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DOSSIER PÉDAGOGIQUE Rédigé par Isabelle Brootcorne – Centre de Documentation du Pôle muséal

Ce dossier pédagogique vise essentiellement les classes de secondaire, mais peut facilement être adapté à l’enseignement primaire.

La bibliographie présentée en fin de dossier reprend des ouvrages adaptés à tous les degrés de l’enseignement : maternel, primaire, secondaire et supérieur. La plupart sont disponibles dans les Bibliothèques du réseau Lire à Mons et au Centre de documentation du Pôle muséal.

L’exposition Ecole de Mons, par la variété des objets et œuvres qu’elle présente, peut être exploitée dans de nombreux cours : français, histoire, religion, morale, citoyenneté, arts plastiques, biologie, physique, géographie, mathématiques... Les pistes pédagogiques présentées en fin de ce dossier pédagogique ne sont qu’un échantillon du travail qui peut être fait en classe, il y en a bien d’autres à imaginer.

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Table des matières I. Ecole de Mons …………………………………………………………………………………………………. 3 1. Des origines à nos jours…..…………………………………………………………………. 3 A. L’institution……………………………………………………………………………… 3 B. Les programmes………………………………………………………………………. 6 C. Les artistes de l’Ecole de Mons………………………………………………….. 7 2. Autres institutions culturelles montoises……………………………………………… 26 3. Analyse d’œuvres………………………………………………………………………………… 29 II. Pistes pédagogiques ...... 37 1. Analyse de l’image……………………………………………………………………………….. 37 2. L’allégorie…………………………………………………………………………………………….. 38 3. Thématiques en art………………………………………………………………………………. 40 4. Femme, femme artiste et féminisme .…………………………………………………… 41 5. Art engagé - Art témoin de son temps…………………………………………………… 44 6. La mort………………………………………………………………………………………………… 45 7. Les Pietas en art……………………………….…………………………………………………… 46 8. Travaux d’écriture…..…….……………………………………………………………………… 49 9. Mind Mapping……………………………………………………………………………………… 49 10. Analyse technique………………………………………………………………………………... 50 III. Bibliographie ……………………….…………………………………………………………….……………… 51 IV. Annexes ………………………………………………………...... ……………………………. 53 1. Chronologie…………………………………………………………………………………………. 53 2. Notices biographiques …………………………………………………………………………. 57 3. Glossaire ……………………………………………………………………………………………… 81

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I. Ecole de Mons

1. Histoire de l’Ecole de Mons1

A. L’institution En Europe occidentale, depuis le XIVe siècle et avant la seconde moitié du XVIIIe siècle, les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, orfèvres et imprimeurs, sont réunis dans une corporation ou métier2 qui protège ses membres tout en réglementant strictement leur travail et l’accès à celui-ci. Ces corporations d’artistes sont appelées guildes de Saint-Luc ou gildes de Saint Luc (ou encore corporations, confréries ou compagnies de Saint-Luc). Elles prennent ce nom en référence à saint Luc l'évangéliste, le saint patron des peintres. Dans les Pays-Bas autrichiens, cette organisation de la profession bascule à la fin du XVIIIe siècle. En novembre 1773, une ordonnance impériale sépare les beaux-arts des arts mécaniques, c’est-à-dire de l’artisanat. Ce nouveau statut accordé à l’artiste favorise la mise en place d’écoles de dessin ou académies, comme à Ath (1773), Audenarde (1773), Ypres (1778), Mons (1781) Louvain (1788) et Lierre (1793). Le gouvernement des Pays-Bas compte sur ces établissements d’enseignement pour susciter une production artistique de qualité. L’Ecole de Mons est créée en 1780 et les cours sont ouverts le 15 octobre 1781. Ils sont gratuits et accessibles aux enfants âgés de 10 ans au moins. Les trois disciplines enseignées sont le dessin, la peinture et la sculpture. Un décret impérial du 24 septembre 1789 transforme l’Ecole de Mons en une Académie royale de dessin, peinture et architecture. Cette promotion sera de courte durée. La première occupation française au début des années 1790 entraîne la fermeture des établissements d’enseignement artistique créés par l’Ancien régime3. L’Académie de Mons est fermée en 1792. En 1793, le Hainaut est rattaché à la République française sous le nom de Département de Jemappes. Les cours d’art sont transférés en 1794 dans l’enseignement général républicain, à l’École centrale du Département de Jemappes. A cette école est jointe une bibliothèque créée en 1797, qui est à l’origine de l’actuelle bibliothèque centrale de l’UMons et particulièrement des fonds anciens. C’est à Germain-Joseph Hallez4, ancien élève de l’Académie royale, qu’est confié le cours de dessin (facultatif) que peuvent suivre de jeunes étudiants à partir de 12 ans. La loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) supprime les écoles centrales et les remplace, pour les plus importantes, par des lycées entretenus par l'État et pour les autres, par des écoles secondaires ou collèges, financés par les communes ou de manière privée (c'est-à-dire par les

1 Voir : Pierart Christiane, L’Académie Royale des beaux-Arts de Mons : 1780-1980, Mons, 1983 et Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 2 Voir glossaire 3 L’Ancien régime désigne le régime politique et social en place en France avant la Révolution française (1789) 4 Voir notice biographique 4 familles). Les bibliothèques des écoles centrales seront attribuées aux communes par une décision du 28 janvier 1803. A Mons, Germain-Joseph Hallez fait campagne pour la recréation de l’Académie et le 22 février 1803, s’ouvre une Ecole de dessin dont il assumera la direction jusqu’à son décès en 1839. Cette Ecole de dessin est payante et elle ne redeviendra gratuite qu’en 1820. En 1814, avec la défaite de Napoléon et l’installation du régime hollandais, tout change à nouveau. Contrairement à l’occupation française, le régime hollandais n’a fermé aucun établissement scolaire. Mons conserve donc son école de dessin en fonction depuis 1803. En revanche, le système est réformé par un arrêté du 13 avril 1817 : l’enseignement est divisé en trois degrés d’importance croissante en fonction des villes : Ecole de dessin, Académie de dessin et Académie des beaux-arts. Avec Amsterdam, seule la Ville d’Anvers est autorisée à ouvrir une Académie des beaux-arts. Comme Bruxelles, Bruges et Gand, la Ville de Mons obtient seulement le titre d’Académie de dessin dont elle doit assumer seule le financement. La gratuité de l’enseignement qui avait été abrogée sous la période française est à nouveau garantie et les coûts sont à charge des municipalités. La Ville de Mons conserve donc sa structure d’enseignement, mais elle doit l’adapter à la nouvelle législation : ce sera chose faite en 1820. Les cours redeviennent gratuits et un conseil académique composé de représentants de la Ville de Mons et d’amateurs est créé. C’est aussi en 1820 qu’est rédigé le règlement de l’Académie qui sera la base de tous ceux qui suivront. Dès cette année-là, l’Académie de Mons prend la forme qu’elle va conserver jusque 1976. De 1820 à 1975, l’Académie reste un établissement d’enseignement communal mais elle évolue. Elle déménage à de multiples reprises, ses programmes se modifient et se diversifient, le nombre des professeurs et des élèves s’accroit. Son appellation change elle aussi : elle devient Académie des Beaux-Arts en 1875, puis Académie des Beaux-Arts et des Arts décoratifs à partir de 1915 sous la direction d’Emile Motte, et enfin, en 1936, elle redevient Académie royale comme en 1789 sous le rectorat de Louis Buisseret1. En 1911, l’Académie s’ouvre aux filles : le Conseil communal décide d’ajouter, à titre d’essai, au programme un cours de dessin réservé aux jeunes filles d’au moins quatorze ans. Dès cette date, il y aura sans interruption des femmes inscrites à l’Académie. Cette ouverture est assez tardive : les Académies de Bruxelles et d’Anvers accueillent les femmes à partir de 1889. En réalité, officieusement, plusieurs femmes suivent les cours de peinture d’Antoine Bourlard et de gravure d’Auguste Danse dès 1883, ce qui est précoce. Le réseau familial et la présence d’un artiste de sexe masculin dans l’entourage direct sont des facteurs qui expliquent ces exceptions. Louise et Marie Danse reçoivent l’enseignement de leur père au sein de la classe de gravure. Elles y croisent Elisabeth Wesmael, fille du directeur du Vaux-Hall de Mons et future épouse de l’écrivain Maurice des Ombiaux. Marguerite Putsage, dont la riche famille compte parmi ses obligés le sculpteur montois Louis-Henri Devillez, obtient vers 1890 un passe-droit pour l’Académie. Au milieu des années 1890, Elisa Weiler acquiert dans l’atelier de gravure une maîtrise technique qu’elle mettra au service des éditions de cartes postales de

1 Voir notice biographique pour tous les noms en caractères gras 5 son mari Edouard Nels1. Enfin, Cécile Douard2 doit au soutien de Jean-François Portaels de pouvoir fréquenter la classe de gravure d’Auguste Danse et surtout l’atelier de peinture du directeur de l’établissement Antoine Bourlard.

Entre 1960 et le milieu des années 1980, Mons est le théâtre d’une forte effervescence artistique. Les artistes se regroupent au sein de collectifs qui sont quasiment tous liés à l’Académie des beaux-arts. C’est dans ce contexte qu’en 1975, l’Académie royale des beaux- arts est transformée en une école supérieure des Arts plastiques et visuels (ESAPV) dont le programme s’ouvre peu à peu aux nouvelles disciplines de l’art contemporain. Les sections beaux-arts et architecture sont alors séparées : la première, devenue ESAPV, est reprise et gérée par l’Etat belge en 1976 (puis Communauté française – Communauté Wallonie- Bruxelles), tandis que l’Ecole Supérieure d’Architecture restera sous la tutelle de la Ville de Mons

En passant sous l’autorité du ministère de l’Éducation nationale en 1976, l’école est profondément modifiée dans son organisation. La charge administrative du directeur est considérablement alourdie. Depuis deux siècles, le poste était systématiquement occupé par des peintres (ou plus tardivement, entre 1966 et 1976, des architectes). Cette époque est révolue. En 1977, c’est le philologue et historien de l’art André Bougard qui est nommé directeur de l’ESAPV. Désormais, les recrutements d’enseignants vont obéir à une procédure d’appel à candidatures paraissant au Moniteur belge. En 2012, les deux Écoles Supérieures des Arts de la Communauté française situées sur le territoire de Mons fusionnent : le Conservatoire royal de Mons (CrM) et l’École Supérieure des Arts Plastiques, Visuels et de l’Espace (ESAPV) donnent naissance à ARTS². Le Conservatoire de Mons occupe son siège au 7 rue de Nimy (ancien couvent des soeurs Notre-Dame, dont les bâtiments remontent aux 17e et 18e siècles) depuis plus de 150 ans. D’abord École de musique de la Ville de Mons, il a été reconnu comme Conservatoire en 1882, puis est devenu Conservatoire d’Etat en 1948, et royal en 1951. Comme les deux autres Conservatoires royaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Conservatoires de Bruxelles et de Liège), il a intégré l’enseignement supérieur de la Communauté française de Belgique en 2002 et forme ses étudiants à la musique et au théâtre. La fusion de 2012 a permis de mettre en commun ces traditions et ces implantations et de bâtir un nouveau modèle d’enseignement supérieur des arts ouvert aux démarches interdisciplinaires. ARTS² est implanté à la fois dans le bâtiment du Conservatoire, rue de Nimy, et dans l’ancienne caserne dite “Major Sabbe”, construite sous le régime hollandais (1824-27) et devenue “Carré des Arts” en 1994, après l’abandon de ses fonctions militaires.

1 Edouard Nels (1869-1925) fonde en 1898 à Bruxelles une firme d’édition de cartes postales qui va couvrir la Belgique et ses colonies. Son frère Paul ouvre une succursale Nels à Metz, qui diffusera plus de 3000 cartes différentes sur l’Alsace-Lorraine (allemande), le Grand-Duché de Luxembourg et quelques communes frontalières allemandes. Voir : https://cartes-postales-nels.com/cartes-nels-publications-intro.html 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 6

ARTS² est une des seize Ecoles Supérieures des Arts de la Communauté Wallonie-Bruxelles à dispenser un enseignement supérieur artistique reconnu au niveau européen. Proposant exclusivement des formations de type long, elle est aussi, avec ses quelque 700 étudiants actuels, l’une des plus grandes. Le premier directeur d’ARTS² fut André FOULON, ancien directeur du Conservatoire royal de Mons (2012). L’Ecole Supérieure d’Architecture deviendra l’Institut Supérieur d'Architecture Intercommunal de Mons (ISAI), avant d’être intégré en 2010 à l’Université de Mons (UMons) et de devenir la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme.

B. Les programmes Au cours du XIXe siècle, l’évolution des programmes de l’Académie passe du simple cours de dessin à un choix de techniques artistiques toujours plus élargi : dessin, peinture, gravure, photographie, sculpture, modelage et taille directe, architecture. Cette diversité va s’accentuer au XXe siècle. En 1781, l’Académie propose des cours de dessin, peinture et sculpture. En 1803, sous la domination française, les écoles d’art sont réorganisées et seul le dessin continue d’être enseigné à Mons. Suite à l’arrêté du 13 avril 1817 (époque hollandaise), seules les Académies des beaux-arts d’Anvers et d’Amsterdam peuvent offrir un enseignement complet de toutes les disciplines artistiques, tandis que l’Académie de Mons ne peut proposer que des cours de dessin. Les aspirants artistes doivent donc se former d’abord dans les Académies de dessin avant de briguer une place dans les Académies des beaux-arts d’Anvers et d’Amsterdam. En 1820, un cours d’architecture civile est introduit, réservé à des élèves ayant déjà des connaissances suffisantes en dessin et en mathématiques. Dès 1840, avec la nomination de l’anversois Antoine Van Ysendyck1 à la tête de l’établissement, les cours de peinture sont réintroduits. Puis, au fil du temps, s’ajoutent des cours de lithographie2 (1855), construction (1875), uniquement pour les élèves d’architecture, peinture décorative (1877), dessin d’ornement (1880), sculpture et modelage (1882), gravure (1882), peinture imitation bois et marbre (1897), taille de la pierre (1899), métaux repoussés et ciselure sur métal (1911). En 1911, le programme des cours est réformé et les cours se diversifient plus encore, tandis que des professeurs spécialisés sont nommés en conséquence3. La section d’architecture sera longtemps le parent pauvre de l’Académie. Une loi du 20 février 1939 sur la protection du titre et de la profession d’architecte va changer la donne. Il faudra cependant attendre la fin de la guerre 40-45 pour que soit réorganisée la section

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 2 Voir glossaire 3 Pour plus de détails sur les cours dispensés par l’Académie et leur évolution au fil du temps, se référer à l’ouvrage : Pierart Christiane, L’Académie Royale des beaux-Arts de Mons : 1780-1980, Mons, 1983 7 d’architecture (1944), tandis que qu’un nouveau régime d’inscription sera appliqué en 1948, imposant d’être porteur d’un diplôme d’humanités secondaires et de passer un examen d’entrée pour pouvoir prétendre à s’inscrire dans cette section. Désormais, les sections beaux- arts et architecture sont séparées et les étudiants suivent un cursus bien différent, ce qui n’était pas le cas auparavant. En 1955, une section d’urbanisme est créée à côté de la section d’architecture et de nouveaux cours sont dispensés. En 1975, les deux écoles se sépareront. L’Académie des beaux-arts, devenue l’ESAPV en 1975, puis ARTS² en 2012, propose des cours de plus en plus variés, suivant l’évolution des tendances du monde de l’art. Elle forme les artistes, designers ou architectes d'intérieur dans des disciplines aussi diverses que le dessin, la sculpture, la peinture, la gravure, images dans le milieu, la communication visuelle, l'architecture d’intérieur, le design urbain et les arts numériques.

C. Les artistes de l’Ecole de Mons

 1840-18701

En 1840, l’anversois Antoine Van Ysendyck2 prend la direction de l’Académie. Il occupe ce poste jusque 1856. La nomination d’un Anversois à la tête de l’Académie de Mons s’explique par l’absence de candidats valables : la peinture n’était plus enseignée à Mons depuis plusieurs décennies puisque sous le régime hollandais, seule l’Académie des beaux-arts d’Anvers pouvait proposer un cursus complet. Lauréat du Prix de Rome3 en 1823, Van Ysendyck vit dans les années 1830 à Anvers, Paris, Gand, Rome avant de se fixer à Mons, et participe à de nombreux salons4 en Belgique et en France (Paris). En sélectionnant Van Ysendyck, la Ville de Mons place donc à la tête de son école un peintre reconnu. Peintre d’histoire et de scènes religieuses dans une veine néoclassique5, Van Ysendyck exécute également de nombreuses scènes de genre6. Sous Van Ysendyck, la peinture est remise au premier plan des pratiques artistiques au sein d’une école qui en avait été privée durant plusieurs décennies. Ce retour de la peinture est l’élément marquant du milieu du XIXe siècle dans l’histoire de l’école de Mons. Trois élèves y ont contribué : Modeste Carlier, Antoine Bourlard et Nicolas Legrand.

Peintre d’histoire fidèle à la tradition académique, Modeste Carlier suit les cours de Van Ysendyck à Mons et de François-Edouard Picot7 à Paris. Sa maîtrise de la peinture lui permet d’obtenir le Prix de Rome8 en 1850, ce qui l’amène à séjourner dans la capitale italienne jusque

1 Laoureux Denis, artistique à Mons au XIXe siècle dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 3 Voir glossaire 4 Idem 5 Idem 6 Idem 7 François Édouard Picot (1786-1868) est un peintre néo-classique français, plus apprécié pour les mérites de son enseignement que pour ses talents de peintre. 8 Voir glossaire 8

1855. Carlier s’installe ensuite à Paris où il mène sa carrière sans pour autant oublier ses origines belges. L’artiste expose beaucoup dans les salons1. Il participe à celui de Paris entre 1857 et 1866, ainsi qu’aux expositions triennales des beaux-arts de Bruxelles (1860) et de Mons (1861 et 1864). En 1860, il termine son tableau Sainte Barbe apparaissant aux mineurs après un coup de grisou commandé cinq ans plus tôt par la Commune de Quaregnon.

Antoine Bourlard2 est lui aussi un élève de Van Ysendyck à l’Académie de Mons qu’il fréquente de 1836 à 1846. Il complète sa formation dans l’atelier de Thomas Couture3 à Paris où il vit de 1846 à 1851. Avec l’aide financière de la commune, il s’installe à Rome de 1852 à 1875 avant de revenir dans sa ville natale. Comme Carlier, Bourlard expose beaucoup dans les salons. À vingt-cinq ans, il obtient un premier succès avec Les Anges déchus, un tableau de facture romantique qu’il expose à Bruxelles (1851) et à Mons (1852). A Rome, sa peinture prend une orientation réaliste dont témoigne L’Arâtro, un tableau de grand format exposé à Bruxelles (1875) et à Mons (1876). Entré dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Mons, l’Arâtro devient le tableau auquel le public associe le nom de Bourlard. Nommé directeur de l’Académie de 1882 jusqu’à sa mort en 1899, Bourlard y enseigne la peinture. La plupart des peintres montois des premières décennies du XXe siècle doivent leur parfaite maîtrise de la technique et leur souci constant du « bel ouvrage » à son enseignement. Cet esprit caractérise la production montoise de l’entre-deux-guerres et sera commun aux membres de Nervia qui, eux aussi, refuseront l’avant-garde à tout prix.

Antoine Bourlard - L’Arâtro (1875) Collections Ville de Mons - Artothèque © L'atelier de l'Imagier

1 Voir glossaire 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 3 Thomas Couture (1815-1879) est un peintre d'histoire français. Aujourd'hui peu connu, il fut un peintre et un professeur important. Son école indépendante fit concurrence à l'École des beaux-arts en formant les meilleurs talents de la peinture historique 9

Nicolas Legrand1 est le troisième peintre montois à marquer le milieu du XIXe siècle. Sa production est essentiellement composée de portraits de la bourgeoisie montoise qu’il présente au salon de Mons entre 1842 et 1868. Il enseigne le dessin de 1856 à 1870 à l’Académie des beaux-arts de Mons et en devient aussi directeur intérimaire. Nicolas Legrand est réputé en tant que peintre mais aussi en tant que lithographe.

 1870-18802

Dans les 1870-1880, la peinture de paysage connaît un essor particulier en Belgique. Le genre existe évidemment depuis quelques décennies déjà, mais ce qui est inédit, c’est que le paysage naturel ne sert plus uniquement de toile de fond mais devient un objet de représentation en soi. C’est dans cette veine qu’il faut situer les paysages peints par Antoine Bourlard. Les peintres Auguste-Charles Gerboux3 et Eugène Lucq4 s’inscrivent plutôt quant à eux dans la tradition de la représentation pittoresque de la région montoise. Ils font le lien avec les peintres de la fin de siècle et de l’entre-deux-guerres qui multiplieront des représentations du « vieux Mons ».

La pratique de la sculpture connaît également une certaine percée à Mons à travers l’enseignement et la production de Charles Brunin, formé à l’Académie de Mons. Brunin se consacre au portrait et est omniprésent dans les salons des années 1870 après qu’il ait obtenu le Prix de Rome5 en sculpture en 1868. Il est partout, y compris à Paris et à Rome où il séjourne grâce à une aide financière de la Ville de Mons. Ses nombreuses participations aux salons lui vaut un grand succès auprès des amateurs d’art. Son buste La Milanaise présenté à Mons en 1872 est acquis par la Ville. Trois ans plus tard, le roi Léopold II achète le marbre Les Pigeons de Saint-Marc présentés au salon de Bruxelles. En 1875 toujours, Brunin est nommé professeur à l’Académie de Mons où il reste jusque 1882 avant de s’installer dans la capitale belge.

1 Voir notices biographiques pour les noms en caractères gras 2 Laoureux Denis, La vie artistique à Mons au XIXe siècle dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 3 Gerboux Auguste-Charles (Mons, 1838-1878) est un peintre de paysages inspirés par la campagne montoise. Il suit des cours à l’Académie des beaux-arts de Mons en 1864. 4 Lucq Eugène (Mons, 1858-1916) : peintre, aquafortiste et dessinateur formé dans l’atelier d’Auguste Danse à l’Académie de Mons. On lui doit de nombreux paysages des vieux quartiers de Mons et quelques illustrations pour plusieurs tomes des Annales du cercle archéologique de Mons. 5 Voir glossaire 10

Charles Brunin – Une Milaniase (sd) Collection Ville de Mons - Artothèque © L'atelier de l'Imagier

En juillet 1869, le tournaisien André Hennebicq1 est nommé directeur de l’Académie des beaux-arts de Mons. Il restera en fonction jusque 1876. Peintre de talent, il est formé à Tournai par Joseph Stallaert2 et à Bruxelles par Jean-François Portaels3. Plusieurs fois récompensé, son travail décroche le Prix de Rome4 en 1865. Hennebicq est le quatrième Prix de Rome5 actif à Mons avec ses prédécesseurs Antoine Van Ysendyck, Modeste Carlier et Charles Brunin. Hennebicq représente l’exemple même du peintre d’histoire qui mène une brillante carrière dans les structures officielles du monde artistique belge sous Léopold II et ses tableaux atteignent des valeurs chiffrées élevées. Il expose régulièrement dans les trois grands salons triennaux nationaux et celui de Paris. Dès 1869, il est aux cimaises6 du salon de Bruxelles. A partir de ce moment, il multiplie les participations jusque 1897. Au salon de Bruxelles de 1872, il présente son tableau monumental intitulé Messaline sortant de Rome, insultée par le peuple avec lequel il fait la démonstration éclatante de son savoir-faire. Il n’expose par contre que deux fois au salon triennal de Mons (1896 et 1899).

En 1871, Louis Hennebicq fait appel au graveur Auguste Danse pour assurer le cours de dessin à l’Académie. L’artiste assumera cette charge jusqu’à sa retraite 1897 et formera tous les étudiants en art de Mons. En 1882, il ouvre un atelier de gravure sur métal au sein de l’Académie, d’abord gravure de reproduction, puis gravure de création. Parmi ses élèves, Louis Lenain, Louis Greuze, Charles Bernier, Victor Dieu et Alfred Duriau seront récompensés par

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 2 Joseph Stallaert (1825-1903) : peintre belge, professeur à l’Académie des beaux-arts de Tournai, élève de François-Joseh Navez 3 Jean-François Portaels (1818-1895) : peintre belge, élève de François-Joseh Navez. Il fonde à Bruxelles un atelier libre où il enseigne son art. Considéré comme le fondateur de l’école orientaliste belge. 4 Voir glossaire 5 Idem 6 Idem 11 un Premier ou un Second Prix de Rome1 en gravure et assureront après lui la réputation de l’école de gravure de Mons jusque dans les années 1920. Bien d’autres élèves suivent les cours de Danse, à commencer par ses propres filles Louise et Marie2, mais aussi Cécile Douard, Eugène Lucq, Marguerite Putsage... Comme Hennebicq, Danse est peu visible au salon de Mons alors qu’il est omniprésent dans tous les autres. Il expose essentiellement des gravures de reproduction qui reprennent des tableaux à succès comme La Folie d’Hugo Van der Goes d’après le tableau homonyme du peintre Emile Wauters.

 1890-19183

En 1896, Antoine Bourlard expose une peinture puissante au salon de Mons : Industria. Il s’agit d’une commande destinée à la décoration du palais provincial. Son auteur est en fin de carrière. Il est directeur de l’Académie de Mons depuis 1878 et occupe cette fonction jusqu’à sa mort en 1899 tout en restant professeur de peinture. Cécile Douard figure parmi ses nombreux élèves. Au contact de cette dernière, il redéfinit sa peinture dans les années 1890 en abordant la représentation du monde ouvrier. Certains tableaux peints par Bourlard et Douard entre 1895 et 1900 constituent une contribution originale et marquante à l’art social en Belgique.

Cécile Douard est formée à la peinture par Antoine Bourlard dès 1883. Elle suit les cours de manière officieuse car les femmes ne sont pas encore admises. Aux salons de Mons de 1893 et 1896, Douard présente des portraits. Elle réalise dès 1888 des tableaux consacrés au travail des femmes dans le Borinage, dont Marchandes de charbon présenté à Anvers en 1894 et Les Glaneuses de charbon présenté à Namur l’année suivante. Dans les années 1890, l’art social est confronté à l’essor du symbolisme4. Les tableaux de Douard peuvent être situés à ce carrefour, en ce sens que sa représentation des femmes correspond à une vision de l’être humain soumis aux effets imprévisibles et douloureux de puissances qui le dépassent.

Cécile Douard, frappée de cécité à 33 ans, ne peint que durant une quinzaine d’année, de 1885 à 1899. Elle ne donnera jamais cours, n’a pas de disciple et n’influence donc directement aucun artiste montois du XXe siècle. Elle est pourtant la première à Mons à interroger la finalité de l’art et à questionner son rôle et sa possible influence « politique » dans une région ouvrière alors secouée par de nombreuses émeutes. Peintre du travail, Douard n’idéalise ni ne magnifie les travailleuses qu’elle côtoie. Au contraire, en empathie avec celles-ci, elle partage leur sort et dénonce par ses œuvres leurs conditions de travail. À sa suite, de nombreux artistes hennuyers reprendront cette réflexion sur leur responsabilité dans la vie politique et sociale.

1 Voir glossaire 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 3 Laoureux Denis, La vie artistique à Mons au XIXe siècle dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 4 Voir glossaire 12

Cécile Douard - Les Glaneuses de charbon – Terril de Cuesmes – Borinage (1895) Collection Ville de Mons - Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

Dans l’entre-deux-guerres, Anto-Carte1, pratiquera lui aussi une peinture sociale, plus symboliste encore et empreinte de religiosité, tandis que les montois Marius Carion et Victor Dieu représenteront dans un style réaliste, parfois même expressif, des scènes, des vues et des intérieurs borains qui peuvent être rattachés à une forme d’art social.

