La Figure De Méduse Réécritures Ovidiennes Entre Xvie Et Xviie Siècle
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Alma Mater Studiorum – Università di Bologna DOTTORATO DI RICERCA IN Les Littératures de l’Europe Unie Ciclo XXII L-FIL-LET/14 La figure de Méduse Réécritures ovidiennes entre XVIe et XVIIe siècle Presentata da: Elena Raisi Coordinatore Dottorato Relatore prof.ssa Anna Paola Soncini prof. Andrea Battistini Esame finale anno 2011 INTRODUCTION Choix du sujet et structure de l'oeuvre Puisque le mythe ancien en général est présent en littérature dans plusieurs différentes variantes, et celui de Méduse ne constitue pas une exception à cette règle, le premier problème à résoudre a été le choix de la variante qui plus des autres a contribué à la tradition de ce mythe pendant la Renaissance. Les Métamorphoses d'Ovide, oeuvre qui connaît une remarquable diffusion au niveau européen même au Moyen Âge grâce à ses célèbres moralisations, est objet d'une fervente activité de traduction en langue vulgaire, notamment entre le deuxième moitié du XVIe et le début du XVIIe siècle. Pour le mythe de Méduse, pendant cette période, il n'existe presque pas une variante d'autorité pareille à celle d'Ovide (qu'on se réfère à la source originale ou à ses réécritures); les auteurs rappellent cette version du mythe comme 'le mythe' tout court, de façon explicite ou implicite. Après et à côté, il y a aussi des citations des auteurs les plus renommées – notamment de l'antiquité tardive – mais la version de référence reste le plus souvent celle ovidienne. Voici pourquoi, lorsqu'on parle de la période entre Renaissance et Baroque, notre référence principale pour le mythe de Méduse est Ovide. Pour ce qui concerne le choix des siècles XVIe et XVIIe, notre recherche a relevé une concentration des repères à la Gorgone Méduse pendant ces années et – de façon non pas toujours homogène, et toutefois assez constante – au niveau européen. Ce qui a généré la question au départ du travail; il fallait expliquer ce phénomène, surtout parce que le mythe de Méduse n'est pas pacifique. Son noeud coïncide avec les traits du gorgoneion, véhicule des mystères liés à la mort. En outre, bien qu'il montre une puissance symbolique remarquable, ce mythe n'offre pas le secours d'un récit pour l'expliquer comme il faudrait; il survit de façon fragmentaire dans des 'narrations' hôtes, notamment sous la forme d'épiphanies de la figure ou du visage de Méduse, ce qui le rend assez inapte à la prose. La structure du présent travail veut donc illustrer la réception d'un mythe fortement atypique comme celui de Méduse, au moment d'une sorte de 'redécouverte'; d'abord, on illustre les 1 caractéristiques spécifiques de la Gorgone comme elles avaient étés conçues par les sources anciennes en général – et notamment par Ovide – pour les comparer en une seconde phase à celles qui résultent des spéculations des exégètes de la Renaissance. La nouvelle image de Méduse comme elle apparaît en littérature sera l'objet spécifique de notre analyse. Deux sont les genres littéraires choisis: la poésie et le théâtre; la poésie sera concentrée entre la seconde moitié du XVIe et la première moitié du XVIIe siècle, par contre le théâtre présentera son maximum d'expression tout au long du XVIIe siècle. Il s'agit des genres littéraires où les épiphanies de la Gorgone ont été notamment nombreuses, et donc ils suggèrent mieux une tendance univoque dans le matériel traité, en donnant une série de constantes à suivre. Pour ce qui concerne la structure du présent travail, on rappelle que l'introduction, après une bref paragraphe à propos du sens du terme mythe, s'articule en trois partie fondamentales: Qu’est-ce que Méduse; La Méduse d’Ovide; Interpréter Méduse. La première, Qu’est-ce que Méduse, s'occupe de l'identité de la Gorgone selon les témoignages les plus anciennes, en suivant les principales variantes du récit. La deuxième, La Méduse d’Ovide, analyse la version ovidienne du mythe dans le contexte de celui de Persée, qui le contient, et illustre aussi les rapports instaurés entre la Gorgone et les autres forces en action dans l'histoire, c'est à dire les soeurs Gorgones, la figure de Neptune, les antagonistes – notamment Persée et Minerve – et les fils, Chrysaor et Pégase. La dernière partie, Interpréter Méduse, parcourt brièvement les interprétations qui, dès l'âge ancienne, traversent le Moyen Âge pour rejoindre la moitié du XVIe siècle, point de départ du travail. Ensuite, la matière a été subdivisée en trois chapitres: l'exégèse de Méduse , Méduse et le poète, Méduse et le théâtre. Le premier chapitre, L' exégèse de Méduse – subdivisé à son tour en deux parties, dédiées respectivement aux idées et aux arts visuels –, propose les plus répandues interprétations du mythe et/ou de la figure de Méduse que les exégètes ont élaboré pendant la période 1550- 