LE CANTON DE MONTIER-EN-DER

HISTOIRE, PATRIMOINE ET TRADITIONS © Dominique Guéniot, éditeur 52203 - Saints-Geosmes Cedex ISBN : 2-87825-137-7 PATRICK CORBET CLAUDE LESEUR Maître de conférences Docteur en histoire à l'Université de Nancy

LE CANTON DE MONTIER-EN-DER

HISTOIRE, PATRIMOINE ET TRADITIONS

Photographies de J.P. BESSON et E. GAUPILLAT

Dominique GUÉNIOT éditeur La région de Montier-en-Der Carte de 1885 Il y a deux ans, à peine, j'évoquais, avec Messieurs Claude Leseur et Patrick Corbet, l'intérêt d'un livre retraçant l'histoire de notre canton et de ses villages. Nous avons la chance d'avoir auprès de nous deux spécialistes ayant toutes les compétences pour réaliser une telle oeuvre, et je savais que, s'ils acceptaient, nous disposerions d'un livre de grande qualité. A ma vive satisfaction, ces deux historiens ont entrepris une tâche considérable et le fruit de leur travail commun paraît aujourd'hui : un ouvrage remarquable sur l'histoire de notre canton et de nos communes. Permettez-moi d'en féliciter les auteurs.

Jean-Jacques BAYER Maire et conseiller général du canton de Montier-en-Der

AVANT-PROPOS

Du bon usage du Der... La paraphrase d'un titre qu'E. Le Roy Ladurie donna naguère à un texte sur le Rouergue fera comprendre les buts de cet ouvrage. On ne trouvera pas ici une histoire classique, chronologiquement présentée, de la région de Montier-en-Der. Celle-ci aurait eu son intérêt, et les richesses documentaires locales en auraient permis la réalisation. Mais certaines époques, l'Ancien Régime par exemple, sont trop peu étudiées pour donner lieu à un tableau équilibré et la tenue prochaine (1998) d'un colloque international sur l'abbaye et les moines du Der, qui renouvellera connaissances et problématiques, rend prématurée la rédaction d'une synthèse. C'est donc un autre type de livre qui est produit, davantage pratique : une forme de guide ou de manuel, attaché aux principaux traits et aspects du passé dervois. Sont évoqués, entre autres questions, le paysage, l'habitat, l'histoire - marquée par les réalisations monastiques, mais aussi par les transformations du XIX siècle -, les villages, vus comme cadres de vie persistants et individualisés, le patrimoine artistique et archéologique, les traditions, le souvenir des hommes remarquables... Conçue de manière thématique, cette présentation s'est voulue néanmoins sérieuse et souvent approfondie. La bibliographie finale, très développée, pourra permettre à chacun d'aller plus loin. Un auteur peu suspect de nostalgie ruraliste, Bernard-Marie Koltès, de retour des Etats-Unis, disait sans ménagement qu' en , « ce qui sauve la province, c'est qu'elle a une histoire». Nous avons voulu montrer que celle du Der ne manquait ni d'originalité, ni de densité. Ajoutons que nos éclairages, refusant l'esprit de clocher, ont tendu, non à isoler ce district, mais à le replacer dans son cadre départemental et régional et aussi que nous avons cherché à ne pas reproduire ce qu'avaient dit nos devanciers du XIX siècle, les Bouillevaux, Rignier, Didier ou Linet. Leurs œuvres, riches d'information, ont modelé la mémoire collective et méritent la considération, mais elles envisagent le passé à travers des cadres qui ne sont plus. Il ne pouvait être question de les répéter. Nos objectifs dépassent toutefois le stade de la pure connaissance et ceci justifie le sous-titre de cet avant-propos. Nous avons tenu, en décrivant les caractères essentiels de cet espace, à lutter contre la banalisation de la vie provinciale et à rappeler ce qui constitue l'essence du pays dervois, notamment les caractères du milieu naturel. En conséquence, destiné à tous, à l'intérieur ou à l'extérieur de cette zone, ce livre s'adresse plus particulièrement à certains acteurs de la vie locale : responsables municipaux, aux décisions souvent lourdes de conséquences, animateurs du tourisme, enseignants dont l'œuvre de sensibilisation est décisive (les tableaux et documents ont été rassemblés surtout à leur intention). Qu'ils sachent, par des mesures appropriées, par une attention continue, favoriser le maintien d'une forme d'identité locale. Il nous reste à remercier ceux qui ont permis la réalisation de ce livre, en particulier M. Jean-Jacques Bayer, maire de Montier-en-Der, dont le soutien a été constant, et l'Office de Tourisme, qui s'est chargé de l'établissement de la documentation photographique. Notre gratitude va aussi à toutes les personnes qui nous ont facilité l'accès aux édifices et curiosités locales. I

