DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION ANTHROPOLOGIE PARCOURS : ANTHROPOLOGIE FONDAMENTALE MEMOIRE DE MASTER

LE NON-RESPECT DES TRADITIONS ET DES REGLEMENTS DE LA PECHE FAIT-IL PARTIE DES OBSTACLES DU DEVELOPPEMENT ? CAS DE LA PECHE TRADITIONNELLE ET CONTINENTALE DANS LE LAC KAMONJO A REGION

Impétrant : BABENTSOA Rasega Miaro Encadreur : Docteur RABOTOVAO Samoelson, Maître de Conférences

Les membres du jury : - RAZAFIARIVONY Michel, Professeur, Président

- RANRIAMANALINA Daniel Jules, Maîtres de Conférences, Juge

- RABOTOVAO Samoelson, Maître de Conférences, Rapporteur

Antananarivo 2020 Date de soutenance : 09 Novembre 2020

DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION ANTHROPOLOGIE PARCOURS : ANTHROPOLOGIE FONDAMENTALE MEMOIRE DE MASTER

LE NON-RESPECT DES TRADITIONS ET DES REGLEMENTS DE LA PECHE FAIT-IL PARTIE DES OBSTACLES DU DEVELOPPEMENT ? CAS DE LA PECHE TRADITIONNELLE ET CONTINENTALE DANS LE LAC KAMONJO A MITSINJO REGION BOENY

Impétrant : BABENTSOA Rasega Miaro Encadreur : Docteur RABOTOVAO Samoelson, Maître de Conférences

Les membres du jury : - RAZAFIARIVONY Michel, Professeur, Président

- RANRIAMANALINA Daniel Jules, Maîtres de Conférences, Juge

- RABOTOVAO Samoelson, Maître de Conférences, Rapporteur

Antananarivo 2020 Date de soutenance : 09 Novembre 2020 TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES ...... 1 REMERCIEMENTS ...... 4 GLOSSAIRES...... 5 LISTE DES ABREVIATIONS...... 6 LISTE DES TABLEAUX, DES CARTES, DES PHOTOS ET DES FIGURES...... 7 RESUME...... 8 ABSTRACT……………………………………………………………………………………9 FINTINA……………………………………………………………………………………...10 INTRODUCTION...... 11 PARTIE I : MATERIELS ET METHODES……………………………………………...17 1.1. Matériels...... 18 1.1.1. Description du terrain d’investigation...... 18 1.1.1.1.Situation géographique...... 18 1.1.1.2. Situation historique...... 25 1.1.1.3. La vie socioculturelle ...... 27 1.1.1.4. L’économie...... 29 1.1.1.5. La Santé...... 30 1.1.2. Hypothèses des prédécesseurs...... 31 1.1.2.1. Sur le plan social et culturel ...... 31 1.1.2.2. Sur le plan écologique et économique...... 34 1.1.3. Données de terrain...... 38 1.1.3.1. Données d’observation ...... 38 1.1.3.2. Données d’interview...... 39 1.2. Méthodes ...... 40 1.2.1. Les méthodes de collecte des données ...... 40 1.2.1.1. Recherche documentaire ...... 40 1.2.1.2. Observation...... 41 1.2.1.3. Interview...... 42 1.2.2. Méthode d’analyse et d’interprétation de données...... 45 1.2.2.1. Le dynamisme social ...... 46 1.2.2.2. Méthode des échelles...... 47 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE...... 48 PARTIE II : RESULTATS…………………………………………………………………49 2.1. La pêche traditionnelle ...... 50 2.1.1. L’organisation de travail de pêche ...... 51 2.1.2. L’activité de la pêche ...... 53 2.1.2.1. Les matériaux de pêche ...... 54 2.1.2.2. Les produits de pêche ...... 63 2.1.2.3. Les lieux commerciaux...... 66 2.2. Les traditions sur l’activité de la pêche ...... 69 2.2.1. Les tabous comme mode de conservation des ressources halieutiques ...... 69 2.2.1.1. Les jours interdits ...... 70 2.2.1.2. Les matériaux interdits ...... 71 2.2.2. Le culte des ancêtres ...... 73 2.2.2.1. Le doany et les Chefs coutumiers...... 73 2.2.2.2. Les rites et les sacrifices ...... 74 2.3. Les règlements de la pêche………………………………………………………………78 2.3.1. Les codes de la pêche……………………………………………………………..78 2.3.2. L’agitation des pêcheurs………………………………………………………….79 2.4. Les facteurs du non-respect des traditions et des règlements de pêche...... 80 2.4.1. Facteurs endogènes ...... 81 2.4.1.1. Surpopulation des pêcheurs et l’insécurité...... 81 2.4.1.2. Raréfaction des produits halieutiques...... 82 2.4.1.3. Le ralentissement des répercussions du non-respect des traditions...... 83 2.4.2. Facteurs exogènes ...... 84 2.4.2.1. L’impact de la mondialisation ...... 85 2.4.2.2. La migration ...... 86 2.4.2.3. Les effets du temps...... 86 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE...... 88 PARTIE III : DISCUSSIONS ……………………………………………………………...89 3.1. Evaluations ...... 90 3.1.1. Problèmes de l’activité de pêche pour le développement de Mitsinjo...... 90 3.1.1.1. Insuffisance des infrastructures accueillants les produits de pêche...... 90 3.1.1.2. Absence des organismes et des secteurs travaillant sur la pêche ...... 92 3.1.1.3. Faible revenus...... 93 3.1.2. Problème de l’environnement forestier ...... 95 3.1.3. Etude comparative...... 96 3.1.3.1. La pêche dans la CR Mitsinjo et des autres Régions...... 97 3.1.3.2. Comparaison à travers les autres pays……………………………………101 3.2. Recommandations………………………………………………………………………103 3.2.1. Education et développement……………………………………………………..103 3.2.1.1. Améliorer la qualité de l’enseignement………………………………….104 3.2.1.2. Eduquer et motiver les pêcheurs à respecter leur environnement……….106 3.2.2. Socio-économique et organisationnelle ...... 107 3.2.2.1. Création des Centres de Formation Professionnelle...... 107 3.2.2.2. Valorisation et promotion de la culture traditionnelle...... 108 3.2.2.3. Augmenter le nombre des contrôleurs de pêche dans ce District...... 109 3.2.3. Renforcer l’harmonie entre l’homme, la nature et la culture ...... 110 3.2.4. Prendre des mesures raisonnables et strictes...... 113 CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE ...... 114 CONCLUSION ...... 115 BIBLIOGRAPHIE ...... 119 WEBOGRAPHIE...... 121 ANNEXES ...... 123 IDENTIFICATION………………………………………………………………………….138 REMERCIEMENTS Nos sincères remerciements s’adressent à : – Monsieur RAVELOMANANA Mamy Raoul, Professeur titulaire, Président de l’Université d’Antananarivo Madame RALINIRINA Fanja Tahina, Maître de Conférences, Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, qui nous ont permis de réaliser ce travail de recherche, mais aussi de nous avoir donné l’agrément de soutenir ce mémoire afin d’obtenir le diplôme de MASTER en Anthropologie. – Docteur RABOTOVAO Samoelson, Maître de Conférences, Directeur de la Mention Anthropologie, qui est à la fois notre encadreur académique et le premier responsable du parcours Anthropologie fondamentale. Il a accepté de nous diriger du début jusqu’à la fin de ce travail. – Docteur RAKOTOMAVO Tsikimilamina, Directeur de la Direction de l’Identité Culturelle au sein du Ministère de la Communication et de la Culture et à la fois notre encadreur professionnel, qui nous a reçu comme stagiaire et nous a appris des connaissances dans le domaine de travail concernant l’identité culturelle. – Les membres du jury pour leurs appréciations – Ainsi que tous les Enseignants chercheurs au sein de la Mention « pour leurs enseignements et leurs conseils. – Toutes les personnes enquêtées, qui ont accepté de donner leur avis par rapport à la situation de l’activité de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo De même, je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin pendant la réalisation de cette investigation, tout particulièrement mes parents et mes proches pour leur soutien moral et financier.

Merci de tout mon cœur

BABENTSOA Rasega Miaro

Antananarivo, Octobre 2020 GLOSSAIRE -Acculturation : « changement de la culture d’une population par le contact avec des personnes venants d’ailleurs ou avec d’autres cultures. » - Économie culturelle : usage des activités culturelles et artistiques pour améliorer son économie. - Industrie culturelle : « comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion ou la commercialisation des biens, de services ou de manifestations à contenu artistique et/ou patrimonial -Pêche traditionnelle : un type de pêche qui a un lien avec la culture traditionnelle et par laquelle on utilise souvent des matériaux traditionnels.

- Doany : un endroit sacré spécialisé pour faire différentes prières, et ce, afin d’entretenir la relation envers les ancêtres et les autres divinités. - Fihavanana : une valeur morale très importante pour les Sakalava, voire les Malagasy tout entiers, tissée par l’amitié, la cohésion et l’entraide. - Finta : matériel de la pêche à la ligne. - Harato kaoka : litt. filet qui ramasse tout et/ou filet concave. - Harato kodoboka : filet accompagné des bâtons perturbateurs des poissons. - Harato toraka : épervier. - Harato varilava : filet spécialisé pour capturer les pellonulops madagascariensis sauvages. - Joro : un moment pour faire des demandes et/ou des prières envers les ancêtres, l’au-delà et les autres divinités. - Joro faly ota : prière réservée aux ancêtres du lac Kamonjo et à l’au-delà pour demander du pardon sur tous les péchés que les pêcheurs ont commis. - Joro harato : prière d’un nouveau filet fait par sa propriétaire au bord du lac Kamonjo. - Masantôko : mauvais esprit. - Olobe ou Raiaman-dreny : les personnes aînées ou les grands-parents qui sont considérés comme des porteurs de paroles sacrées. Ils peuvent souvent prendre une décision incontestable. - Sihitra : filet fabriqué à l`aide de moustiquaire - Zanatany : les originaires ou les autochtones d’une région. LISTE DES ABREVIATIONS BEPC : Brevet d’Etude du Premier Cycle CEG : Collège d’Enseignement Général CFP : Centre de Formation Professionnelle CR : Commune Rurale CSA : Centre de Service Agricole CSB : Centre de Santé de Base CU : Commune Urbaine DIC : Direction de l’Identité Culturelle DGCULT : Directeur Général de la Culture DRAEP : Directeur Régional de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche FAO: Food and Agriculture Organization. "Organisation des Nation Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture" FID : Fonds d’Intervention pour le Développement. FKT: Fokontany JIRAMA: Jiro sy Rano Malagasy MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche MCC : Ministère de la Communication et de la Culture NTIC : Nouvelle Technologie d’Information et de la Communication ONG : Organisation Non Gouvernementale PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPN : Produits de Première Nécessité PROSPERER : Programme de Soutien aux Pôles de micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales QG : Quartier Général RDC : République Démocratique du Congo UNESCO: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organizational. "Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et Cultures" V.O.I : Vondron’Olona Ifotony LISTE DES TABLEAUX, DES CARTES, DES PHOTOS ET DES FIGURES Tableaux Tableau n° 1 : Répartition de Fokontany et de commune dans le district de Mitsinjo ...... 20 Tableau n° 2 : Répartition de population par commune...... 24 Tableau n° 3 : Classification des individus enquêtés après échantillonnage ...... 45 Tableau n° 4 : Liste des produits halieutiques du lac Kamonjo à mitsinjo ...... 64 Tableau n° 5 : Fluctuation des prix des poissons de Mitsinjo...... 94

Cartes Carte n° 1 : La région Boeny et ses 06 districts……………………………………………....21 Carte n° 2 : Le District Mitsinjo et ses 07 communes...... 22 Carte n° 3 : Vue satellite de la CR Mitsinjo et du lac Kamonjo ...... 23

Photos Photo n° 1 : Pirogues monoxyles et des pagaies ...... 55 Photo n° 2 : Epervier ...... 56 Photo n° 3 : Filet concave ...... 57 Photo n° 4 : Filet kidoboka...... 58 Photo n° 5 : Filet de varilava ...... 60 Photo n° 6 : Sihitra ou filet moustiquaire...... 61 Photo n° 7 : Fintana ou canne à pêche...... 63 Photo n° 8 : Système de fumage des poissons des pêcheurs du Kamonjo ...... 68

Figures Figure n° 1 : Présentation de l’échantillonnage en grappe des individus enquêtés...... 44 Figure n° 2 : Circuits de vente des produits halieutiques de Mitsinjo...... 69 RESUME Ce travail de recherche est axé sur l’anthropologie sociale, dans lequel sont étudiées la pêche et les traditions dans le lac Kamonjo à Mitsinjo. Il est intitulé « -respect des traditions et des règlements de la pêche, fait-il partie des obstacles du développement de la pêche traditionnelle et continentale dans le lac Kamonjo à Mitsinjo Région BOENY La pêche au lac Kamonjo est une pêche traditionnelle qui était, à l’époque, réservée aux Sakalava en tant qu’autochtones de Mitsinjo. Mais à cette époque, la pêche n’était pas leur unique activité, il s’agissait d’une activité complémentaire. Les principales activités des Sakalava étaient l’agriculture et l’élevage. Actuellement, elles s’étendent à la pêche qui est parmi les activités principales. Chez les Sakalava, la pêche est avant tout une affaire culturelle plutôt qu’une affaire économique. Les pêcheurs traditionnistes considèrent que le respect de la culture sakalava à Mitsinjo et au lac Kamonjo est le facteur majeur de la rentabilité de leurs activités. Avant l’année 2000, la pêche dans ce lac a largement satisfait aux besoins des pêcheurs, des collecteurs, voire les consommateurs locaux et nationaux. Plus tard, elle est bouleversée par le phénomène de migration. De ce fait, elle n’intervient plus comme moyen de résolution des problèmes de la société. La non-maîtrise de la tradition provoque également des problèmes écologiques et économiques. La culture traditionnelle Sakalava concernant la pêche ne doit pas s’opposer aux normes écologiques pour atteindre la bonne gestion des ressources halieutiques. Le respect des traditions telles que : les tabous, les cultes des ancêtres auprès du doany ainsi que les rites et les sacrifices, et les normes écologiques comme les règlements de la pêche —devraient aider à la gestion les ressources halieutiques à Kamonjo afin que les générations actuelles et futures puissent en bénéficier durablement.

Mots clés : développement, économie, pêche, règlement de pêche, tradition. ABSTRACT This research work focuses on social anthropology, in which fishing and traditions are studied in Lake Kamonjo in Mitsinjo. It is titled "Does the disrespect of fishing traditions and regulations, is it one of the obstacles to the development? Case of traditional and continental fishing in Lake Kamonjo in Mitsinjo - BOENY region ". Fishing in Lake Kamonjo is a traditional fishing which was then reserved for the Sakalava as a native of Mitsinjo but fishing at that time was not their own activities, it was a complementary activity. The main activities of the Sakalava were agriculture and animal husbandry. Currently, they extend to fishing as one of the main activities. Among the Sakalava, fishing is above all a cultural affair than an economic affair. Traditional fishermen consider that the respect of sakalava culture in Mitsinjo at Kamonjo Lake is the major factor of profitability of their activities. Before 2000, fishing in this lake could easily satisfy the needs of local and national fishermen, collectors, and even consumers. Later, it was shocked by the phenomenon of migration. As a result, it no longer intervenes as a mean of solving society’s problems. The lack of control of tradition also causes ecological and economic problems. Traditional Sakalava fisheries culture must not conflict with ecological standards in order to achieve a durable management of fisheries resources. The respect of traditions such as: taboos, cults of ancestors is essential.

Key words: development, economic, fishing, fishing regulation, tradition. FINTINA Ity asa fikarohana ity dia mifantoka amin'ny haiolona ara-piarahamonina, izay ifantohana manokana momba ny jono sy ireo fomba nentim-paharazana ao amin'ny farihy Kamonjo any Mitsinjo. Nampitondraina ny lohateny hoe:"Ny tsy fanajana ireo fomba nentim-paharazana sy ny fitsipika mifehy ny jono, iray amin'ny vato misakana amin'ny fampandrosoana -paharazana no sady - faritra BOENY". Ny jono ao amin'ny farihy Kamonjo dia jono nentim-paharazana izay natokana ho an'ny Sakalava teratany Mitsinjo tany aloha, noho izy ireo tompon-tany ao; na dia izany anefa dia tsy ny jono irery ihany no asa fiveloman’izy ireo fa teo ihany ireo asa hafa nameno izany. Ny tena asa fiveloman’ny Sakalava taloha dia ny fambolena sy ny fiompiana. Amin’izao fotoana izao,ny jono dia iray amin'ireo asa lehibe indrindra mibahan-toerana eo amin’ny fiainan’izy ireo. Any amin’ny Sakalava, ny jono, alohan’ny zavatra rehetra dia toy ny raharaha ara-kolontsaina fa tsy raharaha ara-toekarena. Ireo mpanjono nentim-paharazana dia mihevitra fa ny fanajana ny kolontsaina sakalava any Mitsinjo sy ny farihin'i Kamonjo no antony lehibe ahazoana tombony amin'ny asany. Talohan'ny taona 2000, ny jono ao amin'io farihy io dia nahafa-po ny filan'ny mpanjono sy ny mpanangona ary ny mpanjifa eo an-toerana na manerana ny nosy ihany koa aza. Taty aoriana, niova tanteraka izany nohon’ny fisian’ny fifindra-monina. Vokatr'izany dia tsy azo ianteherana ho fitaovana hamahana ny olan'ny fiarahamonina intsony ny jono. Ny tsy fahaizana mifehy ny fomban-drazana koa dia miteraka olana ara-tontolo iainana sy ara- toekarena. Ny kolontsaina nentim-paharazana mikasika ny jono dia tsy tokony hifanohitra loatra amin’ny fenitra ekolojika hahatrarana fitantanana tsara ny harena an-dranomasina. Ny fanajana ny fomban-drazana toy ny: fady, fanompoana atao ao amin'ny doany ary koa ny fombafomba sy sorona, ary ny fenitra ara-tontolo iainana toy ny lalàna mifehy ny jono - dia tokony hanampy amin'ny fitantanana ny harena an-dranomasina ao Kamonjo ka ho an'ny taranaka ankehitriny sy ho avy dia afaka mandray soa amin'izany mandritra ny fotoana maharitra.

Teny manandanja : fitsipika momba ny jono, fomban-drazana, ny fivoarana, ny jono, ny toe- karena. INTRODUCTION Étymologiquement, le mot « est la combinaison de deux mots grecs, l’un « qui veut dire homme et l’autre « qui signifie étude, savoir, connaissances, discours ou science. En effet, elle est donc une science qui étudie l’homme. Par définition, l’anthropologie est un domaine d’étude qui se consacre à la connaissance de l’homme sous tous ses aspects (social, culturel, physique, psychologie mentale, etc.) -à- dire qu’elle est une étude de l’homme dans sa totalité et sa globalité. Selon le journal 1 des Anthropologues français, ce domaine d’étude observe, analyse et décrit tous les faits sociaux de l’homme. C’est suite à un tel constat que résultent les paroles des interlocuteurs dans leur journal, à savoir :« Anthropologie rassemble l’ensemble des sciences qui étudient l’homme dans ses différentes dimensions. L’anthropologie sociale est une branche de l’anthropologie qui focalise son étude sur les faits sociaux et le mode de vie de l’homme. Elle s’intéresse sur les liens des êtres humains avec son environnement à partir de cela, les spécialistes de ce domaine font des analyses à propos de ses évolutions dans l’espace et dans le temps. Le système économique et la culture traditionnelle d’une société figurent parmi les objets étudiés dans cette discipline. La présente étude se concentre sur un fait social d’une société qui se trouve au Nord-Ouest de , particulièrement l’activité de pêche chez le peuple Sakalava de Marambitsy installé dans le District de Mitsinjo (l’un des Districts de la Région BOENY). Ainsi notre mémoire s’intitule : « -respect des traditions et des règlements de la pêche, fait-il partie des obstacles du développement êche traditionnelle et continentale dans le lac Kamonjo à Mitsinjo Région BOENY. Nous savons que les Malagasy sont connus pour la diversité culturelle, chaque ethnie de Madagascar a sa propre culture et sa propre langue, bien qu’à l’intérieur de ce pays, il y a une intercompréhension entre les Malagasy. Leur intercompréhension est due au dialogue de culture tissé par le fihavanana : une valeur morale très indispensable chez eux, et ce, grâce à la source historique commune. Chez nous, la culture traditionnelle basée sur les traditions orales est cruciale dans la mesure où elle est une façon de préserver et de transmettre l’histoire, la loi et la coutume d’une société dite traditionnelle. Elle est considérée comme un folklore absolu dans le monde traditionnel. C’est pourquoi il faut respecter les traditions et les transmettre de génération en génération à l’aide des traditions orales afin qu’on puisse espérer la bénédiction de Dieu et des ancêtres, sinon la société et la culture traditionnelle risqueront de disparaître parce que leurs valeurs vont diminuer à cause de la modernité apportée par la mondialisation actuelle. Le respect des règlements posés par les administrations au sujet de l’environnement, l’écologie et l’écosystème sont ainsi indispensables pour notre vie quotidienne puisqu’il sert à entamer le processus de développement rapide et durable. Pourtant, ces aspects rencontrent divers enjeux engendrés par l’action des hommes. Or, ces aspects sus cités sont considérés comme le poumon de notre planète, voire la source de vie. D’ailleurs, M. Merkez et S. Ahmet, rédacteurs des thèmes concernant l’écologie dans un siteweb 2, ont expliqué que : « ère très efficace et, en raison des domaines d’études et de ses départements (…). Aujourd’hui, l’écologie est le pionnier du développement et l’innovation dans de nombreux domaines et catégories. Cette situation semble se maintenir de manière à être précise et claire dans les domaines et les temps futurs. L’écologie est tout pour le monde. Les « (littéralement fils de la terre) ou autochtones du District de Mitsinjo sont appelés « A. B. Ravonison, 2013 : 28-31). Ils font également partie des gens qui conservent et valorisent encore leurs us et coutumes à la culture, leurs chefs coutumiers ont une place parallèle à l’administration actuelle, comme une sorte d’autorité. Et la tradition raconte que les descendants des anciens souverains ont leur place en qualité de Chefs fortement considérés. L’activité quotidienne et/ou la base économique des paysans dans le district de Mitsinjo, à part l’agriculture et l’élevage, est la pêche. Dans ce travail qui est axé sur un fait social de la population de Mitsinjo en général, la tradition et la pêche sont des deux éléments qui se mettent en cohérence dans le lac Kamonjo, il s’agit donc d’une anthropologie socioculturelle et économique. Dans ce travail, nous souhaiterons expliquer que « - respect de la tradition liée à cette activité et des règlements de pêche menace actuellement l’écosystème de ce lac et met en péril cette filière Les rendements de la pêche diminuent considérablement et cela engendre des impacts néfastes sur la vie quotidienne des pêcheurs au sein de cette commune et même partout. Deux disciplines anthropologiques sont tout à fait en contact dans notre objet de recherche et c’est au niveau de ces disciplines que nous avons cadré l’analyse et l’interprétation de notre travail. L’anthropologie socioculturelle nous a permis de comprendre le phénomène social et culturel de la société qu’on a observé. M. Augé et J. Paul Colleyn (2007 : 13) ont affirmé que :« s’intéresse aux groupes humains qu’elles que soient leurs caractéristiques. Elle a pour objet d’étudier tous les phénomènes sociaux qui requièrent une explication par des facteurs culturels. Par laquelle, les chercheurs essaient de comprendre les évènements qui s’étaient passés et qui se passent actuellement dans une société. Leur objet d’étude est souvent la structure d’un phénomène social et culturel en visant les évolutions qui se sont montrées dans les sociétés cibles. Et c’est à partir de cela qu’ils puissent enfin accomplir leur travail. Ensuite, l’anthropologie économique nous offre une bonne méthode d’approche concernant le système économique de notre objet d’étude, car elle se focalise sur la manière dont un individu ou un groupe gère son argent/sa richesse comme divers auteurs l’affirment. Nous l’avons choisi pour nous permettre de comprendre les méthodes d’organisation entre eux (les pêcheurs du lac Kamonjo), avec leurs familles, voire avec les autorités de l’État — qui travaillent sur la pêche dans ce District — quand ils font leur travail. Selon F. Dupuy et C. Armand : « p de la discipline anthropologique qui étudie les modes d’organisation collective par lesquels les sociétés humaines produisent et répartissent les biens nécessaires à leur vie matérielle et culturelle. (2001 : 9) Nous avons orienté notre travail dans ces domaines, car nous souhaiterons connaître le phénomène socioculturel, ainsi que le système économique du groupe de société qui se trouve au Nord-Ouest de Madagascar, particulièrement l’activité de pêche dans la CR Mitsinjo. Autrement dit, nous les avons adoptées afin de savoir comment ils optimisent leurs rendements pour subsister et pour pouvoir financer leurs quotidiens, mais aussi sur comment cette filière (la pêche) rapporte à la CR Mitsinjo. Actuellement, certains pêcheurs disent que cette filière n’est plus rentable et ne peut quelques fois pas résoudre leurs problèmes d’autres activités : l’élevage et l’agriculture pour survivre. On dit que le non-respect de la culture traditionnelle Sakalava et des règlements de la pêche posés par les organismes ou les responsables de la pêche à Madagascar se répercute directement sur la pratique de la pêche dans cette zone. Causée par les différents méfaits des pêcheurs dans ce district, la pêche ne peut plus répondre à leurs besoins et aux besoins des consommateurs notamment à la population de Mitsinjo. La diminution du rendement de la pêche, ou des produits halieutiques à Kamonjo est due aux actions humaines. Ces dernières se présentent avant tout par le non-respect de la culture traditionnelle Sakalava, des règles écologiques et d’hygiène disaient les Olobe . À cause de ses propres actes, l’homme est la première victime des répercussions. En effet, le grand problème c’est que le résultat de tels actes est toujours collectif. Alors, la question se pose, comment peut-on réconcilier la tradition et le développement de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo à travers les traditions orales Quels sont les facteurs qui engendrent le non-respect de ces deux aspects peut-on faire pour motiver les gens, surtout les pêcheurs de ce lac à respecter les cultures traditionnelles et les règlements de la pêche pour qu’ils comprennent l’importance de ceux-ci permettent de nous dire qu’il faudrait raccommoder la tradition et la pêche. C’est-à-dire que cette culture traditionnelle qui est basée sur la croyance des forces surnaturelles ne doit pas s’opposer intégralement à la conservation moderne des ressources halieutiques dans ce lac, voire dans le district de Mitsinjo. Autrement dit, pour développer la filière pêche dans ce lac, il faut que les traditions ne s’opposent pas à la modernité. En effet, le choix de cette thématique résulte de notre ambition à connaître divers éléments autour de ce lac tion entre la culture et la pêche, les rites. Et ainsi de trouver la relation intime entre les anciens et les nouveaux pêcheurs, parce que la relation entre les deux entrainerait l’harmonie sociale et écologique, autrement dit cela ferait du lac Kamonjo un lac poissonneux. Et tout le monde pourrait jouir de cet avantage, car toutes les eaux naturelles sont des patrimoines de l’État. Nous souhaiterions que les gens connaissent tous ceux qui sont dans cette activité, surtout les futurs pêcheurs dans ce lac. En d’autres termes, il faut que tout le monde, surtout les pêcheurs soient conscients et responsables de la valorisation de toutes ces règles liées à la pêche dans ce lac, afin que cette activité primaire -la pêche- devienne un patrimoine économique et culturel permettant aux générations de vivre durablement. Cette étude est limitée par l’obligation d’être objectif, puisque dans l’anthropologie, l’investigateur ne doit pas apporter des jugements face à son objet d’étude, et dans son interprétation. Et c’est pour cette raison que nous devons toujours être objectifs à travers toutes les situations qui se montrent durant notre passage ou descente sur terrain. Comme notre thème et notre apport doivent envisager la résolution d’un problème économique dans la CR Mitsinjo -à l’aide de l’étude de cas de la filière pêche et la culture - c’est-à-dire essayé d’accomplir une recherche-action visant le développement, les hypothèses de J. Patricio (2013), S. Randrianjatovo (2010) et F. Rakotomahaleo (2006) nous ont beaucoup encouragés. Le premier auteur, en tant qu’expert en culture, a donné une place importante à la culture sur le processus du développement quand il a abordé les nécessités de la pratique de la politique culturelle. Dans son ouvrage, il a énuméré divers principes et processus pour le développement d’une politique culturelle afin qu’une société ou un pays trouve bien l’agréabilité de cet élément dans le processus du développement. Grâce à ses idées, nous avons pu en savoir plus sur l’importance de la culture pour ce dernier. Et quant aux deux autres auteurs, ils ont axé leurs études sur la valeur de l’environnement et l’écologie dans le processus de développement, aussi, c’est pourquoi ils affirment que la sensibilisation des gens concernant le sens de ces mots est indispensable. A part tout cela, ces auteurs ont mis en exergue que l’application des lois à propos des règles écologiques et environnementales nous permet d’initier rapidement la croissance économique. En effet, la première hypothèse que nous voulons présenter dans ce travail est l’importance de la relation entre les traditions orales locales et la pêche dans le lac Kamonjo. L’important entre les deux est qu’il n’y a pas de bons rendements des produits halieutiques si on ne respecte pas les normes sociales exigées par la pêche. Entre autres, il s’agit de respecter toutes sortes de tabous et la pratique du joro (une cérémonie de demande de bénédiction aux ancêtres et aux autres divinités assimilées). Notre deuxième hypothèse consiste à conjuguer ensemble la pratique culturelle et l’activité économique de la pêche. En plus, la pêche dans le lac Kamonjo n’est pas seulement une activité économique dans le district de Mitsinjo mais aussi une pratique culturelle. D’ailleurs, d’après la perspective ethnologique, nous ne pouvons espérer l’augmentation des rendements de la pêche si la population de Mitsinjo ne vit pas dans la culture locale, surtout la culture liée à l’activité de la pêche. Elle ne reçoit pas la bénédiction de ses ancêtres si elle ne respecte pas cette culture. Sachant que toutes les règles culturelles ne s’opposent pas aux normes scientifiques sur la protection de l’environnement autour et dans le lac Kamonjo, car les deux sont complémentaires dans le cadre de l’écosystème terrestre et aquatique. Notre troisième hypothèse est que la culture est inséparable à la vie humaine. Donc, la pêche n’échappe pas à la culture c’est-à-dire que la pêche est avant tout une activité culturelle qu’économique. Autrement dit, l’homme est avant tout un être culturel qu’un être économiste. Cette perspective essaie de mettre la culture avant toutes choses. Et notre quatrième hypothèse consiste à savoir que le respect de la culture traditionnelle des Autochtones prend une place cruciale dans le processus du développement parce qu’il engendre quelquefois de la solidarité, de la cohésion, de l’amitié entre eux. Par conséquent, la première méthode que nous avons utilisée, pour avoir toutes les données utiles pour notre travail de recherche, a été la recherche documentaire. Suite à cela, nous avons pu faire des lectures d’anciens ouvrages différents qui parlent de notre sujet de recherche à l’aide de ces lectures que nous avons pu effectuer l’analyse théorique comparée des faits sociaux concernant ce dernier. Nous avons visité plusieurs bibliothèques, on a aussi suivi diverses émissions (surtout les documentaires et les débats politiques) sur les chaînes télévisées de Madagascar mémoire. La recherche sur internet est aussi l’une des approches appliquées pour cette dernière. Ensuite, la collecte des données sur le terrain est la deuxième méthode que nous avons employée. Nous avons utilisé la méthode de l’observation indirecte et l’observation directe. À part le père fondateur de cette méthode d’observation, S. Genest (1979 : 15) disait aussi que : « l’expérimenter soi-même, en un mot d’y participer, confère une qualité particulière à l’analyse de l’anthropologue. Pour cette raison, et quelles que soient par ailleurs les orientations théoriques et personnelles de ce dernier, l’attitude de participation garde encore tout son sens Dans l’observation indirecte ou passive, nous avons procédé à des enquêtes sous forme d’une simple observation -à-dire qu’il s’agissait d’une méthode d’approche qui nous a rendus muets auprès de nos cibles en utilisant tout simplement les yeux pour voir tout ce qu’ils font et les oreilles pour pouvoir écouter leurs discussions avant, durant et après leur pêche. Et ensuite, nous avons effectué une observation qui s’appelle observation directe et participante pour pouvoir bien comprendre tout ce qui se passe autour de leur travail, pour que nous puissions faire des enquêtes sous forme de conversation auprès des informateurs cibles selon leurs expériences relatives à la société sakalava et sur la culture liée au lac Kamonjo. Nous étions allés à la pêche et avons assisté au déroulement de certains rituels concernant la pêche dans le lac Kamonjo. Notre travail de recherche comporte trois parties : dans une première partie, nous montrerons les Matériels et les Méthodes deuxième partie ère partie, nous présenterons les Discussions. PARTIE I : MATERIELS ET METHODES Dans la recherche anthropologique comme la nôtre, ou même dans les autres domaines, il faut d’abord avoir des données et des méthodologies afin d’avoir des résultats sur une thématique ou un sujet de recherche. Et en vérifiant les données que nous avons déjà eues sur notre objet d’étude, l’observation qui se fait à l’aide de la descente sur terrain est primordiale avant d’interpréter nos résultats. En effet, dans cette partie, nous démontrerons tous les matériels et les méthodes que nous avons appliquées dans la réalisation de ce travail afin d’avoir des résultats à analyser, et des discussions à annoncer. Concernant les matériels utilisés pour notre approche, nous parlerons de : la description de notre terrain d’investigation, les hypothèses de nos prédécesseurs et ainsi que les données de terrain que nous avons pu récolter. Et par les méthodes, nous expliquerons beaucoup plus les méthodes de collecte, la méthode d’analyse et d’interprétation de nos données.

