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Guts Of Darkness

Le webzine des musiques sombres et expérimentales : rock, , progressif, metal, electro, hardcore...

avril 2002

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Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/212 Les interviews

Page 3/212 SCARVE - (interview réalisée par Nicko)

1/ Pourriez-vous rappeler brièvement le parcours du groupe depuis sa création ? Le groupe : La formation s'est formée fin 93 - début 94. On a rapidement enregistré une première démo, puis a suivi un premier autoproduit 6 titres en 96. On a eu pas mal de changements de line-up, encore ces derniers temps. On a fait 2 depuis, produits et distribués, le premier chez Furtive Records en 2000, "Translucence", et puis il y a un mois, "Luminiferous", le nouvel album, est sorti chez . 2/ Ce soir, il s'agit du dernier concert de la tournée, comment s'est-elle justement passée ? Le groupe : Super cool, supers rencontres, que ce soit au niveau du public ou au niveau des groupes. On a pu aussi constater que pas mal de personnes qui étaient venues nous voir connaissaient déjà le dernier album, c'était assez sympa. On est content ! Sinon on a bien picolé, on a bien fait la fête ! Et on est complètement mort ! Mais on en redemande, on est prêt à repartir le plus tôt possible. On s'est trop éclaté. 3/ Vous sortez votre deuxième "vrai" album, "Luminiferous", est-ce que vous pouvez nous en parler, et nous énoncer les différences que l'on peut rencontrer par rapport au précédent album ? Le groupe : "Translucence" avait été composé sur une période beaucoup plus longue, donc il y avait plus de différences entre les morceaux, alors que là, "Luminiferous" est plus compact. La composition a été faite sur une période plus courte. C'est plus direct, efficace, plus violent, le son est différent, il est plus intense, il y a plus de choses. Au niveau du chant, il y a plus de refrains plus accrocheurs, surtout au niveau du chant de Guillaume. L'album a beau bourriner beaucoup plus que le précédent, il est en même temps plus mélodique. 4/ Comment s'est passé l'enregistrement de "Luminiferous" ? Est-ce que vous êtes encore retournés en Suède pour l'enregistrer ? Le groupe : En fait, la première fois, Dan (NDLR : Bergstrand, le producteur) nous avait envoyé juste des directives sur les prises son et sur la manière dont il procédait, et cette fois-ci, il est venu, il a supervisé tout le son sur la batterie, il nous a filé quelques conseils pour le reste, chants, guitares, basse. Il est reparti, on a enregistré par nous-même et on est monté là-haut en Suède pour le mix. On est donc resté une dizaine de jours là-bas, on était très content. On a tourné un faux-clip dans la cave de Daniel, ils ont tout dévasté... histoire de dire un truc intéressant !!! (rires !) 5/ Vous venez de Nancy, est-ce que vous pouvez nous parler de l'activité métallique là-bas ? Le groupe : Il y a Mortuary, groupe de brutal death, qui va sortir un nouvel album, mais je ne sais pas encore chez qui. Il y a Dirk (NDLR : Verbeuren, batteur de Scarve) qui joue dedans. Sinon, la scène metal est quand même assez développée dans l'est de la France. Il y a eu une convention metal en Lorraine il n'y a pas très longtemps, avec une compilation sur CD présentant des groupes lorrains, car ils se sont rendus compte qu'il y avait pleins de groupes, pleins d'associations qui se bougeaient le cul. Donc ça bouge bien vers Nancy-Strasbourg, même dans les Vosges, il y a Kronos, un super groupe de death. Cela reste quand même dur de trouver des dates. Au niveau des structures d'accueil, c'est un peu la misère en France, mais par contre, au niveau des groupes et des associations, cela bouge à fond. Il y a une volonté de montrer que la scène metal française existe. 6/ Votre line-up comprend 2 chanteurs bien distincts, pour quelles raisons ? Le groupe : Au début, le groupe avait commencé avec un seul chanteur qui faisait les 2 types de chant. Mais en fait, sur scène, c'est beaucoup plus sympa visuellement d'avoir 2 personnes. Sur "Translucence", c'est surtout Fred (NDLR : Bartolomucci, ancien membre du groupe) qui avait beaucoup composé, donc ce n'était pas dans l'optique d'être fait par sur scène par 2 chanteurs, donc cela faisait par moment assez bizarre, avec peu d'interactions. "Luminiferous", par contre, a été composé pour 2 chanteurs, donc il y a beaucoup plus de parties avec questions/réponses, donc visuellement, c'est super sympa. Chacun fait ses parties bien vu que c'est leur spécialité. Car ce n'est pas très évident de faire sur scène des voix death qui braillent puis des voix claires. Donc le choix d'avoir 2 chanteurs, c'est pour une meilleure qualité sur scène. Pour les doublages, on peut en faire sur albums et les restituer sur scène, donc c'est beaucoup plus sympa et énergique. Ce n'est pas un choix commercial, juste une question d'efficacité. Une fois, on nous a demandé que comme maintenant beaucoup de groupes avaient 2 chanteurs, on n'ait pas l'impression de faire un peu rap ! Oui, on nous a même

