! MAI/MAE2008 AUJOURD’HUI,ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉ N°532/ 3,50 POBLVREIZH/LE PEUBLE BRETON et L mai ’ U D B 68 SUR LS SUR LS EN BRETE EN BRETE U U MENACESM MENACESM N N R R

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E B E L L R ’ ’HÔPIT R ’ ’HÔPIT N N H H E E Ô Ô A A T T P P AGNEA AGNEA C C I I G G T T E E N ALA N ALA S L S E L E L ’ I N V I T É E

Publique, laïque et bretonne

ES FONDEMENTS de l’école publique ont Doit-on offrir à chaque enfant la possi- support des apprentissages est la Lsouvent été remis en cause, et sans bilité d’être initié à la langue bretonne ou meilleure voie d’acquisition des lan- doute plus encore ces derniers mois. Le doit-on privilégier un apprentissage en gues. C’est par souci d’efficacité que les dernier avatar en date est le projet de profondeur permettant une réelle appro- enseignants adoptent ces méthodes. nouveaux programmes, recentré sur priation de la langue ? Doit-on, au nom Des ponts s’installent entre les diffé- des supposés fondamentaux, associé à de l’égalitarisme, offrir à tous les enfants rentes filières. De nouvelles circulaires une nouvelle organisation de la semaine le même enseignement, quitte à ne faire sont publiées en 2001. La langue bre- scolaire et à la création de stages de rat- que saupoudrer, ou doit-on privilégier tonne va pouvoir enfin bénéficier de trapage pendant les vacances, tout cela un enseignement de qualité pour quel - moyens à hauteur des enjeux. sous couvert de meilleure prise en char- ques-uns ? Doit-on considérer l’idéolo- Le débat s’installe dans les instances ge de la difficulté scolaire. Travailler plus gie nationaliste qui sous-tend l’une ou des écoles publiques : est-il suppor- pour réussir mieux ! Une déclinaison du l’autre proposition ? table qu’un enseignement différent soit « travailler plus pour gagner plus » tout dispensé à des enfants ? Les vieux dé- aussi racoleuse et tout autant inexacte. mons centralisateurs coupent court aux Comment peut-on faire croire qu’en velléités bretonnes : l’enseignement im- stigmatisant ainsi quelques élèves on va mersif ne peut avoir sa place dans un résoudre leurs difficultés ? Il serait trop enseignement piloté par l’État. Logique. long de détailler ici les inepties conte- Implacable. Pédagogiquement imbé - nues dans ces projets. Une chose est cile. sûre : en réduisant les moyens alloués à l’école, en externalisant la difficulté sco- La loi de 2005 mettant en place le laire, en faisant porter à l’école le poids socle commun de connaissances et de de l’échec sans considération des diffi- compétences enfonce le clou en occul- cultés sociales ou familiales, on éloigne tant les langues régionales. L’Éducation le plus grand nombre de la réussite. n’est plus basée sur des objectifs à L’école n’assure plus que le minimum. construire mais sur des paliers à valider. L’ambition d’éducation se résume à des Même l’enseignement dit « à parité ho- apprentissages mécaniques de notions raire » est menacé : le niveau A2 du toujours plus nombreuses. Exit la di- Cadre européen commun de référence mension culturelle. Les intentions éco- pour les langues qui est assigné aux nomiques libérales et le pilotage réac- classes bilingues est l’alibi gouverne- tionnaire prennent le pas sur les re- mental correspondant à des soins pal- cherches pédagogiques. On est loin de liatifs pour langues en danger que l’État l’idée de l’école libératrice et émancipa- se refuse à reconnaître. trice, vecteur d’éducation pour tous, ga- Il reste à construire une école indé- rantissant la liberté de pensée de cha- pendante de tout pouvoir religieux, poli- cun. tique ou marchand ; une école réconci- liée avec l’histoire des peuples, de leurs Les politiques ont toujours su le parti

DR langues, débarrassée de toute idéo - qu’ils pouvaient tirer d’une institution logie, jouant son rôle de régulateur dont les injonctions s’étendent sur tout d’inégalités sociales, acceptant de e le territoire. Dès le début du XX siècle, Armelle Ar C’hozh construire ses programmes sur les les confusions sont entretenues entre avancées de la recherche. équité et uniformité, laïcité et pensée Vice-présidente de l’UGB unique, école publique et dogme éta- (Union des enseignants de breton) N’avons-nous pas à défendre une ori- tique. L’institution se fait constitutive ginalité bretonne en matière d’éduca- d’une Nation aux ambitions normalisa- tion ? Les résultats de l’académie de trices et colonialisatrices. Rennes et de la Loire-Atlantique en té- Des positions exacerbées ne peuvent moignent déjà. Les collectivités ont Les langues minorisées peinent à conduire qu’à l’affrontement : chacun montré leur attachement à la scolarisa- trouver leur place dans une école qui a doit se démarquer de l’autre pour affir- tion des enfants de deux ans, apanage des difficultés à accepter les différences mer la suprématie de son dogme. L’éco- de notre région. L’usage social de notre en son sein. Le nombre des locuteurs di- le ne peut être le terrain d’enjeux de cet- langue doit être pérennisé. Plutôt que de minue tout au long du XXe siècle jusqu’à te nature. se plier aux exigences réductrices de l’État, ne pourrait-on pas s’appuyer sur placer la langue bretonne dans la caté- Une autre voie consiste à prendre ap- gorie des langues en danger. Le refus de la Région qui affiche ses ambitions en pui sur les recherches en matière de pé- matière de culture ? prise en compte réelle du breton amène dagogie et d’apprentissage des lan- la création des écoles Diwan (1977), gues. Les avis sont unanimes : l’ensei- Réconcilier école publique et langue puis des classes bilingues à l’intérieur gnement immersif utilisant la langue bretonne dans un nouvel espace régio- même de l’Éducation nationale (1982), comme vecteur de communication et nal de négociations est un des enjeux de faisant naître un débat fratricide. ce XXIe siècle. 2 Le Peuple breton – Mai 2008 Souscription permanente Mai/Mae 2008 Comme chaque mois, nous vous remercions de votre générosité. Grâce à elle, le PB pos- Sommaire sède une ressource supplémentaire qui est loin d’être négligeable, puisque vos dons an- ’AI SOUVENT INSISTÉ, depuis qu’il y une dizaine d’années j’ai nuels représentent environ le coût d’un nu- repris la responsabilité de la rédaction de ce mensuel, sur son caractère militant et non professionnel. méro. J La plus récente actualité a failli nous le rappeler avec sévérité. En Jean Menguy, Saint-Brieuc, 5 € ; Yves-Marie € effet, deux très graves pannes informatiques ont privé le rédacteur Daniel, Telgruc, 15 ; Jean-Joseph Guillou, en chef du PB, non seulement d’ordinateur dans les derniers jours Pluguffan, 15 € ; Olivier Legourd, Vitré, 10 € ; du bouclage du mensuel, mais aussi de toute archive, de toute pho- Jean-Claude Cloarec, La Baule, 20 € ; Michel to, de tout texte en cours de mise au point. Des années, des mois, Aubrée, Brest, 20 € ; Pierre Bernard, Ploe- des jours de travail à la corbeille ! Si nous étions des professionnels, meur, 15 € ; Yann Talbot, Lannion, 5 € ; Ber- nous aurions, bien sûr, eu une sauvegarde qui aurait sensiblement li- nard Cloarec, Grandchamps-des-Fontaines, mité les dégâts. Hélas, les militants que nous sommes n’en avaient pas 10 € ; Philippe Huitorel, Gourin, 5 € ; Armand (encore)… Et pourtant le PB est là, exact à son rendez-vous du 2 mai 2008. Joncquemat, Saint-Malo, 15 € ; Viviane Boul- Cela parce que des auteurs n’ont pas hésité à réécrire parfois leurs « pa- ch, Pencran, 10 € ; Paolig Combot, Saint-Divy, piers », parce que, aussi, votre serviteur n’a pas mesuré son travail pour ap- 5 € ; Roger Lostanlen, Carhaix, 10 € ; Patrick provisionner notre imprimeur à temps. Mais surtout, surtout, parce que notre L’Hereec, Plounérin, 20 € ; Jacques Gicquel, collaborateur chargé des corrections s’est substitué totalement, trois jours Lannion, 15 € ; Jean-Pierre Conan, Genval durant, toutes affaires cessantes, à son rédacteur en chef techniquement (Belgique), 5 € ; Philippe Metchnikoff, Menne- défaillant. S’il avait corrigé, comme à l’accoutumée, ce texte d’ouverture du PB, il aurait sûrement enlevé ce passage. Mais je ne lui ai pas soumis, cy, 15 € ; Alain Lanoe, Le Vieux-Marché, 15 € ; € car je tenais absolument à ce que sa modestie n’empêche pas nos lecteurs Alain Monnier, Combourg, 5 ; Georges Fi- de savoir qu’il doivent largement ce numéro au dévouement (militant, eh chou, Saint-Étienne-du-Rouvray, 5 € ; Joël Morvan oui !) de mon camarade Jean-Claude Le Gouaille. Qu’il en soit ici publique- Herrou, Plouneour-Menez, 5 € ; Nelly Riou, ment remercié. e € € Pierr Pontchâteau, 45 ; Michel Trigory, , 15 . Par ailleurs, notre directeur de la publication, notre ami Robert Pédron, Total du mois : 305,00 !. vient d’avoir le chagrin de perdre son père. Qu’il soit ici assuré du soutien Photo Total de l’année : 1 724,50 !. fraternel de l’équipe de la rédaction. Ronan Leprohon

4. Courrier des lecteurs Éditorial International

6. Iffig 5. 22-23. Féroé : sur le chemin 12. Nono Mona Bras de l’indépendance 13. De Brest à Nantes « Hôpital menacé = accentuation 16. Leurre de vérité des inégalités »

17. Ospital Karaez Un jour avec… Élections 26-27. Octave 6. L’UDB en mai 68 Cestor

Pages culturelles 18. Magañ an dud 28. Les livres 19. Tro Menez Are 29. Livre du mois 20. Levrioù brezhonek Santé

7. Menace sur les hôpitaux 21. Histoire bretons 24. Sport 8-9. L’hôpital public garant de l’égalité 25. Internet 30. Musiques de Celtie 32. Mots croisés 10-11. La menace nucléaire 31. Selaouit 33. PB Services au Moyen-Orient 32. DVD 34. La page du PB 14-15. Territoire, territoires Le jeu du mois (deuxième partie) Crédits-photo de couverture : © Patrick Tohier / Andia Le Peuple breton paraît le premier jour ouvrable du mois.

Le Peuple breton – Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

3 Le Peuple breton – Mai 2008 Votre courrier

Solidarité entre hydrocéphales Quelques réflexions à propos du Tibet et consanguins Je commence à être passablement irrité par les à-peu-près « Exprimons avant tout notre solidarité aux des discours sur le Tibet, pays que je crois connaître pas trop gens du Nord qui ont eu à subir des assauts hu- mal. Certes, la Chine est une joyeuse et triste dictature. Mais moristico-racistes les humiliant en ces termes : je remarque qu’elle fait plus pour ses minorités que la Fran- “pédophiles, chômeurs, consanguins. Bienve- ce francilienne : reconnaissance politique, institut de la nue chez les Ch’tis”. Je m’associe pleinement à langue tibétaine, ministère des minorités… leur réaction indignée, comme je le ferai dans tous les cas de dénigrement fondé sur l’apparte- Ceux qui parlent de génocide culturel au Tibet, alors nance à un corps social, collectif ou racial. qu'ils ne sont pas capables de changer l'article 2 de la Constitution française, me hérissent le poil… D’autres ar- On me dira que les membres des clubs de sup- guments qui me font tristement rire : les Chinois voyagent porteurs sont des bouffons qui sont là pour se en masse au Tibet, c’est vrai, mais, pour tous les commerces, marrer et aller jusqu'au bout de l'insulte, dont l'exagération ne relève que du folklore footbalis- les enseignes doivent être bilingues (est-ce le cas en basse tique. On me fera remarquer qu’ils ont les Bretagne ?). Les Chinois s’installent en masse au Tibet, c’est mêmes droits que ces autres bouffons que sont vrai, mais lorsque ce sont les Corses qui tiennent le même les humoristes pouvant faire rire de tout, surtout langage, et estiment qu’il y a trop de continentaux sur leur des faibles et des dominés. On me rappellera île, ce ne sont que d'affreux nationalistes. qu’un certain Berroyer il n’y a pas si longtemps De plus, l’aspect religieux de la défense du peuple tibétain stigmatisa sous les encouragements la dégéné- me gêne : tourner un moulin à prière est sans doute pitto- rescence mentale des Bretons, atteints, selon resque, faire des pèlerinages en embrassant la terre tous les lui, d’hydrocéphalie, en ces termes : “leurs en- cinq pas aussi. Mais la théocratie tibétaine a tout de même fants sont hydrocéphales, les garçons sont aus- si méchants que les filles sont sales”. donné les résultats suivants : 85 % de la population tibétai- ne est encore analphabète et la mortalité moyenne est de J’ai donc du mal à comprendre, bien que je 45 ans, selon l’OMS. Ayant approché les monastères d'assez m’en réjouisse, qu’une certaine presse parisien- près, je peux dire que de nombreux moines sont pédo- ne, Le Nouvel Observateur en tête, n’ait pas trai- philes : selon eux, en effet, il n'y a pas rupture de chasteté té ceux qui ont protesté, contre l’offense faite pour des relations dans un même sexe… aux Ch’tis, d’abrutis régionalistes décidément incapables d’apprécier l’humour parisien1. Plus Pour ma part, le Parti démocrate tibétain, bien qu'ultra étrange, mais toujours réjouissant, le milieu minoritaire, me semble beaucoup plus intéressant que les bien-pensant et intellectuellement supérieur qui moines. se meut dans ces rédactions prestigieuses n’a Michel Demion, pas trouvé cette fois opportun de rappeler en ri- canant au maire de Lens, qui a porté plainte pour Bono (56) injure raciste, que cette qualification juridique ne saurait exister, tout simplement parce que le peuple ch’ti n’existe pas… Mon étonnement, comme mon contentement, sont grands, car l’attitude méprisante et néga- tionniste que je viens d’évoquer fut exactement Des OGM de gauche ? celle qu’adoptèrent des grands médias pari- « Ami fidèle d’Iffig, j’ai suivi ses conseils en regardant siens quand s’élevèrent quelques timides et “Le monde selon Monsanto” sur Arte le 11 mars dernier. Il maladroites protestations contre les propos ri- est clair qu’à la suite de cette émission Monsanto res- golards anti-bretons de Monsieur Berroyer. » semble plus à un mafieux qu’à un bienfaiteur de l’humani- Yann Le Meur, té, mais je ne comprends toujours pas pourquoi Lionel Rennes (35) Jospin, alors Premier ministre socialiste, ainsi que Domi- nique Voynet, alors ministre de l’Aménagement du terri- 1. Delfeil De Ton, par exemple, avait trouvé bon de nous dire toire et de l’environnement, ont signé le 27 novembre dans Le Nouvel Observateur que ces Bretons-là, qui protes- taient contre le caractère raciste de ces propos, étaient 1997 l’autorisation des importations d’OGM. Ont-ils été « bêtes », mais qu’heureusement existaient selon lui des Bre- corrompus par Monsanto, ou était-ce de l’ignorance ? tons corrects qui participaient sans sourciller au spectacle. Ce Pour moi, il est évident qu’en acceptant les importations qui dans cette affaire me choqua, ce n’était pas en eux-mêmes les propos stupides d’un saltimbanque médiocre, mais bien la d’OGM (soja et maïs) on valorise ces OGM et on devient violence verbale avec laquelle fut réprimée, avec succès, complice de Monsanto and Co… » la résistance à l’humiliation qu’on parvint à disqualifier en la faisant passer pour du régionalisme étriqué, pire, Dominique Lehaut, du communautarisme Lannion (22)

4 Le Peuple breton – Mai 2008 Politique

Césaire : an

l’UDB s’adresse v

au Parti progressiste Mor Hôpital public Pierre martiniquais /

breton menacé

euple Chers Amis P Le C’est avec grande tristesse La logique centraliste inégalitaire Dinan, Pontivy-Loudéac, Guin- que nous avons est à l’œuvre. La cohésion bretonne gamp, Paimpol, Douarnenez, Lan- et son maillage territorial sont mena- nion. appris la mort cés. d’Aimé Césaire. On commence par fermer la ma- Même si la dis- Depuis quelques semaines, la ternité (sécurité oblige), ensuite on tance nous sé- santé publique fait grand débat. Sar- supprime les postes d’anesthé- kozy annonce une réforme de l’hôpi- sistes et donc la chirurgie… et l’hô- pare, nous pre - DR pital public de proximité devient une nons part à vo - Aimé Césaire. tal dans un contexte de rigueur bud- gétaire. Alors qu’il manque 800 mil- unité de gériatrie pour l’accompa- tre douleur et gnement des personnes âgées. nous sommes à vos côtés par la lions pour les hôpitaux publics en , ses promesses de garantir à Le rapport ARH, digne des RG pensée. tous un égal accès à la santé ne (renseignements généraux), est ré- Nous tenons à rendre hommage tiennent pas. vélateur de la stratégie. En plus des à celui qui a su rendre à l’Homme éléments médicaux, il analyse le D’abord cet égal accès n’existe Nègre sa dignité, à celui qui a com- contexte de chaque hôpital. Le plus déjà pas : les riches se soignent plus battu l’oppression coloniale et le surprenant est le large développe- et mieux que les moins favorisés — ment autour de la capacité de mobi- racisme, à celui qui a tout fait pour ne parlons pas des plus démunis — lisation politique, syndicale. Ainsi apporter aux habitants de Fort-de- et certains territoires sont moins peut-on lire concernant Paimpol : France et de la Martinique bien- équipés que d’autres, voire man- « Le contexte dans lequel s’est ef- être et culture, à celui qui a toujours quent cruellement de médecins ou fectuée la fermeture de la maternité défendu la démocratie et qui s’est de spécialistes. En Bretagne (B4), a été très dur (…) tous les modes battu pour l’autonomie de son qui n’est pas la région la plus défici- d’actions ont été utilisés (…) les op- peuple, à celui qui a fécondé la taire, il manquerait 860 médecins, posants disposent de l’expérience langue française de son inspira- sachant que leur mauvaise réparti- passée afin d’assurer une mobilisa- tion maximale (…) » tion. tion géographique accentue les in- égalités d’accès aux soins. Alors que la réflexion devrait por- Mais à l’heure où les émeutes de ter sur la façon de passer de la lo- la faim se multiplient, où la misère De plus, les dés sont pipés. Oser gique actuelle de soins à une lo- s’étend, où le mépris sévit à l’égard dire que Paris n’imposera pas ses gique de santé, car la France est des pauvres et des étrangers, où le choix en matière de carte hospitaliè- très en retard pour ce qui touche à la bien public est vendu aux mar- re, c’est prendre à nouveau « les prévention, Sarkozy organise le dé- chands, où trop de peuples restent Bretons pour des cons ». Le rapport mantèlement de l’hôpital public au opprimés et voient leur culture mé- de l’ARH (Agence régionale de profit des cliniques privées et des prisée, le meilleur hommage à l’hospitalisation) de février 2008 fonds de pension. rendre à Aimé Césaire est de conti- pour la Bretagne administrative Les grandes manœuvres ont dé- nuer son combat pour la dignité et montre clairement qu’une dizaine marré : aux dernières nouvelles, le la liberté. de sites sont menacés. La nomina- leader français de l’hospitalisation tion du nouveau directeur de l’ARH privée, Vitalia, dont l’actionnaire Pour l’heure, le temps est au re- Bretagne, Antoine Perrin, coauteur unique est le fonds de pension amé- cueillement et, en ce moment de d’un rapport qui préconisait la fer- ricain Blackstone, serait en vente, deuil, nous adressons à la famille meture de 130 établissements hos- alors qu’il a acheté 46 cliniques en d’Aimé Césaire, à ses amis, aux pitaliers en France, ajoute à l’inquié- deux ans (2 en Bretagne) et que 25 membres du Parti progressiste tude. autres achats sont en cours, dont 4 en Bretagne. martiniquais et au peuple de la En clair, trois hôpitaux de proxi - La mobilisation générale doit ré- Martinique, nos plus vives condo- mité : Carhaix, Redon, Vitré, seules léances et toute notre sympathie. pondre à cette attaque sans précé- structures de premier recours sur dent ! leur territoire, sont jugés en grande difficulté. Plusieurs autres hôpitaux Union ou pôles santé sont également sur Mona Bras, démocratique bretonne la sellette : Landerneau, Morlaix, porte-parole de l’UDB