Un espace à découvrir

BRÈVE CHRONOLOGIE HISTORIQUE DU DER

Vers 672 : Berchaire, moine aquitain d'origine noble, devenu abbé d'Hautvillers (diocèse de Reims), fonde dans la forêt du Der un monastère de jeunes filles à Puellemontier, puis une abbaye d'hommes à Montier-en-Der. Le premier établissement a été créé grâce au duc de Champagne Waimer et son épouse Wathilde, le second avec l'appui du roi Childéric II. Dédiée aux apôtres saint Pierre et saint Paul, l'abbaye est organisée selon la règle mixte bénédicto-colombanienne. 684 ou 696 : Berchaire est assassiné par le moine Daguin que la tradition fait naître à Droyes. 692 : Charte de l'évêque Bertoin de Châlons-sur-Marne pour les abbayes du Der. Il s'agit du document authentique le plus ancien du monastère et le plus fiable sur ses origines. 815 : L'abbé Hatton de Stavelot reçoit la responsabilité de l'abbaye du Der et y impose la règle de saint Benoît. Vers 850 : Rédaction du polyptyque de Montier-en-Der, liste et description des domaines servant à l'entretien de la communauté monastique. Parmi les localités citées apparaissent les villages de et Puellemontier. Fin IX siècle - 925 : Fuite des moines en Bourgogne et dans la région alpine devant la menace des envahisseurs normands, puis hongrois. 936: Réforme de l'abbaye par l'abbé Albéric, moine de Saint- Epvre de Toul. 967-992 : Abbatiat d'Adson, un des grands intellectuels de son temps, auteur d'un fameux traité sur l'Antéchrist et de plusieurs vies de saints, dont celle de Berchaire. Il mourut en 992 au cours d'un pèlerinage en Terre Sainte après avoir mis en chantier l'église abbatiale. 24 novembre 998 : Dédicace par l'évêque Gibuin de Châlons-sur- Marne de l'église commencée par Adson. 1049-1082 : Abbatiat de Brunon, durant lequel fut rédigée la continuation à la vie de saint Berchaire par Adson, appelée chronique de Montier-en-Der. 1095 : Début de l'installation de religieux à Boulancourt (commune de Longeville). L'établissement devient abbaye en 1141, puis passe en 1150 à l'ordre de Cîteaux. Vers 1140 : Fondation, sur le finage de Puellemontier, de l'abbaye de la Chapelle-aux-Planches, ordre de Prémontré. Vers 1200: Construction du chœur gothique et de la tour-clocher de l'abbatiale de Montier-en-Der. Vers 1220: Troubles dans la seigneurie du Der. Les paysans revendiquent sans succès la constitution d'une commune. Après 1360 : Destructions et ravages du Der par Brocard de Fenestrange. 1499 : Passage de l'abbaye du Der sous le régime de la commende. 1511 : L'abbé commendataire François de Dinteville accorde enfin une charte de franchises aux habitants de Montier-en-Der et des paroisses voisines. 1544: Au cours du siège de Saint-Dizier par les Impériaux, les troupes de Charles-Quint pillent Braucourt et le bourg de Sommevoire. 1562: Après le massacre de , les protestants de la région sont persécutés notamment à Droyes et Sommevoire. 11 juin 1652 : Durant la Fronde, le maréchal La Ferté, commandant les troupes royales, assiège la population de , sans doute gagnée aux rebelles et réfugiée dans son église. Une inscription rappelle cette terrible journée. A la même époque, un adjoint de La Ferté, le duc de Candale, met à sac Droyes et tue six habitants. Pendant deux ans, les troupes allemandes au service de la France vivent sur la contrée, faisant régner la terreur. 1713 : L'abbé Pierre Ottoboni fonde une Académie locale des belles-lettres. 1735 : Le même abbé Ottoboni fait détruire le château de Sommevoire. Il reconstruit l'abbaye, partiellement détruite par un incendie. Un nouvel incendie provoqué par la foudre détruit le clocher reconstruit sous la direction de J. B. Bouchardon. 5 juillet 1749 : Un incendie détruit six maisons situées sur la place de Montier-en-Der. 1774 : Début du procès entre les moines et les habitants des principales communes à propos de la propriété des bois. 1777 : Création d'un Conseil de Ville à Montier-en-Der par ordonnance royale 1789 : Les moines abandonnent leurs prétentions sur les bois. 1790: Les moines sont expulsés au mois de février. 1807 : Inauguration de l'hôtel de Ville de Sommevoire 1811: Un décret impérial officialise la création du haras de Montier-en-Der qui fonctionne depuis 1808. 1814: Les malheurs de la guerre renaissent lors de la retraite de Napoléon, retour de Russie. Le 28 janvier, l'Empereur fait halte à Montier-en-Der dans la demeure du général Vincent au lendemain de la bataille de Saint-Dizier. Les habitants des villages fournissent les rangs des francs-tireurs qui déciment les bandes de « traînards » étrangers : des lieux-dits tel celui de la « fosse aux cosaques » à Longeville rappellent les coups de main de cette résistance armée à l'envahisseur. 1847 : Antoine Durenne implante une usine métallurgique à Sommevoire 1848-1853 : Agitation républicaine dans le canton. Le poète Charles Lignée et le docteur Lacour accusés de subversion subissent de lourdes condamnations ; à Droyes, le curé Paris, accusé de collusion avec les « rouges », est chassé par une émeute rassemblant 800 personnes. Le canton se révèle profondément bonapartiste. 1858 : Grands travaux de restauration de l'abbatiale à Montier-en- Der, construction des nouveaux bâtiments du haras. 1869 : Inauguration du « Palais scolaire », actuelle école de la place Lebon. 20 août 1870 : Invasion prussienne du canton à l'issue du conflit franco-allemand ; le canton règle 330 232 francs-or de contributions diverses. 1884 : Inauguration de la ligne de chemin de fer. 1889: Jules Percheron fournit l'électricité à Montier-en-Der à partir de l'installation du moulin de la Battoire. 1892 : Arrêt du Président de la République, Sadi Carnot, à Montier-en-Der . 14-15 juin 1940: Destruction d'une grande partie de Montier-en- Der par l'armée allemande. Si l'avancée allemande de la Première Guerre mondiale s'arrête à une trentaine de kilomètres du chef-lieu et ne fait pas subir de pertes matérielles aux bourgades du Der, il n'en va pas de même au cours du Second conflit mondial : Montier- en-Der est majoritairement incendié dans la nuit du 14 au 15 juin 1940 par les troupes allemandes qui rencontrent la résistance d'un groupe de reconnaissance de la 56e Division d'infanterie. 30 août 1944 : Libération de Montier-en-Der et du canton par l'armée américaine. Un résistant, André Collé est tué au cours d'un bref engagement contre une compagnie de S.S. à la sortie du bourg, sur la route de Saint-Dizier. 28 avril 1963 : Arrêt du Général de Gaulle à Montier-en-Der au cours d'une tournée officielle dans le département. 3 juillet 1982 : Cérémonies d'inauguration du nouveau clocher. Montier-en-Der reçoit la Croix de Guerre. LE DER: CARACTERES ET ELABORATION D'UN PAYSAGE

