Sur ma g´en´ealogie scientifique fran¸caise

Didier Henrion

Octobre 2010

1 Motivation

Durant l’´et´e2010 j’ai effectu´equelques recherches sur ma g´en´ealogiescientifique, afin de compl´eterla base de donn´ees[Mathematics Genealogy Project]. Dans ce document j’ai regroup´equelques informations sur le profil des scientifiques constituant ma branche g´en´ealogiquefran¸caise. Le 12 octobre 1999 j’ai obtenu ma th`esede doctorat fran¸caise[Henrion, 1999] de l’Institut National des Sciences Appliqu´ees(INSA) de , devant un jury constitu´ede Christian Burgat (pr´esident), Luc Dugard, Michel Malabre (rapporteurs), Jacques Bernussou, Vladim´ırKuˇcera,Bernard Pradin (examinateurs) et Sophie Tar- bouriech (directrice de th`ese).Les travaux de th`esecombinaient des r´esultatsd’automatique dans la lign´ee des travaux d’Aleksandr Lyapunov (chercheur russe du d´ebutdu XX`emesi`ecle,contemporain d’Henri Poin- car´e,et pr´ecurseurde l’´etudedes syst`emesdynamiques), pour ´etudierla stabilit´ede syst`emeslin´eairesdont les actionneurs saturent, et des r´esultatsd’optimisation convexe et de math´ematiquesappliqu´ees,concernant les in´egalit´esmatricielles lin´eaires,particuli`erement adapt´ees`ala commande des syst`emesen pr´esenced’incertitudes param´etriqueset de mod´elisation. On notera la pr´esencedans le jury de th`esede Bernard Pradin, alors professeur d’automatique `al’INSA de Toulouse. Ses cours, ainsi que ceux de Germain Garcia, Christian Mira et Andr´eTitli, sont `al’origine de ma vocation. En 1998 j’ai ´egalement obtenu un doctorat de l’Acad´emiedes Sciences de la R´epubliqueTch`eque,mais je compte d´ecrirema g´en´ealogietch`equedans un autre document.

2 Sophie Tarbouriech

Sophie Tarbouriech, titulaire d’une maˆıtrise`es-sciences de l’Universit´ePaul Sabatier de Toulouse, ´etaiten 1999 charg´eede recherche au CNRS en poste au Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Syst`emes(LAAS), une unit´ede recherche du CNRS situ´ee sur le campus de Lespinet `aRangueil, au sud-est de Toulouse, dont l’histoire sera d´etaill´eeplus loin dans ce texte. Elle effectuait alors ses travaux dans un groupe de recherche dirig´epar Jacques Bernussou depuis 1995, suite `ala restructuration des groupes de recherche en automatique du LAAS men´eepar Alain Costes, directeur du laboratoire de 1985 `a1996. Depuis le milieu des ann´ees1980, Jacques Bernussou fut un pionnier de l’application de m´ethodes d’optimisation (en particulier programmation lin´eaire, puis programmation semi-d´efinie)pour la commande robuste, qui ´etaitalors un th`emede recherche en vogue. Il a notamment encadr´eles doctorats de Jos´eC. Geromel [Geromel, 1979], Pedro L. D. Peres [Peres, 1989] – la coop´erationfranco-br´esilienneen automatique est mentionn´eedans [Lettre, 2008, pp. 28-29] – et Denis Arzelier [Arzelier, 1992], ce dernier ayant encadr´ele doctorat de Dimitri Peaucelle [Peaucelle, 2000], principal porteur au LAAS du projet de conf´erencemondiale d’automatique patron´eepar l’IFAC (International Federation of Automatic Control [Zaytoon et Dion, 2008]) qui aura lieu `aToulouse en 2017. En 1994 Sophie Tarbouriech a encadr´emon stage de diplˆomed’´etudesapprofondies sanctionnant mes ´etudes d’ing´enieur.Ce stage a ´et´eeffectu´edans le groupe de commande des syst`emes non-lin´eairesdirig´ealors par Jean- Pierre Babary, le directeur de th`esed’Isabelle Queinnec [Queinnec, 1990]. La sp´ecialit´ede Sophie Tarbouriech

1 Figure 1 – Une partie du groupe MAC (m´ethodes et algorithmes de commande) du LAAS-CNRS en 2004. De gauche `adroite, en haut : Christophie Prieur, Isabelle Queinnec, Juan-Carlos Z´u˜niga-Anaya, Jacques Bernussou, au milieu : Vincent Mahout, Fr´ed´ericGouaisbaut, Brigitte Ducrocq, Dimitri Peaucelle, en bas : Didier Henrion, Germain Garcia, Sophie Tarbouriech.

