de démolir a été le premier travail du Comité. Accompagné d’une opération de sauvetage d’une maison scaldienne* à pans de bois, le « Bon Fermier ». L’ordre de démolition avait été donné. Une grande campagne de sensibilisation a permis aux Valenciennois de prendre conscience de la richesse de leur patrimoine. Et le CSPV a obtenu l’annulation du permis de démolir.

Cette belle victoire a été suivie par d’autres grandes actions, comme le sauvetage de l’office de tourisme . Autre maison scaldienne à pans de bois, son implantation rue de Mons était une gène pour la restructuration du quartier. Qu’à cela ne tienne, le CSPV propose et obtient le déplacement de la maison.

Il s’est aussi investi dans le classement de la maison du prévôt de Notre Dame de Grâce. Entièrement restaurée, avec son clocheton, c’est une superbe demeure, toujours aujourd’hui sans occupants, l’ABF ayant exigé que le sol soit en terre battue. Ce qui ne permet pas de l’entretenir avec des

normes sanitaires acceptables!

Un autre grand projet a été la participation du CSPV à la mise en valeur de l’entrée de la citadelle de Vauban , avec son « Ecluse des Repenties ». C’est tout ce qui reste de la citadelle et des remparts, presque totalement détruits en 1891. Le comité a obtenu le classement du site à l’inventaire

* Maison scaldienne : de la vallée de l'Escaut (Schelde en Néerlandais). Même origine étymologique que le château de Selles.

En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org 5 supplémentaire et a œuvré à faire de ce lieu jusque là peu fréquentable, voué aux détritus et aux marginaux, un lieu de promenade et d’oxygénation remarquable ! Les membres du Comité sont également très fiers d’avoir racheté et sauvé de la destruction une autre maison scaldienne , qu’ils sont en train de restaurer. Située rue de , cette maison possède encore des poutres en chêne d’origine. Le CSPV a obtenu pour cette maison le 1 er prix de la restauration, et une somme de 10.000€. Dès la fin des travaux, cette splendide maison du 15 e siècle, déjà siège de l’association, deviendra aussi un lieu d’expositions et de mise en valeur du patrimoine. Le Comité a également contribué au sauvetage de la basilique Notre Dame du Saint Cordon , qui était condamnée à disparaître, aussi bien par les autorités religieuses qui souhaitaient se débarrasser d’une église en trop mauvais état, que par les autorités administratives, qui ne voyaient pas la nécessité de la sauver. Pourtant liée à Cette maison scaldienne l’histoire de la ville, cette église est actuellement est l e siège du CSPV en cours de restauration.

Quels sont les moyens d’action du Comité ? La sauvegarde du Patrimoine valenciennois doit beaucoup à l’arrivée de l’équipe de Jean-Louis Borloo. En effet, les membres du comité ont trouvé une écoute et un appui qu’ils ne connaissaient pas jusque là. La première décision de la nouvelle municipalité fut d’arrêter de détruire. Il était grand temps, car presque tout ce que la ville comptait de maisons anciennes était sur le point de disparaître. De nouveaux projets d’aménagement, plus respectueux de l’histoire de la ville, sont donc nés.

Le maire a aussi aidé l’association à trouver des fonds : Europe, Région, Ville ont été mis à contribution. Chaque année, une subvention de 10.000€ est versée par la Ville. Ce qui a permis d’ailleurs l’achat, en viager, de la maison scaldienne à pans de bois de la rue de Paris. A chaque manifestation, elle fait rentrer un peu d’argent en vendant des plans et des cartes postales réalisées par l’un de ses membres. Comme nous, elle participe aux Journées du Patrimoine et aux opérations de la Ville ayant ce même thème. L’association compte une centaine de membres (donc, moins que l’ASPECambrai). Le nombre de jeunes n’est pas plus important que chez nous. Le président du CSPV, Jérôme Guilleminot, est un avocat réputé qui n’hésite pas à prendre des positions exposées quand la nécessité l’impose. Quant au noyau d’ « anciens », il joue un rôle très actif. 6 En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org Elle fait partie d’une commission extra municipale qui, sans avoir officiellement de pouvoirs, joue un rôle déterminant : c’est un lieu de débats et de discussions, et ses conseils sont souvent écoutés. Sur le terrain, les « veilleurs du Patrimoine » de Valenciennes sont nombreux et efficaces. Ils ont l’aide des pouvoirs publics lorsqu’une opération de police est nécessaire.

