Monographie de la commune de Delouze

par M. Gérard, instituteur dans les années 1880

Reproduction d’un document manuscrit daté de 1888, mis en page par Daniel Herbourg en 2019

Page 1

sommaire

page

1. Nom et Etymologie 3 2. Géographie 3 3. Position de la commune 3 4. Limites et aspects du territoire 3 5. Orographie 4 6. Hydrologie 5 7. Géologie 5 8. Climat 7 9. Flore et faune 8 10. Bois et forêts 9 11. Population 11 12. Agriculture 12 13. Industrie 14 14. Commerce 15 15. Voies de communication 15 16. Administration communale 16 17. Conditions hygiéniques 17 18. Histoire : 17  Temps préhistoriques 17  Epoque gallo-romaine 18  Epoque Franque 19  Epoque du moyen-âge 20  Epoque moderne 21  Châteaux seigneuriaux 28  Etude des dénominations du cadastre 30  Anciens recteurs d’école 33  Lieu de pèlerinage 34  Hommes célèbres 35

Annexe A – le plan de Delouze en 1888 36

Annexe B – Les trouvailles de Cacho l’Enson 37

Page 2

Commune de Delouze

1 – Nom et Etymologie :

Nom de la commune en français : Delouze

En patois : Delâoze

Avant 1789 : ce village se trouve mentionné sous les noms de Dolosa, dans le document « carta Frederice Ducis » en l’an 963, déposé aux archives départementales ; Delouze, dans le Chapître des Comptes, en 1327 ; Dolosa, dans le Regest.Tullensis, en 1402 et Del {…..} en 1711, dans les Pouillés de Toul.

Pendant la révolution : pendant cette période, ce village ne subit aucun changement de nom.

Etymologie :

Les recherches faites dans le but de déterminer l’étymologie du nom de cette localité n’ont abouti à aucun résultat.

Hameaux ou écarts :

Le village est constitué d’un seul groupe de maisons contiguës et ne possède d’autre écart qu’un moulin à eau, situé au sud-ouest du village, à environ 150m.

2 – Géographie –

3 - Position de la commune :

Delouze se trouve à 48°34’ de latitude nord et à 3°6’ de longitude orientale. Au centre du village, auprès de la maison d’école, l’altitude est de 320m.

Sa distance à Gondrecourt, chef-lieu de canton : 7km

A , chef-lieu d’arrondissement : 26 km

A Bar-le-Duc, chef-lieu du département : 43km

A Nancy : 60km / à Paris : 298 km.

4 – Limites et aspects du territoire :

Le territoire de Delouze est limité, au nord, par le finage de Demange-aux-Eaux, au nord-est par celui de , à l’est par celui de Rosières-en-Blois, au sud par celui d’ et à l’ouest par ceux d’ et de Baudignécourt.

Page 3

Ce territoire est accidenté. La chaîne des Monts de la , ou Argonnes occidentales, le coupe du Nord au Sud. Le village est bâti dans une étroite vallée resserrée entre divers sommets dépendant de cette chaîne de montagnes.

Ces élévations, boisées en partie avec le village placé au centre, au fond de la gorge, offrent à l’œil un ensemble pittoresque qui rappelle un paysage des régions montagneuses.

5 – Orographie :

Les monts de Delouze sont : 1° Fragne (ou la plaine) qui circonscrit le village au sud, 2° la Côte, rattachée par le base à la Plaine, qui continue la ceinture du village à l’est ; 3° au nord et à l’ouest s’étend le grand plateau du Chânois, dont les divers sommets varient d’altitude.

Le mont Fragne est le plus rapproché des habitations du village. Au sommet est le signal de Delouze à l’altitude de 396m. Du sommet de ce monticule on domine tous les environs. Vers l’ouest s’étend un vaste horizon borné de forêts ; en avant de ce rideau lointain, on découvre la vallée de l’Ornain avec quelques-uns des villages bâtis sur les hauteurs ou échelonnés sur ce cours d’eau.

La côte, au sommet, a 401m d’altitude. Le flanc sur-ouest seulement dépend du territoire de Delouze.

Le plateau dit le Chânois est moins élevé, mais plus vaste que les deux autres. Il domine, au sud-ouest, l’étroite vallée dite des Mâchaires où coule le ruisseau du même nom et, à l’ouest, il domine celle de l’Ornain.

Au nord du plateau s’étendent en une seule agglomération les forêts de Delouze, de Mauvages et de Demange-aux-Eaux, d’une superficie de 450 ha environ.

Ces trois monts figurent parmi les plus élevés de la contrée car, après le plateau d’ et le signal d’Houdelaincourt, ce sont les points les plus hauts du canton de Gondrecourt.

Le Chânois recèle des antiquités et des ruines d’édifices de l’époque Gallo-romaine, il sera parlé de ces substructions dans le chapitre consacré à l’achéologie.

6 – Hydrographie : Ruisseau des Mâchaires

Les flancs du Chânois s’abaissent généralement en pente douce, il y a cependant une exception. A proximité du village, le revers sud-ouest, nommé Chénelle, qui domine un groupe d’habitations, se dresse presque à pic.

Page 4

La source provenant du sein de ce mont sort de terre au niveau de la vallée. Canalisée par les soins de la municipalité, elle se dirige ensuite vers le sud, longe la rue principale et alimente, au moyen de tuyaux souterrains, quatre fontaines qui donnent aux habitants une eau saine et limpide.

La quantité d’eau non utilisée par la population sort des fontaines et forme le ruisseau des Mâchaires.

Parvenu au centre du village, ce cours d’eau décrit un angle droit, se dirige vers l’ouest, puis plus large au fur et à mesure que la vallée s’élargit et, après un parcours de 5 km, va se jeter dans l’Ornain, en amont du village d’Houdelaincourt.

L’altitude de la source est de 324m, celle du point d’aval, à la limite du territoire, de 285m et le parcours de ce cours d’eau sur Delouze d’environ 2800m.

7 – Géologie :

Les monts de Delouze ne sont point le résultat d’un soulèvement car les couches géologiques dont ils sont composés se trouvent dans un ordre du superposition régulière. Ils résultent plutôt d’un immense travail d’érosion de la mer qui s’est produit jadis au temps où celle-ci recouvrait notre pays et constituait le relief tel que nous le voyons aujourd’hui.

Ce qui s’est passé à cette époque reculée n’a rien de surprenant, car aujourd’hui encore sur certains rivages, la mer produit les mêmes phénomènes : des plages entières, des caps, de presqu’îles disparaissent peu à peu sur de grandes étendues. Les eaux de la mer mouillant la base des collines désagrègent les couches inférieures avec d’autant plus de rapidité qu’elles offrent moins de résistance.

Ce travail des eaux de la mer, qu’on peut observer depuis Paris jusqu’aux Vosges, n’a rien de particulier pour notre contrée ; on remarque seulement quelques variations dans la force et l’aspect du relief, mais partout on retrouve les diverses couches géologiques en plateaux régulièrement superposés.

Le territoire de Delouze fait partie de la formation supérieure jurassique ; les terrains qu’on y rencontre dépendent des trois étages suivant : le portlandien, le kimméridien et le corallien. Le deuxième étage seul s’y trouve en entier.

Portlandien : cet étage est représenté par la zone inférieure, celle du calcaire lithographique à ammonites, et comprend les plateaux élevés de Fragne et du Chânois ; il se termine, à la partie inférieure, par l’étage des marnes kimméridiennes.

Page 5

Dans la zone inférieure du portlandien, les fossiles sont assez rares ; cependant on y retrouve divers genres d’ammonites, de trigonies et un certain nombre d’oursins.

Cette zone atteint ici une certaine puissance et comprend des calcaires lithographiques peu exploités comme pierre à bâtir, cependant on a déjà tenté d’y ouvrir des carrières. Ces bancs pierreux, à leur partie inférieure, rencontrent des marnes calcaires, où abondent les gryphées virgules : c’est la naissance du kimméridien.

Le Kimméridien : La division entre les deux étages n’est pas nettement déterminée car les couches de calcaire portlandien de peu d’épaisseur alternent avec des couches minces de marnes kimméridiennes mélangées d’une innombrable quantité de gryphées virgules. C’est à la nature des fossiles que l’on reconnaît qu’un étage fait place à l’autre.

Sur ce territoire les couches supérieures de l’étage kimméridien sont généralement à mi-hauteur entre la base des vallées et le sommet des monticules ; leur présence est facile à reconnaître à la quantité de gryphées que le labourage a répandues à la surface du sol sur un assez vaste parcours.

Les couches successives du kimméridien, examinées de haut en bas et relevées dans une fouille ouverte pour servir à l’établissement de la culée d’un pont de la ligne de Brienne à Sorcy (territoire de Delouze) sont les suivantes :

1. Alternance (marne et calcaire) sur 1m d’épaisseur 2. Couche calcaire lithographique 0.60m 3. Couche marne calcaire peu colorée 0.75m 4. Marne (très coloré) à huitres 0.80m 5. Marne stratifiée encore plus colorée 0.75m

Parmi les fossiles de l’étage kimmeridien, on remarque dans la couche N°1, une grande quantité de gryphées virgules ; dans celle N°2, des amonites de taille et de formes variées ; dans celle N°3, des ostrea virgules (huitres de petites dimensions) et des trigonies. La quatrième couche est particulièrement remarquable par la quantité d’huîtres qu’elle fournit et la 5° par la disposition particulière de la marne qui apparaît stratifiée, disposée en lamelles, et d’une couleur d’un bleu noirâtre très foncé.

Séquanien ou corallien : Les sondages continués en dessous de l’étage kimméridien ont révélé la naissance de l’étage séquanien. Les premiers et seuls bancs traversés sont peu épais et régulièrement stratifiés ; ils ont une texture dure, grumeleuse et résistante. La nature de ces bancs est marneuse, cette zone paraît être un conglomérat de térébratules de divers genres.

Page 6

Aucune fouille n’ayant été pratiquée dans les zones inférieures de l’étage corallien, cette étude géologique, pour rester sincère, ne saurait être continuée à défaut d’éléments.

8 – Climat :

Comme celui de la région de l’est, le climat de Delouze est froid. A cause du voisinage des monts de la Meuse, l’air est sec et plus vif que dans la vallée de l’Ornain.

