Tusson Et Alentours, Des Origines Au Xviiie Siècle
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DU MÊME AUTEUR On a assassiné M. le Maire (roman). Éd. Mignard, Paris. Le Mort jouait de la clarinette (roman). Éd. Mignard, Paris. Contes à mes neveux. Éd. Lorelle, Ruffec. Avec une préface du colonel Rémy (ouvrage couronné par l'Académie française). Contes de mon curé. Éd. Noblet. Avec une préface de Michel de Saint-Pierre. Dire l'Angélus. Éd. Mignard. Honoré d'une bénédiction spéciale de SS Jean XXIII. Vers la Corée interdite. Pierre Aumaître, martyr. Éd. Lorelle. L'humour en soutane, en collaboration avec Hervé Nègre. Éd. Fayard (traduit en italien, allemand et espagnol). (Tous ces ouvrages sont épuisés.) Tusson et alentours au XVIII siècle. Du lérot, éditeur, Tusson, 1986. En préparation : Tusson moderne et souvenirs. ROGER DUCOURET TUSSON ET ALENTOURS des origines au XVIII siècle DU LÉROT, éditeur RUE DU LOGIS, TUSSON, CHARENTE © ÉDITIONS DU LÉROT, 1989. A Madame la baronne De Barthélemy de Gramont, hommage déférent et bien cordial de ces pages auxquelles elle s'est intéressée. R.D. LETTRE DÉDICATOIRE Chers amis, C'est encore à vous, mes chers anciens paroissiens, que je dédie les pages de cette trilogie sur Tusson. Déjà vous avez lu Tusson et alentours au XVIII siècle dont le but, en bouscu- lant quelque peu l'ordre chronologique, était de vous prépa- rer à l'anniversaire des événements que nous allons commé- morer (1789-1989) — qui vit chez nous de si profonds bouleversements. Maintenant voici Tusson et alentours des origines au XVIII siècle. Ensuite, si Dieu le veut, il y aura le Tusson moderne. Et la boucle sera bouclée... Nous faisons mentir un certain adage qui atteste que «les peuples heureux n'ont pas d'histoire». Nous devrions être très à plaindre, car nous nous enracinons très profondément dans le passé : notre forêt gauloise et, particulièrement, nos monuments mégalithiques nous le disent chaque jour. En réalité nous sommes écrasés par notre passé. Le Moyen- Age nous a vus naître, nous en avons connu les heurs et les malheurs. Notre Renaissance n'a pas été toujours rose. Pour- tant une certaine aisance nous est venue par elle. Quant à notre XVIII siècle, vous savez comment les choses se sont passées et quelles ruines ont été accumulées... En 1988, lors de la «Journée» (que j'appelle la «Fête des Anciens» de T usson ), j'ai eu l'occasion de lancer un «scoop» après les «discours-apéritifs» de M. Vinzent, notre maire et de M. Durepaire, conseiller général du canton d'Aigre. Mes intuitions, depuis longtemps, mes recherches, l'autorité de Brantôme m'ont permis de situer la «belle demeure» qu'a- vait fait bâtir, lors de ses passages fréquents, la reine de Navarre, la Marguerite des Marguerites, dans notre localité, pour sa suite. La reine, elle, descendait au couvent. L'équipe du groupe MARPEN, que dirige si intelligemment Jackie Flaud, restaure cette demeure historique pour notre plus grand profit. «Le visage de ce monde passe», nous dit Saint Paul. Nous passons avec lui. Il n'y a que les poètes qui demandent, sans grand succès, au Temps, de suspendre son vol! J'ai écrit un peu ces pages pour les jeunes générations qui nous «pous- sent de l'épaule», comme l'écrit Bossuet. Les jeunes, en effet, croient que l'histoire commence avec eux. Elle les précède, ils la font, elle les suit... Ils appartiennent à une terre, à un vieux village qu'ils conserveront et apprendront à aimer. Ils y connaîtront la douceur d'y vivre. Ah! chers amis, comme nous avons été heureux d'être ensemble ! R. D. TUSSON Le savant professeur Coquard qui enseignait la géologie et la minéralogie à la Faculté des Sciences de Marseille, dans sa Description physique, paléontologique et minéralogique du département de la Charente, écrivait ceci en 1862 : «Tusson, canton d'Aigre, superficie: 1396 hectares, 36 ares. Population : 965 habitants (nous disons bien en 1862, car aujourd'hui, depuis le dernier recensement, il n'y en a plus que 389), occupé par l'étage jurassique moyen et les terrains tertiaires. Moêllons. Altitude: 165». Comme tous les chemins mènent aussi à Tusson, signa- lons que le même professeur Coquard analysait notre struc- ture routière en des termes fort érudits : «De la formation jurassique, qui est entièrement compo- sée de bancs calcaires, les bons matériaux sont rares, surtout dans les étages supérieurs où les calcaires argileux prédomi- nent et où les terrains tertiaires qui sont les magasins les plus abondants en cailloux siliceux ne constituent que quelques dépôts isolés ; aussi les routes qui traversent les communes occupées par ces étages (telle celle de Tusson) sont boueuses et creusées par des ornières profondes qui rendent la circula- tion difficile. Cet inconvénient se produit surtout dans les cantons d'Aigre, de Villefagnan et de Saint Amant-de- Boixe», etc. Rappelons que ce texte était écrit en 1862. De