1.1. Matériels Ce chapitre concernera les différents savoirs concernant le District de Mitsinjo et le lac Kamonjo en général, et les opinions de plusieurs auteurs qui ont déjà focalisé leurs études sur la pêche continentale et la culture. Les matériels sont parmi les éléments indispensables dans une recherche, ils facilitent maint les travaux des chercheurs. Grâce aux matériels, les anthropologues ont déjà des connaissances concernant leurs sujets de recherche même s’ils n’ont pas encore accompli leur observation sur terrain. Et ce sont ces connaissances qu’ils vérifient souvent sur terrain afin de faire son interprétation.

1.1.1. Description du terrain d’investigation Dans cette section, à part l’annonce de la situation géographique et historique du lac Kamonjo et de ce pays, on explorera les divers modes de vie de la population dans ces endroits. Elle est nécessaire dans notre domaine parce qu’elle sert au lecteur de mieux comprendre toutes les situations qui se manifestent dans ce lac et dans cette CR.

1.1.1.1. Situation géographique Dans la région Nord-ouest de Madagascar, le District de Mitsinjo constitue l’un des six Districts qui composent la région Boeny. Il est à l’Ouest du District de I et II, et celui de aussi, au Sud-ouest d’Ambato-Boeny et à l’Est du district de . Mahajanga est le chef-lieu de la Région Boeny, il se situe à l’Est du Canal de Mozambique. La route qui relie la CR et Mitsinjo est une route secondaire ; praticable pendant la saison sèche. Le frais de transports est de 10.000Ariary mais pendant la période de pluie, le frais augmente jusqu’à 30.000Ariary. Les transporteurs souffrent beaucoup pendant cette période parce qu’ils ne peuvent pas utiliser les « car » ordinaires comme taxi-brousses ; voilà pourquoi certains d’entre eux achètent des occasions de 4x4 pour transporter les voyageurs. Pendant cette période, les chauffeurs passent des moments difficiles car à chaque voyage, leurs véhicules ont toujours des pannes techniques qu’ils doivent réparer pour pouvoir continuer à desservir les communes rurales dans cette zone. Mitsinjo se situe à 65Km de la commune rurale Katsepy sur la route vers Soalala, c'est-à-dire qu’il se trouve sur le chemin qui relie la commune rurale Katsepy et le district de Soalala. A part cette localisation, S. Randrianjatovo (2010 : 7-8) a aussi affirmé dans son ouvrage : « Cette Région de Mitsinjo se situe entre 15° 46’ à 16° 12’S et 45° 28’ à 45° 56’E et couvre une surface environ 258.900ha (ZICOMA, 1999). En partant de Mahajanga, elle est accessible grâce à une embarcation en bac qui relie Mahajanga-Katsepy où en prenant une route en secondaire de 85km qui relie Katsepy-Antongomenabevary- (Namakia) jusqu’à Mitsinjo ». D’après lui le District de Mitsinjo se trouve à 85km de Katsepy, de même, certains ont aussi le même avis de cet auteur, mais d’après nous, lors de notre descente sur terrain, nous avons constaté qu’à l’entrée de cette Commune Rurale il y a une borne kilométrique qui indique 67km ; en plus « Google Map » aussi nous indique cet écart. Autrement dit, la distance qui relie Katsepy-Mitsinjo est de 67km si on ne traverse pas la commune rurale Matsakabanja, c'est-à-dire qu’il y a un autre raccourci qui nous permet d’aller directement vers Mitsinjo. Le district Mitsinjo est formé sept communes : Katsepy, Antongomena-Bevary, Matsakabanja, Mitsinjo, Ambarimaninga, et . Ensuite, lors de notre recherche documentaire au bureau de la commune rurale Mitsinjo, nous avons entendu que cette commune rurale comporte cinquante-huit Fokontany . En d’autres termes, chaque commune a ses propres FKT . Le tableau suivant nous montre la répartition de ces FKT Tableau n°1 : Répartition de Fokontany et de commune dans le district de Mitsinjo COMMUNES FOKONTANY KATSEPY Katsepy, Antrema, Analatelo, Beantsiva, Tsiandrarafa, Sankoany, Ambondrona ANTONGOMENA-BEVARY Antongomena-Bevary, Bevary, Mangatsiaka, Kingany, Anjiamaloto, Bemokotra, Boeny-Aranta, Boeny-Doany, Ambato-Mahavavy MATSAKABANJA Matsakabanja, Namakia, Belalanda, Morafeno, Mangabe, Marogidro, Ampitsopitsoka, Andramy, Ampiranga, Anjiakely, Benetsy, Antsakoamanera MITSINJO Mitsinjo, Bemahazaka, Marofandroboka, Ratinavia, Betsina, Antongomena- Betsina, Begila, Analamamy, Anaborengy, Antanamanaka AMBARIMANINGA Ambarimaninga, Ampanihy, Befamonty, Ambinda, Anjiakely BEKIPAY Bekipay, Marorata, Madirotoka, Ankevo, Ampasitanatana, Antanimalandy, Ankoakala, Bemaroatoly ANTSEZA Antseza, , Belakoko, , Antongomenabe, Manisakomby, Ambararatabe

Source : Bureau de la CR Mitsinjo, le 12 Décembre 2019

Mitsinjo a une superficie de 5.734Km 2 (d’après le document que le responsable du BIF nous a fait voir), son paysage est formé par un relief et certaines zones de ce district sont rocheuses et sableuses. Et quand on parle du plan géographique du lac Kamonjo, il se trouve dans la commune rurale Mitsinjo ; plus précisément, il se situe au Sud-ouest de Mitsinjo, c’est juste au Sud du CEG (Collège d’Enseignement Général) de ce dernier. C’est pour cette raison qu’on a beaucoup expliqué la situation géographique du district de Mitsinjo. Le lac Kamonjo a plusieurs îlots, au nombre de 20 ou plus. Il a une superficie de 800Ha et une profondeur de 2,5m. Ensuite, comme nous avons tous entendu que le deuxième plus grand lac de Madagascar : le lac Kinkony, se trouve aussi dans ce district. Nous pouvons dire que sur le point de vue de l’hydrographie, le district de Mitsinjo est riche en cours d’eau et lacs. Il y a plusieurs autres lacs en dehors du lac Kinkony et Kamonjo comme le lac Langonany, le lac Katondra et le lac d’Andranobe. Pour bien éclaircir la localisation de notre région d’étude, nous montrerons ci-après les cartes de notre terrain de recherche. Carte n°1 : La région Boeny et ses 06 districts

Source : tastimo.blogspot.com, (consulté le 22/02/2020) districts Carte n° 2 : Le District Mitsinjo et ses 07 Communes

Source : Région Boeny, 2019 Carte n°3 : Vue satellite de la CR Mitsinjo et du lac Kamonjo

...... Fleuve Mahavavy . . . . .

Lac Kamonjo

Source : image tiré sur http://www.google.com/ (consulté le 20/02/20), et retouché par l’impétrant . L’année 2006, le nombre total de la population de Mitsinjo est de 99.361 ; ensuite, à cause de l’accroissement démographique qui montre dans ce district comme dans toutes autres régions, l’année 2015 ce nombre atteint 114.678 d’après les données que nous avons acquises auprès du bureau de CR Mitsinjo. Faute de l’instabilité de la gestion des services qui est constatée au sein du bureau de la CR et du District Mitsinjo depuis le décès de leur ex maire l’année 2018, nous n’avons pas pu avoir le nombre actuel de sa population. On va présenter ci-après dans le tableau suivant la répartition du nombre de sa population par chaque commune et on note qu’on va le ranger en ordre croissant.

Tableau n°02 : répartition de population par commune Commune Nombre de population MATSAKABANJA 22.630 MITSINJO 20.788 ANTONGOMENA-BEVARY 18.028 KATSEPY 16.535 BEKIPAY 15.795 ANTSEZA 10.732 AMBARIMANINGA 10.170 TOTAL 114.678 Source : bureau de la CR Mitsinjo, le 12 juillet 2019

Sur le plan météorologique, ce district est caractérisé par un climat chaud et pluvieux de novembre en avril et d’une saison sèche du mois de mai jusqu’au mois d’octobre. Pendant la période de pluie, les autres communes aux environs de cette CR sont victimes de la montée des eaux à cause de la déforestation pratiquée par les gens dans cette zone, surtout ceux qui habitent aux bords du fleuve Mahavavy. Sur le plan économique, les infrastructures qu’on trouve dans cette CR ressemblent à celles des autres communes de Madagascar. Certaines personnes construisent à l’aide des briques faites avec un mélange de sable et de ciment. D’autres sont faits à partir de mélange de boue avec de l’eau pour avoir un mortier pour construire les murs, ça dépend des moyens financiers de son propriétaire. La plupart des toits de maison de la population de Mitsinjo sont tous en tôle. Mais ceux des pêcheurs qui habitent au bord du lac Kamonjo sont presque en satrana parce que ce type de plante est très abondant aux environs de ce lac, pour la raison qu’ils ne veulent plus dépenser leur argent pour construire une case. Sur le plan éducatif, on y trouve une seule Ecole Primaire Publique, un seul Collège d’Enseignement Général aussi et un Lycée. A part cela, seules deux écoles privées qui offrent tous les niveaux et un nouveau Lycée privé qui est apparu l’année 2018. Sur le plan commercial, Mitsinjo n’a qu’un seul endroit de marché public ou bazar. Ce dernier ne suit pas les normes de l’hygiène humaine. Il se trouve à côté du Doany de Mitsinjo ; il est quand même fait en dur grâce au projet du FID l’année 2004, ont rapporté quelques-uns de nos enquêtés. A cause du bon nombre des vendeurs dans ce lieu commercial, certains vendeurs étalent leurs produits sur sa terrasse, voire à l’extérieur de ce bazar.

1.1.1.2. Situation historique La zone de Mitsinjo, actuellement pays sakalava n’était pas une zone désertique et vierge avant l’arrivée de la troupe sakalava menée par le roi Andriamandisoarivo qui a quitté son pays d’origine : le Menabe après les querelles dynastiques sakalava appelées « ady milongo » (guerre de la même famille) au sein de la famille princière Sakalava du Menabe, celles de Zafinifotsy et de Zafinimena. Selon de nombreux auteurs sur l’histoire Sakalava, cette guerre a duré pendant plusieurs années. La raison en est que certains membres de la troupe d’Andriamandisoarivo ont quitté le Menabe à l’âge de la jeunesse, ils n’ont pu conquérir le royaume du Boeny qu’à leurs vieillesses où ce roi s’est établi. Tandis que les autres n’ont jamais pu conquérir ce royaume, ils étaient morts au cours de leur voyage. Cette guerre n’était pas seulement longue dans sa durée mais elle s’étendait aussi jusqu’au Nord : dans le pays Antakarana et au Nord-Est : dans le pays Tsimihety. Voyons, par exemple, l’explication donnée par G. Razamany (2014 : 6) sur cette histoire de manière suivante :« (…) Vaincus, les Zafinifotsy quittèrent le Menabe et se réfugièrent sur le bord du fleuve Sofia. Vers, 1680, Andriamandisoarivo fonda son royaume dans le Boina et les chassa de nouveau. Ils se séparèrent en deux branches ; l’une gagne l’Ankarana, l’ancienne province d’Antsiranana, sous le prince Ramaitso accompagné de ses douze enfants, s’installa au pied de la montagne Marangibato ». Cette troupe d’Andriamandisoarivo était passée à Mitsinjo avant de fonder son royaume vers 1680. Mitsinjo était habité par les peuples autochtones qui sont composés des Salonjo, des Sandrakoatsy et des Manañadabo. Actuellement, ces gens disent qu’ils sont Sakalava du Marambitsy alors que la tradition orale-la légende- rapporte qu’ils avaient riposté au grand conquérant Andriamandisoarivo, surtout les Sandrakoatsy. Ces derniers ne se soumirent que contre leur gré à un être qui ne leur paraissait par supérieur à eux car il avait une bouche, des yeux et des oreilles comme eux. Les Sandrakoatsy n’avaient jamais accepté la soumission sakalava face aux soldats d’Andriamandisoarivo. Ils avaient préféré se suicider dans le lac Kinkony parce qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas vaincre la troupe sakalava. Cette histoire a laissé sa trace dans la vie des descendants de ces Sandrakoatsy dans la mesure où ces gens croient que les esprits de leurs ancêtres habitent dans ce lac et ils y pratiquent le culte des ancêtres comme le joro , une prière destinée à l’invocation des esprits des ancêtres. Au vu de cette histoire, les Sandrakoatsy détestent jusqu’aujourd’hui tous ceux qui concernent les rois Sakalava et leurs descendances, ils ne participent pas aux cérémonies traditionnelles liées à ceux-ci. Il nous semble que ces Sandrakoatsy sont, peut-être, parmi les Tsimihety d’origine betsimisaraka venant de la baie d’Antongil qui avaient émigré vers l’Androna. C’étaient les gens libres qui n’avaient jamais subi la soumission d’un souverain. Cette hypothèse historique est affirmée par M. MOLET citée par J.C. HERBERT (1956 : 21- 45) de manière suivante :« (…) Il existait au fond de la baie d’Antongil une population dénommée Sandrakatsy, qui serait donc vraisemblablement parente, d’après son nom, des Sandrakoatsy sakalava ». Cependant, les autres populations, les Salonjo et les Manañadabo avaient accepté la soumission sakalava face au conquérant Andriamandisoarivo ; ils étaient parmi les sujets de ce roi et ils adoptent jusqu’aujourd’hui les traditions orales sakalava imposées par leurs supérieurs : les descendants royaux sakalava, comme le respect des tabous relatifs au lac Kamonjo. De ce fait, les Salonjo et les Manañadabo s’adressent d’abord aux ancêtres des rois Sakalava avant d’invoquer leurs ancêtres pour le culte rendu aux ancêtres. Concernant l’historique de cette ville, elle était à l’époque d’Andriamandisoarivo un ensemble de petits hameaux sur une colline. Ces hameaux entouraient cette colline lorsque ce roi voulait rendre visite. A partir de là, ce roi nomma cette ville Mitsinjo, qui signifie littéralement « apercevoir ». Le lac Kamonjo est étroitement lié à notre objet de notre recherche, il se trouve dans ce district. Ce lac était très poissonneux et le roi Andriamandisoarivo était étonné devant cette abondance après avoir vu les poissons apportés par ses esclaves qui venaient d’y pêcher ; car il y avait beaucoup de poissons et on ne demande guère de temps pour pêcher ces poissons. Andriamandisoarivo dénomma ce lac « KAMONJO », c'est-à-dire littéralement « ne pas lever », ce qui signifiait à l’époque, il ne fallait pas se lever du grand matin pour pêcher dans ce lac car c’était si facile d’y pêcher des poissons. Pendant longtemps, ce lac resta poissonneux parce que la parole du souverain est sacrée, c'est-à-dire sa parole sanctifie ce lac et lui permet d’être poissonneux. A cela s’ajoute des règles magico-religieuses prescrites par ce roi pour garder cet état du lac, qu’il est en effet un lac sacré parce que tous ce qui ont de contact avec le sacré deviennent des êtres sacrés. Autrement dit, Andriamandisoarivo est un être sacré en tant que souverain et comme Dieu visible sur terre selon la mode de pensée sakalava, sa sacralité se manifeste ici par sa parole qui avait une influence magique sur ce lac et sur la population de Mitsinjo bien que ce roi poursuivait son prosélytisme jusqu’à Mahajanga où il fonda son royaume. Le fait de comprendre l’histoire de la société qu’on étudie est nécessaire car dans la recherche anthropologique, cela sert permet de comprendre le concept du dynamisme dans cette société. Il ne faut pas délaisser l’histoire dans la recherche en sciences humaines et sociales en tant que science mère ; c'est pour dire que notre recherche est inséparable à l’histoire du peuple de Mitsinjo, et même tous les peuples Sakalava du Boeny car elle fait partie de l’histoire de la fondation de ce royaume : Boeny.

1.1.1.3. La vie socioculturelle En général, le District Mitsinjo est « l’un des districts qui est victime de négligence pour les gouvernements de l’Etat à Madagascar » comme le nouveau Député de ce district l’affirmait durant le Conseil des Ministres dirigé par NTSAY Christian à l’Assemblée Nationale le 23 Décembre 2019. Cette réunion a pour but de gérer les budgets de l’Etat pour l’année 2020, à l’occasion de cette réunion, NICOLAS Michou (Député de Mitsinjo) avait raconté toutes les situations et les inquiétudes de la population de cette commune rurale. C’est au cours de cette réunion aussi que le peuple de Mitsinjo a vu pour la première fois de leur histoire leur représentant debout devant les Ministres pour raconter leurs souhaits. Au niveau éducatif, l e taux des enfants non scolarisés dans la CR Mitsinjo est supérieur par rapport au taux d’enfants scolarisés. Les enfants secondent leurs parents dans les activités agricoles, l’élevage et la pêche. Par exemple, les enfants des pêcheurs qui sont élevés avec eux au bord du lac seront fort probablement victimes de l’abandon scolaire depuis leurs bas âges. Ils sont facilement influencés par l’activité de leurs parents. D’ailleurs, le niveau intellectuel des pêcheurs est faible, c’est pourquoi ils ne peuvent pas donner un bon exemple à leurs enfants au niveau de l’importance de la scolarisation. De plus, à cause de leur niveau intellectuel, ils n’arrivent pas à bien gérer les rendements de leur travail. Ils n’ont pas, par exemple, une quelconque épargne. D’autres parents rencontrent des problèmes financiers pour soutenir les études de leurs enfants. Pour cette raison, les plus chanceux d’entre eux n’arrivent qu’au niveau Baccalauréat. Puisque ces enfants font aussi partie des jeunes et des adolescents de la CR Mitsinjo, leur seule distraction reste encore le football. C’est pourquoi, les jeunes hommes surtout, sont influencés par la consommation des boissons alcooliques et de la drogue ; cela constitue en partie la cause l’insécurité dans cette CR. Et les jeunes filles s’intéressent au concept de l’amour depuis l’adolescence, c’est pour cette raison que certaines d’entre eux sont victimes de grossesse précoce et deviennent parfois mère célibataire si le père de leurs enfants les quitte. Au niveau culturel, le District Mitsinjo est connu par la présence du Doany Bezavo où le corps complet des rois qui avaient passés dans la Région Boeny se trouve. Voilà pourquoi, la cérémonie du valibolamena (op.cit.2013) s’effectue dans cet endroit chaque année, généralement au mois d’Octobre. Et c’est dans le Doany Ndramañaranarivo que la cérémonie du fitampoha se fête chaque année à partir du mois de Juillet. La population de Mitsinjo, malgré la présence de la mondialisation, respecte encore les fondements de la culture malagasy. Ce respect se montre surtout durant les grands jours ou des moments évènementiels. Beaucoup d’entre eux unissent leur force pour favoriser la solidarité dans la célébration d’une coutume qui se fait chaque année comme le joro faly ota, le fitampoha et le valibolamena. Deux types de religion sont actuellement présents dans cette CR : -La religion ancienne : le traditionalisme, beaucoup de gens sont très fortement attachés à cette croyance et il est interdit, voire tabou, pour eux d’aller à l’église, c’est pourquoi ils vont chez les moasy (devins guérisseurs ou voyants) pour demander des bénédictions ou autres. On trouve à Mitsinjo, les relations de l’homme, du champ social avec la nature sont marquée par la continuité, qui, selon P. Descola, un anthropologues français, peut prendre trois formes : l’ animisme, un « shème de pensée », ou un complexe organisé de savoirs, qui conditionne une façon de vivre les relations entre l’homme et l’environnement. D’après l’auteur, « les animaux, et certains êtres inanimés possèdent un « esprit », des intentions, des sentiments, un langage, une morale, une culture en somme, qui ne diffèrent pas fondamentalement de celle des humains » (2005 : 42). Ensuite le totémisme, qui admet, comme l’animisme, « une continuité culturelle entre les humains et les non-humains ainsi que l’identification physique et psychique du groupe à un ancêtre animal. Mais cette continuité affirme en revanche une discontinuité forte entre les groupes humains » (ibid. : 42-43). Le culte des ancêtres comme le joro faly ota et des tabous constituent certains des totems qui les représentent. Enfin l’ analogisme, « qui s’appuie sur la mise en avant de toutes les discontinuités pour postuler des analogies efficaces : les éléments du ciel et de la terre étaient susceptibles d’interagir parce que liés par des analogies fondées sur des contrastes entre le chaud et le froid, l’humide et le sec, le masculin et le féminin » (ibid.). C’est-à-dire qu’elle exprime la réalité d’une relation entre les êtres de l’au-delà, les êtres vivants et les ancêtres selon la croyance. Pour les gens de ce clan, ce sont seulement les mpisikily ou devin par des graines qui optimisent et peuvent manipuler cette correspondance. -La religion moderne : les religions chrétiennes (pour les sociétés modernes, il n’existe qu’une manière de concevoir ces relations : le naturalisme, qui voit la nature en discontinuité avec le champ social. Cette vision discontinuité provient du judéo-christianisme pour lequel « l’homme domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre » (Livre de Genèse, chap. 1, Verset 28) qui regroupent les églises œcuméniques de Madagascar (FFKM) telles que l’église Catholique (EKAR), et les protestantes (FJKM et FLM). Les immigrants dans cette CR constitue la majorité de la population chrétienne. Nous pouvons même dire qu’ils sont les porteurs des nouvelles civilisations dans cette région. Certains les appellent des entremetteurs des autres cultures, voire de la modernité. Quelques croyants de cette religion pratiquent une sorte de religion qui se dit « syncrétisme » (ou combinée) car ils vont à l’église pour prier et demander des bénédictions pour leur quotidien mais ils pratiquent, suivent et valorisent encore la culture traditionnelle sakalava. Mais parfois, la présence des nouvelles religions étrangères souvent appelées « Sectes », comme l’Apocalypsie, le Jesosy Mamonjy, l’Assemblée de Dieu, … engendre l’abandon total de la tradition pour certains croyants dans ces églises. En tout cas, ces peuples valorisent encore leur culture traditionnelle même s’ils suivent les diverses religions étrangères. Le passage au doany Bezavo pour célébrer le valibolamena ,et le fitampoha dans le doany Ndramanaranarivo est inoubliable par la plupart de la population. 1.1.1.4. L’économie A part les fonctionnaires qui travaillent dans l’administration public, l’agriculture, l’élevage et la pêche constituent les fonds économiques essentiels de la population de cette zone. L’élevage de zébu leur offre divers avantages, car outre le travail de la terre pour la culture du riz ou d’autres céréales, les bovidés sont un élément incontournable dans le domaine de la culture traditionnelle. Voilà pourquoi le commerce de cet animal est très étendu et a beaucoup évolué au fil des années. Le commerce constitue également un pilier économique pour cette région. Ceci va du commerce de PPN, au commerce ambulant vers les autres FKT de la CR de Mitsinjo, en passant par les petites « gargottes »au bord de la route principale de cette CR. Le lieu de commerce de cette CR est assez exigu, alors les autres vendeurs vont en dehors du bazar pour vendre leurs produits ; il s’agit donc de ce qu’on appelle marché informel. La présence de l’Asity Madagascar dans ce district apporte différents avantages pour la population de Mitsinjo. Lors de notre passage chez leur QG à Mitsinjo, TSIAVAHANANAHARY Tsaralaza Jorlin (Responsable de la conservation de la biodiversité au sein de l’Aire Protégée Complexe Mahavavy Kinkony) nous a dit que leurs objectifs étaient :« De faire connaître les codes des Aires protégées aux gens qui habitent aux alentours de leur zone, de leur conscientiser sur l’importance du respect de l’écologie et sur la nécessité de maintenir l’harmonie entre l’homme, la nature et la culture. » Pour écouler les produits de la pêche : il y a la place du marché, mais aussi le commerce ambulant. De plus, les pêcheurs peuvent également vendre leurs produits auprès des collecteurs. Chaque vendredi après-midi, ils acheminent à Mitsinjo les produits séchés et salés dans de gros paniers traditionnels fabriqués avec du satrana pour les vendre. Les collecteurs les achètent au kilo. Occasionnellement, certains pêcheurs apportent leurs produits frais jusqu’à Mahajanga pour avoir un meilleur prix.

1.1.1.5. La santé Au niveau sanitaire, le District Mitsinjo ne dispose encore de bloc opératoire pour les cas d’urgence comme les maladies graves ou les accidents. C’est pour cette raison qu’il y est difficile de soigner les patients qui ont des maladies compliquées. Malheureusement, l’ambulance du CSB n’est pas réservée pour les routes secondaires. On est obligé d’évacuer les patients dans les grandes villes –Mahajanga étant la plus proche- pour y être traités par les spécialistes. L’état de la route qui dessert les communes rurales ne facilitent pas les choses. Les risques de décès pendant le voyage sont très élevés ; et en cas de décès en route, les familles doivent ramener le défunt à son village. Les coûts de transport sont exorbitants dans ces cas d’urgence et sont uniquement à la charge des familles. En période de pluie, les coupures de la route sont habituelles et les CR se trouvent enclavées. Tout ça pour dire que le domaine de la santé ne peut encore répondre au besoin des CR dans cette zone. Mais grâce à son environnement qui est près de la nature et qu’on pourrait encore qualifier de non pollué, il n’y a pas beaucoup d’épidémies qui attaquent la population, sauf les maladies qui s’éparpillent partout à Madagascar. La JIRAMA assure la distribution de l’eau vers les foyers dans la CR Mitsinjo. Depuis plusieurs années, l’eau que la population de Mitsinjo boit n’est pas conforme à la norme sanitaire parce qu’elle a un goût salé du fait que le forage où la JIRAMA Mitsinjo puisent l’eau se trouve trop près de l’eau salée. Et si on vient d’arriver pour s’installer ou juste passer quelques jours dans cette CR, les maux de ventre peuvent être fréquents jusqu’à ce que l’organisme s’y habitue. 1.1.2. Hypothèses de prédécesseurs Dans cette section, nous énumérons les pensées des auteurs qui ont aussi étudié notre sujet de recherche et les expliquerons. La connaissance de leurs hypothèses nous permet d’avoir diverses connaissances à aborder pour étoffer notre travail afin de les analyser. C’est à partir de leurs avis aussi qu’on a pu tirer nos propres hypothèses et c’est ce qu’on va voir dans cette section. 1.1.2.1. Sur le plan Social et culturel Les auteurs et l’organisation qui ont déjà parlé de l’importance de la considération des cultures d’une société dans le processus de développement rapide et durable nous ont impressionnés. C’est pourquoi les opinions de nos prédécesseurs parlent souvent de la nécessité de la culture et de la cohésion sociale pour ce processus :

- PATRICIO Jeretic, « Principe et processus opérationnel pour le développement d’une politique culturelle », Novembre 2013 :« L’ensemble d’activités concourant à créer, à reproduire, à partager et à diffuser ces biens et services culturels donnent naissance aux différents secteurs d’activité culturelle, qui sont, en tant que sources d’occupation, de revenus et de valeur ajoutée, une composante à part entière de la dynamique économique et social d’une communauté (…)La culture comporte une valeur intrinsèque qui, lorsqu’elle est renforcée et valorisée aux niveaux de l’individu et de la communauté,(…) ». Dans la politique pour le développement, la culture fait l’objet fondamental pour arriver rapidement à ce processus comme cet auteur l’affirme. La valorisation de la culture peut engendrer plusieurs avantages pour un individu, voire une communauté toute entière ; elle permet à tout le monde de renforcer, de garder, voire de construire une forte cohésion sociale qui se basera sur l’entraide et l’amitié. C’est pour cette raison que le fait de la respecter ou de l’adopter, de la revaloriser est capitale pour prendre la voie du développement durable. -ESPAGNE Viviana, « tradition et développement », publié l’année 2007, elle partage que : «Ces élites doivent être nécessairement composées d’hommes instruits selon les méthodes européennes ou américaines : les cadres des nouvelles nations seront des professeurs, des juristes, des ingénieurs, des militaires, des hommes d’affaires, des syndicalistes. Or les chefs traditionnels ont longtemps répugné à envoyer leurs enfants à l’école des Blancs ; c’est pourquoi lorsque l’Afrique a pris en main son destin, elle a dû se trouver des chefs nouveaux, possesseurs d’une certaine instruction et ouverts sur le monde extérieur par la langue et l’étude». On sait que l’attachement profonde à la culture est nécessaire pour aller dans le sens du développement mais l’adaptation à tous les apports de la mondialisation est aussi cruciale puisque chacun, chaque communauté ne pourrait jamais la fuir. L’adaptation est la seule solution pour lutter contre le concept de l’acculturation. Cette dernière provoque le bouleversement de l’authenticité, voire la disparition de certaines parties de la culture d’une société. L’apprentissage des connaissances auprès du monde des gens qui se disent développés est utile comme Viviane E. l’a dit. Les modes de penser, d’être et diverses autres formes de cultures seront toujours diffusés pas la mondialisation. La plupart du temps, les élites ou les génies sont, soient les européens et les américains, soient des gens qui y ont vécu et acquis dans ces pays les connaissances mises à profit par l’évolution. C’est pour cette raison que le fait d’envoyer nos enfants d’acquérir le savoir à l’étranger, c’est-à-dire dans les pays qui sont déjà développés pourrait représenter de grandes opportunités pour nous. - L’UNESCO, « Déclaration de Mexico sur les politiques culturelle », (26 juillet– 06 août1982) souligne que :« La culture donne à l’homme la capacité de réflexion sur lui- même. C’est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et éthiquement engagés . La culture constitue une dimension fondamentale du processus de développement et contribue à renforcer l’indépendance, la souveraineté et l’identité des nations »

C’est la culture qui fait la différence entre nous, les humains et les animaux. Elle nous rend capable de faire des réflexions sur ce que nous sommes et ce qui nous entoure, et nous aide aussi à faire un choix face à un phénomène. Nous devons donc considérer la culture comme un élément indispensable au développement. La mise en valeur de notre identité constituerait une richesse inestimable. Pour Madagascar, son authenticité, sa diversité et en même temps son unité reste encore un objet très valeureux pour les Malagasy. Beaucoup des sociétés dites traditionnelles trouvent des avantages à mettre en avant leur identité. Le renforcement et la promotion de notre tradition constitue une piste sérieuse de développement qu’on doit exploiter à travers une cohésion active de toutes les parties prenantes. - ACCÉUS Vitalème, « La pêche traditionnelle, pratiques vodouesques et croyances afro-haïtiennes à Gressier » ; dit que :« Nous savons bien que la culture peut orienter le développement et l'intégrer en tant qu'élément important, à condition qu'on le donne la place qu'elle mérite. La tradition, dans un pays peut jouer un rôle très important dans un processus de développement. C'est elle qui porte les pêcheurs à se réunir sur le même littoral ou côte pour pratiquer la pêche, pour faire appel au loa en vue de trouver une solution aux difficultés de la pêche. » (2009 : 71) La réunion ou la solidarité, une valeur tissée par la culture a une place primordiale dans le processus du développement. Elle assure la cohésion, l’amitié et la fraternité du groupe des personnes différentes dans une société. Elle permet aux gens d’avoir un esprit de collectivisme pour accomplir un travail et/ou lancer ensemble un appel à l’au-delà pour avoir des bénéfices. Par exemple, parfois certains rituels exigent la présence de plusieurs participants et c’est par le biais de la culture qu’on pourrait réunir les gens en incitant les autres à venir y assister. - NOROSOA Antoria Armanda Ali, « développement du tourisme culturel dans la Région Boeny ; cas de la semaine culturelle koezy » , elle affirme que :« Mais dans le monde d’aujourd’hui, la conservation de la culture traditionnelle s’avère être plus difficile face à la mondialisation qui a entrainé l’acculturation. De nos jours, les jeunes influencés par la culture étrangère, ont tendance à dériver de sa propre culture où l’indignation se contraste et telle question se pose : quel serait l’avenir de notre pays si notre culture traditionnelle disparaitrait totalement ? » (2016 : 30) . Le phénomène de la mondialisation qui se manifeste dans le monde d’aujourd’hui entraine quelque fois l’acculturation pour les jeunes car les gens des pays –disons – développés n’arrête pas de propager plusieurs phénomènes qui rendent tous les pays du globe dans un mécanisme d’unification générale. Or, cette réalité provoque l’oubli pour ne pas dire la disparition de certaines traditions des peuples qui vivent dans une société dite traditionnelle. Par conséquent, pour résoudre ce problème, et pour contribuer à la conservation de la culture, il faut qu’on trouve les moyens de combiner la culture traditionnelle et la globalisation afin de ne pas perdre notre propre identité. - RAZAFIMAHEFA Hahitantsoa Tokinirina « us et coutumes : frein ou levier pour le développement ? », dit que : « Nul n’ignore que les pays Africains, notamment ceux d’Afrique Subsaharienne, vivent sous le joug d’un « Totalitarisme traditionnel » que les institutions internationales telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ne peuvent insérer dans leurs indicateurs de performance (Tchibinda, 2005). L’attachement aux coutumes ne facilite donc pas l’élaboration de stratégie de développement pour certains. Parallèlement, les pays Asiatiques semblent avoir conservé leurs fonds culturels, mais ils ont su en même temps s’adapter aux nouvelles technologies, ce qui explique leur stade exceptionnel de développement. » (Mai 2014 : 1). En Afrique, les gens disent que l’attachement à la tradition freine le processus de développement dans ce pays. De même, certaines personnes affirment que les peuples de ce pays ne savent pas conjuguer ensemble la culture et le développement. D’un autre côté, les Asiatiques sont actuellement considérés comme exceptions, face à la technologie diffusée par la mondialisation, ils respectent toujours leur culture traditionnelle. Ils ont pu garder leur identité tout en profitant de la modernisation et s’en sont sortis pour être là où ils sont de nos jours. Classés parmi les pays développés, leur économie est l’une des plus performantes.