Page 4/212 comparé au rap, alors qu'on a un chanteur mélodique et un autre très death ! Mais en fait, c'est juste que, par rapport au rap, il y a souvent plusieurs chanteurs sur scène, comme nous. Mais bon, de notre point de vue, le fait de jouer avec 2 chanteurs permet d'avoir une palette plus large de voix, du très grave aux cris black, en passant par le chant mélodique. Donc un seul chanteur, cela ne suffirait pas. Ce n'est pas comme le rap, où par exemple ils peuvent être 3 à faire exactement la même chose. D'ailleurs, on se demande pourquoi ils sont 3 !!! Alors que là, avec Scarve, il y a vraiment l'utilité d'avoir 2 chanteurs. 7/ Comment se passe votre collaboration avec Listenable Records ? Le groupe : Ils bossent vraiment super bien. Il y a pas mal de promotion. C'est clair qu'entre les 2 albums, on voit vraiment la différence au niveau de la promotion, de l'organisation, de la prise en charge du groupe et de toutes les idées possibles et imaginables pour faire avancer les choses. On espère bien rester sur ce label-là dans le futur. En plus, c'est vraiment un label ciblé metal qui nous correspond complètement, c'est vraiment bien. 8/ Sur "Translucence", vous avez réalisé une reprise très personnelle et originale du "Friends" de Led Zeppelin, pourquoi ce choix-là ? Le groupe : C'est Dirk qui était dans le train et qui écoutait un album de Led Zeppelin, et il a trouvé que l'ambiance correspondait beaucoup à ce que l'on fait dans Scarve, avec des mélodies un peu sombres, et il a pensé que cela serait très sympa de l'arranger à notre sauce. Le résultat est cool, c'est vachement remanié. Le chant clair n'a pas trop changé. Sinon, on a aussi fait une reprise sur "Luminiferous" d'Entombed, "Serpent speech". En fait, c'est une sorte de punk-rock metal, c'est très efficace. Cela ne ressemble pas trop à Scarve, c'est plus un délire qu'autre chose. On ne pensait pas refaire une reprise, mais celle-là, cela faisait pas mal de temps qu'on la faisait sur scène. Et donc, on a mis ça sur l'album, c'est un bon délire, ça dure pas longtemps, 2 minutes environ. 9/ Quels sont vos plans futurs après cette tournée ? Le groupe : D'autres tournées ! Sinon, en rentrant, s'ateler à la composition du nouvel album, on a pleins d'idées, de riffs qui trainent, mais on n'a riende structuré encore pour l'instant. 10/ Quelle sera l'optique de ce nouvel album ? Le groupe : Il y aura forcément une évolution, on n'a pas envie de se répéter. Cela sera peut-être encore plus direct, plus efficace. Le premier album au niveau du chant était plus heavy, maintenant les chants clairs sont bien plus violents, on espère que cela continuera. Cela sera le plus efficace possible, le plus puissant possible. Efficacité, puissance, mélodie ! Les maitres mots !!! 11/ Est-ce que Dirk est toujours batteur d'Headline ? Le groupe : Oui, il y a même un album qui va sortir et il va partir en tournée avec eux. Mais Scarve reste toujours sa priorité. 12/ Y-a-t-il une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ? Et si oui, répondez-y ! Le groupe : Ne pensez-vous pas qu'il se passe quelque chose en France au niveau du metal ? Euh, on en avait un peu parlé avec la question sur Nancy, mais c'est plus parce qu'en fait la tournée s'est vraiment bien passée, grâce beaucoup à Steve de No Return, et aussi par le fait qu'on s'entend bien avec les autres groupes. Ce qui n'a pas toujours été le cas, jusqu'à présent, on avait rencontré pas mal d'animosité entre les groupes, surtout au niveau régional, tout le monde se tire dans les pattes, c'est l'horreur. Les gens commencent à prendre conscience de cela et se liguent pour faire avancer les choses et faire des tournées de metal extrême avec des groupes français. Merci Steve de No Return, merci Dex Scented, merci tout le monde. C'était vraiment sympa, et si cela se passait toujours comme cela, ça ferait vraiment avancer le metal en France. 13/ Je vous laisse conclure, si vous avez quelque chose à ajouter... Le groupe : Ecoutez du metal français, du metal en général, soutenez les groupes français, venez aux concerts, on a besoin de vous car on se casse le cul à faire des concerts et il y a pas toujours du monde dans toutes les salles, alors qu'il y a une super affiche. Il faudrait que les gens se bougent un peu plus, surtout qu'en concert il y a la puissance et le visuel en plus, ça vaut le coup ! Et enfin, merci aussi à toi pour l'interview !