Anto Carte – Pieta (1918) Collection Ville de Mons-Artothèque - © L'atelier de l'Imagier ©SABAM Belgium 2020

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 13

Même si leur renommée dépasse les frontières du Hainaut et qu’ils jouissent d’une certaine notoriété dans les milieux cultivés bruxellois, Danse, Bourlard et Douard restent des artistes « de Mons », généralement absents ou écartés des manifestations artistiques nationales.

En 1897, Danse cède sa place à son élève Louis Greuze qui prolonge la pratique de la gravure de reproduction qu’il expose aux salons de Bruxelles, Gand, Anvers, Namur, Mons et Paris entre 1880 et 1900. En 1899, Antoine Bourlard est remplacé à son poste de direction de l’Académie des beaux-arts par le montois Emile Motte qui dirige l’Académie de Mons jusque 1928 tout en assumant, comme son prédécesseur, le cours de peinture. Peintre raffiné et littéraire, théoricien et critique, Motte a déjà une solide réputation lorsqu’il est désigné par la Ville à ce poste. Il crée une œuvre singulière, classique et réfléchie, qui se nourrit d’une part des leçons de Danse et de Bourlard, et d’autre part de celles des symbolistes et des préraphaélites1. Achevé en 1899, son tableau Au temps de nos aïeux est sa pièce maîtresse. L’œuvre rencontre un grand succès autant à Bruxelles qu’à Paris. Souvent allégorique, voire mystérieux, son travail reste plus accessible que celui du peintre symboliste bruxellois Jean Delville, qu’il attire à Mons (où ce dernier enseigne de 1907 à 1937 et vit de 1933 à 1947). L’œuvre d’Emile Motte, feutrée et dessinée avec soin, et son enseignement influencent tous ses élèves qui, dans les années 1930, occupent le devant de la scène artistique.

Emile Motte – Nos aïeux (1899) Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

1 Voir glossaire 14

Durant la Première Guerre mondiale, l’Académie de Mons vit au ralenti. Contrairement à d’autres, les artistes montois n’ont pas pu s’exiler, la ville étant occupée dès août 1914. Certains réussissent cependant à nouer des contacts avec les avant-gardes1 et se tiennent au courant des démarches innovantes des cubistes, dadaïstes, futuristes et expressionnistes2 présents en France, en Angleterre ou aux Pays-Bas. Le Bon Vouloir n’organise qu’une seule exposition, en 1915, au profit des victimes de guerre, mais n’y sont évidemment représentés ni les artistes en exil, ni les avant-gardes. Après la guerre, la vie artistique montoise reste centrée sur elle-même, à l’écart des mouvements d’avant-garde qui se manifestent ailleurs. Le public local continue de privilégier les artistes fidèles à la tradition académique. Ce n’est qu’à la fin des années 1920, avec la création de Nervia et des Loups, que les artistes issus de l’Académie de Mons commencent à se faire connaître en dehors de leur région.

 1928-1938 : Nervia

Après la guerre, de nouveaux noms apparaissent sur la scène artistique montoise. Ces artistes renouvellent la pratique de la peinture sans rompre avec les prédécesseurs qui les ont formés. A la fin des années 20, la vie artistique montoise est dominée par le groupe Nervia. Fondé en 1928 par les peintres Anto Carte et Louis Buisseret3, tous deux formés à l’Académie de Mons, Nervia est un cercle artistique qui souhaite valoriser l’art wallon, à une époque où la Flandre domine largement la scène artistique belge, et apporter son soutien à de jeunes artistes hennuyers de qualité. La désignation de Louis Buisseret à la direction de l’Académie des beaux- arts de Mons en 1929 contribue à renforcer l’influence du groupe qui comptera, outre Anto Carte et Louis Buisseret, sept autres peintres : Frans Depooter, Léon Devos, Léon Navez, Pierre Paulus, Rodolphe Strebelle, Taf Wallet et Jean Winance. Les fondateurs de Nervia n’imposent aucune ligne esthétique. Chacun suit sa voie et développe sa personnalité, mais tous ont en commun leur formation, leur approche « humaniste » de l’art, leur refus de l’avant-garde, leur attachement à la tradition académique de la peinture figurative, sans pour autant être réactionnaire ou passéiste. Nervia revisite les genres académiques comme le portrait, le nu, le paysage et la nature morte, les scènes de la vie quotidienne et familiale à travers une peinture à la fois sensible, intimiste, délicate et parfaitement maîtrisée d’un point de vue technique. Entre 1928 et 1938, vingt expositions sont organisées et d’autres artistes invités : Andrée Bosquet, Gustave Camus, Alphonse Darville, Élisabeth Ivanovsky, Geo Verbanck, Fernand Wéry et Ernest Wynants.

1 Voir glossaire 2 Mouvements artistiques d’avant-garde du début du XXe siècle 3 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 15

Frans Depooter – La femme en bleu (1930) Collection Ville de Mons – Artothèque - Collection Ville de Mons - Artothèque

La plupart des membres de Nervia formeront et influenceront d’autres artistes : Léon Navez et Gustave Camus1 (non membre, mais proche du groupe) sont professeurs à l’Académie de Mons. Taf Wallet et Jean Winance le sont respectivement à l’Académie d’Anvers et de Tournai. Frans Depooter et Léon Devos, professeurs et ensuite directeurs, le premier, à l’Académie de Molenbeek, le second à celle de Bruxelles. De cette manière, à la suite de Buisseret, directeur de l’Académie de Mons de 1929 à 1949, et de Carte, professeur à la Cambre et ensuite à l’Académie de Bruxelles, ils assurent la continuité de l’esprit du groupe, même après sa dissolution. D’autres groupes se forment et s’imposent au cours des années 1930, qui contribuent à diffuser le travail d’artistes locaux restés fidèles, pour la plupart, à l’esprit de Nervia, comme L’Essaim, fondé en 1908 par des sympathisants du Bon Vouloir, ou Les Loups. Les loups est une association qui réunit, entre 1929 et 1939, des peintres montois comme Arsène Detry, Pierre Dequène, Albert Jacquemotte et Marcel Gillis, et le sculpteur Paul Joris, tous diplômés de l’Académie de Mons. Les Loups entendent eux aussi valoriser la création artistique à Mons et en Hainaut, et ses membres restent, eux aussi, fidèles à la figuration. Leur art s’éloigne de l’idéalisme et de l’humanisme de Nervia et se laisse influencer par le cubisme. Arsène Detry finira cependant par ne peindre que des paysages borains d’où toute présence humaine est absente, d’un réalisme silencieux, voire magique et même surréaliste.

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 16

Arsène Detry – Le Pont-levis (sd) Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

Le surréalisme1 a eu aussi sa place à Mons à la fin des années 30, avec les écrivains Achille Chavée et Fernand Dumont et les artistes Marcel Lefrancq, Armand Simon et Louis van de Spiegele2, qui prennent part au Groupe surréaliste en Hainaut (1939-1946) fondé à Mons par Chavée et Dumont en juillet 1939. À ce premier mouvement surréaliste montois succède le groupe Haute Nuit (1947-1949). Mais la plupart des artistes montois restent attachés aux principes de la figuration, qu’elle soit réaliste ou idéaliste.

 1945-19803

Après la guerre, de nouveaux professeurs prennent le relais des anciens à l’Académie des beaux-arts. Ils influenceront la vie artistique montoise jusqu’au milieu des années 1980. En octobre 1948, Edmond Dubrunfaut se voit confier le cours d’art décoratif dans lequel il inclut la peinture murale et la tapisserie. Il assume cette fonction durant trente ans. Gustave Camus devient professeur de peinture en 1951, avant de prendre en 1961 la direction de l’établissement dont il démissionne en 1966 afin de se consacrer à nouveau à l’enseignement de la peinture jusque 1976.

1 Voir glossaire et dossier pédagogique consacré au surréalisme dans les collections montoises 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 3 Laoureux Denis, Les mondes de l’art à Mons entre 1945 et 1985, dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 17

Gustave Camus – La sieste (1962) Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

L’action pédagogique d’Edmond Dubrunfaut et Gustave Camus1 est déterminante dans la formation de la génération qui émerge au milieu des années 1960. Ils formeront la plupart des artistes du groupe de Cuesmes 68 et de Maka. À André Hupet, on confie l’atelier de sculpture en 1954 que Christian Leroy reprendra en 1977. Installé à Mons en 1947 avec son épouse, Zéphir Busine rejoint le corps professoral en 1961 pour enseigner les arts graphiques. En 1963, Gustave Marchoul reprend l’atelier de gravure qu’il transmet 3 ans plus tard à Gabriel Belgeonne. Une génération d’artistes viendra se former auprès de Belgeonne dans les années 1970 et 1980. On pense notamment à Thierry Lenoir, Édouard Fostier, Pol Authom et Laurence Chauvier. Yvon Vandycke et Michel Jamsin, élèves de Camus, prennent leur fonction en 1965, tous deux pour enseigner le dessin. Ces artistes-enseignants vont dominer et animer la scène artistique montoise dans leurs diversités, leurs complicités, mais aussi leurs luttes d’influence.

Entre 1960 jusqu’au milieu des années 80, Mons est le théâtre d’une forte effervescence artistique, caractérisée par l’activité d’artistes regroupés en collectifs, quasiment tous liés à l’Académie des beaux-arts. Ces groupes fonctionnent essentiellement comme des plateformes d’exposition et d’édition, et jouent un grand rôle dans la carrière de leurs membres.

 Hainaut Cinq : le groupe Hainaut Cinq est fondé en 1964 par Zéphir Busine, Gustave Camus et Gustave Marchoul, tous trois professeurs à l’Académie de Mons, par Roger Dudant et par Jean Ransy, professeur à Saint-Gilles. Leur but ? Relancer une dynamique de promotion des arts visuels en Hainaut, toutes tendances confondues. Pour cela, Hainaut Cinq organise des expositions, publie des livrets. La première

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 18

exposition a lieu au musée des Beaux-Arts de Mons en mars 1964 : un modèle que Hainaut Cinq déclinera jusque 1970.  Cap d’encre : Cap d’encre voit le jour sous la forme d’une asbl constituée le 7 mai 1964. Son fondateur, Gustave Marchoul, est alors professeur de gravure à l’Académie des beaux-arts de Mons. Six artistes (dont Pierre Alechinsky1) le rejoignent pour former cette association. Il n’y a pas d’unité stylistique dans le travail de ses membres. La raison d’être de Cap d’encre est la diffusion de la gravure présentée dans toute la diversité de ses techniques et comme une discipline artistique à part entière. L’exposition et la publication s’imposent d’emblée comme les moyens adéquats. De 1964 à 1970, des expositions de Cap d’encre circulent dans le pays, en France et au Japon. Mons est une des villes qui accueillent les activités du collectif.  Cuesmes 68 : Animé par Edmond Dubrunfaut de 1968 à 1977, le groupe Cuesmes 68 est étroitement lié à l’Académie des beaux-arts de Mons dont ses membres sont issus. La plupart d’entre eux ont fréquenté l’atelier d’art monumental de Dubrunfaut. Parallèlement à sa prise de fonction comme professeur à Mons, Dubrunfaut s’était impliqué avec Louis Deltour2 et Roger Somville 3en 1947 dans la création du collectif Forces murales qui visait à créer un art public sous la forme de grandes compositions figuratives placées dans des lieux ouverts. La mission que se donne Cuesmes 68 consiste à réaliser des peintures murales dans des bâtiments à usage collectif, comme leur peinture murale de 450 mètres carrés réalisée dans le nouveau réfectoire de l’Institut communal d’enseignement technique de Cuesmes (l’I.C.E.T.). Plusieurs éléments font de Cuesmes 68 un mouvement politiquement engagé : organisation collégiale du travail artistique, anonymat pour les artistes qui contribuent aux projets, thématiques abordées (souvent le monde du travail) et adhésion personnelle de la plupart des membres à une vision communiste du monde.  Maka : En 1971, Michel Jamsin et Yvon Vandycke, Jean-Marie Molle, Jacques Ransy et Charles Szymkowicz4, tous formés par Gustave Camus, s’associent avec le sculpteur Christian Leroy pour former le collectif Maka. Calisto Peretti, professeur de dessin à l’Académie des beaux-arts de Molenbeek, vient compléter le groupe. En wallon, le «maka» est un marteau-pilon utilisé dans l’industrie métallurgique. Par extension, c’est un coup de poing porté au visage. Le ton est donné dans un texte ayant une valeur de manifeste : «MAKA n’est pas à la mode. MAKA n’est pas un style. MAKA n’a pas d’uniforme. MAKA est une langue vivante qui écrit l’homme en images. MAKA ne fait pas le beau. MAKA est un coup de poing qui vous veut du bien». Le programme est large, mais la ligne est précise. Il s’agit de montrer l’humanité à travers ce qui l’aliène : violence, oppression, angoisse, exil intérieur… Les artistes sont animés par la révolte,

1 Pierre Alechinsky (1927) est un peintre et graveur belge. Membre fondateur du groupe Cobra, son œuvre mêle l'expressionnisme au surréalisme 2 Louis Deltour (1927-1998) : peintre wallon engagé dont l’œuvre est consacrée à la classe ouvrière 3 Roger Somville (1923-2014) : peintre belge engagé, adepte du réalisme, auteur de peintures monumentales dans l’espace public et de tapisseries. 4 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 19

la colère, l’insoumission plus que par la révolution, le soulèvement ou le changement radical. Douze expositions sont organisées par Maka durant les six années d’existence du collectif.

Jean-Marie Molle – Le Minotaure Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

 Zist-Zest : Zist-Zest est un collectif que forment notamment Christian Rolet, Jean-Marie Mahieu et Jean-Marc Navez1. En s’ouvrant à l’abstraction et à la notion de signe, les expositions qu’ils montent au musée des Beaux-Arts de Mons en 1976 et 1978 donnent à voir un art différent de la tradition figurative associée à l’école de Mons.  Maka après Maka : Un esprit Maka perdure à Mons après l’implosion du collectif en 1976. Maka continue parce que ses anciens membres poursuivent leur œuvre sans modifier leur pratique, mais aussi parce qu’une partie d’entre eux se retrouvent dans deux nouveaux collectifs qui vont successivement assurer la continuité de Maka : Art cru (1977-1979) et Polyptyque (1979-1988). Plusieurs expositions organisées par ces collectifs sont accueillies au musée des Beaux-Arts de Mons. Certains membres, comme Michel Jamsin, Yvon Vandycke, Christian Leroy, Charly Vienne et Roland Dubois, sont chefs d’atelier à l’ESAPV. Leur enseignement contribue à la présence d’une sensibilité Maka jusque dans les années 1980.

1 Voir notices biographiques pour les noms en caractères gras 20

Christian Leroy - Le Priape (sd) Photo : Alain Breyer - Collection personnelle de Christine Leroy Mallet, épouse du sculpteur Leroy Christian

 Tandem : La mise en valeur de la gravure connaît une nouvelle étape avec la création du groupe Tandem qui succède à Cap d’encre en 1971. Belgeonne dirige le projet sans Marchoul. Tandem est une asbl qui rassemble des graveurs issus de l’Académie de Mons et dont l’activité essentielle consiste à organiser des expositions. La première a lieu au musée des Beaux-Arts de Mons en 1971. Antonio Segui est invité pour l’occasion. Bien d’autres expositions suivront ailleurs dans le pays jusque 1975. Au milieu des années 1970, Tandem se redéfinit pour devenir essentiellement une structure éditoriale toujours en activité aujourd’hui.

 1980-20201

Jusqu’aux années 2000, le noyau dur des Maka impose aux futurs peintres son esthétique révoltée et crue : Vandycke à l’ESAPV et Charles Szymkowicz (lui aussi élève de Camus) à l’Académie de Bruxelles, règnent en maîtres absolus. Cette hégémonie se marque moins dans l’atelier sculpture de Christian Leroy, bien que dédié exclusivement à la figuration humaine, et pas du tout dans l’atelier dessin de Michel Jamsin dont l’enseignement est plus ouvert. Certains parviennent cependant à se faire remarquer hors de la sphère Maka. Jean-Marie Mahieu et Jean-Marc Navez2, membres du collectif Zist-Zest, sont parmi les anciens élèves de l’Académie qui jouissent de la plus grande renommée internationale dans les années 70-90. Jean-Marie Mahieu, à la fois peintre, sculpteur et graveur, interroge dans son oeuvre la mémoire et ses traces Son travail s’inspire du Borinage et représente les terrils et les petits

1 Voir Ernotte Philippe, Engendrements d’artistes ou les tribulations de l’école d’art de Mons et Veyx Christophe, Les « Mons » artistiques : à propos de quelques pratiques artistiques contemporaines dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, 16/03 au 16/08 2020, Snoeck Editions, 2020 2 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractère gras 21 habitats miniers. Il est professeur à l’ESA Tournai. Jean-Marc Navez1 décroche deux fois le prix de la Jeune Peinture belge en 1973 et en 1975 et occupe le pavillon belge à la Biennale de Venise en 1990. Il enseigne à l’Académie du soir de Charleroi. D’autres artistes acquièrent une belle notoriété : Jean-Pierre Scouflaire, avec son travail sur le rectangle et son sens de la couleur, Luc Etienne et ses épures géométriques, ou encore Mireille Liénard, dont l’univers rouge carmin oscille entre formes minimales et organiques dans un mélange de matériaux industriels et textiles. Les dessins de Didier Mahieu séduisent par leur douceur et leurs qualités académiques, et ses installations délicates sont à la fois spectaculaires et poétiques.

Jean-Pierre Scouflaire - Night and Day III (1994) Collection de la Province de Hainaut Dépôt au BPS22, Charleroi (B) - © Photo Raymond Saublains

Aux alentours de 1975, lorsque L’Académie devient l’ESAPV, le champ des arts plastiques est encore extrêmement mouvant. L’art contemporain n’a pas encore supplanté l’art moderne : il reste une avant-garde contestée. L’ESAPV (tout comme La Cambre) préfèrera longtemps perpétuer une tradition de savoir-faire technique. Fin des années 1990, Didier Mahieu succède à Vandycke à la tête de l’atelier de peinture, Jean-François Diord à Leroy en sculpture, et plus tard, en 2006, l’artiste conceptuel liégeois Babis Kandilaptis succède à Jamsin en dessin. Une nouvelle génération émerge, mais sans projet commun.

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractère gras 22

Didier Mahieu - Anna – Tentative de peau (1995) Collection de la Province de Hainaut - Dépôt au BPS22, Charleroi (B) - Photo : Alain Breyer ©SABAM Belgium 2020

Il faudra attendre la toute fin du XXe siècle pour que l’ESAPV s’ouvre à des disciplines plus en phase avec l’art contemporain Le facteur décisif de la modernisation de l’école sera l’importance croissante prise par l’option Image dans le Milieu (IDM). En 1986, un jeune artiste originaire d’Arlon, qui vient de représenter la Belgique à la Biennale de Venise devient assistant dans la section IDM : Jean-François Octave1. Architecte de formation, il est graphiste, dessinateur et auteur. Il fait partie d’une génération soucieuse de créer un pont entre arts visuels et musique. Il participe au développement de l’imaginaire visuel des années 1980, en réalisant des affiches de concert ou des pochettes de disque, pour des lieux ou des groupes divers. Dès 1990, il devient chef d’atelier de l’option IDM, qui se mue en atelier multidisciplinaire : on y pratique la peinture, le dessin, la sculpture, mais aussi l’installation, la photographie, la vidéo, la performance, l’art public. Cet atelier est, dans l’établissement, un espace essentiel de visibilité de l’art contemporain.

Jean-François Octave – La femme au chien (1985) Donation des époux Duvivier, Propriété de la Communauté française de Belgique, en dépôt à l’Artothèque de Mons - © Vincent Everarts ©SABAM Belgium 2020

1Voir notices biographiques pour tous les noms en caractère gras 23

Sous la direction d’Octave jusqu’en 2020, IDM développe la « pédagogie par projet » – art public, concours, commande – qui forme non seulement des générations d’étudiants, mais des dizaines d’artistes durables, parmi lesquels Philippe Bouillon, Vita Drappa, Sylvie Ronflette, Karine Marenne, Samuel Coisne, Arnaud Eeckhout…, etc. Son retentissement dépasse les frontières : il attire de nombreux étudiants étrangers, notamment par le programme Erasmus. L’Espagnole Edurne Rubio, aujourd’hui célèbre dans le monde qui relie les arts de la scène aux arts visuels, en est un exemple. Hassan Darsi, originaire de Casablanca, se forme dans l’atelier d’Octave. En 1989, il rentre au Maroc où il fonde, quelques années plus tard, l’association de promotion de l’art contemporain La Source du Lion. Autant ses photographies que ses installations intègrent une préoccupation sociétale liée à son contexte de vie. Son travail est collectionné par de nombreuses institutions internationales, comme le musée national d’Art moderne à Paris (Centre Pompidou) ou le Mukha à Anvers. Deux collectifs belges liés à l’option IDM font régulièrement parler d’eux, chacun composé de deux hommes : Hell’O et VOID. Hell’O est formé par Jérôme Meynen et Antoine Detaille1 (ce dernier diplômé d’Image dans le Milieu). Leurs œuvres, dont les plus particulières sont de grandes peintures murales, sont présentes aux quatre coins de l’Europe. Leur pratique, que l’on peut rattacher au Street Art, est truffée de références ou de clins d’yeux à l’histoire de l’art, savante ou populaire.

Hell’O – INNERSPACE Collection Hell'O © Hell’O

VOID est un duo de plasticiens fondé en 2013 par Arnaud Eeckhout, qui était alors étudiant à Image dans le Milieu à Arts², et l’artiste italien Mauro Vitturini alors en résidence à Mons. Ils

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 24 exposent tant en Belgique qu’à l’étranger, notamment à Istanbul, dans des galeries ou des foires internationales comme Artissima à Turin, ARCO à Madrid ou Art Chicago. Leur travail porte sur le son et se révèle à travers des œuvres aussi diverses que l'installation sculpturale, la sculpture, l’objet, le livre, le dessin, la performance, l’intervention dans l’espace public, le texte. L’enjeu de leur travail est d’utiliser le son comme un vecteur de représentation du réel, à la manière de la peinture sur la toile chez un peintre. Une autre option s’est souvent distinguée, la gravure, dirigée successivement par Gustave Marchoul, Gabriel Belgeonne, Cécile Massart, puis par Pol Authom. Plusieurs générations de graveurs et de professeurs de gravure en sont issus, dont Alain Winance (ESA Tournai), Frédéric Deltenre et Manuel Demeulemeester (ESA Le 75), Daniel Lannoy (Académie d’Arlon), Olivier Sonck (Académie de Charleroi), Pol Authom, Bruno Robbe et Leslie Leoni (ARTS2), ou encore Alain Regnier. Les éditions du Carré, créées en 1989, témoignent chaque année de l’activité de l’atelier.

Gabriel Belgeonne - sans titre, issu du portfolio Cap d’encre 1966 Collection privée - © Photo : Alain Breyer

Les meilleurs étudiants réinventent à l’infini les possibilités de cette technique qu’ils maîtrisent avec talent, comme Edith Dekyndt1, qui en est sans doute l’exemple le plus brillant. Formée à Mons dans l’atelier de Gabriel Belgeonne, elle y développe un travail largement influencé par les grands maîtres de la Renaissance italienne. Marqué par des questions environnementales, son travail exploite par la suite la sculpture, la vidéo ou les installations. Elle acquiert progressivement une reconnaissance internationale qui la conduit à bénéficier d’expositions personnelles au Wiels ainsi qu’à une participation saluée à la Biennale de Venise en 2017. Le MOMA à New York acquiert plusieurs de ses œuvres.

1 Voir notices biographiques pour les noms en caractère gras 25

Edith Dekyndt - Epiphanie. Développement du cube Collection de la Province de Hainaut - Dépôt au BPS22, Charleroi (B) - © Photo Raymond Saublains

En dehors des options beaux-arts traditionnelles, d’autres engendrent leur lot d’artistes, en particulier l’option illustration (devenue communication visuelle en 2004) dont sortent le peintre Bruno Vandegraaf1, Thibaut Blondiau (du duo Dscthk), Sébastien Laurent, Prix du Hainaut 2013, ou encore Eric Ledune, réalisateur de films d’animation qui remporte le Prix Magritte, équivalent belge des Césars, en 2017. Mais une école supérieure des arts ne mène pas exclusivement à une carrière d’artiste. Elle forme aussi de futurs professeurs d’art – du secondaire, des Académies du soir et des ESA (la moitié environ des actuels enseignants à ARTS2 sont diplômés de l’école) – et ouvre également aux métiers de la culture. Parmi les diplômés déjà cités, Bruno Vandegraaf devient chargé de mission au BAM, Thibaut Blondiau coordinateur à JAP (Jeunesse et Arts plastiques), Sébastien Laurent médiateur au MAC’s puis au Mundaneum, Helga Dejaegher régisseuse à Transcultures, Leslie Leoni échevine de la Culture à La Louvière, et Benoit Dumortier crée la galerie Thanks

1 Voir notices biographiques pour tous les noms en caractères gras 26

2. Autres institutions artistiques à Mons du XIXe au XXe siècle Mons est une ville qui a toujours montré une grande sensibilité à l’art et à la culture. Une Académie, un musée des Beaux-Arts et des salons d’expositions sont actifs à Mons dès le début du XIXe siècle. La peinture et la gravure occupent une place de premier plan dans l’enseignement artistique et seront le moteur d’une créativité continue au fil du XXe siècle. A Mons comme ailleurs, les artistes, débutants ou confirmés, ont besoin d’être exposés et soutenus. Au XIXe comme au XXe siècle, la reconnaissance des artistes passe par les prix pour lesquels ils concourent, dont le Prix de Rome1 ou le prix du Hainaut ou de la Jeune peinture belge aujourd’hui2, par les salons qui vont les exposer, par les galeries et les marchands qui vont les vendre, et enfin par les institutions publiques (musées principalement) et les clients privés qui vont acquérir leurs oeuvres. Mons détient très vite les bases du système : une école communale de dessin ouverte en 1803, la création de 2 salons (le salon triennal des beaux- arts en 1841, celui du Bon Vouloir en 1890) et un musée inauguré en 1839, sans parler des multiples galeries et initiatives privées.

 Salon triennal de Mons : Au XIXe siècle, de nombreuses villes belges se dotent d’un salon3, c’est-à-dire d’une exposition des beaux-arts organisée de manière récurrente, souvent triennale. Les artistes y sont acceptés par un jury. Dès 1813, les villes de Bruxelles, Gand et Anvers organisent chacune leur salon triennal suivant un roulement entre elles, suivies par Malines et Liège en 1834. A Mons, un premier salon ouvre ses portes en 1841. A partir de 1843, le rythme devient triennal, à l’instar de ce qui se fait dans les autres villes du pays. La sélection des artistes se veut nationale tout en étant largement ouverte aux artistes formés par l’Académie communale. L’évaluation des œuvres se fait par un jury d’admission composé de peintres qui procèdent par vote. Les œuvres sont ensuite placées et classées par discipline : peinture, sculpture et objets d’art (orfèvrerie, étains, cristaux, faïence…), œuvres sur papier (dessin, pastel, aquarelle, gravure) et dessin d’architecture. La section de peinture est de loin la plus fournie. Après l’envoi des tableaux, l’admission et le placement de ces derniers, vient le vernissage4 (c’est-à-dire la pose d’un vernis sur certains tableaux) qui précède l’ouverture de l’exposition au public. Celle-ci dure entre quatre et six semaines. L’ouverture du salon est un événement dans la vie publique montoise. Elle se fait en présence du collège des bourgmestre et échevins, de la direction du musée communal et des artistes. La dernière édition a lieu en 1899.

