Écrivains Lorrains. Anthologie Des Écrivains Du Comité Erckmann

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Écrivains Lorrains. Anthologie Des Écrivains Du Comité Erckmann ÉCRIVAINS LORRAINS Antho lo gie des Ecrivains du Comité Erikmann-Chatrian Préface du Président Le Comité Erckmann-Chatrian ayant été fondé le 16 jan- vier 1914, notre société a donc cinquante années d'exis- tence en 1964. Comment fêter ce cinquantenaire ? Organiser un grand banquet où l'on prononcerait d'éloquents discours ? Faire frapper une belle médaille en bronze ou en argent ? Il nous a semblé que la manière la plus conforme à nos tra- ditions de marquer les cinquante ans du Comité serait de publier un volume de mélanges, un choix de textes des écrivains de notre Comité, qu'ils soient lauréats ou mem- bres du Jury. Le présent volume, modeste, mais substantiel et varié, constitue la réalisation de notre projet. Il contient — à tout seigneur tout honneur — des textes relatifs à nos patrons, Erckmann et Chatrian ; des articles sur le Comité, son histoire, ses premiers dirigeants, certains de ses membres ; des récits folkloriques, des nouvelles, des souvenirs, des extraits de roman ; il présente aussi des poésies et enfin — les Français sont et restent des moralis- tes — des maximes et des aphorismes. Nous espérons que tous ces textes, dont beaucoup sont inédits, intéresseront le public lorrain. Nous aurions voulu faire mieux, présenter une antholo- gie encore plus riche. Mais nous avons été limités par nos possibilités financières. Même le présent livre n'a pu paraî- tre que grâce à une subvention du Conseil Général de la Meuse et à la compréhension de l'éditeur Marchal. Je tiens ici à exprimer mes vifs remerciements aux membres et au Président du Conseil Général et à M. Marchal, si dévoués à la cause des lettres lorraines. Nous avons été limités aussi par la difficulté à toucher les anciens lauréats. Pendant la guerre 39-45, nos archives se sont perdues, de sorte que nous ne disposons plus des renseignements voulus pour correspondre avec nos lauréats anciens et leurs éditeurs. Nous avons donc dû nous borner à publier des textes de nos lauréats les plus récents et des écrivains qui font actuellement partie du Jury Erckmann- Chatrian. Même sous cette forme, notre Anthologie, qui ne cher- che donc nullement à être complète, ne manquera pas d'in- térêt, me semble-t-il. Elle permettra au public curieux de littérature lorraine de mieux faire connaissance avec les écrivains du Comité, d'avoir un aperçu de leurs activités, de leurs écrits, de se faire une idée de leur manière, de leur valeur. La présente Anthologie ne sera peut-être pas la dernière. Si elle a du succès, on essaiera d'en publier d'autres, selon une formule peut-être élargie : l'anthologie du Comité Erck- mann-Chatrian pourrait devenir une anthologie des écri- vains lorrains actuels. L'avenir nous dira ce que nous pour- rons faire. Pour finir, j'adresserai nos remerciements aux écri- vains et aux éditeurs qui ont bien voulu nous autoriser à reproduire leurs textes. Albert SCHNEIDER Historique du Comité Erckmann-Chatrian par Barthold (au Musée de Phalsbourg) Le Comité Erckmann-Chatrian a été créé officiellement en 1914, sous le patronage de Raymond Poincaré, président de la République. Officieusement, il existait déjà ; en novem- bre 1913, Georges Sadler, violoniste virtuose qui, après dix ans de succès, s'était assez mystérieusement détourné de la musique et était devenu un intime de Maurice Barrès et un collaborateur du maréchal Lyautey, avait été reçu par le Président de la République. Ils discutèrent de l'Invasion, pièce de théâtre retentissante tirée du roman bien connu d'Erckmann-Chatrian. Le Président Poincaré demanda à G. Sadler de faire quelque chose qui s'inscrivît dans l'optique du moment. Sadler pensa à créer une société qui propagerait en Alsace et en Moselle des livres français et en particulier les œuvres très populaires et hautement patriotiques d'Erckmann-Chatrian. Une première réunion de personnes intéressées par ce projet eut lieu à Nancy, chez le célèbre restaurateur Walter, le soir de Noël 1913. La création offi- cielle de la société eut lieu le 16 janvier 1914. Elle s'appela d'abord Société Erckmann-Chatrian et ne prit le nom actuel de Comité Erckmann-Chatrian qu'en 1934, pour éviter la confusion avec une autre société créée à cette date. Le pre- mier président fut un écrivain très connu : Emile Hinzelin, de l'Académie française. Georges Sadler fut chargé des fonc- tions d'administrateur-délégué. Il y eut deux prestigieux pré- sidents d'honneur : Maurice Barrès et le maréchal Lyautey. Quelques mois plus tard, la guerre éclatait et mobilisait la Société Erckmann-Chatrian au service de la patrie. Elle devint un bureau d'entraide pour les engagés alsaciens et lorrains et leurs familles. Elle réunit les fonds nécessaires à son activité grâce