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Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de DIRECCTE la consommation, du travail et de l’emploi de Haute-Normandie

La précarité sur le marché du travail en Haute-Normandie : les formes particulières d’emploi recouvrent des visages différents selon les territoires

n Haute-Normandie, en 2006, les salariés occupent un peu plus fréquem- ment des emplois précaires que dans l’ensemble de la métro- Epolitaine. Les femmes connaissent plus souvent cette situation que les hommes. C’est aussi le cas des jeunes, dans la mesure où les premiers emplois sont généralement précaires. En Haute-Normandie, ces emplois sont plus sou- vent des emplois temporaires et moins souvent des emplois à durée déterminée.

Au niveau local, la proportion d’emplois précaires, mais aussi la structure de l’emploi précaire selon la condition d’emploi fluctuent assez sensiblement selon les territoires. On identifie des zones géographiques contrastées selon la plus ou moins forte présence de l’emploi stable, de l’emploi à durée déterminée, de l’emploi temporaire, des emplois aidés, de l’apprentissage et des stages rému- nérés. L’emploi précaire est notamment plus fréquent dans l’extrémité est de la -Maritime, une partie de l’agglomération rouennaise et l’ouest de l’Eure.

Pour chaque genre, une typologie des cantons haut-normands en fonction de la structure de l’emploi salarié selon la condition d’emploi est élaborée. Il res- sort que la situation comparée des hommes et des femmes sur les marchés locaux du travail est assez différente dans un certain nombre de territoires.

Graphique 1 : Un salarié haut-normand sur six occupe un emploi n 2006, les salariés occupent un précaire en 2006 Epeu moins souvent un emploi stable en Haute-Normandie que dans l’ensemble de la France métro- emplois stables 8,8 politaine (respectivement 84,1 % et % 85,0 %). Bien qu’elle soit proche de la emplois à durée 3,0 moyenne nationale, cette proportion % déterminée ne place la Haute-Normandie qu’au 1,4% 2,7 emplois temporaires 18ème rang des régions françaises. La % proportion d’emplois stables s’éche- emplois aidés lonne de 82,7 % en Languedoc-Roussillon 84,1% à 87,2 % en Ile de France. Par rapport stages rémunérés et aux autres régions métropolitaines, apprentissage la situation de la Haute-Normandie est de ce point de vue plus favo- rable pour les hommes que pour les Source : Insee, RP 2006 exploitation principale Unité : % femmes. Pour les hommes, la part Champ : Haute-Normandie régionale d’emplois stables se situe

Ten Info n° 64 - avril 2010 - presque au niveau national (respecti- Tableau 1 : Des conditions d’emploi différentes pour les hommes et vement 85,6 % et 86 %) et la Haute- les femmes Normandie occupe le 13ème rang. En Hommes Femmes Ensemble ce qui concerne l’emploi stable fémi- nin, la région n’occupe que le 20ème Nombre % Nombre % Nombre % rang, avec 82,4 % d’emplois stables Emplois stables 302 767 85,6 264 379 82,4 567 146 84,1 contre 84,0 % en moyenne nationale. Emplois à durée 22 687 6,4 36 696 11,4 59 383 8,8 Les femmes occupent plus déterminée souvent des emplois précaires que les hommes Intérim 13 473 3,8 6 922 2,2 20 395 3,0

En 2006, 15,9 % des salariés haut- Emplois aidés 3 150 0,9 6 117 1,9 9 267 1,4 normands occupent un emploi pré- caire. Les emplois à durée détermi- Stages et 11 657 3,3 6 816 2,1 18 473 2,7 née représentent plus de la moitié apprentissage des emplois précaires, les emplois temporaires un cinquième, les Ensemble 353 734 100,0 320 930 100,0 674 664 100,0 stages rémunérés en entreprise et Source : Insee, RP 2006 exploitation principale Unité : % l’apprentissage un sixième et les em- Champ : Haute-Normandie plois aidés un onzième (graphique 1).

