UNION DES COMORES

Unité – Solidarité – Développement

______VICE‐PRESIDENCE EN CHARGE DE L’AGRICULTURE, DE LA PECHE ET DE L’ENVIRONNEMENT

______DIRECTION NATIONALE DE L’ENVIRONNEMENT ET DES FORETS

______« Projet N°GFL – 2328 – 2724 – 4966 – ELABORATION DE LA SECONDE COMMUNICATION NATIONALE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ______

RAPPORT SUR LES CIRCONSTANCES NATIONALES

Consultant : HAMADI IDAROUSSI

Mai 2011

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SOMMAIRE

I. Contexte, objectifs et méthodologie ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐4 1.1 Contexte et objectif‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐4 1.2 Méthodologie‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐5 II. Profil géographique et géologique des Comores‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐7 2.1 Situation géographique‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐7 2.2 Géologie et géomorphologie‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐7 2.3 Climat‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐15 2.4 Océanographie‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐16 2.5 Les ressources en eau‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐19 2.6 Utilisation des terres et biodiversité‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐23 III. Caractéristiques générales de la population‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐30 3.1 Historique du peuplement‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐30 3.2 Contexte démographique et indicateurs socioéconomiques‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐32 IV. Economie‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐35 4.1 Analyse sectorielle‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐37 4.1.1 Le secteur primaire‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐37 4.1.2 Le secteur secondaire‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐46 4.1.3 Le secteur tertiaire‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐47 V. Situation de l’environnement‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐54 VI. Situation énergétique‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐55 6.1 analyse sectorielle‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐56 VII. Education et santé‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐59 7.1 Education‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐59 7.2 Santé‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐64 VIII. Les priorités nationales de développement‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐67 IX. Arrangements institutionnels‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐69 Annexes ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐72

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PARTIE I : CONTEXTE, OBJECTIF ET METHODOLOGIE

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I. CONTEXTE, OBJECTIF ET METHODOLOGIE 1.1 Contexte et objectif . Le Gouvernement de l’Union des Comores à travers à travers le PNUD/FEM a obtenu un financement pour l’élaboration de la deuxième Communication Nationale sur les Changements Climatiques afin de faire face aux obligations liées à la mise en œuvre au niveau national de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

. Le projet de la deuxième Communication Nationale constitue donc un cadre dynamique et flexible permettant à l’Union des Comores de contribuer au développement durable. En ratifiant cette convention, l’Union des Comores s’est alors engagé à remplir les obligations vis‐à‐vis de la convention, en particulier, de contribuer à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique.

. Par ailleurs, en référence à la convention‐cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, et plus particulièrement à son paragraphe 1 de l’article 4, et le paragraphe 1 de l’article 12, il est stipulé que chaque partie communique à la Conférence des Parties (COP) les informations relatives à ses émissions anthropiques par les sources et l’absorption par les puits de tous les gaz à effet de serre (GES) non réglementés par le Protocole de Montréal (inventaires des GES) ; les programmes nationaux ou, le cas échéant, régionaux, contenant des mesures visant à atténuer les changements climatiques et à faciliter une adaptation appropriée à ces changements (description générale des mesures prises ou envisagées pour appliquer la convention) ; et toute autre information jugée utile pour atteindre l’objectif de la convention.

. Le niveau de stabilisation émissions de GES doit ainsi être atteint dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre de manière durable.

. Dans le cadre de cette 2ème Communication Nationale, il est recommandé de procéder dans un premier temps au dressement d’un bilan des circonstances nationales afin de permettre d’avoir une aperçue générale de toutes les informations liées aux priorités de développement ainsi que ses objectifs.

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. C’est donc dans ce contexte que se situe ce présent travail dont l’objectif principal, conformément aux termes de référence, est de procéder à la révision des informations sur les circonstances nationales, basée sur la mise à jour des données déjà disponibles dans le premier rapport sur les circonstances, la description des priorités de développement et les objectifs, ainsi que le cadre institutionnel existant pour assurer la continuité du processus d’établissement de la communication nationale.

. Cette actualisation s’avère donc nécessaire, en vue de prendre en compte l’ensemble des données et informations récentes disponibles pour l’élaboration de la 2ème Communication Nationale.

1.2 METHODOLOGIE

. L’essentiel de la méthodologie a reposé sur la réalisation d’une revue documentaire en vue de l’exploitation des données sectorielles récente ayant un lien avec les thèmes indiqués dans les termes de référence.

. Les connaissances et l’expérience capitalisées par le consultant sur certains secteurs ont également constitué un atout majeur pour la finalisation du rapport.

. Des échanges ciblés avec différents responsables de départements techniques des secteurs concernés par l’étude ont été aussi organisées, en vue de compléter la revue documentaire et recueillir également leurs impressions sur les thèmes traités.

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PARTIE II : LES CIRCONSTANCES NATIONALES

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II. PROFIL GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGIQUE DES COMORES

2.1 Situation géographique

. L’Union des Comores fait partie des Petits Etats Insulaires en Développement (PIED) et des pays les moins avancés (PMA). Elle s’étend sur une superficie d’environ 2232 km² répartie inégalement sur quatre îles volcaniques qui sont d’Est à l’Ouest : Mayotte (370 km²), (424 km²), Mohéli (290 km²) et Grande‐Comore (1148 km²). L’archipel est situé à l’entrée Nord du Canal de Mozambique, entre 11°20’ et 13°14’ de latitude Sud et 43°11’ et 45°19’ de longitude Est, entre Madagascar et la côte orientale de l’Afrique.

. Les îles sont situées à égale distance de l’Afrique Orientale et de Madagascar (300km) et sont distantes entre elles d’environ 30 à 40km. Elles occupent ainsi une position stratégique, au cœur de la principale route de transport maritime de l’Océan Indien, le long de la côte Africaine. Cette route à haut risque de pollution est entres autres, celle des pétroliers géants qui transportent le pétrole brut du Moyen Orient vers l’Europe et l’Amérique.

. Sur le plan institutionnel et administratif, Le pays a accédé à l’indépendance le 6 juillet 1975, mais l’île de Mayotte (ou Maoré en Comorien) est restée sous administration française. Elle a connu une évolution accélérée de son statut depuis 2001, laquelle est érigée en département depuis mars 2011 après la consultation de la population de Mayotte du 29 mars 2009, contestée par la partie comorienne. Ainsi, la présente étude concernera les trois îles, d’Anjouan, de Mohéli et de la .

2.2 Géologie et géomorphologie

. Les trois îles sont caractérisées par un relief contrasté. Ngazidja (Grande Comores) moins marquée par les phénomènes d’érosion est caractérisée par l’émergence du puissant massif du Karthala flanqué au nord et au sud par deux appendices. L’altitude croit dans le sens Nord‐ouest à sud–ouest. Ndzouani (Anjouan) présente un modelé disséqué et un relief très accidenté à crêtes aiguës et flancs abrupts entaillés par des grands cirques. Mwali (Mohéli) a un relief accidenté à crêtes aiguës qui s’atténue vers l’est et vers le bas en plaines littorales.

. Les Comores sont à considérer comme les parties émergées de grands volcans posés sur les fonds marins du canal de Mozambique. Leur histoire géologique commence à la fin de l’ère tertiaire. Les îles ne se sont pas constituées en même temps, mais il y a eu une migration du volcanisme au cours des temps géologiques du sud‐est vers le nord‐ouest avec pour Mwali, l’île la plus ancienne, une formation estimée entre 3,4 et 1,4 millions d’années, pour Ndzouani, entre 1,5 et 0,4 millions d’années et pour Ngazidja, entre 130 000 et 10 000 ans. Parmi les formations sédimentaires récentes observées aux Comores, on distingue celles d’origine biogène (récifs coralliens, plages de sable blanc et de grès induré) et celles d’origine terrigène (coulées volcaniques récentes, sables et galets marins). Les récifs coralliens des Comores sont en général de type frangeant en raison de

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la morphologie côtière caractérisée par la proximité des grands fonds. L’érosion côtière ayant diverses origines, s’observe sur de nombreux sites ; en plus de la dynamique naturelle de sédimentation et d’érosion modelant les côtes, celles‐ci sont fragilisées par la double agression de la collecte de sable des plages à des fins de construction et des dépôts terrigènes (en partie causée par la déforestation) provoquant la mort des écosystèmes côtiers servant de zones tampons indispensables à l’interface terre/mer. Ainsi les plages jouent un rôle important dans la protection du rivage contre l’érosion côtière. Leur potentiel touristique est évident. Certaines plages des îles constituent des espaces de jeux comme le football et sont aussi parfois des voies de communication reliant les villages côtiers. Elles servent souvent de latrines publiques où sont aussi déversés les déchets domestiques. Ngazidja

. De forme allongée nord‐sud, Ngazidja est la plus vaste des îles Comores (1011 km2). Elle mesure dans sa plus grande longueur 68 km et 24 km dans sa plus grande largeur. C’est une île à la forme massive avec une partie centrale renflée correspondant au volcan Karthala, où se trouve le point culminant de l’île (2361 m). Elle est flanquée au Nord d’un appendice massif long de 30 km et large de 15 km, le massif de la Grille, et au Sud d’un appendice plus petit, long de 15 km et large de 10 km, le massif de Mbadjini. La côte ouest présente une plaine côtière de coulées subhorizontales, discontinue de 1 à 2 km de large, qui est absente des côtes sud et Est. Ces trois unités volcaniques de construction quaternaire ainsi définies constituent les trois divisions fondamentales de l’île, tant sur le plan du relief que celui de la géologie. Le Karthala est un volcan « bouclier » occupant environ deux tiers de l’île mesurant près de 20 km de diamètre. Ce volcan est caractérisé par un grand dôme à pente forte (20 à 30 degrés sur les grandes pentes), une vaste caldeira sommitale large de 3 à 4 km et de nombreux cratères secondaires sur ses flancs. Par conséquent l’activité éruptive du Karthala se localise non seulement à son sommet mais aussi sur ses pentes. De nombreuses éruptions ont eu lieu durant la phase historique, marquant l’île de longues coulées dont certaines n’ont pas encore été colonisées par la végétation. Ses éruptions tantôt des types hawaïennes tantôt stromboliennes se déclenchent le long des rifts, dans la caldeira ou le long des fissures radiales, les coulées de lave fluide atteignent la mer (la dernière éruption de Singani ‐ , 1977) ou se limitent à la caldeira (1991). L’activité sismique du Karthala est quasi permanente. L’activité sismique et les déformations du Karthala sont surveillées e depuis 1986 par l’observatoire volcanologique. Depuis le 19 siècle, on dénombre globalement une vingtaine d’éruptions. Régulièrement les coulées de lave s’épanchent jusqu’à la mer. La fréquence d’éruption était en moyenne tous les dix ou onze ans, tout au e long du 20 siècle, cependant, un changement de comportement s’est opéré depuis 2005 et l’on enregistre une éruption quasiment tous les ans. La dernière en date est survenue le 13 janvier 2007. Il s’agit fort heureusement d’une micro‐sismicité qui rappelle cependant que la Karthala est un volcan toujours en activité. La surveillance de l’activité du volcan se fait grâce à un réseau de sismomètres installés à son sommet et sur ses flancs. Ce premier réseau est complété par d’autres réseaux d’appareils de mesures tels que des clinomètres, fissuromètres ainsi que des appareils de mesure géodésiques.

. Le massif de la Grille est une péninsule massive plus élevée à son extrémité (1087 m), s’abaisse vers le sud où il se relie au Karthala par l’ensellement du plateau de Dibwani

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d’une altitude moyenne entre 500 et 600 m. Ce massif est hérissé d’un dôme entouré de quelques 120 cônes stromboliens qui donnent un aspect de paysage de collines.

. Le massif de Mbadjini au sud est de plus petite taille (650 m), témoin d’un volcanisme antérieur à celui du Karthala. Il est caractérisé par un modelé tout particulier dû au fait qu’ici l’érosion a pu jouer sur un sol plus ou moins imperméable, sol ferralitique riche en argile par suite d’une altération superficielle d’une longue durée. Quelques petites plaines côtières étroites souvent alluviales ont pu se former. En dehors de ces trois grands ensembles, deux cônes volcaniques se trouvent dans la région d’Ikoni, au sud de Moroni «Ngu ya Ikoni (106 m d’altitude) et Ngu ya Mwandzaza (124 m d’altitude)». Ce sont de formations à hyaloclastite issus d’éruptions volcaniques de type magmatique. On pense que ces mêmes phénomènes se sont manifestés lors de la formation du lac salé à Bangwa kuni et du «Ngu d’Ivwani». Il est à noter que l’île de Ngazidja est caractérisée par l’existence de grandes superficies de coulées noires de laves altérées provenant d’éruptions récentes et non encore colonisées par la végétation. L’émergence de cette île est considérée comme la plus récente. Son origine serait due à la succession de plusieurs phases volcaniques associées à une remontée de la croûte. L’île est affectée par un double système de fracturation, de direction nord‐ouest, sud‐est et nord‐sud. Localement, on note des signes d’affaissement ou de subsidence à Foumbuni, Malé et au niveau de l’île aux tortues. L’île repose sur une croûte continentale granitique dont on trouve quelques témoignages sous forme d’enclaves gréseuses provenant de la désagrégation de roches granitiques et gneissiques.

. Le milieu côtier et marin présente une grande diversité dans sa morphologie et dans sa nature. La côte de l’île est généralement rocheuse présentant des falaises interrompues par endroits de plages de sable blanc (Itsandra, Mitsamihuli, , Buuni, Shomoni, Shindini) témoignant de l’existence de hauts fonds corallifères. Quelques récifs coralliens de type frangeant s’observent loin des zones d’épanchement volcanique, aux extrémités nord et sud de l’île. A l’est, la côte devient massive, rectiligne et austère à partir du village de Shomoni. Elle est curviligne et peu variée de Shomoni à Fumbuni. Dans la zone côtière ouest, on observe des côtes rocheuses avec sur la frange littorale allant de à Sima Mbwani des grottes abritant les cœlacanthes à environ 200 m de profondeur. Certaines régions côtières (Hahaya, Shindini, région de Dimani) présentent des colluvions et des alluvions qui correspondent respectivement à des faibles transports et à des dépôts d’origine torrentielle constituée de galets, de sable et d’argile. La pente sous‐marine de l’île est très forte avec un plateau continental allant jusqu’à 200 m de profondeur en moyenne. Ce plateau est très étroit, entre 200 m et 1200 m de large. Au‐ delà se trouve la zone pélagique côtière avec une profondeur d’environ 500 m puis la zone pélagique océanique localisée à des profondeurs supérieures à 3000 m. Comme le plateau continental est réduit, le développement des récifs coralliens est relativement faible.

. La géomorphologie de l’île de Ngazidja (volcanisme récent) fait qu’il y a relativement peu de plages. Les plages de sable blanc existent à Mitsamihuli, Hantsindzi, Buuni, Shomoni, Shindini, Itsandra et témoignent de la présence de fonds corallifères. Les plages d’origine volcanique sont situées essentiellement à Itsundzu, Singani et Salimani pour du sable noir, de Mirereni à Fumbudzivuni pour du sable gris. Cette dernière zone correspond à d’anciennes plages de sable blanc dont on trouve les prolongements à plus grande

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profondeur. L’île aux tortues « Shisiwa sha Ndrudé » près du village de Ndrudé, localisée à 300 m de la côte nord ‐ est, est construite sur une unité supérieure de coulées de lave avec des caractères de surface. Cette île d’environ 1 ha est entourée de récifs frangeants. Des tortues peuvent être vues dans les eaux environnantes et dans l’herbier. Des plages de sable blanc ont disparu et se prolongent sous le niveau de la mer où existe un lagon écologiquement important et attrayant pour les plongeurs. On estime que 90% des plages de sable de l’île de Ngazidja ont disparu durant la dernière décennie. Ndzouani . Ndzouani la seconde des îles Comores par la superficie (424 km2), a la forme générale d’un triangle. De son point sommital, situé au centre géométrique de l’île (pic Ntringi), il y a 22 km jusqu’à l’extrémité de la pointe de Nyumakélé, 25 km jusqu’à celle de la pointe de Sima et 17 km jusqu’à l’extrémité de celle de Jimlimé.

. De pointe en pointe, il y a respectivement 40 km, 30 km et 35 km. Le plus haut sommet Ntringi (1595 m) n’est qu’à 7 km de la mer, ce qui montre bien le caractère montagneux de l’île. La partie centrale de l’île, vieux volcan bouclier constitué de coulées de lave basaltiques probablement fin‐miocène à début‐pliocène, présente un bâti ancien avec des crêtes escarpées et des arêtes vives. Celle‐ci est entaillée par un grand cirque aux parois abruptes : le cirque de Bambao éventrant toute la partie centrale de l’île. Le fond du cirque, vers 500 m d’altitude, est dominé par des versants par endroits subverticaux atteignant 80 , hauts de 200 m à près de 1000 m.

. D’altitude moins élevée, et s’appuyant au bâti ancien, les trois péninsules de Sima, Jimlimé et de Nyumakelé sont de construction plus récente : elles correspondent à la « phase volcanique intermédiaire » de nature basaltique d’âge pliocène à quaternaire ancien. Tout comme le bâti ancien, elles portent des sols ferralitiques rouges épais, avec souvent des ravinements d’érosion accélérée dus à l’action humaine. A une époque plus récente (quaternaire moyen à supérieur) s’est produit un dernier paroxysme à l’origine des cratères et des cônes stromboliens encore bien conservés. Ces petits appareils volcaniques se répartissent le long d’un système de fracture à trois directions reprenant sans doute des fractures anciennes à l’origine de la forme triangulaire de l’île. A son débouché sur la côte Est, la rivière Tratrenga drainant ce grand cirque, a construit un cône de déjection comparable aux grands cônes situés aux débouchés des cirques réunionnais. Il existe d’autres entailles profondes comme celle du cirque de Patsi, qui débouche sur la côte nord, l’entaille du Mro Ajaho, sur la côte Est, et l’entaille du Mro Pomoni sur la côte sud‐ouest.

. Le littoral de Ndzouani présente des secteurs de côte élevée avec de grandes falaises, en particulier à l’extrémité des trois péninsules, et des secteurs de côte peu élevée correspondant aux cônes de déjection construits au débouché des cirques et des principales vallées. L’île de Ndzouani compte près d’une vingtaine de plages dont la plupart dépassent 100 m de long. On distingue des plages de sable blanc à Moya, Ndzindri y a Ntsini, Sombe, Al Amal, des plages de sable noir à Shungi, Vuani, Lazari, Untsoha, des plages de sable mélangé à Mtsanga Shell, . Les plages de , , et sont des plages de galets. L’état environnemental des plages de Ndzouani est souvent dégradé à cause des dépôts de rivières (Vuani, Maraharé, Bindras, Bimbini), des ordures ménagères et des déchets des arbres. Les apports en

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sédiment sur le milieu côtier liés à l’érosion affectant les bassins versants sont particulièrement sensibles sur l’île de Ndzouani et de plus faible importance sur Mwali. Il existe un récif frangeant, développé surtout sur la côte sud de la presqu’île de Sima, sur la côte Est de la presqu’île de Jimlimé et à l’extrémité de la presqu’île de Nyumakelé. Ce récif tend par endroits à décoller du rivage, avec formation d’un petit lagon, ce qui est l’indice d’une tendance générale de l’île à la subsidence.

Mwali . Mwali s’allonge sur 50 km d’Est en Ouest avec 20 km de plus grande largeur. Les parties centrale et occidentale sont constituées d’une grande arête axiale formant le corps principal de l’île culminant à 790 m au Mzé Kukulé. Cette partie de l’île est très escarpée et entaillée par des vallées profondes occupées par de nombreux torrents couverts de forêts. Dans cette partie, seule la côte est habitée. Le relief s’atténue ensuite vers l’est et vers le bas en plaines littorales

. La structure de la partie orientale est celle d’un plateau (plateau de Djando), de quelque 350 m d’altitude compartimentée en petits bassins suspendus à couverture herbacée dominante. Plus étroite et moins élevée que la partie occidentale, elle se termine en pointe près du village d’Itsamia. Les rivages du plateau de Djando sont par contre abrupts et de puissantes falaises séparant la région côtière du plateau.

. Tout autour de l’île existe un récif corallien frangeant bien développé. La côte nord rectiligne est basse dans la région de avec une petite plaine côtière, vers les extrémités de l’île, qui devient accore comme la côte sud, mais celle‐ci est caractérisée par un littoral extrêmement découpé et bordé d’un archipel de quelques petits îlots inhabités.

. La partie orientale de l’île est d’un grand intérêt biologique (plages à tortues, îlots, récif, lac et forêt de Bunduni) et géomorphologique (lac de cratère, padzas). Ces derniers sont soumis à une forte érosion pluviale, qui colore la mer après les averses et qui est sans doute à l’origine de l’érosion terrigène des récifs.