1.1.2.2. Sur le plan écologique et économique Ici, on énuméra les réflexions de ceux qui ont déjà interprété sur les biens apportés par le respect de notre environnement écologique et ainsi que ses apports sur notre économie, sur notre quotidien tout entier. Tels que : - MIN Li dans son ouvrage « la contribution de la Culture Traditionnelle Chinoise à la communication sur le Développement Durable ». Sociologie (2011) ; il a exprimé que :« La crise écologique est aussi celle de la société et de l’homme. La protection écologique est souvent associée ¢ l’habitude culturelle et à la tradition. La pérennité du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme ont un sens important à l’homme pour communiquer et retourner à la nature et au vrai, pour se respecter mutuellement, pour établir la conscience de protéger l’environnement, pour choisir la façon rationnelle de la consommation afin de promouvoir le développement durable de la société humaine » Selon lui, le fait d’avoir une stabilité et un développement, vient du fait que chacun est conscient de ses actes. Dans la société qu’il a étudiée, les gens valorisent leur environnement à partir du respect de leur culture traditionnelle, c’est pour cette raison qu’actuellement ce pays est connu à la classe des pays développés. Le respect de l’écologie est un acte indispensable dans le processus du développement durable car cela apporterait à l’homme tellement de bienfaits, de richesses, de connaissances sur le long terme. - RANDRIANJATOVO Solofoson, in « Etude bioécologique de poissons du lac Kinkony au sein de la nouvelle aire protégée complexe Mahavavy Kinkony », nous partage toutes ces idées sur ce qu’il faut faire pour la conservation des ressources naturelles : « Apprendre aux pêcheurs le respect : - de la norme des poissons à capturer - de la période d’ouverture et de fermeture de la pêche - de la norme des matériels de pêche utilisés (types, dimensions, mailles)» (2010 : 59). Ici l’auteur exprime quelques règles que les pêcheurs doivent suivre pour bloquer la raréfaction rapide des produits halieutiques dans le lac Kinkony. Ces règles sont exactement nécessaires pour la conservation de populations de poissons dans un lac, pour garder durablement ces derniers pour les pêcheurs, afin qu’ils puissent toujours vivre de la pêche. Comme dans d’autres domaines, pour préserver un tel objet qui est important, l’instauration de règleset/ou de disciplines est cruciale. Et ces règles doivent être respectées par tous ceux qui sont concernés pour garder son authenticité. - BOSSARD Denis, « Les obstacles culturels et sociologiques au développement des échanges intra-régionaux », a cité que :« La dimension culturelle est ici largement aussi importante que la dimension technique. Or les projets d’appui à l’intégration régionale prennent insuffisamment en compte ces aspects où le relationnel et l’attitude personnelle jouent un grand rôle. Seul le développement des échanges intra-régionaux, économiques aussi bien que culturels, permettra de rapprocher, à moyen/long terme, les mentalités et les pratiques. Telle est la raison pour laquelle le développement des échanges régionaux apparaît (à l’exception notable des cultures de rente) subordonné à l’existence d’un marché intérieur ouvert aux produits locaux »(Novembre 2012 : 6) Autrement dit, pour qu’on puisse rapprocher au concept du développement durable, le respect de la culture qui amène parfois les gens à se réunir pour favoriser une solidarité est un aspect indispensable dans le domaine de l’économie d’un pays. L’auteur parle et donne une grande importance à la culture car cette dernière engendre divers avantages à l’individu lui- même et/ou à la société et l’administration sur tous les plans en construisant une harmonie qui crée enfin un effet faste que ce soit dans la société ou soit dans l’économie. L’auteur a expliqué aussi que les échanges intra-régionaux de culture font aussi l’objet positif du processus du développement d’une société ou pays parce que son contact avec les autres régions ou pays développés pourrait lui intégrer dans ce processus. Cela pourrait être possible si les gens de cette société sont aptes à apprendre les bonnes pratiques des autres régions développées à ses alentours pour améliorer leur quotidien afin de rendre durable leur mode de vie et harmoniser les relations humaines dans un total respect des traditions et dans le sens d’un développement inclusif. -ANDRIAMANATOMBO Zo Hanitra, « Évaluation environnementale stratégique de la politique de pêche à Madagascar », nous affirme que :« Toutes solutions et décisions visant volontairement et délibérément à modifier la façon de faire locale dans l’objectif d’une meilleure gestion d’un bien patrimonial doit s’accompagner d’une longue stratégie d’apprivoisement afin d’épouser les formes et le fonctionnement d’une société concrète. »(2005 : 53). Pour elle, des changements doivent être opérés dans les manières de faire d’un groupe social afin de mieux gérer un patrimoine. Il va falloir modifier les habitudes, les manières de penser et de procéder, la façon de vivre pour pouvoir construire une harmonie sociale. Pour cela, les mesures prises doivent être adaptées à chaque société et à son environnement. La sensibilisation des pêcheurs est importante afin qu’ils sachent la nécessité du respect des règlements de la gestion des ressources halieutiques et de l’environnement. Le changement des habitudes de ces pêcheurs est le but de cette sensibilisation, et c’est pour cette raison qu’on doit comprendre leurs habitudes afin de trouver la façon pour les motiver à respecter ces règles écologiques. -FANOMEZANTSOA Franck Stéphane dans son ouvrage, « Traditions : facteurs favorisants ou freins au développement », Cas de la Commune rurale de Tsararano, a annoncé que :« L’hypothèse, se rapportant à l’étude stipulant que les traditions sont un facteur de développement, repose sur le fait que les traditions renouent les liens sociaux pour une entraide en cas de difficulté au sein du groupe social.(…) Ces transformations ont brisé les liens sociaux traditionnels, faisant disparaître du coup la solidarité et la cohésion sociale, ne laissant place à aucune entraide entre les membres du groupe. Les valeurs traditionnelles sont vite oubliées et les relations sociales se transforment en simple relation entre connaissances où tout service revient à une rémunération et la recherche de profit devient une priorité. » (Juin 2010 : 67). A son propos, la tradition n’est pas un aspect qui freine le développement dans un pays, même si le phénomène de la mondialisation nous domine, car cette tradition favorise des liens, de l’entraide, de la solidarité qui nous amène vers le processus du développement. Actuellement, comme cet auteur l’affirme, tout a été bouleversé dans le milieu rural à cause du dynamisme social. Plusieurs changements se sont montrés dans les zones ruraux ; les gens de ces derniers deviennent actuellement exécuteurs de l’économie capitaliste, c’est pour cela que l’individualisme, la recherche de son propre profit domine. Or, personne ne devrait oublier leurs cultures traditionnelles, même si ce phénomène se montre et tend à diriger le monde vers une unification. Mais il y a une solution, car la mondialisation va toujours être présente dans notre société, on doit apprendre comment vivre avec et de continuer à entretenir nos valeurs et notre culture traditionnelle en même temps. Par conséquent, on peut dire que la culture est primordiale dans le processus du développement. Elle peut accélérer ce processus puisqu’elle favorise la cohésion, l’entraide, l’amitié entre les gens qui la respectent et la pratiquent. Aujourd’hui la mondialisation est très dominante dans le monde entier avec les NTIC qui essaient de faciliter la vie sous toutes les dimensions. Il est nécessaire de suivre l’évolution et d’utiliser ses apports pour développer un pays. Alors l’immersion dans le pays où la mondialisation règne est utile pour faire un bain de culture et apprendre tout ce qui est nécessaire pour développer son pays, l’échange culturel est tout à fait indispensable pour apprendre des autres. Mais d’un autre côté, elle pourrait entraver le développement si on lui donne la place qu’elle ne mérite pas. Ici, ces auteurs ont affirmé que la culture constitue l’un des aspects fondamentaux du développement. Chacun doit donc mettre en avant cet aspect, mais aussi être conscient des relations entre la culture, l’environnement et le développement. Respecter ces relations renvoie à une vision de développement et de durabilité de la nature et de la culture. En effet, à part le respect de la culture, on ne doit pas oublier les règles générales et spécifiques environnementaux pour le bien-être de la population cible, comme les pêcheurs du lac Kamonjo par exemple. Ces pêcheurs ont besoin d’instructeurs pour les aider à comprendre ces relations pour qu’ils soient conscients et deviennent les acteurs de changements dont le but n’est autre que de pérenniser leur activité dans un profond respect des traditions locales. On peut acquérir des modèles de cultures et de civilisations étrangères, les cultures occidentales surtout. Cet enrichissement culturel est d’abord vu sur le quotidien. La qualité de la vie quotidienne a donc été améliorée par la mondialisation sur certains points : elle a par ailleurs permis un échange sur les cultures, comme par exemple la musique, l’art, les traditions orales et autres . Mais cette mondialisation peut aussi avoir des impacts négatifs sur la culture traditionnelle d’un pays. Alors, on doit donc trouver une solution pour les générations futures afin de conserver les traditions. Ainsi donc s’achève cette section qui concerne les citations des prédécesseurs à propos de notre sujet de recherche. On va passer maintenant dans la section suivante qui va montrer les données que nous avons pu recueillir durant notre observation sur terrain par rapport aux connaissances que nous avons déjà eues et celles qui viennent des lectures que nous avons faites.

1.1.3. Données de terrain Dans cette section, nous exposerons les données de l’observation et de l’interview que nous avons eues durant notre descente sur terrain. Ces résultats sont complémentaires et nécessaires afin de cerner notre objet d’étude et de montrer ses différentes dimensions.

1.1.3.1. Données d’observation Nous avons recueilli ces données d’observation grâce à notre descente sur terrain et notre intégration au sein de la société des pêcheurs. Nous avons débuté par l’observation passive qui nous oblige à être muet et à ne pas participer dans ce que nos enquêtés font. On ne fait qu’écouter ce qu’ils disent et voir ce qu’ils sont entrain de faire. En général, les enfants de pêcheurs deviennent de futurs pêcheurs si leurs parents ne peuvent financer leurs études jusqu’à un stade minimum requis par le monde d’aujourd’hui. Ils arrêtent parfois leurs études au niveau du 3 ème si jamais ils ratent deux fois l’examen du BEPC. Ceux qui ont eu plus de chance et qui sont intéressés par l’éducation, continuent leurs études jusqu’à avoir le diplôme du Baccalauréat. Faute de moyens financiers et de base éducative dans les niveaux inférieurs, ces jeunes n’ont parfois le niveau nécessaire pour continuer les études supérieures et n’ont pas le bagage nécessaire pour réussir les concours administratifs organisés par l’Etat Malagasy. C’est pourquoi certains reviennent encore au village pour aider leurs parents. Dû au manque de travail, à l’insuffisance des entreprises et des centres de formation professionnelle dans cette CR et ce district, les jeunes se tournent vers d’autres activités pour essayer de subvenir à leurs besoins ou, malheureusement pour d’autres, se font entraîner par des fréquentations peu recommandables. Les pères de famille âgés de 25 à 45ans constituent la majeure partie des pêcheurs du lac Kamonjo. Ils viennent de diverses Régions de Madagascar, c’est la raison pour laquelle on entend différentes variétés régionales dans leur communauté. Leurs femmes et leurs enfants s’occupent de la préparation des produits avant leur commercialisation ou avant de les consommer. Souvent, les petits collecteurs (intermédiaires) viennent auprès des pêcheurs pour acheter leurs produits en faisant du porte à porte. Mais les grands collecteurs restent chez eux à Mitsinjo et attendent les pêcheurs venir à eux pour vendre leurs produits. En général, les pêcheurs partent à la pêche en groupe de trois (03) à cinq (05) personnes. Cela dépend du type de filet qu’ils vont utiliser. En fonction du filet et des produits qu’ils veulent capturer, ils choisissent l’endroit et le moment favorable pour partir. Le soir, quand ils rentrent, ils s’offrent un moment de détente ensemble et cotisent pour acheter des cigarettes et de l’alcool. Ils se réunissent dans un coin et allument la radio pour animer l’ambiance. Ce sont des moments de convivialité entre les pêcheurs, leur permettant de se rapprocher et de s’évader de leur activité. Il n’y a pas d’électricité au quartier des pêcheurs près du lac. Ils doivent se rendre chez des connaissances à Mitsinjo pour pouvoir recharger leur téléphone, leur lampe, etc. mais aussi pour regarder les films et autres émissions à la télévision.

1.1.3.2. Données d’interview Les données d’interview ont été recueillies à l’aide d’interview que nous avons effectué auprès de nos cibles. Nous avons discuté avec les pêcheurs de Kamonjo durant notre descente chez eux et nous avons ainsi participé à la pêche avec certains d’entre eux. De cette façon, nous avons pu connaître beaucoup d’éléments autour de leur activité et de notre sujet. Nous avons pris connaissance des rites qu’on doit faire sur ce lac et les interdits qu’on doit aussi respecter pour avoir des bénédictions des ancêtres propriétaires de ce lac. La pêche dans ce lac peut être qualifiée de pêche traditionnelle, car en plus des méthodes et des matériels traditionnels qu’ils utilisent pour pêcher, il y a également des tabous et cultures liés à cette activité qui doivent être respectés. Ensuite, lors de notre interview auprès des autorités qui dirigent ce District à la fois une CR, et les Chefs coutumiers aussi, on a pris conscience de divers problèmes liés à cette filière, et même au développement de ce District. Ils nous ont également partagé leurs idées pour venir à bout de ces obstacles. Ensuite, notre rapprochement auprès des organismes de la pêche, de l’agriculture et des eaux et forêts dans cette CR nous a permis de connaître les règlements et techniques de travail qu’ils emploient pour atteindre la stratégie politique de l’Etat Malagasy. Notre enquête auprès de certains profs du Lycée public Mitsinjo et ceux du Lycée Privé TOKY nous a permis de prouver dans ce travail que beaucoup d’entre les parents de leurs élèves sont tous des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs. C’est pourquoi le nombre total des étudiants dans les Universités, même de Majunga, qui viennent dans cette CR reste encore faible. Ainsi donc se termine ce chapitre, nous allons maintenant passer à notre deuxième chapitre qui expliquera les méthodes que nous avons adoptées en réalisant ce travail de recherche.

1.2. Méthodes Ce chapitre est tellement incontournable dans toutes les recherches. Par lequel, les chercheurs doivent expliquer toutes les méthodes qu’ils ont utilisées en réalisant leurs travaux. Sans elles, le travail d’un chercheur est paralytique, c’est pourquoi il est important de bien les définir avant d’entamer le vif d’une investigation. Ici nous avons utilisé deux méthodes d’approches, en analysant les problèmes de la pêche et de la culture : deux aspects qui se relient dans l’activité de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo, la méthode de la collecte et la méthode d’analyse et d’interprétation de données.

1.2.1. Méthode de collecte de données Pour rendre un travail de recherche scientifique, la collecte des données est l’un des aspects indispensables dans tous les domaines d’investigation. Voilà pourquoi nous avons utilisé les méthodes suivantes.

1.2.1.1. Recherche documentaire La recherche documentaire est la première étape de notre travail après le choix du sujet puisque c’est grâce à elle que nous pourrons comparer de diverses réalités qui ont été passées et aborder ainsi des changements ou des évolutions apportées par la mondialisation. Ainsi, il s’agit de lectures, de recueils des ouvrages et de documents cruciaux faits par l’investigateur. O. Abdesselam 3 affirmait ainsi que : « les techniques de recherche documentaire portent sur l'exploitation de documents pour obtenir les informations nécessaires au travail de recherche. La technique documentaire s'occupe de l'étude des preuves muettes qui sont des textes écrits ou des œuvres produites par des hommes, en un mot des documents. » Elle est l’une des démarches où les chercheurs dans le domaine de sciences sociales doivent effectuer avant de passer à autres choses comme l’observation passive par exemple. Elle aide surtout les anthropologues à avoir déjà les connaissances utiles concernant son objet d’étude avant sa descente sur terrain en faisant des interviews, et leur permet de faire des comparaisons aussi à travers les idées de prédécesseurs du thème qu’ils voudraient étudier. Ici, elle est en effet utilisée pour savoir l’histoire des peuples Sakalava de ce District, leurs cultures et coutumes, voire tout leur mode de vie en général. Elle nous a aidé à comprendre les évolutions et les changements de ces derniers dans ce District à travers l’espace et le temps qu’on vit et qu’on voit actuellement. Outre la lecture, le recueil des ouvrages et des documents utiles, la visite ou le vas et viens auprès de l’internet du début jusqu’à la fin de notre recherche, tant que nous avions le temps, nous a permis aussi d’approfondir notre connaissance à propos de notre objet d’étude parce qu’il nous offre quelque fois de nouvelles informations internationales et mondiales concernant ce dernier. Grâce à lui, nous avons obtenu des informations à jour au sujet de l’objet qui nous intéresse.

1.2.1.2.Observation Cette perspective est une approche que les anthropologues doivent aussi réaliser pour qu’ils puissent avoir des résultats fiables. Elle est importante après avoir fait la recherche documentaire et la préparation de nos questions d’enquête car c’est à travers cette méthode qu’on pourrait voir, écouter et vivre directement les faits qui nous intéressent. B. Malinovski (1884-1942) est le premier anthropologue qui est considéré comme le père fondateur de l’idée de l’importance de l’observation directe et participative, puisqu’il exprimait que le fait d’effectuer une descente sur terrain ou bien le passage permanent sur le terrain d’investigation permet aux anthropologues d’avoir de meilleurs résultats. A propos de cette démarche, S. Genest partageait ainsi son idée et il a dit que : « Une autre attitude, bien que présente dans d'autres disciplines des sciences sociales, caractérise l'anthropologie : il s'agit de l'insistance sur l'observation et la participation (ce que les anglosaxons appellent participant observation et qu'on traduit le plus souvent littéralement par " observation participante "). (…) Il convient cependant de se rappeler que ce type d'expérience, longtemps présenté comme le seul valable pour le bon anthropologue, ne constitue qu'une activité parmi d'autres. Plusieurs études s'effectuent maintenant à partir de documents écrits, archives ou autres, qui ne requièrent pas, dans un premier temps, l'attitude de l'observation directe et de la participation. » (op.cit.1979 :13-14). Parce qu’elle est une méthode d’approche qui se dit fondamentale dans le domaine de la recherche anthropologique, durant notre investigation, nous avons réalisé deux types d’observation : l’observation passive et l’observation directe ou participative. Ces méthodes nous ont rendu fière de tout ce qu’on a obtenu et fait durant cette recherche puisque ce premier type d’observation nous a permis de voir les faits du groupe que nous avons étudié et d’écouter ce dont ils ont discuté entre eux. Par lequel, nous étions comme une personne muette parce que nous avons pris tout simplement les meilleurs moments et endroits pour voir les faits de nos cibles. Tout ça pour dire que l’observation passive permet aux anthropologues de prendre un peu d’écart de ses cibles, afin qu’ils puissent connaître à l’avance des divers faits que ces derniers font exactement tant qu’ils ne se montrent pas devant eux. Ensuite, quant à la deuxième manière d’observation, nous étions enfin entrés dans leur groupe de société. C’est-à-dire nous sommes restés de vivre avec eux (les pêcheurs du lac Kamonjo) pendant sept (07) semaines pour bien comprendre leur manière d’organisation avant et après leur activité, et surtout leur style de vie économique. Notre objectif étant de décrire, de comprendre et d’analyser toutes les situations réelles qui sont tout autour de leur travail. Comme B. Malinovski l’affirme, cela nous garantit d’avoir des informations fiables et exactes avec cette méthode d’observation. Les mots de cet auteur cités par M. Ny Ony Saolina (2018 : 34) nous paraissent importants car il disait que : « La méthode paraît simple de premier abord, il suffit d’aller au contact de la société. » Grâce à ces méthodes, nous avons pu constater divers phénomènes concernant notre objet de recherche, comme leur culture, leurs liens de parenté, leurs origines et les dynamismes sociaux qui se montrent dans leur société. En outre, durant ce moment, nous avons connu plus précisément la situation géographique de notre terrain de recherche.

1.2.1.3.Interview L’interview sur terrain est une méthode disons aussi fondamentale dans le domaine de recherche anthropologique. On dit qu’un chercheur exécute une interview quand il va vers ses cibles et discute avec eux, les pose des questions à propos de son sujet d’investigation. Cette méthode offre à tous les chercheurs en sciences sociales la possibilité d’avoir plusieurs types de données qualitatives, et même quantitatives. En effet, notre interview s’était déroulée au niveau de la CR Mitsinjo, District Mitsinjo, Région Boeny. Cette Commune Rurale contient dix (10) Fokontany, tels que : Mitsinjo, Bemahazaka, Marofandroboka, Ratinavia, Betsina, Antongomena-Betsina, Begila, Analamamy, Anaborengy, Antanamanaka. Les gens qui vivent dans ces FKT font diverses activités pour subsister, tels que la pêche, l’agriculture, l’élevage et l’architecture. Outre les autochtones de ce District, comme dans toutes les autres régions de Madagascar, la présence des nouveaux arrivants dans ce dernier augmente chaque année voilà pourquoi on l’appelle une commune cosmopolite. Durant notre descente, nous nous sommes efforcés de passer dans tous ces FKT surtout pour ceux qui vivent encore ou assurent leur quotidienneté avec la pratique de la pêche. Ensuite, nous nous sommes focalisés sur la société des pêcheurs qui habite près du lac Kamonjo car ce sont eux et leur environnement qui sont notre objet, mais aussi pour des raisons de sécurité. Car à part le FKT Mitsinjo, certains FKT sont très loin de la CR Mitsinjo, Notre interview a été basée sur la démarche déductive, c’est-à-dire du général vers le particulier. Autrement dit, notre interview a été faite selon les responsabilités, les activités, la classe sociale et les classes d’âge. Mais en tout cas, le fait d’effectuer un échantillonnage est indispensable dans une recherche surtout lors d’une interview. Nous avons débuté notre enquête auprès des anciens pêcheurs, les Olobe, les Chefs coutumiers et les nouveaux pêcheurs avec leurs enfants, et les collecteurs des produits halieutiques. En outre, nous avons également enquêté les représentants des autorités locales comme l’Adjoint du District, l’Ex Maire et ses associés, les Chefs FKT, mais aussi certains chefs de service qui travaillent dans l’agriculture, l’environnement, l’eau et forêt dans ce District. Quelques professeurs des Lycées nous ont aussi prêté mains fortes parce qu’ils n’avaient pas hésité pas à répondre à nos questions. Alors la figure suivante nous présente les échantillons des ménages que nous avons choisis en faisant notre interview ; il est à signaler qu’il s’agit ici d’utilisation de l’échantillonnage par grappe. Figure 1 : Echantillonnage en grappe des individus enquêtés

Sondage en grappe Population Echantillon

G1 : Les nouveaux pêcheurs avec leurs familles

G2 : Les Olobe et les Chefs coutumiers

G3 : Les anciens pêcheurs et les collecteurs

G4 : Autorités de l’Etat et les Chefs de service

G5 : Quelques profs

: Société enquêté par l’auteur : Autres grappes non sondé Source : l’auteur Par la présente étude, l’échantillonnage par grappe a été utilisé pour ce travail de recherche parce qu’il est le seul type d’échantillonnage qui nous permet de séparer la population étudiée en sous-groupe. Ces derniers sont appelés "grappes", et on a formé par la suite l’échantillon qu’on veut choisir sur tous les éléments de certaines grappes sélectionnées au hasard. En effectuant la sélection des grappes afin de pouvoir trier les ménages à interviewer, nous avons employé la méthode de l’échantillonnage non-probabiliste afin d’éviter le mauvais choix de la grappe à étudier. Tableau n°03 : Classification des individus enquêtés après échantillonnage

Individus enquêtés Leurs nombres Pourcentage Grappe 1 Les nouveaux 70 43,7% pêcheurs avec leurs familles Grappe 2 Les Olobe et les chefs 26 16,5% coutumiers Grappe 3 Les anciens pêcheurs 35 21,8% et les collecteurs Grappe 4 Les autorités de l’Etat 20 12,5% et/ou les chefs de service Grappe 5 Quelquesprofs 09 5,6%

Totaux 160 100%

Source : l’auteur

En bien réalisant notre enquête, nous avons encore utilisé les méthodes empiriques ou par choix raisonné (échantillonnage non-probabiliste) pour bien définir les ménages importants dans ces grappes afin d’avoir des résultats plus ou moins exactes surtout à propos des anciens phénomènes qui se sont manifestés dans cette CR et ses évolutions, particulièrement au sujet de la pêche dans le lac Kamonjo. Nous nous sommes aussi concentré sur les pêcheurs actuels ou nouveaux pêcheurs et leurs familles de ce lac parce que ce sont eux qui sont notre première cible. La pêche dans ce district comme nous l’avons déjà dite est confrontée à des problèmes, on a donc fait beaucoup d’interview sur les groupes des gens sur ce tableau afin de savoir ces contraintes. C’est-à-dire qu’il s’agit d’identifier les problèmes qui gênent le développement de cette CR, voire de ce District en général.

1.2.2. Méthode d’analyse et d’interprétation de données Parce qu’il s’agit ici d’un travail de recherche, les données récoltées doivent être traitées selon les tendances. En tant qu’étude dans le domaine de l’anthropologie, le dynamisme et la méthode des échelles sont les tendances actuelles, et c’est l’utilisation de ces deux conceptions qu’on va expliquer ci-contre par rapport à notre objet d’étude. 1.2.2.1.Le dynamisme social G. Balandier (1984-1967) était un anthropologue qui a inventé en premier le terme de dynamisme social en raison de nombreux changements qu’il a vus dans la société qu’il avait étudiée en Afrique. Ça fait plusieurs années que beaucoup d’anthropologues s’intéressent aussi à sa manière de voir et d’étudier la société humaine. Cette tendance a pour objectif de découvrir les évolutions et les évènements qui se passent dans une société. En effet, elle analyse la transfiguration et le changement social au fil du temps. G. Balandier s’est intéressé au mode de vie des peuples qu’il étudie tels que la relation entre les hommes, la relation des hommes avec leur environnement, voire leur vie quotidienne en général. Le dynamisme social vise donc à explorer les vicissitudes ou plus précisément les mouvements de la société. Ce nouvel courant d’étude anthropologique avait vu le jour le lendemain de la deuxième guerre mondiale. G. Balandier, son fondateur, a essayé de dépasser les théories statiques dans ce domaine, comme le diffusionnisme, l’évolutionnisme, le fonctionnalisme et le structuralisme afin d’introduire cette nouvelle méthode d’analyse. D’après lui, « le dynamique : le changement n’est plus considéré comme faisant partie de l’accident et du marginal mais se trouve dans la nature même des sociétés. L’objet de cette orientation anthropologique est le changement. » En effectuant une étude autour de ce concept, les facteurs endogènes (intérieur) et exogènes (extérieur) sont des aspects que les chercheurs doivent observer et analyser puisqu’ils sont générateurs d’ordre et désordre. Comme la société dont nous avons observée, dès l’année 2000 (certains anciens pêcheurs l’ont affirmé) notre objet d’étude inscrit dans le dynamisme social, et que ce phénomène a peu à peu débuté et s’est excessivement montré. A partir de cette année, de nombreux pêcheurs ne respectent plus la culture traditionnelle qui a ensuite ses répercussions sur cette activité. De nombreux impacts se sont manifestés dans leur quotidien. Dans la CR Mitsinjo, le dynamisme social s’élargit plus qu’on ne l’espère à cause de l’acculturation qui attaque surtout les jeunes d’aujourd’hui. Cette acculturation a été causée par la mondialisation culturelle. Chacun a sa propre idée au sujet des changements auxquels ils assistent. Mais grâce à notre observation, nous pouvons dire qu’en général tout a changé. Cependant, cela est également dû à des facteurs externes et internes. 1.2.2.2.Méthode des échelles D’après K. Hygin (2008) qui nous partage son avis à propos de la recherche qualitative : « c’est la recherche qui produit et analyse des données descriptives, telles que les paroles écrites ou dites et le comportement observatoire des personnes (Taylor et Bodgan, 1984). Elle renvoie à une méthode de recherche intéressée par le sens et l’observation d’un phénomène social en milieu naturel. Elle traite des données difficilement quantifiables. Elle ne rejette pas les chiffres ni les statistiques mais ne les accorde tout simplement pas la première place. » Elle est une technique employée pour collecter, analyser et interpréter des données qui sont difficiles à démontrer à l’aide des chiffres. Elle permet aux chercheurs dans le domaine des sciences humaines et sociales d’accentuer son interprétation sur les processus qui se développent de la société qu’il étudie. On ne l’utilise pas tout seulement pour étudier les faits sociaux de l’homme mais aussi pour « détecter leurs besoins, pour poser un choix et prendre une décision, pour améliorer un fonctionnement, des performances, pour cerner un phénomène et pour tester ainsi des hypothèses scientifiques » (ibid.:1). Dans ce travail, nous avons utilisé deux méthodes, l’une est la méthode de recherche multi-site : par laquelle nous avons observé divers terrains pour pouvoir faire une étude comparative et étudier aussi l’impact de la mondialisation sur notre objet de recherche. Puis l’autre méthode que nous avons utilisée est la méthode comparative. En l’utilisant pour notre sujet, on a pris des espaces différents, tels qu’au niveau régional, national et international. L’étude comparative sert pour toutes sciences sociales et se base sur des comparaisons dans de vastes études, voire dans des secteurs particuliers, pour une étude qualitative que pour une observation quantitative. Elle constitue l’une des méthodes utiles dans divers stades de la recherche parce que grâce à elle, les chercheurs peuvent mettre en exergue des analogies par rapport à ses sujets, trouver des hypothèses différentes et annoncer enfin une nouvelle idée. C’est pour cette raison que nous avons commencé par l’étude de cas de la pêche dans la zone du lac Kinkony (à Antseza), la pêche traditionnelle à Katsepy (niveau local) ; ensuite la pêche dans la région d’Itasy est notre deuxième choix pour effectuer notre comparaison au niveau national ; et enfin au niveau international, le cas de cette filière dans la région d’Ondebe à Congo et d’Haïti a une ressemblance avec la nôtre (pêche traditionnelle et continentale de Madagascar), c’est pourquoi on les a choisi afin de trouver des analogies entre leur pêche et les traditions qui y sont liées et à celles des pêcheurs de Kamonjo. CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE Les matériels que nous avons pour faciliter notre investigation sont les données documentaires récoltées par la documentation qu’on a faite avant notre terrain, la description du lac Kamonjo et la CR Mitsinjo. Par laquelle nous avons parlé de : la situation géographique et historique de ces derniers, la vie socio-culturelle, l’économie ainsi que le plan sanitaire de la population dans cette CR. Après avoir apporté les données que nous avons recueillies lors de nos observations et interviews auprès de nos ménages cibles, nous avons étudié d’abord les hypothèses de nos prédécesseurs sur divers plans concernant notre sujet afin de pouvoir émettre aussi notre part d’hypothèses. En outre, les données d’observation et interview qu’on a eues, sont reçues lors de la vérification empirique. Elles comprennent trois éléments, la pêche et ses acteurs suivis de leurs fonctions, les problèmes sur les traditions au niveau de la pêche dans le lac Kamonjo, les règlements et les techniques instaurés par les autorités pour le développement par le biais de la pêche, ainsi que les situations de vie des enfants des pêcheurs (ils font partie des jeunes et des ados de Mitsinjo) sur le plan socio- éducatif. Les méthodes que nous avons usées en collectant ces données sont la recherche documentaire : cela nous sert à connaître l’histoire du peuple Sakalava de Marambitsy et la pêche dans ce lac, leur mode de vie originale ainsi que les évolutions qui s’y manifestent engendrées par le temps et l’espace. De plus, les observations passive et active qui sont exigées dans notre domaine ont été effectuées auprès de divers groupes de ménages. Enfin, notre interview s’est déroulée chez différents groupes d’individus dans la CR Mitsinjo dont 160 personnes enquêtées. Par cette interview, nous avons formé plusieurs grappes afin de sélectionner les échantillons utiles pour notre travail, et quand on a enquêté les personnes au sein de ces grappes, nous avons fait appel à l’échantillonnage à choix raisonné. Et les données que nous avons eues sont alors traitées selon les méthodes des échelles : le dynamisme social, le multi-site ainsi que la méthode comparative. Nous avons vu les matériels et méthodes mises en œuvre lors de l’investigation ainsi que la situation de notre terrain d’étude. Nous allons maintenant passer à la partie suivante qui se focalisera sur les résultats recueillis au cours de nos recherches. PARTIE II : RESULTATS En général, cette partie est une partie très importante dans la rédaction puisqu’elle est à la fois destinée à décrire et analyser tout ce qu’on a pu recueillir durant notre descente ainsi que pour le traitement des données récoltées. Les résultats de toutes les approches que nous avons effectuées seront montrées dans cette partie ; par laquelle nous allons évoquer presque toutes les données utiles dans ce travail. En effet, cette partie se divisera en quatre chapitres distincts. Dans le premier chapitre, nous parlerons de la pêche traditionnelle autour de cette activité ; dans le deuxième chapitre, nous allons expliquer les traditions qui sont reliées à la filière pêche dans le lac Kamonjo ; ensuite dans le troisième chapitre de cette partie, nous verrons les règlements de la pêche posés par le MAEP ; et dans le quatrième et dernier chapitre, nous développerons les facteurs du non-respect des traditions et des règlements de la pêche dans ce lac.