´etaitl’´etudede la stabilit´edes syst`emeslin´eairesen pr´esencede saturations sur les actionneurs, dans la lign´ee de ses travaux de doctorat [Tarbouriech, 1991]. Sa th`esede doctorat, d´elivr´eepar l’Universit´ePaul Sabatier de Toulouse, a ´et´esoutenue le 5 f´evrier1991 devant un jury constitu´ede Yves S´evely (pr´esident), Pierre Borne, Jean-Michel Dion, Andr´eFossard (examinateurs) et Christian Burgat (directeur de th`ese).

3 Christian Burgat

Christian Burgat, licenci´e`es-scienceset ing´enieurde l’Ecole Nationale Sup´erieured’Electronique, d’Electrotech- nique et d’Hydraulique de Toulouse (ENSEEHT), ´etaiten 1991 professeur d’automatique `al’Institut Universi- taire de Technologie (IUT) de Toulouse. Sa th`esede doctorat [Burgat, 1970] a ´et´esoutenue le 28 octobre 1970, d´elivr´eepar l’Universit´ePaul Sabatier de Toulouse (alors nouvellement cr´e´eecomme ´emanationde l’Universit´ede Toulouse), devant un jury constitu´ede Yves S´evely (pr´esident), Georges Grateloup, Christian Mira (examinateurs), Marc Pelegrin (membre invit´e)et Georges Giralt (directeur de th`ese).Sa th`esetraitait des probl`emesde commande des syst`emesp´eriodiques, comme par exemple les satellites en orbite. Yves S´evely ´etaitprofesseur d’automatique `al’Universit´ePaul Sabatier, et chercheur au LAAS-CNRS depuis sa cr´eationen 1968 jusqu’en 1988. Il a notamment d´emarr´eles recherches sur l’automatique num´erique`aToulouse [Lettre, 2008, page 9]. Il a soutenu son doctorat en 1958 sous la direction de Maximilen Tessi´e-Solier,dans la continuation des travaux de Jean Lagasse en ´electrotechnique [S´evely, 1958]. Yves S´evely fut notamment le directeur de th`esede doctorat de Fran¸coisRoubellat [Roubellat, 1966], ce dernier ayant encadr´ela th`esede doctorat de Jean-Bernard Lasserre [Lasserre, 1978]. Georges Grateloup ´etaitdirecteur du D´epartement de G´enieElectrique de l’INSA de Toulouse, et il fut directeur

2 du LAAS-CNRS de 1977 `a1980. Marc Pelegrin ´etaitdirecteur de l’Ecole Nationale Sup´erieurede l’A´eronautiqueet de l’Espace (Supa´ero,jouxtant le LAAS, fond´eeen 1909 par Jean-Baptiste Roche et d´elocalis´eede au campus de Lespinet `aToulouse en 1968) et directeur et fondateur du Centre d’Etudes et de Recherche de Toulouse (actuellement laboratoire de l’ONERA).

Figure 2 – Attracteurs ´etrangesd’´equationsaux r´ecurrences´etudi´eespar J. Bernussou et C. Mira, simul´eessur calculateur analogique en 1973 (photo de Jean Dieuzaide). On retrouve ´egalement des images de ces attracteurs dans [Abraham and Ueda, 2001, Chapitre 8].

Christian Mira ´etaitmaˆıtrede conf´erences`al’INSA de Toulouse, et il venait d’encadrer la th`esede doctorat de Jacques Bernussou [Bernussou, 1970]. Il a ´egalement encadr´ela th`esede Jean-Pierre Babary en 1965. Apr`es son doctorat avec Jean Lagasse en 1961, il fut un pionnier de l’´etudedes syst`emes dynamiques (comportement des ´equationsr´ecurrentes non-lin´eaires,dans la lign´eedes travaux de Henri Poincar´een , George David Birkhoff aux Etats-Unis et de l’´ecolesovi´etiqued’Aleksandr Andronov et Lev Pontryagin), menant au LAAS [Lagasse et Mira, 1972] puis ensuite `al’INSA des recherches fondamentales sur cette th´ematiqueavec Igor Gu- mowski de l’Universit´eLaval de Qu´ebec, qui rejoindra ensuite l’Universit´ede Toulouse [Aubin and Dahan, 2002]. Christian Mira d´ecritlonguement ces activit´esdans [Abraham and Ueda, 2001, Chapitre 8], et mentionne no- tamment ses difficult´es pour mener ce type de recherche dans le contexte scientifique toulousain d’alors. En 1994, j’ai moi-mˆemeenvisag´ed’effectuer mon stage de fin d’´etudessous la direction de Christian Mira `al’INSA, avant de m’orienter vers le LAAS.