Le pays du Der a toujours constitué un ensemble bien individualisé, que ce soit au sein de sa région naturelle, la Champagne humide, ou à l'intérieur des configurations politiques et administratives successives. Il doit pour une part cette spécificité à l'histoire, qui en a fait le théâtre d'une entreprise monastique d'envergure et lui a donné un centre avec la petite ville de Montier- en-Der. Mais son originalité vient surtout de la nature de ses paysages. Beaucoup ont souligné leur attrait, dû à la douceur et l'intimité des horizons aussi bien qu'à la cohérence des éléments naturels et de l'habitat. Cette heureuse synthèse, où l'arbre joue un rôle primordial - et conforme à la terminologie, puisque le mot Der vient du celtique forêt de chênes - conduit à consacrer à ce thème le chapitre initial de cet ouvrage.

LE PAYSAGE DU DER, NAGUÈRE ET AUJOURD'HUI

De l'atmosphère particulière du Der, les éléments sont connus: un relief doux, fait de basses collines argileuses, de lentes rivières autrefois bordées de moulins et de lavoirs, des prairies humides coupées de franges de peupliers et terminées par des arrière-plans forestiers. Au milieu de cette vaste nature, s'étendent, parallèles aux cours d'eau, de longs villages aux maisons non-jointives, suivis de hameaux pareillement constitués. Partout, le torchis, pour retenir l'expression locale, caractérise et unifie un habitat divers dans ses dimensions et ses formes. Au centre du district, Montier-en-Der en garde, malgré la catastrophe de juin 1940, de beaux exemples. Le paysage qui vient d'être décrit à grands traits appartient pour une part au passé. Il a subi, depuis quelques décennies, les plus rudes agressions de la modernité. Les rangées de peupliers, les boqueteaux, les vergers ont été largement sacrifiés au progrès des rendements et aux remembrements. Les chemins creux et les haies n'existent souvent plus guère, de même que les étangs, assez rares à présent. Dans certaines zones, la Champagne humide est devenue, avec d'immenses surfaces céréalières, comme un prolongement triste de la Champagne crayeuse, avec simplement des fonds forestiers pour l'en différencier, et sans la grandeur des horizons qui caractérise le pays blanc. Les champs démesurés qui s'imposent aujourd'hui dans le Der s'accordent mal avec les calmes ondulations de son relief. Dans le domaine de l'habitat, l'évolution n'est pas non plus toujours favorable. Les bâtiments agricoles traditionnels, à présent mal adaptés, ont disparu par dizaines, à commencer par les grandes granges à fourrage. Le pan de bois n'a pas connu le second souffle qu'on observe en Alsace, et il n'y a plus de maisons modernes pour en faire revivre la technique. Le paysage du Der est une œuvre d'art menacée. Pourtant, il n'a pas disparu, et un pessimisme intégral n'est pas de mise. Au bord des petites routes ou le long des rivières subsistent des secteurs où le charme demeure. Les efforts de sauvegarde de l'architecture à colombage sont réels, et quelques beaux bâtiments ont fait l'objet de restaurations. Hors des villages, il ne manque souvent qu'une impulsion pour reconstituer, là une haie, là un rideau d'arbres, qui rééquilibreront un morne panorama. Un devoir de boisement devrait être requis, notamment des communes. D'ailleurs, l'intérêt bien compris du pays se joue là, car les touristes venus pour le lac du Der ne prolongeront ou ne réitéreront leur séjour que si l'environnement local trouve grâce à leurs yeux. Mais revenons aux faits.