à des conférences, des concerts, des représentations théâtrales, et aussi à des dons et souscrip- tions. La manifestation la plus mémorable réunit, en juin 1917, mille deux cents personnes à la salle Poirel, à Nancy. Pendant toute la représentation, un carrousel d'avions fran- çais dut survoler la salle pour protéger les spectateurs contre une attaque des « Tauben », les avions allemands. La Société diffusa l'œuvre d'Erckmann-Chatrian en plus de 5 000 volumes distribués aux écoles et aux hôpitaux. Elle disposait d'un organe de presse : Le Messager de Lor- raine, auquel collaborait l'élite de cette province. A l'Armistice, le 11 novembre 1918, le Général MANGIN chargea G. Sadler de se rendre à Metz, en mission spéciale. Il s'agissait, en distribuant des journaux français aux Mosel- lans, de leur donner enfin des nouvelles sûres. G. Sadler entra à Metz dès le 13 novembre et y retrouva toute une série de patriotes lorrains. Après la guerre, la Société Erckmann-Chatrian continua à vivre et même brillamment. Mais au fond, elle avait réa- lisé la mission qui lui avait été assignée et, en un certain sens, elle faisait double emploi avec le « Souvenir Français ». Il fallait lui trouver une activité nouvelle, conforme à son beau passé. Ses dirigeants décidèrent en 1924 de créer un Prix Erckmann-Chatrian attribué par une Commission litté- raire tous les ans, au courant de novembre, avant un déjeu- ner réunissant des personnalités et des écrivains lorrains. Ce prix devait récompenser l'œuvre d'un écrivain lorrain. Le premier lauréat fut Eugène Mathis, couronné pour son livre : Les héros de Fraize. Il eut l'insigne honneur de se voir remettre son prix par le Maréchal Lyautey en personne. Depuis 1925, les Prix Erckmann-Chatrian se sont succédé régulièrement — avec une interruption due à la guerre de 1939-45. De 1940 à 1944, il n'y a pas eu de prix. Il y a donc une lacune (voulue par Georges Sadler) de cinq prix, de sorte qu'en 1963, nous n'en étions qu'au 34e prix. En 1945, la presse parisienne a baptisé le Prix Erckmann- Chatrian « Goncourt lorrain », appellation flatteuse qui lui est restée depuis et que le jury cherche à justifier en choi- sissant des œuvres de qualité et en préférant le genre narra- tif (roman, contes, nouvelles) chaque fois que c'est pos- sible. Parmi les cinq derniers prix, il y a quatre romans. Le Comité Erckmann-Chatrian a été dirigé durant de longues années par Georges Sadler, qui en avait fait le contenu de sa vie et qui en fut le Secrétaire Général avant d'en être le Président. G. Sadler ne limitait pas son action à la littérature. Il eut le souci de resserrer les liens entre les diverses cités lorraines et en particulier entre Metz et Nancy. C'est pour ménager entre les deux métropoles lorraines — toujours un peu jalouses l'une de l'autre — un climat favorable qu'il créa en 1928 l'Amitié lorraine et qu'il organisa des manifestations annuel- les qui reprirent en 1945. Il s'installa à Novéant-sur-Moselle, à égale distance entre les deux villes qu'il aimait. Dans la désignation des lauréats, il tenait compte non seulement de la valeur littéraire des ouvrages présentés, mais aussi d'une juste répartition des prix entre les quatre départe- ments lorrains. G. Sadler, homme pittoresque et très per- sonnel, a su faire vivre le Comité Erckmann-Chatrian et faire entrer son Prix dans la tradition lorraine. Quand il est mort, le 30 avril 1958, il laissait le Comité Erckmann- Chatrian libre soit de se dissoudre, soit de se fondre dans l'Académie de Metz, soit de continuer ses activités comme auparavant. C'est cette dernière solution qu'en octobre 1959 adoptèrent les dirigeants du Comité, réunis à Epinal pour remettre à M. Testart le prix Erckmann-Chatrian 1958. Ils élurent comme Président le signataire de ces lignes, Albert Schneider, Professeur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Nancy, Membre du Comité Erck- mann-Chatrian et du Jury depuis 1950, écrivain à ses heures puisqu'il a écrit des poésies, des contes, des nouvelles, un petit roman et prépare actuellement un volume de maximes. Le Jury Erckmann-Chatrian, qui n'avait primitivement que trois membres, s'est fortement développé et a vu son importance s'accroître d'année en année. Il est devenu la pièce maîtresse du Comité. A la mort du Président Sadler, il comprenait dix membres, tous écrivains ou universitaires. Depuis, on s'est limité à neuf membres, ce nombre impair étant très commode pour départager les voix. Car Je Jury Erckmann-Chatrian est un vrai jury et joue pleinement son rôle. Chaque membre lit consciencieusement les ouvra- ges présentés pour le Prix. On discute ferme avant de voter, à bulletins secrets pour assurer la pleine liberté de chacun. Le jury actuel, qui se renouvelle par cooptation, est guidé par un double souci : objectivité et qualité littéraire.
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