Le Canton De Montier-En-Der : Histoire, Patrimoine Et Traditions
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LE CANTON DE MONTIER-EN-DER HISTOIRE, PATRIMOINE ET TRADITIONS © Dominique Guéniot, éditeur 52203 Langres - Saints-Geosmes Cedex ISBN : 2-87825-137-7 PATRICK CORBET CLAUDE LESEUR Maître de conférences Docteur en histoire à l'Université de Nancy LE CANTON DE MONTIER-EN-DER HISTOIRE, PATRIMOINE ET TRADITIONS Photographies de J.P. BESSON et E. GAUPILLAT Dominique GUÉNIOT éditeur La région de Montier-en-Der Carte de 1885 Il y a deux ans, à peine, j'évoquais, avec Messieurs Claude Leseur et Patrick Corbet, l'intérêt d'un livre retraçant l'histoire de notre canton et de ses villages. Nous avons la chance d'avoir auprès de nous deux spécialistes ayant toutes les compétences pour réaliser une telle oeuvre, et je savais que, s'ils acceptaient, nous disposerions d'un livre de grande qualité. A ma vive satisfaction, ces deux historiens ont entrepris une tâche considérable et le fruit de leur travail commun paraît aujourd'hui : un ouvrage remarquable sur l'histoire de notre canton et de nos communes. Permettez-moi d'en féliciter les auteurs. Jean-Jacques BAYER Maire et conseiller général du canton de Montier-en-Der AVANT-PROPOS Du bon usage du Der... La paraphrase d'un titre qu'E. Le Roy Ladurie donna naguère à un texte sur le Rouergue fera comprendre les buts de cet ouvrage. On ne trouvera pas ici une histoire classique, chronologiquement présentée, de la région de Montier-en-Der. Celle-ci aurait eu son intérêt, et les richesses documentaires locales en auraient permis la réalisation. Mais certaines époques, l'Ancien Régime par exemple, sont trop peu étudiées pour donner lieu à un tableau équilibré et la tenue prochaine (1998) d'un colloque international sur l'abbaye et les moines du Der, qui renouvellera connaissances et problématiques, rend prématurée la rédaction d'une synthèse. C'est donc un autre type de livre qui est produit, davantage pratique : une forme de guide ou de manuel, attaché aux principaux traits et aspects du passé dervois. Sont évoqués, entre autres questions, le paysage, l'habitat, l'histoire - marquée par les réalisations monastiques, mais aussi par les transformations du XIX siècle -, les villages, vus comme cadres de vie persistants et individualisés, le patrimoine artistique et archéologique, les traditions, le souvenir des hommes remarquables... Conçue de manière thématique, cette présentation s'est voulue néanmoins sérieuse et souvent approfondie. La bibliographie finale, très développée, pourra permettre à chacun d'aller plus loin. Un auteur peu suspect de nostalgie ruraliste, Bernard-Marie Koltès, de retour des Etats-Unis, disait sans ménagement qu' en France, « ce qui sauve la province, c'est qu'elle a une histoire». Nous avons voulu montrer que celle du Der ne manquait ni d'originalité, ni de densité. Ajoutons que nos éclairages, refusant l'esprit de clocher, ont tendu, non à isoler ce district, mais à le replacer dans son cadre départemental et régional et aussi que nous avons cherché à ne pas reproduire ce qu'avaient dit nos devanciers du XIX siècle, les Bouillevaux, Rignier, Didier ou Linet. Leurs œuvres, riches d'information, ont modelé la mémoire collective et méritent la considération, mais elles envisagent le passé à travers des cadres qui ne sont plus. Il ne pouvait être question de les répéter. Nos objectifs dépassent toutefois le stade de la pure connaissance et ceci justifie le sous-titre de cet avant-propos. Nous avons tenu, en décrivant les caractères essentiels de cet espace, à lutter contre la banalisation de la vie provinciale et à rappeler ce qui constitue l'essence du pays dervois, notamment les caractères du milieu naturel. En conséquence, destiné à tous, à l'intérieur ou à l'extérieur de cette zone, ce livre s'adresse plus particulièrement à certains acteurs de la vie locale : responsables municipaux, aux décisions souvent lourdes de conséquences, animateurs du tourisme, enseignants dont l'œuvre de sensibilisation est décisive (les tableaux et documents ont été rassemblés surtout à leur intention). Qu'ils sachent, par des mesures appropriées, par une attention continue, favoriser le maintien d'une forme d'identité locale. Il nous reste à remercier ceux qui ont permis la réalisation de ce livre, en particulier M. Jean-Jacques Bayer, maire de Montier-en-Der, dont le soutien a été constant, et l'Office de Tourisme, qui s'est chargé de l'établissement de la documentation photographique. Notre gratitude va aussi à toutes les personnes qui nous ont facilité l'accès aux édifices et curiosités locales. I Un espace à découvrir BRÈVE CHRONOLOGIE HISTORIQUE DU DER Vers 672 : Berchaire, moine aquitain d'origine noble, devenu abbé d'Hautvillers (diocèse de Reims), fonde dans la forêt du Der un monastère de jeunes filles à Puellemontier, puis une abbaye d'hommes à Montier-en-Der. Le premier établissement a été créé grâce au duc de Champagne Waimer et son épouse Wathilde, le second avec l'appui du roi Childéric II. Dédiée aux apôtres saint Pierre et saint Paul, l'abbaye est organisée selon la règle mixte bénédicto-colombanienne. 