Initiative De Valorisation Des Capacités Africaines Endogènes Dans La Gouvernance Et La Prévention Des Conflits »
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« Initiative de valorisation des capacités africaines endogènes dans la gouvernance et la prévention des conflits » Tome 2 Compilation des documents de travail présentés à l’atelier de lancement de l’initiative SAH/D(2005)554 Octobre 2005 1 2 «INITIATIVE DE VALORISATION DES CAPACITÉS AFRICAINES ENDOGÈNES DANS LA GOUVERNANCE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS» ATELIER DE LANCEMENT Hôtel Mariador Palace Conakry (Guinée) 9 – 11 mars 2005 Tome 2 Documents de travail Octobre 2005 La responsabilité des propos contenus dans ce document n’incombe qu’à son seul auteur et n’engage en aucune façon ni le Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, ni l’OCDE. " Les documents traduits ne remplacent pas les documents originaux. Ils ont été préparés dans le seul but de faciliter les échanges qui ont suivi entre les participants francophones et anglophones". 3 4 Table des matières SESSION 1. « UN MODE DE PRÉVENTION ET DE RÉGULATION EN AFRIQUE DE L’OUEST : LA PARENTÉ À PLAISANTERIE »........................................................................................................................................................ 7 1.1 « La parenté à plaisanterie : origine historique, fonction préventive et régulatrice dans l’espace ouest-africain » (Djibril Tamsir Niane)................................................................................................... 7 1.2. La parenté plaisante. « Maat » ou le règne de l'harmonie sociale originelle (Babacar Sedikh Diouf)......................................................................................................................................................... 17 SESSION 2. « CULTURE, STRATÉGIES ET MÉCANISMES ENDOGÈNES DE MÉDIATION »............................... 23 2.1 Diplomatie africaine et culture de la médiation en Afrique (Seydina Oumar Sy) ......................... 23 2.2 Expériences et mécanismes de prévention et de médiation des conflits en Guinée Forestière (Tolo Beavogui)........................................................................................................................................ 29 2.3 Mécanismes et stratégies socio-culturelles traditionnelles dans la résolution des conflits : l’exemple de Aguene et Diambone (Saliou Sambou) ......................................................................... 43 SESSION 3. « FORMES ET MODES ENDOGÈNES DE GOUVERNANCE EN AFRIQUE DE L’OUEST.................... 49 3.1 Politologie africaine : quelques pistes de réflexion (Prof. Pathé Diagne) ........................................ 49 3.2 Formes endogènes de gouvernance et de prévention des conflits en Afrique de l'Ouest (Professeur Honorat Aguessy)............................................................................................................... 59 3.3 Gouvernance et prévention des conflits en Afrique (Yoroms Joses Gani) ...................................... 69 3.4 Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits (Bakary Fofana)............... 78 3.5 Capacités africaines endogènes en matière de gouvernance des conflits (Pr. Basile L. Guissou) 87 3.6 Les indications de l'histoire et de la culture des sociétés d'Afrique de l'Ouest sur le rôle des femmes dans la prévention et la gouvernance (Dr. Mariam Djibrilla Maiga) ................................ 95 3.7 Le pouvoir traditionnel et la gouvernance locale : le cas du Ghana (Emmanuel Kwesi Aning & Prosper Nii Nortey Addo).................................................................................................................... 108 3.8 Le pouvoir traditionnel et la gouvernance locale : l’expérience nigériane (Momoh Lawani Yesufu, Ph.D. fwc) ................................................................................................................................. 117 5 6 Session 1. « Un mode de prévention et de régulation en Afrique de l’Ouest : La parenté à plaisanterie » 1.1 « La parenté à plaisanterie : origine historique, fonction préventive et régulatrice dans l’espace ouest-africain » (Djibril Tamsir Niane) [Texte original français] L’Euphorie et le vent d’espoir que l’indépendance a engendré ont été de courte durée. Le mirage s’est évanoui, on n’a pas eu les lendemains qui chantent. Le désenchantement a été total ; ainsi l’histoire récente du continent est un long tissu d’apocalypses de famines, ponctués par des conflits sanglants qui dressent les ethnies, les villages et les états les uns contre les autres. Les seuls noms de certains pays évoquent horreurs, cruautés, souffrances de toutes sortes : Angola, Mozambique, Sierra Léone, Libéria ont défrayé la chronique en donnant de l’Afrique une triste image. L’horreur n’est pas finie, aujourd’hui nous