Les hivers sont longs et froids ; les neiges, fréquentes et souvent de longues durées, disparaissent moins vite que dans les vallées voisines (Meuse et Ornain). La dure saison commence dès le mois d’octobre et reste vigoureuse parfois jusqu’à la mi-avril. L’hiver donne des intermittences de gelée, de pluie et de neige ; les périodes de pluie engendrent une humidité nuisible à la santé. Les gelées printanières persistent souvent jusqu’au mois de mai et font périr les fruits et les raisins.

L’été est court et chaud. Souvent, à la suite d’un orage, il survient des pluies de longue durée qui nuisent à la prospérité des denrées de toutes sortes et retardent la maturité des céréales et des raisins.

Les orages, rares en hiver et fréquents en été, sont accompagnés de coups de tonnerre, d’éclairs et parfois de grêle. La foudre tombe souvent, mais jusqu’alors elle n’a occasionné aucun grave accident. Les dégâts de la grêle, depuis cinquante ans, ont été peu considérables eu égard aux pertes énormes qu’elle a, à maintes reprises, occasionnées dans la région.

Les orages suivent presque toujours la direction du sud-ouest au nord-est. La cause attribuée dans le pays à leur éloignement est la présence d’un monticule du territoire d’Abainville nommé la côte Coubault. Cette hauteur, dont l’altitude est de 367m, divise les nuages orageux et les prépare à être facilement dispersés.

Au mois de juillet 1800, un violent orage, accompagné d’une trombe d’eau, éclata sur Delouze. Les récoltes furent anéanties, les côtes dénudées et la terre végétale charriée dans les vallées dont le niveau s’éleva de plus d’un mètre. Depuis cette époque, beaucoup de pièces de terre des hauteurs sont demeurées arides à défaut de terre labourable. Le troupeau de moutons d’alors, fort de 200 bêtes, périt en entier ; l’eau emplissait les rues et pénétrait dans les maisons par les fenêtres basses. Il n’y eut aucune mort d’homme à constater. Plusieurs familles furent ruinées et la gêne se fit sentir chez les plus favorisés de la fortune, car il n’y eut ni moisson ni vendange.

Page 7

En 1837, au mois d’août, un orage également accompagné de grêle dévasta les moissons et les vignobles et la plupart des habitants subirent les atteintes de la misère. Cette année est restée légendaire, les anciens la nomment encore « la méchante année ».

9 - Flore et faune :

L’étude de la flore peut donner lieu à la division suivante : 1° plantes agricoles comprenant les plantes alimentaires, les plantes fourragères et les plantes nuisibles aux moissons et aux prairies ; 2° les plantes médicinales et vénéneuses et 3° les plantes industrielles.

Plantes alimentaires : les principales cultivées dans cette localité sont : le blé, l’avoine, l’orge et le seigle, la carotte, la betterave, le chou, la pomme de terre, le navet, le rutabaga, la fève, le haricot, l’artichaut et l’asperge.

Fourragères : Les principales fourragères des prairies, soit naturelles, artificielles ou temporaires sont : l’agrotis, avoine élevée, vulpin des prés, trèfle, diverses variétés : (trèfles blanc, commun, incarnat) sainfoin, luzerne, brome à épis, brome des bois, centaurée des prés, ivraie vivace, mélilot, pimprenelle, fétuque flottante, pâquerette, flouve odorante, vesce commune, jasiones de montagne, etc…

Nuisibles aux moissons : le bleuet, le chardon, la nielle, l’arrête- bœuf, le coquelicot, l’ivraie et le liseron.

Nuisibles aux prairies : la cuscute, le jonc, la mousse, le tussilage des marécages, l’hyèble ou faux sureau.

Médicinales : celles connues et trouvées dans le territoire sont : l’aigremoine, violette parfumée, véronique, tussilage (pas d’âne), angélique, arrête-bœuf, thym, tilleul, sureau, sauge, saponaire, bouillon blanc, bourrache, plantain à larges feuilles, pissenlit, lierre terrestre, fumeterre, mauve, fenouil, douce-amère, menthe, lavande, chicorée sauvage, camomille, absinthe (des jardins), cresson de fontaine.

Vénéneuses : On rencontre sur ce territoire l’anémone des bois, l’ellébore, le colchique des prés, l’aconit, la belladone, la stramoine et la mercuriale.

Plantes économiques et industrielles : Parmi ces plantes, il convient de mentionner des diverses essences d’arbres des forêts, dont il sera parlé plus loin, les arbres fruitiers, et les plantes oléagineuses telles le colza, la navette, la cameline et le pavot.

Page 8

La faune : Elle comprend : 1° les animaux domestiques, 2° les animaux sauvages, 3° les oiseaux, 4° les reptiles.

Animaux domestiques : Ils sont nombreux dans cette localité, on y remarque les chevaux, les bœufs, les vaches, les porcs, les chèvres, les moutons, les chiens, les lapins et une grande quantité de volailles, d’oies, de canards et de pigeons.

Animaux sauvages : Les loups sont rares et ne séjournent pas sur ce territoire, les renards sont nombreux dans la forêt et font le désespoir des chasseurs. Les lièvres seraient plus communs si le braconnage n’en détruisait un grand nombre ; les sangliers, en hiver, se montrent par bandes dans la forêt communale. Les belettes, les putois, les fouines sont nombreux aux abords du village.

Oiseaux et reptiles : Indépendamment des variétés d’oiseaux utiles : passereaux, insectivores, etc… les oiseaux de proie sont abondants : les buses, éperviers, milans, émerillons détruisent le gibier, les oiseaux utiles et les petits rongeurs. Depuis le rigoureux hiver de 1879-1880, la perdrix est devenue rare sur ce territoire.

La région sud-ouest est infestée de vipères, les couleuvres sont peu nombreuses et semblent localisées dans les coteaux pierreux exposés au midi.

10 – Bois et forêts :

La forêt communale est située au nord du village à environ 1 km. Elle comprend deux cantons détachés : Charmois, de 165 ha et Bainville (12 ha) soit 177ha. Elle est partagée en 30 coupes affouagères de chacune 4ha50, distraction du quart en réserve qui comprend de canton de Bainville et partie nord du Charmois, le tout divisé en cinq coupes extraordinaires.

Les essences des bois les plus communes sont : le chêne, le hêtre, le charme, le plane, l’érable, le cerisier sauvage, l’alisier, le tremble, le sycomore ou faux platane, le saule, le noisetier, le pommier sauvage, etc…

Le nombre de coupe étant trente, chacune est abattue à trente ans d’âge. Le produit de chaque coupe est délivré aux affouagistes. Après exploitation, les arbres sont divisés en deux catégories, l’une pour le chauffage, l’autre pour le service ; les chênes sont achetés par la scierie d’Houdelaincourt, les hêtres et les charmes de choix servent au charronnage et les autres arbres au chauffage de la population.

Une consignation en rapport avec la valeur du bois est fixée chaque année par la municipalité et inscrite au chapitre des recettes du budget. Elle est en moyenne de deux mille francs, c’est la principale ressource de la commune.

Page 9

Cette consignation, augmentée des frais d’exploitation, est répartie entre tous les affouagistes. Le prix de chaque lot est bien inférieur à la valeur des produits concédés, aussi est-ce une précieuse ressource pour les familles de pouvoir, chaque année, se procurer à peu de frais un chauffage abondant et facile à rentrer.

Les coupes extraordinaires, disponibles de 5 ans en 5 ans, sont toujours vendues au profit de la commune et créent les ressources nécessaires aux besoins de la localité. Les bois de Fragne et le bois Barrois appartiennent à des particuliers et ont ensemble 10 ha de surface.

Boisement des terres incultes : La quantité de friches appartenant à la commune et aux particuliers n’est pas inférieure à 50 ha.

Ces terrains incultes sont argilo-calcaires. Au point de vue d’un boisement, il y a là de précieuses ressources, la nature du sol étant très propre à la végétation du sapin et du pin. Le boisement de ces friches serait peu coûteux et permettrait d’avoir en moyenne dix mille plants à l’hectare. Après 35 ans de végétation, ce nombre serait diminué de moitié, ce qui porterait à 5000 le nombre d’arbres réussis par ha.

En attribuant à chaque sapin une valeur de 2 francs, le rendement par hectare serait de 10000 fr, et, pour cinquante hectares, de cinq cent mille francs. Cette évaluation n’a rien d’exagérée, elle est appuyée sur le fait suivant :

Il y a onze ans, un propriétaire de Delouze parvint à réunir, à vil prix, la quantité de 10 ha de friches qu’il ensemença en grains de pin et de sapin, sans autre préparation qu’un simple labour. Aujourd’hui, les semis ont dix années de végétation, ils atteignent presque tous une hauteur de 2m ; les pousses du printemps dernier sont, en moyenne, de 30 cm. Cette petite forêt est pleine d’avenir, la végétation y est puissante et le succès est garanti. Il y a lieu d’espérer que dans vingt-cinq ans, la réalité justifiera le calcul qui précède.

11 –la population :

« en 1704, le nombre des habitants était de 320 et celui des ménages d’habitants de soixante-douze » (mémoire des seigneurs de Delouze, page 26)

En 1774 (registre d’état civil) la population paraît avoir été supérieure à ce chiffre à en juger par la mention suivante : « Catalogue de tous ceux de Delouze qui ont été conffirmés à Gondrecourt par Mosseigneur de Bégon, en l’an 1744, le vingt- six juin » Suivent au registre 31 noms de garçons de 11 à 15 ans et 29 noms de filles du même âge ; en tout 60 jeunes gens de 11 à 15 ans.

Page 10 Le nombre des enfants était supérieur à celui d’aujourd’hui, les familles composaient une population compacte eu égard à la quantité de ménages, la même que de nos jour.

population maisons feux En 1789 Les documents Font défaut En 1850 221 82 88 En 1860 216 74 79 En 1870 208 75 80 En 1875 201 72 72 En 1881 196 74 75 En 1886 188 71 74

La diminution tient à une cause principale : l’émigration. Le village ne possède aucune industrie, la seule ressource est l’agriculture. Le sol est fertile mais difficile à cultiver et les bénéfices diminuent à cause des frais qu’occasionne la culture. Pour cette cause, les jeunes gens fuient la profession champêtre, recherchent des emplois publics ou s’adonnent au commerce et à l’industrie en dehors du pays natal.