 Salon du Bon Vouloir5 : A partir des années 1890, à Mons comme ailleurs dans le pays, les acteurs culturels privilégient une approche régionaliste de la production artistique. Dès sa première édition en 1895, le

1 Voir glossaire 2 Idem 3 Idem 4 Idem 5 Voir De Reymaecker Michel, Mons entre-deux-guerres : Entre rêve et réalité – Emergence et affirmation de l’école montoise, dans Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, BAM, Mons, du 7 mars au 16 août 2020, Snoeck Edition, 2020 27 salon du Bon Vouloir répond ainsi à la volonté de promouvoir des artistes locaux. Fondé et animé par quelques artistes, amateurs d’art et collectionneurs, le cercle artistique montois du Bon Vouloir s’adresse aux jeunes de « bonne volonté » refusés le salon triennal ou l’association des Anciens de l’Académie (créée en 1890). Très dynamique, ce « cercle artistique montois » ainsi qu’il se définit lui-même, organise dès 1895 un salon annuel, favorise les rencontres entre acteurs du monde de l’art et programme des conférences. Il s’inscrit dans la mouvance des associations et cercles artistiques « libres » qui prospèrent alors en Belgique, soutenus par des mécènes, des critiques et quelques professeurs qui contestent la rigidité de l’enseignement académique et encouragent la liberté d’inspiration et d’exécution. D’emblée, le Bon Vouloir prend ses distances par rapport aux conventions académiques et affirme sa volonté d’ouverture. C’est ainsi qu’en 1905, lorsque son comité décide d’honorer un invité, il choisit un jeune montois prometteur de 19 ans, qui suit des cours du soir à l’Académie dans le cadre d’une formation professionnelle de décorateur : Antoine Carte1, qui n’obtiendra que quatre ans plus tard un premier prix de peinture à l’Académie de Bruxelles. C’est aussi au salon du Bon Vouloir que le public montois a l’occasion de découvrir, en 1914, six œuvres de Vincent Van Gogh. Aujourd’hui le Bon Vouloir défend toujours la liberté d’expression et reste ouvert à toutes les esthétiques et à toutes les innovations, qu’elles soient techniques ou stylistiques. Rendez-vous annuel montois des amateurs et créateurs d’art, il accueille toute la diversité des expressions artistiques et n’en privilégie aucune.

 Savoir et beauté : En 1920, Marius Renard, l’un des fondateurs du cercle, homme politique, homme de lettre et pédagogue, engagé dans l’éducation permanente et soucieux de mettre l’art à la portée de tous, crée la revue Savoir et Beauté. Durant quelque vingt ans, cette revue soutient de nombreux peintres et sculpteurs montois et hennuyers et contribue à la formation culturelle de la population locale

 Musée des beaux-arts : C’est en 1839 que le Musée de la Ville de Mons voit le jour. A l’époque, c’est surtout un musée d’histoire naturelle, avec quelques œuvres d’art. Au fil des ans, la collection beaux-arts devient de plus en plus importante et il devient difficile de trouver un bâtiment qui puisse l’abriter. La solution se présente à la fin du XIXe siècle grâce au legs Henri Glépin. Ce professeur à l’école des Mines de Mons, décédé en 1898, lègue aux hospices de Mons la somme de 1.500.000 francs pour la construction d’un hospice mixte pour vieillards et d’un musée exposant ses collections de faïences et numismatique. Le « musée des arts » est érigé rue Neuve avec l’aide de la Province et de l’État et inauguré le 7 septembre 1913 par le roi Albert Ier. Il comprend cinq salles, dont deux pour les collections Glépin, et présente 200 œuvres reprises dans le premier catalogue du musée des Beaux-Arts et d’Antiquités de la Ville de Mons rédigé par le conservateur de l’époque, Emile Hublard (1915). La collection beaux-arts continue de se développer et de s’étoffer. Les autorités communales poursuivent leur politique d’expositions temporaires pendant l’entre-deux-guerres et développent des projets d’envergure à partir des années 1950, notamment avec l’exposition

1 Voir notices biographiques pour les noms en caractères gras 28

Van Gogh en 1958. Grâce à cette dynamique, diverses acquisitions sont réalisées lors des salons et expositions. A partir de 1968, des travaux sont entrepris et un nouveau musée des beaux-arts est inauguré le 19 septembre 1970 au même endroit, afin de mieux accueillir la création contemporaine portée par les collectifs d’artistes qui se multiplient dans la région. Au cours du dernier tiers du XXe siècle, la collection permanente continue de s’enrichir des achats que font les autorités communales aux expositions et aux galeries d’art, ainsi que des legs ou des dons, grâce au subside de l’Association pour l’enrichissement du patrimoine artistique et folklorique belge. Les dépôts de l’État et de la Province se poursuivent aussi. Il faut cependant attendre le début du XXIe siècle pour que la collection connaisse à nouveau un enrichissement considérable de plus de mille œuvres, dû à la mise en dépôt permanent de deux collections d’art moderne d’artistes belges et internationaux de la seconde moitié du XXe siècle. Il s’agit de la collection des époux Duvivier, propriété de la Fédération Wallonie- Bruxelles et de la collection Thomas Neirynck, propriété de la Fondation Roi Baudouin. Ces deux dépôts ont considérablement élargi le champ d’action et de rayonnement des collections communales, notamment en augmentant les possibilités d’échanges au niveau international. Pour des raisons budgétaires, la politique d’enrichissement des collections de ces dernières années tend à favoriser les dons et dépôts permanents. La qualité des expositions organisées au BAM et la création de l’Artothèque sont deux facteurs qui encouragent cette politique. A la fois centre de réserve, de recherche, de restauration et d’étude du patrimoine, l'Artothèque rassemble en son sein les collections qui ne sont pas exposées de façon permanente dans les autres sites muséaux. Outre sa mission de conservation, l’Artothèque joue également un rôle important dans la promotion du patrimoine montois en le rendant accessible virtuellement. Elle permet aussi au public de comprendre le fonctionnement et les métiers d’un musée.

 Autres institutions publiques de promotion de l’art : BeCraft1 : Association professionnelle, basée sur le site des Anciens Abattoirs de Mons, regroupant plus de 80 créateurs, BeCraft vise à la promotion, en Belgique et à l'étranger, des Arts appliqués d’expression contemporaine. En Belgique, le BeCraft constitue la référence en matière d'Arts appliqués. L’association développe un esprit de recherche contemporain et est le porte-parole des créateurs auprès des instances culturelles, des pouvoirs publics, des médias et du public. Des expositions y sont très régulièrement organisées.

 Galeries privées Les initiatives privées sont peu nombreuses et particulièrement fragiles. Plusieurs galeries d’art se partagent le territoire de Mons, avec des fonctionnements et des thématiques différentes. Citons la galerie Koma asbl2 qui, depuis quarante ans, est animée par Jean-Pierre Denefve dans une grande liberté de choix, des pratiques les plus pointues aux plus traditionnelles. Citons aussi la galerie Tre-A, crée par Bernard Nenquin et Rosaria Capoccioni,

1 https://www.becraft.org/ 2 https://www.asblkoma.be/ 29 qui se veut ouverte à toutes les formes d’arts plastiques, aux artistes d’ici et d’ailleurs, jeunes et anciens1 et la Thank galerie, portée par Benoit Dumortier (ancien étudiant d’Arts²) sur un concept innovant de crowdfunding2.

3. Analyse d’œuvres

 Cornélie, mère des Gracques (1839) - Antoine Van Ysendyck (96 x 130 cm) Offert par l’artiste au Musée communal. Ce tableau fut présenté au salon de Bruxelles en 1833 et d’Anvers en 1834 avant d’ouvrir le premier salon de Mons en 1841. L’histoire romaine fournit à Van Ysendyck le prétexte d’un sujet qui fait de ce tableau une leçon de morale sur la vanité, en opposant à la richesse intérieure à la superficialité des biens matériels. On y voit une dame exhibant ses bijoux à Cornélie, qui répond en mettant en avant la protection et l’éducation de ses enfants, ses seuls bijoux à elle.

Antoine Van Ysendyck - Cornélie, mère des Gracques (1839) Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

1 http://www.tre-a.be/fr/present.htm 2 http://thanksgalerie.be/ 30

 La victoire dictant à Clio les hauts faits du monarque (Allégorie relative au mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise) / Germain Hallez (72,5 x 60,5 cm)

De style néo-classique, ce dessin a été offert à Marie-Louise d'Autriche à l'occasion de son mariage avec Napoléon. De nombreux artistes ont représentés allégoriquement l'archiduchesse et Napoléon, comme par exemple Thomire, bronzier et sculpteur français du 18ème siècle, qui rattachait Marie-Louise à Venus et Napoléon à Mars. Dans ce cas-ci, la Victoire rapporte les faits de Napoléon à Clio, déesse de l'Histoire. Il s'agit donc d'une allégorie qui encense les conquêtes de Napoléon et souligne son apport historique. On raconte que l'archiduchesse, que Germain Hallez avait rencontré à Laeken, a quitté le château sans le dessin et que l'artiste s'est alors senti en droit de le reprendre pour l'afficher dans son cabinet.

Germain Hallez - La victoire dictant à Clio les hauts faits du monarque (Allégorie relative au mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise) (sd) Collection Ville de Mons – Artothèque - © L'atelier de l'Imagier

 Sainte Barbe apparaissant aux mineurs (1860) – Modeste Carlier (290 x 221 cm) Grand tableau qui met en scène sainte Barbe, patronne des mineurs, apparaissant à des mineurs après un coup de grisou. Modeste Carlier connaissait bien l'univers de la mine, il descendait à la fosse alors qu'il n'avait que 11 ans... Il ne s’agit cependant pas du tout d’un tableau à caractère social, mais bien d’une représentation très théâtralisée qui met en scène l’irruption du sacré dans l’obscurité où sont plongés des hommes en difficulté. La sainte apparait nimbée de lumière, au centre du tableau et domine les hommes restés dans l’ombre. 31

La composition du tableau est triangulaire, comme le veut la tradition de la peinture d’histoire néo-classique.

Modeste Carlier - Sainte Barbe apparaissant aux mineurs (1860) Collection Ville de Quaregnon - © Photo : Alain Breyer

 L’Arâtro (1875) – Antoine Boulard (200 x 350 cm) Cette oeuvre fut présentée par Antoine Bourlard au Salon de Bruxelles en 1875. Il envoya son tableau depuis Rome où il séjournait alors depuis une vingtaine d'années. C’est un tableau de grand format qui montre une scène de labourage à la charrue vue en contre-plongée. Un attelage de boeufs est occupé à labourer une plaine rocailleuse et accidentée de la campagne romaine. Travaillant sur plusieurs couches de peinture, l'artiste fait ici usage d’une grande palette chromatique : à la fois du bleu, du rose, d'un vert éclatant, de roux, de jaunes, de rouges, bruns, et autres.

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 Les glaneuses de charbon (1895) – Cécile Douard (136,5 x 193 cm) À partir de 1883, trois ans après le départ de Vincent van Gogh, Cécile Douard dessine et peint à Cuesmes, Flénu, et Jemappes. Elle réalise des croquis spontanés dans les mines de charbon et les retravaille dans ses tableaux à l’huile, dans ses fusains, ses dessins à la plume et ses gravures. Dans ses tableaux, Cécile Douard use d'un réalisme rigoureux afin de témoigner de la condition ouvrière au Borinage à la fin du XIXe siècle et particulièrement de celle des femmes. Dans ce tableau, la palette chromatique utilisée ainsi que le trait évoque parfaitement le travail fastidieux qu'effectuaient les "glaneuses de charbon".

 Industria (1896) - Antoine Bourlard (214 x 268 cm) Commande destinée à la décoration du palais provincial et réalisée vers 1894-1895, ce tableau de grand format est également exposé au salon de Bruxelles en 1897. Il représente des ouvriers campés en héros autour d’une puissante figure féminine qui symbolise la réussite économique de l’essor industriel hennuyer. Le tableau est réalisé dans la veine néo-classique, l’exécution techniquement parfaite, la composition triangulaire. Cette vision du travail se rattache au courant des grandes peintures d’histoire. Antoine Bourlard met donc les ouvriers sur le même pied que les personnages historiques qui peuplent les peintures de l’époque. Et même si le tableau est très romantique et grandiose, il montre aussi la pénibilité du travail ouvrier. On ne peut cependant pas encore parler de peinture sociale.

Antoine Bourlard - Industria (1896) Collection de la Province de Hainaut - Dépôt au BPS22, Charleroi (B) - © Photo Raymond Saublains

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 Nos aïeux (1899) – Emile Motte (233 x 257 cm) Tableau exposé au Salon de la Libre esthétique à Bruxelles. L’œuvre est reproduite par les journaux français, américains et belges. En 1906, le critique d’art Camille Lemonnier1 intitule cette œuvre Famille placée sous la protection de Saint Georges et de Sainte Catherine. La Ville de Mons a successivement demandé puis refusé, l’esquisse et le tableau en 1894 et en 1903. Il semble que l’œuvre soit entrée ultérieurement dans les collections de la Ville par don d’Emile Motte. Ce tableau de format rectangulaire mesure 218 cm de hauteur pour 261 cm de longueur. L’artiste a signé son œuvre dans le bas. Dans cette œuvre, Emile Motte fait montre de toute l’étendue de sa maîtrise dans le rendu des textures, des lumières des visages, la facture très travaillée des chevelures, des habits ou les reflets sur la cuirasse, l’harmonisation de la gamme chromatique se détachant sur ce fond crépusculaire. Le Temps des Aïeux est une peinture à l’huile sur toile. Cette composition monumentale est la parfaite synthèse des courants artistiques du préraphaélisme et du symbolisme2.

 Pieta (1918) – Anto Carte (94 x 112,5 cm) Le thème de la Piéta est une création de l’imaginaire mystique qui fait son apparition au début du XIVème siècle. Il est absolument absent des Évangiles canoniques et n’est pas non plus issu du culte officiel. La Piéta (ou Vierge de Pitié) représente une mère éplorée de douleur portant le corps du Christ, son fils, mort sur ses genoux. Au-delà de la dimension religieuse et de la relation Vierge Marie/Christ, Anto Carte transporte l’univers biblique dans le nôtre et insiste ainsi davantage sur la relation mère/fils unissant les deux personnages. La Vierge d’Anto Carte est une simple paysanne chaussée de sabots, aux traits rudes et usés, au visage et aux mains masculinisés. Le Christ prend quant à lui les traits d’un mineur; le piolet, le flacon et le casque posés au sol en témoignent. Cette transposition du thème biblique de la Piéta dans le milieu minier confère au tableau un caractère social particulier. La position de Marie est ici comparable à celle des mères et des épouses pleurant et serrant contre elles celui qu’elles aiment et qui est décédé lors d’un coup de grisou. Anto Carte actualise le drame de la croix par l’intermédiaire du réalisme social, inspiré de l’art de Constantin Meunier.

 Allégorie (1934) – Louis Buisseret (160 x 125 cm) Ce tableau est particulièrement représentatif du mouvement Nervia. Il s’agit d’une peinture figurative, qui semble être de facture et de composition classique, mais qui présente des caractéristiques qui en font une œuvre tout à fait particulière. Les couleurs douces, la perspective, le décor ni dedans ni dehors, les arcades, les objets posés ça et là, font penser au surréalisme et à Chirico. Le personnage central est un nu dont la pose, le dessin du corps et

1 Camille Lemonnier (1844-1913) est un écrivain belge, à la fois romancier, conteur, dramaturge et critique d'art. https://focusonbelgium.be/fr/Connaissez-vous%20ces%20Belges/Camille-Lemonnier 2 Voir glossaire 34 le rendu extraordinaire de la peau sont très différents des nus académiques. L’œuvre est d’une grande sensibilité et dégage une impression de calme et de sérénité.

Louis Buisseret – Allégorie (1934) Collection privée - Speltdoorn Studio ©SABAM Belgium 2020

 La sieste (1962) - Gustave Camus (113 x 145 cm) D’abord membre de Nervia, Gustave Camus peint des scènes intimistes et des portraits mélancoliques, nimbés de douceur. Par la suite, son style change et s’affirme : les formes se simplifient, se stylisent, la perspective disparaît, les couleurs sont très vives et contrastées. Dans ce tableau, la thématique est soulignée par les tons jaunes, oranges et ocres, avec qlq touches de bleu (soleil, chaleur, eau). Les formes sont anguleuses, les personnages stylisés et soulignés d’un trait noir, selon le style de Camus dans les années 60.

 Le monde - L'oppression (1973) - Charles Szymkowicz (300 x 625 cm) Ce grand tableau est très représentatif du mouvement Maka, en ce sens qu’il exprime colère et révolte. Les couleurs sont violentes et criardes, avec une dominante de rouge. Les corps sont tordus et déformés, les bouches hurlent. Deux visages apparaissent en gros plan : Pablo 35

Picasso et Alexandre Soljenitsyne. Le premier a peint , tableau symbolique des souffrances de l’Espagne durant la guerre d’Espagne, le second est un écrivain russe et dissident du régime soviétique, auteur de plusieurs ouvrages sur le Goulag1. On voit également dans le tableau des articles de presse de l’époque collés et recouverts de peinture, ainsi que des images d’hommes torturés. Szymkowicz dénonce ici la situation politique des années 70 et les souffrances humaines qui en découlent.

Charles Szymkowicz -Le monde - L'oppression Collection de l'artiste - ©Charles Szymkowicz photo : Jacques Vandenberg

 La femme au chien (1985) – Jean-François Octave (95 x 35 cm) Peinture en aplat brun et aux contours noirs sur fond gris, qui représente une femme nue, un chien, un sentier, une tour renversée. Les cheveux de la femme sont de simples traits ondulant, comme des vagues. La représentation du chien et de la femme est peu réaliste, dans un style proche de l'art brut2. Le tableau raconte une histoire, au public de l’interpréter.

 Anna – Tentative de peau (1995) - Didier Mahieu (100 x 150 cm) Anna est un personnage récurrent dans l’univers de l’artiste. Il décline à l’infini le visage et le corps d’Anna. Il s’agit d’Anna Spiegelman, une jeune juive originaire de Varsovie, dont on perd la trace à Saint-Ghislain en 1942. A partir d’une simple fiche signalétique émanant de la préfecture de police, Didier Mahieu compose une multitude de portraits imaginaires de la jeune femme et lui réinvente une destinée. Le dessin est plein de douceur, de délicatesse et de poésie, mais aussi de mystère.

1 Le Goulag est l’organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique. La police politique placée à la tête du système pénal développa le Goulag comme instrument de terreur et d'expansion industrielle.

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 Orgue basaltique (2018) – VOID

Orgue basaltique est une installation sculpturale qui évoque un paysage imaginaire. Résultat d’une accumulation d’isolant sonore, sa forme est directement inspirée des colonnes basaltiques présentes autour de certains volcans (voir The Giants Causeway, La Chaussée des géants, orgue basaltique naturel, en Irlande). Au sein de l’installation, la laine de roche, issue du basalte en fusion, altère la propagation du son et modifie la perception visuelle, mais surtout sonore de l’espace dans lequel l’œuvre se déploie. Chez VOID, les formes ne sont jamais définitives, leurs œuvres s’adaptent aux contraintes, caractéristiques et spécificités des lieux dans lesquels elles sont données à voir au public. Ils partent du postulat que le contexte d’existence d’une œuvre constitue une part importante de l’œuvre elle-même.

VOID – Orgue baslatique Collection de l'artiste - ©VOID

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II. Pistes pédagogiques

1. Analyse de l’image (cours de français, multimédias, actualités, esthétique, histoire de l’art, arts plastiques, histoire…)

Objectifs :

 Savoir : histoire de l’art - histoire de l’art en Belgique – artistes belges - acquérir un lexique relatif à l’art - acquérir un lexique de l’appréciation, de l’émotion - enrichir le lexique de la description – découvrir et acquérir le vocabulaire de la pratique artistique et de l’histoire de l’art  Savoir faire : développer sens de l’observation – développer sensibilité face à une œuvre d’art, ou un mouvement artistique, une pensée esthétique, une pratique artistique - décrire avec précision ce que l’on voit, avec le vocabulaire le plus adapté – remettre en question – caractériser une œuvre d’art et la décrire objectivement et subjectivement - remettre en contexte – utiliser des repères temporels, des représentations du temps pour se situer et situer des faits dans le temps - lire et décrypter le message de l’image – distinguer le réel de l'imaginaire, le réel du virtuel, le vraisemblable de l'invraisemblable - analyser les émotions transmises et suscitées – exploiter des informations et de la documentation – accroître l’aptitude à formuler (à l’oral comme à l’écrit) des jugements esthétiques et des interprétations fondées sur la réalité du travail observé  Savoir être : développer sa culture personnelle en s’ouvrant à des créations dans le domaine des arts visuels – situer sa pratique, ses intérêts et ses goûts personnels – développer ses compétences critiques pour renouveler et aiguiser le plaisir esthétique

Pistes de travail :

 Regarder : que voit-on ? Il s’agit de décrire ce que l’on voit, sans interpréter, mais le plus précisément possible L’exercice peut-être fait oralement : confrontation des remarques, enrichissement de la description par les observations des uns et des autres o Œuvre : tableau, dessin, sculpture… ? o Taille de l’œuvre : hauteur, longueur, imposante ou non… o Matériaux utilisés : peinture à l’huile, acrylique, fusain, crayon, encre…. (> lire cartels avec description des matériaux) ? o Couleurs : quelles couleurs ? couleurs dominantes ? o Lumière ? Traitement de la lumière ? o Sujet : description de l’œuvre : paysage, personnage(s), composition, lignes de force, mouvement, perspective, lignes de fuite, élément(s), décor… o Si personnages ou motifs : lesquels ? position ? mouvement ? symboles ? o Si texte : calligraphie ? écriture ?  Interpréter : o Émotion suscitée par l’oeuvre chez le spectateur ? que ressent-on ? pourquoi ? 38

o Détails de l’œuvre ? Objets ? Couleurs ? Lumière ? Mouvement ou pas ? Que ressent-on ? Pourquoi ? o Si personnages : position ? pourquoi ? que ressentent-ils ? que ressent-on ? o Si écriture : que dit l’artiste, mots ? message ? o Si symboles : lesquels ? comment les interpréter ? pourquoi ? message ? o Allégorie ? comprendre ? o Réalisme ? L’image est-elle vraisemblable, normale ? Peut-on situer l’endroit, peut- on situer l’époque ? Rôle des objets, des personnages ? Lien entre eux ? paysages ? Qu’est-ce qui ne va pas dans la scène ? Qu’est-ce que cela provoque chez le spectateur ? Mystère, inquiétude, angoisse, apaisement, rire, tristesse… ? Pourquoi ?  Comprendre : o Mise en contexte : placer le mouvement dans l’histoire de l’art des XIXe et XXe siècles o Message – symbolique de l’œuvre - étude des représentations en art

 Critiquer : o Jugement esthétique sur le travail artistique observé ? comparaison avec d’autres travaux (sur place ou vus ailleurs) ? comparaison avec sa propre pratique (si étudiant en art) où se situe notre connaissance en art ? compétences techniques de l’artiste ? évolution du travail de l’artiste (si plusieurs œuvres) o Situer ses intérêts et ses goûts personnels : on aime ou pas, pourquoi (développer) ? sujet, technique ? ressenti ? Formuler les raisons de son goût ou son rejet, développer ses compétences critiques

2. L’allégorie (cours d’histoire de l’art, arts plastiques, dessin, photographie, multimédias, littérature, français, histoire…)

Les artistes utilisent souvent l’allégorie dans leur œuvre. L’allégorie est un moyen de représenter une chose par une autre chose. L’allégorie permet d’exprimer une idée, une pensée abstraite ou une notion morale compliquée, en utilisant une ou des images (une personne, un être animé, une action) afin d’en faciliter la compréhension. Exemples dans les œuvres conservées à l’Artothèque : o Eloge du carnage / Marcel Lefrancq : allégorie de la seconde guerre mondiale. Marcel Lefrancq fut arrêté deux fois pendant la Seconde guerre mondiale, notamment comme antifasciste et entrera dans la résistance. Ses amis surréalistes montois, le peintre Louis van de Spiegele et le poète Fernand Dumont1, seront déportés. Fernand Dumont mourra durant sa déportation. o L’illusion crucifiée / Louis van de Spiegele o Nos aïeux / Emile Motte

1 Fernand Demoustier, qui utilisa le pseudonyme de Fernand Dumont, est un écrivain surréaliste belge né à Mons le 28 décembre 1906 et mort le 15 mars 1945 au camp de concentration de Bergen-Belsen 39

o La victoire dictant à Clio les hauts faits du monarque (Allégorie relative au mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise) / Germain Hallez o Industria / Antoine Bourlard o Gourmandise / Alain Rousseau o La grande vie / Roland Dubois o Le monde – L’oppression / Charles Szymkowicz o Fièvre / Yvon Vandycke o Grève de la faim / Paule Herla o Men Under the Bombs / Philippe Bouillon o Zone d’incertitude / Hassan Darsi

Objectif :  Savoir : étude des figures de style – maîtrise du vocabulaire – étude des représentations en art  Savoir faire : maitriser un vocabulaire précis - savoir représenter des idées abstraites par une image concrète – savoir passer de l’abstrait au concret – savoir simplifier - savoir formaliser, rédiger - savoir utiliser l’image-allégorie pour symboliser une thématique/un évènement public/un élément de vie - savoir synthétiser en texte l’image créée et l’expliquer - argumenter

Pistes de travail :  A la manière de ces artistes : utiliser l’allégorie pour mettre en avant une idée morale, un sujet éthique, un point de vue, une vision du monde contemporain ou encore un évènement marquant de l’histoire personnelle de l’étudiant. Rédiger un texte.  A la manière de ces artistes : utiliser l’allégorie pour représenter une idée morale, un sujet éthique, un point de vue, une vision du monde contemporain ou encore un évènement marquant de l’histoire personnelle de l’étudiant : dessin, photos, mix médias, multimédia…  Idem + Expliquer oralement en classe. Débattre en classe du travail de chacun  Choisir une allégorie dans l’histoire de l’art des XIXe, XXe siècle ou XIXe siècle. Décrire, expliquer l’allégorie. Travail écrit ou oral  Idem. Comparer avec œuvres vues dans l’exposition si même thématique. Ex. : allégories concernant Napoléon : de nombreux artistes ont représentés allégoriquement l'archiduchesse et Napoléon: c'est le cas, par exemple de Thomire, bronzier et sculpteur français du 18ème siècle. Il rattachait alors Marie- Louise à Venus et Napoléon à Mars. Travail écrit ou oral. Autres allégories concernant des hommes/femmes de pouvoir ? Art de commande, encensement du pouvoir politique en place. (cours d’histoire)

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3. Thématiques en art (cours d’histoire de l’art, d’art plastique, de littérature, d’esthétique, histoire, citoyenneté, morale, religion…)

Des thèmes sont récurrents en histoire de l’art : le paysage, le portrait, le nu, la femme, les natures mortes, les représentations religieuses et mythologiques… etc. Il existe une peinture sociale, une peinture d’histoire, des scènes de genre1…  Savoir : histoire de l’art – histoire de l’art des XIXe et XXe siècles – l’histoire de l’art en Belgique – artistes belges - acquérir un lexique relatif à l’art - enrichir le lexique de la description – découvrir et acquérir le vocabulaire de la pratique artistique et de l’histoire de l’art – acquérir une culture générale  Savoir faire : développer sens de l’observation – développer sensibilité face à une œuvre d’art, ou un mouvement artistique, une pensée esthétique, une pratique artistique - décrire avec précision ce que l’on voit, avec le vocabulaire le plus adapté – remettre en question – caractériser une œuvre d’art et la décrire objectivement et subjectivement - remettre en contexte – utiliser des repères temporels, des représentations du temps pour se situer et situer des faits dans le temps - lire et décrypter le message de l’image – exploiter des informations et de la documentation

Pistes pédagogiques :  Choisir une thématique (ex. : femme – peinture sociale – scènes de genre…) et un/plusieurs artistes dans les œuvres proposées dans l’exposition. Comparer leur travail et leur façon de traiter le thème avec un (ou plusieurs) artistes anciens et/ou contemporains.

Exemple : peinture sociale :

o Industria / Antoine Bourlard : Palette chromatique ? Visages ? Attitudes ? Composition ? Ressenti ? Vision du monde industriel ? Des ouvriers ? Du travail ? Peinture sociale ? Peinture historique ? A quoi voit-on qu’il s’agit d’une peinture de commande ? Comparer avec les œuvres de Cécile Douard sur le travail des mineurs du Borinage o Les glaneuses de charbon / Cécile Douard : Palette chromatique ? Visages ? Attitudes ? Composition ? Ressenti ? Comparaison avec Industria d’Antoine Bourlard o Pieta / Anto carte : Palette chromatique ? Visages ? Attitudes ? Composition ? Ressenti ?

