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fi Y"! e 1 riumwat ^ Cinéma français MIREILLE rÇ BALIN, POMPÉE,, CÈSA$ CRASSUS une jeune châtelaine dans "Un vieux château

sur le plateau des Buttes-Chau- mont, la ferme basque a fait place à un salon très vieille , qui rai sera, nous dit le Ph. Harcourt. metteur en scène Baroncelli, celui de Mireille Balin, 1 lieroine du film Haut-le-Vent. Pour le' moment, peintres et machinistes mettent la dernière main au décor. Les accessoires sont en place ; ce sont de vieux fauteuils 1 du XVIIIe siècle, un clavecin de la même époque, des rangées d'ou- vrages reliés et quantité de miniatures au charme désuet... Dans ce cadre suranné, mais non sans grâce, la belle interprète de tant de films à succès jouera le rôle d'une jeune veuve attachée à sa propriété et qui ne sera pas la moindre raison pour Charles Vanel de se fixer à nouveau au pays natal. En attendant que le décor soit prêt, Mireille Balin parachève dans sa~ loge un savant maquillage. Elle est plus séduisante que jamais ...pour Carletti sous une chevelure d'un roux ardent qui semble capter tout ce que la future "Patricia" l'étroite cabine comporte de lumière... P. L.

ALBERT TRARIEUX ROGER RICHEBÉ MARCEL ACHARr Ainsi que nous l'avons annoncé dans Entre Marcel Achard, l'auteur, et Marcel Achard, comme beaucoup do ;our notre dernier numéro, un Comité Direc- Albert Trarieux, le technicien, Roger ses confrères du théâtre, a été amené put ,e' teur du Cinéma vient d'être institué par Richebé tient une sorte d'équilibre. Sa à travailler pour le cinéma lorsque le v-f c e MICHELE le gouvernement en vue de centraliser carrière est partagée en deux parts, celle film devenu parlant eut besoin de sujets les efforts entrepris récemment pour la de l'art et celle de l'industrie. Il a nouveaux et surtout de dialogues. Mais réorganisation du cinéma français. accompli dans l'une comme dans l'autre la part capitale de son activité créa- Composé de MM. Marcel Achard, Roger une tâche qui justifie le choix dont il trice fut consacrée à la scène. ALFA Richebé et Albert Trarieux, ce Comité est aujourd'hui l'objet. Né en 1899, à Saint-Foy-lez-Lyon, Mar- Br e m poursuivra, sous l'égide de M. Louis-E. Né à Marseille en 1897, Roger Richebé cel Achard commença par le journa- ^^^^^^^ ssayag battit Galey, récemment nommé par décret débute en secondant son père, Léon lisme. Sa première pièce, La Mess* est e est Directeur Général du Cinéma, l'œuvre^ Richebé, alors directeur de salles du dite, date de 1923 ; la même année, il (Suite commencée au lendemain de l'armistice.* sud-es'.. Mobilisé en 1914, blessé en 1917 donnait Celui qui vivait sa mort, mais Pour le public, le nom d'Albert Tra- et démobilisé, il prend en 1921 la suc- il allait continuer, malgré une activité rieux est moins évocateur que ceux de cession de son père et un peu plus théâtrale qui ne se relâcherait plus, à serveuse W. Achard et de R. Richebé. Tout le tard organise pour son propre compte collaborer à peu près régulièrement à ■nonde n'est pas auteur dramatique ou le plus important circuit de salles de « Bonsoir », au « Figaro », a la « Nou- producteur et metteur en scène. Mais tout province. En 1930, il entre dans la pro- velle Revue Française » et pendant 'Vior, d'auberge le monde n'est pas le gendre de M. Lu- duction en faisant équiper en sonore les quelque temps à « L'Œuvre »... mière et le directeur "de la maison Lu- studios de Billancourt où il devait pro- Voules-vous jouer avec moâ ? fut le mière. duire de nombreux films. En 1933, il premier grand succès du jeune auteur C'est à ce titre que M. Trarieux a été fonde, avec , la société dee dramatique. Elle fut suivie, en 1924, de Car'etti. nommé tout d'abord membre actif de la Films Marcel Pagnol et, en 1934, sa Malborough s'en va-t-en guerre, La Fem- propre société. Mais il ne suffisait pas me silencieuse, adaptée d'une pièce de commission consultative du C. O. I. i C. Puis, tout récemment, membre du comité à Roger Richebé de produire des films,, Ben Johnson (1925), Je ne vous aime pas directeur. il ne tarda pas à en étudier la technique. et La Vie est belle, en 1928, La Belle Ma- 0 Appartenant à l'industrie cinématogra- Et bientôt prenant lui-même l'outil en rinière, en 1929, à la Comédie-Française, phique depuis 1920, successivement .pré- main, il dirigea quelques-unes des œu- en 1930, Le Rendez-vous et Mistigri, et sident de la Chambre syndicale des In- vres qu'il avait retenues. enfin Domino, Noix de Coco, Pétrus, Jean dustries photographiques, vice-président Nous ne saurions en citer ici tous de La Lune, l'une des oeuvres qui con- 0 les titres. Mentionnons pourtant entre tribuèrent le plus à la renommée de de la Chambre syndicale des Industries techniques de la cinématographie, puis autres réussites : Prison de femmes, où Marcel Achard et enfin parmi les der- Un petit bistro de port enfin président du Groupement profes- Renée Saint-Cyr fit une si belle création, niers, Le Corsaire, qui fut joué à l'Athé- méditerranéen... le décor sionnel des fabricants des surfaces sen- La Tradition de Minuit, avec Viviane née, et Mademoiselle de Panama, aux classique; tables et chai- sibles photographiques et cinématogra- Romance, et, parmi ses dernières produc- Mathurins. ses inondées de lumière, phiques, M. Albert Trarieux paraissait tions, Madame Sans-Gêne. plaisante Beaucoup de ces oeuvres furent adap- le zinc avec ses bouteilles et ses verres de pastis. Aux murs, quel- tout désigné pour remplir les hautes illustration de la pièce connue qui per- tées au cinéma par les soins de leur ques gravures de frégates, voiles sous le vent... Et coudes sur la fonctions qu'on vient de lui attribuer. mit à Arletty une création non sans auteur. Citons entre autres La belle Ma- table, deux gars de la marine, René Lefèvre, Henri Nassiet, semblent M. Achard est responsable du choix saveur. Enfin Roger Richebé vient rinière, Mistigri, Noix de Coco, qui fut discuter fiévreusement... des