La rencontre de 2 associations sœurs.

C’est une étudiante en BTS Tourisme de Fénelon, Laetitia Cafede, qui a organisé la rencontre. Alain Cybertowicz, l’un des membres du CSPV, nous attendait devant l’écluse des Repenties. Après nous avoir présenté « l’Athènes du Nord », la ville « aux 14 rivières et aux 100 clochers », comme elle aime se nommer, il nous a guidés au travers des réalisations de son association. En commençant par l’entrée de la citadelle de Vauban .

Après une visite aux Chartriers, et à la maison achetée par le comité, rue de Paris, nous avions rendez-vous avec le président Jérôme Guilleminot et une jeune et dynamique conférencière de la bibliothèque municipale .

Bel exemple de l’intégration d’une verrière et d’un bâtiment contemporain dans une cour entourée de bâtiments des XVII e et XVIII e siècles… Après un repas convivial dans le centre ville, nous avons poursuivi la visite dans les vieilles rues. Un petit détour par la tour Dodaine nous a permis de constater que, face au pot de fer, la résistance est vaine… L’association n’a pas pu éviter, malgré toute sa volonté, l’édification d’un immeuble « hors norme » face au dernier vestige des remparts de Valenciennes.

En traversant le béguinage de Valenciennes nous avons pu constater que le nôtre est vraiment unique… Charmants petits ponts sur la Rhônelle, petites

En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org 7 places discrètes, burguets, maisons restaurées, petites cours « secrètes », nous ont ramenés vers la rue de Famars et le centre ville.

Si nos amis valenciennois ont de l’avance sur nous, s’ils bénéficient d’un meilleur soutien, leur Comité n’est pas très différent de l’ASPECambrai. Nous les recevrons volontiers pour leur faire découvrir la ville dont nous sommes si fiers !

Ce bulletin est en couleur sur www.aspecambrai.org

Coup de Gueule !

Au cœur de Cambrai, face à l'église Saint Géry sur une belle construction des années 30. Façade en briques de parement avec décor de briques vernissées autour des ouvertures dessinant un larmier ondulant. La traverse d'imposte moulurée est alignée sur le décor.

Posés sans déclaration, les nouveaux châssis en PVC ne respectent ni la mouluration, ni le cloisonnement, ni la forme de la baie et réduisent inutilement la surface vitrée.

Le Maire de Cambrai a ordonné l'arrêt des travaux en attendant l'avis de l'ABF requis dans ce secteur, mais les travaux se sont poursuivis et le propriétaire n'a toujours pas fait sa déclaration à la mairie…

8 En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org Les tableaux de l’ancienne chapelle des Jésuites de Cambrai Par André Leblon

Avant la révolution de 1789, les œuvres picturales étaient en vogue si l’on en juge par le nombre de toiles saisies dans l’ancien collège des jésuites !

L’inventaire effectué dans leur chapelle le 28 décembre 1791 par le sieur Cotteau, indique brièvement la présence « des débris en bois du maître autel, les métaux qui l’ornèrent ayant été retirés par le Directoire du District, plus le tableau dudit maître autel encore en place, 14 grands tableaux de même grandeur autour de l’église, 6 autres tableaux dont 2 aux petits autels, et 4 en médaillons ; une tribune, un orgue, le chœur entouré de staff, 10 confessionnaux. »

Nous retrouvons ces 20 tableaux avec plus de détails dans l’inventaire dressé en exécution de la lettre du département du 27 janvier 1792 avant leur transfert au muséum de l’abbatiale Saint Aubert. Grâce à ces nouvelles indications, nous connaissons le thème développé par chacun d’eux, et pour beaucoup, leur auteur.

Les premiers nous sont connus, car ils existent encore aujourd’hui .Ils représentent des scènes évangéliques : 1. La multiplication des pains ; 2. L’enfant Jésus disputant contre les docteurs dans le Temple. 3. La Madeleine lavant les pieds de Jésus. 4. La femme adultère. 5. La résurrection de Lazare. 6. Jésus chassant les marchands du Temple. 7. Le centurion. 8. La veuve de Naïm. 9. La Samaritaine. 10. Jésus marchand sur les eaux. 11. L’aveugle né. 12. Jésus guérissant les malades à la Piscine.