En Haute-Normandie, en 2006, 17,6 % des femmes salariées occupent un Graphique 2 : La majorité des salariés s’insèrent progressivement emploi précaire contre 14,4 % des dans l’emploi stable hommes (tableau 1). Les emplois pré- 100% caires des hommes et des femmes 90% sont aussi différents. Les femmes occupent plus souvent des emplois 80% à durée déterminée que les hommes 70% (respectivement 11,4 % et 6,4 %). Le travail temporaire est au contraire 60%

plus fréquent pour les hommes que 50% pour les femmes (3,8 % et 2,2 %). La proportion d’apprentis et de sta- 40% giaires est également plus élevée pour 30% les hommes que pour les femmes 20% (3,3 % et 2,1 %). Enfin, les femmes sont plus concernées par les emplois aidés : 10% 1,9 % d’entre elles occupe ce type 0% d’emploi contre 0,9 % des hommes. Moins de 20 ans De 20 à 24 ans De 25 à 39 ans De 40 à 54 ans De 55 à 64 ans Apprentissage Emplois temporaires Emplois aidés La proportion de salariés en emploi Stages Emplois à durée déterminée Emplois stables précaire varie selon les tranches Source : Insee, RP 2006 exploitation complémentaire Unité : % d’âges. Parce qu’ils sont souvent en Champ : Haute-Normandie phase d’insertion professionnelle, les jeunes sont particulièrement concernés (graphique 2). Ainsi, chez les moins de 20 ans, 78 % des sala- riés occupent des emplois précaires,

1 Aussi appelés contrats à durée déterminée 2 Aussi appelés contrats d’intérim ou travail intérimaire

Ten Info n° 64 - avril 2010 - 2 Graphique 3 : La Haute-Normandie se place au premier rang pour l’emploi temporaire et un peu en deçà de la moyenne nationale pour l’emploi à durée déterminée

Source : Insee, RP 2006 exploitation principale Unité : % notamment du fait que la moitié de ces salariés C’est entre 20 et 24 ans que l’emploi à durée détermi- sont des apprentis. Dans la tranche d’âge des 20 née et l’emploi temporaire sont les plus fréquents. A ces à 24 ans, la proportion des emplois précaires est âges, 17 % des salariés sont en emploi à durée détermi- de 44 %. Dans cette tranche d’âge, 22 % des sala- née et même 22 % des femmes. Ils sont aussi 11 % à oc- riés occupent des emplois à durée déterminée, 9 % cuper un emploi temporaire. Néanmoins, malgré l’accès des emplois temporaires et 8 % sont des apprentis. progressif de la plupart des salariés à l’emploi stable, une partie d’entre eux reste sur des emplois précaires à Progressivement, une majorité de salariés accè- des âges plus avancés. Ainsi, 9 % des 25 à 39 ans et 6 % dent à l’emploi stable : ils sont 86 % parmi les 25 à 39 des 40 ans et plus occupent des emplois à durée déter- ans et 92 % chez les 40 à 64 ans. Néanmoins, dans minée. Ces proportions atteignent respectivement 11 % et chaque tranche d’âge, les femmes occupent un peu 8,5 % pour les femmes. De même, 3 % des 25 à 39 ans oc- moins souvent un emploi stable que les hommes. cupent un emploi temporaire et 1,5 % des 40 ans et plus.

Forme d’emploi liée à l’insertion professionnelle des Les jeunes occupent plus souvent des emplois ai- jeunes, l’apprentissage devient marginal dès l’âge de dés : ils sont 4 % dans ce cas, contre 1 % des 25 ans et plus. 25 ans. Représentant les deux tiers des apprentis, les hommes sont majoritaires et entrent plus jeunes en La Haute-Normandie, numéro un du travail apprentissage que les femmes. On compte ainsi 67 % temporaire d’apprentis âgés de moins de 20 ans chez les hommes contre 46 % chez les femmes. Les stagiaires représentent La Haute-Normandie se place au cinquième rang des 2 % des jeunes salariés et 0,2 % des salariés âgés de 25 régions françaises pour la proportion d’emplois sala- ans et plus. Néanmoins, une partie des stagiaires est re- riés précaires, derrière le Languedoc-Roussillon et trois lativement âgée : 38 % d’entre eux ont au moins 25 ans. régions de l’ouest : Poitou-Charentes, Pays-de-la-Loire