. Les côtes de Mwali, surtout celles du sud, sont découpées avec une alternance de pointes rocheuses et des baies au fond desquelles se trouvent des plages de sable blanc (Dziya Lanyuma, Mihonkoni), témoins de l’existence de fonds corallifères ou des mangroves (Mihonkoni, Mbwanifungé, Mapihashingo, Hanyengelé, Mdjawashé, Miremani, Hamvumba, , Bandani, Hamwanyombé). Cette côte sud est bordée de quelques 8 petits îlots abrupts et inhabités (les îlots de Nioumachoua), formés de roches volcaniques dont les plissements, basculements et failles témoignent d’un passé tellurique mouvementé. Les plus grandes possèdent des plages de sable blanc d’origine corallienne. Ces îlots émergent d’une plate‐forme sous‐marine dont les profondeurs moyennes varient entre 15 et 50 m. On note une ébauche de lagon entre le récif et la côte, lagon bordé par un récif corallien frangeant évoluant vers un récif barrière.

. Deux phases volcaniques différentes sont responsables de l’édification de l’île. La chaîne centrale et toute la partie occidentale très escarpée et entaillée par des vallées

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profondes correspondent à une phase volcanique plus ancienne. Les îlots de Nioumachoua appartiennent probablement à cette série ancienne. L’Est et le plateau de Djando, au relief plus mou, se sont formés beaucoup plus récemment lors d’une phase intermédiaire qui s’est terminée par un dépôt épais de pouzzolanes surtout amassés sur la côte nord autour de Fomboni et de Mbatsé et sur le plateau de Djando. Ces pouzzolanes ont eu le temps de se consolider en tufs assez résistants (canyon de la rivière de Dewa dans le cirque de Madunya). Les basaltes de ces deux périodes de volcanisme ancien sont altérés en sols ferralitiques rouge profond. Une phase volcanique supérieure, d’âge quaternaire moyen à supérieur, a laissé surtout dans L’Est de l’île des cratères bien reconnaissables comme celui qui contient le lac Dziyani Bunduni, l’Uhoni ou les deux cratères jumelés de Wanazibunduni.

. Mwali est l’île de L’Union des Comores qui possède le plus grand nombre de plages de sable. Les plages des sites côtiers présentent une large palette de couleurs : du blanc d’origine corallienne (sur les îlots en face de Nioumachoua, à Dziya la Nyuma, Mihonkoni‐ Walla) aux sables d’origine terrestre tels les gris (sur les sites du sud‐est, de Kobela à Shikoni, de à Madjingueni) aux bruns de la côte nord de Shisiwa Buelamanga à Fomboni, Domoni où on trouve aussi le plus de galets.

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Carte 1 : POSITION GEOGRAPHIQUE DES COMORES

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Carte 2 : POSITIONS DES ILES

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2.3 Le climat . Les Comores bénéficient d’un climat tropical humide sous influence océanique caractérisé par deux grandes saisons : une saison chaude et humide (été austral) et une saison sèche et fraîche (hiver austral). De grandes variations locales sont enregistrées en fonction du degré d’exposition aux vents dominants et de l’altitude.

. Pendant l’été austral, de novembre à mars ‐ avril, la saison est chaude et humide avec une pluviométrie importante maximale de décembre à mars et des températures moyennes variant entre 24 et 27,8°C. Des vents de mousson de secteur nord à nord‐ ouest nommés « kashkazi » soufflent de façon variable et faible mais plus fort en janvier et février (mois le plus chaud).

. Pendant l’hiver austral, d’avril ‐ mai à octobre, la saison est sèche et plus fraîche avec des températures variant entre 23,2° C et 27° C, minimales entre 14 et 15 °C sur les hauteurs. Des vents (alizés), nommés « kusi », soufflent du sud‐est et sont renforcés de mai à août (mois le plus frais) par des courants locaux qui viennent du canal de Mozambique.

. En dehors du « kusi » et du « kashkazi », deux autres régimes de vent d’intersaison sévissent sur l’archipel : le « matulay » du sud/ sud‐est vers nord/nord–ouest, un vent sec et très irrégulier avec une vitesse moyenne de 8 km/h, sauf en juillet – août où il peut atteindre 12 à 14 km/h. Un autre vent, le « mnyombeni » vent du nord/ nord‐est, souffle en octobre et novembre et par cela est réputé favorable à la navigation.

. L’insolation est généralement forte variant de 2000 h/an à plus de 3000 h/an avec une moyenne de 2600 h/an. La pluviométrie moyenne est comprise entre 1500 et 5000 mm. Toutes les stations des Comores reçoivent plus de 1000 mm de pluie par an. Ngazidja est à altitude égale, l’île la plus arrosée. Il existe toutefois des variations importantes selon l’exposition et l’altitude. Il y a une opposition fondamentale entre les versants au vent (qui reçoivent de plein fouet les vents humides) et les versants sous le vent (ou à l’abri des vents humides).

. D’une manière générale, ce sont les côtes tournées face au nord / nord‐ouest et à l’ouest (ouest du Karthala à Ngazidja, Miringoni à Mwali) qui sont les plus arrosées car elles reçoivent la mousson. Les côtes méridionales et orientales par contre, sont les moins arrosées car elles sont sous le vent de la mousson et exposées à l’alizé du sud‐est (matulay) beaucoup plus sec. Le relief joue aussi un grand rôle car quelle que soit l’orientation, il pleut de plus en plus fréquemment et abondamment au fur et à mesure que l’altitude augmente.

. L’extrémité des péninsules reçoit en général des précipitations moindres, parce qu’elles retiennent moins les nuages que les parties centrales des îles. Certaines périodes sont nettement plus pluvieuses que d’autres et Ces phénomènes brutaux et paroxysmaux jouent un rôle important dans l’érosion des sols.

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. Les cyclones ont lieu en saison chaude. Ce sont des masses nuageuses d’air mobile, fortement giratoire, accompagnées de vents et de pluies très violentes. Trois types de cyclone viennent traverser les Comores de façon épisodique. Chaque type dépend du site de formation du cyclone qui est soit au voisinage de l’archipel, soit au nord de Madagascar ou à l’Est entre 55° et 65° de longitude Est. Lors d’un cyclone les vents peuvent atteindre 85 noeuds (155 km/h), comme ce fut le cas en 1983. Dans tous les cas la puissance de l’impact d’un cyclone décroît dans l’archipel d’Est en Ouest donc de Ndzouani vers Ngazidja. Des houles de 20 m peuvent y être associées.

. Les Comores ont connu plusieurs perturbations de type cyclonique dont le plus important, celui de décembre 1950 a laissé de nombreuses traces sur l’archipel et dans les mémoires. Les cyclones les plus dévastateurs les plus récents sont sur Mwali en 1983 (Elinah) et sur Ngazidja en 1984 et 1985 qui ont dévasté habitations, plantations et divers écosystèmes.

2.4 Océanographie . Plusieurs facteurs peuvent être mis en évidence pour caractériser le milieu marin comme la bathymétrie, les courants, les marées, les températures et taux de salinité des eaux ou la productivité marine.

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Carte 3 : Courants océaniques, vents dominants et bathymétrie de la région de l’Afrique Orientale (source : Atlas des Ressources côtières de l’Afrique Orientale, République Fédérale Islamique des Comores)

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Carte 4 : Carte bathymétrique de l’archipel des Comores (source : Atlas des Ressources côtières de l’Afrique Orientale, République Fédérale Islamique des Comores)

Courants et marées . Les îles Comores sont situées sur le trajet du courant sud‐équatorial. Ce courant contourne le cap d’Ambre au nord de Madagascar et se dirige d’Est en Ouest vers la côte africaine et se divise vers 10° sud en deux branches : une branche nord et une branche sud qui forme un tourbillon anticyclonique autour de l’archipel. L’existence de ce tourbillon est lié aussi au fait que les eaux tropicales de surface venant du sud et mélangées aux eaux du canal de Mozambique forment un barrage en raison de leurs propriétés physico‐chimiques différentes.

. Pendant l’été austral, la vitesse du flux s’établit entre 1,30 et 1,45 nœud, en hiver austral entre 1,25 et 1,35 nœud. Ce courant de surface varie entre 0,5 et 2 nœuds soit 0,25 m/s autour des Comores et peut être freiné ou accéléré par les régimes des vents en cours ou par la morphologie sous‐marine et côtière.

. Les marées ont un régime semi‐diurne en relation avec le cycle lunaire ; ce cycle est caractérisé par de fortes marées relativement plus importantes pendant les nouvelles et les pleines lunes (3 à 4,9 m) et plus faibles pendant les quartiers de lune (1 m). Lors de vives eaux, le balancement des marées peut atteindre des valeurs relativement élevées (de l’ordre de 4 m) pouvant constituer une entrave à la navigation

. Les températures moyennes mensuelles des eaux de surface à Moroni varient de 26°C à 29,5 °C d’octobre ‐ novembre à mai et de 22,8 °C à 26,5 °C de mai à octobre ‐ novembre. Pendant l’été austral, la salinité des eaux superficielles est comprise entre 35 et 36,25 pour mille. L’épaisseur de la couche superficielle varie de 50 à 80 m selon les saisons et

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peut être modifiée après le passage des cyclones (30 à 100 m). La thermocline se situe au‐delà de 100 m de profondeur.

Productivité phyto‐zooplanctonique des eaux côtières et marines . Les Comores sont situées aux limites de deux régions plancto‐géographiques à productivités différentes : la région de courant équatorial, dont la faune phytoplanctonique a tendance à être dominée par des dinoflagellés et des occolithophoridés et dont les populations sont caractéristiques des eaux oligotrophes et la région du courant de Mozambique caractérisée par une dominance de diatomées indicateurs écologiques des eaux productives.

. Les variations de productivité primaire sont liées entre autres aux saisons. Pendant la mousson (kashkazi), de novembre à avril, la production primaire est relativement élevée avec plus de 500 mgcm‐3jour‐1. A certaines périodes de l’année, on peut observer au nord et au sud de Ngazidja, au sud‐Est de Ndzouani et aux alentours des îlots de Nioumachoua des mélanges verticaux à l’approche des sols insulaires. Ceux‐ci provoquent un refroidissement de l’eau chaude de surface par un phénomène d’upwelling avec la remontée d’eau plus froide sous‐jacente, riche en sels minéraux nutritifs (Azote, Phosphore, et ortho‐phosphate). La production phytoplanctonique et zooplanctonique s’accroît lors de ces remontées d’eaux froides. Ces remontées d’eau froide peuvent localement provoquer une mortalité massive des récifs coralliens. De telles remontées ont été observées au nord de Ngazidja et à Mwali en 1974.

2.5 Les ressources en eau . Il existe une grande diversité dans la pluviométrie au sein de chaque île et entre les îles. En outre, les capacités d’infiltration et de rétention des eaux diffèrent en fonction des sols. La caractéristique des sols de Ngazidja étant de présenter une grande perméabilité, le réseau hydrographique permanent est inexistant. A l’inverse, les autres îles étant dotées de sols meubles parfois imperméables, le réseau hydrographique est dense. Les pourcentages de la population ayant accès à l’eau potable sont estimés à 30% à Ngazidja, 15% à Ndzouani et 80% à Mwali.

Ngazidja . Malgré une pluviosité satisfaisante avec une moyenne annuelle variable entre 1500 mm et 5000 mm, les sols de Ngazidja sont caractérisés par une grande perméabilité. Le réseau hydrographique est inexistant car il n’existe aucun écoulement superficiel en raison de la porosité des roches volcaniques. Exception faite des habitants de quelques agglomérations telles que : Moroni, Ntsaweni, Foumbuni, Mitsoudjé etc… qui bénéficient de systèmes d’adduction d’eau, la majorité de la population dépend du système de collecte et de stockage de l’eau de pluie à partir des toitures, dans des citernes. Mais ces systèmes d’adduction connaissent présentement de sérieux problèmes techniques liés à la vétusté des installations (cas de Moroni), au manque d’entretien (cas de Ntsaouéni et autres villages) ainsi qu’aux problèmes de gestion. Et tous ces problèmes réduisent de façon considérable la disponibilité en eau. A Ntsaouéni par exemple, le réseau ne fonctionne plus depuis plusieurs années, privant ainsi la population de la localité, de l’eau pendant une période relativement longue.

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. Il convient toutefois de noter que les conditions hydrogéologiques de la grande Comore sont difficiles et peu étudiées. Jusqu'à présent les études effectuées à ce sujet ont un caractère sommaire et ne permettent pas de faire évoluer les progrès en vue d’une exploitation rationnelle de la ressource en eau. L’expérience et les observations effectuées sur le terrain et sur des terrains similaires ont permis d’identifier deux types d’aquifères, l’aquifère d’altitude et l’aquifère du littoral. A cause de son ampleur et de ses avantages, la nappe de base constitue jusqu'à présent le recours le plus précieux pour l’approvisionnement en eau de la population. Mais du fait de leur localisation, ces sources donnent une eau saumâtre ou salée comparativement froide car les fissures émettrices sont envahies par la mer à chaque marée. Ces sources bien que leur eau soit de potabilité mauvaise, ont toujours fourni une part importante des besoins de certains villages accoutumés à s’en servir sans restriction, ou n’ayant d’autres alternatives, tel que le village de .

. Quelques sources existent également à l’intérieur de l’île. Elles sont situées dans les massifs de la Grille (MBoudé, Suu, Hamwandzé, Mkudusi) et de Mbadjini (Dzitsoni, Sandani, Suni). Ces exécutoires de nappes perchées en altitude fournissent une eau très douce et de potabilité excellente. Dans l’ensemble les débits sont faibles. La source la plus importante à MBoudé, à l’est de Maweni a un débit maximum de 28 l/s. Elle est présentement exploitée par la Société YAKO pour la production d’eau minérale.

. On rencontre sur Ngazidja deux types de lacs de cratère. Ceux qui, en altitude se remplissent d’eau douce et à proximité du rivage sont pénétrés d’eau salée. Le deuxième type se forme à la faveur de la couche imperméable et ces lacs se remplissent d’eau douce pluviale ou provenant des sources en altitude. Ils peuvent s’assécher complètement durant la sécheresse. Le Lac Ha Ntsongoma situé au pied du Karthala à l’est du village de est un lac naturel aux eaux turbides d’une superficie de 800 m2 et d’une profondeur de 1,6 m. C’est la seule étendue d’eau douce. Le lac salé ou Nyamawi (le plus important de l’île) situé sur la côte nord, près de Bangwa kuni au voisinage immédiat de la mer est un lac de cratère rempli d’eau qui communique avec la mer et dont les eaux sont plus ou moins troubles. Cette étendue d’eau d’une superficie de 5 ha et d’une profondeur supérieure à 300 m est un site touristique fort attrayant. Une prolifération d’algues sur son pourtour et les pâturages sur ses versants sont cependant à l’origine d’un début d’eutrophisation. Il sert surtout d’abreuvoir pour les troupeaux de la région.

. Des marais côtiers existent dans certains villages de l’île tels qu’Ikoni (au Sud de Moroni), à Samba Madi (à l’Est de la plage de Shomoni) et à proximité de Bangwa Kuni (lac salé). Ces écosystèmes abritent diverses espèces faunistiques très intéressantes du point de vue de la biodiversité qui n’ont pas encore été étudiées.

Ndzouani . Ndzouani est caractérisée par un réseau de cours d’eau plus ou moins permanents, prenant leurs sources sur les hauts plateaux. De formation tertiaire, les sols de Ndzouani sont plus hétérogènes et la perméabilité de ceux‐ci est variable, ce qui a permis le développement des eaux de surface.

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. De nombreuses sources existent à Ndzouani, certaines ont un caractère permanent, d’autres tarissent en saison sèche. Des captages ont été effectués sur les plus importantes (Jejé, Galani, Jongwé, K’mba, Mtiti, Suni, Patsi, Ha bungu, Tringoju), pour approvisionner les localités voisines en eau potable.

. D’autres sources (Mweleya en amont de , Dzitsoni Sandani sur les versants de Hayade, Bandra Mutsanga en amont de Koni Djodjo, Hayija en amont de Nkangani), pourraient alimenter les villages environnants par gravité mais leurs potentialités restent encore non exploitées. La source dans le cours supérieur du Tratrenga est une source thermale gazeuse très minéralisée.

. Ndzouani compte une quarantaine de rivières de type plus ou moins permanent. Les cours d’eau les plus importants sont : Tratrenga, , Jomani, Pomoni, Mrémani, Ajao. Leurs vallées sont étroites et profondes (présence de gorges). Leurs alluvions sont importantes et constituent un handicap aux infrastructures côtières. Celles déposées régulièrement par la rivière de Mutsamudu diminuent le tirant d’eau du port international de Mutsamudu.

. Les cours d’eaux de Ndzouani sont coupés de chutes assez importantes dont certaines ont été aménagées. L’aménagement des rivières Marahani, Tratrenga et Pomoni dans les années 40 par la société Bambao a permis le développement de l’électricité hydraulique pour l’approvisionnement des installations de la société et des villages avoisinants. Seule la centrale de Marahani est opérationnelle actuellement. La rivière Tratrenga qui prend sa source au mont Ntringi à 1595 m d’altitude est le cours d’eau le plus long (12,4 km) et celui qui présente le débit le plus important (600 l/s). La rivière Bueladongo au Sud de Domoni qui prend sa source à Papani à 950 m d’altitude est un cours d’eau souterrain de type temporaire.

. Deux lacs de cratère d’eau douce existent à Ndzouani : le lac Dzialandzé au Sud‐Est du mont Ntringi d’une superficie de 50 000 m2 et d’une profondeur supérieure à 300 m et le lac Dziya Lautsunga au sud de Dindri dont la superficie est de 20 000 m2 et la profondeur supérieure à 200m. Leurs eaux sont bonnes grâce à la protection due à l’attraction touristique dont ils bénéficient.

. La principale étendue de marais de Ndzouani est celle de Pomone sur la côte sud‐ouest de l’île d’une superficie de 0,2 ha et 0,20 m de profondeur. Ces eaux trouvent comme usage essentiel l’irrigation du riz. Les oiseaux notamment constituent l’élément essentiel de biodiversité.

Mwali . A Mwali, les sols sont meubles, souvent imperméables. D’une manière générale, le réseau hydrographique est bien développé et permanent sauf sur la partie Est et sur le plateau de Djaïn où il est temporaire. Les rivières partent presque toutes de quelques dizaines de mètres au‐dessous des lignes de crêtes situées à plus de 700m d’altitude et creusent des vallées profondes (3 à 400 m de dénivelé) orthogonales à l’arête axiale. Il existe à Mwali une vingtaine de cours d’eau à écoulement permanent ou intermittent. Les cours d’eau à écoulement permanent sont localisés sur la partie occidentale de l’île

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notamment sur le versant sud (Wabushi, Shikoni, Wabueni, Mlembeni, Dewa, Nyombeni, Mledjelé, , Mihonkoni, Walla). Ceux à caractère intermittent sont situés sur la partie orientale (Madji, Habomo, Itsamia, Ikoni, Mzé palé, Wangani). Les eaux sont généralement bonnes et présentent une turbidité seulement en saison des pluies (kashkazi).

. Le cours d’eau le plus important est celui de Mlembeni (longueur 7 km, débit 220 l/s). Son bassin versant est le plus important de l’île, (superficie 6,8 km2 avec une pente moyenne de 14%) et est couvert d’une forêt menacée par la coupe de bois et un pâturage incontrôlé. La rivière Nyombeni jalonnée de cascades présente un potentiel touristique important.

. L’hydrobiologie des cours d’eau de l’île est riche en entomofaune, crustacés, poissons, anguilles, mais menacée par des techniques destructives de pêche, d’agriculture et de foresterie. Certains cours d’eau comme la rivière Wabueni à ne sont pas permanents dans leur cours inférieur, une infiltration importante se produisant dans des sédiments grossiers (galets) et la circulation devenant souterraine. D’autres (Dewa, Mlembeni,...), victimes du déboisement anarchique, sont menacés d’assèchement. Les associations « Ulanga » mènent des actions de reboisements dans le but d’apporter de l’ombre aux cours d’eau et de maintenir ainsi l’eau à la surface.

. L’adduction d’eau de Fomboni, la plus importante de l’île, date des années 70 et a été faite à partir du captage de M’ro Dewa pour l’alimentation de la capitale et de localités environnantes en eau potable. Le réseau est irrégulier et s’avère insuffisant compte tenu notamment des crues et des nombreuses déperditions. L’appui récent du projet soutenu par l’AFVP (ONG) a permis des prises d’Adjustement d’Eau Potable (AEP) sur plusieurs cours d’eau et de ramener à 80% le taux d’accès de la population à l’eau potable. La partie Est de l’île et le plateau de Djando ne disposent pas de points d’eau permanents. L’eau est recueillie dans des puits creusés jusqu’à une profondeur de 12 m. Ils tarissent pendant la saison sèche.

. Certaines rivières de l’île présentent un potentiel hydroélectrique dont la préservation est directement liée à celle des bassins versants. L’aménagement du M’ro Wabushi par la Coopération ouest‐allemande en 1980 a permis l’installation d’une centrale hydro ‐ électrique qui approvisionne Miringoni en électricité. Les autres cours d’eau de l’île servent pour les divers besoins domestiques et agricoles.