2.1. La pêche traditionnelle Selon R. Charles, W. K. Zbigniew et D. Germain (2014), la pêche traditionnelle : « (…) est celle réalisée par des pêcheurs individuellement ou en association, utilisant différents types d'embarcations non motorisées (pagaie ou voile) ou pratiquant la pêche à pied avec un rayon d'action très limité. Les techniques de capture sont variées : la pêche avec des filets divers, à la palangrotte, aux casiers, aux tulles moustiquaires, la récolte à main nue et le harponnage avec ou sans plongée en apnée. » A part l’usage des matériaux traditionnelles, des cultures traditionnelles qui existent et qui sont pratiquées dans le cadre d’une pêche nous peuvent dire qu’une pêche est classée comme une pêche traditionnelle. Comme nous avons déjà expliqué plus haut, celle des pêcheurs du Kamonjo fait partie de ce type de pêche. La tradition et la pêche étaient deux aspects inséparables dans la vie des pêcheurs du lac Kamonjo à l’époque. La tradition raconte que c’était à cause de leur profond respect envers le roi Andriamandisoarivo, leurs ancêtres et les autres divinités de ce lac qu’ils avaient, à chaque fois qu’ils pêchaient, de bons rendements. Actuellement, comme dans toute autre société, la CR Mitsinjo évolue à travers le temps et l’espace où les gens vivent ; raison pour laquelle on a trouvé quelques changements au niveau de leur communauté, surtout en ce qui concerne la culture traditionnelle. Dans ce chapitre, nous allons voir leur mode d’organisation de travail, les traditions qui se relient à cette activité, les matériaux traditionnels que les pêcheurs utilisent, les types de produits qui existent, ceux qui sont en voie de disparition, et les lieux où ils se rendent pour vendre leurs produits. 2.1.1. L’organisation de travail de la pêche Selon l’organisation que nous avons pu observer durant notre passage au sein de la communauté des pêcheurs du lac Kamonjo, et dans les autres lacs dans la CR Mitsinjo ; on a découvert aussi que leurs femmes et leurs enfants ont des tâches importantes dans leurs systèmes économiques. Le phénomène de l’entraide dans la famille est encore présent dans leur quotidien pour que toutes les parts de travail soient terminées et que les besoins de chaque famille soient comblés. Chacun a son rôle dans cette activité afin d’améliorer leur niveau de vie ; car les pêcheurs savent que leur activité peut être très rentable. De ce fait, le père de famille encourage et coordonne l’effort de chaque membre de la famille pour accélérer le travail et atteindre des objectifs spécifiques ; par exemple, pour la construction d’une case plus confortable, l’achat de nouveaux filets ou la subvention des études de leur enfant. L’âge des pêcheurs, qui pêchent dans les lacs qui se situent aux environs de la CR Mitsinjo, est varié entre 15 à 57ans. Ils s’entraident lorsque l’un d’entre leurs voisins abatte un arbre pour construire une pirogue ou quand ils fabriquent un filet de pêche. Souvent cette dernière peut se faire sans aide des autres comme certains de nos enquêtés l’ont affirmé. Concernant la pêche dans le lac Kamonjo ; premièrement, ce sont les hommes qui assurent fondamentalement cette activité. Il y a ceux qui sont déjà mariés et ceux qui sont encore célibataires. Lors de la coupe de grume, les pêcheurs appellent leurs amis proches pour l’abattre ensemble. Souvent, ils partent en groupe de trois ou quatre lorsqu’ils abattent un arbre pour construire une pirogue et des pagaies. Ils portent divers objets rituels pour pouvoir demander aux ancêtres et aux autres divinités qui habitent sous cet arbre afin de ne jamais rencontrer des malédictions durant l’abattement et l’utilisation de cette nouvelle pirogue. Le plus âgé d’entre eux prend le rôle de chef coutumier pour citer les paroles destinées à ce type de tradition. Ensuite, la pêche dans ce lac dépend beaucoup des types de filets qu’un pêcheur veut utiliser, c’est-à-dire que le déploiement de certains filets n’exige pas trop la participation de plusieurs personnes, une seule est déjà suffisante. Parfois, ils partent vers des eaux plus profondes pour capturer des gros poissons et cela demande beaucoup de force physique de la part de chaque participant. Certains pêcheurs quittent leurs maisons dès 03heures du matin et y reviennent à partir de 07heures. Les autres vont à la pêche vers 15heures et rejoignent leurs foyers à 18heures ou plus tard. Certains pêcheurs déploient leurs filets dans la nuit et les remontent au lever du matin pour récolter les produits que ces filets ont pu capturer. Le temps de leur pêche dépend des types de poissons qu’ils veulent pêcher. Ils ne partent pas à la pêche entre 09heures à 14heures car le soleil fait chaud. Durant ce moment, leurs femmes vont vendre leurs produits dans les lieux commerciaux. Quand ils reviennent à la maison, ils apportent souvent du bois pour la réserve, pour ne plus demander aux enfants d’aller en chercher et pour que leurs femmes puissent facilement cuire leurs nourritures. Et puis, pour la pêche dans les milieux peu profonds, ce sont les femmes et les enfants qui s’en occupent. Mais quand ils apprennent que leurs maris vont arriver, ils rejoignent vite leurs foyers pour préparer la nourriture pour qu’ils ne soient pas fâchés contre elles. Les femmes des pêcheurs savent déjà par-là que quand ils reviennent, ils devraient reprendre des forces pour pouvoir s’adonner à d’autres tâches comme la visite de leurs amis dans les autres quartiers. Après cela, elles préparent les produits avant de les amener au marché de Mitsinjo quand elles veulent les vendre frais. Mais quand leurs maris les demandent de les sécher, elles préparent les poissons pour le séchage et le fumage – ou les deux à la fois – afin de les mettre dans un grand panier avant de les apporter chez les collecteurs. Un autre cas pour les hommes célibataires, avant qu’ils aillent à la pêche, ils vont déposer un ou quelques gobelets de riz en guise de participation chez les femmes de leurs amis afin qu’ils puissent aussi manger après leur travail. H. Dagenais (1984 : 14) a partagé aussi son idée à propos des apports des femmes dans la vie économique, il affirme que : « Les femmes ne sont pas seulement des reproductrices mais aussi productrices dont la contribution se situe à la fois dans le secteur marchand et dans le secteur non marchand de l’économie. » Elles ne sont pas négligeables dans le domaine du développement même si leurs participations sont parfois indirectes ou abstraites. Outre la procuration de satisfaction sexuelle pour leurs maris comme certains auteurs l’affirment, elles assurent aussi une partie de la production dans le quotidien de leurs familles. L’idée d’égalité entre hommes et femmes se manifeste dans la communauté des pêcheurs du lac Kamonjo dans le but d’améliorer leur quotidien. Voilà pourquoi certains d’entre eux deviennent aisés et peuvent soutenir l’étude de leurs enfants. Troisièmement, ce sont leurs enfants qui s’occupent de la construction de l’étagère faite en bois pour sécher les poissons parce qu’elle est assez facile à fabriquer. Ce sont eux qui arrangent les poissons prêts (poissons qui sont déjà préparés par leurs mères) à sécher au- dessus de cette étagère. Et c’est à eux d’assurer la surveillance du séchage et/ou du fumage jusqu’à ce que les produits soient prêts pour la commercialisation vers les collecteurs. A part cela, ce sont à eux que reviennent la tâche de s’occuper de la cuisine, de piler et de blanchir le riz-surtout quand leurs enfants n’ont plus envie d’aller à l’école- pour que les femmes puissent accompagner les pêcheurs à la pêche et les aider même pour une longue durée. Il s’agit ici d’enfants de moins de 18 ans. Les parents n’imposent pas à leurs enfants de quitter l’école pour venir les aider dans leur activité. Le choix leur appartient de continuer les études ou de perpétuer l’activité familiale. Mais faute de soutien de la part des parents, une grande part des enfants ne finissent pas le cursus primaire et/ou le premier cycle du secondaire. Seule une poignée seulement arrive à décrocher leur baccalauréat. Les enfants de pêcheurs ne sont pas vraiment attachés à l’éducation, d’autres n’ont tout simplement pas les moyens d’y accéder. Ce phénomène se manifeste dans cette communauté puisque la tradition raconte que le fait d’aller à l’école était à l’époque interdit pour les Sakalava de Marambitsy. En outre, c’est à partir de leur cohésion communautaire qu’ils peuvent sécuriser leur quartier parce que ce dernier est un peu séparé de la ville de Mitsinjo par une route de 1 km constituée d’une grande vallée recouverte de forêt, voilà pourquoi il n’y a pas d’électricité et que la Gendarmerie de Mitsinjo ne mobilise leurs forces dans ce quartier la nuit. Or, c’est presque toujours durant la nuit que les malfaiteurs et/ou les voleurs passent et s’adonnent au pillage des cases. Mais en tout cas, si l’un d’entre eux (les pêcheurs) est victime de vol, il va directement alerter leur chef de quartier afin que ce dernier appelle la Gendarmerie à l’aide d’un téléphone portable pour qu’ils les envoient des gendarmes au plus vite faire le constat de la situation et/ou mener leur investigation. Lors des moments festifs comme le nouvel an ou la fête de l’indépendance, tous les pêcheurs et leurs familles cotisent pour acheter un zébu et des boissons. Ils louent même des matériaux de sonorisation pour l’occasion pour faire leur fête ensemble. Dans les moments durs aussi comme le décès d’un des membres de la famille, tous les voisins pour ne pas dire tous les pêcheurs participent pour pouvoir aider les membres de la famille de la victime dans l’accomplissement de leur dernier devoir envers le(la) défunt(e). Dans leur structure sociale, ce sont les Olobe qui décident de la personne de confiance qui va récupérer l’argent de tous les membres de la société. Il n’y a pas d’obligation dans ce cas, c’est la volonté de chaque membre qui importe.

2.1.2. L’activité de la pêche dans le lac Kamonjo Comme nous avons déjà signalé plus haut, la pêche est l’un des piliers économiques de la population dans ce district, alors ses acteurs ont divers moyens à leur disposition pour capturer les produits halieutiques de ce lac. Les pêcheurs partent à la pêche presque tous les jours pour pouvoir assurer leur autosuffisance alimentaire à l’aide de cette filière. Dans cette rubrique, nous allons expliquer toutes les caractéristiques des matériaux ou outils de pêche utilisés par les pêcheurs de ce lac. Les produits qu’ils capturent couramment y seront aussi énumérés. On y évoquera aussi les lieux commerciaux où les femmes de ces pêcheurs vont pour vendre ces produits.

2.1.2.1. Les matériaux de pêche Les matériaux ou outils de pêche dans ce CR dépendent du type de pêche et/ou des produits que les pêcheurs permanents ou saisonniers voudraient capturer. Parfois la pêche dans les milieux profonds exige l’utilisation de la pirogue avec les pagaies. Ce qui n’est pas obligatoire pour la pêche en eau peu profonde. C’est-à-dire qu’on peut faire à pied certains types de pêche en allant dans les milieux peu profonds. Nous allons poursuivre ci-dessous avec les différents types de matériaux de la pêche dans ce lac Kamonjo.

La pirogue et la pagaie Tous les pêcheurs du lac Kamonjo à Mitsinjo ont leurs propres matériels de pêche. Les pêcheurs partent dans les parties les plus profondes pour essayer de pêcher les plus grands poissons en s’y rendant avec leur pirogue. L’usage de la pirogue et de la pagaie est nécessaire pour pouvoir atteindre les parties profondes, là où ils peuvent attraper beaucoup des poissons. Les pêcheurs du lac Kamonjo fabriquent les pirogues et les pagaies avec différentes sortes de bois. Ce n’est pas tous les grands arbres dans ce district qui conviennent à la construction des pirogues et des pagaies. Pour garantir la qualité et la durabilité des pirogues et des pagaies, on recherche des bois spécifiques : l’anakaraka, cordyla madagascariensis, le vory, cammuphora sp , le sandrazy, xanthocercis madagascariensis et le sambalahy, albizia lebbeck (Source : les pêcheurs, et Mr Clarisse Nirina, membre de l’Asity Madagascar). Ensuite, le choix de ces types d’arbres repose sur des caractéristiques bien distincts ; qu’ils soient longs, grands et légers, c'est-à-dire qu’ils sont favorables à la fabrication de ces matériaux de pêche. Il faut construire une pirogue avec des bois légers car avec du bois lourd, la pirogue risque de couler plus facilement. En plus, quand un pêcheur fabrique une pirogue, il fabrique aussi des pagaies pour qu’il puisse la diriger. Il faut donc que les pêcheurs fabriquent ensemble la pirogue et les pagaies parce que les deux sont inséparables de la pêche en eaux profondes. Il est à noter que deux personnes conduisent une pirogue et une troisième personne est assise tout simplement pour garder les seaux pleins de sons ou de produits collectés. On a donc deux pagaies pour faire une embarcation. Malgré tout, il y a parfois des cas où une personne peut ramer une pirogue faute de moyens. Cela peut paraître comme une prise de risque car les vagues créées par le vent représentent un danger potentiel et permanent. La photographie suivante nous montre la forme de pirogues utilisées au lac Kamonjo. Photo n°1 : Pirogues monoxyles et des pagaies

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Les différents types de filets utilisés Après la fabrication de la pirogue et de la pagaie, il faut aussi fabriquer un filet pour faciliter l’activité de la pêche. Les pêcheurs du lac Kamonjo pêchent avec différents types de filet. Chaque filet a sa propre qualité et sa propre fonction pour la pêche. Les pêcheurs n’achètent pas leurs filets au marché mais ce sont eux-mêmes qui les fabriquent. Ils disent qu’ils ne veulent pas acheter les filets fabriqués industriellement car ces filets respectent les normes de la dimension des mailles de filets exigés pour la pêche à Madagascar. Ils veulent enfreindre les règlements sur les filets afin d’augmenter leur rendement. Alors, soit ils fabriquent eux-mêmes ces filets illégaux à mailles réduites, soit ils les achètent à leurs camarades qui en fabriquent. Les pêcheurs sont complices dans cette infraction professionnelle sur la pêche. Ils préfèrent user de ces types de filets parce qu’ils pensent que c’est la solution pour subvenir à leurs besoins et accroître leur revenu. Avant d’utiliser un nouveau filet, il faut faire un joro au bord du lac Kamonjo appelé joro harato ; il s’agit d’une prière personnelle effectuée par le propriétaire de ce filet avant de le mettre à l’eau.

L’épervier (harato toraka) Ce type de filet est un filet lancé à la main. Il y a beaucoup de pêcheurs qui l’utilisent. Ils fabriquent ce type de filet eux-mêmes. J. R. Rasoloariniaina (2010 : 9) nous explique les caractéristiques de ce filet en ces mots : « Durant les travaux d’investigation, l’épervier utilisé mesure 2 m de diamètre et 10 mm de vide de maille. Cet instrument s’utilise en eau relativement profonde. Il s’emploie indifféremment avec ou sans appâts mais le recours aux appâts rapporte plus. Dans cette perspective, les appâts s’aspergent dans l’eau, environ 30 minutes avant la première lancée, pour attirer le maximum de poissons à l’endroit voulu. » Pour effectuer la pêche avec ce filet, on met un piquet, et on dépose des sons sur le fond de l’eau au même endroit que le piquet. Après quelques minutes, on lance le filet juste sur le piquet et on attrape, en effet, les poissons qui ont été appâtés par les sons. La pêche qui se fait par ce filet est une pêche dans une eau moins profonde : pêche à pied. Ainsi, la photographie suivante nous présente ce type de filet à l’extérieur de l’eau.

Photo n°2 : Epervier

Source : l’auteur Ce type de pêche vise à attraper les tilapias, cependant on peut avoir d’autres espèces de poissons dans ces filets. Les pêcheurs utilisent aussi un autre filet appelé filet concave ou harato kaoko en malagasy. Le filet concave (harato kaoko) Le filet concave est un type de filet utilisé avec deux ou plusieurs pêcheurs selon la longueur du filet. Avec ce filet, on peut attraper toutes les espèces de poisson de toutes les tailles. La pêche avec ce type de filet est très dangereuse dans la mesure où elle réduit considérablement les populations de poissons car le filet peut couvrir une grande surface. Il s’agit d’une pêche sauvage qui ne se soucie pas de la reproduction des poissons. Nous attirons l’attention du public afin de supprimer la pêche avec le filet concave car elle s’oppose intégralement à la protection des poissons dans le lac Kamonjo. Pour le moment, il est difficile d’empêcher les pêcheurs de déployer ce type de filet car les mesures de contrôle de la pêche sont minimes, voire inexistantes. Cependant, il y a un service de pêche et des eaux et forêts à Mitsinjo. Voyons dans la photographie suivante ce type de filet qui est très dangereux pour les poissons. Photo n°3 : Filet concave

Source : l’auteur Le filet accompagné des bâtons perturbateurs des poissons (harato kodoboka) Quand ils fabriquent ce filet, ils fabriquent aussi des kidoboka (des bâtons qui perturbent les poissons à cause de l’agitation de l’eau après sa frappe) pour perturber les poissons dans l’eau. Pour l’usage de ce type de filet, le pêcheur n’a pas besoin de tenir le filet. Il l’installe à un endroit et prend ensuite les bâtons. Pour procéder, les pêcheurs frappent la surface de l’eau à l’aide de ces bâtons. Les poissons sont effrayés par le bruit et toute cette agitation. Les coups de kidoboka doivent être bien orientés et synchronisés pour que les poissons se dirigent vers le filet : là où ils ont évalué que le danger était moindre. Les poissons se trouvent prisonniers entre les mailles du filet et les pêcheurs n’ont plus qu’à remonter le filet pour récupérer leur gain. Photo n°4 : Filet Kidoboka

Source : l’auteur Les pêcheurs tissent ce filet avec des fils de pêche standard et le munit de bouchons pour que les autres remarquent sa présence dans l’eau. Ce type de filet ne pose guère de problèmes écologiques par rapport au filet concave. Il est destiné à attraper les poissons de tailles moyennes, il respecte donc les normes de mailles contrairement au filet concave dont les mailles sont très petites. On peut dire que le filet accompagné des bâtons perturbateurs des poissons est un filet écologique dans la mesure où les alevins ont encore le temps de grandir et seules les poissons de moyenne et grande tailles qui sont prélevées. Les pêcheurs du lac Kamonjo connaissent plusieurs sortes de filet. Nous allons expliquer un autre type de ces filets qui est appelé filet des varilava .

Le filet de varilava Littéralement, ce filet est spécialisé pour la pêche des poissons qui sont appelés varilava connus par le nom scientifique pellonulops madagascariensis sauvage. Certains pêcheurs l’utilisent pour attraper les varilava comme son nom l’indique ; ce qui n’empêche parfois d’attraper d’autres poissons avec. Beaucoup de pêcheurs disposent de ce type de filet car cette espèce se négocie à bon prix dans le commerce. Les pêcheurs veulent tirer le plus de profit possible du lac Kamonjo. Pendant la pêche, les varilava et les écrevisses tombent dans une poche du filet tandis que les autres poissons sont à l’extérieur de cette poche mais toujours dans le filet. Cependant, ces poissons ne sont pas ce que les pêcheurs sont venus chercher. En général, la pêche de varilava et de l’écrivisse se fait en eau moins profonde. C’est un espace est calme, chaud, riche en nutriments dont ils ont besoin ; mais aussi loin des grands poissons dont ils sont les proies. La pêche avec ce filet est l’apanage des femmes et des enfants car elle se fait dans les eaux moins profondes : la pêche à pied. Elle ne requiert l’usage de pirogue et de grande force physique pour tirer le filet vers la pirogue. Donc, le travail avec ce filet est assez facile. D’ailleurs, la longueur de ce filet est d’environ 20 mètres. Mais le filet de varilava est dangereux pour les poissons. Il peut attraper même les plus petits poissons comme les alevins qui doivent encore continuer leur croissance. Il est aussi classé de filet génocidaire des poissons car la dimension de ses mailles de filet ressemble à celle de la moustiquaire. Il est encore plus dangereux que le filet concave. Nous alertons également le public que ce type de filet est un danger écologique et économique pour Mitsinjo car les pêcheurs pratiquent la pêche sauvage avec ce filet. Ce dernier décime les populations de poissons conduisant à la raréfaction des produits de ce lac. Les dimensions de ce filet sont cependant moins imposantes, il ne peut couvrir qu’une surface réduite. Sinon, les conséquences seraient désastreuses. On remarque qu’il y a parfois des hommes qui pêchent avec ce filet pour aider les femmes ou pour gagner de travail facile. Dans ce cas, ce sont les hommes fainéants et/ou qui ne veulent pas s’investir dans les durs labeurs ; ils se féminisent professionnellement en pratiquant ce type de pêche au même titre que les femmes et les enfants. Photo n°5 : Filet de varilava

Source : l’auteur Un autre type de filet qu’on va étudier est le filet moustiquaire ou/et le sihitra . La question est de savoir pourquoi le filet de varilava fabriqué en moustiquaire n’est pas appelé filet moustiquaire mais c’est seulement le filet qui sert à attraper les alevins. Il nous semble que les pêcheurs du lac Kamonjo ne savent pas ce qu’on attend par moustiquaire.

Le filet moustiquaire ou/et sihitra Le sihitra est appelé en français la nasse fabriquée à l’aide de lattis de raphia dont sa forme triangulaire dans laquelle on trouve une poche d’entrée de varilava et d’écrevisse d’environ 1m à 1m et demi. Ce filet peut attraper des poissons de petite taille. Le sihitra change plus tard de nom, il devient filet moustiquaire. Ce type de filet a été spécialement conçu pour attraper les alevins. On enregistre une forte demande de ceux-ci car ils constituent la matière première dans la fabrication de provendes dans l’alimentation animale. La pêche avec ce filet s’effectue en eau peu profonde. Ce type de filet se distingue du précédent par sa plus grande longueur. Les hommes et les femmes peuvent pratiquer cette pêche sans craindre les interprétations péjoratives des autres. Le filet moustiquaire est l’un des plus dangereux parmi tous les types de filet car il est très large avec des mailles très petites. Il est encore plus destructeur que les filets qu’on a présentés précédemment. Il est utilisé dans la pêche à pied car la pêche avec ce filet se déroule en eau peu profonde. En tout cas, on va présenter ci-dessous la photographie de ce filet. Photo n°6 : Sihitra ou filet moustiquaire

Source : l’auteur

En dehors de la pêche à pied, les pêcheurs du lac Kamonjo pratiquent également la pêche à la ligne. Il s’agit d’un type de pêche qui ne demande pas de force physique. Cette pêche ne demande ni de la force des bras, ni de déplacement en pirogue. Elle est à la portée de tout le monde même les vieillards. Nous allons expliquer les matériels exigés par ce type de pêche. Les matériels de la pêche à la ligne Les matériels demandés par la pêche à la ligne sont : la canne à pêche fabriquée en tige de roseau ou en bois, fil de pêche, l’hameçon, le bouchon et l’appât–en général, des vers de terre-. Les pêcheurs n’achètent que le fil de pêche et l’hameçon. Le reste est gratuit : ils peuvent facilement trouver une tige de roseau pour la canne ; quant aux vers de terre pour l’appât, cela ne demande qu’un peu d’effort pour creuser la terre. Les pêcheurs attachent ensuite le fil de pêche muni de l’hameçon à la canne selon une technique bien rodée pour eux. La pêche à la ligne est pratiquée par les femmes ou les enfants à la proximité de leur village, c'est-à-dire au bord du lac Kamonjo. Ils sont debout ou assis pour faire la pêche à la ligne. S’ils sont debout, ils sont dans l’eau mais en eau peu profonde qui n’arrive qu’au niveau de leurs genoux. S’ils sont assis, ils sont assis au bord de l’eau. Ils mettent les poissons qu’ils viennent de pêcher dans un panier accroché à un bâton piqué au fond de l’eau. La partie inférieure du panier flotte sur l’eau pour que les poissons restent vifs et frais. La récolte de cette pêche est entièrement destinée à la consommation de la famille. Selon l’information donnée par Zaraliny 4 : les poissons pêchés avec la pêche à la ligne par les femmes et les enfants des pêcheurs serviront au bouillon pour le repas, ces poissons ne sont en aucun cas vendus. Seuls les poissons pêchés par leurs époux seront commercialisés et assureront une source de revenus pour la famille car ces derniers ont un meilleur rendement de pêche –que ce soit en qualité ou en quantité– qui répond au besoin des collecteurs. Le filet, quel que soit son type, attrape plus de poissons que la pêche à la ligne. On va montrer ci-après l’image de la canne à pêche ou finta dessinée par l’auteur . Photo n°7 : Fintana ou canne à pêche

Source : l’auteur Lors de notre enquête, nous avons entendu - par l’intervention des anciens pêcheurs de ce lac – que ce type de pirogue monoxyle accompagnée par des pagaies est le seul moyen depuis et toujours pour rejoindre les milieux profonds dans ce lac. Jusqu’aujourd’hui le tabou qui concerne les autres types de pirogue comme les pirogues à voile, voire motorisées restent encore présent et respecté par tous les pêcheurs. Et puis, avant, l’épervier – le harato kidoboka – le harato kaoko et la canne à pêche étaient les seuls matériaux de capture des poissons dans ce lac avant l’arrivée des immigrants dans ce district (entre l’année 1999 et 2000). C’est-à-dire que les filets qui ont été fabriqués à l’aide des moustiquaires sont introduits juste après leur arrivée. Grâce à cette moustiquaire les pêcheurs du lac Kamonjo ont pu construire deux autres types de filet : le harato varilava et le harato sihitra .

2.1.2.2. Les produits de pêche On trouve plusieurs espèces de poissons de toutes tailles dans le lac Kamonjo. Leur pêche varie selon le temps et le l’espace. La pêche ne dépend uniquement pas de la volonté des pêcheurs, elle dépend de la période/saison et de l’endroit où se rencontre le type de poisson qu’on voudrait pêcher. L’utilisation des matériels de pêche varie également selon les différents types de poisson, et selon le genre (homme/femme) de l’individu qui pratique la pêche en question. C’est pour ces raisons précises que certains types de pêche sont uniquement destinés aux hommes tandis que d’autres sont réservés aux femmes. Cependant, il y a des types de pêche que tout le monde peut effectuer. Cette distinction de type de travail dans la pêche reflète la culture sakalava à Mitsinjo, où la culture patrilinéaire domine. La place des hommes est privilégiée dans le système économique local. Cette société considère toujours que les femmes sont fragiles. Leur fragilité ne se trouve pas vraiment sur le plan physique mais sur le plan culturel dans la mesure où elles sont profanes par rapport aux hommes. Alors que l’activité de la pêche exige toujours des personnes pures. Les femmes sont alors écartées de certaines activités dues à ces raisons culturelles. Avec cette mode de conception et même avec les précautions, cela n’empêche pas que les souillures pénètrent dans le lac Kamonjo, d’où la nécessité d’effectuer la cérémonie du joro faly ota. Le tableau suivant nous montre tous les produits halieutiques qui se trouvent dans ce lac et leurs situations d’existence. Tableau n°04 : Liste des produits halieutiques du lac Kamonjo àMitsinjo

Nom Famille Nom scientifique Situation vernaculaire Tilapia Cichlidae Tilapia rendalli -Existe encore, le plus dominant depuis toujours

Arius madagascariensis -Existe encore dans ce lac mais en voie de Gogo vaillant disparition -ressemble au poisson chat de la mer Ariidae -Un poisson qui fait le renommé de ce District par Damba Paratroplus kieniri son saveur unique -N’existe plus sauf au lac Kinkony Drietra Anguilla marmorata Quoy -Ce sont des anguilles d’eau douce Anguilidae -Existent encore Amalomainty Anguilla mossambica -Peu nombreux Trondro vahiny Cyprinidés Cyprinus carpio -Existe encore, mais peu nombreux

-Les pêcheurs en ramènent encore dans leurs filets Varilava Dussumieridae Pellonulops madagascariensis -très dominant surtout dansles milieux peu profonds sauvage -peu dominant -ce sont des petits crabes d’eau douce qui Draka-bato Scyllaridae Scylla sp n’atteignent jamais une grande taille -destructeur des filets -réservées à la nourriture des cochons

Source : l’auteur grâce à l’explication de Mr Clarisse NIRINA membre de l’Asity Madagascar. A cause de leur saveur : le Damba, le Gogo et le trondro vahiny du lac Kamonjo sont très recherchés et sont souvent capturés par les pêcheurs de ce lac des pêcheurs dans les autres lacs dans ce District. Les pêcheurs s’efforcent d’attraper ces types de poissons car les consommateurs locaux et ceux en dehors de cette région préfèrent ces types de poissons. Les pêcheurs essaient de répondre à la forte demande qui fait que ces poissons se vendent à bon prix actuellement. Du fait de leur goût et de leur taille aussi, ces poissons se vendent plus chers par rapport aux autres produits comme les tilapia, les varilava, etc. surtout s’ils sont encore frais. Ces poissons se raréfient dans le lac Kamonjo à cause de la surexploitation des pêcheurs, le Damba a actuellement disparu sauf dans le lac Kinkony (il y en a encore mais c’est très rare). Les tilapia et les varilava sont encore abondants dans le lac Kamonjo parce que leur saveur et leur taille font qu’ils ne sont pas autant demandés sur la marché par rapport aux poissons qu’on a cités ci-dessus, la surexploitation de ces poissons n’est pas encore alarmante. Les alevins des tilapia , quand ils sont encore de petite taille, vont avec les bans de varilava qui vivent dans les milieux peu profonds de l’eau. Et même si les pêcheurs de varilava attrapent des petits tilapia , ils les rejettent à l’eau puisqu’ils savent bien que les gens n’en veulent pas. C’est la raison pour laquelle les tilapia existent toujours et constituent la population dominante dans les lacs et les rivières aux environs de cette CR. Ils ne sont donc pas victime de la raréfaction dans des nombreux lacs dans cette CR. Le drietra, l’ amalomainty et les draka-bato sont encore assez nombreux puisqu’il est prohibé à la majorité des pêcheurs du lac Kamonjo d’en consommer. C’est pourquoi des pêcheurs saisonniers les capturent pour nourrir leurs familles et pour les vendre aux clients qui en demandent. Donc, l’abondance ou l’endémicité des différents produits halieutiques de ce lac dépend surtout de leur goût et leur taille, mais aussi du besoin des clients locaux, nationaux et internationaux. Lors de notre enquête, nous avons trouvé que les consommateurs locaux apprécient énormément les gros poissons et à bon goût. Tandis que ceux qui sont en dehors de cette région n’ont pas de choix précis, achètent ce qu’ils voient pour et font appel au talent culinaire de chacun –avec les ingrédients- pour que le poisson soit savoureux. Le poisson sert de matière première pour certains clients qui le transforme en autres produits, les collecteurs apportent donc divers types de produits halieutiques pour répondre aux besoins des consommateurs. 2.1.2.3. Les lieux commerciaux Les lieux commerciaux sont les endroits où les produits de la pêche sont vendus. A Mitsinjo, il y a trois (03) lieux de commerce des poissons : au marché (dans le bazar), le marché ambulant où les vendeuses viennent auprès des foyers des consommateurs, et enfin, auprès des collecteurs.

