ENQUÊTE PUBLIQUE

du 5 mars au 4 avril 2018

PORTANT SUR LA DEMANDE D’AUTORISATION UNIQUE

POUR LA CREATION D’UN PARC EOLIEN DANS LE

DEPARTEMENT DE LA

SUR LE TERRITOIRE DES COMMUNES DE

TREVERAY et de SAINT-JOIRE

Société du parc éolien de Tréveray/Saint-Joire (SPETSJ)

RAPPORT D’ENQUÊTE AVEC AVIS MOTIVE DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR

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SOMMAIRE

PREMIERE PARTIE : RAPPORT D’ENQUÊTE

1 - Présentation 3

2 - Organisation de l’enquête et information du public 4

3 - Examen du dossier, contenu et évaluation 7

3.1 Contenu 7

3.2 Evaluation 8

4 - Déroulement de l’enquête et participation du public 15

5 - Examen détaillé de la contribution du public 16

6 - Questions du commissaire enquêteur sur les incidences du projet 28

DEUXIEME PARTIE : CONCLUSIONS ET AVIS 32

Recommandations du commissaire enquêteur 35

ANNEXES :

 PV de synthèse remis à M. Patrick BILLAS le 9 avril 2018

 Mémoire en réponse remis au commissaire enquêteur le 20 avril 2018

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PREMIERE PARTIE : RAPPORT D’ENQUÊTE

1 - PRESENTATION

Objet de l’enquête :

La présente enquête publique concerne le projet présenté par la Société du Parc Eolien de Tréveray/Saint-Joire (SPETSJ) pour l’implantation de 13 éoliennes d’une puissance unitaire maximale de 2,35 MW (soit 30,55 MW) et de 2 postes de livraison sur les communes de Tréveray (7 éoliennes) et de Saint-Joire (6 éoliennes).

Les éoliennes, disposées selon 3 alignements nord-sud sur le plateau Barrois, ne dépasseront pas 145 mètres en bout de pales conformément aux servitudes aéronautiques militaires. - Un alignement de 3 machines implantées dans le bois de Tréveray. - Deux alignements de 6 et 4 machines implantées en zone de culture intensive.

La production annuelle du parc éolien de Tréveray / Saint-Joire est estimée à 67.210 MWh équivalant à la consommation annuelle d’environ 50.000 habitants. Il devrait permettre d’éviter le rejet annuel d’environ de 20.160 tonnes de CO2 si cette même énergie provenait des énergies fossiles ou de 200kg de déchets radioactifs si elle était issue de l’énergie nucléaire.

La SPETSJ est une société du groupe LANGA spécialisé dans le domaine des énergies renouvelables : Eolien, Méthanisation, Biomasse et Photovoltaïque. Le projet de parc éolien de Tréveray / Saint-Joire a été développé par la société Billas Avenir Energie (BAE) basée à Maizières-les-Metz, M. Patrick BILLAS interlocuteur principal des élus et des acteurs locaux représentant le pétitionnaire. BAE et LANGA sont associés à TERRE et LAC Conseil en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage.

Le but de l’enquête publique est de faire connaître le projet à un large public afin de recueillir ses observations, contre-propositions et avis qu’ils soient favorables ou défavorables.

Cadre législatif et réglementaire :

A l’issue de cette enquête, Madame la préfète de la Meuse, après avoir pris en considération le rapport d’enquête et l’avis motivé du commissaire enquêteur, puis consulté différents organismes dont la CDNPS (Commission Départementale de la Nature des Paysages et des Sites), prendra un arrêté d’autorisation unique du projet ou un arrêté de rejet.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 a fusionné dans une seule et même procédure, dite « Autorisation Unique », plusieurs décisions nécessaires à la réalisation des projets éoliens. Cette nouvelle procédure permet pour le porteur de projet de réduire les délais d’instruction et le nombre d’interlocuteurs tout en assurant une plus grande sécurité juridique, le projet étant autorisé ou refusé en une seule fois. L’autorisation unique rassemble dans le même dossier : l’autorisation d’exploiter ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) - permis de construire délivré par l’état - dérogation aux espèces protégées (non demandée dans le projet présenté) - autorisation

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de défrichement - autorisation au titre du code de l’énergie - autorisation de la défense, accord de météo et de l’aviation civile.

S’il est positif, l’arrêté d’Autorisation Unique fixera les conditions d’installation et d’exploitation du parc éolien de la SPETSJ ainsi que les mesures spécifiques de préservation des enjeux environnementaux locaux étudiées entre les services de la préfecture de la Meuse, la DREAL et l’inspection des installations classées.

Contexte National

La France s’est fixé pour objectif d’atteindre 32% d’énergie renouvelable dans sa consommation totale d’énergie à l’horizon 2030. Ceci devant permettre de réduire l’utilisation d’énergies fossiles et de diminuer progressivement la part d’électricité issue du nucléaire. Au 31/12/2016, la France possédait 34 GWh de capacité éolienne installée (par comparaison, l’Allemagne en possédait 3 fois plus) et produisait annuellement 21TWh d’électricité éolienne représentant 4% des 531TWh d’électricité totale produite. Ce taux encore faible montre le chemin à parcourir pour l’atteinte de cet enjeu national.

Contexte régional et local

Avec une capacité de production éolienne de 2694 MW, dont 400 MW dans la Meuse et un parc de 1300 machines, le Grand-Est est une des régions accueillant le plus de projets éoliens. Fin 2016, la production d’électricité éolienne du Grand-Est couvrait 10,7% de sa consommation d’électricité. A proximité du projet, dans un rayon de 20 km, on recense 21 parcs éoliens totalisant 187 machines en service ou dûment autorisées.

2 - ORGANISATION DE L’ENQUÊTE ET INFORMATION DU PUBLIC

1°) Désignation du commissaire enquêteur et prise de contact :

Désigné commissaire enquêteur chargé de cette enquête par ordonnance n° E17000147/54 du 18 décembre 2017, j’ai pris contact avec l’autorité organisatrice de l’enquête Mme Sylvie KRISAN au Bureau des procédures environnementales de la Préfecture de la Meuse.

J’ai alors appris que l’enquête devait être différée du fait que le Conseil d’Etat, par décision du 6 décembre 2017, avait annulé la disposition du décret du 28 avril 2016 qui désignait le préfet de région en tant qu’autorité environnementale pour ce type de projet. La validité de l’ « Avis de L’Autorité Environnementale » versé au dossier devait donc être vérifiée.

Rappelé par Mme KRISAN le vendredi matin 2 février, nous avons convenu d’un rendez- vous dans l’après-midi. Nous nous sommes alors entretenus du dossier dont un exemplaire m’a été remis et avons envisagé les modalités de déroulement de l’enquête.

2°) Calendrier de l’enquête, permanences du commissaire enquêteur, mise à disposition du dossier :

Le calendrier de l’enquête a été rendu officiel par arrêté n°2018-323 de Madame la Préfète de la Meuse du 7 février 2018. Les permanences ont été fixées, à des jours et créneaux horaires différents, de façon à faciliter la venue du public.

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Durée de l’enquête : 31 jours consécutifs du 5 mars au 4 avril 2018.

Permanences du commissaire enquêteur :

- lundi 5 mars 2018 de 9h00 à 12h00 - mercredi 14 mars 2018 de 14h00 à 17h00 - samedi 24 mars 2018 de 9h00 à 12h00 - vendredi 30 mars 2018 de 9h00 à 12h00 - mercredi 4 avril 2018 de 16h00 à 19h00

Ces permanences se sont tenues au siège de l’enquête en mairie de Tréveray dans une salle située à l’entresol du bâtiment. Un ascenseur permettait l’accès de personnes à mobilité réduite. L’aménagement de la salle, spacieuse et confortable, a grandement facilité la présentation des différentes pièces constituant le dossier. En dehors de ces permanences, le dossier demeurait consultable dans les mairies de Tréveray et de Saint-Joire aux heures d’ouverture au public.

Le registre d’enquête unique qui m’avait été remis par la préfecture a été ouvert, coté et paraphé par mes soins le 5 mars au siège de l’enquête. En plus de ce registre, le public pouvait transmettre ses observations par courrier en mairie de Tréveray ou par internet via une adresse dédiée sur le site de la Préfecture de la Meuse.

En complément des 2 dossiers papier en mairies de Tréveray et de Saint-Joire, une version numérisée du dossier était consultable gratuitement dans les 24 mairies du périmètre règlementaire (BAUDIGNECOURT, BIENCOURT-SUR-ORGE, BONNET, , BURE, , , DAMMARIE-SUR-SAULX, DEMANGE-AUX-EAUX, HEVILLIERS, HOUDELAINCOURT, LIGNY-EN-BARROIS, , MANDRES-EN-BARROIS, MARSON-SUR- BARBOURE, , MONTIERS-SUR-SAULX, MORLEY, NAIX-AUX-FORGES, , , RIBEAUCOURT, SAINT-AMAND-SUR-ORNAIN, VILLERS-LE-SEC), et sur un poste informatique à la Préfecture de la Meuse. Pour compléter ce dispositif, les pièces du dossier étaient consultables et téléchargeables en ligne sur le site de la Préfecture www.meuse.gouv.fr

3°) Information du public, publicité de l’enquête :

En complément de l’information réglementaire, le pétitionnaire a fait distribuer, sur les communes de Tréveray et de Saint-Joire, une plaquette d’information de 4 pages, « Bulletin d’information n° 2 » distribuée entre le 22 et le 27 février 2018, préalablement à l’ouverture de l’enquête. Ce document décrit le projet final, souligne les avantages et les retombées locales du projet, aborde l’insertion paysagère, la réglementation acoustique et le financement participatif, prévient du déroulement de l’enquête publique. Cette plaquette d’information est reproduite en annexe 4 du mémoire en réponse.

Affichage réglementaire :

Quinze jours avant le début de l’enquête et pendant toute sa durée, affichage de « l’AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE » au siège de l’enquête, dans les mairies concernées et en extérieur à proximité du projet. Cet avis a aussi été publié sur le site internet de la Préfecture de la Meuse.

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L’affichage dans les mairies de Tréveray, de Saint-Joire et du périmètre réglementaire a été fait sous la responsabilité des maires. J’ai personnellement constaté la présence de cet affichage au siège de l’enquête à chaque arrivée à la mairie de Tréveray.

L’affichage au plus près du projet (au format A2 sur fond jaune) a été réalisé par le pétitionnaire à la croisée de routes et de chemins menant sur la zone du projet :

. Au bout du chemin rural dit de la Babonne, à l’intersection avec les chemins de remembrement dits de Couvertpuis et de Champs Murgon. . A l’intersection de la RD 31, entre Laneuville et Hévilliers et la voie communale n°4 de Tréveray à Biencourt.

J’ai personnellement pu constater la présence de l’affichage extérieur lors de mes visites de terrain le 20 février et le 20 mars 2018. Le choix des emplacements retenus m’est apparu judicieux.

Les affichages de l’avis d’enquête publique, dans les mairies et sur le terrain, ont été contrôlés par Huissier de Justice (SELARL Régis CAPPELAERE et Xavier PRUNAUX à Bar-le-Duc), à la demande du pétitionnaire, le 16 février, le 5 mars et le 4 avril 2018. Ces contrôles n’ont pas révélé de manquement.

Publicité légale :

Un Avis d’Enquête Publique a été publié dans deux journaux d’annonces légales comme suit :

Publication au moins quinze jours avant le début de l’enquête :

 L’Est Républicain le vendredi 16 février 2018  La Vie Agricole de la Meuse le vendredi 16 février 2018

Publication dans les huit jours de l’enquête :

 L’Est Républicain le mercredi 7 mars 2017  La Vie Agricole de la Meuse le vendredi 9 mars 2018

Les dispositions légales en matière d’affichage et de publicité ont bien été respectées.

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4°) Visite des lieux :

Ayant pris connaissance du dossier, j’ai rencontré le 20 février 2018 le pétitionnaire M. Patrick BILLAS et M. Denis STOLF, maire de la commune de Tréveray siège de l’enquête où j’ai pu voir la salle dans laquelle se tiendraient les permanences.

M. BILLAS, accompagné d’une personne de Terre et Lac Conseil m’a présenté les caractéristiques techniques et le processus d’élaboration de son projet. Il m’a ensuite fait visiter la zone d’implantation, et à quelques kilomètres, le champ éolien de Houdelaincourt qu’il a récemment développé.

