MARIE-ANNICK PRÉVOST

ANALYSE DES MACRO-RESTES VÉGÉTAUX DU SITE COLONIAL DE FERRYLAND (TERRE-NEUVE, CANADA)

Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en archéologie pour l’obtention du grade de maître ès arts (MA)

DÉPARTEMENT D’HISTOIRE FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2008

© Marie-Annick Prévost, 2008

Résumé

La morue des bancs de Terre-Neuve (Canada) a dès le XVIe siècle attitré les Européens en Amérique, bien que ce ne soit qu’au début du siècle suivant qu’on assiste à l’installation de colonies permanentes, comme celle de Ferryland fondée par les Anglais (1621-1696). L’analyse des macro-restes végétaux (incluant les charbons de bois) prélevés lors des fouilles archéologiques effectuées sur ce site a permis de mieux comprendre les interrelations entre les habitants et leur environnement. Leur alimentation était composée d’une grande variété de fruits sauvages indigènes ainsi que de céréales, de pois, de fines herbes et de fruits séchés d’origine étrangère. On ne sait pas si l’agriculture était surtout pratiquée sur place ou si les denrées étaient principalement importées. Les habitants auraient également utilisé les ressources végétales (bois, branches de conifères, sphaigne) pour la construction et le chauffage. En outre, les activités menées par les habitants auraient pu faciliter l’introduction de nombreuses mauvaises herbes d’origine étrangère.

Abstract

The rich cod stocks of Newfoundland’s Grand Banks (Canada) attracted Europeans to the Americas from the sixteenth century onwards. However, the establishment of permanent colonies like that of Ferryland, founded by the English (1621-1696), date to the seventeenth century. The analysis of macro botanical remains (including wood charcoal) from this archaeological site shed light on the relationships between settlers and their environment. Their diet included a great variety of native wild berries as well as cereals, peas, herbs and dried fruits of European origin. However, we can not tell if this food grew mostly on or around the site or was imported. Settlers also used other resources (wood, conifer twigs, peat moss) for building and heating. Also, the activities of the settlers appear to have facilitated the introduction of many non-native weeds.

Remerciements

Lorsque j’ai entrepris cette maîtrise en 2003, je ne connaissais strictement rien à l’archéobotanique. Si j’en connais un peu plus aujourd’hui, c’est grâce à de nombreuses personnes qui ont eu la générosité de partager avec moi leurs connaissances. Je souhaite en premier lieu remercier ma directrice de recherche à l’Université Laval, Mme Allison Bain, qui m’a fait confiance avec ce projet et qui a su dénicher pour moi les ressources nécessaires pour le mener à terme. Je tiens également à remercier ma co-directrice de recherche, Mme Najat Bhiry, pour ses commentaires rigoureux et pour m’avoir donné accès aux ressources du Centre d’Études Nordiques de l’Université Laval.

C’est à cet endroit que j’ai eu la chance de travailler avec Mme Élisabeth Robert dont la patience et les conseils judicieux furent inestimables pour l’identification des macro-restes végétaux. L’identification n’aurait pas non plus été possible sans l’aide de M. Michael Deal, professeur à la Memorial University of Newfoundland, et de M. Alayn Larouche, du laboratoire de paléophytogéographie et de palynologie de l’Université de Montréal, qui ont réussi à mettre un nom sur des pièces particulièrement difficile à identifier. Quant à l’analyse des charbons de bois, elle est l’œuvre de M. Dominique Marguerie et de Mme Nancy Marcoux de l’Université de Rennes I. J’espère que l’interprétation que j’ai faite de leurs données rend pleinement justice à leur travail.

Cette maîtrise m’a également donné le privilège de travailler sur l’extraordinaire site archéologique de Ferryland. MM. James A. Tuck, alors professeur à la Memorial University of Newfoundland, et Barry Gaulton, désormais professeur dans ce même établissement, m’ont fourni toute l’aide nécessaire pour la collecte de mes échantillons. Barry a de plus répondu patiemment à mes nombreuses questions par la suite et je lui en suis très reconnaissante. Je tiens par ailleurs à souligner ici les conseils prodigués généreusement par Mme Catherine Fortin, une grande pionnière de l’archéobotanique au Québec, au sujet de l’échantillonnage et de la flottation. Mon séjour à Terre-Neuve a également été grandement facilité grâce à la collaboration de Mme Cathy Mathias, conservatrice à la Memorial University of Newfoundland. J’en profite pour remercier tout spécialement les gens de la communauté de Ferryland qui m’ont offert un si chaleureux accueil. iv

Mes remerciements s’adressent également aux étudiants de premier cycle qui m’ont aidée lors du tri : Mélissa Burns, Véronique Forbes et Michael Long. Merci pour votre patience, votre enthousiasme et vos encouragements. Merci également à Mme Andrée Héroux qui a effectué la numérisation des figures 2-1 et 2-11. Par ailleurs, si je suis en train d’écrire ces lignes, c’est beaucoup grâce à Étienne Taschereau qui a cru en moi. Merci pour tout.

Évidemment, la recherche n’existerait pas sans la participation de nombreux organismes qui ont à cœur de subventionner la recherche en archéologie. J’ai notamment eu la chance de bénéficier d’une bourse du Conseil de Recherche en Science Humaines du Canada. Le groupe de recherche en archéométrie, le fond d’enseignement et de recherche de la faculté des Lettres de l’Université Laval et le département d’histoire de l’Université Laval m’ont également fourni les ressources financières nécessaires pour participer à un colloque et pour mener à bien mes recherches sur le terrain. Finalement, je remercie tous les professeurs et tous les employeurs qui m’ont fourni du travail durant mes études.

Table des matières

RÉSUMÉ ...... I

ABSTRACT...... II

REMERCIEMENTS ...... III

TABLE DES MATIÈRES...... V

LISTE DES TABLEAUX...... IX

LISTE DES FIGURES ...... X

INTRODUCTION ...... 1 DOMAINE DE RECHERCHE...... 1 CONTEXTE À L’ÉTUDE ET PROBLÉMATIQUE...... 2 OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE...... 4 Objectifs ...... 4 Hypothèses ...... 7 SOURCES DE DONNÉES...... 8 PLAN DU MÉMOIRE ...... 9

1 ÉTAT DE LA QUESTION...... 12 1.1 L’ARCHÉOBOTANIQUE...... 12 1.1.1 Définition...... 12 1.1.2 Historique...... 15 1.1.2.1 La pratique européenne ...... 15 1.1.2.2 La pratique nord-américaine ...... 16 1.1.3. Axes de recherche...... 17 1.1.3.1 Reconstitutions paléo-environnementales ...... 17 1.1.3.2 Origines et diffusion de l’agriculture ...... 18 1.1.3.3 Pratiques agricoles ...... 19 1.1.3.4 Paléonutrition et pratiques alimentaires ...... 19 1.1.2.5 Usages technologiques ...... 20 1.1.3.6 Autres axes de recherche...... 21 1.2 L’ARCHÉOLOGIE HISTORIQUE ...... 21 1.2.1 Définition et historique...... 21 1.2.2. Axes de recherche...... 22 1.3 REVUE DE LA LITTÉRATURE : L’ARCHÉOBOTANIQUE ET L’ARCHÉOLOGIE HISTORIQUE .... 24 1.3.1 Historique des recherches et limites méthodologiques ...... 24 1.3.2 Au Canada...... 25 1.3.2.1 Terre-Neuve et Labrador...... 25 1.3.2.2 La Nouvelle-Écosse ...... 28 1.3.2.3 Le Québec ...... 28 1.3.3 Sites coloniaux aux États-Unis...... 30 1.3.3.1 La Californie ...... 30 1.3.3.2 La Georgie et la Floride ...... 31 1.3.3.3 La Louisiane...... 34 1.3.3.4 La Nouvelle-Angleterre...... 34 vi

1.3.4 Autres sites coloniaux...... 36 1.3.5 Sites contemporains en Grande-Bretagne...... 37 CONCLUSION...... 38

2 CONTEXTES GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE...... 40 2.1 CADRE GÉOGRAPHIQUE ...... 40 2.1.1 Localisation...... 40 2.1.2 La pêche et les modes d’établissement...... 40 2.1.3 Topographie et sols ...... 42 2.1.4 Conditions climatiques...... 43 2.1.4.1 Conditions actuelles ...... 43 2.1.4.2 Le Petit Âge Glaciaire...... 43 2.1.5 La flore...... 48 2.1.6 La faune...... 52 2.1.7 Description des environs de Ferryland ...... 53 2.1.7.1 Actuellement ...... 53 2.1.7.2 Au XVIIe siècle ...... 53 2.2 CADRE HISTORIQUE...... 55 2.2.1 Les populations autochtones de Terre-Neuve...... 55 2.2.1.1 Durant la préhistoire...... 55 2.2.1.2 À la période de contact...... 56 2.2.2 La redécouverte de Terre-Neuve et la pêche migratoire (1497- 1610)...... 57 2.2.3 L’établissement des premières colonies (1610-1637) ...... 59 2.2.3.1 Avant Ferryland ...... 59 2.2.3.2 Ferryland...... 60 2.2.4 La période des Kirke (1638-1696) ...... 62 2.3 LA VIE À TERRE-NEUVE AU XVIIE SIÈCLE...... 64 2.3.1 L’organisation de la pêche...... 64 2.3.2 Les habitants de Ferryland...... 67 2.3.2.1 Les planters...... 67 2.3.2.2 Les serviteurs ...... 69 2.4 LES INTERVENTIONS ARCHÉOLOGIQUES ...... 69 2.4.1 Historique...... 69 2.4.2 Principales découvertes ...... 71 2.4.2.1 La période pré-coloniale...... 71 2.4.2.2 La période des Calvert...... 72 2.4.2.3 La période des Kirke ...... 74 2.4.3 Description des contextes échantillonnés...... 75 2.4.3.1 Les latrines...... 75 2.4.3.2 Les dépotoirs domestiques ...... 78 2.4.3.3 Les quais ...... 80 2.4.3.4 Le foyer...... 81 CONCLUSION...... 84

3 MÉTHODOLOGIE ...... 85 3.1 PRÉLÈVEMENT DES ÉCHANTILLONS...... 85 3.2 TAPHONOMIE ...... 87 3.3 FLOTTATION...... 91 3.4 TRI ET SOUS ÉCHANTILLONNAGE ...... 95 3.5 IDENTIFICATION...... 97 3.6 ANALYSE DENDROLOGIQUE DES CHARBONS DE BOIS...... 98

vii

3.7 QUANTIFICATION...... 99 CONCLUSION...... 100

4 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS...... 102 4.1 VARIABLES SÉLECTIONNÉES...... 103 4.1.1 Répartition des macro-restes végétaux...... 103 4.1.2 Habitudes de croissance...... 104 4.1.3 Préférences écologiques...... 105 4.1.3.1 Habitat...... 105 4.1.3.2 Type de sol...... 106 4.1.4 Origine et distribution...... 106 4.2 IDENTIFICATION DES MACRO-RESTES VÉGÉTAUX POSSIBLEMENT INTRUSIFS ...... 108 4.3 LES LATRINES (E116)...... 110 4.4 LE DÉPOTOIR DOMESTIQUE (PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIE SIÈCLE) (E571)...... 112 4.4.1 L’échantillon 5 ...... 112 4.4.2 L’échantillon 6 ...... 113 4.4.3 L’échantillon 24 ...... 113 4.4.4 L’échantillon 25 ...... 114 4.5 LE DÉPOTOIR DOMESTIQUE (DEUXIÈME MOITIÉ DU XVIIE SIÈCLE) (E587) ...... 116 4.5.1 L’échantillon 11 ...... 116 4.5.2 L’échantillon 12 ...... 116 4.5.3 L’échantillon 18 ...... 117 4.5.4 L’échantillon 19 ...... 118 4.5.5 L’échantillon 22 ...... 119 4.5.6 L’échantillon 23 ...... 120 4.6 LES QUAIS ...... 121 4.6.1 L’échantillon 14 (E556) ...... 121 4.6.2 L’échantillon 15 (E577) ...... 122 4.6.3 L’échantillon 16 (E585) ...... 124 4.7 LE FOYER (E366)...... 126 4.7.1 L’échantillon 20 ...... 126 4.7.2 L’échantillon 21 ...... 127 CONCLUSION...... 129

5 DISCUSSION ...... 141 5.1 L’INTERPRÉTATION DES CONTEXTES ARCHÉOLOGIQUES ...... 142 5.1.1 Les latrines ...... 142 5.1.2 Les dépotoirs domestiques...... 143 5.1.3 Les quais...... 143 5.1.4 Le foyer...... 144 5.2 L’ALIMENTATION ET LES PRATIQUES ALIMENTAIRES ...... 145 5.2.1 Introduction...... 145 5.2.2 Les habitudes alimentaires anglaise au XVIIe siècle...... 146 5.2.2.1 La production de nourriture...... 146 5.2.2.2 La consommation de nourriture ...... 148 5.2.3 La culture des végétaux à Ferryland...... 149 5.2.3.1 Données historiques ...... 149 5.2.3.2 Données archéologiques...... 152 5.2.3.2.1 Les céréales et légumineuses ...... 152 5.2.3.2.2 Les légumes feuilles, les fines herbes et les épices ...... 153

viii

5.2.3.2.3 Les mauvaises herbes des cultures...... 154 5.2.4 L’importation de nourriture à Ferryland ...... 159 5.2.4.1 Données historiques ...... 159 5.2.4.2 Données archéologiques...... 160 5.2.4.2.1 Les fruits ...... 161 5.2.4.2.2 Les céréales et légumineuses ...... 162 5.2.4.2.3 Les épices et fines herbes...... 162 5.2.4.2.4 Les plantes médicinales ...... 163 5.2.5 Les ressources sauvages à Ferryland...... 163 5.2.5.1 Les légumes feuilles...... 166 5.2.5.2 Les petits fruits...... 166 5.2.5.3 Les plantes médicinales...... 173 5.2.6 Ferryland et les autres colonies ...... 176 5.2.6.1 Comparaison intra-site ...... 176 5.2.6.2 Comparaison inter-site ...... 178 5.2.6.2.1 Potentiel agricole et main d’œuvre agricole...... 178 5.2.6.2.2 Le rôle des réseaux d’échanges...... 180 5.2.6.2.3 Le rapport aux ressources sauvages ...... 182 5.3 L’ENVIRONNEMENT ...... 183 5.3.1 Les tourbières...... 183 5.3.2 La forêt...... 185 5.3.3 Les prairies, clairières et pâturages...... 189 5.3.4 Les cours d’eau et plans d’eau...... 190 5.3.5 Les terrains perturbés par l’Homme ...... 192 5.3.6 L’européanisation de la flore ...... 193 CONCLUSION...... 196

CONCLUSION ...... 198 OBJECTIFS ATTEINTS...... 198 VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES...... 201 RECOMMANDATIONS...... 203

BIBLIOGRAPHIE...... 204

ANNEXE 1 : RÉSULTATS BRUTS ...... 241

ANNEXE 2 : RÉSULTATS EXPRIMÉS EN NOMBRE DE MACRO-RESTES VÉGÉTAUX PAR LITRE DE SÉDIMENT PRÉLEVÉ ...... 249 ANNEXE 3 : SYNONYMIE ET NOMS VERNACULAIRES...... 257 ANNEXE 4 : CATALOGUE PHOTO ...... 266

Liste des tableaux

Tableau 1-1 Tableau comparatif des analyses archéobotaniques pertinentes pour l’étude du site de Ferryland ...... 26 Tableau 3-1 Description des échantillons de sédiment prélevés à Ferryland dans quatre contextes archéologiques datant du XVIIe siècle pour la présente analyse archéobotanique...... 88 Tableau 3-2 Inclusions observés dans les échantillons prélevés à Ferryland, exprimées en pourcentage du volume brut ...... 88 Tableau 3-3 Procédures utilisées pour traiter les échantillons de sédiment prélevés à Ferryland par flottation manuelle ...... 93 Tableau 4-1 Liste des taxons possiblement intrusifs dans certains contextes...... 131 Tableau 4-2 Répartition des macro-restes végétaux identifiés dans les échantillons de Ferryland ...... 131 Tableau 4-3 Observations dendrologiques effectuées sur les charbons de bois prélevés dans le foyer (d’après les données fournies par Dominique Marguerie) ...... 140 Tableau 5-1 Plantes cultivées ou importées trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633])...... 164 Tableau 5-2 Répartition des plantes comestibles sauvages identifiées à Ferryland selon la partie consommée et l’origine de la plante...... 165 Tableau 5-3 Estimation du nombre de fruits représentés dans les échantillons de Ferryland...... 167 Tableau 5-4 Disponibilité des petits fruits sauvages identifiés à Ferryland au fil des saisons...... 172 Tableau 5-5 Plantes sauvages possiblement connues des Européens (introduites ou circumboréales) trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633])...... 174 Tableau 5-6 Plantes sauvages possiblement inconnues des Européens (indigènes) trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633])...... 175 Tableau 5-7 Répartition des taxons identifiés selon le type de cours d’eau ou plan d’eau avec lesquels ils sont normalement associés ...... 191

Liste des figures

Figure 2-1 Localisation de Ferryland à Terre-Neuve (Canada). En bleu, le French Shore; en rouge, l’English Shore (Infographie : Andrée Héroux)...... 41 Figure 2-2 Régions forestières du Canada. En vert foncé la région de forêt boréale (Ressources Naturelles Canada 2005) ...... 50 Figure 2-3 Écozones de Terre-Neuve. En rouge les « Maritime Barrens » (Government of Newfoundland and Labrador 2000) ...... 51 Figure 2-4 Photographie aérienne de Ferryland (Google Earth 2007). En bas, vue de paysages typiques des environs : la végétation herbacée (The Downs) (a), les barrens (b) et la forêt de conifères (c) (Photos : Marie-Annick Prévost)...... 54 Figure 2-5 Photographie du bassin (The Pool) à Ferryland (photo fournie par Cathy Mathias)...... 55 Figure 2-6 Localisation des premières colonies permanentes sur la péninsule d’Avalon à Terre-Neuve 61 ...... (82 ׃ Cell 1969) 71 ...... (24 ׃ Figure 2-7 Localisation des stations fouillées à Ferryland (Crompton 2001 Figure 2-8 Vue des latrines F1a où fut prélevé l’échantillon 27 ...... 76 Figure 2-9 Plan de la station C indiquant les puits échantillonnés dans les latrines (en rouge)...... 77 Figure 2-10 Dessin d’une stratigraphie indiquant la position des couches E571 et E587 (en jaune) où furent prélevés les échantillons 5, 6, 24, 25, 11, 12, 18, 19, 22 et 23 (Infographie : Andrée Héroux)...... 79 Figure 2-11 Vue de la zone où furent prélevés les échantillon 14, 15 et 16 (encadré), entre le quai de tonneaux (A) et le quai de pierres (B) (photo fournie par Barry Gaulton) ...... 80 Figure 2-12 Vue du foyer F91 près duquel furent prélevés les échantillons 20 et 21 (photo fournie par Barry Gaulton)...... 82 Figure 2-13 Plan de la station F indiquant les puits échantillonnés dans le foyer (en jaune)...... 83 Figure 4-1 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur aspect à maturité ...... 133 Figure 4-2 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur cycle biologique...... 134 Figure 4-3 Répartition des taxons identifiés dans les latrines selon leur habitat actuel ...... 135 Figure 4-4 Répartition des taxons identifiés dans le dépotoir de la première moitié du XVIIe siècle selon leur habitat actuel ...... 135 Figure 4-5 Répartition des taxons identifiés dans le dépotoir de la deuxième moitié du XVIIe siècle selon leur habitat actuel ...... 135 Figure 4-6 Répartition des taxons identifiés dans les remblais des quais selon leur habitat actuel...... 135 Figure 4-7 Répartition des taxons identifiés dans le foyer selon leur habitat actuel ...... 135 Figure 4-8 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon qu’ils sont caractéristiques de sols acides ou alcalins ...... 136 Figure 4-9 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur tolérance au sel ...... 136 Figure 4-10 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon le degré d’humidité des sols dans lesquels on les retrouve habituellement ...... 136 Figure 4-11 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur fertilité ...... 136 Figure 4-12 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon qu’ils sont caractéristiques de sols minéraux ou organiques ...... 136 Figure 4-13 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur origine...... 137 Figure 4-14 Répartition des aiguilles dénombrées dans chacun des échantillons selon leur abondance relative (en pourcentage)...... 138 Figure 4-15 Répartition des feuilles de sphaignes dans les latrines (échantillon 27) et dans les remblais des quais (échantillons 14, 15 et 16) selon leur abondance ...... 139 Figure 4-16 Répartition des charbons de bois prélevés dans le foyer selon l’essence (en pourcentage) ...... 139 Figure 4-17 Répartition des charbons de bois prélevés dans le foyer selon la largeur moyenne de leurs cernes de croissance (en millimètres) (d’après les données fournies par Dominique Marguerie)...... 140 Figure 5-1 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de luminosité d’Ellenberg...... 157 Figure 5-2 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle d’humidité d’Ellenberg...... 158 Figure 5-3 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de pH d’Ellenberg...... 158 xi

Figure 5-4 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de fertilité des sols d’Ellenberg ...... 158 Figure 5-5 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de salinité d’Ellenberg...... 159 Figure 5-6 Répartition des fruits sauvages comestibles identifiés à Ferryland selon leur habitat...... 171

Introduction

Domaine de recherche Pour les besoins de la recherche scientifique, on distingue habituellement les sciences humaines des sciences de la nature, même si en réalité l’être humain peut difficilement être exclu de l’environnement dans lequel il vit. Ainsi, l’écologie, et lorsqu’on recule dans le temps la paléoécologie, se veulent des disciplines permettant l’étude de l’environnement en considérant à la fois les organismes vivants et les composantes non vivantes du milieu. Les recherches en paléoécologie, menées surtout par des biologistes et des géographes, sont souvent très utiles aux archéologues. Cependant, comme dans les faits ces recherches n’accordent pas nécessairement une place significative à l’être humain, il s’est développé un champ de recherche en archéologie, appelé archéologie environnementale, qui étudie spécifiquement les interrelations entre les êtres humains du passé et leur environnement grâce à l’analyse des sols et des restes animaux et végétaux récoltés sur, ou en relation avec, les sites archéologiques. C’est dans ce dernier domaine, appelé l’archéobotanique, que s’inscrit la présente recherche.

Les restes végétaux peuvent se préserver sur un site archéologique sous plusieurs formes : macro-restes végétaux (graines, fruits, noix, aiguilles, tubercules), bois et charbon de bois, grains de pollen, phytolithes, diatomées et même sous la forme de traces chimiques. Toutefois, pour des raisons pratiques, seuls les macro-restes végétaux et certains charbons de bois ont été utilisés dans la présente recherche. Par ailleurs, si les micro-restes végétaux, principalement les grains de pollen, sont traditionnellement utilisés pour reconstituer l’évolution de la végétation et des climats passés, les macro-restes végétaux, au contraire, sont plus enclins à révéler les choix que les êtres humains ont effectués parmi les ressources de cet environnement. Quels végétaux étaient sélectionnés pour se nourrir, se vêtir, se loger et se chauffer? Comment se les procurait-on (agriculture, cueillette, commerce) ? Qu’est-ce que ces choix nous révèlent sur l’identité des individus, sur leur appartenance ethnique, socio-économique et religieuse ? Quel fut l’impact des activités humaines sur l’environnement ? Ce ne sont là que quelques unes des questions auxquelles une analyse des macro-restes végétaux peut répondre. 2

Malgré le fort potentiel de l’archéobotanique, son développement fut plutôt lent. Aujourd’hui encore, en dépit des progrès techniques et de l’expérience acquise, l’archéobotanique n’est pas encore pleinement intégrée à la pratique de l’archéologie. En effet, les macro-restes végétaux peuvent facilement passer inaperçu sur les sites archéologiques. Ce sont d’ailleurs des conditions de préservation exceptionnelles qui, à la fin du XIXe siècle, avaient attiré l’attention des archéologues sur les macro-restes végétaux. Les premières analyses étaient l’œuvre de botanistes et étaient essentiellement descriptives. Ce ne fut qu’avec l’adoption du procédé de flottation et, en Amérique, avec le développement de la nouvelle archéologie, que les études en archéobotanique connurent un certain essor. L’analyse des macro-restes végétaux a notamment grandement contribué à la compréhension du processus de domestication des végétaux, au Proche-Orient d’abord, puis ailleurs dans le monde. En Amérique du Nord, la pratique de l’archéobotanique était essentiellement confinée, jusque dans les années 1980, à la période préhistorique. Ce type d’analyse demeure encore marginal pour la période historique et n’est pas toujours utilisé à son plein potentiel. Cela s’explique probablement par le fait que les archéologues ont habituellement tendance à considérer les conditions environnementales qui avaient cours il y a quelques siècles comme étant les mêmes qu’aujourd’hui et à considérer les sources historiques comme étant suffisantes à la connaissance des diètes d’autrefois.

Contexte à l’étude et problématique La période coloniale est d’un grand intérêt en Amérique du Nord pour des études en archéobotanique puisqu’on peut y percevoir les échanges qui ont eu lieu entre l’Ancien et le Nouveau monde. Ainsi, la flore que nous connaissons aujourd’hui a été grandement influencée par les espèces apportées par les Européens à cette époque et marquée par l’attitude de ceux-ci envers l’environnement qu’ils ont colonisé. Cette rencontre a eu des effets sur l’utilisation que les populations d’origine européenne (surtout les colons mais aussi sur les gens vivant en Europe) et autochtone faisaient des ressources végétales, notamment en ce qui concerne les pratiques alimentaires. Les entreprises coloniales furent aussi nombreuses que diversifiées. Elles variaient en fonction de la vocation de la colonie, de l’origine de ses colonisateurs, des contacts avec les populations autochtones et de l’environnement dans lequel elles se sont implantées.

3

Il convient donc de bien cerner le contexte à l’étude dans son unicité. Le site concerné est celui de Ferryland, une colonie terre-neuvienne fondée par les Anglais en 1621. L’intérêt de ce site est qu’il témoigne des premières expériences européennes en sol américain. En effet, la position géographique de Terre-Neuve, une grande île située dans le Golfe du Saint-Laurent, et surtout ses eaux poissonneuses, ont très tôt attiré les Européens. Visitée depuis 1497 par de nombreux explorateurs à la recherche d’une route maritime vers les Indes, l’île de Terre-Neuve est devenue très fréquentée au début du XVIe siècle. En effet, les Français, les Espagnols et les Portugais exploitaient déjà ses côtes pendant l’été afin de pêcher la morue qui était une ressource très lucrative sur les marchés européens. Au XVIIe siècle, la pêche était surtout contrôlée par les Français et les Anglais qui se querellaient pour obtenir les meilleurs ports de pêche. Les Anglais, afin d'étendre leur emprise sur la pêche et le commerce du poisson, ont entrepris l’installation de colonies permanentes sur la côte est de la péninsule d’Avalon qu’on appellelait l’English shore. Toutefois, même après l’installation de colonies, la population terre-neuvienne est restée essentiellement migratoire, et ce jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. En effet, la pêche est demeurée très longtemps la seule industrie viable à Terre-Neuve et, comme cette activité ne nécessitait pas la présence d’une main-d’œuvre abondante à l’année longue, le peuplement des colonies n’était pas nécessaire.

Il semblerait, selon les données archéologiques, que déjà au XVIe siècle les plages de Ferryland étaient occupées par les pêcheurs migratoires. C’est toutefois au XVIIe siècle que le site a gagné sa renommée. En effet, en 1621 George Calvert en fait une des premières colonies permanentes terre-neuviennes. Par la suite, , lequel était devenu propriétaire de toute l’île, fit de Ferryland sa « capitale » en 1638. Les fouilles archéologiques ont révélé toute l’ampleur de l’ambition de Calvert : forge, entrepôt, boulangerie/brasserie (tous en pierres), palissade et fossé défensif, quais et rue pavée font partie des découvertes. Cependant, après un séjour à Terre-Neuve en 1628 et 1629, Calvert, déçu de son expérience, décida d’abandonner sa colonie terre-neuvienne. Ses investissements ne furent rentables qu’à long terme et c’est la famille Kirke qui en profita de 1638 à 1696. Les fouilles ont mis au jour de nombreuses habitations, dont le manoir des Kirke et la riche culture matérielle qui y était associée, qui témoignent de la vie des

4 planters et de leurs serviteurs pendant cette période. C’est en 1696 que la colonie fut abandonnée à la suite d’une attaque perpétrée par les Français.

Le choix de la colonie de Ferryland comme site d’étude s’explique non seulement par le fait qu’il s’agit d’un site majeur témoignant des débuts de la présence européenne en Amérique du Nord, mais également parce qu’il s’agit d’un site bien documenté grâce aux sources historiques et aux fouilles archéologiques qui y sont menées depuis le milieu des années 1980. La présente analyse porte plus précisément sur le XVIIe siècle, c’est-à-dire l’époque de la colonie permanente. Cette période a été privilégiée parce qu’il était plus facile de recueillir des échantillons de sédiment datant de cette période, mais surtout parce qu’il s’agit d’une étape importante dans l’installation des Européens à Terre-Neuve. Étant donné que certains habitants commencèrent à y vivre à l’année longue, on peut s’attendre à ce que leurs relations avec leur environnement soient davantage perceptibles. De plus, il s’agit d’une période bien connue de sorte qu’il est possible de replacer les données environnementales dans leurs contextes archéologique et historique.

Objectifs et hypothèses de recherche

Objectifs La présente recherche vise à mieux saisir les interrelations entre les êtres humains et leur environnement dans le contexte colonial terre-neuvien par le biais d’une analyse archéobotanique portant sur divers contextes associés au site de Ferryland et datés du XVIIe siècle. Plus précisément elle vise à :

1) Aider à l’interprétation des contextes archéologiques

L’utilisation d’un type de source peu exploité en archéologie, les macro-restes végétaux, permettra d’enrichir les interprétations que les archéologues ont déjà proposées pour les différents contextes archéologiques dont ont été tirés les échantillons. Par exemple, en ce qui concerne les latrines, on croit que ce contexte aurait pu être contaminé ultérieurement par la présence d’une étable située à proximité. L’identification des macro-restes végétaux que ce vestige contenait pourrait permettre de clarifier cette situation.

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2) Identifier différents types de végétation qui entouraient la colonie et déterminer leur utilisation par les habitants de Ferryland

Puisque les plantes ont des préférences écologiques données, elles privilégient certains types d’habitats (par exemple : forêt, tourbière, bord de mer, marais, prairie). L’identification des taxons présents dans les sédiments archéologiques pourrait par conséquent permettre d’induire les types d’habitats qui se situaient à proximité et/ou qui ont été exploités par les habitant du site. L’examen attentif des contextes archéologiques et des processus taphonomiques impliqués pourrait permettre de suggérer les voies qui ont mené à la déposition des macro-restes végétaux. Si leur origine semble davantage liée à des activités anthropiques plutôt que naturelles, il faudra s’interroger sur les activités auxquelles ils étaient associés. L’utilisation de sources écrites contemporaines de même que le contexte de découverte pourrait permettre d’identifier les utilisations probables des plantes identifiées (alimentation humaine ou animale, construction, chauffage, textile, vannerie, médication, ornementation).

3) Mieux comprendre l’impact des activités menées dans la colonie sur l’environnement végétal

Les données issues de l’analyse archéobotanique seront également utilisées pour tenter de saisir l’impact de la présence des Européens sur l’environnement végétal terre-neuvien, soit par l’apport, volontaire ou involontaire, d’espèces d’origine étrangère, soit par l’exploitation d’espèces locales. Plus précisément, des questions comme le déboisement ou l’arrivée de mauvaises herbes d’origine étrangère pourraient être abordées. Nous tenterons de cerner à quelles fins les ressources forestières étaient utilisées et d’évaluer l’ampleur de ces activités. Par ailleurs, l’identification des macro-restes végétaux issus des sédiments archéologiques pourra sans doute permettre de dater l’introduction de nouvelles espèces et d’identifier les activités qui ont favorisé la migration de ces plantes d’origine étrangère.

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4) Établir la composition de la diète végétale des habitants de la colonie

On peut d’or et déjà soupçonner que, parmi les utilisations que les habitants de Ferryland ont fait des ressources végétales, l’alimentation occupe une place prépondérante. L’identification des macro-restes végétaux contenus dans les sédiments archéologiques devrait permettre d’identifier des fruits, des légumes, des légumineuses, des céréales, des fines herbes, des boissons (bière, vin, cidre, café) et des plantes médicinales qui étaient consommés sur le site au XVIIe siècle. Évidemment, on ne peut pas s’attendre à ce que la prédominance des macro-restes végétaux dans les assemblages archéobotaniques traduise l’importance que ces aliments avaient dans la diète d’autrefois, et ce en raison de biais taphonomiques majeurs. Toutefois, on peut espérer que l’analyse archéobotanique pourra confirmer les mentions faites dans les documents historiques et même les compléter.

5) Déterminer les moyens d’acquisition des ressources végétales

Il s’agira ici d’aborder la manière dont se sont articulés les choix des habitants de Ferryland par rapport aux possibilités qu’offraient l’environnement et les ressources végétales disponibles sur les marchés. Il faudra alors évaluer l’importance de la cueillette, par rapport à l’agriculture et par rapport à l’importation de denrées. Pour ce faire, les taxons seront classés selon les probabilités qu’ils aient poussé à l’état sauvage ou qu’ils aient été plantés à titre de cultigènes. Parmi les ressources sauvages, il faudra discerner les plantes qui sont d’origine indigène et celles qui sont d’origine étrangère. Par ailleurs, afin de déterminer si les cultigènes ont été cultivés en Angleterre ou à Terre-Neuve, nous utiliserons les mauvaises herbes culturales. Celles-ci pourront également aider à déterminer les modalités des cultures (luminosité, humidité, acidité, fertilité et salinité). L’identification de produits importés pourrait permettre d’apporter des informations nouvelles sur les liens commerciaux et sur le statut socio-économique des habitants dans le cas où des denrées de luxe seraient identifiées.

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6) Cerner l’originalité – ou le conformisme – de Ferryland par rapport aux autres colonies

À l’aide des analyses archéobotaniques effectuées sur d’autres sites coloniaux, il sera intéressant de voir en quoi les interactions entre les habitants de Ferryland et leur environnement se distinguaient de celles de leurs contemporains. Est-ce que la vocation du site, le climat et l’environnement, les réseaux commerciaux, le rôle des populations autochtones et l’origine des colonisateurs ont influencé les choix des habitants dans l’utilisation des ressources végétales ? Est-ce que ces mêmes facteurs ont caractérisé l’empreinte que les Européens ont laissée sur l’environnement ? Bref, ces comparaisons permettront sans doute de mettre en perspective les résultats recueillis à Ferryland.

Hypothèses La présente étude vise à vérifier deux hypothèses de recherche :

1) L’utilisation de ressources locales devrait être privilégiée à des fins non alimentaires alors que les aliments consommés devraient être issus de la culture et/ou de l’importation de végétaux connus en Angleterre

Nous émettons l’hypothèse que l’origine des espèces végétales dépendait de l’utilisation qu’on prévoyait en faire. Ainsi, les végétaux destinés à des fins non alimentaires (construction, chauffage) proviendraient plus vraisemblablement de l’environnement immédiat tout simplement parce qu’ils y étaient plus accessibles. La situation pourrait être différente pour les végétaux destinés à l’alimentation où les espèces d’origine étrangère auraient pu occuper une place plus importante. D’abord, parce que les habitudes alimentaires sont profondément ancrées dans la culture des gens et donc peu sujettes à des modifications rapides et majeures, mais aussi parce que des contacts peu fréquents avec les populations autochtones n’auraient pas encouragé la consommation de plantes indigènes.

2) Des traces de l’établissement des Européens à Terre-Neuve étaient perceptibles dans l’environnement végétal qui entourait le site de Ferryland, et ce dès le XVIIe siècle

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Nous croyons notamment que des plantes d’origine étrangère se sont installées rapidement après la fondation de la colonie et que les conséquences de l’exploitation de l’environnement, particulièrement des essences ligneuses, devraient être visibles dans les assemblages archéobotaniques.

Sources de données La principale source utilisée pour résoudre la problématique de recherche, ce sont évidemment les macro-restes végétaux prélevés sur le site archéologique de Ferryland. Ce type de source a été privilégié car il permet d’obtenir des informations sur l’environnement végétal à proximité du site, mais surtout parce que ces restes sont les plus susceptibles d’avoir été utilisés par les êtres humains. De plus, les macro-restes végétaux peuvent permettre une identification précise car, contrairement aux grains de pollen, ils peuvent la plupart du temps être identifiés à l’espèce. L’analyse des macro-restes végétaux présente malgré tout certaines limites. Par exemple, il est évident qu’elle ne peut révéler tous les végétaux présents et utilisés sur le site, pas plus que l’importance relative de chacun, puisque certains processus, tant naturels que culturels, procèdent inévitablement à la destruction des macro-restes végétaux les plus vulnérables.

Afin de récupérer les macro-restes végétaux, des échantillons de sédiment ont été recueillis lors des fouilles archéologiques menées sur le site de Ferryland. En tout, 16 échantillons ont été prélevés dans quatre contextes différents, soit des latrines, des dépotoirs domestiques, les remblais d’un quai et un foyer. La variété de contextes échantillonnés ainsi que le potentiel élevé pour la préservation des macro-restes végétaux (tant par imbibition que par carbonisation), augmente les chances de récolter des données suffisantes pour répondre à la problématique de recherche. Les échantillons recueillis furent traités selon la procédure standard en archéobotanique, c’est-à-dire qu’ils ont été soumis à la flottation puis triés sous la loupe binoculaire afin d’en extraire les macro-restes végétaux. Ceux-ci ont ensuite été identifiés à l’aide de collections de référence de spécimens actuels et dénombrés. À l’aide de la liste de taxons ainsi générée, les plantes identifiées dans chaque échantillon furent classées selon leurs habitudes de croissance, leurs préférences écologiques (habitat, type de sol) et leur origine (indigène, étrangère).

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Afin d’aider à l’interprétation des données obtenues, deux autres types de sources ont été mises à contribution, soit les documents historiques et les données archéologiques. Les sources historiques privilégiées sont d’abord la correspondance entretenue par divers habitants ou visiteurs de la colonie de Ferryland. Les informations sur les activités impliquant des ressources végétales (agriculture, importation, construction) ainsi que des descriptions du paysage furent particulièrement précieuses. D’autre écrits contemporains traitant spécifiquement de l’usage des plantes retrouvées (herbiers, livres de recette) furent également fort utiles. Les sources archéologiques pour leur part furent exploitées surtout en lien avec les contextes dans lesquels les échantillons ont été prélevés afin de mieux comprendre l’origine de ces dépôts. Les analyses archéoentomologique et zooarchéologique (Bain 2005; Hodgetts 2006, 2008; Prévost et Bain 2007) furent particulièrement pertinentes, car elles purent compléter les résultats obtenus lors de l’analyse archéobotanique.

Plan du mémoire Le premier chapitre fait état des connaissances actuelles relatives à la pratique de l’archéobotanique en archéologie historique. Tout d’abord, nous avons tenté de mieux cerner ce qu’est l’archéobotanique en définissant cette discipline, en traçant brièvement son historique et en présentant les axes de recherche les plus communs. Par la suite, nous nous sommes attaqués à l’archéologie historique en traitant des mêmes points. Pour conclure, nous avons recensé dans la littérature les recherches qui allient l’archéobotanique et l’archéologie historique, et ce tant au Canada, aux États-Unis, sur d’autres sites coloniaux que sur des sites contemporains en Angleterre.

Le chapitre deux traite plus précisément du site de Ferryland et sert à mettre en contexte les données qui sont présentées et discutées dans les chapitres suivants. La première partie de ce chapitre présente les cadres géographique et historique inhérents à la présente étude. La seconde partie dresse un bref portrait de ce que pouvait avoir l’air la vie et le travail des habitants de Ferryland au XVIIe siècle. La dernière partie décrit les principales découvertes archéologiques faites à Ferryland ainsi que chacun des contextes échantillonnés (latrines, quais, dépotoirs domestiques et foyer).

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Le troisième chapitre est consacré à la méthodologie et sa structure suit dans l’ordre les principales étapes que nécessite une analyse de macro-restes végétaux. Les techniques utilisées lors de la cueillette des échantillons de sédiment sur le terrain, le matériel et la procédure relatifs à leur traitement par flottation manuelle, la méthodologie utilisée en laboratoire pour sous-échantillonner, trier et identifier les macro-restes végétaux, les observations dendrologiques effectuées sur les charbons de bois et la quantification des données sont successivement présentés. Ce chapitre inclut également quelques considérations relatives aux processus taphonomiques pouvant influencer les résultats.

Le chapitre quatre présente les résultats obtenus. En guise d’introduction, nous définissons les variables sélectionnées (répartition des macro-restes végétaux, habitudes de croissance, préférences écologiques et origine) et discutons de la possibilité que certains macro-restes végétaux puissent être intrusifs. Par la suite, les résultats obtenus sont décrits pour chacun des échantillons prélevés et ce à l’aide des variables précédemment évoquées.

Finalement, le chapitre cinq consiste en une discussion dans laquelle les résultats sont décortiqués afin de répondre aux objectifs et de vérifier les hypothèses de départ. Dans la première partie de ce chapitre, nous examinons si l’analyse des macro-restes végétaux peut aider à préciser l’interprétation de chacun des contextes archéologiques desquels ils sont issus. Une partie importante de ce chapitre est ensuite consacrée à l’alimentation et plus précisément au mode d’acquisition des aliments consommés, que ce soit grâce à la pratique de l’agriculture sur place, à la cueillette de ressources sauvages ou à l’importation de denrées. Les données obtenues à Ferryland sont par la suite comparées à celles issues de d’autres sites coloniaux. Finalement, nous discutons de l’apport des données archéobotaniques dans l’identification de différents habitats et de la manière dont ceux-ci auraient été exploités par les habitants de Ferryland. C’est dans cette dernière partie que nous abordons la question de l’anthropisation de la flore terre-neuvienne.

Bref, ce mémoire vise principalement à parvenir à une meilleure compréhension des interrelations que les habitants de la colonie terre-neuvienne de Ferryland entretenaient avec leur environnement au XVIIe siècle. L’analyse des macro-restes végétaux effectuée est particulièrement susceptible d’éclairer la manière dont l’environnement végétal était exploité (notamment pour l’alimentation) et l’impact des activités humaines sur la

11 végétation environnante. Mais avant d’aborder ces thèmes, commençons par dresser un état de la question.

1 État de la question « It is paradoxical, but sadly true, that despite the fact that the relationship between human societies and their environment has been one of the “most solidly grounded concerns in archaeology”, there is still a profound fracture existing between archaeologists dealing with the artefactual evidence and those engaged in the study of biological and geological remains. » (5 ׃ Albarella 2001)

Le présent mémoire se situe au confluent de deux spécialisations, soit l’archéobotanique, laquelle est le domaine de recherche, et l’archéologie historique, laquelle fait référence à la période d’étude. Dans ce chapitre, nous définissons chacune de ces spécialisations et identifions leurs principaux axes de recherche. Suit une revue de la littérature visant à souligner l’apport des études archéobotaniques en archéologie historique.

1.1 L’archéobotanique

1.1.1 Définition Si l’archéologie est définie comme la science qui étudie les sociétés du passé à l’aide des traces matérielles, cette compréhension ne peut être complète sans une connaissance de l’environnement dans lequel ont évolué ces dites sociétés car, comme le rappelle Crumley ix), « all human activity inevitably takes place somewhere, it is embedded in a ׃ 1998) matrix, a context, an environment ». Il faut cependant se garder de considérer cet environnement comme un simple décor à l’histoire. Les interactions entre les êtres humains et leur environnement sont dynamiques et à double sens, c’est-à-dire que les êtres humains influencent leur environnement, mais celui-ci leur fournit également des opportunités et des définit l’archéologie (3 ׃ Dans cette veine, O’Connor (1998 .(2 ׃ contraintes (Sobolik 2003 environnementale comme étant l’étude des changements environnementaux passés et le rôle des populations humaines qui ont causé ou subi ces changements.

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Bien qu’on ne puisse définir l’archéologie environnementale par ses méthodes (Driver cette sous-discipline regroupe communément, mais non exclusivement, des ,(49 ׃ 2001 recherches effectuées en archéobotanique1, en zooarchéologie et en géoarchéologie Il demeure toutefois difficile d’intégrer les données issues de ces .(56 ׃ Thomas 2001) différentes branches dans un cadre théorique unique qui comprendrait à la fois une x). Les résultats ont ׃ 1998 ,2 ׃ dimension spatiale et temporelle (Crumley 1994 inévitablement tendance à être fragmentés selon les spécialités des chercheurs.

Le présent mémoire s’inscrit dans le champ de l’archéobotanique, également désigné sous le vocable de paléoethnobotanique dans la littérature scientifique. L’existence de cette double terminologie semble être le résultat de traditions scientifiques différentes de part et d’autre de l’Atlantique. En Amérique, le terme paléoethnobotanique est utilisé pour définir l’analyse et l’interprétation des restes botaniques. Les Européens utilisent pour leur part le terme archéobotanique, bien qu’au Nouveau Monde ce terme réfère spécifiquement au traitement et à l’identification des restes de plantes et non à l’interprétation des résultats En Europe, on .(2 ׃ Sobolik 2003 ;3 ׃ Miller 1997 ;56 ׃ Hastorf 1999 ;299 ,286 ׃ Ford 1979) considère le terme paléoethnobotanique comme étant trop restrictif, car il définit uniquement l’étude des restes de plantes utilisées par l’Homme et non les communautés de Quoi qu’il en soit, dans les .(28 ׃ Marinval et Ruas 1984 ;1 ׃ plantes naturelles (Greig 1989 faits, il est évident que les archéobotanistes européens ne se limitent pas au traitement et à l’identification des restes botaniques et que les paléoethnobotanistes américains incluent dans leurs recherches les plantes dont l’apport sur un site n’est pas anthropique.

Nous considérerons donc ces deux termes comme étant synonymes et utiliserons, par souci de simplicité, l’expression archéobotanique. Celle-ci est définie comme l’étude des interrelations entre les êtres humains du passé et le monde végétal à l’aide des restes de plantes préservés sur, ou en relation avec, les sites archéologiques. En ce sens les recherches en archéobotanique dépassent la définition que donne O’Connor (1998) de l’archéologie environnementale. En effet, les plantes furent utilisées par les populations du passé dans à peu près toutes les sphères de la vie quotidienne de sorte que les axes de

1 Récemment on utilise le terme bioarchéologie (Thomas 2001 : 55) ou archéobiologie (Sobolik 2003 : 1). pour désigner l’analyse et l’interprétation des restes de plantes et d’animaux.

14 recherche en archéobotanique sont diversifiés comme nous le verrons au point 1.1.3. Il s’agit évidemment d’une source de nourriture, mais également d’un matériau utilisé pour construire les habitations (poutres de bois, clayonnages, toits de chaume, maisons de tourbe), pour la fabrication de meubles, d’une panoplie d’outils, d’ustensiles et de récipients (tonneaux, bols, paniers). Les fibres végétales sont aussi utilisées pour fabriquer des textiles, des cordages, des teintures et des mordants. Les tanins peuvent servir à la préparation du cuir et la résine pour les vernis et le goudron. Le bois et le charbon de bois sont souvent des combustibles privilégiés. Les plantes sont également abondamment utilisées dans la pharmacopée traditionnelle et les sources ethnographiques et historiques ont illustré les significations symboliques souvent accordées au règne végétal (offrandes Hather et ;56 ׃ Hastorf 1999 ;41-71 ׃ funéraires, tabac, alcool et drogues) (Dimbleby 1978 .(98 ׃ Smith 1985 ;2 ׃ Mason 2002

Dans la pratique, on divise habituellement l’archéobotanique selon la taille des restes retrouvés : macro-restes végétaux, micro-restes végétaux et traces chimiques. Cela traduit simplement les techniques spécialisées qu’exige leur analyse. Les macro-restes végétaux2 incluent tout les restes de plantes visibles à l’oeil nu et sont généralement de l’ordre du centimètre et du millimètre. Il peut s’agir de graines, de fruits, de bois, d’écorce, de feuilles, ;77 ׃ de tubercules, de bourgeons, de fleurs, de tiges ou de rachis (Argant et al. 1990 même si (3 ׃ 1997 ,91 ׃ Miller 1995 ;259 ׃ Bhiry et Filion 2001 ;214 ׃ Banning 2000 certaines parties (graines, bois) sont plus communément retrouvées en raison de leur résistance à la décomposition. Les microrestes végétaux incluent les grains de pollen, qui Richard ;295 ׃ sont les éléments reproducteurs mâles des plantes à fleurs (Lavoie 2001 les diatomées, qui sont des algues microscopiques dont les parois cellulaires ,(10 ׃ 1999 et les phytolithes, qui sont ,(311 ׃ Pienitz 2001 ;622 ׃ sont faites de silice (Battarbee 1988 .(158 ׃ des minéralisations prenant naissance dans les cellules végétales (Brochier 1999 Finalement, les traces chimiques sont des résidus de composés organiques de plantes

2 En écologie historique, on utilise communément le terme macrofossile au lieu de macro-reste (Birks 2001 : 49) même si ces restes ne sont habituellement pas fossilisés. Les Français pour leur part parlent de paléosemences et différencient l’étude des graines et des fruits (carpologie) de l’étude des charbons de bois (anthracologie) (Bouby 2000; Ruas et Marinval 1991 : 409).

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(lipides ou acides aminés) qui peuvent subsister sur les artéfacts, des fragments d’acide ribonucléique (ARN) dans les restes de plantes et des isotopes de carbone et des éléments Seuls les .(159 ׃ Wing et Brown 1979 ;214 ׃ traces dans les ossements (Banning 2000 macro-restes végétaux sont l’objet de la présente recherche.

1.1.2 Historique

1.1.2.1 La pratique européenne Dès le milieu du XIXe siècle, les botanistes européens collaborèrent avec les archéologues dans le but d’identifier des restes de plantes exceptionnellement bien préservés sur certains sites archéologiques tels que les habitations submergées par les lacs suisses, les tombes Schultes et von Reis ;291 ׃ égyptiennes et péruviennes ou la ville de Pompéi (Ford 1979 Par exemple, en 1866, O. Heer publia les résultats de .(267 ׃ Smith 1986 ;391 ׃ 1995 l’identification des restes de plantes recueillis dans des villages lacustres préhistoriques Cependant, ces premières analyses étaient le fait .(55 ׃ suisses (Bouby 2000; Hastorf 1999 de botanistes et étaient essentiellement descriptives. L’archéobotanique ne prit réellement son essor que durant la seconde moitié du XXe siècle, stimulée par les premières théories concernant l’origine de l’agriculture. On cherchait alors à découvrir des restes de céréales qui auraient pu éclairer les questions liées à l’origine de leur domestication et de leur .Les travaux de G. Dimbleby, J.M .(268 ׃ diffusion en Europe (Bouby 2000; Smith 1986 Renfrew et H. Helbaek marquèrent cette période (Schultes et von Reis 1995 : 391). Dans les années 1960 et 1970, l’introduction des machines à flottation sur les sites archéologiques, instiguée par E. Higgs de l’Université de Cambridge, favorisa grandement L’école européenne dite .(15 ׃ la collecte des macro-restes végétaux (Watson 1997 continentale demeura longtemps préoccupée par l’étude des changements morphologiques et taxonomiques chez les plantes cultivées. Les Anglais, pour leur part, prirent une voie divergente en privilégiant la vérification de modèles théoriques ainsi que l’utilisation de .(243-244 ׃ modèles ethnographiques et le recours à l’expérimentation (Warnock 1998

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1.1.2.2 La pratique nord-américaine En Amérique du Nord, l’archéobotanique mit du temps à se développer malgré le fait que l’ethnobotanique était un des champs d’intérêt des anthropologues depuis longtemps Les ethnologues, les botanistes et les explorateurs .(17 ׃ Watson 1997 ;7 ׃ Sobolik 2003) notaient consciencieusement l’usage que les Autochtones faisaient des plantes. Toutefois, à quelques rares exceptions près, les archéologues ne s’y intéressèrent pas et les restes de En 1930 .(291-292 ׃ plantes n’étaient pas récoltés sur les sites archéologiques (Ford 1979 cependant, le Museum of Anthropology at the University of Michigan invita les archéologues à faire parvenir à ses deux ethnobotanistes, Melvin R. Guilmore et Volney Jones, des restes de plantes retrouvés sur les sites archéologiques. Cette initiative rencontra un vif succès. En plus de procéder aux identifications, Guilmore et Jones tentèrent de replacer ces découvertes dans leur contexte environnemental et culturel en abordant des ;293 ׃ thèmes tels que les origines de l’agriculture et les diètes préhistoriques (Ford 1979 .(9 ׃ Sobolik 2003

En effet, si en Europe les théories au sujet des débuts de l’agriculture avaient stimulé la cueillette de restes de plantes, ce ne fut pas le cas en Amérique où les archéologues demeurèrent pendant longtemps exclus des débats. Ce n’est que dans les années 1950 que des restes de cultigènes admirablement bien préservés retrouvés dans les grottes arides du sud des États-Unis vinrent apporter des preuves aux hypothèses concernant la domestication des plantes américaines. Le maïs, depuis longtemps reconnu comme ayant joué un rôle crucial dans le développement des sociétés pré-colombiennes, était au centre À la même époque, des équipes de recherche .(295-297 ׃ des recherches (Ford 1979 multidisciplinaires et internationales entreprirent des projets d’envergure et à long terme afin de documenter les débuts de l’agriculture, ce qui entraîna un besoin criant de .(268 ׃ Smith 1986 ;295 ׃ spécialistes en archéobotanique (Ford 1979

Cependant, le potentiel de l’archéobotanique était encore loin d’être pleinement exploité dans ces études pionnières. Par exemple, on se contentait généralement de reconstituer les origines et le développement de l’agriculture, sans chercher à les expliquer. C’est l’avènement de l’archéologie processuelle dans les années 1960 et 1970 qui accélèra le développement de l’archéobotanique en Amérique du Nord. Ce courant théorique mit de

17 l’avant des problématiques liées à la subsistance, à l’écologie et à l’économie et porta un Ceci encouragea .(18 ׃ Watson 1997 ;7 ׃ intérêt considérable au écofacts (Sobolik 2003 l’emprunt de concepts à l’écologie, notamment ceux d’écosystème et d’évolutionnisme culturel, afin d’expliquer les changements culturels préhistoriques, alors considérés comme ,Parallèlement .(1-3 ׃ des adaptations aux conditions environnementales (Gremillion 1997 on assista à la « révolution » de la flottation à la suite de la publication d’un article de Struever (1968), ce qui eut pour effet d’augmenter drastiquement le nombre de restes .(16 ׃ Watson 1997 ;7 ׃ botaniques retrouvés sur les sites archéologiques (Sobolik 2003

L’archéologie processuelle a par la suite connu ses détracteurs qui la disaient étroite, distorsionnée et déshumanisante. Toutefois, même si les concepts d’économie et d’écologie sont parfois insuffisants, ils sont néanmoins nécessaires pour comprendre les sociétés d’autrefois. Les recherches récentes en archéobotanique ont démontré qu’on peut tirer le meilleur profit des approches processualiste et post-processualiste et qu’on peut également utiliser les restes de plantes retrouvés sur les sites archéologiques pour résoudre des .(19 ׃ problématiques liées aux contextes culturel et social (Watson 1997

1.1.3. Axes de recherche

1.1.3.1 Reconstitutions paléo-environnementales Les macro-restes végétaux et les grains de pollen sont depuis longtemps utilisés par les paléoécologistes pour reconstituer l’évolution des environnements passés (Behre 1986; Bhiry et Filion 2001; Birks et al. 1980). Même si une grande partie des restes de plantes retrouvés sur les sites archéologiques y ont été apportés par les êtres humains, l’archéobotanique peut également contribuer aux reconstitutions paléo-environnementales. Cependant, cette discipline vise surtout à appréhender les interactions entre les populations humaines du passé et leur environnement. Les questions liées à l’impact des pratiques agricoles et d’élevage (défrichement, irrigation, pâtures), artisanales et industrielles (cueillette de combustible ou de matières premières) sur l’environnement local sont très populaires. De même, la colonisation de nouveaux territoires et son impact sur les écosystèmes naturels suscite l’intérêt. Les principales conséquences associées à la présence humaine détectables grâce à l’archéobotanique sont le déboisement et l’introduction de

18 nouvelles espèces de plantes (voir par exemple Marinova et Thiebault 2008; Nieuwhof 2006; Rösch 2000; Valsecchi et al. 2006; West 1989).

1.1.3.2 Origines et diffusion de l’agriculture L’archéobotanique, en collaboration avec d’autres disciplines telles l’archéologie, la linguistique comparative, la paléoanthropologie, la génétique, la paléoclimatologie, la géomorphologie et l’agronomie, a grandement contribué à la compréhension des origines et Les .(1 ׃ Zohary et Hopf 1988 ;3-4 ׃ de la diffusion de l’agriculture (Bellwood 2005 questionnements fondamentaux sont : Où, quand et à quelle vitesse l’agriculture a-t-elle été adoptée? Comment, où et à quelle vitesse les techniques agricoles et les différents cultigènes se sont-ils propagés? Et surtout, pourquoi des sociétés de chasseurs-cueilleurs sont-t-elles devenues des sociétés d’agriculteurs-éleveurs? L’archéobotanique peut permettre d’attester la présence de cultigènes sur les sites archéologiques, de décrire les changements morphologiques survenus chez ces plantes et d’identifier leurs ancêtres Actuellement, cinq à sept foyers .(3 ׃ Zohary et Hopf 1988 ;46 ׃ sauvages (Bellwood 2005 d’origine de l’agriculture sont attestés. Le plus ancien, et le plus largement documenté, est le croissant fertile au Proche-Orient. Les principales plantes qui y ont été domestiquées sont .(42 ׃ le blé, l’orge, les pois et les lentilles (Bellwood 2005; Kislev et Bar-Yosef 1988 Poska et ;67 ׃ L’agriculture s’est ensuite étendue à l’Europe et à l’Asie (Bellwood 2005 Saarse 2006). Le second foyer de domestication est constitué des bassins des rivières Yangzi et Jaune en Chine, lesquels ont donné naissance au riz, au millet ainsi qu’à plusieurs Ceux-ci se sont par la suite diffusés en .(42 ׃ tubercules et fruits cultivés (Bellwood 2005 -Le troisième est la Nouvelle .(128-145 ׃ Asie du sud-est et en Océanie (Bellwood 2005 Guinée où le taro, la canne à sucre, le pandanus et la banane ont été cultivés pour la Le centre du Mexique et le nord de l’Amérique du Sud .(42 ׃ première fois (Bellwood 2005 constituent un autre foyer d’origine de l’agriculture. Les principaux cultigènes étaient le maïs, les fèves, les courges, le manioc ainsi que plusieurs autres fruits et tubercules Le nord-est de l’Amérique est désormais attesté comme étant un .(42 ׃ Bellwood 2005) centre indépendant d’invention de l’agriculture. Les principales plantes cultivées étaient les courges et différentes plantes à graines telles les chénopodes et les tournesols (Bellwood Fritz 1994, 1995; Riley et al. 1990). Finalement, bien que les recherches n’en ;42 ׃ 2005

19 soient encore qu’à leur balbutiements dans ces régions, on croit que l’Afrique centrale (Mbida Mindzie et al. 2001) et le sud de l’Asie (Fuller et al. 2004; Weber 1998) pourraient .(43 ׃ également être des foyers de domestication (Bellwood 2005

1.1.3.3 Pratiques agricoles La reconstitution des pratiques agricoles est certes un des axes de recherche les plus fructueux en archéobotanique. Il s’agit de reconstituer la chaîne opératoire de la production agricole, des semis à la consommation, à partir des macro-restes végétaux retrouvés sur les sites archéologiques. Ces pratiques concernent surtout les plantes vouées à la consommation humaine, mais touchent également la culture du fourrage pour les animaux d’élevage et de plantes à usage non alimentaire. Parmi les travaux pionniers, notons ceux de Dennell (1974), de Jones (1984) et de Hillman (1984). Le premier a tenté d’associer différents types d’assemblages archéobotaniques à différentes pratiques agricoles tandis que les seconds se sont employés à tester ces modèles à l’aide d’expérimentations menées dans des sociétés agricoles traditionnelles modernes. L’analyse des assemblages archéobotaniques considère la taille des grains, la partie de la plante représentée (grain, tige, épi) et l’écologie des mauvaises herbes présentes. Elle peut permettre d’induire la modalité et la saison des semis (en ligne, en paquet ou à la volé), les pratiques de sarclage, de labourage et de fertilisation, les modalités de récolte (au ras du sol ou juste sous l’épi), le traitement des récoltes (décorticage, vannage et criblage), les modes de stockage (en grains, en épis ou en gerbes) et les modes de préparation des aliments (mouture, grillage) (Ruas et Fait à remarquer .(183-199 ׃ Wilkinson et Stevens 2003 ;410-411 ׃ Marinval 1991 cependant, ce modèle n’est applicable qu’aux cultigènes de l’Ancien Monde (blé, orge, .(74 ׃ seigle, avoine), c’est pourquoi il tend à n’être utilisé qu’en Europe (Hastorf 1999

1.1.3.4 Paléonutrition et pratiques alimentaires Les plantes occupèrent évidemment une grande place dans le régime alimentaire des populations du passé, que ce soit chez les populations d’agriculteurs-éleveurs ou chez celles de chasseurs-cueilleurs. L’étude de l’alimentation peut également inclure les boissons alcoolisées et les plantes à usage médicinal. Il n’est pas toujours évident d’attester que les plantes comestibles retrouvées sur les sites archéologiques ont effectivement été

20 consommées par les êtres humains. À cet égard, les sources historiques, lorsqu’elles existent, et les données ethnographiques sont d’une aide précieuse. Certains contextes archéologiques se prêtent cependant mieux à l’étude de l’alimentation, ce sont les latrines et les coprolithes, ces derniers étant des excréments minéralisés ou desséchés (voir par exemple Bryant et Williams-Dean 1975; Fry 1985; Gremillion 1996; Minnis 1989; Reinhard et Bryant Jr. 1992; Sobolik 2000; Wales et Evans 1988). Les résidus de cuisson 410- ׃ ou de préparation culinaire sont également de bons indices (Ruas et Marinval 1991 411). L’étude des paléo diètes peut permettre d’évaluer – très grossièrement – l’apport nutritionnel de celles-ci par rapport aux besoins d’une population et par conséquent l’état Il est également possible de déterminer la .(287 ׃ de santé de cette dernière (Ford 1979 place des plantes sauvages par rapport aux plantes cultivées et la proportion de ressources issues de l’environnement local par rapport aux plantes exotiques. La saisonnalité de l’exploitation des ressources peut également être déterminée.