4 Georges Giralt

Georges Giralt fut directeur adjoint du LAAS depuis sa cr´eationen 1967 jusqu’en 1974. Il re¸cula m´edaille d’argent du CNRS en 1972. Il d´emarrales activit´esde robotique au LAAS au milieu des ann´ees1970, voir [Lettre, 2008, pp. 44-45]. Il a notamment dirig´eles th`esesde doctorat de Joseph Aguilar-Martin [Aguilar-Martin, 1965] – ce dernier ayant d´ecritune courte histoire de l’automatique au LAAS dans [Lettre, 2008, pp. 42-43]) – de Raja Chatila ([Chatila, 1981] – directeur du LAAS de 2007 `a2010 – ainsi que celle de Malik Ghallab [Ghallab, 1982] – directeur du LAAS de 2003 `a2006. Georges Giralt dirigea en 1966 la th`ese en g´enie´electriqued’Alain Li´egeois,lequel encadra en 1971 les travaux de th`esede Bernard Pradin sur la commande de l’attitude des satellites. Bernard Pradin fut un de mes professeurs d’automatique `al’INSA. Il fut directeur du D´epartement de G´enieElectrique de cette ´ecole. Il dirigea en 1998 la th`esed’Olivier Bachelier, un coll`egueet ami de promotion INSA maintenant `al’Universit´ede Poitiers. Ing´enieurENSEEHT, licenci´e`es-sciences,Georges Giralt a soutenu sa th`ese de doctorat en ´electronique[Giralt, 1958] le 17 mai 1958 `ala Facult´edes Sciences de l’Universit´ede Toulouse, devant un jury constitu´ede Pierre Dupin

3 Figure 3 – Y. S´evely, J. Lagasse et G. Giralt au LAAS en 1976 (photo de Jean Dieuzaide).

(pr´esident), Maximilien Teissi´e-Solier,Emmanuel Dubois (examinateurs) et Jean Lagasse (directeur de th`ese). On peut consulter la vid´eo d’une interview de Georges Giralt relatant son parcours sur le site internet [Patrimoine].

Figure 4 – Les intitul´eset logos successifs du LAAS, extrait de [Flaash, 2008]. En 2009 le LAAS a adopt´eun nouveau logo, non repr´esent´eici.