3 Ten Info n° 64 - avril 2010 - Carte 1 : proportion d’emplois stables Carte 2 : proportion d’emplois à durée déterminée

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

et Bretagne. Ce classement est notamment impu- Selon les régions, la proportion d’emplois précaires varie table au premier rang que la Haute-Normandie occupe relativement peu. En revanche, la structure de l’emploi pour la proportion des emplois temporaires. Celle-ci précaire selon la condition d’emploi est plus variable. atteint 3,0 % contre 2,1 % en France métropolitaine. Les emplois temporaires sont plus présents dans les ré- gions industrielles comme la Haute-Normandie, et les La Haute-Normandie compte aussi proportionnelle- emplois à durée déterminée le sont plus dans les régions ment plus d’apprentis et de stagiaires, en lien avec plus orientées vers le secteur tertiaire (graphique 3). la part de l’industrie dans l’emploi régional. L’indus- trie recourt en effet largement à l’apprentissage. Avec La proportion d’emplois stables varie selon les 2,7 % de ses salariés dans ce cas, la région figure au territoires second rang national derrière les Pays-de-la-Loire.

Au sein de la Haute-Normandie, la structure de l’em- La proportion d’emplois à durée déterminée se situe un peu ploi salarié selon la condition d’emploi varie selon en deçà de la moyenne nationale (respectivement 8,8 % et les territoires. Selon les cantons, en 2006, la pro- 9,2 %). Selon ce critère, la Haute-Normandie se place au portion d’emplois stables s’étage de 78,0 % à Val- 14ème rang des régions françaises. L’emploi à durée déter- de-Reuil à 91,6 % à Evreux-ouest. L’analyse de cette miné est moins fréquent pour les hommes : 6,4 % des haut- proportion fait ressortir plusieurs zones (carte 1). normands sont dans ce cas contre 7,3 % en moyenne natio- nale. La région se place au 20ème rang de ce point de vue. Dans certains territoires, plus de 86 % des salariés occupent un emploi stable. La part des emplois stables est notam- La fréquence de l’emploi aidé est proche de la moyenne na- ment plus élevée qu’en moyenne dans une bande continue tionale : avec 1,4 % des salariés dans cette condition d’em- traversant la région du nord au sud : ce territoire s’étend de ploi, la Haute-Normandie occupe le 14ème rang national. la région dieppoise (ville de exclue) à Verneuil-sur-

3 Cette zone est formée par les cantons d’, Dieppe-est, Bacqueville-en-Caux, Longueville-sur-, Tôtes, , Notre-Dame-de-Bondeville, Clères, Saint-Saëns, Buchy, , Lyons-la-Forêt, Étrépagny, , Écos, les Andelys, Gaillon-campagne, Vernon-nord, Vernon-sud, Évreux-ouest, Évreux- sud, Pacy-sur-Eure, Saint-André-de-l’Eure, Damville, Nonancourt et Verneuil-sur-Avre.

Ten Info n° 64 - avril 2010 - 4 Carte 3 : proportion d’emplois à durée déterminée étudiants. Cette convention fait donc apparaître, toutes - hommes choses égales par ailleurs, une part d’emplois stables moindre dans les villes universitaires comme . Pour , également ville universitaire, la part d’emplois stables se situe aussi dans la fourchette basse (82,6 %).

Les emplois précaires ne sont pas les mêmes selon les territoires

L’importance relative de l’emploi précaire, mais aussi les formes qu’il revêt, varie également selon les territoires. La proportion de salariés qui occupe des emplois à du- rée déterminée s’étage ainsi de 4,3 % à Évreux-ouest et 4,8 % à Buchy à 14,1 % à Évreux-est et 13,5 % à Dieppe. Cette proportion est également plus élevée dans une partie du Pays-de-Bray formée des cantons de Blangy-sur- , Londinières, , Neufchâtel-en-Bray, Forges- les-Eaux et Argueil (carte 2). Les salariés occupent aussi plus fréquemment ce type d’emploi à Dieppe, dans cer- tains cantons du littoral cauchois (Fontaine-le-Dun, Saint-Valéry-en-Caux et Ourville en Caux), à Fécamp, au Havre, dans l’agglomération rouennaise et au sud de celle-ci, à Evreux et dans certains cantons de l’ouest de l’Eure (Pont-Audemer, Bernay, Beaumesnil, Breteuil). Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

