9 JUILLET 1996 MIDI LIBRE SPECIAL FESTIVAL Ce soir, à 21 h 30 au Grand-Théâtre Bérénice ou lu femme blessée Histoire éternelle d'un homme qui pour le pouvoir, sacrifie la femme aimée ■ Bérénice, c'est le dilemme lettres de noblesse à des Ra- entre l'amour et le pouvoir. cine, Corneille, Voltaire ou Malgré l'écart entre l'écriture Molière. de et notre épo- C'est toujours un pari que que, le thème de sa pièce est de mettre en scène ce genre de éternel. Le festival de la Cité théâtre. Il fait peur... Le spec- a choisi de programmer, tateur craint l'hermétisme de comme l'an passé avec Phè- pièces comme Cinna, Po- Secrets des lices dre, un sommet du théâtre lyeucte ou Bérénice... Les ac- classique. Jean Martinez, directeur de teurs doivent posséder la te- la Compagnie du Renard et chnique, le talent de rendre Festival sans Rigal du Festival de Théâtre de la limpide et compréhensible el La pluie a eu le dernier, dimanche après-midi. Le tour de ville de Cannes, est un fidèle ces textes. chant de Philippe Rigal, ancien guitariste de Nino Ferrer; sur du répertoire classique. Cet Ce soir, la distribution de- la place Marcou, a dû être annulé. Malheureusement, Rigal res- acteur, metteur en scène, vrait totalement convenir et tera absent du festival cuvée 96, ne pouvant honorer d'autres aime ses hommes et femmes même coller aux vers de Ra- dates en juillet à la Cité. Tristesse sur la ville... transcendés par les passions cine. Martine Chevalier, Na- et les sentiments; mais ce thalie Nerval et Michel Favo- Tout de soie vêtus qu'il l'aime par-dessus tout, ry sont sociétaires de la Co- ■ Les spectateurs de « Bérénice » n'auront pas manqué de re- c'est la langue française. médie Française. Ce sont des marquer les spectaculaires costumes des acteurs, signés Jean- Celle qui majestueuse, poéti- acteurs qui maîtrisent totale- Pierre Delifer. Ce dernier, qui vit à Beyrouth, travaille exclu- que, subtile, a donné leurs ment ce registre théâtral. sivement pour les spectacles de la Comédie Française et ceux de la compagnie du Renard qui était hier sur la scène du Grand Théâtre. Hauts en couleurs et plein d'harmonie, l'artiste les a Bérénice, son histoire choisis dans un tissu de soie épaisse, rappelant les vêtements des Bédouin.s. La pièce est construite autour de cette interrogation com- ment Titus parviendra-til à expliquer à Bérénice qu'il a décidé de Quota de coinédiens la renvoyer en Orient ? Ce message qu'il n'a pas la force de dé- livrer s'exprime par la vbix d'Antiochus. Bérénice se refuse ■ Les comédiens estampillés « Comédie Française » sont au d'abord à y croire, puis elle l'intériorise au point de le reprendre nombre de trois dans le même « Bérénice » (Martine Chevallier, à son propre compte, en décidant son départ immédiat. Nathalie Nerval et Michel Favory), quota au-delà duquel le de la Comédie Titus et Louis XIV spectacle est considéré comme une production Le sujet de la Bérénice de Racine avait tout pour plaire au pou- Française. voir royal. L'éclat de l'Empire romain sous Titus pouvait évoquer celui du règne de Louis XIV après la paix d'Aix-la-Chapelle L'opéra ratisse large (1668). ■Chaque opéra du festival de Carcassonne a amené dans le Le personnage de Titus lui-même, sa majesté, sa générosité, Grand Théâtre son lot d'amaren- extra-carcassonnnais. ses amours n'étaient pas sans rappeler Louis XIV. Quant au ren- D'après Paul Barrière, le coordonnateur, près de 60 % du pu- voi de Bérénice par Titus, il pouvait faire allusion à la rupture en- blic des opéras, comme ce fut le cas pour « Le trouvère », habite tre Marie Mancini et le jeune roi, contraint pour des raisons poli- à Carcassonne extra-muros, voire dans le département. tiques d'épouser l'infante d'Espagne. Ce genre de "clé" était propre à enchanter le public de l'époque. Jean Martinez, metteur en scène et acteur de Bérénice. Programme Interview Mardi 9 juillet : -Ensemble folklorique municipal de la ville de Fuzhou (Chine) de 10 h30 à 17 h 30 avec un défilé en centre ville. -Animations autour du cirque de 16 h à 19 h toujours sur la place Carnot. Rencontre avec Martine Chevalier -« Bérénice », de Racine, à 21 h 30, au Grand Théâtre. Mercredi 10 juillet : -Foires aux livres et à la brocante de 9 heures à 19 heures, sur les boulevards Barbès et Roumens ainsi que sur le parvis du portail des Jacobins. Une femme passion -Ensemble folklorique municipal de la ville de Fuzhou. à 10 h 30 et à 17 h 30 en centre ville. Elle sera Bérénice pour le festival, pour Jean « Original Pin Stripe Brass band », de 10h45 à 12 heures, ani- mation en centre ville, et de 18 h à 19 h, animation à la Cité. Martinez et pour le public carcassonnais -Véronique Sanson, à 21 h 30, au Grand Théâtre. Petite, blonde comme les blés mûrs, Martine Chevalier aime son métier et sait en parler. Depuis ce jour de 1974 où elle sort du Conservatoire, elle n'a cessé de Touer:Sa carrière s'est construite à coups de passions, d'enthousiasme, sans limites, et non par l'argent et les cocktails mondains. Hier soir, cette comédienne de grand talent nous livrait quelques confidences. ■Midi-Libre : A quand re- ries, cloisonné dans un genre monte la première fois où où l'on a du mal à s'en sortir. vous avez joué à Carcas- Je suis devenue tragédienne sonne ? malgré moi. Aujourd'hui, j'ai- ^ Martine CheValier : merais jouer des comédies, « C'était en 1977,je suis venue j'espère que cela arrivera le avec avec le plus vite possible. » "Cid". Le vent soufflait telle- ■ ment fort que nous avions les Midi Libre : Que pensez (lu robes au-dessus de nos têtes. » théâtre d'aujourd'hui ? ^ M.L : Aimez vous jouer des ^ M.C. : « Il vit une mauvaise femmes comme Phèdre ou passe, il est dans une période Bérénice ? stagnante car il manque de ^ M.C. : « Le destin est cu- moyens. Heureusement, il y a rieux... C'est quelques jeunes comme M.ar- qui a vraiment révélé ma tinelli, Eric Vigner...tzu Jean force, ma rage qui convien- Martiriez, forts de leur fou-gue nent à ce genre de person- et de leur énergie, donnent nages dramatiques. J'aurais une bouffée d'oxygène à ce voulu tout jouer, le comique métier. Il faut que le théâtre comme la tragédie. En , privé et le subventionné tra- on se retrouve rapidement vaillent ensemble pour que classé dans certaines catégo- vive le théâtre populaire. »