scénarii, M. Richebé de la produc- d'achever Romance à trois, que nous tourné à Berlin par Jean Bayer, et sur- L'enjeu de leur débat — nous le saurons bientôt — c'est la belle tion proprement dite, M. Trarieux, lui, verrons bientôt et qu'interprètent avec tout Jean de la Lune. fille du bar, la nièce du patron, Michèle Alfa. Mais croyez-vous que est responsable de ia répartition équi- brio : Fernand Gravey, et Marcel Achard a, d'autre part, apporté celle-ci s'inquiète d'être la proie de tant de convoitises ? table de la pellicule... à un mètre près. Simone Renant. son concours à de nombreux films dont Un troisième garçon voudrait bien gagner mes faveurs, nous Ce-n'est pas une petite responsabilité, Dans le comité directeur aujourd'hui il écrivit les dialogues ou prépara dit-elle, cependant qu'étendue nonchalamment à l'écart des sunlights, surtout aujourd'hui. On sait que la pelli- constitué, Roger Richebé est qualifié pour l'adaptation. Sa dernière pièce doit faire elle attend avec patience son tour d'entrer en scène. cule est rare. Il s'agit de la donner étudier les problèmes d'exploitation qu'il également, sous le titre de La Grande Ce troisième larron, c'est René Dary. Et si chacun d'eux a ses avec mesure et* à ceux qui sont capa- Connaît mieux qu'aucun autre, puisque Aventure, le sujet d'un film que tour- défauts, aucun, paraît-il, ne sera Vraiment antipathique. Comme dans bles de l'utiliser pour la plus grande c'est par elle qu'il a débuté dans le nera Christian-Jaque vers la fin de la vie, l'amour qu'ils portent à la jeune fille sera un peu une lote- gloire du cinéma français. cinéma. l'année. rie... Qui des trois gagnera ? P. A. L'HISTOIRE ... telle qu'on la. ctnaqttilh

enfance, est restée à ses côtés et lui a consacré sa vie est bavarde. C'est pourquoi nous avons appris ce que fait Ruth lorsqu'elle vient se retirer dans la solitude de sa maison, pour essayer de combattre son chagrin. Vêtue d'une robe légère, pieds nus, elle se dirige vers un endroit retiré de la forêt voisine. Et là, elle danse, Carlettina est Dé- telle une sylphide, jusqu'à épuisement complet de ses sirée Clary enfant forces. ' Lorsque vous irez la voir, dans son prochain film, et ét Geneviève Gui- que sur la toile lumineuse vous la verrez sourire à son try Désirée à 20 partenaire, regardez bien. Et, si vous distinguez der- rière l'éclat limpide de ses ye.ux une lueur de tris- ans. tesse, vous saurez alors à quoi pense la Nymphe au cœur fidèle. JEAN OEBE.

Désirée Clary, prin- cesse de Ponte-Cor- vo, portrait exécuté vers 1810 par le Ba- Jean-Louis Barrault en ron Géard ressem- Bonaparte, le fiancé par- ble étrangement à jure de Désirée. Désirée Clary à 30 ans (). L'écran compte donc un Napoléon de plus 1 Et quel Napoléon, puisque, c'est qui, après avoir été trois fois rbi de France, et déjà em- pereur dâns ses films, esUenfin l'Aigle lui-même. On sait à .quel degré l'illustre auteur-acteur pousse l'art du maquillage scénique, Aussi a-t-il. réalisé, dans Le destin fabuleux de Désirée Clary une impression- nante silhouette du grand Empereur, qui,-comparée aux portraits historiques, est criante de vérité. Et que penser de Jean-Louis Barrault qui est encore une fois le Corse aux cheveux plats. Dès que dans un tourbillon léger elle s'élance, Sacha Guitry incarne lui-même le Napo- son jeune corps souple et musclé évoque léon de son film. l'offrande à la nature chaude et vivante... Danseuse aux pieds ailés, Ruth Buchardt peut être comparée à ces déesses de l'Antiquité qui eurent pour rite sacré la danse et l'amour. Ses cheveux blonds et dorés semblent lui faire une auréole de lumière, et la perfection de ses formes dignes du ciseau du statuaire achèvent et complètent l'image sincère qu'elle nous offre dans chacune de ses créations. De plus, ses étonnantes possibilités de danseuse lui permettent de condenser la plupart des écoles de cet art si. divers. Son grand talent et sa beauté donnent à penser qu'elle fait partie de ces êtres irréels d'un autre monde, et on l'imagine très bien entraînant à sa suite, à travers une forêt fleurie et touffue, toute une sara- bande de nains et de farfadets. .4 La Nymphe au coeur fidèle avons-nous Inscrits en tête de ces lignes, car en effet ce titre d'une pièce célèbre est toute sa vie, tout son portrait. Comme la tendre « tessa » elle est la femme d'un seul amour. Quel est-il ? Que fait-il ? C'est son secret et nul jus- qu'alors n'a pu le percer. On sait que celui qu'elle aime est absent. C'est peut-être l'un de ces marins perdus dans l'océan Im- mense, un de ces soldats héroïques combattant pour la plus haute idée d'une Europe unie ; car souvent, dans sa maison qui domine la mer, elle reste des heures entières, les yeux fixés sur l'horizon lointain. * Quand un indiscret (un journaliste, par exemple) lui demande de divulguer ses pensées profondes, elle se contente de sourire. Et si l'Importun Insiste, elle s'enfuit rapidement. La vieille gouvernante qui, depuis Sa plus tendre l'étais très décidée à ne pas aller en Palestine. Dans la scène que nous tournons, Musidora, il vous corridors, dans cette maison que je n'avais jamais vue. A mon arrivée, un homme derrière faut calotter Navarre, Manichoux (c'était le nom de l'opérateur), passait sa vitre en guillotine à demi levée, Je regardai Navarre : œil d'aigle, sourcils énigma- son appareil par un vasistas qui sembla avaler les me demanda d'un ton rogue : tiques à la chinoise remontés vers les tempes, nez trois pieds ; il était juste assez large pour laisser passer — Vous désirez ? coupant, lèvres minces en rictus et peu de joues pour un homme corpulent. — Voir M. Aufan. appliquer une bonne claque. Feuillade ordonnait, affairé. — C'est moi 1 Les répliques de cet « actolet » étaient les sui- — Attention 1.. Que ce soit solide!.. Ne ratez rien; — Ah 1 vantes i il y va de la vie de cette gosse-là... — Qu'est-ce que vous me voulez ? Navarre. — Vous ? Un énorme treuil de bois était entouré d'une corde — Voici... . Musidora. — Moi... assez forte, genre cordelière. Ce treuil tenait la moitié Et je tendis ma convocation. Navarre. — Vous osez venir chez ma mère... C'est de la pièce où Feuillade s'agitait. A gens bourrus, peu de paroles, abominable 1 — Mani ? tu y es, avec ton appareil ? Musidora. — Abominable vous-même!.. Tenez, voici pensai-je. Manichoux reparut dans son vasistas, bouchant net Il examina mon papier, et bruscrae- ce que vous méritez... U ment ; Et ici se place la gifle... « Vous y allez de toute votre la clarté du fond de ciel. —• V... oui. J'ai un coin ou que j'suis en équilibre. — C'est bon, vous voulez gagner force... Musidorn... v» combien ? J'entrai en pleine action. De là, j'plonge... J'ai tout le toit dans mon viseur. —> Cent francs par jour. Ayant pris mon élan, j'appliquai une maîtresse gifle Et en plongeant, j'peux « panoramiquer ». Et j'vois — Cent francs par jour 1 de gauche à droite... toute la rue comme vous l'avez demandé. Les huit La bouche de M. Aufan grimaça, Ouill 1... répondit Navarre à ce camouflet. étages en enfilade... C'qu'il faudrait, c'est répéter avec en montrant des dents blanches et — Bien donné, constata Feuillade, riant. un sac. pointues. Je crus qu'il allait me — A qui le dites-vous... Cette garce-là a gardé L'essai fut satisfaisant. mordre. une bague. Qu'est-ce que j'ai pris comme momifie !.. — Musidora, tu es prête ? appela Feuillade. — Cent francs, répéta-t-il. Met Discrètement, l'opérateur prit la parole : — Oui, je suis à vos ordres... petite, ce sont les appointements — Je vous demande bien pardon, mais la... pellicule... — C'est le moment du courage. Grimpe sur l'esca- au Théâtre-Français. Alors ? vous s'est coincée dans l'engrenage... Il faut recommencer. beau, sors ta tête par le vasistas ; il faut absolument comprenez. On donne ~~ ça à M. Syl- Nous recommençâmes la scène dite de la gifle. que tu te rendes compte... de ce que., j'attends de toi. vain, bien... mais à vous 1 Les Folies- Mais cette fois, j'avais pris soin de retirer ma bague. J'entrevis un océan de toits, de tuiles, de zinc, Après le déjeuner, Feuillade revint de la salle de d'ardoises, de mâtures de cheminées, de lucarnes, de ' projection où seul il avait accès, avec l'opérateur. croisées, de fenêtres, à vous abrutir pour tout un jour, Son visage était sombre. rien qu'à les dénombrer. — C'est mauvais ce que j'ai fait ? demandai-je timi- — tu rêves, Musidora ? dement. —■ Ah ! Je suis émerveillée de ce fouillis. Pour tant — Au contraire, c'est très bien 1 Vous êtes éminem- de cheminées, les Parisiens doivent être nécessaire- ment photogénique. Vous êtes la photogénie même. Ce ment un peu fumistes et blaguer... c'est bien leur qui me fiche en rage, c'est ce bon Dieu de Navarre... droit. Navarre, non d'un chien... Vous avez une cravate — Fini de blaguer... Tu suis le chemin du sac papillon dans la scène de la gifle... et dans celle qui jusqu'au bord du toit et tu disparais. précède... celle que nous avons tournée hier sans Musi- — Je disparais ?.. Qui eût pensé que cette petite bonne à l'air candide dora, vous aviez une cravate régate... —• Juste à un mètre en-dessous du toit. deviendrait une vamp célèbre ? Effondré, il répondit ; — ? ? ?.. — Alots, il faut recommencer la scène de la gifle ? — Remarque que tu es attachée... Mais enfin, ne — Bien entendu... et cette gifle-là, vous ne l'aurez t'affole pas. Aie foi en nous. Nous sommes heureux de commencer ci-dessous la pas volée. Le machiniste, gentil, objecta Essayez-moi d'a- publication des souvenirs de Musidora, qui fut, à bord, afin qu'elle ait L'opérateur Manichoux. la belle époque du cinéma muet, l'une des vedettes M. — ÉTRANGLÉE ET PENDUE confiance. —1 Si tu veux. les plus célèbres du film français. Egale de Mireille Comme j'arrivai au studio de la Villette pour une scène à grand tapage, mon cher Feuillade m'interrogea : Je remarquai le fa- Balin ou d'Edwige Feuillère, Musidora fit, en ce —• As-tu du courage ? meux chemin du sac. — Naturellement, est-ce que ça se demande ?.. —• Je suis plus lourde temps de gloire, de nombreux films. Elle reste pré- — Ah, c'est que... Demain matin, rendez-vous non que votre sac... votre sente à la mémoire de tous ceux qui ont pu voir pas au studio, mais dans une maison de la rue corde est-elle solide ? Bolivar... voici l'adresse, la concierge est prévenue, — C'est pour ça que Judex, Les Vampires et tant d'autres ciné-romans à tu grimperas jusqu'au huitième étage, sous les combles. je veux l'essayer. épisodes qui étaient alors plus passionnément atten- Là, on t'attendra. — Merci, mon brave — Quel costume ? Machino. dus qu'aujourd'hui le film bisannuel de Danîelle —• Robe de ville avec jupe assez ample, tu dois Le machiniste enroula Darrieux... sortir d'un vasistas. C'est une chasse sur les toits, et la corde (serrée avec dans mon scénario j'ai trouvé une fin qui m'a fort un noeud coulant « un Dessin de Musidora. amusé. (Feuillade, auteur-metteur en scène, composait nœud marin »), bien avec une véritable virtuosité). assujettie à sa taille. A huit heures précises, je grimpai mes huit étages (A suivre.) I. —UNE GIFLE POUR DÉBUTER jouais une Virginie que cer- de la rue Bolivar. Je glissai le long d'un dédale de tainement n'avait pas conçu Comment ai-je pu conquérir ma place d'étoile Bernardin de Saint-Pierre. firmament cinématographique ? Trois feuillgs brodées sur Et cette vieille femme aux attitudes placides c'est encore Il faut que je remonte à l'année 1913. du tulle me cachaient les Musidora t J'avais déjà un petit « fromage » sur seins, et quinze brins r Musldorafut (Photo Archives.) Dessin de Mu sidora. l'affiche des Folies-Bergère, quand d'herbe en « comète » grande largeur lais- Irma Vep, la M. Gaumont et M. Feuillade saient deviner mon nombril. vinrent un soir se perdre Un grand air de pureté et'de candeur restait première dans ce -délicieux sur mon visage. /amp française music - hall. J ' y Cette candeur me valut d'être convoquée au dans Les