. Il existe deux lacs à Mwali : le lac Bunduni avec ses 30 ha constitue la principale étendue d’eau douce des Comores. Ce lac de cratère situé dans la partie sud‐est de l’île est à ce jour le seul site Ramsar du pays. C’est aussi l’unique patrimoine classé et reconnu d’importance mondiale aux Comores. Outre l’aspect esthétique et paysager, le lac Dziani Bunduni présente un intérêt scientifique à cause de l’importance de sa diversité biologique aussi bien pour la faune que sur la flore. Les derniers inventaires effectués sur le site ont démontré l’existence de 10 espèces d’oiseaux vivant dans le lac dont le grèbe castagneux. Des indications laissent penser qu’il existe des flux migratoires de certaines de ces espèces avec d’autres sites à Madagascar et en Afrique. Sur la crête et sur les flancs du cratère sont dénombrées plus d’une dizaine d’espèces forestières

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dont des espèces endémiques (Shivundzé, Mzilidji, Mramena, Muri Mwewu, Mforo,...) qui abritent également des mammifères endémiques (lémur mongoz, roussette de Livingstone). Malgré cet intérêt scientifique évident et les actions remarquables menées par l’association « Ulanga » d’Itsamia pour la protection du site, ce patrimoine reste sérieusement menacé par un surpâturage et un défrichement soutenu. Le lac Dziani Mlabanda situé à proximité du village de Mlabanda dans le Djando est un lac naturel délaissé. Ses eaux sont turbides. Ce lac d’une superficie de 22 000 m2 et d’une profondeur de 1,80 m n’a à ce jour fait l’objet d’aucune étude.

Carte 5 : Des enfants qui jouent dans la rivière d’Oumadzi à Miringoni Mwali : source, Atlas des Ressources côtières de l’Afrique orientale

. Ce qu’il faudra souligner ici et par rapport aux ressources en eau c’est que dans toutes les îles, en raison de l’absence de structures, le suivi des ressources en eau de toute origine est faible, voire inexistant. La connaissance des ressources en eau est par conséquent, nettement insuffisante pour l’ensemble des trois îles, ce qui constitue une entrave à la définition d’une véritable politique de l’eau.

2.6 Utilisation des terres et biodiversité 2.6.1 Utilisation des terres . La cartographie des sols Comoriens et de leurs aptitudes agricoles a mis en évidence trois principaux types de sols liés au type de pédogenèse. On distingue ainsi :

1. Les sols ferralitiques présentant un intérêt agronomique limité suite au faible niveau de fertilité.

2. Les sols bruns, riches, mais à épaisseur limitée et pierrosité élevée. Ces sols sont caractérisés par la présence d’argiles gonflantes et occasionnent, en saison sèche, de larges fentes de retrait. Ils sont bien représentés à Anjouan et à Mohéli.

3. Les andosols se développent essentiellement sur matériau volcanique de la phase récente. En fonction du degré d'évolution, ils sont plus ou moins épais, mais généralement limités en profondeur par la roche mère intacte ou peu altérée. Ils sont caractérisés par une pierrosité pouvant atteindre 90 %, une forte teneur en matière

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organique, une perméabilité élevée, contrairement aux autres sols. Ces sols sont majoritaires en Grande‐Comore et sont également très bien représentés à Anjouan et à Mohéli.

. Malgré ces contraintes, la majorité de ces sols offrent des aptitudes culturales remarquables parce que, à texture pas trop lourde (limoneux à limono‐sableux) en profondeur, très riches en matière organique, possèdent des réserves importantes en éléments nutritifs tels que phosphore, potassium, calcium et magnésium et peu acides. Ils sont favorables à une large gamme de cultures : vivrières, maraîchères, industrielles (vanille, girofle, ylang‐ylang), arbustives et arborées ainsi qu’au pâturage.

. Trois grandes zones bioclimatiques sont identifiées avec des variantes en fonction de la pluviométrie, du relief et de l’altitude. Chaque zone identifiée, correspond à un ou plusieurs types d’utilisation des terres qui y sont associées.

- la zone bioclimatique «montagnard» située à plus de 1 600 m d’altitude : présente uniquement à Ngazidja, autour du massif de Karthala : elle est très pluvieuse et n’a aucune aptitude agricole ou pastorale ; la végétation est à dominante de bruyères arbustives ou des forêts primaires.

- la zone bioclimatique «prémontagnard» située entre 800 et 1600 m d’altitude, très pluvieuse, avec deux sous‐zones : la sous‐zone «prémontagnard» haute entre 1200 à 1600 m d’altitude : uniquement présente à Ngazidja, constituant l’étage supérieur de la forêt de Karthala et non encore colonisé et la sous‐zone «prémontagnard» basse, entre 800 et 1200 m d’altitude, présente à Ngazidja (massifs de la Grille et du Karthala) et sur les sommets de Ndzuwani ; elle est à moitié forestière et en voie de colonisation par des cultures vivrières.

- la zone bioclimatique «tropicale», située entre 0 et 800 m d’altitude, pluvieuse à sèche en fonction de l’altitude et la latitude avec deux sous‐zones: une sous‐zone de «transition montagnarde», entre 400 et 800 m d’altitude avec trois types de climat : très humide dans le versant ouest du Karthala à Ngazidja (faibles potentialités agricoles), humide dans les hauts de Ndzouani et le massif de la Grille (potentialités agricoles élevées) et sec localisé à Ngazidja à potentialités forestières et une sous‐ zone «tropicale pure», au‐dessous de 400 m d’altitude, présente dans les trois îles, pluvieuse à sèche en fonction de la latitude avec quatre types de climat : très humide et humide dans l’ouest et sec dans l’est.

. Il en résulte ainsi une répartition des cultures différente en fonction de l’altitude :

- Les zones des Bas (altitude inférieure à 600 m) , sous forme des systèmes culturaux arborés mixtes (vivrier et rente) occupant 63% de la surface agricole utilisée (49 000 ha) et sous forme des systèmes non arborés, avec jachères occupant 13% de la surface agricole utilisée (10 500 ha, Ngazidja et Mwali) et sans jachères sur 8% de la surface agricole utilisée (6 000 ha exclusivement à Ndzouani), fournissent 75% de la

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production vivrière et la presque totalité des produits d’exportation. Elles portent aussi les cultures pures d’ylang ylang, localisées principalement à Ndzouani et de cocotiers et girofliers sur 4 500 ha.

- Les zones des Hauts (altitude comprise entre 500 et 900 m) occupent seulement 8% de la surface agricole utilisée (6 500 ha), sont principalement cultivées en vivrières et contribuent pour moins de 18% de la production vivrière.

. L’analyse des aptitudes et des contraintes bioclimatiques montre que les Comores bénéficient d’un contexte agro‐climatique très favorable.

. Par ailleurs, il convient de rappeler que ces terres subissent des pressions de toutes sortes qui contribuent à leur dégradation et leur perte de leurs aptitudes. Les causes directes principales de la dégradation des terres (DT) identifiées sont : (i) la déforestation, (ii) la surexploitation forestière et (iii) les pratiques agricoles non durables. L’île d’Anjouan est déjà très fortement déboisée. Le peu de forêt qui reste est relativement épargné en raison de sa localisation dans des zones de haute altitude et difficilement accessible (pentes extrêmement raids). La forêt Mohélienne est aussi très fortement menacée. Elle est localisée dans la crête centrale (entre 600 et 700 mètres d’altitude) et les bassins versants où les pentes, par comparaison aux autres îles, sont moins accidentées et les montagnes moins élevées. Les superficies de forêts les plus importantes sont sur la Grande Comore. La forêt de la Grille est presque détruite. Même si la canopée est partiellement intacte, le sous‐bois a été quasiment remplacé par les cultures, principalement la culture de bananier. La Forêt de kartala est de loin la plus grande et la moins menacée. Cependant les pressions sont fortes principalement dans les zones facilement accessibles.

. La dégradation des terres cultivables et des forêts est un point commun en Union des Comores. Les conséquences de cette dégradation sont : (i) la faible productivité des terres cultivables (moins de revenu pour les paysans et donc aggravation de la pauvreté, forte dépendance du pays vis‐à‐vis de l’extérieur, perte des devises), (ii) la diminution considérable du débit des cours d’eau (rareté de la ressource, source potentielle de conflits), (iii) la perte de la biodiversité (disparition des espèces encore inconnues et non inventoriées de la faune et de la flore, des essences forestières d’importance économique, des plantes médicinales), (iv) le changement du climat du moins à l’échelle locale (ensoleillement excessif, augmentation de la température du sol, déséquilibre des régimes pluviométriques). La dégradation des terres et des forêts constitue une menace sérieuse pour le développement durable du pays en raisons principalement de la place qu’occupe l’agriculture dans l’économie du pays (70% de la population active, 40% du PIB, la presque totalité des catégories touchées par la pauvreté vivent de l’agriculture) et de la forte dépendance des couches les plus démunies vis‐à‐vis des ressources naturelles.

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2.6.2 Biodiversité . Les Comores, de par leur nature volcanique récente, leur exiguïté et leur multi‐insularité possèdent une grande originalité que traduisent la diversité des paysages et la richesse de la biodiversité (faune et flore). La variété des écosystèmes côtiers et marins rencontrés (mangroves, récifs coralliens, plages, herbiers sous‐marins) constitue encore un potentiel à protéger et à valoriser du point de vue touristique.

. A l’échelle mondiale, les Comores font partie des 20 îles ou archipels caractérisés par leur diversité endémique. Le pays compte une grande diversité de plantes et un endémisme important qui en font un lieu d’intervention hautement prioritaire pour la conservation de la biodiversité mondiale (WWF et UICN 1995).

. Les Comores représentent le cas extrême d’îles présentant un taux de biodiversité très élevé, renforcé par un facteur altitudinal de (‐ 3000 à 2361 m). Elles sont classées « zone de hot spots » (endémicité élevée et menaces importantes) parmi les six grandes régions du monde. Toutefois ce potentiel de biodiversité est encore mal connu, et de ce fait mal géré et mal protégé. Le nombre d’espèces végétales est estimé à environ 2000 espèces sur les trois îles (Adjanohoun, 1982). L’inventaire réalisé dans le cadre du projet Régional « Plantes Aromatiques et Médicinales – PLARM » de la Commission de l’Océan Indien fait état d’au moins 350 espèces réparties en 120 familles, 118 genres et 132 espèces, dont 50 endémiques. L’intérêt de préserver la biodiversité des Comores découle de la nécessité d’assurer la stabilité de l’écosystème et du fait que de nombreuses espèces encore inconnues possèdent des potentialités pour la science, l’agronomie ou l’industrie pharmaceutique. Les Comores abritent le site de ponte le plus important de tortues marines de l’Océan Indien et le 10e dans le monde.

. D’autre part, les Comores sont situées à la limite de deux régions plancto‐géographiques à productivité différente :  la région du courant équatorial dont la faune phytoplanctonique a tendance à être dominée par des dinoflagellés et des coccolithophores, caractéristiques des eaux oligotrophes ;

 la région du courant de Mozambique, caractérisée par une dominance de diatomées, indicateurs écologiques des eaux productives. La production primaire est plus élevée pendant la mousson (saison des pluies : de novembre à avril). Elle est de l’ordre de 500 mg/cm/j (Casanova, 1968).

. La flore et la faune comorienne ont intrinsèquement des intérêts, économique, scientifique, récréatif, esthétique et culturel qui méritent d’être protégés et valorisés. La découverte en 1938 du Cœlacanthe (Latimeria Chalumnae) dans les eaux comoriennes a permis en effet, de faire d’énormes progrès dans le domaine de l’évolution anatomique des vertébrés. Ce fossile vivant que l’on croyait éteint (il n’y avait pas de traces fossiles

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de ce poisson depuis 80 millions d’années) représente à la fois un exemple d’un endémisme poussé à l’extrême et d’un animal dont la position dans l’évolution est unique.

. Des formations coralliennes, riches de 50 espèces, se sont développées différemment autour des îles et ce, en relation avec l’âge des îles et les conditions hydrodynamiques locales. Elles occupent environ 60% du littoral de la Grande‐Comore, 80% de celui d’Anjouan et près de 100% de celui de Mohéli.

2.6.2.1 La biodiversité terrestre . Elle est caractérisée par la variété des écosystèmes et des espèces ou groupes d’espèces. Parmi cette diversité biologique terrestre, un millier d’espèces de plantes vasculaires ont été recensé et quelques centaines parmi elles sont des espèces locales endémiques. L’ensemble de la flore du pays est estimé à environ plus de 2000 espèces (Adjanohoun et al. 1982). Elle va des plantes xérophiles aux plantes halophytes, ombrophiles, aux plantes vivrières et ornementales. Au moins 350 espèces ont été inventoriées actuellement et parmi elles de nombreuses plantes médicinales et d’intérêt économique. Les données disponibles montrent que plus de 33% des plantes vasculaires indigènes sont endémiques dont 43 espèces d’orchidées (Adjonohoun et al 1982, Ahama et Mohamed 1989, CNDRS 1992, 1993 ; WCMC 1994). La flore montagnarde montre de grandes ressemblances avec celle des hauts plateaux de l’Afrique de l’Est et centrale (Voeltzkow, 1917). La faune terrestre est diversifiée mais pauvre. Tous les grands groupes zoologiques sont représentés. On recense actuellement 24 espèces de reptiles dont 10 endémiques, 98 espèces d’oiseaux dont 35 sous‐espèces endémiques et 17 espèces de mammifères dont 2 espèces endémiques. Au niveau entomologique, 1200 espèces d’insectes ont été répertoriées et l’endémisme dans ce groupe est relativement important (30 à 60%). Parmi les espèces d’intérêt mondial, des mégachiroptères (notamment la chauve‐souris géante Livingstone) et les lémuriens.

. La plupart de ces espèces sont menacées par l’exploitation anarchique et illicite de l’espace forestier et la disparition des habitas naturels. A titre illustratif, en milieu forestier, alors que le sommet le plus culminant de l’archipel des Comores qui est celui du mont Karthala se situe à une altitude de 2361m, les dernières investigations menées sur le terrain par l’équipe du Projet « OCB/OMD » en janvier 2008, ont révélé l’intervention de l’homme à des altitudes de 995 m à (région de Bambao), 1172 m à Idjikoundzi (région de Dimani) et même 1238 m à Tsinimoichongo (région de Mbadjini). Les activités menées sont essentiellement liées à l’exploitation des terres (champs des taros, bananeraies, cultures de choux, etc.) et la quête du bois d’œuvre (chevrons, planches, lambours). Ces activités sont menées principalement par les populations des villages riverains de la région de Mbadjini, Hambou, Bamabo et Dimani.

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Cette situation est semblable à celle qui règne dans la forêt de Ntringui (Anjouan) et la forêt de Mledjelé (Moheli).

Carte 6 : Cartographie participative de la forêt du Karthala

2.6.2.2. Biodiversité marine . La biodiversité marine se caractérise par la présence d’une flore et d’une faune remarquable. La flore marine des herbiers est importante ; elle constitue des aires de reproduction, d’alevinage et de nurserie pour de nombreuses espèces (gastéropodes rampant sur les feuilles, petits crustacés, des poissons tels que les labres…). Ces herbiers hébergent également les espèces herbivores comme les dugongs, les tortues vertes et certains oursins. La faune côtière et marine est variée et comporte de nombreux éléments d’importance mondiale. L’espèce la plus connue est le cœlacanthe Latimeria chalumnae, qui se trouve dans les eaux côtières du pays. Il y a également les tortues marines (tortue verte et tortue à écaille), des dugongs et des invertébrés (corail noir, huîtres perlières, conques de Triton, turbo, bénitier..).

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Photo 7 : Cœlacanthe Latimeria chalumnae (source:4ème Rapport National sur la Diversité Biologique, mai 2009)

. Les écosystèmes littoraux et marins sont aussi remarquablement variés et comprennent mangroves, récifs de coraux (frangeant et barrière), algues et herbiers. En dépit de cette richesse en habitats variés, il n’existe à ce jour qu’une seule aire protégée créée officiellement, c’est la zone du parc marin de Mohéli. . S’agissant de la biodiversité d’eau douce, la liste des espèces de poissons et de macro‐ crustacés des Comores comprend 32 espèces d’eau douce : 20 de poissons et 12 de crustacés décapodes. Parmi celles‐ci, 7 espèces sont spécifiques à l’ouest de l’océan Indien auxquelles on peut ajouter 1 endémique des Comores et 1 endémique de Madagascar et des Comores.

. La diversité biologique marine est gravement menacée par les différentes pressions anthropiques qui s’exercent à plusieurs niveaux. En effet, des habitats écologiquement importants comme les récifs coralliens, les herbiers sous‐marins, les mangroves et les plages constituent des écosystèmes sensibles menacés par l’évolution des conditions climatiques et les apports terrigènes en liaison direct avec la forte concentration de la population et des infrastructures économiques sur la frange côtière. Certaines pratiques comme la pêche par des moyens destructeurs, la pollution par les décharges de pesticides, le déversement des eaux usées et des déchets solides, l’urbanisation côtière anarchique et la forte pression démographique, accentuent la vulnérabilité de la

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biodiversité marine. La biodiversité marine est aussi menacée par le prélèvement excessif tant des coraux que du sable à des fins de construction qui met en péril l’équilibre fragile des écosystèmes côtiers. Le prélèvement de sable des plages et des galets affaiblit les habitats marins et côtiers et les expose à l’érosion. Les mangroves sont aussi abattues de façon désordonnée et destructive. En mer, les techniques de pêche telles que l’usage des substances toxiques ou de la dynamite sont extrêmement nuisibles aux écosystèmes marins et contribuent à la surexploitation halieutique le long de la côte et à la destruction des récifs de coraux. Par contre, la haute mer est sous‐ exploitée, les pêcheurs locaux ne disposent ni des moyens ni des techniques appropriées pour mettre en valeur ces ressources. D’autres menaces pèsent également sur les ressources marines et côtières, elles sont surtout liées à l’augmentation des températures océaniques responsable du blanchissement des coraux, et à un des éventuels déversements accidentels d’hydrocarbure en mer.

III. CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA POPULATION

3.1 Histoire du peuplement

. Les données archéologiques du CNDRS confirmées par datation au carbone 14, indiquent que des hommes étaient déjà installés sur les îles dès 850 après J.C. La découverte de céramiques importées révèle l’intensité des relations avec l’Afrique et l’Orient dès cette époque. Il est provisoirement établi qu’au cours du premier millénaire, Ngazidja, contrairement à Ndzouani et Mwali, était faiblement peuplée en raison de l’absence d’eau sur l’île.

. La société comorienne était formée d’une multitude de groupes d’ascendance patrilinéaire, chaque groupe s’identifiant à un village dirigé par le père. Ces villages majoritairement côtiers étaient vraisemblablement construits en végétaux et non à partir de sable et de coraux ; on en déduit que les paysages côtiers étaient alors quasi intacts. Les habitants vivaient de chasse et de pêche, l’activité agricole était réduite.

. Aux alentours du XIIIème siècle, lors de l’arrivée de deux princesses et d’immigrants chiraziens, l’occupation du littoral s’accéléra avec la croissance de la population et les bedja (chefs locaux) créèrent la chefferie à base territoriale en épousant les princesses et en fondant plusieurs dynasties de sultans qui régnèrent sur l’île. Chaque clan matrilinéaire était lié à un territoire bien délimité qui ne fut jamais remis en cause hormis les cantons frontaliers de M’Boudé, Oichili et de Dimani possédant les terres les plus fertiles. Ainsi le clan de lignée royale Inya Fwambaya régnait sur Itsandra, Washili et Hamahame ; tandis que le clan de lignée royale Inya Matswa Pirusa contrôlait essentiellement la Bambao et ses principautés annexes, Mitsamihuli, Hambuu, M’Bwankuu et Boikou et le clan Mdrombozi cantonné au sud‐est de Ngazidja dominait le Mbadjini auquel le Domba était incorporé depuis longtemps.

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. L’immigration chirazienne, particulièrement importante au début du XVIème siècle, serait à l’origine du renforcement de l’islamisation de l’Archipel et l’instauration du Sultanat comme système de gouvernement. On assiste alors à un épanouissement de la civilisation matérielle de Cités‐Etats très prospères (palais, portes monumentales, mosquées et tombeaux) et à l’accès au pouvoir de nombreuses femmes.

. Des liens économiques (commerce maritime), sociaux et religieux (âge d’or de la civilisation islamique) se multiplient entre les individus indépendamment de leur groupe d’ascendance. Les hommes, vivant en villages compacts construits « en dur » (abandonnant les paillotes), aspirent à la création d’institutions permanentes et stables. Celles‐ci devaient garantir entre autres, au‐delà du cadre devenu étroit du groupe d’ascendance, la sécurité publique et surtout le fonctionnement de l’activité économique fondée sur le commerce maritime, l’agriculture, l’artisanat et l’élevage. Ainsi à l’époque des sultanats, la population était essentiellement massée sur la côte où les foumbous leur procuraient de l’eau douce et où les produits de la pêche venaient se joindre aux autres moyens de subsistance (plantes vivrières, bovins, ovins et caprins).

. Les différents sultanats se querellaient sans cesse entre eux et avec les lointains cousins de Zanzibar, Kilwa et Mogadiscio sur la côte d’Afrique Orientale au sujet de conflits familiaux à tel point que les îles furent nommées « l’archipel aux sultanats batailleurs ». En s’affaiblissant les uns les autres, les sultanats furent une proie facile au XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle pour les pirates et les aventuriers fréquentant la route des Indes et faisant escale aux Comores afin de s’approvisionner en esclaves pour servir dans les plantations des Mascareignes. Une immigration islamique vigoureuse se fit au XIXème siècle à partir du royaume de Bu Saïdi (Oman, Bab el Mandeb et Mozambique) expliquant la présence de patronymes de l’Hadramaout aux Comores. L’insécurité occasionnée par les incursions malgaches conduira les sultans comoriens à recourir au « protectorat français », prélude à la colonisation de l’Archipel dès 1843 (Mayotte), Ngazidja (1885). L’arrivée de Pakistanais et d’Indiens au XXème siècle se spécialisant dans le petit commerce et l’import‐export enrichit le peuplement des Comores.