1.1.2.5 Usages technologiques Tel qu’énuméré dans la section 1.1.1, les plantes ont été utilisées par les populations du passé pour plusieurs usages, bien que ceux-ci restent difficiles à attester archéologiquement. Hall et Kenward (2003) ont toutefois tenté d’identifier des groupes de plantes et d’insectes indicateurs de différentes activités artisanales telles le travail des textiles et des peaux et l’extraction de la tourbe. Des plantes tinctoriales ont par ailleurs été identifiées avec succès à York en Angleterre (Tomlinson 1985) et des restes de lin et de Giorgi 1999 ;2-3 ׃ chanvre sont des découvertes fréquentes (voir par exemple Fortin 2000b ,Par ailleurs .(312 ׃ Ruas 1992 ;282 ׃ Hellwig 1997; Moffet 1992 ;270 ׃ Greig 1981 ;344 ׃ grâce à l’anthracologie, il est possible de connaître les stratégies de cueillette du bois de chauffage, lequel était essentiel à certaines industries, notamment la fabrication de la céramique et la fonte de métaux (Chabal et al. 1999; Marguerie et Hunot 2007; Thiebault 1984). Le bois est également fréquemment utilisé comme matière première pour la construction. Il en est de même pour le chaume et la tourbe. Certaines tentatives ont d’ailleurs été entreprises pour caractériser les groupes de plantes constituant les toits de chaume pour éventuellement les reconnaître dans les assemblages archéobotaniques (Letts 1999).

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1.1.3.6 Autres axes de recherche Lors les dernières années, l’archéobotanique tend à élargir son champ d’étude au-delà des champs purement économiques et écologiques. Par exemple, l’analyse des restes botaniques peut permettre d’induire les attributs sociaux de ceux qui les ont manipulés, c’est-à-dire leur statut social, leur affiliation ethnique et leur niveau économique (Deagan L’étude des relations économiques se diversifie et inclut non seulement .(364-365 ׃ 1996b mais également des ,(64 ׃ les réseaux commerciaux et d’échange (Brooks et Johannes 1990 thèmes comme le comportement du consommateur et la montée du capitalisme (Deagan Les migrations de groupes humains et les échanges culturels peuvent .(367 ׃ 1996b .(298 ׃ également se traduire dans les assemblages archéobotaniques (Ford 1979 Finalement, on peut aussi tenter d’appréhender le monde des croyances et les cérémonies et rituels qui leur sont associés, notamment par l’étude des plantes qui composaient les offrandes (Megaloudi 2005; Preiss et al. 2005).

1.2 L’archéologie historique

1.2.1 Définition et historique L’archéologie historique est communément définie comme l’étude de l’expansion des cultures européennes à travers le monde à partir du XVe siècle et des conséquences qui en résultèrent. Un des avantages qui s’offre aux archéologues travaillant sur la période historique est qu’il leur est possible de coupler les données archéologiques aux sources Lawrence et ;1 ׃ documentaires, iconographiques et ethnologiques (Hall et Silliman 2006 .(270 ׃ Orser 2002c ;70-71 ׃ Shepherd 2006

Surtout pratiquée aux États-Unis, l’archéologie historique fut longtemps eurocentriste et En effet, ce sont d’abord les sites connus des sources .(8 ׃ anglophile (Hall et Silliman 2006 documentaires et les colons blancs qui s’y sont installés qui ont attiré l’attention des archéologues. Les sites coloniaux (forts, postes de traite, missions, villages) sont depuis Ces derniers peuvent .(70 ׃ longtemps le centre des recherches (Lawrence et Shepherd 2006 être définis culturellement comme étant ceux occupés pendant le première ou la deuxième génération suivant la colonisation ou politiquement comme tout site datant de la période

22 précédant la déclaration d’indépendance des pays en question (Lawrence et Shepherd .(69 ׃ 2006

Souvent, les savoirs techniques des archéologues furent utilisés pour répondre à des questions historiques spécifiques afin de retrouver et de reconstituer des sites patrimoniaux Ce n’est que dans les années 1960 que l’archéologie historique a .(270 ׃ Orser 2002c) acquis un certain statut. Sous l’influence du mouvement processualiste, elle se tourna alors vers des questionnements plus anthropologiques liés à la reconstruction des modes de vie .(271 ׃ Orser 2002c ;34-35 ׃ passés et à l’étude des processus culturels (Deagan 1996a Parallèlement, les archéologues s’intéressent aujourd’hui davantage à la vie des Autochtones et des esclaves ayant vécu à la période historique (Lawrence et Shepherd Les frontières de l’archéologie historiques s’étendent désormais au monde .(70 ׃ 2006 entier pour englober tout ce qui touche à l’émergence du monde moderne (Hall et Silliman .(2 ׃ 2006

1.2.2. Axes de recherche Parmi les thèmes les plus connus en archéologie historique, notons l’étude de la colonisation et du colonialisme. La colonisation implique l’expansion d’un État dans le territoire d’un autre et la mise en place d’établissements sujets à la mère-patrie. Cette expansion peut être accomplie par la conquête ou le commerce et inclut des dimensions politiques, économiques, sociales, culturelles et psychologiques (Lawrence et Shepherd -Certaines études archéologiques ont porté sur le processus de colonisation lui .(73 ׃ 2006 même, à savoir selon quel modèle les sociétés Euro-Américaines ont étendu leurs frontières Le colonialisme est quant à lui le processus par lequel de nouvelles .(28 ׃ Deagan 1996a) sociétés émergèrent en raison de la colonisation, ainsi que les nouveaux systèmes de Les sites coloniaux se prêtent .(73 ׃ relations qui en résultèrent (Lawrence et Shepherd 2006 en effet très bien à l’étude du pouvoir à travers les thèmes de la domination et de la .(Orser 2002a ;71 ׃ Lawrence et Shepherd 2006 ;159 ׃ 2002b ,175 ׃ résistance (Delle 2002a Plus récemment, les archéologues ont révisé ces thèmes de recherche en s’intéressant aux impacts de la colonisation sur les systèmes sociaux autochtones et à la perspective des .(73 ׃ colonisés (Lawrence et Shepherd 2006

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Un autre axe de recherche important en archéologie historique est l’étude de l’identité, lequel incorpore les concepts de classe, d’ethnicité et de genre (Goodwin 2002; Spencer- Wood 2002; Staski 2002). En effet, les relations sociales dans les colonies étaient plus complexes que de simples relations entre colons et colonisés. Différents groupes ethniques se sont rencontrés et métissés et de nouvelles classes socio-économiques ont émergé. Les interactions entre ces groupes sont perceptibles dans la culture matérielle des sites .(73 ׃ Lawrence et Shepherd 2006 ;12 ׃ historiques (Hall et Silliman 2006

En lien avec les thèmes de statut socio-économique et de contacts culturels, se trouve l’étude des réseaux commerciaux. Cela peut prendre la forme d’une analyse du choix des consommateurs selon le statut et l’affiliation de ceux-ci. Les archéologues se sont également intéressés à l’étude de certains lieux voués au commerce tels les forts et les postes de traite. En outre, la période historique se prête bien à l’étude de vastes réseaux .(542 ׃ d’échanges, lesquels s’étendirent à l’échelle mondiale (Kennedy 2002

Un des thèmes les plus fructueux fut l’étude de l’acculturation3 et de l’adaptation, c’est-à- dire la manière dont les nouveaux arrivants ont modifié leur mode de vie traditionnel en s’implantant dans de nouveaux environnements naturels (adaptation) et sociaux (acculturation). L’adaptation se produit lorsque les gens modifient ou abandonnent leurs pratiques quand celles-ci ne sont plus efficaces ou possibles dans un nouvel environnement. L’acculturation concerne les changements sociaux qui ont lieu lorsque des groupes d’individus de différentes cultures entrent en contact direct et continu entraînant des changements dans la culture d’un ou des deux groupes. Les archéologues se sont principalement attardés à l’effet du colonialisme sur l’alimentation et l’industrie des 71- ׃ Lawrence et Shepherd 2006 ;30 ,26-27 ׃ différents groupes impliqués (Deagan 1996a .(4-5 ׃ Reitz et Scarry 1985 ;72

3 Le terme acculturation tend cependant à être délaissé depuis les années 1990, car cette réalité est très complexe et l’utilisation de ce concept masque les actions et les motivations individuelles (Orser 2002c : 4).

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1.3 Revue de la littérature : l’archéobotanique et l’archéologie historique

1.3.1 Historique des recherches et limites méthodologiques Nous avons vu que l’archéobotanique s’est d’abord développée en Amérique du Nord en lien avec l’archéologie préhistorique. Il a en effet fallu attendre les 25 dernières années pour que les archéobotanistes commencent à s’intéresser aux contextes archéologiques plus Cela est dû au fait que les sources documentaires sont .(117 ׃ récents (Gremillion 2002 habituellement jugées suffisantes pour connaître l’alimentation et les pratiques alimentaires D’autre part, les .(180 ׃ des populations de la période historique (Hamilton 2002 problématiques développées pour l’étude des populations préhistoriques sont souvent inapplicables à la période historique. En effet, la domestication des plantes, la saisonnalité et les stratégies d’acquisition sont des thèmes qui doivent être adaptés, voire abandonnés, dans un contexte où l’économie de marché joue un rôle plus important que l’environnement Par ailleurs, l’archéobotanique ne vise pas seulement à .(362 ׃ local (Deagan 1996b confirmer, répéter et réfuter l’information connue dans les documents historiques, mais .(3 ׃ Miller 1997 ;363 ׃ plutôt à fournir des évidences complémentaires (Deagan 1996b

Un des axes de recherche les plus prisés par les archéobotanistes travaillant sur la période historique demeure l’étude des pratiques alimentaires (Landon 2002). On cherche par exemple à comprendre comment les Autochtones et les esclaves ont accepté (acculturation) ou refusé (résistance) les pratiques alimentaires européennes. Inversement, et plus rarement on tente de déterminer comment les habitudes ,(117 ׃ semble-il (Gremillion 2002 alimentaires européennes traditionnelles ont persisté ou changé alors que les colons Plus .(367 ׃ devaient s’adapter à un nouvel environnement social et naturel (Deagan 1996b largement, l’archéobotanique peut servir à retracer la progression de l’influence européenne et des conséquences écologiques qui s’ensuivirent via l’introduction et la dispersion de .(11 ׃ Miller 1997 ;180 ׃ nouveaux cultigènes et mauvaises herbes (Hamilton 2002

Malheureusement, les résultats des analyses archéobotaniques, quand elles ont lieu, sont souvent relégués aux annexes des rapports et rarement intégrés dans la discussion générale Par ailleurs, des centaines de rapports .(117 ׃ Gremillion 2002 ;286 ׃ Ford 1979)

25 archéobotaniques menés dans le cadre de l’archéologie contractuelle demeurent non publiés Par exemple, au Québec, la botaniste Catherine .(323 ׃ et donc difficiles d’accès (Ford 1979 Fortin a publié au-delà de 34 rapports d’analyse de macro-restes végétaux. Seuls quelques- uns ont été publiés (Fortin 1985, 1989, 1998a, 1998c).

La présente revue de la littérature est donc loin d’être exhaustive. Les données pour Terre- Neuve et les Maritimes sont maigres et sont presque toutes issues de rapports non publiés (souvent l’œuvre d’étudiants non gradués) conservés au laboratoire de paléoethnobotanique de Michael Deal à la Memorial University of Newfoundland. Aux États-Unis par contre, d’excellentes études archéobotaniques menées sur des sites coloniaux espagnols, anglais et français ont été publiées. Finalement, il existe quelques exemples en Angleterre où des sites post-médiévaux, donc plus ou moins contemporains à l’occupation de Ferryland, ont été l’objet d’études archéobotaniques. Plusieurs thèmes et résultats issus de ces travaux offrent des comparatifs intéressants pour l’étude du site de Ferryland. Le tableau 1-1 résume les principales sources inventoriées.

1.3.2 Au Canada

1.3.2.1 Terre-Neuve et Labrador Les premières analyses archéobotaniques menées sur un site terre-neuvien ont été entreprises lors de la découverte extraordinaire du site norrois de l’Anse-aux-Meadows qui présentait des conditions idéales pour la préservation des restes végétaux. L’analyse des grains de pollen et des macro-restes végétaux contenus dans les monolithes tourbeux, quoique sommaire, a permis de déterminer que la végétation et le climat avaient peu changé à la suite du passage des Vikings (Dawson 1977; McAndrews et Davis 1978; Mott 1975).

À partir des années 1990, quelques sites autochtones (préhistoriques et historiques) ont .(133 ׃ également été échantillonnés à des fins d’analyses archéobotaniques (Deal 2005 Parmi les plus connus, mentionnons les travaux de Michael Deal, notamment à Port au Choix (Deal 2005), et de Cynthia Zutter sur le site inuit de Uivak Point au Labrador (XVIIIe siècle) (Deal 2005 : 135-136, James Woollett, communication personnelle, 2008). Dans certains cas, des sites amérindiens ont livré des restes de plantes démontrant la

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Tableau 1-1 Tableau comparatif des analyses archéobotaniques pertinentes pour l’étude du site de Ferryland

Source Région Origine des Cadre chronologique Groupe colonisateurs étudié Terre-Neuve et reste du Canada Dawson 1977, McAndrews et Anse aux Meadows Groenland vers l’an 1000 Européens Davis 1978, Mott 1975 (T.-N.) Deal 2005 Port au Choix (T.-N.) - 6290 à 1330 avant Amérindiens aujourd’hui Deal 2005 et Woollett Uivak Point (Labrador) - XVIIIe siècle Inuit comm.pers. 2008 Deal et Butt 2002 Boyd’s Cove (T.-N.) - XVIIe siècle Amérindiens Walsh 2000, Donnely et Gibbs Ferryland (T.-N.) Angleterre XVIe-XVIIe siècles Amérindiens 1994, Stokes et Barnes 1999, et Européens Phillips et McGregor s.d. Kelso 1995 Renews (T.-N.) Angleterre 1660 à 1680 Européens Deutsch et Tucker 1995, Garlie Louisbourg (Nouvelle- France 1716 à 1759 Européens et Walsh 1991, Sheppard et Écosse) Perrault 1994 Holwell et Upshall 1995 Grassy Island (Nouvelle- Angleterre 1732-744 Européens Écosse) Fortin 1989, 1992, 1998a, b, c Québec (Québec) France XVIIe-XVIIIe siècles Européens Bastien 2005, Fortin 2000a, b Montréal (Québec) France XVIIe-XVIIIe siècles Européens Fortin 2002 LaPrairie (Québec) France fin XVIIe- début Européens XVIIIe siècle Fortin 2000a Île aux Oies (Québec) France fin XVIIe- milieu Européens XVIIIe siècle Sites coloniaux aux États-Unis Hendry 1931, Californie, Arizona et Espagne autour de 1769 Européens Hendry et Bellue 1977 nord du Mexique West 1989 Californie Espagne après 1769 Européens et Amérindiens Reitz et Scarry 1985 St. Augustine et Santa Espagne 1565 à 1600 Européens Elena, Floride Scarry et Reitz 1989 centre et centre nord de Espagne avant et après 1565 Européens et la Floride Amérindiens Scarry 1993 nord et nord ouest de la Espagne XVIe- XVIIe siècles Européens et Floride Amérindiens Ruhl 1989 Georgie et Floride Espagne XVIe-XVIIe siècles Amérindiens Ruhl 1997 Floride Espagne fin XVIe-XVIIe siècles Européens

Janovitz 1993 New York Pays-Bas 1624 à la fin du XVIIe Européens siècle Dudek et al. 1998 Boston Angleterre fin XVIIe siècle Européens Gremillon 2002 Old Mobile, Louisiane France 1702 à 1711 Européens Gallagher 2006, Reinhard et al. Newport, Rhode Island Angleterre XVIIIe siècle Européens 1986 Samford 1991 Williamsburg, Virginie Angleterre 1717-1727 Européens Autres sites coloniaux Capparelli et al. 2005 El Shincal, Argentine Espagne XVIe-XVIIIe siècles Amérindiens van Wijngaarden-Bakker et Pals Smeerenburg, Norvège Pays-Bas XVIIe siècle Européens 1981 Sites contemporains en Grande-Bretagne Giorgi 1997 Londres, Angleterre XIVe-XVIIIe siècles Européens Giorgi 1999 Londres, Angleterre XVIe-XVIIIe siècles Européens Huntley et Stallibrass 1995 nord de l’Angleterre XVIe-XIXe siècles Européens Moffet 1992 Dudley, Angleterre 1642-1647 Européens Melton 2004 Southern Shetland, Écosse XVIIe siècle Européens

27 présence directe ou indirecte des Européens. Par exemple, la découverte de gaines de chénopode (Chenopodium sp.) sur le site de Boyd’s Cove (XVIIe siècle) illustre la La .(18 ׃ dispersion de plantes d’origine européenne à Terre-Neuve (Deal et Butt 2002 présence de pépins de raisins (Vitis vinifera L.) dans un foyer boéthuk à Ferryland témoigne pour sa part des échanges qui ont eu lieu entre les Autochtones et les Européens qui ont .(36-37 ׃ Walsh 2000 ;19 ׃ visité le site au XVIe siècle (Deal et Butt 2002

Bien que des efforts aient été faits pour échantillonner des sites terre-neuviens datant de la période historique, le prélèvement n’est pas toujours systématique et les résultats demeurent inédits. Ainsi, la découverte d’une grande quantité de pois carbonisés (Pisum sativum L.) lors de la fouille d’une étable à Ferryland a encouragé l’échantillonnage de ce secteur. Malheureusement, aucun autre taxon pouvant être de manière certaine associé au XVIIe siècle n’a pu être identifié (Donnely et Gibbs 1994). En outre, il faut mentionner que de nombreux échantillons furent prélevés lors de la découverte de latrines à Ferryland4. Certaines couches archéologiques ont été l’objet de dissertations étudiantes sous la supervision du professeur Michael Deal à la Memorial University of Newfoundland. Par exemple, l’identification des macro-restes végétaux de la couche 50 a révélé la présence de petits fruits sauvages (airelle [Vaccinium sp.], ronce [Rubus sp.], fraise [Fragaria virginiana Mill.], vigne [Vitus [sic] riparia Michx.]), de fines herbes comme l’aneth et le fenouil (Anethum graveolens L. et Foeniculum vulgare Mill.), de cultigènes tels l’avoine et le pois (Avena sativa L. et Pisum sp.) et d’aiguilles de sapin et d’épinette (Abies sp. et ,Un autre travail étudiant a porté sur les couches 49 .(9 ׃ Picea sp.) (Stokes et Barnes 1999 50, 111 et 116. La première est une couche constituée de débris résultant de la destruction de la superstructure des latrines. Les autres ont été qualifiées de tourbe (Phillips et bien qu’il s’agisse plus probablement de matière fécale. Des graines ,(8-9 ׃ .McGregor s.d de ronce, d’airelles, de raisins (Vitis sp.), de prunes (Prunus sp.), de cerises (Prunus sp.), peut-être de basilic (cf. Ocimum basilicum L.) ainsi que des aiguilles de sapin comptent ,Cependant .(7 ׃ .parmi les espèces identifiées par les étudiants (Phillips et McGregor s.d ces travaux ne concernent que des assemblages réduits et les identifications sont parfois douteuses. Mentionnons cependant qu’une maîtrise portant sur les macro-restes végétaux

4 Noter qu’un échantillon de ces latrines (couche E116) est inclus dans le présent mémoire (voir section 2.4.3.1).

28 issus de ces latrines est présentement en cours par Crystal Lewis à la Memorial University of Newfoundland, mais que les résultats ne sont pas encore publiés (Michael Deal, communication personnelle, 2007). Finalement, une analyse palynologique a été entreprise à Renews, une colonie anglaise contemporaine à Ferryland. Cela a notamment permis d’identifier un grain de pollen de céréale, probablement du seigle (Secale cereale L), et des mauvaises herbes d’origine européenne, ce qui indiquerait la présence de champs cultivés à proximité (Kelso 1995).

1.3.2.2 La Nouvelle-Écosse Bien qu’il s’agisse encore une fois de dissertations étudiantes, les analyses archéobotaniques effectuées à Louisbourg en Nouvelle-Écosse sont fort pertinentes dans le cadre du présent mémoire puisqu’il s’agit d’un site habité par des pêcheurs français entre 1716 et 1759. La plupart des taxons identifiés sont des plantes indigènes, mais la présence de quelques grains de blé (Triticum sp.) supporte, selon les auteurs, la pratique d’une agriculture à petite échelle sur place (Deutsch et Tucker 1995; Garlie et Walsh 1991; Sheppard et Perrault 1994). Des étudiants ont également identifié quelques macro-restes végétaux contenus dans un puits utilisé entre 1732 et 1744 à Grassy Island, une communauté de pêcheurs anglais située près de Canso, en Nouvelle-Écosse. Les résultats indiquent que l’île était jadis couverte d’épinettes qui auraient été utilisées comme bois de chauffage et de construction. Les couches subséquentes sont caractérisées par la présence d’espèces communes dans les milieux perturbés et de plantes poussant dans les zones incendiées, ce qui est interprété comme le résultat de l’attaque française de 1744 (Holwell et Upshall 1995).

1.3.2.3 Le Québec Plus à l’ouest, des analyses archéobotaniques portant sur le contexte colonial français ont également été effectuées. Les contextes étudiés sont surtout des latrines et des jardins. Pour les besoins du présent mémoire, seules les analyses associées aux premières années d’établissement, soit le XVIIe siècle et début du XVIIIe siècle, ont été retenues.

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Parmi les plus pertinentes et les plus substantielles, mentionnons l’étude menée par Fortin (1989) sur du matériel provenant de la brasserie de Jean Talon (1668-1675), du premier palais de l’intendant (1684-1713) et des magasins du roi (1716-1760) à Québec. Le premier contexte a livré des graines de houblon (Humulus lupulus L.) utilisées dans la fabrication de Quelques denrées entreposées dans les magasins du roi ont .(30 ׃ la bière (Fortin 1989 17- ׃ également été identifiées (raisins, fèves [Phaseolus vulgaris L.], pois) (Fortin 1989 18). Parmi les plantes comestibles mentionnées, certaines étaient vraisemblablement importées d’Europe alors que d’autres auraient pu être cultivées localement. Parmi ces dernières, on note la présence d’arbres fruitiers et de légumes d’origine américaine (soit la De nombreuses plantes .(33-34 ׃ citrouille [Cucurbita pepo L.] et la fève) (Fortin 1989 sauvages comestibles et médicinales étaient également utilisées par les occupants (Fortin .(37 ,35 ׃ 1989

Parmi les jardins étudiés, notons ceux des Récollets à Québec (1692-1796) (Fortin 1998c) et à Montréal (fin XVIIe et XVIIIe siècles) (Fortin 2000c), le site LeMoyne-Le Ber à Montréal (ca1685-ca1800) (Fortin 2000a), le séminaire Saint-Sulpice de Montréal (fin XVIIe et XVIIIe siècle) (Bastien 2005) et le jardin des Gouverneurs à Québec (1640 à 1933) (Fortin 1998b). Habituellement, les assemblages provenant de sols d’anciens jardins sont caractérisés par l’abondance de mauvaises herbes d’origine euroasiatique telles le chou gras (Chenopodium album L.), le pourpier potager, la moutarde (Brassica spp.) et le réveille- matin (Euphorbia helioscopia L.), lesquelles sont communes dans les sols riches et On peut également y retrouver des déchets .(264 ׃ retournés régulièrement (Fortin 1998c domestiques (par exemple des grains de blé carbonisés ou des graines de petits fruits ingérables) provenant de foyers ou de latrines ajoutés volontairement ou non aux sols Hormis le chou (Brassica sp.), le panais (Pastinaca sativa .(264 ׃ cultivés (Fortin 1998c L.), le radis (Raphanus sativus L.) et la courge identifiés au jardin des Récollets à Québec, les espèces cultivées sont rarement présentes. Cependant, la présence de haies d’arbustes, de plantes ornementales (ancolie [Aquilegia vulgaris L.]) et médicinales (jusquiame noire .(265 ׃ Hyoscyamus niger L.]) est parfois notée (Fortin 1998c]

Les latrines datées du régime français dont le contenu fut soumis à une analyse archéobotanique incluent celles de la maison Aubert-de-la-Chesnaye (1679-1810) (Fortin

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1998a) et deux fosses associées à la maison Hazeur (fin XVIIe siècle jusqu’en 1760) (Fortin 1992), deux sites situés dans la ville de Québec. Ces latrines ont livré une abondance et une grande diversité de restes végétaux provenant soit d’aliments ingérés, soit de restes de table. La présence de produits importés est marquée dans la première étude (figues [Ficus carica L.], raisins, olives [Olea europaea L.], noix de Grenoble [Juglans regia L.], amandes [Prunus dulcis (Mill.) D.A. Webb], avelines [Corylus avellana L.], poivre [Piper nigrum L.]). De plus, une grande variété de fruits sauvages était vraisemblablement consommée. Parallèlement, des fruits et des légumes semblent avoir été cultivés localement (par exemple gadelles et/ou groseilles [Ribes spp.], prunes [Prunus domestica L.], cerises [Prunus avium L. et P. cerasus L.], pommes [Pyrus malus L.], melon d’eau [Citrullus vulgaris L.], concombre [Cucumis sativus L.], citrouille, sarriette [cf. Satureja hortensis L.], blé [Triticum aestivum L.] et sarrasin [Polygonum fagopyrum L.]). Quelques plantes rudérales, dont le pourpier potager, sont également typiques de ces deux assemblages. La diversité des produits végétaux consommés et la présence d’importations indiqueraient dans les deux cas que les latrines étaient utilisées par des ménages fortunés.

Parmi les rares sites ruraux étudiés, mentionnons ceux de la Nouvelle-Ferme et du Rocher- de-la-Chapelle tous deux situés à l’île aux Oies, ainsi que le site de La Prairie (fin XVIIe et milieu XVIIIe siècles). Le premier a révélé la présence de nombreuses plantes rudérales introduites d’Eurasie, lesquelles augmentent avec le temps par rapport aux restes d’arbres indigènes. Des cultigènes utilisés pour l’alimentation (grains et légumineuses) et la fabrication de textiles (lin et chanvre [Cannabis sativa L.]) ont également été répertoriés Le second site est le seul témoignant de contacts avec les .(12 ,2-3 ׃ Fortin 2000b) populations amérindiennes. L’archéobotaniste y a identifié des graines de citrouille et de tabac (Nicotina rustica L.) en plus de plantes cultivées et de mauvaises herbes typiques des .(8-9 ׃ cultures européennes (Fortin 2002

1.3.3 Sites coloniaux aux États-Unis

1.3.3.1 La Californie Il est étonnant de constater qu’une des premières études archéobotaniques effectuées dans un contexte colonial nord américain remonte aux années 1930. George W. Hendry (1931;

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Hendry et Bellue 1977 [1936]) eut en effet l’idée d’identifier les restes de plantes préservés dans des briques de boue utilisées pour la construction d’anciens édifices en Californie, en Arizona et au nord du Mexique tout simplement en laissant les briques se désagréger dans ׃ l’eau et en récupérant les macro-restes végétaux qui flottaient à la surface (Hendry 1931 Ses analyses ont permis d’identifier de manière .(65 ׃[Hendry et Bellue 1977 [1936 ;111 précise les variétés de céréales et les espèces de fruits apportées par les colonisateurs et de déterminer (68-69 ׃[Hendry et Bellue 1977 [1936 ;121-123 ׃ espagnols (Hendry 1931 que l’introduction de plusieurs mauvaises herbes euroasiatiques précède ou suit de près la .(69 ׃[Hendry et Bellue 1977 [1936 ;126 ׃ colonisation de la région en 1769 (Hendry 1931

Une soixantaine d’années plus tard, notre compréhension de l’impact de la colonisation espagnole sur la végétation californienne a beaucoup progressé comme un chapitre de G. James West (1989) dans le livre Columbian Consequences permet de le constater. La diversification des approches utilisées (macro-restes végétaux, palynologie, phytolithes, charbons de bois, cicatrices de feu sur les arbres et taux de sédimentation) a permis de nuancer et de préciser les connaissances. West rapporte que l’invasion des plantes d’origine étrangère et l’altération des communautés végétales indigènes aurait été rapide et radicale notamment en raison des animaux d’élevage mis en pâture et de ,(344 ׃ West 1989) .(343 ׃ l’augmentation de la fréquence des feux (West 1989

1.3.3.2 La Georgie et la Floride Le sud-est des États-Unis est sans contredit la région où les analyses environnementales furent les plus fructueuses. Les nombreuses publications, dont une synthèse remarquable de Elizabeth J. Reitz et de Margaret Scarry publiée dans un numéro spécial du périodique Historical Archaeology (Reitz et Scarry 1985), mettent en évidence la richesse des problématiques qui peuvent être explorées par les archéobotanistes travaillant sur les sites coloniaux.

Les analyses menées sur les restes végétaux et animaux issus de contextes du XVIe siècle sur les sites de St. Augustine et de Santa Elena ont permis d’explorer les questions complexes de l’adaptation et de l’acculturation des modes de subsistance espagnols. Malgré leur désir de perpétuer leurs habitudes alimentaires, les colons espagnols furent confrontés

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à des conditions environnementales ne favorisant pas la culture du blé, des pois, des olives Seule la culture de .(344 ׃ Scarry et Reitz 1989 ;55-57 ׃ et de la vigne (Reitz et Scarry 1985 certains fruits tels le melon d’eau (Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. et Nakai) et la pêche ,Parallèlement .(57 ׃ Prunus persica (L.) Batsch) connut du succès (Reitz et Scarry 1985) l’irrégularité des approvisionnements rendait impossible une dépendance sur des denrées Les Espagnols se virent donc contraints .(350-351 ׃ importées (Scarry et Reitz 1989 d’adopter les cultigènes amérindiens, soit le maïs (Zea mays L.), la fève (Vicia faba L.) et Des .(58-63 ׃ la courge (Cucurbita sp.), comme aliments de base (Reitz et Scarry 1985 venaient compléter leur régime (64 ׃ légumes originaires des Caraïbes (Reitz et Scarry 1985 alimentaire en plus de fruits et de noix sauvages cueillis dans les environs (Reitz et Scarry .(71-72 ׃ 1985

Il en est résulté une diète hybride traduisant des contraintes environnementales à l’agriculture et à l’élevage des espèces traditionnellement utilisées en Europe ainsi que des Par .(350 ,344-345 ׃ contacts avec les populations autochtones (Scarry et Reitz 1989 ailleurs, ces analyses ont permis de nuancer certaines données historiques qui rapportaient les privations extrêmes auxquelles les colons étaient confrontés. Il semblerait que ceux-ci aient surtout été insatisfaits du fait que ces nouveaux aliments représentaient pour eux une .(351-352 ׃ baisse de statut social (Scarry et Reitz 1989

Scarry (1993) a également étudié une autre région de la Floride colonisée par les Espagnols, soit la province des Appalaches5. À la période pré-contact, les Appalaches avaient une agriculture florissante, ce qui a incité des missionnaires espagnols à coloniser cette région au début du XVIIe siècle afin d’approvisionner leur capitale, St. Augustine, L’analyse .(358-359 ׃ laquelle était située sur des terres peu fertiles (Scarry 1993 archéobotanique a mis en évidence que l’alimentation des Espagnols et des Autochtones était très semblable, c’est-à-dire basée sur des cultigènes indigènes, surtout le maïs (Scarry Les cultigènes de l’Ancien Monde (céréales, fruits et légumes) étaient .(368 ׃ 1993 également présents et particulièrement abondants dans les contextes séculiers espagnols Ce mélange d’aliments des deux cultures s’explique probablement du .(369 ׃ Scarry 1993)

5 Cette région se situe dans le nord et le nord-ouest de la Floride (Ruhl 1989 : 559).

33 fait que les Autochtones étaient employés par les Espagnols pour la production et la .(369 ׃ préparation de nourriture (Scarry 1993

Le texte de Ruhl (1989) dans le livre Columbian Consequences s’attarde quant à lui aux changements dans les stratégies de subsistance de divers groupes autochtones vivant dans différents environnements de la Georgie et de la Floride à la période de contact (Ruhl 1989 Il en ressort que les groupes qui avaient une économie davantage basée sur .(556 ׃ l’agriculture à la période pré-contact étaient plus réceptifs à l’adoption des cultigènes, des techniques et des outils agricoles espagnols. À l’opposée, ceux qui avaient davantage un mode de vie de chasseurs, pêcheurs, cueilleurs ont vécu un changement dans la nature de .(571 ׃ leur stratégies de subsistance en devenant agriculteurs (Ruhl 1989

Une autre texte de Ruhl (1997), toujours au sujet des colonies floridiennes, utilise les données archéobotaniques afin d’étudier les relations commerciales des colons espagnols, en mettant l’emphase sur deux denrées : les oranges (Citrus sinensis (L.) Osbeck) et le blé Les données archéobotaniques indiquent que les graines d’orange ne .(36 ׃ Ruhl 1997) La .(40 ׃ commencèrent à apparaître que dans les contextes du XVIIIe siècle (Ruhl 1997 culture de ce fruit, d’abord apprécié pour ses propriétés médicinales, se serait développée parallèlement à la demande croissante pour cet aliment exotique dans les colonies Parallèlement, on remarque qu’au XVIe siècle le blé n’est .(42 ׃ britanniques (Ruhl 1997 abondant que dans les contextes associés aux églises, ce qui tend à indiquer que cette céréale avait surtout une fonction religieuse (pour l’eucharistie) avant de devenir un produit Encore une fois, l’augmentation de la demande .(42-43 ׃ commercial (Ruhl 1997 expliquerait l’abondance des grains de blé dans les contextes archéologiques du XVIIe siècle par rapport à ceux du siècle précédent.

Les recherches de Ruhl ont également porté sur l’évolution des pratiques alimentaires des habitants (Autochtones et Espagnols) de Floride, Georgie et Caroline du Sud entre le XVIe En dépit du fait que la culture du blé est demeurée .(255 ׃ et le XVIIe siècles (Ruhl 1993 difficile dans les colonies floridiennes, l’auteure note que les grains de blé se firent plus abondants dans les contextes du XVIIe siècle, ce qui traduirait un désir de retourner aux Les fruits et les noix sauvages étaient .(281 ,271 ׃ aliments traditionnels (Ruhl 1993 également consommés. Une diminution dans la variété et la quantité de fruits sauvages

34 observée pour le XVIIe siècle pourrait s’expliquer par le succès de la culture des fruits Certains de ces fruits, tels le melon d’eau et la pêche, ont été .(268 ׃ européens (Ruhl 1993 Les changements dans les .(265 ׃ adoptés très rapidement par les Autochtones (Ruhl 1993 ׃ modes alimentaires de ces derniers semblent toutefois avoir été plus mineurs (Ruhl 1993 282).

1.3.3.3 La Louisiane La colonie française de Old Mobile en Louisiane, occupée entre 1702 et 1711 (Waselkov fut l’objet d’une analyse archéobotanique (Gremillion 2002) qui visait à ,(3 ׃ 2002 déterminer comment les Européens ont adapté leur alimentation à leur nouvel environnement. Les résultats ont démontré que les aliments de base étaient le maïs et les ׃ légumineuses (tant originaires de l’Ancien que du Nouveau Monde) (Gremillion 2002 Les .(126 ׃ Certaines fèves et les pois étaient importés d’Europe (Gremillion 2002 .(126 analyses morphométriques ont démontré que le maïs était probablement cultivé localement La diète était complétée par des .(121-124 ׃ et non importé du Mexique (Gremillion 2002 fruits sauvages, probablement connus grâce aux Amérindiens, qui constituaient une source .(124 ׃ importante de vitamines (Gremillion 2002

1.3.3.4 La Nouvelle-Angleterre L’article de Janovitz (1993) sur l’alimentation des Néerlandais à New Amsterdam (New York) aux XVIIe et XVIIIe siècles est pertinent bien qu’il ne comporte aucune analyse archéobotanique en tant que tel6. L’auteur utilise la culture matérielle liée à l’alimentation, les restes fauniques, les documents historiques et les sources iconographiques afin de documenter les changements dans les modes alimentaires des Néerlandais à leur arrivée en On en .(6-7 ׃ Amérique en 1624 et après la conquête britannique en 1664 (Janowitz 1993 conclut que les Néerlandais ont intégré des animaux sauvages locaux ainsi que des plantes domestiques amérindiennes dans leur diète, bien que les modes de préparation de la nourriture soient demeurés les mêmes. Ainsi, le maïs fut facilement adopté, car il

6 L’auteur n’indique pas clairement si c’est parce que aucune analyse archéobotanique n’a été effectuée ou si c’est parce que ce type de reste ne s’est pas préservé sur les sites dont il est question (ce qui serait étonnant étant donné que des latrines ont été fouillées [Janovitz 1993 : 15]). Cet article a été retenu car il y est tout de même question de l’alimentation végétale.

35 ressemblait aux céréales européennes et pouvait être apprêté de la même manière, par .(20 ׃ exemple en bouillie (Janowitz 1993

L’identification des macro-restes végétaux prélevés dans des latrines bostonnaises datées de la fin du XVIIe siècle a révélé que l’alimentation de ses utilisateurs était composée d’un mélange d’aliments indigènes et exotiques. Des petits fruits auraient été cueillis sur place et des pommes (Pyrus sp.), des poires (Pyrus sp.), des courges et/ou citrouilles auraient été cultivés en Amérique. Quant aux pêches, cerises et prunes elles auraient pu être cultivées ou importées. Les raisins, les olives, les épices et les noix proviendraient pour leur part d’Europe tout comme les mauvaises herbes qui sont toutes d’origine euroasiatique (Dudek et al. 1998).

Des latrines datant du XVIIIe siècle ont également été échantillonnées sur le site de Queen Ann Square à Newport au Rhode Island. L’identification des grains de pollen et des macro-restes végétaux a permis de déduire la présence d’une potager sur une des propriétés (Reinhard et al. 1986). Quelques macro-restes végétaux ont aussi été identifiés dans les latrines de la veuve Pratt, laquelle a vécu dans cette même ville à la même époque (Gallagher 2006). Une étude semblable effectuée sur le contenu de latrines utilisées entre 1717 et 1729 à Williamsburg a permis d’identifier une grande variété de fruits, de fines herbes, de légumes et de possibles plantes médicinales qui auraient été consommés par les habitants (Samford 1991).

Finalement, mentionnons qu’une analyse archéobotanique a été effectuée sur le site Calvert7 au Maryland sur des contextes datant du début du XVIIIe siècle. Seules les données issues de l’analyse d’un puits et d’un terrier sont disponibles. Ceux-ci contenaient notamment les restes de plantes comestibles : melons, noix, raisins, cerise, pêche et prunes. Il est cependant à noter qu’il fut difficile pour l’auteure de déterminer si les macro-restes végétaux provenant de ces contextes étaient contemporains à l’occupation de Calvert ou s’ils sont issus d’une contamination ultérieure (Miller 1989).

7 Cet endroit fut fondé par le descendant de George Calvert, le fondateur de Ferryland.

36

1.3.4 Autres sites coloniaux La question de l’adoption des cultigènes européens par les Autochtones en Amérique du Sud est abordée dans l’article de Capparelli et al. (2005) qui rapporte les résultats d’une analyse archéobotanique effectuée sur le site d’El Shincal, un centre administratif inca situé en Argentine. L’analyse de contextes datant du XVIe au XVIIIe siècle a permis d’établir que les plantes d’origine européenne (blé, orge [Hordeum sp.], pêches) n’étaient présentes Cette .(476-477 ,473 ׃ que dans des contextes cérémoniels (Capparelli et al. 2005 découverte vient nuancer l’idée que les Autochtones ont accepté passivement les plantes que les Espagnols les ont forcés à cultiver et soulève des questions quant à l’intégration de L’étude des .(483 ,472 ׃ ces cultigènes dans la cosmogonie inca (Capparelli et al. 2005 sources ethnohistoriques a quant à elle permis de déterminer que les plantes européennes Les restes .(481 ׃ ont probablement été introduites à partir du Chili (Capparelli et al. 2005 de plantes retrouvés à El Shincal auraient été obtenus soit en rétribution d’un travail, soit par échange ou pillage; ils auraient également pu être cultivées par les Espagnols .(482 ׃ Capparelli et al. 2005)

L’autre source sélectionnée (van Wijngaarden-Bakker et Pals 1981), bien qu’elle ne traite pas d’un site colonial américain, présente une situation semblable à celle des colonies terre- neuviennes. En effet, la colonie néerlandaise de Smeerenburg, en Norvège, était contemporaine à celle de Ferryland, était comme elle vouée à l’exploitation des ressources marines (chasse à la baleine), était située dans une région peu propice à l’agriculture et ses habitants ne furent pas en contact avec des populations autochtones (van Wijngaarden- L’analyse des macro-restes végétaux effectuée sur ce site a .(133-134 ׃ Bakker et Pals 1981 permis de décrire un assemblage composé presque uniquement de denrées importées. L’analyse a pu attester la consommation d’une grande variété de céréales, de légumineuses Les noix étaient .(137-139 ׃ et de fruits séchés (van Wijngaarden-Bakker et Pals 1981 toutefois absentes ce qui vient confirmer que les rations étaient abondantes, mais de basse Des assaisonnements et de .(149 ,139 ׃ qualité (van Wijngaarden-Bakker et Pals 1981 possibles plantes à vertu médicinale (cranson arctique [Cochlearia officinalis L.]) ont Les verdures .(139-140 ׃ également été identifiés (van Wijngaarden-Bakker et Pals 1981 sauvages, permettant d’apporter des vitamines essentielles à l’alimentation et d’éviter ainsi

37 le scorbut, venaient compléter l’alimentation des habitants (van Wijngaarden-Bakker et .(147 ,145 ׃ Pals 1981

1.3.5 Sites contemporains en Grande-Bretagne Afin de bien cerner l’originalité des sites coloniaux, il est important de pouvoir comparer ces données avec des sites contemporains en Europe, particulièrement en Grande-Bretagne. Or, peu de sites datant de la période moderne (post-médiévale) ont été l’objet de fouilles archéologiques. Quant aux analyses archéobotaniques, elles sont encore plus rares et Huntley et Stallibrass ;200 ׃ majoritairement associées à des sites urbains (Giorgi 1997 .(271 ׃ Moffet 1992 ;80 ,76 ׃ 1995

Notons cependant le travail de John Giorgi qui a étudié l’alimentation des Londoniens et l’introduction de nouvelles espèces engendrée par l’expansion coloniale anglaise. Dans un premier texte (Giorgi 1997), l’auteur résume les découvertes de céréales, de légumes, de fruits, de fines herbes et d’épices associées à des contextes datant du XIVe siècle au XVIIIe siècle. L’augmentation de la consommation de fruits et la généralisation des plantes exotiques sont deux tendances qui ont pu être observées dans les assemblages (Giorgi ,Dans un autre texte (1999), Giorgi aborde les thèmes du brassage de la bière .(209 ׃ 1997 de l’industrie textile, du commerce et de la disponibilité des produits sur les marchés, démontrant ainsi qu’il est possible d’aller au-delà de la simple reconstitution des diètes du passé.

présentent les résultats des (76-81 ׃ Dans une synthèse, Huntley et Stallibrass (1995 analyses archéobotaniques (palynologie et macro-restes) effectuées dans le nord de l’Angleterre pour la période post-médiévale. Les restes de plantes retrouvés sur des sites du XVIIe au XIXe siècle y sont énumérés. Il est cependant difficile de percevoir une quelconque évolution temporelle dans les espèces consommées, une différenciation entre la campagne et la ville ou les routes par lesquelles les nouvelles espèces ont été introduites en .(80-81 ׃ raison du manque de données (Huntley et Stallibrass 1995

Outre ces synthèses, rares sont les articles facilement accessibles portant sur la période post-médiévale. Notons l’analyse de Moffet (1992) portant sur les macro-restes végétaux

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On y a retrouvé d’une .(272 ׃ associés à un dépôt de latrines daté entre 1642 et 1647 (1992 part les plantes qui furent probablement consommées par la garnison royaliste logée au soit une panoplie de fruits cultivés, de fruits et de ,(272 ׃ château de Dudley (Moffet 1992 .(273-282 ׃ noix sauvages, de fruits importés, de légumes et de fines herbes (Moffet 1992 D’autre part, l’assemblage contenait des graines de mauvaises herbes associées aux cultures et aux endroits perturbés de même que des restes de plantes de milieux humides et .(284 ,281-282 ׃ d’arbustes habituellement plantés en haies (Moffet 1992

Mentionnons aussi brièvement une évaluation qui fut effectuée sur des échantillons archéologiques datés du XVIe au XVIIIe siècle provenant du Yorkshire. Ces échantillons contenaient des traces typiques d’une occupation domestique en plus d’indices attestant .(9 ׃ probablement le travail des textiles (Carrott et al. 1998

Parfois certaines publications incluent les résultats d’analyses archéobotaniques, ce qui est utile, mais insuffisant lorsque les données brutes ne sont pas accessibles. C’est le cas dans le texte de Melton (2004) qui porte sur la pêche écossaise à la morue dans le sud des îles Shetland au XVIIe siècle. On y apprend que des denrées comme le blé, l’avoine, l’orge et les pois (ces derniers étant importés) ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques .(248 ,245 ׃ Melton 2004)

Conclusion Ce chapitre a d’abord permis de cerner les tendances actuelles dans la pratique de l’archéobotanique et de l’archéologie historique. Il est intéressant de remarquer que l’archéobotanique est beaucoup moins développée au Canada qu’aux États-Unis et en Angleterre. En effet, les analyses canadiennes se résument souvent à une liste des espèces identifiées accompagnées de leurs utilisations probables selon les sources historiques. Des études comme celles de Reitz et Scarry (1985) ont au contraire démontré que l’archéobotanique peut grandement contribuer à l’avancement de l’archéologie historique grâce à l’intégration de concepts théoriques tels que l’adaptation et l’acculturation. Autre constat, la manière dont on distingue les denrées importées de celles cultivées en Amérique apparaît souvent arbitraire. Est-ce que l’étude des pratiques agricoles pourrait aider à élucider cette question? On constate cependant que l’utilisation des restes végétaux dans la

39 reconstitution des pratiques agricoles est limitée à l’Europe et au bassin méditerranéen, malgré le fait que le blé, l’avoine et l’orge furent également cultivés en Amérique coloniale. Fait étonnant, lorsque ces cultigènes sont attestés, c’est le grain qui est présent, jamais le rachis ou la tige. Serait-ce que ces parties ne sont pas présentes ou qu’elles ne sont pas reconnues par les archéobotanistes américains? Quant aux mauvaises herbes, elles sont rarement utilisées en Amérique pour induire les pratiques culturales, mais surtout pour évaluer l’impact et l’expansion de la présence européenne.

La présente revue de la littérature a en plus fourni plusieurs comparatifs intéressants pour l’étude du site de Ferryland. Certains facteurs tels l’origine des colonisateurs, l’environnement dans lequel ceux-ce se sont installés (propice ou non à l’agriculture), leurs contacts avec les populations autochtones et leurs réseaux commerciaux apparaissent d’or et déjà comme des éléments qui influencèrent les interrelations entre les habitants des colonies et leur environnement. Le chapitre suivant permettra de mieux comprendre les particularités du site du Ferryland, une colonie anglaise où les contacts avec les Autochtones sont presque absents, où le climat et les sols limitent la pratique de l’agriculture et où les relations commerciales avec l’Europe sont fréquentes.

2 Contextes géographique et historique « Newfoundland was England’s earliest landfall, earliest land claim, but, more than that, the central experience of America for the vast majority of sixteenth century Englishman who had such experience. » (142 ׃ Fuller 2001)

Afin de résoudre la problématique de recherche présentée, une analyse archéobotanique fut effectuée sur du matériel provenant du site archéologique de Ferryland. Pour bien cerner l’acuité de ce choix et bien comprendre la signification des résultats qui seront présentés au chapitre quatre, il est d’abord nécessaire d’en connaître davantage sur ce site. Ce chapitre constitue donc une mise en contexte géographique et historique du site à l’étude.

2.1 Cadre géographique

2.1.1 Localisation Le site archéologique de Ferryland (CgAf-2) se trouve dans un village du même nom situé la capitale de la province ,(21 ׃ environ 80 kilomètres au sud de St. John’s (Tuck 1996a canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador (figure 2-1). L’île de Terre-Neuve est d’une et est située entre 52 et 60 degrés de longitude (1 ׃ superficie de 106 000 km2 (South 1983 Ses côtes baignent à l’ouest .(2-3 ׃ nord et 46 et 52 degrés de latitude ouest (Rowe 1980 dans le golfe du Saint-Laurent et à l’est dans l’océan Atlantique. Il ne faut pas oublier que l’île de Terre-Neuve fut longtemps au coeur d’un vaste réseau d’échanges transatlantiques à l’époque où les voyages à longue distance se faisaient par bateau. En réalité, Terre-Neuve se trouve à seulement 3 200 km de Bristol, à 1 600 km des Açores et à 1 600 km de Boston .(2 ׃ Rowe 1980)

2.1.2 La pêche et les modes d’établissement Cet attrait pour Terre-Neuve ne reposait évidemment pas uniquement sur sa position géographique privilégiée, mais surtout sur ce qui fut longtemps sa ressource principale : la morue (Gadus morhua L.). Au sud et au sud-est de l’île, se trouve une série de hauts fonds marins, appelés bancs de Terre-Neuve (figure 2-1), où la présence du courant froid du 41

׃ Labrador crée des conditions favorables à la reproduction du poisson (Morandière 1962 Le littoral est de la péninsule d’Avalon, cette presqu’île située dans la .(24 ׃ Pope 2004 ;27 partie sud-est de Terre-Neuve, fut donc le premier à être occupé par les Européens au XVIe

Figure 2-1 Localisation de Ferryland à Terre-Neuve (Canada). En bleu, le French Shore; en rouge, l’English Shore (Infographie : Andrée Héroux)

42 siècle en raison de sa proximité des Grands Bancs fréquentés par les pêcheurs avides de poisson. Au cours du XVIIe siècle cependant, l’occupation des côtes s’étendit et se nationalisa. Les établissements anglais se concentrèrent sur l’English Shore, entre Bonavista et Trepassey, tandis que les Français en vinrent à occuper le French Shore, sur la côte sud entre Trepassey et Port-aux-Basques et sur la côte nord-est entre Point Riche et figure 2-1). Encore aujourd’hui, l’occupation de Terre-Neuve) (440 ׃ Bonavista (Pope 2004 est caractérisée par un chapelet de petits villages côtiers, l’intérieur de l’île n’ayant été occupé que très récemment en raison de l’exploitation des ressources forestières et de la .(129 ׃ Rowe 1980 ;10 ׃ construction de voies de communication terrestres (Matthews 1988

2.1.3 Topographie et sols Les nombreux fjords, baies, îles et péninsules qui ornent les côtes terre-neuviennes ont pour avantage d’offrir aux pêcheurs de nombreux petits havres abrités naturellement, mais isolés les uns des autres. Ce relief caractérisé par des vallées profondes alternant avec de longues Rowe ;121 ׃ crêtes fut sculpté lors de la dernière glaciation, il y a 13 000 ans (Roberts 1983 C’est également le retrait récent des glaciers, combiné à la présence d’un socle .(4 ׃ 1980 rocheux dur, qui explique la rareté des sols à Terre-Neuve. Lorsqu’ils existent, ces sols sont généralement minces et acides en plus d’être parsemés de blocs jadis transportés par les Le territoire terre-neuvien est constellé de nombreux lacs et .(4 ׃ glaciers (Rowe 1980 rivières. Cependant, en raison du relief, les rivières comportent habituellement plusieurs .(4-5 ׃ rapides ce qui les rend impropres à la navigation (Rowe 1980

Les sols des environs immédiats de Ferryland (le village actuel et le site archéologique, mais à l’exclusion de Ferryland Head) sont considérés comme un podzol orthic humo- south sheet). Ce sol ׃ ferric composé de loam gris olive foncé très compact (Heringa 1981 est acide, rocailleux et peu fertile ce qui limite la pratique de l’agriculture. Toutefois, débarrassé de ses pierres ce type de sol est aujourd’hui utilisé pour cultiver des pommes de .(36 ׃ terre, des navets et des choux (Heringa 1981

43

2.1.4 Conditions climatiques

2.1.4.1 Conditions actuelles De nos jours, le climat terre-neuvien est fortement influencé par le courant du Labrador qui ce qui est ,(37 ׃ 1983 ,83 ׃ transporte les eaux arctiques le long des côtes (Banfield 1981 manifeste par la présence d’icebergs au large de Ferryland jusqu’au début juillet. Cette influence océanique explique que les étés sur la péninsule d’Avalon sont courts et frais Par exemple, de 1971 .(2 ׃ South 1983 ;50 ׃ tandis que les hivers sont doux (Banfield 1983 à 2000, la température moyenne enregistrée à St. John’s était de 15,4oC en juillet et de 4,8oC en janvier (Environnement Canada 2004). Les vents venant du nord et de l’est ainsi que l’eau refroidie par les glaces polaires contribuent à retarder la saison printanière Inversement, l’effet isolateur de l’océan et des vents venant du sud .(101 ׃ Banfield 1981) La saison de croissance .(101 ׃ engendrent des automnes généralement doux (Banfield 1981 pour les végétaux8 demeure cependant courte, s’étendant du début juin à la mi-octobre En hiver, le couvert de neige est intermittent, car seulement la moitié .(70 ׃ Banfield 1983) La brume venant de la .(50 ׃ des précipitations tombe sous forme de neige (Banfield 1983 Rowe ;50 ׃ mer est particulièrement fréquente sur la péninsule d’Avalon (Banfield 1983 et les heures d’ensoleillement sont réduites par rapport aux (2 ׃ South 1983 ;7 ׃ 1980 Il règne donc une forte .(94 ׃ régions canadiennes situées à la même latitude (Banfield 1981 la ,(137 ׃ humidité bien que les précipitations soient généralement faibles (Perret 1913 moyenne annuelle des précipitations (toujours à St. John’s entre 1971 et 2000) étant de 1513,7 mm (Environnement Canada 2004). Les vents peuvent être très forts et soufflent De manière générale, les conditions .(76-77 ׃ habituellement de l’ouest (Banfield 1983 Rowe ;128 ׃ climatiques terre-neuviennes sont instables, donc imprévisibles (Perret 1913 .(6 ׃ 1980

2.1.4.2 Le Petit Âge Glaciaire Il semblerait que les conditions climatiques observées de nous jours à Terre-Neuve soient différentes de celles du XVIIe siècle. Selon Grove, l’avancement des glaciers entre les XIIIe et XIXe siècles traduirait un refroidissement à l’échelle du globe connu sous le nom de Petit

8 Correspond à la période où les températures sont au-dessus de zéro sur la péninsule d’Avalon.

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On tend désormais à considérer le PAG, non plus comme .(1 ׃ Âge Glaciaire (Grove 2004 une période uniforme de froid, mais plutôt comme une série de fluctuations climatiques ;103 ׃ majeures et très soudaines ne durant souvent que quelques décennies9 (Barlow 2001 Or, de rapides variations climatiques sont plus susceptibles .(1682 ׃ Meese et al. 1994 d’avoir eu des conséquences concrètes sur la vie des gens que des changements progressifs Il est certain que des activités économiques telles la .(229 ׃ de température (Lamb 1995 pêche, puisque les reins des morues ne peuvent fonctionner si la température de l’eau descend sous 2oC, et la production agricole ont été affectées tant en Europe qu’en Amérique .(604-610 ׃ du Nord (Grove 2004

Plusieurs méthodes d’analyse permettent de retracer les variations de température qui eurent cours pendant le PAG à l’aide des carottes de glace prélevées en Arctique. Le calcul du taux d’accumulation de neige en est un exemple. Il s’agit de mesurer l’épaisseur de chacune des couches annuelles, lesquelles sont mises en évidence dans la carotte de glace à C’est .(1680 ׃ l’aide de différents paramètres physiques et chimiques (Meese et al. 1994 ainsi qu’il fut possible de déterminer, grâce à la carotte de glace obtenue lors du Greenland Ice Sheet Project 2, que des périodes légèrement plus froides et sèches (c’est-à-dire où le taux d’accumulation de neige était plus bas que la moyenne) auraient eu lieu aux alentours de 1200, 1500 et 1800 alors qu’il y aurait eu un léger réchauffement vers 1400 et 1700 .(1682 ׃ Meese et al. 1994)

Le calcul du ratio d’isotope d’oxygène 18 par rapport à l’oxygène 16 dans les carottes de glace est également un bon indicateur de la température (les périodes ayant des valeurs δ18O relativement plus hautes correspondent à un climat plus chaud et inversement). C’est de cette manière qu’on a pu mesurer, à l’aide de onze carottes prélevées dans la portion centre-ouest du Groenland, que « the 1610s are notable for apparent warmth, followed by near-average values in the 1620s, low in the 1630s and 1640s, and a decade of above average temperature in the 1660s. Four consecutive isotopically low decades follow, from .« (106 ׃ the 1670s to the 1700s, with the lowest in the 1690s (Barlow 2001

9 Le titre de la réédition du livre de Grove est d’ailleurs révélateur de ce changement de paradigme. En effet, l’édition de 1988 portait le titre de Little Ice Age alors que celle de 2004 est intitulée Little Ice Ages.

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Les carottes de glace se prêtent également à des études glaciochimiques permettant de comprendre les fluctuations de l’atmosphère. Par exemple, on a noté une augmentation des sels marins et des poussières terrestres dans la carotte du Greenland Ice Sheet Project 2 dans la glace associée au PAG. L’analyse d’une autre carotte de glace, récoltée dans la Penny Ice Cap sur l’île de Baffin, indique au contraire une diminution des sels marins pendant le PAG. Cette contradiction s’expliquerait du fait que les données du Groenland indiqueraient des changements globaux alors que celles de l’île de Baffin dévoileraient des changements régionaux. Dans le premier cas, l’augmentation des sels marins traduirait une circulation polaire intensifiée au dessus de l’océan durant le PAG (O’Brien et al. 1995). Dans le second, la diminution de la concentration des sels marins observée pour les XVIIe et XIXe siècles indiquerait qu’une surface réduite de l’océan était exposée en raison de l’abondance des glaces (Grumet et al. 2001). Dans les deux cas, les chercheurs concluent que le climat était plus froid durant le PAG.