Mode de construction des maisons

Le village comprend actuellement 72 maisons, bâties en moellons de pierre dure et pierre de taille reliés par un mortier composé de chaux et de sable ; les couvertures anciennes sont faites de tuiles rouges, les plus récentes de tuiles mécaniques. Les rues sont mal alignées et n’offrent aucune régularité. Les anciennes habitations sont basses et bâties contre terrasse, souvent au- dessous du niveau du sol, avec des ouvertures étroites ; aussi ces demeures sont-elles malsaines, humides et d’une aération difficile. Au contraire, celles de construction récente sont plus élevées, dégagées du sol environnant, munies d’ouvertures spacieuses, par conséquent plus saines et conformes aux règles de l’hygiène.

Les rues du village

L’ensemble des maisons comprend : 1° deux rues principales, la grande rue et la rue de l’église, perpendiculaire à la première ; 2° deux autres rue secondaires : celle du château, qui rappelle le souvenir d’un château seigneurial, et la rue de Chenelle.

L’église

Elle date de 1834. Bâtie en amont de la rue de ce nom, elle n’offre rien de remarquable, le beffroi est surmonté d’une toiture à quatre pans, sans flèche. Rien dans cet édifice, ni au dehors, ni au-dedans n’attire les regards ; l’intérieur est tenu avec propreté mais n’est l’objet d’aucun luxe. On n’y rencontre aucune inscription intéressante ; la seule pièce remarquable est le

Page 11 maître-autel acheté, paraît-il, au siècle dernier, aux religieux de l’abbaye d’Evaux.

12 – Agriculture

Le territoire comprend 840 ha qui se subdivisent ainsi : 395 ha pour céréales et autres farineux alimentaires ; 15 ha pour cultures potagères et maraîchères, 50 ha pour cultures industrielles, 60 ha de prairies naturelles ; 35 ha de prairies artificielles ; 7 ha de vignes ; 229 ha de bois et forêts et 49 ha de landes et friches.

Le sol est fertile et produit de l’avoine et du froment en quantité assez grande pour en permettre l’exportation. L’orge et le seigle y sont peu cultivés.

La culture de la pomme de terre et de la betterave se fait en grand et favorise l’élevage et l’engraissement d’un bétail nombreux, l’élément le plus avantageux de la richesse agricole. Les prairies artificielles occupent plus de surface qu’autrefois et fournissent de bons pâturages au moyen desquels l’élevage du bétail est en progrès.

Les prairies naturelles sont bien irriguées, bien soignées et donnent des produits abondants et sains.

Les vignes contiennent trois variétés de plants : le verdenoir, le jaquemare (noms vulgaires du pays) et le pineau. Le vin est agréable mais en quantité insuffisante pour la consommation locale. Le marc est distillé sur place. Malheureusement les gelées du printemps, toujours meurtrières, détruisent la récolte et rendent stériles les labeurs des vignerons.

Les vergers et les vignes sont plantés d’arbres fruitiers tels que pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers, noyers, etc… Il est à regretter que le rigoureux hiver de 1879-1880 en ait détruit presque la moitié. Malgré cette perte déplorable, on récolte beaucoup de fruits quand le printemps est doux. Les cerises, mirabelles, reines-claudes et autres prunes, mises en réserve, puis distillées, donnent un kirsch fort estimé.

Modes de culture

Le territoire est divisé en 3 parties ou saisons ; l’assolement est donc triennal et les mêmes plantes ne reviennent dans chaque saison qu’une fois par trois années.

Les propriétaires se servent peu des amendements pour modifier la nature du sol, généralement argilo-calcaire.

Page 12 Le drainage se pratique avec intelligence pour assainir les terrains humides. Le chaulage et le marnage seraient des opérations superflues à cause de l’abondance du calcaire dans le sol.

L’emploi des engrais n’est pas dédaigné : les fumiers, le purin, le nitrate de soude donnent au sol les éléments fertilisants et contribuent, sans occasionner de grands frais, à l’abondance des récoltes.

Instruments agricoles

La charrue avec avant-train, la herse, en bois ou en fer, le rouleau, en fonte ou en bois, la houe à cheval et le râteau mécanique sont les seuls instruments agricoles, en usage.

Elevage

Tout en donnant les meilleurs soins à leurs terrains, les cultivateurs trouvent également intérêt dans l’élevage du bétail.

Chaque année une dizaine de jeunes poulains renouvellent leurs écuries, dont la population actuelle comprend soixante chevaux et juments, et remplacent les animaux morts ou vendus.

La population bovine comprend 130 bêtes à cornes : vaches laitières, bœufs, génisses et veaux.

L’engraissement des porcs est l’objet de soins attentifs ; les animaux gras sont livrés au commerce de la charcuterie ou tués pour l’alimentation des habitants.

Chaque ménage possède sa petite basse-cour composée de poules auxquelles viennent s’ajouter quelques canards et souvent, un certain nombre d’oies.

Tableau comparatif des récoltes années Céréales et Cultures Cultures Prairies Prairies vins autres farineux potagères industrielles naturelles artificielles maraîchères hectolitres hectolitres quintaux quintaux quintaux hectolitres 1800 Récolte nulle L’orage Mentionné En climat n’a Rien épargné 1850 Froment 1260 Pommes de Aucun Orge 115 terre 1500 renseignement 1315 275 95 Avoine 2070 1860 Froment 1920 Pommes de id 1990 525 12 Orge 86 terre 1680 Avoine 2880 1870 blé 1350 Pommes de id 1825 315 155 Orge 190 terre 1450 Avoine 2460 1880 Blé 2700 Pommes de Colza 84 2394 855 80 Avoine 3840 terre 3900

Page 13 Alimentation

Les habitants ont des goûts simples. Quoique se livrant à des travaux pénibles, ils vivent sobrement, cependant bon nombre de ménages consomment le pot-au-feu le dimanche. Du lard, des légumes, des laitages, des œufs, voilà leur nourriture habituelle. Beaucoup se privent de vin si ce n’est toutefois pendant les pénibles travaux de la fenaison et de la moisson.

Une demi-douzaine de particuliers se paye le luxe d’un permis de chasse et la plaine, où le gibier est abondant, est le théâtre de leurs exploits. Les chasses au bois appartiennent, sauf le lot de Bainville, à des chasseurs étrangers à la localité. Les renards et les pièges des braconniers nuisent à l’accroissement des lièvres. Le nombre des perdrix a sensiblement diminué depuis le rigoureux hiver 1879-1880.

Quant au poisson, il fait défaut dans le ruisseau de Delouze.

13 – Industrie

La plupart des habitants exercent la profession de cultivateurs et vivent du rendement du sol. Les diverses professions industrielles se subdivisent ainsi : un boulanger, deux cafetiers, un charcutier, un cordonnier, un charron, deux menuisiers, un charpentier, un maréchal ferrant, un pépiniériste, quatre maçons et deux entrepreneurs de travaux publics.

A 150m en aval du village, sur le ruisseau des Mâchaires, se trouve installé un moulin à grains. Pendant l’été, le manque d’eau fait souvent chômer cette usine.

Il existe aussi une fromagerie. Le lait acheté dans le village même et dans les localités voisines, est transformé en fromage, façon Brie, de bonne qualité. Les produits sont livrés à des revendeurs à Nancy, Paris, Gondrecourt, etc… Cette industrie de moyenne importance, utilise par jour 150 litres de lait environ.

14 – Commerce

Il y a lieu de citer : 3 marchands pour l’épicerie, la mercerie et les chaussures, un marchand ambulant de tissus, un marchand-forain avec voiture, un marchand de vins, eaux de vie, liqueurs, le tout en gros, et dont le commerce prend une grande extension.

Enfin les cultivateurs vendent leurs céréales qui excèdent les quantités nécessaires à leur alimentation et à celles des animaux domestiques ; à la boucherie, le bétail engraissé, bœufs, porcs, veaux, vaches et moutons.

Page 14 En 1887, le quintal de blé était vendu 23 francs ; celui d’avoine 14 fr, Ces prix ont peu varié ici depuis 20 ans ; cependant, il y a plutôt eu baisse qu’augmentation dans le prix des grains.

15 – Voies de communication

Les voies de communication qui desservent la commune sont :

1. La route nationale d’Orléans à Nancy, qui serpente sur les plateaux onduleux du territoire, joint la partie sud du village et franchit la ligne de faîte des Monts de la Meuse au dit le Périssel, entre Delouze et Rosières-en-Blois. Son développement sur le ban de Delouze est de 3500m. 2. Le chemin vicinal ordinaire de Delouze à Demange établi les rapports entre ces 2 localités. Développement 6km. 3. Le chemin de grande communication n°10 de Sorcy à Grand fait communiquer Delouze avec Abainville. Développement 3km. 4. Le chemin rural de Demange à Mauvages, ou voie des Moines, traverse la partie nord du territoire de Delouze. Selon M. de Widranges, à proximité de ce chemin se trouve la voie romaine dite « chemin des armées » qui, de Maxey sur Vaise, allait rejoindre la grande voie romaine de Nasium à Grand. 5. Le chemin rural de Delouze à Baudignécourt se dirige vers l’ouest et sert surtout à l’exploitation agricole. 6. La voie de Gondrecourt d’un ordre secondaire, se perd à la limite du territoire de Delouze. 7. Le chemin de Delouze à Gérauvilliers, d’un parcours de 3 km, ne sert guère qu’à l’exploitation de la région sud du territoire. 8. Le voie de Mauvages gravit le flanc sud-est de la Côte et ne sert pas aux voitures 9. La voie de Houdelaincourt à Mauvages traverse le territoire, du Chânois à la Côte, et ne saurait servir qu’aux piétons. 10. Le chemin du Vâ , parallèle au cours d’eau, desservait la prairie. Depuis l’établissement de la route d’Orléans à Nancy, ce chemin est peu utilisé et tend à disparaître. 11. La ligne de chemin de fer de Brienne à Sorcy, actuellement en construction, traverse la partie sud du finage sur un parcours d’environ 600m.

16 – Administration communale

En raison de la population du village, l’administration communale se compose d’un maire assisté d’un adjoint et de 8 conseillers municipaux : ce qui porte à 10 l’effectif du personnel municipal.

Page 15 L’examen attentif des budgets et registres des actes de l’administration communale depuis 1789 jusqu’à nos jours montre que les diverses municipalités qui se sont succédé ont été bien intentionnées et ont constamment cherché à améliorer l’existence des habitants par des créations utiles.

