[INTERNET] [MNE] Contribution à l'EP-UNITECH

Sujet : [INTERNET] [MNE] Contribuon à l'EP-UNITECH De : Nature Environnement Date : 13/12/2019 17:07 Pour : [email protected]

Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Vous trouverez ci-joint notre courrier concernant l'EP-UNITECH.

Cordialement,

-- Associaon agréée de protecon de la nature et de l'environnement en Meuse Le secrétariat

Meuse Nature Environnement (plan)

9 Allée des Vosges, 55000 Bar le Duc

www.meuse-nature- tél: 03.29.76.13.14, fax : 03 29 76 83 68 environnement.org Economisez du papier et de l'encre ! N'imprimez ce message que si nécessaire !

Pièces jointes :

Contribuon à l'EP-UNITECH 13 12 19.pdf 254 Ko nucléarisaon-1.pdf 352 Ko

1 sur 1 16/12/2019 13:02

MEUSE NATURE ENVIRONNEMENT 9 allée des Vosges - 55000 BAR LE DUC

03-29-76-13-14 - [email protected] – http://meuse-nature-environnement.org

Jean-Marie HANOTEL Monsieur le Commissaire Enquêteur Président Préfecture 89 rue Victoire de la Marne 52011 CHAUMONT

Objet : EP-UNITECH

Bar Le Duc, le 13 décembre 2019

Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Meuse Nature Environnement, comme son nom l’indique et conformément à nos statuts, est une association départementale de protection de la Nature et de l’environnement naturel et humain. Nous sommes membres de Lorraine Nature Environnement et fédérée au sein de Nature Environnement . Nous participons depuis de très nombreuses années, à ce titre, aux commissions consultatives en charge de donner un avis sur les dossiers agricoles, industriels et autres : CODERST, par exemple.

Nous avons pris connaissance du dossier soumis à enquête publique par l’entreprise UNITECH qui demande à s’implanter sur la commune de Suzannecourt (52), près de Joinville.

Sans rentrer dans les aspects techniques du dossier, dont les insuffisances notoires ont été relevées par notre fédération Grand Est dans sa contribution, et que nous partageons, nous portons à votre connaissance et réflexion les aspects suivants :

-La laverie UNITECH et son annexe de traitement industriel n’arrivent pas par hasard en Haute- Marne. Comme bien d’autres sur nos 2 territoires de Meuse et de Haute-Marne, depuis 2009, ce projet d’implantation fait partie d’un plan d’ensemble qui vise à nucléariser un large territoire autour de Bure, au même titre par ex que la plateforme LMC-ex AREVA qui quitte la commune de Void mais qui pourrait être remplacée par des entreprises similaires sur Rolampont (52) ou SOCODEI, en fonctionnement à St Dizier depuis peu. Autour de Bure, au sein des villes et bourgs proches (, St Dizier, Joinville, Bar Le Duc), on compte depuis lors près d’une vingtaine d’entreprises plus ou moins importantes et polluantes ou projets portés en accompagnement de CIGEO sous l’impulsion du Comité de Haut Niveau et des structures économiques locales. Ce processus a été mis en évidence auprès du grand-public dans l’ouvrage « L’opposition citoyenne au projet CIGEO » publié chez Lharmattan : article en pièce jointe ou via le lien ci-dessous, page 112 https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=53311

-Les raisons politiques et sociologiques qui amènent l’Etat à conduire cette politique dans nos 2 départements font fi des plus notions les plus élémentaires de vigilance sur les impacts potentiels d’un tel projet sur la sécurité et la santé des riverains les plus proches, sur la protection des milieux naturels (notamment la rivière Marne et cours d’eau ou lacs en aval), sur la protection des ressources locales (nappe et points d’eau, captages AEP), sur la prise en compte des risques d’inondation…

Association agréée au titre de la loi sur la Protection de la nature. CIC Est 00044158701 Les avis réservés ou négatifs des services administratifs ou experts consultés à cet égard montrent bien à quel point la localisation de ce projet est irresponsable. De nombreuses communes en aval (36, à ce jour) ont également délibéré contre ce projet, ce qui met en évidence une nouvelle fois qu’un projet n’est souvent soutenu par les élus locaux que parce qu’il génère des ressources financières et des promesses d’emplois volontairement surestimées, sans être pour autant mirobolantes, en occultant les problèmes. La justification du projet et sa bonne mise en œuvre ne pèsent pas lourd dans le débat local au moment de la demande d’autorisation de création, mais fera tristement l’objet de toutes les attentions publiques si un accident se produit ou si les impacts sur la santé et l’environnement forcent le mur habituel du silence. Cette gouvernance malheureusement classique est inacceptable. L’accident récent de Lubrizol montre bien qu’il n’y a pas de parade à posteriori aux manquements de vigilance initiaux. Et les victimes sur le moment et sur le temps long vont des riverains les plus proches aux habitants et agriculteurs de toute une large région, voire du pays (bruit de fond des pollutions bien connu des agences chargées du suivi de la qualité de l’air). Maux vaut donc prévenir que guérir !

-Le dossier déposé à l’Enquête publique, pour ce projet nucléaire et chimiquement polluant, n’apporte pas d’études préalables et de solutions satisfaisantes pour Eviter/Réduire et/ou Compenser (principe ERC) les rejets chroniques d’une telle installation dans l’eau (rivière Marne et ruisseaux, nappe d’accompagnement…), dans l’air et dans les sols. Il est donc contradictoire avec les objectifs de respect de l’environnement naturel et humain mis en avant par les plans et programmes régionaux : Directive cadre sur l’eau, SRCAE, PPRI…

-La nature même du projet devrait imposer sa localisation au sein des Installations Nucléaires de Base (INB), ce qui permettrait une requalification de son statut d’ICPE (nucléaire !) à INB, ce qu’elle est de fait. Et donc sa surveillance et son contrôle par l’autorité de sûreté adéquate : l’ASN et non par les services de la DREAL qui ne sont pas spécialisés dans le nucléaire. En réintégrant cette activité au sein d’un site nucléaire existant, on éviterait aussi un grand nombre de transports à hauts risques (dégageant également des pollutions et gaz à effet de serre).

MNE considère --que la localisation de ce projet en zone urbanisée et au bord de la Marne (considérée comme un simple exutoire), ne peut être envisagée, --que l’étude d’impact est insuffisante et donc non recevable, --qu’UNITECH est un établissement nucléaire et doit donc être classé INB et son activité contrôlée par l’ASN, au sein d’un site de production, --que le principe de précaution doit s’appliquer à UNITECH, car ce n’est pas une industrie sans conséquences notoires sur l’environnement, sur la sécurité et la santé des populations, --que les politiques publiques doivent être décidées en cohérence : les décisions doivent respecter les objectifs a minima des plans et programmes.

Meuse Nature Environnement vous prie, Monsieur le Commissaire Enquêteur, de considérer l’argumentation qui motive notre opposition à ce projet et de donner un avis très défavorable à cette implantation.

