Image D'ailleurs
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Document généré le 26 sept. 2021 07:51 Séquences La revue de cinéma Image d’ailleurs André Ruszkowski, Janick Beaulieu, Dominique Benjamin, Robert-Claude Bérubé, Léo Bonneville, Richard Martineau, Martin Girard, Maurice Elia, Simone Suchet, André Giguère, Jean-François Chicoine, Louis Gagnon, Patrick Schupp, Minou Petrowski et Richard Martineau Numéro 116, avril 1984 URI : https://id.erudit.org/iderudit/50914ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Ruszkowski, A., Beaulieu, J., Benjamin, D., Bérubé, R.-C., Bonneville, L., Martineau, R., Girard, M., Elia, M., Suchet, S., Giguère, A., Chicoine, J.-F., Gagnon, L., Schupp, P., Petrowski, M. & Martineau, R. (1984). Compte rendu de [Image d’ailleurs]. Séquences, (116), 34–76. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1984 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ SÉQUENCES N" 116 Intimes d'atSeurs « Sans la liberté de blâmer, il n'y a pas d'éloge flatteur. » Beaumarchais 34 AVRIL 1984 r* T VOGUE LE NA VI- Quand je dis « spectacle », sa voix, cet aristocrate britannique Ê^ RE... — Réalisation: Fe je crois signaler l'intention majeure qui couvre de sarcasmes un drame rn J derico Fellini — Scénario: de Fellini. Tout en déployant la conjugal, ce curieux couple consti Federico Fellini et Giuseppe Guerra gamme complète des moyens expres tué par le grand-duc débonnaire et — Images: Giuseppe Rotunno — sifs du cinéma, il ne prétend jamais sa tante, la princesse aveugle, avide Musique: Verdi, Rossini et Schubert, au réalisme de ses images. de pouvoir et d'amour... arrangements d'Andréa Zanzotto — Déconcertante au début, À côté d'êtres humains, il Montage: Ruggero Mastroianni — son approche devient de plus en y a des animaux. Avant tout, un Interprétation: Freddie Jones plus évidente jusqu'à la « démysti nouveau monstre fellinien, le rhi (Orlando, le reporter), Barbara Jef- fication » complète, à la fin du nocéros malade, puant, qu'on hisse ford (Ildebranda Cuffari), Victor film. Le décor y retrouve toute son au-dessus du pont pour lui appli Poletti (Aureliano Fuciletto), Peter artificialité, les trucages sont démas quer une douche à force de jets Cellier (Sir Reginald J. Dongby), qués, l'art du montage dévoilé par d'eau puissants. Sa masse répu Elisa Mainardi (Teresa Valegnani), la répétition successive de plusieurs gnante offre pourtant quelque espoir Norma West (Lady Dongby), Paolo plans de Sarah Jane Dorotea, fille à la fin, quand le poète-journaliste, Paoloni (Albertini), Sarah Jane Var- innocente chère à Fellini, plans réa sauvé avec elle, nous annonce qu'il ley (Dorotea), Fiorenzo Serra (le lisés dans la chaloupe de sauvetage s'agit d'une femelle porteuse de bon grand duc de Harzock), Pina où elle se précipite pour rejoindre lait. Mais il y a aussi une poule Bausch (la princesse Lherimia), Pas son amoureux serbe. qui se laisse hypnotiser et une quale Zito (le comte de Bassano), Dante Ferretti, scénographe mouette qui met en branle un bal Pinda Potan (Inès Ruffo Saltini et surtout Giuseppe Rotunno, di let que René Clair aurait pu signer. lone), Philip Locke (le premier recteur de la photographie, ont Le journaliste qu'on ne peut pas ministre), Elizabeth Kaza (la pro admirablement participé à ce feu éviter de considérer comme l'« alter ductrice de cinéma), Colins Higgens d'artifice imaginé par le réalisateur. ego » de Fellini, accompagne le film (le chef de la police), Antonio Vezza Les arrangements qu'Andréa Zan de sa narration. Dès le début, au (le commandant du navire), Fran zotto a su trouver pour les extraits merveilleux passage du noir et blanc cesco Maselli (le gardien du rhino de Verdi et de Rossini et l'inatten du cinéma muet à la couleur du céros), Janet Suzman (Edmea Tetua, due mélodie de Schubert jouée sur sonore, il met en doute la possibi la cantatrice disparue) — Origine: une batterie de verres dans la cui lité de distinguer entre la réalité et Italie — 1983 — 120 minutes. sine du bateau, sont autant de con la fiction. Malgré la pertinence de À Rome, où je suis, Et tributions musicales à ce feu son propos, ce personnage me sem vogue le navire... a connu un suc d'artifice. ble des moins réussis. Mais je ne cès d'assistance, mais peut-être pas Le spectacle comporte, saurais dire si la faute en revient un triomphe. bien entendu, des personnages. Ils à l'interprète ou plutôt à l'auteur Commençons par le posi sont moins grotesques que dans les dont il rend la présence