La Grande Vague De Kanagawa 1 La Grande Vague De Kanagawa
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La Grande Vague de Kanagawa 1 La Grande Vague de Kanagawa La Grande Vague de Kanagawa La Grande Vague de Kanagawa du Metropolitan Museum of Art Hokusai, 1830 ou 1831 Estampe Gravure sur bois nishiki-e 25 × 37 cm, ōban yoko-e Metropolitan Museum of Art, New York La Grande Vague de Kanagawa (神奈川沖浪裏, Kanagawa-oki nami-ura?, littéralement Sous la vague au large de Kanagawa), plus connue sous le nom de La Vague[1] , est une célèbre estampe japonaise du peintre japonais spécialiste de l'ukiyo-e, Hokusai, publiée en 1830[2] ou en 1831[3] pendant l'époque d'Edo. Cette estampe est l'œuvre la plus connue de Hokusai et la première de sa fameuse série « Trente-six vues du mont Fuji »[4] , dans laquelle l'utilisation du bleu de Prusse renouvelait le langage de l'estampe japonaise. La composition de La Vague, synthèse de l'estampe japonaise traditionnelle et de la « perspective » occidentale, lui valut un succès immédiat au Japon, puis en Europe, où elle fut une des sources d'inspiration des Impressionnistes. Plusieurs musées en conservent des exemplaires, tels que le musée Guimet, le Metropolitan Museum of Art, le British Museum, ou encore la Bibliothèque nationale de France ; ils proviennent généralement des grandes collections privées d'estampes japonaises constituées au XIXe siècle. La Grande Vague de Kanagawa 2 Description La vogue des estampes ukiyo-e à l'époque de Hokusai Les estampes apparaissent au Japon d'abord sur des sujets religieux, au XIIIe siècle[5] , puis à partir du milieu du XVIIe siècle sur des sujets profanes : cette technique de gravure sur bois permet en effet, par le nombre de reproductions qu'elle autorise, une diffusion beaucoup plus large des œuvres qu'avec une peinture, dont il n'existe forcément qu'un exemplaire original. Le développement de ces estampes profanes (dites ukiyo-e) à partir du XVIIe siècle accompagne la naissance d'une nouvelle classe sociale, la [6] La Grande Vague fait partie de la série des bourgeoisie marchande urbaine aisée qui apparait et se développe Trente-six vues du mont Fuji ayant pour thème le dès le début de l'époque d'Edo, lorsqu'à partir de 1600, le nouveau mont Fuji. ici « Le Fuji par temps clair » régime des shogun Tokugawa parvient à restaurer la paix dans (凱風快晴 Gaifū kaisei), deuxième estampe de la série (format ōban yoko-e). l'ensemble du pays. Cette clientèle en plein essor devient extrêmement friande des estampes ukiyo-e, à la fois plaisantes à l'œil et d'un coût modique, y retrouvant en effet ses sujets favoris, des belles courtisanes du Yoshiwara jusqu'aux paysages pleins de poésie du Japon ancien, en passant par les lutteurs de sumo ou les acteurs de kabuki, si populaires. La grande vague de Kanagawa est une estampe ukiyo-e, c'est-à-dire techniquement une estampe, imprimée sur papier[7] , à l'aide de gravures sur bois réalisées par un graveur expérimenté d'après le dessin de l'artiste. Faisant appel à de multiples planches de couleurs différentes, elle appartient à la catégorie des « estampes de brocart » (nishiki-e[8] (錦絵?)) : chaque partie colorée étant obtenue par l'application d'une planche de bois gravée particulière [9] . Par la description des activités quotidiennes de l'humble population des campagnes japonaises (charpentiers, tonneliers, bateliers, pêcheurs, …), la série d'estampes à laquelle appartient La Vague s'inscrit bien dans l'esprit des estampes japonaises ou estampes ukiyo-e (littéralement « images du monde flottant »), ayant pour thème les images du monde quotidien. Cependant, cette série est en même temps très novatrice dans l'évolution esthétique de l' ukiyo-e, car elle est en pratique la première grande série de meisho-e, c'est-à-dire de « vues célèbres » de paysage, cadrées ici en format « panoramique » horizontal. De fait, cette série est peut-être la première à effectuer une synthèse véritablement convaincante de l' ukiyo-e et des gravures de paysage occidentales[10] . On ignore le tirage réel de la série, sans doute de l'ordre de quelques centaines dans sa première édition, auxquelles il faut adjoindre sans doute des tirages tardifs des planches originales, et de nombreuses regravures de l'œuvre jusqu'à aujourd'hui. Mais ce nombre somme toute réduit permit d'assurer à l'œuvre une notoriété sans aucun rapport avec celle à laquelle pouvait prétendre même la plus célèbre des peintures, à une époque où la reproduction photographique à grande échelle n'était pas de mise. L'édition originale Pour réaliser La Vague, Hokusai fit appel aux techniques habituelles. Dans l'ukiyo-e de manière générale, l'artiste étant avant tout responsable de l'aspect artistique, dessin et choix des couleurs, pour un dessin