En complément, pour vérifier quelques détails, je suis retourné au cours de l’enquête le 20 mars 2018 sur la zone d’implantation.

3 - EXAMEN DU DOSSIER CONTENU ET EVALUATION

3.1 Contenu du dossier mis à la disposition du public :

 Dossier de demande déposé le 16 décembre 2016 - Demande d’autorisation unique formulaire cerfa n°15293*01 - Annexe au formulaire de dépôt - Sommaire inversé - Volume dossier administratif pièces AU.1, AU.2, PJ.5, PJ.6, PJ.10 - Volume pièces AU.3, AU.4, AU.5 - A.U.6 Etude d’Impact sur l’Environnement (Jacquel et Chatillon) L’étude d’impact est une des pièces maîtresses du dossier de demande d’autorisation. En s’appuyant sur les données fournies par les études écologiques, chiroptérologique et acoustique, l’Etude d’Impact dresse l’état initial de l’environnement (milieu physique, naturel et humain), évalue l’incidence du projet sur ces milieux plus les incidences paysagères, compare 3 variantes d’implantation, propose des mesures de préservation et d’accompagnement et traite du démantèlement. - Résumé non technique Etude d’Impact sur l’Environnement (Jacquel et Chatillon) - Annexe 1 à l’Etude d’Impact sur l’Environnement : Etude Paysagère et Patrimoniale (Jacquel et Chatillon) - Annexe 1 à l’Etude d’Impact sur l’Environnement : Carnet de photomontages (Jacquel et Chatillon). Ce document compare, en 30 points du territoire situés autour du projet, la vue actuelle et la vue future en direction du projet. - Volume annexes II à VI Annexe II : Etudes écologiques - Etude d’incidence Natura 2000 (Ecolor) Annexe III : Etude Chiroptérologique (Envol Environnement) Annexe IV : Etude Acoustique (Venathec) Annexe V : Courriers reçus des organismes et administrations + liste des servitudes Annexe VI : Notice d’Impact à la demande d’autorisation de défrichement (Jacquel et Chatillon et Ecolor). Cette étude décrit le site objet du défrichement (topographie, géologie, ressource en eau, risques, milieu naturel, urbanisme et paysages), évalue les conséquences du défrichement sur l’environnement, décrit les mesures ERC (évitement, réduction, compensation) liées au défrichement. - AU.9 et PJ.3 Etude des dangers (Jacquel et Chatillon)

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Cette étude permet une approche rationnelle et objective des risques encourus par les personnes ou par l’environnement. - Résumé non technique Etude des Dangers (Jacquel et Chatillon) - Volume projet architectural AU.10.1, AU.10.2, AU.10.3, AU.10.4, AU.10.5, AU.10.6, AU.10.7

 Volume « Précisions et compléments suite au rapport de l’inspection des installations classées » mai 2017 et ses annexes : Dans un document de 25 pages, en s’appuyant sur les compléments des cabinets d’étude, le pétitionnaire répond point par point aux demandes de l’inspection des installations classées, Il comporte les pièces complémentaires demandées. - Annexe 1 : Rapport de l’inspection des installations classées du 23/03/2017 - Annexe 2 : Avis de RTE du 2/05/2017 - Annexe 3 : Mémoire en réponse du bureau d’études Ecolor - Annexe 4 : Comparaison des variantes (Jacquel et Chatillon) - Annexe 5 : Mémoire en réponse du bureau d’études Envol Environnement - Annexe 6 : Avis d’Orange du 17/04/2017 - Annexe 7 : Demande d’approbation de projet d’ouvrage en application du code de l’énergie et carte des réseaux électriques

 Avis de l’Autorité Environnementale du 05/12/2017 : Ce document de 11 pages évalue la qualité de l’Etude d’Impact et la prise en compte de l’environnement par le projet. Compte tenu du problème de droit évoqué en 2.1, l’avis est joint au dossier en tant que « consultation du Préfet de région sur la qualité environnementale du projet ». Il ressort de cet avis : « L’autorité environnementale considère que l’étude d’impact est proportionnée, de qualité satisfaisante et que le projet prend correctement en compte les principaux enjeux environnementaux » « L’étude de dangers est proportionnée aux risques présentés par les installations projetées. Elle respecte la démarche réglementaire d’évaluation des accidents potentiels relatifs à des installations classées pour la protection de l’environnement »

 Au premier jour de l’enquête, a été intégrée au dossier, à Tréveray et à Saint-Joire, la fiche d’enregistrement de la demande de permis de construire.

3.2 Evaluation du dossier et remarques du commissaire enquêteur :

L’examen du dossier m’a amené à formuler diverses remarques ou interrogations. Celles-ci ont été consignées dans mon procès-verbal de synthèse et le pétitionnaire y a répondu dans son mémoire en réponse du 20 avril 2018.

1°) sur la chronologie des pièces du dossier :

La chronologie des pièces du dossier n’apparaît pas clairement au public : dossier initial déposé le 16 décembre 2016 > rapport de l’inspection des installations classées du 23 mars 2017 (DREAL Grand Est) > mémoires en réponse des bureaux d’études Ecolor, Jacquel & Chatillon, Envol Environnement > suite à ces mémoires, dans un document de 25 pages de mai 2017, les précisions et compléments apportés par le porteur de projet > les pièces complémentaires demandées par l’inspection des installations classées (avis de RTE du 2 mai 2017, avis d’Orange du 27 avril 2017, demande d’approbation de projet d’ouvrage électrique spécifique à la pose de câbles souterrains) > l’avis de l’autorité environnementale du 5 décembre 2017. Ceci tend à réserver la lecture du dossier à un public averti.

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Une note de présentation, même succincte, accompagnée d’un bordereau des pièces retraçant la chronologie, aurait permis une meilleure lisibilité, notamment pour les personnes consultant le dossier en dehors des permanences du commissaire enquêteur.

Réponse du pétitionnaire :

La demande d’autorisation unique a été déposée et réputée complète sur la forme le 16 décembre 2016. Les services instructeurs ont souhaité obtenir des précisions complémentaires, notamment au sujet de la ligne Haute Tension de RTE et de la servitude liée au passage d’un câble souterrain de l’opérateur téléphonique Orange, retranscrites dans une demande de la Préfecture en date du 30 mars 2017.

Un mémoire en réponse répondant point par point aux demandes de l’inspection des installations classées a été déposé en Préfecture le 29 mai 2017. A la suite de l’examen de ces pièces complémentaires, l’Autorité Environnementale a été consultée par la Préfecture et a rendu un avis le 5 décembre 2017.

L’instruction du dossier s’est alors poursuivie par l’enquête publique, faisant l’objet du présent rapport.

Une note présentant l’historique de l’instruction du dossier aurait effectivement pu faciliter la compréhension des pièces du dossier par le public. Néanmoins, des éléments complémentaires qui n’auraient pas été instruits par l’administration ne peuvent normalement pas être ajoutés au dossier pour l’enquête publique. De ce fait, nous n’avions à notre connaissance pas la possibilité d’ajouter des éléments au dossier, telle qu’une note chronologique, entre l’obtention de l’avis de l’autorité environnementale et l’ouverture de l’enquête publique.

Pour chaque document transmis aux services instructeurs, nous avons veillé à présenter le contexte dans lequel ce document a été produit. C’est le cas notamment pour le dossier « Précisions et compléments suite au rapport de l’inspection des installations classées » de mai 2017, qui présente l’ensemble des éléments de contexte en préambule (cf. page 4 du rapport). Les documents connexes nécessaires à la compréhension du dossier (Rapport de l’inspection des installations classées du 23 mars 2017, avis de RTE, mémoire en réponse des bureaux d’étude, avis d’Orange, demande d’approbation de projet d’ouvrage) sont tous placés en annexe et rassemblés au sein d’un même document.

Il est à préciser que les pièces les plus importantes de ces dossiers font l’objet de résumé non technique (le dossier dans sa globalité ainsi que l’étude de danger), afin de permettre à un public non averti de comprendre les composantes essentielles du projet éolien, de ses enjeux et de ses impacts.

Pour les personnes qui souhaitent aller dans une analyse plus poussée du dossier, ces documents renvoient vers les annexes spécifiques dans lesquelles les résultats de chacune des études sont détaillés.

Cela étant, le pétitionnaire prend bonne note des remarques du commissaire enquêteur et travaillera de concert avec la Préfecture pour faire en sorte que la chronologie de l’instruction de ses projets soit davantage lisible lors de ses prochaines enquêtes publiques. Commentaire du commissaire enquêteur : Cette résolution revêtira d’autant plus d’importance pour les enquêtes de plus forte participation, notamment lors des consultations du dossier hors permanence.

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2°) Sur la mise en forme des documents :

Le résumé non technique de l’étude d’impact est étiqueté AU-6 alors qu’il est étiqueté AU-7 sur le bordereau des pièces de la demande d’autorisation unique et le sommaire inversé. L’étude paysagère et son carnet de photomontages est réputée être l’annexe I de l’étude d’impact. Or « Annexe I » n’est pas porté sur la page de garde du document.

Réponse du pétitionnaire :

L’étiquetage du résumé non technique, de l’étude paysagère et ses photomontages, est effectivement incorrect. Il s’agit d’erreurs de frappe lors de la mise en page et de l’assemblage de toutes les pièces nécessaires au dossier. Elles s’expliquent en partie par la nouvelle organisation des dossiers dans le cadre de l’expérimentation de l’autorisation unique, elle-même à nouveau modifiée dans la généralisation de l’autorisation environnementale, avec des pièces et des dénominations de fichiers différents. Le pétitionnaire pense cependant que ces erreurs bénignes n’ont pas eu d’incidence sur l’enquête publique et s’engage à être plus vigilant lors de ses prochains dossiers. Commentaire du commissaire enquêteur : Je confirme que ces erreurs matérielles ont eu peu d’incidence sur la qualité de la consultation du public.

3°) Sur la concertation préalable :

L’étude d’impact mentionne en page 20 la diffusion de plaquettes d’information aux habitants des communes de Saint-Joire et de Tréveray en mai 2016 mais aussi en juillet 2016. Or il semble qu’il s’agisse d’une seule et même plaquette intitulée « Projet Eolien de Tréveray Saint-Joire - Juillet 2016 - Bulletin d’information n°1 ». Le dernier bulletin d’information étant le bulletin n°2 distribué entre le 22 et le 27 février, préalablement à la présente enquête. De plus, il aurait été intéressant de dresser un bilan de la concertation préalable car, s’il est probable que le projet ait pu évoluer au fur et à mesure de la concertation avec les élus, au travers du Comité de Pilotage qui avait été mis en place, qu’en est-il de la réaction du public après la diffusion du bulletin n°1 de juillet 2016. Les éventuelles réactions ont-elles fait évoluer le projet ?

Réponse du pétitionnaire :

La page 22 de l’étude d’impact comporte effectivement une imprécision au sujet du premier bulletin d’information. Sa rédaction et sa diffusion au comité de pilotage ont été effectuées fin mai 2016 pour avis. Puis, après intégration des remarques et impression, ce premier bulletin a été distribué en juillet 2016 à la population.

Un second bulletin a été distribué aux habitants, en amont de l’enquête publique, afin de présenter l’implantation et les enjeux du projet. Il avait aussi pour objectif d’annoncer l’enquête publique, ses dates d’ouverture et de clôture, ainsi que la mise à disposition de l’ensemble du dossier et d’un registre visant à recueillir l’avis de la population en mairies (voir le bulletin en annexe 4).

Le contact de Patrick BILLAS est inscrit sur les deux versions distribuées : « Pour toute question, n’hésitez pas à contacter Patrick BILLAS (BAE) : 06 43 22 04 66 ». Néanmoins, aucune réaction n’a été recueillie suite à la diffusion des bulletins d’information. Le projet n’a donc pas évolué directement suite aux retours des citoyens après diffusion des bulletins d’information. En revanche, il a fait l’objet d’une évolution concertée avec les élus, les propriétaires, les exploitants agricoles, l’ONF, la DDT et les bureaux d’études tout en tenant informés les services de l’Etat. De

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nombreuses réunions et des visites sur site ont fait l’objet de comptes-rendus et de décisions des conseils municipaux. Elles ont jalonné le développement de ce projet durant près de quatre années pour aboutir au projet d’implantation tel que présenté lors de cette enquête. Commentaire du commissaire enquêteur : Ceci confirme le bon niveau de concertation entrepris par le pétitionnaire, tant sur le plan local qu’avec les administrations.

