UNIVERSITÉ DE TOAMASINA

FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION *************** DÉPARTEMENT DROIT ***************

MÉMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAITRISE EN DROIT PRIVÉ

« LE PHÉNOMÈNE DU VOL DES BOVIDÉS »

(Cas du District d’)

Présenté et soutenu par :

Jery Elis RANDRIAMIHANTA

Option : Droit Privé Promotion : 2010-2011

SOUS LA DIRECTION DE:

ENCADREUR ENSEIGNANT ENCADREUR PROFESSIONNEL Monsieur Jules Madame Noro Haja Nirina HARIZANDRY RANDRIAMANANTENA Enseignant Chercheur à l’Université de Magistrat du 1er grade près la Cour Toamasina Suprême de

ANNÉE 2012

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SOMMAIRE

RÉMERCIEMENTS LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES GLOSSAIRE INTRODUCTION ...... 6 PREMIÈRE PARTIE : LA NOTION DU VOL DES BOVIDÉS ET SES PRATIQUES AU NIVEAU DU DISTRICT D’ANDILAMENA...... 9 CHAPITRE I : LA NOTION DU VOL DES BOVIDÉS ...... 11 SECTION I : LA LOCALISATION DÉMO-GÉOGRAPHIQUE DU DISTRICT D’ANDILAMENA ...... 11 SECTION II : LES DÉFINITIONS ET HISTORIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR ...... 13 CHAPITRE II : LA PRÉSENTATION DES PRATIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA ...... 19 SECTION I : LES DIFFÉRENTES CAUSES DE LA PRATIQUE DU VOL DES BOVIDÉS ...... 19 SECTION II : LES DIFFÉRENTES MANIFESTATIONS DU VOL DANS LE DISTRICT D’ANDILAMENA : ...... 22 DEUXIEME PARTIE : LE DROIT POSITIF FACE AU VOL DES BOVIDÉS, ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE ET ÉBAUCHE DE SOLUTIONS ...... 28 CHAPITRE I : LE DROIT POSITIF FACE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 30 SECTION I : ADOPTION DE LA LOI RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 30 SECTION II : LES CONSÉQUENCES DE L’ADOPTION DE LA LOI ...... 35 CHAPITRE II : ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS ET L’OPTIMISATION DES NORMES RELATIVES AU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR ...... 39 SECTION I : LES ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA ...... 39 SECTION II : LA RATIONALISATION DES NORMES RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 42 CONCLUSION ...... 47 BIBLIOGRAPHIE ...... 49 ANNEXES ...... 51 LISTE DES ILLUSTRATIONS ...... 58 TABLE DES MATIÈRES ...... 59

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RÉMERCIEMENTS

Le présent travail de mémoire est conçu pour couronner la fin de notre cycle universitaire. Son aboutissement n’aurait jamais été possible sans les nobles et louables contributions des différentes personnalités à qui respectivement, nous voudrions adresser nos très humbles remerciements. Premièrement, notre remerciement est adressé à monsieur Julien VELONTRASINA, Doyen de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Toamasina qui malgré ses multiples tâches, n’a pas ménagé ses efforts dans la réalisation de cet ouvrage ; Ensuite, nous tenons à remercier aussi madame HARIZANDRY Noro Haja Nirina, notre encadreur enseignant car devant les difficultés auxquelles nous avons dû affronter, elle ne nous a jamais laissé tomber ; Nous tenons à adresser notre gratitude à monsieur RANDRIAMANANTENA Jules, Magistrat du 1er grade près la Cour Suprême de Madagascar, notre encadreur professionnel puisque devant les maintes rencontres pour des modifications et les corrections, il a toujours fait preuve de disponibilité sans faille ; Par leur compétence et par leur disponibilité, nous remercions tous les enseignants du département de Droit à l’Université de Toamasina, parce que les bases théoriques qui nous ont été dispensées depuis la première année nous ont fourni une énergie dans la rédaction de cet ouvrage ; Nous tenons à remercier tous les responsables de la Compagnie de la Gendarmerie à Andilamena, tout le personnel de l’Administration Pénitentiaire à ; qui nous ont fourni toutes les informations utiles au contenu de cet ouvrage ; Nous ne pouvons pas nous passer de remercier nos parents, car sans leur support moral et surtout matériel, ce présent travail n’aurait jamais vu le jour ; Enfin, mes profondes reconnaissances s’adressent à tous les condisciples qui nous ont fait toujours preuve d’esprit d’équipe, et de collaboration dans les phases difficiles de la réalisation de cet ouvrage.

Merci à Tous !

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LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

Bde A/mena : Brigade Andilamena

Bde M/vo : Brigade Miarinarivo

BR : Bœufs Récupérés

BV : Bœufs Volés

CAA : Chef d’Arrondissement Administratif

CCS : Cour Criminelle Spéciale

CNE : Capitaine

CP : Code Pénal

CV : Cas du Vol

G1C : Gendarme Première Classe

G2C : Gendarme deuxième Classe

GCCIE : Groupement du Commandant de la Compagnie

GHC : Gendarme Hors Classe

GP1C : Gendarme Principal de la Catégorie première Classe

GP2C : Gendarme Principal de la Catégorie deuxième Classe

GPCE : Gendarme Principal de Classe Exceptionnelle

GPHC : Gendarme Principal de Hors Classe

GST : Gendarme Stagiaire

IA : Individu Arrêté

JO : Journal Officiel

LT : Lieutenant

OPJ : Officier de Police Judiciaire

PA Befoza : Poste Avancée Befoza

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TFT : Travaux Forcés à Temps

TFP : Travaux Forcés à Perpétuité

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GLOSSAIRE

DAHALO : appellation malagasy désignant les malfaiteurs spécialisés dans le vol des bœufs, souvent en groupe. FATO-DRA : une pratique coutumière consistant aux individus qui ne sont liés ni par un lien biologique, ni adoptif d’établir ce lien par une communion de sang. FOKONOLONA : c’est une institution traditionnelle de Madagascar qui est constituée suivant le cas, par tout habitant d’un hameau, d’un village, d’un quartier, d’une commune, d’une sous préfecture ayant des intérêts communs. JORO : pratique malagasy qui consiste à exhausser des ancêtres du bien pour les vivants (souvent dans la communauté plus ou moins restreinte). MOLETRA : ce sont des bœufs que le jeune gens donne aux parents de la jeune fille qu’il désire épouser MPAMOAKA : une personne qui connait le lieu ou se trouvent les bœufs que les « dahalo » ont volé. MPISIKIDY : une personne qui annonce un évènement futur. RASA-HARENA : c’est une sorte de pratique assimilable à un partage de bien mais, ici ce sont les ancêtres qui sont bénéficières de la division. SOKO : c’est une attaque en douce et sans violence. TAMPIM-BARAVARANA : c’est une attaque par l’effet de surprise et avec violence, accompagnée à un blocage total des voies d’accès des villageois, par l’obstruction des portes et fenêtres. TSO-DRANO : une sorte de bénédiction souvent demandée par les descendants aux ascendants. VALAMANTSINA : c’est un endroit où les « dahalo » placent les bœufs volés. VAZIMBA : ce sont des personnes qui arrivent sur la côte ouest de Madagascar, qu’ils soient des « Indonésiens des Bantous ».

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INTRODUCTION

Comme toute société humaine dans le monde, la société Malagasy est une société qui est caractérisée par certaines pratiques sociales propres à elle. Le vol des bœufs se présente comme une pratique qui n’est pas séparable à la société Malagasy depuis les temps reculés jusqu’à nos jours. Compte tenu de l’évolution d’un système juridique en fonction de l’évolution de la société, cette pratique est passée d’une pratique tolérée à une pratique répréhensible légalement. Depuis notre première législature, le législateur malagasy a adopté une position sans ambiguïté car le vol des bœufs est un acte criminel1 quelque soit sa forme. Les bœufs par rapport à notre société coutumière représentent une valeur multidimensionnelle, car leur vertu n’est pas seulement matérielle mais aussi et surtout spirituelle. Notre histoire nous enseigne que ce sont les VAZIMBA2 qui ont élevé les bœufs sans manger les viandes, ce fut le Roi RALAMBO en 1575-1670 qui a officialisé la vertu comestible des viandes des bœufs, et ces derniers fussent appelés « JAMOKA », littéralement tiré du mot Perse « jamous » et traduit plus tard par RALAMBO en terme « OMBY »3. Et le trône de RANAVALONA I par le biais du code des 305 articles4 tout en consacrant la valeur des bœufs aux Malagasy qui a marqué une plaque tournante à la répression du vol des bœufs et la loi française durant notre annexion n’a fait que renforcer cette répression. Actuellement, force est de reconnaitre que malgré l’ampleur de la pratique du vol des bœufs dans l’ensemble du territoire national, cette pratique est légalement répréhensible et est même considérée comme un acte criminel. La généralité est parfois trompeuse car dans certaines localités de Madagascar, compte tenu des différents facteurs propres à chaque localité, un phénomène peut prendre

1 Ordonnance 60-106 du 27 septembre 1960 ; Journal Officiel de la République Malgache N° 124 du 1er octobre 1960 ; p.1949

2 Frédéric RANDRIAMAMONJY ; Tantaran’i Madagasikara isam-paritra ; 2006 ; p.29

3 Frédéric RANDRIAMAMONJY ; Tantaran’i Madagasikara isam-paritra ; 2006 ; p.343

4 Ce sont des lois du Royaume prononcé par RANAVALOMANJAKA Reine de Madagascar au peuple à Andohalo (Tananarive) ; Mardi le, 29 Mars 1881.

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une importance particulière, c’est justement dans cette optique que le thème est choisi « LE PHÉNOMÈNE DU VOL DES BOVIDÉS : Cas du district d’Andilamena ». Le district d’Andilamena comme la partie Sud de Madagascar, est, depuis un certain temps et jusqu’à maintenant classé « Zone rouge ». Ainsi, eu égard notre droit positif pareillement au droit comparé français, la définition du vol des bovidés est tout d’abord tiré de l’article 379 du code pénal qui réprime comme un vol, toute soustraction d’une chose (meuble) qui appartient à autrui, mais compte tenu de la densité de cette définition, l’ordonnance 60-106 du 27 septembre 1960 est intervenue pour donner une définition particulière au vol des bœufs. Mais compte ténu de la densité de la définition de l’article 379 du Code Pénal, le caractère spécial du vol des bœufs a conduit le droit positif malagasy d’adopter une loi spéciale pour réprimer la pratique. Dans l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960. Mais curieusement cette ordonnance n’a pas proposé une définition claire du vol des bœufs. Ainsi, l’étude scientifique de la matière n’est pas sans intérêt puisque rien qu’en nous référant sur la complexité de la matière, cette pratique du vol des bœufs est une problématique d’actualité car, tout le monde en parlé. En effet, ce travail se propose à être claire et complet puisque la plupart des gens ne sont pas en mesure de connaitre l’amont et l’aval de ces lois. Donc la première question qui se pose est que devant la nécessité de le réprimer, cette répression n’est elle pas une rupture manifeste de la société malagasy et ses causes ? N’est t il pas nécessaire de voir tout d’abord son historique avant de voir la réelle position du droit répressif malagasy ? Servant de base de notre analyse, le district d’Andilamena nous servira de référence sur l’application de la loi à Madagascar ; ainsi devant la position du droit répressif malagasy, nous pouvons nous demander naturellement comment se manifeste la pratique dans le dit district et avant de proposer des solutions, n’est-il pas irrationnel de ne pas voir quelle est la grande problématique de la répression à Madagascar ? Apporter des réponses à ces questions est loin d’être une entreprise facile. C’est ainsi que la méthodologie de travail utilisée est tout d’abord la consultation de différentes Bibliothèques à Antananarivo (bibliothèque Universitaire Ankatso et bibliothèque Nationale Anosy) et à Tamatave (bibliothèque de l’Université de Toamasina et Cite). Ensuite, on est descendu à Ambatondrazaka et à Andilamena pour procéder à des enquêtes

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auprès de la gendarmerie et à une fraction de simples citoyens qui ne sont pas étrangers à la notion. Et enfin, nous avons recouru aux cours théoriques dispensés par les enseignants de la faculté de Droit de l’Université de Toamasina. Notre étude se propose d’être objective dans la maîtrise de la notion avant d’en proposer des solutions. Ainsi nous adoptons deux grandes parties dont la première est consacrée à l’étude de la notion du vol des bœufs et ses pratiques au niveau du district d’Andilamena. Et la deuxième partie nous servira à tracer la position du droit positif face au vol des bœufs, analyse de la problématique et ébauche des solutions.

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PREMIÈRE PARTIE : PREMIÈRELA NOTION DU PARTIE VOL DES : LA BOVIDÉS NOTION ET DU SES VOL PRATIQUES DES BOVIDÉSAU NIVEAU ET SES DU PRATIQUES DISTRICT D’ANDILAMENA AU NIVEAU DU DISTRICT D’ANDILAMENA

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Le thème que nous avons à analyser concerne, « LE PHÉNOMÈNE DU VOL DES BOVIDÉS : cas du district d’Andilamena ». Le traitement national du phénomène laisse en cachette certaines particularités de manifestation. Andilamena, servant donc d’exemple pour la compréhension nationale de ce fléau, il nous parait indispensable de présenter tout d’abord la notion du vol des bœufs et ensuite la présentation des pratiques du vol des bœufs dans le district d’Andilamena.