4 5 Jean Lagasse

Jean Lagasse fonda en 1956 le Laboratoire de G´enieElectrique (LGE) de l’ENSEEHT, dont il fut le directeur jusqu’en 1971. Ses motivations sont formul´eesdans un entretien avec Michel Grossetti en 1990 report´edans [B`es,2005] : “l´electrotechnique classique ´etaitune discipline vieillissante qu’il convenait de moderniser, il man- quait un esprit d’ouverture vers l’industrie ; je voulais d´emarrerdes enseignements et des recherches dans le domaine tout `afait naissant, `al’´epoque, en France, des servo-m´ecanismeset des asservissements.” L’´equipe “Automatique et Electronique associ´ee”dirig´eepar Jean Lagasse voit ses effectifs rapidement port´es`a30 `a 40 membres et prend assez vite des contacts industriels. Sur la base du LGE, il fonda ainsi le LAAS en 1967 (`al’origine associ´eau CNES, d´enomm´eLaboratoire d’Automatique et de ses Applications Spatiales, puis en 1971 Laboratoire d’Automatique et d’Analyse des Syst`emes,et enfin en 1995 Laboratoire d’Architecture et d’Analyse des Syst`emes),et le diriga jusqu’en 1974. Il fut `al’origine du d´epartement de Sciences Physiques pour l’Ing´enieur(SPI) du CNRS, qu’il dirigea `apartir de 1976. Voir [Lettre, 2003] pour un hommage `aJean Lagasse suite `ason d´ec`esen 2003. Yves S´evely y mentionne que “dans le domaine scientifique, Jean Lagasse a ´et´eun visionnaire de tout premier plan en ce qui concerne le rˆolede lAutomatique, une discipline exotique en France, connue seulement de quelques militaires. Jean Lagasse `aToulouse et Ren´ePerret `aGrenoble ont ´et´e les premiers universitaires `aen comprendre le formidable potentiel. Ainsi, il ma fortement incit´e`aminvestir dans cette discipline avant mˆemela soutenance de ma th`esed´electrotechnique (qui ´etaitla prolongation de la sienne). Je nai pas h´esit´e`arefuser un poste de professeur en ´electrotechnique pour rester avec lui, dans le Laboratoire quil venait de cr´eeret dont je suis fier davoir propos´ele nom (Laboratoire de G´enieElectrique) lors dune r´eunion`atrois avec Robert Lacoste.” Dans [B`es,2005] il est mentionn´equ’on peut penser que Jean Lagasse a jou´ele rˆolede v´eritabledirecteur de th`esede Robert Lacoste. Ce dernier a obtenu sa th`ese`es-sciences physiques en 1959. Il encadra celle de Joseph-Pierre Fantin en ´electroniqueen 1966, lequel dirigea en 1988 la th`esed’automatique de Germain Garcia, un de mes professeurs d’automatique `al’INSA. Germain Garcia dirigea en 1997 la th`ese de Jamal Daafouz, un coll`egueet ami de promotion INSA `apr´esent professeur `aNancy et membre junior de l’Institut Universitaire de France. Ing´enieurde l’Institut Electrotechnique de Toulouse, licenci´e`es-sciences, Jean Lagasse soutient son doctorat en ´electrotechnique le 24 mai 1952 [Lagasse, 1952] devant un jury compos´ede Charles Camichel (pr´esident), L´eopold Escande, Pierre Dupin (examinateurs) et Maximilien Teissi´e-Solier (directeur de th`ese). L´eopold Escande ´etaitprofesseur de m´ecaniquedes fluides `ala Facult´edes Sciences de l’Universit´ede Toulouse, ´elumembre de l’Acad´emiedes Sciences en 1954. Pierre Dupin ´etaitprofesseur d’´electrotechnique `ala Facult´e des Sciences.

Figure 5 – Le LAAS `asa cr´eationen 1968.

6 Maximilien Teissi´e-Solier

Maximilien Teissi´e-Solier´etaitprofesseur d’´electrotechnique `ala Facult´edes Sciences de l’Universit´ede Toulouse. En 1936, il re¸cule prix Boileau de l’Acad´emiedes Sciences pour ses travaux en hydraulique. Il fonda en 1956

5 le Laboratoire d’Electrotechnique et d’Electronique Industrielle (LEEI) de l’ENSEEHT, dont il fut le directeur jusqu’en 1967.

Figure 6 – M. Teissi´e-Solieren 1967, lors de la c´er´emonie organis´eepar le LEEI pour son d´epart`ala retraite.

Sa th`ese de doctorat en hydraulique a ´et´esoutenue le 23 d´ecembre 1931 devant une commission d’examen compos´eede Paul Sabatier (pr´esident), Maurice Roy, Denis Eydoux (examinateurs) et Charles Camichel (directeur de th`ese). Paul Sabatier, ´etudiant et assistant de Marcellin Berthelot au Coll`egede France, a soutenu sa th`ese`al’Universit´e de Paris en 1880. En 1882 il accepta un poste `al’Universit´ede Toulouse, dont il devint le doyen de la Facult´edes sciences en 1905. Il continua d’y enseigner apr`essa retraite, et pratiquement jusqu’`asa mort en 1941. Il re¸cut notamment le prix Nobel de Chimie en 1912. On trouvera un hommage `aPaul Sabatier par Charles Camichel dans [Camichel, 1957] et quelques ´el´ements bibliographiques dans [Lattes, 2004].

Figure 7 – Institut Electrotechnique de Toulouse (1907) devenu ensuite Institut d’Electrotechnique et de M´ecaniquede Toulouse (1913), puis ENSEEHT (1956).