Le Marché Le marché est un endroit légalement destiné pour vendre tous les produits locaux dans la CR Mitsinjo, y compris les produits de la pêche. Dès que les pêcheurs ont fini de pêcher, leurs femmes prennent le relai et préparent les poissons avant de les écouler au marché local. Leurs préparations consistent à ranger les poissons selon leurs gabarits dans un grand panier ou une cuvette. Elles portent sur leur tête les paniers ou cuvettes remplis poissons pour les acheminer vers le marché. Sachant qu’en chemin vers le marché, si des clients leur demandent de s’arrêter pour voir ce qu’elles portent et en acheter, elles s’arrêtent et les négociations commencent. Et il faut préciser que le marché où les produits de la pêche sont vendus n’est pas encore équipé de tables pour étaler les marchandises. Les poissons sont étalés sur un sachet transparent pour être venus. Les normes d’hygiènes ne sont pas vraiment respectées bien que les poissons soient encore frais. Dans la société des pêcheurs au bord du lac Kamonjo, les activités sont réparties selon le genre. Les hommes s’occupent de la pêche et de l’entretien des matériaux tandis que les femmes s’occupent du foyer, des enfants et de la commercialisation des produits. Cette répartition facilite leur vie et donne la possibilité aux pêcheurs de financer leurs activités. Justement H. O. Ralantonirina (2010 : 35) a aussi affirmé cet avantage de la communauté des pêcheurs : « Cette dernière (la situation de communauté des pêcheurs) permet aussi d’assurer le financement et l’équipement adaptés aux pensions des pêcheurs ».

Marché ambulant Le marché ambulant consiste à vendre d’un produit en se déplaçant d’un endroit à l’autre pour se rapprocher directement des clients potentiels. Ici, ce système de commerce est appliqué à la vente des poissons. Il est cependant fatiguant pour les vendeuses mais son avantage est que les produits arrivent directement aux consommateurs, les clients ne vont plus au marché. Ce sont toujours les femmes des pêcheurs qui pratiquent ce type de vente. Dans les systèmes de commerce moderne, on appelle cela la livraison à domicile. Il facilite la communication entre les vendeuses et leurs clients mais la fatigue est pesante pour ces femmes, car l’acheminement des produits vers les clients se fait à pied et les paniers ou cuvettes qu’elles portent sur leur tête sont lourdes. Alors que les familles des pêcheurs ne sont inscrites dans un système de protection sociale. Ce type de commerce fragilise la santé des pêcheurs car même les maris et les enfants de ces femmes souffrent énormément de problèmes de santé, comme la diarrhée et le paludisme pour les enfants et la fatigue générale avec la toux pour les adultes. Tous les avantages de la livraison à domicile des poissons sont remarqués par H. O. Ralantonirina dans son analyse sur la pêche traditionnelle au lac Mantasoa mais elle n’a pas pu tirer ses inconvenants dans la famille des pêcheurs, surtout chez les femmes. Elle dit :« Concernant la commercialisation sur place, elle se fait par le système de vente ambulante des pêcheurs aux consommateurs locaux. C’est-à-dire la vente se fait de porte à porte chez les clients fidèles. (…) Le commerce ambulant est le meilleur moyen pour liquider rapidement les produits chez les clients fidèles au lieu d’attendre les allées du marché ». (op.cit. : 41-42) Par conséquent, les avantages des pêcheurs dans ce système de vente sont très légers. Les pêcheurs et leur famille vivent dans une économie de subsistance. Ce sont les clients qui tirent le plus de bénéfices de ce système de vente. Il se manifeste donc ce qu’on appelle un marché inéquitable dans ce système de commerce. A cause de l’inexistence d’une coopérative ou d’une association entre les pêcheurs dans le district de Mitsinjo, ils se trouvent en difficulté dans l’écoulement de leurs produits. Devant ce constat, les pêcheurs ne cessent de chercher le meilleur moyen pour vendre leurs poissons. Ils vont alors auprès des collecteurs pour liquider leurs produits. Chez les collecteurs Les pêcheurs et les collecteurs collaborent soit au bord du lac, soit dans la case du pêcheur ou bien chez le collectionneur. Comme souvent, c’est auprès de leur camion que les collecteurs attendent les pêcheurs pour négocier la vente de leurs produits. Les collectionneurs les achètent aux kilos et les prix peuvent varier selon la saison. Après avoir fait le plein de marchandises, les collecteurs partent vers des destinations différentes pour vendre à leur tour ces produits. Ils sont expédiés à Mahajanga, Antananarivo et Toamasina –presque dans toute l’île-. Les poissons achetés par les collecteurs sont, soit des poissons fumés au feu de bois ou bien séchés au soleil –bien que les deux doivent d’abord être salés- pour être conservables pendant une très longue durée. Certains villages au bord du lac Kamonjo ne sont pas des lieux de résidence permanents. Autrement dit, la pêche et le commerce des poissons ne sont pas des activités stables pour eux. Pendant la saison de fermeture de la pêche à Madagascar, certains villages des pêcheurs sont abandonnés. Certains pêcheurs se convertissent à d’autres activités pour assurer un revenu stable durant toute l’année. Ils deviennent agropasteur, ils pratiquent ensemble l’agriculture et l’élevage ; principalement la riziculture et l’élevage de bovins. Ce sont les activités principales des gens durant la saison de pluie. Voyons dans les photographies suivantes le système de fumage de poissons et la figure de circuit des ventes des poissons. Photo n°8 : Système de fumage des poissons des pêcheurs du Kamonjo

Source : l’auteur Figure 2 : Circuits de vente des produits halieutiques de Mitsinjo

Marché ambulant

Consommateurs locales Pêcheurs Femme des pêcheurs

Bazar Clients en dehors de Mitsinjo

Collecteurs Grands Collecteurs intermédiaires

Source : l’auteur

2.1.3. Les traditions sur l’activité de la pêche L’anthropologie socio-culturelle se consacre à la compréhension des faits sociaux des hommes qui sont surtout orientés vers les cultures. Comme nous avons déjà signalé plus haut, les anthropologues abordent une thématique pour observer l’ensemble des traditions et coutumes qui gravitent autour, les interpréter et les analyser objectivement. La raison pour laquelle l’impétrant a choisi la filière pêche dans la CR Mitsinjo n’était pas seulement d’observer les activités des pêcheurs mais aussi et surtout de connaître les traditions liées à cette pratique.

2.1.3.1. Les tabous comme mode de conservation des ressources halieutiques Les tabous dans une communauté comme celle des pêcheurs du lac Kamonjo, sont quelques-uns des méthodes pour la préservation des ressources halieutiques. Ce concept est aussi pratique au niveau de la protection de l’environnement parce que grâce leur instauration, on peut réguler l’impact des hommes sur son environnement. Par exemple, dans certains endroits sur les environs du lac, il y est interdit toute forme de saletés provenant de l’homme : que ce soit les excréments, les crachats, etc. Dans cette section, nous citerons et expliquerons un peu plus les tabous qui existent sur ce lac. 2.2.1.1. Les jours interdits Pour les Sakalava de Marambitsy, les jours interdits sont comme des tabous. Ce sont les jours durant lesquels il est tabou de travailler. Il y a deux sortes de jours tabous à Mitsinjo : les jours tabous permanents et les jours tabous instables. Les jours tabous permanents consistent à l’interdit lié à l’histoire et la culture sakalava de Mitsinjo. Ils connaissent trois types des jours tabous permanents : le lundi, le mardi, et le jeudi. A Mitsinjo, chaque mardi matin, il est tabou d’aller travailler. On reste chez soi et on abandonne toutes les activités professionnelles. Cette demi-journée du jour tabou était dictée par le roi Andriamandisoarivo, le fondateur du royaume sakalava du Boeny, avant 1680.Le roi avait dicté ce tabou avant la formation de son royaume, avant son arrivée à Mahajanga. On rapporte en effet que durant cette demi-journée du mardi, le roi passait dans chaque foyer pour rendre visite à tous ses sujets et en contrepartie, ces derniers profitaient de l’occasion pour lui vénérer. La population de Mitsinjo a gardé ce jour comme tabou, elle considère cette demi-journée du mardi comme sacrée. On n’ose violer ce tabou car outre le caractère sacré de ce jour, on craint d’être victime de malheurs dans les activités professionnelles si on persiste à travailler. Quant au jeudi, il est intégralement chômé parce qu’il est réservé à la vénération de la reine Amina pour les adeptes du culte dynastique sakalava. Il est un jour faste pour la famille dynastique mais il est tabou pour les autres de travailler parce qu’il est réservé à cette famille. Cette tradition avait aussi été héritée des Sakalava par Andriamandisoarivo et a été transmis de génération en génération. Tout le monde doit respecter cette tradition, même les gens qui sont de nouveaux arrivants à Mitsinjo. Curieusement, une question se pose : comment le jour faste du jeudi est également partagé par les Merina ? Est-ce-que les deux dynasties partagent la même conception magico-religieuse pour le jeudi ? La raison en est que L. Raharinjanahary (2009 : 158-173) a aussi remarqué le mardi et le jeudi comme des jours réservés spécifiquement aux rois mais qui sont cependant tabous pour les autres personnes :« En Imerina, le mardi et le jeudi sont interdits d’enterrement, car sous les Royaumes, ils étaient considérés comme jours fastes (andro tsara), le mardi étant maivana (jour léger), favorable pour les princes, en particulier pour lancer des expéditions militaires, le jeudi, bon jour également (ka misy : il va y avoir), convenable pour la sortie des princes, les mariages, les inaugurations de maison ». Ces jours fastes pour les rois consistent, peut-être, à sanctifier leurs pouvoirs politiques afin qu’ils puissent garantir de manière durable l’affection, la soumission et la loyauté de leurs sujets envers eux. Ils stabilisent leurs pouvoirs dynastiques. Ces rois pouvaient diriger une expédition militaire pour aller à la conquête de nouveaux territoires. Les jours tabous instables consistent en des jours désignés au chômage à caractère social et rituel que chaque individu doit respecter par souci de déséquilibre social et économique. Lors d’un lundi du mois d’avril chaque année, les pêcheurs du Kamonjo cessent leur travail pour réaliser le joro faly ota ou la prière de conjuration des souillures. Mais ce jour chômé ne touche pas les autres activités économiques. Il est propre aux pêcheurs et leurs familles mais n’est pas partagé avec la population de Mitsinjo. Les pêcheurs et leur famille ne s’essaient pas à transgresser ce jour tabou car leur vie est mise en jeu. Si quelqu’un ne respecte pas cette règle socioprofessionnelle, elle va être bannie de la communauté des pêcheurs parce qu’elle est considérée comme une personne de mauvais augure. Les pêcheurs sont solidaires dans le respect de ce jour tabou. Les jours de funérailles dans la communauté des pêcheurs sont également chômés. Ils sont classés parmi les jours tabous instables dans la mesure où la perte d’un proche n’est pas un évènement prévu et constitue un moment de grande tristesse. Lorsqu’il y a des funérailles dans cette communauté, tout le monde ne travaille pas. On fait son devoir social et culturel car les funérailles sont une affaire sociale et culturelle. Autre conception relative aux funérailles, les pêcheurs considèrent que la société et le lac ont été souillés par la mort et il faut que tout le monde participe à ces funérailles pour accompagner le défunt dans sa nouvelle demeure. Après l’enterrement, la société et le lac se purifient afin qu’on puisse reprendre de nouveau les activités quotidiennes : la pêche. La pratique de la pêche est intimement liée à la culture. Elle ne peut se faire si la culture n’est pas respectée, même les moments consacrés à cette activité sont culturels. C’est pourquoi il y a des jours tabous chez les pêcheurs. Les jours tabous peuvent être collectifs ou individuels. Tout cela nous permet de dire que la pêche met en valeur une communauté professionnelle liée à la communauté sociale de base à Mitsinjo. Il s’agit de la communauté sakalava dont la culture est la référence fondamentale pour l’activité de la pêche. Le respect de cette culture est la force ultime qui assure la productivité de la pêche.

2.2.1.2. Les matériaux interdits Il est aussi pour eux considéré comme tabou le fait de traverser Kamonjo avec une pirogue à voile munie de balancier est tabou parce que ce genre de pirogue apporte un ombre sur l’eau qui est considéré par les Sakalava, au bord du Kamonjo, comme le signe de la présence d’un fantôme lacustre malveillant. Cet être surnaturel provoque des dangers dans l’eau, comme la noyade, la mort due à une attaque de crocodile et la perte de la pagaie etc. Tout cela signifie que l’ombre provoqué par l’homme est un signe de mauvais augure pour les Sakalava car il empêche le rayon de soleil -source de vie et du bonheur- d’atteindre l’homme. Cette ethnie considère cela comme étant un acte contre nature dans un espace sacré. Deuxièmement, il est aussi tabou d’ouvrir un parapluie et un parasol pendant le passage sur ce lac ou même si on reste sur les bords. La violation de cet interdit magique provoque des malheurs. Elle peut amener la tornade dans le lac et au bord du lac. Elle peut aussi provoquer la mort ou faire en sorte que les pêcheurs rentrent bredouille. Le danger rencontré par les pêcheurs après la violation des tabous liés à l’eau se rencontre souvent trouvé dans les traditions orales comme le conte ou les légendes. On a trouvé un récit recueilli par G. RAZAMANY (2014 : 114-116) dans la région de Port-Bergé intitulé Lebokabokahely ou Le petit lépreux. Dans ce récit, Le petit lépreux , un pêcheur misérable est le personnage principal. Il a violé l’interdit magique sur l’identité amphibienne de son épouse : une sirène. Il est séparé de celle-ci pour toujours. Par conséquent, le petit lépreux devient victime de mal d’amour et il part rejoindre sa femme dans l’eau pour la récupérer mais il ne revient jamais sur terre. Il est interdit de mettre des vêtements noirs sur le lac ou dans ses environs, ni de laver sur les bords du lac la marmite et la poêle noircies par la fumée du feu de bois. Ces couleurs noires constituent un ombre qui provoque, selon la croyance des sakalava de Mitsinjo, l’apparition du diable lacustre qui provoque divers malheurs, soit pour les pêcheurs, soit pour les riverains. Enfin, le porc avec sa viande sont tabous à Kamonjo et pour ses riverains. Cet animal est considéré comme souillure par les Sakalava. Il porte malheur selon leurs croyances. C’est pourquoi il faut qu’il n’y ait aucun contact avec l’homme et son espace. Cependant, ce tabou n’est plus respecté par la majorité de la population de Mitsinjo dominée par les autres communautés ethniques malagasy venant des Hautes terres de Madagascar. La plupart de ces gens pratiquent l’élevage porcin afin de compléter leurs revenus. Cette situation provoque par conséquent un conflit tacite entre les Sakalava conservateurs et ces autres communautés ethniques malagasy bien que les autochtones ne puissent les renvoyer. A Madagascar, l’élevage du porc n’est pas administrativement interdit mais il est coutumièrement tabou pour les autochtones de Mitsinjo. Devant cette situation, la cohabitation entre les Sakalava et ces gens n’est pas au beau fixe. 2.1.4. Le culte des ancêtres Par définition, il est une : « pratique consistant à honorer, à vénérer ses ancêtres décédés (par une cérémonie ou d’une autre manière) en étant convaincu qu’ils sont conscients dans les sphères invisibles, qu’ils peuvent aider les vivants ou leur causer du tort et qu’il faut donc les apaiser. » 5 C’est donc une culture qui fait que les vivants et les ancêtres sont en relation durant un évènement rituel. Les Salonjo traditionnistes et les pêcheurs du lac Kamonjo surtout, ont un endroit spécifique pour effectuer le culte pour honorer leur Dieu et pour lui demander sa bénédiction. Pour que le culte des ancêtres se déroule dans les règles, la présence d’un ou plusieurs chefs coutumiers et ses serviteurs est souvent sollicitée. D’ailleurs, l’écart se manifeste entre les sacrés et les profanes au début de ce culte. Mais au fur et à mesure que le rite avance, les profanes finissent par être unis avec les sacrés avec le repas de communion rituelle et le sacrifice d’un zébu dirigé par ces chefs. Voyons ci-dessous les cultures autour du culte des ancêtres qui se révèle sur l’activité de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo.

2.1.4.1. Le doany et les Chefs coutumiers Pour les traditionnistes, le doany est un endroit sacré où ils entretiennent la relation directe avec Dieu, les ancêtres et les autres divinités assimilées. Le mode de communication de ces gens avec tous ces êtres surnaturels se fait de manière spirituelle à l’aide d’un sacrifice ou d’un rite afin qu’ils puissent espérer recevoir la bénédiction et être prospères. Selon un site internet 6 : « un doany ou fanasinana (un mot surtout utilisé sur les hautes terres) est un lieu sacré lié à la religion traditionnelle malgache. C’est à la fois un lieu de prière, mais aussi un lieu où se déroulent des différentes cérémonies de culte, de sacrifice, d’offrande, de demande de bénédiction, (…) » La fonction pragmatique du doany en tant que lieu de prière assure l’harmonie sociale et économique des pêcheurs et la population de Mitsinjo. Elle est un système de régulation sociale et économique des Malagasy qui vivent au bord du lac Kamonjo. C’est ainsi que nous osons dire que la pratique culturelle locale comme le culte des ancêtres effectué au doany compte parmi les mesures de conservation des ressources halieutiques, voire du mode de vie des pêcheurs et de la population de Mitsinjo en général à condition qu’ils respectent toutes les règles magico-religieuses relatives à ce culte. D’après les traditions orales racontées par les anciens, les Salonjo originaires de Marambitsy s’étaient déjà installé dans la région de Mitsinjo avant l’arrivée des troupes Sakalava menées par Andriamandisoarivo lors de sa conquête vers le Nord-Ouest où il fonda son royaume : Boeny. Ce peuple autochtone, représenté par ses chefs coutumiers, dirige le culte des ancêtres dans cette localité. La population de Mitsinjo, en particulier, les traditionnistes manifestent toujours leur profond respect envers ses chefs coutumiers. Ceux-ci se distinguent, par exemple, à travers les formules de salutation qu’on emploie envers eux car on les considère comme représentant de Dieu et des ancêtres sur terre. Les chefs coutumiers sont donc les médiateurs de la population dans le système de la relation transcendante et verticale avec les divinités et les ancêtres. Les pêcheurs dans le lac Kamonjo travaillent étroitement avec ces chefs coutumiers. Ils ont recours à ces derniers, par exemple, pour demander la bénédiction de Dieu, des ancêtres et autres divinités pour que leur pêche soit bonne pendant la saison de la pêche. De même pour la fabrication des outils de la pêche comme nous venons de voir précédemment, il faut que les pêcheurs procèdent à un joro avant de fabriquer ou d’utiliser les outils. Le rituel du joro se fait toujours en présence des chefs coutumiers issus du clan Salonjo. Il se déroule à l’Ouest du marandravy, une espèce de palmier géant connu par le terme scientifique borassus madagascariensis qui pousse dans l’un des îlots du lac Kamonjo. Cet îlot est sacré pour les Salonjo car les ancêtres de ce clan y étaient enterrés. C’est pourquoi les Salonjo vénèrent cet endroit et que les cultes rendus aux ancêtres comme le joro se fait dans cet endroit sacré . Le lac Kamonjo qui inclut cet îlot est donc sacré. Il faut que la souillure et la saleté y soient enlevées pour éviter la profanation de cet endroit qui risquerait d’attiser la colère de ces divinités dont les répercussions seraient néfastes pour la production des activités des pêcheurs, voire la mort d’un membre de la population.

2.1.4.2. Les rites et les sacrifices Dans la religion traditionnelle malagasy, les rites et les sacrifices sont presque inséparables. Leurs fonctions sont sociales, c'est-à-dire que la religion traditionnelle malagasy est une affaire sociale, elle n’est pas une affaire individuelle, ni une religion ésotérique. E. Durkheim (1907 : 42-43) le dit ainsi :« Les rites sont de deux espèces inséparables : les uns négatifs, et les autres positifs. (…) Ces rites (rites négatifs) prendront donc forme de l’interdit ; le culte négatif est l’ensemble des interdictions rituelles. (…) ces rites (rites positifs) ont pour but de mettre le fidèle en rapport avec la chose sacrée, de manière qu’elle puisse rendre tous les services qu’il en peut attendre. »

Autrement dit, l’organisation religieuse demande la présence du public, surtout quand on prend l’exemple du joro concernant les activités dans le lac Kamonjo. Il s’agit d’un rite de purification de ce lac effectué chaque année par la population des pêcheurs avec la présence des chefs coutumiers issus du clan Salonjo appelé : joro faly ota. Ce joro est toujours dirigé par un de ces chefs coutumiers le plus âgé en tant que mpijoro, orant et sacrificateur. Il se déroule un lundi du mois d’avril après la décrue de l’espace sacré, de l’Ouest du marandravy. Et il y a les objets rituels exigés pour la réalisation de ce joro. Nous allons voir ces objets :

-Un zébu avec une robe noir tachetée de blanc sur sa tête appelé aômby mazava loha -L’encens, emboky -Le kaolin, tanimalandy -L’assiette en faïence appelé sahany 7 -Les pièces de monnaies, 50Ariary ou 20Ariary -L’alcool : il s’agit du rhum local fabriqué en canne à sucre appelé toaka gasy, littéralement le rhum malagasy. -L’eau -Braise : on la pose sur l’encensoir Tous ces objets sont utilisés par l’orant pour invoquer les divinités des ancêtres et les autres divinités pour faire le joro. L’encens brûlé par la braise et l’eau purifient l’endroit du culte, les assistants, le zébu à sacrifier et l’orant lui-même afin que le joro se déroule sans incidents, c'est-à-dire dans les meilleures conditions. Il faut que le profane, la souillure et les mauvais esprits soient écartés de l’espace sacré. Autrement dit, tout le monde vit dans une ambiance sacrale pendant le joro . L’homme devient en quelque sorte « divinisé » pendant le rituel de joro car il communique tacitement avec les divinités d’où le phénomène du langage de silence en anthropologie. Donc, l’eau et l’encens assurent la fonction de purificateur de la nature et des êtres vivants pendant le joro. C’est après la purification des deux mondes qu’on peut ensuite procéder à la communication avec les êtres de l’au-delà. Ce serait donc la condition sine qua non pour que les êtres de l’au-delà puissent, selon la conception malagasy, apporter leur bénédiction, ce qui est la source de toute prospérité y compris la rentabilité des activités liées à la pêche. Le Kaolin et l’assiette en faïence appelés sahany sont un signe de pureté et de clarté dans le rituel du joro parce que l’image de Dieu dans la conception cosmogonique malagasy est claire et brillante. Elle s’oppose à l’image de masantôko ou mauvais esprits chez les Sakalava car l’image de ceux-ci dans le symbolisme malagasy est de couleur noire. C’est pourquoi on trace un trait vertical avec le kaolin sur le front des assistants, ce qui montre la relation verticale et transcendantale dans le système religieux malagasy. Quant aux pièces de monnaies, elles assurent la fonction communicative entre les vivants et les êtres de l’au-delà. Nous supposons que ces pièces de monnaies vont parvenir rapidement aux êtres de l’au-delà et servent à les honorer en tant que divinités. Elles expriment également la sociabilité de ces êtres avec les vivants parce que l’argent est parmi les sources de la relation sociale dans la vie quotidienne. La sociabilité avec ces êtres surnaturels n’est pas tirée d’une doctrine philosophique ou religieuse mais bien le fruit de la vie quotidienne des Malagasy, en particulier les Salonjo. Tout cela est affirmé par W. Rabemananjara (2001 : 27) en ces mots : « (…) Elle (la sociabilité) était tirée, non d’une doctrine, mais des leçons du vécu quotidien, de l’expérience commune.» Par conséquent, la religion traditionnelle malagasy a une fonction pragmatique dans la mesure où elle ne se détache guère de la société. Autrement dit, elle n’est pas quelque chose d’abstraite, elle est étroitement liée à la vie quotidienne des Malagasy, comme la pêche dans le lac Kamonjo. L’alcool dans le rituel du joro exprime le lien de convivialité entre les vivants eux- mêmes, et entre les vivants et les divinités de l’au-delà. Elle exprime de manière symbolique la vie entre ces deux mondes : le monde des vivants et le monde de l’au-delà parce que la récompense offerte par le degré d’alcool renvoie à l’image de la vie : le sang. Autrement dit, on considère qu’on partage le même sang lorsqu’on boit de l’alcool. Par le symbolisme du sang, surtout par sa couleur rouge, on trouve une présence abondante d’alcool lors des cérémonies religieuses traditionnelles chez les Malagasy (E. Mariane, 2013). Tout cela explique la fonction symbolique de l’alcool dans la relation verticale et transcendantale dans la religion traditionnelle malagasy. Enfin, le zébu est l’animal par excellence pour le sacrifice dans la religion traditionnelle malagasy. En effet, la valeur d’un rite peut se mesurer par l’existence du sacrifice d’un zébu ou non, c'est-à-dire que le joro avec l’immolation du zébu est un rite sacré chez les Salonjo car le sang de cet animal anéantit tous les mauvais sorts qui peuvent frapper les vivants. Autrement dit, ce sang apporte la prospérité aux Salonjo dans toutes leurs activités économiques, y compris la pêche. A cela s’ajoute la partie blanche de sa robe qui assure la fonction symbolique de purificateur des vivants car la couleur blanche est une couleur divine. C’est la couleur de la prospérité pure, ce qui signifie que la prospérité offerte par Dieu et les ancêtres est le véritable fruit de la bénédiction. Elle permet d’assurer toute sorte la fécondité. Cette idée est affirmée par J. Chevalier et A. Gherbrant (op.cit. :134) :« (…) Dans toute l’Afrique du Nord, encore le bœuf est un animal sacré, offert en sacrifice, lié à tous les rites de labour et de fécondation de la terre » C'est-à-dire qu’on a toujours besoin du zébu même si on parle de la pêche parce que cet animal est exigé pour le sacrifice dans le joro concernant la demande de prospérité relative à la pêche. La question est de savoir si le zébu, selon un mythe malagasy, est vraiment "d’origine aquatique" (R. JAOVELO-DJAO (op.cit. : 336) car on peut l’utiliser comme sacrifice même dans les activités des pêcheurs : les activités aquatiques. Il est à noter que ce sont les pêcheurs qui cotisent pour acheter le zébu. Pour la prière de conjuration, on préfère sacrifier un bœuf (mâle) parce que les Sakalava de Mitsinjo considèrent que Dieu le créateur est de sexe masculin, chargé de puissance et de sacré. Ce zébu a donc une fonction symbolique de puissance et de perfection de Dieu, l’immolation de cet animal éradique totalement les maux dans et sur ce lac. Dans la conception sakalava, Dieu est donc personnifié, il est l’image de l’homme ; tandis que la divinité de la terre est de sexe féminin. La terre est la divinité suprême dans le monde en bas car elle est l’épouse de Dieu comme le dit, le proverbe Tsimihety :« Ny tany vadiben-Jañahary, miaro ny veloño, miambiñy ny maty (La terre est la première épouse de Dieu, elle protège les vivants et gardent les défunts). » Il y a donc une sociabilité et un lien de parenté entre Dieu et les humains. C’est pour cette raison que les humains peuvent lui adresser leur prière. Il est considéré comme leur père et la terre comme leur mère d’où le terme anthropologique terre-mère. C'est-à-dire les humains sont l’enfant de ce couple. Les autres divinités sont aussi considérées par les Sakalava comme androgynes. 2.3. Les règlements de la pêche Dans ce chapitre, nous nous intéressons au sujet des règlements de la pêche à Madagascar posés par les gouvernements pour la bonne gestion et la protection des ressources halieutiques d’eau douce. Par lequel, on citera quelques-uns des codes de la pêche qui sont utilisés dans notre pays et l’action des pêcheurs dans le lac Kamonjo à Mitsinjo.

2.3.1. Les codes de la pêche Les codes de la pêche sont aussi appelés règlements posés par les autorités de l’Etat, plus précisément du Ministère qui se charge de la filière pêche pour protéger les ressources halieutiques encore présentes et celles en voie de disparition. Ainsi, on pourrait subvenir aux besoins des gens en pérennisant cette activité qui assurent leur vie. Le but de ces présentes lois est de garantir la gestion durable des ressources halieutiques, de pratiquer la politique de bonne gouvernance afin d’introduire notre pays dans le processus du développement. L’extrait du texte suivant a été tiré du texte (Loi n°2015-53) portant le code de la pêche et l’aquaculture (voir Annexe n°03) utilisé par le MAEP actuel, « Article17: Aux termes de la présente loi, le Ministère en charge de la Pêche et de l’aquaculture prend toutes les mesures nécessaires pour minimiser les impacts des activités de pêche sur les ressources halieutiques et les écosystèmes aquatiques. A cet effet, il est interdit :- d’utiliser, dans l’exercice de la pêche, des substances ou appâts toxiques ; - de se servir de matières explosives et de techniques similaires ; - de faire usage de procédés électriques ; (…) - d’utiliser tout engin, méthode et technique de pêche ou dispositif destructif et non sélectif ;(…) - d’introduire ou de déverser dans le milieu aquatique de substances causant la pollution, (…) - de commercialiser des engins de pêche non réglementaires ou prohibés. (…) Article 18 : Sont interdites, en tout temps et en tout lieu, conformément à la législation nationale en vigueur et aux Conventions internationales ratifiées par l’Etat malagasy, la pêche, la capture, la détention et la commercialisation de toutes espèces menacées et protégées, (…) » Ces lois sont encore valables et utilisées par le MAEP même si elles doivent être révisées et modifiées tous les cinq ans selon un de nos enquêtés. D’ailleurs, elles sont indispensables dans ce secteur, voilà pourquoi l’administration actuelle en charge de la pêche ne les modifie pas trop. A part l’application de ces lois, ils organisent et collaborent souvent avec les autres partenaires comme les ONG pour améliorer le développement de leur travail afin que les produits halieutiques de toutes les zones ne soient pas victimes de surexploitation. La raison pour laquelle, le projet SWIOFish2 (Second south West Indian Ocean Fisheries and growth project ) est présent dans les zones côtières du Nord, Nord-Est, Sud-Est, Sud et Sud-Ouest de notre île. Avec des objectifs et activités diverses (voir annexe n°05), l’intervention de ce projet est tout à fait nécessaire pour toutes les zones côtières de Madagascar, et même sur les eaux se trouvant à l’intérieur des terres, y compris les lacs.

2.3.2. L’agitation des pêcheurs Au début, les pêcheurs dans le lac Kamonjo étaient généralement constitués de Sakalava et des Sandrakoatsy. Par faute d’absence du service de la pêche dans ce District depuis plusieurs années, la plupart d’entre ces pêcheurs ne connaissent rien à propos des codes ou des règlements qui doivent être respectés dans ce travail. C’était tout simplement grâce à leur culture traditionnelle qu’ils ont pu respecter leur environnement. Or, cet aspect n’est pas du tout favorable à leur bien-être, voilà pourquoi les agents de Asity qui travaillent dans ce District les sensibilisent occasionnellement. Ces derniers prennent souvent la décision de punir ceux qui violent encore les règles mais cela ne suffit pas, et provoque ainsi des conflits sociaux. D’ailleurs, il y a des gens qui en savent un peu sur les codes de la pêche continentale mais ils ne prennent pas conscience de l’importance de ces règles, c’est pour cette raison qu’ils transgressent ces règlements. Mr Liva Armand (Adjoint-Maire dans la CR Mitsinjo) nous a partagé son idée comme suit : « il est primordial de former tous les paysans dans ce district sur les règlements à respecter dans la pêche et les impôts qu’ils doivent payer sur les produits que les pêcheurs, les vendeuses et les collecteurs récoltent. Leur niveau éducatif est si faible, c’est pour cela que beaucoup d’entre eux négligent la présence des agents de marché. Alors que ces derniers sont là pour contrôler et prendre les ristournes afin d’améliorer le paysage et les infrastructures dans cette CR. » Actuellement, les pêcheurs sont composés des autres ethnies venant de différentes régions de Madagascar. Ils sont dans la plupart des cas résidents à Mitsinjo, mais il y a d’autres pêcheurs qui ne sont pas résidents dans ce district : ce sont les pêcheurs ambulants. Ce dernier type de pêcheurs part d’un endroit à un autre pour pêcher. Ils sont difficilement contrôlés lors de notre enquête parce qu’ils n’ont pas de cases fixes comme les pêcheurs du lac Kamonjo. Ces pêcheurs se déplacent cependant dans les eaux du district de Mitsinjo comme Kinkony, Langonany, Katondra et Andranobe. Les matériaux de pêche utilisés par les pêcheurs du Kamonjo sont dominés par ses différents types de filet et la pirogue. Ils pêchent presque toute l’année dans ce lac même pendant la fermeture de la saison de pêche. Certains pêcheurs ne respectent pas les règles sur la fermeture de la saison de pêche. Ce qui entraine la rareté des quelques espèces de poisson au lac Kamonjo, comme le damba (paratroplus kieniri) , le gogo (Arius madagascariensis vaillant) et l’anguille, bien que l’année dernière la DRAEP Boeny a mis en place un bureau de service de la pêche à Mitsinjo. Le personnel de ce bureau ne peut pas tout à fait surveiller tous les zones de pêche dans le district de Mitsinjo parce qu’ils travaillent seul et lors de notre enquête, ils sont parfois absents de leur bureau. Le non-respect des règlements de pêche dans ce lac se montre aussi au niveau de l’usage des filets illégaux par les pêcheurs. Ce cas est causé par l’irresponsabilité des certaines autorités de l’Etat dans ce District. L’application des lois qui concernent cette filière est négligée par certaines autorités, ce qui est le cas dans d’autres filières et d’autres régions de Madagascar. Ce qui constitue encore des facteurs qui entravent l’amorçage d’un développement durable pour notre pays. Les produits de pêche à Kamonjo sont en général vendus dans les marchés locaux, surtout les poissons frais tandis que les poissons fumés et séchés sont vendus dans les autres districts et régions de Madagascar. Leur commerce n’est pas toujours formel. Le commerce informel persiste encore faute de l’insuffisance du contrôle fiscal et la fuite des certains acteurs au paiement des taxes relatives aux produits halieutiques.