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CHAPITRE I : LA NOTION DU VOL DES BOVIDÉS

La propriété bovine a toujours été parlée par toute langue à Madagascar, mais son analyse sur le plan juridique doit naturellement se faire par un procédé partant de la localisation du district d’Andilamena étant choisi du modèle avons-nous dit, et ensuite d’une définition du vol des bœufs et ses historiques à Madagascar.

SECTION I : LA LOCALISATION DÉMO-GÉOGRAPHIQUE DU DISTRICT D’ANDILAMENA

Madagascar est un État unitaire, ainsi localiser Andilamena revient à prendre en compte deux procédés, dont tout d’abord précisons la localisation géographique ; et ensuite voyons sa situation démographique.

§1 : La localisation géographique d’Andilamena Comme la plupart des districts à Madagascar, Andilamena se localise d’abord naturellement par sa géographie, et par une position officielle. A-Situation géographique d’Andilamena La circonscription d’Andilamena se trouve juste avant l’entrée à l’ouest du territoire des Tsimihety. Elle est située à l’extrême nord de la région d’Alaotra Mangoro et entourée par les districts suivants : - Au Nord : Mandritsara et Port-Berger - A l’Est : Soanierano Ivongo, Fénérive –Est et Vavatenina - Au Sud : (Région Alaotra-Mangoro) - A l’Ouest : Tsaratanàna et Mampikony B-Localisation officielle d’Andilamena La circonscription d’Andilamena à une superficie de 7526 Km2 et elle est composée de huit (08) communes rurales réparties en 59 Fokontany. Le tableau ci-dessous représente la division Administrative et la population par commune :

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Tableau n° I: La division Administrative et la population par commune Arrondissement Communes Nombre Superficie Nombre Administratif Composantes Fokontany (Km2) d’Habitants Andilamena 14 843 21.203 ANDILAMENA 7 421 10.578 Miarinarivo 7 1.538 11.275 MIARINARIVO Maitsokely 8 786 7.105 8 1.268 4.300 MAROADABO Marovato 4 843 3.854 10 1.228 17.875 ANTANIMENABAKA Tanananifololahy 5 814 11.701

59 7 .526 87.892 TOTAL

Source : Programme Communal de Développement Andilamena ; 2010

§2 : La situation démographique La localisation du district d’Andilamena peut se faire enfin par la connaissance de son peuplement et celle de ses potentialités économiques. A- Peuplement Les natifs de la population du district d’Andilamena sont appelés « ANTANOSIMBOAHANGY ». Ce sont des « Sihanaka antavaratra » qui, pour des raisons d’ordre économique et financier ont cherché d’autres lieux pour vivre. On y trouve aussi des habitants cosmopolites d’origine « Tsimihety, Betsimisaraka, Sakalava ». En arrivant à Andilamena, ils se sont repartis en 52 castes dont on peut citer : le Zafibalana, l’Antifitana, le Zafindriatsara, le Zafindrahamahame, Antirare, etc. …. Les sites existantes ont de valeurs coutumières pour les adeptes : enrichissement, élevage de nombre de bovidés qui, comme le Fitampoha, chaque année au jour dit « Asaramanitra » les Antanosimboahangy font une géante fête dans les lieux dits : Ambalamena, Amparihitoalanitra, Manovoarivo, Ampatsifantsy. B- Potentialités économiques Le district d’Andilamena est une localité avons-nous dit d’Alaotra Mangoro. Madagascar jusqu’à nos jours est un pays dont l’économie se base sur l’agriculture et l’élevage, Andilamena est économiquement classé « grenier de Madagascar » après

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Marovoay. Ceci étant, parler du vol des bœufs à Andilamena c’est reconnaitre que cette région fait partie de la région où se pratique tout d’abord l’agriculture. La riziculture caractérise dans la pratique l’ensemble de cette région. Tout l’ensemble du pays reconnait que lorsqu’on parle de cette région, on parle directement de la production du riz. Vu l’étendue de sa superficie, cette région dispose d’un espace destiné à être favorable à la culture du riz. Certes les autres potentialités existent comme la pêche, pierres précieuses, l’agriculture est très prépondérante et très dominante. Les bœufs sont utilisés pour tirer les charrues dans les rizières, ils sont utilisés au moment de labours de la terre, pour les transports des sacs de riz de la rizière vers le village (moyens de transport traditionnel). C’est ainsi que l’agriculture et l’élevage des bœufs vont toujours de paire voir même inséparable. De toute façon, un agriculteur qui ne dispose pas des bœufs n’est pas un agriculteur. C’est dans le cadre de cette logique que nous soutenons que le district d’Andilamena est un district où se pratique dans sa majeure partie l’agriculture et l’élevage. En somme, Andilamena est un district fortement agro-éleveur. Les statistiques parlent même que par rapport à l’ensemble de la région Alaotra Mangoro, c’est dans le district d’Andilamena qu’on trouve la majeure partie des bœufs de la région. Ces animaux ne sont pas seulement destinés à des fins économiques mais surtout à être utilisés comme des moyens pour cultiver et transporter le riz.

SECTION II : LES DÉFINITIONS ET HISTORIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR

Le thème que nous avons choisi parle du vol des bœufs dans le district d’Andilamena. Donc pour avoir de plus amples informations, il nous paraît utile de proposer des définitions et de présenter l’historique du vol des bœufs à Madagascar.

§1 : Définitions du vol des bovidés Avant d’intéresser le système juridique répressif, la notion du vol des bœufs a toujours été présente, ainsi, nous allons voir successivement d’abord la définition juridique et ensuite les éléments constitutifs de l’infraction.

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A- Définition juridique Définir tout d’abord le vol revient à la lettre de l’article 379 du code pénal, comme une soustraction frauduleuse d’une chose d’autrui. C’est ce que nous allons voir plus loin. L’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs à Madagascar est malheureusement silencieuse quant à la définition du vol des bœufs. Ce mutisme légal est alors une problématique majeure sur le plan scientifique. Mais la nécessité méthodologique nous oblige à proposer une définition libre. La logique de la lettre de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 nous impose à penser que le vol des bœufs est le fait par une ou plusieurs personnes de s’emparer des bœufs qui ne leur appartiennent pas. Autrement dit, les bœufs objet du vol ne doivent pas tout d’abord appartenir au voleur. Ensuite, ces bœufs doivent être vivants, si non, il n’y a pas vol des bœufs mais plutôt un vol de viande.5 B- Les éléments constitutifs du vol des bovidés Il importe tout d’abord de préciser que le vol des bœufs n’est pas une matière spéciale du droit pénal. Les éléments constitutifs prévus par l’article de droit commun (article 379) prévoit les trois éléments constitutifs de l’infraction (légal, matériel, moral). Mais, compte tenu de la spécificité accordée au vol des bœufs, certaines particularités méritent à être soulignées. a. Élément légal Élément légal signifie que pour qu’un acte soit punissable, il faut qu’il soit prévu et puni par la loi. Il s’exprime par la maxime célèbre « NULLUM CRIMEN, NULLA POENA, SINE LEGE ». Littéralement traduit en français, « Nul crime, nulle peine, sans texte de la loi »6. C’est le principe de la légalité des incriminations et des peines. En d’autre terme, l’élément légal veut dire qu’il n’existe d’infraction que celle prévue et punie par la loi. Le principe de la légalité des incriminations et des peines signifie qu’ « un fait ne peut déterminer l’intervention du juge répressif, s’il n’a été formellement prévu par une loi antérieurement promulguée ». Ce principe signifie également « qu’une peine ne peut être infligée que si elle n’ait été déterminée. Quant à son régime et sa durée par la loi, promulguée antérieurement au délit ou au crime qu’elle réprime ». Il en résulte que le juge

5 Voir étude de l’élément matériel dans la page 15

6 Ladislas RASAMITIANA : Cours de droit pénal général ; 2ème année Droit ; Université de Toamasina ; année 2009

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non seulement ne peut considérer comme infraction que les actes qualifiés comme tels par le législateur. C’est la légalité des incriminations. Mais encore, il ne peut infliger une peine non prévue par la loi ou différente par sa nature et sa durée de celle fixée par la loi pénale, c’est la légalité des peines. Les conséquences juridiques occasionnées par l’article 4 du Code Pénal ne peuvent être que l’application restrictive de la loi si elle est défavorable au prévenu. Et ensuite, la non rétroactivité de la loi pénale si elle est défavorable. Ici notre thème se base dans le cadre du vol de bœufs. Même si on parle du vol, ce phénomène n’est pas prévu dans les articles 379 et suivants du Code Pénal qui affirment que « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol ». Mais il est prévu et puni par l’ordonnance n° 60-106 du 27 Septembre 1960 relative à la répression des vols des bœufs, modifiées par la loi n° 61-036 du 18 Octobre 1961 ; l’ordonnance n° 62-090 du premier Octobre 1962 ; l’ordonnance n° 75-023 du 1er octobre 1975 et de l’ordonnance n° 76-015 du 17 Mai 1976. b. Élément matériel Le principe de droit commun de l’article 379 Code Pénal ne peut pas être négligé car pour qu’une infraction soit constituée, elle doit être manifestée extérieurement, une simple résolution criminelle ne serait jamais punissable, c’est le principe de l’impunité de la criminalité intellectuelle. Toutefois, elle peut l’être en cas de tentative punissable. Et le droit pénal spécial nous enseigne que la répression du vol à la lecture de l’article de droit commun suppose « une soustraction d’une chose d’autrui »7. Autrement, l’objet du vol doit être un meuble, donc déplaçable et appartenant à autrui. Mais force est de soutenir que le cas du vol des bœufs est un peu particulier puisque l’emploi du terme « soustraction » est implicitement perfectionné puisque le vol des bœufs consiste à s’emparer des animaux susceptibles, non d’être déplacés mais de se déplacer. C’est ainsi que, le vol de viande n’est pas un vol des bœufs. En somme, sans négliger la position classique du droit commun sur le vol, le vol des bœufs n’est pas une simple soustraction d’un meuble, mais des animaux vivants et pouvant se déplacer eux-mêmes sous toutefois la direction de l’être humains.

7 Réné José ANDRIATIANARIVELO : Cours de Droit Pénal Spécial ; 3ème année Droit ; Université de Toamasina ; année 2010

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c. Élément moral Sur le plan moral, aucune particularité ne mérite attention car il est de règle qu’en dehors de toute volonté, aucune infraction ne peut exister. Autrement dit, pour qu’une infraction soit juridiquement instituée, il ne suffit pas qu’un acte matériel ait été commis ou tenté et qu’il soit sanctionné par la loi pénale. Mais, il faut encore que cet acte ait été l’œuvre de la volonté de son auteur. Ce lien entre l’acte de son auteur appelé « volonté criminelle » constitue l’élément moral de l’infraction. Le législateur ne punit en effet que les consciences antisociales d’un acte. En absence de la volonté (en cas de force majeur par exemple), il n’y a pas d’infraction.

§2 : Aspects historiques du vol des bovidés à Madagascar Si le vol des bœufs est une pratique historiquement coutumière. Parler de cet historique revient à mettre un accent sur le mot « fokonolona » d’abord, avant de voir l’historique proprement dite. A- Aspect définition du mot « fokonolona » Comme les autres sociétés humaines dans le monde, la société Malagasy n’a pas toujours été organisée à sa forme actuelle. Plusieurs facteurs ont contribué à l’amélioration des structures de la société Malagasy depuis le temps le plus reculé. Avant l’arrivée de l’Administration coloniale à Madagascar, la société Malagasy se structurait sur la base de la royauté. Le royaume Merina était le royaume de référence. En effet, ce royaume a sa propre définition de la société et de sa base. La cellule de base est le « fokonolona ». Par définition alors, le mot « fokonolona » a tiré sa racine du mot « foko » qui se traduit littéralement « Ethnie, clan ». Ainsi les règles les plus élémentaires destinées à régir les rapports entre le « foko » avec ses propres membres et surtout avec les autres « foko » sont élaborées et respectées par le « fokonolona » concerné. Durant la période coloniale, on a du mal à affirmer si cette structure ancienne a été conservée ou pas car l’administration coloniale avait son propre mode d’administration lui permettant de garantir pour efficacité à Madagascar. En 1960, Madagascar a retrouvé son indépendance et on a pu constater que les traces de la société ancienne ont été retrouvées avec l’adoption de grand systèmes administratifs occidentaux (centralisme ; État Unitaire, décentralisation, déconcentration). Mais à proprement parlé, c’est à partir de 1962 que les lois sont devenues nombreuses pour essayer de redéfinir le mot « fokonolona ».