. Ainsi ces différents mouvements de population (des bantous d’Afrique Centrale mélangés petit à petit aux Malais, Perses, Arabes, Chiraziens, Pakistanais, Indiens et Européens) ont donné lieu aujourd’hui à une population homogène caractérisée par les mêmes us et coutumes, la même langue, le shikomori, et la même religion l’islam sunnite.

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3.2 Contexte démographique et indicateurs socio‐économiques

. Au dernier recensement Général de la population et de l'habitat 2003, la population comorienne est estimée à 575.660 habitants inégalement repartie entre les îles : 296.177 à Ngazidja, 243.732 à Ndzouani et 35.751 à Mwali. Les Comores sont un pays à démographie explosive avec un taux d'accroissement annuel moyen de 2,1% entre 1991 et 2003 et sont surpeuplées avec une densité moyenne de 309 hab/km² et atteignant même 575 hab/km² à Ndzouani.

TABLEAU 01 : POPULATION ET DENSITES DE LA POPULATION AUX RECENSEMENTS DE 1980, 1991 et 2003

POPULATIONS DENSITES TAUX D'ACCROISSEMENT ANNUELLLES ANNUELLES ILE (%) (habs/km2)

1980‐ 1980 1991 2003 1991 1991‐2003 1980 1991 2003

MWALI 16536 24331 35751 3,6 3,3 57,0 83,9 123,3

NDZOUANI 135958 188953 243732 3 2,1 320,7 445,6 574,8

NGAZIDJA 182656 233533 296177 2,3 2,0 159,2 203,6 258,2

Ensemble 335150 446817 575660 2,7 2,1 180,1 240,1 309,3

Source : Recensement général de la population et habitat 2003

. L'espérance de vie à la naissance est de 65,5 ans (données 2005) ; les femmes représentent 50,4 % de la population laquelle population vit essentiellement en milieu rural à hauteur de 72,1%.

. La structure démographique des Comores est aussi marquée par le poids des jeunes qui représentent en 2003, 53% de la population pour les moins de 20 ans et 42% pour les moins de 15 ans et comme l’indique le tableau qui suit. Le rapport de dépendance global, défini comme étant l'ensemble des enfants de moins de 15 ans et des vieillards de plus de 64 ans rapportés à la population de 15‐64 ans, est de 89% au recensement de 2003 avec une différence notable entre le milieu urbain (72%) et le milieu rural (96%). Une telle structure par âge pose d'énormes défis au pays, surtout dans la prise en charge de la jeunesse en matière d'éducation, de santé, de nutrition, d'emploi et de loisir. La taille moyenne des ménages comoriens est de 6,3 personnes.

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TABLEAU 02 : POPULATION RESIDANTE PAR GROUPE D'AGE ET SELON LE SEXE

Groupe d’âge Masculin Féminin Total % de la population totale 0‐19 154 726 151 049 305775 53 20‐39 72076 78849 150925 26 40‐59 37934 38434 75828 13 60‐79 17874 17080 34954 6 80‐94 3132 3973 7105 1 95+ 502 570 1072 0,18 Total 285 705 289955 575 660 100 Source : Recensement général de la population et habitat 2003 (tableau reconstitué)

. Le profil démographique des Comores montre aussi une forte concentration de la population sur la zone côtière avec un taux de croissance et une densité relativement élevés. L’augmentation rapide de la population engendre des distorsions dans l’utilisation des ressources déjà limitées et menacées par l’instabilité du climat entraînant une incidence élevée de la pauvreté et de la malnutrition, surtout en milieu rural dont la contribution à la pauvreté des familles est de 78,8%.

TABLEAU 3 : PROFIL DEMOGRAPHIQUE DES COMORES

Indicateurs (2006) Valeurs

Population totale 575 660

Taux de croissance 2,1%

Proportion des hommes 49,6%

Rapport hommes –femmes 0,98

Densité 309

Population de moins de 20 ans 53,0%

Population urbaine 30%

Population zone côtière 65%

Taux brut d’alphabétisation 56,5%

Population résidente à l’extérieur 35%

Espérance de vie à la naissance 65,5 ans

Source : Commissariat Général au Plan,RGPH 2003 et EIM 2004

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Tableau 3 (suite)

Indicateurs (2006) Valeurs

Taux de prévalence du paludisme 34,6%

Proportion d’enfants de moins de 5 ans accusant un 44,0% retard de croissance

Proportion d’enfants de moins de 5 ans accusant une 7,9% émaciation

Proportion des ménages vivant dans un habitat 10% précaire

Seuil de pauvreté en FC1 (par tête et par an) 285144

Taux de chômage 13,5%

Taux de chômage 14%

Taux net de scolarisation (%) 73%

Espérance de vie à la naissance 65,5ans

Mortalité infantile (pour 1000) 83,2

Mortalité juvénile (pour 1000 naissances) 32,4

Taux de pauvreté (part des ménages vivant en dessous du 36,9% seuil de pauvreté)

Indice de développement humain (IDH, classement des 132ème /174 nations unies

. Le taux de chômage élevé pourrait expliquer d’une part, l’exode rural qui dépouille les villages de leurs forces vives et d’autre part la forte émigration de la population jeune vers l’étranger. C’est dans ce contexte que l’essentiel de l’effort de développement est orienté prioritairement en direction du milieu rural à travers de nombreux programmes et projets. Des programmes de planning familial ont permis de réduire le taux de croissance, passant de 3,2 % en 1990 à 2,1 % actuellement.

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IV. ECONOMIE

. La situation actuelle de développement du pays est marquée par des faibles performances économiques, le PNB/hab est estimé à 450 $ USA. Entre 1999 et 2005, le pays a connu une croissance moyenne de 2,2% qui a atteint un pic de 4,2% en 2005. Cette croissance est en partie due à la relance de la demande intérieure (consommation privée financée en partie par le transfert des fonds privés), combinée à la hausse des investissements publics (40% des dépenses de l’Etat). Cependant, ces deux paramètres ont connu des déclins inquiétants à partir de l’année 2006, entrainant des taux de croissance extrêmement faibles, 0,2% en 2008 et 1,2% en 2009, en dessous du taux de croissance démographique et par conséquent une dégradation du niveau de vie et de l’indice de Développement Humain (IDH).

. Par ailleurs, l'inflation qui s’était établie à environ 3,7 % en moyenne entre 1999 et 2005 a également connu des hausses importantes à partir de 2006, contribuant ainsi à l’érosion du pouvoir d’achat des populations et par conséquent à leur paupérisation.

TABLEAU 4 : EVOLUTION DU TAUX D’INFLATION ANNUEL 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Taux d’inflation (%) 3,7 4,5 3,2 3,4 4,5 4,7 4,9 Source : Rapport Banque Centrale 2009

. Sur le plan structurel, l'économie comorienne se caractérise par un dualisme entre un secteur agricole essentiellement de subsistance et peu productif, représentant 40 à 44 % du PIB en moyenne (39,3% en 2008 et 52% en 2009 selon les rapports de la Banque Centrale), bien qu'il occupe près des deux tiers des emplois et un secteur tertiaire relativement développé, représentant 36% du PIB en moyenne, désormais hypertrophié par le commerce d'importation. Le secteur secondaire reste marginal en terme de contribution au PIB avec seulement 8 à 12 % en moyenne. En 2009, il a représenté 11,3% du PIB selon le rapport de la Banque Centrale.

. La presque totalité des exportations du pays repose sur des produits agricoles limités essentiellement à trois cultures de rente (Vanille, Clous de girofle et Ylang‐ylang), fortement tributaires des variations de leur cours sur le marché international et des avancées technologiques en matière de produit synthétique de substitution. La conjoncture a été très défavorable ces six dernières années pour la vanille, contrairement aux années précédentes avec des conséquences très catastrophiques pour les exportations et les recettes budgétaires.

. Les importations continuent à augmenter aggravant une balance commerciale structurellement déficitaire. En 2009, elles ont augmenté de 24% en valeur et de 49% en quantité par rapport à l’année 2008.

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. A la fin 2009, la dette extérieure contractée et garantie par l’État comorien était estimée à 286,8 millions de dollars (arriérés compris) en termes nominaux, soit 213,1 millions de dollars EU en termes de VAN. La dette multilatérale représentait un peu plus des trois quarts du stock total de la dette en termes nominaux, les encours auprès de l’l’IDA atteignant à eux seuls 42 % de la dette extérieure totale. Les autres partenaires multilatéraux détenant des créances importantes sur les Comores sont le FAD (13,3 % du total de la dette extérieure), la BADEA (9,6 %), le FMI (3,5 %), la BID (3,3 %) et le FIDA (2,8 %). Le montant global des créances du FODI, de la BEI et du FMA s’élève à 2 % de la dette totale. Les créanciers du Club de Paris, au premier rang desquels la France, représentaient 26,5 % de la dette bilatérale et commerciale en termes nominaux à la fin de 2009. Les créanciers officiels non membres du Club de Paris représentaient 15 % du total de la dette extérieure (le Koweït, l’Arabie saoudite, Maurice et les Émirats arabes unis). Trois créanciers commerciaux (la Banque Postale, la Cotecna et les Hôpitaux de Paris) détenaient à fin 2009 2,3 % des encours totaux de la dette extérieure des Comores.

. On peut cependant noter des avancées importantes avec la signature du programme triennal avec le FMI en septembre 2009 et la décision du Club de Paris en novembre 2009 de réduire de 80% le service de la dette comorienne, concourant à l’amélioration du taux d’endettement public de 67,5% du Pib en 2008 à 62,5% en 2009, grâce aux paiements réguliers des échéances sur la dette extérieure.

. Pour ce qui concerne la dette intérieure, la situation est plus problématique. Elle atteindrait en 2009 le montant de 10,3 milliards de Francs Comoriens incluant les arriérés de salaires des agents de l'Etat qui cumulent plus de 10 mois non payés. Les finances publiques sont caractérisées par un déficit budgétaire chronique. La faiblesse des ressources internes est comblée principalement par le recours à l'aide public au développement d'une part et d'autre part aux transferts privés en provenance de la diaspora comorienne estimés à environ 20 milliards de FC par an. La situation de déséquilibre économique et financier persistant place les Comores dans une position de dépendance vis‐à‐vis de l'extérieur. L'économie comorienne souffre encore d'un manque de compétitivité, à cause notamment du coût élevé des facteurs de production, d'un manque de politique énergétique et de l'étroitesse du marché intérieur.

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Tableau 5 : Evolution comparative des principaux indicateurs économiques et financiers de base

Indicateurs 1994‐1998 1999‐2005 2006‐2010 (moyennes (MP) (MP) périodiques MP)

Croissance économique (moyenne annuelle en %) 1% 2,2% 0,4

Produit intérieur brut par tête d’habitant (en fc) 140 000 150 000 139 565

Exportations (moyenne annuelle en millions de fc) 2 630 6 573 3700

Exportations de vanille (moyenne annuelle en 1 088 4 222 840 millions de fc)

Importations (moyenne annuelle en millions de fc) 19 904 26 495 61 523

Balance de paiement (moyenne annuelle en ‐5765 +2735 ‐17 000 millions de fc)

Déficit budgétaire (moyenne annuelle en millions ‐3734 ‐2882 ‐ de fc)

Masse salariale / recettes (%) 66% 48% +70%

Part des dépenses de l’Etat dans l’investissement 10% 40% 9% public (%)

Source : Rapport BCC 2009 / CGP

4.1 Analyse sectorielle 4.1.1 Le secteur primaire . Le secteur primaire est largement dominé par l’agriculture, l’élevage et la pêche. Ces sous secteurs contribuent à la formation de la valeur ajoutée. Ainsi les cultures vivrières contribuent pour 47 % de la valeur ajoutée du secteur, la pêche pour 21 %, les cultures d’exportation pour 13 %, les forêts pour 11 % et l’élevage pour 8 %. La croissance annuelle du secteur se situe entre1, 5 à 2 %.

. Le secteur primaire nous l’avons vu contribue à la formation du PIB à 40% et emploie plus de 80% de la population active, tout comme il représente la quasi-totalité des exportations.

. Ce secteur n’a réellement connu après l’indépendance, une réelle organisation qu’à partir de 1994, date d’élaboration de la politique de développement agricole. Cette dernière définit la politique sectorielle en mentionnant les principales mesures que le Gouvernement s’engage à prendre, les objectifs généraux visés pour la relance de l’économie agricole nationale et les principaux axes stratégiques et ceci en tenant compte des ressources nationales disponibles et des capacités d’absorption du pays.

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. les objectifs généraux assignés au secteur sont donc :

 L’amélioration de la balance agro-alimentaire pour atteindre la sécurité alimentaire  La création d’emplois dans le secteur agricole et para-agricole  L’exploitation durable des ressources naturelles

. Cette politique de développement agricole est en général soutenue par les partenaires à travers la mise en œuvre de projets et programmes sectoriels de développement lesquels ont permis au départ une amélioration sensible des revenus et de la disponibilité alimentaire.

4.1.1.1. Agriculture . La superficie brute utilisée par l'agriculture représente 90% de la superficie géographique totale à Anjouan, 77% à Mohéli et 61% en Grande Comore.

. L'agriculture est essentiellement pluviale. Les associations de cultures constituent le mode dominant d'utilisation des terres; cette pratique bien adaptée aux conditions naturelles et démographiques du pays offre l'avantage de répartir les risques culturaux, de mieux utiliser l'eau de pluie et d'assurer une couverture végétale quasi‐permanente qui limite les risques d'érosion et de dégradation des sols. Les trois îles ont des opportunités de croissance agricole très différentes, Mohéli recelant le meilleur potentiel, et Anjouan le plus faible.

. Par rapport aux structures de production et selon la Direction de la statistique, les terres exploitables à des fins agricoles sont estimées à environ 110 000 hectares (soit les deux tiers du territoire). Les terres cultivables non encore exploitées sont estimées à 32 000 hectares, localisées sur Ngazidja et Mwali. La superficie cultivable sur Ndzouani s'étend actuellement aux dépens des zones forestières et sur des terres marginales, très sensibles à l'érosion. Au niveau de Ngazidja, les terres encore disponibles nécessitent un travail d'épierrage important, de fertilisation et de mise en place de dispositifs anti‐ érosifs. On dénombre entre 40 000 et 50 000 exploitations agricoles. La taille des exploitations agricoles est d'environ 1 à 2 hectares en moyenne pour une famille de sept à huit personnes. En se rapportant aux densités de la population, et en tenant compte des domaines appartenant aux grands propriétaires et aux sociétés, l'unité de production par personne varie d'une île à l'autre, mais reste en dessous de 0,25 hectare. La taille moyenne des exploitations cache cependant des disparités importantes à l'intérieur de chaque île dans la mesure où on dénombre quelques grands propriétaires alors que certains ménages n'ont pas accès à la terre. Sur l'île de Ndzouani, on estime que 20 % des ménages sont sans terre cultivable.

. Ce sous secteur a demeuré néanmoins et pendant un certain temps au centre des préoccupations à la fois des autorités nationales et des partenaires, en particulier l’Union Européenne, le FIDA, l’AFD, la FAO et la Banque Mondiale. Il a de ce fait bénéficié dans le cadre de la mise en œuvre de la politique agricole d’importants appuis à travers ses différentes filières principales que sont : la filière vivrière, la filière maraîchère et la filière de rente. Ces appuis ont essentiellement consisté à créer les conditions favorables à une relance effective du secteur, notamment i) la mise en place d’infrastructures, ii) la

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formation et l’encadrement des paysans sur les techniques améliorées de production et iii) le développement de services transversaux, tels que l’approvisionnement en intrants et la mise en place de systèmes de financement adaptés.

. Le bilan de la mise en œuvre de cette politique réalisé en 2001 avec l’appui de la FAO a indiqué que des avancées notoires ont été enregistrées en terme d’amélioration des conditions de travail des paysans et par conséquent des revenus mais que beaucoup restait encore à faire surtout par rapport à l’atteinte des objectifs de départ fixés par la politique de développement agricole.

. Malgré ces performances relatives, la situation actuelle est telle que le pays n'est pas autosuffisant en produits alimentaires. Les importations alimentaires ne cessent d’augmenter d’année en année et les revenus des paysans, de chuter de manière vertigineuse.

. En effet 80% des cultures vivrières (bananes, manioc, patate douce, maïs, tomates, etc.) sont essentiellement destinées à l'autoconsommation et font l'objet d'une commercialisation limitée, principalement entre les îles. Elles constituent la base de l'alimentation mais n'apportent que 40% des apports énergétiques de la population. La croissance de la production vivrière étant inférieure à la croissance démographique, cette production est insuffisante pour couvrir les besoins alimentaires. La part de la production locale dans la consommation alimentaire continue à diminuer avec le temps, principalement à cause i) de la croissance de la population qui est supérieure à la croissance de la production; ii) des habitudes alimentaires qui changent au profit des produits importés, notamment du riz considéré comme plus facile à préparer. Par ailleurs, cette filière vivrière fait face à de nombreuses contraintes à la fois endogènes et exogènes qui contribuent à freiner sa véritable promotion, telles que :  la diminution progressive des surfaces cultivables,  la surexploitation des sols,  la déforestation et le morcellement des parcelles  la question foncière  la diminution des possibilités d’approvisionnement en semences  l’absence totale d’encadrement technique ou la défaillance des services d’encadrement des Ministères de tutelle.  L’absence d’une politique ou stratégie commerciale  La prolifération des maladies et des parasites en particulier l’aleurode du cocotier en grande comore qui a causé une chute drastique des productions et l’augmentation des importations de noix de cocos à partir de la Tanzanie.

. Par ailleurs, la faible productivité des cultures‚ les vols‚ la dévastation des cultures par les animaux et le faible niveau des prix au producteur découragent les agriculteurs qui se tournent graduellement vers une agriculture de subsistance et d’autres activités non agricoles jugées moins risquées et quelques fois destructives de l’environnement, tel que le bûcheronnage.

. S’agissant de la filière maraichère, elle est fortement monétarisée car ses spéculations n’entrent pas dans les habitudes alimentaires des populations. Cette filière a également

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bénéficié d’importants soutiens de la part des partenaires ayant permis de diversifier les sources de revenus agricoles et de réduire sensiblement la pauvreté dans le milieu rural. Les études successives de terroirs menées par le PNDHD à partir de 2008, ont indiqué que la filière traverse actuellement une situation de déclin inquiétante, due essentiellement au manque d’eau, à la prolifération non maîtrisée des maladies et des parasites ainsi qu’à la déstabilisation du système d’approvisionnement en intrants et semences laquelle a engendré une hausse vertigineuse des coûts de production.

. Pour ce qui est des filières de rente ou d’exportation, il convient de rappeler qu’elle est essentiellement constituée par la vanille, l’ylang et le girofle. La vanille constitue en valeur la plus importante des exportations (43 %), même si sa productivité est relativement basse. Pour 1'ylang‐ylang (huile essentielle utilisée pour la parfumerie), la production moyenne annuelle est de 80 à 90 tonnes, soit environ 70 % de la demande mondiale, en général. Cette production a connu une baisse ces dernières années. Elle est passée de 48tonnes en 2008 à 44 tonnes en 2009. Par contre la quantité de girofle exportée est passée de 849 tonnes en 2008 à 2683 tonnes en 2009. Ces trois productions constituent l’essentiel des exportations du pays. L'exploitation de ces produits, au niveau du producteur, relève plus de l'agriculture de cueillette que de celle d'une exploitation véritable et au niveau des transformateurs, les équipements sont rudimentaires et la compétence technique inégale. Il en résulte une baisse de qualité dommageable à l'image nationale sur les marchés.

Tableau 6 : Evolution de la production de rente de 2004 à 2009 (en tonnes) 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Vanille 60 65 75 76 50 50 préparée Girofle 3200 1500 2500 3500 3000 1700 Ylang‐ylang 35 50 45 50 49 40 Source : Rapport BCC 2009

. A partir de l’année 2004, la filière vanille a commencé à connaitre un début de récession due en grande partie à la chute brutale de la demande internationale laquelle a engendré des chutes brutales des prix à l’exportation et une accumulation des stocks invendus et par conséquent une chute de la production. Celle‐ci est passée de 200 tonnes dans les années 90 à 50 tonnes en 2009. En 2009, le prix du kilogramme de vanille verte a été de 500FC, niveau le plus bas de la décennie, alors qu’il avait atteint 10.000Fc en moyenne durant la campagne 2002 et le kilogramme de vanille préparée a également chuté, passant de presque 100 000 FC en moyenne en 2003 à moins de 5000 FC en 2009. Les études récentes menées par le PNDHD en milieu rural ont indiqué que cette récession de la vanille a engendré des situations de pauvreté et de précarité inquiétantes car cette filière constitue une source principale de revenus pour un grand nombre de familles. Elle contribuait à répondre aux nombreux besoins monétaires des populations rurales, notamment les besoins de scolarisation, de santé et d’investissement, en particulier l’habitat. Cette récession a également créé un

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déséquilibre au niveau du budget de l’Etat qui s’est trouvé amputé d’une source d’alimentation non négligeable. URCES : B RI . L’essentiel du travail agricole, quelque soit la filière, est fait manuellement et les techniques de production demeurent encore peu intensives en capital. Ce mode de production se traduit par des rendements faibles, inférieurs au potentiel du matériel végétal existant ou que permettraient les sols agricoles.