Page 5/212 MINUS - (interview réalisée par Chris, Nicko)

1/ Pouvez-vous nous présenter le groupe et ses débuts ? Bjössi : Et bien, Minus c'est : Frosti à la guitare, Bjarni à la guitare également, Ivar à la basse, Krummi au chant et moi à la batterie. Le groupe est né en août 1998 comme un . Nous avons commencé dans la chambre de Frosti car nous nous étions fait jetés de notre ancien local pour y avoir joué trop fort et y avoir amené plein de filles. Rapidement, nous avons sorti une demo 6 titres dans le studio le moins cher de Reykjavik. Le succès naissant, nous avons quitté nos autres groupes afin de travailler sur notre premier album "Hey Johnny" qui est sorti sur Dennis records. Ensuite nous avons tourné l'année suivante dans toute l'Islande. Au moment de commencer à travailler sur "Jesus Christ Bobby" nous avons demandé à Bibbi (Curver) s'il pouvait produire le disque, et il a accepté. Donc nous l'avons enregistré en deux semaines, toujours dans la chambre de Frosti ! Voilà, je pense que c'est suffifant comme intro, je ne veux pas être trop ennuyeux !

Krummi : Tous les membres du groupe jouent de la musique depuis qu'ils sont nés ! Minus a été formé à partir de deux autres groupes de la scène rock underground islandaise. Nous nous sommes recentrés sur Minus car nous sentions qu'il y avait dans cette formation un feeling vraiment beau et spécial. Minus n'est pas à proprement parler un groupe mais plutôt un concept formé par cinq individus qui avaient une chose en commun, à savoir : vouloir atteindre de nouveaux sommets musicaux. Notre musique a inspiré une génération entière de jeunes désabusés par les musiques de masse. 2/ Pouvez-vous nous parler de votre album "Jesus Christ Bobby" ? Krummi : C'est notre dernier album en date, mais il n'est pas nouveau. Nous l'avons enregistré en 2000 et pour nous c'est un vieil album ! Notre direction musicale sur cet album est bourrée de paradoxes, de questions sans réponses, d'éléments codés dans un langage indéchiffrable. 3/ Y a-t-il un message derrière les paroles de vos chansons ? Bjössi : Oui bien sûr, mais c'est à Krummi d'en parler, pas à moi, je ne suis qu'un stupide batteur !!!

Krummi : Y a-t-il toujours un message derrière des paroles ? Puisque j'écris les paroles, celles-ci peuvent être un peu personnelles et abstraites, mais je parle de choses que connaissent la plupart des gens. Je ne livre toutefois pas l'explication des paroles sur un plateau d'argent car je veux que l'auditeur puisse en apprécier lui même la teneur et creuser le tout si nécessaire. J'écris mes chansons comme de la poésie. J'aime la poésie ! 4/ Votre album sonne aussi novateur que "The shape of punk to come" de Refused à l'époque, ce disque est-il un modèle pour vous ? Krummi : Je ne pense pas que l'album sonne comme du Refused, la seule chose que nous avons en commun avec Refused (R.I.P) est que notre son est progressif. Nous avons essayé de faire quelque chose de nouveau et j'ai l'impression que nous avons réussi. Mais ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit : je ne suis aucunement offensé par la comparaison avec ce groupe.