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A titre d’illustration, l’ordonnance n° 62-004 du 24 juillet 19628 fixant les attributions, les responsabilités et les pouvoirs du « Fokonolona » qui a défini sur le plan formel le « fokonolona ». En vertu de cette ordonnance, le terme « fokonolona » est une institution traditionnelle de Madagascar qui est constituée suivant le cas, par tout habitant d’un hameau, d’un village, d’un quartier, d’une commune, d’une sous préfecture ayant des intérêts communs. Dans le cadre de cette rubrique, on peut dire que la définition actuelle a conservé la forme traditionnelle de la structure de base. Mais on peut aussi dire que des formes nouvelles se constatent. C’est ainsi que le mot « fokonolona » n’est plus réservé à un cercle étroit comme les clans, l’ethnie, elle désigne toute organisation (institution) des habitants ayants les mêmes intérêts dans un sphère géographique déterminé. L’avantage de cette définition proprement dite est que même dans le cadre du vol des bœufs, on peut dire que les règles de base qui le concernent sont dans la plupart des cas institués dans l’espace d’un « fokonolona ». C’est ainsi que dans le cadre du paragraphe qui va suivre, nous allons voir à proprement parler l’historique des vols de bovidés à Madagascar et spécialement à Andilamena. B- Aspect historique du vol de bœufs Nous avons déjà expliqué que la société Malagasy se caractérise par des spécificités propres par rapport aux autres sociétés humaines. Et en introduisant ce mémoire, nous avons déjà dit que c’est le roi RALAMBO qui a officialisé le caractère comestible des viandes de bovidés, et les bœufs à Madagascar par rapport à notre historique ont toujours représenté des valeurs culturelles. Au cours de leur jeunesse, les Malagasy doivent pratiquer le vol des bœufs. Car ces derniers sont des animaux robustes, donc, la société coutumière Malagasy reconnait que le fait par une personne, généralement de sexe masculin de pouvoir arriver à voler ces animaux robustes, fait comprendre que cette personne passe de la jeunesse à l’état adulte. Ceci dit, le vol de bovidé est un signe de force utile à la vie d’un être humain. C’est dans le cadre cette optique que dans certaines régions de Madagascar, une personne de sexe masculin n’est pas autorisée à fonder une famille avec une nouvelle jeune fille qu’après avoir pratiqué un vol de bœufs. Ce qui nous amène à dire que le succès d’un vol de bœufs est un signe social de la masculinité, de virilité.

8 Journal Officiel de la République Malgache du 11 août 1962 ; p.1559

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Pour le cas de la coutume, spécialement à Andilamena, objet de notre étude, cette valeur historique a été la même car la société coutumière à Andilamena partageait la même logique. Avant d’accéder à une famille, le jeune à marier doit prouver d’abord sa virilité par le vol de bovidés si non rien ne prouve qu’il soit apte à faire nourrir une famille. Mais il est à remarquer que contrairement au cas des autres régions, que nous avons déjà citées, qui ont conservé cette logique ancienne, et reconnaissent actuellement encore cette preuve de virilité par le vol de bœufs, le cas d’Andilamena actuellement ne partage plus cette idée. Autrement dit, le vol de bœufs n’est plus une condition d’accès à une famille s’il s’agit de parler actuellement du cas de la coutume d’Andilamena. Pour les autres cas de la société coutumière malagasy, en l’occurrence de la société Merina, en vertu du code des 305 articles, dans son article 27 le vol de bovidés a déjà été réprimé « ny mangalatra omby dia sazina omby iray sy a. 1 isan’omby nangalariny, ary manonitra ny ombin’olona : ka ny omby vavy onerany a. 3, ny vositra a. 5, ny mifahy dia a. 8 ; ka raha tsy mahonitra ny ombin’olona sy tsy mahaloa sazy dia atao gadralava herintaona isan’omby nangalariny. Ary raha ny sazy no tsy voaloany, dia atia antrano-maizina ankevitry ny sikajy isan’andro izy, mandra-pahatapitry ny ankevitry ny saziny » 9. Traduit par Julien10 comme suit, « ceux qui volent de bœufs, seront puni d’une amende d’un bœuf et d’une piastre par animal volé ; ils remboursent, en outre, ces animaux, à raison de 15 francs les vaches, 25 francs les bœufs coupés et 40 francs les bœufs engraissés ; s’ils ne peuvent ni rembourser la valeur des animaux ni payer l’amende, ils seront mis aux fers un an par tête d’animal volé. Si c’est l’amende qu’ils ne peuvent payer, ils seront mis en prison à raison d’un sikajy par jour jusqu’à concurrence du montant de l’amende ».

9 Direction de l’Enseignement Supérieur ; Code des 305 Articles ; Octobre 1960 ; p.34

10 Administrateur de colonies anciennes, Interprète principal du gouvernement général de Madagascar.

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CHAPITRE II : LA PRÉSENTATION DES PRATIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA

Nous avons déjà vu en introduisant ce travail que, la manifestation de cette pratique varie d’une région à une autre. Ainsi maintenant, voyons d’abord qu’à Andilamena, plusieurs optiques expliquent les causes et réellement les formes particulières de cette manifestation.

SECTION I : LES DIFFÉRENTES CAUSES DE LA PRATIQUE DU VOL DES BOVIDÉS

Quelque soit notre conviction sur les causes du vol des bœufs à Andilamena, telles causes peuvent être diverses mais ce sont les facteurs géographiques passent avant les autres dites politico-économiques.

§1 : Les facteurs géographiques favorables au vol des bovidés Différents facteurs peuvent être retenus pour expliquer l’importance du vol des bœufs à Madagascar. Mais pour le cas d’Andilamena, les grands facteurs majeurs sont d’abord l’emplacement du district et ensuit l’influence de certaines structures socioculturelles anciennes. A- Emplacement d’Andilamena Le district d’Andilamena a une situation géographique hors du commun puis que c’est une localité de carrefour. Autrement dit en se référant à la carte officielle11, ce district est placé entre le district de Mandritsara connu pour le taux très élevé de ses bœufs, et la zone de Fénérive Est et Vavatenina (chaine de forêt servant de cachette) et, où se vendent la plupart des bœufs pour les villes de Toamasina. Andilamena est aussi limitrophe de Tsaratanàna connu toujours par sa réputation très bovine. Cet emplacement naturel d’Andilamena est alors évidemment un emplacement très favorable au vol des bœufs compte tenu de l’explication suivante : Madagascar est un pays qui rencontre jusqu’à nos jours des problèmes d’infrastructure routière. Dans nos campagnes, les routes manquent beaucoup, ainsi, les relations commerciales notamment celles relatives aux bœufs se font par voies terrestres.

11 Voir Annexe I

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Donc le district d’Andilamena est un district de passage obligé des marchands des bœufs dit, « Bonamaro » du district de Mandritsara vers le district de Fénérive Est par exemple. B- Les causes socioculturelles du vol des bovidés12 Le vol des bœufs est un acte coutumier, c’est une pratique coutumière des jeunes gens entre 18 à 21 ans pour passer à l’âge adulte. Les jeunes garçons qui ne pratiquent pas le vol de bœufs ne sont pas considérés comme des hommes et ont des difficultés à demander la main d’une jeune fille. Il existe deux causes très fréquentes dans le district d’Andilamena, à savoir : a. Le « moletra » Le « moletra » ou la dot c’est un ou plusieurs bœufs que le jeune gens donne aux parents de la jeune fille qu’il désire épouser. Cette pratique coutumière oblige le jeune homme à offrir des bœufs à ses futurs beaux parents. Et ces derniers déterminent le nombre de zébus nécessaires, qui varie en fonction de la potentialité économique du jeune homme ou de ses parents. Mais généralement, ce prétendant n’en possède pas, alors, il doit à tout pris l’acquérir par le vol, car l’amour est grand. Cependant, si cela oblige la plupart de gens à recourir au vol, il est tabou de voler dans leur circonscription, mais hors de leur territoire, c’est-à-dire dans les districts environnants d’Andilamena, comme Mampikony, Mandritsara, Tsaratanàna et Amparafaravola. b. Le « Rasa-harena » Le « Rasa-harena » vient du mot « Rasa » qui veut dire partager et « Harena » ce sont les richesses. Donc le « Rasa-harena » est le partage des biens. Quand on partage quelque chose chacun a sa part ; ceci explique l’équivalence du mot « Rasa-harena » est la part du défunt. La coutume « Antanosimboahangy » oblige la famille du mort à donner la part des biens au défunt. Ainsi, pendant sa vie l’individu avait ses biens, décédé, il a aussi sa part qui consiste strictement et obligatoirement un bœuf au moins. Il faut tuer le bœuf et la tête du bœuf est suspendue à un piquet en bois précieux près du tombeau. Si par malheur, une famille est dépourvue de zébus, pourtant, elle vient de perdre un membre de sa famille alors, celle-ci est obligée de voler de bœufs pour donner la part de

12 Enquête faite au niveau de la population du district d’Andilamena ; janvier 2012

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son défunt dont la tête serait à suspendre auprès du tombeau afin d’avoir la bénédiction des ancêtres. Maintenant nous allons voir les causes politico - économiques.

§2 : Les causes politico-économiques du vol Au moment où nous rédigeons ce mémoire, dans la société Malagasy, tout phénomène social ne s’explique pas uniquement par des aspects classiques. La politique et les courses à la réussite matérielle sont devenues une donne indiscutable. Alors, le vol des bœufs n’est pas séparable aux causes politiques et causes économiques. A- Des causes politiques Pendant la période d’élection, les voleurs des bœufs ont toujours tendance à profiter de cette occasion pour voler. D’abord avant l’élection, les membres de la sécurité publique sont occupés par la sécurité de la ville pour le bon fonctionnement d’une élection. Alors, les villageois ne sont plus à l’abri des phénomènes de « dahalo ». Les « dahalo » peuvent profiter de l’occasion pour voler tous les bœufs des villageois. De plus, le jour du vol, les personnes âgées de 18 ans et plus vont voter. Mais les bureaux de vote sont en ville. Les électeurs sont obligés de s’y déplacer pour aller voter. Du coup, il n’y a plus beaucoup de gens qui restent au village, sauf les mineurs et les majeurs incapables. Les « dahalo » sont libres pour voler. Et c’est une forme de perturbation du fonctionnement d’une élection. Enfin, sur la politique de fête, telle que la fête nationale et la fête religieuse (pâques, 26 Juin, Noël,….), les familles ont besoin de fêter mais souvent les membres n’ont pas de chose à manger. En conséquence, ils vont pratiquer le vol pour avoir de l’argent, pour acheter quelque chose. Et cet acte se déroule surtout une semaine avant la fête. B- Des causes économiques Des causes économiques se comprennent aisément en raison de la place qu’occupent les besoins dans la vie des malagasy et par les revenus qu’ils procurent aux vendeurs. Le vol de bœufs est un moyen rapide d’enrichissement car les bœufs coûtent très cher. C’est un bon « business » pour les « business men » des « Sihanaka, Betsimisaraka, Tsimihety et surtout les Antanosimboahangy ».Donc, les « Dahalo » n’ont pas la difficulté de vendre leurs bœufs volés car ils ont profité de la présence de plusieurs acheteurs. En plus, il existe des marchés de bovidés presque dans toutes les communes d’Andilamena. Les « dahalo » utilisent plusieurs marchés de bovins comme un matériel tournant et lorsque les bœufs sont blanchis, ils sont faciles à liquider.

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Même si les bœufs est un moyen rapide d’enrichissement, ce sont les commanditaires qui bénéficient de plus gros avantages par rapport aux pratiquants du vol (dahalo). Les commanditaires sont les grands éleveurs qui convoitent la richesse par le blanchiment des bœufs volés dans la circonscription. Ils profitent du grand nombre de leurs bœufs pour cacher les bovidés volés dans leur pâturage immense ou « kijana » et de la ressemblance de la robe des bovidés volés avec celle de leurs bovidés en règle. Il convient maintenant de voir les différentes formes des pratiques du vol.

SECTION II : LES DIFFÉRENTES MANIFESTATIONS DU VOL DANS LE DISTRICT D’ANDILAMENA13 :

Ces formes varient dans l’espace, mais leur principe et pratique restent les mêmes. « Le vol ce fait de nuit, de jour, à l’improviste avec tapage et violence »14. Mais dans le district d’Andilamena et les environnants, on peut les classer en deux : les formes particulières de la pratique du vol à Andilamena et les « modes d’écoulement » des bœufs volés.