Toutes ces toiles étaient accrochées dans la chapelle des Jésuites dès 1703 , de chaque côté de la nef. Quant à leur auteur, il s’agit d’Arnould de Vuez , né près de Saint Omer en 1644, d’une famille originaire de Vérone en Italie. Après des études à Paris, il partit pour Rome et Venise. De retour à Paris, il fut reçu à l’Académie Royale de peinture et devint l’ami de Lebrun qui le présenta au roi. Il collabora aussi

En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org 9 avec Mansart. Le ministre Louvois l’envoya à Lille pour y faire un tableau. Sa renommée lui valut de nombreuses commandes émanant tant de particuliers que des communautés religieuses, ce qui l’amena à se fixer dans cette ville vers 1650. Il y créa une académie de peinture et y mourut en 1724 âgé de 82 ans. La chapelle des Jésuites possédait aussi 2 grandes toiles qui garnissaient le fond de la chapelle. La première représentait « Jésus appelant les enfants » et la seconde « Rendez à César ce qui appartient à César ». Cette dernière est signée et datée de 1744 . Toutes 2 ont pour auteur Bernard Joseph Wampe (1689-1750) élève de Vuez qui continua l’œuvre de son maître dans les établissements religieux, notamment à l’abbaye d’Anchin. Il fut grand prix de Rome en 1715.

Après la Révolution, les 14 grands tableaux dont il vient d’être question, furent affectés en 1804 à l’église Saint Géry- Saint Aubert, rendue au culte.

Cette situation se prolongea jusqu’en 1958 , date à laquelle l’ancienne chapelle des Jésuites, devient « musée d’art sacré ». Le directeur départemental des antiquités autorisa alors leur retour dans leur lieu primitif. Toutefois "La piscine " de Vuez, et le "denier à César " de Wampe demeurèrent à Saint Géry.

Que sont devenues les 7 autres toiles de la chapelle indiquées dans l’inventaire de 1792 ?

« Le Jésus en croix, la Vierge et Saint Jean bordure dorée avec ornements », le plus haut de tous les tableaux, était à l’évidence celui du maître autel. Œuvre d’Arnauld de Vuez, il a aujourd’hui disparu.

Quant aux 6 derniers, ils sont regroupés en 3 paires. Ayant respectivement 9 pieds, 6 pieds et 4 pieds de hauteur. Par ailleurs, l’inventaire de 1791 fait état de « six autres tableaux dont 2 aux petits autels et 4 en médaillons ». La tradition consacre l’autel de gauche à Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, celui de droite, à Saint François Xavier, patron des Missions. Les sculptures des murs au dessus des chapelles latérales soulignent les caractéristiques du personnage peint dans le médaillon. Au dessus de la chapelle latérale de gauche, une peinture de forme ovale représente donc Saint Ignace terrassant la calomnie, l’ambition et l’idolâtrie. Le décor sculpté met en exergue le rôle important joué par le fondateur de l’ordre dans le domaine de la Foi, l’Espérance et la Charité. En dessous, une autre

10 En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org toile représente « Saint Ignace dans le désert et la Vierge tenant l’Enfant

Jésus ».

L’autel de droite est dédié à Saint François Xavier, patron des Missions. Le décor sculpté évoque les peuples du monde auxquels doit être porté le message de l’Evangile. La toile ovale représente « Saint François Xavier recevant la croix de Dieu le Père dans les airs ». Celui de l’autre autel, « Saint François, Jésuite Missionnaire prêchant le peuple indien ».

Ces 4 tableaux décorant les 2 chapelles ont été peints « à la manière de Lebrun » et ont pour auteur Vouët de l’académie française. Simon Vouët (1590-1649) fut sans doute le créateur du style baroque français. Premier peintre du roi Louis XIII qui le logea au Louvre, il fit, outre des portraits, de nombreuses compositions religieuses pour les églises de Paris. Charles Lebrun fut son élève. Les 4 toiles de Vouët avaient disparu depuis longtemps lorsqu’en 1836 on découvrit dans l’église d’Honnecourt un vieux tableau en lambeaux, qui, malgré sa qualité remarquée par des amateurs, semblait voué à une prochaine Remplages dégradés par les infiltrations destruction.