Actuellement, les masses d’air arctiques et la présence de glaces océaniques sont deux ;99 ׃ facteurs qui ont une influence certaine sur le climat terre-neuvien (Banfield 1981 Hughes et al. 2006). Les changements climatiques observés dans l’Arctique seraient donc susceptibles d’avoir eu un impact à Terre-Neuve. Cependant, ces données paléoclimatiques demeurent une combinaison de variations climatiques régionales et globales (Meese et al. de sorte qu’il est hasardeux d’évaluer comment ces changements globaux se ,(1681 ׃ 1994 sont traduits régionalement.

pour le (302 ׃ Les données dendroclimatologiques compilées par D’Arrigo et Jacoby (1995 nord de l’Amérique sont plus précises. Elles indiquent que les températures annuelles étaient généralement sous la moyenne pendant tout le XVIIe siècle alors que le siècle suivant connut un réchauffement. Lorsqu’on regarde les résultats plus en détail, on remarque que le début du XVIIe siècle était froid, qu’il y eut un léger réchauffement vers 1620, mais que les températures redescendirent aussitôt. Vers 1640 des températures au- dessus de la moyenne furent enregistrées ainsi que de 1650 à 1665. Par la suite, les températures redescendirent pour osciller autour de la moyenne dans les décennies 1670, 1680 et 1690 avant de chuter drastiquement à la fin du siècle.

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Les documents historiques sont une autre source permettant de saisir les changements climatiques survenus pendant le PAG et plus particulièrement durant la période à l’étude, le XVIIe siècle. Selon les données compilées pour la Nouvelle-Angleterre, il semblerait que durant la décennie 1630, et encore plus durant celle qui suivit, les conditions climatiques furent très difficiles alors que le climat fut plus tempéré de 1650 à 1679. Les deux dernières décennies du XVIIe siècle furent pour leur part marquées par le retour d’hivers .(21 ׃ extrêmement rigoureux (Kupperman 1984

Il est également intéressant de considérer ce qui se passait en Europe, car il s’agit du point de comparaison des immigrants terre-neuviens, mais également dans l’optique où des denrées alimentaires cultivées sur le vieux continent auraient été importées outre mer. Les recherches historiques d’Emmanuel Le Roy Ladurie (2004) sur les conditions climatiques de la France, mais également du reste de l’Europe, sont à cet effet fort éclairantes. De 1621 à 1633, une série d’été dépressionnaires (donc très humides et généralement froids) et d’hivers doux a entraîné une hausse du prix du grain. La famine sévit particulièrement dans le Devon en 1622 et 1623 et on alla jusqu’à accuser « les pêcheurs au long cours à la morue de Terre-Neuve [qui] désemplissaient sans scrupules les maigres stocks de grains […] pour mieux bourrer de subsistances les cales de leurs navires, en vue des besoins alimentaires de leur voyage transatlantique ». De 1634 à 1639, on assista à des étés chauds et secs couplés à des hivers froids, ce qui fit chuter les prix du blé. Les années 1640 à 1646 et 1648 à 1650 furent pour leur part caractérisées par un rafraîchissement momentané du climat. Les années 1648 à 1650 furent particulièrement catastrophiques en raison de pluies abondantes qui firent pourrir les céréales (on parle de famine en Angleterre en 1649). La décennie 1650 cependant connut des printemps et des étés généralement doux et chauds où le blé abondait. Les choses se gâtèrent de 1658 à 1662 alors que la surabondance de pluie mina les récoltes. Des conditions favorables aux cultures revinrent par la suite jusqu’en 1690 (à l’exception des étés pluvieux de 1673 et 1675). La fin du siècle fut marquée par un refroidissement considérable qui, lorsque associé à une forte humidité, eut des effets néfastes sur les récoltes, et donc sur le prix des grains. Fait à remarquer, l’Angleterre, à l’inverse de la France et de l’Écosse par exemple, réussit à éviter les épisodes de famine pendant la deuxième moitié du XVIIe siècle en raison du modernisme de son agriculture et au .(328-500 ׃ commerce maritime des céréales (Le Roy Ladurie 2004

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Le corpus de documents historiques relatif à Terre-Neuve est pour sa part beaucoup plus mince et, bien qu’il puisse difficilement servir à définir des tendances climatiques, il est très révélateur de la perception des premiers visiteurs et habitants de Terre-Neuve. Il est tout d’abord pertinent de noter que les Européens s’attendaient à ce que le climat en Amérique soit semblable à celui observé aux mêmes latitudes en Europe (Kupperman Par exemple, dans un pamphlet en faveur de la colonisation de Terre-Neuve .(3 ׃ 1984 publié en 1620, écrit : « The aire subtle & wholesome, the Summer season pleasant conforme to the like latitude in Europe […]. The Winter degenerating therfrom, being as cold & snowy as 60 degrees in Europe, & of the like temperature in December, Ian. Febr. March, as the northermest [sic] parts in Scotland » (Mason 1620). De fait, si St. John’s est situé beaucoup plus au sud que Londres, il n’en demeure pas moins que les Terre-Neuviens subissent un climat beaucoup plus rigoureux que les Européens en raison Il est également intéressant .(2 ׃ de l’effet refroidissant du courant du Labrador (Rowe 1980 de remarquer que les premiers défenseurs de la colonisation terre-neuvienne, tels John Mason et , croyaient fermement que le défrichement effectué par les colons aurait pour conséquence de réchauffer le sol et d’allonger la saison de croissance des .(20 ׃ végétaux (Kupperman 1984

Par ailleurs, s’il ne faut pas négliger l’expérience gagnée par plus d’un siècle de pêche migratoire, il est aussi vrai que l’hiver était la saison cruciale, les résidents se trouvant isolés pour de longs mois. Il leur fallait planifier des provisions suffisantes et éviter le scorbut. Il semble peu probable que les Anglais aient hiverné à Terre-Neuve avant la .(48 ׃ première tentative de colonisation à Cupids en 1610 (voir section 2.2.3) (Pope 2004 Les journaux de John Guy et de Henry Crout indiquent que les trois premiers hivers vécus Il en est de même à .(4-7 ׃ par les colons de Cupids furent plutôt doux (Macpherson 1981 Ferryland durant les hivers de 1621 et 1622 bien que l’endroit ait la réputation d’être « the coldest harbour in the land » (Powell 28/07/1622). Ainsi, Edward Wynne écrit: « For the country and climate: it is better and not so cold as England hitherto » (Wynne 28/07/1622). Cette opinion semble être partagée par Nicholas Hoskins qui mentionne: « The climate differs but little from England, and I my self felt less cold here this winter than I did in England the winter before » (Hoskins 18/08/1622).

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Cependant, George Calvert, le propriétaire de la colonie, a semblé particulièrement déçu par les conditions climatiques terre-neuviennes lors de son séjour à Ferryland durant l’hiver 1628-1629. Celui-ci a écrit :

I met with greater difficulties and encumbrances here, which in this place are no longer to be resisted but enforce me presently to quit my residence and to shift to some other warmer climate of this New World, where the winters be shorter and less rigorous. […] From the middest of October to the middest of May there is a sad face of winter upon all this land, both sea and land so frozen for the greatest part of the time as they are not penetrable, no plant or vegetable thing appearing out of the earth until it be about the beginning of May, nor fish in the sea, besides the air so intolerable cold as it is hardly to be endured. […] I am determined to commit this place to fishermen, that are able to encounter storms and hard weather.

(Calvert 19/08/1629)

L’ensemble des données présentées ici semble indiquer que le XVIIe siècle fut un des plus froids du PAG. Cependant, elles s’accordent aussi sur le fait que la température fut très variable d’une décennie à l’autre. Les résultats de l’analyse isotopique des carottes de glace groenlandaises (Barlow 2001), les données dendroclimatiques (D'Arrigo et Jacoby 1995) ainsi que l’étude des documents historiques (Kupperman 1984; Le Roy Ladurie 2004) indiquent tous trois un refroidissement dans les années 1630 et 1640 par rapport à la décennie précédente, un réchauffement au milieu de siècle et des froids extrêmes à la fin du XVIIe siècle. Cela correspond avec les expériences vécues par les premiers habitants de Terre-Neuve, ce qui tend à soutenir l’applicabilité de ces reconstitutions climatiques au présent contexte d’étude.

2.1.5 La flore Une grande partie du territoire terre-neuvien, soit 56%, est présentement recouvert de forêts L’île appartient à la région forestière canadienne .(107 ׃ Roberts 1983 ;1 ׃ Page et al. 1974) appelée forêt boréale qui couvre le pays d’est en ouest (figure 2-2) (Ressources Naturelles Canada 2005). Les essences terre-neuviennes sont peu variées : le sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.), l’épinette noire (Picea mariana (Mill.) B.S.P.), l’épinette blanche (Picea glauca (Moench) E.G. Voss), le bouleau blanc (Betula papyrifera Marshall), le

49 peuplier baumier (Populus balsamifera L.), le mélèze (Larix spp.) et le pin (Pinus spp.) sont les plus communes (McManus et Wood 1991; Page et al. 1974). À Terre-Neuve, les forêts sont généralement denses et les arbres rabougris. Perret indique que seules les forêts Ailleurs, « les .(159 ׃ qui ont brûlé deux fois sont facilement pénétrables (Perret 1913 troncs sont rapprochés et garnis au ras du sol de rameaux qui se mêlent entre eux, qui .(158 ׃ entourent les arbres tombés, les souches pourries et forment un hallier » (Perret 1913

bien que ce ,(107 ׃ Les barrens occupent 15,2% de l’ensemble du territoire (Roberts 1983 soit ce type de végétation qui domine les paysages de la péninsule d’Avalon (figure 2-3) Government of Newfoundland and Labrador 2000). Ces landes ;184-189 ׃ Damman 1983) d’arbustes nains sont habituellement dominées par de petits arbustes tels le rhododendron du Canada (Rhododendron canadense (L.) Torr.) et le bleuet (Vaccinium angustifolium Aiton) ainsi que par des mousses. Dans les endroits peu exposés au vent, la camarine noire (Empetrum nigrum L.) et l’airelle rouge (Vaccinium vitis-idea L.) dominent tandis que dans les endroits très exposés on retrouve plutôt la camarine rosée (Empetrum eamesii Fernald & Wiegand) ou un mélange de diapensie (Diapensia spp.) et d’azalée des Alpes (Loiseleuria .(185 ׃ spp.) (Damman 1983

׃ L’île de Terre-Neuve est actuellement composée à 14,3% de tourbières (Roberts 1983 107). Le nord-est de la péninsule d’Avalon est caractérisé par la présence de tourbières de versant tandis qu’au sud on retrouve surtout des tourbières de couverture. Ces deux types de tourbières sont habituellement peu profondes, dépourvues d’arbres et leur sol est pauvre .(1979-1981 ׃ en nutriments (Wells 1981

La superficie restante est constituée à 10,1% d’eau, 3,4% de roches à nu et 1% de terres ,Les sols sont en effet généralement pauvres .(107 ׃ défrichées ou agricoles (Roberts 1983 ,ce qui, allié à une courte saison de croissance (138-140 ׃ rocailleux et acides (Roberts 1983 limite l’agriculture en l’absence de fertilisants et de systèmes de drainage (McManus et .(205 ,145 ׃ Wood 1991; Perret 1913

Figure 2-2 Régions forestières du Canada. En vert foncé la région de forêt boréale (Ressources Naturelles Canada 2005)

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Western NL Subregions

Strait of Belle Isle Barrens

Central NL Subregions

North Shore

Northern Peninsula Subregions

Avalon

Maritime Barrens Subregions

Eastern Hyper - Oceanic Barrens

Long Range Barrens Subregions

Figure 2-3 Écozones de Terre-Neuve. En rouge les « Maritime Barrens » (Government of Newfoundland and Labrador 2000)

51 52

Il est généralement reconnu que la composition et la distribution de la flore terre-neuvienne a considérablement changé depuis l’arrivée des Européens (McManus et Wood 1991; Page Par exemple, seulement 50% des 1 107 espèces de plantes à .(2 ׃ South 1983 ;2 ׃ et al. 1974 .(253 ׃ fleurs énumérées par Ernest Rouleau (1978) sont indigènes (Cooper 1981 Parallèlement, il est possible que la rareté des forêts sur la péninsule d’Avalon soit due à Il n’est .(2 ׃ son exploitation par les Européens depuis le XVIe siècle (Page et al. 1974 cependant pas acquis que ces transformations soient d’origine anthropique. De même, l’historique et l’ampleur de ces changements demeurent nébuleux.

2.1.6 La faune L’arrivée des Européens a également eu pour effet de modifier la faune sauvage terre- neuvienne en favorisant la disparition de certaines espèces et l’introduction de nouvelles. L’exemple le plus frappant est le déclin des réserves de morue qui ont jadis fait la richesse de Terre-Neuve. Présentement, la pêche commerciale y est interdite en raison de la rareté des stocks. Le loup, l’ours polaire et le morse ont également presque complètement disparu Le grand .(9-10 ׃ tandis que les populations de caribou ont chuté fortement (Rowe 1980 D’autres animaux tels .(241 ׃ pingouin a pour sa part complètement disparu (Mednis 1981 que l’orignal, le lièvre, l’écureuil, le tamia rayé, le vison et la musaraigne sont des introductions récentes, la faune indigène de Terre-Neuve ne comptant à l’origine que 14 On décompte 121 espèces .(9-10 ׃ Rowe 1980 ;238 ׃ espèces de mammifères (Mednis 1981 d’oiseaux nichant à Terre-Neuve alors qu’aucune espèce d’amphibien ou de reptile n’est Les poissons et les animaux marins tels le phoque .(242 ׃ indigène dans l’île (Mednis 1981 L’élevage est .(10 ׃ et la baleine complètent cet aperçu de la faune actuelle (Rowe 1980 actuellement peu développé à Terre-Neuve : on y élève surtout des moutons, des poulets et des porcs, ainsi que des animaux à fourrure tels que le renard et le vison (McManus et Wood 1991).

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2.1.7 Description des environs de Ferryland

2.1.7.1 Actuellement La colonie d’Avalon, fondée à Ferryland en 1621 par George Calvert, se situe près d’un petit port abrité situé dans la partie ouest d’une longue péninsule. À cet endroit, une jetée forme un bassin appelé localement The Pool (figures 2-4 et 2-5). Présentement, un paysage ouvert caractérise les environs immédiats du site. On y trouve des plages de galets et une végétation herbacée sur un terrain en pente situé un peu plus à l’est appelé The Downs (figure 2-4). Au bout de la péninsule, le sol est couvert d’un tapis de camarine (Empetrum sp.) parfois percé d’affleurements rocheux qui rappelle les barrens. Quelques arbrisseaux, tels que des bleuets, poussent dans les endroits protégés du vent. Quant à l’intérieur des terres, il est caractérisé par de denses forêts de conifères rabougris.

2.1.7.2 Au XVIIe siècle La correspondance de Wynne nous renseigne sur l’apparence des environs de Ferryland au moment de l’installation de la colonie en 1621. Il semble qu’à l’époque, cette partie de la péninsule qu’on appelle The Downs n’ait pas été couverte d’arbres, car on prévoyait l’utiliser comme pâturage. Comme l’écrit Wynne à Calvert en 1621 : « It is endowed with about 100 acres of pasture land and as much more of that which is woody - all which lying to the seaboard of the beach, which severs it so from the main that it is almost an island » (Winne 26/08/1621). Ce passage indique également la proximité des ressources forestières, une considération importante vu la quantité de bois dont les résidents permanents eurent besoin non seulement pour construire les installations nécessaires à la pêche, mais également pour bâtir les habitations et les chauffer pendant l’hiver.

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Figure 2-4 Photographie aérienne de Ferryland (Google Earth 2007). En bas, vue de paysages typiques des environs : la végétation herbacée (The Downs) (a), les barrens (b) et la forêt de conifères (c) (Photos : Marie-Annick Prévost)

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Figure 2-5 Photographie du bassin (The Pool) à Ferryland (photo fournie par Cathy Mathias)

2.2 Cadre historique

2.2.1 Les populations autochtones de Terre-Neuve

2.2.1.1 Durant la préhistoire Durant la préhistoire, Terre-Neuve fut habitée par différentes populations autochtones. Les premiers habitants de l’île sont les Amérindiens de la tradition maritime archaïque. Ceux-ci arrivèrent à Terre-Neuve entre 5 000 et 4 500 ans avant aujourd’hui. C’étaient des chasseurs cueilleurs nomades qui occupaient la côte pendant une grande partie de l’année pour y exploiter les ressources marines. Leur présence a été mise en évidence surtout grâce à la fouille des cimetières de Port au Choix qui ont révélé de nombreuses sépultures couvertes d’ocre et des outils de pierre, d’os et de bois y étant associés. La disparition de

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Tuck ;407 ׃ cette tradition en 3 000 avant aujourd’hui est mal expliquée (Renouf 1999 .(29-33 ׃ 1984

Les Paléoesquimaux Groswater arrivèrent du Labrador à partir de 2 800 avant aujourd’hui et leur présence à Terre-Neuve s’est manifestée durant un millénaire. Leur mode de subsistance était principalement associé à la chasse aux mammifères marins, leur adaptation maritime étant plus spécialisée que celle de leurs prédécesseurs. L’outillage lithique associé à ce groupe est caractérisé par des objets de petites dimensions finement taillés (Renouf .(407 ׃ 1999

Leur lien avec la culture suivante, les Paléoesquimaux dorsétiens, n’est pas clair. Ces derniers arrivèrent à Terre-Neuve aux environs de 2 000 avant aujourd’hui et y furent présents pendant 800 ans. Leur subsistance était fortement axée sur la chasse au phoque et leur culture matérielle est caractérisée par l’apparition de lampes et de pots en pierre Les Amérindiens récents coexistèrent un certain temps avec les .(407-408 ׃ Renouf 1999) Paléoesquimaux pour finalement les remplacer. La période amérindienne récente est divisée en trois phases, soit les complexes Cow Head, The Beaches et Little Passage selon les caractéristiques de leur outillage lithique. Ces populations, qu’on nomma Béthuks à la période historique, occupèrent à la fois la côte et l’intérieur. Elles disparurent complètement en 1829. Certains croient que les populations autochtones de Terre-Neuve se sont éteintes épisodiquement en raison de contraintes environnementales (changements climatiques associés à une dépendance envers les animaux migrateurs) (Tuck et Pastore 1985), alors que d’autres avancent l’hypothèse qu’elles auraient pu migrer vers le Labrador lorsque leur survie devenait plus difficile sur l’île (Renouf 1999).

2.2.1.2 À la période de contact Les sources historiques ne mentionnent que des contacts brefs entre les Européens et les Béothuks. On sait que John Guy a essayé d’établir la traite avec les Amérindiens des environs de la colonie de Cupids (voir section 2.2.3), mais cette tentative est demeurée sans De manière générale, il semble que les Amérindiens de .(28-32 ׃ suite (Marshall 1996 Terre-Neuve évitaient les lieux fréquentés par les pêcheurs (sauf pour y recueillir du métal), .(75 ׃ Pope 2004 ;39 ׃ lesquels leur étaient habituellement hostiles (Marshall 1996

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D’ailleurs, les Anglais semblaient croire, à tord, que les Béothuks étaient absents de la péninsule d’Avalon et y voyaient un avantage pour l’établissement des colonies (Marshall Les évidences archéologiques ont plutôt démontré que les Béothuks et les .(25 ׃ 1996 pêcheurs saisonniers ont fréquenté les plages de Ferryland au XVIe siècle, bien qu’il demeure difficile de déterminer la nature de leurs contacts (Colony of Avalon Foundation Peu à peu, les Béothuks se retranchèrent à l’intérieur des terres .(27-28 ׃ 2002c; Tuck 1996a .(76 ,46 ׃ et, en 1829, cette population s’est complètement éteinte (Pope 2004

2.2.2 La redécouverte de Terre-Neuve et la pêche migratoire (1497- 1610) À la toute fin du XVe siècle, des explorateurs tel que Cabot eurent tôt fait de remarquer les riches ressources poissonnières dont regorgeaient des bancs de Terre-Neuve et cette ׃ Pope 2004 ;48-49 ׃ nouvelle s’est répandue rapidement à travers l’Europe (Matthews 1988 ,La morue y était alors un aliment de grande consommation .(28 ׃ Tuck 1996b ;13 ׃ particulièrement lors des jours maigres dans les pays catholiques (de La Morandière 1962 Il s’agissait également d’une source de protéines pouvant être .(13 ׃ Pope 2004 ;215-219 conservée sur de longues périodes de temps et transportée sur de longues distances (Pope .(2 ׃ ce qui en fit une denrée prisée par l’armée et la marine (Cell 1982 ,(11 ׃ 2004

Au départ, la pêche terre-neuvienne était surtout dominée par les Bretons, les Normands et Les fouilles archéologiques .(15-16 ׃ les Basques (français et espagnols) (Pope 2004 menées à Ferryland ont d’ailleurs révélé, dans les niveaux de plage les plus anciens, des céramiques attestant une occupation saisonnière de pêcheurs bretons, portugais et anglais En 1578 .(28 ׃ Tuck 1996a ;108 ׃ Pope et Tuck 1996 ;125-127 ׃ avant 1620 (Pope 2003 Anthony Parkust estime que 50 navires anglais, 50 navires portugais, 100 navires basques et 150 navires bretons ou normands étaient impliqués dans la pêche transatlantique, ce qui ;19-20 ׃ faisait de cette industrie une des plus importantes de son époque (Pope 2004 La présence des Anglais à Terre-Neuve avant les années 1565 .(60 ׃[Prowse 2002 [1895 malgré leur implication (15-16 ׃ Pope 2004 ;22 ׃ était cependant négligeable (Cell 1969 ׃ Pope 2004 ;3 ׃ dans cette industrie en Islande et en Irlande depuis le XVe siècle (Cell 1969 11-12). Il a fallu attendre la fin du XVIe siècle pour voir les Anglais dominer l’industrie de Ceci a contraint les .(17 ׃ la pêche sur la côte est de la péninsule d’Avalon (Pope 2004

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Basques, les Bretons et les Normands à déplacer lentement leurs intérêts sur le French Shore (figure 2-1) et dans le golfe du Saint-Laurent où ils pratiquèrent en plus la chasse au .(51-52 ׃ morse et à la baleine ainsi que la traite des fourrures (Cell 1969

L’intérêt grandissant des Anglais pour la pêche terre-neuvienne s’explique selon Cell par D’une part, le .(23-24 ׃ une combinaison de facteurs politiques et économiques (Cell 1969 gouvernement anglais a manifesté sa volonté d’encourager cette industrie qui permettait d’entraîner des marins qui pouvaient ensuite être réquisitionnés en temps de guerre. D’autre part, une série de conjonctures rendaient le marché de la péninsule ibérique de plus en plus attrayant. Par exemple, l’approvisionnement était devenu difficile en Islande depuis que celle-ci était retournée au Danemark10 tandis que l’Espagne en guerre réquisitionnait ses marins et bateaux. Pope (2003) ajoute que si les Anglais ont réussi à s’accaparer les ports de la côte est de la péninsule d’Avalon, c’est en raison du système des amiraux selon lequel le premier équipage arrivé à un endroit a le droit de s’y installer. Comme les pêcheurs provenant du sud-ouest de l’Angleterre étaient plus près géographiquement de Terre- Neuve, ils pouvaient arriver plus tôt dans la saison et ainsi mettre la main sur les meilleurs ports de pêche.

Bien après l’établissement de résidents permanents, les pêcheurs migratoires continuèrent de venir travailler à Terre-Neuve en grand nombre. Par exemple, en 1660, on estime que les pêcheurs résidents ne produisirent que le tiers du poisson exporté par les Anglais (Pope Il a fallu attendre les deux dernières décennies du XVIIIe siècle pour voir la .(40 ׃ 2004 ;54 ׃ population migratoire décliner au profit de la population permanente (Matthews 1988 .(77 ׃ Pope 2004

10 Pope croit plutôt que la taxation imposée par la couronne danoise en Islande n’eut que peu d’impact sur la pêche anglaise (Pope 2004 : 18).

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2.2.3 L’établissement des premières colonies (1610-1637)

2.2.3.1 Avant Ferryland Un des moyens utilisé par les Anglais afin de s’assurer la mainmise sur les pêcheries de la côte est de la péninsule d’Avalon fut d’y établir des colonies permanentes (Matthews 1988 En effet, puisque les territoires de pêche ne pouvaient pas être limités .(50 ׃ Pope 2004 ;13 ׃ par les traditionnels droits de propriété, une grande compétition régnait parmi les équipages La loi des amiraux contraignait les navires à quitter l’Europe de plus en .(71 ׃ Pope 2004) plus tôt, au risque de rester prisonniers des glaces printanières. Le vol et la destruction des 163- ׃ équipements entre compétiteurs étaient également fréquents (de La Morandière 1962 L’occupation permanente était donc un moyen de s’approprier les .(71 ׃ Pope 2004 ;164 meilleurs ports de pêche, de protéger le matériel et les infrastructures, de secourir les équipages qui arrivaient trop tôt et de protéger la souveraineté du territoire britannique Inversement, la venue des pêcheurs migratoires permettait .(68-72 ׃ Pope 2004) d’approvisionner à faible coût les colons en nourriture, en produits manufacturés et en .(77 ,67 ׃ serviteurs (Pope 2004

La première tentative pour établir une colonie en sol terre-neuvien fut instiguée par la Newfoundland Company. En 1610, cette compagnie à charte confia à John Guy la responsabilité de fonder, avec 39 colons, une colonie à Cupids dans la baie de Conception (figure 2-6). Pendant les deux premières années, les colons construisirent des bâtiments, défrichèrent, sèmèrent et explorèrent les environs. Puis le désillusionnement s’installa : le sol et le climat n’étaient pas aussi bons qu’escompté, le scorbut faisait des ravages, la colonie n’était pas rentable, il y avait des tensions au sein de la compagnie qui éprouvait des difficultés financières, les pêcheurs migratoires devenaient de plus en plus hostiles et La Newfoundland .(50-51 ׃ Pope 2004 ;61-80 ׃ les pirates harcelaient les colons (Cell 1969 Company se devait de liquider ses investissements. Cependant, malgré l’échec apparent de cette première tentative de colonisation, il se pourrait que l’occupation permanente de Cupids se soit poursuivie jusqu’en 1680 comme tendent à l’indiquer les fouilles .(51 ׃ Pope 2004 ;92 ,89 ׃ archéologiques (Gilbert 1996

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L’échec de cette première colonie ne découragea cependant pas les ardents défenseurs de la colonisation de Terre-Neuve. Ainsi, bien qu’il se soit retiré de la Newfoundland Company à la suite de querelles, Guy a persévéré dans ses projets. En 1617, il s’associa avec des investisseurs de Bristol et entreprit la fondation de la colonie de Bristol’s Hope à Harbour .(51 ׃ Pope 2004 ;87 ׃ Grace (figure 2-6) (Cell 1969

Le territoire de la Newfoundland Company fut quant à lui subdivisé et réparti entre différents investisseurs. Sir William Vaughan acquit la partie sud de la péninsule d’Avalon qu’il baptisa New Cambriol (figure 2-6). En 1617, il envoya des colons peu préparés qui hivernèrent dans des cabanes de pêcheurs dans le port d’Aquaforte. En 1618, il engagea Richard Whitbourne qui relocalisa la colonie à Renews. Les attaques des pirates étaient .(52-53 ׃ cependant fréquentes et en 1620 la colonie fut abandonnée (Pope 2004

En 1620, Lord Farkland acheta des terres de Vaughan et de la Newfoundland Company. Il s’adjoignit à Whitbourne et deux ans plus tard ils fondèrent une colonie à Renews (figure 2-6). Les documents historiques confirment que la colonie était toujours en place en 1626, .(89-91 ׃ mais il est douteux que cette aventure ait duré plus longtemps (Cell 1969 Cependant, en dépit de l’échec de cette tentative officielle et organisée de colonisation, il semblerait que Renews ait continué à être occupé de manière permanente pendant le XVIIe .(12 ׃ siècle comme semblent le démontrer les fouilles archéologiques (Mills 2000

2.2.3.2 Ferryland Une autre partie des terres de Vaughan fut octroyée à George Calvert, alors secrétaire d’état En 1621, Calvert envoya le capitaine Edward .(115-116 ׃ du roi James Ier (Lahey 1982 Wynne à Ferryland (figure 2-6) qui, accompagné d’un premier groupe de 12 colons, fonda L’année .(107 ׃ Pope et Tuck 1996 ;116 ׃ la colonie d’Avalon (Fraser 2006; Lahey 1982 La correspondance .(18 ׃ suivante, 25 hommes et sept femmes y hivernèrent (Rowe 1980 de Wynne (28/07/1622) spécifie que pendant les deux premières années les colons se sont affairés à la construction d’un manoir (Mansion house) et de ses dépendances, de logements, d’une brasserie, d’un poulailler, d’installations pour faire du sel, d’une forge et d’une palissade. Il ont aussi planté des légumes et coupé du bois. Comme nous le verrons plus loin (section 2.4.2.2), la découverte des restes du manoir, de la brasserie, de la forge

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Figure 2-6 Localisation des premières colonies permanentes sur la péninsule d’Avalon à Terre-Neuve (82 ׃ Cell 1969)

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– tous en pierre – et de la palissade témoignent de l’importance des investissements de Calvert à Ferryland, considéré comme étant un des établissements terre-neuviens les mieux .(31-32 ׃ Tuck 1996b ;54 ׃ capitalisés (Pope 2004

En 1625, Arthur Aston succèda à Wynne alors que la population de Ferryland atteignit 100 Cette même année, Calvert se convertit au catholicisme, se .(56 ,54 ׃ personnes (Pope 2004 Il visita .(123 ׃ retira de la politique et devint Lord Baltimore (Fraser 2006; Lahey 1982 Ferryland en 1627 et vint s’y installer deux ans plus tard avec sa famille et ses serviteurs Il n’a cependant séjourné qu’un an à Terre-Neuve .(126-127 ׃ Fraser 2006; Lahey 1982) puisqu’il quitta Ferryland en 1629 et essaya d’obtenir une charte en Virginie. Calvert mourut en 1632, mais ses descendants poursuivirent ses projets et fondèrent la colonie de St. Mary’s City (Fraser 2006). Si la majorité des habitants décidèrent de quitter, 30 à 35 ,Un hiver particulièrement dur .(56 ׃ personnes restèrent toutefois à Ferryland (Pope 2004 un déclin de la pêche et des coûts élevés pour protéger les pêcheurs des corsaires sont, les raisons qui auraient poussé Calvert à abandonner sa colonie ,(132 ׃ selon Pope (2004 terre-neuvienne.

Ces premières entreprises de colonisation peuvent être considérées comme des échecs, du moins en tant que colonies officielles, puisque leurs propriétaires ont tous abandonné leurs Cependant, elles marquèrent le début d’une occupation européenne .(3 ׃ projets (Pope 2004 La défection de .(64 ׃ Matthews 1988 ;96 ׃ à l’année longue à Terre-Neuve (Cell 1969 Calvert n’empêcha pas Ferryland de devenir un des plus importants établissements de En réalité, ce n’est que sous la propriété des Kirke que les .(4 ׃ l’English Shore (Pope 2004 .(106 ׃ Pope et Tuck 1996 ;122 ׃ investissements de Calvert furent rentables (Pope 2004

2.2.4 La période des Kirke (1638-1696) Les Kirke étaient une importante famille de marchands de vin londoniens impliqués dans le commerce avec le Canada. Ils tentèrent notamment de se tailler une place dans le commerce des fourrures en réussissant à s’emparer momentanément Québec en 1629 (Moir David Kirke obtint ainsi les faveurs du roi Charles Ier qui .(112 ׃ Pope et Tuck 1996 ;2006 Pour .(81-83 ׃ lui octroya toute l’île de Terre-Neuve en récompense (Moir 2006; Pope 2004 Kirke, il s’agissait davantage d’un monopole commercial que d’un titre de propriété comme

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Les Kirke étaient en effet impliqués dans .(132-133 ׃ c’était le cas pour Calvert (Pope 2004 le sack trade, c’est-à-dire que leurs navires venaient acheter les prises des pêcheurs résidents plutôt que de pratiquer eux-mêmes la pêche. Non seulement David Kirke s’assura ׃ Pope et Tuck 1996 ;121 ׃ ainsi d’obtenir un approvisionnement sûr en poisson (Pope 2004 107), mais il obtint en plus le droit de prélever une taxe de 5% sur le poisson pêché et transporté par les étrangers, ce qui lui donna un avantage compétitif à la fois sur les pêcheurs français et sur les marchands hollandais qui dominaient jusque là le sack trade De plus, cet habile homme d’affaires obtint le droit de vendre des .(101 ׃ Pope 2004) licences pour l’opération des tippling houses11, de louer des espaces de pêche aux pêcheurs migratoires et d’exercer un monopole sur la vente d’alcool et de sel, ce qui rendit son .(140 ׃ aventure terre-neuvienne profitable (Pope 2004

En 1638, David Kirke expulsa le représentant des Calvert, le capitaine William Hill, et s’installa à Ferryland, une manœuvre qui fut longuement contestée en cour par les héritiers Dans les années 1640 et 1650, les Kirke .(142 ׃ de George Calvert (Moir 2006; Pope 2004 investirent considérablement à Ferryland, désormais connu sous le nom de Pool Plantation Les archéologues ont d’ailleurs noté une phase de reconstruction intensive .(7 ׃ Pope 2004) pendant cette période et au moins trois maisons retrouvées lors des fouilles sont 110- ׃ postérieures à l’arrivée des Kirke (Crompton 2001; Nixon 1999; Pope et Tuck 1996 Il s’agit également d’une importante période d’établissement .(36-37 ,31 ׃ Tuck 1996a ;111 de sorte que, dans les années 1670 et 1680, Ferryland fut un des (62 ׃ Pope 2004) Après la chute de la .(122 ׃ établissements les plus populeux de l’English Shore (Pope 2004 monarchie en 1649, David Kirke, ardent royaliste, fut rappelé en Angleterre et emprisonné Il y mourut en 1654, mais sa veuve, Sara .(158-161 ׃[Moir 2006; Prowse 2002 [1895) Kirke, et ses fils continuèrent d’opérer et de tirer profit de leurs grandes plantations12 à .(143 ,6-7 ׃ Ferryland jusqu’en 1696 (Pope 2004

11 On désigne sous le nom de tippling houses des maisons que leurs propriétaires transformèrent en tavernes pendant l’été pour y vendre de l’alcool et du tabac. 12 Si au XVIIe siècle le terme plantation était généralement synonyme de colonie, à Terre-Neuve il en vint à désigner les installations côtières utilisées pour la pêche. Le terme planter réfère quant à lui aux habitants qui possédaient des bateaux et des équipements de pêche et qui employaient des serviteurs (Pope 2004 : 1).

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La fin du siècle fut difficile pour les habitants de Ferryland. Ils subirent d’abord les contrecoups des conflits impliquant la mère patrie. En 1673, le capitaine hollandais Nicholas Boes et sa flotte brûlèrent les bateaux et équipements de pêche de Ferryland, saccagèrent l’intérieur des résidences en plus de s’emparer du bétail et des prises de poisson Puis dans les années 1680, l’industrie de la pêche entra en .(149 ׃ 2004 ,30 ׃ Pope 1986) En .(424 ׃ crise parce que la morue se faisait plus rare et que les prix étaient bas (Pope 2004 1696, la colonie de Ferryland, qui avait été reconstruite, fut de nouveau attaquée, cette fois par les Français. Menés par De Brouillon, ceux-ci entreprirent une dévastation systématique Les maisons furent incendiées et les planters, au .(408 ׃ de l’English Shore (Pope 2004 L’année suivante beaucoup .(7 ׃ nombre de 14, furent expatriés pendant l’hiver (Pope 2004 d’entre eux retournèrent à Ferryland, mais choisirent de reconstruire non pas sur la .(108 ׃ péninsule, mais sur le continent13 (Pope et Tuck 1996

2.3 La vie à Terre-Neuve au XVIIe siècle

2.3.1 L’organisation de la pêche Bien avant la découverte de Terre-Neuve, la pêche et le commerce du poisson salé étaient ;3 ׃ des activités bien organisées tant en Angleterre qu’en Europe continentale (Cell 1969 La pêche terre-neuvienne fut d’abord et surtout migratoire, même après .(11 ׃ Pope 2004 l’installation de colonies permanentes. La pêche à la morue verte, ou pêche errante, pouvait être pratiquée au large où le poisson était alors salé abondamment. La pêche à la morue sèche, ou pêche sédentaire, nécessitait quant à elle de mettre pied à terre car le poisson était séché sur les grèves en plus d’être salé. Le premier type de pêche était préféré par les Normands alors que les Bretons, les Basques et les Anglais pratiquaient surtout la pêche à .(14 ׃ Pope 2004 ;35 ׃ la morue sèche (de La Morandière 1962

En Angleterre, la pêche terre-neuvienne était surtout l’affaire de marchands du sud-ouest de Chaque port du sud-ouest de l’Angleterre entretenait des liens .(5 ׃ l’Angleterre (Cell 1969 ,Par exemple .(144 ׃ privilégiés avec des ports spécifiques de l’English Shore (Pope 2004

13 Les fouilles récentes à Ferryland ont permis de mettre au jour, sur la péninsule, les vestiges d’un bâtiment occupé après l’attaque française de 1696, soit dans les deux premières décennies du XVIIIe siècle, ce qui vient nuancer cette affirmation (Hranka 2005 : 15).

65 au début du XVIIe siècle, les habitants de Ferryland étaient surtout liés avec Darmouth alors qu’à la fin du siècle ils entretenaient plutôt des relations avec les ports du north Devon14 .(148 ׃ Pope 2004)

Pour ces marchands, le commerce de la morue pouvait être une entreprise à la fois très risquée et très lucrative. Afin de partager les risques et de réduire le capital requis pour le voyage, il était commun de diviser les revenus en parts et de les partager (en tiers ou Pope ;14 ׃ inégalement) entre le propriétaire du navire, l’affréteur et l’équipage (Cell 1969 .(174 ׃ 2004

Au début du XVIIe siècle, les navires avaient l’habitude de quitter l’Angleterre aux alentours du premier avril pour un voyage de cinq semaines, tandis que dans les années 1670 les départs avaient habituellement lieu un mois plus tôt, probablement en raison de la compétition féroce pour les meilleurs ports de pêche. Les sack ships, qui venaient acheter de la morue pêchée par les planters et non par leur propre équipage, pouvaient partir plus .(21 ׃ tard (Pope 2004

Une fois à terre, il fallait construire ou réparer les installations et l’équipement nécessaires à la pêche, un travail qui pouvait durer un mois. On devait réparer les chaloupes si elles étaient restées à terre ou les assembler si elles avaient été amenées dans la cale du navire. On devait également construire une jetée de bois avançant dans la mer, appelée échafaud, sur laquelle les prises étaient débarquées. Finalement, des cabanes étaient construites pour ;4 ׃ loger les pêcheurs migratoires ainsi que pour entreposer les vivres et le sel (Cell 1969 .(22 ׃ Pope 2004 ;168 ,162 ׃ de La Morandière 1962

La pêche se faisait habituellement à la ligne, dans des chaloupes de cinq hommes, munies Les .(24 ׃ Pope 2004 ;171 ׃ de La Morandière 1962 ;4 ׃ de voiles et/ou de rames (Cell 1969 pêcheurs apportaient le poisson aux échafauds où le décolleur enlevait la tête et le trancheur enlevait l’épine dorsale des morues. Les foies étaient mis à part dans la foissière et .(26 ׃ Pope 2004 ;177 ׃ de La Morandière 1962 ;4 ׃ servaient à faire de l’huile (Cell 1969

14 L’abondance de céramique originaire du north Devon à la station D de Ferryland, et particulièrement la présence de formes rares, indique effectivement des liens commerciaux avec le north Devon (Crompton 2001 : 156-157)

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Des apprentis transportaient ensuite le poisson dans un boyard pour l’amener au saleur. de La ;4 ׃ Après quelques jours, le poisson était rincé dans la mer et empilé (Cell 1969 ,On étendait ensuite la morue sur le galet .(28 ,26 ׃ Pope 2004 ;178 ׃ Morandière 1962 lequel était recouvert de branches de sapin et d’écorce de bouleau, pour la faire sécher à la .15(28 ׃ Pope 2004 ;179 ׃ suite de quoi on l’empilait à nouveau (de La Morandière 1962

À la fin de la saison, le poisson était finalement chargé sur les navires (de La Morandière Certains navires retournaient directement en Angleterre, mais peu de poisson .(162 ׃ 1962 se retrouvait sur les marchés anglais, la plupart étant emmagasiné dans les ports tels Plymouth et Dartmouth pour ensuite être réexporté vers la France, l’Espagne et le Portugal Ce système inefficace de transactions fut peu à peu abandonné de .(100-101 ׃ Cell 1969) sorte qu’à la fin du XVIIe siècle la plupart des navires se rendaient directement en ,Les cargaisons de morue étaient échangées contre du vin .(93 ׃ Méditerranée (Pope 2004 Ce .(95 ׃ des fruits et de l’huile d’olive qui étaient ensuite vendus en Angleterre (Pope 2004 réseau d’échanges est appelé commerce triangulaire.

Si au départ les navires qui venaient pêcher à Terre-Neuve transportaient leur propre main- d’œuvre et leurs propres prises, un autre système commença à se développer parallèlement avec l’installation des résidents permanents. C’est ainsi qu’on vit apparaître les by-boat- keepers et se développer le sack trade. Les by-boat-keepers étaient des pêcheurs qui possèdaient des bateaux de pêche, mais qui les confiaient aux planters puisqu’ils n’hivernaient pas à Terre-Neuve. Ces pêcheurs devaient revenir au début de chaque été à titre de passagers sur les sack ships. Les sack ships étaient des navires qui venaient à Terre- Neuve dans le but d’acheter le poisson pêché par les planters et les by-boat-keepers (Pope Ces navires en profitaient pour transporter des serviteurs et diverses .(78 ׃ 2004 marchandises, comme des céréales, de la viande salée, des matières grasses, de l’alcool, des ,159 ׃ vêtements et des outils, ce qui leur évitait de voyager lourdement lestés (Pope 2004 365-366).

15 La traduction française des termes techniques utilisés dans ce paragraphe sont tirées de Loture 1994 : 335- 254.

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La position géographique de Terre-Neuve contribuait également à en faire un lieu d’entreposage et d’échange important. Puisque l’île est située à mi-chemin entre l’Europe et la Nouvelle-Angleterre, cela favorisait les échanges avec les colonies du sud. Par exemple, les navires quittant la Nouvelle-Angleterre arrêtaient fréquemment à Terre-Neuve pour compléter leurs cargaisons de poisson. Les planters terre-neuviens achetaient également des marchandises provenant de Nouvelle-Angleterre, notamment des produits du tabac comme en font foi les nombreuses pipes en argile rose et beige caractéristiques de la région .(150-151 ׃ de Chesapeake retrouvées à Ferryland (Pope 2004

2.3.2 Les habitants de Ferryland

2.3.2.1 Les planters La population de Ferryland pouvait se diviser de manière générale en deux classes, soit les planters et les serviteurs, bien que ces différenciations sociales aient été élastiques au cours du XVIIe siècle. Les planters se distinguaient du fait qu’ils possédaient des bateaux et Chacun possédait au moins deux ou trois .(259 ׃ engageaient des serviteurs (Pope 2004 serviteurs, mais le planter moyen en avait neuf ou dix, ce qui était beaucoup .(262 ׃ comparativement aux gens de la même classe sociale en Angleterre (Pope 2004 Dans le milieu des années 1670, seulement le tiers des planters possédait trois bateaux et Les planters les moins aisés travaillaient habituellement avec leur .(262 ׃ plus (Pope 2004 D’autres en vinrent à jouer le rôle de petite noblesse puisqu’ils .(263 ׃ équipage (Pope 2004 .(260 ׃ avaient des relations outre-mer et qu’ils avaient des activités politiques (Pope 2004 Par ailleurs, ceux-ci étaient habituellement capables de mener des opérations La présence .(270 ׃ administratives parce qu’ils savaient lire, écrire et compter (Pope 2004 de cette petite noblesse est clairement perceptible dans la culture matérielle retrouvée à Ferryland. Par exemple, les textiles des latrines indiquent qu’on ne portait pas uniquement des vêtements de travail et que certaines personnes suivaient de près la mode européenne (Mathias 2005). De nombreux objets de luxe – verre à vitre, faïence, artéfacts en or et en argent – ont également été trouvés en association avec le manoir des Kirke (Colony of Avalon Foundation 2002a). Il semble cependant qu’à la fin du siècle ces différenciations

68 sociales s’estompèrent en raison de la crise qui survint dans l’industrie de la pêche et qui .(61 ׃ entraîna un appauvrissement général (Pope 1986

Les planters choisissaient habituellement de s’établir de manière permanente à Terre- et 212 ,63 ׃ Neuve et, pour les deux tiers d’entre eux, d’y fonder une famille (Pope 2004 244). Les femmes étaient peu nombreuses, ce qui expliquerait la mobilité de la population Elles participaient activement à la pêche en plus de vaquer à .(215 ׃ masculine (Pope 2004 leurs occupations traditionnelles, elles pouvaient même diriger leurs propres plantations si Les enfants constituaient quant à eux le .(297-298 ׃ elles étaient veuves (Pope 2004 .(220 ׃ cinquième des hivernants (Pope 2004

L’activité économique des planters reposait essentiellement sur la pêche, mais ne s’y Ainsi, durant l’automne, les résidents pratiquaient la chasse .(331 ׃ limitait pas (Pope 2004 pour la viande et les fourrures (Pope 2004 : 338-339). Pendant l’hiver ils s’affairaient à couper du bois pour fabriquer des bateaux et des rames qu’ils pouvaient ensuite vendre aux pêcheurs migratoires (Pope 2004 : 341). Les planters profitaient également de la présence d’une forte population estivale pour transformer leurs domiciles en tavernes (alors appelées ;157-158 ׃ tippling houses) où ils vendaient alcool et tabac aux pêcheurs (Crompton 2001 .(347 ׃ Pope 2004 ;143 ׃ Nixon 1999

Les sources historiques indiquent que la plupart des planters possédaient des potagers où ils faisaient pousser des légumes et parfois des grains et qu’ils élevaient des porcs et plus Cependant, même si pendant la période des .(344-345 ׃ rarement du bétail (Pope 2004 Kirke certains planters arrivaient à produire des surplus qu’ils vendaient aux pêcheurs il semble que l’agriculture et l’élevage soient demeurés des ,(346 ׃ saisonniers (Pope 2004 activités économiques peu profitables. Cela est en partie dû à la courte saison de croissance des végétaux, mais également parce que ces activités ne pouvaient compétitionner avec la L’étude zooarchéologique menée à Ferryland a permis de .(343 ׃ pêche (Pope 2004 déterminer que le mammifère le plus consommé était le porc, suivi du bétail et des caprinés Ces derniers étaient moins abondants .(133 ׃ chèvre et/ou mouton) (Hodgetts 2006) probablement parce que leur diète spécialisée nécessitait la production de fourrage pour Tous les planters avaient également la possibilité de chasser .(134 ׃ l’hiver (Hodgetts 2006 du gibier, alors qu’en Angleterre ce droit était réservé à l’élite. Le caribou et le phoque

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׃ devaient être des ressources privilégiées durant l’hiver et le printemps (Hodgetts 2006 135). Les proportions qu’occupent ces espèces animales dans les assemblages n’ont pas Cela amène .(134 ׃ varié significativement au cours du XVIIe siècle (Hodgetts 2006 Hodgetts à suggérer que les habitants de Ferryland ont très tôt adopté des stratégies de subsistance organisées autour d’une activité économique principale, la pêche à la morue, .(135 ׃ qui exigeait beaucoup de temps pendant la saison estivale (Hodgetts 2006

2.3.2.2 Les serviteurs Quant aux serviteurs qui étaient engagés comme pêcheurs par les planters, ils dominaient en nombre, surtout pendant l’été où ils constituaient environ 90% de la population (Pope C’étaient essentiellement des hommes, généralement jeunes, qui partageaient .(212 ׃ 2004 ,57-58 ׃ leur vie entre le travail agricole et d’autres activités comme la pêche (Pope 1986 169, 172, 215, 259). Certains étaient spécialisés alors que d’autres étaient engagés comme Ils recevaient des salaires qui étaient beaucoup plus élevés que .(260 ׃ apprentis (Pope 2004 et ils étaient (170 ׃ ceux de la main-d’oeuvre agricole en Angleterre (Pope 2004 habituellement payés en parts, bien qu’au XVIIe siècle un système de paye commença à La plupart d’entre eux furent .(164 ׃ Pope 2004 ;17 ׃ être utilisé parallèlement (Cell 1969 recrutés dans le north Devon, le Dartmoor, l’Exmoor, le south Somerset et le Dorset (Pope ou (319 ׃ Les serviteurs logeaient habituellement dans des tentes (Pope 2004 .(234 ׃ 2004 chez leurs maîtres s’ils hivernaient à Terre-Neuve. Ils avaient accès à une vaste gamme de produits étrangers à faible coût et à plusieurs nouveautés sur les marchés comme le vin et le Ils retournaient .(357 ׃ tabac, dont ils étaient de grands consommateurs (Pope 2004 habituellement en Angleterre ou migraient en Nouvelle-Angleterre à la fin de leur contrat et 173 ,64 ׃ qui était habituellement d’une durée de trois étés et deux hivers (Pope 2004 237).

2.4 Les interventions archéologiques

2.4.1 Historique Depuis plus d’un siècle, les archéologues amateurs et professionnels ont retourné le sol des environs de Ferryland à la recherche des vestiges de la colonie fondée par George Calvert.

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Si les documents historiques sont sans équivoque quant à l’endroit où les premiers colons se sont installés, la localisation précise de la colonie est cependant demeurée longtemps Dès 1880, l’évêque Michael F. Howley entreprit .(23 ׃ 1996a ,379 ׃ ambiguë (Tuck 1985 des fouilles dans le but de la localiser. On ignore où il a mené ses interventions et peu En 1937, un .(19 ׃ d’objets issus de cette fouille sont connus (Crompton 2001 entomologiste américain du nom de Stanley T. Brooks prit la relève. Il décida de sonder ׃ dans les environs du bassin (The Pool) ainsi qu’à l’ouest, sur le continent (Crompton 2001 .D’autres sondages furent effectués en 1959 par J.R .(24 ׃ 1996a ,379 ׃ Tuck 1985 ;19-20 Harper au sud du bassin (probablement l’actuelle station B [figure 2-7] selon Tuck [1985 : 380] ). Il y découvrit des artéfacts du XVIIe siècle et conclut que le manoir de Calvert .(111 ׃ devait être situé un peu plus à l’ouest (Harper 1960

En 1969, James A. Tuck de la Memorial University of Newfoundland concentra ses efforts près de l’actuel bâtiment du Colony Café (figure 2-7) et y découvrit un drain ainsi que des En 1976, R.K. Barakat, de la même .(24 ׃ objets diagnostiques du XVIIe siècle (Tuck 1996a université, entreprit des fouilles à l’est des sondages de Harper et sur Boys Island (figure 2- James A. Tuck reprit le flambeau et, entre 1984 et 1986, mena trois .(24 ׃ Tuck 1996a) (4 autres campagnes aux stations A, B, C et D (figure 2-7) (Tuck 1985). Son évaluation permit d’établir que la colonie d’Avalon était bel et bien située autour du bassin et que les vestiges Il a cependant .(25 ׃ de cette occupation étaient extrêmement bien conservés (Tuck 1996a fallu attendre quelques années avant que les fonds nécessaires soient réunis pour entamer des travaux d’envergure.

Entre temps, Marianne A. Stopp effectua des fouilles de sauvetage qui menèrent à la découverte, dans une tranchée située à l’intersection des routes du phare et du bassin (Figure 2-7), des premiers bâtiments associables à la Colony of Avalon, soit un chemin en Parallèlement, des fouilles subaquatiques furent menées .(25 ׃ galets et un mur (Tuck 1996a dans le bassin en 1984, 1991 et 1992 et permirent la mise au jour d’artéfacts dont certains Finalement, en 1991, les .(21 ׃ sont associables au XVIIe siècle (Crompton 2001 gouvernements provincial et fédéral signèrent une entente qui fournit du financement à long terme pour la fouille et la mise en valeur du site de Ferryland. C’est ainsi que des fouilles .(25 ׃ eurent lieu à chaque été depuis 1992 (Tuck 1996a

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(24 ׃ Figure 2-7 Localisation des stations fouillées à Ferryland (Crompton 2001

2.4.2 Principales découvertes

2.4.2.1 La période pré-coloniale Les plus anciennes traces d’établissement retrouvées sur le site archéologique de Ferryland sont des foyers circulaires faits de galets attestant la présence de campements amérindiens temporaires à cet endroit (station B). Ces structures contenaient des outils de pierre taillée, des éclats, des os, du charbon de bois, des aiguilles de sapin et des graines carbonisées. Les caractéristiques des pointes retrouvées permettent d’associer ces découvertes aux Béothuks. La présence de pépins de raisins, une espèce qui n’est pas indigène à Terre-Neuve, atteste que des échanges eurent lieu avec les pêcheurs européens (Colony of Avalon Foundation .(36-37 ׃ Walsh 2000 ;27 ׃ Tuck 1996a ;19 ׃ 2002b; Deal et Butt 2002

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Dans le même niveau, des foyers rectangulaires faits de roches plates ont livré du matériel exclusivement européen, notamment des tessons de céramique provenant de pots de cuisson d’origine portugaise, basque, normande et anglaise. Ces foyers contenaient également des charbons de bois d’essences non indigènes comme le chêne et le hêtre. Les archéologues ont par ailleurs noté, au-dessus de ces vestiges, la présence de deux couches de roches qui pourraient être des plages artificielles utilisées par les pêcheurs saisonniers ,28-29 ׃ pour faire sécher le poisson (Colony of Avalon Foundation 2002c; Tuck 1996a La pauvreté des évidences archéologiques associées à la pêche migratoire .(29 ׃ 1996b s’expliquerait du fait que les premières installations étaient essentiellement en bois, un .(8 ׃ matériau recyclé comme combustible à la fin de chaque saison (Pope 1986

2.4.2.2 La période des Calvert L’établissement de la colonie d’Avalon en 1621 marqua le début d’une période intense de construction bien perceptible archéologiquement. Les fouilles menées jusqu’à ce jour ont permis de révéler toute l’ampleur des investissements de George Calvert, tant par la qualité du bâti que par la présence de structures destinées à l’ensemble de la communauté. Les aménagements initiaux comprenaient entre autres un vaste entrepôt de pierres auquel Outre sa fonction première qui .(33 ׃ étaient adossées des latrines (station C) (Tuck 1996a était l’entreposage, ce bâtiment aurait également servi à la fonte de minerai ainsi qu’à la fabrication de tonneaux comme le suggère la culture matérielle qui y fut retrouvée (Gaulton Les navires pouvaient accoster à proximité de l’entrepôt .(34 ׃ Tuck 1996a ;122-123 ׃ 1997 et y décharger directement les denrées nécessaires aux habitants de la colonie de Ferryland En effet, les constructeurs de ce bâtiment avaient préalablement .(63 ,59 ׃ Gaulton 1997) entrepris de gagner de l’espace sur la mer avec des roches et du sol stérile. Ce remblai était maintenu en place par un long mur de pierre qui se poursuivait au-delà du bâtiment (Carter À l’ouest de l’entrepôt (station .(32 ׃ Tuck 1996a ;59 ,38 ׃ Gaulton 1997 ;51 ׃ et al. 1998 G), ce mur venait remplacer un quai plus ancien et plus éphémère constitué d’une rangée de La fouille à cet .(13 ׃ tonneaux de bois remplis de sable et de roches (Tuck et Gaulton 2004 endroit a également livré les traces de poteaux de bois qui auraient servi à amarrer les .(35 ׃ bateaux en construction dans la cale de lancement située à proximité (Crompton 2001

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Les interventions archéologiques ont également permis de dégager les vestiges d’une forge et l’abondante culture matérielle y étant associée (station B). Les pipes, la céramique, le verre à bouteille et les objets de métal suggèrent tous une occupation entre 1622 et 1650 ce qui laisse fortement supposer qu’il pourrait s’agir ,(30 ׃ Tuck 1996a ;61 ׃ Carter 1997) de la forge construite en 1622 dont Wynne fait mention dans ses écrits (Wynne 28/07/1622). Il fut en outre possible de reconstituer l’aménagement de l’espace à l’intérieur de la forge en localisant l’emplacement de la forge elle-même, du tonneau d’eau, du 29- ׃ Tuck 1996a ;35-39 ׃ soufflet, de l’enclume et de la réserve de charbon (Carter 1997 30). La grande variété d’artéfacts retrouvés indique que le forgeron pouvait fabriquer et .(115 ׃ réparer à peu près tous les objets de métal utilisés dans la colonie (Carter 1997

D’autres structures, probablement construites en 1622 si on se fie à la correspondance de Wynne, ont été identifiées lors des fouilles archéologiques. Il s’agit d’abord des ruines d’une boulangerie/brasserie (station F). Ce bâtiment possédait un foyer dont les quatre coins comportaient des fours en céramique utilisés pour cuire le pain. Au centre du foyer, deux blocs supportaient jadis un grand chaudron dans lequel on faisait bouillir les ingrédients nécessaires à la fabrication de la bière. Un puits en bois, probablement couvert à l’origine puisque son fond était exempt de déchets, était associé à la boulangerie/brasserie. À proximité, les archéologues ont dégagé un bâtiment muni d’un foyer et d’un plancher de bois qui pourrait bien être le petit salon (parlour) dont la construction est mentionnée dans les documents historiques (Colony of Avalon Foundation 2002d).

Un fossé défensif d’une largeur de six mètres, dont les déblais ont servi à ériger un rempart sur son côté ouest, fut également mis au jour (station F). À l’intérieur, les restes d’un ponceau en bois sur lequel venait buter un chemin de galets furent découverts (Carter et al. Colony of Avalon Foundation 2002e). La continuité de ce chemin a été ;53-55 ׃ 1998 retrouvée à plusieurs autres endroits sur le site (Colony of Avalon Foundation 2002f) et on croit qu’il s’agirait de la pretty street mentionnée dans la correspondance de Wynne (Wynne 28/07/1622).

Finalement, les vestiges de quatre maisons datant des premières années de la colonie de Calvert à Ferryland ont récemment été découverts (station F). L’une d’elles, une grande maison de pierres d’un étage et demi ou deux comportant deux pièces aux murs plâtrés au

74 rez-de-chaussée ainsi qu’un large foyer, pourrait bien être le manoir que Calvert fit La présence de nombreux .(2005 ,12 ׃ construire et que Kirke fit agrandir (Tuck 2004 objets domestiques luxueux retrouvés dans ce secteur, comme la faïence, vient renforcer .(127 ׃ Stoddart 2000 ;59 ׃ cette hypothèse (Carter et al. 1998

2.4.2.3 La période des Kirke Lorsque Kirke prit possession de Ferryland en 1638, celui-ci mentionna que les structures militaires étaient en ruines, mais il semble que les quais, la rue pavée de galets et la forge ׃ aient été en bon état et que les champs et les pâturages soient demeurés intacts (Pope 2004 137). Dans les années qui suivirent, la croissance démographique et les attaques de 1673 et 1694 furent des facteurs qui encouragèrent la mise en chantier de nouvelles constructions.