§1 : Les formes particulières de la pratique du vol des bovidés à Andilamena Typiquement pratiqué à Andilamena, le vol des bœufs se fait d’abord dans la plupart des cas par le « Soko » et le « Tampim-baravarana » et quelque fois les voleurs optent pour une attaque organisée. A- Le « soko » et le « tampim-baravarana » a. Le «soko » Le « soko » consiste en une attaque en douce et sans violence. Le voleur exécute son attaque d’une manière discrète avec souplesse et rapidité en pleine nuit, c’est-à-dire aux heures propices où les gens sombrent dans un sommeil profond entre 23 heures à 02 heures du matin. Le voleur peut pratiquer cette méthode pour le troupeau placé loin du propriétaire. b. Le «tampim-baravarana » Le « tampim-baravarana » c’est une attaque par l’effet de surprise et avec violence accompagnée d’un blocage total des voies d’accès des villageois, par l’obstruction des

13 Enquête faite au niveau de la maison centrale d’Ambatondrazaka qui est témoignée par un voleur des bœufs prisonnier ; février 2012

14 Richard EMILE ; Le vol de bœufs dans le Sud Ouest de Madagascar ; 21 juillet 1925 ; p.18

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portes et fenêtres, « vavahady » (portail). Généralement, le vol se passe pendant que les membres de la famille discutent et dînent ensemble à la maison, c’est-à-dire entre 19 heures à 20 heures. Ils pratiquent cette méthode pour les troupeaux placés juste devant la maison de son propriétaire. Intimidation par armes ou par voies de fait, par terreur faisant obliger les villageois de sortir le vol ou s’enfuir s’ils ont peur. B- Les attaques organisées Ce genre de vol se commet généralement dans les champs, pâturages, parcs ou tous autres lieux, au moment du retour du troupeau des bœufs au village, c’est-à-dire vers 16 heures à 17 heures. Parfois, l’action ouverte est concertée avec violence si le troupeau de bœufs est accompagné du gardien ou du propriétaire ou pour les bêtes semi-sauvages et difficilement capturables. a. Les modes d’exécution des attaques organisées L’exécution du vol est en réalisée par l’association de plusieurs personnes et avec port d’armes apparentes pour faire angoisser le propriétaire. Notre paragraphe concerne les attaques organisées. Dans ce cas, il y a un commanditaire qui joue un rôle du cerveau du vol ; et puis le « mpisikidy » qui donne la date favorable pour faire le vol. Ce jour là est un jour sacré pour eux. Donc, ils ont un moral élevé, ils ne craignent pas la mort. Ils savent semer la terreur. Les « dahalo » font toujours appuie à un sorcier ou « mpisikidy » pour avoir la confiance en soi qui est un atout de réussite dans un combat. Le recéleur est prêt à se cacher lorsque les bœufs volés arrivent au lieu indiqué. Enfin, celui qui doit faire le blanchiment est déjà prêt pour faciliter la liquidation. Dans ce cas, les voleurs adoptent les stratégies suivantes : ils se divisent en trois groupes dont le premier groupe assure le ramassage des bêtes volées par tous les moyens. Ensuite, le second groupe appelé avant-garde assure le rôle d’éclaireur, c’est un guide pour eux. Il est placé à la tête du troupeau des bœufs avec armes car ils ont peur d’être encerclés par le propriétaire et le « fokonolona ». Enfin, le troisième groupe ou arrière garde neutralise une éventuelle poursuite. Ce dernier groupe détient généralement les armes les plus meurtrières comme les fusils de chasse, de genre (du kalachnikov et mass 36), sagaies, etc.… Vers l’année 1999, ce phénomène est devenu de plus en plus meurtrier car il y a eu la sécheresse à Madagascar donc il y a eu diminution des récoltes de riz surtout à

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Andilamena. Ceci a impliqué l’augmentation d’actes de « Dahalo » qui ravagaient plusieurs villages du district concerné. De nos jours, les attaques des bandits ne se font plus par surprises comme auparavant car les bandits attaquent les villageois après avoir prévenu sur la date et le jour du méfait ils viennent en groupe en port d’armes apparentes de jour comme de nuit pour prendre en force les bœufs des villageois. Plus précisément, les « Mpisikidy » donnent des recommandations à suivre à la lettre : l’heure de départ, l’heure d’entrée dans le village, par où entrer et la direction de repli. Le nom de ces « dahalo » à Andilamena est « Ravitsiky » en ce temps, car pendant les attaques, ils chantent la chanson de « Tianjama »15 : « Haody Ravitsiky e ! ny tany hombanay malemy » 16. Littéralement : « Bonjour Ravitsika, par nos forces, nous passons partout sans aucun problème », et ils combattent les villageois pour prendre en force les bœufs. b. Les techniques des « Dahalo » avant l’exécution Avant de partir en mission, les « Dahalo » se préparent techniquement comme matériellement. D’abord, ils se munissent des armes telles que les fusils de chasse, kalachnikov, sagaie,… que leur commanditaire ou patron leur a fournis ; afin de bien accomplir les attaques, pour se protéger et surtout dans le but de ne pas se perdre, c’est-à-dire ne pas être vaincus ou attrapés par les propriétaires des bœufs ou le « Fokonolona ». Ensuite, ils se chargent également de la préparation des aliments qu’ils consommeront le long de route, cela fait partie de leur technique. En effet, il leur est préférable de tout arranger avant le départ, tout doit être prêt, y compris les aliments cuits pour ne pas perdre de temps d’en préparer en cours de route, cela fait partie de leur technique. Car ici, les « fokonolona » et les « dahalo » sont censés courir, chacun d’eux a donc intérêt à se mettre en avance. Les « dahalo » d’un côté pour s’enfuir et les « fokonolona » de l’autre côté pour poursuivre. Pour les « dahalo », quand vient l’heure du déjeuner, ils se divisent en deux groupes, les membres du premier groupe accompagnent les bœufs en continuant la marche, tandis que ceux de l’autre équipe dès qu’ils auront fini, se chargent des bœufs à leur tour, et afin de leur laisser le temps pour manger, ils ne perdront ainsi, qu’un petit moment. Ces deux

15 Artiste célèbre sur tout l’ensemble de la région Sofia

16 Enquête faite au niveau du fokonolona de la commune Miarinarivo ; district d’Andilamena ; janvier 2012

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groupes continuent ensemble le trajet jusqu’à l’endroit destiné pour conduire les bovidés. Et les « fokonolona » de leur côté, quand ils vont poursuivre les « dahalo » ; se préparent matériellement eux aussi, mais pas assez en technique car : D’abord, ils n’agissent pas tout à fait comme les « dahalo » en dotant de nourritures déjà préparées, (donc ils perdront du temps pour préparer à manger). Ensuite, ils seront obligés de s’arrêter chaque fois qu’ils auront faim, repos est aussi nécessaire pour les efforts physiques qu’ils effectuent. Pendant ce temps, les « dahalo » avancent toujours et la distance entre les deux parties devient de plus en plus considérable. Vu leur technique de prudence et de célérité les « dahalo » n’ont que par de risque d’être rattrapés par leurs poursuivants.

§2 : Les « modes d’écoulement » des bœufs volés17 Lorsque les bœufs volés par les « dahalo » arrivent à la destination, ils les écoulent. Mais avant d’écouler, ils règlent d’abord tous les papiers administratifs qui concernent les bœufs. Voici les « modes d’écoulement » des bœufs volés : A- Insertion des bovidés volés dans le « Valamantsina » et la modification de marque des bovidés Les bœufs volés actuellement le sont à des fins économiques, alors avant de procéder à cette vente, les bœufs sont d’abord stockés dans un endroit appelé « valamantsina » parc à bœufs spécial destiné à la modification des marques des bovidés. a. Insertion des bovidés volés dans le « Valamantsina » Le « valamantsina » ou le pâturage isolé, est un endroit où les « dahalo » ont placés les bœufs volés. Ce parc est donc très sécurisé, et il est strictement inaccessible à toute personne étrangère. Il est placé loin de la ville et très calme. Notons que les « valamantsina » ou les pâturages isolés de « Tampoketsan’i Beveromay et d’Ananamaiintso » qui se trouvent dans la zone limitrophe du district d’Andilamena et celui du Mandritsara et Mampikony sont très favorable pour ces cachettes. Pendant ce temps, les « dahalo » modifient les marques particulières des bœufs et régularisent tous les papiers pour faciliter la liquidation. Voyons maintenant la modification de marque.

17 Enquête faite au niveau de la maison centrale d’Ambatondrazaka qui est témoignée par un voleur des bœufs, prisonnier ; février 2012

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b. La modification de marque Le marque, littéralement le « marik’omby » est un signe que le propriétaire des bœufs mettent afin de reconnaître les bœufs. À Andilamena, ce « marik’omby » est différent de celui du district limitrophe en ce sens que, dans ce dernier, on doit mettre le boucle d’oreille comme, signe, tandis que à Andilamena ce n’est pas du tout le cas, car on doit tamponner par cachet en fer brulé au fer une abréviation du nom du propriétaire dans la robe des bœufs (marque). Par exemple si le nom du propriétaire est « TALATA », on grave par exemple TLT sur la robe des bœufs. Voici comment on opère le processus de modification ; On attache les bœufs et on gratte la robe par une lame, puis on met de liquide d’adabo (arbre) sur la robe qui est déjà grattée. Comme après quelques semaines, la robe des bœufs reprend son aspect antérieur ; il faut vite liquider les bœufs (remettre la marque changée). Prenons la marque TLT, dans ce cas, les voleurs grattent la marque et ils transforment le « L » en D. Ainsi la marque se transforme en TDT et le propriétaire ne connait plus ses bœufs. Bref, TLT devient TDT. Mais si la marque est difficile à modifier, les voleurs cachent tout simplement la vieille marque par une nouvelle (si la marque est ZB, elle est difficile à modifier donc, ils cachent l’ancienne par une nouvelle). B- La falsification des papiers et la liquidation des bovidés volés Quand la modification des marques est finie, les « dahalo » entre dans les étapes suivantes, afin de liquider les bœufs. a. La falsification des papiers Pour falsifier les papiers, les « dahalo » coopèrent avec les personnels administratifs comme le délégué Administratif, le chef d’Arrondissement Administratif,… Dans ce cas, on applique la méthode du « blanchissement ». Voici le processus : le passeport est « signé à blanc » c’est-à-dire que les « dahalo » ont déjà des passeports de bœufs qui sont déjà signés par le délégué Administratif mais à blanc. En fait, on met dans le passeport les signes de bœufs. Donc, les « dahalo » ont le temps de mettre la robe, l’âge, la marque de bœufs ; leur appartenant qu’ils échangent à ceux des bœufs volés. Et pendant l’inventaire, les membres de la sécurité publique (Gendarmes, polices, et Militaire,…) sont induits en erreur car les bœufs sont apparemment en règle ; ou encore, les receleurs ont profité de la ressemblance de la robe des bovidés volés avec celle de leurs bovidés en règle. Pour la corruption et une manœuvre frauduleuse.

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Lorsque tous les papiers sont en règle, les « dahalo » entament à la liquidation. b. La liquidation des bœufs volés Les « dahalo » appliquent plusieurs moyens pour liquider les bœufs. Ce qui nous intéresse concerne deux (02) méthodes : La liquidation des bœufs volés au boucher ou au festival Dans ce cas, il y a ce qu’on appelle le « Haro-Hena », littéralement « mélanger la viande ». Donc, le « Haro-Hena », c’est une action de mélanger la viande des bœufs volés à celle des bœufs en règle. Pendant la préparation d’une fête le commanditaire dit aux exécutants robustes : « Allez voler deux bœufs pour préparer notre festin ». Le commanditaire a déjà abattu après autorisation légale au vu et au su de tout le monde deux bœufs. Alors qu’on va mélanger cette viande avec celle de deux bœufs volés. On montre aux invités la tête des bœufs en règle, mais on transporte la viande des deux bœufs volés cachés au fur et à mesure jusqu’à la fin de la fête. Échange des bœufs volés avec ceux des districts limitrophes Les districts environnants sont Mandritsara, Port-berger, Amparafaravola, Mampikony, Tsaratanàna. Les « dahalo » cherchent tous les moyens pour que le propriétaire ne sache plus où se trouvent leurs bœufs. Ils échangent les bœufs volés avec ceux des districts limitrophes après la falsification du papier. Si le papier est réglé, les bœufs sont faciles à liquider car il y a des marchés de bestiaux dans presque toutes les communes du district et c’est un moyen plus rapide d’écouler les bœufs volés parce que ces bœufs ne sont pas tous des bœufs du district d’Andilamena mais des autres aussi.

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DEUXIÈME PARTIE : LEDEUXIEME DROIT POSITIF PARTIE FACE : LEAU DROITVOL DES POSITIF BOVIDÉS, FACE ANALYSE AU DE LA PROBLÉMATIQUEVOL DES BOVIDÉS, ET ÉBAUCHEANALYSE DE DE SOLUTIONS LA PROBLÉMATIQUE ET ÉBAUCHE DE SOLUTIONS

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Un des idéaux visés par le présent mémoire est d’avoir une connaissance aigue sur la pratique du vol des bovidés. C’est ainsi que ce présent travail doit être capable de se proposer de maîtriser l’ensemble de la notion, alors l’analyse du droit positif face au vol des bœufs est une pièce non négligeable. Avant de proposer des solutions, notre attention doit être focalisée sur la problématique toujours vécue à Madagascar par rapport au vol des bœufs.

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CHAPITRE I : LE DROIT POSITIF FACE AU VOL DES BOVIDÉS

L’accès de Madagascar à son indépendance en 1960 se présente comme une plaque tournante du traitement pénal de la pratique du vol des bovidés. Juste trois mois après la déclaration de notre indépendance, le vol des bœufs est officiellement qualifié du crime, par voie de conséquence nous allons voir tout d’abord l’adoption de cette loi, et ensuite les conséquences de cette nouvelle loi.

SECTION I : ADOPTION DE LA LOI RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS

Comme nous l’avons soutenu, actuellement la répression du vol des bœufs a reçu une consécration légale d’après l’adoption de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bovidés. Ainsi, voyons d’abord quel est réellement le fond de cette reforme avant de jeter un coup d’œil sur l’enquête et la procédure à l’audience.

