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Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm Université de Metz Etudesgermaniques August Hennf,ngs et sa rcvue Der Gen'ûusder Zeit Tome 1 Thèseprésentée en vue de I'obtention du Doctorat BIStIOTHEûUËUIJIVÈR$ITAII?E par Maria TARDIFF L/B eflP [?qqosir- ,..*9 Directeur de recherche : Monsieur le Professeur Année universitaire fean MOES 1994-1995 de I'Université de Metz ]e remercietoutes les personnesqui m'ont aidée dans ce travail et particulièrement Monsieur le ProfesseurJean MOES de I'Université de Metz, pour ses conseilset ses encouragements. INTRODUCflON Il est difficile d'expliquer quand, comment et pourquoi nous avons choisi d'étudier un auteur comme August Hennings, dans ses rapports avec la revue dont il a êtê, à la fois, l'éditeur et le princip"l rédacteur de 7794 à 1800, sous le b:tre Dq Genius der Zeit, puis, de 1801 à 1802, sous celui de Der Genius des neunzehntenJahrhunderfs, parce que ce choix touche précisément, très souvent, à des convictions ou à des sympathies personnelles. Il est des raisons qui tiennent simplement à une certaine attirance pour un pays, un mode de pensée, une population, bref, un terroir, et qui sont d'ordre individuel, mais il en est d'autres qui concernent chacun de nous. Ce sont précisément celles-ci que nous nous efforcerons de relever et de souligner, avec, nous I'espérons, le plus possible d'objectivité. Qu'est-ce qui peut donc nous amener, aujourd'hui, à nous intéresser à cet écrivain qui a vécu au Danemark, dans la deufème moitié du XVIIIème siècle et au début du KXème siècle, c'est-à- dire à l'époque de Goethe ? Il nous est très vite apparu que cet auteur étalt, sous certains aspects, résolument moderne. En effet, nous trouvons par exemple, dans sa revue, des accentsincontestablement pacifistes. Il nous faut ici indiquer que, ce que nous n'hésitonspas à appeler le pacifisme de Hennings, un pacifisme qui, d'ailleurs, n'est pas exempt de contradictions -2- internes, a eu la chance de cohabiter et de coexister avec le neutralisme du gouvernement danois de cette époque. Hennings utilise, par deux fois, dans sa revue, I'image du "serpent" et de la "colombe", une première fois, dans I'article 9 de janvier 1796, pour justifier la fuite à l'étranger du général La Fayette, et une deuxième fois, dans I'article 6 de mars 1801.,à propos de la censure avec laquelle il s'agit de ruser : or, le serpent est le symbole de la ruse, mais c'est aussi celui du savoir et de la sagesse,tandis que la colombe, par sa blancheur, est le symbole de I'innocence, mais c'est aussi le symbole de la paix et I'emblème des pacifistes. La problématique de I'exil volontaire ou imposê par les circonstances,à cette époque de guerres et de bouleversementsrévolutionnaires, ainsi que les abus d'un pouvoir qui pouvait être souvent despotique, ressemblent, bien évidemment, à celle qui fut engendrée, plus tard par le nazisme. Par conséquent,il n'est pas étonnant que Hennings ait pu développer, à son époque, des réflexes ou des théories apparentéesà celles de la "résistance passive" ou de ce qu'on a appelé, sous le troisième Reich, l"'exil intérieur" de certains écrivains. Il n'est pas inintéressant d'observer, dans les réponses que donne Hennings face à la violence, une certaine continuité avec certains milieux intellectuels allemands, européens ou américains de notre siècle. Il serait peut-être prématuré de faire de Hennings un adepte précoce de la non-violence, mais il nous faut souligner, quand même, qu'il pourfend, avec constance, dans sa revue, pêle-mêle, tous les va-t-en-guerre,la pratique des duels, Ie droit du plus fort, la classenobiliaire dont il souhaite qu'elle abandonne son idéologie guerrière pour se tourner vers des occupations plus utiles à la société.Là -3- n'est pas le moindre des paradoxes de Hennings : il est même prêt à tolérer la guerrer pour peu qu'il soit sûr qu'elle va ramener la pai4 une paix stable et durable qui soit, pour ainsi dire, inscrite, par les politiques, dans les institutions. Ce dernier aspect des çhoses s'apparente, bien sûr, à I'idée fondatrice de ce qui s'appelle aujourd'hui la Communauté européenne. Dans un article de Annalen der leidenden Menschheit (article 10, tome II, 1796), autre revue publiée par Hennings, il est même question, sous la plume d'un certain Megapenthes, de la souffrance des animau< engagés dans les combats : ceci nous renvoie à la description que fait