Vam- studio Gaumont pour partir en Palestine jouer Bergère ne sont pas considérées au cinéma, dans un film sur la Sainte Vierge. sachez-le ! ■ pires. l'étais curieuse de connaître les studios de Et il m'envoya à M. Feuillade. la maison Gaumont, rue de la Villette. Mais Celui-ci tournait. Après l'extinction des lu- mières, il s'avança vers moi, la main tendue, nez vers moi. Vous êtes encore plus jolie de affable ; près que de loin. — Bonjour, mademoiselle. Permettez-moi de — Merci bien, monsieur... Vous êtes plus vous examiner. Marchez. Tournez-vous. Reve- aimable que M. Aufan. _ — Lui ? C'est un régisseur admirable, l^est son rôle d'être rogue... Sans cela, ça n'est pas vingt acteurs qui attendraient comme ce Un beau maillot de soie transparente. matin, c'est mille... Vous êtes d'accord avec Musidora en « rat d'hôtel ». lui pour les conditions ? — Non, monsieur 1 Je lui ai demandé cent francs par jour, il a levé les bras au ciel... —■ Je crois bien. 1 à Finalement, il tourna la difficulté pour me donner satisfaction et m'engagea pour tourner, le lendemain, avec Navarre, le créateur de « Fantômas ». Coiffée de perles, chaussée de satin a talons rentrants, sur lesquels j'étais mal en passa équilibre, à demi cachée sous un voile de coton soie, à la grecque, d'un genre simplet, -i je devais assurer ma place sur l'écran blanc. La loge de Gaumont était propre, grande, indifférente. C'était un numéro sur une porte. J'étais... n° 8, Musidora. De cette loge, on arrivait de suite aux déçors. Feuillade fit de courtes présentations. Voici Navarre. Voici Musidora, des Fol - Berg Au boulot ! Ne perdons pas de temps 1 BCO bns par. JEANDER

Qualité d'abord I va bientôt nous présenter Par ce mot d'ordre, M. Louls-E. Galey, M. Raoul Ploquin et notre excellent « Le lit à colonnes » qu'il confrère Pierre Autre, chargé de presse au C. O. I. C., entendent bien que a également mis en scène l'ère des hésitations et des erreurs, c'est-à-dire l'ère des « Pension Jonas », lui-même. des « Mademoiselle Swing » et des « Montmartre-sur-Seine » est finie, morte, C'est original, direz-vous. enterrée. Par ailleurs, nouB avons appris La pellicule est devenue trop rare aujourd'hui pour la confier au premier épicier que Marcel Achard se disposait à venu et nous sommes entièrement d'accord avec les responsables du cinéma français faire la mise en scène du dernier pour trouver que « la revanche des médiocres » qui se bousculèrent, au lendemain scénario sorti de sa plume ; la de l'armistice, pour s'emparer des places laissées vacantes par les Juifs, a assez duré. ravissante Blanehette Brunoy écrit, .nou s dit-on, un scénario i M. Guillaume Radot, producteur, dirigera lui-même les prises de Il est évidemment regrettable que de nombreux cinéastes de talent qui avalent 1 trop de dignité pour participer à cette curée se soient tenus ou aient été vues de son prochain film et notre ami, le scénariste-auteur draina- — par force — tenus à l'écart. Mais leur discrétion a permis tout de tique Michel Duron, tiendra un rôle assez important danB « La même, au cinéma français, de faire une profonde révision de ses valeurs fausse maîtresse » dont M. André Cayatte, également scénariste de en examinant les résultats obtenus. Pour prendre un exemple plus son état, assure la mise en scène. concret, nous avons pu mesurer, au cours de l'année 1941-1942, C'est curieux, n'est-ce pas ? . toute la distance qui séparait. M. Jean Grémillon, que nous ne Enfin, on nous annonce des scénarii de connaissons pas personnellement, du nommé Pierre Caron, dont Fernand Ledoux, André Luguet et René Dary ; nous avons, hélas, vu les films. on nous assure que Jean Anouilh et Jean 11 apparaît donc que nous allons assister à une revanche Giono vont mettre en scène leurs oeuvres ; des vrais 'cinéastes, cette fois, et nous ne saurions trop applau- que Pierre Fresnay va récidiver et que Pierre- dir à la déclaration très nette faite récemment par MM. Galey Richard Willm voudrait bien, lui aussi, tâter et Ploquin sur l'orientation nouvelle de notre cinéma. de la caméra. Pourtant, quelque chose nous chiffonne encore et nous Vous avouerez que c'est une véritable allons le dire le plus gentiment possible, tant pour ne épidémie 1.. pas couper le bel élan de notre nouvelle confiance dans Nous assistons là à un curieux phénomène les destinées du cinéma français, que pour ménager les de dédoublement, voire de détriplement de la susceptibilités des personnages connus que nous allons mettre personnalité chez ces messieurs-dames atteints en cause. de scénariose ou de pelliculite aiguë, sans Voilà : Il nous revient çà et là, sous forme d'informations trouver de cause raisonnable à leurs maux. « sensationnelles », que tel auteur, tel acteur ou tel producteur Serait-ce, en ce qui concerne les acteurs, pour corser a décidé de se lancer dans la mise en scène, qui dans la leur publicité ? confection de scénarii, qui dans l'interprétation. Mais, croyez-vous sincèrement que le fait, pour On sait par exemple que liacteur ' vient de Fernandel, d'avoir assuré la mise en scène de son dernier film ajoutera quoi que ce soit à sa a terminer avec Carlo Rim un film dont il est non seule- ment la vedette mais le metteur en scène. On sait popularité 1 que M. H.-G. Clouzot, auteur dramatique et Serait-ce, en ce qui concerne les auteurs, par scénariste, tourne actuellement « L'Assassin habite souci d'économie ? au 21 » et que le producteur Roland Tuai (Suite p. 15.)

Les metteurs en scène Marcel l'Herbier, ...P.-R. Willm, Pierre Fresnay, Roland Tuai, Blan- Christian-jaque, Henry Decoin et Carné (à ehette Brunoy, Fernand Ledoux, Jean Anouilh, Pierre l'extrême droite) n'ont plus Blanchar et Fernandel veulent tourner des films, qu'à se croiser les bras, tandis écrire des scénarios ou manier les claquettes. Marcel que (de gauche à droite), Achard brandit sa plume et Sacha Guitry, auteur- André Luguet, René Dary,... acteur-metteur en scène, règne pacifiquement sur 9 tous...