Le Président de Meuse Nature Environnement,

Jean-Marie HANOTEL

Association agréée au titre de la loi sur la Protection de la nature. CIC Est 00044158701 Cigéo, cheval de Troie de la nucléarisation à marche forcée d’un territoire

Régine Millarakis

Cet article n'a pas la prétention d’apporter une information et une analyse exhaustives. Il aurait aussi fallu pour cela mener une véritable enquête auprès des acteurs locaux, qu’ils soient industriels, élus, chambres économiques, associations et riverains des installations concernées. Compte-tenu du caractère sensible de la recherche, dans un contexte d’opposition locale, il aurait fallu prendre un temps conséquent et déployer les moyens adaptés pour obtenir ces informations et rencontrer l’ensemble des acteurs concernés. Cet article organise les informations publiques que nous avons pu collecter. Certaines rubriques mériteraient donc d'être mieux renseignées, notamment celles qui touchent aux aspects financiers et aux emplois. Elle pointe néanmoins les grandes lignes d’une enquête à conduire, tant ses implications sont lourdes de conséquences pour les territoires concernés et riches d’enseignements sur la manière dont la démocratie par délégation qui est la nôtre peut conduire à une politique imposée à des populations privées de tout pouvoir.

Eléments de contexte s’est accompagnée la même année de la La France est à un moment particulier création des Groupements d’Intérêt Public de son histoire nucléaire. Avec le vieillis- Meuse et Haute-Marne (GIP), avec pour sement de son parc de centrales, elle se objet de « gérer un dispositif d’accompa- voit dans l’obligation de gérer tout à la gnement économique » s’appuyant sur fois une maintenance accrue des sites de des axes forts : aménagement du territoire, production pour assurer le prolongement développement économique, développe- de la durée de vie des réacteurs (grand ment des connaissances scientifiques et carénage) et l’aval du cycle, à savoir le technologiques. Cigéo pourrait, en toute probabilité, devenir l’épicentre d’une vaste démantèlement des installations et la ges- opération de nucléarisation forcée qui tion des déchets radioactifs (dont le touche les deux départements ciblés par conditionnement des déchets). Les lieux les fonds d’accompagnement du laboratoire de production, de maintenance et les de recherche géologique puis du projet sites actuels de stockage sont, en l’état, d’enfouissement des déchets radioactifs considérés comme insuffisants et/ou ina- HA et MA-VL à Bure. Hormis quelques daptés à cette nouvelle demande. De sites de stockage… d’archives industrielles nouveaux sites doivent voir le jour pour qui aident à faire « beau dans le paysage », répondre à ces nouveaux besoins indus- la quasi-totalité des sites sont liés à l’activité triels. Le Cotentin et la vallée du Rhône de Cigéo (sous-traitants divers) ou aux ont besoin de régions relais. activités de maintenance des centrales La création du Laboratoire souterrain de nucléaires et au démantèlement (traitement recherche géologique de Bure en 2000 des matériels contaminés notamment).

112 Un développement cessé d’augmenter depuis l’arrivée du économique axé sur une laboratoire de recherche géologique. mono industrie nucléaire De 18 millions d’euros en 2000 et de 20 millions en 2006, ils sont passés en Une découverte fortuite 2010 à 30 millions d’euros annuels pour En 2015, des opposants au projet Cigéo chacun des deux départements. Progres- se manifestent au 1er salon mondial du sivement des industries nucléaires ou de nucléaire (WNE) à Paris et y découvrent service au nucléaire sont introduites dans une carte -inconnue du grand public- qui les deux départements. Les tableaux et place Bure au centre d’une cible de cartes, pages suivantes, en retracent 80 km de rayon désignant les territoires l’implantation. meusiens et haut-Marnais pressentis pour Depuis 2009, les implantations devenir un futur « pôle territorial en nucléaires ou assimilées se multiplient compétence nucléaire » (Fig.1). Ne sont pas inclus les territoires des départements … avec l’aval des collectivités en mal voisins, inexistants depuis toujours aux d’emplois et l’assentiment des industriels yeux du projet Cigéo et du développe- locaux qui en espèrent des retombées ment économique qui l’accompagne : économiques. Face à l’annexion massive Marne, Meurthe-et-Moselle et Vosges, de terres agricoles et de forêts dans le pourtant tout proches (Asodedra Exclu- bassin autour de Bure, les organisations sion). A ce jour, le gouvernement et l’An- professionnelles agricoles (hormis la dra ont bel et bien désigné la Meuse et la Confédération Paysanne), ne se mani- Haute-Marne comme la cible quasi festent guère que pour veiller à ce que les exclusive du projet Cigéo et de la nucléa- exploitations restent viables. Les projets risation qui doit l’accompagner, avec sont discutés, adoptés ou mis en œuvre l’appui des fonds d’accompagnement du dans le plus grand secret. L’information GIP (GIP 55/52), l’aval des élus et des et la décision sur ces projets passent chambres économiques (via les services souvent en questions diverses lors des économiques Haute-Marne Expansion conseils municipaux ; Areva développe (Haute- Marne Expansion) et Meuse l’activité de la plateforme de Void ; Entreprise (Meuse Entreprise). Les nou- Syndièse (Syndièse) est présenté comme velles implantations industrielles, direc- un projet d’avenir alors même qu’il aura tement ou indirectement liées au des difficultés à trouver la ressource bois nucléaire, vont attester de cette volonté dans les forêts du grand quart Nord-Est, décidée en haut-lieu. déjà bien exploitées… et tout cela en avertissant partiellement ou tardivement La loi de 2006, prélude au les populations, lesquelles ont bien du démarrage de la nucléarisation du mal à trouver des informations précises territoire autour de Cigéo et à imaginer ce qui se profile. Cette loi entérine l’enfouissement des On peut s’interroger sur ce qui attend déchets radioactifs à Bure, seule voie de les deux départements concernés : certains recherche retenue sur un seul site, en sites (La Hague, Tricastin…) et territoires dépit des exigences de la Loi Bataille de nucléaires (la vallée du Rhône…) en décembre 1991. Les fonds alloués via les France sont saturés (fermeture de sites) GIP créés en 2000 en Meuse et en et cherchent des terres d’accueil, pour Haute-Marne et abondés par les opéra- une activité de l’aval du cycle nucléaire teurs du nucléaire (Edf, Areva, Cea) n’ont qui va connaitre une augmentation très