. S’agissant du profil des agriculteurs, les études récentes (2010 PNDHD) ont indiqué un renouvellement progressif mais lent de la force de travail. En effet, plus de 60 à 70% des paysans ont un âge moyen compris entre 35‐50 ans. Par contre les jeunes moins de 30 ans éprouvent un certain désintérêt vis‐à‐vis du secteur agricole, préférant immigrer vers l’île voisine de Mayotte ou carrément en métropole (France) à la cherche d’une vie meilleure. VANILLE, MAISON DES ÉPICES, ESTIMATIONS B

4.1.1.2 Elevage . L’élevage joue un rôle non négligeable dans l’économie comorienne et dans la lutte contre la pauvreté. Sa part dans le produit intérieur brut représente 8 %. Malgré le faible effectif des ruminants, les programmes d’amélioration de la productivité du cheptel menées dans les îles ont permis d’améliorer de façon significative les rendements en lait et viande surtout dans la région de Nioumakélé où l’adaptation des animaux s’est opérée sans grande difficulté. La production de lait a été ainsi multipliée par 5 (passant de 1 ou 2 litres par jour pour la race locale à 5 à 10 litres par jour pour les vaches métisses Frison Holstein durant les dix dernières années). Les bovins métis atteignent 200 à 300 kg à l’âge de 3 ans au lieu de 150 à 200 kg au bout de 5 ou 6 ans pour les races locales.

. Par rapport à l’élevage des ruminants, on observe également une tendance à une spécialisation par île : élevage laitier bovin à Ndzouani et élevage caprin à Mwali, Ngazidja étant importatrice d’animaux vivants, même si une propension à l’aviculture semble se manifester dans l’île.

. D’après le recensement général de l’Agriculture de 2004, les effectifs totaux des ruminants par espèce sont de 62.985. Les bovins sont les plus nombreux (47 %) suivis des caprins (46%) et des ovins (7%).

. L’élevage reste encore un moyen d’épargne et de prestige surtout en grande comore, dans la mesure où les animaux sont consommés principalement à l’occasion de grandes fêtes sociales, en particulier lors des grands mariages. Cette spéculation présente toutefois les caractéristiques suivantes :

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 Très faible effectif dominé par les bovins suivis des caprins, selon le recensement de 2004, les ovins étant en très faible nombre ;  Troupeau fortement atomisé et pratique de l’élevage à l’attache en raison d’une forte concurrence foncière avec l’agriculture ;  En général une faible productivité sauf dans les pôles de développement comme Nioumakélé à Ndzouani et d’Itsamia à Mwali ;  Des races bien adaptées aux conditions sanitaires et alimentaires des îles, surtout à Anjouan.  Longtemps protégé des introductions des maladies en raison de son insularité et son état d’archipel.  Des éleveurs très réceptifs à l’innovation technologique ;  Manque de pâturages obligeant la pratique d’une alimentation à base de fourrages arbustifs qui tend vers la plantation fourragère de graminées.

. Cependant, le bon statut sanitaire qui caractérisait le cheptel comorien a commencé à se dégrader lentement depuis fort longtemps en raison des importations d’animaux vivants qui introduisent de nouvelles maladies : deux vagues d’épizooties ont frappé Ngazidja en 30 ans : le charbon symptomatique introduit de Madagascar entre 1970‐ 1975 et le complexe des maladies transmises par les tiques en provenance de Tanzanie (Babésiose, Cowdriose et Théilériose) en 2003. Une seule vague de charbon symptomatique a été introduite à Ndzouani en 1998 d’animaux en provenance de Maore et aucune à Mwali.

. Si des efforts ont été consentis par l’Etat pour contenir le charbon symptomatique et d’autres épizooties, il reste que les maladies telle que la Théilériose ont commis des dégâts énormes sur le cheptel bovin local, en particulier en Grande Comore où des régions entières sont complètement décimées avec des taux de mortalités atteignant les 90% (cas de la région de Mbadjini) et cela en dépit de l’appui apporté par la FAO pour contrôler et éradiquer la maladie. Les conséquences n’ont pas tardé à se manifester, car les récentes études de terroirs menées par le PNDHD (2008, 2009, 2010) ont également indiqué que cette maladie est à l’origine de la pauvreté grandissante en milieu rural, plus particulièrement dans les zones d’intervention du programme. Les effets destructifs de ces épizooties sont moindres à Anjouan et Mohéli où des dispositions rigoureuses de contrôles des introductions d’animaux vivants sont appliquées. Mais ce n’est pour autant pas suffisant pour développer l’élevage au niveau de ces deux îles car des problèmes sérieux de commercialisation du lait se posent, entraînant des chutes drastiques des revenus des éleveurs et par conséquent leur appauvrissement.

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. S’agissant de l’aviculture intensive, elle s’est rapidement développée à partir des années 80 avec la mise en place des organisations d’éleveurs et leur responsabilisation. Grâce aussi à la mise en place de services transversaux de crédit, d’approvisionnement en provende ainsi qu’à la mise en œuvre d’un programme soutenu d’encadrement et de formation par l’Etat à travers le Ministère de tutelle (Agriculture et Elevage) et avec l’appui des partenaires au développement, le pays a connu l’émergence d’une catégorie de professionnels du secteur ayant contribué d’une part, à la réponse d’une partie de la demande des populations en produits avicoles (œufs, poulets essentiellement) et d’autre part, à la réduction des importations. Malgré les efforts déployés au cours des deux dernières décennies, le secteur n’arrive pas présentement à satisfaire la demande intérieure en œufs et en chairs. Des importations massives de ces produits continuent à concurrencer la production locale et à drainer une partie des devises du pays. Mais en marge des importations de produits avicoles, d’autres contraintes continuent encore à défavoriser l’essor du secteur, notamment :

 La défaillance des services d’élevage du Ministère qui n’arrivent plus à assurer leur rôle de formation et d’encadrement des éleveurs  Le dysfonctionnement des organisations professionnelles du secteur (ACTIV, APSA)  Des approvisionnements coûteux et irréguliers (entre autres en poussins et en aliments pour bétail)  Absence de moyens de conservation et de transformation  Des moyens de transport inter‐îles défavorables au développement des échanges, induisant des prix élevés  Une inadéquation du système de crédit  Un système réglementaire de contrôle sanitaire aux frontières défaillant.

4.1.1.3 Pêche

. La pêche aux Comores est un des secteurs clés, jouant un rôle prépondérant dans l’économie du pays ; il contribue en effet à créer des emplois et à générer des revenus pour une bonne partie de la population, tout comme il contribue aussi et en grande partie à améliorer la sécurité alimentaire des ménages. Le développement récent de la pêche a permis la création de nombreux emplois, que ce soit au niveau de la production, mais aussi au niveau de la commercialisation. Aujourd’hui on estime à 8 500 les emplois de pêcheurs et 24 000 les emplois indirects (chantiers navals, commercialisation, magasins de matériel, etc.).

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. Les potentialités qu’il est sensé présenter sont aussi énormes ; il totalise 350km de côtes pour un plateau continental de 900km2 soit 90000 ha, et dispose d’une zone économique exclusive de 260000km2. Cette zone regorge de potentialités en ressources estimées annuellement à 33 000 tonnes lesquelles sont exploitées actuellement à hauteur de 64 %.

. Ses ressources se différencient en trois grandes catégories : les ressources démersales, les ressources pélagiques côtières et les ressources pélagiques océaniques, qui se distinguent autant par les techniques des pêche qui permettent de les exploiter, que par les logiques de gestion qu’elles suggèrent.

. La pêche aux Comores est de nature essentiellement artisanale laquelle constitue la phase évoluée de la pêche traditionnelle et est répartie tout le long des côtes au niveau de nombreux villages des pêcheurs. La pêche artisanale se caractérise par l’emploi de petites embarcations de 6,3 à 7,1m en fibre de verre, non pontées et motorisées ayant une puissance motrice n’excédant pas 25CV. Leur nombre est actuellement estimé à 3500 embarcations. Les initiatives d’appui apportées particulièrement par les partenaires au développement (Union européenne, Coopération japonaise, BAD…) a donné une impulsion au développement de la pêche se traduisant aujourd’hui par un taux de motorisation des embarcations de 30% faisant passer la production nationale de 6 000 tonnes en 1985 à 16200 tonnes en 2004 et actuellement ayant pour impact macro‐ économique l’annulation des importations des produits halieutiques frais et une contribution annuelle en devise aux recettes de l’Etat estimée en monnaie locale à 170.000.000 FC. Les captures nationales estimées aujourd’hui à 16200 tonnes se repartissent selon les proportions suivantes: 60,8 % Ngazidja ; 29,6% Anjouan et 9,6% Moheli. Elles sont composées à 60% par deux espèces principales à savoir les listaos et les albacores. . La pêche traditionnelle, elle, se caractérise par l’emploi de pirogues à balancier non motorisées. Leur nombre est estimé présentement à 3 500 soit environ 70% des embarcations recensées.

. La pêche industrielle, semi‐industrielle et l’aquaculture sont inexistantes au niveau national. Toutefois, un accord de pêche avec l’Union Européenne est signé tous les 4 ans depuis 1988 en vue de permettre à des armateurs européens d’exploiter la zone économique exclusive du pays, moyennant une contre partie financière qui contribuera en partie au développement de la pêche artisanale. Les nouveaux accords en vigueur datent de 2011 pour une durée de 3 ans, pour un nombre autorisé de bateaux égal à 75 au lieu de 60 précédemment. Ces accords ont la particularité de prévoir une enveloppe budgétaire forfaitaire non lieu au droit d’accès, estimée à 300 000 euros. . . Les techniques de pêche pratiquées dans l'archipel sont peu sophistiquées. La pêche à la ligne à main ou palangrotte constitue la méthode la plus employée. Quelques rares filets sont utilisés dans certains endroits de la Grande Comore ( et ) et

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dans la partie Ouest d'Anjouan. Ce mode de pêche, est néanmoins proscrit par la majorité des pêcheurs dans leurs zones de pêche réservée. La pêche à la traîne s’est développée avec la motorisation des embarcations d’une part et d’autre part suite aux projets de DCP qui ont été placés plus ou moins loin des côtes des trois îles. La pêche de nuit à la palangrotte à l'aide de lamparo (lampe à pétrole sous pression) est employée avec succès même si cette technique est interdite par certains villages. Dans tout l'archipel, la pêche au casier existe mais elle n’est pratiquée qu’à pied avec pose et relevée à marée basse. . . Par rapport à la pêche continentale, il convient de noter qu’il existe une pêche très réduite de crevettes d’eau douce sur Anjouan et Mohéli. A cause de l’érosion, liée au déboisement pour la distillation de l’ylang‐ylang, sur 50 petits cours d’eau à Anjouan, seuls dix ont de l’eau courante toute l’année.

Tableau 7 : Caractéristiques du secteur

Paramètres Moyenne annuelle Longueur des côtes (km) 427 Superficie du plateau continental (km²) 900 Superficie Zone Economique (km²) 160.000 Nombre de pêcheurs 8.500 Emplois indirects 24.000 Taux d’occupation 6% de la population Participation au PIB ≈ 8% Participation aux devises ≈ 5% Nombre d’embarcations 5.000 Embarcations motorisées 1 500 (30%) Production (tonnes) 16.200 dont 80% thonidés Chiffre d’Affaire des embarcations (Millions de FC) 11.340 Taux de VA (valeur ajoutée) 60% VA embarcations (M de FC) 6.804 Taux de perte du produit 10% Volume commercialisé 14.580 Marge revendeurs (FC/kg) 300 VA revendeurs (M FC) 4.374 VA totale pêche artisanale (M FC) 11.178 Apport accords de pêche : - Potentiel de pêche sous licences 4670 (tonne) 310 965 000 ( 615 000 euros) - Total contrepartie financière (MFC) Consommation par habitant (kg/an) 29 Source : Rapport sectoriel sur la pêche, Youssouf Ali Mohamed, 2007

. La totalité des produits de la pêche est commercialisée localement ou auto‐consommée, en frais. Il n’y a pratiquement aucune transformation si ce n’est un peu de fumage pour approvisionner les hôtels, et un peu de salage‐séchage en période de fortes productions

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où la commercialisation en frais est saturée. En cette période, une part non négligeable de la production est altérée.

. Le secteur de la pêche connait de sérieux problèmes de toutes sortes ces dix dernières années qui ont conduit à son déclin en raison de la cessation des programmes d’appui, de la diminution des investissements dans le secteur et le manque d’une réelle politique de pérennisation des innovations. Ce déclin s’explique par :  L’absence d’un système fiable de sécurité en mer  La rupture du système d’approvisionnement en intrants de pêche  La surexploitation de la frange côtière  Le dysfonctionnement des organisations professionnelles  L’absence d’un pôle de formation dans le secteur  L’accès difficile au crédit  L’insuffisance des moyens de stockage et de distribution des produits  Le manque de l’eau et d’électricité dans les sites de pêche  L’absence de circuit organisé de commercialisation

. . Et pourtant le secteur regorge d’énormes potentialités en matière de développement qu’il va falloir mettre à profit le plus rapidement possible en vue de le sortir de l’ornière dans lequel il se trouve.

4.1.2 Le secteur secondaire

. Le secteur secondaire comorien demeure encore très réduit (11,3 % du PIB en 2009). L’industrie (3,7 %) est apparentée plus à de l’artisanat qu’à une véritable industrie malgré quelques avantages comparatifs, notamment l’appartenance à la zone franc, à des zones économiques (ZEP/COMESA/COI), la proximité du marché de l’Afrique de l’Est et Australe.

. Le secteur est essentiellement dominé par de petites et moyennes entreprises, dont l’activité repose essentiellement sur :

 L’artisanat  La transformation des produits agricoles  La menuiserie  Les métiers du BTP (Bâtiments et travaux publics)  La fabrication de bateaux de pêche en fibre de verre  Le concassage  La fabrication de boissons (coca‐cola)  La fabrication de mousses  Les bijouteries

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 L’entretien et la maintenance des véhicules

. Ce secteur enregistre aussi une entreprise publique à caractère industriel qui produit l’eau et l’électricité (la MAMWE) et une autre qui produit des médicaments (la PNAC). La Pharmacie Nationale Autonome des Comores (PNAC) est un établissement public autonome à but non lucratif, produisant des médicaments génériques à bas prix, fabriqués sur la base de matières premières importées.

. La production industrielle a connu une légère hausse à partir de 2009, grâce au dynamisme du secteur du bâtiment, des travaux publics et à l’augmentation de la production d’électricité dans les grandes agglomérations. En 2009, 2,3 milliards FC de dépenses ont été engagés pour des chantiers routiers relatifs à l’aménagement et à la réhabilitation des infrastructures endommagées par les cyclones Gafilo et Elita dans les trois îles, des travaux de dragage du port de Mustamudu, des travaux de dragage partiel du port de Moroni, des travaux d’urgence de rétablissement du réseau routier dans le sud de Ngazidja après les fortes pluies de mars 2009, des travaux d’aménagement à l’Université des Comores. Les prévisions de 2011/2012 tablent sur une contribution au PIB de 12%.

. Toutefois, la part du secteur dans l’activité économique décroît régulièrement en raison de plusieurs handicaps, notamment l’étroitesse du marché local, l’insuffisance d’infrastructures industrielles, le coût élevé de transport, une main d’œuvre peu qualifiée, une absence de structuration (cas du BTP) et une absence d’un plan directeur de relance. Le secteur a enregistré un accroissement de 2,3 % durant cette dernière décade.

4.1.3 Le secteur tertiaire . Le secteur tertiaire représente 36% du PIB et repose essentiellement sur le Commerce de biens importés et l’Administration. Le poids de cette dernière dans le PIB se situe entre 12 et 20 % et ne cesse d’augmenter en raison d’une augmentation fulgurante de la masse salariale. En 2010 elle a facilement frôlé le 2 milliards de FC.

. Dans cette partie nous analyserons quelques sous secteurs majeurs.

4.1.3.1 Le tourisme . Le secteur du tourisme est reconnu comme étant un secteur à fort potentiel de croissance économique et d’emplois. En tant que secteur transversal, il a un impact sur des secteurs directement liés à son activité comme le transport, l’hôtellerie et les agences, mais également sur le commerce, les entreprises du bâtiment et des travaux publics, l’énergie, l’agriculture, la pêche, l’artisanat et les télécommunications.

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. Le patrimoine naturel et culturel, les potentialités importantes d’activités de découverte et sportive, et les activités villageoises forment une offre touristique très attractive sur l’ensemble du territoire national. Parmi les atouts, on note :

 45 sites d’intérêt touristique déjà recensés ;  un grand nombre d’espèces naturelles ;  une flore qui compte plus d’une centaine d’espèces d’orchidées ;  des espèces parmi les plus remarquables de la faune marine (Cœlacanthes, tortues marines et dugongs).

. La richesse culturelle s’étend aussi à d’autres manifestations telles que les cérémonies des grands mariages, les chants, les danses, la cuisine comorienne, le musée du CNDRS à Moroni, la médecine traditionnelle, les jeux et les activités villageoises . Le patrimoine historique national est riche et varié : des sites archéologiques, des édifices religieux, des édifices liés aux anciens sultanats, des fortifications et des sépultures.

. L’artisanat comorien présentent aussi de nombreux points forts facilement exploitables pour le développement du tourisme, entre autres : le travail du bois sculpté, la bijouterie traditionnelle et surtout, des potentialités de main‐d’œuvre qualifiée, dans le secteur de l’ébénisterie et la sculpture, de la vannerie et de la broderie.

. Les activités sportives s’adaptent à l’offre naturelle : la plongée sous‐marine, la pêche au gros au large et les randonnées en montagne.

. Globalement les ressources touristiques comoriennes se caractérisent par :  Une identité culturelle riche  Un patrimoine naturel exceptionnel  Un récif corallien remarquable  Une population très accueillante  Des plages encore vierges

. Grâce à ces atouts, le gouvernement a adopté une stratégie de développement du secteur en mars 1997 qui a fait l’objet d’une actualisation en 2005. Cette stratégie vise à préserver le patrimoine naturel et culturel, à impliquer la population locale et à lutter contre la pauvreté. Cette forme de tourisme est communément appelée écotourisme. Cette stratégie qui demande le soutien des bailleurs de fonds et l’intérêt des investisseurs internationaux et nationaux est appelée à se concrétiser par :

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 la création des relais éco‐touristiques et des pôles patrimoniaux d’intérêt touristique  le balisage des sentiers de randonnées  la mise aux normes des liaisons maritimes inter îles  l’amélioration des infrastructures de base  la formation des ressources humaines  la promotion et la commercialisation de produits touristiques  la création d’un observatoire d’acquisition des données sur le tourisme  le développement des circuits combinés régionaux.

. Le gouvernement a également élaboré une loi cadre sur le tourisme dont l’objectif vise à i) développer les activités de voyages, des hôtels et restaurants, et les activités directement ou indirectement liées au Tourisme, ii) à définir les dispositions légales et réglementaires liées au développement du Tourisme et iii) à définir les compétences et les domaines d’intervention relatifs à la Direction Nationale du Tourisme et de l’Hôtellerie et aux différentes directions des îles en général.

. Avant 1989, la fréquentation touristique était surtout composée du tourisme d’affaires, de missions et de séjours des comoriens qui vivent en France. En 1989, avec l’ouverture de l’hôtel Galawa, le tourisme d’agrément est devenu majoritaire, la fréquentation hôtelière a progressé rapidement. Mais à partir de l’année 2000, une baisse importante des arrivées touristiques a été enregistrée. Celles‐ci sont passées de 27 474 en 1998 à environ 18 900 en 2003. La clientèle hôtelière provenait essentiellement de l’Afrique du Sud, de la France, de l’Allemagne et de l’Angleterre. Cette progression était due à la fiabilité de la compagnie Emirates qui desservait les Comores et l’Afrique du Sud, les Comores et l’Europe, mais aussi les efforts de commercialisation et de promotion déployés par le complexe Galawa. De plus, le programme régional COI/tourisme, financé par l’UE a contribué en permettant aux Comores de participer aux différentes manifestations touristiques internationales. L’arrêt brusque de la compagnie Emirates, la fermeture de Galawa et l’instabilité politique ont provoqué une baisse des arrivées. Cette situation s’est traduite par une chute significative des recettes passant de plus de 5 milliards FC en 2000 à moins de 3 milliards FC en 2003.