5 Le Peuple breton – Mai 2008 Politique

Iffig L’UDB en mai 68 – a appris que, Mai 68, pour beaucoup d’observateurs, a été une affaire parisienne. C’est oublier, conformément à la un peu vite, que la lutte unitaire avait commencé en Bretagne. Et, en Bretagne, tradition, la munici- l’Union démocratique bretonne a tenu toute sa place, comme dans la capitale palité de Plouézec d’ailleurs, où les sections parisiennes de l’UDB participèrent à l’occupation de la (22) offrira un pot à l'issue des cérémonies Sorbonne et y firent flotter le Gwenn ha du. Pour évoquer ce Mai 68, rien ne vaut la du 8 Mai, mais que, relecture du Peuple breton, qui, contrairement à ce qui a été parfois écrit, n’a pas ces- cette fois-ci, les jus de sé sa parution à ce moment là. Au contraire, sur un papier d’une qualité médiocre fruit viendront du commerce équi- due aux difficultés d’approvisionnement, le PB n° 55 passa de 6 à 8 pages et son ti- table ; rage de 2 500 à 4 000 exemplaires. Feuilletons-le. – se réjouit de ce choix et espère C’est en Bretagne que le 8 mai – pour la que le vin qui servira aux tradition- première manifestation du mois – nels kirs sera un muscadet breton et 120 000 travailleurs, à l’appel de toutes non un vin blanc « pays-de-loirien ». les organisations syndicales (sauf FO) O contestaient les résultats de dix années de gaullisme chez nous. Les formes de cette – a vu qu’à l’occasion de la mise en

action sont aussi à noter, de l’appel des eton

place du conseil régional des jeunes br de la « Pédélie », à Nantes, des jeunes prêtres du Finistère ou de l’évêque de

Bretons qui n’avaient pas été retenus, Nantes, en faveur du mouvement, à la Peuple malgré leur candidature, pour siéger fermeture des magasins de Quimper ou Le dans ce conseil ont pacifiquement de Carhaix, par solidarité. C’est encore Michel Guillerm tenant la permanence de la manifesté le 5 avril devant le siège de en Bretagne, à Nantes, que la première faculté des lettres à Rennes. ladite Pédélie. Ils ont même descen- occupation d’usine a été réalisée par des du deux pavillons « pays-de-loiriens » grévistes, étincelle qui devait lancer l’immense mouvement que l’on sait. Enfin, c’est pour les remplacer par des Gwenn ha toujours en Bretagne qu’a eu lieu, derrière le drapeau rouge, la seule manifestation du. Pas de quoi fouetter un chat… d’union ouvrière et paysanne contre le capitalisme. – constate cependant que le pro- Morvan Lebesque, qui tenait une chronique dans Le Peuple breton, écrit dans « La consul Auxiette, président de la Pédé- lie, a littéralement pété un plomb à la leçon de mai » : « Mai 68 a justifié les analyses de l’UDB. » Quelle fut l’action du par- suite de cette pacifique manifesta- ti breton dans ces circonstances ? Dès le début du mois, l’UDB participe à la reven- tion. Dans un communiqué, il s’est dication de liberté de réunion dans les cités universitaires : dans les deux de Rennes, élevé de manière virulente « contre les des réunions publiques sont tenues par Jakez Cosquer et Herri Gourmelen. Ensui- agissements violents d’un groupe te, de nombreuses prises de position ont lieu en faveur du mouvement de revendi- d’activistes se réclamant de la cause cation sociale du 8 mai, même si l’UDB regrette que « le cadre géographique de la bretonne (...) qui, des armes blanches lutte dilue le problème breton dans un Ouest vague ». À partir du 13 mai, les mili- à la main, prétendent donner des le- tants de l’UDB prennent régulièrement la parole dans les meetings, aux côtés des çons de démocratie et s’en prennent autres organisations de gauche, à Brest, à Concarneau, à Rennes, entre autres, et par- aux bâtiments publics ». ticipent à toutes les manifestations. Pendant tout le mois, les ventes à la criée du – tient à faire savoir que les « armes Peuple breton, une des activités de base des sections du parti, se multiplient et la no- blanches » en question étaient… un toriété du titre en grandit d’autant. canif qui servit à ouvrier le boîtier du mât et que les dégradations de bâti- Le 23 mai à Rennes, l’UDB ouvre une permanence dans la faculté des lettres oc- ments publics furent… quelques au- cupée. Elle est tenue jusqu’au bout du mouvement. Le 24, l’UDB organise une gran- tocollants apposés sur la façade de de réunion publique dans le cadre de l’Université populaire : devant plus de 150 per- l’immeuble… sonnes, Ronan Leprohon développe le thème « Bretagne colonie ». Cette réunion est – estime qu’il est temps qu’Auxiet- suivie le 30 par une autre, menée par Corentin Canevet, sur les problèmes de l’agri- te se repose ! culture bretonne ; puis le 5 juin, par un débat animé par Loig Kervoas, devant un amphi comble, sur la situation de la langue bretonne. Le 4 juin, un meeting réunit à O Brest l’UDB, le JEB (Jeunesse étudiante bretonne) Ar Falz et le club Bretagne et dé- – a découvert, en page 2 du dernier mocratie et connaît un réel succès. Le 7 juin, à Rennes cette fois, c’est à la faculté des numéro du magazine du parc naturel sciences, devant près de 100 personnes, qu’Herri Gourmelen présente « Le colonia- de Brière, une photo du panneau lisme en Bretagne et les solutions à y apporter ». Thème que développent de leur cô- d’entrée de la commune de Pontchâ- té, le 14 juin à Brest, Paol Keineg et Ronan Leprohon devant plus de 150 assistants. teau (44) avec un autocollant Bre- tagne fort visible ; Le 26 mai, le comité directeur du parti décide d’appeler à voter Non au référendum annoncé par de Gaulle. Et en juin, l’UDB rédige un Programme minimum démo- – est heureux de cette marque cratique régional, qu’elle soumet à tous les candidats bretons aux élections législa- d’origine et espère qu’Auxiette ne va tives du 23. Mais ceci est une autre histoire… pas porter plainte pour dégradation de monuments ! R.L.

6 Le Peuple breton – Mai 2008 Santé

Allogreffes et neurochirurgie pédiatrique au CHU de Brest : Manifestation la solidarité de la Bretagne tout entière doit être mobilisée pour la défense Le 1er avril, Antoine Perrin, directeur de l’Agence régionale d’hospitalisation (ARH), annonçait le de l'hôpital public transfert à Rennes des activités d’allogreffes et de neurochirurgie pédiatrique assurées par le centre hos- en Bretagne occidentale pitalier universitaire (CHU) de Brest. Deux semaines plus tard, la ministre de la Santé Roselyne Ba- chelot confirmait la sentence devant l’Assemblée nationale par la voix du secrétaire d’État… aux Brest, place de la Liberté sports ! Si cette décision est motivée par des considérations de rentabilité financière qui blessent le ser- samedi 17 mai à 11 h ment d’Hippocrate, elle ne répond certainement pas à des préoccupations de bonne gestion du bud- get de la santé, puisque le CHU de Brest dispose, non seulement des personnels parmi les plus com- pétents de France, mais aussi de 14 chambres stériles récentes, alors que des investissements coûteux Carhaix résiste. sont à prévoir au CHU de Rennes. L’ARH de Rennes occupée La décision du directeur de l’ARH est scandaleuse du point de vue de l’intérêt des malades et de leurs familles. Elle l’est aussi du point de vue À Carhaix, la catastrophe annoncée démocratique, parce qu’elle fait fi du vote favorable au maintien des pour l’hôpital est tombée sur la ville ! services d’allogreffes et de neurochirurgie pédiatrique à Brest prise par Fermeture du bloc la nuit, fermeture le Comité régional de l’organisation sanitaire (CROS) le 13 novembre de la maternité, plus de chirurgie vis- 2007. cérale, etc. Il ne restera que des actes ambulatoires. Les patients, leurs pro - Il faut souligner que, dans ce douloureux dossier comme dans ches, les personnels poussés sur les d’autres, Brest et la Bretagne occidentale pâtissent à la fois du décou- routes, en toute stupidité sanitaire, page régional qui maintient la Loire-Atlantique en dehors du ressort économique et écologique… À nou- de la Bretagne administrative, et du déficit de pouvoir régional. En ef- veau les plus démunis et les plus encla- fet, si la Bretagne retrouvait son cinquième département et si la Ré- vés vont cumuler les difficultés et les DR gion, qui a le souci d’un aménagement équilibré du territoire, avait un coûts, et probablement pour beau- pouvoir d’intervention dans l’organisation de la carte sanitaire, il est bien évident que nous ne nous re- coup d’entre eux, ne plus consulter. trouverions pas dans la situation absurde voulue par le gouvernement et l’ARH, à savoir deux services d’allogreffes et de neurochirurgie pédiatrique à Rennes et à Nantes, distants l’un de l’autre d’à peine Excédés, la rage au cœur, les Carhai- 100 km, et près de 2 millions de Bretons occidentaux délaissés. siens ont occupé jeudi 24 avril les lo- caux de l’Agence régionale d’hospitali- La solidarité de la Bretagne tout entière doit être requise pour permettre au CHU de Brest de conti- sation (ARH) de Rennes à partir de nuer à pratiquer des allogreffes, dans l’intérêt des enfants concernés et de leurs familles. 13 heures : une délégation de 18 per- Kristian Guyonvarc’h, sonnes comprenant des élus et le bu- vice-président du conseil régional de Bretagne reau du comité de défense ; plus de 300 personnes attendaient dans la rue. Ils ont été délogés vers 22 heures par les Menaces sur la psychiatrie à Redon CRS à coups de matraque, une femme L’hôpital de Redon est menacé de perdre très rapidement son service psychiatrique, soit près de a été blessée quand ils ont enfoncé la 25 lits. La raison officielle de ce démantèlement est la difficulté du recrutement de médecins psy- porte, elle a perdu connaissance et les chiatres. Le maire actuel, Vincent Bourguet (divers droite), président du conseil d’administration de pompiers ont dû intervenir… l’hôpital, ne trouvait rien à redire à la proposition de l’Agence régionale d’hospitalisation (ARH), de Il faut soutenir la lutte de Carhaix, il répartir les lits redonnais sur Rennes et Saint-Avé, prenant ainsi le risque d’éloigner du jour au len- faut protester contre ce déménage- demain les patients de leurs familles. Grâce à l’action du comité pour la promotion de l’hôpital de ment du territoire, voulu par Sarkozy Redon, les citoyens et élus du Pays ont pris conscience que le démantèlement du service psychia- et son administration. Les organisa- trique n’était pas une fatalité, à la condition d’anticiper, et se doter d’un peu de courage politique. teurs du célèbre Festival des Vieilles Vertus qui manifestement font défaut aux responsables actuels de la municipalité redonnaise… Charrues ont annoncé qu’ils pren- Un sursis de 3 mois vient d’être obtenu auprès de l’ARH pour recruter des médecins. C’est court, dront part à ce combat. Il faudra aussi mais le défi est à présent devenu collectif. La dynamique est donc lancée, car beaucoup ont pris dé- dénoncer, sans relâche, les élus de la sormais conscience qu’un hôpital était une affaire de citoyens et pas seulement une affaire de méde- droite bretonne qui récolte là, pour cins et d’administration. Cette volonté suffira-t-elle à compenser la menace de fermeture ? Il faut notre pays, le prix désastreux de son re- savoir que la menace gouvernementale risque de s’étendre désormais au secteur de la chirurgie et de noncement et de son alignement der- la maternité. Aussi tout le pays de Redon doit se rassembler pour sauver son hôpital. rière le jacobinisme centralisateur. Jean-François Lugué R.L.

Robert Le Dallic Robert Le Dallic nous a quittés le mois dernier à 66 ans, emporté par un cancer. Robert n’a jamais fait beaucoup de bruit et n’aimait pas les réunions trop longues, mais c’était un battant, comme il l’a prouvé aux médecins tout au long de son combat contre la maladie. C’est à Lanester, au milieu des années 70, que les premiers contacts furent établis avec l’UDB, grâce au PB acheté régulièrement à Yannick Quénéhervé au porte-à-porte. Celui-ci lui proposa de se joindre à notre liste d’Union démocratique bretonne aux municipales de 1977, face au refus de la gauche tradition- nelle de nous faire une place dans son union. Robert, l’ouvrier cariste syndiqué du port de commerce, timide et réservé, accepta sans hésiter. Progressiste attaché à la Bretagne et à son peuple, il adhéra dans la foulée à notre parti. Pendant trente ans, il s’acquitta consciencieusement de toutes les tâches militantes qu’on lui confiait, en particulier dans son quartier. Lors d’une émouvante cérémonie où l’un de ses quatre enfants ponctua son intervention en breton, un dernier hommage lui a été rendu, accompagné du Gwenn ha du et au son de La Blanche Hermine de . Nous adressons à sa femme Irène et à sa famille toutes nos condoléances. La section UDB de Lanester

Le 29 janvier 1991, Jean Groix, militant de l’UDB, était retrouvé sans vie dans sa cellule de la prison de Fresnes. Le Peuple breton du mois prochain consacrera un important article à ce que l’on a appelé « l’affaire Jean Groix ».

7 Le Peuple breton – Mai 2008 Santé L’hôpital public seul de la proximité et de l’égalité

Un certain nombre de « propositions » sont en cours d’élaboration par le gouvernement sous couvert de la « mission Larcher » ou par l’inter- médiaire des directions des agences régionales d’hospitalisation (nom- mées par le ministère) à travers le Plan Hôpital 2012. Mais un objectif commun demeure : la réduction des dépenses de santé remboursées.

Au plan national, il est prévu un financement de 10 milliards d’euro de projets d’investissements (240 millions d’euro pour la Bretagne). Une circu- laire fixe les conditions pour sélectionner des pro- jets qui regrouperont des plateaux techniques pu-

blics et privés en cédant DR leurs biens immobiliers, en tout ou partie. Mais, sous couvert alors que le pays était en ruine. C’est faible que le prix fixe qui leur est ver- d’« investissement et de modernisa- loin d’être le cas en 2008. sé. Il s’agit là d’un exercice auquel les cliniques privées sont rompues. tion des établissements hospita- Dans le même temps, la « mission liers », le Plan Hôpital 2012 a pour « Dans ce contexte », note toujours la Larcher » relève des difficultés avec « mission Larcher », « les établisse- objectif de poursuivre la logique de « une démographie médicale préoc- restructuration déjà entreprise, par ments auront tendance à réduire la cupante (…) de certaines zones ru- qualité des prises en charge, à surfac- des concentrations d’activités de rales et suburbaines (…) où la pré- soins. turer les actes, interventions, consul- sence médicale est insuffisante ». tations, etc. Ces facteurs conduisent Une réforme sans débat Mais n’est-ce pas les gouvernements à accroître la concurrence entre éta- successifs qui ont décidé de dimi- blissements publics et privés qui af- Cette réforme se met en place en nuer le nombre de formations de douceur sans réel débat national, fecte les équilibres entre les 2 sec- médecins pour diminuer les dé- teurs (…) les cliniques réalisant dé- alors qu’elle est en train de préparer penses de santé ? la privatisation du service public sormais près des 2/3 de l’activité chi- rurgicale. Ceci pose la question de hospitalier. Dans ces conditions, que Pourquoi ces difficultés ? deviennent les missions de l’hôpital l’avenir des activités chirurgicales de public ? La « mission Larcher » ne L’application du nouveau système l’hôpital public, de plus en plus peut que reconnaître, dans son rap- de financement (tarification à l’acti- orientées vers une chirurgie d’urgen- port particulièrement explicite du vité : T2A) est un autre problème ce et une chirurgie de recours. » 12 décembre, que « le système de auquel l’hôpital public doit faire fa- santé français est reconnu comme ce. Ce système, importé des États- Les concentrations de petites cli- l’un des meilleurs au monde ». Rap- Unis, conduit les établissements à niques privées appartenant à un où pelons que l’existence de ce système faire des choix d’activités rentables et plusieurs médecins ou leur famille a été rendue possible grâce à la créa- à sélectionner les patients dont le ont eu pour effet de renforcer la spé- tion de la Sécurité sociale en 1945, coût de la prise en charge sera plus cialisation pour leur permettre la 8 Le Peuple breton – Mai 2008 garant de la sécurité, des soins de toute la population

rentabilité d’interventions standar- les dépassements d’honoraires, pas Tout cela ne mérite-il pas de réflé- disées, de créer des groupes avec trop âgés, sans risques de complica- chir à l’affectation judicieuse de l’ar- pour stratégie d’obtenir une dimen- tions cardiaques, pulmonaires, etc. gent public ? Le Monde soulignait ré- sion régionale, nationale, voire euro- Dans ces conditions, les détracteurs cemment que « le rachat des cli- péenne. Il en est ainsi de la Générale de l’hôpital public ont beau jeu de niques par des fonds d’investisse- de Santé : 186 établissements en Eu- dire qu’il coûte plus cher ! ment internationaux a pour consé- rope (177 en France), cotée en Bour- Les activités ne doivent plus exister quence de privilégier une offre de se, dont 60 % du capital est détenu en doublon à la fois dans le public et soins à rentabilité immédiate ». par un homme d’affaires italien. Les dans le privé – alors que les types de Alors, l’argent public doit-il financer médecins qui étaient à l’initiative de patients ne sont pas les mêmes. Tout les actionnaires des cliniques privées, la création des premiers groupes ont ce qui ira au privé n’ira pas au public. les fonds de pension, ou bien per- dû se retirer au profit d’investisseurs. Ainsi, l’exemple de l’urologie à mettre l’accès aux soins à toutes et à Que devient l’« éthique médicale » Saint-Brieuc où les patients de- tous dans le cadre de l’hôpital pu- face aux choix des financiers ? Si tant vraient avoir le choix entre le public blic ? est qu’elle ait existé avant !… et le privé, puisqu’il existe une Population, personnel hospitalier, Patrick Pelloux, de l’AMUF (Asso- convention entre ces 2 secteurs. élus, ensemble organisons des ac- ciation des médecins urgentistes de Mais, dans la réalité, les chirurgiens tions convergentes pour obtenir tout France), a déclaré : « La logique de font jouer les délais : prise en charge à la fois des solutions de financement Mme Bachelot, c’est la fermeture de immédiate à la clinique et attente à pour augmenter les recettes de la Sé- lits. Mais est-ce qu’elle s’inquiète du l’hôpital public. Bel exemple de cu (réforme par la prise en compte rachat des cliniques françaises par complémentarité ! Sans oublier que des richesses créées dans les entre- des fonds de pension américains ? Le les patients devenus clients doivent prises, sans pénaliser les petites ; rele- jour où ces fonds se casseront la faire face aux tarifs prohibitifs ! ver de 1 % les salaires, c’est plus d’un gueule comme les grandes banques milliard d’euro pour la Sécu, etc.) et américaines, on viendra chercher ce Réfléchir à l’affectation judicieuse des réponses de santé garantissant la bon vieil hôpital public. » À condi- de l’argent public sécurité, la proximité et l’égalité des tion qu’il existe toujours ! Cette « complémentarité » ne né- soins avec l’objectif immédiat de cessite-t-elle pas une l’augmentation du nombre de for- étude plus sérieuse mations de médecins généralistes et sur les conséquences spécialistes dans les universités de pour l’organisation Brest et de Rennes. Sans perdre de des soins ? Prenons vue que, contrairement à des idées l’exem ple de restruc- reçues, la santé, ce n’est pas seule- turation des soins ment un « coût ». La santé constitue prop osé par l’ARH un secteur économique particulière- sur le secteur sanitaire ment juteux : la présence des trusts n° 7 dans les Côtes- pharmaceutiques, la fabrication des d’Armor. L’ARH elle- matériels lourds, etc. le prouvent, même indique que la sans oublier les grandes entreprises concentration des cli- du bâtiment qui vont être particuliè-

