Plaquette 45 Ans Recettes Mod
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45 ans d’avances sur recettes — l’avance sur recettes L’avance sur recettes fête cette année ses quarante l’origine de l’avance sur recettes cinq ans. Belle longévité pour un dispositif de soutien de l’État au cinéma, né de l’intelligence visionnaire Le décret du 16 juin1959 relatif au fonds de soutien d’André Malraux, qui s’avère plus que jamais à l’industrie cinématographique fut l’une des nécessaire et irremplaçable. Mis à part quelques premières aventures risquées du Ministère des adaptations techniques, c’est en effet toujours affaires culturelles créé en mars. Il était urgent sous la forme conçue par son inventeur, que de la mener en raison des dispositions des textes l’«avance» remplit le rôle qui lui fût assigné dès antérieurs fixant une date butoir au-delà de laquelle l’origine: favoriser l’innovation et l’audace créative, ce qui était déjà en vigueur–et dont il fallait tenir assurer le renouvellement des talents, corriger compte–disparaissait. Rencontres, concertations, l’influence des lois du marché sur la création propositions, discussions commencèrent avec cinématographique, assurer la diversité des genres. MM. Sallard, représentant des producteurs, Comment trouver plus magnifique illustration de Loureau, représentant des distributeurs et Trichet, la vitalité et de la pertinence de cette institution– porte-parole des exploitants. Elles continuèrent et de son bien fondé, que dans la sélection Cannoise avec plusieurs réalisateurs dont Doniol-Valcroze qui de 2005, où les trois films français sélectionnés présidait, je crois, leur syndicat ainsi qu’avec plu- ont tous bénéficié de l’avance sur recettes? sieurs exploitants dont Mme Peillon, qui dirigeait le Cet hommage suffit à nous convaincre que l’avance studio des Ursulines. A ces dialogues étaient conti- sur recettes est une part de l’avenir du cinéma nuellement associés Michel Fourré-Cormeray, qui français et de sa vitalité. dirigeait le CNC, et surtout son adjoint à la science et à l’efficacité proverbiale, Jean Grundler. Catherine Colonna Le rapport fut transmis à André Malraux au début de juin. Il reposait notamment sur quelques idées simples: aucune branche de l’industrie cinématographique ne devait être oubliée, notamment les exploitants dont le réseau demandait Créée à l’instigation d’André Malraux par deux à être rénové. Les films étrangers qui menaient décrets de juin 1959, l’avance sur recettes a pour en France une seconde carrière devaient comme objectif de favoriser le renouvellement de la création tous les autres contribuer à alimenter le fonds en encourageant la réalisation des premiers films de soutien, mais ce dernier restait exclusivement et de soutenir un cinéma indépendant, audacieux réservé à aider les films français; enfin, le cinéma au regard des normes du marché et qui ne peut, étant un art autant qu’une industrie, les films sans aide publique, trouver son équilibre financier. devaient être aidés dès leur conception. La commission chargée de proposer les choix André Malraux approuva le rapport qui aboutit artistiques et financiers dans ce domaine autour du 10 juin à un projet de décret auquel est actuellement composée d’un président s’opposa immédiatement le Ministre des finances (pour 2005, il s’agit de l’éditeur Claude Durand), Antoine Pinay, qui voulait surtout vendre l’UGC; de trois vice-présidents et de vingt-cinq membres grâce à l’amitié qui me liait à son directeur de cabinet, répartis en trois collèges. et après de longs séjours dans l’antichambre de la rue de Rivoli, la signature du ministre fut obtenue Deux collèges examinent les demandes d’avances in extremis. Restait une douzaine d’heures à peine avant réalisation présentées, respectivement, pour que le Premier Ministre revête de la dernière pour les premiers films des réalisateurs et pour signature un texte porté le soir du 15 juin en taxi– les œuvres de réalisateurs ayant déjà réalisé le cabinet des affaires culturelles n’avait pas au moins un film de long métrage; le troisième de voiture–au directeur de cabinet de Matignon. collège est chargé des demandes d’avances Le 16 juin le texte paraissait à l’Officiel, accompagné après réalisation. de toutes les bénédictions ministérielles, Depuis sa mise en place en 1960, ce mécanisme et dans les temps exigés. a contribué à la production de plus de 2000 films Le cadre de la réforme étant fixé, restait à la mettre aidés soit avant soit après réalisation. en œuvre. Sous l’œil vigilant de Jean Grundler, de très nombreux arrêtés d’application furent pris La commission dispose, pour l’année 2005, par le CNC (vingt-deux si ma mémoire est bonne), d’une dotation de 22 millions d’euros, auxquels je suis resté relativement étranger. en augmentation de 5,5 % sur l’exercice précédent, En revanche