Bjössi : En realité non. Refused était un excellent groupe bien évidemment, mais sur "Jesus Christ Bobby" nous n'avons en aucun cas essayé de les copier. Question farfelue ! Question suivante ! 5/ Quelles sont vos principales influences ? Krummi : Dans le groupe, nous n'écoutons pas les mêmes choses car nous avons tous des goûts différents en matière de musique et d'art en général. Personnellement je suis influencé par la vie autour de moi, ma famille et mes amis, les évènements positifs ou négatifs, la mort et le sens de la vie.

Bjössi : J'ai grandi en écoutant les Beatles, et Guns ‘n Roses. J'étais grand fan de Metallica et je pense qu'il sont le meilleur groupe de rock de tous les temps. Sinon j'écoute Led Zeppelin, Tomahawk, Elliot Smith, Converge et Nirvana !

Page 6/212 6/ Comment vous êtes-vous retrouvés chez Victory Records ? Bjössi : Quand nous avons sorti "Jesus Christ Bobby" en Islande, nous en avons envoyé des copies à quelques labels aux Etats-Unis et en Europe et nous avons eu de très bon retours. Victory records nous a fait une offre que nous avons accepté.

Krummi : Tony, le manager de Victory a eu notre album entre les mains et a été soufflé à la première écoute. Il nous a contacté pour qu'on travaille ensemble et il a redistribué notre disque partout dans le monde. Nous étions très flattés qu'un des plus importants labels de punk rock veuille travailler avec nous car nous sommes de grands fans de groupes comme Bloodlet, Deadguy, Guilt, Thursday, Darkest Hour, Grade... 7/ Pouvez-vous nous parler de la scène Islandaise ? Bjössi : Aujourd'hui il y a tellement de groupes qu'il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment. Ici tous les jeunes de 14 ans qui sont tombés dans le métal en écoutant Korn or me disent qu'il sont dans un groupe, et ça c'est génial.

Krummi : La seule chose que je peux dire est qu'il n'y avait pas une grande scène metal / hardcore / punk / rock avant nous, mais la scène rock grandit rapidement. Le truc c'est que nous ne sommes pas un groupe de metal ou de hardcore (même si on en trouve des influences sur le dernier album), nous sommes un groupe d'artistes touchant à tous les styles. Nous ne voulons pas être catalogués, c'est effrayant ! 8/ Allez-vous tourner en Europe ? Krummi : Oui, une tournée est prévue cet été en Europe, nous jouerons au Roskilde fest au Danemark et pas mal d'autres festivals aussi. Nous venons juste de terminer une tournée d'une mois en Grande Bretagne, ça a été une expérience terrible ! Avant de revenir en Europe, nous allons tourner aux USA avec quelques uns de mes groupes favoris, Godflesh et Voivod, et cela durant un mois. 9/ Quels sont vos projets à venir ? Bjössi : Faire d'autres albums de Minus en essayant de ne pas tuer les autres membres du groupe !

Krummi : Nous comptons enregistrer notre troisième album dès que nous aurons terminé l'écriture de celui-ci, mais avant cela nous allons tourner comme des fous et faire les shows les plus aggressifs que vous ayez jamais vus ! Nous nous donnerons à fond ! Personnellement je participe à d'autres projets musicaux avec d'autres groupes et je vais également me recentrer un peu sur eux dans le futur. J'ai toujours écris de la musique et je continuerai à le faire jusqu'à ma mort... 10/ Je vous laisse terminer cette interview de la façon que vous souhaitez... Bjössi : Je n'ai pas dormi la nuit dernière, je vais donc être bref : soyez gentil avec les autres et ne croyez pas ce que disent les femmes, ce sont des démons !

Krummi : Soyez vous même tout le temps, et ne laissez personne vous dire le contraire. Ecoutez Can et Iggy Pop, ça vous sauvera la vie ! Fuck art lets kill ! Merci beaucoup. Kveðja (NDLR : Au revoir)

Page 7/212 Les chroniques

Page 8/212 THE VANDERMARK 5 : Single piece flow

Chronique réalisée par Progmonster

Paru jour pour jour il y a cinq ans, ce premier manifeste en quintette du jeune prodige d'origine hollandaise, Ken Vandermark va très vite démontrer, aux côtés d'autres artistes de talent tels que David S.Ware, Steve Coleman et autres Dave Douglas, que le jazz a encore de beaux restes. Debarqué à Chicago dès 1989, cet incroyable saxophonsite va surprendre tout le monde par sa débordante vitalité, enchaînant projets sur groupes, se constituant en très peu de temps un répertoire non seulement consistant, mais aussi très solide. Le Vandermark 5 est sans aucun doute son plus beau passeport, à l'instar du Masada de . Moderne, avec ses structures héritées du free jazz ("Wood Skin Metal"), porté sur les répétitions à renfort de chorus obsédants ("Momentum"), énergique ("Data Junior") avec quelques discrètes incursions rock (la guitare disto de "Billboard"), ce premier essai du groupe est déjà en soi une belle réussite. Ils sont pourtant encore loin du sommet de leur art.