Avre3, en contournant la région rouennaise par l’est. Les Les cartes de l’emploi à durée déterminée selon le genre emplois sont aussi plus souvent stables dans une partie sont en outre très différenciées du fait que ces emplois du Pays-de-Caux, formée par les cantons de , sont majoritairement occupés par des femmes. En effet, Saint-Romain-de-Colbosc, Criquetot-L’Esneval, , les femmes salariées occupent 61,8 % des emplois à durée Valmont et Cany-Barville, mais excluant Fécamp. A l’ouest déterminée contre 47,6 % de l’ensemble des emplois sala- de l’agglomération rouennaise, un autre territoire compo- riés. Les territoires où les hommes occupent plus souvent sé par les cantons de Caudebec-en-Caux, Routot, Grand- des emplois à durée déterminée sont les mêmes que ceux, Couronne, Bourgtheroulde et Amfreville-la-Campagne précédemment énumérés, où la proportion globale d’em- présente également cette caractéristique. De même, les plois à durée déterminée est la plus élevée (carte 3). La salariés résidant dans les cantons de Boos, Cormeilles et carte de la part des emplois à durée déterminée occupés Bernay-ouest disposent plus souvent d’un emploi stable. par des femmes (carte 4) fait apparaître de larges terri- toires où cette part dépasse 12 %. On trouve ici le nord-est A l’inverse, moins de 82 % des salariés occupent un em- de la Seine-Maritime, une zone triangulaire longeant la ploi stable à Dieppe, Blangy-sur-Bresle, Londinières, Rouen, côte dans le , Dieppe, Le Havre, l’aggloméra- Le Petit-Quevilly, Saint-Etienne-du-Rouvray, , Pont- tion rouennaise et les cantons de Longueville-sur-Scie et Audemer, Brionne, Bernay, Beaumesnil, Évreux, Évreux-est, d’Argueil en Seine-Maritime. Dans l’Eure, les femmes sont Gaillon, Val-de-Reuil et Louviers. Les actifs qui résident aussi souvent en emploi à durée déterminée dans la zone dans ces territoires sont plus souvent des ouvriers ou des de Louviers et Val-de-Reuil, à Évreux, dans les territoires employés, catégories socioprofessionnelles dont les emplois compris entre Beuzeville et Montfort-sur-Risle, et dans sont moins souvent des emplois stables. Paradoxalement, une zone comprise entre Bernay et Breteuil d’autre part. on trouve aussi Rouen et Évreux dans ce groupe, dont les actifs résidants sont plus souvent des cadres ou des pro- Dans les territoires où la proportion d’emplois à durée dé- fessions intermédiaires. En fait, en 2006 les étudiants terminée est plus forte, ces emplois se concentrent plu- qui occupent parallèlement à leurs études un emploi sa- tôt dans certains secteurs qui varient selon les territoires larié, généralement à temps partiel et à durée détermi- concernés. Il s’agit des industries agricoles et alimen- née, sont comptabilisés comme salariés et non comme taires et de l’action sociale dans le Pays de Caux autour

5 Ten Info n° 64 - avril 2010 - Carte 4 :Proportion d’emplois à durée déterminée Carte 5 : Proportion d’emplois temporaires - femmes

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

de Fécamp, des activités récréatives à Forges-les-Eaux, tallurgie, de la construction électrique et de l’industrie du commerce et de l’action sociale à Dieppe. La palette pharmaceutique, activités qui recourent beaucoup à l’in- de ces activités est plus large en milieu urbain comme térim. Le travail temporaire est aussi très fréquent dans au Havre, dans la région rouennaise ou à Évreux, où elle d’autres territoires du fait d’implantations industrielles comprend en plus les services aux entreprises. Dans les qui emploient de nombreux intérimaires comme à Gaillon territoires de l’Eure, une forte proportion d’emplois à (industries des produits intermédiaires), Pont-Audemer durée déterminée est souvent associée à l’implanta- (plasturgie, construction électronique), Brionne (indus- tion d’un établissement de l’industrie pharmaceutique. trie du papier) et Beaumont-le-Roger (construction élec- tronique). Dans l’ensemble de ces territoires, plus de L’emploi féminin à durée déterminée est moins fréquent 4,5 % des salariés occupent un emploi temporaire en dans certains territoires plutôt résidentiels, où résident 2006. A contrario, ce type d’emploi est particulièrement les actifs les plus qualifiés, cadres et professions inter- rare dans une zone rurale qui s’étend en Seine-Maritime médiaires. Il s’agit des espaces périurbains nord, ouest d’Argueil au littoral, entre Valmont et Saint-Valéry-en- et sud de Rouen, des espaces périurbains du Havre Caux. Les cartes de la proportion de salariés en emploi tem- et de certains cantons limitrophes de l’Ile de France. poraire se différencient aussi nettement selon le genre.