7 Charles Camichel

Charles Camichel, re¸cu`a18 ans `al’Ecole Polytechnique et `al’Ecole Normale Sup´erieure(ENS), opta pour cette derni`ere(1889). Il s’installa `aToulouse en 1900, fonda l’Institut Electrotechnique de Toulouse (IET) en 1907, et resta son directeur jusqu’en 1941. Il fut ´elu membre de l’Acad´emiedes Sciences en 1936. On trouvera sa biographie dans [Le courant, 2006], ainsi qu’une historique de l’IET dans [Crausse, 2008, Chapitre 4]. Pour une description des acteurs historiques du g´enie´electrique`aToulouse et sa r´egion,voir aussi [Marty, 1971]. Charles

6 Camichel a donn´eson nom `ala rue jouxtant l’ENSEEIHT dans le quartier Saint Aubin. Elle d´ebouche sur la rue L´eopold Escande qui longe le canal du midi. Le passage suivant est extrait d’un article [Camichel, 1895b] relatant ses travaux de th`ese: “Qu’il me soit permis, en terminant, de remercier tous ceux qui se sont int´eress´es`amon travail, en particulier MM. Violle et Brillouin, maˆıtresde conf´erencesde Physique `al’Ecole Normale, qui m’ont admis dans leurs laboratoires et n’ont cess´ede me prodiguer leurs pr´ecieuxconseils, M. Dufet, maˆıtrede conf´erencesde Min´eralogie`al’Ecole Normale, et M. J. Werlein qui m’a rendu un tr`esgrand service en m’initiant `ala taille des cristaux”. Charles Camichel soutient son doctorat le 13 f´evrier1895 [Camichel, 1895] pour obtenir le grade de docteur `es sciences physiques `ala Facult´edes Sciences de Paris devant une commission d’examen constitu´eede Friedel Charles (1832-1899), pr´esident, Edmond Bouty (1846-1922) et Henri Pellat (1850-1909), examinateurs. Il d´edie sa th`ese`ases maˆıtres Jules Violle et Marcel Brillouin. Il semble qu’`acette ´epoque les directeurs de th`ese n’apparaissaient pas dans les commissions d’examen.

Figure 8 – L. Escande et C. Camichel.

8 Jules Violle

Jules Violle (1841-1923) est un physicien qui ´etudia`al’ENS o`uil se lia avec Edouard Branly. Alors qu’il enseigne dans divers lyc´ees,Louis Pasteur qui l’avait connu et appr´eci´e`al’ENS lui propose de venir travailler dans son laboratoire `aParis. Il passe sa th`esede docteur `es-sciences physiques le 12 aoˆut1870 [Violle, 1870], devant une commission d’examen constitu´eede Paul Desains (pr´esident), Charles Briot et Louis Troost, examinateurs. Son m´emoireest compl´et´epar une ´etudedes travaux de Pasteur sur les fermentations. Paul Desains (1817- 1885) ´etaitun physicien qui occupa la chaire de physique de 1853 `a1885. Charles Briot (1817-1882) ´etaitun math´ematicienet physicien qui a notamment publi´edes livres avec Claude Bouquet sur les fonctions elliptiques et leur g´en´eralisation,les fonctions ab´eliennes. En 1881 Jules Violle propose un ´etalonpour l’intensit´elumineuse qui sera par la suite largement adopt´e. Il est ´egalement l’inventeur du calorim`etre`arefroidissement, principe de base de la bouteille thermos. Il ne m’a pas ´et´epossible d’identifier clairement qui ´etaitle directeur de th`esede Jules Violle, mais il semble que ses travaux ont ´et´efortement influen´cespar Louis Pasteur.

9 Marcel Brillouin

Marcel Brillouin (1854-1948) est un physicien et math´ematicienqui a notamment contribu´eau d´eveloppement de la m´ecaniquequantique. Il ´etudia`al’ENS mais fut surtout int´eress´epar les cours du physicien Eleuth`ere Mascart au Coll`egede France. Dans [Lattes, 2004] il est mentionn´eque Marcel Brillouin se lia d’amiti´eavec Paul Sabatier et Emile Picard `al’ENS. Marcel Brillouin ´epousa la fille d’Eleuth`ereMascart, devenant ainsi le gendre du math´ematicienCharles Briot.

