Script Épisode 1

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Script Épisode 1 Episode 1 : jane celle qui portait la culotte GENERIQUE DE DEBUT _________________________________________________________ Johanna : Vous voyez l'église de la Dalbade dans le quartier des Carmes à Toulouse ? Eh bien c'est là qu'elle est née. En 1851. "Elle", c'est Jeanne Magre. Une petite fille qui deviendra une grande dame : Jane Dieulafoy. Une des premières femmes françaises à recevoir la Légion d'Honneur, une pionnière de l’archéologie et celle qui a pu être autorisée à porter… - tenez vous bien - un pantalon ! Laissez-moi vous raconter l'histoire de Jane archéologue et romancière, oubliée de la grande Histoire. VIRGULE _________________________________________________________ Lancement : Johanna : Depuis toute petite, Jeanne a toujours aimé les trucs de garçon. Avec son grand frère, elle avait l'habitude de faire des promenades à cheval. Jane : ...des promenades à cheval. Mon papa et ma maman appartiennent à la bourgeoisie toulousaine. Papa fait du commerce, maman ne travaille pas. Moi, ce que j'aime, c'est le dessin et la peinture. Dès l'âge de onze ans, mes parents me placent dans un Institut catholique en banlieue parisienne. J'étudie la littérature, le latin, le grec, mais aussi … les civilisations anciennes. Ça devient une vraie passion. Vous verrez ;-) À 18 ans, je rencontre Marcel Dieulafoy et je tombe amoureuse de lui. Je vous en parle parce que c'est un élément important de mon récit. À cette époque, il travaille au service des édifices municipaux de la ville rose. Un an plus tard, en 1870, on se marie. Mais la même année, la guerre éclate entre la France et la Prusse. Vous savez, cette ancienne région qui se situait sur les territoires actuels de l'Allemagne, la Pologne et la Russie. Marcel est appelé au front. Hors de question que je l'attende bien au chaud, même si j'ai à peine 18 ans. Alors, j'ai une idée : … Je l'accompagne… je l’accompagne au front. Olivier : 1 au front Olivier Montégut Tu décides donc de partir combattre aux côtés de ton mari. Journaliste ... Et tu deviens franc-tireur à l'armée. Tu es un peu la princesse Mulan… Mais sans la promo Disney quoi :) Jane : Heu… Si tu le dis. Quoi qu'il en soit, je participe à toutes les opérations militaires. Je commence petit à petit à intégrer des milieux habituellement réservés aux hommes. Pour m'imposer parmi eux, je joue le jeu des hommes. Je me fais subtile, presque discrète. VIRGULE 1 Jane : La guerre se termine mal pour la France. En 1871, nous rentrons à Toulouse avec Marcel. Autour de moi, mes proches se marient, fondent une famille. J'ai à peine 20 ans, mais je sais déjà que je n'ai pas du tout envie d'être femme au foyer. Malheureusement, à l'époque, les femmes n'ont pas le droit de faire des études supérieures... ni de travailler. Alors je me greffe aux projets de mon époux, je n'ai pas le choix. Il commence à travailler pour le grand architecte Eugène Viollet-Le-Duc… Olivier : En chuchotant C’est celui qui a construit Notre-Dame de Paris. Jane : En fait, Marcel est persuadé que l'architecture de notre époque trouve ses origines en Orient. Il parvient même à en convaincre Viollet-Le-Duc. Marcel et moi sommes passionnés de voyage. Nous sommes jeunes, sans enfants, plus rien ne nous retient à Toulouse. Même pas le cassoulet. VIRGULE CHAPITRE Alors nous nous mettons en tête d'organiser comme un grand road trip en Perse pour confirmer cette théorie. Malheureusement, quelque temps plus tard, l'architecte de Notre Dame de Paris meurt soudainement. Tous nos projets d'expédition tombent à l'eau. Olivier : Retour à la case départ alors ? Jane : Ah non, hors de question. Nous décidons de partir avec nos propres deniers. Nous remplissons les bagages d'ouvrages historiques. J'apprends l'arabe et le persan. Je me forme à la photographie. Et j'emporte évidemment des carnets où je documenterai nos expériences. Olivier : 2 Février 1881. Vous partez pour Marseille et embarquez sur un navire. Direction : Constantinople. Tu en as de bons souvenirs ? Jane : Haaan… Évidemment. Je me rappelle de ce jour… C'était au printemps 1881… je l’ai noté quelque part attends... Je crois me souvenir que nous traversons le Caucase, depuis la Turquie et faisons escale à Erevan, la capitale arménienne. Bruits de marchés, d'étals, de foules. "Sur l'étal, apparaît un grand bassin rempli de viande de mouton hachée menue, un fourneau garni de braise ardente est disposé à côté, prêt à cuire rapidement des brochettes. Le cuisinier nous invite à nous asseoir et nous assistons à la confection du kébab. On nous sert au bout de quelques minutes des brochettes emmaillotées dans une mince couche