113 Fig. 1 : Carte régionale - Premier salon mondial du nucléaire (WNE) - Paris, 2015

114 importante dans les années qui viennent. ment industriel nouveau, extrêmement Le complexe nucléaire qui veut s’installer rapide (sept ans à ce jour), n’a fait l’objet sur les bassins économiques du Sud de la en Meuse et en Haute-Marne, d’aucune Meuse et du Nord de la Haute-Marne prospective comme les élus en planifient regroupe des poids lourds du nucléaire à échéance régulière, avec l’aide de et du militaire : Edf avec Cigéo, le Cea bureaux d’étude extérieurs et dans une avec Syndièse, Areva autour des transports, démarche concertée avec les principaux mais aussi Socodei (Socodei, Fiche Ana- acteurs politiques, administratifs et socio- lyse), filiale à 100% d’Edf, dont l’activité économiques du territoire. Véritables de traitement de matériels contaminés oubliés, les habitants qui, loin des ins- n’existe actuellement que sur un seul tances décisionnelles ne réalisent pas cette autre site en France, Unitec qui prendrait mutation territoriale aux implications le relai du site similaire de La Hague et lourdes, opérée en quelque sorte « au- Derichebourg, multinationale implantée dessus de leur tête ». dans quatorze pays. Le secteur de Com- mercy, déjà familier du militaire, se voit Le cas de la plate-forme de désormais doté du nucléaire, en particulier transports nucléaires LMC Areva ou autour des questions de sécurité. (Carte un exemple d’implantation imposée et tableaux p. 124 à 129) sans concertation locale Ces implantations visent en priorité les Fin 2009, le premier site nucléaire d’ac- petites villes autour de Bure (Commercy, compagnement du projet Cigéo s’installe Joinville, Saint Dizier) et autres petites au cœur du village de Void-Vacon : il zones industrielles et artisanales de ces s’agit d’une plateforme de transit gérée secteurs. Des lycées professionnels meu- par la société LMC, filiale d’Areva Inter- siens et hauts-Marnais (à Bar-le-Duc et national. Destinée officiellement au tran- Saint-Dizier) sont sollicités pour former sit par camions de pièces neuves à desti- une main d’œuvre de base qualifiée, en nation des sites nucléaires, la plateforme relation ponctuellement avec des entre- diversifie rapidement ses activités, en ca- prises implantées localement. Une timini et à l’insu total des populations manière de se fondre dans le paysage éco- locales. Méfiantes, celles-ci exercent une nomique local, même si les ressources surveillance du trafic des camions et dé- humaines touchant au nucléaire et donc couvrent que du combustible nucléaire - plus pointues sont exogènes. Ce déploie- dont de l’hexafluorure d'uranium (UF6)

Saint-Dizier, épicentre du nucléaire français « La ville de Saint-Dizier en Haute-Marne va devenir d’ici à fin 2017 l’épicentre du nucléaire français. C’est en effet à cette date qu’entrera en service la nouvelle base de maintenance de l’ensemble du parc exploité par Edf. Trois fois plus grande que celle du Tricastin, qu’elle est appelée à remplacer, la base bragarde répond aux besoins de l’électricien dans le cadre de son « grand carénage » : nom donné à l’opération consistant à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires moyen- nant d’importants travaux de maintenance. D’autres grands équipements ont déjà vu le jour à cheval sur les deux départements de la Meuse et de la Haute-Marne, dans l’optique de « constituer un pôle national d’excellence en maintenance nucléaire. » (Traces écrites, 2014)

115 et du dioxyde d’uranium (UO2) mais plus de questions et surtout sans instaurer pas seulement- traverse l’Europe du Nord de temps d’information ni de débat avec au sud, avec des arrêts plus ou moins les habitants. longs sur le site de la plateforme. La société LMC, les pouvoirs publics, les Au-delà des entreprises liées élus locaux et l’Asn sont interpellés par au nucléaire civil, un lien vers les habitants ; les vigies se poursuivent, le nucléaire militaire ? des manifestations sont organisées. C’est Il ne faudrait pas oublier aussi les liens après la première manifestation d’infor- étroits qui unissent historiquement le mation de la population en 2013 que le département de la Meuse, territoire si maire de Void-Vacon rend publique l’in- souvent frontalier des conflits en Europe, formation qu’il avait jusqu’alors retenue avec l’armée qui a défendu le territoire (Void-Vacon, 2013). Par la suite, toujours national et qui a exigé de ses habitants le sans aucune information ni concertation sacrifice du sang et… celui de son in- des habitants, LMC continue sa diversi- dustrie. G. Longuet, ancien ministre de fication, comme le mentionne le rapport l’Industrie puis de la Défense nationale, d’Areva 2014 (Areva) dans un petit en- actuel sénateur de la Meuse, ne disait-il cadré : « cette année-là, 900 convois ont pas, le 16 novembre 2016 (Est Républi- stationné sur la commune de Void, dont cain, 16/11/2016), qu’il voyait dans l’im- 300 de déchets radioactifs et 100 d’ou- plantation de la société Concordia Fibers tillages contaminés. » (et précédemment celle de Safran- Quelle place occupe cette plateforme de Albany) la réparation d’une injustice Void dans le dispositif de fonctionne- « car privée dès les années 30 de l’indus- ment de Cigéo et des sites nucléaires qui trie aéronautique, véritable vecteur d’in- pourraient se développer aux alentours ? novation, par crainte de conflit » ? Sachant, à titre de comparaison, que près L’entreprise Safran-Albany (Safran), qui du secteur de La Hague qui concentre les s’est installé à Commercy en 2014 en entreprises industrielles, le terminal fer- compensation du départ du 8ème régiment roviaire de Valognes accueille quant à lui d’artillerie (900 militaires), excelle dans les filiales d’Areva spécialisées dans le l’aéronautique : Commercy constitue une transport, dont LMC... des deux implantations dans lesquelles La manière dont cette installation a été AEC produit, avec Safran son partenaire, présentée à la population et l’opacité qui des composants du moteur LEAP, plus entoure son activité augure ce qui va se économe en carburant. Mais Safran, c’est passer ensuite pour chaque nouveau site aussi un acteur de la défense militaire nucléaire. Les entreprises qui veulent avec les propulseurs des missiles balis- s’installer font miroiter des emplois et des tiques stratégiques de la force nucléaire, promesses d’investissement local, don- les M51. En Haute-Marne, la BA 113 nent à l’installation nouvelle une image de Saint-Dizier participe à la mission de d’excellence, ne mentionnent que rare- dissuasion nucléaire de la France et em- ment les mots déchets, radioactifs ou ploie 1.800 personnes. Avec 1.700 mili- nucléaires, passent pudiquement sur les taires et 100 civils, elle est le premier em- dangers liés à ce type d’activité -auxquels ployeur du département. C’est la seule on saura bien sûr faire face le jour venu-. base aérienne dotée d’une cinquantaine Les élus locaux, hormis quelques excep- de Rafales et un fleuron technologique tions, votent alors positivement « pour de l’armée de l’Air. Un site comme celui quelques emplois de plus » sans poser de Syndièse (Syndièse) arrivé en 2014 à