7 Figure 9 – J. Violle.

Marcel Brillouin soutient un premier doctorat `es-sciencesmath´ematiquesle 23 juillet 1880 [Brillouin, 1880] `ala Facult´edes Sciences de Paris devant une commission d’examen constitu´eede Charles Briot (pr´esident), F´elixTisserand et Jules Tannery (examinateurs). Cette th`eseest d´edi´ee`ala m´emoire d’Ernest Bersot (1816- 1880), philosophe, directeur de l’ENS depuis 1871 et qui venait de d´ec´eder.Felix Tisserand (1845-1896) ´etait le professeur d’astronomie math´ematique`ala Sorbonne auquel succ´edaHenri Poincar´e.Jules Tannery (1848- 1910) ´etaitun math´ematicienqui avait effectu´eses travaux de th`eseen 1874 sur les int´egralesdes ´equations diff´erentielles lin´eaires`acoefficients variables, sous la direction de Charles Hermite. Il a notamment form´eEmile Borel, Paul Painlev´eet Jacques Hadamard. Marcel Brillouin soutient un deuxi`emedoctorat `es-sciencesphysiques le 27 juillet 1882 [Brillouin, 1882] `ala Facult´edes Sciences de Paris devant une commission d’examen constitu´eede Paul Desains (pr´esident), Jules Jamin et Henri Debray (examinateurs). Jules Jamin (1818-1886) ´etaitun physicien, et Henri Debray (1827-1888) ´etaitun chimiste. Cette th`ese est d´edi´ee`aEleuth`ereMascart. Un des fils de Marcel Brillouin, L´eonBrillouin, ´etait´egalement un physicien renomm´e.Les travaux de L´eon Brillouin sur l’effet de r´etroactiondans les amplificateurs `ar´esistancesont mentionn´esdans la Partie 3 de la th`ese[Remaud, 2004] d´edi´ee`ala naissance de l’automatique en France. Tout comme pour Jules Violle, il ne m’a pas ´et´epossible d’identifier clairement qui ´etaient les directeurs des th`esesde Marcel Brillouin. Il me semble que sa th`esede math´ematique`a´et´einfluenc´eepar les travaux de Charles Briot sur ce qui allait par la suite s’appeller les syst`emesdynamiques [Picard, 1928]. Sa th`esede physique semble avoir ´et´einfluenc´eepar les travaux d’Eleuth`ereMascart.

8 Figure 10 – Premier congr`esSolvay en 1911. Assis (de g. `adr.) : Walther Nernst, Marcel Brillouin, Ernest Solvay, Hendrik Lorentz, Emil Warburg, Jean Baptiste Perrin, Wilhelm Wien, Marie Curie et Henri Poincar´e. Debout (de g. `adr.) : Robert Goldschmidt, Max Planck, Heinrich Rubens, Arnold Sommerfeld, Frederick Lindemann, Maurice de Broglie, Martin Knudsen, Friedrich Hasen¨ohrl,Georges Hostelet, Edouard Herzen, James Jeans, Ernest Rutherford, Heike Kamerlingh Onnes, Albert Einstein et .

10 Quelques remarques finales

Un article r´ecent [Adams, 2010] observe qu’il y a actuellement un certain engouement pour les g´en´ealogies scientifiques, et essaye d’en analyser les causes. Ce document s’inscrit dans cette mouvance, en s’arrˆetant `a l’Ecole Normale Sup´erieurede Paris `ala fin du XIX`emesi`ecle car la paternit´escientifique semble alors beaucoup plus d´elicate`a´evaluer que la simple pr´esenced’un directeur de th`eseofficiel mentionn´esur un document. Je poursuivrai peut-ˆetreun jour ces recherches. Il est int´eressant d’observer la d´erive th´ematiquequi s’est produite au fil des ans, essentiellement due aux politiques d’am´enagement du territoire, mais ´egalement aux opportunit´eshumaines et `ades rencontres parfois fortuites. Aux normaliens polyvalents du XIX`emesi`ecle,dont les profils sont tr`esg´en´eralistes,succ`edent des scientifiques dont les domaines d’expertise sont de plus en plus pointus. En partant des math´ematiques, de la physique et de la chimie parisiennes de l’ENS, on aboutit `al’automatique toulousaine et ses applications a´erospatiales,en passant par le d´eveloppement des g´enieshydrauliques et ´electriquesmidi-pyr´en´eensdu d´ebut du XX`emesi`ecle.

Remerciements

Je remercie Arlette Evrard du Service de Documentation-Edition du LAAS-CNRS et le personnel de la Bi- blioth`equede l’Universit´ePaul Sabatier pour leur assistance `ala recherche des documents anciens. Je remercie

9 ´egalement Olivier Bachelier, Pierre Crausse, Gilles Millerioux, Christian Mira, Isabelle Queinnec, Sophie Tar- bouriech et Bernard Trannoy pour leur aide et leurs remarques.

Figure 11 – Ma g´en´ealogiescientifique fran¸caiseainsi que celle de certains de mes coll`eguesdu LAAS-CNRS.

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