684 ou 696 : Berchaire est assassiné par le moine Daguin que la tradition fait naître à Droyes. 692 : Charte de l'évêque Bertoin de Châlons-sur-Marne pour les abbayes du Der. Il s'agit du document authentique le plus ancien du monastère et le plus fiable sur ses origines. 815 : L'abbé Hatton de Stavelot reçoit la responsabilité de l'abbaye du Der et y impose la règle de saint Benoît. Vers 850 : Rédaction du polyptyque de Montier-en-Der, liste et description des domaines servant à l'entretien de la communauté monastique. Parmi les localités citées apparaissent les villages de Sommevoire et Puellemontier. Fin IX siècle - 925 : Fuite des moines en Bourgogne et dans la région alpine devant la menace des envahisseurs normands, puis hongrois. 936: Réforme de l'abbaye par l'abbé Albéric, moine de Saint- Epvre de Toul. 967-992 : Abbatiat d'Adson, un des grands intellectuels de son temps, auteur d'un fameux traité sur l'Antéchrist et de plusieurs vies de saints, dont celle de Berchaire. Il mourut en 992 au cours d'un pèlerinage en Terre Sainte après avoir mis en chantier l'église abbatiale. 24 novembre 998 : Dédicace par l'évêque Gibuin de Châlons-sur- Marne de l'église commencée par Adson. 1049-1082 : Abbatiat de Brunon, durant lequel fut rédigée la continuation à la vie de saint Berchaire par Adson, appelée chronique de Montier-en-Der. 1095 : Début de l'installation de religieux à Boulancourt (commune de Longeville). L'établissement devient abbaye en 1141, puis passe en 1150 à l'ordre de Cîteaux. Vers 1140 : Fondation, sur le finage de Puellemontier, de l'abbaye de la Chapelle-aux-Planches, ordre de Prémontré. Vers 1200: Construction du chœur gothique et de la tour-clocher de l'abbatiale de Montier-en-Der. Vers 1220: Troubles dans la seigneurie du Der. Les paysans revendiquent sans succès la constitution d'une commune. Après 1360 : Destructions et ravages du Der par Brocard de Fenestrange. 1499 : Passage de l'abbaye du Der sous le régime de la commende. 1511 : L'abbé commendataire François de Dinteville accorde enfin une charte de franchises aux habitants de Montier-en-Der et des paroisses voisines. 1544: Au cours du siège de Saint-Dizier par les Impériaux, les troupes de Charles-Quint pillent Braucourt et le bourg de Sommevoire. 1562: Après le massacre de Wassy, les protestants de la région sont persécutés notamment à Droyes et Sommevoire. 11 juin 1652 : Durant la Fronde, le maréchal La Ferté, commandant les troupes royales, assiège la population de Ceffonds, sans doute gagnée aux rebelles et réfugiée dans son église. Une inscription rappelle cette terrible journée. A la même époque, un adjoint de La Ferté, le duc de Candale, met à sac Droyes et tue six habitants. Pendant deux ans, les troupes allemandes au service de la France vivent sur la contrée, faisant régner la terreur. 1713 : L'abbé Pierre Ottoboni fonde une Académie locale des belles-lettres. 1735 : Le même abbé Ottoboni fait détruire le château de Sommevoire. Il reconstruit l'abbaye, partiellement détruite par un incendie. Un nouvel incendie provoqué par la foudre détruit le clocher reconstruit sous la direction de J. B. Bouchardon. 5 juillet 1749 : Un incendie détruit six maisons situées sur la place de Montier-en-Der. 1774 : Début du procès entre les moines et les habitants des principales communes à propos de la propriété des bois. 1777 : Création d'un Conseil de Ville à Montier-en-Der par ordonnance royale 1789 : Les moines abandonnent leurs prétentions sur les bois. 1790: Les moines sont expulsés au mois de février. 1807 : Inauguration de l'hôtel de Ville de Sommevoire 1811: Un décret impérial officialise la création du haras de Montier-en-Der qui fonctionne depuis 1808. 1814: Les malheurs de la guerre renaissent lors de la retraite de Napoléon, retour de Russie. Le 28 janvier, l'Empereur fait halte à Montier-en-Der dans la demeure du général Vincent au lendemain de la bataille de Saint-Dizier. Les habitants des villages fournissent les rangs des francs-tireurs qui déciment les bandes de « traînards » étrangers : des lieux-dits tel celui de la « fosse aux cosaques » à Longeville rappellent les coups de main de cette résistance armée à l'envahisseur. 1847 : Antoine Durenne implante une usine métallurgique à Sommevoire 1848-1853 : Agitation républicaine dans le canton. Le poète Charles Lignée et le docteur Lacour accusés de subversion subissent de lourdes condamnations ; à Droyes, le curé Paris, accusé de collusion avec les « rouges », est chassé par une émeute rassemblant 800 personnes. Le canton se révèle profondément bonapartiste. 1858 : Grands travaux de restauration de l'abbatiale à Montier-en- Der, construction des nouveaux bâtiments du haras.