§1 : La règle de fond Avons nous dit à maintes reprises que l’accès de Madagascar à son indépendance à conduit notre système juridique à adopter une politique de refonte de son droit positif en général et de loi sur le vol des bovidés en particulier. Ce qui nous revient alors de tracer la détermination de l’auteur principal et le receleur ; et ensuite le complice et les aggravations. A- Auteur principal et le receleur

a. Auteur principal En droit commun, l’infraction est un acte, agissement, fait commis ou omis par une personne qui se manifeste par la transgression de la loi de la société et est donc punie par elle. La responsabilité pénale contrairement à la responsabilité civile est une responsabilité essentiellement personnelle. Le délinquant est la personne qui a réuni à sa tête les trois (03) éléments constitutifs de l’infraction. C’est ce qu’on appelle l’auteur principal. Donc, le délinquant du vol des bœufs est la personne qui a participé directement et personnellement à la soustraction matérielle des bœufs. Cette personne n’est ni le complice ni le receleur. Si

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elle a agis avec des autres personnes, elles ont participé ensemble à l’acte matériel, c’est là qu’on parle de la coaction.

b. Le receleur Quant au receleur, il est à remarquer que c’est une infraction autonome au même titre que la complicité. C’est un fait par personne de détenir un objet d’origine frauduleuse, mais aussi de dissimuler soit des cadavres (recel de cadavre), soit des coupables pour le soustraire à la poursuite de la justice (recel des malfaiteurs)18. Mais en matière du vol des bœufs, le recel en vertu de l’article 09 de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs n’est plus en principe une infraction autonome. Le receleur subit la même peine subie par l’auteur principal. Toutefois, si la personne auteur principal du vol des bœufs est passible d’une peine capitale, le receleur n’encourt que des Travaux Forcés à Perpétuités (TFP)19. B- Le complice et les circonstances aggravantes a. Le complice Le complice est le fait par une personne qui sans avoir participé matériellement à la consommation de l’infraction, mais favorise dans les formes prescrites par la loi répressive la commission de l’infraction. Les articles 59, 60, 61 du Code Pénal prévoient les formes de complicité en matière pénale. Mais en ce qui concerne le vol des bœufs, il y a le cas particulier qui est prévu par l’article 08 de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs qui affirme que « outre les cas de complicité prévus aux articles 59, 60, 61 du Code Pénal, seront considérés comme complices d’un voleur des bœufs et, comme tels, punis des mêmes peines que celui-ci, les individus qui, en connaissance de cause, lui auront fourni nourriture ou asile ou prêté par un moyen quelconque, même indirect mais conscient, aide et assistance dans la préparation ou la commission de son crime ou pour assurer son impunité »20. La lecture de cet article suscite une autre problématique car réellement après enquêtes que nous avons effectuées sur place, certaines pratiques que nous allons citer sont assimilables à la complicité mais elles ne sont pas prévues par la loi, ou se demande donc

18Code Pénal Malagasy ; édition 2009 ; article 460 ; p.110

19 Et 20 Journal Officiel de la République Malgache n°124 du 1er octobre 1960 ; p.1950

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si le principe de l’interprétation restrictive de la loi défavorable ne doit pas être remise en question ? Ces pratiques sont : Les commanditaires ou patrons Les commanditaires en droit commercial, sont des bailleurs de fonds dans la commission du vol n’ayant pas la qualité de commerçant. Mais dans le domaine du vol des bœufs, ils sont le cerveau de l’organisation. Ce sont des personnes civiles ou militaires hautement placées des riches éleveurs, des trafiquants très puissants, difficilement décelable par l’enquête compte tenu la force de l’argent. Le « Mpamoaka » Le « mpamoaka » ou le rabatteur temporaire est celui qui connait le lieu où se trouvent les bœufs que les «dahalo » vont voler. En effet, il sait très bien le propriétaire de ces bœufs. En fait, c’est une personne qui habite à proximiter et ou connait le parc ou l’endroit où sont attachés ces bœufs (auprès de la maison du propriétaire de ces bœufs), ou encord l’emplacement du pâturage. Parfois, il est membre de la famille. Il retarde et dévie au maximum la poursuite. Le « Mpisikidy » Le « Mpisikidy » est une personne qui annonce un évènement futur, alors c’est un sorcier. Les « dahalo » consultant le « Mpisikidy » pour trouver le moment favorable à l’exécution du vol et donne le jour et la date opportune pour exécuter le vol. Les ordres du « mpisikidy » respectés et suivis à la lettre. Les « ody gasy » qu’il procure à ses adeptes font croire à ces derniers que même la mort n’est plus à craindre, le voleur aboutirait à ses fins. b. Les circonstances aggravantes Sont assimilées à des circonstances aggravantes, tout évènement, fait, et qualité limitativement énumérés par la loi et dont la constatation entraine l’application d’une peine plus lourde que celle normalement applicable. Puisque ces circonstances aggravent la peine du délinquant, elles lui sont défavorables, donc, ne doivent exister qu’en vertu d’une loi. Dans ce cas, le pouvoir du juge est limité par le jeu de l’application du principe de l’interprétation stricte de la loi pénale défavorable. Cette logique est transportable au traitement pénal di délinquant en matière du vol des bœufs. Car en principe, la sanction normale pour la répression de ce vol est de Travaux Forcé à Temps (cinq à vingt ans) d’emprisonnement. Mais, si le vol est commis dans les environnements prévus par l’article

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04 et 05 de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs, la peine de mort est prononcée s’il y a meurtre. Ensuite, la nuit, réunion, port d’arme apparente ou cachée sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard, l’arme par nature, les instruments qualifiés armes par usage qui en est fait, violence, allégation d’un faux ordre de l’autorité civile ou militaire, il y a la condamnation à Travaux Forcés à Perpétuités (TFP)21.

§2 : L’enquête et la procédure à l’audience Cette procédure est prévue dans les articles 17 à 50 de l’ordonnance n°60-106 du 27 Septembre 1960 relative au vol des bœufs. Alors, il est à remarquer que la réforme concerne la procédure à l’enquête et l’information, et celle prévue à l’audience et les voies de recours. A- Enquête et information - Les « Fokonolona » ont reçu des pouvoirs de Police Judiciaire en matière de vol des bœufs (articles 18 à 20) ; - La procédure d’information sommaire est suivie pour tous les crimes flagrants ou non (dont les auteurs sont identifiés et contre lesquels peuvent être retenus soit des aveux circonstanciés, soit des charges manifestes) et punis des peines autres que la mort et les travaux forcés à perpétuités. Pour ces derniers, il faut utiliser la voie de l’instruction préparatoire. - En cas de preuve ou toute suspicion, les « fokonolona » doivent sans désemparer prendre toute mesure nécessaire à la découverte et à l’arrestation des coupables. Ils recherchent les traces, recueillent les renseignements, organisent les poursuites ; ils peuvent pénétrer à l’intérieur de toute propriété ou concession ou établissement. Les représentants du « fokonolona » ont même qualité pour entendre les témoins sans que ces derniers puissent être retenus au-delà de 24 heures. Si les opérations amènent la découverte d’un ou plusieurs bœufs dérobés ou de leurs dépouilles, la population est rassemblée et les explications des suspects sont recueillies publiquement ; du tout est dressé procès-verbal par un citoyen lettré. Toutes ces dispositions sont restés lettres mortes jusqu’à ce jour.

21 Journal Officiel de la République Malgache n°124 du 1er octobre 1960 ; p.1950

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La liste des Officiers de Police Judiciaire (OPJ) et leur zone de compétence sont définies par l’article 23 de l’ordonnance n°60-106 relative au vol des bœufs. En effet, l’article 22 de la dite ordonnance attribue la qualité d’Officier de Police Judiciaire subalterne aux militaires ou aux gendarmeries quelles que soient leurs fonctions qui n’ont pas normalement cette qualité ainsi qu’aux anciens chefs de canton. Tous Officiers de Police Judiciaire opérant en matière de vol de bœufs ont compétence même en dehors de leur circonscription pour suivre l’enquête commencé sur les infractions dénoncées ou pour l’exécution de toutes délégations judiciaires. Lorsque la peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité ne sont pas encourues, signalons que la procédure d’information sommaire peut être utilisée même s’il s’agit de crime non fragrant. Mais si le magistrat du ministère public qui reçoit les procès verbaux estime que l’information sommaire ne peut être terminée dans un délai de trois mois, il faut utiliser l’instruction préparatoire. - Les dispositions de la procédure pénale relatives aux billets, d’écrou ou mandats de dépôt en matière d’information sommaire sont applicables en matière de vol de bœufs. En ce qui concerne les mandats de dépôts délivrés par les juges d’instruction, leur durée n’est pas limitée comme en matière de crime ordinaire mais les inculpés peuvent être détenus préventivement pendant une durée qui ne doit pas dépasser le maximum de la peine prévue. Sous l’empire de l’ordonnance n° 75-019 du 23 août 1975, tout suspect déféré à la justice devant être obligatoirement écroué et aucune mise en liberté provisoire ne pouvant être accordée. Mais depuis la loi n° 80-035 du 23 décembre 198022, le montant de dépôt n’est plus systématiquement délivré. Toutefois, si le suspect déféré est placé sous mandat de dépôt, sa mise en liberté provisoire ne saurait être accordée si les charges relevées contre lui se précisent au cours de l’information. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si les charges ne se précisent pas, la liberté provisoire peut être accordée par ordonnance motivée du juge d’instruction prise sur réquisitions conformes du ministère public.

22 Journal Officiel de la République Malgache du 27 décembre 1980 ; p.2303

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B- La procédure à l’audience et voie de recours La procédure à l’audience est la même que pour les crimes et les délits ordinaires. Toutefois, en ce qui concerne les crimes prévus par l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs, le procureur général près la Cour d’Appel peut se pourvoir en cassation contre les acquittements et son délai de pourvoi est porté à 15 jours (article 50).

SECTION II : LES CONSÉQUENCES DE L’ADOPTION DE LA LOI

Puisqu’il s’agit d’une nouvelle règlementation légale, l’adoption de cette loi a fait sentir des conséquences sur le plan Administratif d’abord et de toute évidence sur le plan juridictionnel ensuite.

§1 : Les réformes administratives Après l’introduction du Droit Français à Madagascar, la propriété des bovidés emprunte le régime juridique de la propriété mobilière. Autrement dit, la qualité de propriétaire entraine certaines obligations de posséder des papiers et des marques. Voyons maintenant les différents dossiers des bœufs : A- Les cahiers de contrôle du recensement des bovidés Chaque année, du premier Septembre au 31 Décembre, il est procédé dans tous les « Fokontany », au recensement des bovidés par le soin du chef « Fokontany » avec la participation des comités locaux de sécurité. Il est délivré à chaque propriétaire ou éleveurs des bœufs un cahier de contrôle où sont inscrits tous les bœufs déclarés avec les renseignements les conservant. Ces cahiers de contrôle sont cotés et paraphés par le Chef d’Arrondissement Administratif (CAA), Délégué Administratif. Il est établi en trois (03) exemplaires dont un pour l’intéressé ; le second pour le « Fokontany » ; et le troisième pour la commune. Sur ces cahiers de contrôle seront portées respectivement les rubriques suivantes : ‐ Numéro d’ordre ; ‐ Signalement ; ‐ Robe ; ‐ Signe particulier ; ‐ Origine ;

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‐ Observation. Toutes modifications survenues dans la composition du cheptel au cours de l’année (naissance, mortalité, achat, donation, échange, vente, abatage, vol) doivent être mentionnées dans les cahiers de contrôle, notifiées par le délégué administratif dans un délai d’une semaine et, ce dernier, à son tour, est tenu de communiquer les déclarations des éleveurs concernant le changement au Maire de la commune. Toutes simulations dans la déclaration du propriétaire ou dans la notification sur la composition du cheptel seront frappées de présomption de domanialité sans préjudice de poursuite éventuelle pour détention d’objet qui ne lui appartient pas. B- Le certificat d’origine et certificat de vaccination des bovidés a. Le certificat d’origine des bœufs Chaque bovidé destiné à chaque commercialisation doit être pourvu d’un certificat d’origine émanant du Chef d’Arrondissement fourni après vérification du cahier de recensement des bovidés et du certificat de vaccination des bovidés à vendre. Le certificat d’origine doit accompagner partout le bovidé, que ce soit pour l’abattage local, l’exportation sur pieds ; ou toutes circulation de l’animal. Il est prescrit dans tous les trois mois. b. Le certificat de vaccination Tous les bœufs, en particulier, ceux destinés à la vente et en déplacement doivent être pourvus d’un certificat de vaccination. En médecine vétérinaire comme en médecine humaine, la prévention des maladies contagieuses exige la vaccination préalable de plus grand nombre de sujets possible afin d’empêcher l’agent vecteur de trouver des terrains réceptifs à l’éclosion de la diffusion de l’affection. Le cas de non existence de certificat de vaccination entraine la mise en fourrière des bovidés. L’ordonnance n° 62 – 088 sur le caractère obligatoire de certaines vaccinations animales affirme dans son article premier qu’ « en vue de protéger le cheptel Malagasy contre les épizooties, certaines vaccinations animales pourront être rendues obligatoires sur tout ou partie du territoire de la République par voie de décret pris en application de la présente ordonnance et de l’ordonnance n° 60 – 057 du 9 juillet 1960 sur la police sanitaire des animaux ».