Exemple : le portrait

« Le portrait est un genre investi par les peintres qui y trouvent une source de revenus complétant les ventes éventuelles des peintures monumentales destinées aux collections muséales. L’aristocratie et le personnel politique sont particulièrement friands de tableaux dans lesquels ils se mettent en scène. On assiste également à l’apparition d’une clientèle

1 Voir glossaire 41 nouvelle correspondant à l’essor de la bourgeoisie. Les familles aisées de la région montoise passent commande de portraits qui les représentent dans des configurations plus sobres que les tableaux d’apparat chers à la noblesse et aux édiles. Le genre du portrait s’adapte ainsi à la demande de la clientèle. Il s’agit de montrer ce que la photographie ne permet pas de faire apparaître : le caractère de la personne. La maîtrise technique que ces peintres ont de leur discipline est tellement poussée qu’elle leur permet de faire correspondre parfaitement les moindres mouvements du pinceau, les plus subtiles nuances chromatiques, les plus délicats accords de teintes et de tons, la construction de la forme dans ses plus infimes détails, à leur vision de la représentation de la psychologie individuelle du modèle. Emile Motte et ses élèves Alfred-Florent Duriau, Alfred Moitroux, Anto-Carte et Louis Buisseret excellent dans cette approche du portrait fondée sur la tradition picturale du XIXe siècle dont ils sont les héritiers »1.

o Portrait de la mère de l’artiste / Cécile Douard : o La dame en blanc / Emile Motte o La petite fée / Anto Carte o La dame en gris / Alfred-Florent Duriau o Portrait de Mademoiselle Misonne / Alfred Moitroux o La romanesque / Louis Buisseret o Allégorie / Louis Buisseret …

Etude du portrait en tant qu’art social : Palette chromatique ? Visages ? Attitudes ? Composition ? Ressenti ? Comparer avec d’autres portraits peints à la même époque par d’autres artistes, à Paris par ex. Voir Badea-Paun Gabriel, Portraits de société : XIXe-XXe siècles, Citadelles & Mazenod, Paris, 2007

4. Femme, femme artiste et féminisme (cours d’histoire, français, morale, citoyenneté, arts plastiques, histoire de l’art, esthétique…)

La présente exposition a été conçue et réalisée à un moment où les scandales d’ordre sexuel sont à nouveau au cœur de l’actualité. Les mouvements #metoo, #balancetonporc , #timesup et #notsurprised ont récemment souligné le fait qu’en dépit des progrès réalisés en matière d’égalité des sexes au XXIe siècle, les femmes sont encore victimes de harcèlement sexuel, discriminées pour leur genre et sous-payées par rapport aux hommes. Le milieu artistique ne fait pas exception. Les Académies se sont ouvertes très tard aux femmes. Celles-ci ont mis longtemps à être reconnues comme artistes au même titre que les hommes, même s’il y eu des exceptions, comme Artemisia Lomi Gentileschi (1593-1652)2,

1 Extrait du texte de Denis Loureux, La vie artistique à Mons au XIXe siècle dans Ecole de Mons : deux siècles d’art : 1820-2020 : exposition, Mons, BAM, du 7 mars au 16 août 2020 2 Artemisia Lomi Gentileschi est une artiste peintre italienne de l'école caravagesque. 42

Michaelina Wautier (1617-1689)1, Berthe Morisot (1841-1895)2, Anna Boch (1848-1936)3, ou encore les montoises Cécile Douard, Louise et Marie Danse, mais il s’agissait souvent de femmes issues d’un milieu aisé, très ouvert aux pratiques artistiques et souvent déjà lié au monde de l’art. Aujourd‘hui, nombreuses sont les femmes artistes qui traitent dans leurs œuvres de la femme, de son rôle et de sa reconnaissance.

Objectifs :

 Savoir : étude de la place de la femme dans la société – étude critique de l’histoire de la femme - analyse de l’image symbolique – étude des représentations en art - avoir des repères artistiques, historiques, géographiques et culturels – découvrir comment une oeuvre peut être utilisée au service d’un message  Savoir faire : savoir représenter des idées abstraites par une image concrète – savoir simplifier - savoir formaliser, rédiger - savoir utiliser l’image-allégorie pour symboliser une thématique/un évènement public/un élément de vie - savoir synthétiser en texte l’image créée et l’expliquer - argumenter – contextualiser – Etudier des documents iconographiques : savoir identifier les éléments constitutifs de l’oeuvre, les situer dans le temps, dégager les éléments en rapport avec la problématique posée -Effectuer des rapprochements entre des oeuvres à partir de critères précis (lieu, genre, forme, thème…)

Pistes de travail :

 Retracer l’histoire du féminisme en Belgique / France / Europe - Retracer l’histoire de la condition des femmes en Belgique / Europe – Comparer avec autres pays hors UE.  Si les femmes artistes contemporaines utilisent l’art pour se faire entendre, les militantes peuvent parfois utiliser la violence, la provocation ou encore le scandale, pour se faire voir et entendre. Dans un monde où la parole est libre, mais peu écoutée, où les femmes sont encore largement considérées comme « sexe faible », comment faire pour avoir gain de cause ? Voir par ex. les Femens et leur attitude provocatrice (seins nus). Imaginer un moyen pour les femmes de se faire entendre (artistique, provocateur, symbolique…)  Rédiger un argumentaire sur le droit des femmes actuellement. Pensez-vous que les femmes sont reconnues égales des hommes dans la société, la famille, le travail, etc…? Argumenter  Trouver un article de presse récent (2019-2020) évoquant un manquement au droit des femmes en Europe (UE). Analyser. Conclure

1 Michaelina Wautier est une artiste peintre belge, surnommée « la grande dame du Baroque ». 2 Berthe Marie Pauline Morisot est une artiste peintre française, membre fondateur et doyenne du mouvement d'avant-garde que fut l'Impressionnisme. Elle était dans le groupe impressionniste, respectée par ses camarades et admirée 3 Anna Rosalie Boch est une peintre impressionniste, puis luministe, et mécène belge 43

 Iun personnage symbolique de la condition des femmes aujourd’hui. Représenter ce personnage (dessin, sculpture, photo…) ou le décrire. Expliquer, argumenter. Demander l’avis de la classe : personnage pertinent, évocateur, qui fonctionne ? Argumenter  Créer une œuvre (dessin, sculpture, photo, multimédia….) qui défend / dénonce une idée morale, un sujet éthique, un sujet d’actualité, une vision du monde contemporain. Expliquer, argumenter.  Choisir une artiste féminine et féministe qui dénonce la condition de la femme dans son oeuvre. Exemples :

 Louise Bourgeois (1911-2010) : sculptrice et plasticienne française, naturalisée américaine. Artiste inclassable et touche-à-tout, son œuvre composée d’araignées monumentales, de femmes-maisons et d’éléments phalliques interroge la place des femmes dans l’espace domestique, ainsi que la porosité entre le masculin et le féminin  Raymonde Arcier (1939-….) : artiste féministe française qui travaille le textile. Elle fréquente les réunions du MLF dès sa création (1970) et illustre de ses collages plusieurs numéros de la revue féministe Le Torchon brûle. Ses œuvres dénoncent l’asservissement de la femme, comme Jeu de dames (8 serpillères sales cousues à 8 serpillères propres) ou Au nom du père (femme géante de 265 cm, en tissu, symbolisant l’asservissement de la femme à l’éducation des enfants et aux tâches ménagères  Orlan (1947-….) : Mireille Suzanne Francette Porte, dite Orlan est une artiste plasticienne française transmédia et féministe. Elle consacre son travail artistique à questionner le corps, son statut, ses apparences, ses performances. Elle s’est présentée en 1977 à la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) sans y être invitée et vendait ses baisers un prix dérisoire sans une performance qui fit scandale à l’époque. Orlan considère son visage comme une oeuvre d'art qu'elle sculpte à coups d'opérations chirurgicales. Elle veut pousser le public à se poser des questions et, au- delà des magazines et de la publicité, à être capable d'avoir sa propre idée de la beauté  Barbara Kruger (1945-….) : artiste conceptuelle américaine, rendue célèbre grâce à ses photos montages de photographies de presse en noir et blanc et de publicités aux slogans simples et agressifs. Elle dénonce la société de consommation et les discriminations de tout ordre, notamment vis-à-vis des femmes  Miss Tic (1956-….) : artiste du street art française. Ses œuvres apparaissent dans le paysage pictural et urbain à partir de 1985. Miss Tic joue sur les mots et les idées reçues avec esprit et poésie. La femme y est omniprésente, fatale, libérée, sûre d’elle et affirmée socialement et sexuellement. Miss Tic réinterprète aussi des tableaux de maîtres et en détourne les figures féminines avec humour  Carole Schneeman (1939-….) : artiste plasticienne américaine qui a beaucoup travaillé avec le corps, s'intéressant notamment à la sexualité et au genre. Son œuvre envisage l’érotisme en se réappropriant sa sexualité, habituellement contrôlée par les hommes. A travers vidéos et performances, elle redonne au corps de la femme son activité, sa 44

parole, sa pensée. Elle questionne également le rôle de la femme et la nudité dans l’histoire de l’art  Autres : Judy Chicago (1939-….), Yayoi Kusama (1929-….), Miriam Shapiro (1923-2015), Joan Semmel (1932-….), Betty Tompkins (1945-….), Eunice Golden (1927-….), Lea Lublin (1929-1999), Nancy Davidson (1943-….), Lina Condes (1988-….), Orshi Drozdik (1946-….)…

5. Art engagé - Art témoin de son temps (cours d’histoire, morale, citoyenneté, religion, français, histoire de l’art, esthétique, philosophie…)

Les artistes de l’Ecole de Mons n’ont jamais réellement fait d’art « engagé », même si on peut taxer d’art social certaines œuvres d’Antoine Bourlard, Cécile Douard ou Anto Carte, et de révolté (plutôt que révolutionnaire) le travail des Maka. Qu’est-ce qu’un art engagé ? Selon le Larousse, l’engagement est le « fait de prendre parti et d’intervenir publiquement sur les problèmes sociaux, politiques, etc…, de son époque ». Le Petit Robert va plus loin et définit l’engagement comme l’ « acte ou attitude de l’intellectuel, de l’artiste qui, prenant conscience de son appartenance à la société et au monde, renonce à une position de simple spectateur et met sa pensée ou son art au service d’une cause » . Cette définition souligne plusieurs notions : celle de la prise de conscience de l’homme comme appartenant à une communauté, la notion d’intellectuel ou d’artiste, la notion de la position de l’artiste ou de l’intellectuel face au monde. La définition du Larousse parle d’homme de son époque : l’homme engagé est celui qui s’inscrit dans son temps. L’art engagé existe depuis longtemps (les Grecs de l’Antiquité, à travers des pièces de théâtres, cherchaient à faire passer un message au peuple) et sous différentes formes (architecture, peinture, sculpture, graphisme, affiches, littérature, cinéma, théâtre, musique, chanson…). L’artiste engagé intervient quand il estime que l’espace politique est en danger, quand il y a perte de la liberté, ou lorsqu’il veut exprimer une opinion différente de celle du pouvoir en place (politique, religion…). Beaucoup d’artistes ont dénoncé les guerres de leur temps. Les artistes s’engagent aussi sur d’autres fronts et interviennent au sujet de problèmes sociétaux et humanitaires que rencontre la vie collective : discriminations diverses, pauvreté, travail, solidarité, écologie, violence, société de consommation, nouvelles technologies, mondialisation… On parlera d’art contestataire, d’art militant, d’art de propagande, d’art activiste.

Objectif :  Savoir : qu’est-ce que l’engagement ? Qu’est-ce qu’un art engagé ? Une œuvre engagée ? - Comment une oeuvre peut-elle être utilisée au service d’un message ? - Avoir des repères artistiques, historiques, géographiques et culturels  Savoir faire : formuler et exprimer une opinion – réfléchir et débattre – argumenter – synthétiser – rédiger - étudier des documents iconographiques : savoir identifier les 45

éléments constitutifs de l’oeuvre, les situer dans le temps, dégager les éléments en rapport avec la problématique posée – étude des représentations en art Pistes de travail :  Fait d’aborder des faits de société dans l’art : Faut-il les aborder ? L’art est-il le bon véhicule pour exprimer son opinion sur des sujets de société ? Quelles sont les limites ? Y a-t-il des limites ? Pourquoi ? Exemples ? Argumentaire à développer  Travail - débat autour de l’art et plus précisément de l’art contemporain : à quoi sert l’art ? faire du beau, dénoncer, exprimer les émotions de l’artiste ? Argumentaire à développer : argumentaire écrit et/ou débat en classe  Citer d’autres artistes / écrivains / réalisateurs / photographes qui se sont exprimés sur des sujets sensibles à travers leur travail à toutes les époques (déterminer une thématique, ex. : guerres / déterminer une époque, ex. : 2000-2018) Voir :  https://lewebpedagogique.com/penhouet/2011/05/20/histoire-des-arts/ : dossier pédagogique sur l’art engagé  http://artsplastiquescollege.unblog.fr/2015/01/12/quest-ce-quun-artiste-engage/ : dossier pédagogique sur l’art engagé  http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/histoire-des- arts/enseignement/college/comment-les-arts-temoignent-ils-de-l-histoire-du-xxe- siecle--744381.kjsp?RH=1160493164750 : dossier pédagogique de l’Académie de Nantes sur le témoignage de l’art : comment les arts témoignent-ils de l'histoire du XXe siècle ?  Bechet Gilles, Revolution Art, dossier dans Victoire, 07/04/2012  Dossier de presse sur l’art engagé au Centre de Documentation du Pôle muséal, (Artothèque, rue Claude de Bettignies, 1-3, 7000, Mons)

6. La mort (primaire et secondaire, cours de morale, religion…) Plusieurs oeuvres de l’exposition font allusion au temps qui passe et à la mort comme par exemple Pieta de Anto Carte, Le monde – L’oppression / Charles Szymkowicz, Fièvre / Yvon Vandycke, Grève de la faim / Paule Herla, Men Under the Bombs de Philippe Bouillon… L’exposition peut donc être une introduction au thème de la mort et de la souffrance à aborder avec les enfants. Ces thèmes difficiles font l’objet d’un dossier pédagogique extrêmement bien fait, élaboré en 2006 par les plates-formes de soins palliatifs de la Fédération Wallonie- Bruxelles, avec le soutien de la Région wallonne et du Ministère de la Fédération Wallonie- Bruxelles (Ministère de la Communauté française à l’époque). Nous vous invitons à le parcourir : https://apalis.fr/Dossier/La_mort_expliquee_aux%20enfants_Dossier_Pedagogique_net.pdf Objectifs :  familiariser l’enfant / l’étudiant avec la mort – travailler sur la mort et la perte – travailler sur la souffrance – travailler sur la peur et l’angoisse du temps qui passe et l’appréhension de notre condition de mortels  étude du rapport que l’humain entretient avec la mort dans l’histoire 46

Pistes de travail :  élaboration un objet symbolique de la mort pour l’enfant / étudiant  travail autour de cet objet, textes, débat en classe…

7. Les Pietas en art1 (cours de français, histoire de l’art, religion, arts plastiques, photographies, multimédias…)

Les Pietas :

Le thème de la Piéta, ou Vierge de Pitié, est très populaire et souvent travaillé dans l’histoire de l’art, bien qu’absolument absent des textes religieux. Ni les évangiles, ni le culte, ne font allusion à ce moment particulier où le Christ, après la crucifixion, est descendu de la croix et déposé dans les bras de sa mère, seule et en proie à la plus grande douleur qui soit. Ce thème est contemporain de l’élan mystique de la fin du Moyen Age (vers 1300) et son iconographie semble née de l’art gothique germanique. Ce thème très fort, chargé d’une grande puissance émotive, signifie la souffrance. Il a été interprété de nombreuses fois par les artistes, peintres ou sculpteurs, au cours du temps, avec plusieurs variantes. Cependant, l’iconographie de la Pietà semble avoir précédé de plusieurs siècles la religion chrétienne, notamment pour représenter les fils morts au combat. L’exemple le plus antique est une sculpture archaïque en bronze conservée au Museo Archeologico Nazionale de Cagliari, en Sardaigne, qui représente une mère tenant sur ses genoux le corps inanimé d’un soldat encore armé. L’œuvre remonte au VIIIe-Ve siècle av. J.-C.

Les Pietas dans la tradition religieuse :

L’artiste Michel-Ange (1475-1564) a sculpté plusieurs Pietas, dont la plus connue est une statue en marbre dans la basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome2. La Vierge, au visage d’une magnifique pureté, tient sur ses genoux le corps du Christ mort, comme elle devait le tenir dans ses bras lorsqu’il était nourrisson. La Vierge présente des traits lisses sur lequel le temps n’a aucune prise, elle semble plus jeune que son fils, ce qui est une manière pour Michel-Ange de souligner sa pureté et sa virginité. Au travers du visage plus âgé et creusé du Christ, l’artiste veut souligner l’humanité de celui qui a connu tout ce qui afflige l’homme, excepté le péché : l’âge, la souffrance et la mort. L’ensemble est un chef-d’œuvre d’harmonie : à la verticalité de la Mère répond l’horizontalité du corps de son Fils, au plissé du vêtement de la Vierge s’oppose le corps lisse du Christ, l’ensemble formant une composition triangulaire, symbole de stabilité et d’équilibre.

Bien d’autres artistes ont représenté la Vierge souffrante, dont Vincent Van Gogh qui va peindre à travers le motif de la Pieta l’unique Christ de toute sa vie. Il réalise en 1889 une

1 Pour des raisons de droits et de copyright, les œuvres mentionnées ne sont pas reproduites. Il suffit de suivre les liens en bas de page pour les retrouver. 2 https://www.museumtv.art/artnews/articles/zoom-sur-la-pieta-de-michel-ange/ 47 copie de la Pieta1 de Delacroix, un artiste qui, selon lui, avait «un ouragan dans le cœur». «Il gît étendu à l’entrée d’une grotte, les mains en avant… le visage est dans l’ombre, le visage pâle de la femme se découpe clair sur un nuage», écrit Vincent à son frère, le 19 septembre 1889, pour décrire la copie, qu’il vient à peine de terminer, du tableau de Delacroix.

Le thème de la Pieta est repris par des artistes contemporains, comme l’artiste anglais Paul Fryer (1963), qui poursuit la longue tradition des figures de cire dans l'histoire de l'art. Son œuvre phare, La Pieta (The Empire never Ended)2, incarne la fascination de l'artiste pour le "côté obscur" de la science. Assez étrangement, cette œuvre ne met pas en scène le Christ dans les bras de sa mère, mais le Christ électrocuté sur une chaise électrique.

En 2011, pour la Biennale internationale d’art à Venise, l’artiste belge Jan Fabre (1958), présente Pietas dans une église de la ville. Le sol de la nef est couvert d'un plateau doré. L'oeuvre réalisée à partir du célèbre marbre de Carrare, aussi utilisé par Michel Ange, comprend une réplique de la Pietà de Michel-Ange et quatre grands cerveaux. Un chemin composé de ces quatre cerveaux en marbre mène à la sculpture principale : le Rêve misérable (Pietà V)3. La Vierge a le visage de la mort et l'artiste s'est représenté en Christ. Pour Fabre, il s’agit là de l’expression de l’émotion d’une mère qui prendrait volontiers la place de son fils décédé.

Les Pietas laïques :

Le motif emblématique de la Pieta a été utilisé dans des œuvres laïques pour symboliser la douleur des hommes face à la mort et à la perte de l’être aimé, sans références religieuses. C’est le cas du peintre Anto Carte (1886-1954) dont la Pieta (1918) associe l’image de la Pieta aux accidents de la mine dans la région du Borinage et aux pertes humaines engendrées par ceux-ci.

En 1998, le photographe Gregor Podgorski (1965) décide de rendre hommage à la Pieta de Michel Ange pour son 500e anniversaire. Il demande à 500 couples de poser pour lui dans des mises en scène diverses mêlant l’émotion la symbolique et l’humour. Le photographe précise qu’il a voulu faire au travers de ses 500 photos un portrait de la société actuelle : chaque couple a recréé ses fantasmes, son décor, son métier, ou a personnalisé des évènements politiques du 20e siècle (comme la guerre du Vietnam par exemple)4

Le photographe David LaChapelle (1963) a lui aussi travaillé plusieurs fois le thème de la Pieta, à travers lequel il souhaite parler drame de la perte et de la douleur, en mettant en scène des artistes avec qui il est particulièrement lié et qui ont connu dans leur vie personnelle des épisodes dramatiques. Dans Pieta with Courtney Love (2006)5, l’artiste reprend la composition de Michel-Ange et de la Renaissance, avec le Christ inanimé gisant sur les genoux de sa Mère. Courtney Love tient le corps martyrisé d’un jeune homme, clone de son mari Kurt Cobain et dont les traits sont aussi physionomiques proches des images traditionnelles du Christ, un

1 https://www.vangoghmuseum.nl/en/collection/s0168V1962 2 https://paulfryer.net/artwork/pieta-the-empire-never-ended/ 3 https://inferno-magazine.com/2011/10/16/jan-fabre-pietas/ 4 http://www.gregor-podgorski.com/index_rub_3_mod_pieta.css.html 5 https://www.phillips.com/detail/david-lachapelle/UK040119/24 48

Christ marqué par les traces de seringue d’héroïne en guise de stigmates. La référence à l’histoire tragique du légendaire leader de Nirvana est évidente. Dans American Jesus (2009)1, David LaChapelle reprend la même composition, mais il remplace la figure maternelle par celle du Christ lui-même, représenté par un jeune hippie qui tient le corps sans vie de Michael Jackson. Le chanteur (1958-2009), ami de laChapelle, est décédé peu avant l’exposition de la série Beatification à laquelle appartient cette Pieta. Michaël Jackson est présenté comme une victime sacrificielle dont la réputation a été ternie par l’accusation de pédophilie.

Les monuments aux morts :

On retrouve le thème de la Pieta dans certains monuments aux morts dont celui de Strasbourg2. Ce monument, qui est l’un des rares monuments aux morts pacifiste français, a été financé essentiellement par les Alsaciens grâce à une collecte de fond organisée par la Ville. Inauguré en 1936, il a été sculpté par Léon Ernest Drivier (1871-1951). Ce monument représente la Mère Patrie ou l’Alsace, tenant sur ses genoux deux jeunes gens mourants qui figurent ses deux fils. Ils ne portent plus d'uniformes afin que l’on ne puisse plus les distinguer. L'un regarde en direction de la France, l'autre vers l'Allemagne. Ce monument reflète le drame de l'Alsace-Moselle, chacun ayant combattu contre l'autre alors qu'ils appartenaient à la même nation. La mère patrie retrouve ses enfants déchirés par la guerre franco-allemande. Il ne s’agit pas d’interprétations laïques des Pietas chrétiennes, mais bien d’une iconographie plus ancienne de la mère recueillant le corps de son enfant mort au combat. L’exemple le plus antique est une sculpture archaïque en bronze conservée au Museo Archeologico Nazionale de Cagliari, en Sardaigne, qui représente une mère tenant sur ses genoux le corps inanimé d’un soldat encore armé. L’œuvre remonte au VIIIe-Ve siècle av. J.-C.

Objectifs :  savoir : étude de l’allégorie (voir plus haut) – étude des représentations en histoire de l’art – étude de l’iconographie chrétienne / païenne - étude de l’Evangile - travailler l’image et les liens entre Marie et son fils dans l’Evangile  savoir faire : développer sa créativité - s’initier à l’écriture d’invention –- savoir rédiger – savoir construire un texte et un scénario – savoir contextualiser – synthétiser – savoir exprimer une idée ou vision en arts plastiques - savoir utiliser l’image-allégorie pour symboliser une thématique/un évènement public/un élément de vie- développer le sens de l’observation – savoir effectuer une recherche dans ouvrages ou sur le web : retrouver une image

Pistes de travail :

 A la manière d’Anto Carte, David LaChapelle ou Gregor Podgorski, imaginer une Pieta symbolisant un élément important de la vie ou de l’univers de l’étudiant / de l’actualité politique / d’un évènement historique… . Pour le cours de français : description de la photo/image créée par élève. . Pour les cours de création plastique : travail de création autour de cette piéta (photo, dessin, vidéo…)

1 http://www.artnet.com/magazineus/reviews/kley/david-lachapelle-michael-jackson9-14- 10_detail.asp?picnum=3 2 https://lignesdefront.hear.fr/materiaux/strasbourg-1936/ 49

 Cours de religion : (+ culture générale) : trouver d’autres images de la Vierge Marie avec son fils : enfant, adulte. A partir des images trouvées, étudier le passage de l’Evangile qui y fait référence. Retracer l’enfance du Christ et ses liens avec ses parents et en particulier sa mère

8. Travaux d’écriture (cours de français, expression orale ou écrite, citoyenneté, morale…)

Proposition de travaux d’écriture collectifs ou individuels Travaux d’écriture qui peuvent devenir exposés, pièces de théâtre, stand up, poésie….

Objectifs :

 Savoir faire : développer sens de l’observation - développer sensibilité face à une œuvre d’art - lire une image - décrypter le message de l’image - analyser un texte - développer imagination, créativité - rédiger, composer - résumer, contracter une information - développer un vocabulaire précis - choisir et adapter un langage selon effet souhaité Pistes de travail :

 Choisir une œuvre et imaginer histoire autour de la représentation et/ou autour de l’auteur : personnages, scène, époque, travail, loisirs, pose, vêtements…  Choisir un personnage représenté dans une des œuvres exposées et le faire parler soit à son époque (imaginer sa vie, ce qu’il pourrait en dire, à la première personne) ou dans l’instant présent (que ressent-il là, maintenant, que pense-t-il, comment vit-il l’exposition…)  Exploitation d’une prise de notes faite durant l’exposition afin de la finaliser dans un texte plus abouti, sous différentes formes, par ex. : un article de presse dans le journal de l’école ou dans un journal fictif…  Certaines œuvres peuvent devenir support d’une écriture individuelle ou collective de textes, narratifs ou poétiques, en fonction de la classe et de la thématique qui lui est propre. Ex. : La femme au chien, de Jean-François Octave, qui est une oeuvre narratyive en elle-même.

9. Mind Mapping (cours d’histoire, français, morale, citoyenneté, arts plastiques, histoire de l’art, esthétique…)

La ligne du temps qui accompagne l’ensemble des parties de cette exposition a été créée à partir de la technique du mind mapping. Cette technique est une méthode très visuelle, utilisant des couleurs et des formes, qui permet d’organiser, de classifier et de synthétiser des idées à l’aide d’un schéma structuré. Au centre, on y place une idée principale (un mot, un 50 dessin, …) de laquelle partent des ramifications et des idées secondaires liées de près ou de loin à celle-ci. Le mind mapping est très efficace pour la mémorisation, car il allie à la fois le côté très rationnel et logique du schéma et le côté créatif en y ajoutant des couleurs, des dessins, …

Objectifs :

 Savoir-faire : structurer, organiser des idées et des informations – synthétiser – effectuer des rapprochements entre les œuvres, entre les artistes – développer la créativité – exercer la mémoire visuelle - Pistes de travail :

 En s’inspirant de la ligne du temps présente dans l’exposition, créer une mind map de sa propre vie : qu’est-ce qui fait que je suis unique ? Qu’est-ce qui me constitue ? Quels sont mes projets, mes centres d’intérêt, mes études, mes options scolaires, mes passions … ?  En groupe ou en individuel, réaliser la résumé d’un article ou d’une histoire à l’aide du mind mapping.  En individuel, réaliser un exercice de prise de note à la volée à l’aide du mind mapping : permettre à l’élève de distinguer l’essentiel de l’accessoire et de mieux comprendre les différents concepts abordés ainsi que les liens qui les relient entre eux.  A partir d’un tableau présent dans l’exposition, analyser l’image, les thèmes et le message véhiculés et utilisés en créant une mind map.