2.4. Les facteurs du non-respect des traditions et des règlements de pêche Comme G. Balandier l’avait expliqué, les causes du dynamisme sociale sont souvent provoqués par deux aspects, l’un : facteurs endogènes et l’autre : facteurs exogènes. Au niveau de la pêche dans notre zone d’étude, cette activité se dit traditionnelle et à la fois de subsistance. Des phénomènes cycliques se manifestent et c’est pour cela que certaines traditions ou cultures humaines changent à cause de la mondialisation. Les sous-titres suivants nous amènent donc à les comprendre. 2.3.1. Facteurs endogènes Dans cette rubrique, nous prouverons les facteurs du désordre qui proviennent de l’intérieur de la communauté que nous avons étudiée sur la pêche dans le lac Kamonjo. Le non-respect des traditions et des règlements de la pêche dans ce lac de la part des acteurs de cette filière et la réalité qui se présente dans la communauté des pêcheurs provient de : la surpopulation des pêcheurs, l’insécurité, la raréfaction des produits de ce lac ainsi que le ralentissement des conséquences directes du non-respect des traditions qui sont liées à cette activité. Nous allons voir ci-après donc ceux qui concernent ces facteurs endogènes.

2.3.1.1. Surpopulation des pêcheurs et l’insécurité Le lac Kamonjo est surpeuplé de pêcheurs. Cette surpopulation s’aggrave dans la mesure où beaucoup de pêcheurs y amènent leurs familles. Il est difficile de comptabiliser leur nombre car elles ne sont pas sédentaires mais elles pratiquent une migration pendulaire à Mitsinjo pour diverses raisons : sociales et culturelles. Ce phénomène de surpopulation a des impacts dans la vie économique et sociale à Mitsinjo car beaucoup de pêcheurs s’aventurent à pêcher au lac Kamonjo sans avoir fait une analyse préalable avant d’y venir. Par conséquent, la pêche leur parait très peu productive par rapport à ce dont ils s’attendaient. Cela entraine la déception de certains quant à cette activité économique. A cause de problème du chômage galopant à Madagascar, des gens es originaires des autres régions de Madagascar se déplacent vers Mitsinjo et pensent faire fortune dans les activités liées à la pêche. Elles arrivent dans ce district, soit avec leurs familles, soit par elles- mêmes. Mitsinjo devient par conséquent leur « eldorado » social et économique, ces gens pensent que leurs rêves de fortune se réaliseraient avec la productivité de la pêche. Cependant, le rendement de la pêche décroît de plus en plus. Ceci est dû à une surexploitation des ressources halieutiques disponibles dans le lac Kamonjo. En géographie économique, cette situation est appelée la surpêche. Le lac devient très fréquenté et les poissons n’ont plus le temps de se reproduire à cause de l’assaut incessant des pêcheurs qui deviennent de plus en plus nombreux et usent de moyens illicites –notamment les filets à très petites mailles-. Les mauvais temps et les autres jours où les pêcheurs ne peuvent aller pêcher sont les seuls jours où les poissons et l’eau sont « en paix », ils sont hors du danger humain pendant ces temps. Cette question de surpopulation de pêcheurs est expliquée par notre informatrice : Perliny 8, elle dit : « La surpopulation des gens qui pratique la pêche comme activité entraine des menaces sur les produits halieutiques du lac Kamonjo. Elle provoque aussi une hausse du prix des poissons car ils deviennent de plus en plus rares et les collecteurs ne reçoivent plus la quantité de marchandises suffisantes. Les pêcheurs quant à eux ne peuvent pas acheter du riz pour subvenir au besoin de leurs familles car leur pêche n’est pas bonne. » Un autre problème lié à ce problème démographique ou plus précisément à la surpopulation est l’insécurité des produits de la pêche et des matériels. Les cas de vol sont de plus en plus fréquents et les pêcheurs en sont les victimes. La tâche des pêcheurs augmente, il faut qu’ils sécurisent en plus leurs produits et leurs matériels ; ils ne vivent pas vraiment en pleine sûreté. Quand ils partent à la pêche, ils sont soucieux de leurs produits, de leurs matériels et de leurs familles. C’est pendant ce moment que leurs femmes avec leurs enfants gardent leurs produits et leurs matériels, il faut que leurs femmes et leurs enfants gardent les matériels qu’ils n’ont pas emmenés à la pêche. Il s’agit des matériels qui restent au village des pêcheurs. Cette situation crée un autre phénomène qui devient de plus en plus fréquent dans la population des pêcheurs dans la mesure où les pêcheurs célibataires sont obligés de faire une sorte de concubinage avec les filles locales, non seulement pour subvenir à leurs besoins sexuels mais pour assurer la sécurisation de leurs produits et de leurs matériels. Ce phénomène conduit à la propagation des maladies sexuellement transmissibles car il est difficile de contrôler les faits des pêcheurs et leurs partenaires.

2.3.1.2. Raréfaction des produits halieutiques Causé par le phénomène de la migration galopante dans cette CR, le domaine de la pêche est surpeuplé. Tout le monde vient avec leurs propres cultures. D’ailleurs ils respectent aussi la culture des autochtones de ce district pour faciliter leur intégration. Lors de notre enquête, comme nous avons déjà vu plus haut, c’est à partir de l’an 2000 que le lac Kamonjo a commencé à être victime d’une surpêche à cause de la migration massive des gens des autres régions de Madagascar vers cette CR. C’est à cause de ce surpeuplement que le lac a commencé à ne plus pouvoir répondre aux besoins des acteurs de la pêche. Les produits ou les rendements des pêcheurs diminuent. C’est pour cette raison que d’anciens pêcheurs se sont convertis en d’autres activités pour pouvoir faire vivre la famille et avoir un meilleur niveau de vie. Les pêcheurs essaient alors de trouver tous les moyens possibles pour augmenter considérablement leur rendement quitte à adopter des pratiques portant préjudice à l’environnement, en général, et aux ressources halieutiques en particulier. Certaines personnes pratiquent divers types de pêche qui n’est pas toujours en accord avec les règlements de la pêche. Ils construisent des filets à petite maille, et ils violent ainsi tacitement des rites négatifs comme E. Durkheim l’affirme. Certains ont affirmé que leur non-respect des traditions a commencé après qu’un individu parmi les originaires de Mitsinjo a transgressé un tabou ; ils racontent en effet qu’il y avait une personne, un membre des Salonjo qui a cultivé du riz au bord de ce lac durant les jours tabous. C’est à partir de cela que le non-respect des traditions a commencé car les pêcheurs provenant d’autres communautés ont repris cette mauvaise habitude. Le témoignage d’Hector (l’un de nos enquêtés) est comme suit : « Nous n’aurions jamais dû en arriver à ne pas respecter les cultures des autochtones de cette région mais ce sont eux qui ont commencé. Nous aussi, nous faisons tous de notre mieux pour atteindre nos objectifs (subvenir à nos besoins), ce qui fait qu’on redoute de moins en moins le viol des interdits.» L’acte de cet autochtone a donc conduit les autres acteurs de la pêche à braver les interdits et à ne plus avoir autant de respect qu’avant aux traditions liées à cette activité. Mais on croit que le facteur qui a amené cet acte a été causé par le phénomène de la surpopulation des pêcheurs dans ce lac. Cet autochtone avait peut-être été gêné à cause du phénomène de surpopulation car au fur et à mesure que les pêcheurs deviennent de plus en plus nombreux, les rendements s’amenuisent. Peut-être aussi qu’il voulait s’occuper un peu de ses rizières durant les jours tabous car il était occupé à d’autres activités les jours restants. Il ne voulait qu’assurer un bon rendement et n’a pas pensé que son acte conduirait les autres à faire de même.

2.3.1.3. Le ralentissement des répercussions du non-respect des traditions Lors de notre interview, Mr André, un professeur de la matière Malagasy au Lycée privé TOKY à Mitsinjo affirme que : « miha mitarazoka loatra ny valin’ny tody sy ireo fandikana ny fady eo amin’ny fiarahamonina malagasy ankehitriny ka mahatonga ny olona maro miha manadino ny vokadratsin’ny tsy fanajana ny fadin’ny toerana na zavatra iray ary tsy matahotra firy ihany koa ny manao ratsy amin’ny namany na ny mpiara-belona aminy ». (Ou « Les répercussions de leurs actes –de la transgression des interdits au sein de la société malagasy- se manifestent de plus en plus tardivement. Les gens sont de moins en moins conscients des méfaits du non-respect des tabous d’un endroit ou d’un objet. Ils vont jusqu’à faire du mal à leurs amis et des membres de la société sans remords. ») Cette attitude est remarquée au niveau de la communauté des pêcheurs dans le lac Kamonjo puisque beaucoup d’entre eux, surtout les nouveaux arrivants ne respectent guère les interdits ou tabous liés à cette activité même s’ils ont déjà pris connaissance des règles coutumières. Certains pêcheurs ne participent plus au joro faly ota qu’on doit effectuer sur l’île Marandravy chaque année. Les ancêtres propriétaires de ce lac sont alors mécontents contre eux, c’est pour cela peut être que ce lac devient actuellement un lieu de plus en plus profane. Les chefs coutumiers organisateurs des rites de prière commencent à ne plus être motivés pour préparer et diriger ces cérémonies parce que beaucoup d’entre les pêcheurs ne donnent plus assez d’importance dans leur quotidien ; ils ne pratiquent plus régulièrement ce rite chaque année sauf lorsqu’il y a beaucoup des gens qui sont disparus dans ce lac. Chacun essaie donc de subvenir aux besoins de sa famille. Ils souhaitent faire évoluer leur situation économique afin de dépasser l’économie de subsistance et trouver une dynamique économique ascendante. Les pêcheurs attendent la période de décrue car les rendements sont nettement meilleurs dans ces moments. Le non-respect des traditions a un impact sur les différentes dimensions de leur activité. Même l’île Marandravy est inondée lors de la saison humide en cas de fortes pluies. Durant notre descente, nous avons constaté que le doany dont nous avons parlé ci-dessus ressemble actuellement à une maison abandonnée. Nous avons voulu le présenter dans ce travail mais à cause de l’interdiction signalée par la plupart de nos enquêtés, il ne nous été possible d’avoir une photo.

2.3.2. Facteurs exogènes Ici, nous énoncerons les facteurs de désordre qui proviennent de l’extérieur de la communauté des pêcheurs du lac Kamonjo à Mitsinjo. Le désordre qui s’affiche dans cette filière ne vient pas seulement des facteurs locaux. D’autres facteurs extérieurs s’y ajoutent et concourent à ce déséquilibre, pour ne citer que : la mondialisation, la migration galopante et les effets du temps. 2.3.2.1. L’impact de la mondialisation C’est à partir de l’année 2000 que de la population dans la commune rurale Mitsinjo a considérablement augmenté. Dès lors, les traces de la mondialisation se sont montrées petit à petit. De grands signes de changement sont apparus, il s’agit du phénomène d’évangélisation, de modernisation, de surpopulation et d’acculturation. Ces phénomènes se sont de plus en plus affichés au fur et à mesure que la population s’est intensifiée avec l’arrivée d’autres groupes. Les gens abandonnent peu à peu la cohésion sociale et essaie d’atteindre leurs propres objectifs avec tous les moyens possibles, que ce soit individuellement ou dans le cadre d’un sous-groupe social. Certains ont acquis des objets issus de la mondialisation et essaient d’intégrer ceux-ci dans leur quotidien en faisant attention bien les réconcilier avec leurs cultures. Mais la plupart des gens n’ont pu faire le crible de ce qu’ils devaient prendre et laisser. Ils ont apporté des changements à leur culture et commencent ainsi à perdre peu à peu leur identité originale. R. Anne-Marie (2005 : 3 nous partage son idée sur l’impact de la mondialisation au Québec, elle dit que : « Première hypothèse : la mondialisation tendrait à uniformiser les cultures. Seconde hypothèse : la mondialisation tendrait au contraire à faire ressortir la diversité des cultures à travers une recomposition identitaire qui prendrait diverses formes selon les contextes locaux où elle serait exprimée ». La mondialisation a apporté une influence culturelle sur l’activité de la pêche dans le lac Kamonjo provoquant ainsi des impacts négatifs sur cette dernière. Les pêcheurs font ce qu’ils semblent bien afin de poursuivre leurs propres objectifs. Ce qui fait que les cultures traditionnelles ont peu à peu écartées de la filière pêche. Ce phénomène est causé par la surpopulation et la migration dans cette commune rurale. C’est pourquoi les pêcheurs autochtones deviennent des transmetteurs d’un mauvais exemple par rapport au non-respect des tabous dans ce lac. Autrement dit, quand la mondialisation engendrée par le phénomène de la migration dans ce district s’est montrée au niveau de leur activité, beaucoup des pêcheurs ne respectent plus les jours tabous, la période de la fermeture de la pêche afin de récolter le plus de rendements possibles. 2.3.2.2. La migration C’est un phénomène qui désigne le déplacement d’un individu ou des groupes de personnes d’un lieu à un autre. Elle peut avoir des effets positifs ou négatifs dans la région où ces gens viennent s’installer comme les éditeurs du site-web 9 « Overblog » l’explique. En effet, ceux qui considèrent la pêche dans le lac Kamonjo comme son « eldorado » pour fuir le chômage semblent se tromper car, en quittant leur village/ville, ils pensaient faire fortune dans la pêche alors que c’est la misère qui les attend. D’ailleurs, l’Etat malagasy n’a trouvé jusqu’aujourd’hui aucune solution afin d’empêcher cette migration massive. Il n’y a pas de politiques et d’actions entreprises dans le but de lutter contre le chômage. De plus, les acteurs politiques doivent diriger l’application de mesures effectives en faveur de la protection et de la conservation de l’environnement côtier (la faune, la flore, le sol), plus spécifiquement le milieu aquatique ainsi que les ressources qu’il recèle. La pêche devient, en effet, un véritable danger dans le sens où tout l’écosystème aquatique est bouleversé et les ressources halieutiques se raréfient : le lac Kamonjo devient très peu poissonneux. Cela conduit à divers bouleversements sociaux, économiques et culturelles qui affectent durement cette région car la pêche est un pilier de l’économie locale, énormément de gens vivent de cette activité. Les traditions sont aussi touchées par ce désordre. Devant ces problèmes alarmants causés par les changements dans la société, la question est de savoir comment sauver le lac Kamonjo du danger car il fait partie du patrimoine naturel de Mitsinjo et de la région Boeny en général. Si on compare ces problèmes à une maladie, quels sont les médicaments permettant de soigner cette maladie ? Car la maladie du Kamonjo fait énormément de victimes.

2.3.2.3. Les effets du temps Parfois, les choses changent au cours du temps et aussi de l’environnement qu’elles traversent, c’est pourquoi un proverbe 10 Grec dit : « autres temps, autres mœurs ». En effet, les coutumes et cultures des Hommes peuvent changer par rapport au temps ou à l’époque où Ils vivent. Les Hommes essaient toujours de trouver et d’induire de nouveaux éléments dans leur quotidien afin de faire évoluer leur mode de vie. A cela s’ajoute souvent de nouvelles idées, de nouveaux comportements. Par exemple, la génération des anciens Salonjo à Mitsinjo, surtout les chefs coutumiers, portent toujours jusqu’à ce jour un pagne quand ils sortent de chez eux ; mais leurs descendants actuels ont honte de s’habiller ainsi et ne mettent le pagne que durant un évènement coutumier important. Durant notre passage dans la société des pêcheurs du lac Kamonjo, nous n’avons pas vraiment entendu d’un rite pour un nouveau filet ou une pirogue qui se serait déroulé alors que nous avons bien remarqué que certains pêcheurs étaient entrain d’utiliser de nouvelles pirogues. Certains affirment ne plus avoir de temps ni de moyens financiers à consacrer à ces rites car ils doivent rapidement récolter le plus de produits pour les vendre aux collecteurs et gagner de l’argent. Il s’agit donc d’une économie de subsistance dans leur communauté. En outre, avec le temps, presque tous les pêcheurs actuels du lac Kamonjo savent comment faire un filet qui correspond à leurs besoins. Ils peuvent aujourd’hui fabriquer leur propre filet et/ou modifier les nouveaux filets qu’ils viennent d’acheter. Autrement dit, les outils et les méthodes de pêche ont évolué. Certaines méthodes ne sont plus employées car avec le temps, les pêcheurs ont essayé d’améliorer leurs techniques. De plus, à cause de la pauvreté, même les femmes et les enfants se servent de la pirogue et des pagaies pour aller pêcher dans les milieux profonds afin d’assurer une part des revenus et de nourriture. Ce phénomène devient courant dans leur quotidien quand leurs maris tombent malades ou sont fatigués. Les pêcheurs ont donc dû apprendre à leurs femmes et enfants les techniques de pêche et de manœuvre des pirogues. Seulement, ces derniers ne fréquentent pas les endroits dangereux où les pêcheurs ont l’habitude de se rendre. CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette partie, nous nous sommes focalisé sur l’organisation de travail de la pêche au sein de la communauté des pêcheurs du lac Kamonjo. Par laquelle, on a expliqué que dans cette activité qu’on peut qualifier de base économique, tous les membres de la famille ont leur part de tâches. Dans cette filière, ils utilisent plusieurs types de matériaux ou d’outils de pêche pour capturer les produits halieutiques de ce lac avant de les apporter dans les différents lieux commerciaux pour les vendre. Ensuite, comme ce lac est considéré comme sacré, la culture telle que les tabous est considérée par certains pêcheurs -les pêcheurs sakalava, par exemple-comme étant la source de la réussite de la pêche. Il faut que tout le monde la respecte afin de trouver non seulement l’équilibre écologique dans le monde aquatique mais aussi, pour trouver une relation durable et harmonieuse entre les vivants et les ancêtres avec les autres divinités assimilées. En outre, lors de notre enquête, le culte des ancêtres –incluant un rite et un sacrifice- souvent dirigés par les Chefs coutumiers qui se déroulent sur le Doany à Marandravy garantit le bon rendement et permet aux acteurs de la pêche de recevoir la bénédiction des ancêtres et de ces divinités. Depuis plusieurs années, les règlements liés à la pêche ont été instaurés dans notre pays. Mais les pêcheurs de cette zone manquent volontairement ou non à ces règles faute d’absence d’agents de l’Etat qui s’occupent de surveiller l’application de ces mesures. C’est pour cette raison que le laxisme régnait durant plusieurs années. La surexploitation des ressources est le plus grand mal qui persiste dans ce lac avec l’utilisation de matériels non règlementaires. Les gens y viennent en pensant que ce lac apporterait des solutions à leurs problèmes. Espérons que l’installation du bureau de la pêche dans le district serait un bon présage pour ce lac et les gens qui travaillent dans ce secteur. Ces derniers temps, le constat est alarmant car cette activité rencontre problèmes favorisés par le non-respect des traditions et des règlements de la pêche. Nous avons vu que ceci est dû aux facteurs endogènes, c’est-à-dire des raisons internes ; mais des facteurs exogènes interviennent aussi dans ce déséquilibre. La modernisation notamment, appuyée par la pauvreté contribue à ces problèmes.

Sur ce, nous avons fini de découvrir la situation actuelle de la pêche dans le lac Kamonjo. Nous allons entrer dans la deuxième partie consacrée aux discussions. Celle-ci apportera entre autres des éclaircissements sur les problèmes de cette filière et mettra en exergue une perspective de développement ainsi que les conditions sine qua non à cela. PARTIE III : DISCUSSIONS Cette partie est destinée au dépouillement des discussions et pour la proposition des recommandations par les chercheurs vis-à-vis de des résultats et des connaissances qu’ils ont acquis. C’est une partie très importante dans un travail de recherche. A part la discussion sur les contraintes ou les enjeux qui se situent dans l’objet d’étude des chercheurs, ce qui spécifie le travail d’un chercheur dans le domaine de l’anthropologie est l’étude comparative. Cette dernière distingue les anthropologues parce qu’ils ne s’arrêtent seulement au récit d’un fait social, à son interprétation et à la proposition de solutions mais ils essaient de voir et d’analyser le même objet de recherche dans d’autres régions et/ou dans des contextes différents. Cette partie se divise en deux chapitres : dans le premier chapitre, nous démontrerons les problèmes de la pêche dans cette CR, les relations entre la culture traditionnelle et le développement mais aussi l’étude comparative que nous avons effectuée. Et dans le deuxième chapitre, nous apporterons nos suggestions pour résoudre ces problèmes afin que cette région puisse prendre la voie du développement.

3.1. Evaluation Dans ce chapitre, on abordera les enjeux autour de l’activité de pêche dans le lac Kamonjo, par rapport aux acteurs de cette filière, voire les autres secteurs qui sont aussi concernés. On va également décrire les relations entre les traditions et le développement. On discutera aussi de l’étude comparative que nous avons effectuée car elle constitue une partie cruciale dans tous les domaines de l’anthropologie.

3.1.1. Problèmes de l’activité de pêche pour le développement de Mitsinjo L’anthropologie économique, à part sa définition, permet aux anthropologues de connaître et d’analyser les problèmes du développement économique d’une société afin de pouvoir apporter des pistes de réflexion pour les résoudre. Nous allons donc voir dans cette section les blocages qui rendent cette région enclavée, conduisant à la paralysie de l’activité de la pêche.

3.1.1.1. Insuffisance des infrastructures accueillant les produits de pêche Actuellement, la pêche dans la CR et District Mitsinjo rencontre diverses contraintes, la raison pour laquelle elle ne peut satisfaire les besoins de tous les ménages qui pratiquent cette activité et dont leur subsistance en dépend. En raison du manque de sites touristiques, des infrastructures d’hôtellerie et des Restaurants dans ce chef-lieu du district, il y a très peu de touristes –voire aucun-qui viennent visiter sauf occasionnellement durant la cérémonie du fitampoha . La présence de ces infrastructures pourrait en fait rendre plus fluide le commerce des produits de la pêche –en outre, de l’artisanat, de l’agriculture et de l’élevage-et faciliter le quotidien des pêcheurs car cela ouvrirait plusieurs canaux de distribution. Comme chaque année, lors des célébrations rituelles effectuées par les autochtones, et honorées par la présence des rois et/ou reines ainsi que leurs descendants, il n’y a que très peu de gens venant des autres régions qui viennent y assister et aucun étranger. Il n’y a que les gens de la population locale ainsi que des villages alentours qui viennent nombreux pour l’évènement car il n’y a même pas d’abris pour les visiteurs qui viendraient spécialement pour cette occasion. Pour les locaux, il n’est pas difficile de s’abriter sous les petits chalets qu’ils fabriquent sur leurs charrettes et chez une famille qui habite à Mitsinjo. O. Girendini et P. Greenway (2000 : 304) ont affirmé que : « Des taxis brousse desservent ce charmant village depuis le débarcadère des ferries de Katsepy. Il n’existe aucun hébergement à proprement parler, aussi le camping ou une chambre chez l’habitant demeurent vos possibilités. Une fois sur place, vous pourrez préparer une excursion vers le lac Kinkony. » Autrement dit, ce chef-lieu du District de Mitsinjo n’a pas les moyens adéquats pour accueillir les touristes et/ou visiteurs qui y viennent. De plus, seul le deuxième plus grand lac de Madagascar (le lac Kinkony) constitue encore un attrait important pour les touristes grâce à l’intervention des agents de l’Asity qui protègent la biodiversité et les espèces aux environs du lac. Mais une fois encore, à cause de la difficulté d’accès et l’absence d’hébergements convenables, les touristes préfèrent dans les sites plus accessibles de la région Boeny. A propos de ce District, A.B. Ravonison nous partage son idée, elle a affirmé que :« L’enclavement dont est victime le Marambitsy, en général, et Mitsinjo en particulier, a un impact négatif sur leur développement, malgré les potentialités importantes dont ils disposent en matière d’agriculture, d’élevage et de pêche continentale et maritime. L’enclavement constitue également un handicap sérieux pour le développement social et culturel, car les infrastructures sanitaires et éducatives manquent ou sont en état de sous-développement. » (ibid. : 304) La principale voie d’accès étant la route qui part de Katsepy vers la CR Mitsinjo, son état chaotique constitue un frein au développement de cette région. Il est primordial et très urgent d’aménager cette route pour qu’elle soit praticable toute l’année et que les populations du District de Mitsinjo, des communes alentours mais aussi ceux de Soalala puissentacheminer leurs productions vers l’extérieur et avoir une ouverture sociale, culturelle, économique. 3.1.1.2. Absence des organismes et des secteurs travaillant sur la pêche Le chef-lieu de ce District est l’un des districts de Madagascar qui est victime de l’oubli des responsables gouvernementaux. Ce qui peut être à la fois la raison et l’effet de l’enclavement de cette zone même si la situation géographique n’y est pas étrangère. Le moyen d’accès le plus facile reste actuellement la traversée de la mer à l’aide d’embarcations avant d’emprunter les taxi-brousses. Par conséquent, ce District ne figure pas parmi les régions cibles ou bénéficiaires des programmes et/ou des projets de développement décidés par le Gouvernement visant à amorcer le processus de développement de notre île. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’est pas impliqué dans les choix des divers ONG qui voudraient mener des projets afin d’extirper la région de cette pauvreté. Cela fait déjà longtemps qu’aucun programme du gouvernement n’a été mis en place pour essayer d’apporter une nette amélioration du niveau de vie de la population surtout dans la CR Mitsinjo. Aussi, l’absence d’associations de pêcheurs et des autorités de l’Etat qui s’occupent particulièrement des règlementations de la pêche engendre la surexploitation des ressources halieutiques mais aussi l’insuffisance des produits pour les acteurs de la pêche. L’insuffisance des organismes internationaux comme les ONG qui offrent souvent des formations et des matériels pour les paysans est l’un des facteurs qui freine le développement dans cette CR. Il est en effet capital de mettre en place une collaboration entre l’Etat Malagasy et les autres organismes comme la FAO, le PNUD et le PROSPERER qui participent largement au bon développement des pays sous-développés. Un projet d’envergure régionale doit être installé afin de sauver cette filière et garantir la pérennisation des ressources, la conservation de l’environnement et des cultures locales dans un parfait équilibre. Depuis plusieurs années, l’Asity Madagascar et le CSA se sont installé dans cette CR avec des objectifs distincts mais le problème est que le niveau intellectuel de la population est encore faible. Sans un appui ferme de la part des autorités, il est difficile d’apporter des changements positifs dans leurs agissements. Il semble, en effet, que les autorités ne prennent pas à cœur leur part de responsabilité. A propos de ces contraintes, l’un de nos enquêtés, le premier responsable du CSA connu son nom Monsieur Aina à Mitsinjo nous a partagé son opinion : « Pour résoudre les problèmes qui freine le développement dans tous les secteurs à Mitsinjo, il faudrait faire appel aux banques privées qui peuvent s’installer ici et surtout prêter de l’argent aux paysans pour qu’ils puissent évoluer leurs activités et atteindre leurs objectifs dans la vie. » L’absence des organismes qui s’occupent spécialement de la pêche constitue donc depuis longtemps l’un des aspects qui engendrent le handicap du développement de cette activité. Ils jouent, en effet, un rôle décisif dans le processus du développement surtout dans les pays sous-développés, particulièrement dans les zones rurales. Sur le plan socioculturel, il n’y a pas d’organisations qui contribuent à la conservation et la mise en valeur des cultures locales. Ce qui tend de plus en plus à l’érosion culturelle dans la mesure où les influences culturelles modernes affectent les cultures traditionnelles. Elles ne sont devenues actuellement, qu’une petite part du quotidien des gens car il n’y a pas de structures qui se consacrent entièrement à elles. Par exemple, les chanteurs du jijy ou antsa sakalava n’ont plus la place qu’ils occupaient avant dû au fait que la mondialisation a amené beaucoup de changements. Il est très rare que ces chants traditionnels soient diffusés dans les canaux médiatiques à travers les émissions ou documentaires –peut-être aussi que peu à peu de gens en produisent-. Les gens préfèrent écouter la musique moderne et les chansons étrangères. Ceci tend vers la dévalorisation de ces chants traditionnels uniques, voire la valeur de la culture. De même, les chefs coutumiers lors des traditions sakalava perdent peu à peu l’autorité qu’ils avaient. Les générations actuelles n’ont plus autant de respect envers eux que les aînés en avaient dans le passé.

3.1.1.3. Faible revenu Après notre enquête, on estime que le revenu des pêcheurs devrait être plus confortable que celui des éleveurs et des agriculteurs. La pêche pourrait donc très bien améliorer le niveau de vie des pêcheurs s’ils savent bien gérer les ressources disponibles ainsi que les richesses acquises. Causé par l’absence d’organismes de contrôle, de l’irresponsabilité des autorités, et par manque d’infrastructures, le prix des produits halieutiques provenant des pêcheurs et collectés par les collecteurs n’est pas assez bien et ne rapporte pas beaucoup aux différents acteurs de la filière pêche. L’absence des mesures de règlementation et le non- respect des traditions locales mettent en péril ce secteur. En effet, la surexploitation des ressources halieutiques avec des outils qui ne respectent pas les normes accélèrent la raréfaction des ressources de ce lac. Les pêcheurs n’arrivent plus à subvenir aux besoins du quotidien car, pendant la commercialisation, les prix sont bradés pour vendre le plus de produits et s’imposer face à une multitude de concurrents. Et puis, lorsque les pêcheurs apportent leurs produits chez les collecteurs, ces derniers les achètent à bas prix ou autrement dit au prix qu’ils veulent, pour pouvoir les revendre à bon prix et en tirer une bonne marge de bénéfice. Le tableau suivant nous montre donc le dynamisme sur le prix des poissons. Tableau n°05 : Fluctuation des prix des poissons de Mitsinjo Ristournes /Kg Prix chez les Prix chez les Prix chez les CR La RG Changements de prix Type des poissons pêcheurs /Kg petits collecteurs Mitsinjo Boeny par rapport à la saison collecteurs /Kg /Kg (intermédiaires) /Kg -Ces prix peuvent Tilapia à petite taille 3000 Ariary 5000 Ariary 7500 Ariary changer selon la saison : avant le mois de Juillet, Tilapia à grande taille 5000 Ariary 7000 Ariary 13000 Ariary les prix au kilo 24 Ar 16 Ar mentionnés à gauche sont Carpe 5000 Ariary 7000 Ariary 13000 Ariary inférieurs à 500 Ar -Mais après le mois de Vangolôpaka 4000 Ariary 7000 Ariary 11500 Ariary Juillet,les prix au kilo augmentent de 500 Ar par Varilava 7000 Ariary 8500 Ariary 11000 Ariary rapport à ceux mentionnés

Source : l’auteur

Lors de notre enquête, certains collecteurs effectuent une sorte de prêt auprès des pêcheurs en acquérant leurs produits, mais ne paient les pêcheurs qu’après avoir écouler ces produits. Ce cas engendre un freinage du revenu des pêcheurs car leur revenu dépend entièrement si le collecteur a écoulé les produits assez rapidement ou non. A part le prix de leurs produits qui est bas, voilà qu’ils ne peuvent aussi bénéficier du salaire de leur dur labeur que bien après sa commercialisation. Par conséquent, certaines femmes des pêcheurs pratiquent aussi l’agriculture. Quand ils vont au marché, ils apportent à la fois des produits agricoles (comme le maïs, la patate douce, le manioc, etc.) et ceux de la pêche pour qu’ils puissent subsister en attendant l’argent des pêcheurs encore retenu auprès des collecteurs. Mais si par chance, ils obtiennent immédiatement leur dû, ils vont directement faire leur course pour les provisions en PPN et etc. au plus grand bonheur de leur famille. En outre, pendant la fermeture de la pêche du 15 Décembre au 15 Février, certains pêcheurs continuent illégalement de pêcher. Les collecteurs n’achètent leurs produits qu’à très bas prix. Ils mettent pression sur les pêcheurs qui violent cette période de fermeture afin d’accroître leurs gains. Les collecteurs font en quelque sorte « un abus de pouvoir » parce qu’ils savent bien que les pêcheurs ont besoin de vendre leurs produits et que ces derniers viendraient à eux. Ils font d’abord semblant de ne pas vouloir acheter les produits des pêcheurs en prétextant la saison de la fermeture de pêche mais si les pêcheurs insistent, les collecteurs les achètent mais à très petit prix. Les pêcheurs sont obligés de se soumettre afin de trouver de quoi nourrir la famille même si leur travail n’est pas récompensé à sa juste valeur. Au niveau du revenu de cette CR, cette filière n’apporte pas des avantages significatifs aux pêcheurs. Les agents de la commune qui viennent récupérer les droits ou les loyers des places où les femmes des pêcheurs occupent dans le marché de Mitsinjo. Ces droits sont déjà assez chers pour certains, alors ils échappent au contrôle de ces agents. Ce qui fait que l’argent qui doit entrer dans la caisse de la commune et destinée aux travaux ou aménagements manque. Ce qui constitue déjà un facteur de sous-développement de cette commune charmante entourée de ces lacs ainsi que le fleuve Mahavavy. Ces agents municipaux sont aussi négligés par les collecteurs qui manquent également au paiement des ristournes sur les produits locaux collectés. Outre l’absence d’un système de contrôle performant, la mentalité individualiste de ces collecteurs est l’un des obstacles du développement de cette CR et les pêcheurs. Ce cas se généralise pour les acteurs des autres secteurs économiques de la région. Ces gens sont classés au rang des gens riches, et beaucoup d’entre eux ont leur propre maison dans le chef-lieu de la Région Boeny.