Un jeune artiste cambrésien, Antoine Saint-Aubert , loin de se décourager, racheta les morceaux peints, les rapporta dans son portefeuille et entreprit leur restauration. C’était l’un des tableaux de Vouët : « Saint Ignace terrassant l’idolâtrie » Le chanoine Thénard en fit l’acquisition et le donna au séminaire qui occupait à cette époque l’ancien collège des Jésuites. Le tableau reprit alors sa place primitive.

La toile faisant son pendant dans la chapelle de droite, « Saint François Xavier reçoit la croix de Dieu », ne fut malheureusement pas retrouvée. Elle fut remplacée en 1893 par une peinture représentant le « Triomphe de Saint Vincent de Paul », œuvre du Cambrésien Pierre Lebrun.

On peut regretter que cette œuvre nouvelle ne soit plus en concordance avec le message que veut donner l’ensemble décoratif qui l’entoure et qui, nous l'avons vu, évoque les missions dans les quatre parties du monde. Par ailleurs, il est certain que les 4 peintures attribuées à Vouët n’ont pas été réalisées pour cette chapelle, l’auteur étant décédé longtemps avant l’érection de cette dernière. Cependant le choix des personnages représentés montre à l’évidence que l’auteur les avait peints pour les Jésuites. L’hypothèse la plus probable est qu’ils décoraient l’ancienne chapelle construite en 1576, et ont été réutilisés dans la nouvelle. En savoir plus, ou télécharger les bulletins sur aspecambrai.org 11

Reste 2 toiles plus petites, de forme ovale, placées de chaque côté de l’autel majeur. Leur sujet leur assigne logiquement leur place : à gauche, « Le portrait de Saint Ignace » ; à droite « Les 3 martyrs du Japon ». Leur auteur n’est pas indiqué, et l’une et l’autre ont disparu. LE PRIX D'UN TABLEAU.

Rappelons pour mémoire, un Estimations Drouot-Richelieu. tableau placé dans le fond de la Œuvres d'Arnould de Vuez. Le passage de chapelle au XIXe siècle, et qui par la mer rouge huile sur toile de 81cm x conséquent ne concerne pas le 103cm a été estimée 6000/8000 €. Une patrimoine laissé par les Jésuites. Il autre toile, paysage à l'antique animé de a pour thème « Saint Vincent de musiciens et personnages dansant, huile Paul en 1640, suppliant Richelieu sur toile 85 x 135 cm: 5000/6000€. de rétablir la Paix ». Il fut peint Une étude : Jésus et les disciples pour le Grand Séminaire en 1835 d’Emmaüs, crayon noir et rehauts de craie par un artiste parisien, grand prix blanche, 23,5 x 32,6 cm, coins déchirés, de Rome, Etienne Barthélémy pli ures , à 800/1000 €. Garnier.

Dans quel état se trouvent aujourd’hui ces tableaux ?

Salis par la poussière, abîmés par l’humidité, dégradés par les pigeons dont les déjections acides sont une catastrophe, ils ont subi les méfaits du manque d’intérêt et de soin. Ils constituent cependant une richesse considérable.

Témoignages de la vie religieuse dans notre Quelques ramiers indélicats, ayant apprécié l'œuvre ville, héritage de la d'Arnould de Vuez ont laissé ici leur agressive signature. présence des Jésuites à Cambrai, mais aussi trésor artistique, sans parler de leur valeur vénale, ils méritent que les Cambrésiens les sortent de leur oubli.

La Ville a déjà beaucoup œuvré en refaisant la toiture et en bouchant les ouvertures qui permettaient aux volatiles d’y élire domicile. Il faut maintenant trouver des solutions pour sauver ce magnifique patrimoine, à l’intérieur de la chapelle.

Ont collaboré à ce numéro : Laetitia Cafede, Michel Dumoulin, Ann Graus, Bernard Héloir, André Leblon et Marie Paule Verchain.

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