10. Analyse technique (cours de physique, chimie, médias, techniques artistiques, arts plastiques) Des enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent être menés à partir de cette exposition : un travail peut être mené en science physique, arts plastiques et français sur les expériences sonores de VOID, sur les matières sculptées et/ou installées (Jean-Claude Saudoyez, VOID…), sur les gravures, les vidéos…

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III. Bibliographie

Sauf avis contraire, tous les ouvrages mentionnés ici sont disponibles dans les bibliothèques du Réseau Lire à Mons 1. Art à Mons

 Bil Bo K. Magazine des errances contemporaines, numéro spécial Mons 2015, Paris- Londres, 2015.  Courtens Laurent, Grimmeau Adrien, Corps commun. Collectifs artistiques 2 générations 1968/2013, Mons, Anciens Abattoirs, du 13 avril au 14 juillet 2013.  Detry Arsène, Les Peintres du XXe siècle en Hainaut. D’Anto-Carte à Dudant (1900- 1960), Mons, Fédération du tourisme de la Province de Hainaut, 1984.  Devillers Léopold, Le passé artistique de la ville de Mons, Mons, 1880.  Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, BAM, Mons, du 7 mars au 16 août 2020, Snoeck Edition, 2020  Herickx Anne, Mambour Josée, Catalogue du Musée des Beaux-Arts de Mons, Ministère de la Communauté française de Belgique, Administration du Patrimoine culturel, Bruxelles, 1988  Honoré Laurent, Plisnier René, Pousseur caroline, Tilly Pierre (dir.), 1000 personnalités de Mons et de la région. Dictionnaire biographique, Waterloo, Avant-Propos, 2015.  Hublard Emile, Ville de Mons. Catalogue du musée des Beaux-Arts et d’antiquité, Mons, Loret, 1915.  Isaac Marie-Thérèse, Sorgeloos Claude, L’École centrale du département de Jemappes, Mons, Université de Mons-Hainaut, 1989.  Jouret Alain, Piérard Christiane et Plisnier René, La vie culturelle et artistique, dans Mons à l’époque de la création du Cercle archéologique (1850-1860), Mons, Salle Saint- Georges, du 2 au 24 septembre 2006, p. 125-140.  Le surréalisme à Mons et les amis bruxellois, Mons, Musée des Beaux-Arts, du 18 avril au 1er juin 1986 ; Flémalle, Centre wallon d’Art contemporain, du 7 au 29 juin 1986.  Loir Christophe, L’enseignement du dessin à l’école centrale, dans Sciences et lumières à Mons 1792-1802, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2004, p. 331-337.  Mambour-Deboulle Josée, Hambye Baudouin, Martin Fernand, Mottoul Eugène, Poumon Emile, Tondreau Lucie, Mons : deux siècles d’art, Les Editeurs d’art associés, Bruxelles, 1989  Nervia 1928-1938, Mons, Musée des Beaux-Arts, du 28 juin au 17 novembre 200  Nervia, Sint-Martens-Latem : Traits d’union = Koppelteken, Ixelles, Musée d’Ixelles, du 22 octobre 2015 au 17 janvier 2016.  Nouveaux Westerns : exposition, BAM, BAM, du 13 mai au 27 août 2017, Ed. BAM et Arts², Mons, 2017  Parcours Jeunes Artistes 2015, Mons, BAM, du 10 au 18 octobre 2015.  Piérard Christiane, De Reymaeker Michel, Legge Jacky, e.a., Le Bon Vouloir 1895-1995. 100e anniversaire, Mons, 1995. 52

 Piérard Christiane, Foulon Pierre-Jean, Martin Fernand, e.a., Images imprimées en Hainaut, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, 1981.  Pierard Christiane, L’Académie Royale des Beaux-Arts de Mons : 1780-1980, Mons, 1983  Plisnier René, Contribution à l’étude de la vie culturelle d’une ville de province au XIXe siècle. Le cas de Mons (1795-1914). Enseignement, musées, bibliothèques, théâtres, musique, beaux-arts et sociétés, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, thèse doctorat en histoire présentée sous la dir. du prof. Jean-Jacques Heirwegh, 1997-1998.  Poncelet Frédéric, Nervia (1928-1938). Groupe de peintres belges dans le contexte des années trente, 2 vol., Bruxelles, Université libre de Bruxelles, mémoire de fin d’études en histoire de l’art présenté sous la dir. du prof. Denis Laoureux, 2010-2011.

2. Art, Histoire de l’art, Mouvements artistiques

 Primaire et secondaire inférieur  Demilly Christian, L’art en mouvement et autres courants du XXe siècle, Ed. Palette, 2011  Dickins Rosie, L’art à travers les âges : une histoire complète à l’histoire de l’art du monde occidental, Ed. Usborne, Londres, 2011

 Secondaire supérieur  Bernard Edina, Cabanne Pierre, Durand Jannic… [et al.], Histoire de l’art du Moyen Age à nos jours, Ed. Larousse, Paris, 2010  Bertolino Giorgina, Comment identifier… Les mouvements artistiques de l’impressionnisme à l’art vidéo, Ed. Hazan, 2009 (coll. Guide des arts. Clés et repères)  Brocvielle Vincent, Le Petit Larousse de l’histoire de l’art, Ed. Larousse, 2010  Durozoi Gérard, Regarder l’art du XXe siècle, Ed. Hazan, 2004  Hodge Susie, Art Minute : 200 concepts clés expliqués en un instant, Ed. Contre-Dires, 2017  Laoureux Denis, Histoire de l’art : 20e siècle : clés pour comprendre, Bruxelles, Ed. De Boeck, 2009  Badea-Paun Gabriel, Portraits de société : XIXe-XXe siècles, Citadelles & Mazenod, Paris, 2007

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IV. Annexes

A. Chronologie1

 1781 : L’École de dessin est créée à Mons sous Joseph II.  1789 : Un décret impérial du 24 septembre 1789 transforme l’École de dessin en une Académie royale de dessin, peinture et architecture.  1792 : Fermeture de l’Académie royale de dessin, peinture et architecture dans le contexte de l’occupation française. Dès 1794, les cours sont repris dans le cursus général dispensé au sein d’un nouvel établissement républicain : l’École centrale du Département de Jemappes. Germain-Joseph Hallez y est professeur de dessin.  1797 : Un arrêté pris par l’administration centrale du Département de Jemappes le 12 germinal an V (1er avril 1797) autorise le prélèvement des objets d’art dans les édifices religieux afin de les déposer dans les maisons communales de Mons et Tournai où ils se constituent en dépôt destiné à l’enseignement artistique.  1801 : Hallez prélève dans le dépôt qu’il a constitué en 1797 les œuvres qu’il juge utiles à l’enseignement du dessin qu’il dispense à l’École centrale du Département de Jemappes.  1803 : Ouverture de l’École de dessin sous la direction de Germain-Joseph Hallez. La Ville de Mons détient l’autorité de tutelle de ce nouvel établissement dont elle a également la charge financière.  1820 : La Ville de Mons met en œuvre les directives de l’arrêté royal du 13 avril 1817 pris par l’administration de Guillaume Ier pour redéfinir l’enseignement artistique. L’École de dessin ouverte en 1803 devient une Académie de dessin et d’architecture. L’enseignement est exclusivement consacré à l’apprentissage du dessin d’après l’antique et d’après nature. La gratuité de l’enseignement qui avait été abrogée sous la période française est à nouveau adoptée. Un conseil académique est créé. Chargé de rédiger le règlement de l’école, il est composé de représentants de la Ville de Mons et d’amateurs. Avec la mise en œuvre de ces réformes, l’école artistique de la Ville de Mons prend la forme qu’elle va conserver jusque 1976.  1837 : Première formulation du projet de musée communal des Beaux-Arts.  1840 : L’Académie de dessin et d’architecture propose désormais un cours de peinture. Cette ouverture à la peinture en 1840 correspond à l’entrée en fonction du peintre anversois Antoine Van Ysendyck à la tête de l’établissement.  1841 : Décidé et organisé par la commission directrice du musée communal, la première exposition des beaux-arts a lieu à Mons. 105 artistes contribuent à cet événement qui est répété en 1842 et 1843. Le salon de Mons devient triennal à partir de 1843 jusqu’à la dernière édition qui a lieu en 1899.

1 Chronologie issue du catalogue Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, BAM, Mons, du 7 mars au 16 août 2020, Snoeck Edition, 2020, pp. 174-176 54

 1855 : L’Académie de dessin, de peinture et d’architecture est renommée en une Académie des beaux-arts. Étienne Wauquière en assume la direction dès l’année suivante.  1870 : Le peintre tournaisien André Hennebicq succède à Étienne Wauquière qui avait été remplacé à titre provisoire par Nicolas Legrand.  1879 : Antoine Bourlard prend la direction de l’Académie où il assume sa fonction jusqu’à sa mort en 1899. Sous son directorat, Auguste Danse crée en 1881  le cours de gravure sur métal qu’il donne jusque 1897, et qui forme de nombreux artistes. L’atelier est repris ensuite par Louis Greuze.  1895 : Création du cercle artistique montois Le Bon Vouloir qui organise annuellement une exposition tournée vers la promotion de la scène locale.  1898 : Début des discussions au sein du collège communal pour la construction d’un musée rue Neuve. Destiné au musée, le legs Glépin vient enrichir les collections communales.  1908 : Des sympathisants du Bon Vouloir créent l’association L’Essaim. Active jusque 1958, elle compte sur la présence de peintres comme Marius Carion, Arsène Detry, Victor Dieu, Alfred Moitroux, Eugène Lucq… Une adjudication publique a lieu en vue de la construction d’un musée des Beaux-Arts rue Neuve.  1911 : Le conseil communal autorise officiellement la mixité des inscriptions et des classes à l’Académie des beaux-arts. Officieusement, plusieurs femmes suivent les cours de peinture de Bourlard et de gravure de Danse dès 1883.  1913 : Le musée des Beaux-Arts ouvre ses portes le 7 septembre 1913 à l’occasion de la Joyeuse Entrée à Mons du roi Albert 1er le weekend des 6 et 7 septembre 1913. L’exposition d’ouverture est consacrée à l’art wallon. Elle est organisée par la Fédération des artistes wallons.  1915 : Sous la direction d’Émile Motte en place à cette fonction depuis 1899, l’Académie des beaux-arts devient l’Académie des beaux-arts et des arts décoratifs.  1920 : Marius Renard crée la revue Savoir et Beauté qui offre une tribune aux artistes de la scène montoise et hennuyère.  1928 : Le groupe Nervia est créé par Anto-Carte, Louis Buisseret et Léon Eeckman. Actif jusque 1938, il a organisé de nombreuses expositions en Belgique, assurant ainsi une visibilité à ses membres dans un contexte caractérisé par la présence de l’expressionnisme en Flandre et de l’émergence du surréalisme à Bruxelles.  1929 : Succédant à Motte, Buisseret reprend la direction de l’Académie des beaux-arts de Mons où il reste en fonction jusque 1949. Six artistes montois créent le groupe Les Loups afin de valoriser la création locale qui diffère de l’idéalisme classique de la peinture promue par Nervia. Le groupe est actif jusque 1939.  1930 : Au musée des Beaux-Arts prend place une ambitieuse exposition pour célébrer le centenaire de la création de la Belgique. Elle présente l’art ancien et moderne à travers une sélection d’artistes exclusivement hennuyers.  1936 : Sous le directorat de Buisseret, la Ville de Mons revient à la formule autrichienne de 1789 : Académie royale des beaux-arts. 55

 1939 : Louis Van de Spiegele, Marcel Lefrancq, Armand Simon et Paul Defaux contribuent à l’aventure du Groupe surréaliste en Hainaut (1939-1946) fondé à Mons par Achille Chavée et Fernand Dumont en juillet 1939.  1947 : Au Groupe surréaliste en Hainaut succède Haute Nuit (1947-1949) dont la structure éditoriale est située à Mons et dont les réunions ont lieu à la galerie montoise Le Sagittaire de Van de Spiegele située près du studio La Lanterne magique de Lefrancq.  1948 : Edmond Dubrunfaut se voit confier le cours d’art décoratif dans lequel il inclut la peinture murale et la tapisserie. Il assume cette fonction durant trente ans. Le groupe Cuesmes 68 est issu de cet atelier.  1950 : L’exposition Art contemporain présentée au musée des Beaux-Arts entend dresser le bilan des tendances artistiques contemporaines de la scène montoise et hennuyère.  1951 : Gustave Camus devient professeur de peinture à l’Académie royale des beaux- arts où il forme la plupart des peintres qui constituent le groupe Maka.  1957 : L’Académie royale des beaux-arts propose à nouveau une formation en architecture et urbanisme.  1964 : Les groupes Hainaut Cinq et Cap d’encre voient le jour. Ils cesseront leurs activités en 1970. Sous l'impulsion d’Abel Dubois, futur bourgmestre et à l'époque échevin de la Culture, le conseil communal montois prend la décision de lancer les travaux d’extension du musée des Beaux-Arts.  1966 : Le cours de gravure de Gustave Marchoul est repris par Gabriel Belgeonne. De nombreux artistes se forment à cette technique qu’ils pratiquent dans une optique de création et non plus de reproduction comme c’était le cas à l’époque d’Auguste Danse.  1968 : Création du groupe Cuesmes 68 qui est actif dans le domaine de la peinture murale jusque 1976. Dans le même temps, Belgeonne et Marchoul créent le groupe 2 G qu’ils animent jusque 1973.  1970 : Après deux ans de chantier sous la direction de l’architecte communal Ernest Vanderstraete, le musée rouvre ses portes le 19 septembre 1970.  1971 : Tandem succède à Cap d’encre. Création du groupe Maka qui est actif jusque 1976.  1975 : L’exposition Douze années d’acquisitions de gravures 1964-1975 au musée des Beaux-Arts de Mons signale que mille estampes ont été acquises par les autorités publiques belges. Cette politique d’acquisition est l’aboutissement des actions menées par Cap d’encre, 2 G et Tandem.  1975 : L’exposition Douze années d’acquisitions de gravures 1964-1975 au musée des Beaux-Arts de Mons donne un aperçu des quelque mille estampes qui, suite aux actions menées par Cap d’encre, 2 G et Tandem, sont entrées dans les collections de l'État.  1976 : La Ville de Mons remet les clés de son Académie royale des beaux-arts entre les mains du Gouvernement qui la transforme en une École supérieure des Arts plastiques et visuels séparée de l’enseignement de l’architecture et de l’urbanisme pris en charge dans une autre entité. L’École supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons et 56

l’École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles sont les seules structures d’enseignement artistique de niveau supérieur qui ne soient ni communales ni confessionnelles. Première exposition du groupe Zist-Zest organisée au musée des Beaux-Arts de Mons par Jean-Marie Mahieu et Christian Rolet. Une deuxième exposition aura lieu en 1978. Animée par Jean-Pierre Denefve, la galerie Koma, est créée pour promouvoir les expressions contemporaines à travers le théâtre et la musique d’abord, et, à partir des années 1980, les arts visuels.  1977 : Le groupe Art cru succède à Maka. Il est actif jusque 1979.  1979 : L’événement majeur organisé par Art cru a lieu au musée des Beaux-Arts de Mons en 1979. Il s’agit de l’exposition intitulée Rouault - Art cru. Les tableaux du peintre français sont présentés en résonance avec des pièces d’artistes italiens, français, yougoslaves, anglais, allemands et belges. Le groupe Polyptyque succède à Art cru. La proximité des membres de Polyptyque avec l’Académie est totale : tous y sont chef d’atelier.  1980 : L’exposition Mons - Wien organisée au musée des Beaux-Arts en 1980 célèbre le bicentenaire de la fondation de l’École de dessin qui avait été créée à Mons par décret impérial dans le contexte du régime autrichien. Il s’agit de mettre en dialogue la tradition autrichienne de l’expressionnisme et celle de l’école de Mons.  1994 : Les diverses sections de l’École supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons sont rassemblées au Carré des arts.  2001 : Le musée des Beaux-Arts accueille une vaste exposition consacrée à l’art en Wallonie au XXe siècle. Cet événement fait écho à ceux de 1913 et de 1930 dont il se distingue toutefois par l’absence de revendication identitaire.  2004 : Sous l’impulsion du bourgmestre Elio Di Rupo, le conseil communal décide de réaliser des travaux de mise en conformité du musée, soutenu par des fonds européens et réalisés dans un souci de développement touristique et économique de la ville. Un appel à projet est lancé et remporté par l’architecte parisien Christian Menu qui repense le site muséal.  2006 : La première phase du chantier commencé 2004 se termine. Le musée et la Maison Jean Lescarts sont fermés durant ces deux années tandis que le salon du Bon Vouloir est délocalisé aux Anciens Abattoirs. Le musée des Beaux-Arts de Mons change de nom et devient le BAM (Beaux-Arts Mons). L’exposition d’ouverture est consacrée au surréalisme en Belgique.  2012 : L’École supérieure des Arts plastiques et visuels fusionne avec le conservatoire de Musique et le Théâtre de Mons pour former Arts2. Cette fusion des structures éducatives est avec la réforme de 1820 et la transformation de l’Académie en une École supérieure en 1976 un moment charnière, crucial, dans l’histoire de l’institution.  2013 : Fin de la seconde phase du chantier de rénovation du musée qui avait commencé en 2012. Une rétrospective consacrée à Andy Warhol est organisée à l’occasion de la réouverture du BAM.  2015 : Mons est capitale européenne de la culture. La Ville de Mons inaugure cinq nouveaux musées : le musée du Doudou, le Mons Memorial Museum, l'Artothèque, le Silex'S et le Beffroi. 57

 2017 : L’exposition Nouveaux Westerns accueillie au BAM présente une sélection de jeunes artistes contemporains issus de Arts2.  2020 : L’exposition École de Mons 1820-2020 a pour objet de dresser le bilan de la création artistique à Mons dans la diversité des pratiques et des tendances.

B. Notes biographiques1

 Carte Antoine dit Anto-Carte [Mons, 1886–Ixelles, 1954] Peintre, lithographe, aquarelliste, scénographe, créateur de vitraux et illustrateur. Anto-Carte est issu d’une famille d’artisans menuisiers. Il est apprenti chez le peintre- décorateur François Depooter avant d’intégrer l’Académie des beaux-arts de Mons de 1905 à 1908. Il y suit les cours d’Antoine Bourlard et d’Emile Motte. L’octroi d’une bourse communale lui permet de s’inscrire à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, qu’il fréquente de 1908 à 1910 auprès de Jean Delville et de Constant Montald. De 1911 à 1914, il poursuit sa formation à Paris dans les ateliers de décoration de Léon Bakst. À son retour en Belgique en 1914, Anto-Carte est temporairement emprisonné par les Allemands. En 1917, il monte sa première exposition personnelle à Bruxelles. En 1925, il part en Italie s’initier à la technique de la fresque. La même année, Homer de Saint-Gaudens, avec qui il s’est lié d’amitié à Paris, organise une exposition de soixante de ses toiles au Carnegie Museum of Arts de Pittsburgh. Celle-ci rencontre un vif succès : toutes les oeuvres sont vendues. En 1928, Anto-Carte est cofondateur du groupe Nervia avec Louis Buisseret et Léon Eeckman ; ils ont pour objectif de soutenir les jeunes artistes hennuyers et de valoriser l’art wallon. Un an plus tard, il reçoit la médaille d’or à l’Exposition internationale de Barcelone et Henry Van de Velde lui offre un poste de professeur à l’ENSAV La Cambre, qu’il occupe de 1929 à 1932, avant de reprendre le poste de professeur de peinture décorative et monumentale à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, de 1933 à 1954. Il est élu membre de l’Académie royale de Belgique en 1951. Anto-Carte est un peintre à la fois expressionniste et symboliste. Dans ses scènes religieuses, de genre ou ses paysages, ses figures humaines qu’il représente sont issues du monde ouvrier, marin ou paysan. Anto-Carte crée à plusieurs reprises des affiches pour des événements montois ou borains. [EL]  Belgeonne Gabriel [Gerpinnes, 1935] Peintre et graveur, Gabriel Busine se forme à l’Académie des beaux-arts de Mons de 1955 à 1962. Il y devient professeur en 1966. Pour éviter toute confusion avec son oncle le peintre Zéphir Busine, il prend le nom de sa mère. Avec Marchoul qu’il rencontre en 1964, il contribue activement à la promotion de la gravure à travers des collectifs (Cap d’encre, 2G, Tandem), des éditions, un enseignement (à Mons jusque

1 Notices biographiques issues du catalogue Ecole de Mons : deux siècles de vie artistique : 1820-2020 : exposition, BAM, Mons, du 7 mars au 16 août 2020, Snoeck Edition, 2020, pp. 178-219 Auteurs : [AG] Arnaud Godart - [BVC] Benoit Van Caenegem - [CV] Christophe Veys - [CP] Charline Piscart - [DL] Denis Laoureux - [EL] Emilie Lobet - [FE] Françoise Eeckman - [FL] François Liénard - [JPH] Jean-Philippe Huys - [MDR] Michel De Reymaecker - [NP] Noémie Petit - [SS] Sophie Simon 58

1990, puis à Bruxelles jusque 2000) et de nombreuses expositions personnelles et collectives. Il est lauréat de nombreux prix dont celui du Hainaut en 1965. Abstraite et lyrique, sa peinture met en tension une forme noire déposée par un geste ample avec des champs blancs aérés et sensibles. En gravure, de larges aplats frémissant à fleur de papier sont activés par un signe inspiré de l’ammonite. Oeuvres conservées dans divers musées et centres belges (Ixelles, Charleroi, La Louvière, BPS22) et internationaux (France, Japon). [DL]  Bernier Charles [Angre, 1871–1950] Peintre et graveur (burin et eau-forte). Élève de Bourlard et de Danse à l’Académie de Mons. Proche de Verhaeren et attaché à sa région, Charles Bernier est reconnu pour être un des pionniers de la gravure en couleur en Belgique. Ses paysages relèvent de l’impressionnisme et ses portraits d’une observation minutieuse et sympathique de ses modèles. Œuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Bornain Alain [Charleroi, 1965] Professeur à l’ESAPV à Mons depuis 2005, Alain Bornain pratique la peinture ainsi que la sculpture, l’installation et la photographie. Il expose abondamment en Belgique et participe à de nombreux événements collectifs à travers le monde, comme à Pékin en 2018 où il présente Mémoire renaissance réincarnation. En 2010, son exposition D’un instant à l’autre prend place au sein du Lotto Mons Expo. Le musée des Beaux-Arts de Charleroi et le musée royal de Marie-mont détiennent une partie de ses créations. [CP]  Bosquet Andrée [Tournai, 1900–La Louvière, 1980] Peintre de portraits, notamment d’enfants, et de natures mortes, Bosquet est proche du groupe Nervia qu’elle fréquente par l’intermédiaire de Frans Depooter. Elle épouse ce dernier en 1923, un an après sa sortie de l’Académie des beaux-arts de Mons où elle était entrée en 1919, dans la classe d’Émile Motte. Elle expose au salon du Bon Vouloir dès 1922 et avec Nervia en 1936. Elle obtient le Prix Charles Caty en 1963. Oeuvres à l’Artothèque de Mons et à la Province de Brabant. [DL]  Bouillon Philippe [Frameries, 1966] Artiste pluridisciplinaire, peintre (auteur, compositeur interprète) diplômé en Image dans le Milieu (1992). Il est présent dans l’exposition Quelques histoires au Palais des Beaux-Arts de Charleroi en 1993. Il remporte le Prix de la Jeune Peinture belge en 1994. Oeuvres dans les collections de la banque ING, de la Province du Hainaut et du musée des Beaux-Arts de Charleroi. [CV]  Boulmant Georges [Hornu, 1914–Frameries, 2004] Peintre, sculpteur, décorateur (fresques, vitraux et céramiques). Natures mortes, portraits et paysages. Élève durant 7 ans en arts décoratifs à l’institut Saint-Luc de Tournai où il côtoie Zéphir Busine, il collabore après 1945, avec ce dernier et avec l’architecte Jacques Dupuis, à de nombreux chantiers de restauration où il pratique toutes les techniques artisanales tout en créant une oeuvre artistique plus personnelle. [MDR]  Bourlard Antoine [Mons, 1826–Mons, 1899] Peintre, graveur et sculpteur, Bourlard est formé par Antoine Van Ysendyck, Germain Hallez et Etienne Wauquier à l’Académie des beaux-arts de Mons de 1836 à 1846. Il séjourne à Paris de 1846-1851 où il fréquente l’atelier de Thomas Couture. Il revient 59

ensuite à Mons et, avec l’aide financière de la Ville de Mons, il s’installe à Rome de 1854 à 1875 avant de revenir dans sa ville natale où il est nommé directeur de l’Académie de 1882 jusqu’à sa mort en 1899. Sa présence dans les salons commence en 1846 à Mons avec Caïn et Abel. À vingt-cinq ans, il obtient un premier succès avec son tableau de facture romantique Les Anges déchus qu’il expose à Bruxelles (1851) et à Mons (1852). À Rome, sa peinture prend une orientation réaliste dont témoigne L’Arâtro, un tableau de grand format exposé à Bruxelles (1875) et à Mons (1876) qui montre une scène de labourage à la charrue vue en contre-plongée. Dans les années 1890, il donne à sa peinture un accent social qui rappelle L’Escapée, peinte en 1879 après une catastrophe minière à Frameries et qui culmine avec le tableau monumental Industria exposé à Mons (1896) et Bruxelles (1897). Oeuvres à l’Artothèque de Mons et à la Province de Hainaut. [DL]  Brunin Charles [Mons, 1841–Schaerbeek, 1887] Sculpteur. Formé à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès d’E. Wauquière, il fréquente ensuite les cours de sculpture de J. Geefs à Anvers (1865-1868) et d’E. Simonis à Bruxelles. Ne remportant pas le prix de Rome1 (1869), il bénéficie néanmoins d’une aide de la Ville de Mons pour de courts séjours en Italie (1871, 1873). Il expose aux salons triennaux des types populaires italiens de son inspiration qui ont beaucoup de succès (par ex. La Milanaise à Bruxelles en 1872) et devient professeur de sculpture à l’Académie de Mons (1875-1882). La statue du Prince Charles-Joseph de Ligne à Beloeil (1878) est la première d’une série de commandes publiques. Pour la Ville de Mons, il fournit les sculptures en bronze du Monument du bourgmestre F. Dolez élevé sur le square Saint-Germain (détruit en 1918). Oeuvres à l’Artothèque, au cimetière de Mons et aux MRBAB. [JPH]  Buisseret Louis [Binche, 1888–Bruxelles, 1956] Peintre et portraitiste, dessinateur, graveur et théoricien de l’art. Après des études à l’Académie des beaux-arts de Mons (professeurs Greuze et Motte) et de Bruxelles (professeurs Delville et Richir), au cours desquelles il développe une amitié avec Anto- Carte, et suite à l’obtention d’un premier prix de Rome2, Louis Buisseret visite l’Italie et se passionne pour le Quattrocento. Il est souvent considéré comme le plus latin des peintres wallons. Dans son oeuvre intimiste et silencieuse, aux accents idéalistes, il développe des formes épurées aux couleurs sobres et subtiles. Prix de Rome3 en gravure en 1911 et Prix du Hainaut en 1918, il est professeur dès 1917 à l’Académie des beaux-arts de Mons dont il assure la direction de 1929 à 1949. Cofondateur, en 1928, de Nervia. Oeuvres à l’Artothèque de Mons et aux Musées royaux des Beaux- Arts de Belgique. [MDR]  Busine Zéphir [Gerpinnes 1916–Mons, 1976] Peintre, sculpteur, céramiste, décorateur (vitraux et tapisseries) et designer. Après des études en arts décoratifs à Saint-Luc Tournai, Busine s’associe à Georges Boulmant et à Jacques Dupuis. Il réalise avec eux jusque vers 1960 de nombreux travaux de décora- tion, notamment dans le cadre du renouveau de l’art sacré en Belgique. Tout en