Erich Maria Remarque de ces chevaux agonisant sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, dans son célèbre roman A '1.929. l'ouest rien de nouoenu,publié en Le pacifisme est une force, ce dont Hennings avait parfaitement conscience,lorsqu'il écrivait, dans le '1,802 huitième article d'août de Der Genius des neunzehnten lahrhunderts, que rien n'était "plus révolutionnaire que la haine des révolutions". La publication de sa revue est donc une déclaration de guerre aux révolutions et une croisade journalistique contre les guerres. Cette croisade s'est poursuivie, dans notre siècle, en France, contre la guerre d'Algérie, puis, sur les campus universitaires des Etats Unis d'Amérique, contre la guerre du Vietnam, et se poursuivra aussi longtemps que la violence survivra. On peut même se demander si cet engagementde Hennings pour la paix n'a pas indirectement joué un rôle dans cette rocambolesque affaire de duel où on a cherché, manifestement, à le liquider physiquement. Le second point qui permet d'affirmer qu'on peut lire encore au- -4- -jourd'hui I'oeuvre de Hennings tient moins à sa personne qu'au mouvement d'idées auquel il appartient, à savoir la philosophie des Lumières, gd a connu quelques éclipses, notamment lors de fortes poussées nationalistes, mais qui, tel une source qui disparalt sous terre, réapparalt au grand jour, là où on ne I'attendait plus. Certes, il ne s'agit plus, aujourd'hui, de vivre exactement le même rêve de cosmopolitisme que les philosophes éclairés, car ce rêve, pour eux, s'est finalement brisé et un rêve est unique et ne se répète jamais de la même façon, mais il nous rappelle néanmoins que nous avons besoin de I'utopie pour surviwe et qu'il nous est toujours permis de rêver sinon un rêve identique, du moins un rêve similaire. Hennings est moderne, parce qu'il porte son regard par-delà les frontières étroites de son pays et que lui ou ses collaborateurs ont déjà confusément le sentiment d'appartenir à une entité plus vaste que nous nommerons, pour simplifier, I'Europe. Hennings reprend par ailleurs le flambeau de la tolérance, autre point fort de la philosophie des Lumières, un flambeau qu'il a pris des mains de son ami Moses Mendelssohn, philosophe juif qui avait probablement inspiré Lessing pour son personnagede Nathan le Sage.La tolérance, là encore, idée tant prisée par les philosophes éclairés,au premier rang desquels il nous faut citer Voltaire, est, aujourd'hui encore, ce qui fait le plus défaut à nos civilisations. La lutte pour la tolérance a aujourd'hui changé de nom, elle s'appelle par exemple, en France, "laïcité". Le combat qu'a mené Hennings contre tous les fanatismes n'est pas démodé, car le fanatisme réapparaît, à chaque époque, sous des masques divers, mais tout aussi hideux les uns que les autres. Il s'appelait naguère "fascisme",il s'appelle -5- aujourd'hui "extrémisme", "intégrisme" ou "fondamentalisme". Enfin, I'individualisme de Hennings est encore, plus que jamais, une composante moderne de nos sociétés dites "occidentales". On peut d'ailleurs en penser ce que I'on veut, mais c'est par individualisme que Hennings a pu s'opposer aux dérives totalitaristes, en affirmant notamment la primauté de I'individu sur toute organisation politique de la société, avec toutes les conséquencesque I'on peut imaginer sur le droit de propriété, le droit de communiquer ou le droit d'émigrer, ou plus généralement ce que I'on appelle, sans trop savoir ce qu'ils recouvrent, les droits de I'homme. L'individualisme est également l'une des sources qui ont mené Hennings ou ses collaborateurs au libéralisme économique dont nous savons aujourd'hui qu'il s'est imposé presque partout dans le monde et qu'il a supplanté notamment les théories marxistes de l'économie planifiée. Il est donc intéressant de comparer les règles du libéralisme de Hennings à celles qui prévalent aujourd'hui. Enfin, Hennings, sur bien des points, a montré une lucidité qui fait de lui, par instants, presque un visionnaire, ainsi lorsqu'il prédit le gigantisme futur des villes américainesou lorsqu'il qualifie I'Amérique, dans l'artide de janvier 1796sur La Fayette,de "colossede notre époque et du futur", ou bien quand il perçoit, très tôt, derrière le chef de guerre Bonaparte, le futur monarque de la France/ ou encore lorsqu'il n'exclut pas, dans I'article 8 d'octobre 1802,face au chaos de son époque, un possible retour de la barbarie en Europe, "dans quelques siècles".