la commission d’avances sur recettes, afin de manifester le souci des pouvoirs publics dont je fus membre puis président, m’intéressa d’aider au financement des films qui contribuent énormément. Très vite étendue non seulement aux le plus à la diversité de la création. producteurs mais aux auteurs et donc aux réalisateurs, l’avance reposait sur deux principes: le premier partait de l’idée qu’on peut faire un mauvais film avec un bon scénario, mais qu’il est très rare qu’un mauvais scénario aboutisse à un bon film. Le second principe voulait qu’une addition de subjectivités très diverses avait chance d’être les étapes de l’avance sur recettes proche de l’objectivité. En conséquence il fallait depuis sa création une commission composée de membres d’origine, de goût, d’école, de formation très différentes, 1959 Les décrets du 16 juin et du 30 septembre et il était nécessaire que leur fussent soumis 1959 créent, à côté d’un mécanisme de soutien des scénarios achevés, construits et dialogués, automatique à la production cinématographique, permettant à chacun d’imaginer non pas peut-être un système d’aides sélectives fondé sur l’appréciation le film, mais son film. de la qualité artistique des films par une commission. La commission, même après ses renouvellements, 1960 Premières attributions d’avances sur recettes fut à la fois composite, très unie et sans doute pour des demandes présentées par des sociétés trop littéraire: on choisit, sans doute à tort, de production. Elles sont accordées après avis de ne pas faire appel à des réalisateurs, par crainte d’une sous-commission issue de la Commission d’encourir la critique de quelque favoritisme. consultative instituée auprès du Ministre chargé Y participèrent des esprits aussi libres que par du cinéma. exemple le dramaturge Audiberti, les romanciers Dominique Aury,Julien Gracq,Jean-Louis Curtis 1963 Ouverture de la candidature à l’avance ou Maurice Pons, le comédien Jean Négroni, ou aux auteurs/réalisateurs sans producteurs. les critiques littéraires ou artistique Robert Kanters 1967 La procédure d’attribution distingue désormais ou Jean Lescure, les philosophes Edgar Morin la phase «artistique» (émission d’un avis favorable) ou Régis Hanrion. Nous lisions une moyenne de de la phase «financière» (fixation du montant 120 scénarios par an, les films issus des scénarios de l’avance). retenus étaient présentés une fois achevés. Nous eûmes à lutter pour notre budget, contre 1969 Mise en place d’une commission autonome la commission de censure dépendant d’un autre d’avances sur recettes, avec nomination d’un président. ministère, contre nos propres erreurs que soulignait 1975 Séparation de la commission en 2 collèges un film manqué. Nous encourûmes le courroux à compétence identique. de personnalités très connues qui déposaient un texte tous les mois ou dont le projet trahissait, 1977 Retour à une commission unique. hélas, le grand âge. Dans l’ensemble, l’avance rajeunit 1983 Nouvelle séparation de la commission en le cinéma français, contribua dès le début à son 2 collèges: 1er collège pour les projets de premiers développement et lui permit certaines audaces longs métrages, 2e collège pour les autres projets. qui firent école. L’aventure a continué, s’est modifiée pour tenir 1985 La compétence du 1er collège est étendue compte des évolutions de cet art, mais par bonheur aux projets de deuxièmes longs métrages. pendant 45 ans a toujours gardé et augmenté 1987 Instauration d’une vice-présidence par collège. son efficacité, sa part de risque, sa part de jeu. Ses origines, ainsi grossièrement retracées, doivent 1989 Retour des projets de deuxièmes longs métrages lui sembler préhistoriques, elles ont eu le seul au 2e collège. L’avance sur recettes est désormais mérite de la faire exister. Q’une pensée soit donnée, réservée aux seuls films tournés majoritairement en ces temps de presque cinquantenaire, en langue française (décret du 03 mars 1989). à André Malraux, son créateur. 1995 Création d’un 3e collège pour les demandes Pierre Moinot d’avances après réalisation. de l’Académie française, 1997 Instauration d’une vice-présidence au 3e collège. ancien conseiller technique au cabinet du Ministère Les décisions concernant l’avance sur recettes des affaires culturelles sous André Malraux (nomination du président et des membres, attributions des aides) sont transférées de la compétence du Ministre de la culture à celle du Directeur général du CNC. couverture: On connaît la chanson de Alain Resnais © Arena Films Trois places pour le 26 de Jacques Demy Droits réservés / Collection Ciné-Tamaris Swing de Tony Gatlif © Prince Films Le Garçu de Maurice Pialat, photo : Marie-Laure De Decker Raja de Jacques Doillon © Les Films du Losange Va savoir de Jacques Rivette © Les Films du Losange Les Temps qui changent de André Téchiné