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oeuvrant comme designer à la Céramique de Dour et ensuite à la verrerie de Boussu, il développe une oeuvre picturale personnelle qui le conduit vers les années 1960 à pratiquer une abstraction lyrique et gestuelle. Professeur d’art graphique à l’Académie des beaux-arts de Mons dès 1961. En 1964, il participe à la fondation et à l’animation du groupe Hainaut 5. OEuvres à l’Artothèque de Mons, aux Musées royaux des Beaux- Arts de Belgique. [MDR]  Calonne Jacques [Mons, 1930] Peintre, musicien, chanteur, comédien, écrivain, compositeur. Né à Mons où il vit avec sa famille jusque 1946, Calonne est un autodidacte dont les activités sont multiples. Il participe au groupe Cobra animé de 1949 à 1951 par Christian Dotremont avec qui il noue une longue amitié. En 1954, Calonne voyage à Darmstadt où il se forme à la musique concrète qui inspire sa composition Métalepses (1956). Son travail artistique commence en 1949 avec des assemblages qu’il montre lors de l’exposition L’Objet à travers les âges. Calonne est aussi l’auteur d’une production picturale qui se présente comme un élargissement poétique de la notion d’écriture musicale. [DL]  Camus Gustave [Châtelet, 1914-Mons, 1984] Peintre. Professeur de peinture et de dessin à l’Académie des beaux-arts de Mons dont il sera le directeur. Professeur de plusieurs membres du groupe Maka (Szymkowicz, Vandycke, et Jamsin). Membre des groupes hennuyers L’Art vivant au Pays de Charleroi, Nervia et Hainaut 5. Réalisation de peintures murales (Centre de Télécommunications de Lessive, Malle Ostende-Douvres, Palais des Beaux-Arts de Charleroi) et nombreux cartons de tapisserie. Nombreuses expositions personnelle (Galerie 7 à Mons, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Banque du Crédit commercial à Mons, galerie Albert 1er à Bruxelles, galerie Campo à Anvers) et collectives (Hainaut 5 à Cologne, XXXe Biennale de Venise, Peinture belge contemporaine de 1920 à nos jours à Rio de Janeiro) en Belgique et à l’étranger. Prix du Hainaut en 1945, Prix de la Jeune Peinture belge en 1951. Oeuvres dans les collections de l’État belge, de la Province de Hainaut, de la Ville de Mons. [FL]  Carion Marius [Blaugies, 1898–Wasmes, 1949] Dessinateur, graveur, peintre. Auteur de portraits, paysages et intérieurs borains, dans la foulée du réalisme social. Il entre à l’école des Arts et Métiers à Saint-Ghislain, puis à l’Académie des beaux-arts de Mons où il suit le cours de dessin d’A. Duriau (1915- 1917). Il se classe deuxième à l’examen d’admission pour le concours du Prix de Rome1 pour la gravure de 1921. Intimiste et soucieux du détail au début de sa carrière, il évolue vers un traitement plus synthétique des formes et plus expressionniste des couleurs, comme dans Soir de grisou (1925) ou Génération (1928). Il illustre de nombreux ouvrages littéraires abordant le thème de la mine et participe à de multiples expositions en Hainaut (Mons, Charleroi, La Louvière) et à Bruxelles, notamment à la galerie Breughel (1949). Il se lie d’amitié avec A. Detry et l’artiste Akarova qui sculpte le buste du monument funéraire de Carion à Blaugies. Promu chevalier de l’Ordre de Léopold II (1940). Première exposition personnelle à Wasmes (1923) ; rétrospective à Wasmes et Mons (1998). Oeuvres à l’Artothèque de Mons, au musée des Beaux-Arts

1 Voir glossaire 61

de Charleroi, au sein du Patrimoine artistique de La Louvière, aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. [JPH]  Carlier Modeste [Wasmuël, 1820–Ixelles, 1878] Peintre d’histoire fidèle à la tradition académique, Carlier suit les cours d’Antoine Van Ysendyck à Mons et de François-Édouard Picot à Paris. Le Prix de Rome1 qu’il obtient en 1850 lui permet de séjourner dans la capitale italienne jusque 1855. Il s’installe ensuite à Paris où il mène sa carrière dans les structures du Second Empire. Le Gouvernement belge lui achète deux tableaux : Locuste essayant des poisons sur un esclave, présenté au salon de Paris en 1857, et La Veille du martyr, exposé en 1860 à Bruxelles. Carlier est présent dans les salons de 1857 à 1866. On le voit à Paris (1857, 1859, 1861, 1864, 1865, 1866), Bruxelles (1860) et Mons (1861, 1864). En 1860, il termine son tableau Sainte Barbe apparaissant aux mineurs après un coup de grisou commandé cinq ans plus tôt par la Commune de Quaregnon. Il reçoit en 1878 une commande du Palais des Académies que sa santé ne lui permet pas de mener à terme. Oeuvres à la Commune de Quaregnon et aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. [DL]  Caty Charles [Bury, 1868–Mons, 1947] Peintre, graveur, pédagogue. Formé à l’Académie de beaux-arts à Mons (1888-1890) où après avoir suivi l’enseignement d’A. Bourlard, il devient professeur de dessin d’après faune et flore et de croquis rapide (1900-1933). Il enseigne par ailleurs le dessin d’art à l’Ecole normale provinciale de Mons (1906) et donne un cours de croquis au personnel enseignant des écoles gardiennes et primaires dans plusieurs villes wallonnes. Il se lie d’amitié avec le peintre F. Gommaerts. Il expose dans divers salons d’art belges mais privilégie celui du cercle montois Le Bon Vouloir dont il est cofondateur (1895) et longtemps secrétaire. Membre du conseil national belge des arts plastiques (UNESCO). Parmi ses oeuvres remarquables : Joueur d’accordéon (acquis par la Commune de La Louvière) et les portraits des avocats Henri Sainctelette (1899) et Fulgence Masson (1900). Oeuvres conservées à l’Artothèque de Mons, La Louvière et à l’hôtel de ville de Tournai. Un prix de peinture portant son nom est créé à l’Académie royale de Belgique, réservé aux artistes issus de l’Académie de Mons. [JPH]  Coisne Samuel [Douai, 1980] Né en France mais vivant en Belgique depuis l’enfance et diplômé en 2004 de l’ESAPV de Mons, Samuel Coisne est un artiste plasticien, qui développe un art délicat, traitant d’objets banals qu’il extrait du quotidien pour les faire évoluer dans un univers qui les magnifie, qui les rend plus nobles. Il exploite par exemple l’espace géographique à différentes échelles, de la ville par la création de plans urbanistiques en dentelles, au monde entier révélé dans une boule à facettes dans Discoworld (2008). Son oeuvre se caractérise par le traitement des notions de morcellement, de fragmentation, de discontinuité, de mutation, de fragilité, de reconstruction. Samuel Coisne a reçu plusieurs prix et certaines de ses oeuvres sont conservées dans les collections communales de La Louvière et de la province du Hainaut. [NP]

1 Voir glossaire 62

 Danse Auguste [Bruxelles, 1829–Uccle, 1929] Danse est formé à la peinture par François-Joseph Navez et à la gravure par Luigi Calamatta à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. Il suit également des cours à l’Académie des beaux-arts de Mons où il devient professeur de gravure de 1882 à 1897 sous la direction d’Antoine Bourlard. Le cours de gravure est créé en 1882. De 1860 à 1900, Danse est omniprésent dans les salons belges avec des eaux-fortes reproduisant des tableaux peints par des maîtres anciens (Rubens, Van Dyck) et des contemporains (Charles Degroux, Henri Leys, Emile Wauters). Son atelier est fréquenté par de nombreux élèves (Victor Dieu, Louis Greuze, Louis Lenain, Charles Bernier, Léon Dolez, Alfred Duriau…) qui ont contribué à faire de la gravure une tradition féconde dans l’école de Mons. Il est le père de Marie et Louise Danse qu’il forme en même temps que d’autres femmes comme Cécile Douard et Marguerite Putsage. Oeuvres à l’Artothèque de Mons, au Cabinet des Estampes de la KBR. [DL]  Danse Louise [Bruxelles, 1865–1948] Formée dès l’enfance par son père Auguste Danse, Louise Danse figure parmi les premières femmes à recevoir une formation officielle à la gravure à l’Académie des beaux-arts de Mons, médium qu’elle pratique à l’aide de la pointe sèche et l’eau-forte. Son oeuvre, comprenant l’eau-forte Auguste Danse travaillant (s.d.) et les enluminures de l’ouvrage El Moghreb al Aksa - Une mission belge au Maroc (1889), fait l’objet de nombreuses expositions individuelles au sein des salons de Bruxelles et Charleroi, du salon de la Libre Esthétique en 1894 et du musée Galliera de Paris en 1921, au cours desquelles elle est régulièrement récompensée. Plusieurs pièces sont conservées à l’Artothèque de Mons. [CP]  Danse Marie [Bruxelles, 1866–1942] Marie Danse, formée à la gravure par son père à l’Académie des beaux-arts de Mons tout comme sa soeur Louise, oriente sa production artistique par rapport à l’important rôle politique et artistique qu’occupe son époux Jules Destrée. Elle illustre bon nombre des ouvrages de celui-ci, comme Les Chimères (1889) et L’oeuvre lithographique de Odilon Redon (1891). Son travail, aujourd’hui conservé en partie à l’Artothèque de Mons et principalement composé de copies d’oeuvres d’art, est présenté à plusieurs reprises au salon de la Libre Esthétique et en 1911 par la Maison du peuple de Bruxelles. Sa carrière artistique, qu’elle consacre entièrement à son époux, prend fin au décès de celui-ci en 1936. [CP]  Darsi Hassan [Casablanca, 1961] Artiste pluridisciplinaire diplômé à l’école supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons en 1989. Il fonde l’association marocaine de promotion de l’art contemporain « La source du lion » en 1995. Sa pratique est toujours basée sur un questionnement sociétal et généralement participatif. Ses oeuvres font parties de la collection du Musée national d’art moderne à Paris ainsi que par le MuKHA à Anvers. [CV]  Dekyndt Edith [Ypres, 1960] Diplômée de l’atelier de gravure de Gabriel Belgeonne à l’école supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons. Elle reçoit le Prix du Hainaut des arts plastiques en 1990. Plasticienne opérant tout à la fois dans l’espace de la vidéo et de l’installation. Elle expose dans le cadre de l’exposition internationale Viva Arte Viva de la Biennale de 63

Venise en 2017. Elle a bénéficié d’expositions personnelles en Belgique au BPS22 en 2004, au Mac’s en 2009, au Wiels en 2016. Ses expositions individuelles à l’étranger comptent notamment des lieux comme le Fri Art de Fribourg en 2011, la synagogue de Delme en 2011, le Consortium de Dijon en 2015. Ses oeuvres sont conservées dans de nombreuses institutions muséales dans le monde dont le MoMA à New York. [CV]  Delville Jean [Louvain, 1867–Forest, 1953] Élève de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, Delville est un artiste et un acteur majeur de la Belgique fin de siècle. Prix de Rome1 en 1895, il se consacre à la promotion de l’idéalisme. Nommé professeur à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles en 1907, Delville est invité d’honneur au salon du Bon Vouloir en 1911 à l’initiative d’Émile Motte. Il s’installe à Mons vers 1933 suite à une relation qu’il entretient depuis trois ans avec une de ses élèves, la montoise Émilie Leclercq. Celle-ci réalise le Portrait de Jean Delville (1940) qui lui offre en retour son Nu couché (1941). À Mons, Delville poursuit sa quête idéaliste en peignant des êtres flottant dans des espaces spirituels. Anto-Carte, Louis Buisseret, Léon Devos, Léon Navez, Rodolphe Strebelle et Taf Wallet, tous membres de Nervia, ont été ses élèves, de même que Ferdinand Harmignies. Oeuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. [DL]  Detry Arsène [Koekelberg, 1897–Mons, 1981] Peintre, pédagogue, animateur culturel. Après avoir vécu son enfance à Montmartre (1901-1909), il s’installe à Frameries et suit un premier cycle d’études à l’Académie des beaux-arts de Mons, notamment chez Ch. Caty (1914-1915) avant d’être admis dans l’atelier de C. Montald à l’Académie de Bruxelles (1916-1919) où il côtoie R. Magritte et P. Delvaux. Après un bref séjour à Paris (1924-1928) où il fréquente les ateliers libres de Montparnasse, et où il débute au salon des Indépendants, il s’installe définitivement à Pâturages. D’abord peints en plein air et de facture claire, ses paysages dépourvus de présence humaine au profit de jeux géométriques sont ensuite élaborés en atelier dans des gammes sourdes, à partir de croquis au crayon annotés. Lauréat des prix Montald (1919), de la Ville de Mons (1928), Oleffe (1943), Claire Sauté (1947), du Hainaut (1948) et Alexandre André (1968). Il expose en Belgique et participe aux salons d’art belge organisés à l’étranger (Rouen, Le Caire, Lisbonne, Buenos-Aires). Exposition personnelle à Mons (1928) et Bruxelles (1961). Membre fondateur du groupe montois Les Loups (1929) ; membre du Conseil national des Arts plastiques (Unesco). De 1933 à 1958, il exerce comme professeur de dessin et d’histoire de l’art dans l’enseignement moyen et normal (à Pâturages, Dour, Hornu, Mons). Auteur de chroniques artistiques, il donne des conférences, présente des peintres et crée le Jeu de Mons et du Borinage sur le parvis de la collégiale Sainte-Waudru. Chevalier de l’Ordre de la Couronne. Rétrospectives à Mons (1983) et Charleroi (1997). OEuvres à l’Artothèque de Mons, aux musées de Bruxelles, Charleroi, Liège, Anvers, ainsi qu’au musée national de Buenos-Aires. [JPH]  Devillez Louis-Henri [Mons, 1855–Ixelles, 1941] Dessinateur, sculpteur, collectionneur, mécène, critique d’art. Issu d’une famille aisée et cultivée, il suit en élève libre les cours de dessin, de peinture et de sculpture à

1 Voir glossaire 64

l’Académie des beaux-arts de Mons et se perfectionne en sculpture à l’école des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de P.-J. Cavelier chez qui il affine son goût pour le portrait. Dans ce domaine, il dessine beaucoup et réalise des bustes, médailles, médaillons et plaquettes. Il est, en outre, l’auteur de statues et de monuments. Il participe à la décoration du jardin botanique, de l’hôtel de ville et du musée des Beaux- Arts de Bruxelles. Pour Mons, il crée le Monument Devillez-Guidal, son oeuvre maîtresse, élevé dans la cour de l’école des Mines (1902) et conçoit le Monument à Henry Sainctelette dans la cour de l’hôtel de ville (1924). Ses envois aux expositions sont appréciés dès 1878, à Paris où Devillez séjourne plusieurs mois par an, disposant d’un atelier. À Bruxelles, il est invité chez Les XX (1885), participe à La Libre Esthétique (1894-1911) et collabore à la revue bruxelloise La Fédération artistique. L’artiste est également un esthète : il collectionne des tableaux modernes des écoles belge et française en soutenant des artistes, en particulier son ami E. Carrière dont il possède une importante série de tableaux et dessins dans sa galerie d’art à Mons, et M. Putsage dont il devient le mentor. Oeuvres à l’Artothèque de Mons, aux MRBAB. [JPH]  Devos Léon [Petit Enghien, 1897–Précy-sous-Thil, 1974] Léon Devos naît à Petit-Enghien le 24 mars 1897 et décède en France le 18 avril 1974. En 1920, il part à Paris, avec Léon Navez. Deux ans plus tard, il s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Mons, puis à celle de Bruxelles où il suit l’enseignement de Constant Montald et Jean Delville. En 1928, il rejoint le groupe Nervia fondé par Anto-Carte, Louis Buisseret et Léon Eeckman. En 1932, il obtient le Prix du Hainaut. De 1948 à 1951, il assume la charge de directeur de l’Académie de Bruxelles. En 1950, il obtient le Prix Carnegie Garden Club à Pittsburg (US). Drue, vivante, sensuelle, la peinture de Léon Devos est à son image d’homme et entre dans le réalisme figuratif. C’est un grand coloriste, les pâtes sont savoureuses sans être épaisses. Son oeuvre compte plus de 3000 tableaux. [FE]  D’hont Jacques [Nimy, 1920–Mons, 2013] Après s’être formé à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès de l’artiste binchois Louis Buisseret, Jacques d’Hondt devient peintre et dessinateur. Il emploie notamment la gouache et l’aquarelle pour réaliser portraits, personnages caricaturaux, scènes populaires, paysages nocturnes et fresques symbolistes. Il est également acteur, mime et marionnettiste. Il expose régulièrement à la galerie Lucidel à Mons, à la galerie La Meuse à Namur et au cercle artistique montois Le Bon Vouloir dont il est membre. En 1958, à l’occasion de l’exposition universelle, il signe la fresque qui orne jusqu’en 2013 le hall de la gare de Mons et dans laquelle sont représentés les symboles de la cité montoise. [CP]  Dieu Victor [Quaregnon, 1873–Mons, 1954] Graveur et peintre. Fils d’un marchand tailleur, Victor Dieu commence sa formation à l’Académie des beaux-arts de Mons de 1890 à 1891 en tant qu’élève d’Antoine Bourlard et d’Auguste Danse. Durant son service militaire, il poursuit ensuite sa formation à l’Académie d’Anvers avec le peintre Gustave Biot. En 1901, il obtient le Prix de Rome1 pour la gravure au burin. En 1903, il part pour un séjour à Rome de deux

1 Voir glossaire 65

ans. Il est chargé du cours de dessin à l’Académie de Mons de 1919 à 1937. La pro- duction de gravures de Victor Dieu, toutes techniques confondues, est considérable et certainement l’une des plus significatives de l’école de Mons. Elle témoigne aussi de son intérêt pour les portraits et les paysages des Hauts-Pays et du Borinage dans lesquels il dépeint les conditions de vie des mineurs dans un style réaliste. De 1931 à 1934, il se consacre à la peinture et réalise de nombreux paysages. Des oeuvres de Victor Dieu sont essentiellement conservées à Quaregnon et à Mons. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [SS]  Douard Cécile (pseudonyme de Leseine Cécile) [Rouen, 1866–Bruxelles, 1941] Peintre et portraitiste, dessinatrice, graveuse, sculpteure et écrivaine. Élève libre d’Antoine Bourlard, Cécile Douard fréquente aussi l’atelier de dessin et de gravure d’Auguste Danse à l’Académie des beaux-arts de Mons tant est forte sa volonté de devenir artiste peintre. Peintre réaliste, initiatrice de l’art social à Mons, elle descend au Borinage pour y croquer sur le vif la vie des ouvrières des mines. Atteinte de cécité à 33 ans, elle se consacre alors à la musique, à l’écriture et à la sculpture, et contribue à la création de la Ligue Braille en Belgique. Importante exposition rétrospective à Mons (salle Saint-Georges) en 1935. OEuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Dubail Berthe [Leval-Trahegnies, 1911–Bruxelles, 1984] Peintre de figures et de tableaux abstraits, Dubail s’inscrit au cours de dessin de l’Académie des beaux-arts de Mons en 1938 et 1939. Après une interruption causée par le déclenchement de la seconde guerre mondiale, elle revient à Mons pour suivre les cours de peinture de Louis Buisseret. Elle bénéficie d’une vingtaine d’expositions personnelles dont la première se tient à la galerie Le Sagittaire à Mons en 1946. Après avoir peint essentiellement des portraits, elle passe à l’abstraction en 1956. Une rétrospective de son oeuvre est présentée au musée des Beaux-Arts de Mons en 1978. [DL]  Dubrunfaut Edmond [Denain, 1920–Furnes, 2007] Edmond Dubrunfaut se forme à la peinture et au dessin à l’Académie des beaux-arts de Tournai puis à la peinture monumentale à l’ENSAV La Cambre à Bruxelles. À partir de 1947, année de création du groupe Forces murales qu’il fonde avec d’autres artistes, il enseigne à l’Académie des beaux-arts de Mons et ce pendant trente ans. En 1968, il fonde avec d’anciens étudiants le groupe Cuesmes 68. Son oeuvre abondante, qui comprend les peintures murales du sous-terrain de la gare de Tournai et la tapisserie de la station de métro bruxelloise Louise, est notamment conservée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, l’Artothèque de Mons et le musée de la Tapisserie de Tournai. [CP]  Gillis Marcel [Mons, 1897 – 1972] Peintre, illustrateur et chansonnier. Élève de l’Académie des beaux-arts de Mons. Figure incontournable de la vie culturelle montoise, dès 1920 et durant plus de 50 ans, Marcel Gillis est connu tant pour ses écrits (oeuvres – poèmes et chansons – patoisantes) que par son oeuvre plastique (caricature et peinture). Puisant son inspiration dans la vie populaire et dans le folklore, il peint aussi des paysages, des natures mortes et des compositions religieuses qu’il situe généralement dans son environnement quotidien. Souvent humoristique, parfois caustique, mais toujours 66

tendre, son oeuvre reflète bien l’esprit frondeur montois. En 1929, cofondateur avec Arsène Detry, du groupe des Loups. En 1928, il est nommé conservateur du musée des Beaux-arts de Mons, poste qu’il occupe jusqu’en 1962. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Gobert Léon [Wasmes, 1869–Mons, 1935] Léon Gobert étudie la sculpture à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès de Charles Van Oemberg (1884-1885) et à l’Académie de Bruxelles auprès de Charles Van der Stappen (1890-1895). Il est professeur de sculpture (1899-1934) et de modelage (1929-1934) à l’Académie des beaux-arts de Mons. Il enseigne aussi la sculpture à l’école provinciale des Arts et Métiers de Saint-Ghislain. Il est connu pour avoir réalisé plusieurs monuments et sculptures publiques pour la Ville de Mons, comme le Monument aux Morts (ca 1920) de la Place du Parc ou la Fontaine du Ropieur (1937) du Jardin du Mayeur, fondue après sa mort. Il se spécialise dans la réalisation de bustes et de médaillons à la mémoire de personnalités locales, ainsi que dans la représentation de la condition ouvrière, comme en témoignent cette mère et son enfant en bronze, de taille réelle, au pied du Monument au docteur Achille Urbain (1912) de Frameries. Il reçoit plusieurs prix honorifiques, il participe à de nombreuses reprises aux expositions du cercle du Bon Vouloir à Mons dès 1895, et il expose aux salons de Mons en 1896 et d’Anvers en 1904. Il est un ami proche du peintre montois Édouard Noulet. Plusieurs de ses oeuvres sont conservées à l’Artothèque de Mons, aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles, à l’Académie royale et dans les collections de la Province du Hainaut. [NP]  Gommaerts Fernand [Mons, 1894–1975] Peintre, professeur d’histoire de l’art et restaurateur de tableaux. Apprenti décorateur dans l’entreprise de Depooter (le père de Frans), Fernand Gommaerts suit en parallèle les cours à l’Académie de Mons dont il sort, en 1914, muni d’un prix d’excellence. Mais, affecté au travail obligatoire en Allemagne, il ne peut se consacrer entièrement à la peinture qu’après 1920. Admirateur des maîtres anciens qu’il découvre lors de ses nombreux voyages, Gommaerts s’inscrit à leur suite et crée une oeuvre classique, sensible et poétique qui se caractérise, quel que soit le sujet, par une composition rigoureuse basée sur un dessin précis, un lyrisme contenu et un coloris raffiné. Dès 1950, secrétaire et, de 1971 et 1972, président du Bon Vouloir. Oeuvres à l’Artothèque. [MDR]  Greuze Louis [Mons, 1863–1950] Graveur, peintre. Il se forme à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès d’Antoine Bourlard, André Hennebicq et Auguste Danse (1876). Après avoir travaillé à Paris, il obtient le second prix de Rome1 pour la gravure en 1886. Travaillant au burin, à l’eau- forte et à la pointe sèche, Greuze est l’un des représentants de l’école régionale de gravure, issue du cours créé en 1870 par le maître Danse dont il est l’un des disciples. Auteur de nombreuses gravures de reproduction (notamment d’après Van Eyck, Donatello, Rubens, Rembrandt, Hals ou Richir) mais aussi de gravures originales : paysages et portraits de personnalités. Il a par ailleurs peint à l’huile et à l’aquarelle

1 Voir glossaire 67

comme lors de ses voyages en Italie, Grèce et Égypte. Succédant à Danse comme professeur de gravure à l’Académie de Mons (1897-1929), il forme Louis Buisseret. Il devient ensuite conservateur du musée du Centenaire de Mons (1930) et du musée Chanoine Puissant (1934) jusqu’en 1947. La totalité de ses cuivres est détruite lors du bombardement de Mons en 1940. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [JPH]  Hallez Germain-Joseph [Frameries, 1769–Bruxelles, 1840] Entré jeune à l’Académie de Mons, Germain Hallez suit dans un premier temps l’enseignement du sculpteur Jean-Baptiste Sclobas, malgré le souhait de ses parents de le voir entrer dans la carrière ecclésiastique. Il se consacre au dessin et à la peinture. Son talent est tel qu’il est souvent récompensé. En 1787, il effectue un long voyage en France. À son retour, il s’installe à Bruxelles puis, en 1796-1797, il revient à Mons où il est nommé professeur de dessin à l’École centrale du département de Jemappes jusqu’à la suppression de celle-ci en 1802. Peu après, en 1803, est créée l’école de dessin de Mons. Germain Hallez en sera le directeur pendant près de trente-six ans, jusqu’en 1839. Au moment des troubles dus à la Révolution française, il met toute son énergie à sauver de la destruction la collégiale Sainte-Waudru. L’oeuvre de Germain Hallez, conservée à Frameries, Mons et dans des collections privées, toujours inspirée par la nature, le définit comme un paysagiste, un portraitiste, sans oublier les sujets religieux et militaires. [BVC]  Harvent René [Mons, 1925–2004] Sculpteur auteur de statues, bustes, bas-reliefs, médailles et travaux de décoration monumentale. Pratiquement un autodidacte de la sculpture : il s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Mons où il suit l’enseignement de Louis Buisseret mais abandonne les cours en 1944 pour se consacrer seul à la sculpture. Pureté, précision et sobriété caractérisent son œuvre figurative classique. Il remporte le Prix du Hainaut en 1949, année de la réalisation de La Belle plébéienne qui marque ses débuts. Il est aussi titulaire du premier prix de la sculpture en plein air à la biennale de Forest et du prix de sculpture de l’Académie royale de Belgi-que (1959) ainsi que du prix décennal Victor Tourneur (1963 et 1973). Parmi ses oeuvres capitales, deux nus grandeur nature : Aurore indolente (commencé en 1957 et fondu en 1969) et Danièle (1971-1980), sa collaboratrice et modèle D. Debay. S’il enseigne la sculpture statuaire et la composition monumentale à l’Académie de Liège (1963-1965), il est toutefois chargé du cours d’histoire de l’art puis d’étude de la forme à l’Académie des beaux-arts de Mons (de 1962 jusqu’à son éviction en 1975). Il expose dans toutes les grandes villes de Belgique ainsi que dans de nombreuses capitales étrangères. Rétrospectives organisées à Mariemont (1980) et à Mons (1988). OEuvres à Mons (Artothèque, institut supérieur du commerce, palais provincial, parc du Vaux-Hall, théâtre royal), Saint-Ghislain (écoles techniques du Hainaut), Charleroi (basilique Saint-Christophe, conservatoire de musique, galerie de la place Albert Ier, palais des expositions, palais de justice), Marcinelle (hôtel de ville), Schaerbeek (bassin de natation), Forest (lycée royal), au musée des Beaux-Arts de Gand. [JPH]  Hell’O [collectif composé d’Antoine Detaille (1980) et Jérôme Meynen (1980)] 68