Les fouilles archéologiques ont révélé la présence d’une grange/étable construite au sud de l’ancien entrepôt qui fut détruit lors de l’attaque hollandaise de 1673 (station C). Les traces des poteaux pour attacher les animaux, ainsi qu’un drain ayant servi à acheminer le fumier .(35 ׃ Tuck 1996a ;68-69 ,40 ׃ dans les anciennes latrines, furent identifiés (Gaulton 1997 Les fortifications furent également modifiées au cours du temps comme en témoigne la présence d’un monticule de terre ainsi qu’une lignée de trous de poteaux qui pourraient être associés aux fortifications construites par le capitaine Holdman en 1694 (station E) (Colony .(39 ׃ of Avalon Foundation 2002e; Tuck 1996a

Les archéologues ont aussi retrouvé les vestiges d’une maison comportant des murs de fondation et un foyer en pierres, mais dont les murs et le toit auraient été construits en bois (station B) (Nixon 1999). Il s’agirait probablement d’une maison à deux étages, avec au rez-de-chaussée une pièce multifonctionnelle. Elle aurait été occupée par des gens de la classe moyenne entre 1660 et 1696 (Nixon 1999). Les restes d’une autre maison, occupée entre 1673 et 1696, ainsi qu’un puits lui étant associé, furent retrouvés (station D). Cette vaste habitation était faite de bois et comportait un large foyer de pierre dans un de ses La présence de quelques objets .(36-37 ׃ Tuck 1996a ;281 ׃ murs pignons (Crompton 2001 de luxe dans l’assemblage céramologique indiquerait que ses habitants avaient un statut .(157 ׃ social relativement élevé (Crompton 2001

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2.4.3 Description des contextes échantillonnés Tel qu’il fut illustré dans la section précédente, les fouilles archéologiques menées intensivement à Ferryland depuis une quinzaine d’années ont mis en évidence toute la richesse de ce site. Nous démontrerons maintenant son potentiel archéobotanique. Celui-ci est lié à la diversité des contextes propices à la préservation des macro-restes végétaux et au fait que ces derniers peuvent être clairement datés du XVIIe siècle. Les données utilisées dans le présent mémoire sont issues de quatre contextes différents. La stratégie de prélèvement et le nombre d’échantillons prélevés (tableau 3-1) sont présentés dans le chapitre qui suit alors que les résultats font l’objet du chapitre 4.

2.4.3.1 Les latrines La première structure échantillonnée est le vestige F1a (figure 2-8) découvert dans la station C (figure 2-9). Il s’agit d’une fosse murée adjacente à un grand bâtiment qui aurait servi d’entrepôt. La fosse aurait été utilisée en tant que latrines entre 1621 et 1673 pour par la suite contenir du fumier provenant d’une étable ou d’une grange située à proximité Le dit vestige fut construit en pierres de schiste et mesure .(86-87 ׃ Gaulton 1997) 2,7 mètres de longueur sur 1,2 mètre de largeur et 1,2 mètre de profondeur. Sa paroi nord (donnant sur la mer) comporte deux ouvertures situées à sa base qui auraient servi à drainer partiellement les latrines à marée haute. Sa paroi sud comporte une ouverture dans sa partie la plus haute qui était reliée à un drain provenant de la grange/étable (figure 2-8) (Gaulton ,Les latrines contenaient des pipes .(33-34 ׃ Pope et Tuck 1996; Tuck 1996a ;86-87 ׃ 1997 ,(33-34 ׃ Tuck 1996a ;110 ׃ des tessons de bouteilles et de la céramique (Pope et Tuck 1996 ainsi que des textiles (Mathias 2005), du bois, du cuir, des ossements animaux (Hodgetts 2006, 2008), des insectes, des graines (Prévost et Bain 2007) et des œufs de parasites (Horne et Tuck 1996). L’échantillon prélevé pour l’analyse archéobotanique (échantillon 27) provient de la couche E11616 datée des années 1620 grâce à un sceau en cire à l’effigie du cœur immaculé de Marie. Cette découverte fut associée à la période de Calvert qui,

16 Malheureusement, il n’existe aucune stratigraphie illustrant la déposition des couches dans les latrines (Barry Gaulton, communication personnelle, 2005).

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Figure 2-8 Vue des latrines F1a où fut prélevé l’échantillon 27

Figure 2-9 Plan de la station C indiquant les puits échantillonnés dans les latrines (en rouge)

77 78 rappelons-le, était de confession catholique (Colony of Avalon Foundation 2002g). Cette couche commençait à apparaître environ à 30 centimètres au sud de la paroi nord de la fosse (James A. Tuck, notes personnelles).

2.4.3.2 Les dépotoirs domestiques Le deuxième secteur échantillonné est constitué de couches de dépotoirs domestiques (domestic midden) situées dans la station G17. Les quatre échantillons de la couche E571 (5, 6, 24 et 25) datent de la première moitié du XVIIe siècle tandis que les six échantillons de la couche E587 (11, 12, 18, 19, 22, et 23) datent de la seconde moitié du XVIIe siècle (Barry Gaulton, communication personnelle, 2005). La couche E571 (figure 2-10), située à une trentaine de centimètres de la surface, fut décrite comme un sol meuble de couleur brun foncé comprenant des graviers anguleux. Parmi les artéfacts retrouvés dans cette couche, on note des fourneaux de pipes caractéristiques du début du XVIIe siècle, des fragments de tuiles d’ardoise, du verre à vitre, de la céramique et des clous en fer (James A. Tuck, notes personnelles, 28 août 2002). La couche E587 se présentait lors de la fouille comme une argile molle de couleur brun pâle et avait une épaisseur moyenne de 20 à 30 centimètres (figure 2-10). L’assemblage artéfactuel associé à cette couche comprend de grandes quantités de terre cuite grossière, du verre à vitre, de la terre cuite anglaise à glaçure saline blanche, de la céramique d’Italie du nord avec engobe à décor sgraffite, des pipes datant de la fin du XVIIe siècle18, ainsi que deux sceaux de bouteilles portant les inscriptions « Geofford » et « Bartho Shapton 1724 » (James A. Tuck, notes personnelles, 2003).

17Malheureusement, aucune carte de la station G n’est actuellement disponible (Barry Gaulton, communication personnelle, 2008). Il est donc impossible de localiser les échantillons prélevés dans les dépotoirs domestiques et les quais. 18 Dont un fourneau de pipe portant la marque « Brosley » et un fourneau de pipe hollandais moulé de style « baroque ».

Figure 2-10 Dessin d’une stratigraphie indiquant la position des couches E571 et E587 (en jaune) où furent prélevés les échantillons 5, 6, 24, 25, 11, 12, 18, 19, 22 et 23 (Infographie : Andrée Héroux)

79 80

2.4.3.3 Les quais Le troisième groupe d’échantillons fut recueilli à la station G dans des couches de remplissage associées à la construction d’un quai datant de peu après 1621 (Barry Gaulton, communication personnelle, 2005). À cette date, l’ancien quai fait de tonneaux de bois aurait été remplacé par un quai en pierres situé plus au nord, ce qui permettait de gagner de l’espace sur la mer. Les échantillons ont été prélevés dans les couches E556 (échantillon 15), E577 (échantillon 14) et E585 (échantillon 16), un sédiment très organique gorgé d’eau situé entre l’ancien et le nouveau quai (figure 2-11).

L’échantillon 14 a été prélevé dans la couche E577 du puits E40N36. Celle-ci fut décrite comme étant composée majoritairement de copeaux de bois et de brindilles. Les archéologues y ont également noté la présence de retailles de cuir (James A. Tuck, notes

Figure 2-11 Vue de la zone où furent prélevés les échantillon 14, 15 et 16 (encadré), entre le quai de tonneaux (A) et le quai de pierres (B) (photo fournie par Barry Gaulton)

81 personnelles, 20 septembre 2002). Le sédiment de l’échantillon 15 provenait de la couche E556 du puits E39N36. Cette couche se limitait à la portion est de la zone située entre les deux quais et serait subséquente à la construction du quai de tonneaux. Elle était caractérisée par l’abondance de bois et d’autre matière organique et une odeur sulfureuse s’en dégageait (James A. Tuck, notes personnelles, 2 août 2002). La présence de quelques artéfacts a été notée lors de la fouille, dont deux clous, un tolet et du cuir (James A. Tuck, notes personnelles, 2 août 2002). L’échantillon 16, recueilli dans la couche E585 du puits E39N35, était caractérisé, tout comme les précédents, par la présence de copeaux de bois, de brindilles (James A. Tuck, notes personnelles, 9 octobre 2002), d’écorce et de nombreuses aiguilles de conifères (James A. Tuck, notes personnelles, 9 octobre 2002).

2.4.3.4 Le foyer Le dernier contexte dans lequel des échantillons (20 et 21) ont été prélevés est un foyer (vestige F91, couche E366, puits E82N01 et E83N01) associé au manoir occupé par la famille Kirke situé dans la station F (figures 2-12 et 2-13)19. Son contenu fut daté de ca. 1660 par les archéologues (Barry Gaulton, communications personnelles, 2005 et 2008). Lors des fouilles, on a noté que le foyer était composé de trois ou quatre assises de pierres de schiste. Cependant, la présence de pierres taillées dans les puits adjacents tend à indiquer que la cheminée devait à l’origine s’élever jusqu’au toit. Le foyer fut construit sur la route pavée de galets, ce qui tend à confirmer que cette section du manoir ne date pas des débuts de la colonie, mais serait plutôt un ajout ultérieur (James A. Tuck, notes personnelles). Quant à la couche E366 située à l’intérieur et à l’extérieur de ce foyer, elle fut décrite comme un sédiment brun foncé à noir, collant, comprenant du charbon de bois et des roches craquelées par le feu. Les artéfacts retrouvés incluent des objets de fer et des fragments de pipes (James A. Tuck, notes personnelles).

19Les numéros de puits, de structure et de couche indiqués ici sont ceux apparaissant sur les étiquettes remplies par Barry Gaulton et James A. Tuck qui ont prélevé ces échantillons à l’été 2003. Toutefois, lorqu’on consulte la figure 13, on remarque que ces échantillons ne se retrouvent pas à l’intérieur d’une structure. Barry Gaulton (communication personnelle, 2008) croit que les échantillons seraient en réalité composés du charbon de bois répandu à côté du foyer F91.

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Figure 2-12 Vue du foyer F9120 près duquel furent prélevés les échantillons 20 et 21 (photo fournie par Barry Gaulton)

20 Il s’agirait bien, selon Barry Gaulton, de la structure F91 malgré le fait que l’affiche sur la photo indique F94.

Figure 2-13 Plan de la station F indiquant les puits échantillonnés dans le foyer (en jaune)

83 84

Conclusion Comme ce chapitre a permis de le démontrer, Ferryland constitue un endroit clé pour comprendre le processus de colonisation puisque Terre-Neuve fut dès le XVIe siècle, de par sa situation géographique, la porte d’entrée de l’Amérique du Nord. L’entreprise de George Calvert fut au bout du compte un des rares succès de colonisation terre-neuviens. Ferryland est de surcroît une colonie bien documentée archéologiquement et historiquement. Par ailleurs, parmi les nombreuses découvertes qui ont été faites jusqu'à ce jour, plusieurs contextes archéologiques présentent un fort potentiel pour une analyse archéobotanique. De plus, comme nous le verrons au chapitre suivant, ceux-ci présentaient des conditions favorables à la préservation des macro-restes végétaux. Le site archéologique de Ferryland était donc un choix incontournable.

3 Méthodologie « Pollen and flotation analyses have proved quite useful, leading support to the argument that just because you can’t see it, doesn’t mean that it isn’t there. » (3 ׃ Bohrer et Adams 1977)

Les résultats d’une analyse archéobotanique sont tributaires de plusieurs facteurs liés au prélèvement des échantillons sur le terrain, aux conditions de préservation des restes végétaux, aux techniques employées pour traiter le sédiment en laboratoire, à la qualité des outils de référence, à l’expérience du chercheur lors du tri et de l’identification, ainsi qu’au mode de quantification choisi. Il apparaît donc essentiel de décrire en détail la procédure utilisée pour recueillir les données à l’étude.

3.1 Prélèvement des échantillons Lors de la fouille du site de Ferryland en 2003, il fut décidé de procéder au prélèvement d’échantillons de sédiment archéologique destinés à l’analyse des macro-restes végétaux en vue de répondre à la problématique présentée dans l’introduction. Comme la majorité des macro-restes végétaux sont difficiles à discerner lors de la fouille archéologique, la cueillette à l’œil nu produit habituellement des assemblages archéobotaniques fortement biaisés où les restes de grande taille sont surreprésentés par rapport aux plus petits À .(11 ׃ Renfrew et al. 1976 ;29 ׃ Marinval et Ruas 1984 ;111 ׃ 1999 ,63 ׃ Marinval 1986) l’opposée, il s’avère habituellement inutile de prélever et d’analyser la totalité des macro- restes végétaux contenus dans le sédiment, en raison du temps d’analyse que cela impliquerait, mais aussi parce que l’échantillonnage d’un volume suffisant peut produire Lennstrom et ;19 ׃ des résultats représentatifs de l’ensemble d’un dépôt (Greig 1989 .(148 ׃ Orton 2000 ;702 ׃ 1995 ,206 ׃ Hastorf 1992

Le système d’enregistrement qui prévaut à Ferryland est un quadrillage au mètre carré. Chaque mètre carré est appelé puits et est nommé selon ses coordonnées sur un plan cartésien, par exemple E39N36. Les artéfacts et écofacts sont pour leur part localisés au centimètre près dans chaque puits. Quant à l’enregistrement vertical, chaque nouvelle couche ou lentille reçoit un numéro et est appelée event (par exemple E366). Un système 86 parallèle est utilisé pour les vestiges qui sont nommés features (par exemple F91) (Tuck La stratégie de prélèvement des échantillons pour la présente analyse .(25-26 ׃ 1996a archéobotanique s’accorde avec la méthodologie de terrain pour des raisons de cohérence, mais également parce qu’une localisation précise des échantillons pourrait permettre de déceler d’éventuelles variations spatiales ou temporelles.

Des échantillons d’un volume de 10 litres étaient visés. Il s’agit d’un juste milieu qui permet à la fois de recueillir une certaine variété de taxons tout en n’exigeant pas un temps de travail démesuré (Catherine Fortin, communication personnelle, 2003). Cependant, puisque la concentration en matière organique était très variable d’un contexte à l’autre en fonction des activités dont ces contextes témoignaient et des conditions de préservation, le Cela explique le .(152 ׃ volume échantillonné a dû être adapté (Wilkinson et Stevens 2003 volume moindre des échantillons provenant des remblais des quais et des latrines (tableau 3-1). Le prélèvement des échantillons était systématique, c’est-à-dire qu’un ou plusieurs échantillons étaient prélevés dans chaque couche archéologique fouillée en 2003. En effet, bien que les archéologues aient généralement tendance à échantillonner seulement dans les structures ou lorsqu’une concentration de macro-restes végétaux est visible lors de la fouille (échantillonnage au jugement), une telle pratique n’est habituellement pas conseillée Les couches de surface, lesquelles .(702 ׃ Lennstrom et Hastorf 1995 ;61 ׃ Clarke 1984) risquaient d’être contaminées par des semences récentes, ainsi que les couches très ;3 ׃ perturbées ont cependant été évitées (Association for Environmental Archaeology 1995 De plus, au moment de l’analyse, il fut décidé d’exclure les .(19 ׃ English Heritage 2002 échantillons qui n’ont pas été datés du XVIIe siècle de manière à garder une problématique de recherche bien ciblée.

Des échantillons ont été recueillis dans chaque puits fouillé en 2003, en prenant soin de répartir le prélèvement dans l’ensemble du mètre carré. Il semblerait qu’un échantillonnage dispersé (scatter sampling), tel qu’effectué, est susceptible de récupérer une plus grande concentration et une plus grande diversité de taxons qu’un échantillonnage localisé (bulk Aucun échantillon ne couvrait plus d’un .(212 ,209 ׃ sampling) (Lennstrom et Hastorf 1992 mètre carré, ce qui implique que plusieurs échantillons ont parfois été prélevés pour une même couche. Puisqu’on ne peut pas présumer que les restes botaniques sont distribués

87

,(223 ׃ Schaff 1981 ;149 ׃ aléatoirement sur un site archéologique (Orton 2000 l’échantillonnage au mètre carré devrait permettre de percevoir de possibles variations spatiales lorsque de grandes superficies ont été échantillonnées (notamment dans les Par ailleurs, les latrines ont été fouillées et .(22 ׃ couches E571 et E587) (Greig 1989 échantillonnées par niveaux culturels et non par niveaux arbitraires ce qui a permis de mieux en comprendre la séquence événementielle et d’y associer correctement les artéfacts, .(12-15 ׃ les écofacts et bien sûr les échantillons (Wheeler 2000

Au total, 26 échantillons de sédiment ont été prélevés sous la supervision de l’auteure lors des fouilles effectuées en 2003 sur le site de Ferryland et 15 ont été retenus pour la présente recherche (tableau 3-1). Les échantillons ne datant pas du XVIIe siècle ou mal datés ont été exclus. S’ajoute à l’étude l’échantillon numéro 27 provenant des latrines fouillées en 1992 et 1993 et échantillonnées par Cathy Mathias et James A. Tuck21. Au total, il fut possible de recueillir des échantillons dans quatre contextes différents : des latrines, deux dépotoirs domestiques, les remblais d’un quai et un foyer. La description des contextes échantillonnés se trouve au chapitre 2 tandis que le tableau 3-2 détaille les inclusions observées dans les échantillons lors de la flottation.

3.2 Taphonomie Les modes de préservation des macro-restes végétaux influencent grandement la composition d’un assemblage archéobotanique et par conséquent influencent les choix méthodologiques et l’interprétation des résultats. Avant d’aller plus loin, il convient donc

21 Il est difficile d’obtenir des précisions sur les conditions de prélèvement de cet échantillon. Il est cependant à noter que les archéologues à Ferryland ont l’habitude de récolter les macro-restes végétaux visible à l’œil nu lors de la fouille et de les enregistrer comme les autres artéfacts et écofacts. Les macro-restes végétaux de grande taille pourraient donc être sous représentés dans cet échantillon (Donnely et Gibbs 1994 : 5).

Tableau 3-1 Description des échantillons de sédiment prélevés à Ferryland dans quatre contextes archéologiques datant du XVIIe siècle pour la présente analyse archéobotanique Contexte Couche Datation Puits Numéro Volume Volume de Volume de Volume d’échantillon brut (l) la fraction la fraction trié (ml) lourde (ml) légère (ml) Latrines E116 années E71N33 et/ou 27 2,25 200 1625 1625 1620 E71N34 1ere E36N24 5 10 6000 200 200 E571 moitié du E37N23 6 9,5 6650 200 200 XVIIe E38N18 24 10 2500 750 750 siècle E38N19 25 10 5000 150 150 Dépotoirs E41N24 11 8,65 1730 40 40 domestiques 2e moitié E40N24 12 8,65 1730 80 80 E587 du XVIIe E42N22 18 10 3500 40 40 siècle E41N23 19 10 3500 80 80 E38N21 22 10 5000 55 55 E39N18 23 10 5000 60 60 Remblais des E556 peu après E40N36 14 5,7 950 3000 1900 quais E577 1623 E39N36 15 5,8 625 3350 3350 E585 E39N35 16 6,2 500 2900 1900 Foyer E366 ca. 1660 E82N01 20 8,5 1700 550 550 E83N01 21 10 2000 1275 500

Tableau 3-2 Inclusions observés dans les échantillons prélevés à Ferryland, exprimées en pourcentage du volume brut Inclusions Latrines Dépotoir (1ere moitié XVIIe Dépotoir (2e moitié du XVIIe siècle) Quais Foyer siècle) 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 Charbon de <1% 2,5% 3,2% 11% 1,5% 0,5% 1% 0,4% 0,8% 0,6% 0,6% 9% 20% bois Bois 30% 30% 40% 30% Sable 17% 12% 8% Gravier 9% 50% 60% 15% 25% 10% 10% 20% 20% 25% 25% 10% 10% Roches 10% 10% 10% 25% 10% 10% 15% 15% 25% 25% 10% 10% Briques <1% <1% <1% <1% <1% <1%

88 89 de discuter de différents processus taphonomiques qui favorisent la préservation des macro- restes végétaux ou qui, au contraire, contribuent à leur destruction.

Le terme taphonomie fait ici référence à la chaîne d’événements ayant lieu entre la mort Seule une infime .(31 ׃ d’une plante et sa découverte sur un site archéologique (Beck 1989 partie des plantes présentes sur un site se préservera sur une longue période de temps. À estime que seulement 1% à 5% des végétaux (122 ׃ titre d’exemple, Marinval (1999 comestibles apportés sur un lieu d’habitat pourront être découverts lors de fouilles archéologiques. En effet, étant constitués de matière organique, les végétaux doivent normalement se décomposer après leur mort sous l’action de différents organismes (rongeurs, insectes, vers de terre, champignons, bactéries) dont le rôle est de déchiqueter et de digérer les plantes afin de les transformer en substances solubles qui seront ultimement .(90 ׃ Dimbleby 1978 ;10 ׃ Carbone et Keel 1985 ;34-35 ׃ lessivées dans le sol (Beck 1989 On estime que le taux de décomposition est plus élevé dans les sols chauds, humides, alcalins, riches en carbone organique et en nutriments (Beck 1989). Les deux facteurs qui peuvent arrêter – ou inhiber – ce phénomène sont la résistance des plantes à l’action de ces organismes et l’environnement dans lequel elles sont déposées.

Certaines parties des plantes comme les graines, les grains de pollen et le bois sont plus résistantes que les feuilles ou les fleurs par exemple, c’est pourquoi on les retrouve plus ,Cependant .(55 ׃ Clarke 1984 ;34 ׃ fréquemment sur les sites archéologiques22 (Beck 1989 la pérennité des restes végétaux est augmentée lorsque la composition chimique de la plante est altérée par certains processus culturels ou naturels. Le processus le plus courant est la carbonisation qui se produit lorsque des végétaux sont exposés au feu dans une atmosphère pauvre en oxygène et ainsi transformés en carbone inerte, par exemple s’ils sont utilisés comme combustible ou s’ils subissent un incendie ou une torréfaction ratée. La minéralisation survient quant à elle quand les substances minérales dissoutes dans les eaux qui circulent dans le sédiment (phosphore, calcium, métaux) se substituent progressivement à la matière organique présente dans les végétaux. Cela se produit surtout sur les sites urbains, dans les latrines et les fosses riches en matière organique. Dans les autres cas, il

22 Cela s’explique par la densité de la cellulose dans les parois cellulaires et de la lignine qui lie les parois ensemble (Smith 1985 : 98).

90 faut que l’environnement soit hostile aux organismes décomposeurs, soit pauvre en oxygène, très acide, très aride ou très froid. La préservation est particulièrement fréquente dans les milieux anaérobiques que sont les endroits gorgés d’eau (puits, latrines, épaves, palafittes) ou les tourbières. Les macro-restes végétaux y sont alors préservés par English ;91 ׃ Donoghue 1984 ;54 ׃ Clarke 1984 ;11-14 ׃ imbibition (Carbone et Keel 1985 Wilkinson et Stevens ;108-109 ׃ Marinval 1999 ;11-17 ׃ Greig 1989 ;12-13 ׃ Heritage 2002 .(159-164 ,149 ׃ 2003

La préservation des restes végétaux est donc différentielle, c’est-à-dire que certains sont plus susceptibles que d’autres d’être préservés dépendamment de leur composition Par .(21 ׃ chimique, de leur robustesse et des conditions de déposition (Sobolik 2003 exemple, il est connu que les céréales et les légumineuses se préservent mal dans les milieux gorgés d’eau alors qu’on les retrouve fréquemment sous forme carbonisée en Wilkinson et Stevens ;13 ׃ raison de leur composition chimique (Bouby 2000; Greig 1989 .Pour la présente analyse, quatre contextes différents ont été échantillonnés .(162 ׃ 2003 Dans deux d’entre eux (foyer et dépotoir) les macro-restes végétaux devraient être préservés par carbonisation alors que dans les deux autres (quais et latrines) l’imbibition devrait être le facteur favorisant leur préservation23. Les chances d’obtenir une plus grande variété de taxons sont donc plus élevées car les contextes échantillonnés sont complémentaires.

S’ajoutent différents facteurs culturels venant influencer la représentativité des différents végétaux dans les assemblages archéobotaniques. Les modes de préparation et de consommation des produits d’origine végétale sont des facteurs importants régissant leur potentiel de préservation. Par exemple, la préparation des céréales nécessite souvent l’usage du feu de sorte que ces restes ont plus de chances d’être accidentellement carbonisés. Inversement, d’autres produits alimentaires, comme les légumes-racines, les laitues, les jus, les farines et les huiles, ont peu de chances de laisser des traces dans les assemblages Ruas et ;4 ׃ Miller 1997 ;121 ׃ Marinval 1999 ;231 ׃ archéobotaniques (Dennell 1976 Soit ces produits sont .(146 ׃ Wing et Brown 1979 ;272 ׃ Smith 1986 ;412 ׃ Marinval 1991

23 Cela n’exclut pas qu’on puisse retrouver des macro-restes végétaux carbonisés dans les contextes gorgés d’eau.

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soit ils sont trop fragiles pour subsister ,(39 ׃ consommés et entièrement digérés (Beck 1989 sur de longues périodes de temps.

Certains facteurs naturels peuvent également détruire ou déplacer les macro-restes végétaux après leur déposition dans le sol et contribuer à l’incorporation de restes végétaux récents Ce sont les activités mécaniques qui y ont lieu .(14 ׃ contamination) (Renfrew et al. 1976) telles que les mouvements de l’eau, l’activité animale (insectes, vers de terre, animaux fouisseurs), la croissance des racines, l’érosion par le vent ou l’eau et les épisodes de gel et Finalement, l’activité humaine sur .(23-27 ׃ Sobolik 2003 ;206-217 ׃ dégel (Schiffer 1987 le site archéologique (pendant et après son occupation), de même que les techniques de fouille et d’échantillonnage utilisées, peuvent également influencer la composition des assemblages archéobotaniques.

À Ferryland, les aires fouillées ne sont pas boisées actuellement et semblent très peu bouleversées par des constructions ultérieures au XVIIe siècle. Les sols sont légèrement .(20 ׃ acides, le pH mesuré aux stations B et C variant entre 4.25 et 6.26 (Mathias 1994 Cependant, les zones situées près de la mer auraient pu être affectées par le mouvement des marées. Par exemple, la fouille des quais se faisait uniquement à marée basse de sorte que la superficie fouillée était quotidiennement inondée, ce qui aurait pu contribuer au déplacement des sédiments ou à l’incorporation de semences récentes. Il faut également mentionner que la fouille des latrines et du foyer s’est étendue sur deux saisons (Cathy Mathias, communication personnelle, 2006). Nous avons cependant pris soin de ne pas échantillonner les surfaces fraîchement exposées, ce qui diminue les risques d’incorporation accidentelle de semences récentes. Le séchage à l’intérieur visait également à éliminer cette source de contamination. Par ailleurs, ma présence sur le site durant tout l’été 2003 a permis d’orienter la stratégie d’échantillonnage en fonction des découvertes et d’harmoniser les techniques de collecte.

3.3 Flottation Depuis la parution d’un article par Struever, en 1968, décrivant la manière d’utiliser la flottabilité de la matière organique afin de recueillir les macro-restes végétaux issus des fouilles archéologiques, la flottation est devenue la méthode la plus couramment utilisée en

92 archéobotanique. Même si le principe de base demeure le même, les équipements et la procédure utilisés varient d’un chercheur à l’autre, c’est pourquoi nous décrivons dans cette section ceux utilisés dans la présente recherche.

Après avoir été séché à l’air libre à l’intérieur, le sédiment échantillonné fut flotté manuellement. Une première série d’échantillons (5, 6, 11, 12, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 et 25) a été traitée sur le terrain (donc à l’extérieur) lors de l’été 2003 à l’aide d’un dispositif de type I.D.O.T. emprunté au laboratoire de Michael Deal de la Memorial University of Newfoundland. Il s’agit d’un contenant dont le fond et deux des côtés sont constitués d’un tamis ayant dans ce cas-ci des mailles de 0,5 millimètres. La procédure utilisée, inspirée de ,(35-51 ׃ Pearsall (1989 ,(338 ׃ Limp (1974 ,(214 ׃ celles décrites par Banning (2000 est décrite dans la section gauche du ,(80 ׃ et Watson (1975 (354-355 ׃ Struever (1968 tableau 3-3. La deuxième série d’échantillons (14, 15, 16 et 27) a d’abord été entreposée pendant un an au laboratoire d’archéologie environnementale de l’Université Laval à la température de la pièce. À l’automne 2004, ces échantillons furent traités à ce même laboratoire à avec une technique de flottation manuelle appelée wash-over. La procédure ,(32-33 ׃ Greig (1989 ,(18 ׃ utilisée, inspirée de celles décrites par Badham et Jones (1985 et Shaff (133 ׃ Marinval (1999 ,(8,11 ׃ Kenward et al. (1980 ,(856 ׃ Hosh et Zibulski (2003 .est décrite dans la section droite du tableau 3-3 ,(220 ׃ 1981)

Il est difficile d’évaluer la fiabilité des méthodes de flottation manuelle utilisées. À titre indicatif on sait que le taux de récupération de graines de pavot carbonisées à l’aide d’un dispositif à flottation de type I.D.O.T. fut très variable, soit de 14% à 71,5%, lors de tests -Certains facteurs ont pu biaiser le nombre de macro .(131 ׃ effectués par Wagner (1982 restes végétaux récupérés lors de la flottation.

Tout d’abord, il est admis que l’utilisation d’équipement et de techniques différentes pour effectuer la flottation, comme c’est le cas ici, peut engendrer des degrés divers de bris, de ;220 ׃ Schaff 1981 ;342 ׃ contamination et de perte de macro-restes végétaux (Limp 1974 Par exemple, il se pourrait que de faire passer le sédiment à travers une .(28 ׃ Wagner 1988 colonne de tamis ait pu entraîner certains bris mécaniques et ainsi augmenter la fréquence Un phénomène .(855 ,849 ׃ relative des graines les plus résistantes (Hosh et Zibulski 2003 semblable a pu se produire avec l’utilisation du dispositif de type I.D.O.T. puisqu’il

93 semblerait que le fait d’écoper les macro-restes végétaux à la surface de l’eau avec un petit tamis, dépendamment de la dextérité de celui qui le fait, est susceptible de créer des D’autres estiment que, contrairement à .(20 ׃ dommages et des pertes (Wagner 1988 l’utilisation d’une machine à flottation, cette technique permet de récupérer à la fois les macro-restes végétaux qui flottent, mais également ceux en suspension dans l’eau (van der .(62 ׃ Veen 1983

Tableau 3-3 Procédures utilisées pour traiter les échantillons de sédiment prélevés à Ferryland par flottation manuelle Flottation de type I.D.O.T. Flottation de type wash-over 1) Remplir un réservoir d’eau (ici une poubelle de 1) Verser l’échantillon dans un bassin d’eau avec plastique) et immerger le dispositif de flottation de des cristaux à lessive. Laisser tremper toute la type I.D.O.T. nuit de manière à désagréger le sédiment.

2) Verser graduellement l’échantillon de sédiment 2) Agiter le bassin et verser le matériel qui flotte dans le dispositif et agiter celui-ci. dans une colonne de tamis géologiques dont le diamètre des mèches est de 6,68 mm, 1,7 mm et 3) Récupérer ce qui flotte à la surface (fraction 0,425 mm. légère) avec un tamis à maille très fine (< 0,5 mm). Faire sécher la fraction légère. 3) Ajouter de l’eau dans le bassin et recommencer la procédure jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien qui 4) Recueillir ce qui coule au fond du dispositif flotte. (fraction lourde). Ramasser les macro-restes végétaux visibles à l’œil nu dans la fraction lourde. 4) Récupérer le contenu des tamis et le faire sécher (fractions légères). 5) Vider le réservoir d’eau et traiter l’échantillon suivant. 5) Récupérer ce qui reste dans le bassin, la fraction lourde, et la faire sécher.

Cependant, puisque la personne qui a flotté tout le sédiment échantillonné est la même et que la taille des mailles des tamis utilisés est comparable (856 ׃ Hosh et Zibulski 2003) (0,5 mm versus 0,425 mm), les résultats obtenus ne seront pas influencés par ces biais méthodologiques. De plus, il est généralement reconnu que le résidu des tamis dont la maille est inférieure à 0,5 mm est pauvre en macro-restes végétaux et souvent constitué de .(38 ׃ Toll 1988 ;36 ׃ fragments de taxons déjà présents dans les autres tamis (Greig 1989

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La taille des mailles des tamis utilisés pour la présente recherche est donc suffisamment petite pour favoriser une collecte optimale des macro-restes végétaux24 (Munson 1981).

Un autre biais, encore là difficile à évaluer, a pu être introduit par le séchage des échantillons. Certains mentionnent que le fait de sécher le sédiment prélevé augmente la Struever ;24 ׃ Renfrew et al. 1976 ;37 ׃ flottabilité de la matière organique (Greig 1989 alors que d’autres estiment qu’il crée un risque que certains (23 ׃ Wagner 1988 ;355 ׃ 1968 Quant aux .(23 ׃ macro-restes carbonisés explosent au contact de l’eau (Wagner 1988 sédiments gorgés d’eau, il est recommandé de les laisser humides et de les réfrigérer Greig ;81 ׃ Gaillant et al. 1985 ;7 ׃ Association for Environmental Archaeology 1995) Malheureusement, tout le sédiment échantillonné a dû .(24 ׃ Renfrew et al. 1976 ;27 ׃ 1989 être séché en raison de l’absence de conditions d’entreposage adéquates sur le site. Il est possible que cela ait pu avoir un impact sur les échantillons gorgés d’eau (14, 15, 16 et 27).

Les processus qui ont permis la préservation des macro-restes végétaux ont également pu influencer leurs chances d’être récupérés. On sait par exemple que les restes carbonisés, notamment en raison de petites alvéoles gazeuses qui se forment lors de la carbonisation ont une flottabilité plus grande que ceux gorgés d’eau (Wagner ,(16 ׃ Renfrew et al. 1976) ,Comme tous les sédiments soumis à la flottation furent préalablement séchés .(21 ׃ 1988 on peut considérer l’impact de ce biais comme étant moindre, car le séchage augmente la flottabilité des macro-restes végétaux. D’ailleurs, l’observation des fractions lourdes des sédiments gorgés d’eau (échantillons 14, 15 et 16), tant à l’œil nu qu’au binoculaire, semble confirmer que la flottation a été réalisée avec succès, c’est-à-dire que tous les macro-restes végétaux se sont retrouvés dans la fraction légère. Les macro-restes végétaux préservés par minéralisation sont également connus pour être plus difficilement récupérables par Encore une fois, l’examen attentif de la fraction .(22 ׃ flottation (Badham et Jones 1985 lourde du sédiment provenant des latrines (échantillon 27), le plus susceptible de contenir n’a permis de retrouver ,(160-161 ׃ des restes minéralisés (Wilkinson et Stevens 2003 qu’une seule et unique graine de moutarde noire (Brassica nigra (L.) W.D.J. Koch) et

24 Les seules graines d’importance économique qui auraient pu passer à travers les tamis sont les graines de tabac (Nicotina tabacum et N. rustica) car elles mesurent 0,4 à 0,5 mm (Munson 1981).

95 celle-ci ne semblait pas minéralisée. Il semble donc que la matière organique des latrines ait été préservée uniquement parce que ce contexte était gorgé d’eau.

Finalement, la matrice du sédiment traité peut avoir un impact sur l’efficacité de la flottation. Par exemple, les sols argileux (ce qui n’est pas le cas sur le site de Ferryland) nécessitent plus de temps pour se désagréger, ce qui augmente les risques de bris, de La flottation du sédiment .(22 ׃ Wright 2005 ;60 ׃ fragmentation et de perte (Clarke 1984 provenant du site de Ferryland fut aisée. La flottation de type I.D.O.T. a pris environ une demi-heure par échantillon alors que la flottation d’un échantillon par wash-over nécessitait environ une heure. La grande quantité de matière organique que contenaient ces derniers pourrait expliquer que le traitement ait été plus long.

3.4 Tri et sous échantillonnage La flottation a permis de récupérer la partie organique du sédiment qui avait été échantillonné. L’étape suivante consistait à isoler les macro-restes végétaux. Pour ce faire, les fractions légères ont toutes été triées au laboratoire d’archéologie environnementale de l’Université Laval à l’aide d’une loupe binoculaire de marque Nikon SMZ800 (grossissement de 10X à 60X). Le contenu des tamis aux mailles de 6,68 mm et 1,7 mm a quant à lui été observé sous la loupe. Les fractions légères ont été triées dans leur totalité à l’exception des échantillons provenant des quais (14, 15 et 16) et de l’échantillon 21 provenant du foyer (tableau 3-1).

En effet, les échantillons provenant des quais contenaient entre 47% et 58% de matière organique de sorte que les fractions à trier étaient volumineuses, très riches et peu .(26 ׃ diversifiées, ce qui est normal dans le cas des échantillons gorgés d’eau (Greig 1989 Il fut donc décidé de prélever, pour les échantillons 14, 15 et 16, un sous échantillon de 200 ml dans la fraction légère issue du tamis aux mailles de 0,425 mm. Par ailleurs, les aiguilles et rameaux de conifères, extrêmement abondants, ne furent pas dénombrés dans la fraction légère issue des tamis aux mailles de 1,7 mm et 6,68 mm. Il est à noter que l’échantillon 15 fut trié dans son intégralité, mais que les aiguilles et les rameaux de conifères, n’ont été comptés que dans les 200 premiers millilitres de la fraction légère récoltée dans le tamis aux mailles de 0,425 mm. L’analyse de l’échantillon 15 a démontré

96 qu’aucune nouvelle espèce n’a été trouvée au-delà de 200 ml. Ceci tend à indiquer que le volume sous échantillonné est suffisant. Quant à l’échantillon 21, sa taille et son contenu peu diversifié expliquent que seuls 500 ml ont été triés. Les sacs furent agités avant les prélèvements afin d’homogénéiser le sédiment de manière à ce que les sous échantillons soient représentatifs de l’ensemble de l’échantillon. Si, en théorie, il est possible que ce sous échantillonnage ait pu influencer les résultats, car la morphologie des restes végétaux (poids, taille, forme, texture) est susceptible d’influencer leur représentativité dans un sous en réalité les ,(291-292 ׃ van der Veen et Fieller 1982 ;223 ׃ échantillon (Schaff 1981 quantités relatives comptabilisées pour chacun des taxons se sont avérées très stables au cours du tri des sous échantillons. Une stratégie semblable avait d’ailleurs été utilisée lors d’une précédente analyse archéobotanique afin de faire face à l’abondance des aiguilles de .(5 ׃ conifères dans les échantillons de Ferryland (Walsh 2000

Les fractions lourdes récupérées lors de la flottation avec le dispositif de type I.D.O.T. ont été observées à l’œil nu sur le terrain après la flottation et aucun reste botanique n’y a été aperçu. Celles issues de la flottation de type wash-over ont été séchées et observées sous la loupe en laboratoire. Encore là, aucun reste botanique ne fut retrouvé. Des sous échantillons de 25 ml (représentant de 3% à 13% de la fraction lourde), provenant des échantillons gorgés d’eau (14, 15, 16 et 27) ont été observés sous la loupe binoculaire. Comme seulement un macro-reste a été retrouvé, il fut décidé de ne pas trier le reste des fractions lourdes sous la loupe binoculaire.

En prévision de l’analyse anthracologique, 200 charbons de bois de différentes tailles ont été prélevés après la flottation dans les échantillons 20 et 21 provenant du foyer, car ceux-ci étaient les plus facilement associables aux activités humaines. Les charbons de bois provenant des autres contextes n’ont pas été identifiés. Quant aux fragments de bois non carbonisés, abondants dans les échantillons provenant des quais (échantillons 14, 15 et 16), il ne fut pas possible de les identifier car ils avaient été endommagés par le séchage (Dominique Marguerie, communication personnelle, 2006).

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3.5 Identification Les macro-restes qui semblaient identifiables ont été isolés lors du tri. Il s’agit essentiellement de graines, d’aiguilles et de rameaux. L’identification fut effectuée à l’aide de différents manuels contenant des clés d’identification (Beijerinck 1947; Berggren 1969, 1981; Brouwer et Stählin 1955; Cappers et al. 2006; Delorit 1970; Gassner 1955; Harlow 1959; Jacomet 2006; Lévesque et al. 1988; Martin et Barkley 1961; Montgomery 1977; Musil 1963; Schoch et al. 1988; Young et Young 1992), d’articles spécialisés (Jensen 1979; Martin 1954; McGugan 1948; Murley 1951), de flores contenant des photos et des illustrations (Dore et McNeil 1980; Farrar 1996; Fassett 1957; Hanf 1982) et de sources électroniques (Department of Horticulture and Crop Science of the Ohio State University 2006; Seed for Free 2006). La collection de référence du laboratoire de paléoécologie du Centre d’Études Nordiques (CEN) et de l’herbier Louis-Marie, tous deux situés à l’Université Laval, ainsi que de la collection de graines d’Agriculture Canada à Ottawa et la collection de référence du laboratoire de paléoethnobotanique de la Memorial University of Newfoundland (MUN) ont également été utilisées. L’identification a été effectuée en grande partie par l’auteure, avec l’aide d’Élisabeth Robert (CEN), Michael Deal (MUN) et Alayn Larouche (département de géographie, Université de Montréal). La taille, la texture, la forme et parfois la couleur sont des critères qui ont permis l’identification des macro- restes végétaux. La nomenclature utilisée suit celle de Meades et al. (2000). La synonymie et les noms vernaculaires français et anglais sont présentés dans l’annexe 3.

Les macro-restes végétaux ont été identifiés au niveau taxonomique le plus précis dépendamment de leur qualité de préservation, du degré de variabilité entre les espèces d’un même genre et des ressources disponibles. Par exemple, considérant qu’il existe plus de 300 espèces de laîche (Carex spp.) à Terre-Neuve, il est la plupart du temps impossible de les discriminer à partir des graines. Certains taxons, dont les mousses brunes (Eubrya) et les sphaignes (Sphagnum spp.), auraient pu être identifiés à un niveau taxonomique plus précis (Élisabeth Robert, communication personnelle, 2005). Toutefois, bien que les mousses et les sphaignes étaient présentes dans quatre échantillons, une identification à l’espèce ne nous est pas apparue nécessaire pour atteindre nos objectifs de recherche.

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Quant à l’identification des charbons de bois, elle fut réalisée par Nancy Marcoux et Dominique Marguerie (Université de Rennes I, France). Les charbons de plus de 1 mm purent être identifiés grâce à l’observation de l’agencement des fibres, des vaisseaux et du parenchyme (chez les feuillus) ou des trachéides et du parenchyme (chez les conifères) dans les cernes annuels de croissance. Ces observations ont été faites à l’aide d’un microscope à réflexion d’un grossissement de 100X à 1 000X selon trois plans anatomiques : transversal (perpendiculaire au sens des fibres), longitudinal tangentiel et longitudinal radial. L’identification, géréralement au niveau du genre, s’est faite à l’aide d’atlas xytologiques et de collections de référence de bois actuel carbonisé (Chabal et al. .(45-47 ׃ 1999

3.6 Analyse dendrologique des charbons de bois En plus de l’identification taxonomique, diverses observations dendrologiques ont été effectuées sur les charbons de bois. Il s’agit d’abord de l’évaluation de la courbure des cernes de croissances, laquelle permet d’identifier quelle partie de l’arbre a été utilisée. Par exemple, une courbure faible correspond au tronc alors qu’une courbure forte est associée -La présence de bois de réaction (c’est-à .(1421 ׃ aux branches (Marguerie et Hunot 2007 dire présentant une croissance excentrique) atteste également qu’un morceau de charbon Lorsque l’écorce et la moelle .(1418 ׃ provient d’une branche (Marguerie et Hunot 2007 sont présentes, il est possible de mesurer le rayon et de déterminer précisément le calibre de La largeur moyenne des cernes de .(1418 ׃ la pièce de bois (Marguerie et Hunot 2007 croissance a également été mesurée (la largeur moyenne est égale à la largeur totale divisée par le nombre de cernes). Des cernes étroits sont associés à des conditions de croissance restrictives, alors que des cernes larges sont associés à des conditions favorables L’âge de l’arbre correspond quant à lui au nombre de .(1422 ׃ Marguerie et Hunot 2007) cernes lorsque l’écorce et la moelle sont présentes.

La présence de tyloses (excroissances cellulaires d’origine pathologique qui obstruent la cavité des vaisseaux des arbres entre le duramen et l’aubier) permet d’indiquer que les charbons proviennent du duramen, c’est-à-dire du centre le l’arbre. La présence d’hyphes de champignons, lesquelles se présentent sous la forme de filaments blancs, permet

99 d’obtenir de l’information sur l’état du bois avant sa carbonisation. En effet, ce champignon attaque le bois mort et on sait que ce processus est plus rapide sous des températures L’observation de .(1419 ׃ élevées et avec une forte humidité (Marguerie et Hunot 2007 canaux dans les charbons de bois, lesquels ont été creusés par des insectes, indique pour sa Un nombre élevé de .(1421 ׃ part qu’il s’agissait de bois mort (Marguerie et Hunot 2007 fentes radiales indiquerait pour sa part que le bois était gorgé d’eau au moment de sa La vitrification du bois permet également .(1421 ׃ carbonisation (Marguerie et Hunot 2007 de révéler l’état du bois avant sa carbonisation même s’il s’agit présentement d’un .(1421 ׃ phénomène mal compris par les anthracologues (Marguerie et Hunot 2007

3.7 Quantification la quantification des données ,(63-64 ׃ Tel que mis en évidence par Jones (1991 archéobotaniques doit se faire en trois étapes. La première est la description numérique, la seconde la préparation des données et la troisième l’application de statistiques. Comme les deux dernières étapes sont liées à l’interprétation des résultats, elles seront discutées au fur et à mesure. La description numérique des macro-restes végétaux peut se faire par présence/absence, échelle d’abondance ou quantification absolue. Certains chercheurs croient, en raison de l’impact important des facteurs taphonomiques ci-haut mentionnés, qu’une simple liste des macro-restes végétaux retrouvés sur un site est suffisante. Cependant, l’abondance relative d’une plante peut être importante pour retracer l’introduction d’un nouveau cultigène, pour estimer l’importance d’une plante sur différents sites et à différentes périodes ou pour évaluer le potentiel de contamination d’un échantillon La quantification absolue des macro-restes végétaux exige pour sa part .(67 ׃ Clarke 1984) beaucoup de temps et ne donne pas toujours des résultats supplémentaires (Begler et Keatinge 1979). Toutefois, l’accès aux résultats bruts est nécessaire pour pouvoir comparer les données obtenues par différents chercheurs et faire des synthèses régionales, ce que ne Marinval ;114 ׃ permet pas toujours l’utilisation d’échelles d’abondance (Marinval 1999 Pour la présente recherche, le mode de présentation choisi est la .(30 ׃ et Ruas 1984 quantification absolue, ce qui signifie que les macro-restes végétaux présents dans chaque échantillon ont été dénombrés. Le poids n’a pas été retenu comme une unité de mesure appropriée puisqu’il ne permet pas, en raison des différences de concentrations, des

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Les résultats bruts sont présentés dans .(67 ׃ comparaisons inter-espèces (Clarke 1984 l’annexe 1 alors que l’annexe 2 présente ces mêmes résultats exprimés en nombre de macro-restes végétaux par litre de sédiment échantillonné, ce qui permet de comparer entre eux des échantillons de tailles différentes.

Il faut cependant garder à l’esprit que la quantification des macro-restes végétaux est toujours imparfaite notamment en raison de caractéristiques biologiques des plantes. En effet, la partie de la plante représentée (graine, aiguille ou charbon de bois), le taux de production de graines qui varie énormément selon l’espèce et même à l’intérieur d’une ;231 ׃ Dennell 1976 ;268 ׃ Bhiry et Filion 2001 ;429 ׃ même espèce (Behre 1986 Hubbard ;231 ׃ la taille des macro-restes végétaux (Dennell 1976 ,(581 ׃ Wasylikowa 1986 ׃ ainsi que leur degré de fragmentation (Begler et Keatinge 1979 (122 ׃ et Clapham 1992 213) sont des facteurs à prendre en considération lors de l’interprétation des données. Il serait donc simpliste de faire l’adéquation entre l’abondance des macro-restes végétaux dans un assemblage archéologique et leur importance économique ou leur prédominance sans prendre en (585 ׃ Wasylikowa 1986 ;232 ׃ dans l’environnement (Dennell 1976 considération ces facteurs ainsi que l’histoire taphonomique des restes retrouvés et les possibles biais méthodologiques.

Conclusion La méthodologie occupe une place très importante en archéobotanique, mais ne constitue évidemment pas une fin en soi. L’archéobotaniste doit inévitablement adapter sa méthodologie à diverses contraintes sur le terrain et en laboratoire et aux particularités de ses échantillons. Parallèlement, il est encore difficile d’évaluer l’efficacité des différentes techniques de prélèvement et de traitement du sédiment ainsi que de bien comprendre les facteurs qui influencent la préservation des macro-restes végétaux, et ce malgré les expérimentations qui se multiplient à ce sujet (Badham et Jones 1985; Boardman et Jones 1990; Braadbaart et al. 2004; Braadbaart et van Bergen 2005; Braadbaart et al. 2007; Calder 1977; de Moulins 1996; Hosh et Zibulski 2003; Keeley 1978; Keepax 1977; Kislev et Rosenzweig 1989; Smith et Jones 1990; Wagner 1982, 1988; Wright 2003). L’archéobotaniste doit tenter d’évaluer l’impact de ces facteurs sur les résultats qu’il

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׃ Lennstrom et Hastorf 1995 ;223 ׃ obtient, faute de pouvoir les contrôler (Banning 2000 703). La prise en compte de ces considérations techniques peut paraître lourde, mais permet en réalité de renforcir la crédibilité des résultats obtenus, résultats qui, croyons-nous, permettront d’apporter une perspective nouvelle sur Ferryland et ses premiers habitants comme nous le démontrerons dans les chapitres suivants.

4 Présentation des résultats « Failure to present sufficient descriptive data prevents efficient re-working of published results, and permits subjective conclusions to be presented without enough information to test their validity. » (147 ׃ O'Connor 1985)

Ce chapitre présente les données issues de l’identification et du dénombrement des macro- restes végétaux pour chacun des 16 échantillons analysés. Les deux premières sections décrivent la méthodologie utilisée pour la description des résultats. Dans un premier temps, les variables sélectionnées pour la caractérisation des végétaux identifiés sont expliquées. La seconde justifie pourquoi certains macro-restes végétaux –probablement non contemporains avec la datation attribuée à l’échantillon– ont été exclus de l’analyse (tableau 4-1). Par la suite, les résultats sont présentés pour chacun des contextes échantillonnés, soit les latrines, les dépotoirs domestiques (première puis deuxième moitié du XVIIe siècle), les remblais des quais et le foyer, et ce pour chacune des variables décrites dans la section 4.1.

En sus, différentes annexes viennent compléter le présent chapitre. L’annexe 1 présente la liste des taxons identifiés, accompagnés des parties de plantes retrouvées et de leur état de conservation, ainsi que le nombre de macro-restes dénombrés pour chaque échantillon analysé. L’annexe 2 est conçue selon le même patron à l’exception du fait que les quantités sont exprimées en nombre de macro-restes par litre de sédiment prélevé. Cela permet d’évaluer la richesse des différents échantillons et de comparer les quantités entre elles puisque les échantillons n’étaient pas du même volume (tableau 3-1). L’annexe 3 est constituée d’un tableau présentant une liste des taxons identifiés ainsi que la synonymie et les noms vernaculaires français et anglais leur correspondant. Finalement, un catalogue photo (annexe 4) vient compléter la présentation des résultats25.

25 Les photos ont pour la majorité été prises à l’aide un microscope USB avec un grossissement de 30X ou de 100X. La mise en page a eu pour effet de réduire les images à 13% de leur taille originale. Le cas échéant, les photos ont été prises avec un appareil photo monté sur le binoculaire : le papier millimétrique sert alors à indiquer l’échelle.

103

4.1 Variables sélectionnées

4.1.1 Répartition des macro-restes végétaux Pour chaque échantillon, nous mentionnons le nombre total de macro-restes végétaux identifiés, lequel exclut les macro-restes jugés intrusifs (voir section 4.2 et tableau 4-1), et la concentration exprimée en macro-restes végétaux par litre. Cette dernière a été calculée en divisant le nombre de macro-restes végétaux retrouvés par le volume de sédiment prélevé. Dans les cas ou des sous échantillons ont été prélevés (échantillons 14, 16 et 21), la formule suivante s’applique :

 nb. smacroreste    .. légèrefractvol   vol.échantillonné  .triévol 

Nous avons fait de même dans les cas où les aiguilles et les rameaux de sapin et d’épinette n’ont été comptés que dans un sous échantillon de 200 ml issu du tamis aux mailles de 0,425 mm (échantillons 14, 15 et 16). Cependant, le résultat de ce calcul n’est qu’une estimation fort grossière puisqu’il implique que le nombre d’aiguilles et de rameaux dans le sous échantillon est représentatif de l’ensemble de la fraction légère, ce qui n’est pas le cas ici car le contenu de la fraction légère avait été séparé en trois à l’aide de tamis de mailles différentes et que le calcul se base uniquement sur les restes dénombrés dans la fraction la plus fine. Il est à noter que ce calcul n’est pas significatif pour les charbons de bois, car ceux-ci n’ont pas été dénombrés à l’exception des 200 pièces prélevées dans les échantillons provenant du foyer.

Le nombre total de taxons identifiés (excluant les indéterminés) est également mentionné. Nous précisons ensuite quelles parties de plantes ont été identifiées (aiguille, bois, bourgeon, carpelle, cicatrice foliaire, embryon, épine, feuille, fleur, fruit, graine, lemma/palea, noyau, rameau, sclérote, sporange ou tige). Cette valeur est exprimée en pourcentage par rapport au nombre total de macro-restes végétaux dans chaque échantillon. Il est noter qu’il s’agit du pourcentage de macro-restes dénombré et non du pourcentage réel de chaque type de reste dans l’échantillon. En effet, il faut s’attendre à ce que le pourcentage d’aiguilles et de rameaux ait été sous-estimé dans les échantillons 14, 15, 16 et 21, dans lesquels les pièces de sapin et d’épinette n’ont pas été dénombrées au complet. Il

104 en est de même pour les pièces de bois et de charbon de bois qui étaient présentes dans tous les échantillons, mais dont seulement 200 ont été identifiées dans les échantillons provenant des foyers.

Dans le texte, nous ne mettons l’emphase que sur les taxons les plus nombreux, leur abondance étant exprimée à la fois en nombre absolu et en nombre de macro-restes végétaux par litre (m-r/L). De plus, afin de mieux illustrer la répartition des aiguilles de conifères, nous utilisons un ratio exprimant la quantité d’aiguilles de sapin baumier par rapport à la quantité d’aiguilles d’épinette. Une valeur plus grande que 1 indique que les aiguilles de sapin baumier dominent.

Finalement, l’abondance des macro-restes végétaux carbonisés par rapport à ceux qui ne le sont pas est également exprimée sous forme de ratio, lequel a été obtenu en divisant le nombre de macro-restes carbonisés par le nombre de macro-restes non carbonisés. Cette valeur n’a du sens que dans les contextes où les macro-restes végétaux non carbonisés eurent la chance d’être préservés, soit dans les échantillons prélevés dans les latrines et les quais. Le tableau 4-2 présente schématiquement toutes ces informations.

4.1.2 Habitudes de croissance Les végétaux identifiés ont été classés selon l’aspect qu’ils ont à maturité (plantes herbacées, plantes ligneuses, plantes grimpantes, graminoïdes ou invasculaires) et la durée de leur cycle biologique (annuel, bisannuel ou vivace) (figures 4-1 et 4-2). Les plantes herbacées sont des plantes vasculaires sans tissu ligneux significatif au dessus du sol (United States Department of Agriculture 2008a). Elles peuvent être annuelles, bisannuelles ou vivaces. Une plante annuelle est une plante qui accomplit son cycle biologique complet en une seule année, une plante bisannuelle a besoin de deux années pour accomplir son cycle biologique complet alors qu’une plante vivace possède une racine qui vit un certain et 996). Les graminoïdes sont des 984 ,983 ׃[nombre d’années (Victorin 2002 [1935 graminées ou des plantes leur ressemblant. Cette catégorie inclut les poacées, les cyperacées, les juncacées, les juncaginacées et les isoetes. Les plantes ligneuses sont des plantes vasculaires divisées en trois catégories selon leur taille : les arbrisseaux, les arbustes et les arbres. Les arbrisseaux mesurent entre 0,5 m et 1 m, les arbustes mesurent moins de

105

4 m ou 5 m et leurs tiges se ramifient dès la base tandis que les arbres mesurent plus de 4 m ou 5 m et possèdent une tige unique appelée tronc. Les plantes grimpantes peuvent être ligneuses ou herbacées et se caractérisent par de longues tiges volubiles (United States Department of Agriculture 2008a). Finalement, les invasculaires comprennent les .(79 ׃[champignons, les algues et les muscinées (Victorin 2002 [1935

Il est à noter qu’un taxon peut se trouver dans plus d’une catégorie, ce qui explique pourquoi les totaux n’égalent pas forcément 100%. Les informations présentées ont été tirées de deux flores de l’Amérique du Nord publiées en ligne (Flora of North America Association 2007; United States Department of Agriculture 2008b) ainsi que de la flore de Victorin sur le Québec (2002 [1935]).

4.1.3 Préférences écologiques

4.1.3.1 Habitat Cette section classe les taxons identifiés selon les habitats dans lesquels on les retrouve habituellement (figures 4-3 à 4-7). Sept catégories générales ont ainsi été définies. Ce sont les forêts, les tourbières, les cours d’eau et plans d’eau (bords de rivière, marais, marécages, fossés), les prairies, clairières et pâturages, les bords de routes, les milieux perturbés et les champs cultivés. Dans le cas des taxons identifiés au niveau du genre ou de la famille, les habitats mentionnés sont ceux des plantes terre-neuviennes (d'après Meades et al. 2000) appartenant à ce genre ou à cette famille. Les cultigènes qui se retrouvent uniquement à l’état cultivé ont été exclus. Encore une fois, un même taxon se retrouve souvent dans plus d’une catégorie, ce qui explique que les totaux sont habituellment supérieurs à 100%.

Ce classement fut établi sur la base des informations contenues dans différentes flores actuelles spécifique à Terre-Neuve (Bearns 1967; Collins 1994; Robertson et al. 1973) ou traitant plus généralement des plantes canadiennes et nord-américaines (Darbyshire 2003; Eastman 2003; Farrar 1996; Flora of North America Association 2007; Gleason 1958; Muenscher 1980; Ringius et Sims 1997). Il n’est pas exclu que les associations de plantes que l’on observe aujourd’hui aient changé à travers le temps. Il faut notamment faire attention avec les habitats modifiés par l’Homme tels que les champs cultivés et les milieux

106 perturbés où poussent ce qu’on appelle communément les mauvaises herbes, c’est-à-dire des plantes jugées culturellement nuisibles. En effet, « tout changement survenant dans les pratiques et techniques culturales, dans les systèmes de manutention, de transport et d’entreposage des denrées ou dans la configuration des échanges commerciaux peut influer sur la fréquence et la capacité de dissémination des mauvaises herbes. Pour ces raisons et ׃ plusieurs autres, la flore des mauvaises herbes évolue constamment » (Darbyshire 2003 7). Malgré cette mise en garde, nous croyons que les habitats mentionnés dans les flores actuelles sont les plus utiles, car les sources historiques à cet effet sont rares, peu précises et non spécifiques aux conditions environnementales terre-neuviennes.

4.1.3.2 Type de sol En plus d’être indicateurs de la présence de certains habitats, les préférences écologiques des taxons identifiés peuvent également fournir des informations sur les types de sol dans lesquels ils ont poussé. Les variables considérées ici pour identifier les types de sols sont le pH (acide ou alcalin), la salinité, le degré d’humidité (sec, humide ou mouillé), la fertilité (riche ou pauvre) et la composition (minéral ou organique) (figures 4-8 à 4-12). Ces informations ont été recueillies dans les mêmes flores que celles mentionnées dans la section précédente. Toutefois, les informations qu’on y retrouve sont peu précises, c’est-à- dire que bien souvent on ne fait mention du type de sol que lorsque celui-ci est exceptionnel de sorte qu’il n’y a pas d’échelle de gradation. Par exemple, il n’est pas possible de mentionner quel pH tolère chaque taxon identifié de sorte que nous avons identifié seulement les taxons caractéristiques de sols particulièrement acides ou alcalins. Ces lacunes expliquent que les pourcentages exprimés sont loin de totaliser 100%.