§2 : Les réformes juridictionnelles D’après la législation actuelle, les Cours Criminelles Spéciales sont des juridictions spéciales instituées par l’ordonnance n° 60-106 du 27 Septembre 1960 pour la répression

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des vols de bœufs. Donc d’après cette ordonnance, seule la Cour Criminelle Spéciale est compétente en matière du vol des bœufs. L’idée générale est qu’il faut obtenir une répression rapide et impitoyable des vols et atteinte à l’intégrité des bovidés. Maintenant nous allons voir la composition de cette Cour, et puis leurs attributions. A- La composition de la Cour Criminelle Spéciale a. Au niveau du siège La Cour Criminelle Spéciale est composée23 : Du Président du Tribunal de Première Instance ou de tout autre magistrat désigné par le Président de la Cour d’Appel. Lors que la peine prévue est la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité, le président doit avoir au moins le rang de conseiller à la Cour d’Appel. De six (06) assesseurs ayant voix délibératives ; ils sont tirés au sort sur une liste de 18 noms de citoyens âgés au moins de 25 ans jouissant de leurs droits civils et politiques ; le collège des assesseurs doit comprendre au moins pour moitié des éleveurs de bœufs. La liste est arrêtée annuellement dans les conditions fixées par le décret n° 66-583 du 18 Août 1965, modifié par le décret n° 618-PP/PG du 07 Mars 1978 des chefs de Cour. Quid du tirage au sort ? Si la peine prévue ne dépasse pas les travaux forcés à temps, les six (06) assesseurs seront tirés au sort à l’avance, chaque trimestre pour toutes les affaires pouvant être jugées pendant ces trois mois. Si la peine encourue est celle de mort ou des travaux forcés à perpétuité, le tirage au sort est effectué spécialement pour chaque affaire suivant la procédure prévue pour la Cour Criminelle Ordinaire24. b. Au niveau du parquet25 Il est représenté par le Procureur de la République ou l’un de ses substituts ou à défaut par un magistrat désigné à cet effet par le Procureur Général près la Cour d’Appel.

23 Article 41 de l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression des vols de bœufs ; Journal Officiel de la République Malgache du 1er octobre 1960 ; p.1952

24 Article 3 alinéa 4 de l’ordonnance 76-015 modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance modifiée n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression des vols de bœufs ; Journal Officiel de la République Malgache du 05 juin 1976 ; p.1327

25 Article 42 de l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression des vols de bœufs ; Journal Officiel de la République Malgache du 1er octobre 1960 ; p.1952

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Lorsque la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité est encourue, le représentant du Ministère Public doit avoir au moins le rang de Substitut Général. Le greffe est représenté par le greffier du Tribunal de la Première Instance lui-même. B- Les attributions de la Cour Criminelle Spéciale a. Sa compétence La Cour Criminelle Spéciale juge : Les voleurs de bœufs, les receleurs et les complices, d’après les articles 4, 5, 6, 7, 8 et 9 de l’ordonnance n° 60-106 relative au vol des bœufs ; Ceux qui ont volontairement et sans nécessité, mis à mort ; muté ou blessé un ou des bœufs appartenant à autrui à condition que ces infractions soient rattachées à un vol de bœufs par un lien de connexité26. En revanche, la mise à mort d’un bœuf dévastant des cultures ne constituerait que le délit de mis à mort sans nécessité de bestiaux à cornes prévu et puni par les articles 452 et 453 du Code Pénal27.

b. Son incompétence Elle est incompétente pour juger : ‐ Les auteurs des faits qualifiés délits par l’ordonnance n° 60-106 dans son article 12 à 14 ; ‐ Les mineurs voleurs de bœufs28. Si le voleur des bovidés est encore mineur, la Cour Criminelle Spéciale est incompétente mais c’est la Cour Criminelle des Mineurs qui est compétente. Et en plus, en cas des faits qualifiés délits tels que la non dénonciation du « dahalo » aux autorités compétentes,… c’est le Tribunal Correctionnel est compétent à les juger car il s’agit du délit.

26 Arrêt n° 1158 du 18 Mai 1971 de la Cour Suprême et circulaire n° 569‐PG du 28 Juillet 197, commentant cet arrêt 27 Code Pénal Malagasy ; édition 2009 ; article 452 et 453 ; p.108-109

28 Arrêt n° 77 du 12 juillet 2002 ; Procédure impliquant un mineur et majeur ; Arrêt distinct, peine application de l’ordonnance n° 62-108 pour les mineurs.

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CHAPITRE II : ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS ET L’OPTIMISATION DES NORMES RELATIVES AU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR

Nous ne pouvons plus affirmer qu’à Madagascar, il n’y a pas des lois destinées à la lutte contre le vol des bœufs. Mais le quotidien renseigne toujours que cette pratique se développe de plus en plus. Ainsi, sommes nous contraints à jeter un coup d’œil sur l’application de ces normes et devant ces problèmes, la rationalisation de ces normes nous parait indispensable.

SECTION I : LES ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA

De toute évidence, l’effort entrepris par notre droit positif ne peut être que louable puisque certaine effectivité est palpable. Toutefois, la perfection est loin d’être acquise car certains problèmes restent importants.

§1 : L’effectivité des normes juridiques en matière du vol des bovidés Nous avons déjà eu l’occasion de soutenir que le vol des bovidés est une pratique formellement interdite par notre système juridique. Ainsi, le droit répressif actuel consacre une position sans ambiguïté sur le traitement du vol des bovidés et cette consécration législative n’a pas tardé de provoquer des nouvelles installations structurelles. A- Le vol des bovidés et sa consécration législative Conscient du caractère récurant de la pratique du vol des bovidés à Madagascar, depuis notre accès à l’indépendance la première législature de notre République a déjà fait preuve d’une forme volonté de s’impliquer au fond de la lutte. Ainsi ne voulant pas rester dans la densité de l’article qui incrimine le vol en droit commun (article 379 du Code Pénal), le vol des bovidés est soustrait de la détermination dudit article, et c’est la loi n° 60-106 que nous avons déjà citée qui a pris le relais. Nous voyons sans clairement alors que la répression du vol ne suit pas le régime du droit commun. De surcroit, après avoir incriminé le vol des bovidés, le droit positif Malagasy a prévu les différentes circonstances qui permettent au juge d’augmenter la peine

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normalement applicable. La complicité, le recel des bœufs volés sont traités municieusement par notre droit répressif actuel. Et pour rationaliser les efforts, différents textes consécutifs ont été adoptés notamment l’ordonnance n°72-023 du 18 Septembre 1972, loi n°60-029 du 14 Mai 1960. Au fond de la reforme législative, les sanctions ne sont pas seulement des condamnations pénales puisqu’en cas d’acquittement du prévenu, la condamnation à des dommages et intérêts reste possible contrairement aux règles du droit commun dont la condamnation à des réparations civiles reste impossible en cas de relaxe du prévenu. Cette particularité matérielle est prévue par l’article 15 de la loi n°60-106 évoquée qui est liée à une condamnation. Sur le plan formel, le droit positif malagasy montre une efficacité sans faille car, l’organisation de la défense du prévenu, le traitement du dossier criminel, fait appel à une large participation du « fokonolona » qui reste tout à fait en dehors de la procédure en doit commun. C’est l’article 39 alinéa 2 de la dite loi qui prévoit cette organisation en matière du traitement du dossier. Ces remarques soutiennent avec plus de réalité qu’à l’état actuel de la chose le droit positif malagasy a fait preuve d’un effort tangible, et même sur le plan moyen et matériel, la gendarmerie se trouve plus ou moins augmenté29. B- Les reformes consécutives à ces efforts législatifs Les efforts législatifs n’ont pas tardé à donner naissance à des nouvelles structures et à des nouvelles règlementations. Tout d’abord, sur le plan structurel, force est de constater actuellement que depuis l’arrêté ministériel n°20 950/2004 du 03 Novembre 2004, la compagnie de la gendarmerie nationale à Andilamena a été créée. Elle est opérationnelle depuis le 04 Août 2005. Cette nouvelle instauration par l’Etat de cette compagnie contribue inéluctablement à rendre plus rapide et plus efficace la poursuite du vol. Ensuite, sur le plan administratif, la propriété des bœufs se trouve de plus en plus soumise à des prescriptions légales sous peine des sanctions adéquates. Autrement dit, un contrôle permanant et à priori est exercé par l’administration. En effet, annuellement, plus précisément à partir du premier Septembre au 31 Décembre, il est imposé à tout propriétaire une obligation de déclaration des nombres des bœufs objet de leur propriété. Cette obligation prend la forme d’un recensement sous l’égide du président du

29 Voir annexe n° II

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« fokontany » avec la participation des comités locaux qui finira par délivrer un cahier de contrôle, lequel est côté et paraphé par le Chef d’Arrondissement Administratif (CAA) qui est le Délégué Administratif. Ce cahier est strictement règlementé dans son contenu car il doit comporter quelques mentions obligatoires telles que : le Numéro d’ordre, signalement, la robe, le signe particulier, origine, observation,…. Et tout propriétaire est astreint à déclarer dans in délai raisonnable toutes les modifications ultérieures.

§2 : Quelques problèmes rencontrés en matière du vol des bovidés Devant l’effort entrepris, notre droit positif est loin d’être à l’abri des critiques puisque d’autres paramètres extra-juridiques entrent en jeux sur l’efficacité de la lutte. Ainsi, signalons que l’application de la loi à Madagascar se trouve limitée par le problème de la réception de la loi, et ensuite retenons que le phénomène de la corruption constitue un blocage majeur contre tout efficacité de la lutte. A- Le problème de la réception de la loi Un des principes généraux du Droit qui gouverne le commerce juridique est celui en vertu duquel, « Nul n’est censé ignorer la loi »30. autrement dit, la méconnaissance de la loi n’est pas en principe ni un fait justificatif, ni une excuse légale. Alors nous avons déjà dit que le droit positif malagasy depuis 1960 a reformé la répression du vol des bovidés. Mais force est de reconnaitre qu’à Madagascar la plus part des citoyens ne sont pas en mesure de comprendre la loi même le droit le plus élémentaire. L’ignorance de la loi se constate même dans les lieux urbains et le problème devient de plus en plus ardu si on parle des milieux ruraux. Alors, avant de concerner les grandes villes, le vol des bovidés est tout d’abord un phénomène essentiellement rural. Nos ruraux, dont la plupart sont analphabètes, ne sont pas en mesure de saisir le contenu, ni la raison d’être d’existence de la loi, c’est ainsi que l’une de la problématique vécue directement dans la lutte contre le vol des bovidés est le fait qu’en dépit des reformes législatives, ces reformes ne sont pas entièrement du mal à être effectives faute de l’adhésion populaire. C’est ainsi que dans la dernière partie de ce travail une solution à ce problème doit être apportée. B- Le problème de la corruption La corruption est un phénomène récurant à Madagascar. Sa définition est donnée par la loi 2004-030 comme « un fait, un agissement par une personne dépositaire d’une

30 Ladislas RASAMITIANA : Cours de droit pénal général ; 2ème année Droit ; Université de Toamasina ; année 2009

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autorité civile ou publique de détourner son pouvoir pour le compte d’une autre personne moyennant paiement d’une somme d’argent ou autres avantages illicites ». Sa pratique est sans conteste, nationale mais le cas d’Andilamena par rapport à la lutte contre le vol des bovidés est particulier compte ténu de certains faits spécifiques. L’administration appelée à concourir à la lutte contre le vol de bœufs est archi corrompue puisque comme on dit, quant on est loin du pouvoir central, le sentiment d’impunité risquerait d’atteindre tout le monde. Étant enclavé, et faute des moyens de communication, l’État et les tribunaux ne sont pas aptes à exercer un contrôle rationnel. Ainsi le district d’Andilamena est un endroit propice au développement de la corruption au point de mettre en danger l’efficacité de la répression et de la lutte contre ce fléau en raison de l’analphabétisme des ruraux et de la complicité des autorités locales.

SECTION II : LA RATIONALISATION DES NORMES RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS

Le constat de la problématique nous amène à proposer des solutions que nous jugeons nécessaires à un niveau d’analyse pareil. Mais l’exigence d’objectivité nous amène à voir d’abord les solutions à long terme et celles à court terme.

§1 : Les solutions à long terme Une des problématiques de l’’application de la loi à Madagascar est l’incivisme renforcé par la faillite généralisée de notre éducation au sens large. Et l’adoption d’une politique permettant de diagnostiquer les symptômes affectant les institutions et les administrations rattachées à la répression du vol est un préalable à adopter. A- L’éducation Le mot éducatif est un mot qui ne peut pas être négligé dans toute lutte sociale pour l’amélioration de la mentalité. Actuellement, l’éducation n’est pas séparable à tout développement d’une société. En effet, d’une éducation a son sens propre d’abord et son sens strict après. C'est-à-dire, il faut tout d’abord objectiviser le programme scolaire par rapport à l’état actuel des différents facteurs qui déterminent la société Malagasy. Parlant du cas spécifiquement Malagasy, nous pouvons dire avec rigueur que le système éducatif malagasy ne répond pas véritablement à la réalité sociale. La coutume ainsi que les valeurs qui ont déterminé notre existence en tant que peuple organisé n’est plus expliquée à postérités ultérieures.

