UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo Domaine : Sciences de l’ingénieur Mention: Informations Géographiques et Aménagement du territoire UFR Sciences Economiques et de Gestion de Bordeaux

MEMOIRE DE MASTER

Parcours: « ÉTUDES D’IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX »

En co-diplômation entre L’Université d’Antananarivo et l’Université de Bordeaux

Intitulé :

CONTRIBUTION A L’AM ELIORATION DE LA COMPENSATION ECOLO GIQUE DES IMPACTS

CUMULATIFS : LE CAS DES PETITES EXPLOITATIONS MINIERES A M ADAGASCAR

Présenté le 04 Octobre 2016

par

Madame REMBAVIMANJAKA Bazolia

MASTER E I E 2015 – 2016

MASTER EIE 2015 - 2016

École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo Domaine: Sciences de l’ingénieur Mention: Informations Géographiques et Aménagement du territoire UFR Sciences Économiques et de Gestion de Bordeaux

MÉMOIRE DE MASTER

Parcours: « ÉTUDES D’IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX » En co-diplômation entre L’Université d’Antananarivo et l’Université de Bordeaux

Intitulé :

CONTRIBUTION A L’AMELIORATION DE LA COMPENSATION ECOLOGIQUE DES IMPACTS CUMULATIFS : LE CAS DES PETITES EXPLOITATIONS MINIERES A

Présenté le 04 Octobre 2016

par

Madame REMBAVIMANJAKA Bazolia

Devant le jury composé de :

Président : - M. Yvon Dieu Donné ANDRIANAHARISON Professeur Titulaire Directeur de l’Ecole Supérieure Polytechnique Examinateurs : - Mme Sylvie FERRARI Professeur - M. Minoson RAKOTOMALALA Professeur Titulaire - M. RABETSIAHINY Maître de Conférences T

Encadreur pédagogique : Professeur Sylvie FERRARI de l’Université de Bordeaux Encadreur professionnel : Monsieur Laurent AMPILAHY, Chef d’Unité de développement des outils à l’Office National pour l’Environnement (ONE)

REMERCIEMENTS De prime abord, je tiens à remercier Dieu de m’avoir donné la force et le courage qui m’ont permis de poursuivre mes études et d’aboutir à la réalisation de ce mémoire.

Je tiens, par la suite, à exprimer ma gratitude la plus sincère à toutes les autorités des deux Universités de Bordeaux et d’Antananarivo pour avoir permis le bon fonctionnement de la formation ainsi que la co-dipômation : o Monsieur Le Professeur TUNON De Lara, Manuel Président de l’Université de Bordeaux o Monsieur Le Professeur Panja RAMANOELINA, Président de l’Université d’Antananarivo o Monsieur Le Professeur Yvon Dieu Donné ANDRIANARISON, Directeur de l’École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo J’adresse pareillement mes remerciements aux responsables cette formation : o Madame Le Professeur Sylvie FERRARI, de l’Université de Bordeaux o Monsieur Le Docteur RABETSIAHINY, de l’École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo o Monsieur Le Professeur Minoson RAKOTOMALALA de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo Je tiens à remercier tout le corps professoral qui nous a permis, tout au long de notre cursus, d’acquérir des connaissances et des expériences qui sont, sans aucun doute, de fond de commerce inestimable que je pourrai fructifier dans le futur, à l’image du présent mémoire. J’adresse également mes plus sincères remerciements à toutes ces personnes qui, à travers leurs sacrifices, leurs encadrements, leurs conseils et leurs aides, ont permis l’élaboration de ce mémoire. Je citerai en particulier :  Le professeur Sylvie FERRARI, de l’Université de Bordeaux, pour avoir accepté de diriger mes travaux de recherche, pour m’avoir guidé et m’avoir fait bénéficier de ses pertinents conseils.  Monsieur Laurent AMPILAHY, mon encadreur professionnel, qui n’a jamais ménagé ses efforts dans ses conseils durant la réalisation de ce mémoire. Je remercie aussi l’ONE et son Directeur Jean Chrysostome RAKOTOARY de m’avoir permis d’effectuer mon stage au sein de cet établissement pour parfaire ma formation MASTER II en Etudes d’Impacts Environnementaux.

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Je remercie aussi ma famille, mes amis, mes et collègues pour le soutien, les encouragements ainsi que les commentaires justes et généreux qui ont permis de perfectionner le contenu de ce mémoire, sans oublier tous ceux qui ont sacrifié de leur temps pour participer aux entretiens qui ont été mené.

Merci donc, finalement, à toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à l’élaboration et la rédaction de ce mémoire.

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TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS ...... i LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES ...... vii GLOSSAIRE ...... viii INTRODUCTION ...... 1 Partie 1 : Exploitation minière et impacts environnementaux cumulatifs : une analyse à partir des petites exploitations minières ...... 5 Chapitre I : L’exploitation minière à Madagascar ...... 7 Section I : Politique minière à Madagascar...... 7 1. Contexte général de l’exploitation minière à Madagascar ...... 7 2. Cadre environnemental de l’exploitation minière à Madagascar...... 8 Section II: Panorama des petites exploitations minières à Madagascar ...... 14 1. Géo-localisation des gisements des petites exploitations minières à Madagascar ...... 14 2. Politique minière concernant les petites mines ...... 20 3. Etude de cas : Petites exploitations minières à ...... 22 a. Présentation de la zone d’étude : ...... 22 b. Les gisements miniers à Andilamena ...... 25 c. Gisement visité : La ruée vers le corindon à Ambodiakatra Marovato ... 26 d. Identification et évaluation de la biodiversité à Marovato ...... 27 Chapitre II : Analyse des modes d’exploitation des petites mines artisanales ...... 29 Section I : Méthodes et outils d’exploitation des mines artisanales ...... 29 1. Mode d’exploitation des petites mines ...... 29 2. Chaîne de valeur des pierres précieuses et de l’or ...... 30 Section II : Identification et caractérisation des impacts cumulatifs ...... 31 1. Les impacts cumulatifs sur le milieu physique ...... 32 2. Les impacts cumulatifs sur le milieu biologique ...... 34 3. Les impacts cumulatifs sur le milieu humain ...... 36 Partie 2 : La compensation écologique : mécanismes, principes et implications pour les petites exploitations minières à Madagascar ...... 38 Chapitre I : La compensation écologique au sein du secteur minier à Madagascar . 40 Section I : Les différents types de compensation écologique ...... 40 1. Le mécanisme des banques de compensation ...... 41

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a. Les banques de compensation relatives aux zones humides Wetland Mitigation Banking (USA) ...... 42 b. Les « Agences de compensation » (Allemagne) ...... 42 c. Les réserves d’actifs naturels (France) ...... 43 2. Le mécanisme des fonds de compensation écologique ...... 44 a. Des fonds pour la restauration de la végétation forestière (Chine) ...... 44 b. Le Fonds d’Interventions pour le Patrimoine Naturel ou FIPAN (France) … ...... 44 3. La compensation unique basée sur une approche au cas par cas ...... 45 Section II : Le dispositif de compensation écologique sur le secteur minier à Madagascar ...... 46 1. Projet COMBO ...... 46 2. Sélection d’écosystèmes forestiers et projet de compensation au sein de l’aire protégée Tsitongambarika ...... 48 3. Site de compensation sur la péninsule d’Ehoala ...... 48 Chapitre II : Analyses et perspectives sur la compensation écologique des impacts environnementaux cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar ...... 50 Section I: Diagnostic de la compensation écologique au sein du secteur ...... 50 1. Non application des lois concernant la compensation écologique au sein des petites mines ...... 50 2. Non respect des zones légalement désignées, sans mesures compensatoires envisagées...... 51 3. Méconnaissance de la hiérarchie des mesures d’atténuation par les petits exploitants miniers ...... 52 Section II: Perspectives d’amélioration du système de compensation écologique des impacts cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar ...... 52 1. La reforme des cadres réglementaires et légaux ...... 52 2. La voie vers l’effectivité d’un gain net de la biodiversité ...... 53 3. Imitation des bonnes pratiques ...... 55 4. Autres propositions de solution...... 59 CONCLUSION ...... 61 BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE ...... I ANNEXES ...... IV

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LISTE DES ABREVIATIONS ET DES ACRONYMES

AFD : Agence Française de Développement

BBOP: Business and Biodiversity Offsets Programme

CDC: Caisse des Dépôts et Compensations

CEM : Charte de l'Environnement Malagasy

CNPN : Commission Nationale de Protection de la Nature

COAP : Code des Aires Protégées

COMBO : COnservation, Minimisation des impacts, et compensation au titre de la BiOdiversité en Afrique

COP : Conférence de Paris

CSRPN : Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel

CWA: Clean Water Act

EIE: Etudes d’Impacts Environnementaux

EDBM: Economic Development Board of Madagascar

ERC : Eviter, Réduire, Restaurer, Compenser

FFEM : Fond Français pour l’Environnement Mondial

FIPAN : Le Fonds d’Interventions pour le Patrimoine Naturel

LGIM : Loi sur les Grands Investissements Miniers

MAVA: Massachusetts Association of Vocational Administrators

MECIE : Mise En Compatibilité des Investissements avec l’Environnement

ONE : Office National pour l’Environnement

ONG : Organisation Non Gouvernemental

PNEDD : Politique Nationale de l’Environnement pour le Développement Durable

PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement

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PEE-ES: Plan d'Engagement Environnemental-Evaluation Stratégique PEE-PREE: Plan d'Engagement Environnemental-Programme d'Engagement Environnemental

PRE : Permis de Recherche et d’Exploitation réservé aux petits exploitants

RSE : Responsabilité Sociétale et Environnementale

QMM : QIT Madagascar Minerals

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

WCS: Wildlife Conservation Society

WRM: World Rainforest Movement

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LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES TABLEAUX

Tableau 1 : Autorisation et permis minier (Page 11)

Tableau 2 : Les trois grands systèmes de compensation écologique (Page 46)

FIGURES

Figure 1 : Carte représentant la zone d’étude (Page 24)

Figure 2 : Carte représentant la localité Marovato (Page 26)

Figure 3 : Mode d’exploitation des petites mines (Page 30)

Figure 4 : Approvisionnement d’oxygène dans le tunnel (Page 30)

Figure 5 : Les trous creusés qui seront abandonnés à la fin de l’extraction (Page 32)

Figure 6 : Exploitation minière au cœur d’une forêt (Page 33)

Figure 7 : Règle d’équivalence et métrique (Page 54)

Figure 8 : Schéma de la valeur économique totale des actifs naturels (Page 57)

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GLOSSAIRE

Carré : Configuration géométrique sur la surface de la terre, qui représente l'unité de base de l'espace à l'intérieur duquel les droits sont conférés par les permis miniers ; les côtés du carré sont de deux kilomètres cinq cents mètres (2,5 km), orientés Sud-Nord et Ouest-Est parallèlement aux axes de coordonnées Laborde ; la localisation géographique de chaque carré est définie par un quadrillage du territoire national. D’après le Ministère auprès de la présidence chargé des Mines et du pétrole à Madagascar, un carré minier correspond à 0,39 km2. Gisement : Tout gîte naturel de substances minérales économiquement exploitable dans les conditions du moment ou prévues pour l’avenir. Indépendance : Le plus souvent, les mineurs artisanaux travaillent, sans la permission du titulaire de permis. Ils creusent où ils veulent et vendent leurs trouvailles à qui ils veulent. Mine : Tout gîte de substances minérales qui ne sont classées ni en carrière ni en fossiles ; le Ministre chargé des Mines déterminera, en tant que de besoin, par arrêté les substances minérales pour lesquelles les gîtes sont considérés mines. Orpaillage : Exploitation des gîtes alluvionnaires d’or par des techniques artisanales, à l’exclusion des travaux souterrains. Parrainage: Parfois, le titulaire du permis fournit aux mineurs artisanaux qui travaillent sur leur zone de permis ce dont ils ont besoin ou un petit salaire en échange des pierres précieuses qu’ils trouvent. Le titulaire du permis vend régulièrement le stock accumulé aux vendeurs ou exportateurs et retient, typiquement, 2/3 des gains, en redistribuant 1/3 aux personnes qui creusent. Périmètre : Le carré ou l'ensemble de plusieurs carrés contigus ou jointifs qui font l'objet d'un permis minier ou d'une demande de permis minier. Premier- droit d’achat : Parfois, au lieu d’un arrangement de parrainage le titulaire du permis peut exercer son premier droit d’achat pour les pierres trouvées par les personnes qui creusent, a un prix un peu en dessous du prix sur le marché. Réserve spéciale : Une zone historiquement désignée pour conserver une espèce particulière ou une communauté écologique. Toutes les réserves spéciales existantes sont gérées par le MNP/ Catégorie IV de l'IUCN.

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INTRODUCTION

A l’ère de la mondialisation, les multinationales et les pays émergents cherchent de nouveaux gisements miniers à exploiter vue l’essor considérable de la demande mondiale en minerais. Ainsi, le panorama des exploitations minières change tous les jours en laissant des impacts non moins négligeables sur l’environnement, sans pour autant contribuer à la mise en marche du développement des pays d’exploitation minière comme Madagascar. Madagascar est parmi les pays les plus riches en ressources naturelles renouvelables et non renouvelables. Malheureusement, cette richesse n’a que peu de retombées économiques sur le développement car la grande île figure toujours parmi la liste des pays les plus pauvres du monde. Profitant de cette abondance, l’exploitation minière dans le pays a pris une grande importance. En particulier, les petites exploitations minières se sont beaucoup développées, ce qui a conduit à lutter contre le problème du chômage et la précarité provoquée par les crises qui se sont succédées. Pourtant, l’environnement est la première victime de l’exploitation minière. De nombreux hectares sont défrichés et déterrés pour satisfaire le besoin en minerais. Comme les grandes exploitations minières, les petites exploitations minières sont loin d’être dépourvues d’impacts négatifs sur l’environnement. Même avec des outils d’exploitation qui semblent inoffensifs et rudimentaires, des impacts négatifs sérieux s’accumulent. Les petits exploitants miniers ne semblent pas être conscients de l’enjeu environnemental de leurs actes. Non seulement, ils méconnaissent la séquence ERC (Eviter, Réduire, Compenser) mais aussi les projets moins coûteux, modestes et ne dépassant pas un certain seuil ne font pas l’objet d’études d’impacts environnementaux. Or, normalement, avant de commencer des actions qui menacent visiblement la biodiversité telle que l’exploitation minière à ciel ouvert, les études d’impacts environnementaux doivent être réalisées pour pouvoir ensuite entreprendre les mesures d’évitement, de réduction et de compensation. Comme les mesures préalables afin d’éviter et de réduire les impacts ne sont pas prises, des mesures compensatoires des impacts résiduels doivent être mobilisées afin de les suppléer. C’est dans ce contexte que le présent travail se veut être une «Contribution à l’amélioration de la compensation écologique des impacts cumulatifs : le cas des petites exploitations minières à Madagascar ».

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1. CONTEXTE DE L’ETUDE

L’évaluation du système de protection de l’environnement d’un pays repose sur trois piliers, dont un est constitué par la compensation écologique, c’est-à-dire un ensemble d'actions en faveur de l'environnement permettant de contrebalancer les dommages causés par la réalisation d'un projet qui n'ont pu être évités ou limités. En tant que mesure alternative, l’optimisation de la compensation écologique pourrait autoriser un gain net sur le plan écologique. A Madagascar, les petites exploitations minières sont nombreuses et les effets cumulatifs sur l’environnement peuvent être considérés comme importants. Le système de compensation écologique constitue alors un recours pour remédier aux pertes environnementales causées par ces exploitations. Le cadre de ce travail sera donc limité aux aspects environnementaux des petites exploitations minières.

2. PROBLEMATIQUE Malgré l’existence de cadres réglementaires et légaux concernant la compensation écologique au sein du secteur minier à Madagascar, les impacts environnementaux cumulatifs des petites exploitations minières ne semblent pas être pris en compte. Comment améliorer le système de compensation écologique afin de faire face aux impacts environnementaux cumulatifs des petites exploitations minières?