4°) Sur la côte sommitale des éoliennes :

La Direction de l’Aviation Civile indique, dans sa réponse du 2 septembre 2015, que le projet culmine à 518 mètres NGF. Or, la Direction de la circulation aérienne militaire mentionne, dans son courrier du 9 juin 2015, que l’altitude sommitale des aérogénérateurs, pales à la verticale, est limitée à 478 mètres NGF. Ceci laisse supposer que le projet initial était différent et que le projet définitif a été calé sur la côte 478 mètres NGF requise par les militaires. Qu’en est-il exactement ?

Réponse du pétitionnaire :

La Direction Générale de l’Aviation Civile et la Direction de la Circulation Aérienne Militaire ont été consultées sur la base d’une zone d’étude dont le point culminant était de 368 m. Les éoliennes envisagées à cette époque avaient une hauteur totale de 150 m et culminaient théoriquement à 518 m NGF maximum.

A la suite de la réponse de l’armée, contraignant le projet à une hauteur maximale de 478 m NGF, la cote sommitale des éoliennes a donc été revue pour respecter la hauteur la plus restrictive. Le choix des implantations et des gabarits a donc évolué jusqu’au projet retenu dont les dimensions sont précisées aux pages 152 à 157 de l’étude d’impact. Commentaire du commissaire enquêteur : Le projet a effectivement évolué au fur et à mesure de son élaboration

5°) Sur l’absence de désignation du poste source sur lequel sera raccordé le parc éolien :

Alors que le dossier comporte toutes les précisions concernant le raccordement des éoliennes aux deux postes de livraison (PDL), rien n’est dit sur le raccordement entre les PDL et le poste source (réseau Enedis). Avons-nous la certitude que le raccordement entre les PDL et le poste source sera souterrain ? Le passage en souterrain est primordial pour ne pas ajouter de poteaux dans un environnement paysager déjà très perturbé par les parcs éoliens environnants et les pylônes de la ligne RTE liaison 63kV Chancenay-Houdelaincourt. Cette remarque est à rapprocher des observations n°2 et 3 de Messieurs les maires de Naives- en-Blois et de Bovée-sur-Barboure.

Réponse du pétitionnaire :

Le réseau électrique externe relie le ou les postes de livraison avec un poste source (transformateur HTA / HTB frontière entre le réseau public de transport d’électricité géré par RTE et le réseau public de distribution d’électricité géré par Enedis). Le choix du poste-source et du tracé du raccordement au réseau public, ainsi que sa réalisation même, sont de la compétence du gestionnaire du dit réseau (dans le cas présent : Enedis). Le câble souterrain qui relie le projet au poste source est la propriété du gestionnaire de réseau. La proposition de raccordement définitive (poste source et tracé de raccordement) sera produite par Enedis lors de la demande de Proposition Technique et Financière, que le pétitionnaire ne peut initier qu’après l’obtention de l’autorisation pour construire et exploiter le parc éolien. La solution de

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raccordement reflètera le meilleur parti économique, conformément à la réglementation en vigueur. Enedis gèrera les accords fonciers nécessaires, le choix des entreprises sous-traitantes et assurera la maitrise d’ouvrage du chantier de raccordement. Les pages 160 et 161 de l’étude d’impact exposent les possibilités de raccordement avec une cartographie des postes sources envisagés au moment du dépôt de la demande d’autorisation unique : les postes source de Ligny-en-Barrois et de Voir étaient pressentis fin 2016. Depuis, le réseau électrique a évolué, de nouvelles installations se sont raccordées et de nouvelles capacités doivent être mises en œuvre dans le cadre des S3REnR (Schéma Régional de Raccordement au Réseau des Energies Renouvelables). Le décret n° 2012-533 du 20 avril 2012 relatif aux S3REnR dans son article 14 indique que « les gestionnaires de réseaux publics proposent la solution de raccordement sur le poste le plus proche disposant d’une capacité réservée, en application de l’article 12, suffisante pour satisfaire la puissance de raccordement demandée ». Comme précisé ci-dessus et à la page 161 de l’étude d’impact, le choix du poste source ne sera donc effectif qu’après la réalisation d’une proposition technique et financière (PTF) par le gestionnaire de réseau. Cette PTF indiquera les conditions techniques et financières du raccordement ainsi qu’une estimation des délais. Cette demande de PTF auprès du gestionnaire de réseau ne peut se faire qu’après obtention des autorisations administratives pour construire et exploiter le parc éolien. Enfin, comme indiqué en page 170 de l’étude d’impact, le réseau électrique sera intégralement enterré afin de limiter les impacts paysagers et environnementaux. De ce fait, aucune nouvelle ligne aérienne ne sera créée pour raccorder le parc éolien au réseau électrique national. Il s’agit d’un engagement du pétitionnaire qui pourra être repris dans l’arrêté préfectoral autorisant le projet au terme de l’instruction. Commentaires du commissaire enquêteur : Nous avons finalement l’assurance que le réseau entre les postes de livraison et le poste source sera intégralement enterré. Il est toutefois dommage, vu l’éloignement des postes source envisagés, que l’étude d’impact ne puisse traiter précisément du sujet. Nous pouvons juger de l’importance de ce problème à l’analyse des observations n° 2 et 3.

6°) Sur l’avis de L’Autorité Environnementale :

« L’autorité environnementale considère que l’étude d’impact est proportionnée, de qualité satisfaisante et que le projet prend en compte les principaux enjeux environnementaux. »

Toutefois, deux appréciations indiquent que l’étude d’impact pourrait être améliorée :

 page 2 synthèse de l’avis : « Les cartes d’enjeux environnementaux présentées font rarement apparaître le positionnement envisagé des éoliennes, ce qui rend plus difficile l’appréciation des impacts liés à leur implantation. »

 page 8 synthèse des impacts : « S’agissant des enjeux liés au milieu naturel, des précisions auraient cependant été attendues. » Il n’est cependant pas clairement indiqué sur quels points l’AE attendait des précisions, ni s’il s’agit d’une appréciation sur les réponses apportées dans le document « Précisions et compléments suite au rapport de l’inspection des installations classées ». Je pense que la remarque porte sur les zones d’habitat de l’Alyte accoucheur et sur les zones défrichées favorables aux chiroptères, l’AE estimant dans le paragraphe qui suit que ce sont des secteurs à sensibilité forte.

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Réponse du pétitionnaire :

Page 2 synthèse de l’avis :

La première partie de l’étude d’impact environnementale vise à décrire et présenter l’état initial de l’environnement. Comme indiqué dans le guide relatif à l’élaboration des études d’impacts des projets de parcs éoliens terrestres (MEEM, 2016), « l’analyse de l’état initial a pour objectif d’identifier, d’analyser et de hiérarchiser l’ensemble des enjeux existants à l’état actuel de la zone et des milieux susceptibles d’être affectés par le projet, en vue de fixer le cahier des charges environnemental que le projet devra respecter et évaluer les impacts prévisionnels ».

En outre, il s’agit de dresser un état zéro et d’évaluer les enjeux du site. Toujours dans ce document qui fait référence, il est précisé qu’un enjeu est « une valeur prise par une fonction ou un usage, un territoire ou un milieu au regard de préoccupations écologiques, patrimoniales, paysagères, sociologiques, de qualité de la vie et de santé. La notion d’enjeu est indépendante de celle d’un effet ou d’impact. ».

Ainsi, l’objectif de l’état initial n’est pas de présenter les impacts liés à l’implantation des éoliennes, mais bien de connaître les enjeux du site pour permettre au développeur d’intégrer les sensibilités environnementales à la construction du projet.

A ce stade de l’étude, l’implantation définitive du parc n’est donc pas connue, ce qui explique que les éoliennes n’apparaissent pas sur les cartes présentant les enjeux environnementaux. C’est sur la base de l’état initial que les différentes variantes ont ensuite pu être proposées, pour finalement retenir la variante de moindre impact.

Page 8 synthèse des impacts :

 Enjeux liés aux zones d’habitats de l’Alyte accoucheur Page 88 de l’étude d’impacts, on peut lire que « les enjeux liés aux amphibiens sont surtout liés à la présence de l’Alyte accoucheur (espèce inscrite à l’annexe 4 de la directive habitat). […] L’Alyte accoucheur n’a été noté que dans le bois de Tréveray mais sa répartition est peut-être plus vaste car le projet se trouve en plein dans son aire de répartition meusienne. Sa présence sur le plateau agricole est assez peu probable au vu de l’intensité des pratiques agricoles. Il n’a pas été trouvé dans la vallée de l’Ormançon où sa présence reste toutefois vraisemblable. Avec près d’une dizaine d’individus entendus, la population locale dépasse vraisemblablement les 30 individus. ».

La carte 53 qui suit présente également l’ensemble des localisations des observations de l’Alyte accoucheur dans le bois de Tréveray. La Carte 54 de l’étude d’impact qui présente la synthèse des enjeux écologiques (hors chiroptères) fait bien état de la présence de l’Alyte accoucheur dans le bois de Tréveray, et attribue un enjeu fort au site où l’espèce a été localisée lors des observations. Enfin page 106 de l’étude d’impacts, on peut lire que « Les enjeux liés aux amphibiens sont surtout liés à la présence de l’Alyte accoucheur, aucun enjeu n’est en revanche retenu concernant les reptiles ».

Les incidences potentielles du projet sur cette espèce sont liées à la destruction ou le dérangement d’habitat ainsi que la destruction d’espèce. Ces risques sont clairement identifiés dans l’étude d’impact (pages 183 et 242 de l’étude d’impact). Il apparaît donc que l’enjeu relatif à la présence de l’Alyte accoucheur a clairement été identifié et hiérarchisé dans le cadre de cette étude.

Dans l’étude d’impact à la page 178, il est indiqué que le risque d’impact résiduel potentiel pourra être qualifié de nul et réduit au seul risque accidentel et imprévisible. Néanmoins, en page 233 de l’étude d’impact, des mesures relatives aux amphibiens et notamment à l’Alyte Accoucheur, sont prévues, telles que le remblaiement d’ornières (avant démarrage des travaux et hors période de reproduction), susceptibles de créer des poches d’eau favorables à l’espèce, ceci afin d’anticiper tout risque de destruction de l’espèce. Il est également prévu au besoin, la mise en place de clôtures temporaires le long des chemins d’accès, aux abords des sites potentiels de reproductions. Le pétitionnaire s’est d’ailleurs engagé sur la vérification de la prise en compte de ces mesures, par le

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passage d’un écologue, avant le démarrage des travaux. Compte tenu de la mise en œuvre de ces mesures, les incidences résiduelles du projet (destruction d’habitat ou destruction d’espèces) sont respectivement considérées comme nulles et non significative.

 Enjeux liés aux zones défrichées favorables aux chiroptères Le bureau d’études Envol Environnement a fourni des résultats très complets permettant d’évaluer l’activité chiroptérologique du site. Pour l’ensemble du cycle biologique des espèces, la richesse spécifique ainsi que la patrimonialité des espèces détectées sont présentées. La répartition quantitative de l’activité chiroptérologique ainsi que la répartition spatiale de l’activité ont également fait l’objet d’études. L’ensemble de ces résultats a permis de concevoir la carte des enjeux présentée page 105 de l’étude d’impact, sur laquelle on peut lire effectivement que les zones boisées représentent des enjeux modérés pour les espèces, au regard des activités, et que les niveaux d’enjeux chiroptérologiques les plus élevés, qualifiés de très forts, sont définis pour les lisières boisées.

Page 124 de l’étude d’Envol Environnement, on peut lire que « Dans le cadre du projet éolien de Tréveray, les travaux liés à l’installation des éoliennes en boisement sont susceptibles de générer des dérangements dans le cas où des chiroptères gîteraient dans les arbres à proximité immédiate. » puis, sur la même page on peut lire que « Les chiroptères sont sensibles à toute perte d’habitat. Il peut y avoir destruction de gîtes si l’implantation se fait au sein des boisements ou perte de territoire de chasse pour de nombreuses espèces si l’implantation se fait à proximité immédiate des boisements. Ici, les espèces les plus sensibles à la perte d’habitats seront les espèces arboricoles comme les noctules ou encore des murins inféodés aux milieux forestiers comme le Murin de Bechstein qui peuvent potentiellement subir une perte partielle de gîtes en cas d’implantation en boisement. Pour autant, au regard du type de projet qui est envisagé (projet éolien), nous estimons que la sensibilité chiroptérologique liée à la dégradation et la perte d’habitat en conséquence de l’implantation des éoliennes sera faible. En effet, les surfaces d’emprise des éoliennes sont relativement faibles par rapport à la totalité de la zone d’implantation potentielle. Les territoires de chasse, principalement situés au niveau des lisières de boisements, sont nombreux. La perte de territoire de chasse ne sera que partielle et très limitée ».

