Aide À La Visite De L'exposition L'invention Du Surréalisme
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Aide à la visite � Dossier à destination des enseignants et des relais associatifs et culturels en partenariat avec L’année 2020 marque le centenaire de la publication des Champs magnétiques, recueil écrit à quatre mains par André Breton et Philippe Soupault, et que Breton qualifiera plus tard de « pre- mier ouvrage surréaliste ». Cette première grande exposition consacrée au surréalisme littéraire fait la part belle à la poésie, forme d’expression privilégiée de ces jeunes auteurs, qui y virent un moyen de « changer la vie », selon le mot d’ordre de Rimbaud. Plus de 200 pièces, issues principalement des collections de la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque litté- raire Jacques Doucet, mais aussi d’institutions publiques et de collections privées, jalonnent le parcours. Parmi celles-ci : les manuscrits d’œuvres emblématiques comme les Champs magné- tiques et Nadja, des collages de Max Ernst, des photographies de Man Ray, des sommeils et dessins hypnotiques de Robert Desnos, des cadavres exquis, des films ou encore les costumes du ballet Parade, d’après Picasso. Ces œuvres témoignent de l’« esprit surréaliste » et des expé- rimentations caractéristiques des premières années du mouvement, de 1918 à 1928. La première partie, « Guerre et esprit nouveau », pose le contexte et montre comment un petit groupe de jeunes gens, épris de poésie et scandalisé par les horreurs de la guerre, entreprend de remettre en cause les normes bourgeoises, politiques, sociales et culturelles. « Rêve et automatisme », la deuxième partie, rend compte des différentes expérimentations poétiques et artistiques conduites aux confins de l’inconscient pour libérer de nouvelles formes d’imagi- naire, telles l’écriture automatique, l’exploration du rêve, les sommeils provoqués, le cadavre exquis ou le collage. La troisième partie, « Manifestes et provocations », est dédiée aux formes d’intervention du groupe dans l’espace public et le champ intellectuel, initiées durant les années dada. Happenings et performances se succèdent, où le groupe peaufine son art du manifeste, prolongeant son action par une importante production de revues, tracts et autres « papillons ». L’exposition se clôt avec Nadja, récit de la rencontre de Breton avec une jeune femme dont l’exis- tence lui semblait incarner au plus haut point l’éthique surréaliste, et sans doute son œuvre la plus célèbre. Le manuscrit de Nadja, pièce exceptionnelle classée Trésor national, y dialogue avec de rares documents, vestiges de cette relation et de la genèse de ce texte : dessins de la jeune femme, lettres, photographies, ou encore carnets de notes consignées sur le vif par les deux protagonistes. Commissariat Mathilde Barbedette pour le service Bérénice Stoll, conservatrice de l’Education artistique et culturelle à la Réserve des livres rares, BnF Conception graphique : Ursula Held En partenariat avec la Bibliothèque Olivier Wagner, conservateur au Visuel de la couverture : Vernissage littéraire Jacques Doucet département des Manuscrits, BnF de l’exposition « Dada Max Ernst » BnF I François-Mitterrand, Commissaire associée : Isabelle Diu, à la librairie Au Sans Pareil, Paris, le Quai François Mauriac, Paris XIIIe directrice de la Bibliothèque littéraire 2 mai 1921 © Bibliothèque littéraire Jacques Doucet Jacques Doucet | Bnf, délégation Conseillère scientifique : à la communication Jacqueline Chénieux-Gendron, Remerciements : Bérénice Stoll directrice de recherche au CNRS L’invention du Surréalisme | 3 Plan de l’exposition � 1 | Entrée Guerre et Intro- esprit nouveau duction 3 1 2 6 7 2 Rêve et automatisme 4 5 10 8 3 Manifestes et provocations 9 11 16 17 13 15 4 Amour et folie: } Sortie 12 Nadja, l’âme errante 14 L’invention du Surréalisme | 4 Parcours autonome de l’exposition 1 Guerre et esprit nouveau Avant et pendant la Première Guerre mondiale, un esprit de renouveau s’empare du champ intellectuel, autour de Guillaume Apollinaire à Paris, de Marcel Duchamp à New York, de Francis Picabia à New York et Barcelone, ou de Tristan Tzara à Zurich. L’« esprit dada » vient bousculer les normes culturelles. Tristan A Tzara, dans son « Manifeste Dada 1918 » publié dans la revue Parade et Les Mamelles de Tirésias Dada, proclame : « il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir ». Au printemps 1917, à l’apogée du conflit mondial, deux spec- À Paris de jeunes poètes, André Breton, Philippe Soupault et tacles sont donnés à Paris : Parade, ballet de Jean Cocteau, sur Louis Aragon, fondent en mars 1919 la revue Littérature où sont une musique d’Erik Satie avec des décors et des costumes de publiés les fruits des différentes expérimentations littéraire et Picasso, et peu après, le drame de Guillaume Apollinaire intitulé artistiques de ceux que l’on nommera plus tard les surréalistes. Les Mamelles de Tirésias. Apollinaire qualifie ces œuvres – et c’est la première occurrence du terme – de « sur-réalistes ». Témoignages du