Pour pouvoir apporter des éléments de réponse, le présent mémoire traitera dans sa première partie de l’exploitation minière et des impacts environnementaux cumulatifs concernant en particulier les petites exploitations minières. Dans sa deuxième partie, il analysera la compensation écologique en proposant une lecture de ses mécanismes, ses principes et ses implications pour les petites exploitations minières à Madagascar.

3. HYPOTHESES : Les hypothèses de cette recherche sont les suivantes :  Les petites exploitations minières engendrent des impacts négatifs importants surtout quand ces derniers se cumulent. Comme ces impacts ne sont pas évités ou réduits à temps, l’amélioration du système de compensation écologique engendrera un gain net de la biodiversité.

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 Une meilleure rentabilité écologique sera possible grâce à des alternatives visant à compenser les problèmes environnementaux causés par les petites exploitations minières.

4. OBJECTIFS DE L’ETUDE 4.1 Objectif général Proposer des alternatives compensatoires pour l’amélioration de la rentabilité écologique des petites exploitations minières. 4.2 Objectifs spécifiques  Identifier les questions écologiques liées aux petites exploitations minières  Analyser le cadre réglementaire et légal du système de compensation écologique à Madagascar  Analyser le mécanisme financier actuel de l’ERC  Etudier les impacts cumulatifs des exploitations minières sur l’environnement  Proposer des alternatives opérationnelles pour l’amélioration de la compensation écologique de petites exploitations minières.

5. METHODOLOGIE 5.1 Approche: Différentes approches ont été mises en œuvre pour pouvoir aborder le thème choisi et pour pouvoir identifier et analyser les questions relatant ce sujet.  Approche participative : Une approche participative a été effectuée durant la phase du terrain à Andilamena en vue d’un recoupement des informations. Il s’agit d’une participation passive à travers des entretiens dans la zone d’étude.  Approche systémique : Comme notre thème doit tenir compte de trois éléments dont l’élément spatial, la relation écologique et le domaine socio-économique, l’approche systémique est essentielle. Cette approche mettra l’accent sur les interactions, les liens entre ces éléments.

5.2 Démarche : Pour l’atteinte de ces objectifs, la démarche adoptée doit comprendre différentes phases :

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Phase de reconnaissance : Il s’agit de la reconnaissance sur papier par le biais des compilations bibliographiques qui se rapporte à notre thème; et la reconnaissance sur terrain où le cas sera illustré. Phase prospective : L’investigation sur le terrain se compose d’une prospection écologique, une prospection biologique et d’une investigation socio-démo-économique. Phase de réflexion et de planification : Les donnés collectées sont traitées et analysées en vue d’établissement du plan et la rédaction du mémoire. Phase de mise en œuvre : rédaction et correction du mémoire.

5.3 Méthode : Compilation bibliographique : Elle s’effectue en vue d’analyser des documents concernant les exploitations minières et la compensation écologique. C’est à partir des données collectées par les lectures d’ouvrage, des revues, des rapports de recherche, des journaux que nous avons déduits nos propositions de solutions. Cartographie manuelle : Par le logiciel Map Info 8.0, on a élaboré la carte représentant la zone d’étude et la délimitation a été faite par le biais des images Google map. Observation directe participante : Par des différents entretiens et des observations directes des petites exploitations minières au niveau local, on a pu obtenir des éléments de réponse menant vers l’amélioration de la compensation écologique des impacts négatifs cumulatifs. Prospection écologique : Elle concerne les investigations concernant l’environnement dont son élément physique, biologique et humain auprès des locaux. Autres matériels et Outils : Législations et règlementations concernant l’exploitation minière et la compensation écologique, appareil photo, dictaphone.

6. CONTRAINTES ET LIMITES Plusieurs difficultés ont été rencontrées au cours de cette recherche à l’instar de la contrainte temporelle, du manque de matériels, du manque des données récentes et les contraintes d’insécurité au terrain.

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Partie 1 : Exploitation minière et impacts environnementaux cumulatifs : une analyse à partir des petites exploitations minières

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Doté d’un sous sol riche en géo-diversité grâce à une longue histoire géologique à multiple phase, Madagascar connait à la fois l’essor des filières petites mines (artisanales) et des grandes mines. Différentes substances minérales connues et à découvrir peuvent être exploitées et devraient offrir à Madagascar d’importantes retombées économiques. Comme la vie de l’homme dépend de l’environnement où il se trouve, le développement économique et social en est fortement tributaire. Pour y parvenir, l’activité de l’homme tendant à toujours dégrader cet environnement fragile doit être modérée. D’ailleurs, plus la population est pauvre comme le cas des Malgaches, plus la prédation est importante et plus les effets néfastes sont dramatiques. Pour survivre, il est aisé de choisir l’exploitation des ressources naturelles telle que les ressources minières. Le long de cette partie, nous allons nous focaliser sur l’étude de l’exploitation minière à Madagascar et l’analyse de mode d’exploitation des petites mines artisanales.

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Chapitre I : L’exploitation minière à Madagascar

Compte tenu de la fragilité de l’environnement, une bonne gestion des exploitations minières à travers une politique rigoureuse et une bonne volonté de la part de toute la population assurera l’optimisation du secteur minier, particulièrement celle des petites exploitations minières à Madagascar. La politique minière à Madagascar et le panorama des petites exploitations minières à Madagascar seront alors développés dans ce chapitre.

Section I : Politique minière à Madagascar Avec l’analyse du contexte socio-économique et les problèmes propres au secteur minier, les régimes miniers ont besoin d’être redéfinis. En effet, ceux qui se sont succédés n’ont pas apporté de contribution effective au développement économique du pays. Par ailleurs, l’évolution des conditions économiques et techniques mondiales ont incité le Gouvernement malagasy à redéfinir sa politique minière de sorte que le secteur minier constitue un levier de développement du pays.

1. Contexte général de l’exploitation minière à Madagascar Depuis 2005, le Code minier malgache et sa Loi sur les Grands Investissements Miniers, par les avantages importants accordés aux sociétés miniers et pétroliers, a fait de Madagascar un « Nouvel Eldorado des compagnies minières et pétrolières 1». En plus, les sociétés, notamment étrangères, profitent de l’appui de l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar), une structure mise en place en 2006 et financée par la Banque Mondiale, « pour renforcer la compétitivité du secteur privé national, accroître l’investissement direct étranger et fournir un service d’accompagnement à l’endroit des investisseurs dans le cadre de leur implantation ». Ainsi, avec cette situation les petits opérateurs miniers, les communautés locales, et l’ensemble des générations futures malgaches risquent de ne soutirer que de moindres avantages de la richesse minière de Madagascar car avec le code minier en vigueur, les grands investisseurs sont poussés à acquérir des titres fonciers alors que ces derniers restent inaccessibles aux communs des Malgaches à cause de ses coûts élevés et ses longs délais d’obtention.

1 Tribune Madagascar, vendredi 21 Août 2015

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Le secteur minier à Madagascar est régi dans la majeure partie par le droit commun et surtout par le Code général des impôts. Or, pour que ce secteur réalise sa perspective de développement du pays, il doit être traité d’une manière spécifique par des mesures fiscales spécifique et incitatives. Sur le plan juridique, l’application des lois et réglementations au sein de ce secteur n’est pas effective et des cas d’interprétations abusives et d’abus d’autorité surviennent parfois2. Pour que Madagascar jouisse de la rente minière et que des retombées économiques significatifs découlent de ce secteur, le nouveau Code minier et pétrolier qui sera finalisé le mois d’octobre 2016 prochain durant la deuxième session parlementaire de cette année3 doit être élaboré dans cet intérêt. D’ailleurs, la Banque Mondiale apporte son soutien et son assistance technique dans l’élaboration de ce nouveau Code minier et pétrolier.4 Certes, les géants miniers, tels que Ambatovy (nickel et cobalt) et QMM-Rio Tinto (exploitant de l’ilménite), ont injecté des recettes significatives dans la caisse de l’Etat (Près de 729 milliards d’Ariary pour la période 2012-2013) et près de 43% des investissements perçus par Madagascar au premier trimestre 2013, mais cette filière est loin de remplir sa fonction d’être un levier de développement. En plus, elle est gangrénée par des exploitations et des exportations illicites, l’insécurité physique et financière, la dévaluation incessante de l’Ariary et la précarité de la police minière.

2. Cadre environnemental de l’exploitation minière à Madagascar Dans le contexte de la COP 21 et du changement climatique, le gouvernement malgache se préoccupe aussi des problèmes environnementaux en essayant d’instaurer le comportement éco-citoyen5 et de conserver le plus de forêt possible car les forêts absorbent près de la moitié du carbone terrestre et joue un rôle essentiel sur la conservation de la biodiversité. D’ailleurs, l’exploitation minière figure parmi les activités générant le plus de dégâts sur l’environnement. Conscient de son impact sur l’environnement, différents organismes aussi bien étatiques que privés s’occupent de l’environnement dont le Ministère chargé de l ’Energie et des Mines, le Ministère chargé de l’Environnement, l’Office National de l’Environnement (ONE), les diverses ONG. Ainsi, les cadres suivants sont à ne pas

2 Midi Madagascar, 21 mars 2016 3 Midi Madagascar, 26 Mai 2016 4 Midi Madagascar, 26 Mai 2016 5 Midi Madagascar, 11 Décembre 2015

8 négliger quand il est question d’exploitation minière, que ce soit une exploitation minière industrielle ou une exploitation minière artisanale :

 Conventions internationales: La Déclaration de RIO Avec ses 27 principes, cette déclaration tente de concilier le développement économique et la protection de l’environnement dans un texte sans portée contraignante mais tendant vers des engagements. Particulièrement, il est annoncé dans son Principe 17 que: «Une étude d’impact environnemental, en tant qu’instrument national, doit être entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d’avoir des effets nocifs importants sur l’environnement et dépendent de la décision d’une autorité nationale compétente». D’autres conventions internationales ayant de rapport avec l’exploitation minière : - La convention de Londres en 1933 relative à la protection de la faune et de la flore à l'état naturel ; - La Convention Internationale pour la protection des végétaux (IPPC) en 1952 ; - La Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau RAMSAR 1971 ; - La Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, Paris, 16 novembre 1972 ; - La Convention sur la Conservation des Espèces migratrices appartenant a la faune sauvage (CMS) ; Bonn 1979 ; - La Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone conclue à Vienne le 22 mars 1985 ; - Le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone en 1987 ; - La Convention sur l’évaluation de l'impact sur l'environnement dans un contexte transfrontière (Espoo) en 1991 ; - La Convention sur la responsabilité civile des dommages résultant d'activités dangereuses pour l'environnement en 1993 ; - Le Protocole de Kyoto relatif à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 1997 ; - Le Protocole de Göteborg (multi-polluants, multi-milieux) en 1999 ; - La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants en 2001. La Charte de la Terre en 2002 ;

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- La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, Paris, le 17 octobre 2003 ; - La convention Rio+20 issue de la conférence des nations unies sur le développement durable, en juin 2012 au Brésil ; - La Conférence de Paris de 2015 sur le climat le 30 Novembre au 12 Décembre 2015 au Bourget en France.

 Les textes fondamentaux : Charte de l’environnement malgache Les principes généraux qui constituent le cadre général de toutes les actions, dont l’objet sera la protection et la promotion de l’environnement, sont fixés par La Charte de l’Environnement. En effet, elle est portée par la loi N° 90-033 du 21 décembre 1990. Elle détermine les mesures et dispositions générales qui pourraient se convertir en Politique Nationale Environnementale ainsi qu’en règles fondamentales opérationnelles. Ces dernières doivent être une source d’inspiration de toute action nationale ou régionale pour la promotion d’une activité économique ou sociale causant une atteinte préjudiciable à l’environnement. Une action environnementale ne resterait pas au stade de protection et de sauvegarde des ressources naturelles, des espèces ou des sites. Elle ordonne l’étude d’impact environnemental tout projet publique ou privé pouvant porter atteinte à l’Environnement.

La mise en compatibilité des investissements avec l’environnement (MECIE) Le Décret n°99-954 du Décembre 1999 modifié par le décret n°2004-167 du 03 février 2004 portant les procédures environnementales de tous les titulaires des projets d’investissement et développement. Effectivement, une autorisation ou permis environnemental délivré par le Ministère sectoriel de l’Office National pour l’Environnement délégué permanent du Ministère de l’Environnement doit précéder toute opération tendant à compromettre directement ou indirectement l’environnement. Ainsi, le tableau ci-dessous relate les 4 types de permis et autorisations miniers qui seront délivrés. La base de leur octroi est le principe de « premier venu, premier servi ».

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Tableau 1 : Autorisation et permis minier :

Autorisation/Permis Validité Activités autorisées Personnes éligibles

Déclaration de Prospection 01 an Prospection Toute personne physique (DP) ou morale de droit

malagasy ou Autorisation Exclusive de 03 mois Prospection groupement/association Réservation de Périmètres (AERP)

Permis de Recherche (PR) Prospection et 05 ans Recherche Toute personne physique

Permis d’Exploitation (PE) Prospection, ou morale de droit 40 ans Recherche et malagasy Exploitation

Permis de Recherche et Prospection, Personne physique de d’Exploitation réservé aux 08 ans Recherche et nationalité malagasy ou petits exploitants (PRE) Exploitation groupement de petits exploitants malagasy Source : BCMM, Présentation lors de la Journée des Mines, Juin 20126

La constitution: La Constitution de la Quatrième République Malgache, promulgué le 11 Décembre 2010, mentionne dans son préambule que « Persuadé de l’importance exceptionnelle des richesses de la faune, de la flore et des ressources minières à fortes spécificités dont la nature a doté Madagascar, et qu’il importe de préserver pour les générations futures7». En plus, ses articles 37, 149 et 152 renforcent la préoccupation de l’Etat malgache vis-à-vis de l’environnement : Article 37.- L'Etat garantit la liberté d'entreprise dans la limite du respect de l'intérêt général, de l'ordre public, des bonnes mœurs et de l'environnement8.

6 RAJENARISON L., RAZAFINDRAKOTO B., « Analyse du secteur des industries extractives à Madagascar », mandaté par PAGM-E et GIZ, Antananarivo, 08 Octobre 2012, 216 pages, p.23 7 Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP, p.2 8 Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP, p.8

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Article 149.-Les communes concourent au développement économique, social, culturel et environnemental de leur ressort territorial. Leurs compétences tiennent compte essentiellement des principes constitutionnels et légaux ainsi que du principe de proximité, de promotion et de défense des intérêts des habitants9. Article 152.- Le Fokonolona, organisé en fokontany au sein des communes, est la base du développement et de la cohésion socio-culturelle et environnementale. Les responsables des fokontany participent à l’élaboration du programme de développement de leur commune10.

 Les textes sectoriels: Code minier Le code minier est le régime général de la classification des gîtes de substances minérales, de recherche des mines, de l’exploitation des mines et des permis d’exploitation des mines, des mines appartenant à l’Etat, de l’exécution des travaux de recherche et d’exploitation des mines, des relations des explorateurs et exploitants entre eux ou avec les propriétaires de la surface ainsi que de l’exercice de la surveillance administrative et des mesures à prendre en cas d’accident et de l’arrêt des travaux miniers et de la prévention des risques.

La législation forestière Le secteur forestier à Madagascar est régit par la Loi n°97-017 du 08 août 1997 portant révision de la législation forestière. Elle définit le régime forestier, la gestion durable des ressources forestières, l’organisation des services publics forestiers, les ristournes et taxes divers ainsi que les manquements et dispositions pénales correspondantes.

Ordonnance relative à la protection, la sauvegarde et la conservation du patrimoine national L’Ordonnance n° 82029 du 06 Novembre 1982, correspondante à la préservation et a la conservation du patrimoine national définit les patrimoines nationaux ainsi que leurs préservations et les infractions et sanctions respectifs.

9 Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP, p.35 10 Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP, p.35

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Arrêté interministériel n°4355/97 portant définition et délimitation des zones sensibles Pour assurer la protection particulière des zones ayant des fonctions écologiques importantes, cet arrêté définit et délimite les zones sensibles, des études préliminaires d’impact sur l’environnement sont alors exigées systématiquement à chaque fois que ces zones seraient envisagées comme lieu d’implantation de toute activité de quelque nature que ce soit.