DR niques privées de rement sollicitées dans le cadre de ce Saint-Brieuc sur un plan d’investissement ! Inégalités toujours site va « fragiliser Lannion », « néces- en faveur du privé La protection sociale n’est pas une siter de réorganiser les plateaux chi- charge pour la société, c’est un inves- Quand l’hôpital public doit assu- rurgicaux publics » à Paimpol, « me- tissement dans l’humain, utile au rer la prise en charge des patients 24 nacer à moyen terme le pôle de santé progrès social, à l’emploi, à l’écono- heures sur 24, cela signifie qu’il doit de Guingamp » (qui enregistre l’ap- mie du pays. être prêt à tout moment en mettant à parition de graves difficultés finan- leur disposition des équipes profes- cières à la clinique, justifiant d’un sionnelles qualifiées et en nombre. plan de retour à l’équilibre. Pourtant Christiane Caro, En programmant toute leur activité, ce pôle public-privé de santé de secrétaire du syndicat CGT du les cliniques peuvent organiser à Guingamp avait été présenté comme centre hospitalier de Saint-Brieuc moindre coût les interventions chi- un modèle, garant de l’avenir de rurgicales et se permettre de choisir l’hôpital public !). leurs « clients » en capacité de payer 9 Le Peuple breton – Mai 2008 Danger nucléaire ´

La campagne continue pour dénon- et a appelé « toutes les parties concer- cer la volonté iranienne de se doter nées à entrer dans des négociations de l’arme nucléaire, alors qu’Israël sans délai ». est pour le moment le seul pays qui Cependant, un rapport de l’AIEA, dispose dans cette partie du monde rendu public le 22 février dernier, de bombes atomiques et entend en contient des éléments confortant les garder le monopole. L’existence de soupçons sur une ambition nucléaire l’arsenal nucléaire israélien ne fait militaire de l’Iran. L’option nucléaire mi- qu’encourager la prolifération nu- litaire est donc présente en Iran, de la cléaire. Une dénucléarisation de la part du président Ahmadinejad, mais zone est nécessaire. Analyse. pas seulement lui, car les opposants au régime sont aussi favorables à la pour- La menace iranienne ? suite de cette option dans la mesure où Depuis plus de vingt-cinq ans, Israël, l’Iran est environné de puissances nu- soutenu par les USA, présente l’Iran cléaires (Israël, Russie, Pakistan et In- comme une menace. Ces dernières de). années, la presse mondiale a laissé Sous la pression des USA et de pressentir une attaque « préventive » l’Union européenne, des sanctions ont d’Israël contre l’infrastructure iranien- été adoptées contre l’Iran pour avoir ne de recherche et de développement développé un programme d’enrichis- nucléaire. En décembre 2007, selon sement de l’uranium, programme qui a Newsweek, le vice-président Dick été cependant mis en œuvre aussi au Cheney aurait envisagé de demander à Brésil et en Corée du Sud. Pourtant Israël de lancer des missiles contre le c’est l’Iran, qui ne possède pas actuel- site nucléaire de Natanz. Les pro- lement l’arme nucléaire, qui est pré- bables représailles de Téhéran au- senté comme une menace. raient alors servi de prétexte à une frappe américaine. La France s’est ral- Israël, puissance nucléaire liée à cette volonté d’en découdre avec Aujourd’hui, Israël est le seul pays de l’Iran par les déclarations de Bernard la région à posséder l’arme nucléaire. Il Kouchner, ministre des Affaires étran- dispose de 80, sinon 200, têtes nu- gères appelant à se « préparer au pire », cléaires et une puissance destructrice en fait à une « guerre » contre l’Iran. équivalente à 4 000 bombes d’Hiroshi- Mais la publication, en décembre ma. Dès 1948, Israël a entrepris des re- dernier, de la synthèse produite par 16 cherches nucléaires. En 1956, la livrai- agences de renseignement améri- son par la France d’un réacteur nu- caines a changé la donne : « avec un cléaire a permis à Israël d’accélérer ses recherches et de mettre au point l’arme nucléaire dans un bunker souterrain à Dimona dans le désert du Néguev, tout en jouant la comédie du nucléaire paci- fique. Depuis 1966, Israël produit ses propres armes nucléaires avec l’aide de l’Afrique du Sud. En 1968, elle était en train de les installer lorsque le Traité de non prolifération (TNP) a été ouvert à la signature. Depuis, elle a toujours nié

posséder l’arme nucléaire. Cependant, DR l’atomiste israélien Mordechai Vanunu a transmis en 1986 au Sunday Times DR des photos de l’usine de Dimona et, en Les rodomontades d'Ahmadinejad servent décembre 2006, le Premier ministre is- sive interdites. Cela permet aussi à Is- bien la politique de Bush. raélien Ehud Olmert a laissé entendre raël de ne pas signer le TNP et d’éviter qu’Israël possédait des armes ato- ainsi des contrôles internationaux. haut degré de certitude », Téhéran au- miques. Israël justifie ses accusations et ses rait stoppé à l’automne 2003 son pro- Officiellement, le gouvernement is- projets d’intervention contre l’Iran par gramme d’armes nucléaires, avec une raélien maintient une position d’« am - les déclarations antisémites d’Ahmadi- interruption qui a duré au moins plu- biguïté nucléaire », ne confirmant, ni ne nejad et par la volonté de celui-ci de sieurs années. Les partisans du dia- niant la possession d’armes nu- détruire Israël. Mais, pour le moment, logue avec l’Iran ont été confortés et le cléaires. Cela permet aux USA d’igno- c’est Israël qui a les moyens de détrui- directeur de l’Agence internationale de rer ses propres lois qui lui interdisent de re l’Iran et les pays arabes et non l’in- l’énergie atomique (AIEA), Mohammed fournir une assistance à un pays pos- verse. La possession de l’arme nu- El Baradei, a estimé que le rapport sédant des armes de destruction mas- cléaire par Israël amène les États de la « devrait aider à désamorcer la crise »

10 Le Peuple breton – Mai 2008 Les risques de prolifération re à l’autorité de la communauté inter- Plusieurs pays de la région envisa- nationale. Israël et les USA se sont op- gent de devenir des puissances nu- posés à deux paragraphes, l’un appe- cléaires et sont encouragés à le faire. lant tous les États de la région à « ne La Russie aide l’Iran à construire un pas développer, tester ou se procurer » réacteur nucléaire à Bushehr pour la des armes nucléaires, l’autre les appe- production d’électricité. La France a si- lant à « s’abstenir de toute action » en- gné, le 10 décembre 2007, un contrat travant l’établissement d’une zone de plusieurs milliards d’euro avec la Li- sans armes atomiques au Proche- bye, notamment pour la vente d’un ou Orient. Le 4 octobre, l’Égypte a expri- plusieurs réacteurs nucléaires. Sarko- mé « stupéfaction et regret » à de nom- zy a proposé de vendre des centrales breux pays de l’Union européenne en nucléaires non seulement à la Libye, raison de leur refus de soutenir l’appel mais aussi à l’Algérie, à l’Égypte, aux du Caire pour un Proche-Orient dé- États du Golfe et à l’Arabie Saoudite. pourvu d’armes nucléaires lors de la Mais, outre le problème des déchets, il conférence de l’AIEA. Jusqu’alors, les y a celui le problème de l’utilisation pays européens étaient traditionnelle- éventuelle des centrales nucléaires ci- ment favorables à un Proche-Orient viles à des fins militaires. L’on frémit par dénucléarisé. Mais, en 2007, 25 des 27 avance devant ce que pourrait décider membres de l’UE se sont abstenus lors l’imprévisible chef de l’État libyen… du vote, ce qui traduit un ralliement, au moins partiel, au point de vue israélo- Plusieurs pays de la région sont de- américain et n’est guère rassurant. mandeurs de centrales nucléaires ci- viles et cherchent à se ménager une Une attaque nucléaire contre l’Iran option nucléaire militaire. C’est le cas serait une catastrophe. Pour l’éviter, la de la Turquie, de l’Égypte, de l’Arabie Déclaration de Téhéran, signée le 21 Saoudite, sinon de la Jordanie. Ces octobre 2003 par la troïka européenne pays craignent la puissance de l’Iran et (Allemagne, France et Royaume-Uni) sont alliés aux USA qui les soutiennent et l’Iran peut offrir une solution : elle dans leur ambition nucléaire. Certes, prévoit, d’une part, l’engagement ira- après 1973, l’Égypte a signé le TNP, nien de développer son nucléaire ex- mais elle n’a sans doute pas renoncé à clusivement civil sous contrôle de ses ambitions nucléaires. La Turquie a l’AIEA, de l’autre celui de l’Europe de aidé secrètement le Pakistan à se doter coopérer à la constitution d’une zone de l’arme nucléaire et y a envoyé des libre d’armes de destruction de masse chercheurs. L’Arabie Saoudite a signé au Proche et au Moyen-Orient. Mais le TNP en 1988 mais a financé le pro- pour cela l’Europe devrait officielle- gramme pakistanais (l’Inde bénéfi- ciant, de son côté, de l’aide israélienne pour se doter de l’arme nucléaire). La prolifération nucléaire dans cette région du monde en proie à de nom- breux conflits ne peut que créer d’énormes dangers. La mise au point d’armes nucléaires miniaturisées par les USA (et par la France) sont une vio- lation du TNP : elle remet en cause la distinction entre armes classiques et armes nucléaires ; elle rend caduque la stratégie de la dissuasion en augmen- DR tant les risques de conflit. région à vouloir se doter à leur tour de Ehud Olmert a pratiquement reconnu qu'Israël avait l'arme atomique. telles armes. Dénucléariser le Moyen-Orient Israël tient à tout prix à garder dans la Devant ces menaces de proliféra- ment prendre acte qu’Israël possède région le monopole de l’arme nucléai- tion, il est urgent de faire de l’ensemble des armes nucléaires et en demander re. Il est intervenu en 2001 contre l’Irak du Proche et du Moyen-Orient une zo- le démantèlement. L’UE s’est refusée à pour détruire le réacteur Osirak, monté ne dénucléarisée. La question est po- en prendre le chemin et y semble enco- avec l’aide de la France. Les menaces sée depuis de nombreuses années, re moins décidée qu’avant. Pourtant la d’Ahmadinejad servent de prétextes mais sans résultat. persistance du conflit israélo-palesti- pour justifier de nouvelles agressions Le 20 septembre dernier, les États nien, de la guerre en Irak rend urgente préventives contre l’Iran afin de membres de l’AIEA ont adopté une ré- une autre politique dans la région. conserver le monopole de l’arme nu- solution critiquant Israël pour son refus cléaire. de soumettre son programme nucléai- Yves Jardin

11 Le Peuple breton – Mai 2008 AVRIL... vu par Nono

12 Le Peuple breton – Mai 2008 M O R B I H A N C Ô T E S - D ’ A R M O R Un UMP cohérent France Télécom à Lannion : Dans le Morbihan, deux députés ont voté contre la loi OGM le début de la fin ? dans sa version actuelle. Ce n’est pas une surprise pour la Le 27 mars dernier, députée socialiste de Lorient (Mme Ollivier-Coupeau), qui lors du CE de Fran- nationale l’avait annoncé. Plus étonnante est l’attitude du député- ce Télécom Innova- maire de Plouay, Jacques Le Nay, qui fait partie des 10 tion, M. Bonhom- membres de son parti à avoir voté non. me, responsable Assemblée

© France Télécom, a Il s’en explique ainsi : « Le texte (…) ne permettait pas de ga- confirmé la sup- Jacques rantir la coexistence entre les cultures transgéniques et Le Nay pression de 325 conventionnelles, n’instaurait pas la responsabilité de tous postes à FT R&D. La les acteurs, et ne mettait pas en place les moyens d’une totale transparen-

Morvan région Bretagne est

ce (…). C’est selon ma conscience, et à l’exclusion de tout autre fondement, e particulièrement vi- que j’ai donc voté contre. » Pierr

/ sée, et notamment L’UDB, ayant été opposée aux cantonales de Plouay aux amis de M. Le le secteur de Lan- eton

Nay, en salue d’autant plus l’indépendance d’esprit de ce député. Peut-être br nion où 120 sup- que sa profession d’origine, horticulteur, l’a rendu sensible aux risques d’ir- pressions de poste réversibilité des OGM… Peuple sont programmées. Le Les activités de I L L E - E T - V I L A I N E La tour du Cnet ne sera-t-elle recherche, jugées bientôt plus qu’un vestige du passé ? prioritaires il y a Mille personnes à Rennes pour le Tibet quelques mois, se- Le 5 avril, le Comité de soutien au ront soit annulées, soit transférées en Pologne. peuple tibétain a organisé une mani- Quand on connaît le poids de FT R&D (ex-Cnet) et festation « régionale » dans les rues de celui d’Alcatel, également en proie à des turbu- Rennes. Plus d’un millier de personnes lences, sur l’économie lannionnaise, on mesure se sont rassemblées (notre photo) pour l’étendue du désastre qui menace le Trégor. Le per- Monnier se prononcer contre la politique de ré- sonnel se mobilise, en participant en nombre aux Jef / pression, de censure et d’atteinte aux AG et aux manifestations organisées par l’intersyn- droits de l’homme perpétrée par le breton dicale (notre photo). Certains partis politiques, dont gouvernement chinois, envers les l’UDB, ont apporté leur soutien, mais la mobilisation euple P peuples tibétain et chinois. M. Wangpo devra s’amplifier. Le Bashi, secrétaire du bureau du Tibet à Paris, a été reçu au conseil régional de F I N I S T È R E Bretagne. À Tregourez : un demi-poste sauvé à l’école Débretonnisation par Ouest-France… Ça devient une Répondant aux signataires habitude, à Tre- de la pétition relative à la pla- gourez comme E ce des autres départements dans la plupart U bretons dans l’information des commun es : JCLG / Q diffusée par Ouest-France en chaque année, I eton

Loire-Atlantique, M. Hutin, le br l’Inspection aca- T P-DG de la société éditrice du dém iq ue pré- N Peuple Henry quotidien, assurait le 28 no- tend supprimer Le A vembre 2007 : « En Loire- L Discussion tendue entre le maire des moyens de Gwenael / T Atlantique, nous publions et l’inspecteur (à gauche). fonc tionne ment

A beaucoup de nouvelles ve-

eton pour l’école. Da- br - nant de la Bretagne adminis- me ! il faut bien prendre les 11 000 postes suppri- E trative. » més quelque part… Pour la rentrée 2008-2009, Peuple R Le Un lecteur pouliguennais les besoins étaient estimés par les enseignants et I Le démenti des chiffres... d’Ouest-France a dépouillé les parents à 5 postes, contre 4 ¹⁄₂ actuellement. O les 686 articles parus en L’Inspection trouvait que 4, c’était bien assez. L pages régionales ou départementales de son édition en décembre Un inspecteur du primaire accueilli chaude- 2007. Le résultat est un démenti cinglant aux allégations de M. Hutin. ment ; des barrages filtrants pour informer les au- Hors la Loire-Atlantique, la part des divers départements dans l’ori- tomobilistes de passage ; des pétitions signées gine des articles est la suivante : 20,4 % pour le Maine-et-Loire, par centaines ; une délégation massive à l’Ins- 19,1 % pour la Vendée, 16,1 % pour la Sarthe, 11,3 % pour la Mayen- pection : Tregourez conservera son demi-poste ne, 3,9 % pour l’Ille-et-Vilaine, 1,3 % pour le Morbihan, 0,9 % pour les l’année prochaine. Ce n’est pas grand-chose ? Côtes-d’Armor, 0,4 % pour le Finistère, et le reste pour les départe- Cela montre, en tout cas, que les seules batailles ments non cités ! Sans commentaires supplémentaires… perdues d’avance sont celles qu’on ne livre pas. 13 Le Peuple breton – Mai 2008 Idées

Territoire,

vastes et proches du missions bien définies, calées avec terrain, seraient aus- les territoires, efficaces pour les ci- si suffisamment pro- toyens eux-mêmes consultés et asso- ches du citoyen pour ciés aux décisions. Dans un tel qui des moyens de contexte, il faut cependant bien te- dialogue, d’écoute et nir compte de deux autres dimen- de concertation se- sions assurant le lien, d’une part, raient mis en place avec l’identité très locale et la quoti- par des communau- dienneté, d’autre part, entre les tés, elles-mêmes éga- communautés et la région qui peu- lement bien organi- vent paraître trop éloignées. Le pre- sées sur le plan de la mier d’entre eux est ancien, très an- démocratie locale. cien, c’est la commune ! Le second

