UNIVERSITE DE SIEGEN
DÉPARTEMENT DE SCIENCES POLITIQUES
FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
THÈSE DE DOCTORAT DE 3e CYCLE EN SCIENCES POLITIQUES
Présentée à la faculté des sciences sociales de l'Université de Siegen dans le cadre du programme de doctorat de 3e cycle en sciences politiques pour l'obtention du grade de « Philosophie Doctor » (Ph. D.)
THIAM, El Hadji Ibrahima Sakho
TITRE:
Thèse dirigée par
Professeur Dr. Jürgen Bellers (Directeur de thèse)
Professeur Dr. Bernhard Oltersdorf (Co-directeur de thèse)
Jury
Professor Dr. Jürgen BELLERS (Université - Siegen)
Professor Dr. Bernhard OLTERSDORF (Université - Siegen)
PDin Dr. Leila BENTABED (Université - Siegen)
Professeur des Universités (Université Sorbonne-Paris IV)
Professor Dr. Jürgen SCHLÖSSER (Université - Siegen)
1 Ibrahim Thiam
Les aspects du mouridisme au senegal
Ibrahim Thiam
Les aspects du mouridisme au senegal
Tectum Verlag
Ibrahim Thiam
Les aspects du mouridisme au senegal Zugl.: Siegen, Univ. Diss. 2010 ISBN: 978-3-8288-2311-2 Umschlaggestaltung: Ina Beneke Umschlagabbildung: Atamari, www.wikipedia.de, Touba mosque Tectum Verlag Marburg, 2010
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El Hadji Ousmane Thiam
Adja Ngoné Wade
Toute la famille Meissa Deguène Thiam
Préface Le développement économique semble être une réalité ayant échappé aux pays où la religion majoritaire est musulmane. A l’exception de quelques uns, ces pays donnent la triste impression que cette orientation religieuse est un obstacle au dé veloppement. Les nombreuses études relatives à la communauté religieuse mouride du Sénégal conceptualisent et précisent la question centrale de l´économie dans l’enseigne ment islamique. Elles démontrent notamment l’existence d’une doctrine dont le concept de « communauté » constitue la pierre angulaire. Voyageurs, aventuriers et travailleurs, les mourides ont, de par leur créativité, leur sens du travail et leur solidarité, posé les jalons d’une réalité qui transforme l’enga gement communautaire en vecteur de développement. Cela signifie une dynami que qui capitalise les potentialités financières, matérielles et humaines en les orien tant de la base vers le sommet. Ce travail n’aurait pu prendre forme sans l’aide inestimable et l’encadrement des Professeurs de plusieurs départements de l’Université (Politique, Economie, Géo graphie et Langues romanes) qui ont apporté leurs expériences dans la recherche, la sélection et leur mise en valeur des données de base. C´est ici l’occasion pour ma part de remercier pour leur concours les services de recherches et d´archivage des institutions que nous avons visités tant au Sénégal qu´en Allemagne. Mes remerciements vont aussi aux adeptes de la confrérie mouride qui nous ont accompagné tout au long de nos recherches et nous ont apporté leur soutien mo ral. Qui dit soutien moral dit aussi financier. Ainsi nous ne remercierons jamais assez la fondation Friedrich Naumann, qui à travers l´octroi d´une bourse d’étu des avec les moyens du ministère des affaires étrangères allemand, a facilité non seulement nos recherches, mais également la rédaction de notre travail. De même nous saluons les conditions de travail, ainsi que la disponibilité des services de l’Université de Siegen.