. L’offre hôtelière avoisinait les 820 lits en 2005. Cette offre connait actuellement une légère hausse en raison de l’inauguration en 2008 de l’hôtel Karthala et la réhabilitation de l’hôtel Isandra mais c’est toujours largement en deçà de l’offre des autres pays de la région : plus de 14 000 lits à Maurice et environ 4 600 lits aux Seychelles. En plus, la qualité de l’offre en hébergement est inégale. Elle varie entre les normes d’accueil

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internationales et le confort sommaire que représente la majorité des établissements gérés par des non professionnels et avec un personnel peu formé. Le taux d’occupation annuelle est inférieur à 40%. On estime qu’environ 600 personnes travaillent dans les activités touristiques.

. Malgré les potentialités touristiques décelables, l’impact du tourisme ne se ressent pas encore sur les activités économiques. Le secteur reste encore sous‐exploité. En 2010 il a connu de moins bons résultats que prévus à cause du report des investissements. En effet, la reconstruction du complexe hôtelier Galawa, cédé à des industriels du Qatar et dont le coût est estimé à 70 millions USD, n’a toujours pas connu un début de réalisation. Les investissements estimés à 110 millions EUR du groupe koweïtien de la Comoro Gulf Holding pour l’aménagement de la corniche à Moroni n’ont pas non plus démarré. Le retard dans la mise en œuvre de ces projets s’explique par la récente crise financière internationale et l’incertitude politique aux Comores.

. Par ailleurs, en dépit de l’amélioration du transport aérien, les flux des arrivées sur le territoire national, fournis par la Direction Nationale du Tourisme pour l’année 2009 affichent un net recul de près de 23% par rapport à 2008, en relation avec le crash aérien qui s’est produit au tout début des vacances scolaires, période de fortes affluences, et qui s’est traduite par l’arrêt provisoire des vols de la compagnie Yemenia touchée par ce drame.

. Retenu comme moteur de croissance dans la stratégie nationale, le secteur du tourisme ambitionne de porter ses capacités d’accueil à 2 000 lits en 2014 et de créer 2 500 emplois. Cependant plusieurs contraintes et non des moindres sont susceptibles de compromettre ces projections si des actions sérieuses d’amélioration ne sont pas entreprises. Ces contraintes sont essentiellement les suivantes :  plusieurs sites naturels de bord de mer sont actuellement dégradés à cause du prélèvement du sable  la majorité des monuments et sites culturels sont peu connus du grand public et sont en état de dégradation, à cause de l’absence de protection, d’entretien, et de mise en valeur  l’artisanat souffre du manque de débouchés et de la concurrence malgache  les liaisons inter‐îles surtout maritimes ne sont pas adaptées à la clientèle touristique  les transports intérieurs (taxis) ne sont pas structurés  les tarifs des liaisons aériennes avec les pays émetteurs sont trop élevés  les conditions d’accueil dans les aéroports sont vétustes  l’extension de services bancaires à l’aéroport et dans les points touristiques importants est à revoir

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 le coût d’escale des croisières est élevé  l’absence de système de traitement de déchets et d’assainissement  l’insuffisance d’infrastructures  le manque de guides touristiques et de structures sérieuses de formation hôtelière

4.1.3.2 Le transport

. En raison du volume des importations, du poids des expatriés et du caractère insulaire du pays, le transport constitue un secteur clé dans l’économie des Comores, néanmoins handicapé par l’exigüité de son marché et l’isolement géographique du pays. L’insuffisance, la mauvaise qualité, et la gestion déficiente des infrastructures (routes, ports, aéroports) accroissent les coûts des échanges intra et inter îles, renchérissent le coût des intrants importés, réduisent la compétitivité des entreprises, augmentent de facto les prix des produits importés, et réduisent le pouvoir d’achat des ménages, notamment les plus démunis.

. Bien que le caractère insulaire du pays constitue un atout pour le développement du secteur des transports, les Comores accusent des faiblesses réelles dans le domaine. Les Comores ne disposent plus de compagnie nationale de transports aériens. Depuis la disparition, en 1994, de la compagnie Air Comores, le secteur du transport aérien inter‐ îles et régional a été repris en mains par des opérateurs privés (Comores Aviation, Comores Air Service...).

. Plusieurs projets de création d’une compagnie nationale de transport aérien à vocation internationale en partenariat avec des compagnies étrangères ont été étudiés malheureusement ils n’ont jamais réellement abouti. Pour l’instant, le transport international est assuré par des compagnies étrangères (Yemenia, Air Austral, Kenya Airways, Air Mad, etc.) et très récemment, la compagnie privée locale « Comores aviation internationale » a introduit des vols réguliers vers les pays de la région. Ces compagnies affichent un taux de remplissage record de juin à septembre, qui correspond à la période des vacances en Europe, en France notamment, où réside une forte diaspora comorienne. Le trafic aérien inter‐îles reste limité, et ne concerne que le transport des passagers. A peine 19.300 passagers en 2006.

. L’installation en 2004 de l’ASECNA (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar) se traduit par un renforcement des mesures de sécurité à l’aéroport international Moroni Prince Said Ibrahim (AIMPSI), avec l’installation d’équipement de détection, et des aménagements sécuritaires, notamment un scanner pour le fret, exigé par les compagnies internationales. Les aéroports secondaires de Mohéli et d’Anjouan souffrent toujours d’un manque d’équipements de navigation (météo, radiocommunications, etc.), manque de balisage des pistes, manque de sécurité incendie, etc. Ils devraient être dotés des mêmes équipements sécuritaires… D’importants travaux ont été réalisés pendant ces dernières années. La piste a été refaite, offrant toutes les garanties de la navigation aérienne. Ces travaux de

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revêtement devraient également s’effectuer sur les deux autres îles. Des nouveaux équipements de navigation aérienne ont été installés grâce à la coopération française. Une nouvelle aérogare construite par la République populaire de Chine a été inaugurée. Reste à achever les travaux de clôture de l’ensemble de l’aéroport. Le Gouvernement a affiché sa détermination à assurer une coordination entre les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, par la réalisation de passerelles pour assurer un transfert rapide et facile des passagers et des marchandises entre les différents modes de transport.

. S’agissant des transports maritimes, ils ont un rôle primordial à jouer dans le développement des activités socioéconomiques inter‐îles en complémentarité avec les transports aériens. Les connexions maritimes sont aujourd’hui dépendantes de quelques petits bateaux assurant les liaisons inter îles et régionale d’un niveau de confort et de sécurité tout à fait lamentable pour la plupart. Le transport inter‐îles est autrement assuré par une flottille d’une vingtaine de vedettes motorisées, de quelques bateaux automoteurs et de pirogues. Ces bateaux assurent occasionnellement la liaison entre les îles et quelques pays de la sous‐région. Chaque bateau fait en moyenne 6 voyages par mois entre les îles. Ces éléments sont aujourd’hui un vrai frein au développement touristique suivant une logique de découvertes.

. Quant aux liaisons internes, il convient de noter que sur la Grande Comore, une route fait le tour de l’île et une voie traversière passe à 600 mètres d’altitude pour rejoindre les côtes Est et Ouest. Aucune route ne monte au Karthala. A Anjouan, les routes font le tour de l’île, plutôt le tour de la montagne principale, permettant de relier les trois côtes (nord‐ouest, sud‐ouest et est) de cette île en forme d’étoile à trois branches. Elles passent par des cols en montagne franchissant les 1 000 mètres d’altitude. Sur les trois branches de l’étoile, seules deux sont reliées : le village de , sur la pointe nord, est encore à plusieurs heures de marche de la route. A Mwali, la route ne fait pas tout à fait le tour entier de l’île : il manque 4 km entre et Miringoni pour boucler le tour complet. Sinon toutes les régions de cette petite île sont accessibles par la route, qui serpente aussi en altitude. Elles sont d’assez bonne qualité car peu fréquentées. . . D’une manière générale, le réseau routier comorien compte environ 553 km de routes bitumées dans un état assez dégradé, et de 240 km de routes et pistes en terre, certaines devenues quasi impraticables. Le réseau routier est mal entretenu, faute de moyens et d’un personnel qualifié. Grâce au FADC (Fonds d’Appui au au Développement Communautaire), 30 localités de Ngazidja (40.000 habitants) qui disposent d’importantes ressources et potentialités agricoles, mais jusqu’alors isolées, ont pu être désenclavé. Une étude financée par la Commission Européenne pour définir une politique sectorielle des transports routiers à l’horizon 2030 a été réalisée en 2007, validée en juillet 2008. Le programme prévoit l’entretien et la réparation des routes nationales ainsi que leur élargissement. Des travaux sur les routes secondaires pour désenclaver les centres de production sont aussi programmés. Des formations seront assurées pour améliorer la gestion et le contrôle des travaux. Par ailleurs, la Loi des finances de 2007 a réhabilité le Fonds d’Entretien Routier » (FER). Ce compte devait en principe être alimenté par 15% des produits de la taxe unique sur les produits pétroliers. Le Fonds d’entretien routier qui était alimenté par une redevance d’usage

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prélevée sur les hydrocarbures n’est plus opérationnel depuis 2004, en raison des tensions entre les îles, consécutive à la crise séparatiste anjouanaise ; les versements au Fonds ne s’effectuant plus normalement. Le défi pour le Gouvernement était d’assurer le transfert effectif des ressources au FER et de les utiliser uniquement pour l’entretien et les réparations du réseau routier. Malheureusement les difficultés de gestion que traversait la Société des Hydrocarbures n’ont pas permis d’alimenter le fonds tel qu’il se devait, ce qui a laissé les routes dans un état piteux, accentuant ainsi les difficultés de déplacement des populations et par conséquent les échanges commerciaux.

. Par rapport à l’organisation du transport terrestre, il convient également de noter qu’il n’existe pas de service public de transport assuré par l’Etat mais plutôt des voitures appartenant à des privés qui assurent les liaisons internes. Ce système de transport ne connait aucune forme particulière d’organisation de même qu’il ne subit aucun contrôle rigoureux de la part de l’Etat, en termes de renforcement de la sécurité des passagers et de fixation des tarifs.

4.1. 3.3. Les télécommunications . Au niveau des télécommunications, la société nationale Comores Télécom détient le monopole et peut sous‐traiter parfois quelques activités avec des opérateurs privés. La société a commencé à se moderniser à partir de 2004‐2005 période à laquelle elle a introduit la téléphonie mobile et a amorcé un début de conquête des nouvelles technologies disponibles en matière de communication, entre autre les négociations pour l’installation de la fibre optique. L’introduction de la téléphonie mobile est perçue comme une véritable révolution en matière de communication sur le plan national car elle a permis, avec un taux de couverture de presque 70‐80% de désenclaver le pays.

. La société a aussi engagé depuis quelques années, un processus de décentralisation de ses installations et activités. A cet effet, elle a installé 12 centraux techniques et ouvert des agences commerciales dans presque toutes les régions, tout en ouvrant ses services à l’international, notamment avec les opérateurs ONLY et SFR.

. Au 31 décembre 2009, les statistiques disponibles affichent 122.131 abonnés pour le mobile, 30.776 abonnés pour le fixe, 1.212 abonnés internet, 425 publiphones, 21 sites CDMA, 35 centraux téléphoniques.

. Le secteur bénéficie depuis juillet 2010, du raccordement avec la fibre optique, qui relie 26 pays de l’Afrique avec l’Europe, et permet la connexion des Comores avec le haut débit. Dans cette dynamique, les Comores se sont engagés dans un nouveau projet d’interconnexion entre ?????

. les îles de l’Océan Indien, (Maurice, Madagascar, Seychelles et La réunion).

. Par ailleurs, au mois de mai 2009, un cadre Juridique règlementant les technologies de l’information et de la communication a été adopté et un organe de régulation chargé de veiller à l’application de la loi sur les TIC (Technologies de l’information et de la communication) a été mis en place.

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V. LA SITUATION DE L’ENVIRONNEMENT . L’état de l’environnement naturel de l’Union des Comores se détériore malgré la bonne connaissance des processus conduisant à cette dégradation ainsi que les efforts fournis par l’Etat tant sur le plan institutionnel que technique pour assurer sa préservation. Les principaux problèmes environnementaux concernent en particulier: i) la dégradation rapide des écosystèmes et l’exploitation anarchique des ressources naturelles (forêts, ressources marines et côtières), ii) l’érosion des sols, iii) l’alluvionnement croissant des eaux, iv) l’exploitation des récifs coralliens pour extraire des matériaux de construction et v) la gestion des déchets.

. Les risques de catastrophe naturelle sont multiples et concernent les éruptions volcaniques en Grande Comore, les cyclones, les inondations et, dans une moindre mesure, les tsunamis. Les éruptions du volcan Karthala sur Grande Comore ont entraîné à trois reprises depuis 2005 l’évacuation de plusieurs agglomérations situées sur les flancs du massif.

. Par ailleurs, le changement climatique est une réalité et va affecter les Comores de plusieurs façons. Des variations de température et des précipitations auront un impact sur les ressources en eau, l'agriculture et la biodiversité. Des événements climatiques exceptionnels et une montée du niveau de la mer peuvent porter sérieusement préjudice aux populations des zones côtières. L'ensemble de ces effets se rajoutera à la situation déjà fragilisée du pays.

. Des stratégies nationales et une législation dans le secteur de l’environnement ont été élaborées, mais les capacités des départements ministériels restent trop limitées, tant au niveau humain que financier, pour pouvoir appliquer, gérer et superviser efficacement les programmes d’actions environnementales et assurer le succès des projets. Les actions de protection et de valorisation de l’environnement sont finalement assurées dans leur quasi‐totalité par quelques projets financés par les bailleurs de fonds. Un des principaux défis pour les prochaines années sera ainsi le développement des capacités pour lutter efficacement contre la dégradation de l’environnement et une meilleure gestion des ressources naturelles.

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VI. LA SITUATION ENERGETIQUE . La consommation d’énergie aux Comores est basée sur deux sources principales : la biomasse végétale et les ligneux qui couvrent environ 78% de la demande nationale ; ils sont utilisés pour 75% pour des usages domestiques, 19% pour les distilleries d’ylang ylang fortement implantés au niveau de l’île d’Anjouan où plus de 600 alambics sont répertoriés et 6% pour diverses activités (séchage du coprah, carbonisation de la lime, fabrication de chaux à partir de corail). La production nationale totale annuelle est estimée à 96 700 tonnes équivalent pétrole (TEP). . La biomasse végétale et les ligneux sont suivis par les hydrocarbures (20 %). Les autres sources d’énergie (électricité, gaz butane, etc.) représentent une quantité négligeable (environ 2 %) de la consommation des ménages comoriens. L’extension des réseaux d’électricité existants et l’amélioration de la gestion et de la qualité des services pourraient avoir un impact significatif sur la croissance, contribuer au bien‐être des ménages et se traduire par une diminution des prélèvements de matières ligneuses.

. les produits pétroliers sont totalement importés. Les quantités de produits pétroliers importées sont passées de 36.460 tonnes en 2008 à 44.851 tonnes en 2009, soit une hausse de 23% par rapport à l’année 2008. En dépit de l’augmentation des quantités importées, la valeur s’est stabilisée à 12,4 milliards FC, la baisse des tensions sur le cours du baril au niveau international expliquant cette évolution. Les utilisations de ces produits se répartissent comme suit : 60% pour le transport, 25% pour la production d’électricité et 15% pour les utilisations domestiques principalement en milieu urbain (abritant 29% de la population).

. En général, le secteur de l’énergie se caractérise par :  Une faible consommation d’énergie (122 ktep en 2001 soit 0.2 tep par habitant) et d’énergie conventionnelle en particulier traduisant un bas niveau de développement économique ;  Une forte dépendance vis‐à‐vis des combustibles ligneux dont l’exploitation entraîne des impacts environnementaux (déforestation massive, érosion, etc.) ;  Une forte augmentation de la consommation des produits pétroliers (essence, gas‐oil et pétrole lampant, lubrifiants) qui sont totalement importés, ce qui explique en partie le coût élevé de l’énergie ;  Une utilisation limitée du gaz butane essentiellement dans les centres urbains alors que sa consommation pourrait être améliorée avec le bénéfice d’une réduction de la taxe à l’importation ;  Une faible exploitation des sources d’énergie nouvelles et renouvelables malgré un potentiel réel (hydroélectricité à Ndzouani et Mwali, géothermie à Ngazidja, biomasse, solaire, éolien et marémotrice sur les trois îles) ;  Une production d’électricité essentiellement basée sur l’exploitation des centrales thermiques installées dans les îles et pouvant fournir une puissance globale installée de 22 MW ;

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 Un parc de production rénové nécessitant un entretien adéquat en vue d’assurer une production d’énergie d’une manière efficace ;  Un faible taux de rendement global, en dessous de 50 % pour l’ensemble ;  Des pertes sur la capacité de production d’électricité d’environ 45 %, attribuables aux fraudes et branchements clandestins, aux déficiences techniques des réseaux et au faible taux de recouvrement. 6.1Analyse sectorielle

6.1.1 Energie électrique

. La production d’électricité aux Comores est essentiellement thermique (diesel) à l’exception de 3 microcentrales hydroélectriques dont 2 à Anjouan et une troisième à Mohéli. Alors que les Comores ne recèlent aucun gisement pétrolifère connu et les produits pétroliers sont importés. L’éloignement du pays par rapport aux marchés d’approvisionnement auquel il faut ajouter des infrastructures de transport insuffisamment développées renchérit les coûts d’approvisionnement.

. La puissance installée dans les 3îles est de l’ordre de 18 MW à Ngazidja, 2 MW à Mohéli et 5 MW à Anjouan. A la grande Comore, la centrale de voidjou a connu aussi en fin septembre 2009, le pire désastre de son époque. En effet pour une raison non élucidée, l’ancien hangar qui abritait encore certains groupes électrogènes, a pris feu. Plusieurs groupes qui étaient à l’arrêt depuis fort longtemps ont été calcinés ainsi que l’unique groupe MTU de 800 kW qui était encore en exploitation. Suite à ce drame, la puissance est réduite à 12 MW mais la puissance disponible actuellement n’est que de 5 MW. En effet, les difficultés de procéder à la révision des groupes et les difficultés financières que traverse la société MAMWE et qui l’empêche de s’approvisionner en carburant en sont les principales causes de cette défaillance. Et la même situation est presque vécue par les îles d’Anjouan et de Mohéli où les puissances rendues disponibles représentent pratiquement un peu moins de la moitié de celles installées.

. A toutes ces contraintes, il faudrait ajouter la vétusté des réseaux qui engendre des pertes allant jusqu’à 40% de la production totale.

. La fourniture d’énergie électrique devient ainsi une problématique sérieuse au niveau de tout le pays, qui interpelle les autorités en dépit de l’absence d’une politique énergétique claire et soutenue. Non seulement que la capacité de production s’amenuise de jour en jour, mais aussi, seulement 25% des foyers comoriens sont raccordés au réseau électrique en raison de la pauvreté qui gagne de terrain et qui ne permet pas aux populations d’affronter la cherté du courant.

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6.1.2 Energie hydroélectrique

. Aux Comores, le potentiel de développement hydroélectrique se situe au niveau d’Anjouan et de Mohéli. Des études ont été effectuées en vue du développement de cette forme d’énergie à Ndzouani et à Mwali où des ressources potentielles existent. Elles sont gelées faute de financement. Les trois centrales existantes à Ndzouani (, Marahani, Trantrenga ) ont été réalisées et exploitées par la société Bambao et datent des années 40. A ce jour, la centrale de Marahani (125 kva) est la seule opérationnelle. A Mwali, la centrale de Miringoni réalisée en 1980 par la coopération ouest Allemande est d’une puissance très réduite (14 kw) et n’alimente que le village de Miringoni. Pour des difficultés d’entretien, cette puissance est réduite à 3 kw actuellement. Or des études ont indiqué que des projets hydroélectriques allant de quelques centaines de kw à 4500 kw peuvent être réalisés aussi bien à Anjouan qu’à Mohéli. A Anjouan la puissance de 3000 kw de la rivière Tatringa combinée avec l’Energie potentielle de la rivière de Lingoni, soit 450 kw suffirait à couvrir les besoins de l’île du moins pour les prochaines années. A Mohéli, il serait aussi possible d’assurer les besoins de la ville de Fomboni et du nord‐est de l’île en réalisant deux aménagements hydroélectriques : le premier sur la rivière Ouamlembéni et la deuxième sur la rivière Déoua.

6.1.3 Energie solaire . Les Comores connaissent un ensoleillement moyen bien réparti de 8h par jour et 500 wh/m². Mais en dépit d’une situation géographique et des conditions météorologiques optimales pour des équipements photovoltaïques et thermiques, la production d’énergie électrique à partir de la lumière solaire reste marginale. La puissance actuellement installée est de l’ordre de 30 kwc.

. Ce type d’énergie a connu un début de vulgarisation à grande échelle à partir de 1995 date à laquelle, un financement de la banque mondiale gérée par la société de droit comorien ENERCOM a permis de réaliser plusieurs installations de 10 000 wc chez des partenaires domestiques et professionnels dans les trois îles. Une expérience qui n’a pas pu se pérenniser en raison des coûts d’installation rédhibitoires à en croire les bénéficiaires.