À

(Photos Harcourt.) UEL artiste, las des politesses Josef Thorak en ' voyant s'épanouir tout à collectives, écœuré dès en- coup, dans sa luxueuse demeure champêtre, que j'ai vu et il m'est doùj vies médiocres et des. hurle- toutes ces fleurs de serre de la ville : mage à tous ceux qui noui ments malséante des ioules Viviane Romance., Junie Astor, Suzy Delair... d'accomplir ce périple à travers qui ne savent jamais que ^ :1< —er et, comme alors le geste de son confrère * lement un pays, mais l'am< Q Pygmalion dut lui paraître sans excuse, car leurs droits sans jamais songer à Jamais, jamais, je n'a! eu à une femme, idéalement changée en pierre leurs devoirs ; quelle âme un peu mon coeur de Français ; jamai pour l'éternité, est une compagne bien plus dense ne s'est éprise d'une solitude n'ai été humilié, amoindri... jamais sylvestre ? C'est que les arbres ont éloquente qu'un peu de chair poudrée à bavardage automatique 1... à abdiquer dans la moindre parcelle de :n le merveilleux pouvoir de faire ren- patrie que j'avais emportée avec moi foi trer l'homme en lui-même, de le Quelle révélation dans ce monumental entière... Je pense aux rois vaincus qui a*i recharger, de rétablir le courant entre atelier 1 Quel prolongement, quelle projec- voient aux pompes des triomphes do jadis ! lui et son destin essentiel qui lui tion de toutes nos petites individualités qui Et, par contraste, je retrouve nos vedette; échappe le plus souvent dans le creuset trop éclataient d'un coup, soufflées par cette dans cette salle du Marmorhau- charnel de nos civilisations dépossédées d'espace. ivresse dionysiaque de l'Art 1.. Modeste, cette loge impériale de l'Opéra de Vlennt Ce ve d'un artiste qui se réalise pleinement aussi petit que nous devant ces groupes re acclamées, admirées, parce quelles étais! au sein de la nature, je ne le' croyais plus prométhéens mais le front à la Beethoven, comme l'incarnation de la beauté de i possible 1 Je ne croyais plus l'humanité désor- Josef Thorak présentait ses sublimes créa- Francs... mais susceptible d'aimer assez ses créateurs pour tures de marbre... Et nous avions déjà l'air Vaincus ? Oh, non, conquis 1,. Mais conqui leur donner la possibilité de la méditation. Pour d'ombres, parce que toutes ses statues nous par le cœur 1 Et je me remémore un prinetp moi, les temps modernes étaient devenus les dépassaient de la tête jusque dans les siè- de physique qu'on pourrait, dès à piésen véritables Moloch de l'élite ; ils ne la toléraient cles à venir... pourvu qu on le veuille, appliquer à la que pour mieyx l'étouffer ; le nombre amputait Pour nous rapatrier à une échelle humaine, à l'Allemagne, à l'Europe : celui des âme la qualité ; la bêtise innombrable gouvernait ; et pour nous permettre de respirer, de repren- communicantes ; tout au fond du vase, il l'esprit devait renpncer dès qu'il se détachait de dre terre, il fallut que le petit homme génial aurait les mauvais résidus, mais s'étageant la foule, autant dire qu'il n'existait plus. nous montrât, dans l'air végétal retrouvé, ses même niveau, fluidique, subtil, délié et san Or ce fut un des plus magnifiques miracles beaux chevaux tout blancs, don lastueux du cesse se vivifiant l'un par l'autre, l'esprit d de ce voyage à travers l'Allemagne en guerre, Fiihrer, modèles perpétuels de vif argent que cette soudaine confrontation, dans les soli- nos deux peuples. avec, dans son atelier, leur élan parallèle, On oublie trop que la civilisation d'un conti tudes forestières de Baldham, loin de la ville, miré en marbre, bientôt, dans quelque Pro- entre nous, qui repré- nent est solidaire... pylée, en avancé vers l'avenir. Je ne prétends surtout pas convaincre eau: sentions avec noe étoiles Devant les pur-sang, nos poupées étoi- d'une saison ce qu'il qui se chloroforment dans un passé qui, qu< lées, qui n'avaient rien osé dire en présence que soit l'avenir, ne reviendra y a de plus précaire de leurs merveilleuses compagnes de pierre, jamais ? Ceux qui guettent notr dans l'immédiat, et retrouvèrent aussitôt leur voix. un artiste véritable retour pour dire au cas où nou — Oh, qu'ils sont beaux 1 aurions trouvé tout mal en AUc dont l'âme ne Et nous allâmes prendre le thé. Les pré- peut s'épanouir magne : — Ah, vous voyez bien séances mondaines reparurent incontinent : et qui, dans le cas contraire, or que dans le — Passez donc... temps. une exclamation toute prête :. * — Après vous, mon cher, etc... Oui-da, voyage de propa Comme je Jusqu'à présent, avec le maître, chacun comprends Sur une terrasse à Paris, Albert J'écris pour les seuleB âmes di de nous avait échaigé assez peu de mots. bonne volonté et pour défendre l'effroi du 11 avait indiqué, esquissé, prolongé quelques Préjean, Suzy Delair, Junie Astor, sculpteur au nom des meilleurs homme gestes grandioses de ses pierres ailées. Et René Dary.Vi viane Romance, Pierre d'Allemagne, les meilleurs parre Viviane, à moins que ce ne fût Suzy Delair, Heuzé et André Legrand échan- les nôtres... J'écris, dans c avait dit : — Charmant 1 Magnifique 1 gent leur dernières impressions. néant provisoire qu'entraîne tout Qualificatifs usuels et limités qu'on en- défaite, pour les âmes d'Ici, Iso tend à foison, à longueur des galeries lées, qui se cherchent, qui recom paumes que nauB avons serrées, il y d'exposition ! mencent. avait déjà comme un monde que l'on josef Thorak ne pariait pas français ; mais Et je crois à l'avenir de mon pays recrée, le nôtre, celui de toutes les il possédait cette langue intérieure qui prend précisément parce que j'ai entendu ses racines dans le cœur et bat harmonieuse âmes de bonne volonté, la patrie immortelle, celle qu'on peut sanB fin battre le cœur ■ de l'Allemagne I et cadencée comme le rythme artériel des J'écris non pas aux ordres mais rna.rées... En le regardant dans ce home recommencer dès qu'on la .sculpte avec son âme, parce que, ayant repris fierté à si intime dont la décoration lumineuse nous Berlin, à Vienne, à Munich, je restfl Là, je l'avoue, autour de cette évoque quelque gentilhommière normande, à l'ordre de la France. je pense au surhomme de Nietzsche, mieux table, dans cette pièce tiède où vient parfois se cacher, méditer et à quelque Prométhée, qui loin d'avoir été F I N terrassé dans son rôle de porte-feu, aurait se reprendre familièrement Hitler, été récompensé pour le don unanime de sa dont le vrai visage n'est pas flamme spirituelle. En vérité, je me plais à encore fixé sur la toile des Temps ; retrouver Beethoven devant ce masque puis- là, mieux peut-être