Note : 4/6

Page 9/212 THE VANDERMARK 5 : Target or flag

Chronique réalisée par Progmonster

Ce second essai est déjà un fameux bond en avant. Les compositions de Vandermark font montre d'une plus grande diversité dans l'approche, toujours dédicacées, avec grande intuition, aux artistes qui l'ont sans aucun doute inspiré. Ainsi le jeu expressif du saxophoniste se colle sans ambages à des titres tantôt pointillistes et vaporeux ("Attempted, not Known", pour Derek Bailey et George lewis), à la fois destroy et groovy ("Last Call", pour Eddie Hazel, guitariste émérite de Funkadelic) où Jeb Bishop laisse son trombone au profit de sa six cordes, et tantôt aux structures ouvertement free jazz ("Super Opaque", pour Cecil Taylor ou "8K" pour Peter Brotzmann) ou plus apaisées comme "New Luggage", dédié au batteur Shally Manne. Huit titres compacts et solides, et jamais ennuyeux.

Note : 4/6

Page 10/212 THE VANDERMARK 5 : Simpatico

Chronique réalisée par Progmonster

Avec ce feeling énorme qui le caractérise, le Vandermark 5 nous revient en 1999 avec un tout grand cru, peut-être déjà leur meilleur effort. Bien que le quintette se passe désormais des talents de Mars Williams au profit du récemment intégré Dave Rempis, au alto, il semblerait que rien ne vienne perturber ce parfait équilibre qui fait indubitablement de leur musique un des chantres du jazz actuel. Avec sa section rythmique au swing indéniable ("Full Deck", "STHML"), tour à tour, Vandermark, Rempis et Bishop viennent s'époumoner sur des compositions toujours plus affûtées ("Point Blank"), mettant en lumière les talents de chacun. Il y a du Jackie McLean et du Eric Dolphy dans ce que l'on est amené à écouter, avec cette dynamique toute actuelle, qu'en contrepoint la guitare sournoise vient de temps à autres souligner.

Note : 5/6

Page 11/212 THE VANDERMARK 5 : Burn the incline

Chronique réalisée par Progmonster

"Simpatico" était déjà excellent, "Burn the Incline" se montre carrément monstrueux. Le titre "Distance" qui ouvre ce nouvel opus est le parfait exemple de ce que l'on est en droit d'attendre de LA formation jazz du moment ; avec ses relans de musique moyenne-orientale introduite par la contrebasse de Kent Kessler, le titre s'oriente peu à peu vers un jazz modal que n'aurait pas renier Joe Henderson ou Wayne Shorter, pour s'avancer d'avantage dans la modernité avec une section rythmique qui s'emballe, déployant ses structures répétitives surlesquelles section de cuivre et guitare s'en donnent à coeur joie. Un festival. Le reste de l'album est fidèle aux formules déjà éprouvées par le groupe, avec ses incartades en territoires tour à tour free, post bop et avant gardiste. Cette édition spéciale rend l'expérience encore plus décisive grâce à la présence d'un second disque en concert qui revisite les classiques du genre, issus du répertoire d'Ornette Coleman, Anthony Braxton, Cecil taylor, Joe McPhee, Sun Ra, Eric Dolphy et l'Art Ensemble de Chicago.

Note : 5/6

Page 12/212 THE VANDERMARK 5 : Acoustic machine

Chronique réalisée par Progmonster

Pour ce nouvel effort, le Vandermark 5 s'essaye à quelques pièces plus courtes, les 5 "HBF" étant dédicacées au minimaliste Morton Feldman. Et comme le titre l'indique, le groupe recentre son travail sur une approche acoustique accrue, mettant, pour cette fois, entre paranthèses les parties de guitare de Jeb Bishop, qui se concentre ici exclusivement sur son travail au trombone. L'heure est donc au changement. Cela n'enlève pourtant rien à l'intensité qui habite le groupe ("Auto topography", "Close Enough") contrebalancée par une suite de titres toujours aussi enlevés et habités ("License Complete", "Coast to Coast"). Plus posé, "Acoustic Machine" donne une uniformité de ton à l'ensemble qui contraste avec la versatilité à laquelle la formation de

Ken Vandermark nous avait habitué.