. Mais toutefois il semble que ce type d’énergie est le plus prometteur. Et l’installation récente en fin 2010 d’une société spécialisée dans l’énergie solaire en Grande Comore, semble provoquer un engouement chez des personnes privées et professionnelles ainsi

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que des établissements privés et communautaires. 6.1.4 Energie éolienne

. La première expérience des Comores pour ce type d’énergie remonte en 1985 lorsque deux éoliennes kenyanes de type « kijito » ont été installées à Ngazidja comme unités de pompage d’eau souterraine : l’une sur la côte Est à Mtsangadju ya Dimani, et l’autre sur la côte Nord à Wella (hauteurs d’aspiration : 30 m et 40 m, respectivement). Mais aucune des deux n’a fourni la quantité d’eau prévue, le fonctionnement d’un générateur éolien nécessitant une vitesse moyenne annuelle de vent d’au moins 3 m/s, or d’après les données disponibles, ce seuil n’est pas toujours garanti. Des études devraient donc être faites afin de déterminer les endroits appropriés pour l’installation de ce genre d’unités. Apparemment ce type d’énergie n’est plus utilisé actuellement dans le pays par manque de données techniques.

6.1.5 Energie géothermique . Le colloque internationale sur le Karthala, organisé aux Comores du 19 au 21 novembre 2008 a indiqué que des études réalisées sur le Karthala ont fait état d’un potentiel géothermique prometteur pour le Karthala. Les débats ont aussi permis de préciser que la réalisation d’études dédiées en particulier par des méthodes géophysiques est indispensable afin de préciser quelle pourrait être la cible d’éventuels forages de reconnaissance et quelle serait la source potentiellement exploitable

6.1.6 La biomasse et les ligneux . La déforestation massive dont font l’objet les écosystèmes forestiers nationaux pour les besoins des distilleries et pour les besoins domestiques est de nature à les faire disparaître. En effet, le rythme de déboisement est de l’ordre de 500ha par an, ce qui est dramatique, car à ce rythme ont parle d’une disparition des forêts au bout de 15 ans. Autrement dit au bout de cette échéance, cette source importante d’énergie va disparaître. Mais ce ne serait pas uniquement la perte de la source qui préoccuperait les populations mais aussi la perte de la biodiversité pour laquelle les forêts constituent leur principal habitat. Ce constat constitue une justification supplémentaire de l’urgence de protéger cette source d’énergie et développer les autres sources d’approvisionnement énergétiques durables.

6.1.6 Utilisation des gaz . Apparemment la première expérience d’utilisation de ce type d’énergie remonte en 1986 lorsque le FED a financé à Fomboni, Mohéli dans le cadre du programme de développement des énergies renouvelables dans les pays du sud‐ouest de l’océan indien un gazogène de biomasse de 40 kw qui servait à alimenter quelques secteurs pendant les heures creuses. Ce gazogène est toutefois resté défectueux faute d’assistance technique mais aussi de moyens pour l’alimentation quotidienne en combustible, constitué d’un mélange de bourre (75%) et de coques de noix de coco (25%).

. L’utilisation de ce type d’énergie a repris quelques années après cette expérience de Mohéli mais en général dans les milieux urbains (80%) et accessoirement en milieu rural (20%) où des personnes relativement aisées en font recours. Et c’est la société

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GAZ COM qui assure la commercialisation de ce type d’énergie.

. Par ailleurs, ce type d’énergie est pressenti pour résoudre la problématique de la déforestation à tel enseigne qu’il a été testé par le projet « GIE Maison des épices » dans les distilleries. L’expérience n’a pas été apparemment concluante en raison du coût élevé, qui ne cesse d’ailleurs de grimper car la bouteille de gaz qui coûtait avant moins de 10 000 FC vaut actuellement 11 500 FC voire même plus dans certains cas.

VII. L’EDUCATION ET LA SANTE

7.1 L’éducation . Depuis l’indépendance, le système éducatif comorien connaît une forte expansion. La forte croissance démographique engendre un défi à relever en matière de satisfaction des besoins éducatifs, les enfants non scolarisés risquant de venir grossir les rangs des chômeurs et des pauvres.

. A partir de la décennie 90 et vu l’ampleur des besoins en éducation du pays, plusieurs évènements ont traduit l’importance que les autorités ont commencé à accorder à l’éducation, notamment :

 La Table Ronde sur l’Education de Base pour tous et l’Elimination de l’analphabétisme aux Comores tenu en décembre 1990, après la Conférence de Jomtien en mars 1990  La Conférence nationale de réconciliation tenue en 1992, qui a jeté la base de la réflexion sur l’évaluation et la réforme du système éducatif ;  L’évaluation du système éducatif réalisée en 1993 pour montrer la performance de l’éducation, notamment de l’enseignement primaire ;  La tenue des Etats Généraux sur l’éducation en 1994, issue de la conférence nationale, qui a été préparée par des assises régionales et nationale ayant mobilisé les acteurs de l’éducation au niveau local, régional et national ;  L’adoption par l’Assemblée Fédérale, de la Loi d’Orientation n°94‐035/AF sur l’éducation, promulguée par décret présidentiel n°95‐012 /PR du 20/12/1994 ;  L’élaboration du Plan Directeur de l’éducation et de la formation, adopté en 1996 par le Gouvernement ;  La réflexion en 1998, sur les causes de la sous scolarisation des filles ;  La réflexion en 1998, sur la réforme administrative des établissements scolaires.

. En dépit de cette volonté manifeste d’améliorer le système éducatif, l’analyse des performances du système scolaire révèle que le taux net de scolarisation est faible dans toutes les îles, en particulier en milieu rural et que les filles sont moins scolarisées que les garçons. Cela découle en partie du manque de salles de classe dans les trois îles, en particulier à Ngazidja et Ndzouani et de l’incapacité des familles démunies à faire face aux frais liés à la scolarité des enfants.

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7.1.1 Organisation et fonctionnement du système éducatif

. Il existe deux systèmes éducatifs où l’enfant peut évoluer parallèlement et simultanément: l’école coranique et l’école officielle.

. L’école coranique est une institution séculaire et démocratique par excellence, très fortement implantée dans le pays, chaque village en possédant plusieurs. La mission de cette école est de dispenser un enseignement religieux visant à renforcer la culture et la religion islamiques. Cette institution entièrement autonome, est une initiative du maître qui accueille les enfants chez lui et qui fixe lui‐même son organisation en dehors de toute hiérarchie. Elle échappe à tout contrôle de l’Etat. L’enfant peut y séjourner à partir de 3 ans jusqu’à l’âge de sa majorité «spirituelle ». Les langues d’enseignement sont le shikomori et l’arabe.

. L’école officielle est une institution inspirée du modèle français, placée sous la tutelle du ministère de l’éducation nationale, comportant cinq niveaux, dont l’enseignement préélémentaire à ce jour entièrement communautaire et privé, et les enseignements élémentaires, secondaire, technique et supérieur. Les langues d’enseignement sont le français et l’arabe.

. Jusqu’à la fin des années 1980, l’enseignement aux Comores était essentiellement dispensé dans des établissements publics. Depuis le début de la décennie 90, l’enseignement privé connaît un développement rapide, en partie lié aux perturbations qui ont affecté le fonctionnement des établissements publics.

Enseignement préélémentaire

Ce premier niveau d’enseignement est dispensé dans deux types d’établissements :

 Les écoles maternelles privées, accueillent les enfants de trois à cinq ans et organisent sur trois ans des activités pédagogiques bien structurées, visant au développement intellectuel et psychomoteur des enfants et les préparent à l’enseignement élémentaire. Ces établissements sont implantés dans quelques centres urbains et gagnent aussi timidement le milieu rural.   Les centres préscolaires sont une institution communautaire issue de la combinaison de l’école coranique traditionnelle et de l’école maternelle. Ils concilient les objectifs d’islamisation des enfants comoriens et de préparation à l’enseignement élémentaire.

Enseignement élémentaire

. L’enseignement élémentaire, d’une durée de six ans, comprend trois cycles de deux années : cours préparatoire (CP1 et CP2), cours élémentaire (CE1 et CE2) et cours moyen (CM1 et CM2). L’âge officiel d’entrée au CP1, depuis la promulgation de la Loi

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d’Orientation en janvier 1995, a été porté de 7 à 6 ans.

. Des efforts sont fournis pas l’Etat pour augmenter les capacités d’accueil des établissements publics mais les besoins restent toujours supérieurs à ces efforts. En effet le nombre d’écoles publiques était de 262 écoles en 1992. Ce nombre a déjà dépassé les 300 actuellement en raison de nombreux travaux de réhabilitation et de construction de nouvelles classes, financés par des programmes de développement. il en est ainsi pour les établissements privés qui ne cessent d’augmenter de manière incontrôlée. Le Diplôme de Fin d’Etudes Elémentaires (DFEE), sanctionne ce niveau d’études.

Enseignement secondaire

. L’accès à l’enseignement secondaire premier cycle se fait par concours, dont la sélectivité varie suivant les années. Les études, d’une durée de quatre ans, se font dans des collèges, qualifiés de «ruraux » et des établissements privés de plus en plus nombreux.

. Parallèlement à ce type d’enseignement, des collèges arabo‐islamiques (environ 6) dispensent des cours aux enfants issus des «madrasas ». Le ministère de l’éducation nationale n’arrive pas à assurer le contrôle et l’encadrement pédagogique approprié, faute des ressources humaines spécialisées. Le Brevet d’Etudes de Premier Cycle (BEPC), sanctionne ce premier cycle secondaire.

. L’enseignement secondaire deuxième cycle comprend deux filières :

 L’enseignement général comporte une série littéraire (A) et deux séries scientifiques. On peut noter l’existence de la série G au lycée de Moroni. Cet enseignement est assuré par 12 lycées publics (1 à Mwali, 5 à Ndzouani et 6 à Ngazidja y compris un lycée scientifique) et par 53 établissements privés sur l’ensemble du territoire. Ces établissements accueillent les élèves de la seconde, première et terminale de 16 à 19 ans ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20 de la classe de troisième. Le baccalauréat sanctionne le cycle secondaire second cycle et conditionne l’accès à l’enseignement supérieur. Le taux brut de scolarisation est significativement bas. Au niveau national, il est de 35,7%, repartis comme suit : 41,6% à Mwali, 41,5% à Ngazidja et 27,7 % à Ndzouani.

 La filière technique et professionnelle assure des formations de niveau BEP. Cet enseignement est dispensé dans quatre centres : . L’Ecole Nationale Technique Polyvalente de Ouani, Anjouan (ENTP) assure des formations de niveau Brevet d’Etudes Professionnelles (BEP) en électricité, mécanique, bâtiment et plomberie ;

. l’Ecole Nationale de pêche de Ndzouani assure des formations modulaires destinées aux artisans pêcheurs ;

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. L’Ecole Nationale d’Agriculture (ENA) dans l’Ile Autonome de Mwali, lequel, après avoir formé 3 promotions, a fermé, faute de moyens et de politique appropriée, depuis 1994 ;

. Le Centre National Horticole (CNH), actuellement fonctionnel et situé dans l’Ile Autonome de Ngazidja, mène des actions de formation en horticulture pour une durée de 2 ans, en faveur des déscolarisés. Le centre accompagne également et théoriquement les stagiaires dans leurs efforts d’insertion professionnelle.

Enseignement supérieur . Il est essentiellement dispensé par l’Université des Comores qui a ouvert ses portes pour la première fois en 2003‐2004, grâce aux efforts inlassables des autorités de l’époque, en particulier le Chef de l’Etat.

. Etablissement public à caractère scientifique, culturel et jouissant de l’autonomie financière et administrative, l’Université des Comores a trois missions principales, définies et arrêtées lors de la tenue de l’atelier national sur l’élaboration d’une politique de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, technique et de la recherche :

 Promouvoir un enseignement et une recherche qui intègrent l’ensemble des valeurs de la civilisation comorienne tout en répondant aux besoins de la population en matière de développement socioéconomique et culturel

 Faciliter le transfert des nouvelles technologies par des programmes de formation permanents et de valorisation des ressources humaines, dans le cadre de la stratégie nationale de développement et de réduction de la pauvreté.

 Contribuer efficacement à l’insertion des Comores dans la communauté scientifique internationale en encourageant, entre autres, les accords et les échanges interuniversitaires.

. L’Université des Comores s’est appuyée dans sa phase de démarrage sur les établissements supérieurs existants en améliorant leurs programmes de formation afin qu’ils puissent servir de piliers aux réformes de l’enseignement supérieur. Elle est composée de facultés au nombre de quatre et de deus instituts : l’institut de formation à l’enseignement et à la recherche en éducation (IFERE) et l’institut universitaire de technologie (IUT), ainsi qu’une école de Médecine et de Santé publique (EMSP).

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. En marge des institutions académiques, il existe un centre de recherche appelée : Centre Nationale de Recherche Scientifique (CNDRS) qui dépend du Ministère de l’Education. Le CNDRS participe à de nombreuses recherches dans des domaines assez variées telles que, la culture, la botanique, la médecine traditionnelle etc. Il abrite encore l’observatoire national du Karthala.

. Mais en dépit des efforts déployés et qui ont surtout permis une augmentation du taux de scolarisation, l’école comorienne se trouve encore confrontée à de nombreuses contraintes, entre autres :

 Un déséquilibre entre la demande de scolarisation et l’offre publique d’éducation. En effet, les capacités d’accueil sont très limitées et contraignent, en conséquence, certains établissements scolaires à refuser l’inscription à certains enfants pourtant en âge de scolarisation, notamment en milieu rural.  Un environnement scolaire peu motivant pour les enseignants et peu attrayant pour les élèves, donc défavorable à la scolarisation des enfants, notamment des filles. Beaucoup d’établissements scolaires, surtout des zones rurales, sont dans un état de délabrement, parfois avancé, qui constitue, dans une certaine mesure, une véritable menace pour la santé et la sécurité des enfants.  L’absence, dans le système éducatif formel, de structures de prise en charge de la protection et de l’éducation de la petite enfance. Les écoles coraniques, qui accueillent la plupart des enfants de 3 à 5 ans, évoluent en marge du système éducatif et en dehors de tout contrôle ni administratif ni pédagogique. Les écoles maternelles privées n’accueillent qu’une proportion réduite d’enfants de cette tranche d’âge,  Un corps enseignant, surtout au primaire, dont la majorité n’a pas reçu les qualifications requises ou la formation pédagogique nécessaire pour un encadrement efficient des enfants.  L’insuffisance des moyens pour un encadrement permanent au primaire (malgré la formation des nouveaux encadreurs pédagogiques), et la quasi inexistence d’inspections au secondaire  L'absence d'un réseau actif et adéquat d’enseignement technique et de formation professionnelle susceptible d’offrir des nouvelles opportunités aux jeunes et capable de produire la main‐d’œuvre nécessaire à l’essor économique du pays.  Des disparités de scolarisation, parfois criantes, entre filles et garçons, entre villes et campagnes, entre familles aisées et familles pauvres.  Un enseignement supérieur peu diversifié et dont l’offre est quantitativement et qualitativement limitée ;  L’inexistence d’une structure et d’une politique appropriée pour la prise en charge

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de l’éducation des jeunes déscolarisés et non scolarisés et des adultes en situation d’analphabétisme ;  Une faiblesse du système éducatif, tant au niveau central que décentralisé, en matière de conception, de planification et de gestion, de suivi et d’évaluation, de mobilisation et de gestion des ressources ;  La carte scolaire n’est pas adaptée à l’évolution de la démographie (53 % de la population ont moins de 20 ans). De nombreux adolescents sont obligés de parcourir de longues distances à pieds pour se rendre dans un établissement secondaire ;  L’absence de services médicaux pour le suivi des enfants à l’école est un facteur d’absentéisme fréquent et d’abandon.

. À ces facteurs il faut encore ajouter le problème de la pertinence des programmes et des méthodes d’enseignement, l’insuffisance du temps d’apprentissage (au primaire en particulier), la disponibilité et l’accessibilité des manuels scolaires pour les élèves et des supports pédagogiques et didactiques pour les enseignants. Ce sont ces difficultés qui expliquent les faibles performances du système éducatif et de la qualité des enseignements et des apprentissages.

. Le rendement interne est très faible. Les taux de transition entre les divers niveaux d’enseignement sont très bas et les taux de redoublement et d’abandon demeurent encore très élevés à tous les niveaux d’enseignement. Au primaire, par exemple, le taux de redoublement varie entre 26 % et 31 % entre les îles, alors que le taux d’abandon est de 7%. Beaucoup d’enfants quittent l’école primaire sans avoir acquis des connaissances et des compétences essentielles à la vie courante.

. Au regard de ce qui précède, on constate que le système éducatif utilise plus de ressources qu’il n’en faut pour conduire un élève à la fin d’un cycle d’enseignement et obtenir un diplôme. L’efficacité interne du système est questionnable et, comparativement aux résultats scolaires, les ressources disponibles pourraient être mieux utilisées même si elles sont insuffisantes pour faire face à une demande croissante d’éducation. .

7.2 La santé

. Depuis l’indépendance, les politiques successives de santé aux Comores ont été axées essentiellement sur les soins de santé primaire en mettant l’accent sur l’amélioration

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de la couverture sanitaire, la qualité des soins, la disponibilité et l’accessibilité des médicaments essentiels. Des progrès notables ont été réalisés dans le secteur notamment dans le domaine des infrastructures sanitaires, de la formation des ressources humaines et des programmes de santé publique. Ces progrès se sont traduits par l’amélioration des indicateurs sanitaires de base. Toutefois les dysfonctionnements sont nombreux tant sur le plans structurel, organisationnel et réglementaire.

. Les principales causes de mortalité et de morbidité sont par ordre de prévalence : le paludisme, les maladies diarrhéiques et la gastro‐entérite, les infections respiratoires aigües, les traumatismes et l’anémie.

. En 30 ans d’indépendance, des résultats significatifs sont déjà obtenus. En effet, globalement, la couverture sanitaire est dense selon les normes de l’OMS et offre une bonne accessibilité des établissements de soins. 60% de la population est à moins d’une heure de marche et en intégrant les postes de santé, cette couverture atteint 90%.

. la réforme du système de santé a introduit une structuration du secteur sur un mode pyramidal à trois niveaux de compétence hiérarchisés (central, intermédiaire et périphérique). Le niveau central (niveau de l’Union) est composé des institutions suivantes : (i) Cabinet du Ministre ; (ii) Secrétariat Général ; Inspection générale de la santé ;(iii) Direction Nationale de la Santé ; (iv) Directions centrales et services chargés de la coordination des programmes ; (v) Hôpital National de référence et ; (vi) Pharmacie Nationale Autonome des Comores (PNAC). Au niveau des îles, on trouve l’administration sanitaire et des centres hospitaliers régionaux. Enfin le dernier niveau est constitué des Districts sanitaires (sept (7) à Ngazidja, sept (7) à Ndzouani et trois (3) à Mwali), couverts par deux centres médico‐chirurgicaux à Ngazidja et Ndzouani et 3 centres médicaux urbains pour les trois îles. Par ailleurs, ces trois niveaux sont complétés par un réseau de dispensaires (Armée, CARITAS, Secteur privé et 49 postes de santé périphériques et diverses structures de santé communautaire). Ce cadre devra permettre la mise en œuvre effective de la politique nationale de santé. Ce cadre qui peut être évolutif devra tenir compte des normes du PNDS et de la carte sanitaire en vigueur

. S’agissant de l’accès aux médicaments, la pharmacie nationale autonome des Comores (PNAC), procure des médicaments essentiels à bas prix et s’ajoute aux pharmacies du secteur privé. Afin de créer un système plus efficace pour la prestation des soins, une réforme du système de santé a été initiée pour permettre une gestion administrative et financière autonome des établissements de santé et pour l’implication des communautés aux activités de santé. Sa mise en œuvre a permis d’accroître les recettes de ces structures et de couvrir leurs coûts de fonctionnement notamment en alimentant un régime de primes liées à la performance du personnel et en finançant les

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dépenses d’entretien et les achats de matériel.

. Pour ce qui est des ressources humaines, le pays comptait en tout et pour tout à l’indépendance 5 médecins nationaux et 50 infirmiers et sages femmes. par une politique active de formation, ces effectifs ont été démultipliés. Le nombre de médecins en 2001 est de 60, contre 5 en 1975. Le ratio s’est amélioré de 1 médecin pour 10500 habitants. Le ratio personnel paramédical quant à lui est de 1 pour 4892 habitants. La réforme s’est aussi accompagnée de la mise en place de personnel médical et paramédical, nouvellement recruté et du redéploiement de ceux qui étaient en surnombre dans leurs structures. Ce redéploiement réalisé dans le but de renforcer les capacités techniques des équipes exerçant en périphérie, surtout en zones défavorisés, n’a pas atteint les objectifs escomptés car certains personnels n’ont jamais regagné leur poste. Cette situation a justifié l’élaboration et l’adoption d’un plan nationale de développement des ressources humaines.

. Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre du plan national de développement sanitaire élaboré depuis 1991 lequel définit les priorités sanitaires sans toutefois présenter des détails sur les sources potentielles de financement.

. Malgré certains efforts déployés, notamment en matière de formation et d’équipement, l’offre des services de santé s’est dégradée qualitativement et quantitativement au cours des années en raison de : (i) l’insuffisance du plateau technique et la vétusté du matériel biomédical, médicaux‐technique et la défaillance de la maintenance du matériel; (ii) la performance inadéquate du secteur pharmaceutique; (iii) l'insuffisance de personnel qualifié ; (iv) la faiblesse du partenariat avec les ONG et la société civile ; (v ) la mauvaise gestion et la faible motivation des personnels de santé ; (vi) la construction anarchique des infrastructures sanitaires par les communautés et dont le fonctionnement ne répond pas aux normes de qualité requises (vii) la faible qualité des services et des soins ; et (viii) l’application partielle du plan de développement sanitaire ainsi que l’insuffisance de la coordination et du pilotage des activités.