Detaille est diplômé de l’atelier de dessin pour son baccalauréat et d’Image dans le Milieu pour son master à l’ESAPV de Mons. Leur travail dérive du Street Art. Leurs productions sont particulièrement présentes dans l’espace public. [CV]  Hennebicq André [Tournai, 1836–Saint-Gilles, 1904] Peintre. De 1853 à 1858, André Hennebicq suit les cours de peinture de l’Académie des beaux-arts de Tournai, dirigée par Joseph Stablaert. En 1860, sur les conseils de ce dernier, il entre à l’atelier de Jean Portaels à Bruxelles en vue de se préparer au concours de Rome. Il suit également des cours du soir à l’Académie, où il se lie d’amitié avec Édouard Agneessens, Émile Wauters et côtoie Léon Frédéric, Isidore Verheyden et Ernest Blanc-Garin. En 1865, il reçoit le Prix de Rome1 et entreprend le voyage en Italie. Il installe son atelier à Rome. Toutefois, la peste ravage la ville en 1866 et le contraint à fuir pour la campagne et finalement à revenir en Belgique. En 1870, il prend la direction de l’Académie des beaux-arts de Mons et conserve cette fonction jusqu’en 1879. Il déménage ensuite à Saint-Gilles. En 1884, il visite l’Espagne et le Maroc avec Émile Wauters. André Hennebicq est surtout un peintre d’histoire, de genre et de portraits. Il est également l’auteur de compositions murales, de gravures et de sculptures. Son style peut être qualifié de réaliste, parfois proche du naturalisme. Il tente de renouveler la peinture d’histoire en faisant des représentations plus proches de la réalité quotidienne. La facture de ses oeuvres est minutieuse, précise et, sous l’influence de l’impressionnisme, sa palette s’éclaircit et sa touche gagne en légèreté. Il connaît une large notoriété de son vivant. Il obtient ainsi la médaille d’or à Bruxelles en 1872 pour le tableau Travailleurs dans la campagne (1870 – Musées royaux des Beaux-arts de Belgique) et la médaille d’or à Paris en 1874 pour le tableau Messaline, insultée par le peuple (1871 – Collections de la Ville de Mons). Il devient membre de l’Académie royale de Belgique le 7 janvier 1892. On lui doit également les fresques des hôtels de ville de Louvain, Mons et Tournai. Oeuvres au musée des Beaux-Arts de Tournai, à l’Artothèque de Mons, aux MRBAB. [SS]  Heupgen Jean-Claude [Jemappes, 1934] À la fois peintre, sculpteur, céramiste et dessinateur, Jean-Claude Heupgen étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons qu’il réintègre en tant que professeur en 1963. Il enseigne également à l’institut supérieur d’Architecture de Mons et à l’école supérieure des Arts visuels de la Cambre à Bruxelles. En 1960, il se forme à la céramique auprès de Joan Miró dans son atelier à Majorque. La sculpture Espace- Temps (1985), placée devant les locaux de la RTBF à Mons, compte parmi les nombreuses oeuvres monumentales de l’artiste. [CP]  Hoyaux Émile-Joseph [Mons, 1823– ?] Formé à l’Académie des beaux-arts de Mons par le peintre Antoine Van Ysendyck, Émile-Joseph Hoyaux fait de la sculpture de bustes et bas-reliefs sa spécialité. Après s’être fait remarquer lors d’une exposition en 1842, le jeune artiste se voit confier la réalisation des quatre médaillons représentant Molière, Racine, Grétry et de Lassus (1846) ornant les grilles du théâtre royal de Mons. Il signe également le fronton de ce dernier, présentant les attributs des arts scénique et musical (aujourd’hui disparu). Il

1 Voir glossaire 69

est enfin l’auteur de plusieurs gargouilles de la collégiale Sainte-Waudru à Mons, remplacées à l’occasion de la restauration de l’édifice. [CP]  Hupet André [Grand-Reng, 1922–Ciply, 1993] Peintre et sculpteur. Hupet se forme à l’Académie des beaux-arts de Mons dans l’atelier de Louis Buisseret de 1936 à 1947. Il devient professeur de sculpteur dans l’Académie de la même ville en 1954 et sera remplacé par Christian Leroy en 1977. Paule Herla, Roland Dubois et Christian Claus ont suivi son enseignement. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [DL]  Jacobs Gustave [Mons, 189 –1986] Peintre, sculpteur, médailleur et joueur de clarinette, Gustave Jacobs étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons où il suit les cours de Paul Dubois et Léon Gobert (1905-1911). Parallèlement, il suivra également une formation musicale au conservatoire de Mons, et complète sa formation artistique à l’Académie de Bruxelles où il suit les cours de Victor Rousseau. Il enseigne à l’Académie de Saint-Josse-Ten- Noode, où il est directeur de 1945 à 1956, et il donne des cours de clarinette au conservatoire de Mons. Il obtient le Prix du Hainaut en 1922, et expose au cercle du Bon Vouloir à Mons à partir de 1925. On lui doit plusieurs monuments publics à Mons et dans la région, comme le Monument aux fusillés civils de Jemappes (s.d., aujourd’hui détruit), les bas-reliefs du palais provincial (s.d.) et le Mémorial aux créateurs de la Littérature montoise (s.d.) du Jardin du Mayeur. Il représente notamment la condition des ouvriers dans une sculpture tantôt expressive, tantôt plus dépouillée et stylisée, influencée par l’art déco. Il a également une production d’oeuvres plus classiques comme des bustes ou des personnages en bronze, figures allégoriques, mythologiques ou littéraires, comme Et Uylenspiegel chanta, conservé à l’Artothèque de Mons. Il représente les mouvements du corps humain de manière contenue, gracieuse, avec des traits fins. [NP]  Jamsin Michel [Fléron, 1941] Elève de 1962 à 1965 à l’Académie des beaux-arts de Mons où il suit les cours de peinture de Gustave Camus et de sculpture d’André Hupet, Jamsin devient professeur de dessin en 1965 dans l’établissement où il s’est formé. Avec son collègue Yvon Vandycke, il est membre de Maka (1971 à 1976) et de Polyptyque (1979-1988). Entre ces deux collectifs, Jamsin peint la série Moment d’un photoroman en 1976-1977. Lauréat de nombreux prix dont celui du Hainaut en 1971. En parallèle à de nombreuses expositions personnelles et collectives, Jamsin a également écrit des pièces de théâtre et des contes. Oeuvres à la Fédération Wallonie-Bruxelles, à l’Artothèque de Mons et à la Province de Hainaut. [DL]  Lacomblez Sébastien [1983] Formé dans l’atelier d’arts numériques. Son projet Optimum Park a été présenté au BPS22 à Charleroi ainsi qu’au Palais de Tokyo à Paris. Il développe un travail sur les questions de collections de relation nature culture qui le conduit vers la création de jardins. Oeuvres dans la collection de la Province de Hainaut [CV]  Ledune Éric [Etterbeek, 1963] Cinéaste, vidéaste et artiste plasticien pluridisciplinaire. Diplômé en illustration de l’ESAPV à Mons et professeur de dessin, de recherches graphiques et de cinéma 70

d’animation, Éric Ledune s’est fait connaître tant en Belgique qu’à l’étranger, par ses courts-métrages (dont plusieurs ont été primés) dans lesquels il juxtapose dessins animés, photographies retouchées, collages, films. Son travail traite de problèmes en prise directe avec le monde d’aujourd’hui. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Lefebvre Gabriel [Ixelles, 1951] Formé à l’Académie des beaux-arts de Mons entre 1972 et 1976 par les peintres Zéphir Busine et son neveu Gabriel Belgeonne notamment, Gabriel Lefebvre est dessinateur, illustrateur, graphiste et affichiste. Son oeuvre se caractérise par l’emploi d’un bestiaire imaginaire et caricatural sans cesse renouvelé. Il illustre les ouvrages littéraires d’auteurs classiques tels que Rimbaud, Baudelaire, Prévert, Ovide ou encore Les Fables de Jean de la Fontaine rééditées par Casterman en 1986. Il est également l’auteur d’un grand nombre d’affiches, gouaches et aquarelles et certaines de ses créations comptent parmi les collections de la Communauté française. [CP]  Lefrancq Marcel G. [Mons, 1916–Chièvres, 1974] Photographe, collagiste, et archéologue de formation. Encore étudiant à l’Académie des beaux-arts de Mons, Marcel G. Lefrancq rejoint le groupe Rupture et, en tant que surréaliste, explore dès ce moment toutes les possibilités de la photographie qu’il pratique en autodidacte : il travaille donc autant sur les sujets ou sur le cadrage que sur les manipulations de la pellicule et livre des collages dans l’esprit de l’écriture automatique et de l’interprétation des rêves prôné par Breton. Membre de Rupture, du Groupe surréaliste du Hainaut et de Haute Nuit. Oeuvres au musée de la Photographie à Charleroi. [MDR]  Legrand Nicolas [Tournai, 1817–Mons, 1883] Peintre et lithographe. Tout d’abord élève de Germain Hallez à l’Académie des beaux- arts de Mons, Nicolas Legrand poursuit ensuite sa formation à l’Académie des beaux- arts de Bruxelles dans l’atelier de François-Joseph Navez. Il se perfectionne finalement à Paris à partir de 1847. Tailleur de profession, il enseigne également le dessin de 1856 à 1870 à l’Académie des beaux-arts de Mons et en devient aussi directeur intérimaire. Bien qu’arrivé premier au concours, Nicolas Legrand n’est pas nommé dans la fonction pour laquelle André Hennebicq reçoit la préférence (1870). Nicolas Legrand est réputé en tant que peintre pour ses portraits de la société montoise, et en particulier de la bourgeoisie, mais aussi en tant que lithographe. On lui doit trente-quatre portraits dans l’Iconographie montoise (1857-1860) dont celui de Jacques Du Broeucq et de Roland de Lassus. Les collections communales montoises conservent un grand nombre de ses dessins et aquarelles ainsi que quelques tableaux d’envergure comme le Portait de Monsieur Luyckx, le Portrait de Jacques Du Broeucq ou encore le Portrait de Charles Brunin. Bien que baigné dès ses débuts dans une atmosphère néo-classique, Nicolas Legrand s’en distingue par une touche nerveuse qui confère à ses oeuvres davantage de sensibilité. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [SS]  Lenain Louis [Estinnes-au-Val, 1851–Uccle, 1936] Peintre et aquafortiste, Louis Lenain est formé par Auguste Danse à l’Académie des beaux-arts de Mons (1871-1872), où il devient professeur de 1878 à 1879. Il poursuit 71

ensuite sa formation à Paris jusqu’en 1881, année où il reçoit le Grand Prix de Rome1 de gravure à Anvers. Lenain remporte également d’autres distinctions honorifiques durant sa carrière. Il réalise principalement des portraits, des scènes de genre et des copies d’après des maitres anciens comme L’enlèvement des filles de Leucippe (d’après P.-P. Rubens, 1887) ou contemporains comme Industria (d’après une oeuvre d’Antoine Bourlard). Il est régulièrement présent aux salons de Mons, Bruxelles, Gand, Anvers et Paris entre 1874 et 1897. Il est président de la Société royale des Aquafortistes belges, membre de la Commission royale des Monuments et des Sites, correspondant de l’Institut de France et membre de la classe des Beaux-Arts de l’Académie royale de Belgique. Plusieurs de ses oeuvres sont conservées à l’Artothèque de Mons ainsi qu’au Cabinet des Estampes de la KBR. [NP]  Leoni Leslie [La Louvière, 1981] Détentrice d’un régendat en arts plastiques, Leslie Leoni est titulaire d’un master en gravure à l’ESAPV de Mons. Elle fonde en 2015 la boutique-atelier-galerie Brock’N’Roll à La Louvière. Elle crée en 2016 le marché des créateurs Brock’N’Roll Factory (événe- ment devenu biennal). Elle est désignée Louviéroise de l’année (catégorie culture) en 2017. Sa pratique de la gravure s’exprime notamment aux travers de portraits. Elle devient échevine de la Culture de la Louvière en juin 2019. [CV]  Leroy Christian [Charleroi, 1931–Binche, 2007] Sculpteur. Leroy fait ses études à l’institut Saint-Luc ainsi qu’aux Académies de Bruxelles et d’Anvers. Professeur à l’Académie des beaux-arts puis à l’école supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons. Oeuvre figurative, d’un classicisme subtilement expressif, centrée sur la figure humaine abordée avec tendresse et empathie. Membre fondateur des groupes Maka, Art Cru et Polyptyque. Oeuvres dans l’espace public à Mons, Marche-en-Famenne, Binche, Knokke. [MDR]  Liebart Pierre [Mons, 1990] Formé dans l’atelier photographie à l’ESA Le 75. Ses séries photographiques Macquenoise ou Libre Maintenant frappent par le rapport d’intimité qu’il crée avec ses modèles. Il reçoit le Prix des arts plastiques de la Province de Hainaut en 2017. [CV]  Lienard Mireille [Bruxelles, 1963] Plasticienne diplômée de l’ESAPV de Mons et de l’ENSAV La Cambre à Bruxelles dans l’atelier de Félix Roulin. Organisatrice de séminaires de sculpture et d’expositions en Grèce. Expositions personnelles (galerie Koma à Mons, galerie Arte Coppo à Verviers, musée de la Mode et de la Dentelle à Bruxelles, galerie Vanna Casatti à Bergame) et collectives (Maison de la Culture de Tournai, musée Ianchelevici à La Louvière, Centre d’Art contemporain à Bruxelles, Galleria del Carbone de Ferrare, musée départemental d’Art contemporain à Épinal) en Belgique et à l’étranger. Oeuvres acquises par la Ville de Mons, la Province de Hainaut, la Banque de Grèce, le musée des Beaux-Arts de Charleroi. [FL]  Mahieu Didier [Jemappes, 1961] Peintre et plasticien diplômé en 1987 de l’ESAPV à Mons. Il enseigne la peinture, dans l’établissement, depuis 1999. Il bénéficie d’une exposition monographique au PMMK

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à Ostende en 2005, reprise en 2006 par le Chelsea Art Museum de New York, et de nombreuses autres expositions personnelles (galerie Dewart à Bruxelles, galerie Pascal Retelet à Saint-Paul de Vence, NK Gallery à Anvers, galerie Patrice Gaultier à Quimper) et collectives (Art Tour 2011 à La Louvière, Beaufort 2003, Triennale d’Art contemporain à La Panne, musée d’Ixelles) en Belgique et à l’étranger. Ses oeuvres sont principalement conservées dans des collections privées ainsi dans les collections de la Communauté française de Belgique, de la Province de Hainaut, de la Ville de Mons, de la Ville de La Louvière et du Maritime Museum of Istanbul. [FL] – [CV]  Mahieu Jean-Marie [La Bouverie, 1945] Peintre, graveur, dessinateur, photographe. Formé à l’Académie des beaux-arts de Mons en 1963-1967, Jean-Marie Mahieu est professeur de dessin à l’Académie des beaux-arts de Tournai. On lui doit de nombreuses expositions individuelles et collectives dès 1969. Lauréat de plusieurs prix. Son travail tourne autour de la notion de signe, de trace, d’empreinte qu’il explore à travers un goût pour la culture orientale et à travers un ancrage local assumé. Membre de Tandem et cofondateur avec Christian Rolet du groupe Zist-Zest (1974-1978) qui organise trois expositions dont deux ont lieu au musée des Beaux-Arts de Mons en 1976 et 1978. [DL]  Marchoul Gustave François Isidore [Liège, 1924–Bray, 2015] Graveur. Né à Liège et installé à Mons puis à Thuin en 1954 où il est proche de Roger Foulon dont il illustre les recueils de poésie, Marchoul suit les cours du soir de dessin à l’Académie des beaux-arts de Mons dans les ateliers de Louis Buisseret et Victor Regnart. Il se forme à la gravure de manière autodidacte. À partir de 1956, Marchoul multiplie les expositions en Belgique et à l’étranger. Prix du Hainaut et lauréat de la triennale de la gravure belge en 1962, il est nommé professeur de gravure intérimaire de 1963 à 1966 à l’Académie de Mons avant d’assumer le même enseignement à l’école supérieure des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles. Il joue un rôle majeur dans la promotion de la gravure. Il fonde et anime la Société des graveurs du Hainaut de 1958 à 1962. De 1964 à 1968, Marchoul participe aux activités de Hainaut Cinq et fonde le collectif Cap d’encre (1964-1970). Oeuvres à l’Artothèque de Mons, au musée L de Louvain-la-Neuve et au Centre de la gravure et de l’image imprimée à La Louvière. [DL]  Marenne Karine [1975] Plasticienne issue de l’atelier IDM (2000), sa pratique aux accents pop interroge, avec humour, les stéréotypes. Elle bénéfice d’une exposition monographique à la MAAC en 2008. Sa série Art Maid (2012-2017) est présente chez de nombreux collectionneurs privés. Marenne vit et travaille à Bruxelles. [CV]  Massart Cécile [Oedeghien, 1949] Graveuse, photographe, infographiste, vidéaste et plasticienne, Cécile Massart enseigne la gravure à l’Académie d’Ixelles à partir de 1976, à l’ESAPV de Mons à partir de 1990 (les deux écoles où elle s’est formée), ainsi qu’à La Cambre de 1977 à 2005. Entre 1982 et 1994, elle crée une série d’oeuvres sur l’image infographique et le pixel : Graph and Pixel Story. Depuis 1994, Massart développe à travers ses oeuvres, ses publications et ses conférences une réflexion sur l’empreinte nucléaire et sur les sites de stockage des déchets radioactifs dans le but d’alerter et de sensibiliser le public sur cette question, et ce en dialogue avec les institutions gérant ces infrastructures. Elle 73

travaille également sur les différents moyens de transmettre la mémoire de ces sites d’enfouissement. Ses recherches sont publiées sous le titre Un site archivé pour alpha, bêta, gamma. Elle a participé à de nombreuses manifestations artistiques partout dans le monde, et plusieurs de ses œuvres sont conservées dans des collections publiques belges, telles que les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, ou les collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles. [NP]  Motte Émile [Mons, 1860–Schaerbeek, 1931] Peintre, pédagogue, critique d’art. Il étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons sous la direction d’Antoine Bourlard, remportant le prix d’excellence au dessin et à la peinture (1876-1879), et poursuit ses études à l’Académie des beaux-arts d’Anvers. Lors d’un séjour à Paris, il fréquente l’atelier de J.-P. Laurens (1887-1889) qui influence la direction de son art vers l’idéalisme. En Angleterre, l’oeuvre des préraphaélites lui est révélée ; en Italie, celle des maîtres primitifs (1897-1898). Dès 1893, ses tableaux sont remarqués à Paris : Tête d’enfant (acquis par la Ville de Paris) et ses polémiques Vierges folles (donné au musée de Mons). Les achats publics se succèdent : Portrait de jeune fille à la robe d’argent (1894) par l’État belge en 1895 ; Étude auto-psychique (1895) par l’État français en 1896. Motte réalise son tableau manifeste en 1897 : Au temps des Aïeux destiné au musée de Mons qui le refuse et au sujet duquel il répond à la critique acerbe par les brochures Une heure d’art (1899) et Vérité sur le salon triennal (1903). Il participe à de nombreux salons en Belgique, notamment ceux d’art idéaliste, de La Libre Esthétique, de la Société des Beaux-Arts et triennaux. Expositions personnelles à Mons (1910) et Bruxelles (1929). Succédant à Bourlard à la direction de l’Académie de Mons (1899-1928), où il est titulaire du cours de peinture, il forme toute une jeune école montoise. Chevalier de l’Ordre de Léopold (1898). Oeuvres à l’Artothèque de Mons, aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, au musée des Beaux-Arts de Tournai, et à Paris, au Musée du Luxembourg et au Musée d’Orsay. [JPH]  Navez Léon [Mons, 1900–Bruxelles, 1967] Peintre, graveur et dessinateur. Professeur à l’Académie de Mons et à La Cambre. Léon Navez étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons et de Bruxelles (ses professeurs sont Anto-Carte, Delville, Richir). En 1928, il remporte le Prix de Rome1 et rejoint dès sa création le groupe Nervia. Cette même année, il accompagne Anto-Carte en Italie, où tous deux s’initient à l’art de la fresque. Fidèle à la figuration, à l’esprit de Nervia et aux leçons d’Anto-Carte, il expérimente dans son oeuvre d’avant-guerre, de manière personnelle certaines formules du cubisme et de l’expressionnisme qu’il adapte de manière person-nelle et originale. Après la seconde guerre mondiale, il s’oriente vers un art épuré et plus décoratif. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Navez Jean-Marc [Leernes, 1947] Sculpteur et dessinateur formé à l’Académie des beaux-arts de Mons. Il représente la Belgique à la Biennale de Venise en 1990. Il a reçu en 1970 le prix international de dessin Juan Miró. Oeuvres dans les collections des Musées royaux des Beaux-Arts ainsi que dans la collection de la Banque Nationale de Belgique. [CV]  Octave Jean-François [Arlon, 1955]

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Artiste pluridisciplinaire diplômé de la section architecture de l’ISA-La Cambre en 1979. Il enseigne à Mons à partir de 1987 dans la section Images dans le Milieu. Il représente la Belgique (conjointement avec Michel Couturier, François Schuiten et Willy Hellewegen) dans le pavillon belge à la biennale de Venise en 1986. Il a réalisé de nombreuses intégrations d’oeuvres dans l’espace public notamment en 1998 la conception intégrale de la station de Métro Heysel avec Le Heysel, reflet du monde au XXe siècle (et XXIe …) une oeuvre de 1000 m2 en tôle émaillée. Ses oeuvres sont notam- ment présentes dans la collection de la Province du Hainaut et de la Collection de la FWB. [CV]  Paulus Pierre [Châtelet, 1881-Saint-Gilles, 1959] Peintre et graveur expressionniste belge. Peinture sociale. Membre du groupe Nervia. Peintre impressionniste glissant progressivement vers l’expressionnisme, pastelliste, graveur et lithographe, il s’affirme comme le peintre des charbonnages et des usines, des mineurs et des métallurgistes, des terrils, des hauts fourneaux, des lourdes péniches chargées de charbon, des paysages industriels, sous un ciel clair ou sous un ciel de pluie, couverts de neige ou illuminés par les lueurs rouges des forges. Auteur du coq hardi, rouge sur fond jaune qu’il réalisa, à la demande de Paul Pastur en 1913, pour devenir l’emblème de la Wallonie. En 1916, il est mobilisé dans l’armée belge et affecté au service de documentation, « Section artistique de l’armée belge en campagne » : il réalise des croquis et aquarelles du front (1916-1918).  Pelletti Daniel [Haine-Saint-Paul, 1948] Peintre, Daniel Pelletti étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons, où il suit les cours de Gustave Camus et d’Yvon Vandycke (1966-1974). Il est ensuite professeur de peinture à l’école des Arts de Braine-l’Alleud (1974-1996, où il est nommé directeur jusqu’en 2010), à l’ESAPV de Mons (1979-1988) et à l’Académie de Bruxelles (1985- 1996). Il participe à des expositions locales et internationales, et il reçoit de nombreux prix honorifiques durant sa carrière. Parfois qualifiée de néo-expressionniste, l’oeuvre de Pelletti est bruyante, crue, brutale, au graphisme acerbe et aux couleurs bouillonnantes. Il révèle la profonde souffrance intérieure de ses personnages, déformés par leurs angoisses causées par une société moderne qui malmène l’individu. Au début de sa carrière, la peinture de Daniel Pelletti est proche du ‘coup de poing’ de Maka, pour ensuite se développer vers une lecture plus subtile de la société. Cette peinture narrative foisonnante d’images et de scénettes vise à déstabiliser le spectateur pour susciter une réflexion critique envers certains aspects de notre monde. Il est membre d’Art Cru, membre fondateur du groupe Carré H (1981), Quinconce (1993), et Figuration Critique (1990), et président francophone du Conseil national de Belgique des Arts plastiques (Unesco, 1990-2000). Oeuvres à l’Artothèque de Mons, au musée des Beaux-Arts de Charleroi, à La Louvière, dans les collections de la Province du Hainaut, de la Communauté Française et de l’État belge. [NP]  Poliart Serge [Familleureux, 1953] Peintre, dessinateur, et graveur. Membre fondateur et animateur du Batia Mourt soû, journal satirique d’entre Haine et Trouille. Caustique et narquois, mais toujours tendre, Serge Poliart utilise sa maîtrise du dessin et de la peinture pour dénoncer avec verve 75

et (im)pertinence les excès, intransigeances et autres intolérances qui brident la liberté et briment la vie. Basées sur des scènes de la vie quotidienne et du folklore local, qu’il croque avec sympathie, ses oeuvres sont celles d’un moraliste rabelaisien qui ne cesse de pointer les travers de l’humanité. Membre du Bon Vouloir. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [MDR]  Putsage Marguerite [Mons, 1868–Bruxelles, 1946] Pastelliste, peintre. Issue d’un milieu bourgeois cultivé, elle se forme dans les ateliers privés du sculpteur L.-H. Devillez et du graveur A. Danse, et comme élève libre à l’Académie des beaux-arts de Mons (vers 1890). Elle trouve un mentor en la personne de Devillez grâce auquel elle fréquente à Paris les ateliers d’H. Lerolle et d’E. Degas, et suit l’enseignement du peintre E. Carrière dont l’art rencontre son inclination pour l’atmosphère vaporeuse (1900-1904). Putsage appartient à l’intelligentsia culturelle montoise, en sa qualité de maître de conférence pour l’histoire de l’art à l’école des Mines, et faisant partie du ‘clan des esthètes’ de la villa d’A. Franeau où elle rencontre entre autres les aquafortistes M. et L. Danse. Elle est également introduite dans le cercle culturel de Bouillon animé par l’industriel A. Camion et son épouse montoise née Franeau. Installée à Ixelles en 1923, elle rentre en contact avec les artistes G. Morren et J. Vanden Eeckhoudt. Elle participe à plusieurs salons et expositions en Belgique (Anvers, Bouillon, Bruxelles, Charleroi, Frameries, Gand, Liège, Mons) où elle présente des scènes de genre intimistes, nus, portraits, natures mortes, fleurs et paysages. Membre du cercle montois Le Bon Vouloir qui organise l’exposition de 1895 qui la révèle ; membre du Cercle royal artistique de Bruxelles qui lui consacre des expositions personnelles (1927, 1930, 1933, 1939) et une rétrospective posthume (1947). OEuvres à l’Artothèque de Mons, au musée d’Ixelles, au musée Charlier (Saint- Josse-ten-Noode), au musée Ducal de Bouillon ainsi qu’aux musées des Beaux-Arts de Bruxelles, Anvers et Gand. [JPH]  Renard Marius [Hornu, 1869–Knokke-le-Zoute, 1948] Dessinateur, pédagogue, écrivain, journaliste, homme politique socialiste actif dans la défense et la promotion de l’enseignement technique et professionnel en Belgique. Après des études techniques à l’athénée royal de Mons, il enseigne le dessin à l’école professionnelle des Arts et Métiers de Saint-Ghislain dont il assume ensuite la direction (1891-1907). Il publie simultanément ses premiers romans naturalistes dont Gueule- Rouge (1894) et consacre au Borinage plusieurs ouvrages illustrés de ses propres dessins : Terre de misère (1900), Ceux du pays noir (1907), Notre pain quotidien (1909). Il expose en 1918 à la galerie Sneyers à Bruxelles, avec Anto-Carte, L. Buisseret, A.-L. Martin et A. Moitroux. Il collabore par ailleurs à la Gazette du Borinage (dès 1888), au Soir (pendant 30 ans) et au Peuple, et devient directeur du Pays borain (1902-1914) et de la revue Savoir et Beauté qu’il fonde dans l’esprit de rendre l’art accessible à toutes les classes sociales (1921-vers 1940). Établi à Anderlecht (1905), il est élu conseiller provincial du Brabant (1908), député permanent du Brabant (1921), sénateur (1932), bourgmestre d’Anderlecht (1939-40 ; 1945-47). [JPH]  Robbe Arthur [Frameries, 1923–1995] Après avoir étudié à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès d’artistes montois tels que le graveur André Duriau et les peintres Victor Regnart, Léon Navez et Louis 76

