Les Conséquences Politiques De La Paix
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Jacques Bainville (1879-1936) Historien français, ACADÉMIE FRANÇAISE (1920) LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX Un document produit en version numérique par Réjeanne Toussaint, ouvrière bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec Courriel: [email protected] Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Courriel: [email protected] à partir de : Jacques Bainville (1879-1936) LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX. Paris : Ar- thème Fayard, Éditeur, 1920, 252 pp. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 4 avril 2007 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 3 Jacques Bainville LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX Paris : Arthème Fayard, Éditeur, 1920, 252 pp. Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 4 Table des matières Avant-propos Chapitre I. La faute des choses et la faute des hommes Chapitre II. Caractères de la paix Chapitre III. Ce qui a sauvé l'unité allemande Chapitre IV. Soixante millions d'Allemands débiteurs de quarante millions de Français Chapitre V. Ils ignoreront Chapitre VI. Le jeu de trente-deux cartes Chapitre VII. L'alerte de 1920 et l'avenir des Slaves Appendice au chapitre VII. - L'Allemagne et la Pologne Chapitre VIII. L'imbroglio adriatique Chapitre IX. Hypothèses et probabilités Chapitre X. Position de la France Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 5 Les conséquences politiques de la paix Présentation Par Pierre Gaxotte Retour à la table des matières Voici un livre unique dans l'oeuvre de M. Jacques Bainville. La pente naturelle de son esprit porte M. Bainville à comprendre et à ex- pliquer plutôt qu'à prévoir. Pourtant, en 1920, il a prévu ; il a écrit ce livre et il a pu, sans remords, laisser à d'autres le métier de prophète parce qu'il avait tout annoncé, tout ce qui s'est passé depuis 1920, et probablement tout ce qui se passera dans les années à venir. Il n'est pas de lecture qui laisse l'impression plus vive d'une intelligence ex- ceptionnelle, à la fois lucide, ferme, rapide, vigoureuse, appliquée au réel, s'élevant sans fatigue du détail géographique aux vues les plus vastes et se servant de l'expérience historique avec une sûreté qui éblouit et une aisance qui enchante. Le trait le plus frappant de notre temps est, sans doute, la décrépi- tude de l'intelligence politique. Le fonctionnement du régime parle- mentaire exige des chefs plus d'habileté que de puissance, plus d'op- portunisme que de ténacité, plus de roueries que de vues générales. Sont portés au pouvoir des hommes sans expérience qui s'imaginent suppléer à leur défaut de préparation, en s'entourant de spécialistes méticuleux et bornés. Ainsi les détails du traité de Versailles sont l'oeuvre d'experts et de techniciens. L'ensemble et les grandes lignes Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 6 sont l'ouvrage d'amateurs. La réflexion et la compétence se ren- contrent dans l'accessoire. Les dispositions générales et essentielles dont dépendent la solidité et le succès de toutes les autres ont été arrê- tées par des hommes que ne guidaient pas la connaissance du passé mais les principes sommaires d'une philosophie oratoire. C'est le drame de Versailles, c'est aussi le sujet de ce livre. Du dé- saccord fondamental découlaient des conséquences. Jacques Bainville a l'honneur de les avoir prévues et d'avoir défini la politique qui, dans la mesure du possible, aurait pu les conjurer. Pierre Gaxotte. Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 7 Les conséquences politiques de la paix Avant-propos Par Jacques Bainville, 1920 Retour à la table des matières Ce n'est pas parce qu'un auteur anglais a écrit les Conséquences économiques de la paix que nous avons composé cet ouvrage. Ce livre n'est pas une réponse à Keynes. On le verra tout de suite. Nous vou- lons marquer seulement, à l'introduction de ces pages, un contraste singulier. Après une guerre qui a mis en jeu les forces et les ressorts des principaux Etats du monde, l'idée même de politique est tombée dans le discrédit. Peut-être faisait-elle mal à 1a tête ? Il est vrai que jamais matière aussi vaste et aussi confuse