nos jours nos chemins sont si carrossables que les touristes seraient facilement tentés de traverser le village à vive allure. Nous avons eu en main, certain jour, une carte postale du bon vieux temps représentant la rue principale de Tusson : toute une basse-cour y picorait... Où sont les routes d'antan ?... Si nous ajoutons que le bourg est coupé par la nationale numéro 736, qu'une forêt, dite «de Tusson» (alors qu'elle est en majorité sur le territoire de Villejésus) la jouxte et qu'elle est, sans risque d'erreur, une «forêt gauloise», nous aurons une carte d'identité fidèle de ce village qui a traversé l'histoire de France Nous nous en voudrions d'être pédant en un ouvrage que nous écrivons d'une manière familière et décontractée et qui tiendra autant de l'histoire elle-même que de la chronique, mais en souvenir des scolastiques de notre jeunesse, nous allons procéder à leur manière (quoad nomen, quoad rem) : le «nom» et l'«objet en soi» qui, — celui-ci — sera la subs- tance de tout ce travail. Le nom de «Tusson» ? D'où vient ce mot ? En réalité nous l'ignorons et pourtant nous voyons que, dans les chartes du Moyen-Age, ce mot se décline comme un substantif de la troisième déclinaison: Tucio, Tucionis, etc. Certains vou- draient que «Tusson» fût un nom celtique (ou gaulois). 1. Quant au sous-sol de Tusson et alentours, voilà comment le professeur Coquard, s'introduisant chez nous par Luxé et Ligné, le voyait : «Luxé est en plein dans les calcaires lithographiques et on peut observer qu'en face de Ligné il recouvre l'étage corallien, dont les bancs supérieurs s'annoncent par des blocs très volumineux avec diceros arietina et périnées, que l'on trouve épars au milieu des champs» (pp. 282-83). «En entrant dans la forêt de Tusson par la route d'Ébréon, on remarque, intercalés d'une manière irrégulière et ininterrompue, des bancs fort épais d'un calcaire à grains fins et miroitants, de couleur foncée, carié et caverneux par place à la manière des cargneules. Il est traversé par des veines de carbonate de chaux contenant çà et là quelques nids de baryte sulfaté lamellaire, blanc-rosâtre.» «...La forêt de Tusson pousse sur le calcaire lithographique à couches plates. Cependant en face de la Croix-Blanche, il admet quelques bancs oolithiques ; vers Bessé, on atteint la base qui est argileuse et dans laquelle j'ai rencontré une bélemnite B Troslayanus, un Sptychus et l'Ammonite Cymodoce. Les argiles remontent jusqu'au-dessus de Souvigné, car en des- sous du moulin à vent, on les voit venir s'appuyer, près de Fontdouine (Fontdouce) sur le corallien supérieur (que nous avons décrit).» Coquard, Description physique, géologique, paléontologique du département de la Charente, Éd. Barlatier-Feissat et Demondy, Marseille, 1862, tome 2. Des spécialistes ne le pensent pas, encore que l'hypothèse ne soit pas exclue, car géographiquement nous étions situés dans cette partie de la Gaule, entre Seine et Garonne, qui s'appelait la «Gaule Celtique». Cette hypothèse peu fondée laisserait le pas à cette autre : un personnage gallo-romain aurait vécu là. De même que Ruffec viendrait de villa Rufiaci (la propriété de Rufiacus), Tusson se serait appelé ainsi parce qu'un dénommé Tucio aurait habité là (villa Tucionensis). Il est permis de rêver. Cette dernière opinion est émise par un dictionnaire ency- clopédique sérieux Après avoir envoyé son lecteur à «Tuchan», il pense qu'il s'agit du nom d'un homme latin (avec u long, suffixe annum). Quant à l'orthographe du mot Tusson, elle est assez fantai- siste jusqu'au XIX siècle. Certaines chartes comme telle ou telle concernant Marcillac-Lanville parlent de «Tuzzio». Une carte géographique du «Poictou» (la carte d'Ortelius, de 1579), écrit «Tusson» à la moderne. Très souvent les histo- riens des XVII et XVIII siècles orthographient Tusson de cette manière : «Tuçon». Nous ne parlons pas d'un certain Dictionnaire Universel (heureusement épuisé) qui ortho- graphiait Tusson ainsi : «Tuçon», mais le plaçait à des lieues de chez nous... Sans sortir du sujet absolument, et songeant avec la mémoire du cœur aux lecteurs des alentours qui, espérons-le, nous lirons, nous pensons à l'étymologie de certains villages dont nous avons partagé la vie pendant des années : Bessé ne vient pas de «Lieu bas». Qui, l'hiver, aurait traversé (pendant la guerre 1939-45 notamment) les chemins, voire la place du village, eût pu l'imaginer tel, tant on patau- 1. Dictionnaire Encyclopédique Larousse, sélection du Reader's Digest (21 volume). Pour J. Géméon, Tusson (Tucio, Tussion et Tuzconium) viendrait vrai- semblablement de Tutor, défenseur, protecteur, gardien, ou Tutatio : pro- tection (Essai d'Épigraphie latine, La Charente et l'Aquitaine à l'époque gallo-romaine, Éd. Lachanaud, Angoulême, 1958). geait dans une boue homérique ! Bessé viendrait, d'après le Dictionnaire cité plus haut, d'un «nom d'homme: Bus- siaco».