L’arrêté interministériel n°12032/2000 sur la réglementation du secteur minier en matière de la protection de l’environnement Suivant cet arrêté interministériel, tout en conformant au Décret MECIE, les procédures d’élaboration et d’évaluation d’une EIE suggérées par le MECIE doivent être soumises par les opérations minières qui seront citées ci-dessous :

. Les opérations d’exploitation minière ainsi que les opérations de traitement ou de transformations connexes, autorisées par un permis E.

. Les opérations d’extraction mécanisée de fossile, autorisée par le Ministre chargé des Mines en application de l’article 229 du code minier.

. Les opérations d’extraction mécanisée de substances dont les gîtes sont rares, autorisées par l’Administration minière en application de l’article 93 du code minier.

. Toute opération d’exploitation ou d’extraction en zone sensible

. Les activités de recherche minière en vertu d’un permis R :

1. En zone sensible ou

2. Dans le cas où l’évaluation du PEE-ES aboutirait à la conclusion que ces activités sont soumises à l’EIE.

. Les opérations de recherche et d’exploitation minière autorisée par un permis PRE sur un périmètre situé dans une zone de concentration des opérations minières lorsqu’il est déterminé, conformément aux dispositions exposées dans l’arrêté interministériel n°12032/2000, que la concentration des opérations risque de porter atteinte à l’environnement.

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Les textes suivants aussi sont incontournables pour réformer une bonne gestion environnementale:

- Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 portant code de l’eau : les études d’impacts devront tenir compte d’une part des dispositions qui prévoient la protection quantitative et qualitative de l’eau (articles 9 à 18) et d’autre part de celles qui spécifient la conservation des ressources en eau et de la protection de l’environnement (articles 23 à 27) ;

- Loi n°99-021 du 19 août 1999 sur la politique de gestion et de contrôle des pollutions industrielles et ses décrets d’application ;

- Décret n° 73-079 du 30 mars 1973 fixant les conditions d’emploie des substances explosives et détonantes ;

- Arrêté interministériel n°12032/2000 du 06 novembre 2000 sur la réglementation du secteur minier en matière de protection de l’environnement ;

- Arrêté n°4355-97 du 13 mai 1997 portant définition des zones sensibles ;

- Arrêté nº18177 / 04 portant définition et délimitation des zones forestières sensibles.

Section II: Panorama des petites exploitations minières à Madagascar Une exploitation minière à ciel ouvert s’agit de toute exploitation qui met à nu le gisement à exploiter en enlevant les terrains de couverture et extrait ensuite le minerai. Deux phases constituent les opérations minières à savoir le décapage ou découverture et l’extraction du minerai. La catégorisation des projets d’exploitation minière dépend de la taille et des techniques utilisés. Par conséquent, vis-à-vis des normes internationales, les petites et moyennes entreprises minières existent à Madagascar. Particulièrement, les petites exploitations minières sont devenues des recours pour survivre face à la pauvreté criante à Madagascar.

1. Géo-localisation des gisements des petites exploitations minières à Madagascar

L’exploitation minière artisanale et de petite taille se trouve généralement concentrée dans les parties centrales de Madagascar. Cependant, de nombreux gisements miniers ont été déjà découverts dans les parties périphériques. Principalement, l’or et les pierres précieuses y font l’objet de la petite exploitation minière. Créateur d’emplois visant à promouvoir les

14 moyens de subsistance alternatifs et complétant d’autres activités économiques, ce secteur principalement informel et désorganisé se caractérise par des ruées où des grands groupes de mineurs convergent vers les dépôts mis à jour récemment. De ce fait, il est difficile d’estimer le volume total de la production, l’emploi créé et le nombre des exploitants sur chaque gisement. Figurant dans la liste des principaux producteurs de saphirs du monde, Madagascar possède également d’importants gisements d’émeraudes et de rubis, et aussi de pierres semi- précieuses sans parler des gisements d’or.

Ainsi, nous allons citer quelques illustrations de gisements miniers artisanaux les plus connus à Madagascar :

Ilakaka :

Bordant les aires protégées d’Isalo et traversé par la RN7, le petit village Ilakaka abrite le gisement minier le plus réputé de Madagascar. Avant la découverte de saphirs en 199811, sa population ne comptait que moins de 100 personnes pour arriver à environ 200 000 personnes vers l’année 2000 et diminuer à environ 20 000 personnes vers 2008 en raison de l’interdiction d’exportation de saphir par le gouvernement. Malgré cela, Ilakaka demeure un des principaux centres de commerce et d’extraction de saphir, où les principaux acheteurs sont des Sri Lankais, des Thaïlandais et des Africains, car des nouveaux gisements sont encore détectés jusqu'à 150 kilomètres à l'est et à 50 kilomètres au nord (Tilghman, 2007). Elle est notamment appréciée pour son saphir bleu, métamorphique à faible teneur en fer. Malheureusement, le sol sablonneux y constitue le substrat de l’exploitation minière. Il est facile à creuser mais les tunnels sont susceptibles de s’effondrer tout en aggravant le risque professionnel des mineurs.

Avec l’établissement définitif de la limite des Aires protégées de l’Isalo en 2001 et dans le cadre du Code des Aires Protégées (COAP) de 2003, 2,5 km aux alentours de la zone protégée autour d’un Aire protégée ne doit pas être touché par diverse activités, surtout miniers. Bien que des policiers venant de Ranohira et des personnels de MNP (Madagascar National Parks) interviennent pour expulser les mineurs qui s’infiltrent dans ce périmètre, on rencontre encore des tentatives d’infiltration12.

11 BBC Afrique, « A Madagascar, ruée vers le saphir », 07 Juillet 2015 12 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study : Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p.

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Ankofafaly et Iharanamy – Ranomafana :

A environ 394 km au sud d’Antananarivo, 65 km au nord-Est de Fianarantsoa et 139 km de Mananjary, le site Ankofafaly et Iharanamy à Ranomafana appartient à la région de Haute Matsiatra et Vatovavy-Fitovinany. De ce fait, les exploitants miniers sont principalement des personnes vivant dans les cinq communes voisines. Le problème c’est que ces sites miniers se trouvent dans les aires protégées de Ranomafana. C’est la raison pour laquelle, après l’ouverture du site en 1996, il a été fermé en 2006 et a rouvert en 2010 avec une production annuelle d’or estimée à environ 22 kg par les 517 personnes recensées13. Cette exploitation aurifère contribue significativement à la subsistance de la communauté locale, en alternative avec l’agriculture. Une gestion actuelle au niveau des aires protégées de Ranomafana déploie une politique d'intervention vigoureuse contre l'exploitation minière en son sein, combinée avec des tentatives de sensibilisation de la population locale.

Soamahamanina :

Dans la région d’Itasy, à environ 68 km de la capitale, Soamahamanina est une commune urbaine à proximité d’Arivonimamo, avec une population de 703 252 en 201214. La ruée vers l’or à Soamahamanina couvre environ deux hectares et son exploitation a commencé au début du mois de mars 2012 par 1000 personnes venant de la localité et environ 15 collectionneurs malgaches venant d’Antananarivo, suite aux activités de prospection faits par une société d'exploration junior australienne. Caractérisé par un sol ferralitique rouge et une prairie de savane dénudée, la biodiversité sur le site semble être négligée par les locaux et les orpailleurs. Malgré que les impacts environnementaux de l’exploitation ne sont quasiment tenus en compte, les autorités régionales ont instauré des mesures visant à formaliser la petite exploitation minière à Soamahamanina dont l’établissement de comptoir des mineurs et des collectionneurs; la sensibilisation sur l’assainissement, la sécurité et la santé au travail; et la bonne pratique sur le site. En plus, des représentants de l’autorité communale font des

13 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p. 14 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p.

16 descentes sur le lieu pour rendre effectif le suivi de l’exploitation minière et le payement des taxes et ristournes.

Zombitse-Vohibasia : Située dans la partie Sud Ouest de Madagascar, à 135 km de Tuléar, à 90km à l’Est d’Isalo et à 20 km au nord Est de Sakaraha, une ruée vers le saphir a affecté Zombitse et Vohibasia en 2003, pour atteindre un pic en 2004 et en 2005. Comme le site se trouve au sein des aires protégées, les forces de l’ordre venant de Tuléar et les représentants de la MNP (Madagascar National Parks) sont intervenues pour remédier à cette violation. Par conséquent, en 2008, l’exploitation a du être interrompue et les acheteurs potentiels ont migrés à proximité de Sakaraha et Ilakaka. Parallèlement à cela, après avoir avoué sa corruption pour pouvoir exploiter au sein de ces aires protégées, une société minière Sri Lankais a participé au coût de reboisement et de remplissage des 3000 trous creusés par les mineurs en guise de compensation écologique, avec l’aide de la population locale15.

Ankarana : Débuté en 1994, la ruée vers le saphir à Ankarana a été ouverte par des petites entreprises minières privées étrangères en dehors du secteur nord d’Ankarana. Durant cette exploitation plus ou moins mécanisée, des mineurs artisanaux locaux sont également arrivés. Mais ces entreprises ont abandonnées le site en 1998 car leur rendement d’exploitation s’avèrait insatisfaisant. Cela a favorisé l’arrivée d’environ 14 000 mineurs sur le gisement. La plupart des mineurs venaient de la région Diana vu qu’Ankarana se situe à 150 km au sud de Diego-Suarez et à 30 km d’Ambilobe. Cependant, un nombre important de mineurs migrants originaires de tout le pays y également est arrivé dont notamment des mineurs qui travaillaient dans un site d’exploitation minière de l'extrême sud de Madagascar appelé Andranondambo en 1998 (Tilghman et al., 2007).

Andranondambo : Découvert en 1991 lors de la grande sécheresse dans le sud avec l’apparition des échantillons de saphir les plus beaux du monde à Tranomaro, la ruée vers Andranondambo16

15 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p. 16 Madagasikara Tanindrazako, Article écrit par Ramanirabahoaka le 21 Août 2014

17 dans la partie sud-est de Madagascar a commencé en 1993. Elle se situe dans la région Anosy, district d’Amboasary Sud, commune rurale de Maromby. En 1994, environ 10.000 mineurs venant des quatre coins de Madagascar sont arrivés sur le site de Maromby, d’Ambandanira, de behataza et d’autres pour tenter aussi leur chance. Les mineurs progressivement déplacés vers un nouveau site à proximité appelé Antsiermene (10km au nord d’Andranondambo), puis sur Ankarana en 1998. Puis, une partie de cette course a continué à Ilakaka en 1999 (Aquaterre, 2004). Quelques temps après, la tourmaline à Ikalamavony, situé dans le sud de Fianarantsoa, ont attiré des mineurs d’Ankarana. Depuis le début de la ruée, les opérateurs étrangers venant du monde entier surtout les thaïlandais, les Sri-lankais, les Africains de l’Ouest, certains Européens et des Nord-Américains sont venus animer le marché sur le site.

Antetezambato : Dans la Région de Diana, sur la côte ouest, près de Nosy Faly, la ruée à Antetezambato a commencé après la découvert d’un démantoïde / grenat vert en Décembre 2008 par un local. En effet, des fuites d’information concernant cette pierre a fait attirer des mineurs artisanaux à occuper le site en mars 2009. Les acheteurs étrangers tels que Thaïlande, Sri Lankais, les Brésiliens, les Européens et les Africains ainsi que des commerçants et des mineurs malgaches venant de diverses localités ne tardaient plus à venir. Peu après, le nombre de mineurs migrants a été signalé à être dans l'ordre de 10.000 sur le site.

Ankotika : Dans la région de Diana, district d’Ambanja, commune rurale Antranokarany, la ruée vers le saphir au sein du Fokontany Ankotika a été précédée par la découverte de saphir par un agriculteur local au début de l’année 2011. Ainsi, avec une durée relativement courte, du mois de mai au mois d’octobre 2011 à cause de la découverture d’un autre site d’exploitation de saphir dans la région (sites d’exploitation de saphirs de Beradaoka- Antsirabe), le gisement a été exploité par des petits groupes de migrants dont la plupart viennent d’Antetezanambo. Parallèlement à cela, des acheteurs étrangers comme les thaïlandais visitent régulièrement le site. Malgré que des accords soient établis entre les mineurs et les propriétaires fonciers, ces derniers se plaignent de ne jamais être compensés. Par ailleurs, la localité n’a jamais perçu des avantages fiscaux de la part des acheteurs.

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Loky-Manambato : A environ 15 km de Daraina, district de Vohémar, dans la région de SAVA, un gisement aurifère touche la novelle aire protégée Loky-Manambato. La région a été reconnue pour ses gisements d'or, en particulier sur un site bien connu comme Betsiaka, situé à environ 50 km à l'ouest de Daraina. Ce site est encore occupé par de nombreux mineurs artisanaux résidents, ce qui provoque d’importantes érosions des sols depuis de nombreuses années. Commencé en 2001, cette ruée vers l’or a été un fermée en 2004 grâce à des mesures prises par l’ONG FANAMBY pour développer la nouvelle aire protégée. Cette ONG a réussi à mettre sur pied une association minière composée de 60 mineurs artisanaux résidents en 2004 vers 2009. Avec la crise politique en 2009, les mineurs ont profité de la situation et sont retournés sur le site et leur nombre a atteint 1000. Comme l'instabilité politique et le populisme se prolongent, la situation sur le site reste chaotique et ingérable.

Ifanato : Proche de la rivière Onilahy, dans la région de Toliara, un village nommé Ifanato est devenu un point d’appui pour une ruée vers le saphir en septembre 2004. Avant cela, sa population ne comptait que 280 personnes. Après la découverte des pierres précieuses sur le lieu, des mineurs migrants ont fait grimper cette population en plusieurs milliers. Comme le substrat dans cette zone est constituée principalement de calcaire dur, les tunnels et les creusés présentent moins de risque et il suffit d’enlever la couche mince de terre arable pour atteindre des roches. Actuellement, les lacs et les zones à proximité d’Ifanato sont considérés comme des sites majeurs de pierres précieuses.

Didy : Dans la partie Est de Madagascar, au cœur de la réserve naturelle Ankeniheny – Zahamena où la commune la plus proche est dans le district de et dans la région d’Alaotra-Mangoro, une ruée vers le saphir et le rubis a commencé en avril 2012. Compte tenu d’une faible capacité à la fois de surveiller et de prévenir toute infiltration au sein de la nouvelle aire protégée, les mineurs sont passés de 12 000 à 70 000 sur le site. Durant le mois de mai 2012, on estime que 100 Sri-lankais et 10 acheteurs Thaïlandais étaient basés à . Suite à cela, le groupe de la société civile, Voahary Gasy, a estimé qu'au cours des 30 premiers jours de la ruée, près de 30 hectares de forêt ont été détruits (Courriers, 2012). Comme il était de plus en plus difficile d’extraire les pierres précieuses de

19 haute qualité, certains ont supposé que la ruée est plutôt éluviale qu’illuviale. Ainsi, les mineurs se sont migrés le long de la veine éluviale à la recherche de dépôt accessible. En plus, comme le gouvernement a été alarmé par cette infiltration, les mineurs ont été expulsés par les forces de l’ordre malgré des tentatives notables.

Kandreho : Dans la région de Betsiboka, district de Kandreho, un gisement minier artisanal a été découvert au mois de Janvier 2016. Des pierres semi-précieuses comme les améthystes et les cornalines sont les plus convoitées durant la ruée qui s’en est suivie. Depuis sa découverte, la recherche de cette variété de quartz violet et de cette variété de calcédoine a fait appel à des milliers de mineurs venant des quatre coins de Madagascar et des acheteurs étrangers. A Kandreho, quelques mineurs semblent être conscients de la répercussion de leur exploitation sur l’environnement. De ce fait, une association des mineurs est déjà créée sur place en vue de la protection de l’environnement. Comme les impacts négatifs de cette exploitation sont inévitables, ils ont pris l’initiative louable d’œuvrer pour la restauration de l’environnement malgré que leur apport soit pour l’instant faible.