LES LIMITES DE LA PETITE RÉGION

Le pays du Der s'identifie d'autant mieux que ses limites apparaissent nettement. Vers le Nord et l'Est, Saint-Dizier et Wassy, la région butte sur la masse compacte de la forêt domaniale du Der, reste de la sylve primitive. De gros villages, sis au centre de vastes clairières (Braucourt, Robert-Magny, plus loin ), en ont entamé la frange méridionale, sans que la colonisation ait pu aller plus loin, pour des raisons probablement pédologiques. Laneuville- à-Remy, paroisse neuve du XII siècle, à présent rattachée au canton, est restée une très petite localité. La barrière forestière s'est solidement maintenue.

Vue aérienne du centre de Robert-Magny. A l'arrière-plan, la forêt du Der

Au levant, vers Doulevant-le-Château et Soulaines, s'élèvent les plateaux calcaires qu'on ne sait localement trop nommer: Vallage, Barrois? De là viennent les rivières, la Voire, l'Héronne, le Ceffondet, la Laine, dont les larges, mais peu profondes vallées structurent le pays argileux. Le sud-ouest du canton de Montier-en-Der appartient à cette zone. La transition s'aperçoit entre , où domine encore l'habitat à pans de bois, et Rozières, qui serre autour de l'église ses maisons de pierre. Un rien plus loin, Sommevoire, orienté vers la Blaise, offre un autre climat que celui du chef-lieu cantonal. Alors commencent de sévères étendues, coupées de vallons incisés et couronnées de villages tassés. La pierre y règne en maîtresse. Vers le sud-ouest, la frontière départementale sépare le canton de la plaine de Brienne-le-Château (). Dans celle-ci, le changement se révèle à un relief rigoureusement plat et à des villages plus groupés, parfois associés en curieux triplets (Vallentigny-Hampigny-Maizières ou Bignicourt-Rances-Courcelles- sur-Voire). Le nombre considérable de noms de lieu en « y », d'origine gallo-romaine, traduit, sur ces sols légers, une mise en valeur plus ancienne. Sommevoire, vue générale aérienne (Cliché Besson)

Sur trois côtés, si l'on excepte les finages de Sommevoire et Rozières, le pays naturel du Der s'arrête donc aux limites cantonales. Tel n'est plus le cas vers l'ouest, dans les cantons de Chavanges (Aube) et Saint-Remy-en-Bouzemont (Marne). Là, au pied de la côte crayeuse de Champagne, s'étend le même paysage, le même écosys- tème, dirait-on, en plus humide, en plus boisé, en plus pauvre aussi. C'est là, à la limite départementale, entre Puellemontier et Lentilles, qu'on trouve le plus grand des étangs anciens de la zone argileuse, celui de la Horre. C'est là aussi que trois petits villages, Champaubert-aux-Bois, Chantecoq et Nuisement-aux-Bois, ont été sacrifiés aux nécessités de l'alimentation en eau de la . En revanche s'élèvent ici des joyaux de l'architecture champenoise : les églises à pans de bois de Lentilles, Bailly-le-Franc (Aube), Châtillon- sur-Broué, Outines et Drosnay (Marne). Les découpages révolu- tionnaires, technocratiques avant la lettre, ont découpé une unité géographique homogène, gênant en cela les efforts communs de développement. Mais le nom même choisi pour l'immense réservoir, tout entier marnais, celui de « lac du Der», prouve bien le maintien dans les esprits de la région originelle. LA GENÈSE DU PAYSAGE

Avant de reconstituer, dans la mesure du possible, l'élaboration du paysage du Der, quelques mots s'imposent sur le donné physique. Le canton se définit comme une dépression aux reliefs peu marqués compris entre 110 et 220 m d'altitude. Ses faibles ondulations sont modelées dans des marnes grises de l'albien et de l'aptien, fréquemment recouvertes de limons. Du fait de l'imper- méabilité du sol, un dense réseau hydrographique s'est formé, organisé autour des rivières susnommées. L'histoire de l'occupation du sol dans le Der n'est pas encore faite, et seules les grandes lignes apparaissent : rareté des habitats antiques, importance de la colonisation monastique du haut Moyen Âge, menée à partir de la fondation du monastère du Der par saint Berchaire vers 672 ; essor vigoureux aux XI siècles, au temps de l'installation, entre 1090 et 1140, de deux nouvelles abbayes, Boulancourt (commune de Longeville) et la Chapelle-aux-Planches (commune de Puellemontier) ; stabilité des structures par la suite, jusqu'au XIX siècle, temps de développement ; profondes mutations du XX siècle, marqué par le déclin démographique, l'abandon de certaines implantations humaines et les modifications des cultures. Essayons à présent de dire l'essentiel. Des structures d'ensemble décrites plus haut, l'aspect le plus malaisé à dater est sans doute le paysage de «pré-bois» (R. Brunet) qui prévalait jusqu'à une période récente. Les cartes postales du début du siècle attestent à cette date son existence : à Droyes, les prairies de l'Héronne, photographiées par le meilleur opérateur de la région, Lucien Lecointre dit Billenbois, étaient bordées de files de grands arbres.