Ainsi, les enjeux liés au défrichement de zones favorables aux chiroptères ont été correctement identifiés dans le cadre de l’étude d’impact.

Par ailleurs, des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des incidences ont été proposées par le bureau d’études d’Envol Environnement et reprises à son compte par le pétitionnaire. En phase de construction notamment, les travaux de défrichement seront réalisés en dehors des périodes de mise-bas et d’hibernation, soit entre mi-août et mi-octobre. De plus, afin de s’assurer de l’absence de destruction d’individus, un suivi chiroptérologique de chantier sera effectué. Il consistera à identifier, préalablement aux travaux, les éventuelles zones de gîtages qui seront préservées. En phase d’exploitation, un bridage préventif des 3 éoliennes en forêt sera appliqué entre mi-mai et mi-novembre, durant toutes les nuits où le vent sera inférieur à 6 mètres par seconde et les températures supérieures à 10°C. Cette mesure est reconnue comme très efficace pour réduire les effets de mortalité puisque 90 à 95% des coactivités sont alors généralement évitées.

Un suivi de mortalité sera mis en place durant les 3 premières années de fonctionnement du parc, ce qui permettra d’affiner/compléter ces mesures si nécessaires. En effet « si les résultats du suivi chiroptérologique font ressortir une importante mortalité des chiroptères au niveau d’une ou plusieurs éoliennes, un système d’asservissement des éoliennes sera mis en place sur la ou les éoliennes concernées » (page 236 de l’étude d’impact environnementale).

Pour conclure, on peut lire à la page 182 du dossier d’étude d’impact que l’aménagement des trois éoliennes en forêt a été défini en concertation avec les élus, les experts écologues, la DDT, l’ONF et les porteurs du projet. L’annexe VI de l’étude d’impact « Notice d’impact de la demande d’autorisation de défrichement », évalue précisément l’impact du défrichement et rend compte de la concertation entre les différents intervenants ayant conduit au projet retenu.

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4 - DEROULEMENT DE L’ENQUÊTE ET PARTICIPATION DU PUBLIC :

L’enquête publique qui m’a été confiée s’est déroulée dans de très bonnes conditions, notamment matérielles (signalétique de la salle, accès PMR, grande table permettant de présenter toutes les pièces du dossier).

J’ai reçu toute l’attention et l’écoute nécessaire de la part de l’autorité organisatrice Préfecture de la Meuse, du pétitionnaire et de la commune de Tréveray.

Aucune difficulté ou incident majeur n’est à signaler.

A l’ouverture de l’enquête, le 5 mars à 9h00, en répertoriant toutes les pièces du dossier, j’ai constaté l’absence de l’ « Avis de l’Autorité Environnementale ». Ceci a immédiatement été résolu avec le concours du secrétariat de mairie.

Le public a manifesté son intérêt pour ou contre le projet éolien de Tréveray / Saint-Joire de la manière suivante :

• Permanences en mairie de Tréveray : 4 personnes reçues dont trois ont porté des observations sur le registre d’enquête (observations n°1, 2, 3). • Courriers reçus : 3 mails reçus à l’adresse mail de la mairie de Tréveray « [email protected] » (observations n°4, 5, 6). • A l’adresse électronique réservée à cet effet sur le site de la préfecture : 1 contribution (observation n°7).

Cette faible participation présume que la concertation préalable avec les deux conseils municipaux et l’information des habitants, par la diffusion de 2 bulletins d’information, ont été efficaces. D’autre part, la présence de plusieurs champs éoliens à proximité fait que la population locale s’est sans doute habituée à vivre dans leur environnement.

Compléments apportés par le pétitionnaire : Il est effectivement probable que la bonne communication par les élus des communes concernées, ainsi que par le pétitionnaire, a permis de lever les principales interrogations des habitants préalablement à l’enquête publique. Il est à noter que les élus ont été questionnés par quelques habitants à l’issue du premier bulletin d’information sur la position de la zone d’étude. La distance d’éloignement importante du projet aux premières habitations est sans doute également un facteur de levée des inquiétudes des riverains. D’autre part, la présence de champs éoliens alentours peut également favoriser l’acceptation d’un projet supplémentaire comme le montre deux récentes études sur l’acceptation à proximité de parcs éoliens. Ces études montrent que le taux d’acceptation des projets éoliens par les populations est plus important lorsque des éoliennes sont déjà présentes dans le secteur :  France Energie Eolienne (septembre 2016), « Etude d'opinion auprès des riverains de parcs éoliens, des élus et du grand public » http://fee.asso.fr/wp-content/uploads/2016/09/Synthe%CC%80se_masque.pdf  Syndicat des énergies renouvelables, sondage BVA (février 2016), « Vivre à proximité d’un site éolien » http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1818/fichier_bva_syndicat_des_energies_renouvelables_- _vivre_a_proximite_dun_site_eolien268d6.pdf

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A l’issue de la cinquième et dernière permanence, le 4 avril 2018 à 19h00, j’ai clos et conservé le registre d’enquête pour le remettre ultérieurement à l’autorité organisatrice.

J’ai ensuite rédigé mon procès-verbal de synthèse et pris rendez-vous avec M. BILLAS.

Ce document, qui présente les observations reçues du public mais aussi mes propres interrogations, lui a été remis et commenté, en présence des maires de Tréveray et de Saint- Joire, le lundi 9 avril avant que nous prenions rendez-vous pour la remise du mémoire en réponse.

Le vendredi 20 avril 2018, toujours en présence des maires de Tréveray et de Saint-Joire, M. BILLAS m’a remis son mémoire et expliqué point par point les réponses et précisions apportées.

5 - EXAMEN DETAILLE DE LA CONTRIBUTION DU PUBLIC :

OBSERVATION ORALE :

Le 5 mars, Monsieur ROSSI Pierre, habitant de Tréveray, est venu à la première permanence me faire connaître son opposition à l’installation de trois éoliennes dans les bois de Tréveray. Après en avoir discuté, notamment sur les mesures compensatoires prévues, j’ai proposé à M. ROSSI de consigner ses observations sur le registre d’enquête ou par courrier. Il m’a alors laissé entendre qu’il le ferait ultérieurement mais, au dernier jour de l’enquête, sa désapprobation n’était pas consignée, ni sur le registre, ni par courrier. Cette observation est à rapprocher de la contribution de M. DESPLANCHES (obs. n°7).

Réponse du pétitionnaire :

Compte tenu de l’absence de consignation des observations de Monsieur ROSSI dans le registre, nous ne savons pas pour quelles raisons précises celui-ci s’oppose à la présence d’éoliennes en forêt. Il est utile de souligner que des études précises concernant l’implantation des trois éoliennes en forêt ont été réalisées, et permettent de conclure que le risque d’impact sera très limité, tant pour les espèces de chiroptères que pour l’avifaune. Des mesures adaptées aux enjeux ont été proposées (travaux hors période de reproduction, suivi écologique de chantier, bridage des éoliennes en période de sensibilités chiroptérologique, création d’îlots de sénescence, enrichissement des peuplements forestiers, plantation/déplacement de haie, etc.) et des suivis post-implantation seront réalisés pour permettre de s’assurer de l’efficacité de ces mesures. En fonction des résultats des suivis, ces mesures pourront être réévaluées. Commentaires du commissaire enquêteur : Les mesures environnementales proposées me paraissent répondre aux objections supposées de M. ROSSI

OBSERVATIONS ECRITES n° 1 à 7 :

Les contributions écrites du public sont reproduites en annexes du PV de synthèse.

Il est singulier de constater que les observations écrites proviennent de personnes n’habitant pas sur les territoires de Tréveray et de Saint-Joire.

Observation n°1

De Mme TOUSSAINT SERROTTI Mireille, 2 petite rue à Bovée-sur-Barboure « J’ai parcouru le dossier, je constate encore une fois l’impact sur le paysage, j’ai des questions.

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Pourquoi un nouveau plutôt que de compléter les existants ? 2 en plus à Reffroy, 2 en plus à Méligny, 9 en plus à Demanges, 1 projet à Gérauvilliers, 1 étude à Bovée Naives Méligny et aussi Chanteraine….Quand arrêtera-t-on ? Combien en faut-il ? Combien en Meuse à ce jour ? J’habite Bovée-sur-Barboure, je suis malade des installations éoliennes depuis le début 2005 à Reffroy. Comment vivre avec LE BRUIT, ce visuel chaque jour, toute l’année, comment se balader, lire sur sa terrasse, récolter les fruits au verger…..le quotidien, 1 vie, il faudrait étudier le vécu des habitants. Je reste à votre disposition. »

Mme TOUSSAINT SERROTTI me paraît victime d’un syndrome dû à l’encerclement par les parcs éoliens présents autour de son domicile. Est-ce un trouble fréquent, reconnu et mesurable ? Existe-t-il des études portant sur le vécu des populations vivant depuis plusieurs années autour de parcs éoliens ? M. DESPLANCHES (observation n°7) évoque aussi ce problème de saturation.

Réponse du pétitionnaire :

L’arrêté du 26 août 2011 impose aux parcs éoliens soumis au régime de l’autorisation (au titre des ICPE) une distance minimale d’implantation de 500 mètres au-delà de toute habitation. De plus, la réglementation en vigueur impose que, lorsque le bruit ambiant dépasse 35dB, l’émergence soit limitée à 5 dB(A) le jour (7h-22h) et 3 dB(A) la nuit (22h-7h). Ces taux sont très bas puisque 3 dB(A) correspond au seuil de perception par l’oreille humaine.

L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rappelle que les éoliennes émettent des infrasons (bruits inférieurs à 20Hz) et des basses fréquences sonores. L’étude menée par l’agence en mars 2017 montre qu’en respectant la réglementation (distance minimale de 500 m par rapport aux habitations), « les infrasons produits par les éoliennes

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ne dépassent pas les seuils d’audibilité. Par conséquent, la gêne liée au bruit audible potentiellement ressentie par les personnes autour des parcs éoliens concerne essentiellement les fréquences supérieures à 50Hz. »

L’Allemagne est le pays européen comptant le plus d’éoliennes installées. Selon une étude de l’Office bavarois de protection de l’environnement intitulée « Eoliennes : les infrasons portent-ils atteinte à notre santé ? » (Février 2015), les scientifiques affirment que « en matière d’infrasons, l’émission sonore due aux éoliennes est nettement inférieure à la limite de perception auditive de l’Homme et ne provoque donc aucune nuisance ». Ils ont également remarqué que le bruit produit par le vent était bien plus important que celui occasionné par l’éolienne. Dans un contexte plus général, une étude d’opinion auprès des riverains de parcs éoliens, des élus et du grand public a été publiée par France Energie Eolienne en septembre 2016. L’enquête a été menée sur un échantillon de 504 personnes représentatif de la population française, habitant dans une commune située à moins de 1000 m d’un parc éolien. Les résultats montrent que 75% des riverains ont une image positive des énergies éoliennes (77% d’image positive pour le grand public). Seulement 10% ont été mécontents d’apprendre la construction d’un parc éolien près de chez eux. Les contrariés évoquent un sentiment de saturation, des dégradations engendrées par les travaux, des nuisances sonores, redoutent une dépréciation de l’immobilier, et d’autres parfois, expriment un sentiment d’injustice, avec l’idée que certains en profitent largement, quand d’autres n’en récoltent que les inconvénients.

Un autre sondage a été réalisé par BVA (Société d’études et conseil, spécialiste de l’analyse comportementale) pour le compte du syndicat des énergies renouvelables en février 2016. L’étude a été menée à l’occasion de l’examen du projet de loi en faveur de la Transition Energétique lié à l’amendement par le Sénat le 18 février 2015 visant à faire passer de 500m à 1000m la distance minimum séparant une éolienne des habitations. L’échantillon se compose de 900 habitants de communes situées le plus près possible d’un site éolien (minimum 600m). L’analyse résulte que 84% des personnes interrogées considèrent que les éoliennes sont situées à la bonne distance par rapport à leur habitation. De plus, 87% déclarent ne pas les entendre et seulement 4% des riverains ressentent une gêne importante au niveau du bruit. Au final, les résultats mettent en avant que les riverains les plus éloignés surévaluent le bruit des éoliennes. Par conséquent, « le ressenti des nuisances sonores augmente avec l’éloignement des mâts ».