L’emploi temporaire est plus fréquent dans Moins répandu, les femmes n’occupent que 33,9 % de ces l’Eure emplois en 2006, l’emploi temporaire féminin se rencontre plus souvent en périphérie rouennaise d’Elbeuf à Fleury- Les salariés qui résident dans l’Eure occupent plus sou- sur-, à Gaillon et en milieu rural de Beaumesnil au vent un emploi temporaire que ceux de Seine-Maritime Neubourg (carte 6). Dans ces territoires, les emplois tempo- (carte 5). La zone de Louviers – Val-de-Reuil – Fleury-sur- raires occupés par les femmes relèvent principalement des Andelle est typique de cette forme d’emploi, notamment industries des équipements électriques, de la plasturgie, du fait de la forte implantation de la plasturgie, de la mé- du caoutchouc, de la pharmacie, mais aussi des industries

Ten Info n° 64 - avril 2010 - 6 Carte 6 : Proportion d’emplois temporaires Carte 7 : Proportion d’emplois temporaires - hommes - femmes

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES agricoles et alimentaires et de la construction électrique. L’apprentissage est plutôt typique de territoires L’emploi temporaire masculin est spatialement beau- ruraux orientés vers l’artisanat coup plus diffus et se rencontre plus souvent dans des territoires industriels (carte 7). Ainsi, en 2006, plus de 4,5 % L’apprentissage combine formation professionnelle et des hommes salariés occupent un emploi temporaire au emploi. Cette forme d’emploi relève de l’emploi précaire Havre et à Gonfreville-l’Orcher (complexe industrialo- dans la mesure où une proportion non négligeable des portuaire), mais aussi autour de Port-Jérôme dans une contrats d’apprentissage sont rompus avant leur terme. zone allant de à Pont-Audemer. Plus souvent peu- La carte de la proportion d’apprentis fait ressortir des plés par des ouvriers, les cantons situés au sud, à l’est et zones nettement différenciées sur ce plan (carte 8). En au nord-ouest de l’agglomération rouennaise (Elbeuf-sur- Seine-Maritime, celle-ci est plus faible dans une zone qui Seine, Caudebec-les-Elbeuf, Saint-Étienne-du-Rouvray, Sot- s’étend le long du littoral et vers l’intérieur entre Cany- teville-les Rouen, Le Petit-Quevilly, et ) Barville et Londinières, Dieppe exceptée. Cette proportion sont aussi dans ce cas. Comme pour les femmes, la zone qui est en outre nettement en retrait à Saint-Saëns et à Bois- s’étend de Louviers à Fleury-sur-Andelle compte aussi pro- Guillaume. Dans l’Eure, l’apprentissage est plus fréquent portionnellement plus d’hommes en emploi temporaire. au sein d’un territoire en forme de U inversé qui s’étend Un territoire formé des cantons de Bernay-est, Beaumont- de Broglie à Pacy-sur-Eure, en passant par Pont-Audemer le-Roger et Brionne présente aussi cette caractéristique, et Damville, mais excluant la région d’Évreux. Les terri- ainsi que les villes d’Évreux, de Vernon, et le canton d’Eu. toires où l’apprentissage est plus présent comportent généralement un système productif plus orienté vers l’artisanat, notamment alimentaire et de la construction. On trouve aussi des territoires très industriels comme Gonfreville-l’Orcher dans la mesure où certains grands établissements industriels forment aussi des apprentis.