1680. La première partie du chapitre est donc dédiée aux spéculations – de voyageurs, érudits et philosophes – à propos de l'essence de Méduse; elles visent à illustrer le mythe et la figure de la Gorgone en repérant les sens allégoriques et moraux cachés par le récit. Quant à la deuxième partie du chapitre, elle s'occupe surtout du côté visuel de ce mythe, du point de vue 2 des mythographes ainsi que des artistes; ces derniers sont présents avec leurs commentaires et avec leurs oeuvres aussi. Le deuxième chapitre, Méduse et le poète, introduit la figure de Méduse en littérature, notamment dans le contexte de la production poétique; la période est celle des années 1545- 1630 ca. où on remarque un plus remarquable intérêt pour ce type de féminin, impassible et pétrifiant. On clôt le chapitre avec une comparaison de trois variantes du mythe de Méduse en autant de réécritures en poésie des Métamorphoses; le but est celui de montrer différences et persistances du récit ancien dans les vulgarisations de notre source principale. Le troisième chapitre, Méduse et le théâtre, développe la thématique de la Gorgone dans l'oeuvre théâtrale, notamment au XVIIe siècle, qui voit une réinterprétation chrétienne de cette figure mythique dans le cadre des exigences spécifiques de la pensée de la Contre- Réforme. Chacun des trois chapitres ci-dessus rappelés est doué d'une brève introduction à la matière, de conclusions partielles et d'une chronologie des oeuvres. Enfin, les conclusions générales illustrent les traits essentielles du travaux, en rappelant les étapes principales du parcours, qui se clôt sur un possible développement ultérieure de la recherche ici entreprise. Quelque mot à propos du 'mythe' Si le mythe est un mot1, c'est à dire un système de communication – un message, en autres termes – il est donc une forme, qui transforme en sujet mythique ce qu'elle dit, grâce à sa façon particulière de le dire. En tant que message, il peut être également orale, écrit, figuré. Métalangage, le mythe signifie toujours ce qui est au-delà de sa lettre, qu'il utilise comme point de départ pour dire soi-même. La lettre comme l'image constituent un langage-objet, elles sont des signes qui touchent la limite du mythe. Dans le mythe, la lettre est vidée de sens pour être remplie avec l'être approprié qui renvoie au mythe. Est-il vraiment indispensable de savoir que les protagonistes s'appellent Diane et Actéon, ou il faudra plutôt atteindre le vrai sens du récit qui veut le meurtre de ce dernier, coupable d'avoir vu nue une déesse? Selon Freud, le sens second de la conduite est son 1 Roland Barthes, Miti d'oggi, Torino : Einaudi, 1974. 3 sens propre, c'est à dire approprié à une situation profonde, complète. Également, le concept mythique est l'intention même de la conduite. Pour le même concept mythique il y a donc un nombre remarquable de formes, dont la répétition dévoile l'intention. Cette intention est toutefois bloquée, rendue éternelle par la parole, ce qui fait l'ambiguïté propre de la parole mythique. Ce qui est du mythe aujourd'hui. Roland Barthes a bien montré que le mot mythe renvoie à un ensemble énorme, qui comprend une très grande variété de sujets. On peut aussi choisir d'autres définitions du mythe, mais le résultat reste toujours le suivant: ce que le mythe est pour nous, maintenant. Dit Jean-Pierre Vernant: « […] Il existe une relativité des phénomènes culturels et […] chaque civilisation, localement et temporellement située, comporte des traits spécifiques qui ne permettent pas son assimilation pure et simple à celle dans laquelle nous vivons et qui nous est comme naturelle. C'est pourquoi il [sc. l'anthropologue] se méfie de toute forme d'interprétation symbolique immédiate et universelle.2» Le mythe ancien, récit ou image où les gestes de dieux et déesses se mélangent parfois à l'histoire et au quotidien des hommes, a montré une vitalité extraordinaire tout au long des siècles. Toutefois, il a toujours échappé à une définition ponctuelle et définitive. La raison de cela semble reposer sur le sens profonde que ce récit mythique véhicule et qui le transforme en objet puissant, quasi une formule magique grâce à laquelle les mots deviennent passages pour accéder à une vérité cachée. Telle la force et l’adaptabilité du mythe ancien que chaque époque a chargé le récit puissant de véhiculer sa vérité. Le résultat a été une stratification de significations toujours plus profonde dont chaque noyau se renvient l’un l’autre dans un réseau presque infini. Ce mythe donc, comme on le conçoit aujourd’hui, a un épaisseur et une variété de 2Jean-Pierre Vernant, Dialogue avec Pierre Kahn, dans La mort dans les yeux. Figure de l’Autre en Grèce ancienne, Paris : Hachette, 1998, p. 98. 4 significations tel que nous ne pouvons pas le penser sans activer tout un substrat de connaissances lié a nos pensées les plus profondes.