Depuis 1789 jusqu’en 1850, la situation financière est peu prospère, la commune a des dettes de guerre à payer, les ressources sont absorbées par les dépenses et, à diverses reprises, on recourt à des emprunts pour subvenir aux besoins les plus urgents.

De 1850 à 1870, cet état de choses s’améliore, les dettes sont payées, les coupes extraordinaires se vendent cher et augmentent le chiffre des recettes : la commune fait des économies.

Grâce à cet état prospère, l’église et l’école sont reconstruites, le presbytère restauré, les sources du territoire canalisées et l’eau distribuée au moyen de 4 fontaines, des chemins créés et entretenus, les coupes affouagères cédées et exploitées au profit des habitants, une maison de pâtre bâtie, le village assaini au moyen de caniveaux, des ponts construits sur le cours d’eau, le ruisseau couvert dans l’étendue du village et des lavoirs publics édifiés pour la commodité des ménagères.

La guerre de 1870 fait revivre les mauvais jours ; le budget est grevé de dettes, soldées seulement en 1879 au moyen du produit de la vente de plusieurs coupes.

De nos jours, l’état budgétaire est devenu meilleur et l’avenir financier se montre sous des apparences favorables car, de cinq ans en cinq ans, la commune encaissera le produit d’une coupe du quart en réserve.

Les ressources inscrites annuellement au budget sont d’environ 6000fr, les dépenses n’excèdent pas 5000fr, ce qui donne un reliquat annuel d’environ 1000fr.

Les ressources principales sont : la consignation affouagère, imposée sur chaque coupe délivrée en nature, la location des chasses dans les forêts, la quote-part sur les contributions directes, produit de la délivrance des permis de chasse, impôt sur les chines, impôt pour le salaire du garde-champêtre, attribution sur les patentes, subvention de l’Etat pour parfaire le traitement de l’instituteur.

Parmi les dépenses, il faut citer : les contributions des bois communaux, la taxe annuelle des biens de mainmorte, le salaire du garde forestier, celui du garde-champêtre, du receveur municipal, de l’instituteur, du secrétaire de la mairie et l’entretien des édifices publics.

Page 16 17 – Conditions hygiéniques de la localité

« Bonnes conditions hygiéniques. Climat froid et assez sain. Maladies épidémiques rares. Le choléra a sévi avec violence en 1854. En 1832 l’épidémie de typhoïde a fait de nombreuses victimes. Depuis cette époque, la fièvre typhoïde n’a pas régné sous forme épidémique. Les cas isolés sont nombreux, surtout depuis les 10 dernières années. La diphtérie y fait rarement son apparition.

La température excessivement variable du printemps et de l’automne engendre des affections rhumatismales et des maladies catarrhales des voies respiratoires. L’emphysème pulmonaire y est fréquent » (renseignements communiqués par le docteur Desjardins de Mauvages)

18 – histoire

Les temps préhistoriques

Le territoire de Delouze fut habité à l’époque préhistorique. Les trouvailles qu’on a faites dans toute l’étendue du territoire, mais particulièrement au nord, sur un plateau nommé le Cachon l’enson, attestent suffisamment la trace de l’homme à l’époque de la pierre polie.

On rencontre souvent aujourd’hui, à la surface du sol ou en labourant la terre, des fragments d’une poterie informe et fruste et une grande quantité de silex taillés et façonnés de diverses manières. Leurs formes sont très variées, mais tous ont été soumis à un travail de polissage. Ils présentent une surface vitreuse bien différente de l’aspect des cassures récentes ; ce qui prouve leur long séjour dans les entrailles du sol. Beaucoup ont la forme de hache et présentent un seul bord tranchant, d’autres plus déliés sont tranchants sur les deux faces et ont dû servir de couteaux ; d’autres enfin sont taillés en pointes de lances.

On retrouve aussi, au Cachon l’enson, des débris, en silex, informes et inachevés. Une seule excursion scolaire, faire par le cours supérieur de l’école, a donné plus de trente fragments de silex, de forme mal caractérisée, et six armes antiques : une hache, trois flèches et deux couteaux. (voir dessins en annexe)

Epoque gallo-romaine

La vallée des Mâchaires, comme toute la région du Barrois, a dû être à l’origine couverte de forêts. Indépendamment des vestiges qu’on y a recueillis de l’époque préhistorique, il est certain que les Romains ont laissé des traces de leur occupation et y avaient créé plusieurs établissements dont il est permis aujourd’hui de déterminer l’étendue.

Page 17 Entre Houdelaincourt et Delouze, sur une arête du Chânois, lieu-dit aux Couëres, on rencontre les substructures d’une villa gallo-romaine occupant, avec ses dépendances, tout le flanc du coteau.

La rencontre de pierres plates sciées de mince épaisseur ayant servi autrefois à couvrir les toits d’habitations, celle de nombreux débris de vases antiques attirèrent l’attention de l’instituteur qui y fit pratiquer des fouilles. En avril 1885, le concours gratuit d’un certain nombre d’habitants permit d’ouvrir deux sections dans les contre-fossés de la route et mit à jour diverses trouvailles : quantité de tessons de poteries en terre rouge avec figurines en relief, des débris de vaisselle grossière en terre grise, des cols de cruches à deux anses à orifice étroit, d’autres cols, plus larges, d’amphores et des fragments de vaisselle fine d’une délicatesse de travail capable d’éclipser celle de nos produits les plus parfaits.

Divers débris portent en relief des scènes de chasse, d’autres représentent des personnages, des divinités, des animaux, des oiseaux. Un petit vase entier porte au fond et à l’intérieur l’estampille : « MARCELLUS FEC »

Parmi les objets intéressants relevés par les fouilles il faut comprendre un joli morceau de marbre vert d’Italie, à pans biseautés, long de

15 cm, de forme très remarquable, une monnaie romaine en argent (tous ces objets ont

été remis au Musée de Bar-le-Duc) et divers autres bronzes, grands et moyens, de l’époque gallo-romaine, une cuiller à encens en bronze, une paire de tenailles d’un fin travail, une clé à canon, une hachette en fer, divers couteaux, des grains de collier en pâte céramique verte, divers fragments de meule en granit, une meule de moulin à bras faite de substance très dure d’origine volcanique, un coutelas avec manche en fer à douille et d’autres instruments en fer bien conservés.

Les mêmes fouilles ont mis aussi à découvert une grande quantité d’os d’animaux de boucherie et de menu gibier, particulièrement d’oiseaux aquatiques, faciles à reconnaître par leur forme grêle et allongée, des mâchoires encore garnies de leurs défenses provenant de sangliers ou plutôt de porcs à demi-sauvages qui vivaient autrefois en grand nombre dans les forêts, des morceaux de charbon fort volumineux provenant peut-être de poutres brûlées, des amas de cendres mélangées à de longs clous à tête aplatie.

C’est assurément par l’incendie que les constructions élevées à cet endroit ont été détruites au temps des grandes invasions, du IV au Vème siècle.

Lors de sa première excursion archéologique dans ce territoire, M. Maxe-Werly, à qui furent soumis les débris trouvés dans une première fouille,

Page 18 constata que, parmi les tessons de poteries, il ne s’en trouvait aucun de fabrication postérieure au Vème siècle. Or c’est au milieu du Vème siècle que parurent en Gaule les hordes barbares d’Attila. Elles détruisirent tout sur leur passage et rien de ce que les invasions précédentes avaient été épargné ne resta debout. Tout fut mis à feu et à sang. La cité romaine de Nasium fut détruite et, selon toute probabilité, les villas environnantes furent incendiées. On peut donc admettre comme un fait vraisemblable que la ruine de la villa du Chânois est l’œuvre des Huns.

Epoque franque

Sur un autre point du territoire, entre Delouze et Rosières-en-Blois, au lieu-dit la couërotte, on rencontre à la surface du sol des débris de poterie grise et noirâtre en terre cuite et, en labourant, la charrue heure des murs de bâtiments.

Il importe de remarquer que la contrée où l’on rencontre des ruines antiques est à proximité d’un vallon en prairie désigné : « le pré sous la ville ». Cette dénomination coïncide avec la présence des débris disséminés à la surface du sol et qui jusqu’alors n’ont éveillé l’attention de personne.

A diverses époques, aux abords de ce vallon, tout auprès de l’Eglise et de l’ancien cimetière qui l’entoure, en creusant des caves, en abattant des buttes pour niveler la rue de l’Eglise, on a trouvé des cercueils en pierre renfermant des ossements bien conservés et, au milieu d’eux des armes, des instruments divers, sans doute boucles de ceinturon, fibules auxquels personne alors ne pris garde et qui ne furent pas conservées.

Ces tombeaux étaient peut-être ceux des premiers guerriers francs qui peuplèrent la vallée et prirent possession des exploitations agricoles que le sort leur assignait en partage et dont la concentration autour de l’église devait plus tard donner naissance au village actuel.

Epoque du moyen-âge

Je dois à l’obligeance de M. Léon Maxe-Werly une grande partie des renseignements historiques compris dans ce chapitre et extraits par ses soins des archives de la Meuse et des principaux ouvrages de l’histoire de Lorraine et du Barrois.

Ces renseignements, complétés par des notes résultant de recherches dans les archives de la Mairie, ont permis de reconstituer en partie, le passé de Delouze.

En 1140, Gauthier était seigneur de Gondrecourt et de Delouze.

En 1156, Gérard, seigneur de Gondrecourt, était possesseur des bois de Delouze. A cette époque, ce seigneur s’étant emparé arbitrairement de biens

Page 19 appartenant à l’abbaye d’Evaux en Ornain, fut contraint par Henri, évêque de Toul, de réparer son tort en donnant aux religieux d’Evaux le droit d’usage dans les bois de Gondrecourt et de Delouze.

En 1173, Viard prend le titre de seigneur de Gondrecourt et de Delouze.

En 1293, Philippe le Bel, roi de , confirme, par lettres patentes aux religieux de l’abbaye d’Evaux, la donation à eux faite par Ebal de Montfort et Geoffroy de Champagne, des biens qu’ils possèdent sur le ban de Delouze. Il y ajoute en outre tous les droits de justice, excepté celui de battre la monaie.