Paysage traditionnel du Der : Droyes, les crouées Bien avant cette date, le terme de bocage, attaché à la même réalité, s'était déjà imposé ; il figure par exemple dans le livre de l'abbé Didier sur Puellemontier (1867). Assez impropre, car le Der est plutôt un openfield arboré, il est demeuré en usage, y compris sous la plume de géographes professionnels. A la même époque (1879), le statisticien Mariez-Thiébaud signalait que « les peupliers, auxquels le sol et le climat sont excessivement favorables, garnissent un large espace ; ils se trouvent dans les petits bois, le long des routes, des chemins, des fossés, des rivières et des ruisseaux". Concluons que le paysage des années 1950 était déjà celui du XIX Il reflétait l'économie rurale du Der, assez particulière en raison de l'importance qu'y possédait l'élevage : à partir de ses études de cartographie automatique, Guy Arbellot a souligné l'originalité dès le XVIII siècle de cette zone, où les pâtures couvraient 20 à 25 % du sol et où les laboureurs étaient plus nombreux que les manouvriers-brassiers. Le paysage humanisé du Der régnait donc probablement déjà il y a deux siècles. Pour les époques antérieures, on demeure dans l'ignorance. Plus facile à décrire, au moins dans ses grandes lignes, est la question du peuplement. Rappelons que l'habitat rural dervois se caractérise par l'association de trois formes: 1. de gros villages établis le long d'une rue principale complétée d'une ou deux voies perpendiculaires. Le plus bel exemple, au nom caractéristique, est celui de Longeville-sur-la-Laine, qui échelonne ses maisons sur près de trois kilomètres de chaque côté d'une voie presque rectiligne.