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Les coutumes particulières doivent être réinstaurées, analysées, et réorientées en vers un horizon plus moderne. Ainsi, le mot éducation au sens strict, revient à affirmer que les programmes scolaires, secondaires et universitaires doivent être capables de rééduquer la jeunesse malagasy face à la nécessité de développement harmonieux. Actuellement les jeunes malagasy se trouvent gravement coupé de leurs coutumes pour se perdre facilement dans ce monde unifié et état de chose ne peut être que dévastateur à un développement envisagé. Nous avons de toute façon déjà soutenu que l’un des problèmes majeurs qui se présente comme un frein notable est la réception de la loi par les concernés. Ce problème est dû au manque d’éducation au sens large, ainsi, pour la rationalisation de la lutte contre le vol des bovidés. Il parait comme indispensable à l’État d’opter pour une vulgarisation permanente et adéquate expliquent aux citoyens par amont et par aval les dispositions législatives et réglementaires se rapportant au vol des bovidés. C’est dans ce contexte que nous affirmons que le mot éducation consiste à remettre en ordre l’éducation non seulement civile mais aussi et surtout civique. B- Instauration d’une juridiction et la sensibilisation ‐ Il faudrait instaurer un tribunal de la première instance à Andilamena, afin que l’arrestation des malfaiteurs ou « dahalo » devienne plus facile et ne demande de plusieurs jours pour le déferrement. ‐ On devrait redynamiser l’autodéfense villageoise à chaque tournée, c'est-à-dire les gens habitant dans un village doivent être conscientisés de la valeur de leur bœufs et à avoir un esprit d’appartenance afin qu’ils soient bien motivés à protéger ces derniers à tout prix. ‐ La sensibilisation des gens d’intenter une action devant le tribunal en cas de litige et surtout de se porter plainte au niveau de l’autorité compétente en cas du vol des bœufs non pas de se référer tout le temps aux représailles. Comme nous avons proposé parmi la suggestion l’instauration du Tribunal à Andilamena pour que les gens soient motivés d’intenter une action devant ceci. Parce que le problème actuel pour le gens est que le Tribunal d’Ambatondrazaka est placé très loin d’Andilamena (116 km). Dans ce cas, lorsqu’on va intenter une action, il faut non seulement avoir beaucoup d’argent pour le déplacement à venir assister à l’enquête au tribunal et revenir encore

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pour le jugement, mais aussi il faut sacrifier plusieurs jours à Ambatondrazaka afin d’attendre le Tribunal. Toutefois, il y a une personne venant très loin et il ne sait même pas les gens à Ambatondrazaka. Dans ce cas, c’est un grand problème à elle d’intenter une action devant le tribunal. Donc, elle préfère de faire la vengeance privée. ‐ Le volet éducatif au sens large doit être capable de rapprocher l’actuelle forme de la société à la forme ancienne de la société. Autrement dit, si nous reconnaissons que la pratique du vol des bœufs à sa source coutumière, il faut expliquer qu’actuellement le « moletra » ou la dot doivent être obligatoire en fonction de la disponibilité des gens. ‐ Il devrait y avoir une amélioration du taux de couverture spatiale. Pour cela, deux possibilités peuvent se faire : Premièrement, par une multiplication des tournées de surveillance et d’exploitation. Cela signifie qu’on doit visiter les communes et les « fokontany » fréquemment afin de bien savoir plus de détails d’information fréquente, plus le vol diminue, car les malfaiteurs sont censés avoir peur d’être arrêtés. Deuxièmement, par une intensification de contrôle sur terrain considérer la doléance du « fokonolona ». Ceci, quant à elle, permettait de vérifier si un bœuf est bien réglementé ou non ; alors là, on saurait aussi s’il a volé ou pas. Les procédures d’autocontrôle sur terrain seront à renforcer les registres des hôtes, passeport, contrôle des activités individuelles. La solidarité du « fokonolona » en collaboration avec les forces de l’ordre et les militaires constituera la force principale de la participation villageoise. Les déclarations et révélations des villages doivent être considérées, quitte à les recouper sur place.

§2 : Les solutions à court terme A côté des solutions que nous qualifions de long terme, l’urgence dictée par la gravité de ce fléau, actuellement à Madagascar nous conduit à proposer comme solutions urgentes la sensibilisation des justiciables et l’instauration des juridictions de proximité et la meilleure application des normes existantes.

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A- Diagnostique des symptômes affectant les institutions ou l’administration relative au vol des bovidés Il n’est plus à rappeler que dans un Pays démocratique, le système judiciaire a pour mission de garantir le fonctionnement de l’État de droit, et de veiller au respect des droits fondamentaux constitutionnellement reconnus. Il est le dernier rempart de la société en protégeant ses biens et ses personnes. Ainsi dans le cadre de l’analyse du vol des bovidés, les institutions qui se rattachent au vol des bœufs est la justice, mais qui dit justice dit la gendarmerie nationale et la police et aussi les tribunaux. Alors, s’il s’agit de diagnostiquer les symptômes affectant ces services pour contribuer d’une façon significative à la lutte contre le vol des bœufs. Il nous importe de dire qu’au district d’Andilamena pourquoi pas dans tout Madagascar, force est de constater que la gendarmerie à qui la loi a confié la recherche des voleurs pour sa répression, n’est pas épargnée de la corruption. Donc, il nous importe de dire que dans la gendarmerie les symptômes qui affectent sont les suivants : Tout d’abord, la paupérisation des officiers et des agents. C’est un malaise qui est loin d’être propre à la gendarmerie mais, compte tenu de leur fonction, le malaise favorable à la corruption devient de plus en plus ardu. Et l’importance de ce malaise s’accentue en fonction de l’enclavement des régions. C’est ainsi que la paupérisation de la gendarmerie est très notoire à Andilamena nous avons dit, que c’est une localité très enclavée. Ensuite comme symptôme affectant la gendarmerie, il faut signaler que l’ignorance du droit et la peur mal placée du « Fanjakana » par les ruraux c’est un malaise qui se constate surtout aussi dans les zones rurales. Ce qui fait que, les administrés sont les proies faciles pour les agents sans scrupules. Enfin, il faut remarquer qu’au sein de la gendarmerie nationale vu l’influence de la politique au sein de l’administration, l’État a vraiment trop du mal à organiser scientifiquement la rotation des agents de l’État. L’adage célèbre à Madagascar exprime ce symptôme car selon cet adage « les commissaires passent, les agents restent »31. Cette problématique entraine une complicité permanente entre les agents et les administrés ce qui risque de favoriser la corruption. Donc en somme, la lutte à long terme contre le vol des bœufs doit prendre en compte ces malaises affectant la répression de ce genre du vol.

31 Conseil Supérieur de Lutte Contre la Corruption, STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION 2004-2005, Tome I, page 94

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B- La solution vers une meilleure application des normes existantes A l’état actuel de la chose, nous devons reconnaitre que les lois destinées à lutter contre le vol des bœufs sont nombreuses, denses et touffues, mais le problème qui reste à résoudre est qu’elles ne sont pas appliquées à bon escient compte tenu des facteurs qui sont défavorables que nous avons déjà largement expliqués tout au long de ce travail. Une enquête effectuée depuis 2004 nous a montré que plus de 56% des malagasy32 n’ont plus confiance à l’application de la loi, et pour remédier à cette problématique qui se présente comme imminente, il faudrait améliorer la situation en adoptant des mesures qui vont suivre : ‐ Assainir le système judiciaire ; ‐ Fédérer les magistrats et les auxiliaires de la justice autour des grands principes en matière d’éthique de la justice ; ‐ Rendre efficace l’indépendance de la justice ; ‐ Renforcer les capacités de la justice dans sa mission de rendre les arrêts et les jugements impartiaux et respectueux des droits de l’homme ; ‐ Réviser les textes relatif à la lutte contre la corruption ; ‐ Informer les citoyens sur les actes de corruption punis par la loi ; ‐ Relever le niveau de vie ; ‐ Améliorer les conditions de travail.

32 Conseil Supérieur de Lutte Contre la Corruption, STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION 2004-2005, Tome I, page 12

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CONCLUSION

Les bœufs représentent une valeur multidimensionnelle à la société Malagasy et le vol des bovidés est par conséquent un phénomène pas nouveau à Madagascar. On affirme même parfois que cette pratique différencie les Malagasy aux autres sociétés étrangères. Étant longuement considérée comme une pratique tolérée par certaines ethnies (BARA, TSIMIHETY, SAKALAVA et SIHANAKA) ; l’avènement de la décolonisation en 1960, le principe de l’unité impliquent que l’autorité d’une même loi sur l’ensemble du territoire est devenue une règle à valeur constitutionnelle. L’ordonnance 60-106 du 27 septembre 1960 est le premier texte qui cassait toute ambiguïté car le vol des bovidés est désormais un acte pénalement répréhensible, c’est un acte criminel. Le traitement pénal du vol des bovidés est unique mais malgré les similitudes de caractéristiques, la pratique du vol des bovidés se manifeste autrement d’une région à une autre.

Le district d’Andilamena est même depuis un certain temps classé zone rouge. Le choix du dit district nous a servi de sonde pour la meilleure compréhension du phénomène sur le plan national. Et l’analyse de notre thème qui s’est basé sur le district d’Andilamena nous permet d’affirmer avec rigueur que, quelque soit le qualificatif que nous attribuons à la position officielle de notre droit positif traitant le vol des bovidés, la pratique du vol des bœufs est une pratique dont l’explication n’est pas seulement juridique car avant de l’être, elle est d’abord une manifestation des causes culturelles, sociales, et surtout économiques. Et plus précisément, à Andilamena cette pratique se perpétue sous des diverses formes telles que le « Soko », le « Tampim-baravarana » et les attaques organisées. Et même avant de passer à l’acte, certaines pratiques courantes des propriétaires des bœufs compromettent à la lutte contre le vol des bovidés.

Devant tout cela, force est de reconnaitre que la position de notre droit répressif est celle réellement pour une lutte acharnée contre le fléau. Depuis l’adoption de la loi relative à cet acte, les reformes sur le plan formel et sur le fond sont notoires. Le tribunal compétent sur le traitement du dossier est la Cour Criminelle Spéciale compte tenu de la gravité de l’infraction. L’organisation de la poursuite, des preuves et même celle de la défense des présumés délinquants se trouvent de plus en plus reformée. En un mot, les reformes sont tout à fait présentes. Mais curieusement, rien qu’en nous référant aux

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journaux et aussi aux toutes les autres sources. La pratique du vol des bovidés se présente comme un fléau qui fait tant de mal non seulement à la région où elle est récurrente, mais aussi, sur l’efficacité de l’État surtout en matière de sécurité. Le cas de REMENABILA nous en témoigne actuellement.

Donc après avoir consulté les efforts attribués au crédit de notre droit positif, nous n’avons pas le droit de ne pas reconnaitre que la lutte est orientée vers un échec. La raison est simple, sur le plan technique d’abord, la disparition totale du vol des bovidés est loin d’être réelle car comme on dit, le mal fait partie de la nature d’une société humaine. Autrement dit, le crime confirme son existence. Il appartient donc à l’État de créer un environnement favorable à la réduction de ce mal, mais non pas à sa disparition totale. Si non, un État perd tout son essence. Ensuite, il faut soutenir que le cas Malagasy est un cas particulier puisque avons déjà dit que, la pratique du vol des bœufs est un héritage de notre passé. Une loi qui tend à lutter contre cette pratique ne serrait jamais efficace qu’en prenant compte cette état de chose. Enfin, la corruption qui se généralise surtout dans l’administration, telles que gendarmerie et la justice, ne peut être que défavorable à cette lutte. En effet, des solutions d’abord éducatives ont été proposées avant de proposer des solutions répressives qui doivent aller avec l’instauration des juridictions.

Quoiqu’il en soit, la lutte contre le vol des bovidés est une lutte qui doit être menée à la politique générale de l’État, un arsenal des moyens (juridique, matériel et financier) est un passage obligé qui constitue même un préalable à toute lutte. Alors parler de cette politique générale de l’État, c’est naturellement parler d’une volonté politique, d’un rationalisme de choix gouvernemental. C’est s’intéresser à un domaine qui sort du cadre juridique à proprement parlé.

Ceci étant, nous sommes à bon droit de dire qu’à l’état actuel de la chose, compte tenu surtout passivité des gouvernements qui se sont succédés à Madagascar, on se demande aisément si cette volonté politique est réellement tangible ? Répondre à cette question est tout à fait raisonnable, mais la limite de notre thème les renvoie à tous citoyens Malagasy.