Note : 4/6

Page 13/212 The Fantômas Big Band : Millenium monsterwork 2000

Chronique réalisée par hern42

Il est inutile de présenter les deux groupes qui jouent ensemble sur ce disque... Tout le monde est au courant du potentiel de ces animaux là. Tout d’abord le son, impeccable, c’est a peine si on se rend compte que c’est un live. Le public est présent mais la production est tellement bonne ! (Le son a été mis au point par Randy Hawkins sur ce live, gage de qualité...). Pour ce qui est des titres, il est difficile pour le néophyte de distinguer qui fait quoi mais tous ont été bien choisis pour alterner brutalité, folie et rapidité avec plus d’ambiance et de calme. Il est aussi amusant de voir que les titres supposés sans nom du premier album de Fantômas sont ici références avec les titres les plus farfelus... On retrouve aussi quelques titres du deuxième album alors que celui-ci n’était pas encore dans les bacs je crois... "The Omen" par exemple se développe sur scène comme sur le CD avec son tempo lancinant et ses multiples voix. et son comparse effectuent un travail d’orfèvres derrière les futs, le tout pour servir ces rythmiques complètements folles. Difficile de dire qui fait quoi encore une fois mais le résultat est vraiment à la hauteur. "Me and the Flamer" est un duo voix/batterie et, il est aisé de savoir qui tient le micro et qui est aux commandes des baguettes... Du pur Fantômas premier album !! Bien sur tout le monde attend un petit commentaire sur les prouesses vocales du sieur Patton : juste un mot, vous ne serez pas déçus !! L’art-work a été fait par Mackie Osbourne, qui pourrait être en relation avec l’un des membre de Mr Bungle (peut-être ?) et est assez représentatif de la musique, je trouve, avec ce monstre bizarre à deux têtes, pour ne pas dire bicéphale (cool j’ai réussi à le placer !) et ses énormes yeux sur fond noir. En bref procurez vous ce disque dès que possible... un must. On pourra juste regretter la totale non-interaction avec le public, pas un mot, rien... Mais comme le CD est assez court on peut espérer que cela en a été autrement le jour J. Peut-être la plus intéressante réunion de deux groupes depuis... hum... je trouve pas ! Pas Black Sabbath et Ozzy en tout cas.

Note : 5/6

Page 14/212 KAMPFAR : Mellom Skogkledde Naser

Chronique réalisée par Sheer-khan

Le premier album de Kampfar est une pièce assez rare, et jusqu'à une récente réédition (century black), dans tous les sens du terme. Kampfar est un groupe de black norvégien, digne de ce premier fait, et c'est déjà pas mal ! Rare car la musique qu'il propose est assez unique et tout simplement belle. Il s'agit d'un black roots et sans chichis, peu violent comparé à Darkthrone duquel il est pourtant imprégné. Il ne s'agit pas de " Stormblast " non plus. C'est un black brut, mélodique et travaillé juste ce qu'il faut. La batterie est riche et calme (enfin… pas tout le temps !). Il y a dans cet album aux paysages naturelles nombreux une parenté immédiate avec le Windir de " Solknardrad ", cette mélancolie dans les couleurs mélodiques, ce goût pour les montagnes et les lacs (le visuel de " 1184 " de Windir ressemble à s'y méprendre à celui de ce Kampfar), cette recherche de la petite chose qui va rajouter des arbres et des champs à tous cela... mais une intro comme celle de " Balgalderkvad " nous parle plutôt de Darthrone dans sa rudesse, même si, à aucun moment, Kampfar n'atteint le niveau de noirceur d'un " Funeral… ", ou d'un " Blaze… ". Mais Kampfar, malgré son envie de couleurs nombreuses et d'atmosphères changeante ne tombe jamais pourtant dans la débauche d' de Valfar, et c'est cette retenue, alliée à une efficacité et à une hargne incontestable, qui le rapprocherait presque d'un " Panzerfaust ". En fait, Kampfar évoque par reflets certaines choses, et parmi les meilleures, mais on entend surtout Kampfar comme une musique complète, atteinte dès le premier essai. Le soutien très discret des claviers en lourdes nappes renforcent le poids de ce metal, plutôt que de l'aseptiser. " Kledd i brnnje " est un morceau à l'esprit purement true black, les acoustiques et une ombre de synthé n'y changent rien… et voilà où Kampfar se dresse en réussite exemplaire : il a la douceur et la richesse visuelle d'un Windir, d'un Legenda, d'un throes of dawn… mais il semble tout de même appartenir au clan des seigneurs noirs… au pays des lacs neigeux, certains font du black roots la nuit dans les cimetières… d'autres, comme Kampfar, sortent au petit matin et vont jouer dans les montagnes. Très, très beau disque.