3.1.2. Problème de l’environnement forestier Le problème environnemental dont nous voulons parler ici concerne l’environnement forestier qui est victime des actes humains : l’action des pêcheurs et d’autres couches de la société. On ne trouve plus de grands arbres dans la région de Mitsinjo car ces arbres avaient servi : à fabriquer des pirogues, d’autres outils utilisés pour la pêche ou aussi la construction de maisons ; et aux besoins en charpenterie. Ces arbres jouent cependant un rôle très important dans le domaine écologique dans la mesure où ils gardent le sol de l’érosion, ils ont la fonction protectrice des petits arbres : un ombrage de ces derniers face la chaleur accablante du soleil. Par ailleurs, ces petits arbres sont également victimes de défrichement pour faire du bois de chauffage. Les forêts caractéristiques de Mitsinjo près du lac Kamonjo sont en lambeau à cause de cette déforestation effrénée. Ce problème environnemental lié à la pêche dans le domaine forestier apparaît également dans la pêche maritime traditionnelle à Madagascar comme le cas expliqué par M.N. Harinala (2008 : 40) :« Et, les menaces qui sont engendrées par les défrichements des forêts primaires et des mangroves, entraînent une diminution des stocks/réserves de la pêche maritime. Actuellement, aucune intervention d’aménagement n’est en cours. Aussi, le nombre des pêcheurs dans la région de Menabe augmente chaque année. L’encadrement et le contrôle des activités de pêche traditionnelles sont difficiles car l’identification des acteurs fait défaut ». Un autre problème écologique lié à la forêt est la culture sur brûlis effectuée par les pêcheurs et autres communauté pour essayer d’atteindre leur sécurité alimentaire. A cause de l’insuffisance des produits halieutiques, certains pêcheurs cultivent le manioc et le maïs dans le bassin versant autour du lac pendant la période de pluie. Pendant ce moment, il est impossible de pêcher dans le lac Kamonjo, ce qui oblige certains pêcheurs à faire de la culture basée sur la déforestation parce qu’ils n’ont pas de riziculture tandis que les pêcheurs autochtones pratiquent la riziculture de saison appelée par les Sakalava « vary asara ». Par conséquent, le lac se tarit progressivement, la surface de l’eau pendant la période sèche diminue et le volume d’eau baisse. Cette situation bouleverse non seulement l’écosystème côtier mais aussi l’écosystème aquatique. Il est normal que les ressources s’amenuisent car le cadre écologique est détruit.

3.1.4. Etude comparative Cette section permet aux chercheurs de mener des études comparatives par rapport son objet d’investigation. Nous partagerons ci-dessous notre part concernant notre thématique, nous commencerons par une fine description des cas de pêche traditionnelle et continentale qui ont des traits de ressemblance avec notre sujet. Ces cas se situent au niveau international car nous nous sommes intéressés à un autre pays, mais aussi au niveau national avec des cas observés dans d’autres régions de Madagascar. Et nous terminerons sur l’interprétation de leurs points distinctifs avec le cas de notre objet d’étude. 3.1.4.1. La pêche dans la CR Mitsinjo et des autres régions La pêche dans la CR Mitsinjo est une activité qui rapporte de l’argent aux pêcheurs et à leur famille, aux collecteurs et les autres commerciaux. Le circuit économique de cette activité est relativement court pour le cas du lac Kamonjo : il n’inclut que les pêcheurs, les collecteurs et les consommateurs locaux et nationaux. Ils sont encore au stade de l’économie de subsistance. Leur pêche ne ressemble pas tout à fait à la pêche que les autres pêcheurs des autres régions pratiquent car ces derniers gagnent encore de bons rendements de leurs lacs, rivières et cours d’eau. Ceux-ci sont aussi avantageux grâce à la présence de touristes, des divers hôtels et restaurants à proximité de leur lieu de pêche. A Antseza , l’une des CR de ce District, certains pêcheurs pêchent dans les lacs aux environs du lac Kinkony sur les zones non-interdites par l’Asity. Ils transportent ensuite leurs produits jusqu’à Mahajanga, ou Besalampy grâce à leurs grands « botry » (une grande pirogue à voile) munis de frigos -faits en bois et de polystyrène, remplis de barres de glace- afin de garantir la fraîcheur de ces produits jusqu’à leur destination. Grâce au fleuve Mahavavy, ils n’ont pas de difficulté à atteindre ces endroits. Ils sont plus avantageux que les pêcheurs du lac Kamonjo, car ils ne sont pas victimes du bas prix local ; en plus, le lac Kinkony est tout près de Mahavavy, ils n’ont pas à faire de grands déplacements. Puisque les eaux dans ce District sont presque toutes liées à des traditions–surtout les lacs-, ces pêcheurs ne sont pas concernés car il n’est pas interdit de naviguer en pirogues à voiles et balanciers sur le Mahavavy. Voilà pourquoi ils ne rencontrent pas de difficultés pour rejoindre les lieux commerciaux à l’extérieur du District. Le fleuve Mahavavy se jette dans la mer à Namakia. Les piroguiers n’ont plus besoin de mobiliser leurs forces que pour remonter le fleuve en contre-courant quand leurs pirogues sont vides. L’avantage pour ces pêcheurs est qu’ils peuvent aussi apporter des PPN de Mahajanga pour les vendeurs de la CR. Ce commerce leur rapporte un revenu important. A Katsepy aussi, la pêche est classée comme étant une pêche traditionnelle et maritime : traditionnelle parce que les matériels des pêcheurs dans cette localité se ressemblent presque à ceux des pêcheurs du lac Kamonjo même s’ils pêchent en milieux marins. Ils naviguent en petites pirogues sans voile. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit ici d’une « petite pêche » : « activité de pêche réservée aux personnes physiques, pratiquée dans les eaux sous juridiction malagasy à l’aide d’embarcations motorisées, dont la puissance totale du moteur est inférieure à 15 cv, d’embarcations non motorisées ou à pied. » (Loi n°2015 – 053 : 6) La mer qui fait sépare la ville de Mahajanga et Katsepy est assez calme durant l’été, les pêcheurs de Katsepy en profitent parce qu’elle leur est accessible durant cette période. Ils partent en groupe de deux ou trois au plus, leurs pirogues et leurs pagaies ressemblent beaucoup à celles que les pêcheurs du lac Kamonjo emploient. Il leur est interdit de consommer et d’avoir un contact avec la viande de porc. Nous avons entendu lors de notre observation que selon la tradition, il est formellement interdit de faire passer par la mer les pistaches, même les nouveaux arrivants sont au courant de cet interdit. Le viol de ces tabous pourrait être dangereux pour le bac ou l’embarcation, mais aussi aux pêcheurs. Ce qui les différencie des pêcheurs du lac Kamonjo est leurs filets et les produits obtenus. En plus, ils peuvent apporter leurs produits dans des lieux commerciaux différents. Les pêcheurs du Katsepy peuvent aussi vendre leurs produits aux établissements hôteliers qui se trouvent sur bord de la plage, à part les collecteurs et les consommateurs locaux. Par exemple, lors des occasions où Madame Chabaud (une propriétaire de bungalow assez confortable et célèbre dans cette CR) se trouve sur l’île, les pêcheurs et leurs femmes n’ont pas de difficultés à vendre leurs produits. O. Girendini et Paul Greenway disait que : « La plupart des visiteurs y viennent pour déguster l’excellence cuisine de Madame Chabaud, dont le menu mérite les 45 000 FMG demandés. Les langoustes grillés, canards sauvages, crabes farcis et autres poissons à la tahitienne sont au nombre de ses spécialités. » (ibid. :304) Grâce au beau paysage sur la côte Nord du Katsepy, la présence du phare et d’autres sites touristiques, des visiteurs nationaux et internationaux y viennent souvent. Cela améliore le niveau de vie des gens dans les différentes couches de la société. C’est peut-être pour cela que le prix des vivre et d’autres produits nécessaires au quotidien y sont assez chers même si la CR n’est pas vraiment éloigné de Mahajanga. Concernant le cas d’Itasy , c’est l’une région de Madagascar qui est célèbre pour ses produits de pêche d’eau douce ; après le lac Alaotra et le lac Kinkony, le troisième plus grand lac de notre île se trouve dans cette région. Elle se situe à l’Ouest d’Antananarivo, à 75 km de vol d’oiseau comme H.S. Rantomiarantsoa (ibid. : 105) l’affirme. Le lac Itasy fait partie des lacs protégés et surveillés par le MAEP, d’autres organismes et des intermédiaires. L’application de la loi fait surveillée par les agents de surveillance de pêche dans cette région rend encore ce lac poissonneux. Grâce à la sensibilisation des agents sur place, les membres de l’Association des pêcheurs sont tous conscients et respectent à scrupuleusement les règlements concernant leur activité. En plus de la pêche, la pisciculture en cage est la seconde occupation dans ce lac. Les pêcheurs ont beaucoup d’avantages parce qu’ils peuvent gagner plus d’argent grâce à cette activité. La pêche est encore rentable dans cette région à part les autres activités comme l’agriculture et l’élevage. H.S. Rantomiarantsoa s’exprime ainsi : « L’application de la loi constitue l’élément moteur du développement. Ainsi, l’amodiation de l’activité piscicole est totalement assurée par les quatre agents de contrôle. Elle se divise en trois grandes catégories : l’amodiation de la pêche proprement dite, le statut des collecteurs et le contrôle effectué au niveau des restaurateurs et des consommateurs pendant la fermeture des eaux. » (ibid. : 104) Grâce au surveillance et l’intervention de diverses organisations liées à la pêche, ce lac arrive encore à répondre aux besoins des pêcheurs et de tous les consommateurs. Le prix de leurs produits est élevé grâce l’intervention de nombreux intermédiaires et aux lois du marché. Les prix augmentent aussi à cause du climat, c’est le cas durant les jours les plus froids de la saison sèche. Grâce à la présence de diverses infrastructures hôtelières et/ou de restaurants dans cette région, les pêcheurs n’ont guère de difficultés pour vendre à bon prix leur rendement. Il y a aussi les collecteurs à qui les pêcheurs peuvent commercialiser leurs produits. De plus, parce qu’ils ne sont pas loin de Tananarive, certains d’entre eux y apportent leurs produits afin de pouvoir les vendre à un meilleur prix. A propos du calendrier de la pêche à Madagascar, le rapporteur d’un court documentaire 11 du Ministère des Ressources Halieutiques et la pêche (2008) nous partage l’idée de RAZAFIMANDIMBY J. Christophe (DGRHP) comme suit: « La date de fermeture diffère selon les régions dans tout Madagascar. Chaque région a sa propre régie de lac, selon le système de gestion. La fermeture de pêche vise à la gestion durable des ressources halieutiques, dont le but premier est l’accroissement et la régénération des espèces halieutiques. » Et le Décret n°256/PREF/MIAR/AG du 22 Août 2017 explique que la fermeture de la pêche dans cette région débute du 1 er Septembre et se termine le 31 Octobre 2018. C’est le Ministère en charge de cette filière qui fixe cette date. Elle ne change presque souvent car les fonctionnaires au sein de ce Ministère la surveillent. Durant cette fermeture, grâce à leurs terres fertiles, les paysans de l’Itasy pratiquent diverses cultures pour pouvoir subsister au bord du lac avec ces produits agricoles. Les pêcheurs d’Itasy sont très respectueux des règles établis au sein de leur association ainsi que des disciplines de pêche continentale à Madagascar. Ils sont très avantageux grâce par la présence des organismes internationaux et/ou privés qui les appuient techniquement dans leur activité. Ces derniers leur offrent parfois des formations concernant la pisciculture et la rizipisciculture , voilà pourquoi certains d’entre eux peuvent toujours avoir des poissons même durant les fermetures de pêche. Ils respectent aussi le calendrier de pêche pour augmenter leurs productions, et puisque le commerce des produits halieutiques est interdit durant cette période, il n’est donc pas possible de les vendre. Les pêcheurs d’Itasy sont des gens de cohésion, c’est pour cela qu’ils créent des associations au sein de leur communauté pour des raisons différentes. Cette cohésion leur permet d’afficher solidarité comme les pêcheurs du lac Kamonjo même si ceux-ci n’ont pas d’association. Les pêcheurs du lac Kamonjo s’entraident dans le quotidien que ce soit dans les festivités ou les moments de deuil. Les pêcheurs de ces deux lacs utilisent les mêmes outils de pêche comme la pirogue monoxyle et les pagaies faits en bois, l’épervier, le filet concave, etc. Leurs femmes et leurs enfants s’occupent de la collecte des poissons dans leur pirogue, et font de la pêche à la ligne aussi pour avoir beaucoup plus de rendements. Ce qui les différencie est la présence des organisations qui appuient leur activité, et les hôtels et restaurants qui sont des canaux de distribution commerciale pour les pêcheurs. Ces établissements reçoivent des touristes étrangers et nationaux. De plus, la pêche dans le lac Kamonjo est étroitement liée aux traditions malagasy. Celle d’Itasy n’a guère reliée à une quelconque tradition. Il s’agit pour eux d’une affaire économique tout simplement. Pour souligner les grands traits de cette étude comparative, nous avons vu que les pêcheurs de la CR Antseza, Katsepy et de la région d’Itasy sont extrêmement bénéfiques sur le plan économique par rapport à ceux du lac Kamonjo à Mitsinjo. C’est d’abord grâce à la présence de divers circuits de commercialisation de leurs produits, mais aussi l’existence des organismes et associations (en Itasy particulièrement) qui se consacrent entièrement à la pêche. Causé par l’instabilité politique et la pauvreté dans notre pays, la plupart des pêcheurs ne respectent guère les règlements imposés par le gouvernement parce que les lacs ou les rivières où ils pêchent sont comme leur mère nourricière. Sur le plan socio-culturel, engendré par divers facteurs qui interviennent dans notre quotidien, des bouleversements apparaissent. Actuellement, la seule valeur tissée par la culture qui distingue ces pêcheurs est la cohésion et l’entraide. C’est-à-dire que les traditions liées à leur activité sont progressivement oubliées. 3.1.4.2. Comparaison à travers les autres pays Les pratiques qui apparaissent dans l’activité de la pêche au lac Kamonjo à Mitsinjo présente des points de similarité à celles qui se manifestent au sein de la communauté des pêcheurs congolais qui habitent à Ondebe. Ce village se trouve à 450 km de Brazaville, dans la cuvette au Nord de la RDC ; une petite bourgade qui est actuellement une cité rurale urbanisée selon le Journal 12 (MEDIAPART) publié par François DUPENT du 12 Février 2020 à cause de l’acte volontaire d’un de ses natifs : Jean Dominique Okemba. L’eau constitue l’un des éléments principaux sur le plan géographique du Congo, la pêche fait donc partie de leur base économique et leur permet de lutter contre l’insécurité alimentaire comme les gens des lacs et de la mer de Madagascar. Beaucoup de leurs outils de pêche se ressemblent aussi à ceux dont les pêcheurs de chez nous se servent sauf que certains d’entre eux (pêcheurs du Congo) utilisent des pirogues motorisées pour la pêche. Différemment des rivières où on peut pêcher des produits variés, il s’agit à Ondebe de zones marécageuses. Monsieur Oshéa, un père de famille qui habite à Ondebe a affirmé dans une vidéo 13 à courte durée sur leur pêche que bien avant de commencer la pêche, leur tradition exige qu’ils doivent braiser un premier poisson qu’ils ont harponné. Lorsque ce poisson est cuit, tous les membres de la famille le mangent ensemble pour valoriser leur culture et ainsi prouver à leurs ancêtres que le phénomène de l’entraide et l’amitié règne encore dans leur vie. Il est évident que la réalité de la cohésion et de la solidarité tissée par la culture traditionnelle se montre aussi dans leur communauté. Sur ce vidéo, les membres de la famille, après avoir mangé ce poisson, construisent un barrage sur une zone marécageuse et utilise un moteur pour évacuer l’eau afin pour qu’ils puissent collecter les poissons. A l’époque, ils utilisaient des paniers pour évacuer l’eau mais grâce à la mondialisation, ils ont actuellement recours à des moyens mécanisés pour accélérer leur travail. Sur ce type de pêche, les femmes ne participent pas parce qu’il exige beaucoup de forces physiques. Ce système de pêche est différent de celui des pêcheurs du lac Kamonjo. Car pour ce dernier, il n’y a pas de zones marécageuses où on peut effectuer ce type de pêche. Les gens d’Ondebe mangent ensemble le premier poisson qu’ils ont capturé. Mais ceux de Kamonjo, organisent parfois une petite réunion après une dure journée de travail afin de boire un peu d’alcool, braiser et manger ensemble les petits poissons. Un autre cas de relation entre les traditions et la pêche : Haïti se trouve à proximité d’Amérique du Nord. C’est un pays Caribéen qui se trouve sur l’île d’Hispaniola, un territoire qu’il partage avec la République Dominicaine à l’Est. C’est l’un des pays qui conservent, respectent et valorisent encore ses traditions. Selon V. Accéus (2009), il est riche en cultures traditionnelles africaine, française et créole. Le vodou est la religion que le peuple Haïtien considère comme étant leur propre religion héritée des ancêtres. C’est comme leur totem. Pour eux, selon l’étude de cet auteur, la pêche constitue un secteur économique important. A Haïti, cette activité ressemble presque à celle des pêcheurs du lac Kamonjo puisque la leur est liée à leur culture traditionnelle. Dans les activités quotidiennes de la pêche, les pêcheurs considèrent énormément leurs traditions et respectent les interdits et tabous. Par exemple, il est tabou de siffler avec la bouche pendant la pêche en mer. Il est aussi interdit à ceux qui sont nés au mois de Septembre de se baigner dans la mer, surtout dans les milieux profonds. Elle a aussi dit que :« Le vodou est bien ancré dans les comportements et les pratiques des pêcheurs en toute situation de la pêche. Ils l'utilisent pour se protéger et parer au mauvais sort. Parmi les pratiques vodouesques des pêcheurs de Gressier nous pouvons citer : la barque à la maître Agoué, le rituel de bouillon pêcheur, la cérémonie du bain de chance, le baptême de la barque et de la senne et l'offrande à Agoué Aroyo. » (ibid. : 29). Cet auteur a focalisé son étude sur le mode de vie de ces pêcheurs et nous a fait connaître que ces pêcheurs disposent donc d’une panoplie de traditions liées à la pêche. A propos du baptême de la barque (petit bateau) et de la senne, des traditions similaires étaient aussi pratiquées dans le quotidien des pêcheurs du lac Kamonjo avant (voir page 42). En plus, à part ces traditions, certains types de pêche ainsi que les matériels utilisés par les pêcheurs d’Haïti à Gressier sont presque identiques à ceux des pêcheurs du lac Kamonjo, comme leur barque, leur type de filet, etc. Leur pêche est donc tout à fait traditionnelle aussi et est reliée à l’au-delà et aux autres divinités de la terre et de la mer. Ce qui les différencie est que les pêcheurs de Gressier respectent encore leurs traditions. Les tabous et interdits divers liés à leur activité font encore l’objet d’un profond respect. Ceux de Kamonjo ne sont plus attachés à leurs cultures. Les pêcheurs haïtiens pêchent en mer alors que les pêcheurs Sakalava de Marambitsy ne pêchent qu’en eau douce. Les produits collectés sont différents. Nous pouvons donc dire que, puisque Madagascar-notamment le pays Sakalava de Marambitsy-, le Congo et même Haïti sont encore des pays pauvres, les gens de ces pays gardent et respectent encore certains aspects de leurs traditions dans l’activité de la pêche. Le développement dans ces pays rencontre des difficultés causées par plusieurs facteurs. Leur dynamisme social rencontre des problèmes liés à la modernisation et au choc des cultures. Pour envisager d’emprunter un jour la voie du développement, il va donc falloir raccommoder les valeurs culturelles locales aux défis qu’impose la mondialisation. Le pas dont l’un des natifs d’Ondebe a fait est un bon exemple qui a permis de montrer aux autres le fruit d’une grande volonté malgré des contextes difficiles afin d’apporter le développement de son village.

3.2. Recommandations Bien que la mondialisation apporte souvent des changements dans le domaine de la culture et provoque la dévalorisation des valeurs culturelles locales, nous devons nous adapter pour pouvoir garder nos racines. On ne peut empêcher la propagation des nouvelles techniques et informations. En plus, ces évolutions peuvent nous apporter du bien dans le quotidien si on sait comment appréhender celles-ci sans laisser altérer nos traditions par les influences culturelles étrangères. Grâce à ces évolutions, les archéologues peuvent quelque fois conserver et garder l’authenticité des patrimoines matériels, elles permettent aussi aux agents dans le service du tourisme de publier dans le monde entier les biodiversités naturelles ainsi que les attraits que constituent leur destination. Dans ce chapitre, nous apporterons quelques suggestions pour améliorer l’économie de la population de Mitsinjo grâce à l’activité de la pêche et la valorisation de la culture traditionnelle Sakalava afin que ces derniers puissent amener le développement dans cette région. On sait qu’actuellement, la mondialisation apporte divers changements aux mentalités, comportements, attitudes et matériels de pêche des gens de ce District. Notre travail actuel est donc d’essayer d’apporter quelques idées pour développer cette activité, promouvoir la culture Sakalava et trouver la manière d’inclure la modernisation pour améliorer la situation économique des pêcheurs, en particulier, et celle de la population de Mitsinjo en général.

3.2.1. Education et développement Cet aspect est l’un des clés pour développer un pays car elle permet d’inculquer aux gens de nouveaux comportements, les bonnes habitudes et les connaissances nécessaires pour améliorer leur qualité de vie et dépasser la vision de l’économie de subsistance. On sait les anciennes générations assuraient l’éducation de leur descendance à travers les proverbes, les contes et légendes ainsi que les exemples du quotidien. C’étaient aux Raiaman-dreny qu’incombaient la responsabilité d’éduquer les jeunes. Actuellement, les choses ont changé car cette époque est révolue. Les jeunes de nos jours n’ont plus la même vision et la manière de penser comme les anciens. A Mitsinjo, l’amélioration de la qualité d’enseignement et la facilitation de l’accès à l’éducation pour tous seraient vraiment bénéfiques. De plus, la mise en place d’organismes de sensibilisation et de formation des pêcheurs est très sollicitée. Cela leur permettrait d’avoir un aperçu des bienfaits de la durabilité de leur activité, et de leur montrer les bonnes pratiques à adopter, les techniques modernes liées à la pêche et les activités auxiliaires qu’ils pourraient faire. 3.2.1.1. Améliorer la qualité de l’enseignement Le manque d’infrastructures constitue une cause majeure du faible niveau intellectuel des élèves dans cette zone. Il n’y a pas de cyber, ni d’écoles de langue et autres centres de formation. La mise en place de ces infrastructures, l’engagement de gens compétents et responsables pour assurer la promotion de l’enseignement est primordiale afin de pouvoir sauver les jeunes de la CR Mitsinjo et faire en sorte qu’ils n’aillent retourner au village pour continuer les activités de leurs parents. Il faut hausser leur niveau intellectuel à l’aide d’un meilleur cadre éducatif pour qu’ils soient à la hauteur dans les concours nationaux. Cela leur permettrait peut-être aussi d’entreprendre leurs propres activités économiques avec les ressources disponibles. Ceci serait un meilleur moyen de faire chuter le taux de délinquance et détourner ces jeunes de l’emprise de l’alcool, du tabac et de la drogue. Nous savons, par exemple, qu’il y a une petite bibliothèque à Mitsinjo à côté des bureaux de la Commune. Le problème est que presque personne ne vient visiter celle-ci. C’est pour cela que le Monsieur qui s’occupe de cette bibliothèque ne vient qu’occasionnellement à son bureau. A cause de l’insuffisance de bibliothèques dans plusieurs écoles, les enseignants devraient motiver les élèves de s’y rendre afin de se documenter, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. La lecture serait effectivement bénéfique pour les élèves afin d’enrichir leur culture générale, améliorer leur maitrise des langues étrangers ou étendre leur créativité et entretenir leur esprit. Par exemple, l’organisation d’une compétition de lecture de livres pourrait motiver toutes les écoles dans ce District à installer une bibliothèque afin leurs élèves puissent avoir un accès plus facile aux livres et divers autres documents. La création d’un centre de documentation avec connexion à internet comme les cybers et le Wifi aussi serait un atout. Autrement dit, faire ressortir l’esprit compétitif et créatif des agents de l’éducation dans ce District permettrait d’améliorer le niveau intellectuel des élèves. M. Rafidison (ENS Fianarantsoa, 10 ème Promotion) nous partage que :« Donc, il faut adapter le rapport maître – élève à la norme plus performante pour favoriser le maître à suivre scrupuleusement ses élèves tout au long de l’année scolaire et pour faciliter le transfert du message à émettre ». (sd.: 27). Il est important que l’instructeur soit un bon exemple pour ses élèves afin que le transfert des connaissances soit plus facile. Ce qui est rarement le cas dans ce District, certains enseignants ont l’habitude de boire de l’alcool à chaque week-end dans les bars. Souvent, ils boivent avec ses élèves et se défoulent avec eux. Ce mauvais exemple conduit les élèves à rabaisser l’enseignant en question à leur niveau et le considérer comme étant un proche camarade. Les élèves n’ont plus de respect envers leur maître et les amène, par exemple, à dire ce genre de propos à l’enseignant : « Monsieur X, ne nous donne pas une mauvaise note, on continuera notre fête le week-end prochain. » De tels comportements seraient néfastes pour l’enseignement et ne sont pas du tout convenables même si c’est pour avoir de bonnes relations avec les autochtones. Il faut garder sa dignité et montrer aux élèves le bon exemple dans les différentes situations de la vie. Il ne s’agit pas de s’imposer comme étant leur supérieur, mais seulement de susciter leur respect. A part tout cela, pour pouvoir améliorer l’éducation dans cette CR, il est aussi nécessaire de : -dispenser des formations aux enseignants à partir du primaire jusque dans les niveaux secondaires -créer une école des langues pour que les élèves n’aient pas de difficultés à maitriser les langues étrangères et puissent accéder aux grandes universités et aux divers secteurs professionnels; mettre en place des Centres de Formation professionnelle aussi pour que les jeunes qui n’ont pas pu continuer à l’université puissent entrer dans le monde du travail ou créer eux-mêmes leur activité -chercher des investisseurs pour aider les parents dans la scolarisation de leurs enfants ou pour l’aménagement des infrastructures liées à l’éducation 3.2.1.2. Eduquer et motiver les pêcheurs à respecter leur environnement Nous avons vu précédemment que l’environnement du lac et ses alentours est en péril à cause d’actes de l’homme. Certains lacs se tarissent en pleine saison sèche du fait de la destruction des forêts alentours causant l’ensablement et/ou l’érosion. Il est donc primordial et très urgent de mener des campagnes de reboisement pour restaurer les dégâts causés par les méfaits humains. Il faut surtout inculquer à la population l’importance du reboisement et les impacts négatifs de la déforestation. Concernant les matériels de la pêche utilisés par les pêcheurs, il serait judicieux de leur offrir, la première fois, les outils règlementaires avec lesquels ils vont pratiquer leur activité. Il faudrait aussi les former sur les divers règlements qui régissent le secteur de la pêche. Il faut aussi les amener à avoir une vision globale et durable de leur activité afin qu’ils puissent prendre conscience que la conservation de la biodiversité est une noble mission. F.N. Rakotomahaleo (2006 : 56) nous dit que : « Le développement durable implique une réconciliation entre environnement, le social et l’économie. L’environnement depuis toujours constitue pour l’homme une source d’énergie donc de vie, mais il est aussi pour lui un cadre de vie. (…) C’est l’amélioration de vie de la population parce qu’une meilleure qualité de vie implique le respect de l’environnement et ses éléments ». L’environnement participe activement dans le processus du développement. Il est souhaitable qu’un organisme les éduque, les motive et les investit à cette tâche. L’organisation d’une compétition liée à la protection de l’environnement participerait à la sensibilisation des gens sur leurs devoirs et responsabilités en tant que gardiens de cette « cadre de vie ». Prenons l’exemple de Mahajanga, le maire organise régulièrement une compétition de nettoyage de chaque FKT de Mahajanga, et le quartier le plus propre gagne une belle récompense. Ce qui apporte des changements positifs à la population qui acquiert l’habitude de se soucier de son environnement. Concernant les ressources halieutiques, H.S. Rantomiarantsoa nous explique que :« En outre, on note une large défaillance de la part de tous les agents d’exécution. L’Etat néglige davantage l’application de la loi. Le peuplement du lac est inexistant. Les pêcheurs, de leur part, profitent de cette situation en intensifiant l’effort de pêche. Ainsi, ils utilisent des engins non règlementaires, prohibés. Certains pêchent pendant la fermeture des eaux » (op.cit. :104). A Mitsinjo, on espère que l’installation d’un bureau de contrôle de la pêche dans ce district sera bénéfique économiquement pour les acteurs de la pêche dans le lac Kamonjo. D’ailleurs, le fait d’avancer ces pistes de réflexion dans ce travail de recherche traduit notre préoccupation quant à cette activité et les gens qui la pratiquent. La motivation des pêcheurs à se conformer aux règlements de la pêche est cruciale pour faciliter le travail des agents de surveillance de pêche, le partage sur la situation des autres zones de pêche serait aussi bénéfique pour eux, comme la pisciculture et la rizipisciculture par exemple. Cette activité leur permettrait d’améliorer leur niveau de vie s’ils arrivent à bien gérer les ressources halieutiques tout en préservant l’environnement.

3.2.2. Sur les plans socio-économique et organisationnel On pourrait qualifier le district de Mitsinjo de zone enclavée, ce qui fait que son économie est encore dans un état critique par rapport aux autres districts. Notre recommandation se focalise donc ici sur la pêche et la culture Sakalava liée à cette activité. L’économie culturelle 14 comme J. Patricio a dit est un moyen pour introduire la culture dans le processus de développement économique d’un pays. Elle consiste en diverses activités culturelles qui peuvent mobiliser différentes catégories de gens dans la promotion de ses traditions afin d’améliorer la condition de vie d’un individu ou d’une société. Il est primordial pour les pêcheurs, ou les autochtones de Mitsinjo d’effectuer ce type d’économie pour revaloriser leur culture et ainsi d’acquérir beaucoup de profits, pour ne parler que de visibilité sur la scène régionale et nationale. En tout cas, pour pouvoir mener à bien une telle entreprise, il faut que les gens soient solidaires et que les dirigeants ménagent leurs efforts dans la mise en place d’une bonne gouvernance. Toutes les parties prenantes doivent se serrer les coudes pour que les actions menées aboutissent à un changement positif.