116 Saudron, à proximité de Bure, interpelle “Meuse 2015 -Construire également. Le Cea (Commissariat à l’éner- ensemble la Meuse de gie atomique et… aux énergies alterna- demain-”, projet oublié ? tives) a commencé d’y installer un démonstrateur préindustriel de produc- C’est le titre d’un document de synthèse tion de biocarburants de deuxième géné- édité par le Comité d’Appui à la Prospec- ration (diesel de synthèse) à partir de bois. tive Meuse 2015. (Meuse 2015) En apparence, la gazéification du bois n’a pas de lien direct avec le nucléaire ou le « Meuse 2015 est un plan de développe- militaire. Mais pour le Cea, une activité ment qui s’est fondé sur le rapproche- comme celle de Syndièse est très atypique ment des bonnes volontés de tous les au regard de l'ensemble de ses activités. Meusiens, de l’expertise des socioprofes- sionnels, de la volonté des forces poli- Et surtout, ce projet s’appuie sur une tech- tiques. Les projets phares qui sont nologie compliquée et polluante, au bilan présentés ici sont le fruit du consensus : énergétique désastreux et ne sera très vrai- ils peuvent, ils doivent faire que la Meuse semblablement pas viable économique- d’ici vingt ans, la Meuse de nos enfants, ment (cf l’abandon du projet Choren à soit accueillante à tous les projets, une Freiberg en Allemagne et l’insuffisance de terre vivante. » la ressource forestière - Note de Synthèse). Selon ce document : en 1996, « au terme Alors comment comprendre l’implanta- d’une longue démarche d’analyse, de tion du projet Syndièse, à deux pas de la concertation, de consultation, la Meuse future zone dite « de descenderie » de de 2015 se dessine, prend des formes et Cigéo ? La proximité du projet Cigéo, les des couleurs. Le projet que les Meusiens activités principales de Cea (militaires et ont voulu est là sous nos yeux. Les nucléaires) et l’ampleur de la maitrise Chambres consulaires, le Conseil général foncière de l’Andra (Andra, foncier) ou à et les partenaires socioprofessionnels et son bénéfice (3.016 ha pour une emprise associatifs, présentent dans ces huit foncière de Cigéo estimé à 680 ha) pages, la quintessence de ce dossier ». posent question : si le projet Syndièse Des scénarios, des orientations, sept pro- devait être abandonné (il n’existe actuelle- jets phares construits autour des trans- ment qu’un atelier de broyage /phase 1), ports, de l’identité meusienne, de par quoi serait-il remplacé ? Rappelons l’aménagement du territoire, du dévelop- que le Cea est aussi le gestionnaire du site pement des territoires ruraux, de l’inter- militaire de Valduc, près de Dijon (et communalité ou encore la création d’un Cigéo pourrait accueillir des déchets Observatoire économique et social, « afin militaires de Valduc…) et développe éga- de mieux recenser les besoins du dépar- lement des recherches sur la métallurgie tement et de mettre en place les poli- du futur (Cea, Métal.), activité nouvelle tiques nécessaires devant permettre au qui pourrait s’implanter à Bure même. territoire d’aborder le troisième millé- Historiquement en France, et encore naire dans d’assez bonnes conditions ». aujourd’hui, les liens entre le nucléaire (Meuse 2015, Le Moniteur) Pas un mot civil et le nucléaire militaire ne sont plus de la venue en Meuse de C. Bataille fin à démontrer. Rien n’interdit de penser 1993 et du choix de Bure pour l’implan- qu’ils pourraient connaitre un dévelop- tation d’un « laboratoire », prémisse iné- pement important sur les territoires luctable du stockage souterrain de autour de Cigéo. déchets nucléaires. R. Herment est en 1996 président du Conseil général qui

117 vote à l’unanimité pour son accueil en été « choisie comme dépotoir ». (Sénat, Meuse. Sur les 30 départements démar- 1991) Aujourd’hui, la mise sous perfusion chés, Bure est un des 3 sites retenus fin financière de nos départements et les 1993 et les travaux de reconnaissance promesses de création d’emplois ont géologiques démarrent en 1994. emporté les consciences des décideurs. Aujourd’hui, ce document est introuva- La population découvre son impuissance, ble et il a disparu des sites internet du se résigne au sacrifice ou construit la Conseil général et des chambres écono- révolte. En 1993, C. Namy, alors président miques, comme -semble t-il- des bureaux du Conseil général de la Meuse, assume idoines. Comment expliquer cette amné- en toute clarté le cheminement des élus. sie collective pour un document de pros- Il parle ainsi de Syndièse dans Les Echos pective économique en cours et la du 29 avril, relaté par Haute-Marne Ex- disparition totale de référence à cette pansion (Haute-Marne Expension) : « Il prospective dans les années qui vont sui- s’agit du premier vrai projet industriel vre ? Que reste-t-il des intentions affi- sur le territoire dans le cadre du pro- chées alors ? gramme d’accompagnement économique venant en compensation de notre accep- En 2016, le fruit du consensus écono- tation à recevoir le centre de stockage de mique d’alors a fait long feu. Le projet déchets radioactifs. » économique d’aujourd’hui est nucléaire, les propositions d’installations indus- C’est du donnant/donnant. Mais les trielles arrivent d’en haut, à la satisfaction partenaires du contrat sont-ils à égalité ? des grands élus qui en redemandent. S’ils Les départements de la Meuse et de la font quand même l’objet d’une valida- Haute-Marne se présentent en position de tion pour la forme par les conseils muni- faiblesse car ils demandent à développer cipaux, pour beaucoup d’habitants, ils leur activité économique. Il n’est donc pas ne sont plus promesse d’une terre étonnant, qu’en l’absence d’un autre projet économique fort porté par les élus, l’offre vivante. La manière de faire ne relève plus ait été ciblée sur le nucléaire et condition- de la planification industrielle et écono- née à l’acceptation du projet Cigéo. mique auxquelles la société civile est par- fois conviée à participer à la marge. Elle relève de la colonisation pure et simple Le mirage des emplois d’une région considérée comme sous-dé- et de l’investissement local veloppée et de l’oppression, avec toutes Analyser finement cette approche néces- les violences qui l’accompagnent : opacité siterait une étude en soi. Elle supposerait des décisions au sommet, influence exer- aussi d’avoir un accès aux documents de cée sur les élus et les consciences (chan- planification et aux chiffres, lesquels sont tage à l’emploi et à l’argent), mise à l’écart réservés aux acteurs économiques et aux et mise en insécurité permanente des élus et distillés vers l’extérieur, au compte- populations, répression des opposants… goutte, partiellement, une fois les décisions En 1991, quand le secteur de Vigneulles prises au sommet. On peut néanmoins où il habitait était prospecté pour l’im- avancer quelques pistes de réflexion. plantation du laboratoire de recherche géologique, R. Herment, sénateur, criti- L’arrivée du nucléaire bouleverse les quait le projet lors d’un débat parlemen- équilibres économiques existants et taire. Il invoquait alors des risques « que prend de court les acteurs locaux nous n’avons pas le droit de prendre » et L’association Energic 52/55 (Energic les effets négatifs pour une région d’avoir 52/55) voit le jour en 2007, après la loi