2. Politique minière concernant les petites mines Dans le contexte de mis en marche de développement durable, concilier la satisfaction de besoin de la génération présente et celle la génération future serait une tâche difficile, voire impossible si l’exploitation des ressources non renouvelable est mal gérée. Face à une demande en ressource minière accrue, sa gestion se base sur une politique minière sérieuse et rigoureuse. Cette politique ne doit pas perdre de vue l’objectif du concept du développement durable. D’ailleurs, parmi les fondements de la politique minière à Madagascar, trois textes régissent l’activité extractive dont le Code minier, la Loi sur les Grands Investissements Miniers ou LGIM et la convention d’établissement avec QIT Madagascar Minerals (QMM). Seul le Code minier, qui a été remanié cinq fois de suite, concerne les petites exploitations minières. « L’actuel Code minier contient plus de 230 articles. La plupart d’entre eux sont des obligations. Seule une cinquantaine constitue des droits ». Une de ces obligations soit l’obtention de permis minier avant le démarrage de l’exploitation minière. Ce permis minier diffère selon la catégorie de l’exploitation. De ce fait, les exploitants artisanaux doit obtenir le Permis Réservé aux petits exploitants miniers « PRE », qui leur confère le droit

20 d’entreprendre à la fois prospection, recherche et exploitation à l’intérieur du périmètre délimité. Ainsi, l’exploitation est caractérisé par une superficie maximale de 100km2 soit 16 carrés miniers, ayant comme techniques artisanales creusant au plus 20m de profondeur, n’utilisant ni de produits chimiques pour séparer le minerai de la roche, ni d’explosifs, ni de sondage mécanisé et ne concerne pas l’extraction sur les rives d’un cours d’eau. L’opération minière doit être à au-delà de 500m de toute zone sensible. Comme obligation environnementale, il faut faire un PEE-PREE ou EIE en cas d’exploitation minière sur zone sensible. Cependant, nombreux sont les sites qui ont été exploités sans qu’ils aient fait l’objet ni d’étude d’impact environnemental ni de mise en conformité aux exigences légales.

Vu que le secteur de l’exploitation minière artisanale et de petite taille reste largement informel, des stratégies nationales visant à le légaliser sont en cours d’élaboration. A cet effet, les mineurs artisanaux, qui n’ont pas les capacités formelles pour gérer ou minimiser l’impact environnemental de leurs activités, connaissent mal les lois et politiques régissant le secteur minier, et ne payent pas d’impôts ou de redevances sur leurs ventes. Le mécanisme favorisant la collecte, la gestion ou le réinvestissement des recettes des ventes du secteur artisanal fait défaut. Si le ministère des Ressources stratégiques s’est doté d’une commission pour la gestion des investissements miniers à grande échelle, il n’en existe pas de similaire pour le secteur artisanal sauf l’Agence de l’or.

Les pierres d’ornementation (marbre, célestite, corindon, ammonite, etc.), les pierres fines (rubis, saphir, émeraude, béryls, etc.) et l’or font l’objet des petites exploitations minières. Les ruées importantes se trouvent parfois sur des surfaces restreints et mènent inéluctablement à des dégradations forestières d’envergures. Avec les moyens d’intervention limités des administrations minières et forestières et des forces de l’ordre, les aires protégées font parties des victimes car l’opération minière est souvent effectué dans ou autour d’écosystèmes critiques et de zones protégées bien qu’une stricte législation interdit de telles actions (Banque mondiale, 2012). S’additionnant à cela, les mines sont abandonnées sans restauration une fois les dépôts totalement épuisés. Des tentatives de mise en place de Comité Inter Ministériel Mines-Forêts ont contribué à résorber ou à obtenir des terrains d’entente dans les majeures parties de cas de conflits.

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En plus, les institutions des couloirs d’orpaillage17 pourront organiser et encourager une cohabitation apaisée entre les mineurs artisanaux et les mines industrielles vue que leur relation est souvent tendue. Face au travail des enfants dans les gisements miniers qui semblent être inéluctable, Madagascar a signé et ratifié la législation internationale sur la protection des enfants contre les pires formes de travail, et a adopté une loi nationale pour soutenir ces engagements en dépit de l’incapacité du gouvernement à minimiser l’impact social de l’exploitation minière. Dans la dimension sociale et sanitaire, la législation nationale sur la santé et la sécurité au travail protègent les mineurs artisanaux.

Dans l’optique de l’optimisation du secteur minier, l’avant projet de loi du nouveau code minier 2016 vise à ce que les gîtes de substances minérales de l’ensemble du territoire malagasy soient considérés comme richesses nationales mais non pas une propriété de l’Etat. Par conséquent, ceci engendrera la réservation exclusive des travaux d’extraction dans les petites mines aux personnes physiques de nationalité malgache et aux personnes morales de droit malgache. Une répartition équitable des revenus générés par les petites mines à travers plus d’autonomie budgétaire des collectivités locale est aussi prévue par La Loi pour le Développement des Petites Mines à Madagascar. Pour assurer une bonne administration du secteur, les lacunes dans la mise en œuvre des lois et politiques et l’insuffisance des ressources humaines et financières en son sein sont à revoir de près.

3. Etude de cas : Petites exploitations minières à Andilamena

a. Présentation de la zone d’étude : Le nom d’Andilamena vient de la combinaison des mots « croisement des chemins » et « rouge » désignant la couleur latéritique de la terre malgache. Les forêts primaires y ont laissé place à de vastes étendues herbacées ou boisées de jeunes d’eucalyptus plantés en vain pour lutter contre l’érosion des sols. L’agriculture enjolive les paysages des fonds de ses vallées. En tant que grenier à riz de Madagascar, la région est un territoire rizicole important. Dans la partie nord-est de Madagascar, dans la région d’Alaotra-Mangoro, le district d’Andilamena (Figure 1) se situe à 200 km au nord d’Ambatondrazaka. De 7 405km2 avec

17CRAWFORD Alec et NIKIEMA Suzy, « Rapport d’évaluation de Madagascar», mars 2005, Publié par I ‘Institut international du développement durable en 2015,38p.

22 une population allant de 70 527 individus enregistrés en 2013, elle est composé de 08 communes dont: Andilamena, , , Tanananifololahy, , Marovato, Miarinarivo, Maitsokely. Par ailleurs, la commune rurale d’Andilamena compte en mois de juillet 2016 environ 29699 habitants repartis dans les quatorze fokontany. La densité moyenne de la population est évaluée à 27 hab. /km² et le taux d’accroissement annuel est de 2,75%18. La taille moyenne des ménages est de 6 personnes. L’arrivée massive des migrants est expliquée par l’ouverture de l’exploitation des pierres précieuses comme le rubis, le saphir et le corindon. Depuis 2001 jusqu’à nos jours, leur nombre ne cesse d’augmenter et ne sont pas enregistrés dans le recensement19. Tous les jeudis, jours de marché à Andilamena, la dynamique de son centre au sein de la commune rurale d’Andilamena se dévoile, notamment avec une population constituée de 65% d’agriculteurs et de 10% d’éleveur de bétail rassemblée pour vendre leurs produits, mettant surtout en exergue la place cruciale de l’agriculture, notamment celle du riz. La majeure partie du paysage d’Andilamena affiche par ailleurs des vastes exploitations rizicoles mais la culture de manioc, maïs et d’arachides contribue aussi pleinement à l’économie locale. Cependant, à cause du mauvais état de la route RN4, Andilamena fait partie des zones enclavées. Ceci est aggravé par d’autres problèmes gangrenant tout le district entier dont : l’insécurité (vols des bœufs et des bien de la population par les dahalo20, des viols, de actes de banditisme); le manque d’infrastructure de base ; les problèmes liés à l’accès à l’eau potable, à l’insalubrité et à l’hygiène qui sont responsables de nombreuses maladies (diarrhée, parasites,….) ; le faible niveau de vie de la population en milieu urbain et rural ; le problème de délestage et la coupure du courant fréquente ; De plus de 15% des enfants de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés; la dégradation de l’environnement engendrée par divers sources d’impacts à l’instar de feu de brousse et de l’exploitation minière artisanale.

18 Entretien avec le Maire de Commune rurale Andilamena 19 Commune rurale Andilamena 20 Gendarmerie Adilamena

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Figure 1 : Carte représentant la zone d’étude

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b. Les gisements miniers à Andilamena La géologie de la zone nord d’Andilamena permet d’établir un raccord entre la région de lac Alaotra et celle de Mandritsara. Ainsi, on a pu distinguer cinq unités pétrographiques dont la base est constituée d’une série graphiteuse de Sillimanite comportant vers le sud de nombreux bancs leptynites, surtout sur son bord orientale. Des migmatites à biotite avec des petits passages amphiboliques viennent ensuite et frôlent la feuille Maroadabo tout en réapparaissant sur la limite ouest. Une petite série graphiteuse avec cipolins à Marovato, gneiss à pyroxène et wernérites est présente avec une position anticlinale. Dans les collines de Bemarivo, des épibolites et gneiss amphiboliques sont détectés. Des proxéno-amphibolites avec des gabbros presque métamorphisés décorent la région souterraine de Tanananifololahy. Les gisements miniers à Andilamena et notamment le gisement récent à Marovato s’expliquent alors par ces trois séries21. Depuis des années, des gisements de cristal et de quartz rose et d’or ont déjà existé à Andilamena. Mais depuis qu’un agriculteur a découvert par hasard des rubis sur son champ en octobre 2000, la nouvelle s’est rependue et a fait d’Andilamena un nouvel eldorado minier en 2001. Par conséquent, des milliers de personnes s'y sont ruée pour tenter aussi leur chance sans parler des opérateurs miniers étrangers tels que les Thaïlandais, les Africains,…et notamment les mineurs habitués à exploiter les sites miniers à jour. Plusieurs gisements ont alors été découverts au milieu de la forêt primaire de l'Est, dont, entre autres, celui de Moramanga, Antananarivokely, Andrebabe, Andranomavobe, Maintimbato, Antsahaleo, Bekobany et Ampasimbola. Deux ans plus tard, un nouveau gisement de saphir fut découvert à Andrebabe, et un autre gisement de rubis et de saphir en novembre 2013 à Sahalava, à une trentaine de kilomètres d’Andilamena. Ainsi, les mineurs n’ont pas cessé de repérer des nouveaux sites miniers. A la moitié de l’année 2016, une ruée vers le corindon a vu le jour à Marovato. Suite à cette situation, le coût de la vie ne cesse d’augmenter au niveau du district. En plus, non moins nombreux sont les agriculteurs qui se tournent vers l’exploitation minière. Le taux de scolarisation se voie diminuer car les plus jeunes préfèrent rechercher de l’argent rapide généré par l’exploitation minière qu’investir dans l’étude, et que le problème de chômage les pousse encore plus. Du côté environnemental, des centaines d'hectares de forêt constitués essentiellement de bois précieux ont été ainsi abattus pour pouvoir exploiter le rubis, le saphir et autres. C’est aux confins des forêts tropicales de la côte Est malgache que

21 Garde forestier d’Andilamena

25 les chasseurs de pierres précieuses se ruent pour aller chercher les pierres précieuses. Chaque jour, ce patrimoine forestier se rase de plus en plus et il ne reste que des trous béants. Aussi, la ruée n’épargne pas les forêts classées et les réserves spéciales à proximité d’Andilamena car des tunnels sont creusés pour les extraire. C’est le cas de la forêt classée d’Andrebabe ; la réserve spéciale de Marotandrano, près de la ruée vers le corindon à Marovato, et le Parc National à Sonierana Ivongo22.

c. Gisement visité : La ruée vers le corindon à Ambodiakatra Marovato

Figure 2 : Carte représentant la localité Marovato

Légende :

Localité Reserve Mer Source : Google map

22 Garde forestier d’Andilamena

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A 95km de la commune rurale d’Andilamena, la commune de Marovato est composée de six fokontany dont Marovato, Ambatosatrana, Ambohimasina, Analamanga, Berahotra, Marofany, avec environ 5000 habitants avant l’ouverture de la ruée. A 5h de marche de la commune rurale de Marovato, la carrière de corindon tant convoité se loge à un village appelé Ambodiakatra où la population est estimée à 50 000 personnes pour exploiter le site. A part d’autres contraintes, la recrudescence de l’insécurité animée par les Dahalo s’y pose comme un problème majeur. Cette carrière est proche de la réserve spéciale de Marotandrano (Figure 2), c’est donc à dire que la biodiversité présente dans le milieu est similaire à celle de la réserve spéciale en question. Alors, face à sa situation géographique le risque du point de vue environnemental s’avère important car elle représente un fort taux de perte nette de la biodiversité. Concernant l’exploitation, le corindon se vend de 400 000 à 600 000 Ariary le Kilo23. Ce gisement a commencé depuis le mois de juin dernier. Pour l’extraction des minerais, un tunnel permettant de poursuivre le filon est creusé à partir des outils et matériels rudimentaires tels que le bar à mine, des pelles, des sacs en plastiques, des cordes, des tuyaux plastiques pour l’approvisionnement d’oxygène. Une équipe de deux à cinq personnes travaillent ensemble et se départagent les produits24.

d. Identification et évaluation de la biodiversité à Marovato Avec le temps, la ruée touchera forcement la réserve spéciale de Marotandrano (superficie de 42 200 Hectares, classée catégorie IV par l’UICN, et nommée aire de gestion d’habitat ou d’espèce), sans parler des chasses effectuées par les mineurs25 sur les espèces animales. Dans cette forêt dense humide sempervirente, on recense 73 familles d’espèces végétales dont 3 endémiques et 157 genres dont 35 sont endémiques. Le Dypsis procera et le Dypsis louvelii sont par exemple les deux palmiers menacés. Une canopée, représentée par des espèces de Slonea, Tambourissa, Eugenia, Ravensara ; une strate intermédiaire de 15 à 18 mètres avec l’abondance de jeunes tiges de Syzygium , d’Eugenia ravensara ou de Tambourrissa, Ocotea, Mammea. La strate herbacée formée surtout par le Tsingialivolo et le Velatra caractérise aussi cette canopée. 12 espèces de lémuriens, 104 espèces d’oiseaux, 19 espèces d’amphibiens et 16 espèces de reptiles vivent dans cette réserve spéciale. 56 oiseaux

23 Entretien avec Mr Ludovic, mineur de Marovato 24 Entretien avec Mr Jackson, mineur de Marovato 25 Entretien avec le Garde forestier d’Andilamena

27 sont endémiques et 2 espèces sont en danger. L’existence de l'aigle de Madagascar Eutriorchis astur et Héron de Humblot Ardea humbloti qui sont des espèces très en danger (EN) à Madagascar privilégie la réserve. 11 espèces d’insectivores et rongeurs dont 10 sont endémiques y sont à protéger. Rattus rattus, une espèce indicatrice de dégradation a été rencontrée dans le site le plus dégradé26. A part la coupe sélective, la chasse, le braconnage, le défrichement et les feux, l’exploitation de corindon à Marovato menace la réserve spéciale de Marotandrano.

Pour conclure, l’exploitation minière à Madagascar est partagée entre l’exploitation minière à grande échelle et la petite exploitation minière. La première est constituée par des géants industriels de la mine et le deuxième est animé par des mineurs artisanaux qui sont poussés par le rêve de gain rapide. A Madagascar, il a été constaté que la politique minière et son cadre réglementaire et légal sont confus. En effet, vu la différence de contexte entre les deux types d’exploitation, chacun d’eux doit être traité séparément avec une politique rigoureuse pour pouvoir maximiser les profits du secteur minier. En effet, la politique au sein des petites exploitations minières doit tenir compte de leurs modes d’exploitations et leurs répercussions sur l’environnement. Le chapitre suivant sera justement consacré à l’analyse ces modes d’exploitation afin d’identifier les différents impacts sur l’environnement.

26 http://www.fapbm.org/fr/biodiversite/lecosysteme-de-marotandrano

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Chapitre II : Analyse des modes d’exploitation des petites mines artisanales

Dans le domaine de l’exploitation minière artisanale, la plupart des mineurs méconnaissent les lois et les politiques environnementales nationales. Les effets de leurs opérations sur l’environnement ne sont soumis à aucune surveillance du fait de l’application insuffisante de des lois. Sans aucune préoccupation de l’impact sur l’environnement, les mines sont établies sans plan de dépollution ni de restauration et encore moins de compensation écologique. Or, les effets environnementaux des petites exploitations minières à Madagascar sont considérables, notamment sur les sites abandonnés, sans que ces exploitants s’en rendent compte. Dans la présente chapitre, les méthodes et outils d’exploitations des mines artisanales ainsi que leurs impacts cumulatifs seront exposés.