Il est nécessaire de rappeler que le projet éolien de Tréveray – Saint-Joire se situe à environ 830 m de la première habitation (construction isolée dans la vallée de l’Ormancon), à plus d’un kilomètre de la seconde habitation (ferme isolée d’Hariésard), et à plus d’1,5 km des villages les plus proches, distances bien supérieures à la réglementation, afin de diminuer encore le risque de nuisances

Par ailleurs, dans le cadre du projet, les mesures relatives au niveau acoustique ont été réalisées par le bureau d’études VENATHEC. L’étude acoustique démontre que le projet ne dépasse aucun seuil réglementaire sur les zones d’habitations étudiées et donc qu’il respectera la réglementation en vigueur. Enfin, le porteur de projet s’engage à réaliser une campagne de mesures de réceptions acoustiques après mise en service du parc éolien pour confirmer le respect de la réglementation et, le cas échéant, adapter son plan de fonctionnement optimisé. Madame TOUSSAINT SERROTTI demeure sur la commune de Bovée-sur-Barboure, soit à plus de 10 km de la zone du projet, elle ne sera donc pas affectée par ce projet compte tenu de son éloignement. De plus, on peut remarquer de nombreux boisements et reliefs entre sa demeure et la zone d’étude qui joueront un rôle de masques visuels.

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Commentaires du commissaire enquêteur : Sur le bruit, je note l’engagement du pétitionnaire de réaliser une campagne de mesures acoustiques après mise en service du parc et si nécessaire d’adapter son plan de fonctionnement.

Sur l’aspect visuel ressenti par Mme TOUSSAINT SERROTI, la densité des parcs présents sur ce secteur (21 parcs dans un rayon de 20km) pourrait à terme paraître excessive à une partie de la population.

Observations n°2 et 3

De M. VAUTHIER Daniel maire de Naives-en-Blois (observation n°2) « Ma commune vient de subir le passage de 3 câbles électriques éoliens, nous n’en voulons plus ! (pour 3 parcs éoliens différents). L’AFR dit non, les exploitants traversés disent non, le maire et son conseil dit non. Prévoyez une autre destination du branchement que celle de VOID. Les parcs éoliens raccordés sont Meligny-le-Grand (il y a 5 à 10 ans), Bovée-sur-Barboure (environ 5 ans), Demanges-aux-Eaux (en cours) Aucun intérêt pour la commune, que des contraintes, ennuis, etc… »

Sans l’écrire, M. VAUTHIER m’a fait part de problèmes avec la société Enedis : - Machine en panne en travers d’un chemin pendant plusieurs semaines obligeant à rouler dans les champs, - Aucune concertation sur le tracé des câbles imposé par Enedis, - Chemins dégradés et non remis en état, - Relations difficiles par manque de considération des représentants d’Enedis.

De M. LEROUX Dominique, maire de Bovée-sur-Barboure et président de l’Association Foncière (observation n°3) « La commune de Bovée-sur-Barboure vient de subir le passage de 3 câbles électriques éoliens, nous n’en voulons plus pour les prochains parcs éoliens. Problème : les chemins et aucun intérêt pour la commune de Bovée-sur-Barboure. »

Vu les problèmes posés par ces deux maires, il aurait été important de connaître le tracé du

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raccordement du parc éolien au réseau public d’électricité Enedis. Il est paradoxal de constater que le dossier nous informe de façon détaillée sur les raccordements internes au parc éolien alors que rien n’est dit sur son raccordement au réseau.

Puisqu’ils payent les travaux de raccordement Enedis, les maîtres d’ouvrages de parcs éoliens ont-ils le pouvoir de contrôler la qualité du travail effectué ? Un PV de réception des travaux en présence des maires des communes traversées, du maître d’ouvrage éolien, et d’Enedis est-il fait ?

Réponse du pétitionnaire : En réponse à Messieurs VAUTHIER et LEROUX, il est indiqué en page 161 de l’étude d’impact que les deux postes initialement envisagés au moment du dépôt du dossier sont les postes source de Ligny- en Barrois et de Void. Comme développé au paragraphe « 1.5 Absence de désignation du poste source » du présent mémoire, au stade de l’étude et du dépôt du projet, il est impossible de prévoir de manière certaine quel sera le poste de raccordement, surtout lorsque plusieurs postes aux alentours possèdent de la capacité.

La durée de développement d’un projet éolien en France est de l’ordre de 7 à 8 ans en moyenne. Le gestionnaire de réseau, n’ayant aucune certitude sur la réalisation ou non des projets à l’étude ou en instruction, préfère attendre que les autorisations soient délivrées pour enclencher les études de raccordement et statuer. Le pétitionnaire ne peut donc faire une demande de raccordement qu’une fois l’arrêté d’autorisation d’exploiter de parc délivré. A ce stade du projet, il n’est donc pas possible de connaître exactement le tracé du raccordement du parc éolien au réseau public d’électricité.

Le pétitionnaire est en charge de la bonne réalisation des travaux dans le secteur de la zone du projet, chantier, accès etc. Un constat d’huissier sera réalisé sur les espaces considérés comme à « risque » potentiel (exemples d’habitations ou de trottoirs pouvant se trouver dans un virage d’accès pour les convois et camions). Par ailleurs, un état des lieux avant/après les travaux pourra être réalisé avec les maires des communes concernées pour s’assurer de la conformité des travaux et de la bonne remise en état.

ENEDIS est responsable de la bonne exécution des travaux de raccordement qu’il réalise. Les communes constatant un défaut de bonne exécution peuvent donc s’adresser directement à ENEDIS pour faire constater les manquements. Dans un deuxième temps, les communes peuvent également contacter le maître d’ouvrage, qui sera en mesure de rappeler à ENEDIS ses obligations. Commentaires du commissaire enquêteur : Sur le principe, tout est dit. Reste à convaincre Enedis d’assurer un meilleur suivi qualitatif des ses interventions. Il me semble que ce problème devrait être mieux pris en compte vu la multiplication de parcs éoliens.

Observations n°4, 5 et 6

Le mode de dépôt de ces observations, déposées dans la boîte mail de la mairie de Tréveray, n’est pas spécifié dans l’arrêté préfectoral d’ouverture de l’enquête. La procédure retenue pour le dépôt des observations par courrier électronique étant à l’adresse « [email protected] ». Considérant qu’il pouvait y avoir confusion dans l’esprit du public entre courrier, courrier électronique et courriel, j’ai tout de même pris connaissance de ces courriels. Ils proviennent de Marie-Annick FLORENTIN, Vincent LOPPIN et Remy BOUR maire de Houdelaincourt. Ces personnes vantent les louanges des investisseurs et des entreprises ayant contribué à la réalisation récente d’un projet éolien sur Houdelaincourt.

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Même s’il peut être intéressant pour le public :

- de savoir que les intervenants du projet Tréveray/Saint-Joire sont les mêmes que pour l’opération de Houdelaincourt (élément dont j’avais connaissance, ayant visité pour mon information le site de Houdelaincourt, y étant invité par M. BILLAS) ; - de savoir également que ce sont des entreprises sérieuses (il n’y a pas lieu d’en douter) ;

Ces trois courriels, arrivés dans les dernières heures de l’enquête, traduisent plus une opération concertée et maladroite de lobbying qu’une contribution pertinente à l’instruction du projet éolien Tréveray/Saint-Joire.

Réponse du pétitionnaire :

Le pétitionnaire confirme qu’il échange régulièrement avec les élus, les propriétaires et les exploitants agricoles pour les tenir informés de l’avancement de ses projets. En l’occurrence, Madame FLORENTIN, Messieurs LOPPIN et BOUR ont été contactés à plusieurs reprises récemment pour l’inauguration du parc éolien de Bonnet et Houdelaincourt mais aussi pour les informer de la future campagne de financement participatif envisagée sur le département de la Meuse. A l’occasion de ces échanges, il est certain que l’enquête publique de Tréveray Saint-Joire a été abordée, mais aucune pression n’a été exercée auprès de qui que ce soit. Les trois témoignages proviennent de personnes qui ont suivi le développement du projet éolien sur les communes voisines de Houdelaincourt et de Bonnet (département de la Meuse). Ce sont des témoignages de satisfactions quant au déroulement des travaux lors de la construction récente du parc éolien de Bonnet-Houdelaincourt. On peut imaginer que si les travaux s’étaient mal déroulés sur ces communes proches, nous aurions sans doute eu plus d’opposition locale venue manifester son mécontentement. Ces contributions traduisent une confirmation du sérieux des entreprises qui résultent de nombreux échanges lors de la construction du projet de Bonnet-Houdelaincourt plutôt que d’une opération de lobbying concertée. C’est malgré tout source d’information pour le public que de savoir que le pétitionnaire a récemment conduit à proximité immédiate un projet éolien jusqu’à son terme dans de bonnes conditions d’acceptation locale. Commentaires du commissaire enquêteur : Reconnaissons le droit du public à se prononcer sur la compétence des intervenants et à les recommander. La forme était toutefois inhabituelle. D’autre part, j’avais mal pesé l’importance du financement participatif.

Observation n°7

M. Michel DESPLANCHES, habitant à Villeurbanne, a déposé en préfecture sur l’adresse électronique dédiée à l’enquête sa contribution citoyenne qui contient :

Une lettre de 3 pages dans laquelle M. DESPLANCHES analyse en détail le projet ; un arrêté préfectoral d’Eure et Loir de refus d’autorisation unique (n° ICPE 13277 du 30/01/2018) ; le protocole EUROBATS publication n°6 « Lignes directrices pour la prise en compte des chauves-souris dans les projets éoliens – Actualisation 2014 ».

Le courrier de M. DESPLANCHES peut être synthétisé comme suit :

Sur le plan général :

 Il estime que la région Grand-Est est en surproduction d’électricité de plus de 200%

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par rapport à l’électricité consommée. Cette situation impliquerait des lignes HT voire THT supplémentaires dégradant les paysages locaux.

 Il préconise que la distance minimale autorisée entre l’habitat et les éoliennes, actuellement de 500 mètres, soit portée à 10 fois la hauteur de l’éolienne comme pratiqué en Bavière ou en Pologne.

Sur le plan local : il dénonce le gigantisme des projets « le cumul des parcs dans ce secteur territorial, pose tout de même la question de leur acceptabilité, à partir d’un certain nombre, trop c’est trop, et il faut savoir s’arrêter avant que des fractures sociales n’en résultent ». Cette analyse corrobore la perception négative sur l’éolien affectant Mme TOUSSAINT SERROTTI (observation n°1).

Sur le projet éolien Tréveray/Saint-Joire :

 La rentabilité du projet resterait à démontrer  Le productible annoncé serait surévalué du fait que la vitesse des vents prise en compte serait une approximation météorologique.  Les dispositions de rachat de l’électricité produite pour un parc de plus de 7 aérogénérateurs ayant été modifiées depuis fin 2017, les données figurant au dossier devraient être actualisées.

 L’étude acoustique  Le positionnement des 7 points de mesure, principalement placés au Nord ou au Nord-Est, ne serait pas judicieux, tout comme la durée de mesure sur seulement 8 jours fin octobre, par temps pluvieux et avec des vents faibles de 6 m/sec. La mesure des bruits résiduels serait ainsi minimisée pour laisser une marge importante aux émergences éoliennes avant d’atteindre le seuil de dépassement de 35dBA, seuil comptabilisé et déclenchant les mesures de bridage.  Concernant le choix des machines, les simulations sur les machines équipées de serrations n’auraient porté que sur la machine VESTAS V90 dont les émergences sont moindres, alors que la même option pourrait équiper les machines ENERCON E92 et SENVION MM92.

 Pollution des sols : Compte tenu de la nature des sols et des produits utilisés, il aurait aimé avoir des précisions sur les précautions qui seront prises (présence hydrogéologue, fondations étanches..).