7 Ten Info n° 64 - avril 2010 - Carte 8 : proportion d’apprentis Carte 9 : proportion d’emplois aidés

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

Leur proportion atteint 1,2 % des salariés à Rouen, soit Des territoires très divers comptent proportion- le triple de la moyenne régionale, probablement du fait nellement plus d’emplois aidés que de nombreux étudiants y sont domiciliés. A l’issue de leurs études, ils effectuent souvent leurs premiers pas La proportion de salariés qui occupent des emplois sub- dans la vie active en effectuant des stages rémunérés. ventionnés par l’Etat apparaît plus élevée qu’en moyenne régionale dans des territoires aux caractéristiques parfois Les territoires de la précarité ne sont pas les très différentes (carte 9). C’est d’une part le cas de zones mêmes pour les hommes et les femmes très rurales, où peu d’établissements de taille substantielle sont implantés, comme à Broglie ou à Thiberville dans En synthèse de cette étude, on peut chercher à caractéri- l’ouest de l’Eure, mais aussi des territoires en déclin indus- ser les territoires en fonction des spécificités de la struc- triel comme Fécamp, Dieppe ou la vallée de l’Austreberthe. ture de l’emploi salarié selon la condition d’emploi, qui On trouve également des zones urbaines où les actifs renvoient à des types de fonctionnement différents du les moins qualifiés sont touchés par l’exclusion sociale, marché du travail. Dans ce but, on a élaboré une typologie notamment en zone urbaine sensible comme à Rouen, des cantons haut-normands au regard de la structure de Maromme, Elbeuf-sur-Seine ou Le Havre. Les emplois ai- l’emploi salarié selon la condition d’emploi en 2006 pour dés sont souvent occupés par des femmes, du fait d’un chaque genre (voir l’encadré méthodologique). Pour les accès particulièrement difficile à l’emploi, du fait d’un dé- hommes comme pour les femmes, cinq classes se font ficit d’emplois tertiaires en milieu rural ou de fortes pertes jour. On identifie ainsi, pour chaque genre, cinq ensembles d’emploi industriels dans des zones en reconversion. de territoires qui possèdent des spécificités comparables (tableaux 2 et 3). Les classes de type 1 regroupent des can- Les stagiaires sont proportionnellement plus nom- tons dont la structure de l’emploi salarié selon la condition breux en Seine-Maritime et dans le nord-est de l’Eure. d’emploi s’écarte peu de la moyenne régionale. Un second

Ten Info n° 64 - avril 2010 - 8 type concerne les territoires où l’emploi stable est plus ré- emplois stables et les femmes plus souvent des emplois pandu. Un troisième regroupe des zones où à la fois les précaires qu’en moyenne régionale (tableau 4). Si la situa- emplois temporaires et les emplois à durée déterminée tion des hommes est dans la tendance régionale pour les sont plus fréquents. Dans un quatrième type de territoires, hommes à Beaumont-le-Roger, Conches-en-Ouche, Rugles, toutes les formes d’emplois précaires sont très présentes. Pont-de-l’Arche, Louviers-sud, Bolbec, Eu, , Our- La cinquième classe s’interprète différemment selon le ville-en-Caux, Aumale et Saint-Valéry-en-Caux, les femmes sexe. Pour les hommes, l’apprentissage est nettement y sont plus souvent confrontées qu’ailleurs à l’emploi pré- plus fréquent dans ce groupe tandis que la fréquence des caire. Une situation assez comparable mais avec une plus autres conditions d’emploi se situe dans la moyenne ré- grande fréquence de l’apprentissage pour les hommes gionale. Pour les femmes, les cantons qui composent la se retrouve au Neubourg, à Broglie, Montfort-sur-Risle, cinquième classe comportent plus d’emplois à durée dé- Thiberville, Fauville-en-Caux, et Blangy-sur-Bresle. terminée et d’emplois aidés. Les cartes 10 et 11 permettent de visualiser les territoires qui se rattachent à ces classes. Plus rarement, la situation des femmes est en moyenne plus favorable que celle des hommes Par ailleurs, les territoires qui se rattachent à chacun de ces comme à Évreux-est ou Saint-André-de-l’Eure. quatre premiers types de fonctionnement du marché du travail ne se recoupent pas nécessairement4 . Ainsi, dans Une zone au sud-est de l’agglomération rouen- les cantons d’Argueil, de Beaumesnil, de Bernay-est et de naise qui s’étend d’Elbeuf-sur-Seine à Gaillon se ca- Fontaine-le-Dun, les hommes occupent plus souvent des ractérise par une proportion plutôt élevée d’emplois

Tableau 2 : Typologie cantonale de l’emploi salarié masculin selon la condition d’emploi

Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Haute Normandie Dans la Emplois Emplois Emplois Apprentis- tendance stables temporaires, aidés, sage Spécificités régionale emplois à appren- durée tissage, déterminée emplois à durée déterminée, stages Poids dans l’emploi salarié régional 22,3 31,3 30,9 8,9 6,6 100,0 Emplois stables 86,7 89,1 83,0 80,8 85,9 85,7 Emplois à durée déterminée 5,7 4,9 7,7 10,4 5,5 6,5 Emplois temporaires 3,8 2,6 5,2 3,0 2,9 3,7 Emplois aidés 0,8 0,6 1,1 1,6 0,9 0,9 Apprentissage 2,8 2,5 2,6 3,2 4,4 2,8 Stages 0,2 0,3 0,4 1,0 0,4 0,4

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Unité : %

Note de lecture : les salariés masculins de la classe 1 représentent 22,3 % des salariés masculins haut-normands. Parmi les salariés de la classe 1, 86,7 % occupent un emploi stable en 2006.

4 Environ la moitié des cantons se rattachent à des classes dont l’interprétation est comparable pour les hommes et les femmes

9 Ten Info n° 64 - avril 2010 - Tableau 3 : Typologie cantonale de l’emploi salarié féminin selon la condition d’emploi

Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Haute Normandie Dans la Emplois Emplois Emplois Emplois tendance stables temporaires, aidés, à durée Spécificités régionale emplois à appren- déterminée, durée tissage, emplois déterminée emplois à aidés durée déterminée, stages Poids dans l’emploi salarié régional 16,7 32,9 9,7 17,3 23,4 100,0 Emplois stables 83,4 86,5 78,7 79,9 80,4 82,6 Emplois à durée déterminée 11,5 9,1 12,1 13,0 13,6 11,5 Emplois temporaires 1,5 1,8 5,3 1,8 2,0 2,1 Emplois aidés 1,8 1,2 1,8 2,3 2,1 1,8 Apprentissage 1,4 1,2 1,7 2,3 1,5 1,6 Stages 0,4 0,2 0,4 0,7 0,4 0,4

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Unité : %

Note de lecture : les salariés féminins de la classe 1 représentent 16,7 % des salariés féminins haut-normands. Parmi les salariés de la classe 1, 83,4 % occu- pent un emploi stable en 2006. Carte 10 : Typologie cantonale de l’emploi salarié Carte 11 : Typologie cantonale de l’emploi salarié masculin selon la condition d’emploi féminin selon la condition d’emploi

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES Selon les classes, les conditions d’emploi suivantes sont les plus fréquentes : Selon les classes, les conditions d’emploi suivantes sont les plus fréquentes : Classe 1 : dans la tendance régionale Classe 1 : dans la tendance régionale Classe 2 : emplois stables Classe 2 : emplois stables Classe 3 : emplois temporaires, emplois à durée déterminée Classe 3 : emplois temporaires, emplois à durée déterminée Classe 4 : emplois aidés, apprentissage, emplois à durée déterminée, stages Classe 4 : emplois aidés, apprentissage, emplois à durée déterminée, stages Classe 5 : apprentissage Classe 5 : emplois à durée déterminée, emplois aidés

Ten Info n° 64 - avril 2010 - 10 Tableau 4 : Croisement des typologies cantonales de l’emploi salarié selon la condition d’emploi par genre Emploi masculin Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5 Spécificités Dans la Emplois Emplois Emplois aidés, Apprentissage tendance régio- stables temporaires, apprentissage, nale emplois à emplois à durée durée déterminée déterminée, stages Classe 1 Dans la Beuzeville, Cany-Barville, , Duclair, , tendance Darnétal, Gour- , Saint-Saëns, Vernon Neufchâtel-en- régionale nay-en-Bray, le Sotteville-les-Rouen, Bray. Grand-Quevilly, Valmont. Mont-Saint- Aignan, , Tôtes

Classe 2 Emplois Dieppe-est, Amfreville-la-Cam- Evreux-Est Saint-André- stables Grand-Couronne, pagne, Bacqueville-en- de-l’Eure Louviers-nord, Caux, Bernay-ouest, Notre-Dame-de- Bois-Guillaume, Boos, Bondeville, Pacy- Bourgtheroulde- sur-Eure, Quille- Infreville, Buchy, beuf-sur-Seine, Caudebec-en-Caux, Saint-Georges-du- Clères, Cormeilles, Vièvre. Criquetot l’Esneval, Damville, Écos, Étré- pagny, Évreux-nord, Évreux-ouest, Évreux- sud, Gaillon-campagne, Gisors, Goderville, 6ème canton du Havre, Les Andelys, Longue- ville-sur-Scie, Lyons-

Emploi féminin la-Forêt, Montivilliers, Nonancourt, Offranville, Routot, Saint-Romain de Colbosc, Verneuil- sur-Avre, Vernon-nord, Vernon-sud, Yerville.