118 de 2006 qui entérine la solution de l’en- achats de produits industriels et un tiers fouissement à Bure. Elle a pour objectif pour les entreprises du bâtiment. Pour de « fédérer les entreprises locales de que cette dynamique se poursuive, l’énergie, promouvoir leurs compétences C. Presta (Areva) pose cependant une et les mettre en relation avec les donneurs condition : Il faut que les entreprises dans d’ordre (Edf, Areva, l’Andra et le Cea) ». cette région changent de culture et pren- 110 entreprises sont actuellement adhé- nent de nouvelles responsabilités ». Si rentes à cette association qui veut « met- celles qui adhèrent à l’association Energic tre en avant les potentiels des entreprises 52/55 veulent avoir des marchés, elles meusiennes et haut-marnaises et faire en doivent s’adapter. On ne badine pas avec sorte que les retombées économiques du les exigences de qualité chez les opéra- laboratoire de Bure profitent au terri- teurs du nucléaire. » Mais le président toire. ». Elle « défend le développement du Conseil général, C. Namy, est économique et la dynamisation du terri- circonspect. Il estime que « ça n’évolue toire » et travaille à « mieux répondre aux pas assez vite ». Tout comme il estime besoins et aux marchés de demain. Et le que « l’Etat ne joue pas son rôle dans l’ac- marché de demain, c’est Cigéo. » compagnement économique et nous Tout est à construire : il faut former de sommes déçus par les opérateurs qui nouvelles compétences et préparer les manquent de considération envers notre entreprises à répondre aux besoins des territoire. Le seul point très favorable, opérateurs de l’énergie dans un domaine c’est la montée en puissance des com- très spécifique, le nucléaire, et sur des mandes aux entreprises locales ». (Est Ré- marchés de première importance. publicain, 23/07/2011) En 2014, les adhérents d’Energic 52/55 C. Namy récidive. Dans un article de avaient fait plus de 35 millions d’euros L’Est Républicain du 17 décembre 2016, de chiffre d’affaires. Année faste qui n’a il fustige le Comité de Haut Niveau pas résisté aux aléas économiques que les (CHN) qui ne s’est pas réuni depuis fé- acteurs du nucléaire et notamment Areva vrier 2013, alors qu’il devait se réunir une ont connus ces 2 dernières années. A tel à deux fois par an, sous la présidence du point que la présidente et la directrice de Ministre de l’environnement. Lors de la l’association ne se font pas d’illusions réunion préparatoire, il aurait déclaré que pour 2016 ! (Energic 52/55) « Ce CHN avait été créé pour obliger les Malgré un optimisme résolument affi- industriels à rendre compte des créations ché, entre les investisseurs du nucléaire et d’emploi sur le territoire. Pour l’heure les acteurs locaux, qu’ils soient élus ou c’est très insuffisant ! » des organismes économiques, depuis le D. Ruhland, le maire de Montiers sur début c’est plutôt : « Je t’aime, moi non Saulx (à 8 km de Bure), dans le cahier plus ». La réalité de l’accompagnement d’acteurs qu’il a déposé comme contribu- économique n’est pas toujours à la hau- tion au débat public en 2013, se montre teur des promesses et des espérances. Les déjà très interrogatif sur le nombre d’em- frictions sont nombreuses et les mots par- plois réellement locaux et irrigants pour fois acerbes. Le lobby nucléaire est perçu la vie économique du territoire. (Cpdp, comme une entité qui prend les locaux Débat Public) « de haut » : Et un article du journal Le Monde du « 95 millions d’euros de commandes aux 11 janvier 2017 (Le Monde) relate dans entreprises locales ont été réalisées entre le dernier paragraphe : « Certains élus 2006 et 2010 dont deux tiers pour des sont eux aussi sur la défensive. Pourtant

119 favorable à l’enfouissement, D. Ruhland, marchés, les profils de poste, les périodes maire (div. droite) de Montiers-sur-Saulx et la durée des emplois, les filières d’en- et conseiller départemental du canton de seignement supérieur et de recherche Ligny-en-Barrois, dont dépend Bure, est dont Cigéo pourrait être le levier… amer : « L’Andra nous a fait miroiter un restent à préciser. De même que la liste développement économique de notre ter- des produits et services qui pourraient ritoire, mais on ne voit rien venir. » Bien être approvisionnés localement. sûr, la Meuse et la Haute-Marne reçoivent chacune 30 millions d’euros par an de Des emplois qui coûtent très chers fonds d’accompagnement, qui servent à à la collectivité et dont l’avenir changer le mobilier urbain ou à ouvrir des est incertain salles des fêtes. « A quoi bon, pense l’édile, Hors Cigéo et Safran-Albany (aéronau- si nos villages se désertifient ? » tique), sur les deux départements, le Il a donc fallu allotir (fractionner en lots nombre d’emplois créés par la filière des plus petits) les chantiers proposés afin de services au nucléaire est très faible : permettre à plus d’ « entreprises de 150 environ. 200 à 400 emplois supplé- second rang d’accéder à ces marchés ». Le mentaires pourraient voir le jour, si les nucléaire fait donc souvent appel à des embauches prévisionnelles se concrétisent. compétences particulières qui n’existent Pour les entreprises dont les chiffres sont pas en Meuse et en Haute-Marne et qui connus, les effectifs recrutés sont globa- sont importées d’ailleurs : quelques lement faibles voire ridicules au regard exemples, des investissements (ou du risque encouru), et ce sont des emplois au coût exorbitant, - Sur les 16 emplois de la plateforme même en imaginant un développement LMC-Areva, seules deux personnes sont progressif satisfaisant de l’activité. locales, les transports de matière nu- cléaire, de déchets ou de matériel conta- Pour chaque emploi créé, au démarrage miné étant conduits par 14 chauffeurs de l’entreprise, le ratio investissement spécialisés. /emploi atteint au bas mot 412.500 euros et monte au plus à 1.200 000 euros. En - Sur les 297 emplois Andra dédiés à phase de croisière, si le développement Cigéo, seules 86 personnes sont perma- prévisionnel des emplois s’avère juste, nentes, ce qui ne veut pas dire locales ! chaque emploi créé coûterait à minima - La future base de maintenance chaude 42.500 euros et à maxima à plus de d’Edf ne compterait que 50 emplois 300.000 euros. Socodéi, les 200 autres étant des personnels Si l’on réalise que ces entreprises sont très qualifiés d’Edf, ne provenant pas du souvent à capitaux publics, garantis par tissu local non plus. Ce que soulignent les l’Etat, que les collectivités locales mettent deux formations mises en place au sein la main à la poche pour les attirer des deux lycées professionnels de Bar-Le- (l’exemple de Concordia Fibers, lié à Duc et Saint Dizier (encadrement d’équipes Safran, est particulièrement frappant !), et soudeurs) qui sont de niveau BTS. et que les acteurs du nucléaire, au pas- Les acteurs économiques locaux sont sage, récupèrent en partie leur mise de encore loin de maitriser l’analyse et le fonds via un retour de subventions des pilotage du développement économique GIP Meuse ou Haute-Marne auxquels ils et de l’emploi-formation liés au projet contribuent, on peut se poser la question Cigéo et aux autres projets d’installations de la « rentabilité » de ces implantations nucléaires. Le planning des travaux et des en termes d’emplois. A comparer avec le