 Protection de l’avifaune et des chiroptères :

M. DESPLANCHES souligne la présence de la zone Natura 2000 (bois de Demanges Saint-Joire), des deux ZNIEF1 (Gites à Chiroptères de Reffroy et de Hévilliers), et l’implantation de 3 éoliennes en pleine zone boisée (bois de Tréveray). Il considère que le projet devrait absolument éviter les zones à enjeux forts voire moyens pour les espèces protégées. Il n’entend pas que la mise en œuvre des moyens d’effarouchement soit conditionnée à la mortalité constatée : « Si le parc devait se faire, il faut que les machines soient équipées de ces systèmes dès la mise en service, en sachant en outre qu’ils ne sont efficaces que pour les oiseaux d’une taille égale ou supérieure à celle d’un faucon crécerelle, et sous condition d’un réglage de détection éloigné (300 mètres) »

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Concernant l’étude des chiroptères, il estime que les mesures de détection en altitude auraient été plus probantes si elles avaient été faites en lisières boisées. Il approuve le résultat de l’étude qui conclut à des enjeux forts pour les lisières boisées en ce qui concerne plusieurs espèces recensées sensibles à l’éolien. Il dénonce la non prise en compte du retrait de 200 mètres prescrit par les directives EUROBATS 2014 :

« Là où on ne peut pas être d’accord, c’est l’idée que l’enjeu serait nul au-delà de 100 mètres de distance aux lisières ; une telle affirmation n’est ni fondée ni justifiée, elle contrevient totalement aux directives EUROBATS 2014 » « S’agissant des implantations dans les zones forestières, ou à moins de 200 mètres, la distance à considérer se mesure de canopée à bout de pale, et ici, on serait très loin du compte ! »

En conclusion, il me suggère d’émettre un avis défavorable, ou un avis favorable sous réserve de la suppression des éoliennes ET1-ET2-ET3 et des éoliennes situées à moins de 200 mètres des zones boisées.

Réponse du pétitionnaire :

Monsieur DESPLANCHES, habitant à Villeurbanne, a déposé en préfecture sur l’adresse électronique dédiée à l’enquête publique sa contribution citoyenne. Le courrier de M. DESPLANCHES est synthétisé dans le procès-verbal de l’enquête publique. Pour faciliter la lecture de la réponse à ses observations, celles-ci sont reprises point par point ci-dessous : 1. Sur le plan général :

 Dans le bilan électrique de RTE 2017 on peut lire que : « La production d’électricité régionale permet non seulement de couvrir les besoins de la région productrice mais contribue également à la couverture de la demande émanant de régions limitrophes. Les régions Centre-Val de Loire ou Grand-Est qui produisent beaucoup plus qu’elles ne consomment contribuent fortement à cette solidarité interrégionale. De cette façon les régions dépendant fortement des importations d’électricité telles que l’Île- de-France, la Bourgogne Franche-Comté ou la Bretagne ont l’assurance de pouvoir maintenir l’équilibre entre la production et la consommation. Ces échanges sont assurés pour l’essentiel par le réseau public de transport.»(http://bilan-electrique-2017.rte- france.com/territoire-et-regions/lequilibre-entre-production-et-consommation/#) . Les échanges en énergie avec les régions voisines s’intègrent dans un réseau national et européen qui contribue à la sécurisation de la fourniture en électricité, dont celle de Monsieur DESPLANCHES. Il convient d’ajouter que ces équilibres sont étudiés et planifiés dans le cadre de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie). Etant donné les perspectives de fermeture des centrales électriques à charbon et nucléaires, les centrales de production à partir d’énergies renouvelables viendront en substitution sans pour autant nécessiter de nouvelles lignes THT.

 Selon l’arrêté en vigueur du 26 août 2011 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent au sein d'une installation soumise à autorisation au titre de la rubrique 2980 de la législation des installations classées pour la protection de l'environnement, l'installation est implantée de telle sorte que les aérogénérateurs sont situés à une distance minimale de 500 mètres de toute construction à usage d'habitation, de tout immeuble habité ou de toute zone destinée à l'habitation telle que définie dans les documents d'urbanisme opposables en vigueur au 13 juillet 2010. Le projet éolien de Tréveray Saint-Joire respecte les règles de droit en vigueur, la première habitation étant située à 830 m de l’éolienne la plus proche.

2. Sur le plan local : Il convient de rappeler qu’aucune opposition citoyenne manifeste n’a émergé pendant la période de développement du projet. Aucune mobilisation massive n’a non plus eu lieu dans le cadre de cette

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enquête publique, qui a pourtant été annoncée par un bulletin d’information délivré à chaque foyer des communes concernées par le projet. Rappelons que les premiers contacts avec les communes ont eu lieu en mars 2013, que les conseils municipaux de Tréveray et de Saint-Joire ont tous deux délibérés à plusieurs reprises favorablement au projet, et que ce dernier s’est conduit de manière concertée avec les élus (cf. historique du projet page 22 de l’étude d’impact). La prétendue fracture sociale évoquée, résultant de l’implantation de ce projet, apparaît comme largement fictive dans ce contexte. 3. Sur le projet éolien de Tréveray/Saint-Joire :

 La rentabilité du projet resterait à démontrer Le productible estimé a été affiné avec des mesures sur site pendant plus d’un an grâce à un mât de mesure de 84m de hauteur équipé de girouettes, d’anémomètres, de capteur de température et de sonde hygrométrique. Ces mesures sur site sont corrélées avec les données long terme de Météo France ce qui permet d’avoir une évaluation fine de la production attendue par ce parc éolien. Le projet éolien de Tréveray Saint-Joire possède un tarif d’achat qui permet de garantir sa rentabilité conformément aux plans d’affaires prévisionnels présentés dans le dossier administratif. A titre informatif, un projet dont la rentabilité ne serait pas assuré, ne pourrait pas obtenir les concours bancaires nécessaires à son financement.  L’étude acoustique (VENATECH)

Au vu de la carte précédente, il s’avère que les points choisis sont réellement les zones d’habitation les plus proches. Côté sud, les habitations les plus proches non mesurées sont à Ribeaucourt à plus de 4 km de l’éolienne la plus proche. Les points 2, 3 et 4 certes situés au nord-est de la zone des éoliennes mais ne sont pas toutes exposées aux mêmes éoliennes. Il s’avère donc légitime d’étudier l’impact de plusieurs points afin de caractériser l’impact sur 3 points côté nord-est et ainsi d’évaluer les émergences sur le plus de points représentatifs possible et ainsi, établir un plan de bridage plus juste envers les riverains. Il convient aussi de rappeler qu’il est pertinent de mesurer au nord-est lorsque le vent dominant vient du sud-ouest. Une courte période de forte pluie est survenue mais a été parfaitement identifiée et a fait l’objet d’une suppression de ces données sur l’analyse des niveaux retenus. Ainsi on peut s’apercevoir de la faible dispersion des niveaux sonores. Concernant les vitesses élevées non rencontrées, elles ont fait l’objet d’une extrapolation volontairement conservatrice, avec des niveaux augmentant faiblement avec la vitesse, alors que généralement, à partir de 7 m/s lorsque le résiduel est imputable principalement aux sources de bruit naturelles (vent, arbres, etc.), les niveaux résiduels augmentent considérablement. L’analyse a été réalisée conformément aux prescriptions réglementaires en vigueur. Enfin, il faut préciser qu’à ce jour de nombreuses éoliennes proposent des pales avec serrations (appendices sur le bord de fuite de la pâle permettant de réduire la turbulence du flux sur l’extrados, donc les émissions acoustiques). Les éoliennes installées sur ce projet bénéficieront donc des

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meilleures évolutions technologiques dont les serrations si elles s’avèrent nécessaires. Enfin, des mesures post- implantations sont obligatoires pour vérifier le respect des émergences réglementaires et adapter le fonctionnement des éoliennes si nécessaire.

 Pollution des sols Comme cela a été fait pour le projet éolien de Bonnet-Houdelaincourt dans le même département, une étude géotechnique des sols sera effectuée avant tout calcul de définition des fondations. Plu- sieurs sondages de reconnaissance seront effectués pour déterminer la nature exacte du sous-sol, ses caractéristiques géotechniques ainsi que ses conditions hydrogéologiques. En tout état de cause, le coulage du béton n’aura pas d’impact significatif sur la qualité des sols agricoles environnants ni sur celle des eaux souterraines. Les nappes phréatiques ne sont en effet pas affleurantes et les travaux s’effectueront avec les précautions d’étanchéité nécessaires pour éviter le transfert de substances indésirables aux nappes.

Pour limiter au maximum le risque de dégradation de la qualité de l'eau, il sera néanmoins mis en œuvre les précautions et mesures suivantes pendant la phase de chantier (page 169 de l’étude d’impact) : - Inspection détaillée préalable du matériel pour s'assurer du bon état et notamment de l'absence de fuite. - Stockage du carburant sur rétention et remplissage sur une aire étanchée. - Aucune opération de maintenance ne sera réalisée à l'intérieur d’un périmètre de protection rapprochée. - Un conteneur étanche pour recueillir tout déchet ou matériau pollué éventuel, sera mis en place à proximité du chantier. - Un stock de matériau absorbant sera prévu sur le site pendant la durée du chantier. - Les intervenants sur le chantier seront informés de la vulnérabilité du milieu et tout incident, même mineur devra être signalé aux gestionnaires des captages concernés dont les coordonnées seront disponibles en permanence sur le chantier

Concernant la gestion de la pollution, le dossier d’étude d’impacts renseigne très clairement, au sein du chapitre « incidences sur le milieu physique » page 166, les modalités de gestion de chaque type de pollution susceptible d’intervenir en phase de chantier (pour chaque étape de la construction) et en phase d’exploitation. Plus particulièrement, la sous-partie intitulée « gestion des déchets et des pollutions accidentelles » page 171 fait état des produits entrants durant la phase d’exploitation du parc éolien ainsi que des produits émis. Les types de stockage avant enlèvement des polluants ainsi que l’opération de traitement adéquate sont mentionnés. Les mesures relatives au milieu physique (sols, sous-sols, eaux, air et gestion des déchets) sont également présentées de manière très explicite dans le dossier, pour la phase de construction comme la phase d'exploitation.

 Protection de l’avifaune et des chiroptères Le bureau d’étude ECOLOR a réalisé une étude d’incidences du projet sur les zones Natura 2000. Les incidences potentielles du projet sur les objectifs de conservation du site Natura 2000 limitrophe « Bois de Demange, St Joire » ont été évaluées. L’étude conclut à l’absence d’incidences du projet sur les objectifs de conservation de la zone. Les ZNIEFF 1 « Gîtes à chiroptères de Hevilliers » et « Gîtes à chiroptères de Reffroy » ont bien été identifiées par le bureau d’étude Envol Environnement. Page 19 de l’étude chiroptérologique on peut lire que « On souligne la présence en bordure du site de la ZNIEFF de type I n°410030310 dans laquelle sont référencées la Pipistrelle commune et la Sérotine commune, Plus loin, à 3,5 km au Nord- est du site, s’étend la ZNIEFF « Gîtes à chiroptères de Geffroy » qui accueille une forte variété d’espèces remarquables. ». Ces espaces ont donc bien été recensés et correctement pris en compte dans l’analyse des enjeux. Rappelons par ailleurs que les ZNIEFF n’ont aucune portée réglementaire mais constituent des outils d’aide à la décision qui permettent de renseigner la richesse écologique d’un milieu donné. Effectivement, les résultats des recherches bibliographiques traduisent un contexte chiroptérologique

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fort pour la zone du projet. Ce pré-diagnostic a permis de dégager plusieurs points de vigilance à prendre en compte dans le cadre de la réalisation des études terrain. C’est par ailleurs exactement là le rôle du pré-diagnostic que d’orienter les études terrain vers l’identification des sensibilités potentielles. Les études terrains ont ensuite permis d’affiner et de préciser ces données de manière à évaluer et qualifier les impacts potentiels du projet le plus précisément possible. Ainsi, les nombreuses prospections de terrains réalisées par le bureau d’étude Envol Environnement (cf. page 43 de l’étude chiroptérologique) ont permis d’arriver à la conclusion suivante : « Le fonctionnement du parc éolien de Tréveray et Saint-Joire, en tenant compte des effets cumulés potentiels avec d'autres parcs éoliens, ne remettra pas en cause l’état de conservation régional et national des espèces recensées dans la zone d’implantation du projet. Les effets résiduels sur ces populations, après application de la doctrine ERC, sont qualifiés de très faibles. Par ailleurs, nous estimons que l’emprise du projet, jugée marginale à l’échelle des aires d’étude rapprochée et éloignée, sera trop peu significative pour altérer ou dégrader les espaces vitaux des espèces protégées présentes sur le site. ». Des mesures de réduction des impacts adaptées aux enjeux ont effectivement été proposées dans le dossier, notamment la mise en place d’un système d’asservissement des éoliennes ET1, ET2 et ET3 (éoliennes en forêt) pendant les périodes de plus forte sensibilité (mise-bas et transit automnaux). Cette mesure sera accompagnée d’un suivi de l’activité chiroptérologique pour une durée de 3 ans, couplé à un suivi de mortalité et à un suivi de comportement des chiroptères. Nous serons alors en mesure de réévaluer les risques en temps réel et d’affiner les conditions d’asservissement des éoliennes au besoin. Cette mesure semble bien plus adaptée aux enjeux du site que la mise en place d’un dispositif d’effarouchement.

