Gatti Aujourd'hui
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COLLECTION THÉATRE DIRIGÉE PAR LUC DE GOUSTINE 1. V comme Vietnam 15. Little Boy Armand Gatti Pierre Halet 2. Monsieur Fugue ou le mal 16. Le théâtre hors les murs de terre Liliane Atlan (essai) Philippe Madral 3. La butte de Satory 17. Les Messies ou le mal de terre Pierre Halet Liliane Atlan 4. La baye 18. Soluna Philippe Adrien Miguel Angel Asturias 5. Une saison au Congo 19. Le montreur Aimé Césaire Andrée Chedid 6. Rosencrantz et Guildenstern 20. Un homme seul sont morts Tom Stoppard Armand Gatti 7. Les nombres 21. Albert 1 Andrée Chedid Philippe Adrien 8. Bérénice d'Égypte 22. Une tempête Andrée Chedid Aimé Césaire 9. Les 13 soleils de la rue 23. Chronique de la vie et de la Saint-Blaise Armand Gatti mort d'Hitler Christian Liger 10. Chant du fantoche lusitanien 24. Monsieur Mockinpott. La Peter Weiss nuit des visiteurs Peter Weiss 11. 10 mai 1968 25. Splendeur et misère de Mi- Luc de Goustine nette Jacques Kraemer 12. Genès 26. A bientôt monsieur Lang Philippe Vialèles Jean Louvet 13. La naissance 27. Encombrement Armand Gatti Serge Ganzl 14. La passion du général Franco 28. La double migration de Job Armand Gatti Cardoso, Pierre Halet Gérard Gozlan et Jean-Louis Pays Gatti aujourd'hui Éditions du Seuil 27, rue Jacob, Paris VI Les extraits de pièces sont suivis d'une numérotation en chiffres romains qui renvoient à la théâtrographie en fin de livre. Quand ces chiffres sont accompagnés de la mention bis, ils désignent les versions scé- niques au lieu du texte original. Les numéros qui complètent les chiffres romains indiquent les pages correspondant aux citations, mais seulement pour les pièces éditées. Les notes sont placées en fin de chapitre. En ce qui concerne la ponctuation des extraits de pièces, nous avons respecté les indications de l'au- teur : « Un tiret marque une rupture de pensée, un changement de vitesse vers l'extériori- sation ; une parenthèse (ou un crochet) marque un changement de vitesse vers l'intériorisation. C'est en quelque sorte une écriture à trois tons où les différentes hauteurs ne sont pas données une fois pour toutes mais s'établissent continuellement les unes par rapport aux autres. » Préface au Théâtre ***, 1962. © Éditions du Seuil, 1970. 27, rue Jacob, Paris VI Tél. 326.84.60 Avant-propos * « L'important est d'amener chaque fois davan- tage de gens, non à l'intérieur de nos œuvres, mais en direction du but que nos œuvres veu- lent atteindre » Ce travail, consacré à l'œuvre théâtrale d'Armand Gatti, a été conçu davantage en direction des textes que des réalisations scé- niques. Cette méthode peut sembler paradoxale, chaque mise en scène intelligente et imaginative contribuant à fixer le sens du texte, à en faciliter la lecture. Mais plusieurs pièces n'ont pas encore été portées à la scène ; d'autres, montées à grands frais, souffrent d'une politique théâtrale incohérente et ne « circulent » pas. Cependant, pour ne pas nous éloigner trop des réalisations scéniques, nous avons systématiquement travaillé, pour une même pièce, la version initiale et la version récrite à la mise en scène, celle-ci comportant toujours des additifs, suppressions, correc- tions, voire de notables transformations. C'est à partir du texte écrit et de son noyau fondamental — écriture et structures — que nous avons cherché le sens de l'œuvre. Nous désirons surtout répondre à la question que tout spectateur de bonne volonté se pose devant un ensemble de pièces nouvelles : QU'EST-CE QUE CELA SIGNIFIE? POURQUOI EST-CE ÉCRIT, CONSTRUIT DE CETTE FAÇON? Il s'agit, non pas de parler « technique », mais de considérer l'évolution des formes dramaturgiques comme signe de l'évolution politique et économique des sociétés. Autre- ment dit : DE QUOI CETTE FORME NOUVELLE NOUS INFORME-T-ELLE ? Il nous faut donc donner de l'œuvre de Gatti une idée d'en- semble, et cela implique que nous fassions entrer dans le même moule (celui d'une conception du monde) des pièces qui, par le thème, les « sources », le moment où elles furent écrites, peuvent chacune être examinées comme un tout. Mais sur quel texte nous arrêter? Gatti vient de rédiger une série de pièces brèves destinées * Les notes de l'avant-propos sont rassemblées p. 11. à être jouées par des groupes de militants en marge des cir- cuits traditionnels. Il prépare un (Qu'as-tu vu Rosa ?). Nous avons décidé (en ce qui concerne l'analyse) d'en rester à terminée et représentée en mars 68. Dans notre essai, l'œuvre dramatique de Gatti est donc inscrite entre deux pièces aux noms d'oiseaux : l'oiseau épris de liberté des hautes forêts andines, et l'échassier migrateur qui se charge, paraît-il, d'annoncer les Naissances. Pour Armand Gatti, dramaturge