4.1.4 Origine et distribution Cette section répartit les taxons identifiés dans chacun des contextes selon leur origine et leur distribution géographique actuelle d’après celles attribuées par Meades et al. (2000). Seuls 62 taxons ont été retenus, car les cultigènes et les taxons dont l’identification n’était pas assez précise (au niveau de la famille ou à un niveau taxonomique plus élevé) ont été exclus. Les cultigènes exclus sont les plantes ne faisant pas partie de la liste de Meades et al. (2000). Cependant, il est possible que certains taxons comme la moutarde noire ou le

107 carvi commun (Carum carvi L.), actuellement considérés comme des plantes sauvages par Meades et al., aient été cultivés au XVIIe siècle et se soient naturalisés par la suite. Nous discuterons davantage de cette question au chapitre 5.

Dans le cas des taxons identifiés au niveau du genre, leur origine et distribution n’ont pu être déduites que lorsque toutes les espèces présentes actuellement à Terre-Neuve présentaient une origine et une distribution semblables. Ce raisonnement présente cependant des faiblesses, car il n’est pas dit que les macro-restes identifiés appartiennent nécessairement aux espèces poussant actuellement à Terre-Neuve. On remarque en effet que, parmi les taxons identifiés, trois d’entre eux, soit la renouée coriace (Polygonum achoreum S.F. Blake), la renouée dressée (Polygonum erectum L.) et la valériane dentée (Valerianella dentata (L.) Pollich.), n’apparaissent pas dans la liste de Meades et al. Il n’est pas exclu qu’il puisse s’agir d’erreurs d’identification. Il est également possible d’envisager que ces plantes étaient présentes au XVIIe siècle, mais qu’elles ne se soient pas naturalisées à Terre-Neuve par la suite.

Lorsque c’était possible, les taxons ont donc été classés selon qu’ils sont indigènes à Terre- Neuve ou qu’ils y ont été introduits. Les premiers peuvent avoir une distribution géographique circumpolaire ou circumboréale, amphiatlantique ou être confinés dans les zones boréales ou tempérées de l’Amérique du Nord. Quant aux taxons introduits, ils sont d’origine européenne, eurasiatique ou nord-américaine (à l’extérieur de l’île de Terre- Neuve). Nous ne discutons pas de la distribution géographique précise des taxons à Terre- Neuve. En effet, la répartition géographique des taxons telle que décrite actuellement dans les flores est peu fiable puisqu’elle reflète l’état des publications et des collections d’herbier ,v). La distribution large quant à elle (circumpolaire, amphiatlantique ׃ Meades et al. 2000) boréal, etc.) est peu précise et ne permet pas de déceler d’éventuels changements entre la végétation du XVIIe siècle et celle d’aujourd’hui. Cependant, nous discutons plus généralement de l’abondance relative des taxons indigènes et introduits, laquelle est illustrée à la figure 4-13 pour chacun des échantillons analysés.

108

4.2 Identification des macro-restes végétaux possiblement intrusifs Tel que mentionné au chapitre précédent, plusieurs facteurs ont pu causer l’incorporation de macro-restes végétaux récents dans des dépôts plus anciens. Il est évidemment difficile de repérer avec certitude ces éléments intrusifs et de les éliminer des analyses. Il demeure toutefois possible de cibler certains macro-restes végétaux qui ne semblent pas contemporains de la couche à laquelle ils sont associés sur la base de leur état de conservation, de leur mode de dispersion et de leur résistivité à la décomposition.

Tout d’abord, rappelons que les macro-restes végétaux retrouvés dans les deux couches de dépotoir domestique et dans le foyer auraient été préservés par carbonisation. On assume généralement que les restes carbonisés sont contemporains de la période d’occupation et qu’ils ont une signification culturelle car, n’ayant aucune valeur nutritive, ils sont peu susceptibles d’avoir été apportés sur le site par des oiseaux, des rongeurs ou des insectes. De plus, à moins qu’un incendie d’origine naturelle soit suspecté (lequel est généralement généralisé à tout le site), on prend pour acquis que la carbonisation des macro-restes .(50 ׃ végétaux est le résultat d’activités humaines (Miller 1989

À l’inverse, il est admis par la plupart des archéobotanistes que les macro-restes végétaux non carbonisés retrouvés dans les dépôts archéologiques des régions tempérées –à moins de conditions de préservation particulières– sont des intrusions récentes (Lopinot et Brussell Ils proviendraient surtout de la végétation environnante actuelle (dont les .(95 ׃ 1982 graines demeurent en dormance dans le sol) et d’une contamination lors de la fouille ou lors ;101 ׃ de la flottation des échantillons à l’extérieur (Keepax 1977; Lopinot et Brussell 1982 .(144 ׃ Minnis 1981

Il semble donc raisonnable d’éliminer tous les macro-restes végétaux qui n’apparaissaient pas carbonisés dans les couches de dépotoir domestique (échantillons 5, 6, 24, 25, 11, 12, 18, 19, 22 et 23) et le foyer (échantillons 20 et 21). Dans le cas où ces macro-restes végétaux se trouvaient à la fois sous l’état carbonisé et non carbonisé, seuls ceux qui étaient carbonisés furent comptabilisés. La liste des taxons concernés est présentée dans le tableau 4-1.

109

Cependant, quelques exceptions pourraient échapper à cette règle. On mentionne généralement que les graines ne peuvent persister plus d’une centaine d’années dans Or, en pratique, il arrive souvent que des graines .(147 ׃ certains types de sols (Minnis 1981 non carbonisées, non minéralisées et non gorgées d’eau provenant de sites de la période historique sont interprétées comme étant contemporaines à ceux-ci. Par exemple, Fortin fait souvent référence aux graines non carbonisées retrouvées dans les sols d’anciens jardins Dans le .(264 ׃ comme étant des évidences de la culture de ceux-ci autrefois (Fortin 1998c cas présent, il est possible d’envisager que les graines de ronce et d’ortie royale (Galeopsis tetrahit L.) aient pu être conservées dans le sol pendant près de 400 ans. Ce sont en effet des graines robustes et, sous la loupe binoculaire, elles présentaient un aspect « usé ». Par ailleurs, elles ont également été retrouvées sous forme carbonisée ce qui atteste leur présence au XVIIe siècle. Nous inclurons donc ces deux taxons dans les analyses, sauf pour ce qui est du foyer (échantillon 20). Dans ce cas, les graines doivent forcément être carbonisées pour être associées à l’événement (combustion).

Il est plus ardu de déceler les macro-restes végétaux intrusifs dans les deux autres contextes puisque les spécimens récents présentent un aspect semblable aux spécimens archéologiques. Par exemple, l’ancienneté des graines d’arroche étalée (Atriplex patula L.), de chénopode blanc et de pissenlit (Taraxacum sp.) dans ces contextes est questionnable, surtout dans les latrines qui ont été fouillées sur deux années. Ce sont en effet de plantes qui produisent de nombreuses graines lesquelles sont facilement dispersées par le vent. Elles ont cependant été retenues pour l’analyse malgré les réserves exprimées ici. Éventuellement, il serait peut-être possible de résoudre ce problème en entreprenant un inventaire de la végétation actuelle aux environs du site archéologique de Ferryland et en effectuant des tests de germination sur les macro-restes végétaux dont l’ancienneté est .(97 ׃ douteuse (Lopinot et Brussell 1982

Finalement, l’origine des sclérotes de Cenococcum graniforme (Sow) Ferde et Winge, ubiquistes dans tous les échantillons, est énigmatique. Ces macro-restes se présentent sous la forme de petites boules noires dont l’intérieur est plein. Ces sclérotes appartiennent à des champignons qui parasitent les racines de nombreux végétaux. De par leur couleur noire mate, il est difficile d’établir si ils sont carbonisés ou non. De plus, en raison de leur

110 robustesse, il est ardu de déterminer si ils sont contemporains à l’occupation d’un site ׃ archéologique ou si ils sont antérieurs ou postérieurs à celui-ci (Alonso et López 2005 218). Certains croient que la présence de ce champignon peut être utile pour la McWeeney 1989). Or, ce ;4 ׃ reconstruction de la végétation passée (Larouche 1998 champignon est associé à de nombreux arbres et arbustes et on connaît mal les conditions .(230 ,228 ׃ McWeeney 1989 ;218 ׃ sous lesquelles il apparaît (Alonso et López 2005 D’autres suspectent même que sa présence pourrait être associées à de quelconques activités humaines nécessitant l’utilisation de plantes entières ou les racines de celles-ci Pour ces raisons, nous avons choisi d’inclure les sclérotes de .(219 ׃ Alonso et López 2005) Cenococcum dans la présente analyse. Toutefois, son interprétation en lien avec les échantillons de sédiment prélevés à Ferryland demeurera limitée en raison des éléments mentionnés ci-haut.

4.3 Les latrines (E116) Une grande quantité de macro-restes végétaux, soit 17 872, furent identifiés dans l’échantillon provenant de la couche E116 des latrines. Cela correspond à 7 944 macro- restes végétaux par litre de sédiment échantillonné. Il s’agit de l’échantillon affichant la plus grande variété, car 77 taxons différents y ont été identifiés. La majorité des macro- restes observés sont des aiguilles de conifères (58%) (tableau 4-2). Les aiguilles de sapin baumier sont six fois plus nombreuses que celles d’épinette (figure 4-14). Outre les aiguilles, cet échantillon contient également une quantité importante de graines (41%). Parmi les plus nombreuses, notons celles de framboise (Rubus idaeus L.) (3 364 ou 1 495 m-r/L), de bleuet (1 826 ou 812 m-r/L), de moutarde noire (967 ou 430 m-r/L), de fraise (456 ou 203 m-r/L) et de figue (139 ou 62 m-r/L). Une grande diversité quant aux parties de plantes identifiées a en outre été notée dans ces échantillons. Aucune de celles-ci (bourgeon, carpelle, embryon, feuille, fleur, fruit, lemma/palea, noyau, rameau, sclérote, tige) ne compte pour plus de 1% des macro-restes retrouvés (tableau 4-2). Notons toutefois la présence marquée des feuilles de mousse brune (130 ou 58 m-r/L) et de sphaigne (122 ou 54 m-r/L). Les macro-restes non carbonisés dominent largement dans cet échantillon (ratio 0,02) bien que quelques pièces carbonisées aient également été notées (tableau 4-2).

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Parmi les 77 taxons identifiés, ceux appartenant à la catégorie des plantes herbacées et des graminoïdes (65%) sont plus abondants que ceux qualifiés de plantes ligneuses (43%). Au contraire de tous les autres échantillons observés, on remarque que, au sein des plantes ligneuses, ce ne sont pas les arbres qui dominent, mais bien les arbustes (figure 4-1). De plus, on note que ce sont les plantes vivaces (81%) qui sont les plus nombreuses dans cet échantillon par rapport aux annuelles (31%) et aux bisannuelles (9%) (figure 4-2) (rappelons qu’un taxon peut appartenir à plus d’une catégorie ou au contraire n’appartenir à aucune ce qui explique que les totaux n’égalent pas toujours 100%).

Lorsqu’on associe les taxons identifiés dans les latrines au type d’habitat dans lesquels on les retrouve habituellement, on remarque qu’ils proviennent, en proportions presque égales, de tous les habitats listés. Les taxons poussant sur le bord des cours d’eau et plans d’eau sont ceux qui dominent légèrement (64%) suivis des espèces forestières (57%) et des plantes caractéristiques des prairies, clairières et pâturages (49%). Les végétaux associés aux habitats plus anthropiques (bord de route 47%, espace cultivé 44% et terrain perturbé 43%) suivent en ordre d’importance. Quant aux plantes associées aux tourbières, elles regroupent tout de même 39% des taxons bien qu’elles soient les moins abondantes (figure 4-3).

Parmi les taxons identifiés, peu sont révélateurs de sols au pH très faible ou très élevé. En effet, seulement 6% des taxons préfèrent un sol acide tandis que seulement 3% des taxons préfèrent un sol alcalin. Les plantes pouvant supporter un environnement salin sont également peu nombreuses puisqu’elles comptent pour 3% des taxons identifiés. En ce qui concerne l’humidité des sols, on remarque que plusieurs taxons (42%) se retrouvent dans des sols humides alors que 29% préfèrent les sols secs et 25% les sols mouillés. De plus, les taxons caractéristiques des sols riches sont plus abondants (14%) que ceux caractérisant les sols pauvres (5%). Finalement, les taxons indicateurs de sols à forte composante minérale (16%) dominent par rapport à ceux associés aux sols fortement organiques (3%) (figures 4- 8 à 4-12).

On remarque que beaucoup de taxons (38%) sont indigènes à l’île de Terre-Neuve, alors qu’une quantité un peu moindre (25%) est d’origine étrangère (figure 4-13). Il fut

112 cependant impossible d’attribuer une origine aux 28 autres taxons identifiés dans l’échantillon 27.

4.4 Le dépotoir domestique (première moitié du XVIIe siècle) (E571)

4.4.1 L’échantillon 5 Cet échantillon contient seulement 193 macro-restes végétaux, ce qui équivaut à peine à 19 macro-restes végétaux par litre de sédiment échantillonné, et seulement 13 taxons y ont été répertoriés. Les sclérotes (48%) et les aiguilles (45%) sont parmi les pièces les plus abondantes, mais des graines (6%), des rameaux (<1%) et un sporange (<1%) ont également été recensés (tableau 4-2). Dans cet échantillon, les aiguilles d’épinette dépassent légèrement celles de sapin baumier, le ratio sapin/épinette étant de 0,85 (figure 4- 14).

Parmi les taxons identifiés, les plantes ligneuses, parmi lesquelles les arbres dominent, sont aussi abondantes (46%) que les plantes herbacées et graminoïdes (46%) (figure 4-1). Par ailleurs, 77% des taxons identifiés ont pu être classés parmi les plantes vivaces alors que 31% sont des annuelles (figure 4-2).

Les taxons identifiés dans l’échantillon 5 peuplent davantage les habitats moins soumis à l’influence humaine tels le bord des cours d’eau et plans d’eau (69%), les forêts (62%), les tourbières (54%) ainsi que les prairies, clairières et pâturages (46%). À l’inverse, les milieux plus fortement associés à une présence humaine, tels les espaces cultivés (38%), les bords de route (31%) et les terrains perturbés (31%), sont un peu moins bien représentés dans cet échantillon (figure 4-4).

En outre, on remarque que 23% des taxons identifiés préfèrent un sol humide, que 8% poussent dans un sol mouillé et que 15% des taxons sont associables à un sol riche (figures 4-10 et 4-11). En raison du peu de taxons identifiés dans ce contexte, il ne fut possible d’attribuer une origine qu’à cinq d’entre eux. Bien qu’il soit difficile de généraliser, on note toutefois que les espèces indigènes représentent 31% des taxons identifiés dans cet assemblage contre 8% pour les espèces introduites (figure 4-13).

113

4.4.2 L’échantillon 6 Cet échantillon est très semblable au précédent en ce qui concerne la répartition des macro- restes végétaux identifiés. Seules 193 pièces ont été dénombrées. La concentration des macro-restes identifiés, évaluée à 20 macro-restes par litre, demeure donc faible tout comme le nombre de taxons identifiés (seulement 12). Les aiguilles (54%) et les sclérotes (39%) dominent l’échantillon alors que des graines (7%) sont présentes en plus faible proportion (tableau 4-2). Plus en détail, on remarque que, parmi les aiguilles dénombrées, les aiguilles de sapin baumier sont légèrement plus nombreuses que les aiguilles d’épinette avec un ratio de 1,58 (figure 4-14).

Les 12 taxons identifiés dans cet échantillon se répartissent ainsi en ce qui a trait à l’aspect à maturité des plantes représentées : 42% d’entre eux sont qualifiés de plantes ligneuses (avec dominance des arbres) alors que 50% sont classés parmi les plantes herbacées ou graminoïdes (figure 4-1). Les taxons considérés comme plantes vivaces sont un peu plus nombreux (58%) par rapport à ceux dont le cycle biologique est dit annuel (42%) ou bisannuel (8%) (figure 4-2).

Les taxons identifiés dans l’échantillon 6 sont surtout connus pour occuper les forêts (67%), le bord des cours d’eau et plans d’eau (50%) et les tourbières (42%). À un degré moindre, on peut aussi les retrouver dans les espaces cultivés (25%), les prairies, clairières et pâturages (17%), le bord des routes (17%) et les terrains perturbés (17%) (figure 4-4). Les plantes représentées dans cet échantillon poussent surtout dans des endroits humides (42%) ou mouillés (33%). De plus, 17% d’entre elles sont caractéristiques d’un sol riche (figures 4-10 et 4-11).

L’origine de seulement la moitié des taxons contenus dans cet échantillon est connue. En détail, on observe que 33% des taxons identifiés sont indigènes à Terre-Neuve, alors que 17% y furent introduits (figure 4-13).

4.4.3 L’échantillon 24 À l’image des deux précédents, l’échantillon 24 ne compte que très peu de macro-restes végétaux (131), c’est-à-dire 13 macro-restes par litre de sédiment échantillonné. Seuls dix

114 taxons ont été identifiés et parmi ceux-ci on ne retrouve que des aiguilles (55%), des sclérotes (38%) et des graines (7%) (tableau 4-2). On note qu’il y a presque autant d’aiguilles de sapin baumier que d’épinette dans cet échantillon (ratio 1,05) (figure 4-14).

Une grande partie des taxons identifiés dans l’échantillon 24 (60%) peuvent être classés parmi les plantes ligneuses, lesquelles sont majoritairement des arbres. Les plantes herbacées et les graminoïdes regroupent pour leur part 40% des taxons identifiés (figure 4- 1). Les plantes vivaces sont très abondantes puisque tous les taxons identifiés ont pu être classés dans cette catégorie alors que seulement deux (20%) ont également été classés parmi les plantes annuelles (figure 4-2).

La grande majorité des taxons identifiés dans l’échantillon 24 peuvent être trouvés dans la forêt (90%). Les taxons associés au bord des cours d’eau et plans d’eau (60%) et aux tourbières (50%) sont également présents en nombre appréciable. Les prairies, clairières et pâturages (40%), le bord des routes (30%), les espaces cultivés (30%) et les terrains perturbés sont pour leur part des habitats de moindre importance (figure 4-4).

Les plantes représentées dans cet échantillon préfèrent les sols humides (40%) ou mouillés (20%) tandis que 20% d’entre elles poussent dans des sols riches (figures 4-10 et 4-11). Encore une fois, cet échantillon s’avère peu représentatif pour évaluer la répartition des taxons selon leur origine. On note toutefois que, sur dix taxons identifiés, trois (30%) sont indigènes alors que deux (20%) sont introduits (figure 4-13).

4.4.4 L’échantillon 25 La répartition des macro-restes végétaux dans l’échantillon 25 est comparable à celle observée pour les échantillons provenant du même contexte, soit peu de macro-restes et de taxons identifiés. En effet, seuls 155 macro-restes ont été dénombrés, ce qui correspond à une concentration de 20 macro-restes par litre, et seuls huit taxons ont été identifiés. Comme pour les échantillons du même contexte, les aiguilles (54%) dominent bien que les graines (32%) soient dans ce cas-ci plus abondantes que les sclérotes (14%) (tableau 4-2). Les macro-restes végétaux les plus nombreux dans l’échantillon sont les aiguilles de sapin baumier, lesquelles sont deux fois plus abondantes que les aiguilles d’épinette (ratio 2,04)

115

(figure 4-14). Les seuls autres macro-restes présents en quantité appréciable sont les graines de ronce non carbonisées (49 ou 4,9 m-r/L).

Dans cet échantillon, 75% des taxons identifiés sont des plantes ligneuses, la plupart d’entre elles ayant été classées dans la catégorie des arbres. La catégorie des plantes herbacées et graminoïdes ne regroupe pour sa part que 25% des taxons identifiés (figure 4- 1). Encore une fois, une grande partie des taxons (75%) se classe parmi les plantes vivaces alors que 13% sont qualifiés d’annuelles et 13% de bisannuelles (figure 4-2).

Comme c’était le cas avec l’échantillon précédent, les végétaux poussant dans la forêt se font très abondants (88%) dans l’échantillon 25. Ceux associés aux tourbières (63%) et au bord des cours d’eau et plans d’eau (50%) sont tout de même présents en quantités appréciables. Toutefois, les taxons occupant les prairies, clairières et pâturages (13%), le bord des routes (13%) et les espaces cultivés (13%) sont minoritaires dans cet échantillon (figure 4-4).

Les taxons identifiés dans l’échantillon 25 sont surtout caractéristiques de sols humides (38%) ou mouillés (25%) ainsi que de sols riches (13%) (figures 4-10 et 4-11). Tous les taxons identifiés dans l’échantillon 25 dont l’origine est connue (soit quatre taxons, 50%) sont indigènes (figure 4-13).

Dans l’ensemble, le contenu des échantillons issus de la couche dépotoir datée de la première moitié du XVIIe siècle est relativement homogène. Les légères différences pourraient s’expliquer en raison du peu de macro-restes végétaux que ce contexte a livré (en moyenne 17 par litre de sédiment prélevé) et par le peu de taxons identifiés (en moyenne 11). L’écart entre le pourcentage d’aiguilles de sapin baumier et d’épinette varie, mais est généralement moins grand que dans les autres contextes. On remarque également que les taxons d’origine indigène dominent légèrement et que les habitats plus anthropisés (bord de route, terrains perturbés et espaces cultivés) ne sont pas très bien représentés dans ce contexte.

116

4.5 Le dépotoir domestique (deuxième moitié du XVIIe siècle) (E587)

4.5.1 L’échantillon 11 L’échantillon 11 ne compte que 169 macro-restes végétaux, ce qui correspond à 20 macro- restes par litre de sédiment échantillonné, lesquels sont répartis en six taxons. Les sclérotes (68%) dominent l’assemblage, suivis par les aiguilles (28%) et les graines (4%) (tableau 4- 2). Au sein des aiguilles, ce sont les aiguilles de sapin baumier qui dominent largement par rapport aux aiguilles d’épinette dans un ratio de 4,88 (figure 4-14).

On remarque que ce sont les plantes ligneuses, exclusivement des arbres dans ce cas, qui sont les plus représentées dans cet échantillon (50%). Comparativement, seulement 33% des plantes identifiées ont été classées comme plantes herbacées (figure 4-1). De plus, on note que 67% des taxons identifiés appartiennent à la catégorie des plantes vivaces contre 33% pour les annuelles (figure 4-2).

En ce qui a trait à la répartition des plantes identifiées dans cet échantillon selon les habitats qu’elles privilégient, on remarque une fois de plus que celles peuplant les forêts sont les plus nombreuses (83%) suivies de celles occupant le bord des cours d’eau et plans d’eau (67%). Dans chacune des autres catégories on retrouve deux taxons, ce qui équivaut 33% des taxons identifiés (figure 4-5).

Les plantes représentées dans cet échantillon sont davantage associées aux sols humides (50%) qu’aux sols mouillés (33%). Par ailleurs, 17% des taxons identifiés sont caractéristiques de sols riches (figures 4-10 et 4-11). Selon le peu de taxons dont il fut possible de déterminer l’origine (quatre, soit 66%), il apparaît que ceux-ci se répartissent moitié-moitié entre ceux d’origine indigène et ceux d’origine étrangère (figure 4-13).

4.5.2 L’échantillon 12 En ce qui concerne la répartition des macro-restes végétaux, on remarque encore une fois que ceux-ci sont peu nombreux (165 au total, c’est-à-dire 19 macro-restes végétaux par litre de sédiment prélevé) et peu variés (seulement 10 taxons identifiés). Cet échantillon ne

117 contient que des sclérotes (57%), des aiguilles (32%) et des graines (11%) (tableau 4-2). Les aiguilles de sapin baumier sont près de deux fois (ratio 1,94) plus nombreuses que celles d’épinette (figure 4-14).

Lorsqu’on répartit les taxons identifiés dans l’échantillon 12 selon leur aspect à maturité, on remarque que ceux-ci se répartissent également entre les plantes ligneuses (50%) (majoritairement des arbres) et les plantes herbacées et graminoïdes (50%) (figure 4-1). Par ailleurs, 60% des taxons identifiés sont des plantes vivaces tandis que 40% ont été classés parmi les annuelles et 10% parmi les bisannuelles (figure 4-2).

Les habitats favorisés par les taxons identifiés dans l’échantillon 12 sont, dans l’ordre d’importance, la forêt (70%), le bord des cours d’eau et plans d’eau (50%), les prairies, clairières et pâturages (40%), le bord des routes (40%), les terrains perturbés (40%), les espaces cultivés (40%) et finalement les tourbières (30%) (figure 4-5).

La moitié des plantes identifiées poussent normalement dans les sols humides, alors que 20% préfèrent les sols mouillés et 10% les sols secs. Par ailleurs, 30% des taxons identifiés sont associables à des sols riches (figures 4-10 et 4-11). Comme pour l’échantillon précédent, on remarque que les taxons dont on peut déterminer l’origine (six, soit 60%) se répartissent également entre ceux d’origine indigène et ceux introduits à Terre-Neuve (figure 4-13).

4.5.3 L’échantillon 18 L’échantillon 18 est le plus pauvre. Il contient seulement 86 macro-restes végétaux, ce qui correspond à une concentration de neuf macro-restes par litre de sédiment échantillonné, et ceux-ci sont répartis parmi six taxons. À part les sclérotes qui sont particulièrement nombreux (81%), cet échantillon contient également des aiguilles (15%) et des graines (3%) (tableau 4-2). Bien que le nombre d’aiguilles retrouvées soit restreint (13 fragments) on remarque que les celles de sapin baumier sont beaucoup plus abondantes (ratio 5,5) que celles d’épinette (figure 4-14). Bien que pauvre, cet échantillon se démarque cependant par la quantité non négligeable de pois qui y furent retrouvés (22 ou 2,2 m-r/L).

118

L’échantillon 18 se distingue des échantillons provenant du même contexte du fait que les plantes herbacées y sont plus abondantes (50%) que les plantes ligneuses (33%), qui, dans ce cas, sont uniquement des arbres (figure 4-1). De plus, les plantes vivaces (50%) sont aussi abondantes que les plantes annuelles (figure 4-2).

L’habitat de prédilection des taxons identifiés dans l’échantillon 18 est la forêt (83%) et le bord des cours d’eau et plans d’eau (67%). Les plantes occupant les prairies, clairières et pâturages (33%), le bord des routes (33%), les terrains perturbés (33%), les espaces cultivés (33%) et les tourbières (33%) sont pour leur part moins bien représentées (figure 4-5).

Les seules informations disponibles sur les sols dans lesquels auraient poussé les végétaux identifiés dans cet échantillon concernent l’humidité. Ainsi, parmi les taxons identifiés, 33% préfèrent les sols humides alors que 17% préfèrent les sols mouillés (figure 4-11). Cet échantillon est très peu représentatif en ce qui a trait à la répartition des taxons selon leur origine. Seuls un taxon indigène (17%) et un taxon introduit (17%) ont pu être identifiés (figure 4-13).

4.5.4 L’échantillon 19 Lors du tri de l’échantillon 19, 199 macro-restes végétaux ont été dénombrés, ce qui équivaut à 20 macro-restes par litre de sédiment prélevé, et parmi ceux-ci on compte dix taxons différents. Cet échantillon contient presque autant d’aiguilles (45%) que de sclérotes (40%) ainsi qu’une quantité moindre de graines (15%) (tableau 4-2). Parmi les aiguilles dénombrées, on note que la majorité (ratio 3,5) est composée d’aiguilles de sapin baumier et le reste d’aiguilles d’épinette (figure 4-14).

Les taxons identifiés se répartissent également (50%) entre les plantes ligneuses (principalement des arbres) et les plantes herbacées et graminoïdes (figure 4-1). Par ailleurs, on remarque qu’il y a autant de plantes vivaces (50%) que d’annuelles (40%) et de bisannuelles (10%) dans l’échantillon 19 (figure 4-2).

Ce sont encore les taxons poussant dans les forêts (70%) qui sont les mieux représentés dans cet échantillon. Le second habitat en importance est le bord des cours d’eau et plans d’eau (50%), suivi des tourbières (40%), des espaces cultivés (30%), des prairies, clairières

119 et pâturages (20%), du bord des routes (20%) et des terrains perturbés (20%) (figure 4-5). La répartition des taxons identifiés selon le type de sols qu’ils favorisent nous apprend que 38% d’entre eux poussent dans des sols humides, 25% dans des sols mouillés et que 20% se retrouvent dans des sols riches (figures 4-10 et 4-11). Une origine a pu être attribuée à seulement cinq taxons issus de cet échantillon. Une faible majorité d’entre eux (30%) sont classés comme étant indigènes alors que le reste est introduit (20%) (figure 4-13).

4.5.5 L’échantillon 22 L’échantillon 22 a révélé un total de 159 macro-restes végétaux répartis en huit taxons. La concentration observée est semblable à celle des échantillons issus du même contexte, soit 16 macro-restes végétaux par litre de sédiment. La majorité des macro-restes identifiés sont des aiguilles (62%), suivies par les sclérotes (33%) et les graines (5%) (tableau 4-2). Dans la première catégorie, on remarque que les aiguilles de sapin baumier dominent et qu’elles sont quatre fois plus abondantes (ratio 4,16) que les aiguilles d’épinette (figure 4-14).

Lorsqu’on répartit les taxons identifiés dans l’échantillon 22 selon leur aspect à maturité, on note une fois de plus que les plantes ligneuses, essentiellement des arbres, dominent l’échantillon (63%) alors que les plantes herbacées et graminoïdes ne comptent que pour 38% (figure 4-1). Les vivaces se font une fois de plus abondantes, car 75% des taxons identifiés appartiennent à cette catégorie alors que seulement 25% se classent parmi les annuelles (figure 4-2).

Tous les taxons identifiés dans l’échantillon 22 peuvent pousser dans un environnement forestier. En outre, 75% d’entre eux se retrouvent fréquemment sur le bord des cours d’eau et plans d’eau tandis que 63% sont caractéristiques des tourbières. Les végétaux poussant dans les prairies, clairières et pâturages (38%), les espaces cultivés (38%), le bord des routes (25%) ou sur les terrains perturbés (25%) sont pour leur part moins bien représentés dans l’assemblage archéobotanique de l’échantillon 22 (figure 4-5). Les taxons identifiés représentent surtout des plantes poussant dans des sols humides (38%) ou mouillés (25%) et 13% sont caractéristiques de soils riches (figures 4-10 et 4-11). Dans cet échantillon, 38% des taxons ont une origine indigène alors qu’on a attribué à 13% d’entre eux une

120 origine en dehors de Terre-Neuve. Cependant, le peu de taxons sur lequel repose cette évaluation (quatre) limite la portée de ces résultats (figure 4-13).

4.5.6 L’échantillon 23 L’échantillon 23 n’est pas très différent des neuf décrits précédemment en ce qui a trait à la répartition des macro-restes végétaux identifiés. De fait, il ne contient que 185 macro-restes végétaux, ce qui équivaut à 19 macro-restes par litre de sédiment, répartis en sept taxons. Les parties retrouvées sont toujours les mêmes : aiguilles (62%), sclérotes (29%) et graines (9%) (tableau 4-2). Les aiguilles de sapin baumier sont comme à l’habitude plus abondantes (ratio 2,29) que celles d’épinette (figure 4-14).

Comme on pouvait s’y attendre, les plantes ligneuses, dont la majorité sont des arbres, sont les mieux représentées dans le présent échantillon avec une proportion de 57%. Par ailleurs, seulement 29% des taxons ont été classés parmi les plantes herbacées (figure 4-1). On remarque en plus que les plantes vivaces sont les plus communes, car 71% des taxons identifiés appartiennent à cette catégorie contre seulement 14% pour les annuelles (figure 4- 2).

Tous les taxons identifiés dans l’échantillon 23 peuvent croître dans un environnement forestier (100%). Beaucoup d’entre eux peuvent se retrouver au bord des cours d’eau et plans d’eau (71%) ou dans les tourbières (57%) alors que quelques uns peuvent occuper les prairies, clairières et pâturages (29%), le bord des routes (29%), les espaces cultivés (29%) et les terrains perturbés (14%) (figure 4-5). On remarque par ailleurs que 43% des taxons identifiés privilégient les sols humides, que 29% préfèrent les sols mouillés et que 14% se retrouvent habituellement dans les sols riches (figures 4-10 et 4-11). Tout comme les échantillons provenant du même contexte, peu de taxons (quatre) se prêtent à l’attribution d’une origine. Au total, 43% des taxons sont d’origine indigène alors que seulement 14% furent introduits à Terre-Neuve (figure 4-13).

La répartition des macro-restes végétaux observée pour les échantillons provenant du dépotoir domestique daté de la deuxième moitié du XVIIe siècle est encore une fois très homogène et dans l’ensemble similaire à celle notée pour les échantillons du dépotoir plus

121 ancien. Les macro-restes végétaux sont une fois de plus rares (en moyenne 17 m-r/L) et peu diversifiés (en moyenne sept taxons). Les aiguilles dominent toujours et le sapin baumier est clairement plus abondant que l’épinette. Les taxons identifiés sont majoritairement indigènes à Terre-Neuve et préfèrent pour la plupart les habitats généralement peu anthropisés (tourbière, forêt, prairies, près d’un cours d’eau ou plan d’eau).

4.6 Les quais

4.6.1 L’échantillon 14 (E556) Malgré le fait que la totalité des macro-restes végétaux n’ait pas été comptabilisée dans les échantillons provenant des quais, il n’en demeure pas moins que ces échantillons ont livré une quantité impressionnante de macro-restes végétaux. Par exemple, 12 095 macro-restes ont été récupérés dans l’échantillon 14 et il fut estimé que cela correspond à 27 016 macro- restes par litre de sédiment prélevé. Cet échantillon contient une grande variété de taxons, moins que les latrines cependant, avec 41 taxons identifiés. Contrairement à ce qui fut observé pour les latrines et les dépotoirs, les aiguilles dominent largement cet échantillon. En effet, elles comptent pour 83% des macro-restes végétaux identifiés alors que le pourcentage de graines s’élève à 16% (tableau 4-2).

Parmi les aiguilles, le ratio d’aiguilles de sapin baumier par rapport aux aiguilles d’épinette s’élève à 2,69 (figure 4-14). Le pourcentage élevé de graines par rapport à celui observé dans les autres échantillons issus des quais est dû à l’abondance des graines de stellaire moyenne (Stellaria media (L.) Villars) (1 674 ou 464 m-r /L). Les autres graines sont visiblement moins abondantes bien qu’on retrouve des quantités notables de rumex crépu (Rumex crispus L.) (136 ou 38 m-r/L), de polygonacées (50 ou 14 m-r/L) et de potentille (Potentilla argentea L./norvegica L. et Potentilla spp.) (43 ou 12 m-r/L). On observe également une quantité minime (1% ou moins) de bourgeons, de cicatrices foliaires, d’embryons, de feuilles, de noyaux, de rameaux, de sclérotes, de sporanges et de tiges. Le ratio de macro-restes carbonisés par rapport aux macro-restes non carbonisés (0,09) est plus élevé que dans l’échantillon provenant des latrines, bien que les macro-restes non carbonisés dominent toujours largement.

122

Contrairement à ce qui fut noté pour les échantillons précédents, ce sont cette fois les plantes herbacées et graminoïdes qui dominent (56%). Les plantes ligneuses comptent pour 34%, les arbres et les arbustes étant cette fois présents en proportions égales (figure 4-1). Les plantes vivaces pour leur part dominent toujours dans une proportion de 71% contre 37% pour les annuelles et 5% pour les bisannuelles (figure 4-2).

Bien que ce soient toujours les espèces forestières qui dominent l’échantillon 14 (61%), on remarque que les taxons sont répartis plus également selon les différents types d’habitats. Ainsi, 61% des taxons identifiés occupent aussi le bord des cours d’eau et plans d’eau, 51% se retrouvent dans les prairies, clairières et pâturages et 41% dans les tourbières. De plus, les plantes provenant des milieux perturbés par l’Homme sont plus abondantes que dans les échantillons issus des dépotoirs domestiques. En effet, 44% des taxons identifiés peuvent pousser sur les terrains perturbés, 41% sur le bord des routes et 41% dans les espaces cultivés (figure 4-6).

En ce qui concerne les caractéristiques des sols auxquels sont associés les taxons identifiés, on remarque d’abord que les plantes de sols acides dominent légèrement (7% contre 2% pour les sols alcalins). Les taxons caractéristiques des sols salins comptent pour 7% des taxons identifiés. Lorsqu’on regarde le degré d’humidité privilégié par les taxons appartenant à l’échantillon 14, on remarque qu’un grand nombre (39%) prévilégient les sols humides alors que 22% poussent dans les sols secs et 17% dans les sols mouillés. De plus, les taxons indicateurs d’un sol riche sont plus nombreux (22%) que ceux associés à un sol pauvre (2%). Finalement, les sols contenant beaucoup de matière minérale sont préférés par 15% des taxons de cet échantillon (figures 4-8 à 4-12). Parmi les taxons retrouvés dans l’échantillon 14, 20 ont pu être classés selon leur origine. Une faible majorité (27%) est d’origine indigène, alors que 20% sont introduits et 2% sont absents de la flore terre- neuvienne actuelle (figure 4-13).

4.6.2 L’échantillon 15 (E577) La concentration de macro-restes végétaux dans l’échantillon 15 est la plus élevée parmi tous les échantillons analysés pour le présent mémoire. Celle-ci a en effet été estimée à 45 530 macro-restes par litre de sédiment. Au total, 19 745 macro-restes ont été dénombrés

123 et ceux-ci appartiennent à 41 taxons différents. Encore une fois, ce sont les aiguilles qui dominent (78%). Parmi ces dernières, on remarque que l’espèce prépondérante est le sapin baumier, lequel est près de cinq fois plus abondant (ratio 4,8) que l’épinette (figure 4-14).

Cependant, contrairement à l’échantillon précédent, la proportion de feuilles est plutôt élevée (18%) si on la compare à la proportion de graines (3%). Cela s’explique du fait que cet échantillon se caractérise par une abondance extraordinaire de feuilles de sphaigne (3 248 ou 560 m-r/L) (figure 4-15) et par une quantité moindre de feuilles de mousse brune (374 ou 64 m-r/L). Les graines les plus abondantes sont la stellaire moyenne (299 ou 51 m- r/L) et la moutarde noire (67 ou 12 m-r/L). L’échantillon 15 contient en outre des quantités négligeables (1% ou moins) de bourgeons, de rameaux, de sclérotes et de sporanges. Autre fait important, cet échantillon se différencie des échantillons 14 et 16 par l’abondance de macro-restes végétaux carbonisés qu’il recèle. En effet, le ratio de macro-restes carbonisés par rapport aux non carbonisés s’élève à 0,18. Cela s’explique du fait qu’une très grande proportion d’aiguilles d’épinette est carbonisée (ratio 93,79). Les aiguilles de sapin baumier pour leur part sont majoritairement non carbonisées (ratio 0,01) (tableau 4-2).

C’est dans cet échantillon que les plantes herbacées et graminoïdes s’avèrent les plus abondantes puisqu’elles représentent 66% des taxons identifiés. Comparativement, les plantes ligneuses, légèrement dominées par les arbres, comptent pour 24% (figure 4-1). Malgré cela, les plantes vivaces se font à nouveau plus abondantes (71%) que les annuelles (44%) et les bisannuelles (7%) (figure 4-2).

Les taxons identifiés se répartissent plutôt également parmi les différents habitats listés, qu’ils soient naturels ou modifiés par la présence humaine. Les plantes poussant sur le bord des cours d’eau et plans d’eau (63%) et dans la forêt (56%) dominent, mais les autres types d’habitat suivent de près. Ainsi, 49% des taxons poussent dans les prairies, clairières et pâturages, 49% sur les terrains perturbés, 46% dans les espaces cultivés, 44% sur le bord des routes et 37% dans les tourbières (figure 4-6).

Parmi les taxons exigeant un pH particulier, on note que ceux nécessitant un sol acide (5%) sont tout aussi nombreux que ceux nécessitant un sol alcalin (5%). Par ailleurs, 5% des taxons identifiés peuvent supporter un sol salin, alors que 37% se retrouvent habituellement

124 dans les sols humides, 22% dans les sols secs et 20% dans les sols mouillés. Une quantité appréciable de taxons (17%) est caractéristique des sols riches alors que seulement 2% supportent les sols pauvres. On peut retrouver 12% des taxons identifiés dans des sols dont la composition est fortement minérale (figures 4-8 à 4-12). Finalement, la répartition des taxons selon leur origine indique que les plantes introduites (29%) sont aussi nombreuses que celles d’origine indigène (29%) (figure 4-13).

4.6.3 L’échantillon 16 (E585) L’échantillon 16 ne contient pas autant de macro-restes végétaux que l’échantillon 15 (14 204), mais la concentration de ceux-ci demeure très élevée avec 32 250 macro-restes végétaux par litre de sédiment. Le nombre de taxons identifiés, 31, est légèrement moindre que celui noté pour les deux échantillons précédents. Les parties identifiées sont variées, mais dominées à 97% par les aiguilles (tableau 4-2). Parmi ces dernières, les aiguilles de sapin baumier sont légèrement plus nombreuses que celles d’épinette (ratio 1,35) (figure 4- 14).

Les graines ne comptent que pour 3% et les bourgeons, carpelles, cicatrices foliaires, embryons, feuilles, rameaux, sclérotes, sporanges et tiges constituent moins de 1% des parties de plantes identifiées dans cet échantillon. Les graines de stellaire moyenne (162 ou 40 m-r/L), de violette (Viola spp.) (79 ou 19 m-r/L) et de framboise (68 ou 17 m-r/L) sont parmi les mieux représentées. Par ailleurs, les macro-restes carbonisés sont présents, mais peu nombreux (ratio 0,07).

Les plantes herbacées sont les plus abondantes dans cet échantillon puisque 48% des taxons ont été classés dans cette catégorie. Les plantes ligneuses pour leur part, majoritairement des arbres, comptent pour 39% (figure 4-1). Encore une fois, les plantes vivaces se font plus nombreuses (74%) que les annuelles (29%) et les bisannuelles (10%) (figure 4-2).

La répartition des taxons identifiés dans l’échantillon 16 selon leur habitat est à l’image de celle observée pour les autres échantillons provenant des latrines et des quais. En effet, chaque catégorie regroupe entre le tiers et la moitié des taxons. Plus en détail, on note que ce sont les taxons associés à un environnement forestier qui dominent (55%) suivis de près

125 par les plantes poussant près des cours d’eau et plans d’eau (48%), dans les prairies, clairières et pâturages (45%), sur le bord des routes (39%), sur les terrains perturbés (35%), dans les espaces cultivés (32%) et finalement dans les tourbières (32%) (figure 4-6).

Lorsqu’on prend en considération les types de sols que préfèrent les taxons identifiés, on remarque que 6% d’entre eux sont caractéristiques de sols acides et qu’un autre 6% peuvent supporter des conditions salines. Comme pour les échantillons précédents, ce sont les plantes préférant les sols humides qui sont les mieux représentées avec 35% des taxons alors que les sols secs regroupent 23% des effectifs contre seulement 10% pour les sols mouillés. Finalement, les plantes indicatrices de sols riches (19%) et de sols minéraux (13%) sont plus abondantes que celles caractéristiques de sols pauvres (3%) et organiques (0%) (figures 4-8 à 4-12). Parmi les 31 taxons identifiés dans l’échantillon 16, 39% sont indigènes alors que 35% ont été introduits à Terre-Neuve. L’origine des 17 autres taxons n’a pas pu être déterminée (figure 4-13).

Bien que les échantillons provenant des remblais des quais présentent certaines affinités entre eux, ils affichent aussi certaines différences notables. Au sein des ressemblances, notons la concentration exceptionnelle d’aiguilles de conifères couplée à une abondance de fragments de bois (non identifiés), bien que ces échantillons, au contraire des autres, comportent une proportion plus grande de plantes herbacées et graminoïdes que de plantes ligneuses. Tous échantillons confondus, les aiguilles de sapin baumier se font près de deux fois et demie (ratio 2,44) plus nombreuses que les aiguilles d’épinette dans les remblais des quais. Par ailleurs, les taxons identifiés dans ce contexte ne semblent pas privilégier un type d’habitat particulier. En effet, pour chaque échantillon les taxons se répartissaient presque également entre les différents types d’habitats listés. Cependant, chaque échantillon présente également des caractéristiques qui lui sont propres. Ainsi, l’échantillon 14 se singularise par une abondance exceptionnelle de graines de stellaire moyenne. L’échantillon 15 pour sa part se distingue par la quantité remarquable d’aiguilles d’épinette carbonisées qu’il contient, alors que généralement les échantillons des quais contiennent peu de macro-restes végétaux carbonisés. L’échantillon 15 a également révélé une proportion plus élevée de feuilles (majoritairement des sphaignes) que les échantillons 14 et 16.

126

4.7 Le foyer (E366)

4.7.1 L’échantillon 20 Les macro-restes végétaux ne sont pas aussi abondants dans l’échantillon 20 que dans les échantillons provenant des latrines et des quais, mais sont tout de même beaucoup plus nombreux que dans les dépotoirs domestiques. L’échantillon 20 compte en effet 3 744 macro-restes végétaux, ce qui équivaut à 438 macro-restes par litre de sédiment. La diversité de taxons identifiés, soit 11 taxons, se rapproche quant à elle davantage à ce qui a été observé pour les échantillons provenant des dépotoirs domestiques. Si on exclut les charbons de bois, les aiguilles constituent presque la totalité du contenu de cet échantillon (98%). Seuls quelques bourgeons, embryons, épines, graines et sclérotes (moins de 1% chaque) viennent compléter l’assemblage. Les aiguilles de sapin baumier dominent largement cet échantillon puisque le ratio sapin/épinette s’élève à 28,04 (figure 4-14).

L’identification des charbons de bois par Marguerie (Université de Renne, France) a permis de confirmer la dominance du sapin baumier (83%) dans l’échantillon 20. Un seul charbon de bois, parmi les 100 analysés, a été identifié comme étant de l’épinette. L’analyse anthracologique a en plus permis de révéler la présence d’un feuillu, l’aulne (Alnus sp.), dont les feuilles sont moins susceptibles de se conserver que celles des conifères. Ce taxon représente 10% des charbons de bois analysés (figure 4-16). Parmi les données anthracologiques fournies par Marguerie (voir données complètes au tableau 4-2), retenons également que la courbure des cernes de croissance des charbons de bois observés a majoritairement (22) été catégorisée comme étant intermédiaire bien qu’un grand nombre (17) possède une courbure faible tandis que les charbons à forte courbure sont un peu plus rares (12). En ce qui concerne la largeur des cernes de croissance, ils mesurent en moyenne 1,35 mm et se situent entre 0,15 mm et 3,96 mm. La distribution des charbons de bois selon la largeur moyenne de leurs cernes (figure 4-17) permet d’illustrer que ceux-ci ont une distribution très étendue (écart type de 1,11 mm). Les charbons ont généralement de petits cernes, mais on trouve également des pièces avec des cernes entre 3 mm et 4 mm.

La plupart des taxons identifiés dans l’échantillon 20 ont pu être classés dans la catégorie des plantes ligneuses (82%). Parmi celles-ci, ce sont les arbres qui sont les plus abondants.

127

Parallèlement, 18% des taxons se classent parmi les plantes herbacées (figure 4-1). Cette répartition explique sans doute pourquoi la grande majorité des taxons (91%) ont été classés parmi les plantes vivaces alors qu’un seul (9%) fut classé parmi les annuelles (figure 4-2).

L’habitat privilégié par les taxons identifiés dans l’échantillon 20 est la forêt puisque 73% des taxons identifiés peuvent pousser dans ce type d’environnement. Les taxons occupant les tourbières et le bord des cours d’eau et plans d’eau comptent pour 45% chaque tandis que les catégories prairies, clairières et pâturages et bord de route ne regroupent qu’un taxon chaque (9%) (figure 4-7).

Dans cet échantillon, les taxons préférant les sols humides sont tout aussi nombreux que ceux préférant les sols mouillés (27% chaque). De plus, seulement un taxon (9%) est caractéristique des sols riches (figures 4-10 et 4-11). Parmi les six taxons dont l’origine est connue, presque tous (45%) sont d’origine indigène sauf un (9%) qui est introduit (figure 4- 13).

4.7.2 L’échantillon 21 La quantité de macro-restes végétaux que recèle cet échantillon est beaucoup plus élevée que pour l’échantillon précédent provenant du même contexte. En effet, 12 812 macro- restes y ont été dénombrés malgré le fait que la fraction légère n’ait pas été triée au complet. Il fut estimé que l’échantillon 21 contient 2 305 macro-restes par litre de sédiment. Cependant, la quantité de taxons identifiés, 13, s’apparente à celle notée pour l’échantillon 20. De plus, tout comme ce dernier, les aiguilles dominent largement puisque 99% des restes identifiés en sont. Des quantités négligeables (moins de 1%) de bourgeons, de cicatrices foliaires, de rameaux et de sclérotes ont également été notées (tableau 4-2). Parmi les aiguilles, l’immense majorité de celles dénombrées sont du sapin baumier alors qu’une faible proportion est associée à l’épinette (ratio 13,33) (figure 4-14).

Parmi les 100 charbons de bois identifiés dans cet échantillon, le taxon dominant est le sapin (70%) suivi de l’aulne (18%). Encore une fois, on remarque que l’épinette, laquelle ne compte que pour 1% de l’assemblage, se fait rare. Deux taxons absents de l’échantillon

128 précédent ont également été recensés. Ce sont le genévrier (Juniperus sp.) (3%) et la vigne (1%) (figure 4-16). Contrairement à ce qui fut observé pour l’échantillon 20, la majorité des charbons de bois de cet assemblage (39) présentent une forte courbure des cernes de croissance. De plus, 23 spécimens présentent une courbure intermédiaire alors que 17 affichent une courbure faible (voir données complètes au tableau 4-3). La distribution des charbons de bois prélevés dans l’échantillon 21 (figure 4-17) met en évidence le fait que la plupart d’entre eux ont de très petits cernes de croissance. La largeur des cernes mesurés s’étend entre 0,07 mm et 2,05 mm et ils sont en moyenne beaucoup plus petits que ceux de l’échantillon 20 (moyenne de 0,5 mm avec écart type de 0,46 mm).

L’échantillon 21 est celui où l’écart entre le nombre de plantes ligneuses et de plantes herbacées est le plus grand. En effet, celui-ci est largement dominé par les premières (92%, la majorité étant des arbres) alors que seulement 8% des taxons ont été classés dans le second groupe (figure 4-1). Tous les taxons identifiés dans cet échantillon sont des plantes vivaces (figure 4-2).

L’échantillon 21 regroupe surtout des taxons poussant dans la forêt (77%) et sur le bord des cours d’eau et plans d’eau (69%). On y retrouve également des plantes caractéristiques des prairies, clairières et pâturages (31%) et du bord des routes (31%). Les plantes susceptibles de se retrouver sur les terrains perturbés (15%) et dans les espaces cultivés (15%) sont pour leur part moins nombreuses (figure 4-7).

Parmi les taxons identifiés, 23% préfèrent les sols humides, 23% préfèrent les sols mouillés et 8% préfèrent les sols secs. De plus, 15% sont indicateurs de sols riches tandis que 8% caractérisent les sols minéraux (figures 4-10 à 4-12). Il y a six taxons identifiés dans l’échantillon 21 dont l’origine est connue : 38% sont indigènes à Terre-Neuve alors qu’un seul (8%), la vigne, est absent de l’île (figure 4-13).

Les échantillons provenant du foyer ont révélé presque exclusivement des plantes ligneuses comme le sapin baumier, l’épinette et l’aulne. Les aiguilles et les charbons identifiés sont tous indigènes, seule la vigne détonne dans l’assemblage. Tous peuvent pousser dans les forêts bien qu’on les retrouve également dans d’autres habitats. On remarque que, dans ces deux échantillons, le sapin baumier est beaucoup plus abondant que l’épinette. Des

129 différences entre la portion est et la portion ouest du foyer sont néanmoins perceptibles. Ainsi, l’échantillon 21 contient une plus grande concentration de macro-reste même si les taxons identifiés sont sensiblement les mêmes. Cependant, les charbons de bois sont plus variés dans l’échantillon 21 et présentent des cernes généralement plus petits ainsi qu’une courbure plus forte.

Conclusion Ce chapitre a permis d’illustrer que chaque contexte analysé a révélé un assemblage archéobotanique distinct bien que les échantillons provenant d’un même contexte soient généralement similaires entre eux. En revanche, on peut considérer que les contextes échantillonnés ont livré des données complémentaires les unes aux autres. Par exemple, même si les contextes gorgés d’eau (quais et latrines) ont livré une plus grande diversité de taxons, certains taxons (par exemple l’avoine, le blé, les pois ou l’aulne) ne sont présents que dans les dépotoirs ou le foyer. Ces différences s’expliquent probablement en raison de conditions de préservation différentes. En effet, les dépotoirs et le foyer contenaient essentiellement des restes carbonisés alors que dans le cas des quais, et surtout des latrines, les macro-restes végétaux carbonisés ne comptent que pour une très petite portion des assemblages.

Tous les contextes sont toutefois dominés par les aiguilles de conifères. Le sapin baumier est l’espèce qui domine généralement et le ratio sapin/épinette est particulièrement élevé dans les échantillons provenant du foyer. Les latrines se distinguent du fait qu’elles contiennent une proportion plus élevée de graines, dont certaines se retrouvent également, dans des proportions moindres, dans le remblai des quais. Les plantes herbacées et les graminoïdes sont particulièrement abondantes dans les latrines et les quais alors que les plantes ligneuses dominent clairement dans les échantillons issus du foyer. Les taxons identifiés dans les dépotoirs et le foyer affichent une légère préférence pour les habitats moins anthropisés tels les tourbières, les forêts, les prairies et le bord des routes. Dans les autres contextes, les taxons identifiés sont répartis plus également entre les différents habitats. On remarque que dans tous les cas les plantes associées aux cultures occupent aussi les terrains perturbés. En ce qui concerne les types de sols privilégiés, les données

130 sont difficiles à lire en raison de l’imprécision des informations prélevées dans les flores consultées. On remarque toutefois une certaine préférence pour les sols humides dans la majorité des échantillons analysés. Partout, les plantes indigènes dominent très légèrement bien que cette suprémacie soit plus marquée pour les échantillons issus du foyer.

Tel que suspecté, le potentiel archéobotanique des échantillons de sédiments prélevés sur le site archéologique de Ferryland s’est avéré excellent. En effet, les échantillons analysés se sont révélés riches et diversifiés ce qui permettra d’apporter des éléments de réponse à la problématique énoncée dans l’introduction. Le chapitre suivant illustrera comment ces résultats peuvent répondre à des questions tant archéologiques (interprétation des contextes) qu’anthropologiques (compréhension de l’alimentation et des interactions avec l’environnement).

Tableau 4-1 Liste des taxons possiblement intrusifs dans certains contextes Taxons possiblement intrusifs Latrines Dépotoir (1ere moitié Dépotoir (2e moitié du Quais Foyer (27) XVIIe siècle) XVIIe siècle) (14, 15, (20-21) (5, 6, 24, 25) (11, 12, 18, 19, 22, 23) 16) Abies balsamea (L.) Mill (rameau) x Asteraceae (graine) X Atriplex patula L. (graine) ? X X ? X Cenococcum graniforme (Sow) Ferde. et Winge (sclérote) ? ? ? ? ? Chenopodium album L. (graine) ? X X ? Coronopus didymus J.E. Smith (graine) X (graine) X Equisetum sp. (tige) X Galeopsis tetrahit L. (graine) ? ? Lamiaceae/poaceae (fleur) X Lamium hybridum Villars & Gams in Hegi (graine) x Larix laricina (DuRoi) K.Koch (aiguille) x Picea sp. (rameau) X Poaceae (graine) X Polygonaceae (graine) x Polygonum achoreum S.F. Blake (graine) X Polygonum aviculare L. (graine) x Rubus spp. (graine) ? ? ? Taraxacum sp. (graine) ? X Champignon (sporange) X Légende : X Exclu de l’analyse x Seules les pièces non carbonisées sont exclues ? Conservé pour l’analyse mais pourrait être intrusif

Tableau 4-2 Répartition des macro-restes végétaux identifiés dans les échantillons de Ferryland

131

Composition de Latrines Dépotoir (1ere moitié Dépotoir (2e moitié du XVIIe siècle) Quais Foyer l’échantillon XVIIe siècle) 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 Nombre de macro- 17872 193 193 131 155 169 165 86 199 159 185 12095 19745 14204 3744 12812 restes identifiés Concentration 7944 19 20 13 15 20 19 9 20 16 19 27016 45530 32250 438 2305 (macro-restes/litre) Nombre de taxons 77 13 12 10 8 6 10 6 10 8 7 42 41 31 11 13 identifiés aiguille 58% 45% 54% 55% 54% 28% 32% 15% 45% 62% 62% 83%* 78%* 97%* 98% 99%* bois 3%* 1%* bourgeon <1% <1% <1% <1% <1% <1% carpelle <1% <1% cicatrice foliaire <1% <1% <1% embryon <1% <1% <1% <1% épine <1% feuille 1% <1% 18% <1% fleur <1% fruit <1% graine 41% 6% 7% 7% 32% 4% 11% 3% 15% 5% 9% 16% 3% 3% <1% lemma/palea <1% noyau <1% <1% <1% rameau 1% <1% <1%* 1%* <1%* <1%* sclérote <1% 48% 39% 38% 14% 68% 57% 81% 40% 33% 29% <1% <1% <1% <1% <1% sporange <1% <1% <1% <1% tige <1% <1% <1% ratio macro-restes 0,02 n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. 0,09 0,18 0,07 n.a. n.a. carbonisés/non- carbonisés * Ces valeurs sont sous-estimées en raison du sous échantillonnage effectué n.a. : non applicable

132

Figure 4-1 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur aspect à maturité

133

90 80 70 60 Vivaces 50 Annuelles 40 30 Bisannuelles 20 Nombre de taxons de Nombre 10 0 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Numéro d'échantillon

Figure 4-2 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur cycle biologique

134

60 10 50 8 40 6 30 4 Échantillon 5 20 2 10 Échantillon 6 0 0 Échantillon 24 t Nombre de taxons de Nombre re ê ie u te é é Nombre de taxons r r a b v re êt rie au te é vé iè o ai 'e ou ur lti iè or ai 'e ou urb lti rb F Pr d r rt cu Échantillon 25 rb F Pr d r rt cu ou rs e pe e ou urs de pe e T u d n c T o rd in ac Co rd ai pa C Bo rra sp Bo rr s Te E Te E Habitat Échantillon 27 Habitat

Figure 4-3 Répartition des taxons identifiés dans les latrines selon leur Figure 4-4 Répartition des taxons identifiés dans le dépotoir de la première habitat actuel moitié du XVIIe siècle selon leur habitat actuel

10 8 Échantillon 11 6 Échantillon 12 4 Échantillon 18 2 Échantillon 19

Nombre de taxons 0 Échantillon 22 re rêt irie au te bé ivé rbiè Fo Pra d'e rou rtur cult Tou urs de pe ce Échantillon 23 Co ord rain spa B Ter E Habitat

Figure 4-5 Répartition des taxons identifiés dans le dépotoir de la deuxième moitié du XVIIe siècle selon leur habitat actuel

30 15 20 10 10 5 0 0

re rêt irie au te bé ivé re êt ie u te é é rbiè Fo ra d'e rou rtur ult iè or air 'ea ou rb ltiv ou P rs de pe e c Échantillon 14 urb F Pr s d e r rtu cu T ou rd in pac To ur d pe ce C Bo erra Es Co ord ain pa Nombre de taxons de Nombre r s T taxons de Nombre B r Échantillon 15 Te E Échantillon 20 Habitat Échantillon 16 Habitat Échantillon 21

Figure 4-6 Répartition des taxons identifiés dans les remblais des quais Figure 4-7 Répartition des taxons identifiés dans le foyer selon leur habitat actuel selon leur habitat actuel

135 136

10 5 Acide

taxons 0

Nombre de 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Alcalin Numéro d'échantillon

Figure 4-8 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon qu’ils sont caractéristiques de sols acides ou alcalins

5 0

taxons Salin 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Nombre de Numéro d'échantillon

Figure 4-9 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur tolérance au sel

40 30 Sec 20 Humide 10 Mouillé 0 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Nombre de taxons de Nombre Numéro d'échantillon

Figure 4-10 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon le degré d’humidité des sols dans lesquels on les retrouve habituellement

15 10 Ric he 5 Pauv r e 0 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Nombre de taxons de Nombre Numéro d'échantillon

Figure 4-11 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur fertilité

15 10 Minér al 5 Organique taxons 0 Nombre de 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Numéro d'échantillon

Figure 4-12 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon qu’ils sont caractéristiques de sols minéraux ou organiques

40

35

30

25 Indigène 20 Introduit

15 Absent

Nombre de taxons 10

5

0 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total Numéro d'échantillon

Figure 4-13 Répartition des taxons identifiés dans chacun des échantillons selon leur origine

137

Figure 4-14 Répartition des aiguilles dénombrées dans chacun des échantillons selon leur abondance relative (en pourcentage)

138

600 500 400 300 200 par litre) par 100 0 Nombre de feuilles de de feuilles de Nombre

sphaigne (macro-restes 27 14 15 16 Numéro d'échantillon

Figure 4-15 Répartition des feuilles de sphaignes dans les latrines (échantillon 27) et dans les remblais des quais (échantillons 14, 15 et 16) selon leur abondance

100% Abies sp. 80% Alnus sp. 60% Juniperus sp.

bois bois 40% Pic ea s p.