Section I : Méthodes et outils d’exploitation des mines artisanales A chaque découverte d’un nouveau gisement, des milliers de mineurs endossent leurs bagages ainsi que leurs provisions, sans oublier les instruments appropriés à l’extraction des pierres précieuses. Sans viser un volume d’extraction massif, les mineurs artisanaux disposent de leurs propres méthodes et leurs propres outils pour atteindre leurs objectifs.

1. Mode d’exploitation des petites mines

Tout d’abord, les mineurs ont l’habitude de suivre et migrer les gisements à jour. Faisant partie de l’exploitation minière à ciel ouvert, les petites mines sont toujours exploitées par de petits groupes de mineurs allant de deux à cinq personnes par groupe, qui départageront ensuite la production. Munis de matériels rudimentaires tels que les masses, des pics, des barres à mines et des pelles, les mineurs artisanaux effectuent l’abattage pour l’extraction de ces substances minérales. En effet, le brisage, le dénoyautage et le ramassage constituent les opérations d’abattage. En fait, les pierres précieuses sont plus présentes dans la terre que dans les roches. Sur les flancs des montagnes ou les terrains horizontaux, un trou d’environ deux mètres de diamètre est creusé. Une fois que le filon est détecté à une certaine profondeur, un tunnel est

29 ensuite créé jusqu’à ce que ce filon se termine. Pour s’approvisionner en oxygène dans les tunnels qui peuvent aller jusqu’à 50m, un sac pastique est gonflé avec de l’air à la surface et la transmission se fait à travers un tuyau pastique menant vers le mineur dans le tunnel allant jusqu’à 100 mètres. (Figure 4). A l’aide d’une corde accrochée à une poulie monté d’une manière rudimentaire (Figure 3), les terres pouvant renfermé les pierres sont remontées en surface pour être tamisées et ensuite lavées dans les rivières les plus proches du site. Après un premier lavage pour enlever les terres et les sables, le triage se fait à la main. Dans les même gisements, on retrouve souvent à la fois des saphir, des rubis, des grenats, des corindons des topazes,…

Figure 3 : Mode d’exploitation des petites mines

Source : Rfi « Une nouvelle ruée vers le saphir à Madagascar », 18 Juin 2012

Figure 4 : Approvisionnement d’oxygène dans le tunnel :

Source : BBC Afrique « A Madagascar, ruée vers le saphir », 08 Juillet 2015

2. Chaîne de valeur des pierres précieuses et de l’or Ainsi, la chaîne de valeur des pierres précieuses27 se résume comme suit :

27 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p.

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- « Mineur artisanal » : il travaille parmi les trois types d’arrangement dont l’indépendance, le parrainage et le premier droit d’achat. - « les femmes portant des chapeaux » : c’est un terme qui désigne les petits acheteurs journaliers qui sont constamment présents sur le site et qui payent au comptant. - « les hommes en voiture » prennent le relais. Il s’agit de ceux qui ont accès au transport et ramassent les stocks des « femmes portant des chapeaux ». - « les hommes d’affaire », notamment les Thaïlandais, les Sri-lankais, les Africains et certains occidentaux, achètent les stocks des précédents. - Enfin, « les exportateurs » les exportent dans les pays asiatiques comme en Thaïlande pour que ces pierres précieuses soient taillées et être destinées au marché international.

Pour l’or, la chaîne est constituée de « chercheurs » qui sont les habitants ou groupes familiaux cherchant les poussières d’or, qui vendent ensuite leur produit aux « épicières ». Les « collectionneurs » rassemblent les stocks des « épicières » pour les vendre ensuite aux « super collectionneurs » et ces derniers les commercialisent aux « vendeurs d’or ou utilisateurs d’or ». Ils utilisent des techniques artisanales et surtout sans transformation des minéraux sur lieu d’extraction avec une exploitation peu rationnelle de la ressource. Parfois, ces petits exploitants exercent leur opération en possédant un permis minier de type Permis de Recherche et d’Exploitation réservé aux petits exploitants (PRE). Les mineurs eux-mêmes considèrent que les prescriptions administratives de légalisation de l’exploitation minière artisanale sont trop lourdes (Cook et Healy, 2012).

Section II : Identification et caractérisation des impacts cumulatifs A cause des conditions chroniques de la pauvreté, la population exploite les ressources naturelles non renouvelables telles que les substances minières d’une manière abusive. Ceci engendre de fortes pressions sur l’écosystème, notamment sur la faune et la flore endémique et compromet leur survie. Les activités peuvent localement engendrer non seulement des dégradations physiques et écologiques mais aussi sociales et économiques. Or, les mineurs ne semblent pas être conscients des conséquences de leurs activités et ne comprennent pas le lien existant entre leurs exploitations et l’environnement avec les méthodes d’exploitation paraissant inoffensives qu’ils utilisent. Cependant, à force que ces impacts se cumulent, leurs

31 conséquences deviennent importants. Cette section met la lumière sur les impacts cumulatifs des petites exploitations minières.

1. Les impacts cumulatifs sur le milieu physique Sol : - Les approches mobilisées pour extraire les ressources minérales constituent des réels dangers pour le sol. Effectivement, durant l’extraction des substances minérales, des fosses sont creusés (Figure 5). Paraissant inaperçu du point de vue individuel pour chaque mineur, les puits sont laissés en l’état à la fin de l’extraction. Or, avec un grand nombre d’exploitants concentré sur un même site, leur nombre se comptant par millier, mène vers un paysage troué et arraché de son couverture végétal. Ceci va engendrer inéluctablement l’érosion qui entrainera à son tour la dégradation et la transformation du relief. - Les sites abandonnés deviendront des chantiers dits « Orphelins » qui génèrent des dangers pour la circulation des hommes et des animaux car dans la plupart des cas, ils sont laissés sans aucune protection alors qu’ils sont jalonnés d’excavations souvent très profondes (allant de 50 m à 60 m de profondeur) et parfois camouflés par les eaux stagnantes après la saison de pluie, ou par une végétation secondaire.

Figure 5: Les trous creusés qui seront abandonnés à la fin de l’extraction

Source : Madagascar Liberté

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- Les surfaces de forêt, pâturage ou champ cultivé sont recouvert par les déblais. En plus, les piétinements et les brûlages accélèrent la dégradation du couvert végétal sur le site et provoquent ainsi une forte érosion menant vers la disparition de l’horizon humifère (Figure 6). - Les sols sont contaminés par les rejets solides et l’accumulation importante de déchets. En effet, à part l’opération d’extraction générant déjà des rejets de solides (roche, des bois et des terres), la population, toujours nombreuse sur les sites miniers, laisse toujours trainer des déchets comme la gestion de déchets fait défaut dans les gisements miniers artisanaux.

Figure 6 : Exploitation minière au cœur d’une forêt

Source : Madagascar Liberté, « Saphir de Didy », 13 Mars 2013

Air : - Le déferlement humain aboutit à la surpopulation et participe à l’altération de la qualité de l’air et de l’ambiance sonore, surtout pour la faune. - En surface comme dans les tunnels, les mineurs travaillent dans des conditions de poussière et de faible qualité de l'air dans les puits miniers. Cela peut causer de troubles respiratoires. - Dans les tunnels, des gaz nocifs peuvent asphyxier les mineurs. - émissions d’odeur au niveau des zones de stockage des déchets et des stations

d’épuration28.

28ONE, Préscription environnementale de base, 2011

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Eau : - La forte concentration humaine laisse derrière elle une pollution de l’eau par les déchets et les matières organiques. Cela peut contaminer les eaux de surface et modifier ainsi la qualité de l’eau; - Dans le cas des exploitations alluvionnaires, les berges sont fréquemment détruits sans parler des apports massifs en sédiments qui perturbent l’équilibre hydrologique du site; - Le rabattement de la nappe phréatique par excès de pompage est le résultat des exploitations de gîtes primaires sous le niveau hydrostatique. Le problème s’avère plus grave dans les régions où les ressources en eau sont insuffisantes. - Les régimes hydriques et hydrologiques et l’écoulement des eaux de surface sont modifiés à cause des dépôts des sédiments et des roches lors de lavage et de tamisage en vue de triage des pierres précieuses et de l’or. - Les charges de sédiments dans les rivières coulent progressivement et avec te temps, ils atteindront les estuaires et les écosystèmes marins29.

2. Les impacts cumulatifs sur le milieu biologique Faune : - Les surfaces recouverts de déblais, brulés et piétinés sont les habitats de différentes espèces fauniques. Par conséquent, leurs habitats dont dépendent leur survie sont détruits. Les espèces animales survivantes migreront alors vers d’autres milieux probablement peu adaptés à leur cycle vital car leur réserve alimentaire et leur territoire subissent des pressions croissantes. - Suite à la perte des habitats, la faune disparait progressivement. En outre, non moins nombreux sont les animaux qui migreront temporairement à cause du bruit et des odeurs découlant des activités minières. - Ayant d'impact direct sur la diminution numéraire de certaines espèces, la chasse30 effectuée par les mineurs aggrave les répercussions négatives de l’exploitation minière sur les espèces fauniques liées à la déforestation.

29 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study : Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p. 30 Entretien avec Tsoukin, un mineur à Marovato

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- L’éparpillement des déchets et la dégradation des habitats fauniques favorisent l'arrivée d'espèces envahissantes comme les rats. - La sédimentation dans les cours d’eau aura des impacts négatifs sur la biodiversité aquatique. Cette sédimentation conduit au tarissement des cours d’eau causant la disparition de la faune aquatique, notamment les espèces aquatiques endémiques.

Flore : - La végétation sur le gisement minier est modifiée, voire même détruite (Figure 6). A cause du retournement de la terre répété et l’élimination complète des racines, la régénération des plantes est perturbée et les espèces envahissantes sont prolifères. - Avec une aire d’environ 1 mètre et plus de 100 mètres de longueur, les tunnels comme on a pu observer à Ambodiakatra- Marovato peuvent altérer les racines et transformer les modes de drainage des sols entrainant la mort des plantes et des arbres. - Pour la construction des supports pour les puits et les systèmes de manivelle et de poulie pour faire remonter en surface les terres et pour la mise sur pied des abris et des cabanes ainsi que pour les bois de chauffe, des milliers d’arbres sont aussi abattus. Cela participe à la déforestation malgré que cette dernière soit moins importante par rapport à celle causée par la culture sur brûlis et d’autres exploitations forestières31. - Les espèces végétales endémiques et en voie de disparition sont aussi victimes de la petite exploitation minière, surtout pour le cas des exploitations dans ou bordant les réserves naturelles et spéciales comme à Marovato, étant proche de la réserve spéciale de Marotandrano32 - La sédimentation détériore généralement l’écosystème aquatique, notamment pour les végétations car elle perturbe la photosynthèse. Cela peut avoir comme conséquence la diminution des niveaux d'oxygène et le tarissement des cours d’eau fera disparaitre la flore aquatique par le phénomène de dystrophisation. L'impact pourrait être plus important pour les principales niches écologiques dans le réseau fluvial.

31 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012, 146p. 32 Entretien avec le Garde forestier d’Andilamena

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3. Les impacts cumulatifs sur le milieu humain Social et humain : - Malgré des impacts sociaux positifs (notamment l’emploi), des incidences négatives non négligeables sur l’être humain et la société peuvent être occasionnés par l’exploitation minière. La perturbation et la détérioration du milieu social ainsi que la baisse des ressources agricoles sont les premiers résultats constatés au niveau sociétal. L’afflux humain envahit pendant une courte durée le gisement neuf et supposé riche. Cependant, cette dynamique s’achève hâtivement mais entre-temps crée un état de surpopulation et donc de fréquentation extrême produisant divers problèmes sociaux, relationnels, sécuritaires et sanitaires. - La négligence de l’assainissement et de l’hygiène ainsi que l’absence de gestion de déchets favorisent la prolifération des maladies comme la diarrhée, la gale et la peste. - La propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) et du VIH/SIDA est provoquée par l’imprudence des mineurs face à ces maladies et aussi par la recrudescence de la prostitution. - L’abandon scolaire33 est aggravé car les jeunes préfèrent tenter leur chance dans l’exploitation minière plutôt que continuer leurs études.

Economie et système de production : - Comme les exploitants méconnaissent la notion d’allocation optimale de ressources et gestion de ressources, ils les exploitent alors d’une façon irrationnelle et d’une manière à ce que celles-ci s’épuisent littéralement. - Après l’extraction minière, les terrains ne sont plus favorables à l’agriculture alors que l’activité minière n’est pas permanente et que les ressources minières ne sont pas renouvelables. Ceci est en contradiction avec la logique du développement durable. - Les rejets solides dans les lacs et les rivières peuvent engendrer un blocage au système d’irrigation et perturbera donc l’agriculture, particulièrement pour les rizières et voire même son inondation. - Les dépôts solides dans les cours d’eau peut impacter la production aquatique tel que la pêche et perturbe le système de navigation. La turbidité accrue des rivières menace également la chaîne alimentaire des invertébrés aux écrevisses, poissons, amphibiens

33 Zanaky ny Anosy, « Andilamena, Eldorado du saphir », article écrit par TGN le 17 février 2015

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et d'autres formes de vie aquatique. Ce phénomène fera diminuer alors le rendement de pêche. - D’autres exploitations comme la production de charbon de bois et l’abatage de bois sélectifs se développent durant les extractions minières dans les forêts34. - Une inflation importante rend victime la population locale malgré que cette dernière ne profitent pas directement de l’exploitation minière.

Culturel : - Perturbation des sites culturels, cultuels et archéologiques reconnus ou potentiels à cause de la recherche des substances minérales inassouvies sans considération de leur valeur. En effet, elle engendre des répercussions d’ordre sociologique et culturel notamment quand les habitants donnent beaucoup d’importance à certains lieux de culte, ou à des structures tribales traditionnelles et de suprématie territoriales. - Un bouleversement des coutumes et des traditions est constaté car les mineurs viennent de milieux différents.

En guise de conclusion, les petits exploitants miniers semblent être inconscients de la possibilité des répercussions négatives de leurs activités sur la biodiversité. Or, des problèmes environnementaux sont imputables à la mine artisanale. A Madagascar, le contrôle et la surveillance des violations de l'environnement associés à la petite exploitation minière est encore une tâche ardue. En outre, la réglementation environnementale est encore difficile faute de ressources humaines et financières associées à la complexité des activités des exploitations minières artisanales et le manque de volonté politique d'agir. Pour maximiser les avantages dans ce secteur et pour minimiser ses impacts négatifs sur l’environnement, des améliorations de la compensation écologique doivent être mobilisées.

34 COOK Rupert and HEALY Thimoty, « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 Juin 2012, 146p.

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Partie 2 : La compensation écologique : mécanismes, principes et implications pour les petites exploitations minières à

Madagascar

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Pour permettre à la fois une croissance économique et un développement durable, on doit s’inspirer des approches de l’ « économie écologique ». Se posant comme un centre de gravité de débat majeur du développement durable, elle possède deux approches : la croissance infinie et la décroissance soutenable. La première approche est conditionnée par la valeur du stock globale de ce capital qui ne diminue jamais dans le temps ou soit au moins maintenue constante. Cela suppose la substitution entre elles des composantes du stock globale du capital à l’instar de la compensation de la dégradation du capital naturel par une augmentation du capital humain ou de capital produit. De la sorte, en application de cette théorie, la compensation écologique doit être maximisée vis-à-vis du non évitement des dommages causé sur l’environnement. Additionnant à cela, l’approche de décroissance soutenable quant à elle pose l’existence d’une divergence fondamentale entre la croissance économique et la qualité de l’environnement et de vie. Sa condition soit l’équité intra- générationnelle et intergénérationnelle, donc on prône encore la compensation écologique pour contribuer à l’instauration de cette équité. Ainsi, l’exploitation minière artisanale et à petite échelle doit faire preuve d’une responsabilité sur le plan social et environnemental avec une bonne organisation, utilisant des techniques appropriées. Par la favorisation de la compensation écologique, ce secteur contribuera à âtre un cadre d’équité sociale, de viabilité économique et de pérennité écologique. Nous aborderons alors une étude sur la compensation écologique au sein du secteur minier suivie de l’analyses et perspectives sur la compensation écologique des impacts environnementaux cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar.