DR Le second niveau est lien est neuf, très neuf, c’est le Pays ! le niveau régional. Sur le premier, la commune, il faut Jacques Lescoat Aujourd’hui, entre reconnaître qu’il n’est pas raison- un État, encore très nable, dans le contexte et l’héritage Cette organisation proposée est centralisé, et des dé- qui sont les nôtres, de gommer son bâtie autour de la substitution par partements disposant chacun de existence, ni maintenant, ni dans le deux niveaux réellement pivots : les presque autant de moyens que la Ré- futur. Il s’agit essentiellement, dans communautés et la région, aux six gion elle-même, quelle peut être la le cadre d’une refondation des terri- niveaux territoriaux actuels hors place de celle-ci alors que ses toires avec les deux leviers essentiels État (communes, communautés, moyens, tant financiers que tech- que sont les communautés et la ré- cantons, pays, départements et ré- niques, sont très réduits ? Ne ten- gion, de lui donner une juste place : gion). C’est autour de ces entités tons pas la comparaison avec par celle de l’identité et celle de la proxi- que se bâtira la gestion du territoire exemple les régions espagnoles, le mité. régional de demain. pays de Galles ou l’Écosse : la Ré- gion Bretagne paraîtrait presque in- Une mairie maintenue sera donc Les communautés seront les orga- signifiante… Il est à espérer qu’un en charge de la gestion de l’état civil, nisations de base de la gestion terri- nouveau souffle décentralisateur des services quotidiens et de ceux toriale : c’est là que se définiront et laissera respirer ce précieux échelon liés à la proximité. Elle sera aussi à se mettront en œuvre les axes essen- régional, lui permettant d’assumer l’écoute des citoyens et leur porte- tiels que sont notamment l’urbanis- des fonctions nouvelles aujourd’hui parole au niveau de la communauté, me (avec sa compétence habitat), le mal gérées par un échelon central chargée d’assurer la cohérence de ce développement économique, l’ac- trop loin du terrain, des citoyens et qui doit être réellement regroupé au tion culturelle et les grandes mis- oublieux des identités régionales. niveau des grandes missions, tel l’ur- sions techniques, telle la gestion des banisme. déchets. Ces niveaux disposent, en D’un autre côté demeurent des effet, de moyens potentiels pour structures départementales (les con- D’un autre côté, les Pays… Il me mettre en œuvre ces politiques, ap- seils généraux) qui contribuent à paraît difficile, voire négatif, de s’or- puyées sur des outils d’étude opéra- « hacher » le territoire et à former ganiser autour d’eux et de leur don- tionnels. Au besoin, deux ou trois cinq entités, là où une seule serait ner un pouvoir de maîtrise d’ouvra- communautés voisines, mais de nécessaire. Les compétences des dé- ge (la capacité d’investissement) en poids insuffisant, pourraient mu- partements sont à répartir de façon gommant une réalité locale (celle tualiser leurs moyens. Cela éviterait, intelligente entre l’échelon local des des communautés) et de créer ainsi, notamment sur le plan de l’urbanis- communautés et l’échelon régional, à la place du département, autant de me et de l’habitat, le bricolage actuel là où se situe le levier le plus efficace petits départements qu’il y a de Pays. trop souvent observé, voire, comme pour le service des citoyens et l’ac- Mais il me paraît aussi difficile de ne dans le domaine culturel, les insuffi- tion publique. pas créer un lien entre les commu- sances constatées au niveau commu- Ainsi, la Bretagne peut s’organiser nautés, structures de terrain, et la nal. Ces niveaux, raisonnablement autour de ces deux entités fortes, aux Région qui autrement serait trop lointaine. C’est là, s’appuyant aussi 14 Le Peuple breton – Mai 2008 territoires… (deuxième partie) sur une autre identité de la Bretagne, de l’action publique et du souci être portées par le suffrage universel. que peuvent se trouver, tout à fait constant des citoyens. La meilleure organisation des Pays, complémentaires, les Pays. Non pas La mise en place d’un tel modèle cet excellent outil potentiel, initia- des structures de maîtrise d’ouvrage ne va pas de soi, car il oblige à des re- teur de projets avec sa fonction de qui se perdraient dans la réalisation noncements, notamment celui de lien irremplaçable, devra aussi être de routes ou d’équipements de l’égoïsme local et du repli sur son soutenue. toutes sortes, mais des outils de liai- territoire. Il oblige, non pas à l’aban- Il est bien évident que le renforce- son avec les communautés, entre les don de missions, mais à leur redé- ment de la Région (tant par le trans- communautés et avec la région, ploiement en dehors de structures, fert de pouvoirs issus du national mais aussi des instruments d’études tels les départements, portées par que de ceux des départements) devra et de projets dont la mise en œuvre des décennies d’une histoire qui faire l’objet d’un grand débat et (la maîtrise d’ouvrage) reviendrait, semble s’être figée. La création des d’une législation appropriée. Sans selon leur importance et leur cibla- communautés, en dépit de leurs l’imposer sur tout le territoire natio- ge, à la communauté ou à la Région. missions et de leurs moyens aujour- nal, ne peut-on faire usage du droit à Dégagés des tâches liées directement d’hui si limités, l’innovation poten- l’expérimentation ? La Bretagne, à à l’investissement, les Pays bretons tielle portée par les Pays et la nais- tous égards, serait bien placée. seraient d’efficaces comités écono- sance encore récente des Régions Alors, dans un pays qui, du moins miques et sociaux. sont la marque d’un premier pas. en apparence, demeure attaché à En ce qui concerne la nouvelle ré- toutes ses structures et capable enco- C’est dans un tel contexte que partition des pouvoirs entre com- re d’en créer de nouvelles sans se pas- peut se dessiner et se mettre en munes et communautés en faveur de ser des anciennes, saura-t-on trouver œuvre une Bretagne des territoires. ces dernières, l’existence de celles-ci le souffle nécessaire ? Il faudra le Misant fortement sur les commu- (malgré, parfois, leur mauvais dé- courage d’un vrai débat qui n’occul- nautés, véritables petits bassins de coupage géographique) sur la quasi- tera ni le problème des surcoûts ac- vie, et sur une Région fortement totalité du territoire breton est un tuels, ni celui des carences consta- renforcée, ce territoire breton dispo- grand atout. Rien n’empêche un tées, mais qui portera haut la re- serait, sans la lourdeur, la dispersion, transfert des compétences dès à pré- cherche de l’efficacité maximale de les doubles emplois, la concurrence sent. Mais la liberté, laissée depuis l’action publique. Cette question, et souvent les surcoûts trop pesants, maintenant plus de dix ans, a mon- vivement actuelle, devra être au du relais des communes, relais tré la vive insuffisance de ces trans- cœur de l’élan nouveau à donner à la d’identité et de proximité et des ferts. Il me paraît, à cet égard, inévi- décentralisation, puis aux réformes Pays, outils privilégiés pour faire table que des textes complétant les de notre territoire, de nos terri- naître les projets et assurer par lois initiales sur l’organisation terri- toires… ailleurs un lien entre les communau- toriale (essentiellement loi Chevè- tés et la Région. À chacun sa place, sa nement), puissent donner sur les Jacques Lescoat, juste place, dans une recherche grandes missions évoquées une d’économie de moyens, d’efficacité compétence de plein droit aux com- président de munautés, pouvant elles-mêmes Géographes de Bretagne

Les adresses à utiliser Pour adhérer : UDB - 9 rue Pinot-Duclos - Saint-Brieuc Pour écrire : 9 rue Pinot-Duclos - 22000 Saint-Brieuc - [email protected] Pour téléphoner : 02 96 61 48 63 Site Internet : www.udb-bzh.net Pour contacter les élus régionaux : Groupe UDB-Gauche alternative - 13 C rue Franz-Heller - 35700 Rennes cedex

15 Le Peuple breton – Mai 2008 Leurre de vérité

Breakdown !

A MULTITUDE DES HOLD-UP dont s’est rendu coupable le des besoins humains individuels et collectifs. On ponction- Lnéolibéralisme financier et économique sur toute la pla- ne ainsi la richesse de tous, obtenue par le travail, pour ali- nète depuis vingt-cinq ans parvient aujourd’hui à l’issue menter une machine destinée d’abord à la fructification du annoncée depuis longtemps. Le constat de l’accroissement capital des plus fortunés. Tous les secteurs de l’économie des inégalités entre riches et pauvres au sein d’une même na- sont désormais placés sous l’égide de l’implacable loi d’ai- tion et entre pays riches et pays pauvres est désormais com- rain de la finance. Comme les hold-up sur l’économie mar- plété par le spectacle insupportable de la misère galopante à chande ne suffisent plus, on prend aussi l’argent des poli- nos portes et dans nos murs. Famines et maladies endé- tiques publiques et de la protection sociale pour renflouer le miques s’installent et vont décimer des populations entières, grand casino planétaire. Ne cherchons pas ailleurs la vraie comme ce fut souvent le cas avant notre ère. La flambée des raison des franchises médicales, des tentatives de suppres- prix frappe en premier lieu les plus humbles. Nous assistons sion de la carte « famille nombreuse », du cafouillage de la au breakdown de la « globalisation ». Les éternels optimistes ministre de la Santé sur le remboursement des lunettes, de vont, dans leur criminelle béatitude, se contenter de la casse programmée de la fonction publique, de la privati- reprendre de ce mot sa traduction première : défaillance. Les sation accélérée des services publics. Quincaillerie à la Pré- réalistes, un peu las sans doute d’alerter en vain, lui préfèrent vert ? Non. Grande braderie du bien commun pour assou- son autre sens beaucoup plus cruel : décomposition. vir l’appétit de quelques-uns. En livrant progressivement le marché à lui-même, les Ne cherchons pas ailleurs les raisons de l’augmentation apprentis sorciers du dogme néolibéral ont favorisé l’exacer- des prix agricoles et de l’extension dramatique du problème bation de tendances profondes du capitalisme que des sys- de la faim. Pour desserrer l’étreinte financière que constitue tèmes – certes imparfaits – de régulation avaient réussi à leur dette extérieure, gérée par les pays du Nord, combien contenir jusqu’au tournant des années 1980. Nos doctes de pays du Sud ont substitué aux cultures vivrières, nourris- professeurs ne sont pas le moins du monde troublés par la sant leur population, des cultures d’exportation ? Soja en constatation qui frappe pourtant le vulgaire observateur fai- Argentine, cacao en Côte d’Ivoire, arachides au Sénégal sant appel sans peine à sa mémoire ou à sa connaissance de sont autant de bombes à retardement dénoncées hier par de l’histoire. Entre 1945 et 1986, le monde n’a pas connu la vilains passéistes et qui explosent aujourd’hui. Combien de moindre crise financière. Depuis 1987, elles se succèdent, pays du Sud ont été mis au PAS (Programme d’ajustement jusqu’à aboutir à l’actuel effondrement. L’abandon de toute structurel) par le FMI, afin qu’ils s’ouvrent au marché mon- forme de régulation des flux financiers, au profit de leur li- dial, qu’ils privatisent leurs entreprises, rachetées ainsi à bon bération totale, explique cette transformation. En Europe, compte par les détenteurs de capitaux du Nord, qu’ils c’est en 1986 que tout a commencé, l’adoption de l’Acte dégonflent leurs finances publiques, pourtant déjà maigres inique (!) nous faisant entrer dans la modernité soucieuse quand leurs besoins éducatifs et sanitaires sont si criants ? d’abandonner enfin les vieux réflexes dirigistes, décidément Combien de petits paysans du Sud ont été chassés de leur par trop ringards. Les chantres du modernisme financier terre désormais exploitée – c’est bien le mot juste – à grande mirent à bas tout ce qui pouvait entraver la circulation de échelle par de gros propriétaires, intégrés à l’économie l’argent. Tous unirent leurs efforts, gauche supposée garante mondialisée, qui en respectent à la lettre le principe de la des intérêts des gens modestes, et droite réputée gardienne rentabilité financière ? des gens fortunés, pour sacrifier, sur l’autel du nouveau cre- On n’a pas voulu voir tout cela, croyant pouvoir indéfini- do, toutes les guenilles d’un passé révolu. Oui, cela a fonc- ment repousser l’échéance du drame, pourtant prévisible. tionné comme une religion. La Commission européenne et Maintenant, ça craque de partout ! Et les pompiers pyro- la Banque centrale européenne en sont les églises. Au plan manes de s’affoler, face à l’ampleur du désastre qui vient. global, le FMI et la Banque mondiale en sont les cathé- Toute honte bue, de fieffés défenseurs de l’« économie enfin drales. DSK, désormais patron du Fonds de la misère inter- libérée des pesanteurs héritées du passé » tournent casaque. nationale, en fut, jusqu’à sa toute dernière déclaration, l’un Ils nous disent aujourd’hui, à l’instar de DSK, qu’il faut des prêtres les plus convaincus. maintenir les petits paysans sur leur terre au Sud et renfor- Le gigantesque appel d’air que constitue la globalisation cer les politiques publiques partout. Non, nous ne rêvons financière ne pouvait que donner libre cours aux spécula- pas. Ce sont les mêmes hommes qui, à quelques semaines tions les plus hasardeuses. Les coups les plus juteux sont d’intervalle, sont capables de défendre des « stratégies » si aussi les plus audacieux, les moins prudents. Les spécula- contradictoires. Nous savions depuis toujours que l’écono- teurs ne jouent évidemment pas leur argent, mais celui qui mie n’est pas une science exacte. Nous avons désormais la leur est confié par les épargnants. Ils cherchent en perma- certitude que ses pilotes conduisent à l’aveuglette. Pour sor- nence de l’argent afin de se couvrir contre les risques qu’ils tir du brouillard, après le breakdown, il nous faudra écouter prennent sur les marchés à terme des produits financiers. Ce d’autres hommes que les économistes classiques. Voilà enfin système est une énorme pompe à aspirer l’argent de l’éco- une bonne nouvelle ! nomie réelle, normalement organisée pour la satisfaction Yann Fiévet 16 Le Peuple breton – Mai 2008 POBL Karaez en em vod VREIZH evit difenn e ospital Bez’ e oa tud o vanifestiñ d’ar sadorn 29 a viz Meurzh e Karaez evit difenn an ospital. 10 000 den e oa eno hervez an aozerien, ouzhpenn niver annezidi kêrbenn ar Poc’her, biskoazh kemend-all ! Eus petra ’oa kaoz ’ta ?

Tost da 10 000 den a oa bodet war plasenn ar Porzh-houarn hag er straedoù stok outi. Ur mor a dud deuet evit diskouez ne oant ket kontant da lezel an ARH (ajañs- rannvro evit an ospitalioù [ARO]) serriñ surjianerezh ha ti gwilioudiñ an ospital. Rak en arvar eo ospital Karaez, evel

un dek bennak a ospitalioù pe d lec’hiadoù e Breizh : emañ Redon, Bénar

Gwitreg, Landerne, Montroulez, e Dinan, Pondi-Loudieg, Gwengamp,

Pempoull, Douarnenez, Lannuon ivez Jean-Pierr

war roll an ARO. N’eo ket ken Foto ampletus an ospitalioù-se hervez rener 29 a viz Meurzh e Karaez. an ARO, an aotrou Perrin, nevez anvet d’ar garg-se. War zigarez e kollfent arc’hant pe e vefent re dost, pe re bell, Kavout a ra d’an implijidi, d’an da c’henel e Kreiz Breizh. N’eo ket pe re zisur… e tlefent bezañ serret. dilennidi ha d’ar boblañs ne rankfe ket echu afer ospital Karaez : neo ket an Met pell emañ Yann diouzh e gazeg ! ur servij publik a yec’hed bezañ dreist-prefed Perrin a zivizo mod C’hoazh n’eus diskouezhet Pempoull ampletus, pa ne ro rener an ARO bevañ ar Vretoned. Ra vo niver e varregezh da zifenn ti gwilioudiñ e nemet abegoù arc’hant evit difenn e manifesterien an 29 a viz Meurzh ur ospital a-gentoù — dezrevell nevez an vennozh da serriñ servijoù an ospital. c’hemenn evitañ ! ARO n’eus soñj eus an harzerezh : Evite n’eo ket an abegoù ekonomikel « Kalz start eo bet kenarroud ma’z eo rik degemeradus pa vez anv eus Jean-Claude Le Gouaille bet serret ti gwilioudiñ ennañ (…) an yec’hed hag eus diorren lec’hel. holl modoù d’ober ’zo bet implijet E-touez an dilennidi, ur meneg (…) ar skiant-prenet o deus an ispisial da C’hristian Ménard a ra van eneberien evit sevel ar muiañ tud da zifenn an ospital war an dachenn e (…) » War a seblant n’eo ket mennet Breizh hag a vot lezennoù war Chaque mois poblañs Karaez kennebeut da lezel boujedenn ar « Sécu » hag ar Yec’hed e hec’h ospital mont kuit hep stourm. Pariz hep nec’hiñ e mod ebet. N’eo ket depuis 1969 Peogwir e vefe kondaonet an ospital sklaer kennebeut emzalc’h ar PS : ma vefe serret an daou servij-se. Claude Evin, ministr kozh ar Yec’hed Kavout a ra d’ar sindikat CFDT e vefe ha bremañ prezidant an FHF (Kevread troet ar stal da di evit ar re gozh, ospitalioù Bro C’hall), a zo a-du gant armor peotramant anvet tud an trede oad. an adreizhadur, ha pa zistag un nebeut Ret e vefe neuze d’ar maouezed mont diferadennoù. Diskouez a ra ur wech présente da wilioudiñ da Gemper, pe ouzhpenn ar fae a vez graet eus ar Vontroulez pe me oar-me… Amzer e Vretoned gant ar Stad hag ar et commente vefe dezhe da c’henel o bugale en o strolladoù gall. LA VIE BRETONNE c’harr pe e c’hlañvgarr ! Met n’eo ket prest ar Bretonezed hag Kalz postoù a vicher, implijoù a- ar Vretoned da lezel o yec’hed mont da B.P. 90206 feson a vefe skarzhet hag ar C’hreiz- goll. Annezidi Karaez hag ar C’hreiz 22402 LAMBALLE CEDEX Breizh a vefe lakaet da vezañ un Breizh zo mennet da stourm evit al dezerzh e-keñver ar Yec’hed. labour, ar gwir da vezañ pareet… ha 17 Pobl Vreizh – Mae 2008 Magañ an dud Ur gudenn evit an dazont