Longeville, village-rue 2. des hameaux de plusieurs dizaines d'âmes, exceptionnellement nombreux puisqu'on en comptait 15 au XIX siècle. 3. des fermes isolées, point rares, mais non généralisées, puisque certains villages comme Robert-Magny ou Puellemontier (à l'exception d'une création récente) n'en comptaient pas. L'habitat local ne se définit pas comme dispersé. Ces implantations ne sont pas anarchiquement disposées. Elles se sont concentrées dans les vallées, parallèlement aux cours d'eau, mais à distance de ceux-ci pour en éviter les crues. On pourrait aussi les dire situées à mi-pente, entre les grasses prairies des bords de rivière et les champs, plus hauts de quelques mètres. Observation complémentaire, des phénomènes de doublets se remarquent souvent de part et d'autres des vallées, qui sont restées longtemps difficiles à franchir, les ponts de pierre ne remplaçant que tard les « planches" de bois. Le plus connu est formé par les agglomérations de Montier-en-Der et Ceffonds, séparées par la Voire et le Ceffondet alors proches de leur réunion. La situation s'en retrouve au niveau des hameaux: Gervilliers (cne Puellemontier) fait face aux Granges (cne Droyes), comme Jagée (cne Ceffonds) aux Malots (cne Montier). Parfois, on a l'impression que le village s'est formé en réunissant les deux côtés - on n'ose dire les deux rives - de la vallée. Tel est sûrement le cas à Droyes, où le quartier de l'église, qui était aussi celui de la maison des moines du Der, se distingue de celui de la rue de la Chapelle, de l'autre côté de l'Héronne, seigneurie autonome au XIII siècle. Un même commentaire peut s'imposer pour Louze, situé de part et d'autre de la Laine. Il apparaît que la Voire, rivière la plus importante, a constitué une barrière supérieure à celle de ses affluents. Quant aux fermes isolées, elles sont en situation variée, les unes classiquement non loin des rivières (Harromagnil à Louze, les Touchelles à Droyes...), les autres en position d'essarts, en bordure des forêts (les Salles à Montier, le Pré- Godot, Grandmont, les Sellières à Longeville...). Comment ce réseau s'est-il constitué ? Si l'on met à part la région de Sommevoire, fraction d'une zone calcaire sans doute mise en valeur dès l'époque romaine, le Der ne s'est pas animé avant l'arrivée, fin VII de Berchaire et de ses compagnons. Certes, des habitats antérieurs ont existé, comme ceux qu'évoquent les premiers textes. La villa de Flassigny (cne Puellemontier), désertée depuis 1950 environ, mais citée aux origines du monastère féminin, n'est pas historiquement discutable. Mais il faut attendre 150 ans plus tard, lorsque fut rédigé, vers le milieu du IX siècle, le polyptyque (liste des domaines de l'abbaye) de Montier-en-Der, pour voir exister de véritables villages. Deux communes actuelles y sont mentionnées. Sommevoire est décrit comme un important domaine avec treize fermes paysannes au moins, une église, un moulin, une brasserie, de la terre arable où semer 150 muids de blé et une forêt où pouvaient paître mille porcs. Puellemontier, pour sa part, possédait 33 tenures paysannes et les mêmes équipements; à côté de sa vaste forêt, ses prairies, déjà considérables, fournissaient 100 chariots de foin. Un problème posé par ce précieux document est qu'on ignore s'il répertorie tout ou seulement partie des propriétés du monastère. Dans la première hypothèse, il faudrait repousser les origines des villages non cités à une date ultérieure. Mais la deuxième solution est aujourd'hui préférée par les spécialistes. L'histoire du peuplement pousse aussi en ce sens : on ne peut guère imaginer une naissance plus tardive que le IX siècle pour Droyes, au toponyme celtique et qui existait vers l'an Mil, pour Louze, dont l'église était dédiée à saint Martin, patronage ancien, et qui est cité dans la vie de saint Berchaire (fin X siècle) comme la première station du fondateur, ou encore pour Ceffonds, à l'église consacrée à saint Remi, autre dédicace ancienne, et qui possédait vers l'an Mil 114 manses. Robert-Magny (dont le toponyme fait revivre le vieux mot de mansus - domaine -, et qui figure dans les compléments X siècle au polyptyque) et Longeville (qui n'est mentionné que fin XI mais dont l'importance dépasse de loin celle des villages neufs du XII siècle) pourraient aussi dater de l'époque carolingienne. Les plus gros villages du Der - et naturellement aussi l'agglo- mération née autour du monastère - doivent donc leur origine aux premiers siècles de l'histoire de l'abbaye. Les autres paroisses, et notamment celles situées au nord de Montier, qui n'apparaissent dans les textes qu'au XII siècle - Braucourt et avant 1164, entre 1166 et 1170 -, sont sans doute de peu postérieures, comme aussi Sauvage-Magny, dont les habitants sont signalés par une charte de 1197 comme vivant dans le dénuement (inopia). L'archéologie monumentale prouve en tout cas qu'au XII siècle de belles et grandes églises en pierre (voir à Braucourt, Droyes, Ceffonds, Longeville, Planrupt, Puellemontier, Sommevoire) s'y élevaient. A cette date le pan de bois avait déjà cédé la place pour la construction des sanctuaires paroissiaux. Plus difficile à cerner est la naissance des hameaux. Certains s'interprètent comme des villages manqués, ainsi peut-être Boulancourt et Flancourt (cne Ceffonds), aux toponymes d'époque franque. Un cas mieux documenté est celui de Gervilliers (cne Puellemontier), mentionné dans un diplôme de Charles le Chauve de 856, le «preceptum de Gerulvillare » du premier cartulaire de l'abbaye, comme un domaine de 15 journaux doté de son personnel d'exploitation et d'une forêt commune; le lieu-dit la Cour peut y garder le souvenir de cette très ancienne implantation. Mais le trait caractéristique de la plupart de ces hameaux est leur nom, en ce qu'il est précédé de l'article défini : la Grève (Ceffonds), les Granges, le Voy (Droyes), la Borde (Puellemontier), la Varnière, les Malots, la Bouverie (Montier-en-Der)... De ce fait, ils semblent être nés postérieurement aux centres villageois, au temps du grand progrès des XII siècles, quand se créaient non loin de là les petits villages neufs et limitrophes - dans l'Aube - de Bailly-le-Franc, près de Droyes, et Ville-aux-Bois, près de Louze. Appartient aussi à cette génération, du côté de la forêt du Der, la Neuville-à-Remy, déjà signalé. Les hameaux du Der s'expliqueraient par la poussée démographique que connaissaient alors les campagnes françaises. Ils seraient la forme locale typique du phénomène général de croissance. Quant aux fermes isolées, on échoue à en discerner les rythmes de création. Certaines sont d'ailleurs récentes, comme, à Puellemontier, la ferme Saint-Philippe, qui doit son nom à un cultivateur entreprenant de la fin du siècle dernier. Pour sa part, la ferme d'Harromagnil (cne Louze), citée dans la Chronique du Der (fin XI est certainement haut-médiévale. Il est tentant d'attribuer l'origine de beaucoup d'autres aux granges monastiques installées par les nouvelles abbayes du XII siècle. Le fait se vérifie effectivement à proximité de ces établissements : le Désert, Bout-de-