Classe 3 Emplois tem- Beaumont-le- Caudebec-les- Le Neubourg poraires, em- Roger, Conches-en- Elbeuf, Elbeuf- plois à durée Ouche, Pont-de- sur-Seine, déterminée l’Arche. Fleury-sur- Andelle, Gaillon, Lou- viers, Val-de- Reuil. Classe 4 Emplois aidés, Bolbec, Eu, Brionne, Bernay, Forges- Broglie, Fau- apprentissage, Lillebonne, Dieppe, Gon- les-Eaux, ville-en-Caux, emplois à Ourville-en-Caux. freville-l’Orcher Rouen. Thiberville, durée détermi- Yvetot. née, stages Classe 5 Emplois à Aumale, Louviers- Argueil, Beaumesnil, Breteuil, Fécamp, Londi- Blangy-sur- durée détermi- sud, Rugles, Saint- Bernay-est, Fontaine- Évreux, Le nières. Bresle, Mont- née, emplois Valéry-en-Caux. le-Dun. Havre, Le fort-sur-Risle. aidés Petit-Quevilly, Maromme, Pont-Audemer, Saint-Etienne- du-Rouvray. Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

11 Ten Info n° 64 - avril 2010 - Les femmes qui occupent des emplois Carte 12 : Proportion de femmes salariées qui précaires et à temps partiel occupent des emplois précaires et à temps partiel Les femmes sont largement majoritaires parmi les sa- lariés qui occupent des emplois à temps partiel. Cer- tains emplois, précaires et à temps partiel, exposent particulièrement les salariés qui les occupent à des rémunérations faibles. En 2006 en Haute-Normandie, 3,6 % des hommes et 7,8 % des femmes occupent des emplois de ce type. Cette proportion est supérieure à 11 % à Dieppe, Fontaine-le-Dun et Saint-Valéry-en-Caux. Les femmes occupent aussi plus souvent des emplois précaires et à temps partiel dans certains cantons du , du Pays de Caux et dans l’ouest de l’Eure. On trouve aussi des espaces urbains comme au Havre, dans une grande partie de l’agglomération rouennaise et à Louviers, Val-de-Reuil, Gaillon et Évreux. Dans le sud-est de l’Eure, certains territoires au nord de Rouen et à l’ouest de l’Eure, moins de 6 % des femmes sala- riées occupent des emplois précaires et à temps partiel.

Source : Insee, RP 2006, exploitation complémentaire, traitements SEPES

Méthodologie

On utilise dans cette étude des données du recensement de 2006 en Haute-Normandie concernant la structure de l’emploi salarié selon la condition d’emploi et le genre. On distingue les emplois stables et les emplois précaires. Les emplois stables concernent les détenteurs d’un contrat à durée indéterminée et les titulaires de la fonction publique. Les emplois à durée déterminée (CDD), les emplois temporaires (intérim), les emplois aidés, les stages rémunérés et l’apprentissage constituent les formes précaires d’emploi. Les données utilisées sont agrégées selon le zonage cantons et villes.

A partir de ces données, une typologie est construite afin d’identifier des groupes de territoires dont les caractéris- tiques sont voisines selon cet angle. Dans ce but, une classification hiérarchique ascendante (basée sur la distance de Ward) est réalisée, suivie d’une partition. Cette démarche conduit à retenir une partition en cinq classes pour chaque genre.

Martial Maillard

TEN INFO - Haute-Normandie - ISSN 1164 - 7 507 Directeur de publication : Philippe DINGEON Service «Etudes Prospectives Evaluation Statistiques» Responsable du SEPES : Saïd ADJERAD DIRECCTE de Haute-Normandie 14, Avenue Aristide Briand 76108 Rouen cedex 1

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