ne s'était offerte à des conducteurs de peuples chargés d'établir une grande paix. Raison de plus pour ré- fléchir et pour prévoir beaucoup. Le calcul pouvait dire fatigant. Faute de calcul, une part énorme de l'avenir a été livrée à l'inconnu et au ha- sard, une part qui dépasse à l'excès les limites que rencontrent les in- telligences les plus profondes lorsqu'elles s'appliquent à diriger le cours des grandes affaires. Dans un siècle où l'on croyait au progrès indéfini de l'esprit hu- main, Fontenelle avait dit : « Il est certain, et les peuples s'en convain- cront de plus en plus, que le monde politique, aussi bien que le physi- Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 8 que, se règle par nombre, poids et mesure. » Pauvres peuples ! Tout s'est fait en leur nom et ils n'ont plus qu'à subir. À quel moment ont-ils vu que la paix violait les lois de la physique ? Mais le nombre, le poids et la mesure ne se négligent pas impunément. Et les peuples ne comprendront même pas pourquoi ils auront encore à payer un jour. Jacques Bainville 1920 Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 9 LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX Retour à la table des matières Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 10 Les conséquences politiques de la paix Chapitre I La faute des choses et la faute des hommes Retour à la table des matières Il n'est pas rare qu'après une guerre gagnée, le vainqueur, ou, quand il y a des coalisés, l'un au moins des vainqueurs soit mécontent de la paix et pense qu'il a été dupe. En 1815, les Prussiens se plai- gnaient que le Congrès de Vienne se fût terminé pour eux par « une farce ». Nous avons eu nous-mêmes, en des temps plus anciens, un traité dont il était proverbial de dire : « Bête comme la paix. » M. Raymond Poincaré, qui n'a pas ménagé ses critiques aux actes de Ver- sailles, de Saint-Germain et autres lieux voisins de Paris, a eu raison d'écrire que la déception qu'ils ont causée n'était pas nouvelle. On a tout dit des lacunes du traité de Versailles, de ce qu'il ne nous a pas donné, du manque à gagner qu'il représente pour nous. Territoi- res, frontières, argent, ce qu'il apporte est inférieur à ce qu'on avait généralement espéré. On a remarqué partout que nous n'avions même pas retrouvé les limites de 1814, mais celles de 1815, celles de Water- loo, dont le peuple français avait si longtemps ressenti l'humiliation. Il Jacques Bainville, LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX (1920) 11 est devenu banal, tant l'évidence est forte, le dire que cette paix est « au comptant » pour l'Angleterre et qu'elle est « à terme » pour nous. Enfin M. Millerand, qui a hérité de ce qu'il n'avait pas fait, a prononcé le jugement définitif après quelques mois d'expérience lorsqu'il a dé- claré à la tribune que le traité de Versailles, malgré les longues et mi- nutieuses dispositions qui sont destinées à assurer la réparation de nos ruines et de nos dommages, était « plus lourd de promesses que de réalités ». Il eût été possible de concevoir une sorte de paix qui ne nous eût pas donné tout ce que nous désirions, mais qui nous eût payés d'une autre manière. Une paix, par exemple, qui, nous attribuant sur le pa- pier moins de milliards, nous en eût laissé de réels en diminuant nos charges militaires dans une mesure considérable et en libérant notre jeunesse de la conscription. Le bénéfice eût été indirect mais il eût été immense. Des conditions propres à en finir avec le régime barbare de la paix armée étaient le premier résultat vers lequel il fallait tendre. Nous eussions largement et rapidement regagné en sécurité, en tran- quillité et par l'affranchissement d'une terrible servitude, les sacrifices consentis par ailleurs. C'était le point principal de la paix. Il a échappé aux négociateurs, et l'attention publique, fixée sur les détails quand ce n'était pas sur les vétilles, ne l'a pas davantage saisi. D'ordinaire, en politique, les effets sont aperçus quand ils com- mencent à se produire, c'est-à-dire quand il est trop tard. Le principe de causalité, qui tourmente à peine les hommes, est encore plus indif- férent aux peuples. Il est naturel que des démocraties aient conclu une grande paix sans se soucier des répercussions.