De plus, la commune de Tréveray a engagé des études pour la création de chemins au sein de la forêt pour permettre de faciliter l’exploitation et la gestion de celle-ci. Le projet éolien viendra donc dans ce cas, contribuer à l’amélioration de la gestion forestière. Des concertations avec l’ONF, avec visite de terrain, ont permis de déterminer les chemins de desserte les plus appropriés. L’ONF a également proposé des parcelles qui pourront être privilégiées dans le cadre d’un complément de plantations des parcelles touchées par la tempête, et pour lesquelles la régénération naturelle a échoué (cf p 236 de l’étude d’impact).

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Enfin, la mise en place d’îlots de senescence pour une surface d’au moins cinq fois celles détruites (soit 2,5 ha protégés contre 0,5 ha défrichés) va permettre d’atténuer les impacts sur les populations locales d’oiseaux protégés.

Directives EUROBATS : En premier lieu, il convient de souligner que les directives d’EUROBATS ne constituent pas des prescriptions opposables aux projets éoliens. Les directives d’EUROBATS sont des recommandations à destination des porteurs de projet. Page 122 du guide relatif à l'élaboration des études d'impacts des projets de parcs éoliens terrestres (MEEM 2016) on peut lire : « Des recommandations de distances d’éloignement préventives vis-à-vis de tel ou tel milieu (lisières forestières, implantation en forêt etc.) sont formulées par Eurobats. Lorsque celles-ci ne sont pas respectées, il convient que ce choix soit précisément argumenté et que l'absence d'enjeux chiroptérologique à proximité des haies et lisières soit démontré ». Sur les 16 points d’écoute au sol effectués, 4 d’entre eux ont été placés en lisière (A4, A6, A14 et A16). En complément, un détecteur d’écoutes en continu type SM2BAT+ a été installé. Le micro a été fixé sur un tronc d’arbre en lisière à environ 5 m du sol. Le système de détection automatique a fonctionné entre le 11 mai 2015 et le 28 octobre 2015 puis du 07 mars au 15 juin 2016. Les études d’activités aux abords des lisières ont permis de démontrer que « les niveaux d’enjeux chiroptérologiques les plus élevés, qualifiés de très forts, sont définis pour les lisières boisées de l’aire d’étude (et jusqu’à 25 mètres de celles-ci) qui accueillent la plus grande diversité d’espèces, dont la Barbastelle d’Europe, le Grand Murin, le Grand Rhinolophe, le Murin à oreilles échancrées et le Petit Rhinolophe qui sont marqués par un niveau de patrimonialité fort. Le tampon de 25 mètres autour des lisières correspond à l’espace de vol le plus fréquenté par les chiroptères au niveau de la zone du projet. Un enjeu fort est attribué aux allées boisées et de 25 à 50 mètres des lisières où l’activité reste importante puis diminue au fur et à mesure de l’éloignement de la lisière, d’où un enjeu modéré de 50 à 100 mètres des lisières. Au- delà, nous considérons que l’influence de la lisière sur l’activité des chiroptères devient nulle. L’activité devient alors nettement plus faible, ce qui justifie un enjeu chiroptérologique faible défini pour les espaces ouverts ainsi que les haies. ».

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Ainsi, c’est sur la base d’études fondées et justifiées (et non d’une affirmation arbitraire), concluant à une influence nulle de la lisière au-delà de 100 m, que nous avons pu nous affranchir de cette distance de recommandation fixée à 200 m. En effet, les experts d’Envol Environnement ont confirmé cette position au sein du document « Précisions et compléments suite au rapport de l’inspection des installations classées » de mai 2017 :

« Nous considérons que cette doctrine très générale des 200 mètres n’est pas forcément applicable dans l’état. Les enjeux chiroptérologiques propres à un site donné et la structure de la végétation (hauteur des haies, continuités…) proche des éoliennes demeurent un facteur déterminant pour l’évaluation des risques. Le rôle de l’expert et la conduite de prospections (ici marquées par une forte pression d’échantillonnage) ont justement pour objet de définir les enjeux propres à un site et l’application systématique de grandes généralités européennes pour la protection des chiroptères est contraire à l’évaluation spécifique d’un secteur donné et au rôle même de l’expert, en charge d’évaluer l’intérêt chiroptérologique d’un site. »

Comme déjà indiqué pour l’observation précédente : Des mesures de réduction des impacts adaptées aux enjeux ont effectivement été proposées dans le dossier, notamment la mise en place d’un système d’asservissement des éoliennes ET1, ET2 et ET3 (éoliennes en forêt) pendant les périodes de plus forte sensibilité (mise-bas et transit automnaux). Cette mesure sera accompagnée d’un suivi de l’activité chiroptérologique pour une durée de 3 ans, couplé à un suivi de mortalité et à un suivi de comportement des chiroptères. Nous serons alors en mesure de réévaluer les risques en temps réel et d’affiner les conditions d’asservissement des éoliennes au besoin.

Commentaires du commissaire enquêteur : Les réponses apportées par le pétitionnaire font ressortir la technicité des études réalisées. Dans le domaine de l’avifaune et de protection des chiroptères, je constate qu’au travers des questions posées par l’inspection des installations classées et des objections formulées par M. DESPLANCHES, plusieurs doctrines d’évaluation et de protection s’opposent. Toutefois, l’argumentaire d’Envol Environnement rappelé ici me semble adapté à la protection de ces espèces. De plus, la mise en place d’un système d’asservissement sur les éoliennes en forêt et un suivi sur 3 ans donnent la garantie de pouvoir apporter des mesures correctives.

6 - QUESTIONS DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR SUR LES INCIDENCES DU PROJET :

1° Positionnement précis de l’éolienne ESJ11

Le document AU-5 positionne cette éolienne et sa plateforme sur un boqueteau d’une surface, mesurée sur Géoportail, d’environ 1.200 m2. L’étude écologique Ecolor classe ce terrain « Friche ou haie arbustive » à « enjeu patrimonial moyen ». Constituant néanmoins un refuge pour la biodiversité, il serait dommage de le voir disparaître, surtout dans un secteur de culture intensive. Quelles mesures d’évitement (modification de l’emplacement) ou de compensation (plantation de haies arbustives) pourraient être proposées ?

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Réponse du pétitionnaire :

En phase chantier, le défrichement et la réduction de haies seront limités au maximum. Un bosquet, situé à proximité de l’éolienne ESJ11, semble être affecté par la réalisation d’une petite partie de plateforme.

Lors de la préparation du chantier, le design de plateforme sera affiné pour éviter tant que possible la réduction de ce bosquet. Il semble aisé de décaler légèrement cette plateforme sans modifier la position de l’éolienne et ainsi préserver ce bosquet.

Bien que ce bosquet constitue un enjeu patrimonial moyen, on peut lire sur la carte page 118 d’ECOLOR qu’il ne constitue pas un habitant déterminant pour les espèces à enjeux, qui auront plutôt tendance à fréquenter les espaces forestiers ou les haies situées à proximité des forêts. La suppression de quelques mètres carrés ne viendra pas rompre une continuité biologique, ce bosquet étant isolé de tout autre réservoir de biodiversité.

Néanmoins, de manière à conserver les fonctionnalités écologiques potentielles de la zone, les surfaces détruites feront l’objet d’un déplacement ou d’une replantation de fonctionnalité équivalente en continuité, préalablement à tous travaux. Le ratio de reconstitution de cet habitat sera de 3 pour 1 par plantation. Rappelons également que pour éviter le risque de détruire des individus d’espèces protégées (mêmes communes), tous les travaux sur la végétation ligneuse interviendront en dehors des périodes de reproduction (s’étalant entre mars et août). Ils seront donc interdits du 15 mars au 15 août. Ces restrictions s’appliquent aux éventuels travaux de taille ou destruction de haies arbustives, aux abattages et déboisements. Dans le cadre du suivi réglementaire des habitats naturels, l’efficacité de cette mesure de compensation sera évaluée. Le suivi des habitats naturels sera réalisé dans les trois premières années suite à la mise en service du parc.

Commentaires du commissaire enquêteur : La période de travaux, les mesures de compensation proposées (dont le ratio de 3 pour 1), et le principe du suivi des habitats naturels dans les 3 ans, me semblent adaptés.

2° Nuisances du projet, hors habitat, par le bruit et les ombres portées

Une visite sur le terrain m’a permis de constater qu’à proximité des projets d’éoliennes ESJ11 et ESJ12, le Comité d’Entreprise de la société Essilor Ligny-en-Barrois possède un site de loisirs et de détente sur la parcelle 13c « La Folie » commune de Saint-Joire (jeux d’enfants, boules, abris de pique-nique et 2 stands de ball-trap).

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L’impact du projet sur le site est probable :

- Par le bruit, car les éoliennes en projet sont à 200/250m. - Par un effet stroboscopique, de l’après-midi jusqu’au coucher du soleil, les éoliennes étant à l’ouest du site. A se sujet, l’étude d’impact dans son paragraphe V.4.3.4. « Incidences des battements d’ombre sur l’habitat » est très superficielle en l’absence d’étude analysant le phénomène en fonction de la saison et de l’inclinaison du soleil.

Plus globalement, il est regrettable que l’étude des nuisances par le bruit et les ombres portées se limite à l’habitat, excluant ainsi l’incidence sur la faune et sur l’humain (vergers, espaces naturels et randonneurs).

Quelles solutions le porteur de projet peut-il proposer, à titre préventif et en cas de nuisances avérées sur cet espace de loisirs ?

Réponse du pétitionnaire :

Comme rappelé précédemment et vérifié par les services de l’Etat lors de l’instruction, les études sur le milieu naturel, dont la faune, et sur l’humain, dont l’acoustique, ont réalisées conformément aux réglementations en vigueur. Concernant la zone de Ball-trap, un contact téléphonique a été pris avec le président du club, qui dans un courrier transmis, ne craint pas de nuisance quelconque du projet éolien sur leur activité de loisir. (voir courrier en annexe 1). En parallèle, une étude d’ombre portée a été réalisée, notamment sur ce secteur. Elle conclut sur le fait que : « La durée annuelle moyenne d’exposition aux ombres clignotantes est inférieure à 10 heures pour tous les hameaux proches du site éolien. L’habitation isolée située à 830 m du projet présente une durée d’exposition nulle.

Il est à noter que des écrans bâtis ou végétaux, non pris en compte dans les présents calculs, pourront masquer les ombres des éoliennes. De plus, cette durée quotidienne maximale calculée, est une durée« possible ». Le phénomène d’ombre n’apparaît que si le temps est ensoleillé et le rotor des éoliennes orienté face au soleil. La durée moyenne attendue étant inférieure à 10 heures par an pour tous les hameaux, il est clair que le nombre de jours avec ombres est bien inférieur au « nombre de jours possibles » indiqué dans les tableaux de calculs.

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L’impact des ombres clignotantes des éoliennes sur l’habitat proche est jugé de très faible à nul. L’impact sur les bâtiments du terrain de Ball-trap n’entre pas dans le champ d’application de la réglementation actuelle. Ainsi, le projet éolien de Tréveray Saint-Joire est conforme à la réglementation en vigueur. ». (voir l’étude complète en annexe 3).

Commentaires du commissaire enquêteur : Au vu de l’étude, la gêne occasionnelle semble limitée et cette éventualité n’inquiète pas les utilisateurs du site. (NB le courrier et l’étude complémentaire sont en annexes 1 et 2 du mémoire en réponse).