trop vi tif. Une maîtrise absolue de la autres films de Fellini. On pourrait sible, par moments même trop forme cinématographique. Entouré les analyser un par un, scène par insistante. Ne suffisait-il pas de faire d'une équipe de merveilleux artistes scène, pour faire la part de parler les images, dont le sens se et techniciens, Fellini jongle avec la l'humain, du masque et du symbole. décode à la lumière de la sensibilité caméra, la pellicule, le décor, le son, La plus pathétique peut-être est cette de chaque spectateur? les personnages comme un prestidi chanteuse qui voudrait découvrir le D'autant plus que Fellini- gitateur chevronné. On en sort secret de sa rivale défunte avant de auteur n'atteint pas toujours la ébloui, les yeux pleins d'images comprendre qu'elle n'arrivera jamais maîtrise de Fellini-réalisateur. Sur inoubliables, les oreilles remplies de à sa perfection. Mais aussi ce par tout quand il prétend dépasser la sonorités les plus inattendues. Quel tenaire survivant qui ne respire plus petite chronique humaine — où il plaisir de suivre ce spectacle sur une que pour regarder les films de la excelle — pour toucher aux grands copie pas encore écorchée par les disparue et se parer de ses cos problèmes de l'histoire: lutte des sous-titres, dans sa langue originale tumes. Et puis ce gros ténor, à classes, exodes de populations, intri qui est déjà musique! l'appétit qui égale la puissance de gues politiques, absurdité de la 35 SÉQUENCES N" 116 guerre, où il patauge un peu. rante ans dans le désert. souligner que cet homme de 75 ans D'autres grands cinéastes avant lui Il méditait sur « l'indicible ». tient une place importante dans le — pour ne mentionner que le De temps en temps, un mes monde du cinéma. Avec L'Argent, Chaplin du Dictator — ont fait sage nous parvenait. il vient nous livrer son treizième film l'expérience qu'il ne suffit pas d'être Une clameur se faisait qui a reçu le prix du cinéma de un grand artiste pour proposer au entendre. création au dernier festival de Can monde des solutions politiques ou Dans cette immensité, il épiait nes. Treize films en quarante ans, sociales. les gestes rares de ses ce n'est pas beaucoup, diront Le bateau-corbillard, trans semblables comme pour en certains mais, quels films! portant les cendres d'une célébrité saisir l'inspiration première. L'indifférence est rarement et les corps encore vivants d'autres Souvent, il faisait la cueillette de mise devant cet auteur qui est célébrités vers une île qui se con des sons. demeuré fidèle à ses principes et à fond dans le brouillard avec un Il peignait et filmait. ses idéaux malgré les vagues cuirassé destructeur, fourmille ainsi Les uns disaient qu'il filmait successives qui ont déferlé sur l'his de petites anecdotes attachantes. des mirages. Les autres affir toire du cinéma. J'en connais qui Mais l'auteur ne réussit guère à maient qu'il cherchait fuient Bresson comme s'il s'agissait évoquer les raisons profondes du l'essence même du cinéma. du pire des virus sur le marché du conflit qui ébranla le monde en Plusieurs l'abandonnèrent à film. D'autres crient au sublime. 1914. Et pourtant tout semble indi son désert à cause de son Quoiqu'il en soit, l'oeuvre de Bres quer que Fellini aspirait à donner entêtement à ne pas faire son est là pour demeurer à cause à son oeuvre une telle dimension. comme les autres. de son originalité certaine et de sa Le manque de réussite sur ce plan Certains lui demeurèrent recherche constante pour percer le oblige à une réserve. C'est dans ce fidèles parce qu'ils étaient fas mystère de cet art encore jeune. sens que je me suis permis de dire cinés par sa démarche unique Les adversaires de Bresson que Et vogue le navire... constitue et essentielle. vocifèrent comme argument de nul un succès, mais pas un triomphe. Cette présentation un peu solennelle, lité que ses films ne tiennent pas André Ruszkowski à la manière d'un précurseur, veut longtemps l'affiche. Bel argument! 'ARGENT — Réalisa tion: Robert Bresson — L Scénario: Robert Bresson, d'après une nouvelle de Léon Tolstoï — Images: Emmanuel Machuel et Pasqualino de Santis — Montage: Jean-François Naudon — Interprétation: Christian Patey (Yvon), Sylvie Van den Elsen (la petite femme), Michel Briguet (le père de la petite femme), Caroline Lang (Élise), Vincent Risterucci (Lucien), Béatrice Tabourin (la photographe), Didier Baussy (le photographe), Marc Ernest Four neau (Norbert), Bruno Lapeyre (Martial) — Origine: France/Suisse — 1983 — 84 minutes.