Buisseret, Arthur Robbe devient lithographe et imprimeur. Considéré comme spécialiste dans l’art de l’imprimerie et de la chromie, il fonde un atelier à Frameries en 1950 et y accueille de nombreux artistes régionaux, comme Gabriel Belgeonne, Edmond Dubrunfaut, Gustave Camus et Gérard Garouste. En 1989, le travail collaboratif de ces derniers est présenté lors de l’exposition Autour d’Arthur Robbe – 40 ans de lithographie au MAC’s du Grand-Hornu. Oeuvres dans la collection de la Province de Hainaut. [CP]  Robbe Bruno [Charleroi, 1971] Diplômé de l’ESAPV de Mons, le lithographe et éditeur Bruno Robbe enseigne la gravure à l’Académie des beaux-arts de Charleroi et à l’école supérieure des Arts de Tournai. Initié à la gravure par son grand-père, Arthur Robbe, il succède à ce dernier en 1995 en tant que chef de son atelier de lithographie à Frameries, où il pratique les techniques d’impression anciennes et les procédés modernes. En 1999, il crée les Éditions Bruno Robbe et collabore depuis avec une multitude d’artiste belges et étrangers, tels que Charley Case et David Nash. OEuvres au MAC’s. [CP]  Rolet Christian [Leuze, 1945] Peintre, dessinateur. Élève de l’institut Saint-Luc de Mons et Tournai. Diplômé de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles dans l’atelier de Gaston Bertrand. Membre du groupe montois Zist-Zest. Travaille depuis de nombreuses années en duo avec la peintre Véronique Poppe. Animateur d’un atelier de peinture à l’Académie d’été de Libramont depuis 1988. Nombreuses expositions personnelles et collectives (Renard Gallery à Mons, Maison de la Culture de Tournai, hôpital Notre-Dame à la Rose à Lessinnes, Lotto Mons Expo) en Belgique et à l’étranger. Prix du Hainaut en 1975, Prix de Rome1 en 1980, Prix Godecharle en 1973, Prix Gaston Bertrand en 2010. [FL]  Ronflette Sylvie [Binche, 1968] Sculpteure. Diplômée de l’ESAPV de Mons dans l’atelier de Jean-François Octave. Nombreuses expositions personnelles (galerie Étienne Tilman à Bruxelles, galerie Koma à Mons, galerie Arte Coppo à Verviers, galerie Nadja Vilenne à Liège) et collectives (Le Chalet de Haute Nuit à Mons et Bruxelles, Art Tour 1997 dans la Région du Centre, galerie Aeroplastics à Bruxelles, Le Botanique à Bruxelles, L’Orangerie à Bastogne, musée des Beaux-Arts de Liège, Centre d’art contemporain de la Rairie à Nantes) en Belgique et à l’étranger. Oeuvres dans les collections de la Communauté française de Belgique, de la Province de Hainaut et de la Ville de La Louvière. [FL]  Scouflaire Jean-Pierre [Watsa, Congo, 1954] Graveur, peintre, il est diplômé de l’École normale de Mons en arts plastiques en 1978. Conférencier (sérigraphie et arts du livre) à l ‘ESAPV de Mons et à La Cambre de Bruxelles, professeur à l’école supérieure des Arts de l’image Le 75 à Bruxelles dont il dirige l’atelier de peinture. Membre fondateur du groupe montois Alter Ego. Nombreuses expositions personnelles (La Poupée d’encre à Liège, galerie Arte Coppo à Verviers, galerie Jacques Cerami à Charleroi, anciens abattoirs à Mons) et collectives (biennales internationales de gravure en Pologne et en Yougoslavie, biennales du Petit

1 Voir glossaire 77

format de papier à Couvin) en Belgique et à l’étranger. Prix du Hainaut en 1987, Prix Centre de la gravure et de l’image imprimée de la Communauté française de Belgique en 1992, Prix spécial du jury à la IIIe biennale de la Gravure de Belgrade en 1994. [FL]  Simon Armand [Pâturages, 1906–Frameries, 1981] Dessinateur, illustrateur et écrivain surréaliste autodidacte, Armand Simon commence à dessiner en 1933 suite à la découverte des Chants de Maldoror de Lautréamont (1868), qu’il illustre entre 1939 et 1944 par des « équivalences graphiques ». Il travaille reclus dans son petit village, loin de l’agitation de la scène artistique, ce qui lui vaudra le surnom de « solitaire de Pâturages ». Il n’expose pour la première fois qu’en 1945 lors de l’exposition Surréalisme à la galerie La Boétie à Bruxelles. Il produit plusieurs milliers de dessins à l’encre de Chine ou à la mine de plomb, images obsédantes, érotisées, visions effrayantes et cauchemardesques où évoluent des personnages étranges et déformés dans un univers hostile et angoissant, mêlant l’humain, le monstre et le végétal. Son style graphique ne se plie pas au conformisme académique, il est dense et viscéral, témoignant presque d’un automatisme et d’une crainte du vide. Ces dessins ont été répartis entre les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, le musée de La Louvière, l’Artothèque de Mons et les collections de la Province du Hainaut. [NP]  Sonck Olivier [Tournai, 1971] En 1994, Olivier Sonck est diplômé de l’ESAPV de Mons où il se forme à la gravure et la sérigraphie. Il pratique également l’infographie et enseigne ces différentes techniques à l’école des Arts d’Anderlecht et à l’Académie des beaux-arts de Charleroi. Il expose régulièrement en Belgique et à l’étranger, comme au Québec, et reçoit en 2005 la mention spéciale du Prix de la Gravure et de l’image imprimée. Son oeuvre Ivre d’Histoires (2019), une fresque graphique et littéraire créée dans le cadre de L’Art habite la Ville, orne l’enceinte extérieure du centre pénitentiaire de Mons. Oeuvres à l’Artothèque de Mons. [CP]  Stiévenart Michel [Mons, 1910–1991] Formé à l’Académie royale des Beaux-arts de Mons (1924-1933) puis à l’Académie d’Anvers, Michel Stiévenart est un sculpteur et dessinateur, neveu du peintre Clément Stiévenart et cousin de Pol Stiévenart. Montois d’origine, il s’installe plus tard à Soignies où il enseigne à l’école industrielle. Ses oeuvres, principalement en taille directe (pierre bleue de Soignies) arborent des formes très stylisées, géométrisées voir abstraites, abordant souvent le corps féminin. Il réalise différentes sculptures publiques monumentales, comme la frise de l’ancien bâtiment de la R.T.T. à Mons, place du Marché aux poulets (1961) ou le monument de la Paix de la place communale de La Louvière (1969), ainsi qu’un grand nombre de médailles. Il est membre du cercle Le Bon Vouloir dès 1945 et en devient ensuite président (1973-1984). [NP]  Strebelle Rodolphe (Tournai,1880 – Uccle 1959) Peintre belge, aquarelliste. Membre fondateur de Nervia, Rodolphe Strebelle participa à presque toutes les expositions du groupe.  Van de Graaf Bruno [Mons, 1965] Peintre, illustrateur. Diplômé en 1989 de l’ESAPV de Mons dans l’atelier de Jean-Pierre Benon. Animateur et responsable du CEC La Coccinelle, animateur du Dynamusée au 78

musée des Beaux-Arts de Mons et chargé de mission au service Culture de la Ville de Mons. Nombreuses expositions personnelles et collectives (musée des Beaux-Arts de Mons, Halles de Schaerbeek, Le Chalet de Haute Nuit à Boussu, Le Palace à Ath, Point Culture à Louvain-La-Neuve) et au salon du Bon Vouloir à Mons depuis 1995. Publications aux éditons Tandem et aux éditions Bruno Robbe. Deux séries d’oeuvres peintes remarquables : Souvenirs (2009-2012) et Paysages urbains (2012-2015). [FL]  Van de Spiegele Louis [Cuesmes, 1912–Mons, 1971] Peintre, sculpteur, dessinateur et graveur surréaliste montois, Louis Van de Siegele est élève à l’Académie des beaux-arts de Mons de 1926 à 1937 où il suit les cours d’Alfred Duriau. Il représente des paysages désertiques et oniriques avec des ruines antiques à l’atmosphère chiricienne, fantastique et mystérieuse, et aux formes étirées proches de l’univers de Dali, mêlant le végétal, le minéral et l’humain, comme dans L’illusion crucifiée (1956). Une part de sa production est constituée de peintures réalistes comme des vues gravées de Mons ou des paysages ardennais. Il est arrêté et emprisonné durant la deuxième guerre mondiale (1942-1943). Après la guerre, il ouvre la galerie montoise Le Sagittaire, lieu de ralliement des surréalistes. Il est membre fondateur du groupe Rupture (1935), du Groupe surréaliste du Hainaut (1938) et de Haute Nuit (1947). On connaît peu d’oeuvres de Van de Spiegele, certaines sont conservées à l’Artothèque de Mons et aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. [NP]  Vandycke Yvon [Charleroi, 1942–2000] Peintre. Élève de 1958 à 1963 à l’Académie des beaux-arts de Mons dans la classe de Gustave Camus dont il devient un ami proche, Vandycke reçoit le Prix du Hainaut en 1963, et ensuite celui de l’Académie royale de Belgique en 1968. Suivront le Prix Caty (1971) et le Prix Anto-Carte (1972). En 1965, il est nommé professeur de dessin dans l’école qui l’a formé. Dix ans plus tard, il succède à Gustave Camus pour le cours de peinture qu’il assure jusque 1999. Dès sa sortie de l’Académie en 1963, Vandycke multiplie les expositions personnelles et collectives. Son approche collective de la vie artistique le conduit à fonder le groupe Maka (1971-1976). Il crée ensuite les groupes Art cru (1977-1979) et Polyptyque (1979-1988) qui prolongent l’esprit de Maka. Toute sa peinture est consacrée à la figure humaine qu’il met en scène avec un sens appuyé de l’expressionnisme. Oeuvres à l’Artothèque de Mons et dans la collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles. [DL]  Van Ysendyck Antoine, ou Antoon [Anvers, 1801–Bruxelles, 1875] Peintre. Antoine Van Ysendyck est élève à l’Académie des beaux-arts d’Anvers. Il y suit une formation de 1816 à 1820 auprès du peintre et sculpteur Matthieu-Ignace Van Bree. En 1819, il remporte le premier prix de dessin d’après modèle vivant. En 1822, il entreprend un voyage en Hollande. En 1823, il obtient le Prix de Rome1 avec le tableau Adieux de Coriolanus et participe l’année suivante au salon de Bruxelles dont il décroche la médaille d’or. Il s’installe la même année à Paris où il se distingue dans une carrière de portraitiste. Antoine Van Ysendyck entreprend ensuite un voyage vers l’Italie et séjourne notamment dans les villes de Lyon, Milan, Turin et Rome. En 1828,

1 Voir glossaire 79

il enseigne à l’Académie des beaux-arts de Mons et en prend la direction de 1840 à 1856. Parmi ses élèves, nous retiendrons particulièrement Antoine Bourlard et Émile- Joseph Hoyaux. Antoine Van Ysendyck est avant tout un peintre qui affectionne les sujets historiques et religieux, l’art du portrait et, dans une moindre mesure, les scènes de genre. Son style est précis, imposant, solennel et comporte quelques accents néoclassiques. Ses œuvres sont notamment conservées à Anvers, Herentals, Versailles et Mons (collections communales, collégiale Sainte-Waudru, palais de justice). [SS]  Void [Arnaud Eeckhout (Charleroi, 1987) et Mauro Vitturini (Rome, 1985)] Collectif pluridisciplinaire belgo-italien fondé suite à la rencontre de ses deux membres dans le cadre d’une résidence de Mauro Vitturini à Transcultures. Principalement centré sur la plasticité des sons. Ils bénéficient très rapidement d’une visibilité importante. Monographie à la Médiatine. Exposition à la maison des Arts de Schaer- beek, bourse de la Fondation Salomon. [CV]  Rubio Edurne [Espagne, 1974] Edurne Rubio est une artiste travaillant dans les champs des expositions, de la performance, du cinéma et de l’architecture. Elle réalise très régulièrement des projets dans l’espace public. Sa recherche a toujours été relative à la perception individuelle ou collective du temps et de l’espace. Intéressée par les contextes qui rendent la perception d’une donnée variable et mutante, oubliée ou archivée, elle cherche à associer, ou mettre en relief, les manières de percevoir la réalité dans le but de créer une deuxième réalité composée. Ces dernières années, son travail se rapproche du documentaire et de l’anthropologie, en utilisant des interviews, des images d’archives et de recherche sur la communication orale. https://www.plateformeparallele.com/artistes/edurne-rubio  Vray Laurence [Mons, 1973] Laurence Vray s’est formée à la photographie à Bruxelles, elle pratique à la fois la prise de vue numérique et les techniques anciennes comme la gomme bichromatée, les transferts de polaroïds, le sténopé et l’argentique. Elle expose régulièrement en Belgique. Elle est à l’origine de nombreux projets photographiques d’envergure, bénéficiant pour certains d’une publication éditée par le Montois Bruno Robbe, comme La glace passe… (2002), Ici et là (2008) et Paroles muettes au Sténopé (2009). Elle est également l’auteur des installations Anima (2019) aux Halles universitaires de Louvain-la-Neuve et Instant suspendu (2019), conçu pour L’Art habite la ville à Mons. [CP]  Wallet Gustave dit Taf [La Louvière, 1902–Schaerbeek, 2001] Peintre, graveur, créateur de mosaïques monumentales et de vitraux. Après des études à l’école industrielle de La Louvière, section bois et marbre (1916-1917), il se forme à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès d’Alfred Duriau et Émile Motte (1920-1922), puis à l’Académie de Bruxelles auprès de Constant Montald et Jean Delville obtenant un premier prix de composition et de peinture (1922-1926). Lauréat des prix Godecharle (1928), du Hainaut (1934), Chardin pour la gravure (1952), de l’Essor maritime (1954). Cofondateur des groupes Nervia (1928) et Les Amis du Hainaut. Il peint d’abord des paysages, natures mortes et nus réalistes où la ligne cerne la couleur (années 1920 et 1930) ; il développe ensuite son propre luminisme avec des 80

scènes d’intérieur et des marines où les empâtements laissent progressivement place à des points. Il s’installe à Saint-Idesbald en 1933 et se lie d’amitié avec Paul Delvaux. Il expose à Anvers, Gand, Mons (1939), Bruxelles (1945) et participe au salon de Mai à Paris (1947) et dès 1932 aux principales expositions organisées par l’État belge à l’étranger dont les biennales de Venise. Nommé professeur de gravure et de peinture paysagère à l’institut supérieur des Beaux-Arts d’Anvers. Oeuvres à l’Artothèque de Mons, aux MRBAB, dans les musées d’Anvers, Gand, Ixelles, La Louvière, Liège, Namur, Ostende, Tournai ainsi que dans plusieurs musées de capitales et villes étrangères. [JPH]  Wauquière Etienne [Cambrai 1808–Mons, 1869] ou Wauquier Peintre, graveur et sculpteur. Formé à la lithographie par François-Henri Gossart à l’Académie des beaux-arts de Mons, Wauquière est un contributeur régulier du salon de Mons auquel il participe à huit reprises (1841, 1842, 1852, 1855, 1858, 1861, 1864, 1868). Il dirige l’Académie des beaux-arts de la même ville de 1856 à 1869. Dans le même temps, Wauquière expose dans les principaux salons du pays (Bruxelles en 1847, 1857, 1864 ; Gand en 1847 ; Anvers en 1855 et 1864). Avec Gossart, Bron et L’Heureux, il contribue au développement de la lithographie. On lui doit surtout des portraits, des scènes de genre, des tableaux d’histoire et des vues de Mons. Plusieurs cariatides et bustes du palais de justice de Mons sont de sa main. [DL]  Winance Alain [Tournai, 1946] Peintre, dessinateur et graveur. Alain Winance, fils du peintre Jean Winance, étudie à l’Académie des beaux-arts de Mons auprès de Gustave Marchoul, Gustave Camus et Zéphire Busine. Il pratique exclusivement la gravure dans un style proche de son maître Gustave Marchoul jusqu’en 1970 quand il se tourne vers la peinture et représente les lieux abandonnés de sa région natale : des paysages lyriques et des natures mortes dans un style épuré. En 1973, il est nommé professeur de gravure à l’Académie des beaux-arts de Tournai où il créera la galerie Winance-Sable en 1984. Dans son art, l’artiste essaie toujours de conserver un dialogue tout en contraste entre matières et lignes, couleurs et lumières, en se situant à la limite entre la figuration et l’abstraction. Nombreuses expositions en Belgique et à l’étranger. OEuvres dans de nombreuses collections publiques et privées.  Winance Jean [Ettelbrück, 1911–Warchin, 1999] Jean Winance se forme à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, dans l’atelier du peintre et sculpteur Constant Montald. En 1932, il intègre le groupe Nervia, cercle artistique fondé quatre ans plus tôt par Anto-Carte et Louis Buisseret notamment. Il devient l’élève de ce dernier en 1936, lorsqu’il entre à l’Académie des beaux-arts de Mons. Il poursuit sa formation à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, aux côtés du peintre et graveur Isodore Opsomer, puis devient professeur à l’Académie des beaux- arts de Tournai en 1943. Il pratique la peinture, le dessin ainsi que la gravure. En 2010, les Archives de l’État de Tournai font l’acquisition de plusieurs dessins et gravures de l’artiste. [CP]

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C. Glossaire

 Art brut : inventé par le peintre français Jean Dubuffet (1901-1985), le terme art brut désigne un travail artistique produit par des personnes n’ayant en art aucune notion théorique, ni aucune formation académique. L’art brut a sans doute toujours existé mais il n’a été révélé qu’au XXe siècle. Les artistes de l’art brut sont souvent des personnes isolées qui vivent en marge de la société. Ils se réfugient dans l’irrationnel, le rêve ou le cauchemar et inventent des univers particuliers et déroutants.  Avant-garde : le terme avant-garde désigne, depuis le XIXe siècle, des personnes qui entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales, en particulier dans les arts et la culture. L'avant-garde se veut l'opposé exact de l'académisme.  Cimaises : la cimaise à tableaux ou cimaise d’exposition : historiquement, c'est une moulure en bois se positionnant près du plafond. Son profil permet d'y apposer des crochets pour suspendre les tableaux et cadres. Aujourd'hui, ce profil est le plus souvent en aluminium ou en acier. Sur ces profils sont suspendus des tiges, tringles, fils perlon ou câbles acier tous équipés de crochets pour recevoir les tableaux et cadres. En muséographie, on appelle cimaise le mur ou le panneau auquel est accroché un cadre ou un tableau dans une galerie ou un musée. Ce sens est à l'origine des expressions concernant le désir des peintres d'être exposés sur la cimaise, à hauteur d'appui, bien en vue : avoir les honneurs de la cimaise ou être aux cimaises (exposer)  Corporation1 : association corporatiste d’artisans et de commerçants. Dès le moyen- âge, dans les Pays-Bas, les artisans se regroupent de manière à protéger leur formation et la qualité de leur travail, mais aussi dans le but de s’entraider et venir en aide à leurs membres en difficulté. On appelle ces groupements d’artisans métiers, corporations. Certaines grandes villes pouvaient compter jusqu’à 55 métiers différents. Chaque corporation détenait un monopole de fabrication ou de vente. Par exemple : nul ne pouvait tisser s’il n’appartenait à la corporation des tisserands. Le règlement du métier est sévère1 et contrôlé par la gilde ou guilde, sorte de tribunal et chambre de commerce destinée à réguler le commerce et la fabrication et à vérifier la qualité des produits. Le métier comprend des maîtres, des compagnons et des apprentis. Chaque corporation possédait un local de réunion (sa maison), une caisse d’assistance commune, une bannière, un sceau, des règlements, une chapelle et un saint patron. Les artistes (peintres ou sculpteurs) appartenaient la gilde de Saint-Luc.  Eau-forte : l’eau-forte est un procédé de gravure en taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique. L’artiste utilisant l’eau-forte est appelé aquafortiste. À l’origine, l’eau-forte était le nom donné à l’acide nitrique  Estampe : l’estampe désigne le résultat de l’impression d’une gravure  Gilde de Saint-Luc2 : les guildes de Saint-Luc ou gildes de Saint Luc (aussi appelées corporations, confréries ou compagnies de Saint-Luc) étaient des organisations

1 http://www.histoire-des-belges.be/au-fil-du-temps/moyen-age/essor-des-villes-au-moyen-age/les-gildes-et- les-corporations 2 http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Corporations%20de%20m%C3%A9tiers%20artistiques%20(Pays- Bas)/fr-fr/ 82

strictement réglementées de type corporatives de peintres, de sculpteurs et d'imprimeurs, actives depuis le XIVe siècle en Italie (Florence), dans les Pays-Bas (Bruges, Anvers, Utrecht, Delft ou Leyde), les pays rhénans et la France. Elles prirent ce nom en référence à Saint Luc l'évangéliste, le saint patron des peintres. Dans certaines villes, comme à Anvers, un très grand nombre de métiers artistiques y étaient représentés, tandis qu'à d'autres endroits (Bruxelles) elles réunissaient uniquement les peintres. Les autres métiers artistiques se retrouvaient alors au sein d'autres confréries, sous la protection d'autres saints patrons.  Lithographie (du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») : technique d’impression à plat inventée par l’allemand Aloys Senefelder en 1796. Elle permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Peu à peu la pierre sera remplacée par le zinc, toutefois il faut noter que certaines imprimeries continueront d'imprimer sur pierre jusqu'à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. La lithographie ne doit pas être confondue avec la lithogravure, car celle-ci consiste à graver en creux (ou en relief) des plaques de pierre et est relativement peu utilisée pour produire des estampes  Naturalisme : Le Naturalisme est un mouvement littéraire qui est né dans la seconde moitié du XIXème siècle, qui s’est attaché à décrire la réalité telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être. Zola est le principal représentant de ce mouvement littéraire en France. En art, le Naturalisme désigne un mouvement pictural cherchant à reproduire le plus fidèlement possible la réalité.  Néoclassique : le néo-classicisme est un mouvement artistique qui émerge vers 1750 dans l'Europe des Lumières. Son apogée se situe vers 1780 jusqu'à 1800 et le déclin de son influence s'amorce vers 1810 avec la concurrence du Romantisme. Né à Rome, le mouvement se caractérise par un retour à l’antiquité très ancienne et au classicisme français. En réaction aux excès du style rococo, il préconise la simplicité. Les artistes les plus influents du néoclassicisme sont les peintres Anton Raphaël Meungs (1728- 1779), Jacques-Louis David (1748-1825), Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) et le sculpteur vénitien Antonio Canova (1757-1822)  Préraphaélisme : mouvement artistique international né au Royaume-Uni en 1848. Ce mouvement tient l’art médiéval et la peinture des primitifs italiens du XVe siècle (avant la Renaissance) comme le modèle à imiter. Ils s’inspirent de la littérature du passé, des légendes médiévales ou des mythes anciens. Leurs tableaux sont colorés, porteurs de multiples symboles et références littéraires, sensibles à la nature et aux questions sociales. En peinture, l’art préraphaélite influencera profondément le courant symboliste.  Prix de la jeune peinture belge1 : Le BelgianArtPrize est une récompense prestigieuse décernée en Belgique pour l’art contemporain. Créé en 1950 par La Jeune Peinture Belge/De Jonge Belgische Schilderkunst en étroite collaboration avec le Palais des Beaux-Arts, ce prix a pour vocation d’apporter un soutien aux artistes belges et internationaux résidant en Belgique depuis au moins un an et de renforcer leur notoriété à l’échelle nationale et internationale. Tous les deux ans, des artistes

1 https://belgianartprize.be/ 83

nominés ont la chance d’exposer un nouveau projet artistique à BOZAR. Le lauréat reçoit le Prix Crowet (25 000 €), tandis que le gagnant du Prix du Public reçoit la somme de 10 000 € offerts par ING, le partenaire structurel de l’événement.  Prix de Rome : en France, le prix de Rome désigne le concours et la bourse d'étude de l’Académie des beaux-arts de Paris qui permet aux jeunes artistes de se former en Italie. Créé au début du XIXe siècle, il a été supprimé en 1968. Le prix de Rome belge est créé en 1832 sur le modèle du prix de Rome français et perdure jusqu’en 1974. Les arts récompensés sont la peinture, la sculpture, l’architecture et la musique. Le lauréat recevait une bourse et pouvait aller se former en Italie, à l’Académie de France à Rome, fondée par Jean-Baptiste Colbert en 1666 (Villa Médicis).  Prix du Hainaut1 : Le Prix du Hainaut des Arts plastiques 2018 décerné à un artiste dans tous les domaines d'expression plastique (peinture, sculpture, vidéo, installation, stylisme, architecture, design...). Ce concours a pour vocation de faire découvrir des plasticiens émergents et de les soutenir en leur offrant l'espace et les moyens pour présenter leur travail au public. Le lauréat reçoit une somme de 2.500 euros destinée à l'aider dans son projet artistique, ainsi qu'un suivi privilégié de la part d'une équipe de professionnels dans le domaine des arts visuels.  Romantisme : mouvement artistique et littéraire apparu en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle et qui se répand dans toute l’Europe durant tout le XIXe siècle. En art, il s’agit d’une réaction contre les règles de l’académisme et de l’art officiel. Les romantiques veulent exprimer leurs émotions en adaptant l’esthétique à leurs besoins Cela entraine l’apparition de « l’artiste maudit » : en faisant des peintures personnelles, le peintre peut ne pas être compris par ces contemporains. Les artistes s’intéressent aux tragédies du quotidien, aux voyages, notamment en Orient et aux paysages. Ils explorent également des thèmes comme la peur, le rêve ou la folie.  Salon artistique : les Salons sont des manifestations annuelles lors desquelles des artistes présentent au public en un même lieu des œuvres préalablement examinées et acceptées par un jury. Dès 1830, Anvers, Bruxelles et Gand sont les premières villes à organiser des salons triennaux alternativement. Mons ouvre son premier salon triennal en 1841. Il existait à côté des Salons, une multitude de cercles semi-officiels et privés ouverts à tous. En dehors des grands Salons de Bruxelles, Anvers, Gand ou Liège, de nombreuses associations organisaient au niveau régional des expositions analogues, quoique moins ambitieuses.  Scène de genre : les artistes désignent par “peinture de genre” les représentations d’hommes et de femmes dans leurs occupations quotidiennes (travail, jeu, ou repos). Les Hollandais du XVIIe siècle contribuèrent à rendre populaires de tels tableaux. Le but de la peinture de genre n’est pas de mettre l’accent sur l’identité des personnages, comme dans les portraits, mais sur leurs occupations  Surréalisme : mouvement artistique qui s’est développé en Europe à partir des années 1920, inspiré par le mouvement dada et les écrits du psychanalyste Freud. Les surréalistes explorent l’inconscient et le rêve afin de laisser libre cours à leur imagination. Leur travail se caractérise par d’insolites associations d’éléments qui

1 http://www.artsplastiques.cfwb.be/index.php?id=16712 84

créent des images étranges et oniriques, des mondes extraordinaires et des réalités impossibles.  Symbolisme : Art de suggestion et de mystère, le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en France et en Belgique vers 1870 avant de s’étendre au-delà des frontières de l’Europe. Il se développe dans de nombreuses disciplines artistiques : théâtre, peinture, poésie, architecture, arts appliqués… Il s’éteindra à la veille de la Première Guerre mondiale. En art, le symbolisme est une réaction au Naturalisme et au Romantisme. Les symbolistes ne représentent pas la réalité, mais un monde idéal et onirique dans lequel la femme idéalisée occupe une place particulière. Sujets mythologiques, bibliques ou légendaires mêlés au rêve, à l’imagination.  Taille-douce : la taille-douce désigne l'ensemble des procédés de gravure en creux sur une plaque de métal. Elle s'oppose à la taille d'épargne. Dans la première, l'encre se dépose dans les creux, tandis que dans la seconde, l'encre est appliquée en surface. L'impression de la plaque de métal se fait sur une presse à taille-douce  Vernissage : le vernissage est l’inauguration privée d’une exposition artistique, la veille de son ouverture officielle. Cet évènement tire son nom du fait qu’autrefois, les tableaux présentés aux salons de peinture étaient vernis sur place lors de séances prévues avec les commanditaires et l’élite intellectuelle du moment. Une réception accompagne cet événement qui a conservé le nom de vernissage, en héritage de cette pratique passée. Dans le passé, certains artistes étaient connus pour donner une touche finale à leurs travaux en les vernissant1.

1 https://educalingo.com/fr/dic-fr/vernissage