Harromagnil, vue prise au début du siècle Fert, l'Echange, la Réserve (en ce qui concerne Boulancourt), la Marnière, la Vacherie, la Chapelle-Saint-Georges (pour la Chapelle- aux-Planches) sont toutes liées à ces implantations religieuses. Mais le reste des possessions de ces monastères ne se situait pas dans le Der historique. On les trouvait plus loin dans la plaine du Briennois pour Boulancourt ou vers la côte de Champagne pour la Chapelle- aux-Planches. L'orientation de ces temporels vers la périphérie de la zone argileuse reflète d'ailleurs le souci qu'ont eu les Bénédictins de Montier-en-Der de rester maîtres de leur espace proche. Au total, une enquête fondée sur l'ensemble de la documentation demeure nécessaire pour mieux connaître, spécialement du côté de Montier- en-Der et Sommevoire (où l'on aimerait savoir les origines de la ferme de Sainte-Colombe et de sa chapelle de pèlerinage) l'âge de ces exploitations. Quoi qu'il en soit, c'est bien une mise en valeur médiévale, certainement un peu plus tardive que celles des pays calcaires et de la plaine de Brienne, qui caractérise l'histoire du peuplement du Der.

L'HABITAT RURAL

L'habitat champenois à pans de bois a récemment fait l'objet d'études variées : analyses techniques, articles de fond et même une synthèse générale (D. Imbault), qui s'arrête aux limites de l'Aube et de la Marne, et ignore donc, non sans arbitraire, le canton de Montier-en-Der. Dans ces conditions, il n'est pas utile de tout redire. Rappelons d'abord que la technique du colombage est dominante, mais non exclusive dans le canton. Les communes du sud-est, Rozières et Sommevoire, ont un habitat de pierre qui mériterait des recherches. Par ailleurs, sur le plan historique, le pan de bois perd localement sa priorité à partir de la deuxième moitié du siècle dernier. Sa fin s'annonce dès 1860-1870 par l'utilisation d'autres matériaux, la brique et la pierre, employés d'abord en façade ou sur les murs exposés, puis en totalité comme le montrent, les premiers, les bâtiments publics, mairies et presbytères. Au tournant du siècle, l'abandon du colombage devient définitif. Sur les principes constructifs de celui-ci, tout ou presque a été précisé. On sait donc que les bâtiments sont constitués d'une armature articulée de poutres horizontales, verticales et obliques, montée sur des solins de pierre. Les vides de la structure de bois, constituée de pièces hiérarchisées, sont comblés par un mélange de terre et de paille, le torchis, aggloméré autour de planchettes, les palsans. Sur ces constructions sont lancées des toitures de tuiles rondes Ossature d'un mur à pans de bois A : décharge B : Sablière basse C : Tournisse D : Poteau de remplissage E : Palçons F : Pisé (D'après Daniel Imbault, La Champagne. Architecture régionale)

Planrupt : ferme ancienne (XVI siècle ?) (Cliché Besson) souvent débordantes (et donc formant auvent, celui-ci quelquefois monté sur poteaux). Le colombage, apparent en général, peut présenter des motifs décoratifs - losanges, chevrons, croix... - dans lesquels on évitera de découvrir, contrairement à une tendance en progrès, des intentions symboliques. Sur les murs occidentaux, qu'il faut protéger, sont placés des revêtements d'écailles de bois ou essentes, ou, plus fréquemment, de planches se recouvrant partiellement, les tavillons. Au plan de l'allure générale, l'habitat vernaculaire est constitué de constructions plutôt basses et allongées, avec des toits en pente douce. Les maisons ainsi construites sont le plus souvent non-jointives, mais il existe au centre de certains gros villages (Ceffonds, Droyes) des alignements serrés.

Ces principes s'appliquent à des bâtiments variables par la taille et la fonction. Avant de préciser celles-ci, il faut faire la part de la chronologie. Le XIX siècle a été l'époque d'un renouvellement considérable de l'habitat. On est donc conduit à distinguer les constructions de ce temps et celles des périodes précédentes, sur lesquelles une étude historique et architecturale serait nécessaire. On ne peut ici faire mieux que rappeler l'existence au sein de tous les villages du Der d'un patrimoine très ancien, pouvant remonter jusqu'au XVI siècle. On repère ces bâtiments vénérables à l'irrégularité et à certains motifs du colombage, à l'allure dissymétrique et parfois écrasée des constructions, à la présence enfin d'éléments rares par la suite comme les galeries hautes. Citons ainsi la ferme Drouart à Planrupt ou à Puellemontier, la maison Lambert (connue aussi par une carte ancienne) et la ferme Nolle (au hameau de la Borde). Le château, ou plutôt maison-forte, de Louze et ce qui reste à Longeville de la chapelle Sainte-Asceline de Boulancourt, se rangent dans cette même phase ancienne. C'est à Ceffonds, où fut démolie vers 1910 une maison du XVI heureusement souvent photographiée, que se voit le plus bel ensemble. S'y distinguent la haute maison, à préserver d'urgence - n'y aurait-il pas lieu, compte tenu de son implantation et du fait qu'elle conserve une importante cheminée Renaissance, d'en faire une forme. de musée local ? - qui borde le flanc sud de l'église, et surtout le grenier à sel, remarquable par sa toiture dissymétrique, sa galerie latérale haute et ses colombages serrés formant parfois des croix de Saint-André. Non loin de là, de l'autre côté de la route nationale, une façade donnant sur ruelle serait aussi à mettre en valeur. Un inventaire de ces constructions anciennes devrait être établi. est nommé gouverneur du palais des princes d'Espagne à Valençay. Napoléon lui accorde le titre de chevalier d'Empire avec une dotation. Major le 19 avril 1812, il devient aide de camp de Murat, Roi de Naples. Au cours de la campagne de Russie il gagne ses galons de colonel ; blessé à la bataille de la Moskowa, il est élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur. A la Restauration, il est réintégré, fait la campagne d'Espagne comme colonel titulaire au corps d'Etat-Major. Sa promotion au grade de maréchal de camp date du 24 décembre 1823. Il est par la suite appelé au commandement du département des Hautes-Alpes, puis à celui de la Manche, de la Mayenne, avant sa mise en disponibilité le 7 mai 1836. Il reprend le commandement du département de l'Aisne, est admis à la retraite en 1848 et décède à Paris à 77 ans, en 1855.