E 2007 e oa bet an ed ha nouspet da 2020, 5 % anezho er Stadoù-Unanet Efedoù drastus ar c’hemmoù danvez boued all o kanañ ken ha ken ac’ha nen da 2012, 15 % anezho e Sina degaset en hin war ar marc’had etrebroadel. Meur a ac’hanen da 2010. Emañ Senegal o dra ’zo kaoz eus kresk ar prizioù. paouez sevel ur ministrerezh evit ar Ne vo ket dister efed emdroadur an Kreñvoc’h eo aet nerzh ar goulenn produiñ treloskoù biologel petra hin war ar mod da vagañ an dud, na endra ma chome stabil ar c’hinnig. bennak ne zeu ket a-benn da zastum a- tost. E-barzh meur a vro e teu anat dija Koustusoc’h e oa aet ivez ar c’has walc’h a zanvezioù en he farkeier evit digresk an douaroù-labour. Gouzañvet boued eus an eil bro d’eben magañ he foblañs en he fezh. e vez muioc’h a liñvadoù dour hag a abalamour d’an diouer a drelosk. brantadoù sec’hor noazus-kenañ evit Peadra ’zo d’en em c’houlenn ha ne Un ezhomm startoc’h da derriñ gounidigezh ar maezioù. Ar pourvezioù zeuio ket ar pourchas boued da dour a c’hellfe digreskiñ eus 30 % e lod Ac’hanen da 2030 e vo ezhomm eus ar c’hornadoù-se, ar pezh a lakao vezañ unan eus kudennoù pouezusañ dastum 50 % muioc’h a zanvez boued an amzer dazont. da goll eostadoù bras-spontus. Seul evit taliñ ouzh kresk gortozet ar zrastusoc’h e vo efed an diouer-se ma Hervez an FAO, (Aozadur ar goulenn. Ha n’eo ket sur tamm ebet e c’hoarvezo e broioù bresk o nerzh Broadoù unanet evit ar boued hag al vimp eviti. Deuet eur a-benn da greskiñ ekonomikel. Lakaat a raio prizioù ar labour-douar), e vefe bet 36 % a gresk nerzh produiñ an douaroù betek-henn, boued da greskiñ betek re war ar gant prizioù ar boued warlene. marc’hadoù, ar pezh a lakao ar Uheloc’h eo deuet da vezañ gernez hag ar c’hlemm sokial da galloud-prenañ tud ar broioù dizhout liveoù dañjerus. Hervez nevez a zastum lusk war an ar skiantourien e vo gwallaozet dachenn ekonomikel evel Sina, gant ar sec’hor etre 60 ha 90 India ha Brazil, ha n’int ket bet milion a gantarioù ouzhpenn en pell o tibab modoù all d’en em Afrika e su ar Sac’hara ac’hanen vagañ. En em vevañ a reont da 2060 hag e vo 600 milion a muioc’h muiañ diwar kig hivi - dud ouzhpenn o c’houzañv ar ziken, ar pezh a c’houlenn implij verrentezh boued ac’hanen da muioc’h a zouaroù eget evit 2080. Ne c’hello ket ar broioù dastum ar memes kementad industriel pinvidik chom dise - kalori degaset gant meuzioù strizh

et blant ouzh ar seurt reuz rak klask fardet gant gwinizh, maiz pe riz, mir a raio kalz repuidi treuziñ o dreist-holl ar c’hig-ejen, un gwir harzoù kousto pe gousto. Kreñv danvez a vez ezhomm evit e Pep spontus e vo an nerzh divroiñ. broduiñ kalz muioc’h a galori Maiz. Arabat disoñjal ivez ez eus tennet diouzh ar boued glas eget ouzhpenn ur bempvedenn eus evit ar c’hig moc’h hag ar c’hig poblañs ar bed o chom en yar. met ne voe ket bewech en ur zibab takadoù a vo beuzet gant ar mor ma teknikoù padus. Ugent milion a dud a kendalc’h tommder an hin da greskiñ. Digresk an takadoù lakaet dindan zo o chom en Aostralia hag unan eus drevadoù da vagañ tud Estreget an douaroù labour a vo grignoloù ar bed eo deuet da vezañ. Ma gwallaozet gant ar c’hemmoù degaset Kresk poblañs ar bed a laka ivez ar vefe lakaet douaroù ar C’hevandir en hin. Lakaet ez eus bet anat nevez ’zo goulenn da greskiñ evel-just. Tost da Aostrel da dalvezout en ur mod padus, e veze kollet nerzh ivez gant al labour dregont milion a dud ouzhpenn a vez ne vefe ket tu da vagañ ouzhpenn eizh biologel er morioù a zegas d’an dud da vagañ bep bloaz. 6,5 miliard a dud milion a dud*. Re sec’h e oa bet an ul lodenn eus o danvez boued. ’zo war an douar hiziv an deiz, ha 9 amzer eno evit ober un eost a-zoare Nebeutoc'h a besked a baoto enno, ha miliard e vimp e 2050. Anat eo e warlene. Ne oa ket bet fonnus ivez hini pa vefe paouezet da besketa gant an rankimp soursial ouzh ar mod da Ukrainia. Tregont vloaz ’oa ne oa ket dud. bet ken dister ar pourvezioù en bourveziñ an dud-se gant boued. Seul Paol ar Meur enkrezusoc’h eo ar gudenn m’en em Unaniezh Europa, ha ret e oa bet astenn ar c’hêrioù diwar-goust an enporzhiañ 15 milion a donennoù ed douaroù-labour ha ma vez implijet eviti. Maget e vez gant ar PAM (Steuñv magañ ar Bed) 90 milion a dud diwar * Unan eus koshañ takadoù geologel ar muioc’h muiañ a barkeier evit produiñ bed eo hini Aostralia. Dister eo deuet da danvezioù da fardañ trelosk. Keit ha an 860 milion tizhet gant an divoued. Ma kendalc’h prizioù ar boued da vezañ frouezhusted an douaroù enni, ha pa priz al litrad trelosk eo aet hini al litrad vefent douret mat, endra ma vez kreñvaet eoul palmez en Afrika hiziv an deiz. greskiñ e vo ret dibab etre magañ 40 % hini douaroù an enezeg amezek, Indonezia, Palioù uhel spontus a glasko meur a vro nebeutoc’h a dud ha digreskiñ eus 40 % gant dihun menezioù tan. tizhout war dachenn an trelosk bio - pouez al lodennoù profet. logel, 10 % eus ezhommoù an trañs- L’alimentation de l’humanité au seuil portoù en Unaniezh Europa ac’hanen d’une crise majeure.

18 Pobl Vreizh – Mae 2008 ribl allennvras,etr A Br s w hag youl bezañeushontu,sañset! bevañ, da vezañgounezet! d huñvr klever e doujañs T G tor h l B e d m L a ar Boblbloaz-mañ. S e e k n

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© Jean-Yves Nicol Du ha gwenn ha plas da lenn… Al Liamm Niverenn 366 Pardon Sant Fiag, gant Er - Ur wech ouzhpenn e kaver e wan Evenou, niverenn 366 Al Liamm danvez embannet gant liesseurt. Peadra da Yann lenner da an ober our, gavout hervez e c’hoant. Barzh - 19 €. oniezh e penn kentañ, evel da Kinniget eo gustum : ur strobad barzhonegoù eil ro mant Er - gant Iwan Couée dindan an titl Pourmenadenn war devinier ar yezh wan Eve nou hag un oberenn gant Herve Maheo evel « Ur ro - a-zivout ar c’hentañ brezel bed hag mant faltazi anvet Heug. Pinvidik eo rann an p e n n - d a - danevelloù. Mar doc’h dedennet benn (...). Fal- gant al lizherenn « a » hag ar tazi dibrenn ha direol gwechoù... » c’hoarioù lennegel e voc’h plijet gant Yann hag ar ramz (marzh) diwar Diwar an uhel, gant Lan Tangi, Gwir eo. Luziet spontus eo an istor. bluenn Joel Donarzh. Ur mestr embannet gant Barn ha Skrid,10 €. Souezhus darempredoù an haroz, skrivagner eo Herve Gouedard. Ur Kinnig a ra Barn ha Skrid deomp eizh Gourlaou a gemerer evit Loeiz, e blijadur eo lenn e Digenvez an danevell bet skrivet gant Lan Tangi. vignon Gildwen ha Gweltaz, mab ar arzour ; marvailh silet er vuhez miliner. Souezhus emzalc’h tud Lanli pemdeziek. Fent e kavoc’h en diviz Lec’hiet eo an darn vrasañ eus an berr bet savet gant Gabriel Goubin istorioù e Menez-Are. Unan a dremen pe Lanhily pe Lanneli pe an Naeli... Iskis levezon Gwenc’hlan, ar « sorser » a-zivout ar 35 euriad hag ar postoù en India (« Adenkorfadur », bet daoubennek... Soubenn kranked. embannet e niverenn 337 Al Liamm) kozh, warno. Pe hini an aotrou Beskont Eñvorennoù poanius pe nec’hus a hag unan all war an harzoù etre Kanada a Gerampoulpri, danvez kannad « a- zeuio marteze da lod o lenn War un hag ar Stadoù-Unanet (« Vancouver », gleiz » ar c’hornad... Souezhus tudenn enez’ e-kreiz ar mor, danevellig Tariq-Paol. Iskis an Talbenn evit ar kizidik Riwall Huon. An Treizh gant bet embannet e niverenn 358 Al Yann Bijer a ziskouez en un doare Liamm), an div danevell zuañ, d’am Frankiz hag an Arme Boblek o lakaat o reuz er vro hep na rafe tra ebet bugale tener nerzh an ere etre gwriziennoù meno, daoust ma kaver enno un tamm ha dazont. Embannet oa bet eus ar mousfent a gaver en holl reoù all. Mari Robin. Afer an uraniom klasket c’hoazh gant Coop Breizh e 2007. An istor kentañ, « Diskrap e Poull-pri » gant Urabreizh a c’hellfe reiñ ur seblant Dedennus-kenañ eo studiadenn a gont ur stourm en ur vengleuz pri- a wirheñvelded d’an istor. Bez’z eus Goulc’han Kervella a-zivout Emile Souvestre hag e oberenn, C’hoariva gwenn a greiz Breizh (evel un heklev ouzhpenn luzietez, ur feulster diroll ha darvoudoù digredus. Un tu « Grand Emile Souvestre (1806-1854). Ka - d’Un deiz-hirgortozet, levr Gégé Gwenn, Guignol » a zo gant an oberenn. Kavout vout a reer enni ul lodenn eus ar bet meneget amañ), sirius an traoù met a reer ivez ur ouiziegezh ledet a-dreuz reuz-c’hoari An Difenn bet lakaet e fent alies mesket ur wech gant un brezhoneg. Herve Latimier a skriv hag a-hed, war ar yezh, al lennegezh, ar erotegezh yac’h. Kavout a reer diwar-benn tri romant (Bel Canto c’hrennlavarioù… Ne sikour ket da erotegezh ha fent ivez e « Nerzh ar gant Ann Patchett, Uniform Justice vont gant red an istor. Ur wech echu gant Donna Leon, ur skrivagnerez a peulvanoù » hag « Ar gelennerez ». « Ar koulskoude e soñjer e c’hellfe ar blije kalz d’hor c’hamalad Per ar Gwenerad » ha « Veen Fô » gant o fent romant-mañ bezañ diazez ul levr Bihan, A Prayer for the Damned dous a zo bet marteze skrivet evit bannoù-treset pe ur film hanter « gore » gant Peter Tremayne, studiadenn krennarded. Reiñ a ra « Kontañ kaoz » Erwan Chartier diwar-benn Morvan hanter fent. Un oberenn eus ar c’hiz, en ur skeudenn un tamm souezhus eus Lebesque ha levr Jacques Géné- ur stumm. Ijin a zo enni, sur. Di - paotred Menez-Are, eus unan diouto da reux anvet La Dissociété a-zivout ar c’hortoz eo… Evel golo al levr : ne glot gevredigezh a-vremañ. Fabien nebeutañ. Ul levr liesseurt ha plijus- ket gant an istor… Lécuyer a ro e soñj diwar-benn kenañ da lenn ! oberenn ar skrivagner israelat Itzhak Herve Lannuzel Orpaz, Fourmis pa ro Malo Bouëssel Du Bourg e hini war Kambr ar stered gant Paol Kalvez ha Resevet hon eus… Little Money Street, le chant des N Bro-Chelgenn ha Montroulez gant Mikael Madeg, Emgleo Breiz. Gitans gant Fernada Eberstadt. N Ar C’hrist d’an Amerindianed gant Youenn Troal, Hor Yezh. Echuiñ a ra an niverenn gant N Greunennig gant Teresa Pambrun, Keit Vimp Bev. notennoù puilh evit brasañ dudi al N Frederig gant Hans Peter Richter, brezhoneg gant Daniel Kernaleguen, Keit lennerien, evel boaz. Dudi ha Vimp Bev. danvez studi... N An Urzhiataer hud gant Garmenig Ihuellou, embannet gant Keit Vimp Bev. Morgan Tremel N Govel an dremmwelioù gant Alan Botrel, Skrid.

20 Pobl Vreizh – Mae 2008 Histoire

Quand des commandos opéraient en kilt à Saint-Nazaire

’OPÉRATION Chariot a écrit, le 28 occasion. » Il devait tomber dans demandait comment ses parents mars 1942, l’une des pages les l’obscurité d’une ruelle du vieux apprirent qu’il avait survécu : « Eh Lplus héroïques de la Seconde Saint-Nazaire après avoir endom- bien ! une nuit, mon père a fait un rê- Guerre mondiale. En plus du danger magé les installations portuaires. ve. Il en fit part à la famille, qui fut permanent que représentaient les Traditionnellement réputés pour dès lors rassurée sur mon sort. » sous-marins allemands basés en leurs qualités guerrières dans les Bretagne, les Britanniques avaient commandos, les Écossais étaient A Celtic legend appris que le cuirassé Tirpitz, le particulièrement nombreux, comme On retrouve cette communauté de fleuron de la Kriegsmarine, pourrait le souligne la question cruciale du sentiments à travers une légende aussi venir chasser dans l’Atlan- kilt ! Son port posait un vrai problè- qui persistait encore dans les an- tique. Ils n’eurent qu’un moyen d’in- me dans ce type d’opération, mais il nées 1950 : on croyait qu’un officier terdire cet espace au navire alle- fallait ménager les susceptibilités britannique s’était sacrifié en retour- mand : détruire sa seule base de ra- bien légitimes des Highlanders. Lu- nant à bord du destroyer Campbel- vitaillement et de repli en town pour rallumer la char- cas d’avarie, l’énorme cale ge qui n’avait pas explosé sèche du port de Saint- à l’heure prévue. Dans le Nazaire. Ils décidèrent camp britannique, cer- donc de s’attaquer à cette tains pensèrent à Prit- installation, appelée par chard qui connaissait par- les Nazairiens la « forme- faitement le dispositif et écluse Joubert ». En la sa- possédait toute la compé- botant, les commandos et tence voulue. Cette légen- les marins de l’opération de expliquerait le retard Chariot visaient à en em- dans l’explosion, sauf que pêcher l’utilisation par la le Gallois, tué au combat, flotte allemande. Ce fai- est enterré au cimetière sant, ils changèrent le d’Escoublac… Cette lé- cours de la bataille de gende du « héros in con - l’Atlantique. nu » revenu à bord colle DR bien à l’esprit celtique Soldats celtes dans la Le destroyer Campbeltown en travers de la forme Joubert : commun aux Bretons et bataille de Saint-Nazaire après le raid, les Allemands ne peuvent que constater les dégâts. à leurs frères d’outre- L’historien C.E. Lucas a Manche. L’historien André dressé1 une galerie de por- Daniel se souvient d’avoir traits de ces braves. À leur vu les actualités au ciné- lecture, on est frappé par l’importan- cas met en relief la forte présence ma d’Etel après le raid. Les men- ce numérique de la participation, des gars des Hautes Terres : « On songes de la propagande nazie qui parmi les Britanniques, des Gallois, en voyait de toutes les teintes : Ar- présentait l’opération Chariot com- Écossais et autres Irlandais2, durant gyll, Black, Watch, Gordon, Came- me un échec firent rire la salle. An- le raid. À travers ces portraits, on dé- ron et Seaforth. » Au milieu des ex- dré Daniel, alors âgé de 10 ans, se couvre de simples marins comme plosions, des Nazairiens eurent ain- souvient de la joyeuse ambiance qui « Wynn, jeune Gallois du Merio- si la surprise de voir traverser leur régnait dans le cinéma et aussi de la nethshire, un individualiste au sens salle à manger par un gaillard en kilt rumeur qui se répandit comme une le plus complet de ce mot. Robuste- à la vitesse de l’éclair… traînée de poudre sur les quais : ment charpenté, il avait un visage L’historien britannique décrit ainsi « Un British est remonté pour faire sur lequel on lisait facilement les in- le benjamin du groupe, qui n’avait sauter le Campbeltown ! » Ainsi dices d’un doux entêtement. » Des alors que vingt ans : « Corran Pur- naissent les légendes… figures se dégagent, comme celle don, officier des Royal Ulster Rifles, du capitaine W.H. Pritchard, origi- très beau, grand amateur de poésie Hubert Chémereau naire de Cardiff. Le « Monsieur dé- moderne. » Cet Irlandais est bien molition » de l’opération est décrit connu à Saint-Nazaire, où il revient 1. Dans le livre Commandos sur Saint-Nazaire, en ces termes par son grand ami, chaque année pour honorer ses ca- traduction publiée en 1959 aux Presses de la Ci- té de son ouvrage The Greatest Raid of all. l’Irlandais Bob Montgomery : « Son marades tombés en terre bretonne. 2. On peut rapprocher cette importance numé- esprit était à la fois romanesque et Tout son esprit irlandais est dans rique des plus de 40 % de Bretons présents dans fanatique, le feu celte qui brûlait en cette réflexion qu’il fit en mars 2007 les célèbres « bérets-verts » de la France libre. lui jaillissait en surface à la moindre à une lycéenne nazairienne qui lui 21 Le Peuple breton – Mai 2008 Peuples du monde

Archipel des Féroé.

DR Sur le chemin de l’indépendance Drapeau des Féroé.

En janvier dernier, les élections Féroïens manifestent, plus que par Une communauté déjà ont propulsé sur le devant de la scè- le passé, leur désir de se dégager autonome ne les indépendantistes du parti de la tutelle du royaume scandina- Le désir d’émancipation est an- « République ». En arrivant en tête, ve. En 2001 déjà, un référendum vi- cien. Déjà, en septembre 1946, à avec 25 % des suffrages, ce dernier sant à couper les ponts avec la mé- l’occasion du référendum que le se retrouve au cœur de l’échiquier tropole avait été envisagé. Il avait Danemark avait proposé aux insu- politique local. Le gouvernement été annulé au dernier moment, ses laires en leur demandant de choisir féroïen, qui s’est cons- entre autonomie et titué au lendemain de indépendance, ces la consultation (une derniers avaient ma- coalition au sein de la- joritairement opté quelle on retrouve, pour l’indépendan- outre les républicains, ce (48,7 % des voix des sociaux-démo- contre 47,2 %). Le crates et des cen- Danemark avait re- tristes), en a été la fusé d’entériner le confirmation : à eux résultat, proposant seuls, les républicains en échange le statut détiennent quatre des d’autonomie qui est sept postes de mi- encore en vigueur nistres. Dont celui des aujourd’hui. Ce der- Affaires étrangères, nier définit au sein une première, mais du royaume du Da- aussi un signal fort lan- nemark une « com- cé en direction du

ansson munauté aut o no - gouvern ement danois, J me » féroïenne do- dont dépendent les tée d’un parlement

Féroé. Johannes local élu par le La première mission © Høgni Hoydal, le premier ministre des Affaires étrangères des Féroé. peuple (le Løgting) du nouveau ministre disposant d’un pou- des Affaires étrangè - voir législatif pour res, le jeune chef des républicains, organisateurs ne pensant pas qu’il les affaires locales, votant le budget Høgni Hoydal (il est né en 1966), se- puisse être gagné. Il faut dire que et nommant le gouvernement du ra d’œuvrer à l’émancipation des 18 les Danois avaient mis dans la ba- territoire (le Landsstyri´ , avec un Pre- îles qui constituent cet archipel de lance un élément de poids. D’ac- mier ministre, à ce jour le social- 1 400 km2 situé entre l’Islande, cord pour l’indépendance, di- démocrate Jóannes Eidesgaard). l’Écosse et la Norvège, à 1 200 km saient-ils, mais alors il en sera fini L’autonomie permet d’avoir un dra- de Copenhague. Au menu, une de- des subventions que Copenhague peau et un hymne, un passeport, un mande d’adhésion à l’Unesco et à accorde tous les ans aux îliens, une service postal, et des billets de l’AELE (Alliance européenne de enveloppe représentant près de 90 banque originaux. Sans oublier une libre-échange), cette autre Union millions d’euro. Un argument en bé- équipe de football ! La « langue européenne qui regroupe la Norvè- ton, même si l’économie est saine principale » (dixit le statut) est le fé- ge, la Suisse, le Lichtenstein et l’Is- (l’archipel remplirait par exemple roïen, même si le danois doit être lande. Il est également envisagé, les critères de Maastricht, le chô- « soigneusement enseigné » (idem). d’ici à 2010, l’organisation d’un ré- mage est quasi inexistant). Signe Les Féroïens résidant sur les îles ne férendum destiné à doter les Féroé du sérieux de son attitude, le gou- sont pas soumis à l'obligation mili- d’une constitution. Dernière marche vernement féroïen veut désormais taire danoise. L’archipel s’est aussi avant la proclamation de l’indépen- bâtir un budget qui prendrait en déclaré, en 1984, zone dénucléari- dance. compte une réduction des subven- sée. Le Danemark n’est pas surpris. tions danoises. Le gouvernement gère de droit Depuis une quinzaine d’années, les tout ce qui a trait à la vie locale.

