CLAUDEL LA BIBLIOTHEQUE IDEALE Volumes Déjà Publiés : CLAUDEL Par Stanislas Fumet
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CLAUDEL LA BIBLIOTHEQUE IDEALE Volumes déjà publiés : CLAUDEL par Stanislas Fumet. SAINT-EXUPÉRY par Pierre Chevrier. avec la collaboration de Michel Quesnel. LÉAUTAUD par Marie Dormoy. A paraître : MICHAUX par Robert Bréchon. HEMINGWAY par John Brown. KAFKA par Marthe Robert. CAMUS par J.-C. Brisville. JOUHANDEAU par José Cabanis. MONTHERLANT par Henri Perruchet. WHITMAN par Alain Bosquet. T. E. LAWRENCE par Roger Stéphane. VALÉRY par A. Berne-Joffroy. Etc. LA BIBLIOTHEQUE IDEALE Collection dirigée par Robert Mallet CLAUDEL par Stanislas Fumet GALLIMARD 8 édition Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays, y compris la Russie. © 1958 Librairie Gallimard. L'homme Un cyclone figé. ANDRÉ GIDE. DON RODRIGUE. — Je veux la belle pomme parfaite. SEPT-ÉPÉES. — Quelle pomme? DON RODRIGUE. — Le Globe ! Le Soulier de satin. La tête de Claudel. Quelle admi- rable sphère. Le cercle prend cons- cience de sa quadrature. STANISLAS FUMET. ENTRE TRENTE ET QUARANTE ANS Une figure éclairée par des yeux qui écoutent; un profil de petit taureau bouclé au front; une courte moustache ; une bouche large et mince assez dédaigneuse; et cette mâchoire qui rumine la pensée en de longs soliloques interrompus par des pauses qui laissent les auditeurs en suspens. [...] Cette autorité tranchante des lèvres aigui- sées, l'améthyste épiscopale des yeux chargés d'orages et, enfin, entre les oreilles un peu trop lourdes, ce front roman. FRANCIS JAMMES (Les Caprices du Poète, année 1900). Paul Claudel est là, que je n'ai pas revu depuis plus de trois ans. Jeune, il avait l'air d'un clou; il a l'air maintenant d'un marteau-pilon. Front très peu haut, mais assez large ; visage sans nuances, comme taillé au couteau ; cou de taureau continué tout droit par la tête, où l'on sent que la passion monte congestionner aussitôt le cerveau. Oui, je crois que c'est là l'impression qui domine : la tête fait corps avec le tronc. Je le regarderai mieux mardi prochain (il vient déjeuner chez nous) ; j'étais occupé un peu trop à me défendre et n'ai répondu qu'à demi à ses avances. Il me fait l'effet d'un cyclone figé. Quand il parle on dirait que quelque chose en lui se déclenche; il procède par affirmations brusques et garde le ton de l'hostilité même quand on est de son avis. ANDRÉ GIDE (Journal, 1 décembre 1905). A QUATRE-VINGT-DEUX ANS Paul Claudel a de la carrure. Il se carre dans son fauteuil. Il vous attend au tournant de la conversation. Il sait, d'un rire ou d'une exclama- tion, vous arrêter en chemin, vous dérouter, vous désarçonner. Mais il sait aussi, d'un rire ou d'un regard, vous remettre en selle. Que de rondeurs chez cet homme carré! Quand je lui fais remarquer, avec une sim- plicité qu'il a exigée de moi, telle ou telle entorse à la syntaxe ou à l'orthographe dans un de ses textes, il me répond : « Maintenez : on dira c'est un claudélisme. » Il ajoute : « Je mène les mots comme les troupeaux : à la va-comme-je-te- pousse. » C'est le même berger impulsif qui parle et qui écrit, avec la même impatience et la même vigueur; respectueux jusqu'au scrupule du langage qu'il a bousculé. Je lui demande un jour de me confirmer la réplique d'un de ses drames de jeunesse, elle me paraît incompréhensible. Il la lit plusieurs fois à haute voix en la mastiquant, puis conclut : « Je n'en sais pas plus que vous. Laissons là ce mystère. » Paul Claudel est un mystère : un bloc de pierre opaque sans fissure, inébranlable comme ces monolithes des Geyns (les géants) qui servent de décor au deuxième acte de L'Annonce faite à Marie. Ils ont, il a des formes qui font image. L'imagerie est variée. Tout dépend de l'angle sous lequel on se place. Avec Claudel, pas d'angles morts. Rien que de la vie qu'on peut aimer ou ne pas aimer. « Il faut me prendre comme je suis », dit-il. Il a raison. ROBERT MALLET (Journal, 5 décembre 1950). AUTOPORTRAIT Beaucoup de gens sont orgueilleux, mais savent mieux le cacher que je ne l'ai fait. (Mémoires improvisés.) La clé d'un homme se trouve dans les autres : c'est le contact que nous avons avec le prochain qui nous éclaire sur nous-mêmes et d'où jaillit souvent la lumière sur notre caractère. (Id.) Ma mollesse maudite, la répugnance que j'ai à toutes les choses désagréables... (Lettre à André Suarès.) J'ai été tellement intéressé à ce qui se passe retoursau dehors sur quemoi-même. je faisais en somme assez peu de (Mémoires improvisés.) FLORENCE. — ... Il faut le voir dans une compa- gnie, tout maussade et rencogné, n'intervenant dans la conversation