120 secteur des énergies renouvelables forte- pour « réenclencher un cercle vertueux ment créateur d’emplois, sans risque ma- de croissance de l’emploi et de la popu- jeur pour les populations, mais qui font lation », comme le suggère P. Debard, de souvent l’objet de critiques sur leur coût. l’Insee Lorraine, dans l’introduction du Il faut souligner que le cluster Energic dossier Ecoscopie de la Meuse de 2015 52/55 s’est créé autour de la question de (Ecoscopie Meuse) ? l’énergie parce que Cigéo arrivait en Prenons l’exemple du département de la Meuse, assorti d’un effet d’aubaine. Son Meuse. activité est organisée autour d’une mono- « En 2013, la Meuse compte 64.000 em- industrie fragilisée sur le marché interna- plois dont 56.100 emplois salariés. tional, et il existerait donc un risque Depuis 2008, près de 3.100 emplois ont majeur de voir un jour tout un énorme disparu, notamment 1.200 dans l’indus- pan de l’économie des deux départe- trie où seul l'agro-alimentaire parvient à ments s’effondrer. Cette question aurait conserver ses effectifs. » Il faut donc noter du tarauder également les chambres que le nucléaire (Cigéo et filière) ne par- consulaires et les élus, s’ils avaient réfléchi viendrait que difficilement à couvrir à long terme. 50% des emplois perdus en cinq ans sur Pendant ce temps, la chute vertigineuse le département et n’apporterait que 2,3% du cours des actions Edf se poursuit, à d’emplois nouveaux, pour un nombre de mesure que les difficultés techniques et chômeurs atteignant 14.200 personnes budgétaires de l’entreprise s’accumulent, fin 2014. de même que l’agonie d’Areva. Le déve- Ces emplois seront-ils vertueux ou exclu- loppement économique du territoire sifs d’autres emplois et potentiellement pourrait par conséquent s’effondrer avant un risque majeur de destruction des em- même d’avoir vu le jour. La Meuse et la plois traditionnels du département ? Haute-Marne seront-elles demain les L’industrie avec ses 10.400 emplois sacrifiés économiques d’une industrie représente 16 % des emplois meusiens. nucléaire en perte de vitesse et qui n’aura L’agriculture et l’agroalimentaire emploient d’autre perspective d’excellence que la respectivement 6.875 actifs et 2.400 sa- fermeture progressive de ses centrales lariés, notamment dans les fromageries vieillissantes ou la difficile voire l’impos- (soit 14,5 % des emplois du département). sible gestion d’un stock exponentiel de La métallurgie et l’industrie agro-alimen- déchets nucléaires ? taire sont les secteurs dominants de l’in- Que représentent ces emplois dustrie meusienne. La forêt couvre 37% nucléaires dans le paysage du territoire meusien et la filière forêt- bois emploie encore près de 2.700 per- économique local ? sonnes. Le tourisme représente 1.450 Cigéo, c’est aujourd’hui 86 emplois per- emplois au meilleur de l’été et ambitionne, manents et, à terme si le projet se concré- avec le lac de Madine, de devenir un tise, entre 500 et 1.000 personnes en outil de développement touristique et permanence sur le site. Les emplois économique au centre de la région Grand- actuellement créés et envisagés à terme Est et proche des Pays-Bas. Une partie par la filière nucléaire en Meuse et en de ces emplois bénéficient d’une image Haute-Marne, hors Cigéo, ne dépassent d’excellence et participe à l’image verte pas 550 emplois au total. Peut-on imagi- du département, synonyme de paysages ner que la diversification économique préservés et de bien-être au quotidien. apportée par le nucléaire sera suffisante « Le département de la Meuse, au même

121 titre que celui des Vosges, mérite le titre D’ailleurs, qui accepterait d’habiter, de de département vert de Lorraine… Avec venir en vacances ou de consommer la de multiples paysages remarquables et production alimentaire d’un territoire des écosystèmes diversifiés, le patrimoine pollué par la radioactivité ? environnemental meusien constitue un Que représentent alors les quelques cen- atout à préserver pour la qualité de vie et taines d’emplois promis à terme face aux le tourisme de demain. » (Ecoscopie milliers d’emplois actuels des secteurs Meuse, p.25) agricole, forestier et touristique de nos Alors que les emplois dans l’industrie ont départements ? Et que deviendront ces régressé comme partout en France, emplois si le nucléaire en force vient les l’agroalimentaire en Meuse n’a pas délo- contaminer ou même simplement calisé et ses effectifs restent globalement détruire l’image du blé meusien, du brie stables. En 2013, elle devrait même avec de Meaux, du champagne et des eaux de le renouvellement des générations d’actifs Vittel ou du tourisme dans nos belles recruter autour de 600 emplois théo- forêts de Meuse/Haute-Marne/Vosges ? riques ces prochaines années. (Ecoscopie Peut-on accepter Cigéo et le développe- Meuse, p.29) ment mono nucléaire qui l’accompagne Les vergers -notamment de mirabelles- et à l’exclusion de toute autre perspective de les vignes des Côtes de Meuse donnent au développement ? département et au Lac de Madine un Le gigantisme du projet et les aménage- attrait touristique non négligeable. Et les ments qu’il implique, le mirage des grandes cultures (blé, orges et colza) sont emplois faciles et servis sur un plateau écoulées pour 70% à l’export, principale- occultent complètement toute réflexion ment vers le Benelux et l’Allemagne. Si le séreuse des élus et des acteurs écono- colza meusien, essentiellement utilisé miques sur un modèle de développement pour la fabrication du diester, est moins différent (qu’il soit non nucléaire ou utilisé pour l’alimentation humaine et simplement diversifié). La responsabilité animale, ce n’est pas le cas du blé et des des acteurs politiques et économiques est orges. On voit bien à quel point un acci- ici clairement engagée : à quel moment dent nucléaire dans cette région affecterait et comment ont-ils exercé une analyse tout à la fois la production et la commer- critique du développement à sens unique cialisation des denrées alimentaires, ainsi qui leur était proposé ? que le tourisme et d’une manière générale Qu’est devenue la prospective écono- l’attractivité intrinsèque du territoire. Car mique partagée « Meuse 2015 » ? ces activités économiques sont particuliè- rement vulnérables à la volatilité des A défaut d’un enterrement de première consommateurs, en particulier frontaliers, classe, a-t-elle été jetée discrètement dans qui voient d’un mauvais œil la poursuite la fosse commune des oublis, comme un du nucléaire en France proche, alors objet sans consistance ? Comment parler qu’eux-mêmes n’en ont pas ou ont choisi alors de garder la mémoire d’un site d’en sortir. C’est le cas de l’Allemagne et comme Cigéo, dans un territoire frappé du Luxembourg qui cherchent à faire par l’amnésie et par l’incapacité à penser fermer les centrales de Cattenom et de et structurer son avenir ? Fessenheim jugées dangereuses. Article achevé de rédiger en janvier 2017

122 Bibliographie et références n Andra, foncier : Situation foncière du projet Cigéo (juin 2016) : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Areva, Rapport d’activités 2014 - LMC-Void : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Asodedra Exclusion : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Cpdp, Débat public : http://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-cigeo/_script/ntsp-document- file_download94ac.pdf?document_id=102&document_file_id=107 n Ecoscopie Meuse : Ecoscopie de la Meuse - INSEE- Dossier N° 1 -Mai 2015- Réenclencher un cercle vertueux de croissance de l’emploi et de la population http://docplayer.fr/10147259-Ecoscopie-de-la-meuse.html n Energic 52/55 : « L’association se positionne sur les marchés de l’énergie, hydraulique, nucléaire et thermique. Elle a été labellisée Grappe d’entreprises par la Datar en 2011. Elle permet notamment de renforcer les relations entre les entreprises locales et les donneurs d’ordre de la filière nucléaire (Edf, Cea, Areva, Andra) en accompagnant les entreprises dans l’évolution de leurs compétences. Cette sensibilisation des entreprises est un préalable indispensable à leur positionnement efficace sur ces nouveaux marchés. » n Energic 52/55 : http://www.energicst5255.fr/ n Est Républicain : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE 23/07/2011- Les opérateurs de Bure au rapport, Gérard Bonneau 16/11/2016 - Revue de presse 1- Concordia Fibers nouveau créateur d’emplois, Lionel Madella 16/11/2016 : Revue de presse 2 et 3 - Concordia Fibers nouveau créateur d’emplois 17/12/2016 : Un aréopage de personnalités nationales comme la préfecture de Meuse n’en n’avait pas connu depuis longtemps, Lionel Madella n GIP 55 : http://www.objectifmeuse.org/ http://www.objectifmeuse.org/rapports-activites-et-bilan-des-actions/ http://www.objectifmeuse.org/wp-content/uploads/Le-rapport-dactivit%C3%A9s-2015.pdf n GIP 52 : http://www.gip-haute-marne.fr/ n Haute-Marne Expansion : http://www.hautemarneexpansion.fr/ n Le Monde : Le Monde, 11 janvier 2017 : http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article766 n Meuse Ent. : http://www.meuse-entreprise.org/ n Meuse 2015 - Construire ensemble la Meuse de demain - Synthèse du Comité d’appui à la prospective Meuse 2015 - Extraits du magazine « Meuse économique » N° 145 : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Meuse 2015, Le Moniteur : Le Moniteur, 11/04/1997 : Comment la Meuse prépare 2015 http://www.lemoniteur.fr/articles/le-difficile-equilibre-villes-et-campagne-482847 n Sénat 1991 : Sénat, Débat parlementaire – Projet de loi de gestion des déchets radioactifs, séance du 6 novembre 1991 n Safran : http://www.safran-group.com/fr/defense n Socodéi Fiche Analyse : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Syndièse : http://mirabel-lne.asso.fr/content/syndiese http://mirabel-lne.asso.fr/f/Syndiese_schema_final_MirabelLNE.jpg Note de Synthèse : http://mirabel-lne.asso.fr/f/SYNDIESE_def03062014.pdf Etat des lieux utilisation de la biomasse en Lorraine janvier 2015 : document Ademe (Consommations prévisionnelles de plaquettes forestières pour des projets connus jusqu’à fin 2018) : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE n Traces écrites, 2014 : l’actualité économique Grand Est, 16/09/2014 : http://www.tracesecritesnews.fr/actualite/chapagne- ardenne-investissement-dune-quarantaine-millions-deuros-nucleaire-42212 n Void Vacon, 2013 : Courrier du maire de Void Vacon : http://mirabel-lne.asso.fr/CIGEO_GEOPOLITIQUE