Le village de Delouze, comme tout le Barrois, eut beaucoup à souffrir, en 1363, pendant la guerre que Robert, comte de Bar, et Jean 1er, duc de Lorraine, eurent à soutenir contre HenriV, compte de Vaudémont. Bon nombre de villages furent brûlés et les habitants de la prévôté de Gondrecourt fort maltraités par les Bretons que le comte de Vaudémont avaient pour alliés. La garnison de , composée de ces Bretons et commandée par un officier nommé Ménénduc, ravagea Delouze et Demange-aux-Eaux, pilla les habitations, prit et rançonna les paysans.

Vers la même époque, la guerre de Cent Ans amena avec elle dans notre région une série de malheurs. Les habitants s’enfuirent laissant leur avoir au pillage des Anglais et des bandes de pillards français, nommés les Jacques, aussi dangereux que les ennemis de la France.

En 1358, la sécheresse de l’été fit périr les récoltes ; l’hiver d’ensuite fut très rigoureux et la misère fut grande dans le Barrois. De 1368 à 1371, le bichet de blé se vendit un florin dans la prévôté de Gondrecourt. Plus tard des épidémies terribles vinrent encore aggraver cette déplorable situation et dépeupler les hameaux de notre région.

Une charte du 24 mars 1404, émanant de Robert, duc de Bar, autorise Jean, seigneur d’Arantière, de Mognéville et de Delouze, son vassal, à accorder à « ses hommes, femmes et leurs enfants et postérité présents et à venir du dit Delouze » la franchise des droits d’arrages afin de les transformer « en droits d’assises » comme suit :

« C’est à savoir que pour chacun cheval, bœuf, ou autre bête trayante par les dits mes hommes, femmes et leurs enfants tienront et auront, ils chacun d’eux payeront, pour chacun an, à nous et à nos successeurs, seigneurs du dit Delouze, dedans les octaves de Pâques : treize fois seize deniers forts et avec ce payeront au dit jour, pour chacune vache qu’ils auront, six deniers forts, et pour autre bêtes surannées, pour chacune un denier fort. Et qui n’aura bête trayante, il payera au dit jour douze deniers forts. Dedans les octaves de la Saint-Rémy, ou chef d’Octobre, pour chacun cheval ou autre bête trayante, ceux qui les auront quatre deniers forts et ceux qui n’auront pas de bêtes trayantes, chacun an, à notre semence, trois fois la crouée de leurs bêtes et harnois, à savoir en carême, en versaine et en voyen, et s’il advenait que quelques-uns

Page 20 fussent défaillance de payer leurs sus dites assises, chacun encourrait l’amende de cinq sols tournois, appliqués à nous et à nos successeurs, seigneur du dit Delouze.

Et pour que, en temps avenir, on puisse toujours connaître ceux qui sont du fief de mon dit seigneur le Duc, à l’encontre des autres qui sont du fief de Mr de Ligny, les dessus dits, et chacun d’eux qui doivent arrages et autres, nous payeront chacun an, trois gélines à trois termes, à savoir une à Pâques, une à la Saint-Rémy et une au jour de carême prenant sous peine cinq sols tournois d’amende. »

Après la guerre de Cent Ans, le pays appauvri et presque ruiné eut à supporter de lourdes charges pour payer les frais de guerre et ce ne fut que plus tard que le Barrois, grâce à l’activité de ses habitants et à la fertilité de son sol, répara les misères passées et redevint prospère.

An quinzième siècle, Delouze faisait partie du diocèse de Toul archidiaconé de Gondrecourt.

Epoque Moderne

Les archives de Lorraine contiennent plusieurs actes de reprise de la seigneurie de Delouze par les ducs de Bar, entr’autres par Thomas d’Ourches, en 1555 par Louis Thomas et Jean Thomas, frère et fils du précédent, en 1579 par Jacques de Boussigné, écuyer, sieur de Delouze en partie comme administrateur des biens de dame Didière de Bilistien, sa femme et de Pierre de Bilistien, enfant mineur de défunt Louis de Bilistien.

Les archives de la Meuse contiennent divers dénombrements relatifs aux seigneuries de cette localité pendant le dix-septième et le dix-huitième siècle.

En 1611, le 3 février, eut lieu le dénombrement de François, duc de Luxembourg et de Piney pour le comte de Ligny, seigneur en partie de Delouze.

En 1612, le 23 mars, eut lieu le dénombrement de Claude de Thisac, sieur de la Rocheure, comme curateur de Bernard de Bar, possesseur d’un fief à Delouze,

En 1625, le 25 avril, un dénombrement fut rendu, pour Delouze, par François d’Ourches, Jean le Barrois, Gaspard Wuillarmy, Hector Tabouret, Regnault de Saint-Remy, à cause de demoiselle de Tainty et demoiselle Marie d’Oussigny, seigneurs et dames du dit lieu, comme héritiers de feu Jean d’Ourches et acquéreurs sur Rachelle d’Ourches, femme de Médard de Marchiéville, en procès avec Bernard de Bar et Abdias d’Aval, à cause des demoiselles Ydes d’Ourches et Louyse d’Ourches, leurs femmes.

En 1627, le six août, fut rendu un dénombrement de Médard de Marchiéville, seigneur de franc-alleu du bois de Salme, comme tuteur de demoiselle Louyse d’Ourches et demoiselle Anne des Armoises.

Page 21 On était alors au fort de la guerre de 30 ans. La Lorraine et le duché de Bar furent le principal théâtre de cette guerre et eurent particulièrement à souffrir. L’invasion ennemie avec son triste cortège : pillage, incendie, dévastations et combats effrayèrent les habitants et ruinèrent le pays. Nos ancêtres étaient dans la condition la plus malheureuse ; la famine se fit sentir et fit périr beaucoup d’habitants. Les femmes, les enfants et les paysans s’étaient enfuis dans les bois où ils vivaient dans une profonde misère. La gêne se faisait sentir partout ; le régiment irlandais s’était emparé des récoltes dans les environs de Gondrecourt et de Ligny et le pain devenu rare se vendait fort cher, la plupart des villages étaient déserts et plusieurs furent détruits. Au XVIIème siècle, les Cravates ou Croates, soldats autrichiens alliés des Lorrains étaient aussi à redouter que les Suédois, car alliés et ennemis vivaient aux dépens des paysans. Il n’y eut pas, il est vrai, de grandes batailles, mais notre pays fut le théâtre de surprises, de petits combats, d’escarmouches continuelles.

« Le 9 septembre 1636 les Cravates se montrèrent près de Rosières en Blois, leur intention était d’abattre le four banal afin que les Suédois ne puissent trouver du pain dans leur village.

Les volontaires Lorrains, venus l’avant-veille du pays de la Saulx, faisaient cause commune avec les Cravates, ils se postèrent dans un pli de terrain à proximité du chemin et guettèrent l’approche des Suédois. Ceux-ci parurent venant du côté de Hidelaincourt. Aussitôt l’alarme sonna et les Cravates attaquèrent les Suédois. Les volontaires lorrains accoururent apporter secours aux Cravates et les ennemis surpris purent à peine se défendre ; ils perdirent quelques hommes et battirent en retraite en traversant le village de Delouze où ils tentèrent de mettre le feu. Une des maisons seigneuriales prit feu et les écuries furent brûlées. Le reste de l’édifice fut garanti de l’incendie par les lorrains qui poursuivaient l’ennemi, aidés de quelques paysans. Les morts restèrent 2 jours sur place et furent enterrés sur le lieu même du combat. »

A la fin du XVIème siècle, Delouze faisait partie du diocèse de Toul, de l’office, recette et baillage de Bar, présidial de Châlons, parlement de Paris. L’archidiacre de Ligny était décimateur, le curé avait la moitié des grosses et menues dîmes et les novales, et le chapitre de la cathédrale de Toul avait l’autre moitié.

Un dénombrement du 11 janvier 1706 donne un exposé des tailles et redevances que les habitants de Delouze payaient annuellement à leurs seigneurs. Ceux-ci disent :

« Qu’il leur est dû, pour chacun des hommes et femmes du village, aux termes de Pâques, une géline.

Sue tous ceux qui ont des bêtes trayantes doivent chacun, au jour de Pâques, pour chaque bête dix blancs.

Pour chaque vache, six deniers, pour un poulain, une génisse, une brebis, mouton, porc, chèvre, qui ont un an passé, chaque bête un denier.

Page 22 Que pour ceux qui n’ont point de bêtes trayantes doivent chacun, au jour de Pâques, douze deniers barrois.

Que ceux qui ont charrues doivent trois fois l’an la corvée de leurs charrues. Qu’à la fenaison, chaque habitant doit un jour de faux pour faucher et à la moisson une journée.

Qu’à la Saint Remy, les habitants doivent chacun par ménage une poule. Qu’au jour de carême chaque ménage doit encore une géline et la veuve femme une demi- géline.

Qu’au jour de la St Rémy toutes les bêtes trayantes doivent un bichet et demy de blé froment, et un bichet d’avoine.

Que tous ceux de la ville ou forains qui tiennent terre, doivent pour chaque journal, un denier à la St Rémy et que ceux de la ville et les forains qui vendent et achètes héritages au dit Delouze, ban et finage, doivent chacun 6 seniers pour le revest, à peine de soixante sols d’amende. »

Cette triste image nous montre combien était misérable la condition de la plupart des habitants des campagnes ; ils gémissaient sous le poids des droits et des redevances que les seigneurs leur imposaient.

Parmi ces redevances, il y en avait de deux sortes, les réelles et les personnelles. Les réelles étaient les cens, dus sur les terres, lods, ventes et les corvées en charrues.

Les personnelles se subdivisaient en quatre classes.

Dans la première, étaient les redevances payées en poules, gélines, par chaque habitant et par chaque ménage.

La deuxième et la troisième classe comprenaient les redevances qui s’acquittaient en grains et en argent et étaient dues par tous ceux qui avaient et n’avaient pas de bêtes trayantes. Il faut placer dans la quatrième classe les corvées qui, au temps de la récolte des foins et des grains, étaient indistinctement à la charge de tous les habitants.

Il résulte de cette multiplicité de droits qu’il s’en trouvait que les habitants acquittaient pour la concession de terres faite par les seigneurs : c’étaient les droits qui n’étaient dus que par ceux qui avaient des héritages.

