CASTA, Isabelle, Intercâmbio 2ª série, vol. 11, 2018, pp. 135-153 LE CAS AILEEN WUORNOS Ou : la figure du comble... ISABELLE R. CASTA Laboratoire Textes et Cultures (EA 4028), Université d’Artois
[email protected] Résumé : Aileen Wuornos, désignée première femme serial killer par le FBI, devint par son exécution aussi célèbre que Marylin Monroe par son suicide, ou Elizabeth Short par son assassinat : ce sont pour James Ellroy et Nick Broomfield les pôles magnétiques de l’urban legend américaine, l’éblouissante et les ténébreuses, la femme des foules et les filles de rien. Mais le fait divers horrifique touchant Aileen vaut surtout pour sa valeur d’exemplum : une « racaille » blanche, violentée dès l'enfance par d'autres laissés-pour-compte, tue plus tard de pauvres hommes, lamentables « messieurs-tout-le-monde » de la misère sexuelle ; spectrographie d’une société schizophrène, l'affaire Wuornos illustre combien le backlash de la violence faite aux femmes devient une violence « en retour » totalement incontrôlable. Mots-clés : meurtrière, exécution capitale, misère sociale, amour lesbien, prostitution Abstract: Aileen Wuornos, named the first female serial killer by the FBI, became by his execution as famous as Marylin Monroe by his suicide, or Elizabeth Short by his assassination: these are for James Ellroy and Nick Broomfield the magnetic poles of the American urban legend, the dazzling and the dark, the woman of the crowds and the girls of nothing. But the horrific fact about Aileen is especially worthy of its exemplum value: a white "scum", abused by others left behind in childhood, later kills poor men, lamentable "gentlemen-all- the world" of sexual misery; as a spectrograph of a schizophrenic society, the Wuornos affair illustrates how the backlash of violence against women becomes an "uncontrollable" violence in return.