123 11

5 4 9 10

17

18 Cigéo et les installations satellites liées aux acteurs du nucléaire liées aux acteurs satellites Cigéo et les installations

124126 Implantation liée à la filière électro-nucléaire et Cea après 2008

Implantation liée à la filière électro-nucléaire avant l’arrivée du projet Cigéo

12 13 14 15 16

2

1 3 19 8

7 6

125127 Cigéo et les installations satellites liées aux acteurs du nucléaire

NATURE ACTIVITE NOM COMMUNE DATE INVESTISSEMENTS ET LIEN INDUSTRIEL

Laboratoire 2000 de recherche géologique BURE Andra 1 (55) PROJET Cigéo 2018 ? Centre industriel de stockage géologique

Plate forme logistique LMC de transit de matériel, matières VOID VACON Areva 2009 et déchets nucléaires 2 (55) International (SITE SIMILAIRE : LMC Valognes - Manche)

BURE 10,7 millions Edf 2010 Archives industrielles 3 (55) d’euros10

Centre d’entraînement SAINT DIZIER Edf 2010 aux essais 4 (52) non destructifs

Stockage de pièces de rechange pour maintenance des 55,7 millions Edf 2011 centrales nucléaires d’euros 5 (55) (SITE SIMILAIRE : en 2016 Autre plateforme - Oise)

GONDRECOURT Centre de maintenance 6 SERMA LE CHATEAU 2012 industrielle (55) Intervention en milieu nucléaire

Atelier de broyage (phase 1) 270 millions Syndièse A terme : SAUDRON 52 2014 d’euros 7 Cea Protype industriel de (à terme ?) gazéification du bois

SGA Centre d’Archives industrielles 2012 ? 8 Client Areva (55) Areva

Maintenance/pièces usagées issues des 58 réacteurs nucléaires et du démantèlement “Base de maintenance chaude”/ "Caisse à outils" nationale d'Edf et ss-traitants Socodei Stockage/entreposage sur 42 millions SAINT DIZIER Filiale 100% 2016 18.000m2/8.000m2 loués d’euros 9 (52) Edf aux ss-traitants nuc. (SITE SIMILAIRE : Usine COGOLET/Centraco Gard : Incinération, traitement effluents liquides, conditionnement déchets ultimes réduction volume, fonderie)

126 Avertissement : ce tableau n'a pas la prétention d'être exhaustif. Il organise les informations publiques que nous avons pu collecter. Certaines rubriques mériteraient d'être mieux renseignées, notamment celles qui touchent aux aspects financiers et aux emplois.

FONDS PROMESSES EMPLOIS EFFECTIFS AUTRES INFORMATIONS GIP EMPLOIS

En 2013, effectifs Agence nationale Andra : 592 pers. Chantier Cigéo : dont 297 pour Cigéo 1300 à 2300 pers. Relocalisation potentielle (hors effectifs Exploitation Cigéo : de 50 à 60 pers. externalisés) 600 à 1000 pers. Emplois locaux : 86

Rapport Areva GIP Meuse : activité 2014 : 318.000 euros 16 emplois 900 convois dont (Aménagement dont 2 locaux 400 d'outillages et ZA du Vé) de déchets radioactifs

Bâtiment primé pour 16 emplois son intégration dont 2 locaux architecturale

GIP Meuse : 3 millions 283 salariés Edf Surface : 20 pers. d’euros 20 emplois externes 77 000 m2 (2010/11/12)

5 techniciens et 1 cadre 20 pers. détachées au laboratoire de Bure

Prév. annuelles : GIP Meuse : 90.000 tonnes bois brut 5 millions Moins de 10 pers. 100 pers. 65.000 tonnes déchets d’euros agricoles

Décor du bâtiment dont GIP Meuse : 9 pers. locaux fresques de G. Larguier, 113.000 euros peintre Bonnet/Paris

Remplacerait l’usine de Tricastin (serait 3 x plus grande) 50 emplois Socodei locaux 30 ha à terme Extension possible 200 prestataires Edf très qualifiés Ex. projet Bouygues rejeté par la population à Mably (42) en 2013

127 NATURE ACTIVITE NOM COMMUNE DATE INVESTISSEMENTS ET LIEN INDUSTRIEL BTS Lycée SAINT DIZIER "Environnement nucléaire" 10 Blaise Pascal (52) Contribution Areva (SITE SIMILAIRE : Le Creusot - Bagnols/Cèze) Formation au soudage Lycée BAR-LE-DUC après Bac Pro 450 000 euros 2012 11 Ligier Richier (55) “Maintenance industrielle en 2015 et nucléaire” Filiale Baumert : sécurite et protection Commercy en milieux nucléaires Robotique COMMERCY (démantèlement, (Groupe Gorgé) 2010 12 (55) maintenance, construction ) Filiale 100% Filiale Serres Technologies : CIMLEC indus. conseils, études et recherches en sûreté nucléaire Moteurs d’avion en matériaux Safran- COMMERCY composites 13 Albany (55) de nouvelle génération PROJET Quantification et mesures de KEP COMMERCY matières et déchets nucléaires 14 Technologies (55) caractérisation de fûts de (KEP Nuclear) déchets automatisée Amélioration sûreté des centrales nucléaires et ensemble de PROJET la filière nucléaire CMI Cockerill COMMERCY conceptions d'équipements, 15 Maintenance et (55) conditionnement, maintenance ingénerie sur robinetterie nucléaire Campus de formation

Concordia 1,7 millions d’euros Fibers COMMERCY 2016 Torsion de fibres de carbone (terrain/ bâtiment) 16 (sous-traitant (55) Safran-Albany) 8 M€ à terme

Parc d’activités PROJET près de fin Blanchisserie des linges UNITEC 12 millions d’euros 17 JOINVILLE 2018 rouges des centrales nucléaires Services group 52