22 Le Peuple breton – Mai 2008 Seules échappent à son contrôle enclin à accorder leur indépendan- possession danoise, de prendre les grandes questions régaliennes ce aux Féroé s’il s’avérait que son indépendance au lendemain de comme la justice, la police, la poli- celles-ci soient riches en pétrole. la guerre. En 1946, on l’a dit, les Fé- tique monétaire, les affaires étran- Un bras de fer en perspective, qui roé votaient à leur tour pour la sépa- gères (on voit ici le symbole d’un n’effraie pas outre mesure les insu- ration, moyen considéré comme le ministre féroïen des Affaires étran- laires. plus efficace pour sauvegarder leur gères !) et la défense. Des do- culture et leur langue. maines intermédiaires sont suscep- Une langue qui se porte bien Longtemps laissé de côté, le fé- tibles de revenir au gouvernement Le mouvement nationaliste est roïen a progressivement repris sa local après négociations. Il s’agit apparu à la fin du XIXe siècle avec, place. Il est aujourd’hui utilisé au par exemple de l’école, de la santé, comme objectif, la protection de la Parlement local. Les lois de ce der- du transport aérien, de l'Église, de langue et de la culture face à une in- nier sont rédigées dans cette la protection du milieu marin, des fluence danoise de plus en plus langue. En justice, les débats peu- questions sociales… marquée. Le féroïen est une langue vent se dérouler en féroïen (mais les Les Féroïens disposent de repré- proche de l'islandais avec de nom- sentences sont énoncées en da- sentations à Copenhague, Londres breux emprunts au danois, au nor- nois). C’est également la langue ou Reykjavik, des capitales pro - végien, voire au bas-allemand. Les des médias (presse écrite, télévi- ches, ainsi qu’à Bruxelles pour la parlers celtiques l’ont également in- sion, radio). À l’école, elle est ensei- défense de leurs intérêts face à une fluencé. La langue est le résultat de gnée dès la maternelle et utilisée Union européenne qu’ils ont refusé, l’histoire du pays. D’abord colonisé jusqu’à l’université (celle de Tór- par référendum, d’intégrer pour des et mis en valeur par des moines ir- shavn, 150 étudiants). Le danois raisons politiques (ils ne souhaitent landais (vers 600) puis écossais n’est obligatoire, comme seconde pas perdre une indépendance en (vers 700), l’archipel est ensuite langue, qu’à partir de la troisième cours d’acquisition) mais aussi par- tombé aux mains des Vikings qui lui année de primaire (vers 9-10 ans). ce qu’ils ont le sentiment qu’une ont donné son nom (Féroé : île aux Pour la préserver, la promouvoir et fois intégrés à l’Union européenne moutons, un rappel de la vie au l’enrichir, un conseil de la langue fé- leur voix ne portera plus ; l’archipel temps des moines celtiques). Deve- roïenne a été créé (une structure qui ne compte en effet que fait penser à notre Ofis 48 000 habitants (dont ar brezhoneg). Il parti- plus d’un tiers vit dans cipe à la création et au la capitale : Tórshavn). choix des mots nou- Les raisons sont aus- veaux. Le conseil pu- si économiques. L’es- blie aussi une revue sentiel de l’activité, gratuite qui dispense outre l’élevage ovin tra- des avis et relève les ditionnel et l’aquacultu- usages erronés. Tout re, plus récente, repose ce qui doit en fait per- sur la pêche (morue, mettre de faire vivre crevette, baleine) qui une langue menacée. emploie près de 20 % Le résultat est au ren- de la population active dez-vous. Aujourd’hui et dont les produits le féroïen, qui n’est (frais, conditionnés, pourtant reconnu et transformés) représen- utilisé par les institu- tent plus de 95 % des tions (administration, exportations. En en- école, Église) que de- trant dans l’Union, les puis le début du XXe

Féroïens craignent que, DR siècle, se porte bien fa- sur ce sujet, une régle- Tórshavn une capitale de 18 000 habitants. ce à un danois qui ap- mentation plus stricte paraît sur le déclin. Ce leur soit imposée. Ils fondent enfin n’est pas, là, la conséquence d’une de grands espoirs sur les forages nu possession norvégienne, il a en- quelconque évolution naturelle off-shore menés au large de leurs suite été rattaché au Danemark mais bien le résultat d’une politique côtes. La présence d’or noir, com- (1397). En 1940, le Danemark fut linguistique volontariste souhaitée me en Écosse et en Norvège, leurs envahi par l’Allemagne, tandis que et mise en place aussi bien par les voisins immédiats, ferait souffler un les îles devinrent pendant cinq ans habitants que par le gouvernement vent nouveau sur l’archipel. Cette un protectorat britannique. Un épi- féroïen. Une leçon à méditer. manne financière démultiplierait les sode qui devait marquer les chances d’émancipation. Elle rela- esprits : il était donc possible de Patrick D. Morvan tiviserait également les pressions fi- vivre sans les Danois. L’idée nancières de Copenhague. Avec un d’émancipation s’est propagée bémol : le Danemark serait moins avec la décision islandaise, autre 23 Le Peuple breton – Mai 2008 Sport

Bretagne / Congo Brazza à Saint-Brieuc Fañch Gaume est le président délégué Congo, avec des joueurs comme Oscar F. G. — Il n’y a, d’une part, aucune de Bretagne Football Association Ewolo (Lorient), Chris Malonga (Nan- volonté de BFA allant dans ce sens et, (BFA), qui avait organisé le mémo- cy), Christopher Samba (Blackburn) et d’autre part, aujourd’hui, pas de possi- rable Bretagne/Cameroun en 1998 à Delvin Ndinga (Auxerre), entraînée par bilité légale de ce faire. Écosse, Galles et Rennes. Il récidive le 20 mai 2008 en Ivica Todorov (ex-Stade brestois), pré- Irlande du Nord ont co-fondé l’Interna- organisant une rencontre amicale pare ses matches de mai et juin 2008, tional Football Association Board en entre l’équipe nationale du Congo qualificatifs pour la Coupe d’Afrique 1882, d’où leur présence à la FIFA. Il Brazzaville et l’équipe de Bretagne, 2010 et la Coupe du monde 2010. faut noter que la vitalité des quatre fédé- au stade Fred-Aubert à Saint-Brieuc. rations celtes est grande, puisqu’elles Qui verra-t-on sur le terrain côté bre- viennent de créer la Celtic Cup, qui dé- PB — Quels sont les critères de sélec- ton et côté congolais ? butera en 2011 et sera biennale. Pour tion des joueurs bretons ? Et BFA, la logique est exclusivement spor- comment répondent-ils à la tive, comme pour l’Andalousie, que Mi- proposition de jouer sous le chel Platini, le président de l’UEFA, maillot gwenn ha du ? connaît bien. Ainsi, Noël Le Graët, vi- F. G. — Est sélectionnable ce-président de la FFF et président de en équipe de Bretagne tout Guingamp, nous a encouragés à organi- joueur né dans les départe- ser ce match, comme Platini l’avait fait ments 22, 29, 35, 44 et 56, en 1998. ou d’ascendance parentale provenant de ces mêmes dé- partements, ou d’ascendan- La Région sera représentée à ce ce grand-parentale prove- match par Mona Bras, conseillère nant de ces départements, régionale UDB. ou ayant signé sa première licence dans la première ca- tégorie d’âge dans l’un des PB — Le match du 20 mai bénéficie départements bretons. Les du partenariat de plusieurs collectivités DR trois premiers de ces critères bretonnes (Région, ville de Saint- L'équipe de Bretagne en 1998 (en haut) et 2000. sont empruntés aux fédéra- Brieuc). Il sera également retransmis en tions britanniques et sont direct sur la chaîne Direct8. Est-ce que aussi utilisés par la Ligue de ces marques de reconnaissance vous ai- Guadeloupe, qui est affiliée deront dans vos futurs projets ? à la Fédération française de football (FFF). Avec l’ac- F. G. — Les partenariats de la Région cord de leur club, les joueurs Bretagne, de la ville de Saint-Brieuc, de répondent avec fierté, en- la chaîne TV Direct8 et de l’équipe- thousiasme et disponibilité mentier Baliston sont essentiels à notre à l’appel de la sélection bre- développement sportif et structurel. tonne. Ils savent que cette Ces partenariats s’inscrivent dans la du- équipe est celle de tous les rée et vont être amenés à se développer Bretons. 111 footballeurs de plus en plus. Il faut savoir que cer- DR bretons figurent dans les ef- taines équipes nationales demandent fectifs des clubs de Ligue 1, entre 100 000 et 700 000 euro, comme Fañch Gaume — D’abord, cette ren- Ligue 2 et National. l’Argentine ou le Brésil. Mais il contre sera organisée par le Stade brio- y a un réel engouement pour chin, en collaboration avec l’En Avant l’équipe de Bretagne, lequel de Guingamp, et devrait être dirigée par PB — Peut-on imaginer devrait rejaillir sur l’image du l’arbitre international briochin Stépha- voir un jour une équipe de football breton et, nous l’espé- ne Bré. Ensuite, l’équipe de Bretagne se- Bretagne participer aux élimi- rons, son développement et ra emmenée par Yoann Gourcuff (Mi- natoires d’un championnat son dynamisme. Voilà de quoi lan), Steve Savidan (Valenciennes), d’Europe ou d’une Coupe du fêter le 90e anniversaire de la Yann Lachuer (Châteauroux) et Nicolas monde, à l’instar de l’Écosse Ligue de Bretagne de football ! Gillet (Le Havre), sous le coaching de et du pays de Galles, et com- Serge Le Dizet, assisté de Pierre-Yves me l’ambitionne aussi la Ca-

David et Stéphane Guivarc’h. L’équipe talogne ? Qu’en pense la FFF ? DR Fañch Gaume nationale A de la République du Fañch Gaume.

Bretagne/Congo : Mardi 20 mai 2008 à Saint-Brieuc au stade Fred-Aubert (11 000 places). Télédiffusion sur Direct8, à 21 heures. Tarifs d’entrée : 10 € (places assises), 5 € (debout), 3 € (enfants <12 ans). Billetterie : www.francebillet.com et au stade Fred-Aubert. Contacts : Stade briochin, 02 96 61 86 45 et www.bretagne-football.org.

24 Le Peuple breton – Mai 2008 La Bretagne sur Internet par Alain Cedelle @ [email protected] Pour ou contre le canal de Nantes à Brest ? Cette éton- nante question s’est posée en fin 2007 à propos de la re- conquête de la qualité des eaux pour une partie de l’Aul- ne et du Blavet. Le débat s’est tenu jusque sur Internet. Les plaisanciers… ¢ Le site de l’association nationale des plaisanciers en eaux intérieures (ANPEI) se révèle très riche en informations. Une recherche sur « Aulne » permet de trouver plusieurs ar- ticles et documents sur le sujet de l’Aulne canalisée. On remar- quera en particulier, sous le titre « Canaux en pointillés », à la da- te du 4 novembre, un intéressant bilan d’interviews publiées par Le Télégramme. La plupart des réponses se prononcent plutôt pour la préser- vation du canal, pour ses valeurs culturelles et économiques. Mais, pour le président de la fédération de pêche, la canalisation est un facteur aggravant de pollution. www.anpei.org

¢ … contre les pêcheurs Du côté des fédérations de pêche, le retour à l’état naturel aurait l’intérêt de préserver les populations de poissons. Le site « gobages » des pêcheurs à la mouche a héber- gé dans son forum un long débat, parfois passionné, sous le titre « Canal de Nantes à Brest ». Le patrimoine biolo- gique et la préservation des espèces naturelles y sont souvent mises en avant par rapport à la défense de « trois cailloux et de la maçonnerie »… Une position intermédiaire, souvent abordée dans la discussion, consisterait en l’ouverture des écluses qui permettrait l’écoulement libre des eaux. www.gobages.com

¢ L’avis de ERB L’association Eau et rivières de Bretagne se devait de se pencher sur cette question. Un long document diffusé sur leur site, en info de la semaine 47/2007, fait le bilan de la question en prenant en compte ses différents aspects. ERB fait remarquer que la réduction de la pollution doit d’abord se faire à la source, sur tout le bassin, et que les solutions intermédiaires, entre destruction et conserva- tion du canal, doivent être étudiées en détail. En conclusion, le site de l’ANPEI diffuse un document daté du 8 mars dernier : « Restaurer la qualité des eaux », dans lequel la Région Bretagne s’engage pour l’eau et pour le patrimoine des canaux.

www.eau-et-rivieres.asso.fr L’Aulne côté mer ¢ Pour rester sur l’Aulne, dans sa partie maritime, le site « an- treizh » propose un grand nombre d’informations touris- tiques. On peut y consulter les calendriers d’animations et évè- nement nautiques de l’année en cours. Une page d’information est consacrée à la tempête et grande marée du 10 mars dernier, mais l’analyse détaillée de l’incident reste à faire. Le site contient également un intéressant guide des cales de mise à l’eau, et plusieurs galeries de photos de paysages de l’Aulne, dont une série consacrée à l’arrivée de l’ex-croiseur Col- bert au cimetière de bateaux de Landevenneg. www.antreizh.fr 25 Le Peuple breton – Mai 2008 U N J O U R A V E C . . . Octave Cestor,

« Descendant d’esclave ? On pour se faire traiter de négro par un le du secteur. Des responsabilités peut voir les choses comme ça. gradé ! Une gifle propre à casser le qui le passionnent, font reconnaître Mais je me pense plutôt en des- miroir, et à remettre bien des pen- ses qualités d’organisateur et de cendant de nèg marron1 … » La dules à l’heure. Mais l’élection pré- négociateur, mais dont il regrettera formule a ricoché sur plus d’un sidentielle de 1965 est passée par un jour qu’elles restent à usage in- interlocuteur, mais elle touche là. François Mitterrand a osé défier terne. La légitimité de l’action pu- juste. Et met en perspective une l’ordre sanctifié par l’adhésion du blique lui manque et, les années ai- vie où, d’évidence, tout n’a pas père. Un autre ordre est possible, dant, il lui semble qu’on n’est pas été simple et facile. même si Octave ne rejoint le PS pressé de lui en ouvrir l’accès. qu’en 1973, deux ans après le C’est en 1947 qu’Octave Cestor congrès d’Épinay. Il a quitté l’uni- Un pan occulté du passé nantais naît dans la commune du Morne forme. 1983 le voit cependant entrer au Vert, au nord de la Martinique, « un Sa réflexion s’approfondit : conseil municipal de Saint-Herblain endroit où se réfugiaient les es- « Contre l’oubli destructeur de ce et créer l’association Combit Dom2. claves en fuite, à bonne distance que furent l’esclavage et de ce que Le projet existe alors à Nantes de des plantations et des ports ». Son sont encore ses conséquences, le réveiller la mémoire de la traite né- père est agriculteur, sa mère, com- besoin de mémoire s’impose. Il grière en commémorant le fameux merçante. D’un grand-père mater- s’impose à tous, pas seulement aux Code noir, par lequel Colbert, trois nel breton il tient une part de sang descendants d’esclaves. Dans les siècles plus tôt, réglementait l’es- « blanc ». C’est assez pour devoir pays ex-négriers aussi, il faut se li- clavage et donnait aux esclaves le affronter, dès les premières années bérer d’un passé qui paralyse, et statut de « bien meuble » (celui de sa vie, un double racisme : « Je fait obstacle à des relations vraies. » d’une chaise ou d’un chien). En reti- n’étais pas assez noir pour être rant petitement à cette commémo- Noir, j’étais beaucoup trop noir pour Au Parti socialiste, Octave va mi- ration le soutien de la ville de être Blanc ! » Octave subit les bri- liter dans le secteur « entreprises ». Nantes, le nouveau maire de droite, mades et les coups de ses cama- Il sera secrétaire fédéral aux entre- Michel Chauty, lui fait bien involon- rades d’école, à tel point que son prises dans la Loire-Atlantique et tairement une énorme publicité, qui père, attaché au légalis- membre de la commission nationa- va amplifier et inscrire du- me républicain, tente plu- rablement dans le temps sieurs fois d’obtenir justi- le besoin de mémoire et ce en portant plainte… et d’histoire. Un besoin que se retrouve condamné, Jean-Marc Ayrault, élu en les familles « plus noires » 1989, saura reconnaître et faisant bloc contre ces prendre en compte. privilégiés de la peau ! L’exposition « Les An- Un autre ordre neaux de la mémoire », est possible dont le succès ne se dé- mentira pas de 1992 à Son père, c’est aussi le 1994, reste comme l’un gaullisme, la fierté d’être des temps forts de la ré- Français, la volonté de se appropriation par les fondre dans cette nation Nantais de ce pan occulté au parfum de droits de du passé de leur ville. On l’homme, pour la remer- imagine que cela ne s’est cier de ce qu’elle-même pas fait sans confronta- donne sans mesure. « Il ne tions. fallait pas parler créole à Octave est de tous ces la maison : la France ten- combats. Combit Dom, dait un miroir. Il était bon l’association qu’il prési- de s’y reconnaître. » François de, prend le nom de Mé- L’engagement dans moire de l’outre-mer, et Michel l’armée, avec l’arrivée / n’entend pas, tournée

dans l’Hexagone, est en eton vers le passé, se conten- 1966 une étape logique, br ter de commémorations vite décapante pour les ponctuelles. Elle est pré- idéaux… car Octave n’at- Peuple sente dans la ville, ouver- Le tend pas des semaines Octave Cestor. te vers l’avenir, témoi-