qu'à Ber- sant, ce front bombé et ravagé, avec cette lin, qu'à Vienne, qu'à Mu- tête léonine, dantesque, dantonesque où les nich, que partout où s'imprime yeux bleus d'une étrange douceur fleurissent en cent traits, son action sans fin ingénument comme un peu de mer concen- recommencée ; là, dans cette trée. Ses mains aussi sont musiciennes, intimité où le génie a comme pareilles à ce que devaient être celles qui l'abandon primesautier do l'ado- laissaient sourdre en elles les rumeurs bien- lescence, j'ai compris tout ce qui tôt agrandies de la « Neuvième Symphonie » ; pouvait demeurer de ferveur et JËL on devine à les voir modeler quelque expres- d'humain dans un grand destin. : sion intime, la chaleur de leur sang, leur Avoir pris en charge le tension de rameaux, leur tendresse béné- bonheur de toute une commu- fique pour magnifier, exalter et éterniser nauté de peuple, quelle tâche 1 quelque chair fragilement périssable. Il y a mais garder encore assez de Junie Astor et là la femme du sculpteur qui lui sert de richesse, d'abondance, de sécu- notre rédac- modèle et qui lui sourit, et le chien fami- rité psychique pour permettre teur en chef. lier, et le feu dans la haute cheminée, à un artiste véritable de tra- comme autant de broderies heureuses, de vailler loin des foules qu'or, motifs entrecroisés dans la symphonie inté- entraine, dans la solitude, dans la quiétude, sur les rieure de ce créateur. cimes, tout aux confins de l'humanité, qu'est-ce donc, Au mur, des vierges du XIVe, du XV* siè- si on ne peut pas appeler cela de la grandeur ?.. cle ; un Van Dyck qui solennise quelque ancienne grande dame nordique, le suaire Le lendemain, nous montions vers lîi Haute Bavière au blanc violet d'une sainte Véronique... et visitions à Garmisch, l'Olympla-Skistadion, vide, Par les fenêtres, le fard tardif de la der- dans le printemps qui perçait, de ses milliers de nière neige... Des bougies brûlent sur la sportifs enthousiastes. table. La poutre centrale avec ses agrès Notre séjour à Munich se termina par une soirée au a l'air d'un grand vaisseau calme, immo- Tannenhof, chez le Reichsleiter .Karl Fischer. Pour la bile, au sein des îles les plus merveilleuses : dernière fols, il nous fut donné de constater la magni- fique hospitalité allemande,' la celles que l'on porte en soi 1 cordialité sans ombre, l'abandon Et je suggère, dans cette immobilité où de bons camarades. C'est ainsi Suzy Delair toute la vie du monde se réfugie soudain que dans une partie de boules dans notre cœur, les routes autostrades, ui se prolongea fort tard, Albert raconte ses leurs bolides tels des globules effervescents ; réjean rivalisa avec les meil- souvenirs à et, au-delà, toujours plus loin, à bout de leurs Joueurs bavarois. Jean Luchaire, nos rêves, les statues gigantesques de Puis, ce fut ParlB, Thorak, suspendues, ailées, dérivées vers .le président de ciel, comme des enjoliveurs de l'infini. CONCLUSION la Corporation Nous devions rester cinq minutes pour une Je n'en voudrais point faire. : nationale visite officielle. Nous sommes restés des J'ai été sincère comme chacun heures... Nous ne parlions pas allemand. Le de nous le fut au cours de ce grand sculpteur ne parlait pas français... voyage qui ne sentit, jamais la Et nous nous sommes compris).. Et dans ses I 1 NDU ut

d'avoir été écrit avec deux encres, l'une fluide et charmante, l'autre étrangement lourde et épaisse. Il y a des répliques excellentes et qui portent, d'autres qui pèsent cent kilos. Mais, dans l'ensemble, l'aven- ture amoureuse de ce libraire provincial, fraîchement débarqué à Paris, et qui se fait passer pour un explorateur aux yeux d'une vedette de music-hall qu'il aime, est souvent séduisante. Jean-Pierre Feydeau l'a mise en scène. C'est son premier film et il a de quoi lui donner confiance. Trois vedettes comiques animent cette histoire de leur verve inépui- e avec le sable. Ce sont Arletty, Jean Tissier et Alerrhe. Par ailleurs, Pauline qui iou Carton met son esprit'au service d'un rôle inexistant, est Pierre Larquey et l'on sait ce que cela représente d'agrément, Guillaume recherche et les tire de la Seine ou des bars. Car les symptômes indiscutables de la de Sax est parfait de tact ci de mesure, et Jimmy Gaillard confirme maladie sont l'envie de. se jeter à l'eau ou le besoin de s'enivrer... les espoirs mis en lui. / On l'appelle Désert — un nom de désespoir — mais il est plus connu sous celui d'Aimé Clariond. Il a installé son hôpital dans une ancienne abbaye de Touraine. LA NEIGE SUR LES PAS C'est là qu'il entraîne un jeune garçon prénommé Jacques et nommé Jean Davy, De la neige sur les pas, peut-être, mais il y a surtout du mou dans %près l'avoir arraché à la boisson. Le malheureux avait aimé une jeune fille, Clara, la corde à nœuds. Et ce n'est pas l'architecte Romenay, héros tra- qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Ginette iLeclerc, Mais elle lui avait tourné ,3À .glque de cette aventure adultérine, tirée d'un roman d'Henry le dos. L'n cas superbe pour M, Désert 1 II lui administre à haute dose drogues et Bordeaux, qui nous dira le contraire. Quelle histoire ! Que de discours psychologiques. grands mots, un peu trop petits et de paroles définitives qui L'effet bienfaisant se "'j .ne sont jamais définitives. fait sentir aussitôt. Quoi de plus fastidieux que la conduite de cet homme Mais l'entrée à la cli- d'allure énergique qui ne prend une détermination que nique d'une jeune déses- pour ne pas la suivre et décide de ne pas faire pérée, Jacqueline Lau- telle chose que pour la faire aussitôt ! On ne peut rent, qui se couvre du qu'en rire comme on rit de sa manie de nom anonyme de Mi- ne prendre le train de l'aller que pour reille, vient t«ut compro- sauter dans celui du retour. mettre. JEAN. HENAI.l). Pourtant tout n'est pas mauvais. Il y a, Suite page 15. tout d'abord, Pierre Blanchar et Michèle Alfa, qui sont remarquables et qui ont Jacqueline Laurent bien du mérite. Il y a le dialogue de Bernard Zimraer qui brille parfois de profite d'un instant de quelques bonnes répliques et la mise en liberté pour guetter scène d'André Berfhomieu qui ne manque Georges Marchai. pas de talent. De plus, on revoit avec plaisir la belle et attachante Josseline Gaël, Georges Lan- nes qui, par hasard, joue un rôle sympa- thique; Jean Toulout et Gaston Jaquet, deux revenants ; Marcelle Praince, excel- lente, et Pauline Carton dans un rôle in- digne d'elle. Mais la vedette du film c'est l'ennui, c'est une vedette qu'il eût mieux valu éviter.