PROJET GUDMONT- fin Retraitement Fers et Métaux 18 Derichebourg VILLIERS 2018 Pièces TFA 10 millions d’euros Environnement (52) ? des centrales nucléaires

Métallurgie du futur Recherches sur nouveaux PROJET BURE ? métaux et céramiques 19 Cea (55) pour les réacteurs de 4ème génération

128 FONDS EMPLOIS EFFEC- PROMESSES AUTRES INFORMATIONS GIP TIFS EMPLOIS

Convention de partenariat GIP 55 : prévisionnel avec Fives Stein 205.000 euros Bar-le-Duc Versé : 155.000 et Fives Nordon Nancy

Chiffre d’affaire du pôle en 2015 : 38,7M€ soit 15% du CA Gorgé

Le groupe Safran fabrique GIP Meuse : 450 emplois des propulseurs pour 500.000 euros000 missiles nucléaires Forte relation avec certains acteurs du monde nucléaire dont Cea DAM - Valduc

Campus de formation : GIP Meuse : réhabilitation 228.000 euros des casernes engagés Oudinot

De 20 à 40 pers. GIP Meuse : Entreprise américaine 4 pers. 50 espérés 500.000 euros près de Boston par Codecom

Relai de l'usine fermée de La Hague Marché national : 1000 T Entre Jusqu'à 40 emplois de linge. Ambitionne 10 et 45 pers. des marchés Sud Allemagne, Belgique, Suisse Multinationale de 33 000 salariés Entre 10 et 45 emplois dans 14 pays déjà implantée à Saint Dizier SITES SIMILAIRES : Saclay, Marcoule Pourquoi un 3e site à Bure ? Quel lien avec Syndièse ?

129 Transport atomique à haut risque, impact sanitaire et culture du secret

Corinne François avec la participation de la Criirad et de Philippe Guiter

Si le transport des déchets nucléaires est un sujet d'une grande importance en ce qui concerne le projet Cigéo, il est cependant très peu développé dans les communications diffusées par l'Andra. Cigéo signifie pourtant la création d’un trafic intense dans le pays afin de rassembler et de concentrer l’ensemble des déchets radioactifs les plus toxiques à Bure. Risques réels, dangers, impacts environnementaux, la population manque d’information. Elle risque de se voir imposer l’exposition à des risques multiples sans avoir les clés pour comprendre et sans participer à l’élaboration –ou non- de choix décisifs pour son avenir.

Que nous apprend mité de Cigéo. Des itinéraires sont étu- le débat public 2013 ? diés depuis la Normandie (La Hague) et la vallée du Rhône (Cadarache, Mar- Le chapitre Comment fonctionnera Cigéo coule, Bugey.) du dossier du maître d’ouvrage (Dmo, Cpdp, p.47-48), qui a été produit pour Le trafic ferroviaire serait le mode de le débat public sur Cigéo en 2013 illustre transport envisagé principalement, sans parfaitement l'aspect succinct -voire par- détailler d’autres alternatives. Selon la tial- des éléments livrés à la réflexion du carte jointe page 47 au dossier du débat public au sujet des transports. public (voir Fig.1) : en partant du Nord de Valognes (La Hague) ou du Sud-Est Ainsi, y apprend-on qu’Areva, le Cea (Marcoule), l’axe retenu traverse les et Edf prévoient de livrer de l’ordre de grosses agglomérations de Caen, Amiens, 700 à 900 emballages par an à l’horizon Paris, Reims, Lyon, Ambérieu, Dijon. 2030-2040. Le transport par voie fer- Avant de passer par les petites villes meu- roviaire est privilégié : cela représenterait siennes et haut-marnaises (Bar-le-Duc, au maximum une centaine de trains Ligny-en-Barrois, Joinville, etc.). Les par an (avec une dizaine de wagons déchets atomiques circuleraient donc sur par train), soit de l’ordre de deux trains les voies ferrées et dans les gares au même par semaine en pic, avec une moyenne titre que les usagers de la Sncf, voyageurs de deux trains par mois sur la durée d’ex- et fret commercial. Et ce jusqu’à deux fois ploitation. Pour les colis de déchets pro- par semaine pendant près d’un siècle. Les venant du site Cea de Valduc (Côte- suites données au débat public par le d’Or), dont les flux sont limités, le Cea Conseil d’administration de l’Andra, prévoit un transport par voie routière. réuni le 5 mai 2014 confirment la préfé- (…) Le réseau ferré national permet rence pour le transport ferroviaire d’acheminer les convois jusqu’à proxi- (Andra, suite DP) :

130 acquis et planifié pour le maître d’ou- Fig.1 vrage du projet Cigéo, celui de l’usage principal du trafic ferroviaire. Le débat public 2013 a-t-il permis à l’Andra de faire valider par une conclusion erronée, soit la « préférence du public et des parties prenantes », des choix antérieurs présentés en une seule et unique option -à prendre ou à laisser- ? Les associations d’opposant-es qui ont appelé au boycott de ce débat public ont alerté sur la « pauvreté » en éléments informatifs, voire une certaine forme « d’indigence » du Dmo en général. Ce document ne devait-il pas permettre au public de se faire une opinion circonstan- « À propos du transport des colis de ciée, objective et solide du sujet ? déchets radioactifs - Considérant la préférence du public et Dans le dossier du débat public 2013, des parties prenantes pour un transport l’Andra aborde le sujet du risque de façon des colis de déchets radioactifs par voie descriptive, rassurante, normative et ferrée et un embranchement direct sur le lapidaire : « Les déchets sont transportés site de Cigéo ; dans des emballages conçus pour être - Considérant la demande d'un renforce- étanches et le rester même en cas d’acci- ment de l'information autour de ces dent (collision, incendie, immersion...). transports ; Ils sont composés de plusieurs types de matériaux qui permettent de Le Conseil d'administration de I'Andra : réduire les niveaux d’irradiation pour - Rappelle que le transport des déchets les rendre inférieurs aux limites fixées radioactifs vers Cigéo relève de la respon- par la réglementation. Celle-ci établit sabilité des producteurs de déchets. que la quantité de rayonnements reçus - lndique qu'Areva, le Cea et Edf sont par une personne qui resterait à 2 m convenus avec l'Andra d'élaborer, avant du véhicule pendant une heure n’ex- le dépôt de la demande d'autorisation de cède pas la limite de 0,1 millisievert, création de Cigéo, un schéma directeur quel que soit le type de déchets trans- pour le transport des déchets radioactifs porté. A l’issue des opérations de jusqu'à Cigéo, et de saisir sur cette base chargement, l’expéditeur vérifie la le Haut Comité pour la transparence et conformité de l’emballage à la régle- mentation. » (Dmo, Cpdp, p.46, ) l‘information sur la sécurité nucléaire. L’Andra semble avoir estimé que sur cet - Décide le raccordement du site au aspect qui concerne de près les résidents réseau ferré national, pour permettre des régions à forte ou faible densité I'acheminement des colis de déchets par démographique traversées par ces convois le rail jusqu'à Cigéo. » à très hauts risques, quelques lignes suf- Force est de constater que le dossier du fisaient. Pourtant, sûreté et impact radio- débat public, sur le sujet des transports, logique des transports de matières ne présentait qu’un seul scénario, déjà radioactives constituent une véritable

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