profond renouveau qui touche alors les arts de la scène, ces créations résolument modernes scandalisent le public et marquent fortement Breton, Aragon et Soupault, âgés de 20 ans. 1 Parade Le 18 mai 1917, le ballet Parade est joué pour L’Excelsior, 18 mai 1917), la réception de cette la première fois au théâtre du Châtelet. Avec œuvre témoigne du fossé entre l’avant-garde Serge Diaghilev, directeur des Ballets russes, et le public non averti. En effet, au cours de la Jean Cocteau réunit plusieurs figures de l’avant- première représentation, sifflements et insultes garde artistique : le chorégraphe Léonide fusent dans la salle. De vives critiques sont Massine, le musicien Erik Satie et le peintre également publiées dans la presse. Pablo Picasso pour le décor et les costumes. L’œuvre oscille entre tradition et nouveauté. Les spectateurs assistent à une mise en L’esthétique cubiste des costumes des deux abyme du théâtre. Sur scène, des artistes, managers contraste avec le relatif classicisme accompagnés de leurs deux managers, du rideau de scène qui rappelle la période rose donnent un aperçu de leurs numéros devant – courte période de la production artistique une salle de spectacle, afin d’inciter le public de Picasso allant de 1904 à 1906. L’œuvre à entrer. Durant quinze minutes environ, cette multiplie les emprunts : marionnettes (avec parade de cirque regorge de surprises sonores les personnages des managers), cirque (avec et visuelles. la figure du cheval) et commedia dell’arte Alors que Cocteau souhaite « que le public (au travers d’Arlequin). La musique, qui mêle considère Parade comme une œuvre qui cache instruments traditionnels et sonorités insolites, Costumes pour Parade (répliques) d’après Pablo Picasso (1979) : Le Manager américain, G-B-PAR- des poésies sous la grosse enveloppe du la chorégraphie inspirée des gestes triviaux 79-H-300-002, Opéra national de Paris guignol » et « qu’on ressuscite [le rire] même du quotidien, composent un spectacle bien © Succession Picasso 2020 © Photo Christophe Pelé/OnP aux heures les plus graves» («Avant “Parade”», différent des ballets classiques. Pour aller plus loin } Regarder sur Numéridanse } Lire une critique du } Lire une présentation } Fabriquer son costume } Consulter le dossier un extrait d’une captation du spectacle dans la presse du ballet par Cocteau, de Parade de presse de l’exposition ballet « Picasso et la danse » Châtelet, les Ballets Russes, publiée dans la presse le jour à partir de matériaux « Picasso et la danse » (projeté dans le parcours La Rampe : revue des théâtres, de la première représentation recyclables de la BnF et de l’Opéra de d’exposition) par Europa music-halls, concerts, « Avant “Parade” », Excelsior : https://www.youtube.com/ Paris qui s’est tenue à la Danse en 2007, chorégraphie cinématographes, 31 mai 1917 journal illustré quotidien : watch?v=uScY04DQ2RA Bibliothèque-musée de l’Opéra remontée par Suzanne della <https://gallica.bnf.fr/ informations, littérature, du 19 juin au 16 septembre Pietra dans les décors et ark:/12148/bpt6k57254005/ sciences, arts, sports, théâtre, 2018 costumes réalisés d’après les f6.item> élégances, 18 mai 1917 https://www.bnf.fr/sites/ maquettes de la création <https://gallica.bnf.fr/ default/files/2019-02/ https://www.numeridanse.tv/ ark:/12148/bpt6k46064259/ dp_picasso_danse.pdf videotheque-danse/parade f5.item> L’invention du Surréalisme | 5 2 Les Mamelles de Tirésias La pièce Les Mamelles de Tirésias a été La pièce d’Apollinaire s’empare du thème travestit en femme. Les femmes de Zanzibar représentée une seule fois, le 24 juin 1917, de la dépopulation dont le spectre effrayait préférant réclamer des droits politiques et ne au conservatoire Renée Maubel à Montmartre alors une partie de l’opinion dans la faisant plus d’enfant, le mari décide de prendre dans une mise en scène de Pierre Albert- France de la Première Guerre. L’intrigue se à sa charge la repopulation du pays. Il met Birot, directeur de la revue SIC (Sons, Idées, déroule à Zanzibar, pays en mal d’enfants. au monde 40 049 bébés en un jour. À la fin de Couleurs, Formes). Apollinaire, dans le Dans un prologue en vers, le Directeur de la pièce, Thérèse choisit de venir retrouver son prologue, fait dire à l’un des personnages : la troupe, ancien combattant, dénonce la mari pour faire avec lui encore plus d’enfants. «on tente ici d’infuser un esprit nouveau guerre sur un mode lyrique: «Ils éteignent Entre temps, interviennent un duo clownesque, au théâtre». Il s’agit d’une expérimentation les étoiles à coups de canon », « Ils ont un gendarme guignolesque, un journaliste et le de théâtre total qui mêle mythes antiques, même assassiné les constellations », puis peuple de Zanzibar incarné par un seul acteur. commedia dell’arte, music-hall, Afrique il s’exclame : « Écoutez ô Français la leçon La représentation est mouvementée imaginaire. Les décors et les costumes aux de la guerre / Et faites des enfants vous et houleuse, les huées se mêlant aux couleurs vives du peintre Serge Férat sont qui n’en faisiez guère ».