. À ceci s’ajoutent la paupérisation croissante des populations, la faible sensibilisation des populations sur les problèmes de santé, les coûts élevés des prestations sanitaires, l’accueil inadéquat dans les structures de santé, l'insuffisance ou souvent l’absence même de médecins dans les centres de santé et l'indisponibilité des spécialistes médico‐techniques et les autres catégories d’agents de santé. En outre, l’absence d’une réglementation appropriée, et le développement anarchique du secteur privé nuisent à la qualité des soins et à leur accessibilité, et contribuent aux coûts élevés et non harmonisés des prestations sanitaires.

. Ces insuffisances notoires, conjuguées à la dégradation des conditions d’hygiène et d’assainissement et au faible accès des populations à l’eau potable et à un environnement sain, expliquent en bonne partie la persistance de certaines maladies telles que le paludisme (première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans), les parasitoses intestinales, la filariose lymphatique, les infections

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respiratoires aiguës et les maladies diarrhéiques. Elles sont également à l’origine de l’émergence de certaines maladies à potentiel épidémique telles que les arboviroses (Fièvre dengue, Chikungunya virose). La morbidité et la mortalité liées à certaines maladies non transmissibles notamment les maladies mentales, les cécités, les cancers, le diabète sucré, les maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle continuent à inquiéter. Les données concernant ces maladies sont quasi inexistantes.

. La couverture vaccinale pour les six maladies du programme élargi de vaccination (PEV) qui pouvaient être évitées, est passée de 90 % dans les années 90 à moins de 70 % en 2004. Cette baisse place les Comores en dessous de la moyenne sous‐régionale. Par contre, l’espérance de vie à la naissance est passée de 55 ans en 1991 à 63 ans en 2002. Un examen de certains indicateurs de suivi des objectifs du millénaire relatifs à la santé de la mère et de l’enfant laisse clairement apparaître la faible performance du système sanitaire comorien, surtout quand on sait que l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant, par la réduction des niveaux des mortalités maternelle et infantile, est au centre des préoccupations des pouvoirs publics telles qu’elles transparaissaient dans la Politique nationale de santé. Le taux de mortalité maternelle encore élevé, soit 381 pour 100 000 naissances vivantes s’explique par la mauvaise qualité des soins et services, le manque de suivi des grossesses, absence de réponses appropriées aux urgences obstétricales et néonatales, les références tardives dans les formations sanitaires, les accouchements à domicile, la pauvreté, l’ignorance et l’analphabétisme.

. Des efforts considérables restent encore à déployer surtout sur le plan institutionnel en vue d’espérer concrétiser la politique nationale et atteindre des objectifs tangibles.

VIII. LES PRIORITES NATIONALES DE DEVELOPPEMENT

. Le profil de pauvreté met en évidence l’urgence de relancer le processus de croissance et de lutter avec détermination contre les causes de la pauvreté aux Comores qui ne fait que gagner de terrain. A cet effet le pays s’est attelé à élaborer des politiques et stratégies sectorielles dans l’objectif de pouvoir apporter des solutions concrètes aux problématiques de développement. Tous les secteurs sont presque concernés par cette initiative : la santé, l’agriculture, la pêche, l’environnement, l’éducation, l’urbanisme etc… Cependant l’absence d’harmonie et de synergie réelle entre ces documents ont conduit au gouvernement à préparer un document synthétique qui prend en compte les préoccupations sectorielles de manière harmonisée. Ce document intitulé « Document de Stratégie de croissance et de Réduction de la pauvreté ou DSCRP » est élaboré en 2005 et mis à jour en 2009. Il constitue en fait le document de référence du pays sur les problèmes liés au développement. . . Le DSCRP définit les priorités de développement du pays à travers sept axes stratégiques :

 Axe stratégique 1 : Créer les conditions d’un développement économique durable. Cet axe concerne les finances publiques, les infrastructures économiques et de communication, et le secteur de l’énergie.

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 Axe stratégique 2 : Relancer le secteur privé en mettant l’emphase sur les secteurs porteurs. L’axe concerne notamment les secteurs suivants : agriculture, pêche, élevage, tourisme, et les autres secteurs privés, incluant le secteur de la microfinance.

 Axe stratégique 3 : Renforcer la gouvernance et la justice. Cet axe vise à consolider les institutions nationales, à améliorer la gouvernance et l’efficacité des institutions, et à garantir la justice aux citoyens.

 Axe stratégique 4 : Améliorer l’état sanitaire de la population. Le gouvernement concentrera ses efforts sur la lutte contre les maladies prioritaires, l’amélioration de la santé maternelle, la prévention en matière de d’IST et VIH/SIDA, et l’amélioration de la gestion du système de santé.

 Axe stratégique 5 : Promouvoir l’éducation et la formation professionnelle en vue d’améliorer le capital humain. L’axe stratégique 5 vise à développer l’éducation et la formation professionnelle de manière à produire une société éduquée, capable de saisir les opportunités économiques et socialement responsable.

 Axe stratégique 6 : Promouvoir un environnement sain et garantir la durabilité du développement. Cet axe revêt un intérêt particulier car les questions environnementales affectent toutes les activités économiques aux Comores et ont une incidence directe sur la qualité de vie et les conditions sanitaires de la population.

 Axe stratégique 7 : Renforcer la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Cet axe 7 vise à assurer la sécurité des biens et des personnes et à lutter contre le terrorisme.

. Le DSCRP a été préparé et soumis aux partenaires lors de la conférence des bailleurs tenue à Maurice en novembre 2005. Ces derniers l’ont apprécié et accepté de débourser plus de 100milliards FC pour accompagner sa mise en œuvre. Malheureusement le manque de suivi dont il a fait l’objet n’ont pas permis de mobiliser les financements acquis. Seulement moins de 10% des financements acquis ont été mobilisés ce qui représente une contreperformance sérieuse pour la mise en œuvre du plan d’action quadriennal (2006‐2010) qui en était issu. Cette situation a été dangereuse pour le pays car en l’absence des ressources financières adéquates, les possibilités d’investissement dans les secteurs stratégiques identifiés ont été

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complètement réduites avec comme impact, l’augmentation de la pauvreté tel que cela est relaté par de nombreuses études réalisées en milieu rural à partir de 2008. . Par ailleurs, le pays a également souscrit aux objectifs du millénaire, comme référence en matière de planification et d’élaboration de stratégie d’intervention pour le développement. Ces objectifs, au nombre de huit sont les suivants :  objectif n° 1 : Eliminer l'extrême pauvreté et la faim  objectif n°2 : Assurer une éducation primaire pour tous  objectif n°3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes  objectif n°4 : Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans  objectif n° 5 : Améliorer la santé maternelle  objectif n°6 : Combattre le vih/sida, le paludisme et autres maladies  objectif n° 7 : Assurer un environnement durable  objectif n° 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

. Ces objectifs semblent s’apparenter en grande partie aux priorités définies par le DSCRP mais l’absence d’harmonisation et surtout de ressources financières suffisantes n’ont pas permis d’atteindre des niveaux d’exécution satisfaisants, même si l’évaluation des résultats de certains programmes dans le cadre des objectifs du millénaire a indiqué des résultats relativement encourageants.

IX. ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS POUR LA PREPARATION DES COMMUNICATIONS NATIONALES

. La préparation des communications nationales doit en principe s’effectuer suivant une approche participative impliquant différentes institutions et départements techniques concernés directement ou relativement par la problématique des changements climatiques. L’objectif étant d’une part de contribuer à une sensibilisation accrue des décideurs pour une meilleure participation au processus de coordination et d’autre part créer les conditions optimales pour une meilleure collecte des données nécessaires à la finalisation du rapport.

. A cet effet, deux types de critères semblent donner des orientations sur les types d’institutions à prendre en compte dans la préparation des communications nationales à savoir : le critère de vulnérabilité et celui d’émission de gaz à effet de serre. Autrement dit, les secteurs présentant une vulnérabilité élevée par rapport aux changements climatiques ainsi que ceux qui contribuent à émettre des gaz à effet de serre doivent nécessairement avoir un rôle majeur dans le processus. A ceux‐là on peut également ajouter d’autres institutions qui peuvent avoir un rôle important dans la coordination.

. Par rapport à la vulnérabilité on peut citer les secteurs sensibles suivants :  Agriculture  Eau  Santé  Commerce  Energie

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 Forêt  Pêche  Zones côtières

. Et par rapport aux capacités d’émission de gaz à effet de serre (GES)on peut citer :  L’agriculture  L’énergie  Les déchets  Les procédés industriels

. Ainsi, à partir de ce classement on peut identifier les institutions suivantes :

Tableau 8 : institutions à impliquer au processus de préparation des communications nationales et missions

Institution Département Mandat Observations ou direction Ministère de Cabinet Validation politique du rapport Ministre l’agriculture et de et diffusion aux partenaires l’environnement DNSA Collaboration pour la collecte Agriculture, des données forêt DNE Collaboration pour la collecte Déchets, zones des données côtières DI Collaboration pour la collecte Industries des données DNEn Coordination et suivi du Energie processus Collaboration pour la collecte de données DNP Mise à disposition de données Pêche Ministère de la Cabinet Mobilisation des services et Ministre, SG santé départements Services et Mise à disposition de données départements Ministère de Cabinet Mobilisation des services Ministre, SG commerce Services et Mise à disposition de données départements Commissariat Commissaire Mobilisation des services Commissaire général au plan Collaboration avec la DNE pour la coordination du processus

Services Mise à disposition de données Conseil des Conseil Validation politique du rapport Ministres 2ème niveau Coordinateur du Coordination et suivi projet opérationnels

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. Les missions vont de la coordination administrative ou opérationnelle à la participation à la collecte de données.

. Les Ministres et les secrétaires généraux sensibiliseront leurs services et départements compétents sur le rôle qu’ils devraient jouer dans le processus et pour cela des réunions à plusieurs niveaux devront être organisée : le Ministre avec le secrétaire général, le secrétaire général avec les directeurs généraux et finalement les directeurs généraux avec les services concernés.

. Plus particulièrement le vice‐président en charge du Ministère de l’agriculture procédera à la validation politique 1er niveau du rapport et se chargera de sa transmission au conseil des Ministres pour une autre validation 2ème niveau.

. Sur le plan opérationnel, le Coordinateur du projet veillera à l’exécution des contrats des consultants ainsi qu’aux aspects de mise en forme du rapport. Il gérera aussi tous les aspects administratifs et financiers liés au processus en partenariat avec le point focal des Changements climatiques et la Direction administrative et financière de la vice présidence en charge de l’agriculture.

. La Direction générale de l’environnement épaulera le Coordinateur sur toutes les questions administratives liées à la sensibilisation et à la participation des partenaires, surtout locaux au processus et en assurera également la coordination et le suivi d’ensemble.

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PARTIE III : ANNEXES

 Termes dé références  Abréviations  Bibliographie

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UNION DES COMORES Unité ‐ solidarité ‐ développement

Vice‐présidence en charge de l’Agriculture de la Pêche et de l’Environnement

…………………..

Direction Nationale de l’Environnement et des Forêts ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐

Projet « Projet N° GFL‐2328‐2724‐4966‐ Elaboration de la Seconde Communication Nationale sur les Changements Climatiques «

AVIS DE RECRUTEMENT D’UN CONSULTATION POUR LES CIRCONSTANCES NATIONALES

Contexte

Le Gouvernement de l’Union des Comores a reçu à travers le PNUD/FEM un financement pour l’élaboration de la deuxième Communication Nationale afin de faire face aux obligations de la mise en œuvre au niveau national de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Ce projet de la deuxième Communication Nationale constitue un cadre dynamique et flexible permettant à l’Union des Comores de contribuer au développement durable. En ratifiant cette convention, l’Union des Comores s’est alors engagé à remplir les obligations vis à vis de la Convention, en particulier de contribuer à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Il conviendra d’atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux Changements Climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable.

Pour l’élaboration de la deuxième Communication Nationale, il est conseillé de procéder dans un premier temps au dressement d’un bilan des circonstances nationales pour permettre d’avoir une aperçue générale de toutes les informations sur les priorités de développement et les objectifs.

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.Justification

Le rapport sur les circonstances nationales doit intégrer, les politiques et stratégies de développement des secteurs socio‐économiques et techniques prioritaires, du pays qui méritent de bénéficier d’une mise à jour et d’une amélioration. Cette actualisation, s’avère nécessaire en vue de prendre en compte l’ensemble des données et informations récentes disponibles pour l’élaboration de la deuxième Communication Nationale.

Objectifs

L’objectif essentiel de la consultation est de procéder à la révision des informations sur les circonstances nationales basée sur la mise à jour des données, la description des priorités de développement et les objectifs ainsi que le cadre institutionnel existant pour assurer la continuité du processus d’établissement de la communication nationale.

Résultats attendus

Les principaux résultats attendus de la consultation sont notamment :

• La disponibilité du rapport révisé et actualisé sur les circonstances nationales

• La disponibilité d’une banque de données actualisées concernant les différents secteurs;

• la disponibilité d’un chapitre pertinent en avant projet du document de la deuxième communication nationale

Tâches du consultant

Le consultant aura comme tâches :

1. Produire un profil géographique qui inclut le climat, les ressources en eau, l’utilisation des terres et la biodiversité 2. Dresser un bilan sur la démographie, les tranches d’âge, la distribution, la densité et d’autres statistiques vitales. 3. Faire une description de l’économie et d’un profil du secteur Energie, Transport, Industrie, Agriculture, Pêche, Hydrographie, la santé et d’autres services; 4. Faire une description sur l’éducation notamment en ce qui concerne les institutions académiques, scientifiques et techniques 5. Relever les priorités nationales de développement et les stratégies de réduction de la pauvreté ; 6. Faire une description de l’arrangement institutionnel pour la préparation des communications nationales 7. S’acquitter d’autres tâches qui peuvent lui être confiées par la coordination Préparation du rapport

 Présentation du rapport préliminaire en atelier national  Rédaction finale du rapport sur les circonstances nationales  Préparation d’un chapitre sur les circonstances nationales qui sera inclut dans la version

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finale du document de la deuxième communication nationale Durée de l’Etude La durée de l’étude sera de 30 jours à partir de la signature du contrat.

 5 jours de documentation  10 jours de terrain  15 jours de rédaction du rapport Profils et qualifications des Experts L’expert devra être de préférence un spécialiste dans le secteur de l’agriculture;

Qualifications : Tout candidat devra remplir les conditions ci‐après : . Niveau Ingénieur minimum ; . Bonne connaissance dans le domaine des l’agriculture, . Bonne connaissance des questions liées aux Changements Climatiques ; . Bonne connaissance en Informatique (Microsoft Office Excel, Microsoft Office Word, Microsoft Office PowerPoint) ; . Bonne disposition pour le travail en équipe ; . Bonne aptitude dans les domaines de la collecte, du traitement et de la synthèse de données et informations sectorielles ;

s DE 2007 À 20 RÉPARTITION DU PIB PAR BRANCHE D’ACTIVITÉ (EN MILLIONS F) (

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ABREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement

APSA : Association des Professionnels de la Santé Animale

ACTIV : Association Comorienne des Techniciens et Infirmiers Vétérinaires

ASECNA : Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar

AIMPSI : Aéroport International Moroni Prince Said Ibrahim

BAD : Banque Africaine de Développement

BTP : Bâtiment et Travaux Publics

BEI : Banque Européenne d’Investissements

CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies pour les Changements Climatiques

COP : Conférence des Parties

COI : Commission de l’Océan Indien

CNH : Centre nationale horticole

CNDRS : Centre national de rechercher scientifique

COMESA :

DFEE : Diplôme de fin d’études élémentaires

DSCRP : Document de Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté

ENA : Ecole Nationale d’Agriculture

EMSP : Ecole de Médecine et de Santé publique

ENTP : Ecole nationale Technique

FEM : Fonds pour l’environnement mondial

FMI : Fonds monétaire international

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FIDA : Fonds international pour le développement Agricole

FAO : Organisation mondiale de l’alimentation

FADC : Fonds d’appui au développement communautaire

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

OCB : Organisations communautaires de base

PNUD : Programme des nations unies pour le développement

PMA : Pays moins avancés

PIED :

PNDHD : Programme national de développement humain durable

PNAC : Pharmacie nationale autonome des Comores

PEV : Programme élargi de vaccination

VAN : Valeur actualisée nette

VA : Valeur ajoutée

TEP : Tonnes équivalent pétrole

ZEP :

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BIBLIOGRAPHIE

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11. Evaluation environnementale des la gestion des déchets dans l’agglomération de Moroni,

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14. Rapport sur les circonstances nationales dans le cadre de la deuxième communication sur les changements climatiques, Aboulhouda Youssouf

78

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17. Plan national de préparation et de réponse à l’urgence, novembre 2007

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19. Monographies et plans d’aménagement et de gestion de terroirs des zones d’intervention du PNDHD de la grande comore, zone sud : bandamadji la kouboini‐ darsalama‐dzoidjou ; AIDE janvier 2011

20. Etudes monographiques des villages de la grande comore encadrés par le programme national de développement humain durable (pndhd) ; zone sud : Famare‐‐mkanga, BEDI, décembre2009

21. Etudes monographiques des villages de l’ile d’Anjouan encadr2s par le programme national de développement humain durable (pndhd) ; Tome 1 : zone de Nioumakélé : Hantsahi‐Kio‐Kangani‐Mnadzichoume, BEDI, juin 2009

22. Programme d’action national d’adaptation aux changements climatiques ; Ministère du Développement Rural, de la Pêche, de l’artisanat et de l’Environnement ; Mars 2006

23. Principaux résultats du recensement général de la population et de l’habitat du 15 septembre 2003 ; Commissariat Général au Plan

24. Profil de la pêche artisanale aux Comores, Michel de San Mars 1983

25. Projet de Développement des capacités en gestion durable des terres, FEM/PNUD/UdC

26. Etudes socio‐économique de base ; pré‐rapport de mission des consultants : Ahamadi Allaoui ; Kamaliddine Afraitane, septembre 2008

27. Coopération entre l’Union Européenne et l’Union des Comores ; rapport annuel conjoint 2002

28. Rapport sur l’inventaire des PCBs aux Comores ; Mme MOINAMKOU ABDOU SIMBA, Juillet 2006

29. Cadre national de biosécurité en Union des Comores ; Direction Nationale de l’Environnement, des Forêts et des Stratégies Agricoles, janvier 2003 30. Stratégie et Plan National de Gestion durable des Zones Côtières des Comores (2010‐ 2013), Hamadi Idaroussi, mars 2010

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31. Ministère de la production et de l’environnement/direction générale de l’environnement : stratégie nationale et plan d’action pour la conservation de la diversité biologique ; DOCUMENT PREPARE DANS LE CADRE DU PROJET PNUD/FEM/COI/97/GEF 31 ; Moroni, décembre 2000

32. Rapport d’analyse des résultats du recensement agricole ; Comores 2004

33. Profil national de l’union des Comores pour évaluer les capacités nationales de gestion des produits chimiques en général et les pops en particulier avril 2006

34. Union des Comores‐Communauté Européenne ; Document de Stratégie pays et Progrmma indicatif national pour la période 2008‐2013

35. Atlas des ressources côtières de l’Afrique orientale république fédérale islamique des C o m o r e s ; DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE, Gouvernement belge

36. Document cadre, Stratégie touristique : Conférence des Bailleurs de Fonds en faveur des Comores ; Ile Maurice, 8 décembre 2005

37. Objectif du Millénaire pour le Développement ; Rapport national 2005

38. PALUDISME ET ENVIRONNEMENT AUX COMORES : THESE DE DOCTORAT, Spécialité : Santé Publique et Sciences de l’Information Biomédicale. Présentée par OULEDI Ahmed, Soutenue le 19 mai 2003

39. Rapport sur l’environnement marin et côtier

40. Colloque internationale sur le Karthala du 19 au 21 novembre 2008 : Rapport

41. Stratégie nationale de sécurité alimentaire

42. Situation de la forêt aux Comores, FARID ANASSE, 5 juin 2008

43. Profil de l’Union des Comores ; Sommet 2002 de JOHANNESBURG

44. Plan cadre des nations unies pour l'aide au développement (undaf) 2008‐2012

45. Evaluation des besoins de transfert de technologies (first draft), janvier 2006

46. projet gvt/ pnud n°00011873 : renforcement des capacités nationales en matière d’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et de suivi des conférences internationales : rapport sectoriel pêche : YOUSSOUF ALI MOHAMED, avril 2005

47. Performances et contraintes actuelles des pêcheries artisanales, et perspectives d’un développement technologique responsable en Union des Comores :

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Jean Gallène, ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE ; Rome, novembre 2002

48. Etude diagnostique de l’intégration du commerce au titre de l’initiative du cadre intégré pour l’assistance technique liée au commerce en faveur des pays moins avances ; rapport sectoriel sur la pêche ; Youssouf Ali Mohamed, Mohamed Naji, juillet 2007

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