3.2.2.1. Création des Centres de Formation Professionnelle La création de CFP est l’un des moyens faciles et rapides pour améliorer le savoir- faire des gens dans le district Mitsinjo. Puisque l’objectif des centres de formation est de transmettre des aptitudes techniques et des connaissances aux gens pour qu’ils puissent créer leur propre entreprise ou travailler au sein des entreprises privées et publiques. Les élèves qui ne peuvent plus continuer leurs études sont très avantageux pour ces CFP s’ils sont bien déterminés et ont un esprit d’initiative. Pour les fonctionnaires aussi, c’est l’occasion de suivre d’autres formations afin de pouvoir mettre sur pieds une activité secondaire -convenant aux contextes de la localité-pour compléter les revenus. La mise en place des organismes qui s’occupent de la pêche est aussi importante. Prenons l’exemple des pêcheurs d’Itasy, ces gens bénéficient de l’appui de ces organisations publiques et privées sur le plan technique et peuvent s’initier à d’autres activités en parallèle avec la pêche (pisciculture, etc.). Cette approche est efficace pour une bonne gestion des ressources halieutiques et la protection de l’environnement. La mise en place d’une association, coopérative ou une petite entreprise qui s’occupe de la distribution des outils de la pêche, de la surveillance des dates d’ouverture et de fermeture de la pêche, mais aussi pour réguler le commerce des produits halieutiques afin que chaque part de travail obtienne une part proportionnelle des revenus. Nous parlons ici d’un commerce équitable pour que les pêcheurs, les collecteurs et les consommateurs puissent tirer des avantages de la pêche. Nous pensons aussi que la création de « maisons de jeunes » ou associations de jeunes serait une bonne chose pour pouvoir s’occuper et acquérir des compétences nécessaires au futur des jeunes

3.2.2.2. Valorisation et promotion de la culture traditionnelle M.Raymond Weber (2009 : 3) a dit : « Par sa force créative et son potentiel d’innovation, ainsi que par le rôle essentiel qu’elle joue dans les processus de changement et de préparation de l’avenir, la culture mérite pleinement une place au centre des stratégies et des processus de développement, comme élément associé aux politiques d’éducation, de santé, de protection de l’environnement, de l’aménagement du territoire ou du développement économique et social. Les arts et les cultures sont donc clairement des « valeurs ajoutées », en termes éthiques et moraux, mais aussi en termes de bénéfices (efficience et efficacité), ainsi qu’en termes d’impact économique, social et culturel. » La valorisation et la promotion de la culture doit donc aussi accompagner les projets de développement déployés dans cette région. Ce District est riche en culture traditionnelle, le fait de créer une Maison de la culture ou un musée est important pour préserver et mettre en avant les cultures Sakalava pour les générations futures, ou aussi pour organiser une activité culturelle dans le but de garder cette identité tout en prenant la voie du développement durable. Il faut que les chefs coutumiers conscientisent les pêcheurs et les habitants de Mitsinjo sur la valeur de la culture Sakalava. Il s’agirait, par exemple, d’un rappel sur les traditions héritées des ancêtres, des tabous et des valeurs morales qui ont fait que les gens entretenaient autrefois la solidarité, l’amitié et la cohésion dans leur communauté. Quelques idées, à titre d’exemple, nous viennent à l’esprit : -organisation de réunion avec les chefs coutumiers et les dirigeants locaux -création d’associations diverses, conscientisation sur les valeurs morales à partager ainsi les devoir des citoyens, promouvoir le vivre ensemble et le travail collectif (asa tanamaro) dans une vision de développement participatif -organisation d’un événement culturel chaque année et publication à travers les canaux de communication des activités proposées et des objectifs recherchés -organisation d’une compétition liée aux Antsa et jijy (chants) des Sakalava anciens, et/ou d’autres cultures A part ces idées, J. Patricio propose aussi ces programmes suivants pour la promotion d’une culture : « Les programmes de coopération culturels devraient contribuer, le cas échéant, à : - Aspects économiques, managériales et de lutte contre la pauvreté : - améliorer les capacités entrepreneuriales des opérateurs (…) - promouvoir les contacts et les échanges commerciaux - Aspects d’inclusion et de promotion sociale : - favoriser la valorisation sociale des femmes - promouvoir les activités destinées à mobiliser la participation des jeunes (…) - Aspects de gouvernance : - contribuer à améliorer la gouvernance à tous les niveaux - promouvoir et encourager la constitution de réseaux professionnels formels entre opérateurs de la culture » (ibid. :58-59)

3.2.2.3. Augmenter le nombre de contrôleurs de pêche dans ce District La sensibilisation des pêcheurs est nécessaire mais la mobilisation de certaines personnes mûrement choisies de la société qui seront ensuite formées avant de partir sur terrain est une idée envisageable. L’Etat et les autres organismes qui travaillent la pêche doivent travailler avec les pêcheurs afin puissent garder comme habitude la préservation de l’environnement, être formés sur l’usage des outils de la pêche et de la gestion des ressources halieutiques. Avec l’appui d’une cohésion sociale et la solidarité de toutes les parties prenantes, ce ne serait pas une tâche ardue d’assurer le bon déroulement des activités de la pêche. Ensuite, N. Elysée-Anne (2008 : 70) affirme que :« Pour une amélioration des conditions de vie de la population, des mesures s’imposent : d’abord, on a besoin d’encadrement des familles des pêcheurs en vue d’un changement de mentalité afin qu’ils puissent mieux gérer leurs revenus et accepter toutes les mesures d’amélioration présentées par les gouvernants ou par d’autres ONG ». Autrement dit, il faut donner des formations et motiver les pêcheurs et leurs familles pour une gestion durable de leurs ressources. Et quand on fait des sensibilisations, on doit faire des suivis pour vérifier s’ils sont vraiment respectueux de l’environnement. Le point crucial mentionné dans cette citation consiste également à apporter un changement de mentalité : l’objectif étant la conviction des pêcheurs sur l’importance de ce qu’on leur apporte. Il va aussi falloir que chaque localité de pêcheurs (quelques cases regroupées) ait des représentants (un, deux autochtones ou plus) qui puissent être en relation avec les services de pêche, de l’environnement et de la culture. Leur rôle est de faire un rapport pour chaque situation, ils peuvent aussi être les médiateurs pour transmettre aux autorités leurs souhaits. Il est capital d’assurer leur motivation. On note qu’actuellement, les gens de cette actualité affichent une indifférence par rapport à un projet ou une nouvelle idée sauf si le projet en question leur soit directement bénéfique. C’est pour cela que nous proposons à chaque fois une revalorisation ou une récompense après un acte afin de les encourager à continuer ainsi. Le plus important est qu’ils puissent comprendre que ce qu’on leur demande apporte avant tout un développement pour ce pays.

3.2.3. Renforcer l’harmonie entre l’homme, la nature et la culture L’harmonie entre l’homme et son environnement est l’un des sujets importants dans le processus de développement durable d’un pays que, c’est pour cette raison que F.N. Rakotomahaleo a écrit que :« Le développement durable n’est pas une doctrine, ni un ensemble de prescriptions rigides. Il s’agit d’un moyen permettant de faire un développement en harmonie avec la nature. Un des instruments compatibles avec le développement durable est la gestion de l’environnement. Mais elle exige une modification radicale de nos comportements vis à vis de la nature. » (ibid. : 57). Il faut donc organiser des activités liées à l’écologie et la culture visant à l’adoption de comportements qui traduisent le souci de préserver les ressources naturelles et la prise de conscience sur la nécessité de trouver un équilibre entre les éléments clés de notre existence. La réunion avec les ménages cibles et leur participation sur la prise des décisions est nécessaire pour assurer une harmonie entre l’homme, sa nature et la culture. Par laquelle, les dirigeants de la réunion annoncent les facteurs à prendre en compte et chacun émet ses propositions afin de trouver un compromis en vue du développement. En outre, selon l’étude fait par M. David Throsby (2008 : 2) à propos de « la place de la culture dans le développement durable : réflexion sur la future mise en œuvre de l’article 13 » pour le Secrétariat de l’UNESCO en 2008, il a sorti cet important article : « Article 2paragraphe 6 : Principe de développement durable : La diversité culturelle est une grande richesse pour les individus et les sociétés. La protection, la promotion et le maintien de la diversité culturelle sont une condition essentielle pour un développement durable au bénéfice des générations présentes et futures. » Comme l’on a déjà cité plusieurs fois plus haut et que les auteurs prédécesseurs de notre travail aussi ont déjà exprimé : dans le processus de développement, la mise en valeur de la culture est primordiale. Dans l’histoire des pays développés, cette conception a fait toute la différence et joué un rôle clé dans le processus de développement. En Europe, ainsi que dans certains pays africains - au Mali -, ils ont pu trouver un équilibre entre l’aspect culturel et l’aspect économique. Cette harmonie a conduit à une stabilité économique et culturelle qui les a permis de mettre en valeur leurs potentialités et entrer dans un processus de développement économique équilibré (Ibid. : 15). Tout comme le Japon qui est aussi un de ces pays actuellement classés dans le rang des pays développés avec une forte croissance économique. La plupart de ces pays conservent et valorisent encore leurs traditions même que si le phénomène de globalisation se propage sur la planète. Pour ce faire, ils insèrent dans leur programme politique de développement le concept de qu’on appelle « industrie culturelle » (ibid. :48). A travers celle-ci, ils valorisent et promeuvent leur culture à l’aide de diverses activités que se soient artistiques ou culturelles. Il s’agit donc d’une économie culturelle : un système économique qui vise à améliorer son économie par l’usage des activités culturelle et artistique. Nous avons pu voir lors de notre stage auprès de la Ministère de la Communication et de la Culture(MCC) que la Direction de l’Identité Culturelle (DIC) est l’une des Directions dans ce Ministère qui s’occupent de: « -la mise en œuvre de la politique nationale culturelle en matière de recherche des origines des Malagasy, pour l’éducation citoyenne et la langue et des écrits. -la valorisation, et la promotion de la culture traditionnelle Malagasy et sa langue - la conservation des arts et des nombreuses cultures. »15 Le Ministère pourrait donc en effet, à travers cette Direction, apporter un appui considérable au domaine de l’économie de notre pays. Le fait est que faute de moyens financiers et de volonté politique, la portée des actions de cette Direction et du Ministère n’est guère significative. Heureusement, ce Ministère met actuellement en place divers évènements pour promouvoir la culture Malagasy, par exemple : le « asa tanamaro » (travail collectif – solidarité et cohésion au niveau du travail- : impact positif sur la culture), les concours productions écrite ou théâtrale sur l’histoire des ethnies de Madagascar. C’est déjà un grand pas de mettre en valeur la culture et de l’inclure dans le processus de développement de notre pays mais juste le fait de généraliser ces concours jusque dans les milieux ruraux, par exemple, serait une grande initiative. Il faudrait aussi récompenser les meilleurs afin d’encourager la masse sur les bonnes pratiques. A Mitsinjo, la mise en œuvre de la culture dans le processus du développement reste encore floue. La colonisation, l’évangélisation et la modernisation constituent les facteurs principaux. Quand on se focalise sur leur histoire, les Sakalava de Marambitsy étaient tous des croyants et des pratiquants de la religion traditionnelle -comme tous les Malagasy des autres régions- avant l’époque de la colonisation de notre île. Mais à cause de la mondialisation, certains sakalava renoncent à leur identité. Ils perdent conscience de la valeur de leurs traditions et sont victimes d’acculturation. Dû au déséquilibre au sein de l’activité de la pêche, cette activité ne peut plus répondre aux besoins des pêcheurs, du commerce et des consommateurs. La situation économique des pêcheurs reste encore au stade d’économie de subsistance à cause de l’absence de structures étatiques, du non-respect des valeurs culturelles locales et du non application des règlements sur la pêche pour soutenir la croissance de cette filière. Le concept « d’industrie culturelle » permettant la valorisation et la promotion des traditions locales devrait être appliqué à travers les activités liées à la pêche afin que ces traditions restent solidement ancrées et que le développement économique puisse équitablement atteindre les différentes couches de la population impliquée dans cette activité. En bref, c’est l’incohérence entre les facteurs économiques et culturels qui empêchent ce secteur de devenir un véritable levier de développement pour cette région. L’encouragement des pêcheurs et autres autochtones de Mitsinjo à l’aide des divers moyens pour pratiquer le reboisement est tout à fait essentiel pour améliorer le cadre de leur secteur de subsistance. La revalorisation et la sensibilisation sur les traditions font partie également des actions à entreprendre, c’est le rôle des chefs coutumiers et des Olobe .

3.2.4. Prendre des mesures raisonnables et strictes

Quand la sensibilisation, la motivation et ainsi que le suivi sont mis en place, la prise de mesures strictes et exemplaires à l’encontre des transgresseurs des traditions, ou aussi des pêcheurs qui utilisent les outils proscrits est nécessaire. Sans ces balises de sanctions, il risque toujours de se produire des actes qui aillent à l’encontre des règlements. Pour pouvoir gérer durablement les ressources halieutiques, et préserver durablement l’environnement de la pêche à Mitsinjo, le suivi de l’application des mesures disciplinaires contre les pratiques illicites est crucial. Cela fait partie des attributions des autorités au niveau du district. Si toutes les parties conjuguent leurs efforts dans le respect et l’écoute mutuels, le secteur de la pêche constituerait un levier de développement pour cette région. Il est important qu’on leur explique la raison et l’importance de ces règles. Le fait de mettre une sanction à des divers niveaux pourrait éduquer les acteurs de cette activité. Par exemple, après la distribution des matériels de pêche, il serait interdit à ceux qui font encore exprès de déployer les outils prohibés d’aller à la pêche pendant un mois ou plus. S’ils continuent, on devrait prendre des mesures plus strictes comme la confiscation de ces outils, ou même sa détention. Sur le plan culturel, le DGCULT 16 a mentionné qu’il n’y a pas encore de sanction ou peine pour ceux qui ne respectent pas ou qui ne valorisent pas la tradition Malagasy. Le devoir du MCC et les chefs coutumiers, même des citoyens est de conscientiser ceux qui n’ont pas encore compris l’importance capitale des traditions. Le fait de revaloriser et promouvoir notre culture par divers moyens est donc primordial pour que notre racine ne soit jamais disparue. CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

Du fait que les rôles des anthropologues ne s’arrêtent pas seulement à l’observation, à l’analyse et à l’interprétation des faits sociaux, cette partie nous aide à apporter notre discussion surtout sur les problèmes de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo pour le développement de ce pays. Notre but est de mener « une recherche action », c’est-à-dire « proposer des actions pour les problèmes du cible ». Nous avons proposé quelques solutions aux problèmes sociaux que nous avons relevés dans ce district afin de passer vers le sens du développement durable. Cependant, à part le non-respect des éléments que nous avons vus avant : l’insuffisance des infrastructures pour conserver les produits halieutiques, l’absence d’organismes ou de partenaires qui travaillent sur la pêche ainsi que la faiblesse du rendement et du revenu des pêcheurs de cette CR freinent aussi le développement de ce secteur. Nous devons signaler aussi le handicap provoqué par la déforestation et la non maîtrise de la combinaison de la culture et du développement. Avant la proposition des suggestions, nous avons effectué la comparaison de notre objet d’étude avec d’autres sites (sites locaux : CR Antseza, la CR Katsepy ; site national : région d’Itasy ; site internationaux : Congo, précisément l’Ondebe, et Haïti). Nous avons relevé les points de ressemblance et de différence sur l’activité de la pêche dans ces différents sites. Nous avons pu en tirer de nouvelles idées qui permettront peut-être d’améliorer l’activité de la pêche dans le lac Kamonjo et le niveau de vie des gens qui vivent de cette activité. CONCLUSION Pour conclure ce travail de recherche, la filière pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo est étroitement liée avec la culture traditionnelle Sakalava de Marambitsy. Elle était réservée à leurs descendants avant l’heure actuelle, mais à cause de l’évolution et des changements qui affectent notre pays depuis plusieurs années, la CR Mitsinjo est devenue cosmopolite. Cela est provoqué par la migration des populations des différentes régions de Madagascar vers cette CR. Cette migration engendre aujourd’hui divers impacts dans cette CR. En plus de la filiation de cette activité avec les traditions, les règlements de la pêche à Madagascar permettent également d’assurer un bon rendement des produits halieutiques de ce lac. Le non- respect des traditions et des règlements de la pêche provoque des conséquences néfastes pour ce lac ainsi que pour les gens qui vivent de cette activité. Pour comprendre l’histoire de ce groupe, de cette activité avec ses dynamismes ou ses transformations, ainsi que les causes du non-respect de la culture et des règlements–en bref, les problèmes de la pêche dans cette CR-, nous avons déployé les méthodes suivantes :la recherche documentaire, les observations et les interviews. En plus, avec les données récoltées avec ces méthodes, nous pouvons expliquer aussi les organisations, les traditions et les contraintes spécifiques sur le secteur de la pêche dans ce lac. Et c’est ainsi qu’on a pu savoir que leur système économique est encore au stade "d’économie de subsistance". Il s’agit d’un caractère d’organisation économique où la satisfaction des besoins matériels vraiment nécessaires au quotidien, ainsi que de l’autoconsommation constitue la préoccupation principale. C’est un type d’économie qui est différent de "l'économie de marché" où l’échange des biens et des services prédomine. Concernant la pêche dans le lac Kamonjo, on peut dire que l’homme est un danger pour lui-même. Le recours aux traditions pour gérer les ressources halieutiques dans ce lac est une fuite des responsabilités humaines. Les hommes –plus précisément les Sakalava de Marambitsy- ne veulent être responsables de leur erreur et recourent ensuite à l’intervention des ancêtres et des autres divinités pour harmoniser leur vie, c’est ce qu’on nous appelle de manière pragmatique la fuite du réel vers le passé. En effet, ce lac ne peut plus actuellement subvenir aux besoins des gens qui consacrent leur vie à la pêche, c’est pourquoi la plupart d’entre les pêcheurs du lac Kamonjo vont ailleurs (dans d’autres lacs) pour pouvoir capturer beaucoup plus de poissons. Les ressources du lac Kamonjo s’amenuisent considérablement, les cultures traditionnelles qui sont liées à la pêche deviennent aussi victimes du non-respect, l’usage des matériels prohibés par le MAEP ainsi que le vol des autres règlements se manifeste dans la communauté des pêcheurs dans notre zone d’étude. En effet, nous avons choisi cette thématique pour mieux comprendre les facteurs de non-respect de la culture et des règlements avant d’essayer d’apporter des solutions pour les handicaps qu’ils provoquent pour les acteurs de la pêche dans cette CR, pour ce district et même pour notre grande île. Ces facteurs se divisent en deux : facteurs endogènes, tels que la surpopulation, la raréfaction des produits halieutiques dans ce lac et le ralentissement des répercussions du non-respect des traditions ; facteurs exogènes, l’impact de la mondialisation, la migration galopante et les effets du temps. En outre ces facteurs, il y a aussi d’autres problèmes qui bloquent l’essor et le développement de cette activité. Face à tout cela, nos conseils consistent donc à : appuyer en premier lieu les personnes qui valorisent encore leurs traditions, "resensibiliser" les acteurs de la pêche à propos des cultures traditionnelles et les règlements de la pêche. L’augmentation du nombre des contrôleurs de la pêche par le biais de la coopération avec les V.O.I, la valorisation et la promotion de la culture avec la création d’une "industrie culturelle", l’amélioration de la qualité d’enseignement et la création des centres de formation, la conscientisation des gens sur l’importance de la protection de l’environnement sont toutes indispensables pour ce district. Ce travail vise en premier lieu le bon développement de ce district avec la conjugaison de la tradition et du processus de développement. Nous savons que la plupart des gens de nos jours veulent poursuivre la modernisation et utiliser l’apport des nouvelles technologies propagées par la mondialisation, mais nous souhaiterons, en premier lieu, à travers cette étude motiver notre cible à atteindre la bonne gestion des ressources halieutiques dans cette zone sans abandonner les traditions qui sont liées avec la pêche. Autrement dit, nous ne voulons pas tout simplement aider les pêcheurs à trouver une vie sociale et économique stable, mais également d’amener une part de développement pour ce district par la pratique de l’économie culturelle. De plus, l’aménagement de l’infrastructure routière qui dessert la CR Katsepy jusqu’au District de Soalala est primordial afin de faciliter l’ouverture avec l’extérieur, fluidifier les échanges de biens et de services, gagner en visibilité. L’installation des organisations qui œuvrent dans le secteur de la pêche est aussi une nécessité. D’un autre côté, il est crucial d’apporter un changement sur les mentalités et les comportements des gens. Après leur sensibilisation, il faut les motiver en apportant l’appui nécessaire afin qu’ils restent attachés aux valeurs culturelles, et puissent prendre conscience de l’importance des règlements et des lois sur la pêche. De même que la protection de leur environnement, il faut qu’ils comprennent que ce « cadre de vie » est très précieux et contribue capitalement à la durabilité de leur activité ainsi qu’au développement tant souhaité. Il faut aussi établir les règlements liés à leur activité, et mettre en place un système de contrôle performant. Enfin, l’application de sanctions quant à ceux qui oseraient encore aller à l’encontre de ces changements positifs est nécessaire. Avec la collaboration de toutes les parties concernées, le développement rapide et durable ne tarderait pas à commencer. Notre étude concernant la pêche et la tradition comporte une volonté de débuter le développement de notre pays par les individus pratiquant la pêche dans cette zone rurale, pour s’étendre vers la société, une région pour englober notre grande île. Autrement dit, on vise l’apport de développement de la microéconomie vers la macroéconomie. Lorsque chacun de nous en tant que source de développement sur tous les niveaux, sera prêt et décide à conserver, valoriser et promouvoir notre identité culturelle -comme les Chinois l’ont fait-, l’évolution de notre société ainsi que le développement de notre pays ne traînera plus même si le phénomène de l’acculturation se montre. Et on pourrait bien appliquer aussi la suggestion que S. Rabotovao (2020 : 106) appelle « acculturation harmonieuse » et l’explique de manière suivante quand il s’est focalisé sur ce qui concerne comment lutter contre le Covid19 à Madagascar : « Dans le cadre de la communication interculturelle, les savoirs locaux et les savoirs étrangers peuvent collaborer pour arriver au développement en matière de santé. Ainsi, chaque culture peut garder son identité originelle tout en adoptant de nouvelles identités d’origine extérieure, à l’échelle mondiale. » A travers cette recommandation, il ne s’agit pas d’un retour en arrière ou le délaissement total des apports de la globalisation mais de toujours garder notre identité culturelle en appréhendant ce phénomène de mondialisation en allant de l’avant. Cette recherche ne veut pas seulement présenter ce groupe ethnique et ses traditions, ainsi que leurs méthodes de pêche, mais aussi de montrer toute l’importance que les prières et le respect des tabous confèrent à l’activité de la pêche. C’est-à-dire que la valorisation des Autochtones et de ses cultures compte beaucoup sur le processus de développement à part les autres piliers. Ce n’est pas uniquement pour promouvoir l’expression de l’identité Malagasy, en particulier l’identité Sakalava mais pour revigorer ce peuple. Il s’agit de donner une place à leur culture dans les projets de conservation des ressources halieutiques du lac Kamonjo. Cette conservation doit être basée sur le respect des normes écologiques. D’ailleurs, ce n’est pas une mission difficile, il demande tout simplement de la volonté et de la conscience de la part de chacun. En d’autres termes, les Malagasy doivent être actifs et consciencieux pour sauver les lacs en danger comme Kamonjo. La vie sans conscience écologique est une vie au bord du chaos. En résumé, pour atteindre les souhaits de développer ce district voire notre pays, la prise de décision et de responsabilité de tout un chacun est indispensable. Il faut qu’on dépasse cet esprit égoïste pour sauver ensemble notre pays. Il va falloir ainsi appliquer les lois dans tous les secteurs de travail, et faire régner la transparence. Mais avant tout, la conscientisation des gens quant à l’importance de culture est urgente afin que notre propre identité perdure. En tout cas, ces recommandations semblent probablement être des projets à long terme mais l’avenir du peuple Sakalava de Marambitsy et de notre grande île en dépend. BIBLIOGRAPHIE

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Annexe n°1 : Carte présentatif de la Région Boeny………………………………………...125

Annexe n°2 : Extrait du code de la pêche à Madagascar …………………………………...126

Annexe n°3 : Texte du joro faly ota …………………………………………………………127

Annexe n°4 : Projet SWIOFish2…………………………………………………………….129

Annexe n°5 : Questionnaires d’interview…………………………………………………...131

Annexes n°6 : Extrait de l’Anthropologie dynamique du Georges BALANDIER…………133 Annexe n°1 : Carte présentatif de la Région Boeny

Source : tatsimo.blogspot.com Annexe n°2 : Extrait du code de la pêche à Madagascar

( . . . )

Source : Loi n° 2015-53, portant le code de la pêche et de l’aquaculture de Madagascar. Annexe n°3 : Texte du joro faly ota

Joro faly ota Prière de conjuration Andriaña, Andriaña ! Souverain, souverain ! Mañambara aminareo raza, Ampajaka Nous vous annonçons les ancêtres, le roi de tompon’ny Marambitsy zahay ary añy Marambitsy et vous tous là-bas Andriamandisoarivosy Ndramandikavavy ao Andrimandisoarivo et Ndramandikavavy à Bezavo ; añy Andriamboniarivo, Bezavo ; là-bas Andriamboniarivo, Andriamananarivo ao amin’ny doany Mitsinjo, Andriamananarivo au doany Mitsinjo, vous aussi añy koa Ambabilahy Manjaka ao Betsioky. Tsy le roi Ambabilahy de Betsioky. On n’oublie pas haliño Andriamisara efadahy manankasina ao les quatre Andriamisara plein de grâce au doany amin’ny doany Mahajanga. Ambara koa anareo Mahajanga. On vous annonce les ancêtres, les raza tompon’ny rano Kamonjo ty: ato anao propriétaires de ce lac Kamonjo : ici vous grand- dadibe Sakaka sy Salonjo tompon-draza mère Sakaka et Salonjo, les ancêtres fondateurs mamalavala ty rano ty. Indreto zahay de ce lac qui le protègent. Voici, nous : vos taminganareo, dorinareo, mangataky ny tsara le! descendants demandent la bénédiction ! Nous Ny maiva koa! Misoloho zahay, miaiky fa nañota vous prions que nous avons commis le péché faly amy ty rano fivelomanay ty! Nandotorano ny dans ce lac. Les cochons et les chiens y Kisoa, ny fandroaka, nisasaña añaty rano ny souillaient ; on lavait les marmites dans l’eau. vilañy. Nivaliky aminay ny rano, tsy niakatsy ny L’eau retourne contre nous, que les poissons ne filao, dobo an-daka ny mpañarato, tsy afaky trouvent plus en effet et les pêcheurs étaient arety ny zaza maliniky. Noho izany, mitondra noyés dans l’eau ; les petits enfants ne cessent ômby mazavaloha aminareo raza zahay! pas d’être tombé malades. Par conséquent, nous Hamerin-kasiñy ty rano ty, zay ty joro ota faly vous apportons les ancêtres un zébu noir tacheté ataonay nankia! Koa ndreto ny ômby de blanc sur la partie de sa tête. Nous vous mazavaloha, ny tanifotsy, ny vola tsy vaky, ny l’apportons pour restituer la sacralité de ce lac, tôka. Asanjatsinay ho fanomezamboninahitsy c’est la prière de conjuration que nous faisons anareo raza, ka samia mihina lañiny tiany aby maintenant. Voici le zébu noir tacheté de blanc anareo; sur la partie de sa tête, de kaolin, des pièces de Azonareo ny haja, azonareo ny hasiñy ka mba monnaies, l’alcool. Ils nous vous rendent ameo filao ny mpanarato, tsy hisy eky ny dobo l’honneur les ancêtres, que nous vous souhaitons an-daka, hanintsinintsy ny tsaiky sy olo-be na tous de bonne appétit. Vous venez de recevoir ampisafy na lailay. Mandambantaña aminareo l’honneur et la sainteté, que donnez aux pêcheurs raza tompon’ny rano ty zahay fa tsy hanota faly les poissons, on souhaite qu’il n’ait plus de koa! Zay ny hataky sy joro natsiarova pêcheurs noyés ; que les enfants et les adultes, razan’ampanjaka tompon’ny Marambitsy sy qui ce soient les hommes ou les femmes, soient dadibe Sakaka, ndraiky Salonjo tompon’ny en bonne santé. Nous vous pardonnons les Kamonjo ary Zañahary añabo. Enga anie ancêtres, propriétaire de ce lac que nous n’avons hanintsinintsy maiva sy ho tsaratsara aby zahay jamais commis de péché ! voilà les raisons pour dorianareo. lesquels que nous avons invoqué les ancêtres des rois, propriétaires de Marambitsy et la grand- Andriaña, Andriaña! mère Sakaka et les Salonjo propriétaire du lac Kamonjo et le Dieu dans haut. Que nous, vos descendants soient en bonne santé. Souverain, souverain ! Source : Matraky ( Fahatelo ) Annexe n°4 : Projet SWIOFish2

Annexe n°5 : Questionnaires d’interview

1- Pouvez-vous nous dire l’histoire du lac Kamonjo ?

2- Pouvez-vous nous décrire l’organisation de votre travail?

3-Quels sont les différents types des matériaux de pêche qu’on utilise dans ce lac ?

4-Avant de fabriquer et d’utiliser un nouveau matériel, qu’est-ce qu’on va faire ? Et quels sont les objets du culte pour les rites sacrés relatifs à la pêche au lac Kamonjo. Quelles sont leurs significations?

5-Quels sont les différents types des bois nécessaires à la fabrication de la pirogue et de la pagaie. Pourquoi choisissez-vous ces bois?

6-Est-ce que chaque personne dans une famille a son propre fonction concernant la pêche ?

7-Quels sont les différents types des poissons dans ce lac ?

8-Lesquels d’entre eux sont en voie de disparition ?

9-Où sont les lieux commerciaux des produits de la pêche ?

10-Quels sont les tabous liés à cette activité ? Pourquoi sont-ils tabous ? Et donnez leurs fonctions dans la pêche et dans ce lac.

11-Qui sont les dépositaires du pouvoir dans le doany Marandravy ?

12-Où est ce doany et à quel moment réalise le rite du joro faly ota ?

13-Quels sont les jours et les matériaux tabous relatifs à la pêche ?

14-Pouvez-vous nous expliquer les raisons de l’augmentation et de diminution des poissons dans ce lac ?

15-Quels sont les problèmes de la pêche dans le district Mitsinjo ?

16-Pourquoi les pêcheurs ne respectent pas la fermeture, les autres règlements de la pêche et les tabous liés à cette activité dans le lac Kamonjo ?

17-Qu’est-ce qu’on peut faire pour résoudre à ces problèmes ?

18-Est-ce que les pêcheurs font cette activité comme source principale de leur revenu ? Quelles sont leurs activités économiques complémentaires ?

19-Pourquoi ils utilisent les filets dangereux pour la pêche même si ces filets sont interdits par la loi ?

20-Pour quelles raisons les nouvelles générations des pêcheurs locaux et les pêcheurs migrants ne respectent plus la culture liée à l’activité de la pêche dans ce lac ? 21-Pouvez-vous donner des suggestions pour conserver et augmenter le nombre des poissons dans ce lac ?

22-Qui sont les responsables de valorisation de la pêche et des ressources halieutiques à Kamonjo ? Est-ce qu’il faut attendre l’Etat pour la faire ?

23-Etes-vous d’accord de conjuguer ensemble les méthodes culturelles et les méthodes modernes sur la valorisation de la pêche et des ressources halieutiques dans ce lac ? Annexes n°06 : Extrait de l’Anthropologie dynamique de Georges BALANDIER

Source : http://www.google.com/ ; Consulté le 17 Novembre 2019 IDENTIFICATION

Auteur : BABENTSOA Rasega Miaro

Adresse : C.U Ankatso I, Bloc RN7 – Porte 428

Numéro : 034 54 622 25 / 032 51 221 46

Mail : [email protected]

Encadreur : Docteur RABOTOVAO Samoelson, Maître de conférences

Titre : « -RESPECT DES TRADITIONS ET DES REGLEMENTS DE LA PECHE, FAIT-IL PARTIE DES OBSTACLES DU DEVELOPPEMENT TRADITIONNELLE ET CONTINENTALE DANS LE LAC KAMONJO A MITSINJO— REGION BOENY

RESUME : Le non-respect des traditions et des règlements de la pêche dans le lac Kamonjo à Mitsinjo provoquent des conséquences néfastes pour les gens qui vivent avec la pêche. Ce non-respect a été causé par des divers facteurs. Il est donc très indispensable d’effectuer une "resenbilisation" sur ces deux aspects et recommencer à suivre les conditions cruciales pour que chacun, voire notre pays en général puisse développer son économie ou bénéficier des avantages diverses.

Nombre de pages : 138

Nombre de figures : 2

Nombre de cartes : 3

Nombre de photos : 8

Nombre des annexes : 6

Mots clés : développement, économie, pêche, règlement de pêche, tradition