26 Le Peuple breton – Mai 2008 descendant de nèg marron à Nantes

gnant de ce qui fut pour faciliter re- cherches, dialogues, rencontres et projets. On la voit à la Foire interna- tionale de Nantes, au Festival d’été, aux Rendez-vous de l’Erdre, au Festival Tissé Métisse… Depuis septembre 2007, elle tient

permanence au cœur même de François l’ancien quai négrier de la Fosse, Michel d’où sont parties, de Louis XIV à / Louis-Philippe, plus de 1 500 expé- eton ditions triangulaires emportant en- br suite d’Afrique vers les îles d’Amé- rique 450 000 esclaves. Peuple Le Sur les deux premiers niveaux Au mur du bureau d’Octave Cestor, une œuvre originale produite en Polynésie. d’un ancien immeuble d’armateur négrier, Octave Cestor me fait visi- chel Cocotier, adhérent de l’asso- cache pas son intérêt pour le par- ter le siège de Mémoire de l’outre- ciation depuis dix ans, bien préparé cours de Barack Obama aux États- mer et les locaux adjoints de l’espa- à ce passage de témoin : l’associa- Unis, et souhaite qu’il réussisse, ce culturel Louis-Delgrès. Cette as- tion a su prendre son avenir en « car cela aura une influence dans le sociation est une vitrine de l’outre- main. monde entier ». Et il conclut : « Il mer, avec des informations touris- Mais le combat continue : « La faudrait que la France, pays don- tiques, économiques, associatives. France politique reste celle du 18e neur de leçons, accepte enfin de Elle organise des manifestations siècle. Le discours commun à tous s’en donner à elle-même. » culturelles (lectures publiques, ex- les partis de gouvernement est hos- positions, conférences, concerts, tile aux communautarismes, mais Propos recueillis par théâtre). C’est aussi une ambassa- en pratique le communautarisme Michel François de de l’outre-mer, qui reçoit des est encouragé. On fait une place au personnalités, se met à la disposi- soleil à ceux dont la communauté tion des associations d’outre-mer, représente un risque. Les autres voire de quiconque s’intéresse à sont là pour la photo. Aucun n’a 1. Esclaves ayant fui la plantation et se trou- ces territoires et à leurs popula- vraiment compris que la France du vant dans une situation précaire et dange- tions. C’est aussi un centre de res- 21e siècle est une France métissée, reuse. Détail d’ambiance : les colons blancs avaient introduit dans la région du Morne sources : travail des enfants sur la et que l’avenir impose de prendre Vert des serpents d’Afrique aux piqûres mémoire négrière, recherches étu- cette dimension en compte. » mortelles, contre lesquelles il n’existait pas, diantes ou de plus haut niveau. Octave veut se battre sur ce ter- aux Antilles, de remèdes locaux… rain de toutes les diversités. Il ne 2. Expression créole signifiant « réunion L’avenir de la France d’esclaves ». est au métissage Octave Cestor, qui s’est aussi battu pour qu’un monument cé- lèbre l’abolition de l’esclavage sur les lieux mêmes du trafic négrier, ne cache pas son émotion : « Le mé- morial à l’abolition de l’esclavage s’insérera ici, dans le corps du quai de la Fosse, entre cette maison de l’Outre-Mer et en face, sur l’île de Nantes, le nouveau palais de justi- ce. Les travaux d’aménagement du site ont commencé. L’accessibilité au public est pour l’automne 2009. » Président depuis vingt-cinq ans de Combit Dom, puis de Mémoire de l’outre-mer, Octave peut mainte- nant passer la main à son ami Mi- 27 Le Peuple breton – Mai 2008 Livres

N 1750-1950, the invisible nation Prendre pour objet d’étude les deux siècles qui séparent Louis Caradeuc de La Chalotais, pro- cureur général au parlement de Bretagne, de Joseph Martray, fondateur du Celib, n’est pas un choix banal. Pour oser le faire, il faut peut-être avoir le recul et la hauteur de vue de Sharif Gémie, un historien britannique d’ascendance égyptienne ! À l’instar de Caroline Ford et d’Edward Saïd dénonçant les méfaits de l’orientalisme, Sharif Gé- mie en fait de même avec le celtisme, dans lequel il voit une perversion de l’affirmation identi- taire. À force d’intérioriser leurs propres images produites par la culture dominante, les Bretons s’enfonceraient plus profondément dans l’aliénation. Cette perversion se manifeste dès le 18e siècle avec les celtomanes et s’aggrave, en 1790, avec le juridisme du comte de Botherel. Sourd et aveugle aux difficultés des couches populaires, il ne sait pas actualiser sa défense des institutions bretonnes. Cette grave carence sera, comme on le sait, lourde de conséquences. Tous les paradoxes de ce qu’il est convenu d’appeler l’identité bretonne sont ici examinés, classés et analysés avec la plus scrupuleuse rigueur. C’est ainsi que l’auteur étudie dans le détail la société bretonne du 19e siècle. Il a des mots très durs contre le Second Empire, mais aussi contre l’Église et contre la République. Pour lui, l’histoire de la Bretagne met en évidence les contradic- tions internes de la tradition politique française. De la même façon, l’auteur souligne la précoci- té des actes de la Résistance dès 1940, l’importance des réseaux, des maquis ainsi que le trauma- tisme né de la collaboration d’une poignée de séparatistes avec les autorités allemandes. Com- ment ce très vieux pays peut-il, dès lors, concilier son adhésion à l’unité française avec le souci de rester fidèle à lui-même ? La présentation, dès 1947, par le député communiste Pierre Hervé, d’un projet de loi réclamant l’enseignement du breton apporte un élément de réponse. Une autre en est aussi le rejet de tout racisme et la volonté d’ouverture avec le monde des jeunes générations, dont le Festival de cinéma des minorités à Douarnenez offre, depuis trente ans, un bel exemple. La problématique des écoles Diwan et des deux autres filières d’enseignement bilingue est aussi largement évoquée. L’ouvrage s’appuie sur une riche bibliographie. Il doit être lu, relu et médité par tous. Une bonne occasion aussi de se remettre un peu à la langue anglaise. Yann Ber Piriou (University of Wales Press, 308 p., 71 €)

N Alfred K. N Guillaume Lejean, zouave et communard voyageur et géographe Lorsque je rédigeais l’article du PB d’avril sur la Bre- Guillaume Lejean, tagne et la Commune, j’étais loin de penser qu’une (1824-1871) est un nouvelle publication allait illustrer une partie de mes fils de paysans trégor- propos. Il s’agit de l’ouvrage d’Yves Lainé consacré à rois. Républicain pas- un de ses ancêtres, Alfred Kervadec (1851-1872). Ce- sionné d’histoire et de lui-ci, jeune Breton, a été élevé au sein d’une famille voyages, il sillonne la bourgeoise de Nantes, catholique et royaliste. À seize Bretagne puis devient ans, l’adolescent s’engage dans les zouaves pontificaux journaliste à Paris en et part à Rome pour défendre les États du Pape, assié- 1848. Il va contribuer gés par les troupes italiennes du Niçois Garibaldi ! à l’élaboration de la Libéré en 1870, il s’engage pour sauver l’empereur nouvelle science géo- Napoléon III assiégé à Sedan. De là, c’est le repli sur la graphique. En liaison capitale française, assiégée par les Prussiens. Soldat au avec de nombreux 113e de ligne, le jeune Breton défend maintenant la géographes interna- République de Thiers ! Après l’armistice, Kervadec, revenu en Bretagne, regagnera tionaux, il publie de nombreux articles pour le cependant Paris assiégé, non sans avoir juré de ne plus porter les armes. Véra, une grand public et aussi des cartes pour les revues sa- journaliste italienne aimée, proche de Louise Michel, l’a convaincu de rejoindre les vantes. Sa carte ethnographique de la Turquie ser- rangs de la Commune et il travaille dans la presse révolutionnaire. Au moment de la vira à l’élaboration des traités de Sèvres et de Saint- chute de la Commune, il parvient à s’évader de Paris et à regagner la Bretagne. Il Germain en 1919-1920 et à la reconnaissance des meurt, jeune et malade, à Nantes en juillet 1872. Bulgares. Marie-Thérèse Lorrain, son biographe, a Cette vie, qui est un véritable roman, Yves Lainé nous la narre avec un bonheur pu accéder à de nombreux documents inédits, inégalé. Pour cela, il a fourni un réel travail d’historien utilisant les archives, mais dans les archives de la Marine et celles de la famille. aussi, par chance, il a disposé de deux carnets intimes tenus par les jeunes sœurs d’Al- J.-J.M. fred Kervadec. Plus que le récit d’une vie, c’est ainsi la peinture d’une société nan- (Les Perséides, 346 p., 23 €) taise de l’époque. Passionnant. Ronan Leprohon (Cheminements, 312 p., 20 !)

28 Le Peuple breton – Mai 2008 Notre livre du mois

Le Mythe national, nous croyons être la trame du passé. De l’autre côté, des tra- vaux, des recherches conduisent, sur des points précis, à de nouvelles perspectives et suscitent un regard distancié et cri- L’histoire de France tique sur les nouvelles mises en ordre. Une histoire, nouvel- le ou différente, pose des questions, propose des résultats, revisitée certes dispersés et discontinus, mais qui, si l’on y réfléchit, mettent en question la représentation du passé que l’école, Suzanne Citron depuis un siècle, a transmise aux Français et que l’on nous impose comme notre “mémoire collective”. » Éditions de l’Atelier La première partie de l’ouvrage survole cette légende répu- blicaine fabriquée à travers les manuels d’histoire, qui doi- e Un livre d’histoire important, et aussi un livre sur l’histoi- vent encore tant aux historiens officiels de la III Répu- re, était paru il y a plus de vingt ans. Devenu un classique, il blique, en particulier Ernest Lavisse. Par-delà la légende se n’était malheureusement plus dispo- poursuit la même mise en scène du nible. On le retrouve désormais sous passé, avec une France qui aurait tou- la forme d’un livre de poche, singu- jours existé et dont la légitimité des lièrement enrichi, avec une bibliogra- conquêtes n’est jamais mise en ques- phie importante et très à jour. tion. On n’a pas encore renoncé à l’histoire-célébration, à la raison L’historienne Suzanne Citron, l’au- d’État, au nationalisme « ethnocen- teur, nous précise que, par rapport à tré » qui se cache sous un universalis- l’édition de 1987, elle a densifié, dans me proclamé. les chapitres 9, 10, 11, les « proposi- tions pour une nouvelle démarche La seconde partie, intitulée « re- historiographique (…). Entre-temps, cherche de la France », fait la critique dit-elle, mon travail pour L’Histoire de la mémoire franque, de la religion des hommes m’avait fait avancer dans royale, de l’idée de nation gauloise ce sens. » Dans sa préface, elle situe prolongée dans la nation une et indi- son ouvrage réédité dans l’actualité : visible d’aujourd’hui. L’auteur traite « La crise de l’identité nationale ne de la construction et de la francisa- peut, à mon sens, se dissocier d’une tion, à partir des élites, d’un royaume crise de la culture républicaine, qui se plurinational. Les mémoires refou- manifeste en France par l’usage à tout lées commencent à resurgir : les mi- propos du mot “République” (et de norités, Vichy, la guerre d’Algérie, la ses dérivés), emblème passe-partout, colonisation. L’État républicain ap- mais indécis et contradictoire dans paraît aujourd’hui en panne généra- ses significations. » le. Sa refondation ne peut se faire qu’à partir d’une histoire plurielle. Dès 1987, Le Peuple breton avait si- L’auteur développe des propositions gnalé à ses lecteurs cet ouvrage im- concrètes pour un nouvel enseigne- portant pour tous les citoyens fran- ment de l’histoire en France dans un çais, et particulièrement important système scolaire souple et décentrali- dans le combat que mènent des Bre- sé. Une réflexion sur l’histoire, la so- tons contre une histoire officielle partiale et sélective. Dans ciété, la citoyenneté qui va bien au-delà de l’histoire. À lire sa nouvelle préface, l’historienne précise le propos : « Le sta- ou à relire d’urgence ! tut de l’histoire de France est en effet paradoxal. D’un côté la légende, la mythologie nationale consacrée par l’école, une Jean-Jacques Monnier succession chronologique organisée autour des grands évé- ! nements et des grands personnages façonnent ce que (Éditions de l’Atelier, 352 p., 11,90 )

Nous avons reçu… et nous vous en parlerons si la place le permet : N Félicia Michot – La Femme du Breton, Bénévent, 12 ". N Pascal Rannou – Noire la neige, Parenthèses, 18 ". N Claude Pasquet – La Nuit du pardon, Cheminements, 20 ". N Yvonick Neumager – Bretagne entre terre et mer, Timée édi- tions, 18 ". N Yann Fouéré – … des mots pour L’Avenir de la Bretagne, Fon- dation Yann Fouéré, 15 ".

29 Le Peuple breton – Mai 2008 MICHELLE LALLY GLEN HANSARD & CELTIC FIDDLE FESTIVAL CAPERCAILLIE If this be love MARKÉTA IRGLOVÁ Équinoxe Roses and Tears The Swell Season

Cinquième album pour le Cel- Capercaillie, qui occupe le C’est lors de sa participation à Petite perle musicale que cet tic Fiddle Festival, qui commen- devant de la scène écossaise un concert d’Arty McGlynn que album, découvert récemment ça sa carrière il y a une quin- depuis près d’un quart de Frankie Gavin repéra la jeune lors de la sortie du film irlandais zaine d’années par une tournée siècle, nous offre aujourd’hui un chanteuse Michelle Lally, origi- Once, dont les protagonistes qui devait être sans lendemain. dix-septième album de toute naire comme lui de la région de sont les mêmes que ceux qui si- On connaît la suite. Toujours beauté Roses and Tears. Galway. Rapidement conquis gnent The Swell Season. emmenés par trois fiddlers, l’Ir- par le talent de celle-ci, Frankie Pour ce faire, Donald Shaw Chanteur et guitariste du lan dais Kevin Burke, le Breton est allé puiser quelques trésors la convainc d’enregistrer un groupe de rock irlandais The Christian Lemaître et le Québé- album. à l’École des études écos- Frames qui sévit avec succès cois André Brunet, ce Celtic saises. Il en a ramené plusieurs Et la voilà qui s’ajoute au pan- depuis le début des années 90, Festival fait aussi la place au théon des chanteuses décou- airs et chansons que le groupe a Glen Hansard a ressenti le be- guitariste britannique Ged Fo- arrangés à sa façon, leur insuf- vertes et soutenues par le lea- soin de se recentrer sur lui-mê- ley. der de Dé Dannan : Mary Black, flant une vitalité dont ils ont le me en produisant un premier al- Pour Équinoxe, enregistré en secret. Dolores Keane, Maura O’Con- bum solo. Il a fait appel à une septembre dernier au Québec nell ou Eleanor Shanley. jeune pianiste rencontrée par et en Irlande, nos trois amis ont, Douze morceaux émaillent Michelle Lally propose donc à hasard à Prague, Markéta Ir- comme c’est souvent le cas, cet album, dont une majorité de notre écoute son premier album glová, de même qu’à la violo- apporté chacun des airs en pro- chansons sublimées par la voix If this be love, onze superbes niste finlandaise Marja Tuhka- venance de leur pays d’origine. fascinante de Karen Matheson, chansons (et deux instrumen- nen et au violoncelliste français Ainsi une danse fisel y voisine-t- la plupart en gaélique, même si taux) qu’elle interprète avec jus- Bertrand Galen. elle avec quelques reels irlan- deux textes en anglais trouvent tesse, accompagnée discrète- À eux quatre, ils nous déli- dais ou un quadrille acadien. ici leur place. Deux chansons ment par Frankie Gavin au fidd- vrent un album délicieux, à la pacifistes, dues au talent de Chacun y va de ses origines J. Martyn et de D. Shaw, qui le et à la flûte, Tim Edey à la gui- musique pop-folk calme et ro- et les solos, duos ou plus si affi- tare et Eugene Kelly. mantique, un pur moment de signe d’ailleurs la plupart des nités, occupent l’espace et morceaux non traditionnels. Du plus loin qu’elle se sou- tendresse et presque de volup- prennent la place qui leur re- vienne, Michelle a toujours té. Les textes, tous signés par Quelques perles se détachent vient. Quelques airs écossais, du lot, comme Seinneam cliù chanté, des chansons tradition- Glen et sa muse Markéta, sont suédois ou italiens faisant le nelles en majorité. Ici, hormis un de toute beauté, parfois dou- nam fear ùr, sur laquelle la sen- liant nécessaire à cette réunion sibilité affleure dans la voix cris- titre, elle s’est tournée vers des loureux, toujours sincères. Ainsi de virtuoses de l’archet. auteurs contemporains : John Falling Slowly, le titre phare du talline de Karen. Spillane, Mick Hanly ou Sarah Au fil des années, les quatre film Once, qui a d’ailleurs reçu complices ont appris à se dé- Donald et Karen ont été de McLachlan et surtout Jimmy l’Oscar de la meilleure chanson l’aventure de l’Héritage et n’ont MacCarthy. On y retrouve deux couvrir et se connaître de mieux en février dernier, ou Drown Out en mieux. Cela s’entend dans pas oublié la Bretagne, puisque titres du répertoire de Christy sur le thème de la solitude. D. Shaw signe une Quimper Moore, Ride on et Black is the leur interprétation fluide et Markéta ajoute, par touches brillante. La juxtaposition de Waltz de derrière les fagots et colour, divinement arrangés par subtiles au piano, la rigueur de que deux morceaux de G. Le Bi- son mentor, Frankie Gavin. styles si différents au départ sa formation classique à la voix s’effectue dans une parfaite got figurent aussi au répertoire. Un peu plus surprenant, l’Ave d’écorché vif de son compa- Nos oiseaux des Highlands Maria de Schubert qui détonne symbiose, et le résultat est à gnon. Tout au long des dix titres l’avenant : un album de qualité sont secondés par leurs com- dans l’ensemble, mais admira- de l’album, l’émotion sourd de plices habituels, parmi lesquels blement restitué par une voix à l’image de ses prédéces- la voix fragile du songwriter du- seurs. le prodigieux flûtiste M. McGol- qui va sûrement compter dans blinois. Les arrangements déli- drick ou l’énergique fiddler C. les années à venir. Dommage que le Celtic Fidd- cats et sensibles en font l’album le Festival ne tourne pratique- McKerron. Laissez-vous sédui- Enfin, si vous n’aviez pas fait témoin d’une rencontre nostal- re une fois encore par ce combo le rapprochement, sachez que ment qu’aux USA. Qu’atten- gique et féconde. Un pur mo- dent-ils pour venir nous offrir de sympathiques musiciens. Michelle est la voix du groupe ment de bonheur. Hibernian Rhapsody dont je quelques moments sympas par (Vertical VERTD84 (Plateau 12 cd chez nous ? vous entretenais le mois dernier. www.theframes.ie) Distribution Keltia) (Tara Music TARACD 4019 (Loftus Music LM003 Distribution Keltia) www.loftusmusic.com) Philippe Cousin