20% Vitis sp. Conifère indéterminé

Nombre de charbons de de charbons de Nombre 0% Indéterminé 20 21 total Numéro d'échantillon

Figure 4-16 Répartition des charbons de bois prélevés dans le foyer selon l’essence (en pourcentage)

139

Tableau 4-3 Observations dendrologiques effectuées sur les charbons de bois prélevés dans le foyer (d’après les données fournies par Dominique Marguerie)

No Taxons Courbure Rythme Combustion Hyphe Insecte Écorce Moelle Thylle Bois de réaction échan- Faible Intermédiaire Forte Régulier Particulier Fendu Dur/luisant Fendu/luisant tillon 20 Abies sp. 17 18 4 25 1 31 1 3 1 1 10 Alnus sp. 2 8 7 1 1 Picea sp. 1 1 Conifère 1 1 Indéterminé 21 Abies sp. 16 22 19 46 1 18 1 1 2 2 2 Alnus sp. 17 11 3 1 2 5 Juniperus sp. 1 2 2 1 Picea sp. 1 1 Vitis sp. 1 1 1 Conifère 1 Indéterminé

14 12 10 8 Échantillon 20 6 Échantillon 21 4 2 0 0- 0,25- 0,5- 0,75- 1,0- 1,25- 1,5- 1,75- 2,0- 2,25- 2,5- 2,75- 3,0- 3,25- 3,5- 3,75- Nombre de charbons de bois de charbons de Nombre 0,25 0,5 0,75 1,0 1,25 1,5 1,75 2,0 2,25 2,5 2,75 3,0 3,25 3,5 3,75 4,0 Largeur moyenne des cernes

Figure 4-17 Répartition des charbons de bois prélevés dans le foyer selon la largeur moyenne de leurs cernes de croissance (en millimètres) (d’après les données fournies par Dominique Marguerie)

140

5 Discussion « By drawing the boundaries within which their exchange and production occur, human communities label certain subsets of their surrounding ecosystems as resources, and so locate the meeting place between economies and ecology.» (165 ׃ Cronon 1983)

En réponse à la problématique de recherche énoncée dans l’introduction et à la lumière des résultats présentés au chapitre précédent, certains axes de discussion se dessinent. Le premier niveau d’interprétation concerne l’apport des données archéobotaniques dans l’interprétation des contextes archéologiques dont ils sont issus et la compréhension des processus qui ont mené à leur formation. Le second niveau d’interprétation touche directement aux interrelations entre les habitants de Ferryland et leur milieu puisque nous discutons de l’alimentation et de l’environnement. La section sur l’alimentation inclut une mise en contexte théorique qui effleure certaines problématiques liées à l’étude de l’alimentation et des pratiques alimentaires. Suit un aperçu des habitudes alimentaires anglaises au XVIIe siècle, lequel permettra de bien cerner l’originalité ou le conservatisme terre-neuvien. Par la suite, nous discutons des habitudes alimentaires des habitants de Ferryland selon le mode de production ou d’acquisition des aliments choisis : cultivés, importés ou cueillis. Pour clore cette section, nous comparons le portrait dressé par la présente étude avec ce qui a été observé sur d’autres sites coloniaux. La section sur l’environnement illustre comment l’analyse des macro-restes végétaux récoltés sur un site archéologique peut contribuer à la reconstruction de l’environnement de l’époque. Nous mettons surtout l’accent sur les interactions entre les colons et les différents milieux identifiés (tourbières, forêts, prairies, clairières et pâturages, cours d’eau et plans d’eau, terrains perturbés). En dernier lieu, nous abordons l’impact de la colonisation de Terre- Neuve par les Européens sur la composition de la flore de l’île. 142

5.1 L’interprétation des contextes archéologiques

5.1.1 Les latrines Comme on pouvait s’y attendre, les latrines contiennent une forte proportion de plantes comestibles. Si on se réfère aux documents de l’époque (Erichsen-Brown 1979; Gerarde et Johnson 1975 [1633]), on remarque que 40% des taxons identifiés étaient considérés comme des aliments. La majorité des macro-restes retrouvés, à l’exception des aiguilles de conifères, sont en effet des graines de petits fruits ingérables tels les framboises, les fraises , les bleuets et les figues, ce qui semble confirmer que cet échantillon contenait bel et bien de la matière fécale. Le seul noyau de prune retrouvé pourrait avoir été avalé par inadvertance ׃ puisque des trouvailles semblables ont déjà été faites dans des coprolithes (Moffet 1992 278). Toutefois, il semble que les latrines aient aussi été utilisées comme fosse à déchets si on se fie à la présence d’artéfacts et d’ossements animaux en ce lieu. Outre les graines de fruits, on retrouve dans cet échantillon, en quantités moindres, des restes de plantes comestibles qui auraient pu être consommées pour leurs feuilles (le romarin [Rosmarinus officinalis L], les rumex [Rumex acetosella L. et R. crispus L.] et la valériane dentée) ou leurs graines (le carvi commun et la moutarde noire).

Les autres plantes présentes dans les latrines auraient pu s’y retrouver de manière accidentelle, par l’eau, le vent ou les activités humaines. C’est le cas de nombreuses plantes considérées de nos jours comme des mauvaises herbes des cultures et des terrains perturbés. Dans le cas présent, il ne faut pas négliger la présence d’un drain destiné à évacuer le contenu des latrines, mais qui aurait également pu favoriser l’incorporation de restes de plantes. Les graines d’une plante supportant les milieux salins et les sols mouillés, l’éléocharide halophile ( halophila (Fernald & Brackett) Fernald et Brackett), pourraient en témoigner bien qu’elles soient peu nombreuses. Par ailleurs, si on se fie à la grande quantité d’aiguilles de conifères que recèlent les échantillons des quais on se doute que des branches de sapin devaient être présentes à profusion près de l’eau, ce qui pourrait expliquer leur incursion dans la fosse des latrines au gré des marées. Alternativement, il est permis de croire que la superstructure des latrines ait pu être construite en branchages de conifères.

143

5.1.2 Les dépotoirs domestiques Les échantillons provenant des dépotoirs contiennent également des restes de plantes alimentaires bien que celles-ci, à l’exception du cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica L.), des ronces et de la vigne, ne sont pas les mêmes que celles représentées dans les latrines. Les nouveaux taxons identifiés appartiennent tous à des plantes cultivées. Ce sont l’avoine (Avena sp.), le pois et le blé. Quelques plantes herbacées non comestibles, comme l’ortie royale, le lamier hybride (Lamium hybridum Villars & Gams in Hegi), la renouée de Pennsylvanie (Persicaria pensylvanica (L.) M. Gómez de la Maza) et la renouée des oiseaux (Polygonum aviculare L.), ont également été identifiées. De nos jours, ces plantes introduites poussent tant dans les milieux cultivés que sur les terrains perturbés et il n’est pas certain qu’elles soient associées aux cultigènes identifiés. De plus, comme celles-ci poussent toutes dans des sols riches, il n’est pas exclu qu’elles aient poussé sur place, c’est-à-dire sur le dépotoir. Finalement, comme tous les autres contextes, celui-ci contient beaucoup d’aiguilles de conifères, lesquelles sont carbonisées. Il s’agit en majorité de sapin baumier, mais aussi d’épinette. Il semble plausible que ces aiguilles proviennent des résidus d’un foyer, car, comme nous le verrons plus loin, nous avons pu attester que ces essences étaient utilisées pour chauffer les habitations. Il est également possible que la présence d’aiguilles résulte de l’incendie de certaines structures faites à partir de branches de conifères. En effet, nous verrons plus loin que les branches de sapin et d’épinette étaient utilisées dans la construction des habitations et des équipements de pêche. Peu importe l’origine exacte de ces aiguilles carbonisées, leur présence est tout à fait compatible avec l’interprétation des archéologues, à savoir que ce contexte est un dépotoir domestique.

5.1.3 Les quais Tous échantillons confondus, les aiguilles de sapin baumier se font près de deux fois et demie (ratio 2,44) plus nombreuses que les aiguilles d’épinette dans les remblais des quais. Comme ces arbres ne poussaient probablement pas près des quais qui étaient un lieu de circulation et que les aiguilles (tant carbonisées que non carbonisées) sont présentes en quantités astronomiques, il est possible de croire que des branches de conifères étaient transformées ou utilisées à cet endroit.

144

Il apparaît également que ces échantillons contiennent un peu de la matière fécale. On y retrouve en effet un nombre significatif de plantes alimentaires dont l’une d’entre elles, la figue, ne peut certes pas provenir de la végétation environnante. La présence de nombreuses feuilles de sphaigne, une invasculaire caractéristique des tourbières, tend à supporter l’origine alloctonone du contenu de ces remblais. En outre, la quantité exceptionnelle d’aiguilles carbonisées d’épinette dans l’échantillon 15 peut suggérer l’introduction de résidus de foyer. On retrouve également des plantes herbacées non indigènes qui auraient pu envahir tant les cultures que les terrains perturbés. Ce sont grosso modo les mêmes que dans les latrines, bien qu’il est frappant de constater l’abondance des graines de stellaire moyenne dans l’échantillon 14. Comme cette plante produit de nombreuses graines, il est difficile de déterminer si cette abondance est significative. Peut- être que ce dépôt, à la différence des autres, s’est formé durant la saison où les graines de stellaire arrivaient à maturité. On peut également supposer que ces restes sont le résultat d’un désherbage. Toutefois, comme les graines des autres mauvaises herbes ne sont pas particulièrement abondantes dans l’échantillon 14 par rapport aux échantillons 15 et 16, cette hypothèse reste difficile à prouver.

Finalement, les remblais des quais contenaient quelques rares graines de plantes tolérantes au sel et poussant dans les milieux humides comme l’éléocharide halophile et l’arroche étalée. Cependant, leur rareté suggère que peu de restes de plantes provenant de l’environnement immédiat se sont retrouvées dans les échantillons. Bref, l’origine variée des macro-restes végétaux identifiés dans les échantillons 14, 15 et 16 s’accorde bien avec leur interprétation en tant que remblais.

5.1.4 Le foyer Les échantillons provenant du foyer ont révélé presque exclusivement des plantes ligneuses comme le sapin baumier, l’épinette et l’aulne. Il semble donc que ce foyer contienne presque uniquement des végétaux utilisés pour le chauffage. Les aiguilles et les charbons identifiés sont tous indigènes, seule la vigne détonne dans l’assemblage. Tous peuvent pousser dans les forêts bien qu’on les retrouve également dans d’autres habitats. La seule plante non ligneuse identifiée dans le foyer, la renouée persicaire (Persicaria maculosa S.F.

145

Gray), s’y est probablement retrouvée par hasard, peut-être accrochée au bois de chauffage ou aux objets transportés par les êtres humains. Finalement, le foyer ne semble pas contenir de résidus de cuisson ou autres déchets domestiques.

5.2 L’alimentation et les pratiques alimentaires

5.2.1 Introduction L’être humain a besoin de se nourrir pour vivre. Cependant, il est clair que l’alimentation n’a pas qu’une fonction biologique, « chez Homo sapiens, les aliments non seulement De par sa nature omnivore, l’être .(172 ׃ nourrissent mais aussi signifient » (Fischler 1985 humain a la possibilité de faire des choix parmi les ressources offertes dans son L’omnivore est dépendant de la variété, ce qui le .(173 ׃ environnement (Fischler 1985 pousse à diversifier ses sources de nourriture. Paradoxalement, tout aliment inconnu est potentiellement dangereux ce qui le pousse à un certain conservatisme alimentaire (Fischler .(174 ׃ 1985

Ce qui est jugé bon ou mauvais n’est pas uniquement le fruit d’expérimentations hasardeuses, mais le résultat d’un apprentissage culturel. Au-delà des choix individuels, les pratiques alimentaires, c’est-à-dire la manière dont on obtient, produit, prépare et préserve sont au cœur de ce qui lie un groupe et de ce qui le ,(24 ׃ la nourriture (Parsa 1999 différencie des autres. L’alimentation est un marqueur identitaire important, puisque ce Non seulement le mangeur .(176 ׃ geste implique l’incorporation d’aliments (Fischler 1985 incorpore-t-il la nourriture à l’intérieur de son corps, mais du coup il incorpore aussi les .(177 ׃ pratiques d’un groupe, d’une culture (Fischler 1985

Les habitudes alimentaires sont influencées entre autres par les pratiques culturelles, l’affiliation religieuse, le statut socio-économique, la disponibilité de la nourriture, les Transmises de .(27 ׃ outils et la technologie disponibles et la structure familiale (Parsa 1999 génération en génération, les pratiques alimentaires seraient beaucoup plus stables et permanentes que d’autres attributs culturels tels la langue, l’art, la musique, l’habillement et Cette résistance à l’adoption de nouveaux aliments et de .(44 ׃ le logement (Parsa 1999 nouvelles pratiques alimentaires expliquerait selon certains pourquoi les habitudes

146 alimentaires américaines sont demeurées essentiellement européennes jusqu’au milieu du Il apparaît donc intéressant d’observer à quel point cette .(25 ׃ XXe siècle (Parsa 1999 tendance naturelle au conservatisme s’est exprimée lorsque les pratiques alimentaires anglaises ont été transposées sur un nouveau continent.

5.2.2 Les habitudes alimentaires anglaise au XVIIe siècle

5.2.2.1 La production de nourriture Il semblerait que les habitants de Ferryland, du moins après la fondation de la colonie permanente en 1621, soient tous originaires d’Angleterre et plus précisément de la région du North Devon pour une grande partie d’entre eux. Avant de tenter de déterminer comment ceux-ci ont adapté leurs stratégies d’acquisition et de consommation de nourriture dans leur terre d’accueil, il est intéressant de se demander quelles étaient leurs traditions alimentaires avant d’entreprendre la traversée de l’Atlantique.

La production de nourriture en Angleterre repose depuis longtemps sur l’agriculture et l’élevage. On y cultivait surtout le blé, l’orge, le seigle, l’avoine et les légumineuses. Si au XVIe siècle beaucoup de terres avaient été sacrifiées au profit de pâturages pour les moutons en raison de la croissance de l’industrie de la laine (Tudor enclosures), le siècle suivant vit plutôt un retour un équilibre entre les terres destinées à l’agriculture et celles 135- ׃ Spencer 2003 ;91 ׃[utilisées pour l’élevage (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 136). Par ailleurs, les paysans bénéficièrent d’améliorations dans les techniques agricoles, notamment pour l’enrichissement des sols et l’alimentation du bétail pendant l’hiver. En effet, il était auparavant commun d’abattre à l’automne la majorité des bêtes qui, nourries de légumineuses, de foin et de paille, ne pouvaient survivre à la saison froide. À la fin du XVIIe siècle toutefois, certains fermiers commencèrent à imiter la pratique hollandaise qui consistait à cultiver du trèfle et des navets pour le bétail. Il devint ainsi possible d’obtenir de la viande fraîche, plutôt que salée, à l’année longue (Drummund et Wilbraham 1991 .(161 ׃ Spencer 2003 ;92 ,24 ׃[1939]

Parallèlement, les jardins potagers se répandirent rapidement dans l’Angleterre du XVIIe siècle de sorte qu’une plus grande variété et quantité de fruits et légumes devinrent

147 disponibles. Les gens aisés possédaient de grands jardins où ils cultivaient surtout des fleurs destinées à l’agrément, mais aussi quelques légumes et herbes dont l’usage était tant ,On y retrouvait par exemple des betteraves .(56 ׃ culinaire que médicinal (Forsyth 1990 des endives, des épinards, des asperges, des choux, des carottes, des navets, des panais, des radis, des pommes de terre26, des fèves, des pois, des artichauts, des concombres, des melons, des citrouilles, du cresson, de la laitue, des oignons, des poireaux, de la roquette, ׃[de la chicorée, du fenouil et de l’oseille (rumex) (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 ,Les fines herbes et les fleurs les plus communes étaient l’estragon .(59 ׃ Forsyth 1990 ;94 la lavande, le romarin, la menthe, la sauge, la consoude, la moutarde, la marjolaine, le persil, le basilic, le cerfeuil, l’angélique, le thym, la mélisse, la rue, l’hysope, la giroflée, la Les gens les plus .(59 ׃ rose, le souci, le lys, la camomille et la colombine (Forsyth 1990 pauvres pour leur part devaient surtout cultiver des choux et des légumes racines bien qu’il demeure difficile pour les historiens de documenter l’alimentation des classes moins Il semblerait .(140 ׃ Spencer 2003 ;96 ׃[favorisées (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 toutefois, selon la documentation cartographique, que les pauvres des villes ne possédaient Cependant, c’est à cette époque qu’on vit l’apparition .(66 ׃ pas de potagers (Halliwell 1990 de marchés dans les grandes villes. En effet, de plus en plus de paysans des environs de Londres, sous l’influence des immigrants hollandais, se convertirent en producteurs maraîchers pour approvisionner les citadins en légumes « frais » (Drummund et Wilbraham .(140 ׃ Spencer 2003 ;96 ׃[1939] 1991

Les serres chauffées sont une autre innovation du XVIIe siècle. Grâce à elles, les plus fortunés pouvaient cultiver de la vigne, des pêches, des nectarines, des oranges et des ׃ Spencer 2003 ;68 ׃ Halliwell 1990 ;95 ׃[citrons (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 140). Ces fruits de luxe n’atteignaient toutefois pas les marchés au contraire des fruits de vergers dont la culture s’améliora grandement. Les pommes, les poires et les cerises devinrent plus grosses et plus sucrées et de nouvelles variétés se développèrent. Les fraises et les groseilles étaient également cultivées, mais les fruits demeuraient petits (Weinstein .(82-83 ׃ 1990

26 La pomme de terre demeure toutefois assez peu répandue, sauf en Irlande, durant tout le XVIIe siècle (Drummund et Wilbraham 1991 [1939] : 93).

148

Les principales techniques pour conserver les aliments demeuraient le séchage, le salage, l’enfouissement, la transformation en alcool et la mise en conserve (Drummund et Par exemple, les grains et les .(60 ׃ Forsyth 1990 ;117 ׃[Wilbraham 1991 [1939 légumineuses destinés à la consommation quotidienne pouvaient être grillés, puis moulues ׃ dans le cas des secondes, avant l’entreposage pour les empêcher de germer (Wilson 1991 13-15, 26). Grâce au séchage, des épices et des fruits pouvaient pour leur part être importés de pays lointains. Séchés au soleil, ces fruits – raisins, prunes, dates et figues – devenaient .(27 ׃ très durs de sorte qu’on devait les entreposer dans un endroit humide (Wilson 1991

5.2.2.2 La consommation de nourriture Dans l’Angleterre du XVIIe siècle, la diète variait principalement en fonction des revenus de chacun. Les Anglais étaient de gros mangeurs de viande et un des principaux marqueurs de statut social était la quantité de viande qu’on pouvait se permettre dans son menu .L’alimentation des plus pauvres a peu évolué depuis le Moyen-Âge .(221 ׃ Goody 1984) Leurs repas étaient habituellement composés d’un bouillon de viande et de légumes racines dans lequel on pouvait incorporer des légumineuses, de la viande salée, du pain, du poisson, du fromage, un peu de bacon ou la viande de petits animaux sauvages (Drummund .(81 ׃ Weinstein 1990 ;99 ׃[et Wilbraham 1991 [1939

Les travailleurs de la ville pour leur part étaient de grands consommateurs de viande. Un repas typique était composé de pain, de bœuf, de bière et de fromage. Lorsque le prix des produits carnés était trop élevé, ils devaient se contenter de fromage et d’un bouillon aux légumineuses à l’image des plus pauvres. Ils délaissaient généralement les légumes qu’ils considéraient comme étant la nourriture des pauvres paysans (Drummund et Wilbraham .(101-102 ׃[1939] 1991

La diète des marins pour sa part ne reposait que sur des aliments qui pouvaient être préservés sur de longues périodes. On y trouvait au premier rang de la viande salée et du biscuit (au sens propre, c’est-à-dire du pain cuit deux fois). La bière et le rhum étaient les boissons les plus courantes. C’est une carence en vitamine C associée à l’absence de fruits et de légumes frais dans l’alimentation des marins qui était responsable du scorbut, cette .(92-97 ׃ maladie qui entraîna la mort de plusieurs d’entre eux (Ritchie 1981

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Chez les gens des classes moyenne et supérieure, la viande prédominait. Ceux-ci consommaient régulièrement du mouton, du bœuf et de la volaille accompagnés de pain, de fromage, de bière ou de vin. Ils étaient également friands de nouveautés comme le thé, le café et le chocolat. Des tartes, farcies de viande ou de fruits, apparaissaient également au .(106-107 ׃[menu des plus fortunés (Drummund et Wilbraham 1991 [1939

Il apparaît que, peu importe la classe sociale considérée, les fruits et légumes étaient plutôt marginaux dans l’alimentation des gens du XVIIe siècle et ce malgré la popularisation des jardins potagers. Il semble que les légumes aient surtout été utilisés comme ingrédients pour les soupes et rarement pour accompagner la viande comme ce fut le cas au siècle suivant. Les croyances médicales de l’époque, basées sur la théorie des humeurs, ne considéraient pas les fruits et légumes, froids et humides, bénéfiques pour la santé. On les On ne .(82 ׃ suspectait entre autres de causer la diarrhée et la dysenterie (Weinstein 1990 les consommait que dans les bouillons ou, depuis le XVIe siècle, en salade bien arrosés Les fines .(60 ׃ Forsyth 1990 ;111-112 ׃[d’huile (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 herbes et les épices étaient utilisées pour donner de la saveur aux aliments, mais aussi pour Quant aux fruits, ils étaient .(61 ׃ masquer le goût des aliments putréfiés (Forsyth 1990 généralement trop dispendieux. La chute du prix du sucre encouragea toutefois leur utilisation dans les tartes et les puddings, lesquels étaient de plus en plus régulièrement Weinstein ;111-112 ׃[consommés par les gens aisés (Drummund et Wilbraham 1991 [1939 Les données archéologiques viennent cependant relativiser ces constatations qui .(82 ׃ 1990 émergent des documents historiques. En effet, les latrines datant de cette époque, comme celles de la garnison royaliste du château de Dudley, contiennent généralement une grande .(273-282 ׃ variété de fruits, tant sauvages que cultivés (Moffet 1992

5.2.3 La culture des végétaux à Ferryland

5.2.3.1 Données historiques Lorsque le capitaine Edward Wynne fonda la colonie de Ferryland au nom de George Calvert, il se fit particulièrement enthousiaste dans sa correspondance en ce qui concerne le potentiel agricole de cette nouvelle terre :

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The land here is (without doubt) very fertile, for I have since my arrival seen wheat, barley and rye growing here full eared and kerned, the which had been accidentally shed out of salt mats among stones and grass. Therefore ground of better choice, well manured and fitly prepared, will doubtless bring forth plentiful increase, and wherefore there is no just doubt to be made - for in reason where there is a summer, there will be a harvest.

(Winne 26/08/1621)

Dès la première année, on entreprit des essais afin de tester la viabilité et la productivité des céréales, des légumineuses, des légumes et du fourrage propres aux traditions anglaises :

Notwithstanding this great task for so few hands, we have both wheat, barley, oats, peas and beans about the quantity of two acres. Of garden room about half an acre: the corn, though late sown, is now in earing the beans and the goodliest peas that I ever saw have flourished in their blooms this twenty days. We have a plentiful kitchen garden of lettuce, radish, carrots, coleworts, turnips and many other things. We have also at this present a flourishing meadow of at least three acres, with many haycocks of exceeding good hay and hope to fit a great deal more against another year.

(Winne 28/08/1621)

L’année suivante, Wynne décrit avec ferveur ses succès agricoles :

We have wheat, barley, oats and beans both eared and codded, and though the late sowing and setting of them might occasion the contrary, yet it ripens now so fast, that it carries the likelihood of an approaching harvest. We have also a plentiful kitchen garden of many things, and so rank, that I have not seen the like in England. Our beans are exceeding good; our peas shall go without compare, for they are in some places as high as a man of an extraordinary stature; radish as big as mine ar v v m; lettuce, kale or cabbage, turnips, carrots, and all the rest is of like goodness. We have a meadow of about three acres; it flourished lately with many cocks of good hay, and now it is made up for a winter feeding. We hope to be well fitted with many acres of meadow against another year. Of pasture land, we have already to serve at least three hundred heads of cattle; and to all this, if it please God, a good quantity of seed ground shall be fitted, and such buildings as we shall be able to accomplish.

(Wynne 17/08/1622)

Cependant, il semble évident, d’après les témoignages ultérieurs, que Wynne avait considérablement surestimé, ou alors exagéré, le potentiel agricole terre-neuvien. En effet, il faut se rappeler que Wynne avait intérêt à se faire encourageant auprès de son pourvoyeur pour des raisons tant politiques qu’économiques. Les sols aux environs de Ferryland sont

151

de sorte que leur rendement (36 ׃ en réalité acides, rocailleux et peu fertiles (Heringa 1981 est faible. Par ailleurs, des températures généralement plus froides pendant le Petit Âge Glaciaire auraient pu diminuer considérablement la saison de croissance des végétaux. C’est ce constat qu’émet Cruse en 1667 : « The country of Newfoundland is so barren that it never did nor never can be made able to produce any considerable quantities of provisions of any sort but the inhabitants have ever had and must have their supply from the fishing ships and others that come there yearly (Cruse 27/11/1667). »

Outre ces limites environnementales, on rappellera que l’industrie de la pêche était beaucoup plus rentable. Or, ces deux activités, la pêche et l’agriculture, demandaient un investissement de temps pendant la même période de l’année, à l’été et au début de l’automne, de sorte qu’elles entraient en compétition une contre l’autre. En fait, le coût de la main-d’œuvre agricole dépassait largement les bénéfices qu’on pouvait tirer de cette : comme le réalise William Alexander ,(343 ׃ activité (Pope 2004

The most part of the bounds whereupon any hath planted as yet in Newfoundland is found to be rocky and not fit to be manured: it may be these that made choice thereof (neglecting the land) had only a regard to dwell commodiously for making use of the sea, the present profits of which doth recompense the loss of that which might be expected by the other.... (Alexander 1625).

Ceci dit, le fait que l’agriculture ne se soit pas avérée une activité profitable à Ferryland ne signifie pas pour autant qu’on l’ait totalement abandonnée. En effet, si certains végétaux comme les céréales et les légumineuses pouvaient facilement être importés sous forme séchée, il n’en est pas de même pour les légumes de potager cités par Wynne. Il semblerait d’ailleurs que la majorité des planters possédaient des potagers pour subvenir à leurs besoins. Par exemple, les sources historiques indiquent qu’en 1677, 80% des maisonnées terre-neuviennes possédaient un potager où ils cultivaient des radis, des carottes, des navets .(344 ׃ et, occasionnellement, de l’avoine, du seigle et de l’orge (Pope 2003

152

5.2.3.2 Données archéologiques

5.2.3.2.1 Les céréales et légumineuses Il est difficile de dire si les cultigènes identifiés dans les échantillons de sédiment de Ferryland ont été cultivés sur place ou s’ils ont été importés d’Europe. Il n’est pas exclu cependant que les grains de blé et d’avoine ainsi que les pois qui furent retrouvés aient été cultivés à Ferryland, car on retrouve des mentions à cet effet dans les documents historiques cités ci-haut.

Toutefois, seuls les grains ont été retrouvés. Aucun indice ne témoigne du traitement des récoltes sur le site avant leur consommation. En effet, pour isoler la partie comestible des céréales (le grain) plusieurs étapes sont nécessaires. Les études ethnographiques ont démontré qu’il n’y a pas des centaines de façons d’y arriver et que chaque étape de cette chaîne opératoire se caractérise par un produit et un résidu spécifique qu’il est possible de reconnaître dans les assemblages archéologiques.

Voici brièvement comment on traite les céréales dans les sociétés non mécanisées. Une fois les céréales récoltées et séchées, on procède au décorticage et au ratissage afin de séparer la paille des épis. Cela peut se faire à l’aide d’un traîneau à dépiquer, par piétinement ou en battant les céréales avec un bâton. On procède subséquemment au vannage des épis ou des épillets en les lançant en l’air. La bale (glume, lemma, paléa, rachis) et les graines de mauvaises herbes les plus légères sont emportées par le vent. Le reste est ensuite soumis à un double criblage. Un tamis aux larges mailles retient les débris plus gros que la taille des grains alors qu’un tamis aux mailles plus fines permet d’évacuer les débris plus petits. Si nécessaire, dans le cas de l’orge et du blé vêtus (engrain, amidonnier et épeautre), il faut écraser les épillets avec un mortier afin de dégager les grains de leur bale. Dans ces cas, on doit procéder à nouveau au vannage et au tamisage pour se débarrasser de la bale. Finalement, on effectue un tri à la main afin d’éliminer les graines de mauvaises herbes qui .(195-197 ׃ sont de la même taille que les grains (Wilkinson et Stevens 2003

Si les premières étapes sont difficiles à reconnaître archéologiquement car elles ont lieu dans les champs et non sur les sites d’habitation, les traces des étapes ultérieures sont En effet, il semble .(64 ׃ souvent reconnaissables sur les sites archéologiques (Stevens 2003

153 que les résidus aient régulièrement été jetés dans les foyers domestiques. À Ferryland toutefois, aucune trace de paille (les nœuds se conservent facilement) ou de bale (les rachis peuvent se préserver aisément) ni dans le foyer du manoir des Kirke, ni dans les deux dépotoirs domestiques qui contenaient pourtant des grains de blé et d’avoine carbonisés. Quant aux quatre lemmas ou paléas de poacées retrouvés dans les latrines, leur petite taille suggère plutôt qu’ils appartenaient à une plante sauvage. Cela pourrait-il signifier que Ferryland est uniquement un site consommateur et pas du tout un site producteur de céréales? Il est difficile de se faire une idée avec une évidence négative d’autant plus que seulement six grains ont été identifiés. L’absence de résidus de paille ou de bale pourrait résulter de mauvaises conditions de préservation ou d’un échantillonnage trop restreint.

Quant aux légumes mentionnés par Wynne (28/08/1621), aucun d’entre eux n’a été attesté archéologiquement. Cependant, il faut dire que des graines appartenant au genre Brassica, lequel comprend beaucoup d’espèces cultivées par les êtres humains dont le chou, le navet, ,(24-30 ׃ le colza, la moutarde, le chou de Bruxelles, le brocoli et le chou-fleur (Sauer 1994 ont été retrouvées dans les latrines. Malheureusement, l’identification à l’espèce, voire à la variété, à partir des graines demeure ardue (McGugan 1948). Il n’est donc pas exclu que les restes de ces plantes aient pu se retrouver dans les latrines bien qu’il soit difficile de l’affirmer avec certitude. Ceci dit, l’absence de traces de légumes pourrait être expliquée du fait que ceux-ci sont habituellement consommés avant qu’ils ne produisent des graines, la partie la plus susceptible de se préserver dans les dépôts archéologiques. En réalité, s’il est assez commun de retrouver des céréales et des légumineuses, la consommation de légumes .(202 ׃ peut rarement être induite grâce à l’archéobotanique (Giorgi 1997

5.2.3.2.2 Les légumes feuilles, les fines herbes et les épices D’autres macro-restes végétaux présents dans les échantillons de sédiment du site archéologique de Ferryland auraient théoriquement pu être cultivés sur place bien qu’ils ne soient pas mentionnés dans les documents historiques relatifs à la colonie. Il s’agit de légumes feuilles et de fines herbes ou épices. La première catégorie inclut la valériane dentée dont deux graines furent identifiées dans les latrines. Il s’agit d’une plante euroasiatique qui, si elle fut présente à Terre-Neuve par le passé, n’a pas survécu jusqu’à nos jours (Meades et al. 2000). L’herbier de Gerarde nous laisse croire que cette plante

154 aurait potentiellement pu être cultivée dans les potagers de Ferryland : « Thefe herbes grow wilde in the corne fields; and fince it hath growne in vse among the French and Dutch ftrangers in England, it hath beene fowen in gardens as a fallad herbe » (Gerarde et Johnson Toutefois, nous ne pouvons pas non plus exclure la possibilité que cette .(311 ׃[1633] 1975 plante soit parvenue à Terre-Neuve à titre de mauvaise herbe dans les provisions de grains ou de légumineuses. La moutarde noire aurait également pu être cultivée pour ses feuilles Contrairement à la .(26 ׃ Sauer 1994 ;42 ׃ qui peuvent être mangées en salade (Pope 1986 valériane dentée, la moutarde noire se serait ensuite naturalisée abondamment dans les environs. On peut imaginer le même scénario pour le rumex qui, selon les documents bien que de nos ,(59 ׃ historiques, était cultivé dans les potagers de l’époque (Forsyth 1990 jours on le retrouve essentiellement à l’état sauvage.

Alternativement, la moutarde noire aurait pu être utilisée pour ses graines, lesquelles La grande quantité de graines .(26 ׃ servaient à préparer la moutarde de table (Sauer 1994 de moutarde retrouvées dans les latrines (967 macro-restes ou 430 m-r/L), comparativement aux graines des autres légumes feuilles potentiels, milite en faveur de cette seconde hypothèse. D’autres fines herbes auraient pu être cultivées dans les potagers de Ferryland. Des graines de romarin et de carvi commun ont en effet été identifiées dans les latrines. Bien que le romarin pousse mieux dans les climats chauds, on rapporte qu’il pouvait également être cultivé en pots : « It groweth neither in the fields nor gardens of the Eafterne cold countries, but is carefully and curioufly kept in pots » (Gerarde et Johnson 1975 Les feuilles du romarin étaient fréquemment utilisées dans la cuisine .(1293 ׃[1633] anglaise pour apprêter le poisson et la viande si on se fie à un livre de recettes de cette époque (Murrell 1615). Le carvi est pour sa part très populaire depuis le Moyen-Âge dans .(345 ׃ les gâteaux, les pains et les dragées (Spencer 2003

5.2.3.2.3 Les mauvaises herbes des cultures Théoriquement, il est possible, à l’aide des préférences écologiques des mauvaises herbes identifiées dans les assemblages archéobotaniques, de déduire les modalités des cultures desquelles elles sont issues. Pour ce faire, différentes approches ont été utilisées par les archéobotanistes, soit la phytosociologie, l’autoécologie et l’écologie fonctionnelle. La phytosociologie repose sur une classification hiérarchique des communautés végétales

155 basée sur la co-occurrence de plusieurs plantes. L’identification des communautés se fait à partir de l’abondance de différentes espèces diagnostiques. Elle a notamment été utilisée par les archéobotanistes d’Europe continentale pour différencier les céréales semées à l’automne de celles semées au printemps. Toutefois, il semble que ces regroupements créés à l’aide des communautés végétales actuelles ne traduisent pas forcément ceux d’autrefois, surtout dans le cas des milieux arables qui sont non seulement affectés par des facteurs climatiques, édaphiques et biotiques, mais également anthropiques. De plus, les assemblages archéobotaniques ne représentent pas fidèlement les communautés d’autrefois (en raison de la sélection humaine) tant en ce qui concerne les espèces présentes que leur .(101-108 ׃ abondance relative (van der Veen 1992

Pour sa part, l’autoécologie, utilisée surtout par les archéobotanistes de Grande-Bretagne, considère les préférences écologiques de chaque plante prise individuellement. Celles-ci sont la plupart du temps basées sur les valeurs indicatrices d’Ellenberg établies pour la luminosité, l’humidité, le pH, la fertilité et la salinité. Contrairement à l’approche phytosociologique, l’autoécologie considère surtout des éléments du comportement des plantes qui sont déterminés génétiquement et peu sujets au changement (van der Veen .(108-109 ,105 ׃ 1992

L’écologie fonctionnelle est une nouvelle approche qui n’a pas encore été utilisée dans l’interprétation d’assemblages archéobotaniques. Actuellement, on tente de cerner l’influence de différentes pratiques culturales (irrigation, jachère, rotation des cultures, temps des semailles, désherbage, fumure) sur les attributs fonctionnels des mauvaises herbes (par exemple: moment de la germination, hauteur et largeur de la canopée, densité du feuillage, durée de la floraison) à partir de cultures et de mauvaises herbes modernes (Jones et al. 2005).

Comme on le voit, il est encore difficile de déduire les modalités de culture des plantes utilisées autrefois sur la base des mauvaises herbes identifiées dans les assemblages archéobotaniques. L’autoécologie semble présentement l’approche la plus fiable. Il est également difficile de déterminer quelles plantes étaient des mauvaises herbes culturales. En effet, selon le classement effectué au chapitre quatre, toutes les mauvaises herbes identifiées à Ferryland sont connues pour envahir les cultures, mais également tout terrain

156 perturbé. Aucune ne pousse spécifiquement dans les champs et les jardins. De plus, il faut également considérer que les mauvaises herbes culturales modernes, à partir desquelles a été effectué le présent classement, ne sont pas forcément celles d’autrefois. En effet, certaines mauvaises herbes qui envahissaient les cultures d’autrefois, c’est-à-dire avant la mécanisation de l’agriculture et l’utilisation de produits chimiques, ont aujourd’hui disparu .(41 ׃ des champs (Greig 1990

Il faut alors se fier au contexte archéologique pour tenter d’identifier les mauvaises herbes qui envahissaient probablement les cultures. Les assemblages archéobotaniques privilégiés sont ceux interprétés comme résultant d’activités agricoles (silos, résidus du traitement des récoltes). Or, à Ferryland, aucune trace d’activité agricole n’a été décelée. Seuls les produits finis (les grains) ont été identifiés. Qui plus est, le contexte dans lequel ils furent retrouvés (dépotoirs domestiques) ne contenait que très peu de graines de mauvaises herbes carbonisées, soit l’ortie royale, le lamier hybride, la renouée de Pennsylvanie et la renouée des oiseaux.

En réalité, la majorité des mauvaises herbes identifiées à Ferryland proviennent des latrines. Il pourrait s’agir des résidus du traitement des récoltes, mais aussi de graines ingérées par erreur avec d’autres aliments, de déchets de désherbage, d’une contamination par la d’un ajout de terre pour ,(67 ׃ végétation environnante ou même, selon Dudek et al. (1998 contrer les odeurs. Si on se fie aux sources historiques (Gerarde et Johnson 1975 [1633]) et à la présence de mauvaises herbes généralement associées aux céréales dans les on peut ,(56-58 ׃ assemblages archéobotaniques médiévaux en Angleterre (Greig 1990 isoler certains taxons qui auraient pu être des mauvaises herbes culturales. Il s’agit de la camomille des champs (Anthemis arvensis L.), de la camomille des chiens (Anthemis cotula L.), de l’arroche (Atriplex spp.), de la centaurée, du chénopode blanc, de la renouée liseron (Fallopia convolvulus (L.) À. Löve), de la lapsane commune (Lapsana communis L.), de la renouée persicaire, de la brunelle vulgaire (Prunella vulgaris L.), de la petite oseille, du silène blanc (Silene latifolia Poir.), du laiteron épineux (Sonchus asper (L.) Hill.), de la stellaire moyenne et de la valériane dentée.

Si on accepte le postulat que ces macro-restes représentent des mauvaises herbes qui ont envahi les cultures des céréales et des légumes consommés à Ferryland, on peut tenter

157 d’esquisser les caractéristiques des sols où ils ont été cultivés à l’aide des valeurs indicatrices d’Ellenberg (Hill et al. 1999). On remarque d’abord que la répartition de ces taxons est relativement homogène, sauf peut-être en ce qui concerne la fertilité des sols où la distribution est plus étendue (figures 5-1 à 5-5). Les mauvaises herbes identifiées préfèrent surtout les stations éclairées, même si on peut également les retrouver à la mi- ombre. Elles sont également caractéristiques de sols humides, faiblement acides ou faiblement basiques, richement fertiles et non salins. À première vue, elles ne semblent pas particulièrement représentatives de ce qu’on sait des sols terre-neuviens qui sont généralement pauvres et acides. On ne peut pas pour autant conclure que cela signifie que les plantes parmi lesquelles ont poussé ces mauvaises herbes n’ont pas été cultivées à Terre-Neuve. Cependant, il est intéressant d’ajouter que la valériane dentée est actuellement absente de la flore terre-neuvienne. On peut imaginer qu’elle témoigne de la contamination de denrées cultivées et importées d’Europe, même s’il faut se rappeler que cette plante était également cultivée pour son feuillage (voir section 5.2.3.2.2). Finalement, rappelons que ces tentatives d’interprétation demeurent fragiles, car elles sont basées sur un nombre restreint d’espèces, qui en plus proviennent de dépositions secondaires.

16 14 12 10 8 6 4 2 0 Nombre de taxons ) ) é 2 3 4 5 6 7 8 l

brag m Échelle de luminosité d'Ellenberg

9 (plein solei 1 (très o

Figure 5-1 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de luminosité d’Ellenberg

158

16 14 12 10 8 6 4 2 Nombre de taxons 0

2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 gé) sec) Échelle d'humidité d'Ellenberg er rès (t 1 (subm

12

Figure 5-2 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle d’humidité d’Ellenberg

16 14 12 10 8 6 4 2 0

Nombre de taxons de Nombre 2 3 4 5 6 7 8 de) aci Échelle de pH d'Ellenberg rès (t 9 (basique) 1

Figure 5-3 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de pH d’Ellenberg

16 14 12 10 8 6 4 2

Nombre de taxons 0

) ) 2 3 4 5 6 7 8 le e i t h r ic e r f ( Échelle de fertilité d'Ellenberg in ( 9

1

Figure 5-4 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de fertilité des sols d’Ellenberg

159

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1 2 3 4 5 6 7 8 ) in) in sal sal n ent (no Échelle de salinité d'Ellenberg 0 rêm (ext 9

Figure 5-5 Répartition des mauvaises herbes potentielles identifiées dans les échantillons de Ferryland selon l’échelle de salinité d’Ellenberg

5.2.4 L’importation de nourriture à Ferryland Certains aliments dont la présence fut attestée dans les assemblages archéobotaniques de Ferryland auraient pu avoir été cultivés en Europe puis avoir été importés. On se rappelle en effet que, malgré la présence d’une population permanente grandissante, la colonie fut tout au long du XVIIe siècle fréquentée par de nombreux navires qui venaient soit pour pêcher, soit pour acheter le poisson des pêcheurs résidents. Puisque ces navires devaient de toute façon voyager lestés à l’aller, il était avantageux pour eux de transporter des provisions de toutes sortes. D’ailleurs, dès les premières années, Wynne avait doté la colonie d’un vaste entrepôt duquel on pouvait charger et décharger les marchandises directement des navires. En outre, la proportion de céramique d’entreposage à Ferryland est particulièrement élevée, si on la compare à ce qu’on peut retrouver dans d’autres colonies anglaises, ce qui laisse croire que ses habitants étaient davantage dépendants de la .(148 ׃ nourriture importée (Crompton 2001

5.2.4.1 Données historiques Les sources historiques indiquent que, malgré les expérimentations agricoles menées durant les premières années, une grande partie de la nourriture devait toujours être importée

160 d’Europe tout au long du XVIIe siècle. Ainsi, une lettre de Wynne datée des premières années de colonisation atteste l’importation de céréales destinées à la consommation et non aux semis car elles sont expédiées sous forme de farine : « It may please your Honour, that another iron mill, and two Bridewell mills may be sent hither, and then our bread-corn may be sent unground and if at any time it should happen to take wet, it may be dried again » (Wynne 17/08/1622). Par la suite, des livres de ports anglais confirment que des denrées végétales telles du blé, du malt, des pois, de l’avoine et des graines de moutarde sont exportées à Ferryland comme l’indiquent les deux extraits suivants : « One hundred quarters of wheat per statute; more one hundred quarters of malt per statute; more 10 quarters of peas per statute and 10 quarters of oatmeal per statute » (Anonyme 09/04/1629) et « 23 butts containing 39 quarters [25 lbs each] of wheat, 15 butts and two puncheons containing 28 quarters of malt, 5 puncheons and one hogshead containing 59 bushels of peas, 2 puncheons and 2 hogsheads containing 39 bushels of oatmeal, 1 rundlet containing 2 bushels of mustard seed » (Anonyme 14/06/1639). Des témoignages plus tardifs abondent dans le même sens: « The country of Newfoundland is so barren that it never did nor never can be made able to produce any considerable quantities of provisions of any sort but the inhabitants have ever had and must have their supply from the fishing ships and others that come there yearly » (Cruse 27/11/1667). On notera que la date de rédaction de ces documents coïncide avec l’arrivée de personnages importants dans la colonie, soit Calvert en 1628-29 et Kirke en 1638, de sorte qu’il est difficile de déterminer si ces importations de nourriture étaient occasionnelles ou normales.

5.2.4.2 Données archéologiques Il n’est évidemment pas possible d’établir avec certitude quels végétaux identifiés à Ferryland par le biais de l’analyse archéobotanique ont effectivement été importés à Terre- Neuve. Toutefois, nous pouvons émettre quelques hypothèses à ce sujet sur la base des informations contenues dans les sources historiques précédemment citées ainsi qu’en considérant leur potentiel de conservation à long terme ainsi que la faisabilité de leur culture à Terre-Neuve.

161

5.2.4.2.1 Les fruits La première catégorie d’aliments considérés comme ayant probablement été importés est celle des fruits. Ce sont, dans les assemblages archéobotaniques de Ferryland, la prune, le raisin et la figue. Les deux premiers auraient potentiellement pu être cultivés à Ferryland dans des conditions exceptionnelles. Par exemple, Wynne, quoique toujours extrêmement optimiste dans ses lettres à Calvert, rapporte : « The vines that came from Plymouth do prosper very well » (Wynne 17/08/1622). Par ailleurs, un texte daté de 1680 relate, qu’à la suite de plaintes de pêcheurs migratoires, on interdit aux planters d’établir leurs vergers et jardins près du rivage (Grande Bretagne 26/02/1680). À première vue, cela semble suggérer que des vergers auraient bel et bien été présents à la fin du XVIIe siècle.

Cependant, il faut se rappeler que ces macro-restes végétaux ont été retrouvés dans la plus ancienne couche des latrines datée des années 1620. Puisque ces fruits poussent dans des arbres qui prennent plusieurs années avant de porter fruit, il serait étonnant que les restes retrouvés dans les latrines aient été cultivés sur place. Toutefois, la présence dans un foyer d’un charbon de bois identifié comme étant de la vigne soulève des questions. Ce témoin, contrairement aux pépins issus des latrines, ne date pas des débuts de la colonie mais plutôt des années 1660. De plus, il fut retrouvé dans un foyer associé à la famille la plus prospère et la plus influente de la colonie, les Kirke. Cela signifie-t-il que les colons de Ferryland ont finalement réussi, ou du moins ont continué d’essayer, à cultiver la vigne? S’il ne faut pas sous-estimer l’importance de ce marqueur social – à la même époque la famille Calvert au Maryland possédait tout de même une serre chauffée où elle cultivait plusieurs plantes exotiques (Yentsch 1994) – il est difficile de tirer des conclusions sur la présence d’un seul écofact. Après tout, d’autres hypothèses alternatives ne sont pas exclues pour expliquer la présence de ce charbon de bois. Par exemple, on peut imaginer que les habitants de Ferryland possédaient des objets (de la vannerie peut-être) faits de bois de vigne.

Pour en revenir aux figues, aux raisins et aux prunes, il est clair que ces fruits se conservent admirablement bien une fois séchés. De plus, il s’agit d’un produit qu’on pouvait facilement se procurer en Méditerranée, là où était écoulée la morue terre-neuvienne. Il semble en effet qu’on en profitait pour y acheter du vin et des fruits qui étaient ensuite Il est donc plausible .(91 ׃ acheminés dans les ports anglais et hollandais (Pope 2004

162 qu’une petite portion de ces denrées ait fait son chemin jusqu’à Terre-Neuve. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que les fruits séchés étaient à l’époque considérés plus sains que leurs équivalents frais. Par exemple, on peut lire dans le célèbre herbier de Gerarde : « Dried Plums, commonly called Prunes, are wholfomer, and more pleafant to the ftomack, they yeeld more nonrifhment, and better, and fuch as connot eafily putrifie » (Gerarde et et au sujet des figues : « the dry Figs nourifh better than the (1498 ׃[Johnson 1975 [1633 .(1511 ׃[greene or new Figs » (Gerarde et Johnson 1975 [1633

5.2.4.2.2 Les céréales et légumineuses L’avoine, le blé et les pois identifiés dans les échantillons de Ferryland auraient également pu être importés. En effet, ce sont des aliments qui, une fois séchés, peuvent se conserver pendant une année dans des conditions d’entreposage propices. De plus, ils apparaissent tous dans des documents historiques relatifs aux provisions importées à Ferryland. L’étude archéoentomologique a d’ailleurs permis d’attester la présence d’insectes qui infestent communément les céréales et les pois entreposés. Le sédiment provenant des latrines contient en effet des fragments de bruche du pois (Bruchus pisorum L.), la pire peste des cultures de pois (Campbell et al. 1989 : 26). Cette espèce introduite, qui à l’état adulte passe l’hiver dans les pois entreposés, aurait vraisemblablement infesté les pois importés dans la colonie. La calandre des grains (Sitophilus granarius L.) et le cucujide dentelé des grains (Oryzaephilus surinamensis L.), deux autres espèces identifiées dans les latrines, indiquent pour leur part la présence de grains de céréales ou de produits fabriqués à partir de ceux-ci comme la farine et le pain. Comme la calandre des grains compte pour 34% de l’assemblage entomologique, il est certain que les grains entreposés à Ferryland étaient Toutefois, il n’est pas .(211 ׃ fréquemment infestés (Bain 2005; Prévost et Bain 2007 possible de spécifier si ces denrées, qui étaient certes entreposées, ont été cultivées dans la colonie ou en Europe car les sources historiques attestent les deux pratiques.

5.2.4.2.3 Les épices et fines herbes La moutarde noire, le romarin et le carvi commun auraient également pu avoir été cultivés en Europe et avoir été exportés à Ferryland puisqu’il est possible de les conserver en les faisant sécher. On fait d’ailleurs mention de l’exportation à Ferryland de graines de

163 moutarde dans les documents historiques (Anonyme 14/06/1639). Cependant, comme pour la catégorie précédente, il est tout aussi plausible que ces assaisonnements aient été cultivés dans les potagers de la colonie, tel que discuté plus haut (voir section 5.2.3.2).

5.2.4.2.4 Les plantes médicinales Il est fort probable que les habitants de Ferryland aient apporté avec eux des plantes faisant partie de leur pharmacopée traditionnelle. Ainsi, parmi les restes de plantes identifiés à Ferryland, plusieurs possédaient des vertues médicinales si on se fie à l’herbier de Gerarde et Johnson (1975 [1633]). Toutefois, comme les plantes identifiées étaient à la fois des aliments et des médicaments il est impossible d’attester hors de tout doute que les restes végétaux recueillis à Ferryland ont effectivement été utilisés à des fins médicinales. On ne peut que supposer que les habitants avaient à portée de main des plantes familières pouvant guérir une grande diversité de maux si on se fie aux données présentées dans le tableau 5-1. Les plantes listées auraient pu être importées mais également cultivées dans les potagers de la colonie.

5.2.5 Les ressources sauvages à Ferryland Nous avons vu à la section 5.2.2 que les sources historiques font rarement référence à la présence de végétaux sauvages dans l’alimentation anglaise du XVIIe siècle. Toutefois, les sources archéologiques, quoique peu nombreuses, signalent la présence de petits fruits 273- ׃ sauvages dans des contextes anglais datés de cette époque (par exemple Moffet 1992 This relates to what » : (1 ׃ Comme le font si bien remarquer Hather et Mason (2002 .(281 is now generally accepted, but little explored, understanding that while ‘agriculturalists’ by definition use cultivated, and sometimes domesticated , most continue to use wild plants, and that a ‘gathering’ relationship has persisted in some form or another in all societies until comparatively recently ».

164

Tableau 5-1 Plantes cultivées ou importées trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633]) Malaldies traitées

Taxons Difficultés respiratoires Dysentrie Ecchymoses Empoisonnement Épilepsie Fièvre Hemmoroïdes des internes organes Inflammation des yeux Inflammation Jaunisse peste) contagieuses (Ex.: Maladies zona) impetigo, de peau Maladies (Ex.: Maux de dents, gorge; maladies buccales venimeux d'animaux Morsures/piqûres Plaies et blessures Problèmes cardiaques digestifs (estomac) Problèmes Problèmes intestinaux (Ex.:vers) vessie) (reins, urinaires Problèmes menstruelles douleurs Saignements, Scorbut Ulcères Atriplex patula L. X X Avena sp. X Brassica nigra (L.) W.D.J. Koch X X X Centaurea spp. X Ficus carica L. Prunus domestica L. Rosmarinus officinalis L. X Triticum sp. X X Vitis vinifera L. X X X

Il apparaît évident, d’après les macro-restes végétaux identifiés dans les échantillons analysés, que les ressources sauvages faisaient partie intégrante de l’alimentation des habitants de Ferryland. Cela n’a rien d’étonnant considérant qu’en Angleterre à cette époque on faisait de même. Toutefois, les ressources que leur offre la nature terre- neuvienne ne sont pas les mêmes que celles connues dans leur pays d’origine. Considérant la reluctance naturelle des êtres humains à modifier leur alimentation traditionnelle (voir section 5.1.1), on peut se demander ce que signifie la consommation de ces ressources sauvages.

Le tableau 5-2 présente les taxons identifiés dans les échantillons de sédiment prélevés à Ferryland qui peuvent été qualifiés de plantes comestibles sauvages. Ce sont l’amélanchier

165

(Amelanchier sp.), l’arroche étalée, le chénopode blanc, le quatre-temps (Cornus canadensis L.), l’aubépine (Crataegus sp.), le fraisier, le thé des bois (Gaultheria procumbens L.), le cerisier de Pennsylvanie, la ronce acaule (Rubus articus L.), le chicouté (Rubus chamaemorus L.), le framboisier, la ronce pubescente (Rubus pubescens Raf.), la petite oseille, la patience crépue, le pissenlit, le bleuet, la canneberge à gros fruits (Vaccinium macrocarpon Aiton), la canneberge commune (Vaccinium oxycoccus L.), la viorne comestible (Viburnum edule (Michx.) Raf.) et la violette (Viola spp. et Viola nephrophylla Greene). Par ailleurs, la camarine noire et le sorbier d’Amérique (Sorbus americana Marshall), bien qu’ils ne soient pas mentionnés dans les sources historiques consultées (Downie et Hamilton 1980; Erichsen-Brown 1979; Gerarde et Johnson 1975 [1633]; Pope 1993), possèdent des fruits comestibles. Comme des graines de ces fruits ont été retrouvées dans les latrines, ce qui suggère qu’ils ont été consommés, nous les inclurons dans la présente discussion. En outre, rappelons que l’arroche étalée, le chénopode blanc et le pissenlit ont été jugés possiblement intrusifs (section 4.2).

Tableau 5-2 Répartition des plantes comestibles sauvages identifiées à Ferryland selon la partie consommée et l’origine de la plante

Partie consommée Indigène Introduit

Origine Fruit Amelanchier sp. Cornus canadensis L. Crataegus sp. Empetrum nigrum L. (?) Fragaria virginiana Mill. Gaultheria procumbens L. Prunus pensylvanica L. Rubus articus L. Rubus chamaemorus L. Rubus idaeus L. Rubus pubescens Raf. Sorbus americana Marshall (?) Vaccinium angustifolium Aiton Vaccinium macrocarpon Aiton Vaccinium oxycoccus L. Viburnum edule (Michx.) Raf.) Feuillage Viola nephrophylla Greene Atriplex patula L. (?) Chenopodium album L. (?) Rumex acetosella L. Rumex crispus L. Taraxacum sp. (?)

166

5.2.5.1 Les légumes feuilles Bien que tous les macro-restes identifiés soient des graines, il semble plus probable, selon les sources historiques, que certains végétaux aient été consommés pour leur feuillage plutôt que pour leur fruit (tableau 5-2). Les feuilles de ces plantes étaient habituellement mangées en salades ou bouillies. On remarque qu’à l’exception de la violette, toutes les plantes dont le feuillage était comestible sont des espèces introduites à Terre-Neuve poussant habituellement dans les milieux perturbés. Il est à se demander si, à l’époque, ces plantes étaient effectivement sauvages. Ont-elles été introduites comme plantes potagères et se sont naturalisées par la suite ou ces plantes, communes dans les lieux fréquentés par l’Homme, ont-elles suivi les êtres humains accidentellement? Il est impossible de statuer sur cett/e question à partir des données archéobotaniques.

Parallèlement, mêmes s’ils pouvaient retrouver des plantes familières dans leur environnement immédiat, cela ne signifie pas que les colons ne connaissaient ni n’exploitaient la nature plus « sauvage ». Dans le cas des violettes, il n’est pas clair si elles ont effectivement été consommées comme aliment, car on retrouve moins de graines dans les latrines (2,67 m-r/L) que dans les remblais des quais (10,13 m-r/L). Toutefois, si c’est le cas, cela indique un intérêt pour les plantes indigènes comme l’indique cette citation de John Smith, présent en Virginie en 1612: « Many herbes in the spring time there are commonly dispersed throughout the woods, good for broths and sallets, as Violets, Purslin, Sorrell & c, Besides many we used whose names we know not » (cité dans Erichsen-Brown .(329 ׃ 1979

5.2.5.2 Les petits fruits Les fruits sauvages comestibles identifiés dans les échantillons de sédiments prélevés sur le site de Ferryland indiquent clairement la consommation d’une grande variété de fruits sauvages d’origine indigène. Le tableau 5-3 indique à quoi pourrait correspondre la quantité de macro-restes végétaux identifiés en termes de nombre de fruits. Cette donnée nous semble plus révélatrice de la réalité puisque chaque fruit possède un nombre différent de graines. De plus, il s’agit uniquement de fruits de petite taille (moins de deux centimètres) de sorte qu’ils s’équivalent plus ou moins en termes de portions consommées. Toutefois, il faut garder à l’esprit que le sédiment des latrines (là où furent retrouvés la majorité des

167

Tableau 5-3 Estimation du nombre de fruits représentés dans les échantillons de Ferryland

Taxons Nombre de graines par Nombre de macro- Nombre de fruits fruit en moyenne restes identifiés estimés Amelanchier sp. 8 1 1 Cornus canadensis L. 1 12 12 Crataegus sp. 3 1 1 Empetrum nigrum L. 8 21 3 Fragaria virginiana Mill. 100 502 6 Gaultheria procumbens L. 35 8 1 Prunus pensylvanica L. 1 9 9 Rubus articus L. n.d. 18 n.d. Rubus chamaemorus L. 11 5 1 Rubus idaeus L. 25 3467 139 Rubus pubescens Raf. n.d. 14 n.d. Sorbus americana Marshall n.d. 22 n.d. Vaccinium angustifolium 60 1831 31 Aiton Vaccinium macrocarpon 12 55 5 Aiton Vaccinium oxycoccus L. 11 34 3 Viburnum edule (Michx.) 1 15 15 Raf.) n.d. : non disponible

restes de petits fruits), contient les restes d’aliments ingérés par plusieurs individus. De plus, son contenu a probablement été mélangé, notamment en raison de la présence du drain. Il est par ailleurs difficile de savoir sur combien d’années le sédiment contenu dans la couche E116 s’est accumulé. Pour toutes ces raisons, les hypothèses basées sur l’identification de quelques centaines de fruits demeurent fragiles.

