COMMENTAIRE DE LA LETTRE DE MISSAK MANOUCHIAN à son épouse Mélinée

Thème : Agir sur

Séquence : Agir dans la cité : individu et pouvoir

INTRODUCTION

Le contexte : M.M, martyr de la résistance française, appartient à un groupe de partisans communistes luttant pour la libération de la France. Dénoncé et arrêté avec 23 camarades. Quelques heures avant leur exécution, le 21 février 1944, depuis la prison de Fresnes, alors âgé de 37 ans, il écrit, à sa femme Mélinée, une lettre d’adieu chargée d’émotion.

1- Une lettre-testament

Cette lettre est à la fois un témoignage intime, un message d’amour et un testament.

a- Une lettre : forme, caractéristiques et système d’énonciation de la lettre : formule d’appel ; le destinataire, sa femme, est présent dans la lettre ainsi que l’émetteur (« je ») ; formules finales. b- Un message d’amour : à sa femme nombreux termes affectifs, possessifs, expression du regret) ; à ses parents et amis (voir texte) ; à la nature (voir texte) ; à tout le monde : déclaration solennelle « Je proclame ». c- Un testament : son but est de réfuter l’argumentaire ennemi tel qu’il sera développé dans l’ après leur exécution (étrangers, criminels, terroristes). Testament : annonce de sa mort prochaine en intro ; rappel des circonstances ; champ lexical de la mort. Utilisation des termes habituels : « dernière volonté » ; « je lègue » ; « tous mes biens ». Dispositions à suivre pour l’héritière : futur et impératif présent. Un testament qui règle son héritage, à la fois matériel et spirituel (voir texte). 2- Un réquisitoire

Contre la propagande ennemie qui cherche à discréditer leur action dans l’opinion, Manouchian se revendique comme un Français, un membre de l’armée de libération, « un soldat régulier », une personne pacifique et humaine (voir texte) : il n’est pas un terroriste ni une « machine à tuer ». Par son geste ultime, l’écriture de cette lettre, il affirme la possibilité de dire non, même face à l’oppression la plus féroce. Cette lettre est à la fois la réfutation de la thèse adverse et un ultime geste de liberté. Ses mots et son idéal : espoir, liberté, paix, fraternité.

Après l’exécution, les autorités allemandes placardent 15 000 exemplaires d’une affiche rouge portant en médaillons noirs les visages de dix fusillés ; au centre Manouchian avec ce commentaire : « Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés ». Mais la réaction du peuple sera l’inverse de ce que souhaitaient les autorités allemandes : les affiches sont rapidement couvertes d’inscriptions de sympathisants : « Des héros » ; « Vive la France » ; « Morts pour la France ». Ainsi les dernières paroles de Manouchian et ses dernières volontés auront-elles trouvé leur écho dans cette réaction populaire et spontanée, même si le texte de la lettre était encore bien évidemment inconnu au moment de l’affiche rouge.

Il meurt d’autant plus injustement que la victoire du Front de Libération est proche, qui le transformera définitivement en héros.

CONCLUSION

La postérité : à l’occasion de l’inauguration de la rue du Groupe Manouchian (, XXème), en 1955, le poète compose le poème « Strophes pour se souvenir », librement inspiré par la dernière lettre de Missak Manouchian . Ce poème sera mis en musique et chanté par Léo Ferré, en 1959, sous le titre : « L’Affiche rouge ». En 2009, le réalisateur Robert Guédiguian réalise le film « L’Armée du crime » qui retrace la vie de Missak Manouchian.

NB : pour être convaincant, ce commentaire devra constamment se référer au texte tel que nous l’avons repéré. Vous pouvez aussi, pour illustrer votre propos, montrer l’image de l’affiche rouge, diffuser la chanson de Léo Ferré et/ou donner au jury une photocopie du poème d’Aragon.