3°) Statut de la « Ferme de la Folie »

L’ancienne ferme inventoriée dans le dossier comme « bâtiments agricoles » comporte une habitation en déshérence située à environ 250 mètres des futures éoliennes ESJ12 et ESJ13. En l’absence de document d’urbanisme sur la commune de Saint-Joire, même si cela paraît improbable, qu’adviendrait-il si les ayants droit décidaient, après l’installation du parc éolien, de réhabiliter l’habitation ?

Réponse du pétitionnaire :

Concernant les documents d’urbanismes, dont le PLU intercommunal qui est en cours d’élaboration, il sera proscrit de construire toute habitation en dehors de zones définies comme habitable. La zone de la ferme de la Folie, ne sera plus considérée comme constructible, compte tenu de son éloignement vis-à-vis de la commune et compte tenu des problématiques de raccordement électrique et en eau potable. Par ailleurs, nous avons contacté les ayants droits pour nous assurer que cette construction en déshérence ne serait pas réhabilitée en habitation, et que compte tenu des risques qu’elle présente aujourd’hui, elle sera prochainement détruite. (voir courriers en annexe 2). Commentaires du commissaire enquêteur : (NB les 2 courriers sont en annexe 3 du mémoire en réponse)

* * *

Après avoir répondu avec précision à l’ensemble des questions posées, le pétitionnaire conclut son mémoire en réponse (pages 23 et 24 du mémoire) en rappelant que le site est propice à l’installation d’un parc éolien. Il énumère les points positifs du projet présenté, notamment les mesures ERC (Evitement Réduction Compensation) ainsi que la campagne de mesures de réception acoustique après mise en service.

La compréhension du dossier et ce rapport d’enquête vont motiver mes conclusions et avis.

A Robert-Espagne, le 3 mai 2018

Bernard CAREY Commissaire Enquêteur

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DEUXIEME PARTIE : AVIS MOTIVE ET CONCLUSIONS

Initié en mars 2013, le projet de parc éolien de Tréveray/Saint-Joire a été développé pendant presque 4 années par la société BAE en concertation avec les élus, les propriétaires et exploitants agricoles, les services de l’Etat DREAL, ONF, DDT, et les cabinets d’études Ecolor, Jacquel et Chatillon, Envol Environnement, Venatech, pour aboutir au dépôt de la demande d’autorisation unique le 16 décembre 2016.

Le dossier de demande s’est ensuite enrichi :

- En mai 2017, des précisions et compléments apportés par le porteur de projet suite aux demandes de l’inspection des installations classées, notamment : • Une meilleure évaluation comparative des impacts des 3 variantes étudiées justifiant le choix retenu • La justification du recul des machines ESJ9 et ESJ11 par rapport à la ligne électrique 63 kV • Des précisions sur la méthodologie d’observation de l’avifaune et la prise en compte de la Bondrée apivore • Des précisions sur la prise en compte de l’Alyte accoucheur et des chiroptères • Des compléments sur la préservation des haies et mesures compensatoires au défrichement

- Le 20 avril 2018, d’un mémoire en réponse du porteur de projet émis en réplique à mon procès-verbal de synthèse sur les observations du public et sur mes propres observations résultant de l’analyse du dossier, en particulier : • Le manque de perception du public de la chronologie des pièces du dossier • La mise en forme des documents • La concertation préalable, et la côte sommitale des éoliennes • La question de savoir sur quel poste source le parc éolien sera raccordé • Les précisions apportées à l’Avis de l’Autorité Environnementale : cartes d’enjeux environnementaux, protection des zones d’habitats touchées par le défrichement • L’acceptabilité de l’éolien par la population locale, perturbations acoustiques, distance minimale par rapport à l’habitat, gêne apportée par les ombres portées • La productibilité et la rentabilité du projet • La pollution des sols • La protection de l’avifaune, de l’Alyte accoucheur et des chiroptères • Le positionnement du projet par rapport aux directives d’EUROBATS • La préservation ou compensation du bosquet situé au pied de l’éolienne ESJ11 • Le statut de la Ferme de la Folie

Par la loi portant engagement national pour l’environnement du 12 juillet 2010 et la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015, la France s’est fixé des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables, notamment :

- D’ici à 2020, amener à 23% minimum la part des énergies renouvelables - Au 31 décembre 2023, avoir une puissance installée de production d’origine éolienne comprise entre 21.800 MW et 26.000 MW

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Avec une puissance installée de 30,55 MW qui produira annuellement 60 millions de kilowattheures, le parc SPETSJ contribuera à l’atteinte des objectifs nationaux en produisant une électricité verte sans émettre de gaz à effet de serre ni déchets radioactifs. Les déchets produits au cours de l’exploitation du parc (huiles usagées, filtres, batteries, câbles électriques, déchets électriques et électroniques, ferrailles, emballages et divers) seront régénérés, recyclés ou valorisés en énergie.

Sur le plan environnemental, le point le plus délicat est l’implantation de 3 éoliennes dans le bois de Tréveray (soit 23% du parc constitué au total de 13 éoliennes). Ce choix a été critiqué oralement par un habitant de Tréveray et un contributeur extérieur (observation n°7) Cette implantation en forêt obligera à un défrichement d’environ 0,78 ha sur les 3,35 ha d’emprise globale du projet (création des accès, plateformes et fondations).

Dans la mesure où les effets négatifs sur l’environnement sont bien évalués, et que les mesures d’évitement, réduction, compensation sont bien mises en place, ce choix m’apparaît équilibré pour deux raisons :

- Depuis 1830, la superficie forestière en France n’a pas cessé d’augmenter. - La réduction de la consommation d’espaces agricoles s’impose.

Il faut souligner que cette implantation en forêt permettra, comme l’on souhaité les élus, d’en améliorer l’accès et facilitera la régénération par plantation de parcelles touchées par la tempête de 1999 où la régénération naturelle a échoué.

Vu le contenu du dossier de demande, puis les réponses et compléments apportés en mai 2017 et avril 2018, je considère que le projet a clairement identifié les enjeux environnementaux et que les mesures correctrices et dispositifs de suivi prévus permettront de réduire les incidences sur l’environnement.

Les mesures correctrices et de suivi les plus significatives sont :

- Réduction de l’impact acoustique par des mesures de réceptions acoustiques après mise en service du parc éolien pour confirmer le respect de la réglementation et, le cas échéant, adapter son plan de fonctionnement optimisé. - Engagement de restitution du signal télévisé ou radioélectrique en cas de perturbation avérée.

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- Mise en place d’un système d’asservissement des éoliennes ET1, ET2, ET3 (situées en forêt) pendant les périodes de forte sensibilité des chiroptères (mise-bas et transit automnaux). Suivi de l’activité chiroptérologique pour une durée de trois ans, couplé à un suivi de mortalité et de comportement. - Suivi de chantier pour réduction de l’atteinte à l’état de conservation des chiroptères par inspection des arbres concernés afin de baliser les arbres-gîtes potentiels. - Mesures d’évitement de destruction d’amphibiens (dont l’Alyte accoucheur) ou de reptiles par la mise en place de clôtures temporaires et d’un remblaiement des ornières. La vérification de la prise en compte de ces mesures sera faite par un écologue avant le démarrage des travaux. - Suivi de mortalité de l’avifaune et suivi des habitats naturels. - Pour réduire les impacts sur les espèces les plus sensibles et éviter le risque de destruction d’individus d’espèces protégées, voire communes, les travaux de gros œuvre (terrassements, fondations, chemins…) et les travaux sur la végétation ligneuse interviendront en dehors des périodes de reproduction. Ils seront donc interdits du 15 mars au 15 août. - Dans les zones favorables aux chiroptères, les travaux de défrichement seront réalisés en dehors des périodes de mise-bas et d’hibernation, soit entre mi-août et mi-octobre. - Les haies et bosquets détruits, si cela ne peut être évité, feront l’objet d’un déplacement ou d’une replantation de fonctionnalité équivalente en continuité, préalablement à tous travaux. Le ratio de reconstitution de ces habitats sera de 3 pour 1 par plantation. - Dans le bois de Tréveray, la mise en place d’îlots de sénescence et l’enrichissement du peuplement de certaines parcelles, pour une surface d’au moins cinq fois celles détruites (soit 2,5 ha protégés contre 0,5 ha défrichés), va permettre d’atténuer les impacts sur les populations locales d’oiseaux protégés. - Dans la phase travaux, mise en place de systèmes de rétention et de collecte des produits susceptibles de créer des pollutions, installation de sanitaires mobiles, humidification des pistes par aspersion si besoin. - Le réseau électrique sera intégralement enterré afin de limiter les impacts paysagers et environnementaux. De ce fait, aucune nouvelle ligne aérienne ne sera créée pour raccorder le parc éolien au réseau électrique national.

Autres points favorables à la réalisation du projet :

- Les concepteurs se sont attachés à rechercher une emprise minimale du parc en utilisant prioritairement les chemins existants qui seront renforcés (environ 6.975 m) pour environ 2.955 m de pistes créées. - Pour compenser l’impact paysager et favoriser son acceptabilité, le pétitionnaire déclare affecter une somme de 50.000€ à des mesures d’accompagnement à l’amélioration du cadre de vie (enfouissement de réseaux, rénovation de patrimoine, parcours pédagogiques…), en collaboration avec la population, sur les communes de Tréveray, Saint-Joire, Hévilliers et Biencourt-sur-Orge (cf. étude paysagère et patrimoniale). - L’Autorité Environnementale, dans son avis rendu le 5 décembre 2017, considère que l’étude d’impact sur l’environnement était de qualité satisfaisante et que les principaux enjeux environnementaux avaient été correctement pris en compte.

Soulignons aussi l’assurance que le parc éolien SPETSJ ne deviendra pas en fin de vie une friche industrielle. Les garanties financières constituées permettront, en cas de défaillance de l’exploitant, d’assurer le démantèlement du parc. La méthodologie du démantèlement est dès à présent connue et présentée dans le dossier.

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Au terme de l’enquête publique qui s’est déroulée dans de très bonnes conditions, sans incident et dans le respect de la réglementation ;

Après avoir fouillé l’ensemble des pièces du dossier, recherché d’éventuels points d’incompréhension, m’être rendu 2 fois sur les lieux du projet, critiqué, analysé les observations du public dont la participation s’est avérée faible, interrogé le porteur de projet et étudié ses réponses jugées satisfaisantes ;

Estimant que Madame la Préfète de la Meuse, compte tenu des résultats de l’enquête publique, précisions apportées et engagements pris par le pétitionnaire, dispose des éléments d’appréciation nécessaires pour définir les mesures utiles à la protection du milieu naturel et établir les conditions d’installation et d’exploitation du futur parc éolien de Tréveray / Saint- Joire ;

J’émets un AVIS FAVORABLE à la création du parc éolien SPETSJ Société du Parc Eolien de Tréveray / Saint-Joire.

Cet avis est assorti de deux recommandations :

1°) Raccordement électrique souterrain entre le parc éolien (2 PDL postes de livraison) et le réseau Enedis/RTE (poste source) :

Je recommande à la SPETSJ de s’entendre avec Enedis/RTE pour que l’étude de raccordement, au-delà des aspects techniques et financiers habituels, mesure l’impact sur les milieux traversés en s’inspirant de la doctrine ERC « éviter, réduire, compenser ». Ceci devrait permettre d’éviter de reproduire les désagréments signalés par Messieurs les maires de Naives-en-Blois et Bovée-sur-Baboure (observations n°2 et 3).

2°) Information du public sur le suivi qualitatif et environnemental du parc :

En complément des informations que la SPETSJ devra fournir aux services de l’Etat, je lui recommande, en y associant les élus, tant dans la phase travaux qu’en phase d’exploitation, d’informer les habitants, sous une forme et à une fréquence les mieux adaptées localement (brochure d’information, lettre d’information transmise par mail ou consultable sur site internet…). Une information régulière permettra de renforcer l’acceptabilité du parc éolien. Le contenu de l’information pourrait être : - Informations spécifiques pendant les travaux (réduction des nuisances ponctuelles et disponibilité des chemins) - Suivi qualitatif et productif - Mesures de bruit, dépassements de seuil, plan de bridage - Suivi de l’ensemble des mesures environnementales : compensations au défrichement, suivi de mortalité de l’avifaune et chiroptères, replantations….. - Mesures d’accompagnement à l’amélioration du cadre de vie - Opérations de maintenance

A Robert-Espagne, le 3 mai 2018

Bernard CAREY Commissaire Enquêteur

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