Contrairement aux légumes feuilles dont la majorité est d’origine étrangère, les fruits sauvages comestibles sont pour leur part d’origine indigène. Il est intéressant de constater que les colons n’ont pas hésité, dès leur installation (car la couche E116 des latrines témoigne des années 1620), à expérimenter de nouvelles ressources sauvages et ce même si certaines d’entre elles auraient pu s’avérer nocives. Habituellement, on prend pour acquis que les Amérindiens ont transmis aux Européens leurs connaissances sur la flore locale. Mais, dans le cas présent, il est peu probable que les colons anglais aient bénéficié des savoirs autochtones (du moins pas directement), car il semble que ces deux groupes ne se fréquentaient pas après l’installation de la colonie permanente. Cependant, il ne faut pas oublier que, même si la colonie est nouvellement formée, ses habitants sont susceptibles

168 d’avoir fait l’expérience des étés terre-neuviens lors de voyages de pêche précédents. De plus, le comportement des animaux sauvages aurait pu guider les colons vers les fruits comestibles comme le suggère Wynne : « Many sorts of berries wholesome to eat and in measure most abundant, in so much as many sorts of birds and beasts are relieved with them in time of winter » (Wynne 17/08/1622). Quoi qu’il en soit, à un moment ou à un autre, les Européens se sont risqués à goûter aux petits fruits d’origine indigène.

Il faut cependant relativiser la nouveauté que présentaient ces aliments pour un Européen. En effet, même si botaniquement les espèces américaines sont différentes des espèces européennes, il n’en demeure pas moins que leurs fruits peuvent être très semblables aux yeux du cueilleur et qu’à l’époque des plantes d’apparence similaires étaient reconnues ,Par exemple, les framboises .(131 ׃ comme ayant des propriétés similaires (Crellin 2000 les fraises, les cerises et les sorbes ont toutes leurs équivalents en Angleterre et étaient vraisemblablement consommées si on se fie à des analyses archéobotaniques D’ailleurs les premiers .(273-280 ׃ Moffet 1992 ;203 ׃ contemporaines (Giorgi 1997 arrivants assimilaient les fruits qu’ils voyaient à des fruits qu’ils connaissaient comme en fait foi leur correspondance. Par exemple, lors d’une expédition à l’intérieur des terres en 1622, Nicolas Hoskins nota : « The wild fruit and berries are small pears, cherries, nuts, raspberries, strawberries, barberries, dewberries, whortleberries, with other, all good to eat » (Hoskins 18/08/1622). Quarante ans plus tard, le chirurgien James Yonge mentionna la présence de « strawberry, raspberries, whorts [blueberries], and wild grapes » (Yonge 1663). Ces témoins furent également étonnés par l’abondance de ces petits fruits et ils vantèrent toute la richesse de la flore terre-neuvienne tout en reconnaissant la présence d’une panoplie de végétaux inconnus, « which I cannot name, although I had learned Gerrard's Herbal by heart » pour citer Hoskins (18/08/1622) ou « would for variety and rariety compose another Herball » pour citer Mason (1620).

Il est surprenant d’observer l’absence de noix dans les assemblages de Ferryland. En effet, les noix sont souvent retrouvées par les archéobotanistes, car leurs coques sont parfois Si .(300 ׃ jetées dans les latrines (par exemple Fortin 1998a) ou dans les foyers (Ford 1979 les noix importées sont généralement considérées comme un signe de richesse (van il demeure étonnant qu’on ne retrouve aucune ,(139 ׃ Wijngaarden-Bakker et Pals 1981

169 trace de noix sauvage. Il existe en effet une espèce indigène à Terre-Neuve, le noisetier à long bec (Corylus cornuta Marshall), et en plus les sources historiques en font mention (Hoskins 18/08/1622). Cette évidence négative ne signifie pas pour autant que les habitants de Ferryland ne consommaient pas de noix. En effet, leur consommation aurait pu se faire de manière épisodique, dans les bois, au gré des déplacements – ce qui expliquerait que les coques soient absentes sur le site – et non pas dans le but d’amasser des réserves de cet aliment pourtant très énergétique.

Sur la base du nombre de fruits estimé (tableau 5-3), on remarque que les framboises et les bleuets dominent les assemblages. Il est intéressant de soulever le fait que ce sont deux fruits au goût sucré. Les fruits au goût plus fade ou acide, comme le cornouiller du Canada , ;301 ׃ la camarine noire, le sorbier d’Amerique ou la canneberge (Fernald et Kinsey 1958 .et 186), semblent pour leur part un peu plus négligés 87 ,74 ׃ Turner et Szczawinski 1979 De nos jours, on consomme surtout ces fruits en gelée ou en confiture, c’est-à-dire additionnés de sucre. Cependant, au XVIIe siècle, le sucre, en raison de sa rareté, n’était accessible qu’aux mieux nantis. Cela amène à se demander si les fruits sauvages retrouvés à Ferryland ont été consommés frais ou transformés. La grande variété de fruits retrouvés (16) semble suggérer une cueillette opportuniste plutôt qu’une cueillette destinée à amasser une grande quantité de fruits dans le but de les préserver pendant l’année. De plus, les latrines ne contenaient pas de grandes concentrations de gros noyaux qui auraient pu résulter d’un dénoyautage massif lors de la mise en conserve ou la préparation de breuvages alcoolisés.

On remarque en outre que les fruits sauvages représentés dans les échantillons de Ferryland proviennent habitats différents. Ainsi, lorsqu’on répartit les fruits comestibles identifiés selon leur habitat27, on remarque que certains d’entre eux se retrouvent exclusivement dans les tourbières, soit la ronce acaule, le chicouté et la canneberge à gros fruits28, alors que d’autres se retrouvent exclusivement dans la forêt, comme le thé des bois, le sorbier d’Amérique et la viorne comestible. Quelques uns, c’est-à-dire l’amélanchier, le bleuet et la

27 Nous avons exclu les habitats « bord de route » et « cours d’eau et plan d’eau » parce que ceux-ci ne sont pas spécifiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent traverser tous les autres habitats. 28 La camarine noire (Empetrum nigrum L.) se retrouve également dans les « barrens », un type d’habitat qui n’est pas représenté dans la figure 5-6.

170 canneberge commune, occupent ces deux habitats. Finalement, certains taxons se retrouvent dans plusieurs habitats. Il est cependant à remarquer que, si certains peuvent pousser dans les prairies, clairières et pâturages et les terrains perturbés, aucun n’est exclusif à ces types d’habitat. Finalement, on note que la plupart des taxons peuvent pousser dans la forêt (figure 5-4). Les habitants de Ferryland ont donc fréquenté et exploité au moins deux types d’environnement à la recherche de petits fruits.

En ce qui concerne la saison de maturation des fruits, on remarque que la majorité d’entre eux sont disponibles à la fin de l’été (août) et au début de l’automne (septembre) (tableau 5- 4). Seule la fraise fructifie plus tôt dans l’été. On sait que les habitants de Ferryland étaient très occupés pendant l’été et le début de l’automne en raison de leur économie qui était tournée vers la pêche à la morue. Parallèlement, l’étude zooarchéologique a démontré que les animaux sauvages devaient fort probablement être chassés durant l’hiver, dans le cas du caribou, et le printemps, dans le cas des phoques. On croit par ailleurs que la plupart des En ce qui .(135 ׃ animaux domestiques devaient être abattus à l’automne (Hodgetts 2006 concerne la cueillette toutefois, il est plus difficile d’intercaler cette activité dans le calendrier de la pêche, car l’époque de maturation des fruits sauvages coïncide avec cette période. Il apparaît donc peu probable que les habitants de Ferryland aient consacré beaucoup de temps à amasser des fruits pour une consommation future. Une exploitation au gré des déplacements apparaît encore une fois plus plausible. Toutefois, il est intéressant de remarquer que certains fruits demeurent disponibles pendant la saison froide. Ces fruits, qui se conservent naturellement par congélation, auraient pu être consommés par les colons hivernant à Terre-Neuve. Ce sont l’aubépine, la camarine noire, le thé des bois, la canneberge commune et la viorne comestible.

De nos jours, on reconnaît l’apport vitaminique essentiel des fruits et légumes. Toutefois, il s’agit d’un groupe d’aliments qui avait plutôt mauvaise réputation au XVIIe siècle si on se fie aux documents historiques (voir section 5.2.2). Par exemple, l’herbier de Gerarde indique au sujet de la fraise : « The nourifhment which they yeeld is little, thin, and waterifh, and if they happen to putrifie in the stomacke, their nourifhment is naught » et au sujet des sorbes : « if they yield any (998 ׃ [Gerarde et Johnson 1975 [1633)

Terrain perturbé

Prunus Empetrum nigrum L.

pensylvanica L. Rubus articus L. Rubus chamaemorus L. Vaccinium macrocarpon Aiton Cornus canadensis L. Crataegus sp. Rubus pubescens Raf. Amelanchier sp. Fragaria virginiana Mill. Rubus idaeus L. Vaccinium angustifolium Aiton Vaccinium oxycoccus L. Prairie, Tourbière clairière et pâturage Gaultheria procumbens L. Sorbus americana Marshall Viburnum edule (Michx.) Raf.

Forêt

Figure 5-6 Répartition des fruits sauvages comestibles identifiés à Ferryland selon leur habitat

171 172

Tableau 5-4 Disponibilité des petits fruits sauvages identifiés à Ferryland au fil des saisons

Taxons printemps été automne hiver Amelanchier sp. Cornus canadensis L. Crataegus sp. Empetrum nigrum L. Fragaria virginiana Mill. Gaultheria procumbens L. Prunus pensylvanica L. Rubus articus L. Rubus chamaemorus L. Rubus idaeus L. Rubus pubescens Raf. Sorbus americana Marshall Vaccinium angustifolium Aiton Vaccinium macrocarpon Aiton Vaccinium oxycoccus L. Viburnum edule (Michx.) Raf.

nourifhment at all, the fame is very little, groffe, and cold and therefore it is not expedient to eate of thefe or other-like fruits, nor to vse them otherwife than in medicines » (Gerarde .(1470-1471 ׃[et Johnson 1975 [1633

Parallèlement, les voyageurs rapportent l’abondance des fruits poussant à Terre-Neuve lesquels sont qualifiés de « very wholesome medicinable and delectable » (Wynne 17/08/1622). Les données archéobotaniques attestent pour leur part que les habitants de Ferryland ont consommé une grande variété de fruits sauvages, bien qu’il soit impossible de savoir s’ils le faisaient seulement par goût ou s’ils étaient conscients des bienfaits de ces aliments pour soulager ou guérir certaines maladies. Le témoignage de Whitbourne daté de 1620 tend cependant à faire un lien entre les deux : « And of these Berries and fruits the stores is there so great, that the Marineres of my Ship and Barkes company haue often gathered at once, more than halfe an hogshead would hold; of which diuers times eating their fill, I neuer heard of any man, whose health was thereby anyway impaired (Whitbourne 1620) ».

173

5.2.5.3 Les plantes médicinales Les gens de cette époque se soignaient beaucoup avec les plantes sauvages qu’ils pouvaient cueillir dans leur entourage. Parmi les plantes médicinales qui étaient offertes aux habitants de Ferryland, nous distinguerons celles qui leur étaient probablement connues de celles qui ne l’étaient pas. Les premières sont des plantes qui poussent à la fois en Amérique et en Europe ou qui ont été introduites en Amérique par les Européens (tableau 5-5). Les secondes sont des plantes indigènes qui étaient inconnues en Europe (tableau 5-6). On remarque d’abord que la liste des plantes médicinales disponibles autour de la colonie est beaucoup plus longue que celles de plantes importées ou cultivées (tableau 5-1) et que les maux qu’elles soignent sont beaucoup plus diversifiés. Par ailleurs, beaucoup de ces plantes sauvages étaient probablement déjà connues des colons comme l’illustre le tableau 5-5. De même, certaines des plantes indigènes listées dans le tableau 5-6 (fraise, sorbe, prune) avaient des équivalents connus en Europe ou commençaient à être connues des médecins. On notera également que, parmi les restes végétaux identifiés à Ferryland, seules les plantes sauvages possèdent des propriétés antiscorbustiques comme l’a rapporté le chirurgien James Yonge : « A disease [scurvy] not curable by all the medicines which can be carried there, but easily by a few vegitives of the country » (Yonge 1663).

Le scorbut est une maladie causée par une déficience en vitamine C qui était particulièrement fréquente chez les marins et chez les hivernants de cette époque dont l’alimentation était dépourvue de produits frais. Par exemple, on sait que huit hommes sont morts du scorbut à Cupids lors de l’hiver 1612-13 et que neuf ou dix autres ont succombé à cette maladie à Ferryland lors de l’hiver 1628-29, bien qu’on rapporte également que Parmi les plantes les plus .(128 ׃ certains habitants de Ferryland y ont survécu (Crellin 2000 reconnues pour combattre le scorbut, on note le cranson arctique, dont le nom anglais, scurvy grass, est plus évocateur. Quelques graines de cette plante ont d’ailleurs été retrouvées sur un site baleinier hollandais en Norvège datant du XVIIe siècle (van Aucun reste de cette plante ne fut cependant .(145-146 ׃ Wijngaarden-Bakker et Pals 1981 identifié à Ferryland et il semble en effet que cette plante était difficile à trouver à Terre- Neuve. Le peu de plantes traditionnellement connues en Europe pour combattre le scorbut ׃ aurait pu pousser les Terre-Neuviens à faire leurs propres expérimentations (Crellin 2000 130).

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Tableau 5-5 Plantes sauvages possiblement connues des Européens (introduites ou circumboréales) trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633]) Maladies traitées

Taxons Difficultés respiratoires Dysentrie Ecchymoses Empoisonnement Épilepsie Fièvre Hemmoroïdes des internes organes Inflammation des yeux Inflammation Jaunisse peste) contagieuses (Ex.: Maladies zona) impetigo, de peau Maladies (Ex.: Maux de dents, gorge; maladies buccales venimeux d'animaux Morsures/piqûres Plaies et blessures Problèmes cardiaques digestifs (estomac) Problèmes Problèmes intestinaux (Ex.:vers) vessie) (reins, urinaires Problèmes menstruelles douleurs Saignements, Scorbut Ulcères Alnus sp. X X X X Carum carvi L. X X Crataegus sp. X Equisetum spp. X X X X Fallopia convolvulus (L.) Á. Löve X X X X Hieracium sp. X X X X Juniperus sp. X X X X X X X X X X Persicaria cf. hydropiper (L.) Opiz X X X X Persicaria maculosa S.F. Gray X Picea spp. X Potamogeton pusillus L. X Potentilla spp. X X X X X X X X X Rumex acetosella L. X X Rumex crispus L. X Silene vulgaris (Moench) Garcke X Stellaria spp. X X Taraxacum sp. X X X Viola spp. X X X X X X

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Tableau 5-6 Plantes sauvages possiblement inconnues des Européens (indigènes) trouvées à Ferryland et leurs propriétés médicinales selon Gerarde et Johnson (1975 [1633]) Maladies traitées

Taxons Difficultés respiratoires Dysentrie Ecchymoses Empoisonnement Épilepsie Fièvre Hemmoroïdes des internes organes Inflammation des yeux Inflammation Jaunisse peste) contagieuses (Ex.: Maladies zona) impetigo, de peau Maladies (Ex.: de maladies de dents, gorge; Maux buccales venimeux d'animaux Morsures/piqûres Plaies et blessures Problèmes cardiaques digestifs (estomac) Problèmes Problèmes intestinaux (Ex.:vers) vessie) (reins, urinaires Problèmes menstruelles douleurs Saignements, Scorbut Ulcères Abies balsamea (L.) Mill. X Fragaria virginiana Mill. X Gaultheria procumbens L. X Larix laricina (DuRoi) K.Koch X X X X X X X X X Prunella vulgaris L. Prunus pensylvanica L. X Rubus cf. idaeus L. X Sorbus americana Marshall

Viburnum edule (Michx.) Raf. X X

Finalement, on peut également supposer que la consommation de fruits et de légumes frais, riches en vitamine C, a pu contribuer à diminuer l’incidence du scorbut parmi les résidents. Les écrits ne font pas spécifiquement référence aux petits fruits sauvages comme étant antiscorbutiques bien que ceux-ci soient particulièrement riches en vitamine C. Par exemple, 100 g de fraises contient environ 57 mg d’acide ascorbique, 100 g de framboises en contient 25 mg, 100 g de canneberges en contient 14 mg et 100 g de bleuets en contient 13 mg. À titre comparatif, mentionnons que 100 g de figues, de prunes ou de raisins séchés ne contient que 2 à 3 mg d’acide ascorbique (Brault Dubuc et Caron Lahaie 1998).

176

5.2.6 Ferryland et les autres colonies

5.2.6.1 Comparaison intra-site Les résultats obtenus lors de la présente analyse archéobotanique sont cohérents avec ceux obtenus lors d’analyses précédentes à Ferryland en ce qui concerne l’alimentation. Par exemple, la présence de pépins de raisins dans des foyers amérindiens datant de la période pré coloniale (Walsh 2000) semble indiquer non seulement que les Béothuks ont participé à des échanges avec les marins européens avant l’établissement de la colonie permanente en 1621, mais aussi que les raisins secs faisaient depuis longtemps partie des denrées consommées sur les bateaux de pêche.

L’abondance de pois carbonisés retrouvés dans l’étable (Donnely et Gibbs 1994) semble indiquer que ceux-ci étaient utilisés pour l’alimentation animale, ce qui n’exclut évidemment pas une utilisation parallèle pour l’alimentation humaine. Comme seuls des pois furent retrouvés dans ce contexte, nous ne pouvons utiliser les mauvaises herbes culturales pour spécifier les modalités de culture. En outre, comme l’étable a probablement été incendiée lors de l’attaque hollandaise de 1673, laquelle a eu lieu le 4 septembre (Lovelace 29/03/1675), ou l’attaque française de 1696, laquelle a eu lieu le 1er août (Holman 17/09/1696), il n’est pas possible de déterminer, en se basant sur la saison où le sinistre a eu lieu, s’il s’agit de denrées importées ou cultivées sur place et engrangées à l’automne. L’alimentation animale est un thème qui n’a pas été abordé dans le présent mémoire malgré le fait que certains taxons (aulne, avoine, pois et renouée) auraient pu être utilisés comme tel selon les sources historiques (Gerarde et Johnson 1975 [1633]). En effet, les contextes dans lesquels ils furent retrouvés ne permettent pas de favoriser cette fonction par rapport aux autres. Toutefois, les macro-restes identifiés dans l’étable, l’absence de graines de trèfle ou de navet dans les échantillons observés ainsi que les sources historiques29 tendent à suggérer que les bêtes étaient encore nourries de manière peu efficace avec du foin et des légumineuses (voir section 5.2.2.1).

29 Une lettre de Wynne mentionne: « It flourished lately with many cocks of good hay, and now it is made up for a winter feeding » (Wynne 17/08/1622).

177

Les macro-restes identifiés dans les latrines lors d’analyses archéobotaniques précédentes (Lewis 2007; Phillips et McGregor s.d.; Stokes et Barnes 1999) permettent d’élargir le spectre des espèces consommées à Ferryland puisque seule la couche E116 a été analysée dans la présente étude. Aux fruits comestibles déjà identifiés s’ajoutent ceux de la viorne cassinoïde (Viburnum nudum L. var. cassinoides (L.)Torr. & Gray), de la viorne trilobée (Viburnum opulus L.), du gaylussaccia touffu (Gaylussacia dumosa (Andrews) Torr. & Gray), de l’aronie (Photinia sp.), du cerisier de Virginie (Prunus virginiana L.) et du pommier nain (Malus pumila L.). Tous, sauf le dernier, sont des fruits sauvages indigènes, ce qui vient confirmer la tendance déjà observée dans notre assemblage. La présence de pépins de pomme, quant à elle, pourrait renforcer la possibilité qu’on ait cultivé des vergers à Ferryland tel que discuté dans la section 5.2.4.2.1.

Les latrines ont également livré une grande variété de plantes qui, selon les auteurs de ces analyses archéobotaniques, auraient été cultivées à Ferryland. Parmi celles-ci on note une diversité intéressante de fines herbes telles l’aneth, la coriandre, le fenouil, la moutarde sauvage et le basilic. S’ajoute également le lin qui n’avait pas été recensé dans la présente analyse. On mentionne également la culture possible de la pomme de terre et du pourpier potager, ce dernier à des fins médicinales.

Par ailleurs, on interprète la présence de l’alysson à calices persistants (Alyssum alyssoides (L.) L.), de l’herbe à chats (Nepeta cataria L.) et de la rose (Rosa sp.) comme des indices indiquant probablement la culture de plantes ornementales à Ferryland. Cette pratique n’a pas attestée clairement dans l’assemblage que nous avons analysé quoique, selon l’herbier de Gerarde et Johnson (1975 [1633]), certaines des plantes que nous identifiées (Betulacée, populage des marais [Caltha palustris L.] et romarin) aient été appréciées au XVIIe siècle pour leurs qualités esthétiques. Encore une fois, l’analyse du contenu des assemblages archéobotaniques et archéologiques ne permet pas de déterminer si, à Ferryland, ces plantes ont effectivement été cueillies, voire même cultivées, en tant que plantes ornementales.

Finalement, d’autres plantes qualifiées de mauvaises herbes viennent s’ajouter aux nombreux taxons déjà listés dans le présent mémoire. Il s’agit de l’osmorhize de Bertero (Osmorhiza berteroi DC.), du chardon des champs (Cirsium arvense (L.) Scop.), de la glycérie (Glyceria sp.), de la renouée à noeuds ciliés (Fallopia cilinode (Michx.) Holub),

178 du gaillet (Galium sp.), de la comandre en ombrelle (Comandra umbellata (L.) Nutt.), de la krigie à deux fleurs (cf. Krigia biflora (Walt.) Blake), de la renouée poivre-d’eau (Persicaria cf. hydropiper (L.) Opiz), de l’actée (Actea sp.), du vulpin des prés (Alopecurus pratensis L.) et de la renouée amphibie (Persica amphibia (L.) S.F. Gray).

L’incorporation des données issues d’analyses archéobotaniques précédentes à la présente analyse illustre bien l’importance de multiplier la cueillette d’échantillons sur un site archéologique. Une pluralité de contextes documente différents aspects des pratiques alimentaires et plus généralement de l’utilisation des végétaux. Par ailleurs, dans les latrines, des différences stratigraphiques (verticales) et spatiales (horizontales) semblent se profiler, bien qu’il n’est pas exclu que les différences observées soient dues à la taille de l’échantillon prélevé ou à des différences d’identification entre les analystes.

5.2.6.2 Comparaison inter-site L’analyse des macro-restes végétaux récupérés sur le site archéologique de Ferryland a permis d’émettre plusieurs hypothèses quant aux pratiques alimentaires des occupants du site tout au long du XVIIe siècle. Une mise en perspective des pratiques terres-neuviennes par rapport à celles observées ailleurs en Amérique du Nord coloniale permet d’illustrer à quel point les pratiques alimentaires observées sont intimement liées à l’économie propre à ce site.

5.2.6.2.1 Potentiel agricole et main d’œuvre agricole Tel que démontré précédemment, les données archéobotaniques ne permettent pas d’attester avec certitude qu’on pratiquait la culture de végétaux à Ferryland. En effet, une grande partie des plantes identifiées comme cultigènes potentiels (avoine, moutarde noire, carvi commun, pois, romarin et blé) auraient également pu être importées facilement. Les légumes feuilles pour leur part (valériane dentée, petite oseille et patience crépue) sont à la fois des cultigènes et des plantes sauvages. Les données historiques semblent quant à elles attester une pratique limitée de l’agriculture, laquelle serait surtout confinée à la culture de légumes frais destinés à une consommation locale.

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D’ailleurs, l’entretien d’un potager familial, et souvent d’un verger, semble une pratique courante à cette époque tant en Europe que dans les colonies. Contrairement à Ferryland, cette pratique a pu être attestée de différentes manières sur de nombreux sites coloniaux. Par exemple, la présence de graines de concombre, de melon d’eau et de citrouille dans les latrines de la maison Aubert-de-la-Chesnaye à Québec (datées des XVIIe et XVIIIe siècles) témoigne certainement de la culture de ces légumes-fruits à proximité puisqu’il est difficile de les conserver sur de longues périodes de temps (Fortin 1998a). Par ailleurs, la grande concentration de noyaux de pêches, de cerises et de pommes ou poires observée dans certaines latrines, comme c’est le cas sur le site de Cross Street Back Lot à Boston, tend à suggérer le traitement de fruits récoltés massivement dans des vergers situés à proximité Au contraire, la présence de grains de céréales et de légumineuses .(67 ׃ Dudek et al. 1998) sur un site ne signifie pas forcément, selon nous, que ces aliments ont été cultivés sur place car ces denrées s’importent facilement. Toutefois, la présence de grains de pollen est plus susceptible de détecter la présence de cultigènes sur place comme ce fut le cas pour le site de Queen Anne Square à Newport au Rhode Island (Reinhard et al. 1986) et de Renews à Terre-Neuve où des grains de pollen de seigle auraient été identifiés (Kelso 1995).

Au-delà des cultigènes potentiels, les études archéobotaniques nord-américaines réussissent rarement à cerner quelle place occupait la culture des végétaux et quelles étaient les modalités de culture. Toutefois, des études menées dans le sud-est des États-Unis permettent de cerner certains facteurs qui pourraient influencer la pratique de l’agriculture en contexte colonial. En effet, cela pourrait être lié à la fois aux limites environnementales et à la disponibilité de la main d’œuvre agricole. Le désir de reproduire les pratiques agricoles européennes semble présent dans toutes les nouvelles colonies. Cependant, les conditions locales ne sont pas toujours propices à la culture des espèces traditionnelles. Devant ce constat, différentes stratégies d’adaptation ont été adoptées. Par exemple, en Georgie et en Floride, devant des conditions environnementales non favorables, les Espagnols se sont tournés vers les cultigènes indigènes (maïs, courges) parfaitement adaptés à cet environnement. De plus, ils ont pu profiter de l’expertise et de la force de .(80 ׃ travail des Autochtones pour cultiver ces produits (Reitz et Scarry 1985

180

À Terre-Neuve, on le sait, la saison de croissance des végétaux est courte. Les sols, rocailleux et acides, demandent beaucoup de travail pour être cultivés avec succès. En outre, non seulement les contacts avec les Autochtones semblent ténus après l’installation de la colonie permanente, mais en plus les Béothuks étaient peu nombreux et avaient un mode de vie de chasseurs-cueilleurs. Quant à la main-d’œuvre européenne, il semble qu’elle était beaucoup plus intéressée par la pêche, qui offrait des salaires plus élevés, que par le travail agricole. Finalement, le calendrier agricole était en compétition avec celui de la pêche, ce qui pourrait également expliquer pourquoi la culture des végétaux semble limitée à la culture de produits frais pour subvenir aux besoins locaux. Une situation semblable est également évoquée pour d’autres sites de pêcheurs dans les Maritimes, à Là aussi, il .(4 ׃ Louisbourg par exemple (Cap Breton, Nouvelle-Écosse) (Donovan 1990 fut impossible d’attester la présence de potagers à l’aide des données archéobotaniques recueillies à ce jour (Deutsch et Tucker 1995).

5.2.6.2.2 Le rôle des réseaux d’échanges Il semble très probable, bien qu’il soit impossible de l’affirmer avec certitude, que les aliments consommés à Ferryland aient été majoritairement importés d’Angleterre plutôt que cultivés dans la colonie. Évidemment, toutes les colonies entretenaient des liens commerciaux avec le continent européen et parfois avec d’autres colonies. Leur degré de dépendance envers les denrées importées variait toutefois selon divers facteurs.

Les liens avec les pays ayant un climat différent de celui de la colonie considérée sont plus faciles à identifier dans un assemblage archéobotanique grâce à la présence d’aliments exotiques, lesquels sont souvent considérés comme des produits de luxe. Par exemple, mentionnons la présence de noix et d’épices dans les latrines de la maison Aubert-de-la- Chesnaye à Québec (Fortin 1998a) ou de noyaux d’olives dans celles du Cross Street Back À Ferryland, il est frappant de remarquer .(68 ׃ Lot Site à Boston (Dudek et al. 1998 l’absence de restes végétaux traduisant un pouvoir d’achat élevé et ce malgré la richesse de la culture matérielle sur le site, particulièrement en lien avec le manoir des Kirke. Les seuls aliments qui semblent avoir été cultivés ailleurs qu’en Angleterre sont les figues, les prunes et les raisins. Cependant, la plupart des sites contemporains ont révélé, comme à Ferryland, la présence de ces fruits (Dudek et al. 1998; Fortin 1989, 1998a; van Wijngaarden-Bakker

181 et Pals 1981). Cela semble indiquer qu’il s’agissait de denrées relativement courantes et que leur présence à Ferryland ne traduit pas forcément ses liens privilégiés avec le monde méditerranéen. D’ailleurs, la consommation de figues est couramment attestée en Angleterre depuis le Moyen-Âge. La majorité de ces figues étaient importées, bien que ce ;203 ׃ fruit ait pu être cultivé dans certains endroits abrités en Angleterre (Giorgi 1997 .(276 ׃ Moffet 1992 ;273 ׃ Greig 1981

Les denrées possiblement importées à Ferryland sont plutôt des aliments de tous les jours. Le blé, l’avoine et les pois sont la base de l’alimentation alors que et les assaisonnements tels la moutarde, le romarin et le carvi contribuent à leur donner un goût typiquement anglais. En fait, la diète végétale des habitants de Ferryland n’apparaît pas très différente de celle de leurs contemporains en Angleterre. Cela pourrait être en partie lié au fait que Ferryland était avant tout un lieu de travail pour la plupart de ses habitants. En effet, la population de serviteurs était extrêmement mobile. À cet égard, Ferryland présente beaucoup de points en commun avec le site de Smeerenburg en Norvège, lequel était un site de chasse à la baleine. Comme ce site était situé trop au nord pour qu’on ait pu y pratiquer l’agriculture, la majorité des restes végétaux retrouvés (incluant les mauvaises herbes) sont considérés comme ayant été importés des Pays-Bas (van Wijngaarden-Bakker et Pals Parmi les denrées retrouvées on note des céréales, des légumineuses et des .(134 ׃ 1981 Même si Ferryland était .(137-139 ׃ fruits séchés (van Wijngaarden-Bakker et Pals 1981 une colonie permanente, elle a accueilli pendant et avant le XVIIe siècle une forte population migratoire, laquelle était habituée à être presque complètement autarcique en ce qui avait trait à la nourriture.

Outre les limites liées à l’environnement et à la main d’œuvre signalées plus haut, on peut émettre l’hypothèse que la facilité d’approvisionnement dont jouissaient les habitants de Ferryland (via les sack ships) a favorisé l’importation de nourriture. Cela n’était pas le cas pour toutes les colonies. Par exemple, dans les établissements espagnols du sud-est des États-Unis, l’approvisionnement était irrégulier. Ces colonies se virent donc obligées de pourvoir elles mêmes à leurs besoins en nourriture car elles ne pouvaient compter sur un approvisionnement extérieur fiable. C’est pour cette raison qu’elles développèrent .(92 ׃ l’agriculture et des échanges avec les populations autochtones (Reitz et Scarry 1985

182

Pareillement, les Français du site de Old Mobile en Louisiane, devant la non fiabilité des réseaux commerciaux avec la mère-patrie, trouvèrent qu’il était plus facile d’obtenir du ׃ maïs cultivé par les Amérindiens en échange de biens manufacturés (Gremillion 2002 126).

5.2.6.2.3 Le rapport aux ressources sauvages Toutes les analyses archéobotaniques en milieu colonial ont révélé la consommation de ressources sauvages d’origine indigène. À cet égard, Ferryland ne fait pas exception. Beaucoup de chercheurs voient cependant cette pratique comme le résultat de contacts avec Ce qui est particulièrement intéressant .(124 ׃ les populations autochtones (Gremillion 2002 avec le site de Ferryland, c’est qu’il semble peu probable que les Béothuks aient eu un rôle important à jouer dans l’apprentissage que les Européens ont fait de la flore terre- neuvienne. Tout au plus, on peut imaginer que les habitants de Ferryland aient eu accès à des informations de seconde main sur les savoirs autochtones de la part de certains de leurs compatriotes ayant été en contact avec les Amérindiens. Malgré cela, l’assemblage archéobotanique a révélé la consommation de nombreux fruits sauvages d’origine indigène. Nous avons émis l’hypothèse que les fruits sélectionnés par les colons ont été jugés comestibles sur la base de ressemblances visuelles avec des fruits consommés en Angleterre. Dans les colonies où les contacts avec les Autochtones étaient plus importants, on constate que les savoirs empruntés à ceux-ci concernaient surtout la manière de cultiver les cultigènes américains et les usages médicinaux des plantes sauvages locales. Même dans les cas où on adoptait les cultigènes d’une autre culture, on remarque que « none of the food the colonists ate were completely foreign to their European dietary expectations – S’inspirer des pratiques .(14 ׃ i.e., they were familiar types of food » (Janowitz 1993 autochtones n’exclut pas pour autant une certaine initiative de la part des colons qui ont certes exploré et expérimenté par eux-mêmes leur nouvel environnement. C’est d’ailleurs les relations que les habitants de Ferryland entretenaient avec les différents habitats présents aux environs de la colonie que nous explorerons dans la prochaine section.

183

5.3 L’environnement

5.3.1 Les tourbières Les sources historiques relatives à la colonie de Ferryland font rarement mention des tourbières. La seule fois où il en est question, c’est dans le journal de l’abbé Beaudoin, lequel accompagne les troupes françaises qui se rendent à Ferryland à travers les bois pour y perpétrer une attaque : « We trooped through a moist country, covered with moss, in which one could sink up to the middle of one's leg, often slipping on the ice, the weather being already very cold, especiallly in the mornings. We have walked nine days, sometimes in woods so thick that you could hardly get through, sometimes in a mossy country by rivers and lakes, often enough up to your belt in water (Beaudoin 1696) ». Ce passage, ajouté au fait que les habitants de la colonie n’en font jamais mention dans leur correspondance, semble suggérer qu’il n’y avait pas de tourbières à proximité de la colonie ou que cet habitat ne contenait pas de ressources essentielles.

Toutefois, les macro-restes végétaux retrouvés dans les échantillons provenant de Ferryland indiquent clairement l’exploitation de ce milieu. En effet, 41% des taxons identifiés auraient pu pousser dans les tourbières, bien qu’on les retrouve également dans d’autres types d’habitats. Certains taxons toutefois poussent de manière préférentielle dans les tourbières selon les flores consultées. Ce sont la camarine noire, la ronce acaule, le chicouté, la sphaigne et la canneberge à gros fruit. Puisque tous ces taxons, à l’exclusion de la sphaigne, portent des fruits comestibles, il semblerait que les colons aient fréquenté les tourbières pour y pratiquer la cueillette (voir section 5.2.5.2).

La présence de sphaigne dans les échantillons provenant des quais et des latrines est à prime abord plus nébuleuse. Comme la sphaigne est peu susceptible d’avoir poussé à cet endroit, on en conclut qu’elle y fut amenée volontairement. Il semblerait que la sphaigne a jadis été utilisée, en raison de ses propriétés absorbantes, pour l’hygiène, soit comme papier Toutefois, cette hypothèse .(281 ׃ de toilette ou comme serviette sanitaire (Greig 1981 n’explique pas la présence de sphaigne dans les remblais des quais, laquelle est d’ailleurs beaucoup plus marquée dans l’échantillon 15 (560 m-r/L) que dans les latrines (54 m-r/L)

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(figure 4-15). On sait également qu’à l’époque la mousse pouvait être récoltée afin de servir de matériau de rembourrage, de calfeutrage et d’empaquetage (Seaward 1976).

Une autre hypothèse qui pourrait expliquer l’omniprésence de la sphaigne dans tous les milieux où elle était susceptibles de se conserver (c’est-à-dire ceux gorgés d’eau) est qu’elle fut utilisée comme matériau de construction. En effet, il était commun à cette époque d’utiliser de la tourbe pour la toiture des habitations. D’ailleurs, on décrit ainsi les maisons des pêcheurs de Ferryland en 1663 : « The houses are made of a frythe of boughs, sealed inside with rinds, which look like planed deal, and covered with the same, and turfs of earth upon, to keep the sun from raning them. These are begun on the edge of the shore, and built out into the sea, a floor of round timber, supported with posts, and shores of great timber (Yonge 1663) ».

On croit qu’une des maisons fouillées sur un site terre-neuvien contemporain, à Renews, aurait été couverte de ce matériau, en raison de la présence de grosses pierres qui auraient été destinées à tenir la toiture en place. Toutefois, aucun reste de plante n’a pu être retrouvé Il apparaît donc plausible que la .(64 ׃ pour corroborer cette hypothèse (Mills 2000 sphaigne ait été utilisée comme matériau de construction pour les habitations ou pour de quelconques installations liées à la pêche. Après la destruction de celles-ci, les matériaux se seraient retrouvés dans le remblai des quais. Rappelons d’ailleurs que les échantillons des quais contenaient en plus beaucoup de morceaux de bois et d’écorce.

La sphaigne a également pu être utilisée comme combustible, mais dans ce cas il est difficile d’en retrouver les traces car ses feuilles se transforment alors en cendres. On pourrait toutefois s’attendre à ce que les graines d’autres d’espèces poussant dans le tapis de sphaignes aient pu être carbonisées. Or, dans l’échantillon provenant du foyer ce n’est pas le cas. Les macro-restes végétaux qui auraient pu provenir des tourbières sont tous des arbres (aulne, génévrier, mélèze laricin, épinette blanche et épinette noire) qui ont été identifiés grâce à des charbons de bois ou à leurs aiguilles. Ces arbres ne poussent pas exclusivement dans les tourbières car on les retrouve aussi dans la forêt et dans les prairies, clairières et pâturages. Il semble donc qu’ils aient été apportés volontairement comme bois de chauffage et non involontairement avec la sphaigne. Il n’y a donc aucune preuve à l’effet

185 que les tourbières près de Ferryland aient été exploitées pour d’autres raisons que pour la cueillette de fruits et la collecte de matériaux de construction.

5.3.2 La forêt Parmi les taxons identifiés dans les échantillons prélevés à Ferryland, 54% auraient pu pousser dans la forêt. On remarque d’abord que, parmi ceux-ci, la grande majorité sont des plantes indigènes (44%) plutôt que d’origine étrangère (17%) (les autres sont aujourd’hui absents à Terre-Neuve ou d’origine indéterminée). En outre, les aiguilles de sapin baumier, d’épinette noire et d’épinette blanche se sont avérées ubiquistes dans tous les échantillons et dominent largement en nombre dans tous les contextes analysés. Actuellement, ces espèces cohabitent dans la forêt terre-neuvienne avec le mélèze laricin (Larix laricina (DuRoi) K.Koch) et le bouleau à papier, quoique l’épinette blanche est également connue pour vivre solitairement dans les champs abandonnés (Bearns 1967). Des aiguilles de mélèze laricin sont présentes en quantité très négligeable malgré le fait que cet arbre perde ses aiguilles à chaque année. On peut penser que ces aiguilles seraient parvenues sur le site involontairement, avec des branches d’autres conifères ou avec de la tourbe de sphaigne, puisque le mélèze laricin occupe aussi les tourbières. Quant au bouleau à papier, une seule graine fut identifiée dans les latrines. Cela trahit sans doute la préservation différentielle qui dans ce cas ne joue pas en faveur des feuillus comme le bouleau. L’amélanchier et la viorne comestible sont quant à elles des plantes ligneuses connues pour occuper le sous étage des forêts (Farrar 1996). Plusieurs des plantes herbacées identifiées dans les échantillons auraient pu pousser dans la forêt, bien que seulement deux soient exclusives à ce type d’habitat, soit le thé des bois et la renoncule recourbée (Ranunculus cf. recurvatus Poir.). Rappelons d’ailleurs que beaucoup de plantes comestibles, comme le thé des bois, identifiées dans les échantillons de Ferryland sont connues pour pousser dans la forêt (voir section 5.2.5.2).

D’après ce qu’on peut en comprendre, la forêt que fréquentaient les habitants de Ferryland au XVIIe siècle diffère peu de celle qu’on retrouve de nos jours. En effet, les espèces identifiées correspondent à celles qui composent actuellement les forêts terre-neuviennes et le sapin baumier apparaît comme l’espèce la plus abondante. Par ailleurs, les descriptions

186 contenues dans les documents historiques relatifs à la colonie soulignent la densité de la forêt terre-neuvienne comme c’est le cas aujourd’hui. Par exemple, on écrit que : « The harbours are so far distant each from other and the ways so impassable through the woods, that its impossible for people to come to the church from any of the harbours » (Cruse 27/11/1667). On peut également lire: « We have walked nine days, sometimes in woods so thick that you could hardly get through (Beaudoin 1696) ». En outre, l’examen des charbons de bois prélevés indique que les conditions de croissance des arbres utilisés comme combustible étaient plutôt difficiles car ils présentaient de tout petits cernes de croissance (figure 4-17). Ces observations concordent avec ce qu’on peut observer actuellement, c’est-à-dire que les arbres sont rabougris et forment des peuplements très denses (figure 2-4c).

Si les aiguilles de conifères sont si abondantes sur le site ce n’est pas uniquement parce que ces arbres étaient abondants dans l’environnement, mais également parce qu’ils ont été abondamment exploités si on se fie aux évidences historiques et archéologiques. En effet, les arbres (tronc, branches, écorce) étaient utilisés par les habitants pour de nombreuses constructions comme les habitations et les équipements pour la pêche. À première vue, il semble que les planters utilisaient davantage des planches afin de construire des habitations solides et durables alors que les pêcheurs saisonniers utilisaient davantage les branches de conifère et l’écorce. Ainsi, Wynne écrit : « After Christmas, we employed ourselves in the woods, especially in hard weather, whence we got home as many board-stocks as afforded us above two hundred boards, and above two hundred timber trees besides. We got home as much or as many trees as served us to palizado into the plantation about four acres of ground (Wynne 28/07/1622) ».

D’ailleurs, les fouilles archéologiques de certaines habitations ont révélé une quantité très importante de clous ce qui laisse croire qu’elles étaient couvertes de planches ou de Younge décrit pour sa part les .(74 ,71 ׃ Nixon 1999 ;249 ׃ bardeaux (Crompton 2001 installations des pêcheurs :

In the snow and cold all the men go into the woods to cut timber, fir, spruce, and birch, being here plentiful. With this they build stages, flakes, cookroom, and houses. The houses are made of a frythe of boughs, sealed inside with rinds, which look like planed deal, and covered with the same, and turfs of earth

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upon, to keep the sun from raning them. These are begun on the edge of the shore, and built out into the sea, a floor of round timber, supported with posts, and shores of great timber.

(Yonge 1663)

Par ailleurs, les pêcheurs avaient coutume d’étendre des branchages de conifères sur les plages afin de laisser circuler l’air et ainsi faciliter le séchage du poisson. La composition des échantillons issus des remblais des quais (14, 15 et 16), notamment la quantité impressionnante d’aiguilles de conifères qu’ils contenaient, la présence de morceaux de bois et d’écorce ainsi que de feuilles de sphaigne, laisse suggérer qu’il pourrait s’agir des débris d’anciennes installations ou habitations utilisées par les pêcheurs.

Le bois était également abondamment utilisé par les habitants de Ferryland comme combustible. L’examen du contenu du foyer du manoir des Kirke, quoique cet événement demeure très épisodique, peut nous aider à cerner davantage les choix des habitants en ce qui a trait à l’exploitation des ressources forestières. Tout d’abord, si on compare la proportion d’aiguilles de sapin par rapport à celles d’épinette dans les différents contextes échantillonnés (figure 4-14), il est notable que le foyer est le contexte qui contient le plus d’aiguilles de sapin par rapport aux aiguilles d’épinette. Il semble donc que le sapin ait été une essence privilégiée pour chauffer l’habitation. Cette tendance est encore plus marquée lorsqu’on observe les résultats de l’analyse anthracologique. L’épinette apparaît alors comme une espèce très marginale (figure 4-16). En outre, puisque la courbure des cernes de croissance des charbons de sapin était généralement intermédiaire ou faible, on peut en déduire que le calibre des pièces était généralement grand. Il semble donc qu’on utilisait le tronc des sapins pour faire des bûches, bien qu’il apparaisse clairement que les branches étaient aussi utilisées. En effet, le foyer a révélé une grande quantité d’aiguilles carbonisées. De plus, certains charbons présentaient du bois de réaction (dont les cernes sont excentrés) ce qui indique qu’il s’agissait de branches. La faible présence de traces d’hyphes et d’insectes tend pour sa part à suggérer qu’on a très peu récolté du bois mort (tableau 4-3). On constate en outre que les essences privilégiées pour chauffer l’habitation ne sont pas spécialement celles qui sont les plus efficaces énergétiquement. Par exemple, une pièce de sapin baumier produit 75% fois moins d’énergie qu’une pièce de bouleau

188 jaune (Betula alleghaniensis Britton) de même calibre (Government of Newfoundland and Labrador 2008).

Il semble donc que la forêt était un milieu abondamment exploité par les habitants de Ferryland, tant par les planters que par les pêcheurs migratoires, pour se nourrir, se loger et se chauffer. Toutefois, il est difficile, à partir des données archéobotaniques recueillies pour la présente étude, de cerner l’évolution de l’effet des actions humaines sur la forêt durant le XVIIe siècle. En effet, nos données n’offrent pas la perspective chronologique nécessaire et traduisent d’avantage les choix des habitants du site qu’une image fidèle de l’évolution de la végétation qui l’entourait. Pour éclaircir ce point, une analyse pollinique est grandement suggérée.

Toutefois, les documents historiques révèlent que, dès la fondation de la colonie permanente en 1621, le piètre état dans lequel les pêcheurs saisonniers ont laissé les forêts avoisinantes inquiète Wynne (Winne 26/08/1621). À cet effet, on rapporte :

The woods along the coasts, are so spoiled by the fishermen, that it is great pity to behold them, and without redress, undoubtedly will be the ruin of this good land - for they wastefully bark, fell, and leave more wood behind them to rot, than they use about their stages, although they employ a world of wood upon them and by these, their abuses, do so encumber the woods everywhere near the shore, that it is not possible for any man to go a mile in a long hour.

(Powell 28/07/1622)

Apparemment, la situation ne s’améliora pas, car en 1667 on continua à se plaindre de l’effet dévastateur des pratiques des pêcheurs saisonniers :

Since not only the stores left there from year to year were wasted and embezzled by the inhabitants, but also the stages was broken down and burnt with vast quantities of timbers, trees, besides the ironwork converted to their own use, which hath occasioned so great a waste upon timber and trees fit for masts there and other necessaries useful for the fishing trade, that now in the choicest harbours the masters and companies of ships must go about four miles in the deep snow into the country, from the water side, for convenient timber for their stages and other necessaries.

(Cull 27/11/1667)

189

Ces extraits expriment bien la perception que les gens de l’époque avaient de la forêt. Les bois sauvages étaient alors considérés comme un endroit à domestiquer afin de le rendre habitable par l’Homme. En Angleterre, on estime qu’entre 1500 et 1700 le nombre d’arbres fut réduit de façon substantielle en raison des besoins en bois de construction et en combustible surtout pour l’industrie, que ce soit la métallurgie, l’industrie du sel ou la On constate, d’après les .(254-255 ׃ fabrication de verre et de céramique (Thomas 1985 sources historiques et archéobotaniques, que l’industrie de la pêche a pu avoir des effets semblables sur la forêt terre-neuvienne.

Parallèlement, il existait une conscience à l’effet qu’il fallait protéger cette ressource pour le futur. Ainsi, dans divers documents on réclamait des mesures, notamment l’interdiction de l’écorçage, afin d’assurer la pérennité des ressources forestières essentielles à l’industrie de la pêche. Ceci n’est pas étonnant puisqu’en Europe le droit forestier interdisait depuis le Moyen-Âge l’empiètement, le gaspillage (endommager les arbres) et l’essartage (déraciner .(264 ,260 ׃ les arbres) afin de protéger les arbres et les animaux sauvages (Thomas 1985 En Angleterre, le bois était rare et être au chaud pendant l’hiver était un privilège (Cronon Considérant la haute valeur accordée à cette ressource, on comprend mieux .(25 ,20 ׃ 1983 pourquoi certaines voix se sont élevées pour la protéger.

5.3.3 Les prairies, clairières et pâturages L’analyse archéobotanique a également permis d’identifier des plantes connues aujourd’hui pour pousser dans les prairies, clairières et pâturages puisque 51% des taxons ont pu être classés dans cette catégorie. Cependant, aucun n’est exclusif à ce type d’habitat. Il est toutefois difficile de déterminer dans quelle mesure ces espaces ouverts sont le résultat de l’activité humaine, par exemple par le biais du déboisement, de feux ou de l’introduction d’animaux d’élevage.

Parmi les taxons associés à ce type d’habitat, mentionnons la présence de plusieurs essences ligneuses, dont l’aulne, le bouleau à papier, l’aubépine, le genévrier et le cerisier de Pennsylvanie. Les deux premières auraient été utilisées comme bois de chauffage alors

190 que les autres auraient été appréciées pour leurs fruits comestibles si on en juge d’après les contextes dans lesquels ces macro-restes végétaux ont été retrouvés (foyer et latrines respectivement). Par ailleurs, plusieurs plantes herbacées sont connues pour occuper les prairies, clairières et pâturages et parmi elles certaines auraient pu être consommées pour leurs fruits comestibles (voir section 5.2.5.2). Aucun autre usage de cet habitat n’a pu être révélé grâce aux données archéobotaniques et ce type d’environnement n’est pas mentionné dans les sources historiques.

5.3.4 Les cours d’eau et plans d’eau Parmi les taxons identifiés, beaucoup (64%) se sont révélés être des plantes qu’on retrouve habituellement en association avec différents cours d’eau et plans d’eau. Certains poussent directement dans l’eau (marais et marécages par exemple) alors que d’autres préfèrent les rivages des rivières, des lacs ou de la mer. D’autres encore poussent dans les fossés et fourrés (tableau 5-7). Il est difficile de déceler des préférences particulières en raison de l’imprécision des flores consultées (par exemple : rivage) et du fait que la majorité des taxons occupent plusieurs types d’habitats.

Malgré cela, il est intéressant de remarquer que, parmi les macro-restes végétaux connus pour vivre près des cours d’eau et plans d’eau, peu apparaissent avoir poussé au sein de la colonie elle-même. En effet, actuellement il n’y a pas de rivière, de ruisseau, de lac ou de marais sur la presqu’île qu’occupait la colonie de Ferryland, les habitants s’approvisionnant en eau grâce à un puits (Colony of Avalon Foundation 2002d). Donc, parmi les macro- restes végétaux retrouvés, beaucoup auraient été apportés sur le site par ses habitants volontairement ou non.

En effet, malgré le fait que quatre des échantillons analysés (latrines et quais) aient été prélevés près du rivage et que l’analyse archéoentomologique ait révélé la présence les plantes susceptibles ,(212 ׃ d’insectes vivant sur les plages (Prévost et Bain 2007 d’avoir poussé sur le littoral sont rares dans les assemblages analysés et ne sont pas exclusives à ce milieu. Cela pourrait peut-être indiquer que les plages étaient alors dénudées comme c’est le cas de nos jours. Peut-être aussi que l’utilisation du galet pour faire sécher le poisson a pu empêcher la croissance de plantes sur le littoral.

Tableau 5-7 Répartition des taxons identifiés selon le type de cours d’eau ou plan d’eau avec lesquels ils sont normalement associés

Marais et marécages Rivages Fossés ou fourrés Abies balsamea (L.) Mill. Centaurea spp. Polygonum achoreum S.F. Blake Alnus sp. Alnus sp. Chenopodium album L. Rubus chamaemorus L. Betulaceae Amelanchier sp. Eleocharis palustris (L.) Roem. & Schult. Rubus idaeus L. Caltha palustris L. Caltha palustris L. Fallopia convolvulus (L.) Á. Löve Rumex acetosella L. Cyperaceae Carex gynandra Schwein. Fragaria virginiana Mill. Rumex crispus L. Equisetum spp. Cyperaceae Hieracium sp. Sibbaldiopsis tridentata (Solander) Rydb. Galeopsis tetrahit L. Eleocharis halophila Juniperus sp. Silene vulgaris (Moench) Garcke Persicaria lapathifolia (L.) S.F. Gray (Fernald & Brackett) Persicaria lapathifolia (L.) S.F. Gray Viola nephrophylla Greene Persicaria maculosa S.F. Gray Fernald et Brackett Persicaria maculosa S.F. Gray Persicaria pensylvanica (L.) M. Gómez de Eleocharis palustris (L.) …des rivières …des lacs et des étangs …de la mer la Maza Roem. & Schult. Alnus sp. Alnus sp. Alnus sp. Rumex crispus L. Equisetum spp. Amelanchier sp. Carex gynandra Schwein. Cyperaceae Stellaria graminea L. Galeopsis tetrahit L. Carex gynandra Schwein. Cyperaceae Eleocharis ovata (Roth) Roem. & Schult. Persicaria lapathifolia (L.) Crataegus sp. Eleocharis ovata (Roth) Roem. & Equisetum spp. S.F. Gray Cyperaceae Schult. Polygonum aviculare L. Polygonum achoreum S.F. Eleocharis ovata (Roth) Equisetum spp. Blake Roem. & Schult. Persicaria hydropiper (L.) Opiz Polygonum aviculare L. Equisetum spp. Persicaria pensylvanica (L.) M. Gómez Potamogeton pusillus L. Lapsana communis L. de la Maza Ranunculus recurvatus Persicaria hydropiper (L.) Potamogeton pusillus L. Poir. Opiz Rubus idaeus L. Persicaria pensylvanica (L.) M. Gómez de la Maza Picea glauca (Moench) E.G. Voss Potamogeton pusillus L. Prunella vulgaris L. Ranunculus recurvatus Poir. Rubus pubescens Raf. Sonchus asper (L.) Hill

191 192

Les sources historiques pour leur part indiquent au contraire la présence de végétation sur les plages de la colonie. Ainsi, Wynne écrit : « The roof over the hall I covered with deal boards and the rest with such thatch as I found growing here about the harbour, as sedge, flagg and rushes - a far better covering than boards, both for warmth and tightness » (Wynne 28/07/1622). Des plantes nommées par Wynne, seules les cypéracées étaient présentes dans les échantillons analysés. Cependant, jusqu’à maintenant aucun indice archéologique ou archéobotanique ne permet d’attester formellement l’utilisation de ces plantes sauvages riveraines en tant que chaume pour couvrir les bâtiments.

5.3.5 Les terrains perturbés par l’Homme Bien que 45% des taxons identifiés aient pu pousser sur des terrains perturbés par l’Homme, on constate qu’il s’agit de l’habitat le moins utilisé par les habitants de Ferryland. On y retrouve une dizaine de plantes qui, selon les sources de l’époque, auraient pu être consommées, à titre de légumes feuilles ou de fines herbes (voir sections 5.2.3.2.2 et 5.2.5.1). Par ailleurs, selon l’herbier de Gerarde les polygonacées auraient pu servir à l’alimentation animale (Gerarde et Johnson 1975 [1633]). Toutefois, on constate que la majorité des plantes identifiées n’ont pas d’utilisations (autres que médicinales, ce qui est le cas de la plupart des plantes identifiées) recensées à l’époque. Pour leur part, les documents historiques relatifs à la colonie de Ferryland ne font mention ni de la présence de ce type d’habitat, ni de son exploitation.

Par ailleurs, lorsqu’on regarde la répartition des taxons ayant possiblement occupé cet habitat, on constate que beaucoup des plantes identifiées sont d’origine étrangère. En effet, 53% d’entre elles sont d’origine étrangère alors que seulement 13% sont indigènes (les autres sont aujourd’hui absentes de Terre-Neuve ou d’origine indéterminée). À titre comparatif, rappelons que, lorsqu’on prend en considération tous les taxons identifiés, 25% sont introduit et 35% sont indigènes. C’est donc dire que la création de milieux perturbés engendrée par l’établissement de la colonie a surtout contribué à l’établissement de plantes d’origine euroasiatique. Le défrichement, le brassage des sols lors de la mise en place de différents aménagements (remplissage, creusements de fossés et de fondations), la création de potagers et l’introduction d’animaux d’élevage sont toutes des activités qui auraient pu

193 perturber la végétation originelle. Par exemple, la renouée des oiseaux pousse facilement dans les endroits fréquemment piétinés (Muenscher 1980). La présence humaine aurait donc pu créer des milieux favorables (rues, sentiers) à l’établissement de cette espèce. En outre, plusieurs de ces plantes d’origine euroasiatique vivent en étroite relation avec les être humains et les accompagnent partout où ils vont. Elles sont parfaitement adaptées aux terrains perturbés et possèdent donc un avantage compétitif sur les plantes indigènes.

5.3.6 L’européanisation de la flore Les gens ayant migré à Ferryland ont amené avec eux plusieurs plantes qui se sont implantées et qui caractérisent aujourd’hui une bonne partie de la flore terre-neuvienne. L’analyse archéobotanique a permis de mieux documenter l’introduction de ces espèces d’origine étrangère. Il était auparavant difficile de dater ces introductions à l’aide des spécimens d’herbiers car ceux-ci ne remontent pas aux premiers temps de l’occupation européenne en Amérique du Nord. Les références dans les documents historiques sont quant à elles éparses, trop générales, voire absentes. En effet, la présence de ces plantes, considérées comme des mauvaises herbes, faisait partie de la vie quotidienne de sorte qu’on y faisait peu référence. Cependant, l’analyse du sédiment archéologique provenant de Ferryland a permis d’attester la présence à Terre-Neuve de plusieurs plantes d’origine euroasiatique dès le début du XVIIe siècle.

Parmi les taxons d’origine euroasiatique qui ont été identifiés dans les sédiments archéologiques de Ferryland et qui se sont naturalisés par la suite, très peu apparaissent avoir été introduits volontairement. La moutarde noire et le carvi commun en font certainement partie. Il est également possible que le rumex ait été introduit à titre de cultigène. Quant aux 21 autres taxons d’origine étrangère identifiés, ils apparaissent avoir été introduits involontairement.

Les graines des plantes peuvent rester en dormance pendant longtemps et commencer leur croissance dès qu’elles trouvent un endroit propice à leur germination. Elles peuvent donc s’être introduites dans à peu près tout le matériel apporté par les Européens à Terre-Neuve.

194

Plus particulièrement, les mauvaises herbes voyagent fréquemment dans les lests, la laine, .(77 ,66 ׃ les semences, la paille et la terre (Foy et al. 1983

Le mode de dispersion le plus courant des mauvaises herbes serait cependant leur L’agriculture .(76 ׃ incorporation involontaire à du matériel agricole (Foy et al. 1983 favorise en effet la survie et la dispersion de plusieurs espèces de mauvaises herbes qui Il est donc probable que des .(69 ׃ n’auraient pas survécu autrement (Foy et al. 1983 graines de plusieurs espèces de mauvaises herbes aient pu être mêlées aux grains qui ont été importées dans la colonie. Le défrichement et la mise en culture de certaines parcelles de terre a sans doute créé des habitats propices à l’établissement de ces plantes opportunistes Par ailleurs, l’utilisation .(251 ׃ qui se reproduisent facilement et rapidement (Cooper 1981 de la charrue aurait détruit les plantes indigènes laissant la voie grande ouverte aux plantes Toutefois, parmi les espèces .(147 ׃ européennes adaptées à cette pratique (Cronon 1983 introduites qui ont été identifiées, on rappellera que celles connues pour envahir les cultures sont également connues pour occuper tout autre terrain perturbé. Il est donc impossible d’établir l’ampleur du rôle joué par la culture de potagers dans l’introduction de plantes d’origine étrangère à Terre-Neuve.

La pratique de l’élevage est une autre activité qui aurait pu favoriser l’installation de mauvaises herbes d’origine étrangère. En effet, les plantes herbacées indigènes n’étaient pas présentes en quantités suffisantes pour soutenir de denses populations d’animaux domestiques de sorte que les pâturages furent vite épuisés. À l’opposée, les espèces européennes ont évolué avec le pastoralisme et sont conséquemment plus résistantes au piétinement et elles s’étendent facilement. Ces plantes d’origine étrangère auraient pu être Ce mode .(142 ׃ introduites dans le fourrage et le fumier des animaux (Cronon 1983 d’introduction est plausible à Ferryland car l’analyse zooarchéologique a confirmé qu’on ׃ élevait des porcs, des chèvres et des moutons ainsi qu’un peu de bovins (Hodgetts 2006 135).