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Chapitre I : La compensation écologique au sein du secteur minier à Madagascar

Le programme de compensation biodiversité et entreprises (Business and Biodiversity Offsets Program – BBOP - en anglais)35 donne les définitions suivantes de la compensation écologique : - la compensation d’atteinte à la biodiversité implique la réalisation de mesures pour restaurer, créer, améliorer ou empêcher la perte ou la dégradation d’un type d’écosystèmes, afin de compenser les impacts résiduels sur l'écosystème et / ou sur ses espèces associées. - les mesures compensatoires d’atteinte à la biodiversité sont des résultats mesurables découlant d’actions de compensation. Elles sont destinées à compenser les impacts résiduels importants néfastes pour la biodiversité, provenant du développement de projet et persistant après la mise en œuvre de mesures de prévention et d’atténuation appropriées. L’objectif de ces mesures de compensation est de parvenir à aucune perte nette, ou de préférence un gain net, de la biodiversité sur le terrain par rapport à la composition des espèces, la structure de l’habitat et les services écosystémiques. La compensation écologique est donc un ensemble de mesures qui sont mises en place après la réalisation des actions d’évitement et de réduction des impacts initialement identifiés, par respect pour le triptyque « éviter/réduire/compenser ». Le présent chapitre aborde dans un premier temps les différents types de compensation écologique et présente par la suite le dispositif de compensation écologique sur le secteur minier à Madagascar.

Section I : Les différents types de compensation écologique La compensation est la troisième étape du triptype « éviter/réduire/compenser ». De ce fait, les mesures compensatoires ne concernent que les dommages résiduels, inévitables, d’un projet sur la biodiversité. La compensation écologique ne justifie par ailleurs pas l’autorisation du projet concerné. En effet, certaines impacts irréversibles à la biodiversité peuvent entraîner la destruction d’espèces endémiques ou de milieux rares ; quelque soit le dispositif de

35 Business and Biodiversity Offsets Program. BBOP Phase one (2004-2008). Overviews, Principles, Interim Guidance and Supporting Materials. http://bbop.forest-trends.org/guidelines/

40 compensation, ce genre de projet ne doit pas recevoir d’accord. Dans le cas de projets particulièrement impactant, la notion d’utilité publique doit être démontrée et justifiée au préalable. Enfin, la compensation doit correspondre à des actions de terrain avec une obligation de résultats, et non à un dédommagement financier. Les financements dédiés à la compensation doivent permettre de mener à bien les actions de compensation. Le rapport “State of Biodiversity Markets_Offset and Compensation Programs Worldwide_2011 update”36 d’un projet initié par l’ONG Forest Trends depuis 2004 et portant notamment sur le “marché de la biodiversité”, recense, en 2011, 45 types programmes de compensation écologique effectifs à travers le monde. Par ailleurs, 27 autres programmes sont en cours de développement. Trois grands systèmes de compensation écologique sont cependant identifiés au niveau international, à savoir :  La compensation unique basée sur une approche au cas par cas  Les banques de compensation  Les fonds de compensation

1. Le mécanisme des banques de compensation Le système de banques de compensation se développe depuis le début des années 1990 aux États Unis et en Australie. Ce mécanisme est encore peu développé en Europe sauf en Allemagne. La première banque française, CDC Biodiversité a été créée en 2008 par la Caisse des dépôts et compensations (CDC). Les banques de compensation se chargent d’effectuer la compensation écologique pour le compte de tiers. Les maîtres d’œuvre de travaux d’infrastructures s’adressent à elles lorsqu’ils détruisent des écosystèmes protégés ou des espèces classées avec une obligation de compensation. Les banques de compensation achètent des sites à réhabiliter en prévision d’une demande de compensation. Elles en vendent par la suite des parcelles sous forme de crédits. Le prix de ces crédits dépend du coût de l’opération, de la localisation et de l’offre et de la demande. Une autorité publique vérifie la validité écologique des compensations et doit contrôler le suivi de la réhabilitation dans le temps. Afin de mieux appréhender le fonctionnement d’une banque de compensation, quelques exemples vont être présentés dans ci-après.

36 http://www.forest-trends.org/documents/files/doc_2848.pdf , 27/08/2016

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a. Les banques de compensation relatives aux zones humides Wetland Mitigation Banking (USA) La législation sur les zones humides a été créée aux États-Unis en 1972 par l’établissement du Clean Water Act (CWA). Le principe des « Mitigation Banks » est apparu à partir des années 90 pour permettre de compenser la destruction de zones humides en se référant à la section 404 du CWA. Aujourd’hui, il existe aux États-Unis un millier de banques liées aux zones humides et une centaine pour les espèces. Les Mitigation Banks sont des institutions privées ou mixtes, qui regroupent l’ensemble des crédits de compensation détenus par des acteurs privés ou par l’Etat, afin de les vendre pour des futurs projets de développement qui affectent les zones humides. Ces banques possèdent 480 000 hectares sur tout le territoire américain et vendent des titres de zones humides, de forêts et d’espèces. La création et le fonctionnement des banques de compensation fait l’objet d’un guide37 pour les opérateurs dans lequel sont explicitées les indications à suivre pour la caractérisation écologique et fonctionnelle des sites de la compensation, ainsi que les droits et les obligations liés au système de crédits générés par l’opération financière de compensation. Chaque banque doit obtenir un accord de la part de l’État, qui fixe les modalités de l’action de restauration ou de recréation de l’écosystème, le nombre de crédits nécessaires et la délimitation géographique de la zone où ces crédits peuvent être vendus pour compenser des milieux impactés. L’agrément est donné au cas par cas et selon la plus-value écologique du site de compensation. Finalement, la banque de compensation doit se soumettre au suivi et à l’évaluation d’un comité, le Mitigation Bank Review Team, composé de 15 membres relevant d'agences fédérales, de l’Etat et d'organisations non gouvernementales scientifi ques et de conservation.

b. Les « Agences de compensation » (Allemagne) Plusieurs Länders allemands (division administrative comparables aux régions en France) ont élaboré des ordonnances pour la création « d’agences ou de pools de compensation » (ex : en Hesse en 2005, dans la Saxe en 2008). Ces agences sont chargées de

37 Federal Guidance for the Establishment, Use and Operation of Mitigations Banks, Federal Register 60, n° 228 (nov 28, 1995).

42 la mise en œuvre des mesures compensatoires. Elles peuvent prendre différentes formes organisationnelles et être gérées par différentes institutions. Les premières « agences de compensation » allemandes sont apparues dans les années 1990 et leur nombre continue d’augmenter. Deux types d’agence de compensation peuvent être identifiés :  celles qui rassemblent dans un pool les terrains adéquats pour la compensation qui permettront ainsi de répondre aux futures demandes de compensation (pools de sites de compensation);  celles qui rassemblent les mesures compensatoires déjà mises en œuvre. Dans ce cas, l’agence propose au maître d’ouvrage de participer et d’étendre les mesures existantes (pools de mesures de compensation, ou éco-compte). Contrairement à la mise en œuvre conventionnelle de mesures compensatoires où il faut acquérir un terrain et réaliser des mesures compensatoires sur le terrain, la mise en œuvre par une agence consiste à l’utilisation de l’offre d’une agence de compensation et de réaliser des actions de compensation sur un terrain de l’agence ou de participer à des programmes d’actions existants.

c. Les réserves d’actifs naturels (France) La CDC Biodiversité, lancé en 2008 par la Caisse de dépôts est gérée par la Société Forestière. Elle se charge entre autres d’assurer pour le compte des maîtres d’ouvrages, le pilotage technique et financier de leurs obligations de compensation. CDC Biodiversité intervient à la demande des maîtres d’ouvrage sur toute la durée de leurs engagements et se porte garant de l’atteinte des objectifs écologiques de ces derniers. Un exemple d’action entreprise par CDC Biodiversité est l’expérimentation avec le ministère français de l’écologie de la mise en place de « Réserves d’actifs naturels ». Une expérimentation sur le site de Cossure dans le Var a été réalisée en 2008 et consistait en une réhabilitation du site (un ancien verger industriel) visant à rétablir sa vocation agro-pastorale et sa fonction d’habitats pour de nombreuses espèces vivants dans la région. Cette opération étant validée par les services de l'Etat, son recours au titre de mesure compensatoire pour des dommages résiduels sur la biodiversité est aujourd'hui possible à condition que soit validée une équivalence écologique entre ces impacts résiduels et les objectifs écologiques de l'opération.

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2. Le mécanisme des fonds de compensation écologique Cette approche consiste en la mise en place de fonds d’investissements dédiés à des programmes de conservation de la biodiversité. Les exemples suivants permettront de mieux appréhender son fonctionnement.

a. Des fonds pour la restauration de la végétation forestière (Chine) Il s’agit d’un programme règlementaire national qui exige aux maîtres d’ouvrage dont les projets impactent des zones forestières d’éviter et de limiter leurs impacts puis de payer les frais de restauration de la végétation forestière. Les fonds ainsi collectés sont utilisés par le gouvernement pour la plantation d’arbres et toutes autres actions en lien avec la restauration du milieu forestier. L’attribution des sommes n’est pas effectuée en fonction du type de compensation souhaité, mais en fonction des besoins nécessaires aux actions de conservation. Il n’y a donc pas d’équivalence entre ce qui a été détruit et ce qui va être restauré.

b. Le Fonds d’Interventions pour le Patrimoine Naturel ou FIPAN (France) Selon la définition donnée sur son site internet38, le FIPAN est un outil innovant permettant de développer une économie vivante à l’échelle des territoires. Le principe du FIPAN est la mise en œuvre d’une RSE territoriale pour le développement d’un nouveau modèle économique reconnaissant le capital naturel comme base de la création de valeur, en impulsant une dynamique sur le long terme et incluant tous les usages. Il s’agit donc d’un dispositif mutualisant les financements publics ou privés, sur un patrimoine naturel identifié. Ancré sur un territoire spécifié, le FIPAN permet la préservation, la restauration ou la renaturation d’espaces de vie favorable à la biodiversité. Le montant total des opérations (études, travaux, gestion, communication) est partagé sous la forme de parts d’engagement symbolisés par les « actions-vie ». C’est un outil permettant aux entreprises en particulier de compenser volontairement leurs impacts sur la biodiversité (y compris diffus et indirects) et qui constitue donc une forme d’actifs de compensation à une échelle locale.

38 http://www.fipan.fr/la-demarche-fipan/, 27/08/2016

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3. La compensation unique basée sur une approche au cas par cas Comme son nom l’indique, certaines actions de compensation sont uniques et dépendent des cas qui se présentent. Elle est réalisée au cas par cas directement par le maître d’ouvrage ou un sous-traitant des mesures compensatoires. Les cas à compenser dépendent entre autres de la typologie des impacts à compenser. Les différents types d’impacts sont les suivants :  Les impacts directs et locaux : La plupart des lois imposent aux études d'impacts de ne proposer des mesures de compensation que pour les impacts certains et locaux (ex. :un aéroport n'envisage pas de compenser ses impacts sur les pays d'arrivée ou survolés) et de court et moyen terme, alors qu'il est démontré par exemple dans le cadre des routes, que les impacts majeurs sont souvent indirects et différés dans l'espace et dans le temps (via les remembrements par exemple)  Les impacts non identifié par l'étude préalable, et n'apparaissant que plus tard : Les procédures et législations ne permettent généralement pas de les prendre en compte.  Les impacts de destructions faites dans le cadre de dérogation à la destruction d’espèces protégées. Ces mesures compensatoires sont en France examinées ou demandées par le CNPN (Commission Nationale de Protection de la Nature) et les CSRPN dans les régions. Mais de nombreuses destructions échappent sans doute aux observateurs. Pour résumer, les 3 grands systèmes de compensation écologique sont présentés dans le tableau suivant :

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Tableau 2 : Les trois grands systèmes de compensation écologique COMPENSATION BANQUES DE FONDS DE UNIQUE COMPENSATION COMPENSATION Mise en œuvre au cas par Mécanisme basé sur Mécanisme basé sur la cas l’échange de crédits de collecte de fonds compensation Réalisation au cas par cas Achat de crédit de Participation financière à directement par le maître compensation à une tierce des programmes de d'ouvrage ou un sous- partie (la banque de restauration ou de traitant des mesures compensation) qui se charge conservation compensatoires de la mise en œuvre des mesures compensatoires Source : UICN-France

Section II : Le dispositif de compensation écologique sur le secteur minier à Madagascar Madagascar possède l’une des plus grandes biodiversités endémiques du monde tant sur la faune que la flore. Doté également d’un sous-sol riche en matières précieuses et en produits miniers divers, le pays fait face à une augmentation des exploitations minières. Que ce soit par les grandes sociétés minières (Rio Tinto, Ambatovy) ou par les petits exploitants miniers, l’exploitation des mines malgaches représente un risque énorme pour des centaines voire des milliers d’espèces endémiques et pour la biodiversité unique présente dans certaines régions du pays. Face à cela, des dispositifs sont alors mis en œuvre.

1. Projet COMBO Le projet COMBO a été conçu et préparé pendant près de 3 ans par le Wildlife Conservation Society (WCS), Biotope (dont Biotope Madagascar) et Forest Trends. Il se conforme à la Politique Nationale de l’Environnement pour le Développement Durable (PNEDD, 2015) dont l’un des axes stratégiques prône en faveur de dispositif d’évaluation et de suivi des impacts des investissements sur l’Environnement. Il est financé par plusieurs partenaires dont l’Agence Française de Développement (AFD), le Fond Français pour

46 l’Environnement Mondial (FFEM), la fondation MAVA, le PNUD en Ouganda, la société Rio Tinto.

Le projet est prévu sur une durée de 4 ans (2016-2019) dans 4 pays d’Afrique (Guinée, Ouganda, Mozambique et Madagascar), ciblés en raison de la biodiversité remarquable qu’ils abritent et de l’essor qu’y connaissent les secteurs économiques à forts impacts environnementaux (à l’instar des industries extractives, infrastructures routières, site de production d’énergie, agriculture extensive,…)

Ce projet vise plusieurs objectifs :

. Aider les gouvernements à identifier, analyser et introduire les orientations politiques les plus adaptées au contexte national pour favoriser l'investissement dans des projets de développement visant un objectif d’absence de perte nette, voire de gain net de biodiversité. . Préparer la mise en œuvre du principe d’absence de perte nette de biodiversité en appuyant les processus nationaux de planification spatiale, de collecte et analyse des données nécessaires, de définitions de règles et métriques propres à chaque contexte. . Confronter les pratiques locales dans le domaine (études d’impact, mesures d’atténuation et de compensation des impacts, suivis des impacts environnementaux, etc.) aux expériences des autres pays et aux standards internationaux (tel que les principes de l’Équateurs, Normes de Performances de la Société Financière Internationale, etc.) ; . Sensibiliser les entreprises dans les secteurs à fort impact potentiel sur la biodiversité et suivre les initiatives d’atténuation d’impacts pour les documenter et les évaluer. . Développer les mécanismes juridiques et financiers de la compensation, en particulier ceux ayant un lien avec les fonds fiduciaires de conservation, afin de sécuriser des financements durables pour la conservation . Former les compétences clés pour la mise en place et le suivi d’une politique d’absence de perte nette de biodiversité et partager les leçons apprises au niveau national, régional et au-delà.