de pain. Nous nous empressons de les dévorer." J'imagine que vous ne connaissez pas ça, les kébab ici ? Olivier : Haha, détrompe-toi… Mais dis-moi Jane, il y a un détail qui m'échappe… Comment as-tu fait pour voyager confortablement ? Les robes longues à dos de chameaux et à cheval ce n'est pas très pratique… Pour comprendre avec un peu de recul, on a posé la question à Natascha Ueckmann. Elle est chercheuse et elle a notamment écrit sur les femmes qui voyageaient en Orient, et elle nous a parlé de toi... [Natascha - Travestissement] Elle a choisi l’habit masculin. Elle portait des bottes, un casque colonial, une carabine. Ça permet de voyager avec plus de sécurité. On est toujours menacée en tant que femme. Ce qui m'a étonné chez JDL : elle ne se justifiait pas. Elle fait ce qu'elle veut faire. Elle est très sûre d'elle-même et moi je pense que grâce à ce déguisement, elle s'est assuré formellement l'égalité des droits grâce à son déguisement masculin. Jane : Tout ce que je peux vous dire c'est que les longues jupes… ça traîne dans la poussière. Les crinolines, ces trucs métalliques qu'on porte sous nos robes.. ça nous contraint, ça contraint nos mouvements. Sans parler des corsets, surtout quand il fait une chaleur étouffante. L’horreur… Sauf que nous, les femmes, ne sommes pas du tout autorisées à porter le pantalon. Pourtant c'est si pratique ! Et les femmes voyageuses, nous sommes parmi les premières à expérimenter cette nouvelle forme de liberté. [Natascha - Travestissement 2] C'est une protection nécessaire et en même temps c'est très excentrique. Cette excentricité a sans doute contribué à sa popularité auprès de ses contemporains. Elle devient un sujet agissant. Elle est dans un certain lien, dans un certain rapport avec d'autres femmes françaises comme Rachild, comme Colette, comme Georges Sand, qui ont également trouvé une place dans la société française grâce à leur déguisement masculin. VIRGULE CHAPITRE Jane : 3 Bon, assez parlé de chiffon. Pour en revenir aux voyages… Il faut savoir que rien n'est évident quand on est loin de chez soi. Nous mettons des mois à arriver en Perse. Et puis sur place, entre les températures glaciales dans les montagnes, les nuits étouffantes les soirs d'été, notre corps est mis à rude épreuve. Le contact avec les locaux est parfois délicat. Mais ce que nous découvrons à Suse… c'est un tournant décisif pour ma carrière. [Laura - Héritage Jane] Jane, elle est surtout connue comme la première femme archéologue de France. (Johanna) Laura Mary - Archéologue et restauratrice de matériel archéologique en Belgique - Elle est connue pour ses travaux à Suse, un site en Iran. Elle y a travaillé avec son époux, Marcel Dieulafoy. Ils y sont d'abord allés pour prospecter. Et puis ils sont revenus avec toute une équipe de fouille et là ils ont mis au jour le Palais de Darius, mais aussi deux grandes fresques - La Frise des Lions et la frise des archers qu'on retrouve maintenant au musée du Louvre. C'est des pièces qu'on peut encore étudier dans l'histoire de l'art en général ou qui peuvent entrer dans tout ce qui est histoire de l'art etc... Olivier : Ces trouvailles, on dirait presque un gros coup de chance pour Jeanne et Marcel... [Laura Coup de chance] Oui c'est un coup de chance mais c'est le siècle des grandes découvertes en archéologie. On découvre Troyes, on découvre Mycènes, les palais de Knossos en Crète. Tout ça, ça arrive à ce moment-là. Ils se baladent là mais avec un but bien précis. Ils voulaient documenter un peu toute cette région et ils découvrent le potentiel du lieu en étant sur place. Y'a une équipe qui les accompagne,300 ouvriers qui sont là, c'est énorme. Ils ont énormément de budget parce que la deuxième campagne de fouille, ils ont les financements du Louvres,et donc ça leur permet de déployer beaucoup plus de moyens. Donc tout ça s'enchaîne finalement, très très rapidement. Jane : Et c'est entre ces deux voyages que j'adresse une demande de travestissement à la préfecture de police de Paris. Je veux pouvoir porter un pantalon quand je le décide.... Pour le reste, c'est bien résumé. On n'a pas chômé pendant ces deux périples. Olivier : On est en 1886. C'est le début de la fame pour toi Jane… Jane : (Rire) Oui c'est pas faux... D'autant que j'avais déjà commencé à publier mes récits de voyage dans la revue Le Tour du monde, aux éditions Hachette. Les éditeurs me demandent de raconter mon expérience. En plus, la maison d'édition pour laquelle je travaille, a eu la bonne idée de s'installer dans toutes les gares de France pour que les voyageurs puissent lire la revue de Louis Hachette durant leur trajet en train.
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