Le lieutenant-colonel Antoine REMY (1764-1848) Né à la ferme de Tire-Clanchette (commune de Thilleux) le 14 février 1764, il s'engage au 8e régiment de dragons à 19 ans. La Révolution le trouve au grade de maréchal-des-logis. Combattant de Valmy, il multiplie les actes de bravoure ; le 27 juin 93, il est promu lieutenant et le 2 pluviose an II, capitaine. En l'an VIII, à trente-six ans, il obtient le grade de chef d'escadron après avoir eu un cheval tué sous lui à la bataille de Marengo. Il est de toutes les campagnes ; lieutenant-colonel en 1807, il a été blessé quatre fois. Ce grand cavalier dans la lignée de Murat est chevalier de la Légion d'honneur en 1804 et chevalier de la couronne de fer (ordre italien). La noblesse impériale lui est conférée : il est fait baron d'Empire en 1812. Rallié à Louis XVIII, il obtient la croix de Saint-Louis. Décédé à Chaumont le 24 janvier 1848, il est inhumé dans son village natal de Thilleux où un monument en forme d'obélisque rappelle sa mémoire.

Le colonel Jules MARTIN (1819-1864) Né le 14 septembre 1819 à Thilleux, fils d'un lieutenant de cuirassiers, Jules Martin entre à Saint-Cyr en 1838 à 19 ans. Il connaît une carrière militaire des plus aventureuses sur les champs de bataille du Second Empire : Afrique, Orient, Italie et Mexique. Colonel, il trouve une mort héroïque en chargeant à la tête du 2e zouave, le 21 septembre 1864 au combat de Majonna, « un ennemi dix fois supérieur en nombre ». HOMMES DE SCIENCE ET TECHNICIENS

Nicolas JENSON ( ?- † vers 1480) Une place de Langres porte le nom de ce célèbre typographe qu'on a longtemps cru natif de la cité lingonne. En fait, la lecture de son testament ne laisse aucun doute : il est né à Sommevoire où ses parents furent inhumés dans l'église Saint-Pierre. Maître de la Monnaie à Tours, il fut envoyé à Mayence dans l'atelier de Gutemberg par Charles VII. Se jugeant mal soutenu par le roi de France, il gagna Venise où il fonda, en 1470, un atelier dans lequel il créa le caractère romain d'imprimerie, couramment utilisé dans la typographie contemporaine. Elevé à la dignité de comte palatin par le pape Sixte IV, il a publié 150 ouvrages dont les exemplaires subsistants sont recherchés avec passion par les bibliophiles. Il mourut vers 1480, léguant à sa paroisse d'origine de Saint-Pierre une somme de 50 ducats d'or en souvenir de ses parents.

Le professeur Charles BOUCHARD (1837-1915) Une rue de Montier-en-Der porte le nom de cet illustre savant qui ne connut sans doute pas son pays natal, puisque son père, professeur de langue latine et directeur du petit collège, quitta son poste pour celui, plus important, de Joinville en 1839, alors que Charles né le 6 septembre 1837, avait à peine deux ans. En 1852, la famille Bouchard doit quitter Joinville, le père étant frappé d'une interdiction d'enseigner pour cause de sympathies républicaines un peu trop voyantes. Après de brillantes études à Lyon et à Paris, Charles Bouchard est nommé chef de clinique, agrégé, il est chargé de la Chaire d'histoire de la médecine, puis, en 1879, professeur de pathologie et thérapeutique générale à la Faculté de médecine de Paris. Il entre à l'Académie de médecine en 1887. Son œuvre est considérable, surtout dans le domaine de la microbiologie. En 1882 son ouvrage sur les maladies par ralentissement de la nutrition ouvrit des perspectives nouvelles en ce domaine. Il meurt le 28 octobre 1915 à Sainte-Foy-lès-Lyon. La municipalité dervoise décida de donner son nom à une rue. Le docteur Paul Le Gendre a rédigé la biographie de Charles Bouchard : « Un médecin philosophe, Charles Bouchard. Son œuvre et son temps (1837-1915). Paris. 1924. »