vivons le drame du Soudan où des milliers de personnes déplacées offrent sur le petit écran un spectacle désolant d’enfants mourant de faim accrochés aux seins sans lait de mamans squelettiques. Et la Côte d’Ivoire naguère symbole de réussite économique et de la marche du continent vers la modernité, voit ses ethnies dressées qui s’entredéchirent. La bipartition du pays s’opère sous nos yeux. Lorsqu’un lieu d’horreur entre dans le calme, les cris des enfants et des femmes déchirent l’air dans le pays à côté où machettes et kalachnikov entrent en action. Ce retournement de situation, ce cauchemar inattendu a chassé l’attente du bonheur promis par l’indépendance ; les pauvres populations étonnées dans certains pays, soupirent avec nostalgie après la "paix coloniale" et se demandent à quoi a servi l’indépendance ; l’a-t-on réclamée pour s’entretuer ? La situation est grave car depuis au moins deux décennies, les conflits, la misère tendent à devenir endémiques. Quelle malédiction frappe le continent ! Au dire des spécialistes, dans les années 1980, les conflits ont causé plus de 3 millions de morts, on compte plus de 160 millions d’africains vivant dans des pays déchirés par les guerres. En 1994, le Rwanda a offert le spectacle d’un génocide ponctué d’atrocités inédites. La fin du XXème siècle a constitué véritablement les années sombres du continent. Mais pourquoi ces conflits, ces guerres intestines qui se multiplient à travers l’Afrique au Sud du Sahara. Mettre fin à ces conflits, instaurer la bonne gouvernance constituent un défi fondamental pour le continent. Il importe de connaître les causes des conflits si on veut trouver les remèdes qu’il faut. Mais les solutions parachutées s’avèrent inopérantes comme le souligne un document du PNUD : « Une compréhension conceptuelle des origines et de la dynamique des conflits africains est une condition préalable à l’élaboration et à l’application de concepts et stratégies réalistes et pertinents à prévenir, à gérer ou à régler les conflits »1. 1 Voir le défi de l’ethnicité et des conflits en Afrique. Nécessité d’un nouveau modèle Division des interventions d’urgence, par Sam. G. Amoo PNUD New York 1997, page 2. 7 Mais reconnaissons tout de suite que la recherche des causes des conflits en Afrique noire a débouché bien souvent sur des conclusions aberrantes. Bien souvent les experts commis à cette tâche sont partis de modèles préconçus ; on a souvent « déformé les réalités africaines pour les adapter à des théories bâties de toutes pièces. »2 Ainsi l’explication la plus courante sur les causes des conflits pose pour principe que « l’État africain multiethnique est fondamentalement conflictuel, la stabilité exige donc la transcendance du tribalisme par la modernité »3 . Point de vue d’experts lourd de conséquences car il ne s’agit ni plus ni moins que la condamnation des ethnies africaines. Ainsi, on dresse un mur entre les traditions africaines et la modernité. Disons le tout de suite il y a danger à diaboliser l’ethnie en faire la cause de tous nos maux. En réalité les causes des conflits sont à chercher ailleurs ; l’affrontement des ethnies est un effet, l’effet d’une politique. La cause des conflits est essentiellement due à la malgouvernance et à l’injustice qui frappent certaines catégories de la société. Ces frustrations, ce déni de justice est à l’origine de la plupart des conflits. A cela il faut ajouter la main cachée de l’ingérence étrangère. Chaque cas exige des explications spécifiques. Les richesses de certains pays ont été bien souvent la source de tous les maux (la Sierra Léone et ses diamants, la République Démocratique du Congo et ses richesses minières). Cependant le problème qui se pose face à ces conflits est de savoir si l’Afrique peut développer une culture de la paix, si l’Afrique possède des ressources pour instaurer une culture de la paix comme le souhaite le Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence lancé par les Nations Unies et brandi par l’UNESCO. Cela revient à se demander si les conflits sont congénitaux à l’existence des ethnies comme l’affirment certains spécialistes. Existe t-il une dynamique de la paix en Afrique ? Quelle est l’expérience africaine dans la prévention et la gestion des conflits. Voilà deux questions qui doivent nous préoccuper. Si les organisations internationales comme l’UNESCO, l’UNICEF et des ONG n’ont cessé de se pencher sur le problème de la paix en Afrique, il faut dire cependant que les Africains eux mêmes ne sont pas restés bras croisé : les États, l’Union Africaine et de nombreuses associations sont à pied d’œuvre pour conjurer le mal. Ce qui est remarquable, sur le terrain, souvent dans le feu de l’action même, des solutions ont surgi, des solutions purement africaines, endogènes. Nous citerons quelques cas. Ainsi, au plus fort des guerres civiles qui déchirèrent le Libéria et la Sierra