de base (le shita-e, « l'image de dessous ») qui n'est que la première étape d'un processus mobilisant plusieurs intervenants (artiste, éditeur, graveur(s), imprimeur(s)). Ici, c'est à l'éditeur, Nishimuraya Yohachi (Eijudō) qu'échut le soin de graver les planches de bois de La Vague, puis de faire imprimer les différentes planches sur les feuilles de papier. La Grande Vague de Kanagawa 3 Hokusai dessina au pinceau un croquis de son dessin sur un papier mince et translucide, le washi (和紙, わし), papier fabriqué artisanalement au Japon avec de longues fibres de mûrier entrelacées, connu pour sa légèreté, sa flexibilité et sa solidité[11] . En matière d'estampe, le dessin initial est pratiquement toujours détruit par le processus de gravure [12] . Mais ainsi les textures de l'estampe ne sont-elles pas uniquement le fait de l'artiste, et se trouvent enrichies par le grain du papier, la trace des fibres du bois de gravure, les stries de l'outil de l'imprimeur, le baren. Planche de bois portant les traits de contours en Cette façon de faire induit, pour toutes les estampes japonaises, qu'il cours de gravure : on voit que le shita-e, le dessin n'y a pas d' « œuvre originale unique », mais une édition originale d'origine, collé sur la planche, est détruit par la gouge qui creuse le bois. correspondant aux tirages effectués avant que l'usure du bois des diverses planches utilisées donne des traits moins nets et des repères de couleurs moins fiables, ce qui pouvait représenter de l'ordre de trois cents estampes. Le succès de cette édition pouvait comme dans le cas de celle-ci susciter des regravures ultérieures, mais effectuées sans la supervision de l'artiste, ces exemplaires ne sont donc pas des originaux. Comme à l'ordinaire, une fois le dessin de l'estampe confié au graveur, celui-ci le colle à l'envers sur une planche polie de sakura, une variété de cerisier choisie pour sa dureté, permettant ainsi d'y graver des lignes très fines et de réaliser de nombreuses impressions. La planche est attaquée au canif en suivant les traits du dessin qui s'en trouve détruit ; les différentes surfaces sont creusées à l'aide de gouges, en respectant les reliefs, traits et aplats, nécessaires à l'impression. Le graveur réalise d'abord le « bois de traits », c'est-à-dire la planche portant les contours du dessin, le texte des légendes et la signature, puis les « bois de teinte », les planches correspondant chacune à un relief et à une couleur à imprimer en aplat. Une fois réalisé, le jeu de planche est confié à l'imprimeur[13] . Pour colorier La Vague, l'imprimeur utilisa des pigments traditionnels dilués à l'eau. Le noir est à base d'encre de Chine, le jaune à base d'ocre jaune et le bleu est un bleu de Prusse, nouvellement importé des Pays-Bas et très à la mode alors. Pour commencer, l'imprimeur utilisait la planche de traits sur laquelle il étalait une couche de bleu puis une couche de colle de riz servant de liant, les mélangeant à l'aide d'une brosse. Il appliquait ensuite une feuille de papier humidifiée sur la planche en la calant de façon précise dans les marques des kento, et la frottait au verso d'un mouvement régulier à l'aide d'un tampon appelé baren. Ce frottement contre les motifs gravés recouverts de pigment permettait la bonne répartition de la couleur sur le papier. L'imprimeur répétait l'opération autant de fois qu'il voulait produire d'estampes, puis il passait aux différents bois de teinte, des plus claires au plus sombres, l'impression des différentes couleurs d'un estampe se faisant toujours dans un ordre précis, pouvant impliquer jusqu'à une dizaine d'impressions successives[14] , en commençant par le noir[15] . Selon la tradition, La Vague aurait été imprimée en huit passages : les contours du dessin et les surfaces teintées au bleu de Prusse, surfaces qui paraissent par contraste presque noires, puis le jaune léger des barques, le jaune du ciel, le dégradé gris clair du ciel et le gris des barques. Venaient ensuite les zones bleu clair, puis d'un bleu plus dense. Enfin l'estampe était achevée avec le noir du ciel et du pont d'une des barques. Lors de chaque opération, la crête des vagues, l'écume, les visages des marins, et les neiges du Fuji, restaient en réserve, ce qui leur confère le blanc éclatant du papier d'origine. Ainsi, avec trois pigments (noir, jaune et bleu), Hokusai réalise une image colorée et contrastée[13] . D'un tirage à l'autre on observe des différences de hauteur et de densité du ciel noir autour du Fuji. Hokusai qui avait été graveur pendant son adolescence suivait attentivement l'impression de ses estampes : « Des gris trop appuyés rendraient l'estampe moins plaisante, dites je vous prie aux imprimeurs que le ton pâle doit ressembler à une soupe de coquillage.