Ceux dus indifféremment par tous les habitants provenaient de concessions qui profitaient à tous ; ils se payaient en grains et en argent suivant que les habitants avaient plus ou moins de bêtes trayantes.

Quant à ceux qui consistaient en poules, gélines, et corvées dans les temps de fenaison et de moisson, comme ils frappaient sur tous les habitants, il faut en conclure que ceux-ci, serfs d’abord, ayant racheté leur liberté, en conséquence de ce rachat, des redevances plus ou moins considérables.

Page 23 Quand les seigneurs firent aux habitants la concession des bois du territoire, ces derniers furent forcés de donner chacun par ménage à la St Rémy et à la St Martin, une poule et une géline, plus deux corvées au moment de la récolte des grains et des foins (Extrait d’une pièce de procédure entre les seigneurs et les habitants. Ce document est aux archives de la mairie de Delouze).

En 1713, le 24 juillet, Madame de Monneval rend foi et hommage, comme tutrice de ses enfants, pour raison de un huitième dans la seigneurie de

Delouze (baillage de bar)

En 1750, le 24 août, fut confirmée la donation faite par la dame de Barreau des parts à elle appartenant en la terre de Delouze, aux sieurs et demoiselles de Brunet dont les noms suivent :

Charles François de Brunet, capitaine au régiment de l’Ile de France, Hyacinthe de Brunet, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis, Elisabeth de Brunet, veuve de Joseph le Camus de Courcelles, seigneur de Maxey-sur-Vaise, demoiselle de Brunet (Marie-Jeanne), Françoise de Brunet, Barbe de Brunet, tous seigneurs et dames en partie de Delouze.

En novembre 1767, la maison de Brunet avec l’enclos de derrière et autres dépendances, fut érigée en fief.

Le 19 novembre de la même année, eut lieu la cession de retrait féodal au sieur de Brunet, sur un fief de Delouze appelé de Sangues, acquis par les aumôniers de Vaucouleurs le 24 mars 1753 sur la dame de Wuillermy.

Du 30 mars 1769 datent des lettres de confirmation en faveur de la veuve de François d’Aristay de Châteaufort, seigneur en partie de Delouze, décédé, avocat à la cour, pour des parts dans la terre de Delouze à elle abandonnées par ses enfants.

A la même époque d’autres terres sont en possession des sieur et dame de Bonnet.

Le 13 février 1769, le sieur Charles François de Bonnet rend foi et hommage pour les terres de Delouze, d’Abainville et fief de la Saulx, dépendant du dit Abainville.

Du 3 juin 1769 date un arrêt admettant la veuve du sieur de Châteaufort à rendre foi et hommage pour ses parts en la seigneurie de Delouze.

Le 28 août 1769 eut lieu la vérification du dénombrement de Charles François de Brunet pour une maison forte et dépendances érigées en fief par lettres patentes du mois de novembre 1767. Ce seigneur avait les sept huitièmes dans les seigneuries fiefs, des droits seigneuriaux rapportés plus haut justice, haute, moyenne et basse, deux cent vingt-sept arpents, tant en

Page 24 bois que terres labourables, non compris la partie sur les religieux de Vaucouleurs, par suite de retrait féodal ; le bois appelé Charmois et celui de Brenville dans lequel les habitants ont droit d’usage, quelques prés, vignes et autres terres.

A la même époque eut lieu la vérification du dénombrement de la dame de Châteaufort pour l’autre huitième de la dite seigneurie, consistant en une maison forte, vignes, terres, le bois de Charmois et de Brainville, en outre le bois de la Coste.

En 1776, le 30 décembre, Mademoiselle de Brunet rend foi et hommage pour le fief provenant de la famille.

En 1783, le 26 novembre, le sieur Pascal Gabriel d’Aristay de Châteaufort rend foi et hommage pour la part provenant de sa mère dans la seigneurie de Delouze et le 4 janvier suivant dut faite la vérification du dénombrement ci-dessus.

Lors de la révolution, les seigneurs de ce village émigrèrent abandonnant leurs biens et leurs châteaux et ne reparurent plus.

Indépendamment des renseignements historiques qui précèdent, pour faire revivre le mieux possible le passé de ce village, il est utile de parler ici des familles nobles qui ont existé à Delouze au XVIIème et XVIIIème siècle et dont la trace a été suivie à l’aide des anciens registres de l’état-civil.

Cette recherche a été facile, car outre les actes qui concernent les nobles des deux sexes, ceux-ci ont souvent servi de parrains et de marraines et, pour cette cause, leurs noms sont mentionnés souvent.

En 1645, mourut demoiselle Louise de Vuillarmy, fille du sieur Gaspard de Vuillarmy, seigneur en partie de Delouze. Elle fut inhumée dans le chœur de l’église. De son vivant, elle fit une donation à l’église pour avoir une messe, chaque mois, à perpétuité, pour le repos de son âme.

En 1691, Henri de Brunet, noble de Houdelaincourt, épousa dame Claude de l’Epine, noble de Delouze, veuve du sieur de Gomescourt, décédé deux ans auparavant, laissant quatre filles dont les noms suivent : Antoinette Elisabeth, Gabrielle, Barbe et Claude de Gomescourt.

En 1671, le 22 novembre mourut Brion de Barrois ou de Barreau, seigneur de Delouze en partie, inhumé dans le chœur de l’église.

De 1656 à 1686, Marie de Nonancourt, ses sœurs Marguerite et Gabrielle Henriette, toutes trois demoiselles nobles de Delouze, signèrent, en qualité de marraines, un grand nombre d’actes de baptême.

Page 25 En 1671, le cinq avril, mourut Jean de Barreau, seigneur en partie de Delouze ; il fut inhumé comme les autres nobles, dans le chœur de l’église. Sa seigneurie passa à ses trois filles : Marguerite Françoise, Marie Gabrielle, mineures ; et dame Jeanne Claude de Barreau, épouse de Claude, baron de et seigneur de Demanges-aux-Eaux.

La même année, mourut Gaspard de Vuillarmy, seigneur en partie de Delouze, inhumé dans l’église, à droite du maître-autel.

En 1672, dame Jeanne Claude de Barreau, devenue veuve de messire Claude, baron de Stainville, épousa Dieudonné de Salles, seigneur de Berthéléville.

En 1695, eut lieu le mariage de Georges d’Aristay de Châteaufort, écuyer, gouverneur du bourg et château de Void et de demoiselle Marie Gabrielle de Barreau.

De ce fait, le sieur de Châteaufort devint seigneur en partie de Delouze,

La même année, le sieur de Vidampierre, seigneur en partie de Delouze, épousa Marguerite Françoise de Barreau.

Le 12 mai 1705, Charles Hyacinthe de Brunet, écuyer, sir de Delouze, capitaine au régiment de Noailles pour le service du roi, fils de Henri de Brunet, seigneur de Delouze, et de dame Claude de l’Epine, épousa demoiselle Marie Françoise Gilles de Savant, fille noble de Delouze.

A la même époque, mourut messire Charles Gabriel de Monsinot, maître de camp de cavalerie des gardes du Corps du Roi, seigneur de Mauvages et de Delouze en partie, laissant ses biens à Suzanne de Monsinot.

En 1724, Charles Hyacinthe de Brunet, capitaine au Régiment de Noailles, fut élevé à la dignité de Chevalier de l’Ordre royal et militaire de S. Louis.

Le 23 octobre 1727 fut enregistré le décès de demoiselle Barbe de Gomescourt, décédée à soixante ans et, le vingt et un novembre suivant, celui de Gabrielle de Gomescourt, sa sœur, âgée de 65 ans.

En 1736, François de Châteaufort, fils de Georges d’Aristay de Châteaufort et de Marie Gabrielle de Barreau, est mentionné seigneur en partie de Delouze et avocat à la cour.

En 1748, dame Elisabeth de Brunet, la sœur de deux officiers de ce nom, devient veuve de Joseph le Camus de Courcelles, sieur en partie de Maxey, Epiez et .

Page 26 En 1765, messire Charles Hyacinthe de Brunet, Chevalier de l’Ordre royal et militaire de St-Louis, ancien officier de cavalerie au régiment de Noailles, puis après au régiment de Bourbon, mourut d’une attaque d’apoplexie, à l’âge de 59 ans, au retour d’une chasse dans les bois de Delouze.

En 1779, François Pascal de Châteaufort, avocat à la cour, seigneur en partie de Delouze acheta la charge de capitaine de Dragons.

A la même époque, son frère Ignace Romain d’Aristay de Châteaufort, capitaine d’infanterie et Chevalier de l’Ordre royal et militaire de St-Louis, fut appelé au poste de consul général des Russies, où il demeura jusqu’à l’époque de la révolution.

En 1789, Lucie d’Aristay de Châteaufort, était dame en partie de Delouze et disparut, avec presque totalité de nobles d’alors, à l’époque de l’émigration, pour ne plus reparaître.

La Lorraine, comme presque toute la France, eut encore des jours malheureux à passer lors de la grande invasion de 1813-1814.

Ce fut à la fin de décembre 1813 que les habitants de Delouze purent voir pour la première fois l’armée d’invasion : c’était de la cavalerie russe formée d’hommes armés de lances et montés sur de bons coursiers. Le nombre de ces cavaliers était si considérable que la route était couverte sur une étendue de plusieurs lieues. Les habitants terrifiés se crurent perdus.

Alors commença pour les paysans de Delouze une série de misères de toutes sortes, les habitants eurent à endurer les violences et la brutalité d’un ennemi peu civilisé, à supporter le pillage et les réquisitions ruineuses destinées à l’entretien de l’armée d’investissement.

Au début de cette période critique, beaucoup d’habitants se retirèrent au milieu de la forêt, emmenant avec eux leur bétail et s’abritant sous des huttes faites de bois et de gazon et y vivant misérablement. Leurs maisons étaient abandonnées à l’entière discrétion de l’ennemi.

Le registre des actes de la mairie mentionne que le 11 juin 1814, le Maire donna logement à deux colonels et leur suite composée de neuf hommes et fournit des rations en vivres et en fourrages.

Le 16 juin, 140 cavaliers logés au village se firent livrer double ration pour eux et leurs chevaux.

Le 21 juin, 368 hommes campèrent sur la hauteur dite la Plaine, se firent servir double ration de pain, de viande fraîche, ainsi qu’une grande quantité de fourrage et d’avoine.