et poète, ces images conviennent parfaitement en figurant les étapes d'une ascension, d'un vol, « d'un immense battement d'ailes à l'échelle de la terre ». Il nous semble juste, sans recourir au jeu un peu desséchant des « influences », de saluer la mémoire de Maïakowsky, Meyerhold, Artaud, Brecht, Piscator. Mais Gatti étonne : d'abord par la gamme de registres sur lesquels il joue (poésie, mise en scène de théâtre, scenarii et réalisation de films, grands reportages — il s'est même une fois essayé au photo-roman, sans grand succès) ; étonne ensuite par le talent qu'il manifeste en chacun de ces domaines. Cependant, il a définitivement abandonné le journa- lisme en 1959 et, en ce qui concerne le cinéma, tourné à Cuba en 1962, a été suivi d'un long silence — « Il fau- drait pour continuer à faire du cinéma que je reconsidère entiè- rement ma position, que je me mette à traiter différents sujets d'une tout autre façon. Personnellement, je pars du principe que j'applique : prendre le taureau par les cornes et ne pas procéder par allusions, aller droit au but. Au théâtre c'est possible, au cinéma ça ne l'est pas. Les années passent, j'accumule les scenarii ou les tentatives de films, j'aboutis à une impasse ». Du fait de ce contexte économique, politique et culturel, Gatti est donc surtout un auteur dramatique. C'est au théâtre qu'il est relativement le plus libre de s'exprimer, là par conséquent que son œuvre a fait naître les plus grandes espérances. Comme le monde dont elle témoigne, cette œuvre est en perpétuelle gestation. La ferveur, le courage, l'enthousiasme et la puissance de travail de l'écrivain sont de féconds générateurs de projets. On nous fera peut-être le reproche de « figer » une œuvre inachevée, mais le photographe a-t-il jamais empêché l'athlète de bondir? Nous pensons qu'il est possible et souhaitable de présenter Parce que son œuvre, bien qu'inachevée, n'en est plus au stade embryonnaire et que nous pouvons en dégager la forme et le sens. Parce qu'elle est profondément liée à l'époque que nous tra- versons, nourrie des événements que nous vivons. Celui que nous considérons comme le plus contemporain de nos auteurs drama- tiques ne crée pas pour l'éternité. Ses pièces ne sont pas des objets de luxe destinés à la délectation des spécialistes de l'avenir. Elles existent pour nous, en rapport avec les luttes menées par les hommes de notre temps — « ce sont les différents moments de cette lutte que nous essayons de traduire 1 ». NOTES 1. A. G., Entretien avec « Miroir du cinéma », septembre 1963. 2. A. G., Préface du (1968). 3. Tous les sujets des scénarios de Gatti sont rassemblés dans le n° 239 de " la Revue du Cinéma, Image et Son En ce qui concerne le film qu'il vient de tourner en R. F. A. (le Passage de l'Ebre), voir le n° 240 où nous essayons en particulier d'expli- quer le processus qui a permis à Gatti de travailler en Allemagne. De l'expérience vécue à l'ouvrage dramatique * Autant qu'un auteur, Armand Gatti est un personnage, une nature, on pourrait dire une personnalité si ce terme n'avait acquis un sens officiel et pompeux. Sa volubilité, son charme, sa convic- tion, peu de gens y sont demeurés insensibles. L'homme sait per- suader et entraîner. Il paie de sa personne. Dans la vie et le travail, il a l'activité et le dévouement du militant. Gatti est de ceux avec qui on ne peut s'empêcher de « communier » parce qu'ils possèdent une foi particulièrement convaincante et commu- nicative. On ne compte plus, quand on compulse la documen- tation, les articles truffés d'allusions au « volcan en éruption », à « l'œil enflammé », au « turbulent géant », au « grand félin prêt à bondir » ou au « grand animal au repos » suivant la saison. A cette emphase on peut préférer l'amicale ironie de Jean Mi- chaud qui évoque « le physique à faire pâmer les préposées au génie 1 ». Mais même en tenant compte du langage volontiers excessif de certains journalistes, on doit reconnaître qu'il est diffi- cile de prendre ses distances en écrivant sur Gatti. Toujours disponible, disposé à donner et recevoir, Gatti ne pèche jamais par indifférence : les humains le passionnent parce qu'il est lui- même passionnant, chaleureux, fraternel. On le prend souvent, lorsqu'il s'excite, en flagrant délit de bégaiement, de mains qui volent, d'éclats lyriques. Comme les conteurs d'Orient vrais ou de légende, son langage est imagé, son discours poétique. Hu- mour et tendresse coulent à l'aise, généreusement. Du Méditer- ranéen qu'il n'a pas cessé d'être, il a le flot trépidant, le flux torrentueux — « celui qui s'appelle Gatti, notait un jour son ami et collaborateur Pierre Joffroy, a l'œil rond de la colombe-épervier, le cheveu surabondant, la peau fraîche et l'os invisible.