Attractivité Du Territoire Français Pour Les Talents
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Attractivité du territoire français pour les talents internationaux AVRIL 2016 Yves BONNET n Emmanuel SALIOT Attractivité du territoire français pour les talents internationaux AVRIL 2016 Inspection générale des finances N° 2015-M-083 RAPPORT ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE FRANÇAIS POUR LES TALENTS INTERNATIONAUX Établi par YVES BONNET INSPECTEUR GENERAL DES FINANCES EMMANUEL SALIOT INSPECTEUR DES FINANCES AVEC LA PARTICIPATION DE REMI BIGEARD, STAGIAIRE ELEONORE DERVIEUX, STAGIAIRE - AVRIL 2016 - Rapport SYNTHESE La lettre de mission interministérielle du 17 novembre 2015 vise à renforcer l’attractivité du territoire français pour les talents étrangers, avec une approche ciblée sur les déterminants individuels des choix d’implantation des talents « économiques » : CEO et membres de COMEX des groupes internationaux et fondateurs, salariés et business angels des écosystèmes de start-ups. * La mobilité internationale des talents est devenue une nécessité pour les entreprises pour se rapprocher de leurs marchés. Elle est également vitale pour les start-ups qui ont besoin de modèles de développement génériques et dont l’accélération de la croissance passe nécessairement par l’international. Cette mobilité est également devenue indispensable aux talents eux-mêmes, que ce soit pendant leur parcours de formation ou le déroulement de leur carrière. Ainsi, selon Campus France, la mobilité des étudiants dans le monde est en constante progression : 4 millions d’étudiants en 2012, soit un doublement en douze ans. Par ailleurs, il y aurait d’après PWC, 200 millions d’expatriés dans le monde, dont 1,8 M sont français, 4,2 M allemands et 4,8 M britanniques. La mobilité internationale change de visage. L’approche classique est centrée sur un modèle de recherche d’intégration qui ne répond plus aux besoins des meilleurs talents actuels. Ceux-ci aspirent à circuler librement, c’est-à-dire à faire des passages plus ou moins longs dans les pays selon les opportunités offertes, sans rechercher une installation définitive. Le doute des investisseurs se traduit dans l’évolution du nombre d’implantations de sièges sociaux en France qui concernent directement la première population de talents économiques étrangers : de 2012 à 2014, la France a attiré deux fois moins de sièges sociaux que le Royaume-Uni et moins que l’Allemagne, ce qui semble lié à la préférence marquée des « BRIC » pour ces deux derniers pays. Cette attractivité discutée de la France est également visible dans la concurrence des écosystèmes de start-ups de l’Allemagne et du Royaume-Uni, même si les indicateurs sont plus imprécis : le montant moyen levé par opération est plus élevé au Royaume-Uni et en Allemagne qu’en France, ce qui est un indice favorable d’accompagnement financier du développement des start-ups dans la durée. L’avis global des décideurs internationaux sur l’attractivité du territoire français est très différent selon qu’ils sont implantés en France, avec 80 % d’avis favorables en 2015 ou qu’ils ne le sont pas, avec seulement 45 % d’opinions favorables. Les investisseurs se montrent notamment prudents dans trois domaines particuliers : le niveau de la fiscalité, le coût du travail et l’environnement juridique. De plus, seuls 33 % des investisseurs étrangers jugent efficace la politique de promotion de la France à l’étranger, alors que l’un des « trois facteurs qui dynamisent les talents (en plus de la compétitivité économique ou fiscale) est l’existence de « communications multicanales centrées sur l’attractivité urbaine ». En termes d’image, Londres a réussi à promouvoir sa position de HUB mondial, alors que les autres capitales continentales sont davantage vues comme d’influence européenne. A cet égard, une étude PWC tente de cerner les motifs des écarts entre Paris et Londres, et fait ressortir trois concentrations d’indicateurs défavorables à Paris : l’accès à la technologie, avec 4 critères défavorables sur 4 ; les aéroports internationaux, avec également 4 critères défavorables sur 4 ; le dynamisme économique, avec 12 critères défavorables sur 18, soit les deux-tiers, avec le caractère aggravant supplémentaire que, dans 8 cas sur les 12, l’écart est supérieur ou égal à cinq rangs de classement. - 1 - Rapport Sur le plan des déterminants individuels, les trois facteurs les plus « irritants » sont la gestion administrative au sens de l’obtention d’un visa et d’un titre de séjour (pour 61 % des répondants), le climat social et la fiscalité des particuliers (à égalité, pour 70 % d’entre eux). Ainsi, selon le baromètre AmCham-Bain de 2015, le système social reste le principal atout français et le poids de la fiscalité des particuliers le principal frein à l’attractivité du territoire français