Page 27 Non seulement il fallut pourvoir à la subsistance des troupes de passage, mais la commune dut fournir d’abondantes réquisitions consistant en bois, viande, céréales, fourrages pour l’alimentation des troupes étrangères en garnison à Mauvages, à Joinville, à Gondrecourt et à Vaucouleurs.

Ces charges ruineuses nécessitèrent des emprunts considérables destinés à l’achat des denrées demandées, attendu que le bétail et les denrées alimentaires du pays étaient complétement épuisées. « La misère était à son comble et les deux tiers des habitants ne vivaient que par les libéralités de l’autre tiers », dit le registre des actes de la Mairie.

Une garnison de 40 soldats russes occupa le village pendant la période d’investissement, qui dura une année entière. Ces hommes, logés chez les habitants, vivaient avec eux, ils se montrèrent durs et violents et maltraitèrent souvent ceux qui leur donnaient l’hospitalité.

Tel est le résumé historique de l’invasion de 1814.

L’invasion allemande de 1870-1871 fut, comme la précédente, une période fatale : réquisitions, pillages, violences, ruines, mauvais traitements ; tel fut, en quelques mots, le sort des habitants pendant cette funeste époque qui occasionna la gêne pour de longues années et greva le budget de dettes qui ne furent liquidées que dix ans plus tard.

Châteaux seigneuriaux

Dans sa notice de Lorraine, Dom Calmet rapporte « qu’il y eut à Delouze 2 maisons fortes et deux autres appartenant aux seigneurs ». Il est certain que 2 maisons fortes ont existé car il en reste encore des vestiges et, pour cette cause, leur emplacement est facile à déterminer. Du reste, des édifices, détruits pendant la tourmente révolutionnaire, ont été vus à la génération existant à la fin du siècle dernier.

Le château de Brunet, ainsi nommé à cause des seigneurs de ce nom qui en furent les derniers propriétaires, se trouvait situé dans un vallon au nord du village. Il revêtait une forme quadrangulaire et était flanqué de trois énormes tours carrées percées de meurtrières, la première avait place à l’un des angles de la façade et les deux autres se dressaient aux angles opposés.

Le bâtiment comprenait deux étages. De hautes et épaisses murailles le protégeaient, aucun fossé ne l’entourait mais les murs d’enceinte étaient garnis de créneaux.

A proximité du château étaient construits, d’un seul tenant et en forme d’aile, les bâtiments accessoires tels que remises, étables, écuries, granges. Aujourd’hui un groupe de maisons de la rue du château occupe l’emplacement

Page 28 des bâtiments accessoires et le lieu même où se dressait l’édifice est transformé en prairie et en jardins potagers.

Une vaste cour entourée par les murs d’enceinte avait été aménagée sur le devant de l’édifice. Au milieu de la cour, on remarquait la tour des pigeons, de forme ronde, dont les fondations subsistent encore. Le parc, le potager et le verger entouraient la maison et l’isolaient du reste du village.

(Extrait des registres des actes de la mairie années 1790-91-95) En 1790, la famille de Brunet émigra et l’édifice subsista jusqu’en 1795.

La seconde maison forte s’élevait sur le flanc d’un coteau orienté vers l’est et dominait le village. Elle appartenait, lors de la révolution, au sieur de Châteaufort.

De forme carrée et à deux étages, ce château était fortifié par deux hautes tours rondes, crénelées, placées aux angles de la façade de l’édifice et se reliant aux murs.

Aucune ceinture de muraille, aucun fossé n’en défendait l’accès. Deux puits, aujourd’hui comblés, fournissaient l’eau nécessaire aux usages du château. Les dépendances formaient un corps de bâtiments situés au nord et à peu de distance de l’édifice principal.

Ce fief était isolé des arbres fruitiers qui l’entouraient et en faisaient une résidence saine et agréable.

Abandonné lors de l’émigration, il fut loué à divers particuliers de Delouze et en 1809, il fut démoli et les matériaux furent adjugés à vil prix aux amateurs.

Non loin de là, au pied du coteau où était bâti le château, se dresse encore aujourd’hui l’ancienne maison seigneuriale. Elle se distingue des autres demeures par ses dimensions et son aspect antique, ses fenêtres cintrées et ses forts barreaux. A l’intérieur, dans la pièce principale, des peintures variées de quelque valeur décorent les murs. Cette construction, de date moderne, remonte à l’année 1760.

La famille « d’ » y demeurait encore en 1830. C’est là que prit naissance le général de Bigault d’Avocourt, dont il sera parlé dans le chapitre des hommes illustres de Delouze.

Etude des dénominations du cadastre

En 1885, lors de son excursion dans la vallée des Mâchaires, Monsieur Maxe-Werly étudia la signification des noms des lieux-dits du cadastre. Ces recherches ont fourni les renseignements ci-dessous, précieux pour l’histoire de cette localité.

Page 29 S’il existe au cadastre de Delouze un certain nombre de noms vides de sens, on rencontre d’autres qui peuvent, par suite d’une recherche attentive de leur signification, donner des notions précieuses et variées sur l’historique de ce village.

Grâce à cet examen, il est facile d’établir que jadis ce territoire comprenait de grandes forêts aujourd’hui disparues en grande partie.

Les noms des lieux-dits ont été, dès le principe, empruntés aux essences dominantes du lieu et ont dû traverser les siècles en se transmettant d’une génération à une autre et, pour cette cause, continuent à désigner l’emplacement de forêts antiques. Ceux qui paraissent éveiller le souvenir de forêts disparues sont :

L’Euzerale (patois de l’érable) désigne l’emplacement d’un terrain boisé d’érables ou bien un lieu où l’érable était l’essence la plus commune.

Les Fouys et le gros Fouys (patois de hêtre) La première dénomination paraît indiquer une forêt de hêtres, ou bien un lieu dans lequel ceux-ci étaient en grand nombre parmi d’autres arbres et la seconde peut éveiller l’idée d’un hêtre isolé et de forte taille.

D’autres lieux-dits, tels que les Caurées (nom patois de coudrier) les tremblez (tremble) le Chânois (chêne) la Charmée (charme) fournissent avec certitude le nom de lieux boisés jadis ou peut-être de vastes forêts où dominaient ces diverses essences.

L’histoire elle-même confirme ce qui vient d’être dit. Elle représente la Gaule ancienne avec un sol presque entièrement boisé, les montagnes et les coteaux couverts d’une luxuriante végétation de chênes, de hêtres et d’autres essences, le bas-fonds en marécages et en prairies et, autour des villes et des villages seulement, des éclaircies destinées à la culture des céréales ; sur les bords des rivières, des terrains ensemencés en lin et en chanvre : les villages et les villes, composés de pauvres cabanes, semblaient perdus dans les immenses forêts.

Côte des Pèlerins. Elle éveille un souvenir antique se rapportant au pèlerinage de la Fontaine Saint-Pierre, dont il sera parlé bientôt. Cette côte, assez escarpée, se rattache, vers le sud, à un étroit vallon dépendant de la vallée de l’Ornain et situé à peu de distance de la voie de Delouze à Demange. Elle rappelle le chemin suivi dans l’antiquité par les pèlerins qui, de la vallée de l’Ornain, se rendaient vers Delouze pour rendre leurs hommages à la statue de Saint-Pierre et consulter les eaux de la fontaine.

L’examen topographique de la contrée montre que c’est le plus court chemin allant de la fontaine vénérée à la vallée de l’Ornain.

Page 30 La Voie des Moines. Ce chemin antique, à portée de Rosières et de Delouze, se dirige vers Demange ou plutôt vers l’abbaye d’Evaux. Les religieux de cette communauté ont possédé pendant plusieurs siècles une partie du ban de Delouze et la seigneurie de Rosières. Il y a lieu d’admettre que, grâce à cette voie, les religieux d’Evaux communiquaient avec ces deux villages.

Cavet. Ce nom est donné à une contrée de ce territoire à cause du chemin creux qui la traverse.

Le chemin du Cavet est profond et encaissé, surtout aux environs du cimetière, et dans la partie riveraine du village. Il suit une direction presque droite et franchit, sans les éviter par des courbes, tous les accidents de terrain situés sur son parcours. Cette dernière particularité semble attester son antiquité, car dans la construction des chemins de notre époque, on évite par des sinuosités les montées trop rapides ou les pentes trop accentuées.

Il porte encore le nom de « voie de Gondrecourt » et va de cette dernière localité vers l’abbaye d’Evaux en traversant le village de Delouze. Remonterait-il à l’époque gauloise ? Il n’est pas possible de l’affirmer, mais semblerait à voir son parcours à travers monts et vaux qu’il a été tracé à l’origine par les bêtes fauves puis plus tard continué par l’homme pour servir à l’exploitation du sol.

Une autre contrée, celle de Pineauchamp (champ du pineau) se trouve sur la partie basse d’un coteau actuellement planté de vignes et exposé au midi. Elle est ainsi désignée en souvenir de vignobles détruits et transformés depuis longtemps en terres labourables.

D’autres dénominations non moins expressives que le précédentes paraissent avoir été motivées par des circonstances particulières telles que la présence d’une fontaine, un cours d’eau, un monticule, l’aspect du sol, sa nature, le genre de redevances, le nom du seigneur du lieu, le monastère qui avait la jouissance de la contrée, les plantes qui croissent spontanément et en abondance dans certains lieux. Souvent même le patois du pays a servi à former des désignations pittoresques. La connaissance du patois est donc nécessaire pour trouver le sens de certains noms ou contrées.

La Parlemaille est un lieu ainsi appelé à cause de la présence d’une petite fontenelle qui ne tarit jamais, même pendant les étés chauds et secs.

Enson-Fragne (Enson en patois signifie lieu élevé, sommet) est le point culminant du monticule de Fragne, le plus élevé du territoire et le troisième du canton de Gondrecourt, il est coté à la carte d’état-major, par le chiffre d’altitude 396.

Page 31 En Sorru (ru, en patois, signifie ruisseau) est une vallée assez profonde entre Delouze et Gérauvilliers, où coule presque constamment une source abondante alimentée par les coteaux boisés du voisinage.

Les Lavières, (lave, en patois, est le surnom donné aux pierres plates calcaires) sont le nom d’une contrée peu fertile presque entièrement recouverte d’une abondante quantité de pierres calcaires.