que par des plaisanteries sau- grenues et des coups de boutoir, quand ce n'est pas une de ces gaffes profondes auxquelles le génie naturel ne suffit pas Il y faut la collaboration d'une puissance occulte. (Conversations dans le Loir-et-Cher.) FURIUS. — Que me reproche après tout c'te dame? Que me reprochez-vous tous ? Que je suis insociable? que je n'aime pas à être touché? et que la conversation de mes semblables, quand ils n'ont rien à dire, m'accable? Qu'est-ce que ça prouve? Suis-je le seul homme qu'ennuient les choses inutiles ? Elles ennuient tout le monde. Mais moi elles me causent une espèce de désespoir ! (Id.) Les violences peuvent plaire un moment à ce qu'il y a de moins bon en moi. L'instant d'après j'en rougis. (Id.) Mes rancunes sont violentes mais de courte durée. (Lettre à Stanislas Fumet.) Une maladresse native, une nature à la fois impatiente et lourde, l'horreur des transitions et de tous les artifices indispensables au discours, et en général, l'absence d'une subordination amou- reuse de l'artiste à son instrument qu'il faut savoir au moins feindre. (Lettre à Maurice Pottecher.) ...Tous ces attentats anarchistes que vous vous rappelez. Je dois avouer, à ma grande confusion, que je leur étais très sympathique ainsi que la plupart de mes amis. Je trouvais dans l'anarchie un geste presque instinctif contre ce monde conges- tionné, étouffant, qui était autour de nous et à l'égard duquel ils faisaient un geste, presque celui du noyé qui cherche de l'air, jetant des bombes au hasard, sans savoir où. (Mémoires improvisés.) Rimbaud a eu sur moi une influence séminale. (Id.) Je n'ai jamais eu l'instinct d'agrégation à une accommoder.équipe. Il m'a toujours été très difficile de m'y (Id.) Les jours 1868-1900. Claudel (Paul - Louis - Charles - Marie), né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois, petit village de trois cents habitants du départe- ment de l'Aisne, dont son grand-oncle fut curé. Origines de la famille : lorraine et picarde. Du côté paternel, La Bresse (Vosges) ; du côté mater- nel, Goudelancourt, près Notre-Dame-de-Liesse, ancienne province de Picardie, famille noble, des- cendant du duc d'Orléans assassiné par Jean-sans- Peur. Fils d'un conservateur des hypothèques, passe son enfance à travers une série de petites villes, Bar-le-Duc (où il fréquente d'abord l'école des Sœurs de la Doctrine chrétienne, puis le lycée), Nogent-sur-Seine, Wassy (Collège municipal de 1879 à 1881), Rambouillet, Compiègne. Sa famille se transporte en 1882 à Paris, où sa sœur Camille étudie la sculpture avec Rodin. Il écrit L'Endormie. Études à Louis-le-Grand (Burdeau, professeur de philosophie), puis à l'École de Droit et à l'École des Sciences politiques. Conversion en 1886. En 1889, Tête d'Or. En 1890, commencement des pra- tiques religieuses ; est reçu premier au Concours des Affaires étrangères. La Ville. Amitié avec Marcel Schwob, Jules Renard, Maurice Pottecher, Léon Daudet. Fréquentation de Stéphane Mallarmé. 1892, La Jeune Fille Violaine. Départ pour les États-Unis (1893). Consul sup- pléant à New York. L'Échange. Gérant du consulat de Boston (1894). Retour en France et départ pour la Chine. Vers d'Exil. Seconde version de Tête d'Or (1895). Shan- ghaï puis Fou-tchéou (signature du Contrat de l'Arsenal), puis Hankéou (le Chemin de fer), puis de nouveau Fou-tchéou. Commence Les Muses. Développement de l'Église. Première partie de Connais- sance de l'Est. Le Repos du Septième Jour (1896). Seconde version de La Ville (1897) et seconde ver- sion de La Jeune Fille Violaine (1898). Retour en France par la Syrie et la Palestine (1900). Séjour chez les Bénédictins à Ligugé. Velléités monacales. 1901-1914. Second départ pour la Chine (1901). Kouliang. Connaissance du Temps (1903). Fou-tchéou. Traité de la Co-naissance au monde et de soi-même. Achève Les Muses (1904). Voyage au Japon et en Indo- chine. Retour en France. Partage de Midi. L'Esprit et l'Eau. Mariage avec Reine Sainte-Marie Perrin, fille de l'architecte de Fourvière. Troisième départ pour la Chine (1906). Pékin et Tien-tsin. Nais- sance de sa fille Marie. Magnificat. La Muse qui est la Grâce. Processionnal pour saluer le siècle nouveau. Premiers poèmes de Corona Benignitatis Anni Dei (1907). La Maison fermée. Naissance de son fils Pierre (1908). L'Otage. Sous le signe du Dragon. Retour en France par le Transsibérien (1909). Prague. Naissance de sa fille Reine. L'Annonce faite à Marie (1910). Consul général à Francfort. Cantate à trois voix (1911). Fonde avec André Gide, Jacques Copeau, Jacques Rivière et Gaston Galli- mard, la Nouvelle Revue Française. Naissance de son fils Henri.