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I- OUVRAGES GÉNÉRAUX ™ ÉMILE Richard ; Le vol de bœufs dans le Sud Ouest de Madagascar; Tananarive ; 21 juillet 1925 ; 27 pages ™ RABEARISON ; Les voleurs des bœufs ; Les presses de l’imprimerie Luthérienne Antsahamanitra - Tananarive ; 24 septembre 1965 ; 42 pages ™ RAHARINARIVONIRINA Alisaona avec collaboration BERTONE Alexandre ; Droit Pénal Général Malgache ; Centre Malagasy de Publication des Livres ; édition 1980 ; 298 pages ™ RANDRIAMAMONJY Frédéric ; Tantaran’i Madagasikara isam-paritra ; Achevé d’imprimer sur les presses de BPS pour le compte de l’imprimerie PIERRON ; Antananarivo ; août 2006 ; 588 pages ™ RAKOTOMANANA Honoré ; Droit Pénal Spécial ; Centre Malagasy de Publication des Livres ; édition 1983 ; 309 pages ™ RAKOTOMANANA Honoré ; Procédure Pénale Malagasy - Tome I ; Centre Malagasy de Publication des Livres ; mis à jour 1988 ; 302 pages

II- OUVRAGES SPÉCIAUX ™ APPENDICE AU CODE PENAL deuxième volume ; Antananarivo - Madagascar ; mis à jour au 30 juin 1990 ; 1088 pages ™ CODE PENAL MALAGASY ; Antananarivo - Madagascar ; Jurid’ika ; édition 2009 ; 150 pages ™ Conseil Supérieur de Lute Contre la Corruption ; Stratégie de Lutte Contre la Corruption 2004-2005 ; Tananarive ; Tome I ; 140 pages

III- JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE MALGACHE ™ Ordonnance 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol de bœufs ; Journal Officiel n° 124 du 1er octobre 1960 ; page 1949 ™ Loi n° 61-030 du 18 octobre 1961 modifiant l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs ; Journal Officiel n° 190 du 21 octobre 1961 ; page 1818

49

™ Ordonnance n° 62-004 du 24 juillet 1962 fixant les attributions, les responsabilités et les pouvoirs des fokonolona ; Journal Officiel du 11 août 1962 ; page 1559 ™ Ordonnance n° 62-088 sur le caractère obligatoire de certaines vaccinations animales ; Journal Officiel du 12 octobre 1962 ; page 2267 ™ Ordonnance n° 62-090 du 1er octobre 1962 modifiant et complétant l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs ; Journal Officiel n° 250 du 19 octobre 1976 ; page 2371 ™ Ordonnance n° 76-015 du 17 mai 1976 modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance modifiée n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs ; page 1327 ™ Ordonnance n° 76-023 du 1er octobre 1975 ajoutant l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression du vol des bœufs ; Journal Officiel n° 1129 du 5 juin 1976 ; page 2660

IV- SUPPORTS PÉDAGOGIQUES ™ ANDRIATIANARIVELO Réné José ; Cours de Droit Pénal Spécial ; 3ème Année ; Université de Toamasina ; année 2010 ™ ANJARASON Ken ; Cours de Procédure Pénale ; 4ème Année ; Université de Toamasina ; année 2011 ™ HARIZANDRY Noro Haja Nirina ; Cours du Droit International Privé ; 4ème Année ; Université de Toamasina ; année 2011 ™ JACQUIT Michel ; Cours d’Organisation Judiciaire ; 4ème Année ; Université de Toamasina ; année 2011 ™ RASAMITIANA Ladislas ; Cours de Droit Pénal Général ; 2ème Année ; Université de Toamasina ; année 2009

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ANNEXES ANNEXES

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ANNEXE N°I

LA CARTE DE LA RÉGION ALAOTRA MANGORO

Source : Programme Régional de Développement Alaotra Mangoro, 2005

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ANNNEXE N°II Tableau n° II: Les moyens des ressources humaines de compagnie de la gendarmerie d’Andilamena UNITE CN LT GPCE GPH GP1C GP2C GH G1C G2C GST TOTAL E C C GCCIE 1 1 1 2 1 2 8 PMP25 1 2 1 2 7 15 28 Bde 2 3 1 2 8 16 A/mena Bde M/vo 1 1 2 1 6 5 16

PA 1 3 4 Befoza TOTAL 1 1 0 2 6 8 3 7 21 23 72 Légende : CNE : Capitaine LT : Lieutenant GPCE : Gendarme Principal de Classe Exceptionnelle GPHC : Gendarme Principal de Hors Classe GP1C : Gendarme Principal de la Catégorie première Classe GP2C : Gendarme Principal de la Catégorie deuxième Classe GHC : Gendarme Hors Classe G1C : Gendarme Première Classe G2C : Gendarme deuxième Classe GST : Gendarme Stagiaire GCCIE : Groupement du Commandant de la Compagnie Bde A/mena : Brigade Andilamena Bde M/vo : Brigade Miarinarivo PA Befoza : Poste Avancée Befoza

Source : Compagnie de la gendarmerie d’Andilamena

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Tableau n° III : Les moyens matériels de compagnie de la gendarmerie d’Andilamena

VEHICULE AUTOMOBILE MOTOCYCLETTES BICYCLETTES

Nombre 1 2 17 Immatriculation Z 4794 Z 4831 – 4832

Type U 458 Yamaha AG 200F Genre Camionnette 4x4 Cross VTT

Carburant Gasoil Essence Consommation 25 litres / 100Km 4,5 litres/ 100Km

Source : Compagne de la gendarmerie d’Andilamena

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ANNEXE N°III

ÉCHANTILLONS DES PRODUITS FINIS LOCALEMENT À PARTIR DES ZÉBUS

Photo n°1 : On se sert des sabots pour construire des cendriers

Photo n°2 : La crâne cornée des bœufs devient un produit touristique

Source : Photo amateur

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ANNEXE N°IV

Tableau n° IV: Les variations du vol des bœufs dans le district d’Andilamana, année 2007-2010

Année/Mois 2007 2008 2009 2010 CV 10 02 07 02 BV 276 17 48 28 Janvier BR 182 08 25 03 IA 20 04 15 06 CV 07 06 02 03 BV 185 55 64 257 Février BR 162 33 31 213 IA 09 09 00 03 CV 04 03 02 03 BV 149 12 26 49 Mars BR 135 02 09 12 IA 01 05 03 03 CV 07 02 01 00 BV 197 28 36 00 Avril BR 100 02 12 00 IA 03 03 03 00 CV 05 02 02 02 BV 111 88 19 27 Mai BR 101 25 11 11 IA 06 06 04 02 CV 01 03 01 01 BV 01 60 31 25 Juin BR 00 08 05 00 IA 00 00 01 00 CV 03 00 01 02 BV 56 00 11 81 Juillet BR 18 00 08 68 IA 04 00 00 01 CV 01 01 00 04 BV 02 20 00 327 Août BR 00 00 00 314 IA 01 00 00 07 CV 01 01 02 05 BV 02 20 20 46 Septembre BR 00 00 11 30 IA 01 00 01 08 CV 02 03 04 02 BV 04 76 85 65 Octobre BR 00 13 58 34 IA 00 01 02 03 CV 06 03 01 00 BV 68 17 10 00 Novembre BR 30 02 00 00 IA 05 16 01 00 CV 02 03 02 01 BV 39 13 29 14 Décembre BR 07 08 17 13 IA 03 04 03 00 CV 49 29 25 24

BV 1090 401 379 919

BR 738 101 189 698 TOTAL IA 53 48 33 33

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Légende :

- CV : Cas du Vol - BV : Bœufs Volés - BR : Bœufs Récupérés - IA : Individu Arrêté

Source : Statistiques du vol de bœufs à la Compagnie Territoriale d’Andilamena

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LISTE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n° I: La division Administrative et la population par commune ...... 12 Tableau n° II: Les moyens des ressources humaines de compagnie de la gendarmerie d’Andilamena ...... 53 Tableau n° III : Les moyens matériels de compagnie de la gendarmerie d’Andilamena .... 54 Tableau n° IV: Les variations du vol des bœufs dans le district d’Andilamana, année 2007-2010 ...... 56

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TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE RÉMERCIEMENTS LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES GLOSSAIRE INTRODUCTION ...... 6 PREMIÈRE PARTIE : LA NOTION DU VOL DES BOVIDÉS ET SES PRATIQUES AU NIVEAU DU DISTRICT D’ANDILAMENA ...... 9 CHAPITRE I : LA NOTION DU VOL DES BOVIDÉS ...... 11 SECTION I : LA LOCALISATION DÉMO-GÉOGRAPHIQUE DU DISTRICT D’ANDILAMENA ...... 11 §1 : La localisation géographique d’Andilamena ...... 11 A-Situation géographique d’Andilamena ...... 11 B-Localisation officielle d’Andilamena ...... 11 §2 : La situation démographique ...... 12 A- Peuplement ...... 12 B- Potentialités économiques ...... 12 SECTION II : LES DÉFINITIONS ET HISTORIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR ...... 13 §1 : Définitions du vol des bovidés ...... 13 A- Définition juridique ...... 14 B- Les éléments constitutifs du vol des bovidés ...... 14 a. Élément légal ...... 14 b. Élément matériel ...... 15 c. Élément moral ...... 16 §2 : Aspects historiques du vol des bovidés à Madagascar ...... 16 A- Aspect définition du mot « fokonolona » ...... 16 B- Aspect historique du vol de bœufs ...... 17 CHAPITRE II : LA PRÉSENTATION DES PRATIQUES DU VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA ...... 19 SECTION I : LES DIFFÉRENTES CAUSES DE LA PRATIQUE DU VOL DES BOVIDÉS ...... 19 §1 : Les facteurs géographiques favorables au vol des bovidés ...... 19 A- Emplacement d’Andilamena ...... 19

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B- Les causes socioculturelles du vol des bovidés ...... 20 a. Le « moletra » ...... 20 b. Le « Rasa-harena »...... 20 §2 : Les causes politico-économiques du vol ...... 21 A- Des causes politiques ...... 21 B- Des causes économiques ...... 21 SECTION II : LES DIFFÉRENTES MANIFESTATIONS DU VOL DANS LE DISTRICT D’ANDILAMENA : ...... 22 §1 : Les formes particulières de la pratique du vol des bovidés à Andilamena ...... 22 A- Le « soko » et le « tampim-baravarana » ...... 22 a. Le «soko » ...... 22 b. Le «tampim-baravarana » ...... 22 B- Les attaques organisées ...... 23 a. Les modes d’exécution des attaques organisées ...... 23 b. Les techniques des « Dahalo » avant l’exécution ...... 24 §2 : Les « modes d’écoulement » des bœufs volés...... 25 A- Insertion des bovidés volés dans le « Valamantsina » et la modification de marque des bovidés ...... 25 a. Insertion des bovidés volés dans le « Valamantsina » ...... 25 b. La modification de marque ...... 26 B- La falsification des papiers et la liquidation des bovidés volés ...... 26 a. La falsification des papiers ...... 26 b. La liquidation des bœufs volés ...... 27 DEUXIEME PARTIE : LE DROIT POSITIF FACE AU VOL DES BOVIDÉS, ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE ET ÉBAUCHE DE SOLUTIONS ...... 28 CHAPITRE I : LE DROIT POSITIF FACE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 30 SECTION I : ADOPTION DE LA LOI RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 30 §1 : La règle de fond ...... 30 A- Auteur principal et le receleur...... 30 a. Auteur principal ...... 30 b. Le receleur ...... 31 B- Le complice et les circonstances aggravantes ...... 31 a. Le complice ...... 31

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b. Les circonstances aggravantes ...... 32 §2 : L’enquête et la procédure à l’audience ...... 33 A- Enquête et information ...... 33 B- La procédure à l’audience et voie de recours...... 35 SECTION II : LES CONSÉQUENCES DE L’ADOPTION DE LA LOI ...... 35 §1 : Les réformes administratives ...... 35 A- Les cahiers de contrôle du recensement des bovidés ...... 35 B- Le certificat d’origine et certificat de vaccination des bovidés ...... 36 a. Le certificat d’origine des bœufs ...... 36 b. Le certificat de vaccination ...... 36 §2 : Les réformes juridictionnelles ...... 36 A- La composition de la Cour Criminelle Spéciale ...... 37 a. Au niveau du siège ...... 37 b. Au niveau du parquet ...... 37 B- Les attributions de la Cour Criminelle Spéciale ...... 38 a. Sa compétence ...... 38 b. Son incompétence ...... 38 CHAPITRE II : ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS ET L’OPTIMISATION DES NORMES RELATIVES AU VOL DES BOVIDÉS À MADAGASCAR ...... 39 SECTION I : LES ANALYSES SUR L’APPLICATION DE LA LOI CONCERNANT LE VOL DES BOVIDÉS À ANDILAMENA ...... 39 §1 : L’effectivité des normes juridiques en matière du vol des bovidés ...... 39 A- Le vol des bovidés et sa consécration législative...... 39 B- Les reformes consécutives à ces efforts législatifs ...... 40 §2 : Quelques problèmes rencontrés en matière du vol des bovidés ...... 41 A- Le problème de la réception de la loi ...... 41 B- Le problème de la corruption ...... 41 SECTION II : LA RATIONALISATION DES NORMES RELATIVE AU VOL DES BOVIDÉS ...... 42 §1 : Les solutions à long terme ...... 42 A- L’éducation ...... 42 B- Instauration d’une juridiction et la sensibilisation ...... 43

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§2 : Les solutions à court terme ...... 44 A- Diagnostique des symptômes affectant les institutions ou l’administration relative au vol des bovidés ...... 45 B- La solution vers une meilleure application des normes existantes ...... 46 CONCLUSION ...... 47 BIBLIOGRAPHIE ...... 49 ANNEXES ...... 51 LISTE DES ILLUSTRATIONS ...... 58

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