La Cire, située à proximité du village, est formée de terrains de qualité supérieure. A cause de sa fertilité, cette région était soumise à une redevance établie pour l’entretien de l’éclairage à l’église.

Les Religieuses. Rien ne prouve qu’un couvent de religieuses ait existé jadis sur ce territoire ; mais le cadastre d’Houdelaincourt mentionne une contrée « la Nonnerie » en souvenir d’un couvent détruit, dit-on, à l’époque de la guerre des trente-Ans, et dont on retrouve encore des vestiges. Il se pourrait que les Religieuses eussent fait partie des biens de cette communauté.

Le Bouvrot est un terrain dont la jouissance était accordée au clergé pauvre pour l’aider à subsister et d’une superficie équivalente à celle qu’un bœuf pouvait labourer dans une journée.

Choiseuil. A diverses époques, notamment en 1654 et en 1713, une puissante famille de ce nom tenait en sa possession la seigneurie de Demange- aux-Eaux. Or, souvent, certains seigneurs possédaient des biens ou héritages sur les bans voisins du lieu de leur résidence. Il y a donc lieu de croire que la contrée de Choiseuil a fait partie des domaines de cette maison, l’une des plus riches du Barrois.

Les ensoches. En général, cette dénomination s’applique à une grande pièce de terre séparée des contrées voisines par une clôture de haies ou une ceinture de fossés.

La forme de la contrée de ce nom est remarquable. C’est un carré parfait d’une grande étendue dont l’un des côtés est encore bordé de haies. Il est probable que la pièce le fut en entier autrefois.

Le Cachon l’Enson (cachon signifie : creux, reculée, lieu où l’on peut se cacher ; enson signifie crête, lieu élevé) désigne une contrée qui embrasse à la fois le sommet et le flanc ouest du mont dit « la Côte » et le vallon étroit et profond voisin de cette hauteur. Du sommet du Cachon l’Enson on découvre un horizon élevé et éloigné à la fois ; l’œil aperçoit par les beaux jours d’été des villages et des forêts situés à plus de 50 km.

Aux Echamps, ou, d’après d’anciens titres de propriété, Oseille-Champs. Cette dernière dénomination a sa raison d’être car l’oseille sauvage croît

Page 32 spontanément et en grande abondance dans cette vallée dont une grande partie reste sans culture.

Les Roises, petit canton attenant au village, rappellent le souvenir de routoirs ou fossés aujourd’hui comblés, dans lesquelles les habitants faisaient rouir le chanvre dont la culture est aujourd’hui abandonnée.

Anciens Maîtres d’école

Les anciens registres de la municipalité, et en particulier ceux qui actes de baptêmes, mariages et sépultures, où les maîtres d’école signaient souvent comme témoins, ont permis d’établir la liste chronologique des anciens recteurs à partir de 1695.

Le plus ancien mentionné par les archives de la commune se nomme Claude Erard, il exerce de 1695 à 1708. Il est remplacé par François Bogard qui reste en fonction de 1709 à décembre 1713.

Charles Menginot lui succède de janvier 1714 jusqu’en mai 1718, et on trouve sa signature à côté de celle du curé à chacun des actes religieux. Il est remplacé par Didier Gary qui exerce seulement jusqu’en 1720 et meurt en 1721. Didier Gary accompagne sa signature d’un paragraphe remarquable et de la mention « mestre d’escolle » Il a pour successeur Claude Henriot, recteur d’école jusqu’en novembre 1745. Claude Jeanniot reste son successeur jusqu’en 1752 puis arrive Nicolas Jeannin qui reste en fonction jusqu’en 1782.

Vient ensuite Jean Errard, qui exerce pendant la période révolutionnaire et jusqu’en l’an II de la République.

Il est remplacé par Claude Giraudot qui, pendant deux ans, exerce aux conditions suivantes arrêtées avec la municipalité par le traité ci-dessous, extrait d’un registre ancien des actes de mairie :

« Aujourd’hui, treize prairial, l’an second de la République, devant nous Maire et Officiers municipaux, assistés de Charles Henriot, greffier de la municipalité, avons dit qu’il était très-urgent de nommer un « mestre d’escolle » pour ladite commune, à quoi il s’est présenté le citoyen Claude Giraudot, habitant la commune de Rosières-en- Blois, qui nous a déclaré qu’il est dans l’intention d’enseigner les enfants suivant la loi, c’est-à-dire à lire, écrire, connaître les droits de l’homme et tous les mœurs et nous a présenté son certificat de civisme. Nous avons arrêté que le citoyen Claude Giraudot exercerait la dite charge et qu’il sera rétribué conformément à la loi, et en outre le dit Claude Giraudot s’oblige à sonner, avoir soin de l’horloge et fournir l’huile d’olive, et pour rétribution il sera payé la somme de trente livres, toutes lesquelles clauses ci- dessus il a acceptées et qui s’engage date de ce jour. »

En l’an IV, Joseph Mangin survient et accepte de servir aux conditions suivantes extraites du même registre :

Page 33 « Cejourd’hui, dix-sept brumaire l’an quatrième de la République Françoise, s’est présenté au greffe de la commune de Delouze Joseph Trouillot, adjoint municipal de cette commune qui a dit qu’il est très-nécessaire d’avoir un citoyen pour enseigner la jeunesse, avoir soin de l’horloge, sonner et faire ce qu’il y aura à faire pour l’utilité de la commune. Et avons assemblé les habitants de cette commune qui ont dit comme nous d’une voix unanime. S’est présenté le citoyen Joseph Mangin, instituteur reçu à l’administration, tant pour Mauvages y domicilié, que pour Delouze et Rosières, lequel a accepté de servir aux conditions ci-après : par habitant une quarte de blé et deux quartes d’orge pour l’année qui lui sera payé pour sonner et conduire l’horloge, en outre pour chacun enfant en état d’écrire quatre quartes de blé et une d’orge et pour les petits qui n’écriraient point deux quartes de blé et une d’orge pour les instruire du premier brumaire au trente germinal. »

Joseph Mangin est remplacé en 1818 par Jean Erard. Ce maître occupe le poste de Delouze jusqu’en 1822 et y remplit les multiples fonctions d’instituteur, greffier de la mairie, sonneur de cloche, chantre à l’église et « batteur de caisse ». En 1822, Jean Muaux lui succède jusqu’en 1840.

A cette époque parut à Delouze le sieur Vincenot, maître breveté sortant de l’Ecole Normale de la Meuse.

Pour ne point parler ici des successeurs du sieur Vincenot encore existants, cette énumération s’arrêtera avec la date de 1840.

Lieu de pèlerinage

Il convient de rapporter ici la coutume encore en usage qui consiste à consulter les eaux de la fontaine Saint-Pierre pour connaître l’avenir réservé aux enfants chétifs et souffreteux.

Au centre du village, il existe un lavoir public servant d’abri à une fontaine antique dite de Saint-Pierre, du nom du patron de la paroisse : Saint- Pierre de Vérone. Ce lieu de pèlerinage est moins fréquenté aujourd’hui que par le passé. Non seulement les habitants de la contrée y abondaient, mais bon nombre d’étrangers des départements des Vosges et de la Haute-Marne s’y rendaient par la vallée de l’Ornain.

La fontaine Saint-Pierre a, dit-on, la spécialité de faire connaître le sort réservé aux enfants souffreteux.

Voici la pratique en usage pour effectuer ce pèlerinage.

Un membre de la famille du malade se rend à la fontaine et se met en rapport avec une femme du village qui la dirige et opère l’immersion d’une pièce de linge, souvent une chemise de l’enfant, dans les eaux du caveau.

Si le linge plonge, c’est de mauvais augure pour la santé de l’enfant ; au contraire si le linge surnage, c’est que le malade est pupille de Saint-Pierre et qu’il recouvrera la santé.

Page 34 Le pèlerinage se termine par une neuvaine et généralement par l’offrande d’un don suffisant pour l’obtention d’une ou plusieurs messes à l’intention de l’enfant malade. Le tronc de Saint-Pierre n’est pas oublié ; chaque visiteur y dépose son obole ; on y a rencontré des offrandes considérables.

Hommes célèbres

Delouze a donné naissance à Nicolas de Bigault d’Avocourt, général de brigade de cavalerie, commandeur de la Légion d’Honneur, décédé, en 1887, à Versailles.

Né à Delouze le 4 juin 1812, élève de la Flèche en 1823, admis à Saint- Cyr en 1829, il en sortit sous-lieutenant en 1831. Il fit l’expédition de Tlemcen et fut cité à l’ordre de l’armée, tandis que dans le rapport du gouverneur général comme s’étant conduit avec une grande distinction. Lieutenant en 1837, puis capitaine d’habillement en 1846, il fut décoré en 1850. En 1861, il passa colonel au 12° Dragons, et en 1886, il était commandeur de la Légion d’Honneur. Il fit la guerre de 1870 avec son régiment et combattit aux premières journées et aux grande luttes d’août et septembre autour de Metz, prit par à la défense de cette ville et fut nommé général le 27 octobre 1870.

Passé au cadre de réserve en 1874 puis admis à la retraite, Mr d’Avocourt s’était retiré à Versailles.

Un autre militaire, d’un rang plus modeste, mérite cependant que son nom ne tombe pas dans l’oubli.

Louis Nicolas Vautier fut nommé instituteur jusqu’au jour où les nécessités de la guerre l’appelèrent sous les drapeaux, en avril 1805.

Il fit, au 55° de ligne, la campagne de 1806 et assista à la bataille d’Iéna. Envoyé en Espagne, il s’y distingua et y acquit les divers grades inférieurs. Il prit part au siège de Saragosse, fut nommé sergent-major et, rappelé en Allemagne, il assista à la bataille de Leipzig, et en 1813 il fut nommé sous-lieutenant. Il fit ensuite la campagne à l’intérieur, en 1814 ; mais ayant été grièvement blessé d’un coup de feu à la main gauche, il devint impropre au service militaire et fut admis à la retraite en 1814, à l’âge de 29 ans. Il habita longtemps Delouze et termina sa vie aux Invalides, à Paris, en 1860.

FIN DU TRAVAIL

Terminé à Dainville-Bertheléville le 15 octobre 1888 – Instituteur à Dainville, précédemment à Delouze

Signé : Gérard

Page 35

Page 36 Annexe B

Trouvailles du Cachon l’Enson (1888)

Page 37