Lancé à Antananarivo (Madagascar) au mois de mai 2016, les résultats attendus du projet sont les suivants : . un cadre politique incitatif pour des investissements visant une absence de perte nette répondant aux meilleures pratiques d’atténuation des impacts sur la biodiversité est élaboré dans chaque pays d’ici 2019 ;

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. les entreprises dans les secteurs à fort impact potentiel sur la biodiversité sont sensibilisées et leurs initiatives d’atténuation d’impact suivies, documentées et évaluées d’ici 2019. Une filiale de la société Rio Tinto (Qit Madagascar Minerals) exploite de l’ilménite à Madagascar depuis fin 2008 est fait partie des partenaires de ce projet qui vise donc à développer une structure pour permettre un système de compensation écologique de la biodiversité malgache. Il faut noter, en effet, que le projet d’exploitation QMM s’étant sur 40 ans au cours desquels environ 1700 hectares de forêt littorale qui abrite des dizaines d’espèces endémiques menacées à Madagascar.

2. Sélection d’écosystèmes forestiers et projet de compensation au sein de l’aire protégée Tsitongambarika39 En réaction à la publication d’une enquête par deux ONG internationales, the World Rainforest Movement (WRM) et Re:Common, met ainsi en œuvre une stratégie élaborée en partenariat avec l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui cible un "impact positif net" sur la biodiversité. Autrement dit, en réduisant l'impact de ses activités, en restaurant les milieux détruits et en protégeant des surfaces équivalentes à la mine. 6000 hectares (ha) d’écosystèmes forestiers similaires à ceux endommagés ont été sélectionnés. Rio Tinto a ensuite contribué au classement de ces espaces en aires protégées (Tsitongambarika) par l’État malgache et en assure aujourd'hui le financement.

3. Site de compensation sur la péninsule d’Ehoala Ehoala est un port en eau profonde malgache situé sur le territoire de la commune urbaine de Tôlanaro à 10 km au Sud-ouest de la ville. Construit en dehors de toute agglomération à proximité de l'aéroport de Tôlanaro, il a ouvert le 8 juillet 2009. Il a été financé en majeure partie par Rio Tinto qui avait besoin d'un port en eau profonde pour exporter l'ilménite exploitée à proximité (mine à ciel ouvert de Mandena) par Qit Madagascar Minerals (QMM) propriété à 80 % de Rio Tinto et à 20 % de l'État malgache. La gestion de ce port est privée et confiée à Port d'Ehoala SA, filiale de Rio Tinto. Le port est d'utilité publique et ouvert au trafic maritime national et international (bureau des douanes).

39 http://www.novethic.fr/empreinte-terre/biodiversite/isr-rse/madagascar-rio-tinto-verdit-son- activite-miniere-sur-le-dos-des-plus-pauvres-143913.html, 27/08/2016

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Les dispositions légales et réglementaires en vigueur, notamment la loi 90.033 modifiée et complétée par les lois 97.012 et 2004/015 portant Charte de l'Environnement Malagasy (CEM), dans son Article 11 édicte que les opérateurs exerçant des activités engendrant des effets néfastes sur l'environnement seront soumis à des obligations compensatrices : comme le site d’Ehoala possède certaines valeurs à préserver, un site de compensation a dû être mis en place. Un site de compensation a ainsi été choisi dans la zone d’Ehoala et présentant donc à peu près les mêmes caractéristiques écologiques que la zone faisant l’objet d’exploitation minière. Ce site de compensation, sur la péninsule d’Itapera, fait donc l’objet de financement par QMM pour la protection des espèces présents en compensation de l’exploitation du site d’Ehoala.

Bref, depuis les années 90 jusqu’à présent, les pays développés se sont déjà approprié le concept de compensation écologique. A Madagascar, ce terme tient aussi une place importante, notamment au sein du secteur minier. En effet, des dispositifs de compensations écologiques sont mobilisés par les géants du mine sur la grande île à l’instar du projet COMBO, de la sélection d’écosystèmes forestiers et projet de compensation au sein de l’aire protégée Tsitongambarika et Site de compensation sur la péninsule d’Ehoala. Malheureusement, le système de compensation au niveau de la petite mine semble être inexistant. Une bonne analyse de cette dernière permettra d’avancer des perspectives y afférentes.

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Chapitre II : Analyses et perspectives sur la compensation écologique des impacts environnementaux cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar

Les petites exploitations minières peuvent engendrer des opportunités sur le développement d’un pays. Effectivement, sa création d’emploi pallie temporairement au problème de chômage. Elles sont aussi sources complémentaire de revenus agricoles. En conséquence, elles contribuent à l’amélioration de niveau de vie de la population. Pourtant, elles portent atteinte à l’environnement, notamment avec ses impacts négatifs cumulatifs et mettent en péril les services écosystémiques gratifié par la biodiversité. Il serait difficile de freiner catégoriquement cette activité pour que la biodiversité soit conservée. Il faut alors savoir concilier les profits des exploitations minières déjà existantes et le gain net de la biodiversité par l’amélioration de la compensation écologique. De ce fait, on fera le diagnostic de la compensation écologique au niveau de ce secteur pour pouvoir avancer ensuite des perspectives d’amélioration de cette dernière.

Section I: Diagnostic de la compensation écologique au sein du secteur Le mécanisme de compensation écologique semble laisser penser qu’on a droit à détruire l’environnement. Pourtant, il ne s’agit pas de permettre la destruction de l’environnement par l’exploitation minière artisanale mais de remédier à la situation de laxisme face à la protection de l’environnement. Normalement, les mesures compensatoires devraient être mobilisées en dernier recours, mais la hiérarchie de la séquence ERC n’est visiblement pas respectées au sein de ce secteur. Cette section focalisera sur l’analyse de la compensation écologique des petites exploitations minières.

1. Non application des lois concernant la compensation écologique au sein des petites mines D’après la CDC biodiversité en 2014, Madagascar figure parmi les pays qui développent encore un mécanisme de compensation écologique imposé par réglementation40. Effectivement, la loi sur la compensation écologique est en cours de développement et que des obligations nationales de compensation ponctuelles, locales sont possibles.

40 Séminaire sur l’Agenda de l’atelier du projet COMBO, 17 et 18 mai 2016 à Ankerana- Antananarivo

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Certes, la constitution malagasy et le dernier code minier obligent la protection de l’environnement et sa restauration41. Mais l’application de ces règlements au sein des petites exploitations minières encore floue et ne semble pas être effective. Additionnant à cela, des suivi et contrôle de l’application de ces lois sont quasiment inexistants. Ce sont seulement au niveau des zones protégées que les interventions des autorités gouvernementales ont surgis. Comme exemple, nous pouvons citer le cas de la ruée à Didy en 2012 sur l’expulsion des mineurs du domaine de l’aire protégée de Zahamena. La demande d’autorisation d’exploitation touchant les forêts auprès des autorités forestières est aussi négligée par les mineurs42. De ce fait, ces autorités forestières méconnaissent le réel état des lieux des petites exploitations qui leur permettra de prendre des mesures adéquates vis-à-vis de la dégradation causée. Parfois, leur descente au niveau des sites miniers se résume seulement sur l’interpellation des miniers qui font des feux de forêt43.

2. Non respect des zones légalement désignées, sans mesures compensatoires envisagées On constate une négligence excessive de la protection de l’environnement dans ce secteur. Manifestement, les zones protégées et délimitées d’avance font, dans la plupart des cas observés, l’objet de site d’exploitation minière artisanale. Comme par hasard, les gisements sont découverts dans ou à proximité des aires protégées à l’exemple de la ruée vers le rubis à Marovato à proximité de la réserve de Marotandrano. Sous prétexte que l’exploitation des substances minières constitue une issue de la pauvreté recrudescente, les mineurs font passer leur cupidité avant la préservation de l’environnement et font exprès d’exploiter au sein de ces aires protégés. Illustrant cela, des mineurs se sont infiltrés au sein des aires protégés Zombitse-Vohibasia. Or, la mise en place des mesures compensatoires ne figure pas dans leur objectif. Déjà, le respect de la séquence ERC leur échappe complètement. En plus, après avoir épuisé littéralement toutes les ressources existantes sur les lieux d’exploitations, ils abandonnent le site dans un état déplorable sans restauration et sans compensation de la dégradation effectuée.

41 CRAWFORD Alec et NIKIEMA Suzy, « Rapport d’évaluation de Madagascar», mars 2005, Publié par I’Institut international du développement durable en 2015,38p. 42 Entretien avec le garde forestier d’Andilamena 43 Entretien avec Jackson, un mineur de Marovato

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3. Méconnaissance de la hiérarchie des mesures d’atténuation par les petits exploitants miniers Le manque d’information concernant les modes de préservation de l’environnement et les avantages tirés de cette protection aggravent la destruction de l’environnement causée par la petite mine. Des sensibilisations sur cette bonne pratique leur font défauts et les cadres réglementaires et légaux des petites exploitations minières ne font pas figurer distinctement les mesures compensatoires que les mineurs artisanaux doivent mobiliser. Aussi, les répercussions négatives engendrées par les mines artisanales ne sont pas traités séparément de ceux provoquées par la mine industrielle. De ce fait, la hiérarchie de la séquence ERC est de plus en plus méconnue par les petits exploitants miniers. Pourtant, chez les mineurs industriels, les phases de leur projet sont rigoureusement encadrées par les cadres réglementaires et légaux et que parfois les promesses de respect de ces cadres sont ténues. Par conséquent, leur projet est balisé par la condition d’application de la séquence ERC. Leur dossier présente alors clairement les dispositifs de compensation écologique.

Section II: Perspectives d’amélioration du système de compensation écologique des impacts cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar Comme la destruction de l’écosystème s’avère inévitable, la compensation écologique est mise en avant. Certes, des efforts ont déjà été déployés par certains intervenants mais le système de compensation écologique existant concernant les impacts cumulatifs des petites exploitations minières présente pas mal de lacunes. Les propositions pour y remédier seront alors avancées tout au long de cette section.

1. La reforme des cadres réglementaires et légaux Tout d’abord, les textes régissant les petites exploitations minières doivent être spécifiques. Elles doivent être traitées de manière séparées de ceux des textes régissant la grande mine. De cette façon, les textes concernant la compensation écologique seront basées sur la spécificité de ce sous secteur et seront cohérentes avec leur réalité. En plus de leur ambiguïté, la réglementation sur les mesures compensatoires des répercussions négatives cumulatives de la petite mine doit connaître des améliorations. Les

52 textes réglementaires et légaux doivent faire figurer clairement l’obligation du respect de la hiérarchie des mesures d’atténuation dans un ordre décroissant à savoir : - l’évitement des impacts en refusant à priori l’exploitation minière au sein d’une zone riche en biodiversité pour prévenir ou limiter les impacts possibles ; - ensuite, la minimisation des impacts grâce à la mise en place des activités visant à la réduction des effets négatifs de l’exploitation minière en question ; - puis la rectification ou la restauration de l’environnement inévitablement touché ; - enfin, la compensation par la substitution ou le remplacement des éléments environnementaux détruits, voire même des dédommagements.

2. La voie vers l’effectivité d’un gain net de la biodiversité Les mineurs doivent être conscientisés qu’il est de leur devoir de participer pleinement, avec les autorités locales et le gouvernement, à la compensation des impacts négatifs de leurs exploitations. Cette prise de conscience serait la base de toute tentative de l’amélioration de système de compensation écologique existant dans le domaine de la petite mine. Dans un objectif de souscrire une absence de perte net de biodiversité ou de gain net de biodiversité, les études socio-économiques et techniques doivent précéder tout action de mise en place de système de compensation écologique. Étant donné que la compensation des éléments de la biodiversité tels que les espèces et les habitats doivent respecter la règle d’équivalence et métrique44, c'est-à-dire par des éléments de même type (Figure 7), cette étude est cruciale. En effet, l’équivalence doit être qualitative et quantitative. Ceci étant l’affermissement qu’on peut apporter vis-à-vis des mesures compensatoires souvent rencontrées, où cette règle y fait défaut.

44 Séminaire sur l’Agenda de l’atelier du projet COMBO, 17 et 18 mai 2016 à Ankerana- Antananarivo

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Figure 7 : Règle d’équivalence et métrique

Source : Séminaire sur l’Agenda de l’atelier du projet COMBO, 17 et 18 mai 2016 à Ankerana- Antananarivo

Pour parvenir à ces objectifs, une approche sectorielle basée sur la décentralisation et la déconcentration doit être adoptée. Cette approche mettra en évidence le Transfert des politiques publiques. D’ailleurs, l’environnement devient un sujet fortement politisé car actuellement, la notion de services écosystémiques au sein d’un pays jauge l’efficacité de la politique publique. En effet, la mise en œuvre des politiques environnementales doit être matérialisée par un transfert de compétence vers le plus bas de l’échelle de la décentralisation et de la déconcentration. De la sorte, les interlocuteurs locaux et les spécialistes de la compensation écologique doivent collaborer pour que leurs actions soient fructifiantes. Il faut alors sensibiliser les citoyens aux dangers que peuvent engendrer leurs activités en les aidant à créer des associations en faveur de la compensation écologique. Malgré que la plupart des tentatives d’organisation de ces mineurs en associations locales aient échoué (Cook et Healy, 2012), cette création d’association au sein de chaque site minier doit être soutenue et renforcée. Elle sera sous la tutelle des instances respectant l’ordre suivant : quartier, commune, district, région et le ministère chargé de mine. Cette association des mineurs aura comme but modeste d’assurer la matérialisation de l’amélioration des systèmes de compensation écologique des impacts cumulatifs des petites exploitations minières. A travers elle, la collaboration avec les intervenants, la sensibilisation des usagers du site passant par la conscientisation des gens à l’importance de la biodiversité et la création de climat de confiance seront possibles. Ainsi, on peut octroyer des formations à ces derniers ainsi que les gestionnaires du site sur la gestion des habitats naturels et la hiérarchie de

54 séquence d’atténuation des impacts négatifs. Une collaboration avec les autorités régionales renforcera cette gestion des habitats naturels.

3. Imitation des bonnes pratiques Semblablement chez les mines industrielles, on peut permettre un meilleur système de compensation dans ce secteur en collectant des fonds par le biais des associations mises en place. Comme le concept de « mesures compensatoires » a été élaboré aux Etats-Unis au cours des années 1970, dans la perspective de l’atténuation des pertes de terres humides où les mesures compensatoires peuvent se traduire par le financement de la protection d’une zone locale de conservation de la nature, donc un paiement ou autres formes de soutien pour protéger la biodiversité dans une aires choisie, ces fonds vont financer toutes actions visant à compenser la répercussion de cette activité sur l’environnement. Parfois, ces financements de projet ou d’action n’ont pas de lien direct avec le résultat pour la biodiversité. Le quartier le plus proche du site doit faire un recensement périodique pour gérer une liste précise des mineurs présents sur le lieu et l’association percevra à sont tour des cotisations de la part de ces mineurs. Une fois que les fonds sont collectés, les associations s’organiseront pour la réalisation des travaux de restauration des milieux ou d’espèce via la réintégration des communautés de plantes et d’animaux originelles. Cette action sera néanmoins difficile à réussir car une compensation écologique efficace doit respecter la règle d’équivalence. En plus, pour que les impacts négatifs ne se cumulent pas, ces fonds seront destinés à l’installation ou modernisation d’une station d’épuration conformément aux normes en vigueur ; à la construction des structures appropriés à la maîtrise de l’érosion et de la sédimentation ; à la mise en place des canaux antiérosifs autour de l’aire de stockage de déblais afin que le site en aval ne s’ensable pas ; à la mise en place d’un dispositif de traitement ou de recyclage et d’évacuation des eaux usées et les déchets solide et à la revégétalisation du milieu. D’une manière progressive, on introduit la notion de la valeur économique de la nature pour la compensation des éléments de l’environnement. Certes, des conceptions se divergent sur la valeur que nous attacherons à la nature et de la manière de les intégrer dans la prise de décision publique, mais la perte de la biodiversité doivent être résorbée par sa restauration grâce à ces fonds. Il est donc indéniable que l’économie écologique est le lieu d’extension et d’affinement de l’approche économique standard qui projette un cadre marchand sur la valeur et la gouvernance environnementale. Par marchand ou cadrage marchand, l’existence de la

55 dégradation environnementale est expliquée par l’absence du marché pour les ressources en question. Des marchés réels ou simulés sont mobilisés pour mesurer monétairement la valeur économique de la nature pour chaque individu, autrement dit ce que chaque individu est prêt à substituer aux ressources naturelles pour accepter la dégradation. Enfin, des instruments dits de marché sont le plus souvent créés et mobilisés pour gérer les ressources dont il est question. Comme l’évaluation des dommages causés repose sur une évaluation monétaire car cela peut déterminer les gains et les pertes en terme d’utilité et de bien-être, on doit tenir en compte la valeur économique totale (VET) des actifs naturels. En effet, elle est parmi les instruments économiques à l’aide desquels on cherche à tenir compte des signaux envoyés par le marché pour modifier les comportements en fonction d’une orientation sociale souhaitable. Elle est composée de la valeur d’usage et de la valeur de non usage (Figure 8). Ainsi, la valeur d’usage concerne les usages immédiats des actifs naturels et se divise donc en leur valeur d’usage direct, en leur valeur d’usage indirect et en leur valeur d’option. Quant à la valeur de non-usage, elle complète la valeur d’usage vue que cette dernière ne rend pas totalement compte de l’évaluation des bénéfices tirés des actifs naturels. Elle affiche alors la valeur de legs et la valeur d’existence.