30 Le Peuple breton – Mai 2008 ENSEMBLE CHORAL DU nous retrouvons des titres BOUT DU MONDE phares tels Rentrer en Bre- Deiz al lid tagne ou Raok mont d’ar skol. The mist of Avalon pa- ru en 1991 sublime la légende arthurienne. Youssou n’Dour, Khaled, John Cale, invités sur 1 Douar, donnent à cet album sorti en 1997 une dimension universelle et Back to Breizh sonne, en l’an 2000, le retour en Bretagne. Avec Au-delà des mots, Alan remet son ins- EN MAI… trument de prédilection au cœur de son œuvre. J’ai gardé pour la fin Legend, un petit bi- La Bretagne ne se contente pas de danser tout l’été… Elle le jou que je ne me lasse jamais Pourquoi ne pas suivre fait tout au long de l’année ! De ce point de vue, le mois de mai d’écouter et de réécouter. Pa- l’exemple de nos cousins gal- tient la corde. Jugez-en… Du 2 au 4 mai, à Carhaix, la grande ru en 1983, l’album symbolise lois en ancrant le chant choral fête des 30 ans de Diwan, avec au programme : Idir, Maïon et à mes yeux toute la démarche en terre bretonne ? Il reste Wenn, Iwan B, Dan ar Braz, Gilles Servat, Nolwenn Korbell, du musicien, empreinte d’en- racinement et d’ouverture, pour arriver à leur niveau bien Manu Lann-Huel, Melaine Favennec, Gwennyn, Didier Squi- de tradition et d’innovation. du chemin à parcourir, mais ban… et l’arrivée d’Ar Redadeg. Du 8 au 11 mai, à Klegereg, le Croyez-moi ou non, aucun de les chœurs et chorales se Festival an Arwen, avec l’Inde, l’Égypte, la Thaïlande et la Ca- ces disques n’a pris une ride ! multiplient en Bretagne et, talogne en invitées… Ce même week-end, à Saint-Brieuc, Art (Keltia III, Harmonia Mundi) pour sa part, voilà plus de Rock et du beau monde, dont Olli and the Bollywood Orches- trente ans que l’Ensemble choral du Bout du Monde s’y tra, High Tone, Dominic Sonic, Yelle, Yaël Naïm, Asa… Et à SOUTIEN AUX emploie, avec opiniâtreté, travers toute la Bretagne, tout au long du mois, avec des temps FAUCHEURS sous la houlette, depuis une forts lors du week-end du 17, 18, 19 mai, la Gouel Erwan (pro- VOLONTAIRES D’OGM vingtaine d’années, de Chris- gramme complet sur le site www.saintyves-gouelerwan.com). tian Desbordes. Fort de ses quelque cent vingt choristes, desquels je n’hésiterai pas à l’ensemble breton fait souffler David PASQUET Sa différence placer une Bourrée haletan- sur le pays un vent chaud te, un A.7.P. décoiffant ou une chargé de tolérance et d’es- Polka Pont nevez assez en- poir. voûtante. Puissant et racé. Le parti pris ? « Mêler les (Coop Breizh, CD 998) couleurs et les richesses de notre langue aux sonorités Alan STIVELL musicales d’autres cultures enracinées, elles aussi, dans l’âme des peuples. » L’En- Ça commence fort avec les semble choral du Bout du Sarkofiottes pour Guérilleros Monde a décidé d’ouvrir en attitude. Et ça continue sur le grand les portes et les fe- même ton, avec Pogo Marto pour CRS, Brassens Not nêtres et propose un répertoi- Dead pour Hécatombe, Pa- re éminemment coloré, asso- Cela fait déjà un moment trick Cruel pour Give me mo- ciant Dafydd Iwan, les Celtas que David Pasquet, venu du re pain, Dyvan le Terrible pour Cortos, I Muvrini, Idir, mais groupe Ar Re Yaouank, en- Grève générale… Vingt- aussi Stivell, Maxime Piolot, tend affirmer Sa différence… deux titres en tout (et vingt et Tri Yann, Enya et même Jean- Son jeu précis et « pêchu », sa un groupes) pour une compil’ Jacques Goldman… Les fron- vitalité débordante, sa créati- punk-rock qui ne l’envoie pas tières sont abolies, les bar- vité suffisent à le placer dans dire. Une compilation de le peloton de tête des son- rières n’existent plus et, s’il en soutien aux faucheurs volon- neurs les plus réclamés sur taires d’OGM, poursuivis et faut une seule preuve, la les scènes bretonnes. Avec voici : Idir, invité sur l’album, condamn és pour leurs ac- l’introduction de textes, en tions contre les expérimenta- chantant en breton deux de français, ce second album ses titres, Ssendu, devenu tions en plein champ. Destiné marque peut-être un tournant aux faucheurs volontaires, ce Karoud et Cfiy ou, si vous dans la carrière du talabarder. préférez, Plac’h yaouank a CD s’adresse aussi aux fau- Il n’en reste pas moins que chés, puisqu’il ne coûte que 8 bell bro. Autres « coups de c’est avec les morceaux ins- euro… À commander au Co- chœur » : les versions bre- trumentaux que le musicien mité de soutien aux faucheurs tonnes du chant gallois, Yma donne toute sa (dé)mesure. volontaires d’OGM, La Gué- o hyd ou de la chanson d’I Appuyé par quelques musi- ho, 56580 Rohan (soutienfau- Muvrini, Ùn sò micca ciens réputés – Yvon Molard [email protected]). venuti… Une grande force de aux percussions, Mickaël Co- Six des albums d’Alan Sti- conviction, pour une cause zien au biniou, Stéphane Ra- vell viennent d’être réédités, juste et digne. Paix et total ma à la basse, Jean-Marc Ilien dotés d’un son « remastérisé » au clavier, Cédric Monjour à la respect. et d’une pochette relookée… Le site de l’UDB guitare – David Pasquet nous l’événement mérite d’être si- (Keltia Musique, propose quelques titres de gnalé. Avec Terre des Vi- www.udb-bzh.net ECBM 1207) haute volée, au premier rang vants, enregistré en 1980,

31 Le Peuple breton – Mai 2008 DVD Bleuñv a zo, jistr a vo ! (Il y a des fleurs, il y aura du cidre !)

Enfin une bonne nouvelle en cette jus a déjà commencé à sourdre à cou- la chute d’un pommier, qui annonce période morose ! Dastum Bro-Dre- lées hésitantes. On dit alors en plai- une année « sèche », ou célébrant le ger a eu l’excellente idée de ras- santant : krog eo da bisat war e votoù, cidre doré. sembler en un CD et un DVD l’es- il commence à pisser sur ses sabots. Plusieurs documents, dont une étu- sentiel sur la boisson reine de de de l’incontournable Trégorrois Bretagne : le cidre. Daniel Giraudon, viennent éclai- rer le sujet. La transcription mot à C’est à passer un après-midi mot des conversations aidera entre voisins et amis, à presser le aussi les bretonnants débutants à cidre à la bonne franquette, à saisir toutes les subtilités des goûter le pur jus, à discuter, à échanges. commenter, à émettre des avis… Chacun sait que « n ’ni zo kap que nous convient les collec- d’evañ jistr bemdez ’zo ur paotr teurs. kapabl ha solut », celui qui peut Un film de dix-sept minutes1 boire du cidre tous les jours est un nous apprend comment se fait le gars capable et solide. C’est cidre, en montrant deux produc- donc une œuvre de salubrité pu- teurs à l’œuvre : un paysan tradi- blique que nous propose Dastum tionnel et une coopérative un peu Bro-Dreger. On aurait tort de s’en plus mécanisée. On y apprécie priver ! l’importance du choix des Jean-Claude Le Gouaille pommes, du moment de leur ré- colte, du dosage des catégories et des variétés. On y observe le la- (CD 14 plages, 55 min + DVD 17 min + beur du broyage des fruits, le travail Le CD en breton déroule des livret PDF, Dastum Bro-Dreger, patient de montage de la motte (ar conversations autour du cidre au fur et 02 96 46 59 11, [email protected], voudenn), paille et pomme alternées, à mesure des opérations, l’après-midi http://www.dastum.net/, 15 €) couche après couche, autour de la vis durant. Des chants viennent s’interca- du pressoir. Enfin arrive l’instant fati- ler et ponctuer plaisamment les pro- 1. Appellation contrôlée, film en français dique où retentit le cliquet de la méca- pos des invités, et l’on retrouve avec réalisé par Loïc Chapron, Éditions Trégor- nique. Sous l’effet de la pesanteur, le plaisir Nanda et Ifig Troadeg déplorant Vidéo.

HORIZONTALEMENT : 1. Astérix en Langue celtique – 8. Aller et retour ; Mon- est un – 2. Il aime le rap ; Dessert breton naie d’Amérique du Sud ; Monnaie de o – 3. Cannibales ; Sur une vieille adresse l’ancienne Afrique française – 9. Futur Mots croisés n 211 – 4. Refusa de se mettre à table ; Cor de gradé ; École de commerce de renom – vieux cerf – 5. Certains en cherchent en 10. Les Bretons en sont de talentueux. cherchant la petite bête ; Désert – 6. En- Ronan Pagan foncées – 7. Cité de caractère en Morbi- han – 8. Poèmes plaintifs ; Se jette pour SOLUTION DU No 210 jouer – 9. Titre du journal des Jeu- nesses démocratiques bretonnes dans Horizontalement : 1. NORMANDIES les années 70 ; Aux deux bouts de l’Ei- – 2. EFFICIENTE – 3. OF (Ouest-Fran- re ; Terminé – 10. Doublé, ça endort ; ce) ; TERNES – 4. FRÉJUS ; OLA – 5. Do ; C’est pendant son âge que les AIGÜE ; PM (post meridiem) – 6. ST Celtes migrèrent en Europe – 11. Cité (Saint) ; GLU ; BUE – 7. COLBERT près de Vannes ; Il y en a plusieurs à Ju- (Jean-Baptiste) – 8. PNEU ; AIR – 9. gon en Côtes-d’Armor. SÉE (Henri) ; ÉBLÉ (Jean-Baptiste) – 10. TU ; TUPOLEV (Andreï) – 11. EST ; VERTICALEMENT : 1. Ce dont Le GENÈSE. Peuple breton a le plus besoin – 2. Dé- centralise – 3. Celle de Chine était en Verticalement : 1. NÉOFASCISTE – photo dans le dernier PB ; Sigle d’une 2. OFFRIT ; EUS – 3. RF (République administration hostile au breton – 4. De- française) ; EG (exempli gratia) ; CPE – vise du prix Nobel ; C’est à celui de Châ- 4. MI ; JUGON – 5. ACTUELLE ; UG – teauneuf-de-Randon que Du Guesclin 6. NIÉS ; UBU ; PÉ – 7. DER ; ÉON trouva la mort – 5. Entre dans le moyeu – (Charles de Beaumont, chevalier d’) – 6. Arbre ; Patrie d’un chanteur qui n’en 8. INNOMBRABLE – 9. ÉTEL ; UTILES voulait pas ! 7. De radoub à Brest ; – 10. SÉSAME ; RÊVE.

32 Le Peuple breton – Mai 2008 PB Services

Festoù-noz Conférences Stages de breton Vendredi 16 mai Mercredi 14 mai Kamp etrekeltiek ar vrezhonegerion Lorient (56) Rennes (35) (KEAV) propose deux semaines Salle Cosmao-Dumanoir À l’hôtel Mercure-Colombier de stage du 6 au 12 juillet et Fest-noz ar Yaouankiz De 18 h à 19 h du 13 au 19 juillet Org. Ken Ober Conférence-débat avec Yann Le Meur, à l’école d’agriculture du Nivot Alain Guengant et Eric Julia, sur à Lopereg (près de Brasparzh (29). • Les ressources des collectivités locales Samedi 17 mai Le breton est la seule langue utilisée Inscription avant le 6 mai à pendant ces deux semaines. Nantes (44) [email protected] En complément des cours, Place Royale à 18 h 45 Fest-noz de la Saint-Yves Jeudi 15 mai les stagiaires peuvent suivre diverses Org. Comité des fêtes de Nantes Bains-sur-Oust (35) activités : conférences, chants, échanges avec les gens du pays, O À la mairie, à 20 h 30 Jean-Jacques Monnier animera promenades, veillées... Une façon de La Chapelle-sur-Erdre (44) Une conférence-débat, progresser très rapidement en utili- À l’espace culturel Capellia, 20 h 30. sant le breton en toutes occasions. € organisée par le Poellgor Gouel Ballon, Fest-noz 7 sur le thème : Pour ceux qui désirent approfondir avec Kendirvi, Startijenn, etc. Résistance et conscience bretonne Org. Rakvlaz leurs connaissances du breton par le théâtre et l’imagination, une série O Mardi 20 mai de leçons sur le jeu du théâtre sera Saint-Nazaire (44) Brest (29) proposée (la 1re semaine, À la base sous marine À la Maison de l’Europe à 18 h du 6 au 12 juillet) et une autre série de à partir de 20 h 30 16, rue de l’Harteloire leçons sur l’utilisation de la vidéo Fest-noz de la Saint-Yves. Rencontre en breton avec Divskouarn (2e semaine, du 13 au 19 juillet). Entrée gratuite Sur le thème : avec Christophe & Gweltas, Brezhoneg ha bugaligoù L’inscription à KEAV implique un mini- Tosser tad ha mab, etc. mum de connaissance du breton : Restauration sur place : crêpes, cidre Mercredi 21 mai l’équivalent de deux bonnes années Org. Cercle celtique de Saint-Nazaire Nantes (44) d’études assidues. • À l’espace Jacques-Demy, Le stage est agréé salle Jules-Vallès par la Formation continue. Samedi 24 mai € 24, quai de la Fosse, à 20 h 30, entrée : 3 Renseignements : Bréal-sous-Montfort (35) Jean-Christophe Cassard, historien, Centre culturel Brocéliande à 18 h donnera une conférence sur le sujet : KEAV, 22 hent Mouliouen € Fest-noz (6 ) avec les frères Morvan, La vie des saints bretons, une source 29000 KEMPER. Kendirvi, Tabalao, etc. pour l'histoire ? Tél. 02 98 95 59 31 Restauration sur place ou [email protected] Org. Diwan Bro-Roazhon PETITES ANNONCES Du 30 juin au 5 juillet Bevañ e brezhoneg organise un séjour linguistique Le Peuple breton publie sous cette en breton dans le Léon. rubrique des petites annonces. Le texte doit Prix du séjour : 280 € ne pas excéder 5 lignes de 50 signes et être (180 € pour les étudiants accompagné d’un chèque de 11,95 ". Ces annonces sont à adresser et chômeurs) Kendirvi à la rédaction (BP 1, 29850 Gouesnou). Renseignements : Ti ar Vro Bro Leon 02 98 83 30 41 ou 06 08 24 80 26 O Pornic (44) Salle de Sainte-Marie à 20 h 30 Fest-noz de la Saint-Yves. 6 € avec Jacal et Jad'Hisse, etc. Org. Atelier de danses celtiques et traditionnelles O Saint-Nazaire (44) Salle Jacques-Brel à partir de 20 h 30 Fest-noz avec Molard-Berthou, Bour-Bodros, etc. Org. association Ravinala (aide humanitaire à Madagascar) O Hennebont (56) Centre socioculturel Fest-noz Org. Hiziv 33 Le Peuple breton – Mai 2008 La page du PB

Vos questions LE PEUPLE BRETON / POBL VREIZH Nos réponses Mensuel (44e année) « Posez une question au journal : nous essaierons de vous répondre. Mais… ne soyez pas Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU impatient, le nombre et la complexité des problèmes soulevés nous contraignent parfois à Tél. 02.98.64.53.77 différer notre réponse. » La rédaction du Peuple breton Fax 02.98.37.91.74

Question 70 de la naissance du PB, journal de Directeur de la publication : l’UDB. Robert Pédron En mars dernier, vous avez ou- Rédacteur en chef : blié de signaler les deux pièces Par ailleurs, Mein Harz (jalons), re- Ronan Leprohon vue théorique de l’UDB, parut jus- Rédacteur-adjoint : de titre du Peuple breton de Jo- qu’en 1979. Son dernier numéro (6) Jean-Jacques Monnier seph Martray. Par ailleurs, je était consacré aux rapports entre Secrétaire de rédaction : voudrais savoir combien de nu- socialisme et autonomie… Jean-Claude Le Gouaille Responsable calendrier : méros a connu la revue Mein Christian Pierre Harz et la date de la parution du Enfin, Pobl Vreizh, qui fut le men- suel entièrement en breton que Responsables de rubriques : dernier numéro du Pobl Vreizh. Herve ar Gall, Paol ar Meur, Alain Cedelle, l’UDB créa en janvier 1970, était un Philippe Cousin, Yann Fiévet, Patrig Gouedig, Réponse journal autonome par rapport au PB Iffig, Yves Jardin, Herve Lannuzel, Yvon Le Bras, et il a connu 140 numéros. Il a cessé Pierre Morvan, Nono, Ronan Pagan, Morgan Tremel. En fait, nous n’avons rien oublié, de paraître en mai 1982, lors des Correspondants : car la revue à laquelle vous faites al- grandes difficultés internes rencon- Dans les Balkans : Jean-Arnault Dérens lusion n’a de commun avec l’actuel trées à cette époque par l’UDB, et Pour la Belgique : Dirk Basyn Peuple breton que son intitulé. Elle non, comme on l’a parfois écrit, en En Catalogne : Philippe Liria En Corse : Fabiana Giovannini avait d’ailleurs cessé de paraître 1983. Son dernier directeur fut En Occitanie : Gérard Tautil plusieurs années avant 1964, date Fañch Morvannou. Critiques de disques : Bretagne : Pierre Morvan Celtie : Philippe Cousin Pays Basque : Alain Hervochon Jeu de mai Critiques de livres : Jean-Jacques Monnier, 19 Penn ar Pave – 22300 Lannion Ce mois-ci Livres en breton : deux ouvrages d’histoire Herve Lannuzel 27 boulevard Laënnec – 35000 Rennes Responsable publicité : Nous vous proposons comme lots Ronan Leprohon, au journal de notre jeu deux ouvrages d’histoire Editeur : passionnants parus aux éditions Yoran Presses populaires de Bretagne embanner. L’un, concernant l’Écos se, CPPAP : 0707 G 86914 est une biographie de Bonnie Prince Impression et routage : Charlie, le dernier des Stuarts. L’autre Cloître imprimeurs à 29800 Saint-Thonan concerne l’Amérique et la Bretagne, puisque c’est la biographie du Colonel Armand de la Rouërie, qui se battit pour l’indépendance américaine avant de prendre la tête de chouans bretons. Si vous avez une préférence en cas de gain, n’hésitez pas à la mentionner sur IMPRIMÉ SUR votre bulletin de participation et nous essayerons, dans la mesure du possible, PAPIER RECYCLÉ de vous donner satisfaction. Abonnements, administration : Comme d’habitude, pour participer au tirage au sort qui attribuera ces lots, il suffit de nous adresser 9, rue Pinot-Duclos avant la fin du mois (le cachet de la poste faisant foi) sur papier libre : vos nom, prénom (obligatoire) et adresse. Une seule participation par personne et une seule adresse à utiliser : Le Peuple breton, 22000 SAINT-BRIEUC BP 1 - 29850 Gouesnou. Dépôt légal : N° 2448

ERRATUM Dans le dernier PB, page 9, nous faisions dire à Jean-Jacques Monnier que c’était « la question de la succession de Gilbert Le Bris, et l’usure d’un long pouvoir municipal, qui ex- LE PEUPLE BRETON pliquent la chute de la gauche à Quimperlé. » C’est, bien sûr, Concarneau qu’il fallait lire. ADMINISTRATION Mais nos lecteurs cornouaillais (et autres…) avaient rectifié d’eux-mêmes. L’accueil et le secrétariat du Peuple Résultats du jeu du PB de mars breton à notre local de Saint-Brieuc sont assurés par Maïwenn aux ho- Dix lecteurs ont gagné une des pochettes de cent timbres de collection mises en jeu au mois raires suivants : de 8 h 30 à 12 h 30 et de mars. de 13 h 30 à 17 h 30, les mardis et Ce sont : Annie, de Saint-Brieuc (22) ; Raymond, de Rosporden (29) ; André, de Saint-Malo jeudis. Le téléphone-fax-répondeur : (35) ; Iwan, de Rennes (35) ; Paul, de La Baule (44) ; Erwan, de Saint-Nazaire (44) ; Laurence, du 02 96 61 54 11. Le mail de l’administra- Faouët (56) ; Bruno, de Guiscriff (56) ; Aline, d’Albertville (73) ; Josiane, de Villeneuve-Saint- tion : [email protected]. Georges (94). Ces gagnants ont reçu leur lot courant avril.

34 Le Peuple breton – Mai 2008

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