L’agriculture et l’élevage ne sont toutefois pas les seuls modes de transport des plantes d’un continent à l’autre. Par exemple, Wynne observe: « I have since my arrival seen wheat, barley and rye growing here full eared and kerned, the which had been accidentally

195 shed out of salt mats among stones and grass » (Winne 26/08/1621). Par ailleurs, Bain suggère que le délestage des navires de pêche (213 ׃ Bain 2005; Prévost et Bain 2007) aurait grandement contribué à l’introduction d’insectes d’origine euroasiatique à Ferryland, lesquels sont présents, comme les plantes, dans les niveaux les plus anciens associés à la colonie permanente. En effet, le lest des navires pouvait être composé de sable, de tourbe, de déchets, de plomb, de pierres, de briques ou d’autres matériaux de construction. Très tôt on fait référence au problème du délestage des navires qui contribue à encombrer les plages de Ferryland (Winne 26/08/1621; Wynne 17/08/1622). Considérant le nombre important de navires impliqués dans la pêche transatlantique, environ 350 navires par année à la fin du il est évident qu’une quantité impressionnante de matériel ,(19 ׃ XVIe siècle (Pope 2004 était délesté sur les plages de Ferryland.

Comme beaucoup de ces restes de plantes ont été retrouvés dans les niveaux les plus anciens des latrines et dans le remblai des quais, il semble que, dès les années 1620, le paysage environnant Ferryland portait la marque de la présence européenne. Il est toutefois difficile de déterminer si des plantes d’origine étrangère ont été introduites avant l’implantation de la colonie permanente. Une analyse archéobotanique de contextes plus anciens pourrait apporter plus de précisions sur le rôle des pêcheurs saisonniers dans l’introduction de plantes euroasiatiques au XVIe siècle.

Il se pourrait par ailleurs que l’ancienneté de la présence européenne à Terre-Neuve puisse en partie expliquer pourquoi la péninsule d’Avalon comporte plus d’éléments appartenant à la flore et à la faune européenne que n’importe quel autre endroit en Amérique du Nord Par exemple, parmi les 1 107 espèces de plantes à fleurs énumérées .(158 ׃ Lindroth 1957) par Rouleau (1978) à Terre-Neuve, 556 espèces, soit 50%, poussent également en Europe À titre .(253 ׃ continentale, dans les îles britanniques et en Islande (Cooper 1981 comparatif, on considère que seulement 12,5% des plantes à fleurs et des fougères du nord- De .(67 ׃ est et du centre des États-Unis et du Canada ont été introduites (Foy et al. 1983 plus, la distribution de la flore introduite est inégale à travers l’île puisqu’elle est fortement liée à la distribution des établissements humains. On remarque en outre que les endroits qui, comme St. John’s, Ferryland et Plaisance, ont été occupés très tôt par les Européens

196 sont aujourd’hui caractérisés par un flore comptant beaucoup d’espèces introduites (Cooper .(263 ׃ 1981

Le cas de Terre-Neuve est loin d’être isolé. En effet, plus les analyses archéobotaniques se multiplient, plus on constate que l’introduction des plantes d’origine étrangère est un phénomène qui fut extrêmement rapide. Par exemple, en Californie on estime que l’introduction d’animaux brouteurs a contribué à l’introduction de nombreuses plantes d’origine étrangère déjà adaptées aux prairies, de sorte que les espèces étrangères comptent .(335 ׃ aujourd’hui pour 50% à 90% du couvert végétal dans ce type d’habitat (West 1989 L’analyse archéobotanique de latrines bostonnaises semble également suggérer une invasion rapide de mauvaises herbes d’origine étrangère en Nouvelle-Angleterre (Dudek et Cependant, le cas de Ferryland est particulier car l’agriculture et l’élevage y .(68 ׃ al. 1998 ont apparemment joué un rôle mineur. On constate que cela n’a pas empêché l’introduction et l’implantation de plusieurs plantes d’origine étrangère à Terre-Neuve.

Conclusion L’identification des macro-restes végétaux récoltés sur le site archéologique de Ferryland a permis, conjointement à l’analyse des documents historiques, d’apporter une perspective nouvelle non seulement quant à l’interprétation des contextes archéologiques dont ils sont issus, mais aussi quant aux relations que les habitants de cette colonie entretenaient avec leur environnement. Ceux-ci ont su tirer profit des avantages que leur offrait un réseau commercial fiable afin de s’approvisionner en denrées de base. Les données archéobotaniques n’ont pu déceler jusqu'à quel point les habitants se sont acharnés à cultiver ce sol à prime abord peu fertile. Si la culture de potagers demeure plausible, cette activité n’a pas laissé de traces archéologiques. Malgré le peu de place que semble occuper l’agriculture dans l’économie de Ferryland, on remarque que dès le début du XVIIe siècle de nombreuses mauvaises herbes d’origine euroasiatique ont pris racine dans les sols fraîchement perturbés par l’installation de la colonie. Très vite l’environnement a porté la marque de la présence de plus en plus intense de l’Homme blanc. La forêt aussi, abondamment exploitée pour son bois qui servait à la construction et au chauffage, apparaît soumise à une pression très grande. La forêt, de même que les tourbières, offre également

197 une panoplie de fruits qui n’ont pas passé inaperçu aux yeux des habitants de Ferryland. On est étonné devant la grande variété de fruits consommés. Ces expérimentations semblent en général avoir été bénéfiques, surtout à une époque où il était difficile de se procurer des fruits et légumes frais. On se rappellera toutefois que ces nouvelles ressources sont d’apparence très semblable aux fruits consommés en Angleterre. Il est d’ailleurs frappant de remarquer que, comparativement aux autres colonies nord-américaines, Ferryland semble être celle où la diète et l’exploitation des ressources végétales ont le moins changé. Peut-être est-ce dû aux liens très ténus, voire inexistants, que les Anglais de Terre-Neuve entretenaient avec les populations autochtones. Peut-être aussi que l’économie même du site a permis le maintien de liens étroits avec la mère-patrie, tant au niveau des échanges commerciaux qu’au niveau de la mobilité de sa population de pêcheurs.

Conclusion

L’analyse des macro-restes végétaux contenus dans 16 échantillons prélevés sur le site archéologique de Ferryland à Terre-Neuve a permis de mettre en relief divers aspects relatifs aux interrelations que les habitants de ce site entretenaient avec leur environnement au XVIIe siècle. Tous les objectifs de recherche ont été atteints, du moins en partie, et les hypothèses de départ ont pu être vérifiées grâce aux résultats obtenus.

Objectifs atteints L’analyse des macro-restes végétaux a d’abord permis de renforcer et de préciser les hypothèses des archéologues en ce qui a trait à la fonction des contextes archéologiques échantillonnés. Par exemple, les latrines contenaient bel et bien de la matière fécale bien que la présence de végétaux issus de la préparation des aliments n’ait pu être attestée. Rien ne permet non plus de conclure que cette couche ait été contaminée par du fumier d’origine animale. Quant aux dépotoirs domestiques, le peu de macro-restes végétaux retrouvés ne permet pas de préciser leur fonction. Les remblais des quais, conformément à ce qu’on pouvait s’attendre, ont révélé une grande variété de macro-restes végétaux, lesquels proviendraient vraisemblablement de plusieurs activités (construction, alimentation, pêche). Finalement, les macro-restes végétaux identifiés dans le foyer concordent très bien avec leur origine présumée, bien que l’analyse archéobotanique ait permis de préciser que ce foyer contenait presque uniquement des essences ligneuses destinées à chauffer l’habitation, mais aucun résidu de cuisson.

Cette recherche a également permis d’identifier différents types de végétation et d’émettre des hypothèses sur l’utilisation que les habitants de Ferryland en ont faite. Toutefois, il fut impossible de vraiment détailler la composition de ces habitats en raison de l’imprécision ou des contradictions présentes dans les flores actuelles. Par ailleurs, l’utilisation des valeurs indicatrices d’Ellenberg s’est avérée d’un apport limité, puisque seules les plantes d’origine étrangère se retrouvaient dans cette liste. De plus, les macro-restes végétaux récoltés sur un site archéologique ne peuvent permettre de dire à quelle distance de la colonie tel type d’habitat se trouvait ni dans quelles proportions les espèces qui le composaient étaient présentes. Les principales raisons qui expliquent ces lacunes sont 199 d’une part liées à la conservation différentielle des macro-restes végétaux et d’autre part à la sélection que les êtres humains ont effectuée dans la cueillette des plantes qui se retrouvèrent ultimement sur le site archéologique.

Même si le tableau du paysage environnant Ferryland au XVIIe siècle n’est pas encore tout à fait clair, l’analyse archéobotanique a permis d’émettre quelques suggestions en ce qui concerne l’exploitation des habitats identifiés. Ainsi, des matériaux de construction (bois, branches, tourbe) auraient été prélevés tant dans la forêt que dans les tourbières. Ces deux types d’habitats auraient également été visités à la recherche de petits fruits sauvages comestibles. Les essences ligneuses utilisées pour chauffer le manoir proviendraient pour leur part de la forêt, mais également de milieux plus ouverts. Certaines utilisations, comme pour la médication, sont plus difficiles à attester avec certitude dans les assemblages archéobotaniques. Les sources historiques consultées indiquent toutefois que plusieurs des plantes identifiées avaient des propriétés médicinales connues des colons.

Les résultats présentés dans ce mémoire ont certes grandement contribué à la connaissance de la diète des habitants du site de Ferryland au XVIIe siècle. Ainsi, nous avons pu observer la consommation d’une grande variété de fruits, dont certains devaient être consommés séchés, bien que la plupart d’entre eux auraient vraisemblablement été consommés frais. Cette constatation vient nuancer le préjugé selon lequel les gens de cette époque consommaient très peu de fruits et de légumes frais. Si les fruits étaient bien représentés dans les assemblages analysés, on ne peut pas en dire autant des légumes. En effet, de par leur nature, les légumes sont moins susceptibles de laisser des traces archéologiques. Nous ne pouvons que suspecter la consommation de quelques légumes feuilles, bien que les restes retrouvés puissent également appartenir à des mauvaises herbes. La présence de céréales et de légumineuses a également été attestée, quoique le faible nombre de pièces retrouvées ne permette pas de spéculer sur la prépondérance d’une espèce en particulier. Finalement, certaines des fines herbes et épices qui devaient agrémenter le menu ont été identifiées, ce qui permet de venir compléter les sources historiques qui n’évoquent pas ce sujet.

200

En ce qui concerne les moyens d’acquisition des ressources végétales, nous ne pouvons que suggérer les voies les plus plausibles par lesquelles les macro-restes végétaux se sont retrouvées sur le site de Ferryland. Les petits fruits d’origine indigène ont probablement été cueillis dans les environs du site alors que d’autres fruits exigeant des conditions de croissance plus chaudes, tels les prunes, les figues et les raisins, ont vraisemblablement été cultivés à l’étranger et importés. Ces importations semblaient très fréquentes à l’époque et par conséquent ne traduiraient pas le statut économique élevé de certains résidents. Il est toutefois beaucoup plus difficile de se prononcer sur l’origine des céréales, légumineuses et fines herbes retrouvées dans les assemblages archéobotaniques, car celles-ci auraient tout aussi bien pu être cultivées en Europe qu’à Terre-Neuve. L’examen des mauvaises herbes culturales, pas plus que celui des résidus agricoles, n’a été concluant à cet effet. Bien qu’il n’y ait pas d’évidences archéologiques que l’agriculture ait été pratiquée à Ferryland, il est bien possible que cette activité ait eu lieu sur le site sans laisser de trace. D’ailleurs, les sources documentaires attestent bel et bien que des tentatives agricoles ont été menées avec succès à Ferryland.

Les données archéobotaniques ont permis d’illustrer que différents habitats ont été exploités par les colons dans le but de se nourrir, se loger, se chauffer et aussi pour la pêche. Il est cependant beaucoup plus difficile de cerner l’ampleur de l’impact causé par ces activités sur l’environnement local. L’empreinte la plus frappante de la présence européenne est la proportion considérable de plantes d’origine étrangère dans les assemblages archéobotaniques. Il est fort plausible que ces plantes connues pour pousser dans les cultures ou sur tout terrain perturbé aient été introduites involontairement, par exemple dans les denrées agricoles ou le lest des navires. Il n’est cependant pas possible, avec les résultats de la présente étude, d’observer une diminution des ressources indigènes suivant l’arrivée des Européens. En effet, nonobstant le fait que cette étude n’offre pas le recul chronologique nécessaire, cette question pose en plus de sérieux problèmes de mesure. Si une espèce est abondante dans l’assemblage archéobotanique, cela signifie-il qu’elle était très présente dans l’environnement ou qu’elle a été très exploitée? Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’une ressource est abondamment exploitée que celle-ci ne peut pas se

201 régénérer facilement. De plus, la diminution d’une espèce dans l’environnement n’est pas forcément liée à l’action humaine.

Finalement, la comparaison des résultats obtenus pour le site de Ferryland avec ceux issus d’autres analyses archéobotaniques menées en contexte colonial a permis de saisir toute l’originalité de ce site. Plusieurs facteurs auraient pu contribuer aux stratégies d’acquisition des ressources végétales adoptées par les habitants de Ferryland. Par exemple, la facilité avec laquelle on pouvait se procurer des denrées importées, alliée aux conditions restrictives des sols et du climat terre-neuvien et à l’absence d’une main-d’œuvre peu coûteuse, pourrait expliquer pourquoi l’agriculture ne semble pas avoir été favorisée. Un autre apport intéressant de l’analyse archéobotanique menée à Ferryland est qu’il ne faut pas automatiquement conclure que la connaissance des fruits sauvages d’origine indigène a été acquise des Amérindiens. En effet, à Ferryland rien n’indique des contacts directs avec ceux-ci durant la période coloniale et pourtant les Anglais n’ont pas hésité à consommer des ressources indigènes.

Vérification des hypothèses La présente étude visait à vérifier deux hypothèses de recherche :

 L’utilisation de ressources locales devrait être privilégiée à des fins non alimentaires alors que les aliments consommés devraient être issus de la culture et/ou de l’importation de végétaux connus en Angleterre ;

 Des traces de l’établissement des Européens à Terre-Neuve sont perceptibles dans l’environnement végétal qui entourait le site de Ferryland, et ce dès le XVIIe siècle.

Ces hypothèses n’ont pu être que partiellement vérifiées en raison des limites des assemblages étudiés. La première hypothèse est en général vraie. En effet, les végétaux utilisés pour la construction (sapin, épinette, sphaigne) de même que ceux utilisés pour le chauffage (sauf la vigne) sont des espèces locales indigènes. Comme prévu, la proximité de ces ressources (d’autant plus que celles-ci sont lourdes à transporter) a probablement joué en leur faveur au détriment de d’autres critères tels que, dans le cas du combustible, leur

202 efficacité énergétique. Inversement, parmi les végétaux qui étaient vraisemblablement consommés, il y a des cultigènes d’origine étrangère qui auraient été importés ou cultivés dans la colonie. Toutefois, on ne peut pas passer sous silence le fait que la majorité des macro-restes végétaux associés à l’alimentation sont d’origine indigène. Certes, ces petits fruits sont probablement surreprésentés dans les assemblages en raison du grand nombre de graines qu’ils produisent. Même si on considère que les fruits sauvages ne constituaient probablement pas une grande part de la diète, leur consommation soulève des questions intéressantes. Nous avons suggéré ici que ces fruits ont été jugés comestibles par les nouveaux arrivants, car ils ressemblent pour la plupart aux petits fruits qui étaient déjà connus en Angleterre. La grande variété d’espèces consommées tend également à suggérer une grande ouverture envers les ressources locales, lesquelles étaient sans doute très abondantes et en plus bénéfiques pour la santé des colons.

La seconde hypothèse n’a pu être vérifiée qu’en partie. Ainsi, il est vrai que les contextes les plus anciens (latrines et quais) ont révélé une grande quantité de mauvaises herbes d’origine étrangère. Si on accepte le postulat que ces macro-restes végétaux ont réellement poussé sur le site – car ils pourraient également avoir été apportés dans les denrées importées – cela signifierait que dès les années 1620 les terrains perturbés par l’installation de la colonie et, possiblement par la culture de végétaux et l’élevage, auraient fourni un terrain propice à l’installation de ces plantes. Toutefois, il demeure impossible de cerner le rayon dans lequel ces mauvaises herbes d’origine étrangère se sont disséminées autour de la colonie. Par ailleurs, les données recueillies n’ont pas permis de mettre en évidence les conséquences de l’exploitation des ressources végétales sur l’environnement. S’il fut possible d’identifier certaines activités qui nécessitaient l’utilisation des végétaux présents dans l’environnement (alimentation, construction, chauffage), il fut impossible de préciser l’ampleur de chacune de ces activités pas plus qu’il ne fut possible de voir si elles ont provoqué des changements dans l’environnement immédiat. À cet effet, il faut se tourner vers les sources historiques, lesquelles font effectivement mention de la détérioration de la forêt à la suite de son exploitation par les pêcheurs.

203

Recommandations La présente analyse a permis d’éclairer un peu plus la vie des habitants de Ferryland au XVIIe siècle. Par conséquent, la récolte de ce type d’écofact, quoique souvent imperceptible lors de la fouille, ne devrait ni être négligée ni être réservée aux contextes extrêmement riches comme les latrines. Cette analyse a démontré que des contextes habituellement peu exploités, comme les dépotoirs domestiques, peuvent fournir des informations complémentaires. Il serait donc approprié d’élaborer à Ferryland une stratégie de collecte systématique d’échantillons de sédiment pour l’analyse des macro-restes végétaux. En outre, nous recommandons fortement que les charbons de bois soient plus régulièrement analysés. En effet, les résultats recueillis ici ne représentent qu’on seul événement ce qui rend les généralisations impossibles. Finalement, il est clair que la mise en commun des données bioarchéologiques (macro-restes végétaux, charbons de bois, ossements animaux, insectes) a fourni un portrait beaucoup plus précis des interactions que les habitants de Ferryland entretenaient avec leur environnement. Pour poursuivre dans cette lancée, nous suggérons la réalisation d’une analyse palynologique. Pour ce faire, des échantillons devraient être prélevés à la fois sur le site archéologique et dans des dépressions dans la forêt (Najat Bhiry, communication personnelle, 2008). Ce type d’analyse pourrait peut-être répondre à certaines questions restées en plan dans la présente étude. Par exemple, elle pourrait sans doute permettre de voir l’évolution de la végétation avant et après l’arrivée des Européens. La présence de grains de pollen de céréales pourrait également venir supporter l’hypothèse de la pratique de l’agriculture sur le site.

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ANNEXES

Annexe 1 : Résultats bruts

Latrines Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Partie (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Abies sp. bois C 83 70 153 153 Abies balsamea aiguille NC 8628 6651 12593 7280 26524 35152 (L.) Mill. C 58 40 63 37 55 195 39 35 11 70 79 80 314 566 153 539 1258 3589 8374 11963 13788 rameau NC 57 9 2 11 *6 068 C 2 1 1 5692 76 4 483 graine C 1 1 1 cicatrice IND. 10 10 foliaire C 2 2 2 24 Alnus sp. bois C 10 18 28 28 Amelanchier sp. graine C 1 1 Anthemis graine NC 3 2 2 5 arvensis L. Anthemis cotula graine NC 4 2 2 6 L. Asteraceae graine NC 1 1 *1 *2 01 Atriplex patula graine NC *15 *12 *53 *40 0 *25 *192 *11 *31 *53 *66 0 181 10 *1 010 L. Avena sp. graine C 1 1 1 Betula graine NC 1 1 papyrifera Marshall

Betulaceae graine C 1 2 2 3 Brassica spp. graine IND. 10 4 4 14 Brassica nigra graine NC 967 67 67 1034 (L.) W.D.J. Koch Caltha palustris graine IND. 29 29 L.

241

Latrines Partie Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Carex spp. graine NC 5 25 7 12 C 1 1 1 11 2 4 cf. Carex graine NC 1 1 1 gynandra Schwein. Carum carvi L. graine NC 5 5 Centaurea spp. graine NC 2 2 Chenopodium graine NC 8 *52 *84 *49 *40 0 *26 *113 *14 *19 *73 *56 0 11 2 10 album L. Cornus graine NC 9 1 2 3 12 canadensis L. Coronopus graine NC *2 0 0 didymus J.E. Smith

Crataegus sp. graine NC 1 1 avortée Cyperaceae graine NC *1 0 4 4 4 C 1 1 1 Eleocharis sp. graine C 1 1 1 Eleocharis graine NC 6 1 1 7 halophila (Fernald & Brackett) Fernald & Brackett Eleocharis cf. graine C 1 1 1 ovata (Roth) Roem. & Schult. Eleocharis graine NC 2 2 palustris (L.) Roem. & C 1 2 2 3 Schult. Empetrum graine NC 21 21 nigrum L. cf. Empetrum fruit NC 1 1 nigrum L.

242

Latrines Partie Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Equisetum spp. tige NC 4 *2 *3 0 2 1 3 7 Ericaceae graine C 1 1 Eubrya feuille NC 130 10 374 1 385 515 Fabaceae graine NC 1 1 Fallopia graine NC 4 7 1 8 12 convolvulus (L.) Á. Löve C 1 1 2 2

Fragaria graine NC 456 5932 46 502 virginiana Mill. Galeopsis graine NC 12 3 2 71212 15 18 tetrahit L. C 1 1 2 2 3 Gaultheria graine NC 8 8 procumbens L. Hieracium sp. graine NC 1 1 Juniperus sp. bois C 3 33 Lamiaceae/ fleur NC 1 *1 0 1 Fabaceae Lamium graine NC *2 0 0 hybridum C 1 1 1 2 3 Villars & Gams in Hegi Lapsana graine NC 2 2 communis L. Larix laricina aiguille NC 3 *1 0 11 2 5 (DuRoi) C 10 1 1 2 15 6 1 119 K.Koch Lycopodiaceae feuille et NC 3 3 3 tige feuille NC 2 2 tige NC 1 5 6 6 Persicaria cf. graine NC 1 1 1 hydropiper (L.) Opiz

243

Taxons Partie État Latrines Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) de la (E116) Total plante Sous- Sous- Sous- Sous- 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Persicaria graine NC 1 1 lapathifolia (L.) S.F. Gray Persicaria graine NC 6 6 maculosa S.F. Gray C 1 11

Persicaria graine NC 43 7 7 pensylvanica (L.) M. Gómez de la Maza C 1 1 1 1896, non Small 1903 Picea spp. aiguille NC 883 2314 28 5103 7445 8328 C 194 34 30 31 25 120 7 16 2 14 16 28 83 167 1608 272 2047 107 532 639 3083 bois C 11 22 rameau NC 31 *2 0 16 6 22 53 C 44 1 45 45 Picea glauca aiguille NC 140 121 127 248 388 (Moench) E.G. Voss C 10 4 311 9 112 4 49 363 15 427 234 36 486 Picea mariana aiguille NC 209 122 372 494 703 (Mill.) B.S.P. C 12 9 731 20 12 525 15 31 655 22 708 19 62 81 836 cf. Picea graine NC 1 1 mariana (Mill.) B.S.P.

Pinaceae bourgeon NC 1 2 2 3 C 1 1 2 12 12 14 Pisum sativum graine C 2 1 3 122 23 26 L. Poaceae tige NC 1 1 graine NC 3 *1 0 1 1 4 lemma/ NC 4 4 palea

244

Latrines Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Partie (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Polygonaceae graine NC 3 *1 0 50 4 20 74 77 C 5 2 2 1 1 2101 13 21 cf. graine NC 1 1 Polygonaceae Polygonum graine NC 1 *1 0 1 achoreum S.F. Blake

Polygonum graine NC 1 *6 *1 0 6 1 7 8 aviculare L. C 3 1 1 34 7 2 2 13 cf. Polygonum graine C 1 1 1 erectum L. Polygonum cf. graine NC 1 1 1 hudsonianum (S.J. Wolf & McNeill) H.R. Hinds cf. graine C 1 1 Potamogeton pusillus L.

Potentilla spp. graine NC 8 1713 21 29 Potentilla graine NC 3 2619 36 39 argentea L. /norvegica L.

Prunella graine NC 1 1 vulgaris L. C 3 3 3 Prunus noyau NC 1 1 domestica L. Prunus noyau NC 4 1 3 4 8 pensylvanica L. C 1 1 1 Ranunculus sp. graine NC 2 11 2 4 Ranunculus cf. graine NC 2 9 9 11 recurvatus Poir.

245

Latrines Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E566, E577, E585) Foyer (E366) Partie (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Rosmarinus graine NC 1 1 officinalis L. Type épine C 1 11 Rubus/Rosa Rubus spp. graine NC 15 1 3 3 49 56 5 3 5 14 27 *2 098 C 1 1 2 2 embryon IND. 1 1 1 12 C 1 1 1 Rubus articus graine NC 18 18 L. Rubus graine NC 5 5 chamaemorus L. Rubus cf. graine NC 3364 16 19 68 103 3467 idaeus L. Rubus graine NC 14 14 pubescens Raf. Rumex graine NC 27 27 acetosella L. Rumex crispus graine NC 6 136 10 2 148 154 L. C 1 22 4 5 Scirpus spp. graine C 1 1 1 1 2 cf. graine NC 4 4 Sibbaldiopsis tridentata (Solander) Rydb. Silene latifolia graine NC 1 1 Poir. Silene vulgaris graine NC 1 1 (Moench) Garcke Sonchus asper graine NC 3 21 3 6 (L.) Hill

246

Latrines Partie Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Sorbus graine NC 22 22 americana Marshall Sphagnum spp. feuille NC 122 3 3248 9 3260 3382 Stellaria graine IND. 1 1 1 graminea L. C 1 1 1 Stellaria media graine IND. 86 1 1 1674 299 162 2135 2222 (L.) Villars Taraxacum sp. graine NC 3 *23 03 Triticum sp. graine C 4 1 5 1 1 6 cf. Triticum sp. graine C 1 1 1 Vaccinium spp. graine NC 26 26 C 4 4 Vaccinium cf. graine NC 1826 13 4 1830 angustifolium Aiton C 1 1 1 Vaccinium graine NC 55 55 macrocarpon Aiton

Vaccinium graine NC 34 34 oxycoccus L. Valerianella graine NC 2 2 dentata (L.) Pollich.

Viburnum edule graine NC 15 15 (Michx.) Raf. Viola spp. graine NC 4 15 43 79 137 141 C 1 1 1 carpelle NC 2 2 2 Viola cf. graine NC 2 2 nephrophylla Greene

247

Latrines Partie Dépotoirs domestiques (E571) Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) (E116) Taxons de la État Total Sous- Sous- Sous- Sous- plante 27 5 6 24 25 11 12 18 19 22 23 14 15 16 20 21 total total total total Vitis sp. bois C 1 11 graine NC 1 11 2 3 C 1 1 1 Vitis vinifera L. graine NC 27 421 7 34 Champignon sporange NC *2 0 1875 30 30 C 1 1 1 Feuillu ligneux cicatrice NC 5 1 6 6 foliaire C 1 1 1 12 Conifère bois C 45 99 Indéterminé bois C 22 44 bourgeon NC 7 14 5 12 C 1 1 13 45 graine NC 12 12 3 15 C 1 1 1 2 1 1 1 1 5 embryon NC 5 1 1 6 indéter- NC 1 1 *1 01 miné C 1 11 Total 17703 101 117 81 133 432 54 72 16 119 106 131 498 12078 19687 14160 45925 3821 9126 12947 77505 * Taxons non comptabilisés (voir section 4.2) C: carbonisé NC: non carbonisé IND.: indéterminé

248

Annexe 2 : Résultats exprimés en nombre de macro-restes végétaux par litre de sédiment prélevé

Latrines Dépotoirs domestiques Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Partie de la (E116) (E571) Taxons État plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy.

Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Abies sp. bois C n.d. n.d. n.d. Abies balsamea aiguille NC 3834,7 17502,6 36367,7 17025,8 23325,0 (L.) Mill. C 25,8 4,0 6,6 3,7 5,5 4,9 4,5 4,0 1,1 7,0 7,9 8,0 5,5 1489,5 441,9 1260,6 1051,8 422,2 2135,4 1348,3 rameau NC 25,3 23,7 4,7 9,2 C 0,9 0,1 0,0 13,2 199,3 4,7 71,1 1,0 0,6 graine C 0,2 0,1 cicatrice IND. 4,4 foliaire C 0,5 0,2 0,5 0,3 Alnus sp. bois C n.d. n.d. n.d. Amelanchier sp. graine C 0,4 Anthemis arvensis graine NC 1,3 0,3 0,1 L. Anthemis cotula L. graine NC 1,8 0,3 0,1 Asteraceae graine NC 0,2 0,1 Atriplex patula L. graine NC 0,3 1,4 0,2 0,6

Avena sp. graine C 0,1 0,0 Betula papyrifera graine NC 0,4 Marshall Betulaceae graine C 0,4 0,2 0,1 Brassica spp. graine IND. 4,4 0,7 0,2 Brassica nigra graine NC 429,8 11,6 3,8 (L.) W.D.J. Koch Caltha palustris L. graine IND. 12,9

249

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Carex spp. graine NC 2,2 0,6 0,9 0,5

C 0,4 0,1 0,0 0,3 0,2 0,1 cf. Carex graine NC 0,2 0,1 gynandra Schwein. Carum carvi L. graine NC 2,2

Cenococcum sclérote IND. 13,3 9,2 8,0 5,0 2,2 6,1 13,3 10,8 7,0 8,0 5,3 5,4 8,1 4,4 10,0 10,6 8,3 0,7 3,1 2,0 graniforme (Sow) Ferde. et Winge Centaurea spp. graine NC 0,9 Chenopodium graine NC 3,6 0,3 0,2 0,1 album L. Cornus graine NC 4,0 0,3 0,5 0,3 canadensis L. Crataegus sp. graine NC 0,4 avortée Cyperaceae graine NC 0,7 0,2 C 0,1 0,0 Eleocharis sp. graine C 0,2 0,1 Eleocharis graine NC 2,7 0,3 0,1 halophila (Fernald & Brackett) Fernald & Brackett Eleocharis cf. graine C 0,2 0,1 ovata (Roth) Roem. & Schult. Eleocharis graine NC 0,9 palustris (L.) Roem. & Schult. C 0,4 0,3 0,1

250

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Empetrum nigrum graine NC 9,3 L. cf. Empetrum fruit NC 0,4 nigrum L. Equisetum spp. tige NC 1,8 0,6 0,2 0,3

Ericaceae graine C 0,4

Eubrya feuille NC 57,8 2,8 64,5 0,2 22,1

Fabaceae graine NC 0,4

Fallopia graine NC 1,8 1,9 0,2 0,7 convolvulus (L.) Á. Löve C 0,3 0,2 0,2 Ficus carica L. graine NC 61,8 0,3 0,2 0,2 Fragaria graine NC 202,7 1,4 1,6 7,9 3,6 virginiana Mill. Galeopsis tetrahit graine NC 0,1 0,2 0,1 0,2 0,8 0,1 0,2 0,1 0,2 0,3 L. C 0,1 0,0 0,2 0,0 Gaultheria graine NC 3,6 procumbens L. Hieracium sp. graine NC 0,4 Juniperus sp. bois C n.d. n.d. Lamiaceae/ fleur NC 0,4 Fabaceae Lamium hybridum graine NC Villars & Gams in C 0,4 0,1 0,0 Hegi Lapsana graine NC 0,9 communis L. Larix laricina aiguille NC 1,3 0,3 0,2 0,1 (DuRoi) K.Koch C 4,4 0,1 0,1 0,1 0,3 0,9 0,4 0,1 0,1 Leguminoseae graine NC 0,4

Lycopodiaceae feuille et NC 0,5 0,2 tige

251

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Monocotyledon feuille NC 0,9 tige NC 0,3 1,2 0,5 Persicaria cf. graine NC 0,3 0,1 hydropiper (L.) Opiz Persicaria graine NC 0,4 lapathifolia (L.) S.F. Gray Persicaria graine NC 2,7 maculosa S.F. C 0,1 0,1 Gray Persicaria graine NC 1,1 0,5 0,5 pensylvanica (L.) C 0,1 0,0 M. Gómez de la Maza 1896, non Small 1903

Picea spp. aiguille NC 392,4 6089,5 80,9 11934,4 6033,1 C 86,2 3,4 3,2 3,1 2,5 3,0 0,8 1,8 0,2 1,4 1,6 2,8 1,4 439,5 4643,8 636,1 1878,9 12,6 135,7 79,1 bois C n.d. n.d. n.d. rameau NC 13,8 42,1 14,0 18,3 C 127,1 2,3 42,4 Picea glauca aiguille NC 62,2 318,4 297,0 203,2 (Moench) E.G. C 4,4 0,4 0,3 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,2 0,1 128,9 1048,3 35,1 396,9 0,2 8,7 4,8 Voss Picea mariana aiguille NC 92,9 321,1 870,0 398,3 (Mill.) B.S.P. C 5,3 0,9 0,7 0,3 0,1 0,5 0,1 0,2 0,5 0,2 0,5 0,3 81,6 1891,6 51,5 663,6 2,2 15,8 9,6 cf. Picea mariana graine NC 0,4 (Mill.) B.S.P. Pinaceae bourgeon NC 0,4 0,3 0,1 C 0,3 0,1 3,1 1,7 Pisum sativum L. graine C 0,2 0,1 0,1 2,2 0,4

252

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Poaceae tige NC 0,4

graine NC 1,3 0,3 0,1

lemma/ NC 1,8 palea Polygonaceae graine NC 1,3 13,9 0,7 4,9 6,4

C 2,2 0,2 0,1 0,0 0,6 1,7 0,2 0,8 cf. Polygonaceae graine NC 0,4

C 1,3 0,1 0,0 0,3 0,5 0,1 0,3 0,1

Polygonum graine NC 0,4 achoreum S.F. Blake Polygonum graine NC 0,4 1,7 0,2 0,6 aviculare L. C 1,3 0,1 0,0 0,3 0,5 0,1 0,3 0,1 cf. Polygonum graine C 0,3 0,1 erectum L. Polygonum cf. graine NC 0,2 0,1 hudsonianum (S.J. Wolf & McNeill) H.R. Hinds cf. Potamogeton graine C 0,4 pusillus L. Potentilla spp. graine NC 3,6 4,7 0,2 0,7 1,8 Potentilla graine NC 1,3 7,2 0,2 2,2 3,1 argentea L. /norvegica L.

Prunella vulgaris graine NC 0,4 L. C 0,0 0,5 0,2

253

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Prunus domestica noyau NC 0,4 L. Prunus noyau NC 1,8 0,3 0,7 0,3 pensylvanica L. C 0,1 0,0 Ranunculus sp. graine NC 0,9 0,3 0,2 0,1 Ranunculus cf. graine NC 0,9 1,6 0,5 recurvatus Poir. Rosmarinus graine NC 0,4 officinalis L. Type Rubus/Rosa épine C 0,3 0,1 C 0,1 0,1 0,1 embryon IND. 0,2 0,1 0,1 0,1 C 0,3 0,1 Rubus articus L. graine NC 8,0

Rubus graine NC 2,2 chamaemorus L. Rubus cf. idaeus graine NC 1495,1 4,4 3,3 16,7 8,2 L. Rubus pubescens graine NC 6,2 Raf. Rumex acetosella graine NC 12,0 L. Rumex crispus L. graine NC 2,7 37,7 1,7 0,5 12,9 C 0,4 0,3 0,5 0,3 Scirpus spp. graine C 0,1 0,0 0,3 0,1 cf. Sibbaldiopsis graine NC 1,8 tridentata (Solander) Rydb.

Silene latifolia graine NC 0,4 Poir. Silene vulgaris graine NC 0,4 (Moench) Garcke

254

Latrines Dépotoirs domestiques Partie de la Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) Taxons État (E116) (E571) plante 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Sonchus asper (L.) graine NC 1,3 0,6 0,2 0,2 Hill

Sorbus americana graine NC 9,8 Marshall

Sphagnum spp. feuille NC 54,2 0,8 560,0 2,2 184,5

Stellaria graminea graine IND. 0,2 0,1 L. C 0,2 0,1 Taraxacum sp. graine NC 1,3

Triticum sp. graine C 0,4 0,1 0,1 0,1 0,0 cf. Triticum sp. graine C 0,1 0,0 Vaccinium spp. graine NC 11,6 C 1,8 Vaccinium cf. graine NC 811,6 0,3 0,5 0,3 angustifolium Aiton C 0,2 0,1 Vaccinium graine NC 24,4 macrocarpon Aiton

Vaccinium graine NC 15,1 oxycoccus L. Valerianella graine NC 0,9 dentata (L.) Pollich. Viburnum edule graine NC 6,7 (Michx.) Raf. Viola spp. graine NC 1,8 4,2 7,4 19,4 10,4 C 0,1 0,0 carpelle NC 0,5 0,2 Viola cf. graine NC 0,9 nephrophylla Greene

255

Partie de la Latrines Dépotoirs domestiques Taxons État Dépotoirs domestiques (E587) Quais (E556, E577, E585) Foyer (E366) plante (E116) (E571) 27 5 6 24 25 Moy. 11 12 18 19 22 23 Moy. 14 15 16 Moy. 20 21 Moy. Volume de sédiment échantillonné 2,25 10 9,5 10 10 9,9 8,65 8,7 10 10 10 10 9,6 5,7 5,8 6,2 5,9 8,5 10 9,3 (litres) Vitis sp. bois C n.d. n.d. graine NC 0,4 0,3 0,2 0,1 C 0,1 0,0 Vitis vinifera L. graine NC 12,0 1,1 0,3 0,2 0,6 Champignon sporange NC 5,0 1,2 1,2 2,4 C 0,1 0,0 Feuillu ligneux cicatrice NC 1,4 0,2 0,5 foliaire C 0,2 0,1 0,3 0,1 Conifère bois C n.d. n.d. n.d. Indéterminé bois C n.d. n.d. n.d. bourgeon NC 3,1 0,3 0,7 0,3 C 0,2 0,1 0,1 0,8 0,5 graine NC 5,3 0,3 0,3 0,2 C 0,4 0,1 0,1 0,1 0,1 0,0 0,3 0,1 embryon NC 2,2 0,3 0,1

indéter- NC 0,2 0,1 miné C 0,3 0,1 Total 7943,6 19,3 20,3 13,1 15,5 17,0 19,5 19,1 8,6 19,9 15,9 18,5 16,8 27016,2 45530,1 32249,9 34551,8 438,5 2304,7 1447,2 n.d.: non disponible Moy.: moyenne C: carbonisé NC: non carbonisé IND.: indéterminé

256

Annexe 3 : Synonymie et noms vernaculaires30 Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Abies sp. sapin fir - Abies balsamea (L.) Mill sapin baumier balsam fir Pinus balsamea L. Abies balsamea forma hudsonia (Jacques) Fernald & Weath Abies balsamea var. phanerolepsis Fernald Abies hudsonia Jacques Alnus sp. aulne alder - aune Amelanchier sp. amélanchier serviceberry - Anthemis arvensis L. camomille des champs field chamomile Anthemis agrestis Wallr. Anthemis arvensis var. agrestis (Wallr.) DC Anthemis cotula L. camomille des chiens mayweed chamomile - camomille maroute dog fennel Asteraceae astéracées daisy family - Atriplex patula L. aroche étalée spreading orache - aroche des champs spearscale Avena sp. avoine oat - Betula papyrifera Marshall bouleau à papier white birch Betula alba L. var. commutata Regel bouleau blanc paper birch Betula alba var. papyrifera (Marshall) Spach Betula papyracea Aiton Betula papyrifera var. commutata (Regel) Fernald Betula papyrifera var. macrostachya Fernald Betula papyrifera var. pensilis Fernald Betulaceae bétulacées birch family - Brassica nigra (L.) W.D.J. Koch in moutarde noire black mustard Sinapsis nigra L. Röhl 1833, non Andrz 1860 Brassica sp. chou et moutarde mustard - Caltha palustris L. populage des marais marsh marigold Caltha arctica R.Br. souci d’eau cowslip Caltha flabellifollia Pursh Caltha palustris var. arctica (R. Br.) Huth Caltha palustris var. flabellifolia (Pursh) Torr. & Gray

30 Les noms vernaculaires et la synonymie ont été tirés de Meades et al. 2000, Flora of North America Association 2007et Victorin 2002 [1935]. Lorsque plusieurs sous-espèces existent, seules celles présentes actuellement à Terre-Neuve ont été mentionnées.

257

Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Caltha palustris L. (suite) Caltha palustris var. radicans T.F. Forster Carex sp. laîche sedge - carex Carex gynandra Schwein. carex gynandre nodding sedge Carex crinita Lam. var. gynandra (Schwein.) Schwein. & Torr. Carex crinita var. simulans Fernald Carum carvi L. carvi commun wild caraway - anis canadien Cenococcum graniforme (Sow) Ferde. - - - et Winge Centaurea sp. centaurée knapweed - star thistle cornflower Chenopodium album L. chénopode blanc lambs-quarters Chenopodium ferulatum Lunell chou gras pigweed Chenopodium lanceolatum Muhl. ex Willd. Cornus canadensis L. quatre-temps crackerberry Chamaenerion canadense forma purpurascens Miyabe & Tatew. cornouiller du Canada bunchberry Chamaepericlymenum canadense (L.) Asch. & Graebn. Cornella canadensis L. forma dutillyi Lepage Cornus canadensis forma purpurascens (Miyabe & Tatew.) H. Hara Cornus canadensis var. dutillyi (Lepage) B.Boivin Coronopus didymus J.E. Smith corne-de-cerf didyme lesser swinecress Lepidium didymum L. Carara didyma (L.) Britton Crataegus sp. aubépine hawthorn -

Cyperaceae cypéracées sedge family -

Eleocharis sp. éléocharide spikerush -

Eleocharis halophila (Fernald & éléocharide halophile saltmarsh spikerush Eleocharis uniglumis (Link) Schultes var. halophila Fernald et Brackett) Fernald & Brackett Brackett Eleocharis ovata (Roth) Roem. & éléocharide ovale ovoid spikerush Scirpus ovatus Roth Schult. Eleocharis obtusa (Willd.) Schult. var. ovata (Roth) Drapalink & Mohlenbr.

258

Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Eleocharis palustris (L.) Roem. & éléocharide des marais creeping spikerush Eleocharis smalii Britton Schult. éléocharide de Small Small’s spikerush Scirpus palustris L. Eleocharis palustris var. major Sond. Eleocharis palustris var. vigens L.H. Bailey Eleocharis smalii var. major (Sond.) F. Seym. Empetrum nigrum L. camarine noire black crowberry Empetrum hermaphroditum Lange ex Hagerup graines à corbigeaux blackberry Empetrum eamesii Fernald & Wiegand subsp. hermaphroditum (Lange ex Hagerup) D. Löve Empetrum nigrum var. hermaphroditum (Lange ex Hagerup) T. Sørensen Equisetum sp. prêle horsetail - scouring rush Ericaceae éricacées heath family - Eubrya mousse brune brown moss - Fabaceae fabacées pea family Leguminoseae Fallopia convolvulus (L.) Á. Löve renouée liseron black bindweed Polygonum convolvulus L. chevrier corn bindweed Tiniaria convolvulus (L.) Webb & Moq. Ficus carica L. figuier commun common fig - Fragaria virginiana Mill. fraisier glauque northern wild strawberry Fragaria virginiana var. glauca S. Watson fraisier de Virginie Virginia strawberry Fragaria terra-novae Rydb. fraisier des champs Fragaria virginiana var. terra-novae (Rydb.) Fernald & Wiegand Fragaria canadendis Michx. Galeopsis tetrahit L. ortie royale common hempnettle - galéopside à tige carrée Gaultheria procumbens L. thé des bois teaberry - thé rouge checkerberry Hieracium sp. épervière hawkweed - Juniperus sp. genévrier cedar - redcedar Lamiaceae lamiacées mint family Labiatae Lamium hybridum Villars & Gams in lamier hybride cutleaf henbit Lamium incisum Willd. Hegi Lamium purpureum L. var. incisum (Willd.) Pers. Lapsana communis L. lapsane commune nipplewort - herbe aux mamelles

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Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Larix laricina (DuRoi) K.Koch mélèze laricin larch Pinus laricina DuRoi tamarack Larix americana Michx. juniper Larix laricina forma depressa J. Rousseau Pinus pendula Aiton Lycopodiaceae lycopodiacées clubmoss family - Monocotyledon monocotyles monocot - Persicaria hydropiper (L.) Opiz renouée poivre-d’eau marsh-pepper smartweed Polygonum hydropiper L. water pepper Persicaria hydropiper var. projectum Stanford Persicaria lapathifolia (L.) S.F. Gray renouée à feuilles de nodding smartweed Polygonum lapathifolium L. patience pale smartweed Polygonum lapathifolium L. var. salicifolium Sibth persicaire pâle Polygonum scabrum Moench Persicaria maculosa S.F. Gray renouée persicaire lady’s-thumb Persicaria persicaria (L.) Small redshank Polygonum persicaria L. Polygonum persicaria var. ruderale (Salisb.) Meisn Polygonum ruderale Salisb. Persicaria pensylvanica (L.) M. Gómez renouée de Pennsylvanie Pennsylvania smartweed Polygonum pensylvanicum L. de la Maza 1896, non Small 1903 pink knotweed Picea sp. épinette spruce -

Picea glauca (Moench) E.G. Voss épinette blanche white spruce Pinus glauca Moench cat spruce Abies canadensis Mill. Picea alba (Aiton) Link Picea canadensis (Mill) B.S.P. Picea canadensis forma parva Vict. Picea glauca forma parva (Vict.) Fernald & Weath. Pinus alba Aiton Picea mariana (Mill.) B.S.P. épinette noire black spruce Abies mariana Mill. Picea brevifolia Peck Picea brevifolia var. semiprostrata (Overpeck et al.) S.F. Blake Picea mariana forma semiprostrata (Overpeck et al.) S.F. Blake Picea mariana var. semiprostrata (Overpeck et al.) Teeri Picea nigra (Aiton) Link Picea nigra var. mariana (Mill.) Beissn Pinus nigra Aiton Pinaceae pinacées pine family -

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Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Pisum sativum L. pois potager garden pea - Poaceae poacées grass family Gramineae Polygonaceae polygonacées buckwheat family - Polygonum achoreum S.F. Blake renouée coriace leathery knotweed Polygonum erectum L. subsp. achoreum (S. F. Blake) Á. Löve & Blake’s knotweed D. Löve Polygonum aviculare L. renouée des oiseaux prostrate knotweed Polygonum aviculare var. vegetum Ledeb. traînasse doorweed Polygonum heterophyllum sensu Lindm. Polygonum littorale auct.p.p, non Link Polygonum monspeliense Thiéb.-Bern ex Pers. Polygonum hudsonianum (S.J. Wolf & renouée de Hudson Hudson’s knotweed Polygonum caurianum B.L. Robinson subsp. hudsonianum S.J. McNeill) H.R. Hinds Wolf & McNeill Polygonum erectum L. renouée dressée erect knotweed - Potamogeton pusillus L. potamot très ténu Berchtold’s pondweed Potamogeton pusillus var. tenuissimus Mertens & W.D.J. Koch slender pondweed in Röhl. Potamogeton berchtoldii Fieber Potamogeton berchtoldii var. tenuissimus (Mertens & W.D.J. Koch) Fernald Potentilla sp. potentille cinquefoil - Potentilla argentea L. potentille argentée silverleaf cinquefoil - Potentilla norvegica L. potentille de Norvège rough cinquefoil Potentilla monspeliensis L. Potentilla flexuosa Raf. Potentilla hirsuta Michx. Potentilla labradorica Lehm. Potentilla monspeliensis L. var. labradorica (Lehm.) Fernald Potentilla norvegica subsp. hirsuta (Michx.) Hyl. Potentilla norvegica var. hirsuta (Michx) Lehm. forma labradorica (Lehm.) Th. Wolf Potentilla norvegica var. labradorica (Lehm.) Fernald Prunella vulgaris L. brunelle vulgaire selfheal Prunella pensylvanica var. lanceolata W.P.C. Barton healall Prunella vulgaris forma iodocalyx Fernald Prunella vulgaris forma rhodantha Fernald Prunella vulgaris var. lanceolata (W.P.C. Barton) Fernald Prunus domestica L. prunier domestique European plum - prunier d’Europe

261

Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Prunus pensylvanica L. cerisier de Pennsylvanie pinchcherry - petit merisier Ranunculus sp. renoncule Buttercup - crowfoot Ranunculus recurvatus Poir. renoncule recourbée hooked crowfoot - Rosa sp. rosier rose - Rosmarinus officinalis L. romarin rosemary - Rubus sp. ronce blackberry - raspberry Rubus articus L. ronce acaule plumboy Rubus acaulis Michx. arctic bramble Rubus arcticus var. acaulis (Michx.) B. Boivin Rubus arcticus var. grandiflorus Ledeb. Rubus chamaemorus L. chicouté bakeapple - platebière cloudberry ronce petit-mûrier Rubus idaeus L. framboisier sauvage wild red raspberry Rubus strigosus Michx. Rubus idaeus forma tonsus Fernald Rubus idaeus subsp. melanolasius (Dieck) Focke Rubus idaeus var. canadensis Richardson Rubus idaeus var. canadensis forma caudatus (B.L. Robinson & Schrenck) Fernald Rubus idaeus var. caudatus B.L. Robinson & Schrenk Rubus idaeus var. melanolasius (Dieck) R.J. Davis Rubus idaeus var. strigosus (Michx.) Maxim. Rubus melanolasius Dieck Rubus subarcticus Rydb. Rubus pubescens Raf. ronce pubescente dewberry Rubus americanus (Pers.) Britton catherinettes dwarf raspberry Rubus pubescens var. pilosifolius A.F. Hill Rubus saxatilis L. var. americanus Pers. Rubus saxatilis L. var. canadensis Michx. Rubus triflorus Richardson Rumex acetosella L. petite oseille sheep sorrel Acetosa angiocarpa (Murb.) Holub Acetosella vulgaris (W.D.J. Koch) Fourr. Rumex acetosella forma. integrifolius (Wallr.) Beck Rumex acetosella subsp. angiocarpus (Murb.) Murb.

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Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Rumex crispus L. patience crépue curly dock - rumex crépu Scirpus sp. scirpe bulrush - Sibbaldiopsis tridentata (Solander) potentille tridentée threetooth cinquefoil Potentilla tridentata Solander in Aiton Rydb. Potentilla tridentata forma hirsutifolia Pease Sibbaldiopsis tridentata forma hirsutifolia (Pease) A. Löve & J.- P. Bernard Silene latifolia Poir. silène blanc white campion Lychnis alba Mill., non Silene alba Muhl. ex Britton compagnon blanc Lychnis Xloveae B. Boivin Lychnis pratensis Raf. Melandrium album (Mill.) Garcke Silene alba (Mill.) E.H.L. Krause Silene pratensis (Raf.) Godr. & Gren Silene vulgaris (Moench) Garcke silène enflé bladder campion Behen vulgaris Moench pétards maiden’s tears Cucubalus latifolius Mill. Silene cucubalus Wibel Silene inflata Smith Silene latifolia (Mill.) Britten & Rendle, non Poir. Sonchus asper (L.) Hill laiteron épineux spinyleaf sowthistle Sonchus oleraceus L. var. asper L. Sorbus americana Marshall sorbier d’Amerique American mountainash Pyrus americana (Marshall) DC cormier dogberry Sphagnum sp. sphaigne peat moss - Stellaria graminea L. stellaire graminoïde grassleaf starwort Alsine graminea (L.) Britton Stellaria media (L.) Villars stellaire moyenne chickweed starwort Alsine media L. mouron des oiseaux common chickweed Taraxacum sp. pissenlit dandelion - Triticum sp. blé wheat - Vaccinium sp. airelle blueberry - cranberry deerberry Vaccinium angustifolium Aiton bleuet à feuilles étroites lowbush blueberry Vaccinium angustifolium forma nigrum (A.W. Wood) B.Boivin Vaccinium angustifolium var. hypolasium Fernald Vaccinium angustifolium var. integrifolium Lepage Vaccinium angustifolium var. laevifolium House Vaccinium angustifolium var. nigrum (A.W. Wood) Dole

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Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Vaccinium angustifolium Aiton (suite) Vaccinium lamarckii Camp Vaccinium pensylvanicum Lam. Vaccinium pensylvanicum var. angustifolium A.Gray Vaccinium pensylvanicum var. nigrum A.W. Wood Vaccinium macrocarpon Aiton canneberge à gros fruits large cranberry Oxycoccus macrocarpus (Aiton) Pursh pomme de pré American cranberry Oxycoccus palustris macrocarpus (Aiton) Pers. gros atocas Vaccinium oxycoccus var. oblongifolius Michx. Vaccinium oxycoccus L. canneberge commune small cranberry Oxycoccus microcarpus Turcz. grisette mashberry Oxycoccus ovalifolius (Michx) Porsild petit atoca Oxycoccus oxycoccus (L.) MacMill. Oxycoccus palustris Pers. Oxycoccus palustris forma microphyllus Lange Oxycoccus palustris subsp. microphyllus (Lange) A. & D. LöveOxycoccus palustris var. ovalifolius (Michx) F. Seym. Oxycoccus quadripetalus Gilib. Oxycoccus quadripetalus subsp. microcarpus (Turcz. ex Rupr.) P. Fourn. Oxycoccus quadripetalus var. microphyllus (Lange) Posild Oxycoccus microcarpum (Turcz. ex Rupr.) J.D. Hook Vaccinium microphyllum (Lande) Hagerup Vaccinium oxycoccos subsp. microcarpus (Turcz. ex Rupr.) A. Blyt Vaccinium oxycoccos var. intermedium A.Gray Vaccinium oxycoccos var. microcarpus (Turcz. ex Rupr.) B. Fedtsch. & Flerov. Vaccinium oxycoccos var. microphyllum (Lange) J.Rousseau & Raymond Vaccinium oxycoccos var. ovalifolium Michx. Valerianella dentata (L.) Pollich. valériane dentée cornsalad - Viburnum edule (Michx.) Raf. viorne comestible squashberry Viburnum opulus L. var. edule Michx mooseberry Viburnum pauciflorum Bachelot de la Pylaie ex Torr. & Gray Viola sp. violette violet -

Viola nephrophylla Greene violette néphrophylle northern bog violet Viola arizonica Greene Viola cognata Greene

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Noms latins Noms vernaculaires Noms vernaculaires Synonymes français anglais Vitis sp. vigne grape - Vitis vinifera L. vigne d’Europe European grape - vine grape

265 266

Annexe 4 : catalogue photo

Abies balsamea (L.) Mill 3,9X Betula papyrifera Marshall Anthemis arvensis L. 13X aiguille CgAf-2-27 13X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

Abies balsamea (L.) Mill 3,9X Anthemis cotula L. 13X Betulaceae 13X graine CgAf-2-15 graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

Brassica nigra (L.) W.D.J. Abies balsamea (L.) Mill 3,9X Atriplex patula L. 13X Koch in Röhl 1833, non rameau CgAf-2-27 graine CgAf-2-6 Andrz 1860 13X graine CgAf-2-27

Abies balsamea (L.) Mill 13X Avena sp. 3,9X Caltha palustris L. 13X cicatrice foliaire CgAf-2-21 graine CgAf-2-6 graine CgAf-2-27

267

Centaurea sp. 3,9X Eleocharis sp. 13X Carex sp. 13X graine CgAf-2-27 graine (fragment) CgAf-2-15 graine CgAf-2-27

Eleocharis halophila (Fernald Carex sp. 13X Chenopodium album L. 13X & Brackett) Fernald & graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-5 Brackett 13X

graine CgAf-2-27

cf. Carex gynandra Schwein. 13X Cornus canadensis L. 13X Eleocharis cf. ovata (Roth) graine CgAf-2-15 graine CgAf-2-27 Roem. & Schult. 13X graine (fragment) CgAf-2-15

Carum carvi L. 13X Coronopus didymus J.E. graine (fragment) CgAf-2-27 Smith 13X Eleocharis palustris (L.) graine CgAf-2-5 Roem. & Schult. 13X graine CgAf-2-27

Cenococcum graniforme Crataegus sp. (Sow) Ferde. et Winge 13X graine avortée CgAf-2-27 Empetrum nigrum L. 13X sclérote CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

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cf. Empetrum nigrum L. 3,9X Fragaria virginiana Mill. 13X Lamium hybridum Villars & fruit CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 Gams in Hegi 13X graine CgAf-2-19

Lapsana communis L. 3,9X Equisetum sp. 3,9X Galeopsis tetrahit L. 13X graine CgAf-2-27 tige (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-24

Eubrya 13X Gaultheria procumbens L. Larix laricina (DuRoi) feuilles CgAf-2-27 13X K.Koch 13X graine CgAf-2-27 aiguille CgAf-2-27

Hieracium sp. 3,9X Lycopodiaceae 13X Fallopia convolvulus (L.) Á. graine CgAf-2-27 feuilles CgAf-2-15 Löve 3,9X graine CgAf-2-16

Lamiaceae/Fabaceae 13X Monocotyledon 13X Ficus carica L. 13X fleur CgAf-2-27 feuilles CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

269

Persicaria cf. hydropiper (L.) Pisum sativum L. 3,9X Picea sp. 3,9X Opiz 13X graine CgAf-2-5 rameau CgAf-2-14 graine CgAf-2-14

Persicaria lapathifolia (L.) Picea glauca (Moench) E.G. Poaceae 13X S.F. Gray 13X Voss 3,9X graine CgAf-2-27 graine (fragment) CgAf-2-27 aiguille CgAf-2-27

Persicaria maculosa S.F. Picea mariana (Mill.) B.S.P. Poaceae 13X Gray 13X 3,9X tige (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 aiguille CgAf-2-27

Persicaria pensylvanica (L.) cf. Picea mariana (Mill.) Poaceae 13X M. Gómez de la Maza 1896, B.S.P. 13X lemma/palea CgAf-2-27 non Small 1903 13X graine (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-14

Pinaceae 13X Polygonaceae 13X Picea sp. 3,9X bourgeon CgAf-2-27 aiguille (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-14

270

Polygonum achoreum S.F. Ranunculus sp. 13X Potentilla sp. 13X Blake 13X graine (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-14 graine (fragment) CgAf-2-27

Polygonum aviculare L. 13X Potentilla argentea L./ Ranunculus cf. recurvatus graine CgAf-2-27 norvegica L. 13X Poir. 13X

graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

cf. Polygonum erectum L.13X Prunella vulgaris L. 13X graine (fragment) CgAf-2-14 graine CgAf-2-27 Rosmarinus officinalis L. 13X graine CgAf-2-27

Polygonum cf. hudsonianum Prunus domestica L. (S.J. Wolf & McNeill) H.R. noyau CgAf-2-27 Rubus sp./Rosa sp. Hinds 13X épine (fragment) CgAf-2-21 graine CgAf-2-16

cf. Potamogeton pusillus L. Prunus pensylvanica L. 3,9X Rubus sp. 13X 13X noyau CgAf-2-27 embryon CgAf-2-16 graine CgAf-2-27

271

Sonchus asper (L.) Hill 13X Rubus articus L. 13X Rumex crispus L. 13X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

Sorbus americana Marshall Rubus chamaemorus L. 3,9X Scirpus sp. 13X 13X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-14 graine CgAf-2-27

cf. Sibbaldiopsis tridentata Rubus cf. idaeus L. 13X Sphagnum sp. 13X (Solander) Rydb. 13X graine CgAf-2-27 feuilles CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

Silene latifolia Poir. 13X Rubus pubescens Raf. 13X Stellaria graminea L. 13X graine (fragment) CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-15

Silene vulgaris (Moench) Stellaria media (L.) Villars Rumex acetosella L. 13X Garcke 13X 13X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

272

Taraxacum sp. 13X Vaccinium oxycoccus L. 13X Viola cf. nephrophylla Greene graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 13X

graine CgAf-2-27

Triticum sp. 3,9X Valerianella dentata (L.) Vitis sp. 3,9X graine CgAf-2-6 Pollich. 13X graine CgAf-2-24 graine CgAf-2-27

Viburnum edule (Michx.) Raf. Vaccinium sp. 13X Vitis vinifera L. 3,9X 3,9X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27

Vaccinium cf. angustifolium Viola sp. 13X Aiton 13X Champignon 13X graine CgAf-2-27 graine CgAf-2-27 sporange CgAf-2-14

Vaccinium macrocarpon Viola sp. Aiton 13X Feuillu ligneux 13X carpelles CgAf-2-16 graine CgAf-2-27 cicatrice foliaire CgAf-2-14

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Indéterminé 3,9X bourgeon CgAf-2-14

Indéterminé graines CgAf-2-27