DIDIER DAIX. Ce film commencé par Henri Fescourt a Photos Eclair-Journal, C. C. F. C, ot Boisserçnd. été terminé par Walter Kapps. Cela n'est pas fait pour arranger un film ni donner de l'unité à une réalisation. Cependant, la mise en scène n'est pas particulièrement Jean Tissier et sa colombe dans malhabile et l'on ne remarque pas le dé- L'Amant de Bornéo. calage. Il eût fallu, pour qu'on y prêtât atten- tion, que la qualité même du film nous y convie. Le scénario qui conte une histoire cent fois céntée et le falot dialogue ne permettent pas d'attacher quelque impor- tance à tout cela. Marie Bell, Jean Galland et Le Vigan se débattent comme ils peuvent dans toute cette banalité et n'ont pas trop de tout leur talent pour être acceptables. Ginette L'amour veille, Georges Marchai Leclerc à de l'éclat et de la verve flans un guette Ja|gueline Lautent.. rôle antipathique, et Blanchette Brunoy, en toute sensibilité. Citons aussi Philippe Richard, le Bordelais Rullier, Ketty Pier- • son, Mihalesco et Germaine Reuver. L'amour guérit de l'amour. Mais L'AMANT DE BORNÉO il faut croire que le remède n'est II y a du bon et du mauvais. Marie Bell, vedette tour- pas encore suffisant, car un homme Et tout d'abord l'idée est excellente. mentée par la gloire,dans a ouvert un hôpital pour amoureux blessés. C'est celle d'une pièce bien faite de Roger Vie Privée. On y apporte son cœur désagrégé et le pra- Ferdinand et José Germain qui fut créée ticien — sorte de rebouteur de la fibre sen- au théâtre Daunou, idée de comédie, mais sible <— le recalciile et s'efforce d'en faire dont le développement a le tort de tomber parfois dans le .vaudeville. un mouvement d'horlogerie dont rien, pas L'adaptation de Roger Ferdinand est inégale. Certaines scènes écrites même un regard de femme, ne pour- spécialement pour l'écran sont inférieures, inutiles ou ratées, témoins ra plus altérer la régularité. celle de l'ours échappé qui ne nous mène nulle part, et la plupart de Autrement dit, le cœur ne connal- ^| celles que jouent Pauline Carton. Quant au dialogue, il donne l'impression tra plus les impulsions désordon- nées de l'amour. Ce curieux' guérisseur re- crute sa clientèle parmi les déçus et les déchus du no- ble sentiment. Ce n'est plus le médecin qui attend la visite de ses malades, c'est lui, tel un apôtre, Nqui les

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J§1 If CINE-MONDIAL CINE-MONDIAL RÉDACTION et ABONNEMENTS : ADMINISTRATION FRANCE ET COLONIES 55, Champs-Elysées Six mois I 00 fr. PARIS-Ier CINE-JOURNAL Un an I 95 fr. Registre Commercial : Téléphone : Seine 2-44.459 B NOTRE RUBRIQUE D'INFORMATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES BALzac 26-70 SIX FILMS EN SIX JOURS

On a donné le premier tour de mani- L'histoire jugera si nous avions raison RÂIMU REMBOURSE velle du premier film satirique français: de les critiquer... Af. Girouette. Dès qu'ils eurent abandonné le pla- teau, on vit les invités se ruer à leur A cette occasion la Nova-Film avait place. Mais quelques-uns firent la gri- un prêt de 50.000 francs... invité la presse et quelques amis au mace après avoir porté les coupes de Zazou-bar. Champagne artificiel à leurs lèvres. Le Zazou-bar où M. Girouette et C'était plutôt fade... ce que buvaient les ...avec 10 % d'intérêt M. Cordial discutaient de la jeunesse figurants. Mais l'apparence y était... swing... Bientôt, ils furent conviés à se rat- gent, lui confie une somme de , le bienfaiteur! Eh bien! traper au bar. Le moins qu'on puisse 50.000 francs. oui. Tel sera son rôle dans son On put remarquer parmi les figurants dire à la vue du buffet était que la Haimu empoche cette petite prochain film, d'après un scénario la présence de quelques-uns de ces spé- Nova-Film faisait somptueusement les fortune avec promesse de lui faire d'A'shelhé. cimens swing qui hantent les cafés des choses... rendre le maximum. M. Burtin est Champs-Elysées, M. Muzard, le produc- Quand une firme se mêle de faire six Espérons que le grand artiste, teur, avait tenu à les prendre sur le films en six jours, elle ne peut agir aux anges. • après le film, en gardera quelque vif. Cela devenait du documentaire. qu'en grand seigneur. Quelques semaines plus tard, chose. • Raimu n'est plus le même. Il condescend à écouter les propos du commandant en retraite Tour- nefeu et même à manger à la table familiale. CACOPHONIE DE Il va souvent chez M. Burtin, qui le reçoit toujours les bras ouverts... VIOLONS D'INGRES — Comment allez-vous ? — Mais, très bien, comme vous (Suite des pages 8 et 9.) le voyez... Les producteurs auraient-ils été sé- Effectivement, Raimu donne duits par les scénaristes venus leur des signes de prospérité. proposer un scénario avec adaptation, — J'ai quelque chose pour dialogue et mise en scène, tout com- vous, lui dit-il un jour, et il lui pris ce un prix de gros ? tend une liasse de billets de mille On se demande vraiment par quel hasard contagieux ces messieurs-dames francs. Il y en a cinquante. ont subitement constaté que les heu- —■ Mais ce n'était pas pressé, reux cumuls de Sacha Guitry ou de proteste le quincaillier. Marcel Pagnol les empêchaient de — Ce n'est pas tout, dit Raimu, dormir 1 je vous dois les intérêts... les Bien sûr, nous savons fort bien que voici... notre ami Michel Duran, en acceptant Haimu est devenu d'une géné- un rôle, ne fait que revenir à ses pre- rosité affolante. Tout arrive. L'histoire ne tarde pas à courir mières amours. Au cours d'un séjour à Sérigny, les rues. On est stupéfait de la Nous n'ignorons pas que M. André Kaimu a gagné la confiance du générosité de Raimu. A son. pas- Luguet n'en est pas à un scénario quincaillier, AI. Burtin, et celui-ci, sage, on le salue du nom flatteur près et que M. René Dary a de l'ins- qui désire faire fructifier son ar- de « Bienfaiteur ». tiuction. Mais, pour la plupart des autres im- pétrants, nous craignons que ce violon a'Ingres qu'ils saisissent avec un en- Photo N. dt.Morgàti. En extérieur ; train communicatif n'aboutisse, en fin Mousses. Réal. : J. Dre ville. A Tou- de compte, qu'à des fausses notes, des Le Coin... lon. grincements saugrenus et des couacs malencontreux... L'HOMME QUI JOUE 2 ROBES Cette semaine, au studio : Patricia. Réal. ; P. Mesnier. Vallée de Car nous avons souvenance d'un Billancourt : L'assassin habite au 21 Chevreuse. ceitain « Duel » que le remarquable Réal. : H.-G. Clouzot. Régie : Metchi On prépare : acteur Pierre Fresnay livra à la mise AVEC LE FEU PAR JOUR kian. — La fausse maîtresse. Réal. Les affaires sont les affaires. Dans en scène et dont il sortit nettement (Suite de la page 7.) (Suite de la page 2.) A. Cayatte. Régie : Olive-Continental cette production Moulins d'or, réalisée battu, sinon guéri... Neuîlly : Mariage d'amour. Réal. par J. Dréville, le rôle de Lechat sera Bref, nous nous demandons si les A la vue de Mireille, le cœur de Les robes étaient montées, cousues à H. Decoin. Régie ; Bryau-Continental définitivement tenu par Charles Vanel.' aébuts de ces messieurs-dames dans Jacques recommence à battre un peu larges points. Il y en avait sur cinq