pour les talents. * Compte tenu de ces éléments d’analyse, la première série de propositions consiste à organiser la communication vis-à-vis de l’étranger, en nommant un directeur de la communication économique extérieure pour l’État, en construisant une image professionnelle et dynamique de la France au moyen d’un concours international, en structurant les sites internet dans le cadre d’une charte et en privilégiant l’utilisation des réseaux sociaux, en organisant une veille proactive contre les risques du French bashing. Dans cet ensemble, le « centre de ressources unique » destiné plus particulièrement aux talents économiques doit jouer un rôle important, en coordonnant les informations administratives utiles aux futurs impatriés. Une RIM serait nécessaire pour lancer ce projet. La deuxième série de propositions vise à coordonner les acteurs ayant une influence potentielle sur l’attractivité économique de la France, au niveau central, en créant une mission interministérielle placée auprès des ministères économique et financier, et au niveau local, en s’appuyant sur les Direccte comme interlocuteurs, à la fois des diverses administrations locales sollicitées par les talents économiques et d’un réseau à créer de Welcome Offices des métropoles. Par ailleurs, l’Insee et le CGET doivent être mobilisés pour évaluer de façon fiable la consistance des sièges sociaux, des écosystèmes de start-ups et la présence des talents étrangers en France, ce qui nécessitera de retenir préalablement des définitions indispensables à la mesure de l’attractivité de la France. Les mouvements de fragmentation des sièges et d’internationalisation des conseils d’administration et des COMEX, qui visent à se rapprocher des marchés, mettent les CEO et membres de COMEX davantage en mesure de décider de l’implantation d’une partie des fonctions des centres de décision et, par contre coup, des centres de recherche et de production. C’est pourquoi une troisième série de propositions concerne la fiscalité des personnes, en veillant à ne retenir que peu de mesures (le plafonnement des cotisations sociales et le régime des stocks options), soutenables budgétairement, en espérant qu’elles seront suffisantes en termes d’attractivité. Pour ce qui concerne les acteurs des écosystèmes de start-ups, outre la mise en œuvre de la proposition de « compte épargne investisseur » faite par le Premier ministre, la mission suggère d’étendre le régime de « jeune entreprise innovante » aux start-ups pour des raisons économiques et réglementaires solides et pour un coût raisonnable, puisque la définition de la cible reste à poser. Une quatrième série de propositions a pour objet de simplifier la délivrance des titres de séjour et l’immatriculation à la sécurité sociale, en priorisant les talents économiques qui forment une population test restreinte et à moindre risque sécuritaire ou de fraude, en évaluant par des moyens externes la mise en œuvre des décisions prises et en renforçant peu à peu la confiance vis-à-vis des talents par des moyens de scoring des risques, de recommandations par les acteurs économiques qui ne peuvent prendre un risque de réputation et de continuité de l’organisation et des systèmes d’information entre visa et titre de séjour. Enfin, une dernière série de mesures ciblées vise à renforcer la lisibilité de l’offre éducative française, en développant l’information pour les publics étrangers et les passerelles avec les standards internationaux. - 2 - Rapport Au terme de ses travaux, la mission considère que l’attractivité de la France pour les talents économiques étrangers ne peut pas être isolée de l’attractivité globale de l’économie française ou du retour des Français de l’étranger, indispensables à notre dynamisme et à notre réussite collective. Nous vivons dans un écosystème qui se renforce ou qui au contraire périclite, selon le nombre et la qualité de ses participants. - 3 - SOMMAIRE INTRODUCTION ........................................................................................................................................... 1 1. UNE VUE CONTRASTEE DE L’ATTRACTIVITE DE LA FRANCE POUR LES TALENTS ETRANGERS .......................................................................................................................................... 3 1.1. Le dynamisme est le premier déterminant d’attractivité des talents économiques ............................................................................................................................................... 3 1.1.1. Une économie moins dynamique ................................................................................................ 3 1.1.2. Une communication institutionnelle insuffisante............................................................... 5 1.2. A défaut, un ressenti individuel contrasté et des particularismes