On a donc : VET= VU+VO+VL+VE Avec VU : valeur d’usage direct et indirect VO : valeur d’option qui est une valeur relative à un usage futur pour les générations présentes VL : valeur de legs qui est la valeur relative à un usage potentiel futur pour les générations futures VE : valeur d’existence qui est une valeur indépendante de tout usage présent ou futur

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Figure 8 : Schéma de la valeur économique totale des actifs naturels

Usage Usage futur Non-usage Valeur économique totale

USAGE TEV NON-USAGE

vvvvvnValeur Valeur d’usage Valeur Valeur Valeur d’usage direct indirect d’option d’héritage d’existence

Prestations Avantages Usage Conservation Valeur placée directement fonctionnels potentiel futur pour générations sur le non-usage consommables futures

TANGIBILITE

-Nourritures -Fonction de -Conservation -Habitats et -Habitats et -Bois protection durabilité écosystème écosystème -Biomasse -Fonction Production d la -Changements -Espèces een -Externalités écologique diversité irréversibles danger -Fonction biologique Paysage hydrologique -Conservation d’habitats -Paysage Source : Rapport Chevassus-au-Louis B. et al., 2009, Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes.

Différentes techniques peuvent aussi être mises en œuvre au sein de ce cadre marchand, à savoir :  La méthode d’évaluation de la production ou de la productivité  La méthode du bien intermédiaire  La méthode des dépenses préventives  La méthode de coût de remplacement  La méthode des enchères  La méthode du coût d’accès

Méthode de l’évaluation de la production ou de la productivité : la variation de la productivité ou de la production d’une ressource environnementale sera mesurée afin de déterminer les avantages tirés de la réalisation du projet de restauration. Cette opération sert à

57 relater la valeur d’une forme d’exploitation. En générale, elle peut uniquement être appliquée à des ressources extraites (poissons, crustacés, crabes etc.) Méthode du bien intermédiaire : La ressource en question n’a pas de valeur marchande mais cette ressource pourra être exploitée dans le cadre de la production d’un bien en vente sur le marché, et sa valeur sera alors proportionnelle à la part pour laquelle elle compte dans le prix du marché de ce bien intermédiaire. On pourra aussi établir cette valeur en fonction de l’accroissement de productivité attribuable à l’exploitation de la ressource. Méthode des dépenses préventives : c’est une évaluation de la perte potentielle de la valeur de certaines formes d’exploitation qui pourrait être causée par des dommages. En effet, les sommes que les gens sont prêts à investir pour prohiber de supporter des dommages ou prévenir l’endommagement de l’environnement constituent une indication estimative minimum de la valeur qu’ils attribuent à la qualité de l’environnement. Méthode de coût de remplacement : vise à tenter d’évaluer les privilèges tirés de l’environnement en fonction du coût de remplacement de ces avantages. La ressource serait alors représentée par tous les coûts qui devaient être engagés pour remplacer ces avantages. Méthode des enchères : employée lorsque les préférences des gens ne peuvent être établies dans un marché et qu’il faut les déterminer à l’aide de questions hypothétiques. On y découvrira ce que les gens sont prêts à payer pour préserver ou améliorer une ressource environnementale et assurer son maintien. Méthode de coût d’accès : La méthode du coût d’accès permet de mesurer combien les gens paient pour avoir accès à une ressource, le montant payé devenant la valeur minimum présumée de la ressource. Cette technique est particulièrement appropriée à l’évaluation de la valeur de l’utilisation de rivière, lacs, parcs, forêts, …

Comme alternatif à ce cadrage marchand, on a le cadrage éthique. Il est supposé que c’est l’existence même du système de marché qui engendre la dégradation de l’environnement. Par ailleurs, elle pose l’incommensurabilité des valeurs que nous attacherons à la nature c'est-à-dire l’impossibilité de les ramener sans les trahir à un métrique commun surtout monétaire. Enfin, elle souligne le rôle éminemment collectif et ou la dimension collective et par suite le rôle de la délibération politique et de la construction d’une vision du bien pour prendre de décision et notamment les décisions publiques.

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4. Autres propositions de solution Il faut ensuite instaurer une stratégie axée sur une structure permettant de faire converger les intérêts et les préoccupations de plusieurs groupes, lesquels comprennent les propriétaires terriens autochtones, les communautés affectées, les investisseurs, les ONG, les organismes de réglementation, ainsi que les communautés scientifiques et financières. Ainsi, il faut :  Une surveillance sérieuse de la biodiversité par les locaux avec l’intervention des ONG ou les établissements universitaires locaux ;  Soutenir les groupes écologistes locaux ou les établissements universitaires pour l’élaboration d’études sur la biodiversité ainsi que la recherche scientifique sur la biodiversité dans les aires d’importance sur le plan de la biodiversité ;  Impliquer activement les organisations ou les institutions écologistes dans le travail de l’EIES (Evaluation des impacts environnementaux et sociaux) et la surveillance de la biodiversité pour aider à améliorer la capacité locale ;  Soutenir la formation pour les organisations ou institutions écologistes au niveau local, régional ou national ;  Soutenir le développement de capacité dans l’évaluation et la gestion des menaces ;  Renforcer la sensibilisation des gens tout en les encourageant à agir de manière conviviale envers l’environnement de leur propre chef ;  Mettre en rapport les initiatives de conservation existantes et les possibilités de restauration des habitats naturels dans l’aire exploitée ;  Apporter un soutien technique ou financier aux initiatives locales et régionales de conservation ;  Mettre en liaison des efforts de gestion des habitats naturels à proximité de l’exploitation avec la gestion des zones protégées locales ;  Soutenir les efforts locaux et ceux des ONG pour établir des zones protégées avec les organisations appropriées, là où les valeurs de la biodiversité sont élevées ;  Renforcer le respect des zones protégées légalement désigné ;  Renforcer les opérations de gestion des aires forestières et autres habitats naturels, surtout les zones protégées.

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En somme, ne s’affichant pas distinctement, les dispositifs de la compensation écologique de la petite mine déjà mis en œuvre n’ont pas apporté des résultats palpables. Pour que les moyens mobilisés soient efficients, il faut reformer ce système pour atteindre le but « d’absence de perte nette de la biodiversité » ou « de gain net de la biodiversité ». Malgré l’informalité de ce secteur, les mineurs doivent faire preuve de responsabilité en s’organisant en une association qui gèrera localement les fonds issu de leur cotisation et la destination de ces fonds. Avec ces efforts des locaux, l’Etat, les ONG, les autorités locaux et les autorités forestières auront aussi une part important sous différentes formes dans cette lutte.

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CONCLUSION La notion de mine artisanale concerne des opérations menées par des individus ou des petits groupes dans une démarche qui s’apparente à une cueillette opportuniste. Largement informelle, elle exploite sans planification, avec des méthodes et des outils souvent ancestraux et rudimentaires, une ressource mal connue. Cette activité de subsistance occasionnelle est souvent complémentaire de l’agriculture. Cependant, du point de vue environnemental, l’activité artisanale peut engendrer des dégradations préoccupantes: chantiers orphelins non sécurisés, terres agricoles stérilisées, forêts dégradées, rivières polluées, nappes phréatiques altérées par pompage excessif, pollutions anthropiques diverses, … à cause notamment de la négligence des mineurs. Au fil du temps et dans l’ensemble, ces impacts négatifs s’accumulent et deviennent alors comparables à ceux causés par les mines industrielles. En plus, le rêve de gains rapides des mineurs met en péril l’avenir de la communauté. En effet, ils épuisent aujourd’hui certaine ressource de manière irréversible et mettent alors en péril l’assurance de besoins de la génération future. Les petits exploitants miniers ne semblent pas se soucier de la hiérarchie d’atténuation des impacts d’« éviter, réduire, restaurer, compenser ». Il devient donc indispensable d’intervenir sur la dernière séquence à savoir la compensation écologique pour essayer de rétablir les préjudices causés à l’environnement. Pourtant, les cadres réglementaires et légaux concernant la compensation écologique sur les petites exploitations minières s’avèrent flous et les mesures compensatoires déjà entreprises sont presque défaillantes et n’ont pas apporté de résultat palpable. Ce système de compensation a alors besoin de restructuration pour que l’objectif d’absence de perte net ou le gain net de la biodiversité soit efficacement atteint. Cette amélioration du système de compensation écologique au sein de la petite mine doit se baser sur des études socio-économiques et techniques d’une manière approfondies qui mettront en exergue une bonne compréhension des états de lieux, les besoins ainsi que les moyens d’action appropriés pour y intervenir. Cette tâche doit prôner une responsabilité partagée entre tous les intervenants, à commencer par le gouvernement jusqu’à chaque mineur. Pour favoriser une volonté de respect de l’environnement chez chaque mineur, il faut mettre en place une association où des cotisations en vue de la compensation écologique seront versées. Cette association gèrera le fonds qui sera déboursé pour toutes les actions se rapportant à la compensation écologique sur le site donné. Le contrôle de gestion de ce fonds sera ensuite le rôle des instances suivantes : quartier, commune, district, région. En plus, malgré que les petits exploitants miniers ne payent pas encore d’impôts, ils doivent être

61 responsabilisés par rapport à leurs actes. L’état doit alors instaurer d’autres mesures vue que la capacité des mesures existantes est limitée. La politique minière au niveau des petites exploitations minières doit en effet être spécifique et séparée de celle de la grande mine car leur réalité n’est pas similaire. De cette manière, les bénéfices économiques et le gain de la biodiversité sont optimisés. D’ailleurs, les possibilités de réussite des initiatives de conservation ou amélioration de la biodiversité reposeront sur des suivis et évaluations rigoureux tout au long du processus de l’instauration du système de compensation écologique. Dans la plupart des cas, les exploitations minières artisanales sont engagées et mis en œuvre alors que les impacts négatifs soient irréversibles. Par conséquent, l’absence de perte nette est impossible. De ce fait, en se conformant à l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », les dommages qui seront causés par les petites exploitations minières doivent être pris en compte dès le début de cette activité ou avant même qu’elle ne commence pour que le dispositif soit plus efficace. De cette manière, les marges de manœuvre seront plus larges et les mesures qui seront prises seront plus performantes, avec un coût moindre et plus rentable que celui de l’intervention venant après la destruction totale de l’environnement. Vis-à-vis des hypothèses que nous avons posées, cette étude a permis de mettre en évidence des répercussions flagrantes causées par les petites exploitations sur l’environnement. Face à cela, comme seul recours restant pour continuer à maintenir un niveau acceptable du maintien de l’environnement et pour la préservation de l’écosystème, il est nécessaire d’améliorer le système de compensation écologique. Dans les cas où les dommages sont irréversibles, la meilleure rentabilité écologique ne pourra être engendrée que par la compensation écologique, et ce même si cette dernière ne pourra pas être exactement équivalent à ce qui a été perdu. L’étude de cas de l’exploitation minière artisanale nous a ainsi permis d’appréhender différentes problématiques quant à la difficulté de préserver l’environnement par rapport à la recherche croissante du profit et à l’exploitation toujours plus intense des ressources naturelles. Notre étude a été certes limitée à l’aspect environnemental et plus spécifiquement à l’aspect compensation écologique, mais l’approfondissement de l’exploitation des petites mines selon d’autres angles (sociétal, économique,…) s’avérerait également intéressant pour avoir une vue plus complète sur le sujet.

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BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

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I

Rapport

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WEBOGRAPHIE

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II

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III

ANNEXES

IV

V

Hiérarchie d’atténuation des impacts :

Source : Business and Biodiversity offsets Programme

VI

Les pierres précieuses d’Andilamena

Source : investigation personnelle

Les pierres précieuses de Madagascar

Source :http://latribune.cyber-diego.com/economie/479-madagascar-la-terre-des- mille-et-une-pierres-precieuses.html

VII

Circuit des substances minérales issues de la petite mine à Madagascar

Source :http://latribune.cyber-diego.com/economie/479-madagascar-la-terre-des- mille-et-une-pierres-precieuses.html

VIII

La ruée vers le corindon à Marovato- Andilamena

Source : investigation personnelle

La ruée vers l’or à Soamahamanina

Source : COOK R., and HEALY T., « ASM-PACE, Madagascar case study: Artisanal mining rushes in protected areas and response toolkit », 30 juin 2012

IX

Ilakaka

Source: Le grand reporter, “Ilakaka: la vallée maudite du saphir”, Michael Unger, 26 Juin 2015

Gisement à Ilakaka

Source : Therodaroundtheworld, “Visite de la mine de Ilakaka, un dimanche trente décembre”, 27 Décembre 2015

X

Tamisage dans les rivières

Source : Clicano.com, « Le premier gisement mondial de saphir menacé », 29 Septembre 2008

XI

Les participants aux entretiens effectués :

 Garde forestier d’Andilamena  Le Maire de la Commune rurale Andilamena  Le Maire de la Commune rurale Marovato  Gendarmerie Adilamena

 Ludovic, Tsoukin, Jackson : Mineurs de Marovato.

XII

 Auteur : REMBAVIMANJAKA Bazolia Titre : «CONTRIBUTION A L’AMELIORATION DE LA COMPENSATION ECOLOGIQUE DES IMPACTS CUMULATIFS: LE CAS DES PETITES EXPLOITATIONS MINIERES A MADAGASCAR ». Nombre de pages : 62 Nombre de tableaux : 02 Nombre des annexes : 12 Nombre de figures : 08

RESUME Le sous sol de Madagascar recèle de nombreuses richesses naturelles qui font l’objet d’une exploitation minière de plus en plus massive. Pourtant, son écosystème figure parmi les plus riches en biodiversité. Les petites exploitations minières ont des répercussions négatives sur cette biodiversité. En l’absence d’action, ces impacts négatifs se cumulent et deviennent importants. Pour y faire face, la compensation écologique doit être renforcée. Or, le système de compensation écologique des impacts cumulatifs des petites exploitations minières à Madagascar semble être flou et a donc besoin d’amélioration pour permettre un gain net de la biodiversité. Parmi les grandes lignes de ce perfectionnement, les mineurs sur le site doivent prendre leur responsabilité en s’organisant en une association qui gèrera localement ce système de compensation écologique. L’Etat a aussi une part importante pour rendre effective cette tâche.

Mots-clés : compensation écologique, amélioration, biodiversité, mineurs, Etat, Madagascar

SUMMARY The basement of Madagascar contains many natural resources that are the subject of a mining increasingly massive. However, its ecosystem is among the richest in biodiversity. Small-scale mining has a negative impact on biodiversity. In the absence of action, these negative impacts are cumulative and become important. In response, the ecological offset should be reinforced. However, the ecological offset system of cumulative impacts of small- scale mining in Madagascar seems to be blurred and therefore needs improvement to enable a net gain of biodiversity. Among the highlights of this refinement, the miners on the site must take responsibility by organizing themselves into an association that will manage locally this ecological compensation system. The state also has an important part to render this task effective.

Keywords: Ecological offset, improvement, biodiversity, miners, State, Madagascar

Encadrante : Adresse de l’auteur : Professeur Sylvie FERRARI, Université de Lot IVC 124 D Ambatomitsangana, Bordeaux Antananarivo 101 Adresse mail de l’auteur : [email protected]

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