Sommaire
1. Introduction générale……………………………………………………………...13
2. L’islam confrérique et l’islam réformiste au Sénégal………………………….…….31
3. L’enseignement de la mouridiya………………………………………………...... 55
4. La résistance culturelle de la mouridiya………………………………………...... 87
5. Les Mourides dans la politique du Sénégal…………………………………...... 119
6. Les Mourides dans l’économie du Sénégal……………………………………….157
7. Evaluation et Conclusion………………………………………………………...223
A. Annexe I……………………………………………………………………….. 231
B. Annexe II……………………………………………………………………….243
Table des matières…………………………………………………………………277
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Cartes
Carte 1 : Position géographique du Sénégal
www.worldmapfinder
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Carte 2 : Carte du Sénégal
Source : www.quid.fr/monde.html?mode=detail&style=carte&iso=sn
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1. Introduction générale
Situé au sud de la Mauritanie, au nord de la Guinée Bissau et de la Guinée Cona kry, à l’ouest du Mali et à l’Est de l’Océan Atlantique, le Sénégal1 a une population de 13.711.597 habitants2 en 2009, qui est répartie sur une superficie de 196.192 km². Ce pays présente une diversité ethnique avec par ordre d’importance et selon le pourcentage, les wolofs (45% de la population), les Peulhs (Toucouleurs et Ful bés, 15%), les Sérères (15 %). Les Diolas pour leur part, représentent 8 % de la population et habitent en majorité dans le sud du Sénégal, notamment en Casa mance. Puis viennent de petits groupes tels que les Sarakolés, les Malinkés, etc. qui représente 8% de la population. Pour reprendre les mots de l’ancien président Sénégalais Léopold Sédar Senghor3, le Sénégal présente le contraste d’avoir une situation géographique qui lui a per mis d’être très tôt en contact avec le reste du monde, sans pour autant que cela ne se traduise par une acculturation. C’est l’un des pays africain qui conserve le mieux sa culture, malgré une forte pénétration étrangère. L’autre est religieux car malgré la longue occupation, sa population est demeurée musulmane à plus de 90%. A ce titre, Roman Loimeier qualifie la société sénéga laise de religieuse et son Etat de laïque.4 La cohabitation inter ethnique ou reli gieuse constitue un modèle dont on pourrait s´inspirer. Le premier président, Léopold Sédar Senghor était un chrétien qui dirigea le pays de 1960 à 1981, année de sa démission. L’introduction de l’islam et sa propagation, entre le onzième et le seizième siècle, se déroule pacifiquement : les échanges commerciaux entres Arabes et Wolofs sont les principaux vecteurs d´introduction de la nouvelle foi dans le pays. De nombreuses similitudes entre l’islam et les religions traditionnelles africaines ont favorisé ce transfert. Selon Mamadou Dia5, cette religion a enrichi les pratiques autochtones et leur a permis de préserver leur originalité sans pour autant étouffer
1 Le nom Sénégal proviendrait de l’expression wolof „sunugaal“qui signifie notre pirogue. Cette thèse est souvent contestée car il en existe d’autres comme „Canaga“, „Zanaga“ ou „Sanhaja“. Mais la ver sion officielle reste toujours „sunugal“. 2 https://www.cia.gov/library/publications/the world factbook/geos/sg.html consulté le 21.03.09 3 Léopold Sédar Senghor (1906 – 2000).a été le premier Président de la République du Sénégal de 1960 à 1981. Poète écrivain de renommée mondiale il, il est élu en 1983 à l’Académie française. 4 Roman Loimeier: Säkularer Staat und Islamische Gesellschaft: Die Beziehungen zwischen Staat, Sufi Bruderschaften und islamischer Reformbewegung in Senegal im 20.Jahrhundert. Habil. Lit Verlag, Münster Hamburg 2001. 5 Mamadou Dia (1910 2009) fut le premier Premier ministre du Sénégal indépendant.
11 leurs capacités créatives.6 Le Sénégal à quant a lui, connu un islam confrérique par l’intermédiaire de : la tidjaniya, la mouridiya, la qadiriya et l’ilahiya. Aujourd’hui, la grande majorité des Sénégalais se regroupe au sein de ces instances, qui jadis ont relayé la résistance armée contre le pouvoir colonial. Elles développèrent des dif férentes stratégies propres à combattre l´impérialisme au nom de l´identité cul turelle et religieuse. Notre choix parmi ces différentes confréries portera sur celle de la mouridiya. La confrérie des mourides se caractérise par le refus de toute domination colo niale et considère l’autonomie religieuse et culturelle indissociable de l’autonomie financière. Si elle est la deuxième confrérie du pays par son effectif, elle devient la plus importante de par son poids économique et politique. Le fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, a développé une forme de résistance qui passe par la sacralisation du travail. Cette élévation du travail au rang de prière qui, au départ, recherchait une simple indépendance financièrement (afin que les fidèles se concentrent sur les aspects spirituels de l´existence) s´est transformé au fil du temps en véritable potentiel économique. Dans la mesure où leurs suffrages sont vivement convoités par les partis politi ques de la place, ils sont devenus un poids électoral non négligeable. Il est important de relever ici que Bamba a non seulement combattu l’accultura tion coloniale, mais également celle inhérente à l´islam. Ancré dans sa culture de base, le Mouride est un disciple africain et musulman.
1.1. Définition de la thèse
1.1.1. Motivation
En choisissant comme thème : « Les Mourides dans la politique et dans l’écono mie du Sénégal », nous avons été motivé par plusieurs raisons : Tout d’abord, en tant que doctorant spécialisé en politique de développement, j´eus l´occasion de me pencher sur les questions de politiques économiques et sociales du Sénégal. Il va de soi que notre réflexion sera sensible à toutes contri butions susceptibles de sortir le pays du marasme et de promouvoir son dévelop pement économique. A travers différents séminaires et symposiums, nous avons abordé ces questions sous différents prismes notamment : la politique linguistique, la démocratie, le
6 Mamadou Dia: Islam et civilisations négroafricaines. Les Nouvelles Editions Africaines, 1980. Dakar