ou six chaises. Par laquelle commen- Buttes-Chaumont : Haut le vent. Le paritaire du spectacle est chargé de^ des métiers difficiles et délicats ne vite. Mais ça devient d'une vivacité cer l'essayage ? Réal. : J. de Baroncelli. Régie : Genty- petits rôles et figuration. Cette firme vont pas s'accompagner de tâtonne- extrême quand Mireille, de son côté, Minerva. réalisera en août La grande marnière, ments, d'hésitations et d'erreurs dont accélère les mouvements du sien sous C'était un plaisir pour les yeux. Après avoir enfilé la robe du soir, fait Francœur : A vos ordres, madame. roman de Georges Ohnet, adapté par le stock réduit de la pellicule dont les regards de ce jeune voisin Ber- Réal. : I. Boyer-Pathé. — A la belle H.-A. Legrand et Roger Ferdinand. nous disposons fera les frais. la moue sur deux plis qui n'étaient pas nard-Georges Marchai. de son goût, Louise Carletti s'age- frégate. Réal. : A. Valentin. Régie : Mise en scène de Jean de Marguenat. Nous nous demandons si nous souf- Guillot-Régina. Retour de flamme. Nous ne pouvons frons en France d'une telle pénurie de L'intervention de M. Désert est de- nouilla devant les autres, comme une encore annoncer la date de tournage techniciens cinéastes qu'il faille faire enfant devant ses jouets ou les cos- vancée par l'apparition soudaine de Photosonor : Madame et le mort. de ce film. La production ne reçoit appel à des apprentis volontaires ? tumes de ses poupées... Réal. ; L. Daquin. Régie : Rivière- Clara. Il se trouve que Clara ne s'est plus. Général-Film, 61, av. Marceau. Tel n'est pas, en tout cas, l'avis de Etait-ce perplexité ? Etait-ce admira- Sirius, Capitaine Fracasse. Pour ce film M. L.-E. Galey, commissaire du gou- pas contentée de briser le cœur de Saint-Maurice : Hommage à Georges tion juvénile ? Etait-ce déjà la jeune d', il n'a pas été encore vernement au cinéma, qui écrivait Jacques. Elle avait auparavant mu- Patricia, élevée à la campagne, puis Bizet. Réal. ; L. Cuny. Régie : Mahaut- prévu de date pour la réception des récemment dans son article fort perti- tilé celui de M. Désert. Sa présence transplantée à Paris, qui s'initiait au De Cavaignac. petits rôles et la figuration. Lux, 26, r. nent paru dans « Comcedia » : jette le feu aux poudres. Jacques et luxe... et qui songeait que tant de Les visiteurs du soir. Réal. : M. Car- « La France possède une réserve in- de la Bienfaisance. | M. Désert se querellent. Mireille et couleurs ne valaient pas celles de la né. A Nice. Régie : Hartwig. Lettres d'amour. C. Autant Lara dé- comparable d'auteairs, de réalisateurs, Bernard se jettent dans les bras l'un nature, la rouille des toits, le vert des coupe en ce moment ce film de la d'acteurs, de techniciens. C'est une bois, le bleu du ciel de Normandie... production Synops. A la régie : Saurel, inépuisable richesse qu'il suffit de de l'autre. Finalement, la tentative Louise Carletti jouait déjà son rôle... qui ne reçoit pas encore. savoir employer, » du guérisseur tourne à sa honte. On G. F. Les ailes blanches. Ce film de Robeil Nous avouons sincèrement avoir plus pend son effigie à un arbre avec la ON DIT QUE... Péguy, pour U. F. P. C, ne sera tourné confiance en Louis Daquin, André mention : On ne badine pas avec que vers le 25 août. Zwobada et Robert Vernay, pour ne Vamour. ...Notre confrère René Celerier, sur Le loup des Malveneur. Cette réa- citer que trois metteurs en scène débu- PRENEZ DATE... une musique de Lucien-Marie AuM, lisation U. T. C, verra le jour le tants, mais qui ont appris soigneuse- Telle est l'histoire qui nous sera 13 juillet, ^au studio Gaumont. Inutile ment leur métier, qu'en Giono, Anouilh vierat de publier une chanson : révélée par le film de Jean de Li- Notre confrère Vedette offre, diman- Français, réveille-toi, chant de la de déranger • pour le moment. ou Pierre-Richard Willm qui n'ont pu l'apprendre, à la rigueur, que sur un mur : L'homme qui joue avec le feu. che, au Paramount, un gala avec le France nouvelle. Les couplets et le film La loi du Printemps, et un beau refrain témoignent, de nobles senti- Pathé-Baby d'occasion... A. R-, programme de vedettes du music-hall. ments ; la musique est ailée. ...du Figurant Qu'on nous comprenne bien : Nous ne voulons empêcher personne de s'essayer à un autre métier que le sien, mais nous aimerions que ce ne soit pas au détriment de profession- nels qualifiés. Nous ne* voyons aucun inconvénient à ce que Fernand Gravey collectionne les soldats de plomb, qu'Albert Pré- jean achète un chalutier et nous n'avons pas la prétention d'empêcher M. Guerlais, producteur, d'avoir des idées dé scénario, surtout si elles sont bonnes. Mais nous eussions préféré voir M. André Cayatte écrire des romans de la même veine que ceux qu'il si7na avec Philippe Lamour, plutôt que de s'adon- ner subitement à la mise en scène. Mlle Blanchette Brunoy, aux côtés de qui nous déjeunâmes, un jour, à l'occasion de quelque banquet, et qui nous confia qu'elle adorait faire la cuisine, ne nous en voudra pas si nous lui disons franchement que nous aime- rions mieux déguster un de ses civets de lapin, plutôt que son scénario ?.. Quant à notre ami Michel Duran, nous pouvons lui déclarer d'ores et déjà que le rôle antipathique qu'il vient d'accepter de jouer dans « La fausse maîtresse » ne réussira pas à lui aliéner la moindre parcelle de la sympathie que nous avons pour lui. L'ennui, voyez-vous, c'est qu'il y a au C. O. I. C. une longue liste de techniciens en chômage dont il im- porte de tenir compte, surtout après le contingentement qui vient d'être décidé sur notre production. Il y a des scénaristes qui n'arrivent pas à placer de bons scénarii — (Il est peut-être utile de préciser que l'auteur de ces lignes n'écrit pas de scénarii) — il y a des metteurs en scène de talent qui ne tournent pas et il y a de bons comédiens de second ou même Cadum de premier plan qui né jouent pas. C'est pourquoi nous demandons gen- SAVON DE TOILETTE timent à tous les auteurs, acteurs et producteurs qui veulent essayer lsur nouveau violon d'Ingres de bien réflé- chir avant de s'en servir... VENDU CONTRE TICKET m SOCIÉTÉ CAOUM S. A, COURBEVOIE (SEINE) ...Quand ce ne serait que pour éviter 3 d'écercher les oreilles du C. O. I. C. par leurs couacs...

te Gérant : Robert MUZARD O Imp. CURIAL-ARCHEREAU, Il à 15, rue Curial, Paris.-6-42. O Édition Le Pont O 55, Avenue des Champs-Élysées, Paris. — R. C. Seine 24-4.459 B O N° d'autorisation 22.