Note : 5/6

Page 15/212 KoЯn : S/t

Chronique réalisée par Progmonster

Sous la forte demande populaire, voici enfin une chronique au sujet de Korn, et en l'occurence, leur premier album éponyme. Manque de bol, c'est moi qui m'y colle ! J'avoue avoir détesté dans un premier temps car ma première rencontre avec le groupe fût en concert où j'attendais de pied ferme un Primus qui tardait à vouloir se produire sur scène. Histoire de patienter, j'eus droit, comme des tas d'autres gens, à Korn. Ma stupide réaction de rejet, uniquemment motivée par la frustration que suscitait mon impatience, ne m'avait pourtant pas rendu sourd aux arguments déployés par le groupe ; un batteur agile et percutant ("Divine"), un bassiste lourd et omniprésent ("Need to"), deux guitares vicieuses à souhait qui préferent broder un mur de sons parasites et autres riffs bien basiques et efficaces ("Fake", "Lies"), à mille lieux des plans techniques et démonstratifs qui me font habituellement prendre mes jambes à mon cou. Et enfin, un chanteur qui se la donne un max dans le trip je suis mal dans ma peau et j'exploite le filon jusqu'à plus soif. Il n'empêche que ce premier album, excellement produit, près de huit ans après sa sortie, fait office de véritable borne dans le paysage de la scène alternative américaine. N'en déplaise aux fans les plus mordus, Korn aurait dû purement et simplement s'arrêter là, tant le reste de sa discographie n'arrive pas à la cheville de ce brillant manifeste.

Note : 4/6

Page 16/212 LORD BELIAL : Kiss the goat

Chronique réalisée par Sheer-khan

Le premier album de Lord Belial montre un groupe qui sait où chercher son équilibre, mais ne l'a pas encore trouvé. Brutalité death, rapidité black, mélodies métal et ambiances maléfiques. Mais brutalité tout d'abord dans ce " Kiss the goat ". Beaucoup plus death que black, encore, avec un Dark qui se déchire les cordes vocales, quitte à être un peu flottant sur sa ligne de chant, du moment qu'il peut montrer qu'il est très en colère. Les morceaux sont parfois rapides mais toujours, avant tout, très lourds, brutaux, malgré une inclination déjà incontestable pour la mélodie (flûtes etc…), ce premier album nous réserve tout de même une majorité de riffs death genre grossebaff (vous savez… astérix et les normands…). C'est sans doute cette trop grande intégrité de leur death qui fait que le reste des influences s'accrochent moins bien que par la suite. La fusion death-black n'est pas encore atteinte et on attend parfois les passages mélodiques avec impatience… Par ailleurs les musiciens, batteur en tête, se montrent un peu trop prompts à jouer sur leur limite, de vitesse notamment. La vitesse, qui deviendra une des marques de fabrique du groupe par la suite et qui dans ses tentatives, ici, tombe un peu dans la furie gratuite et peu musicale. L'album est toutefois intéressant et original, et il reserve de très bonnes choses, " Hymn… ", " Mysterious Kingdom ", " In the light of the fullmoon… ", " Into the frozen shadows… ", des passages étonnants, ça et là, mais il en ressort un sentiment incontestable de jeunesse. Comme le montrera la suite, c'est un défaut qui n'est souvent que passager, et encore une fois, il y a déjà de bonnes choses. Note sévère.

Note : 3/6

Page 17/212 LORD BELIAL : Enter the moonlight gate

Chronique réalisée par Sheer-khan

Tout est clair dès la quatrième seconde de cet album oc-cultissime : prends toi cette nuit maléfique en plein dans la gueule et essaies de t'en remettre. Voici un album de pur Dark Metal, au sens initial et immense du terme : les enfants de Dissection. Lord Belial est un groupe de fou furieux, leur premier album, loin d'être abouti, nous montrait déjà ce goût pour la brutalité, la voix très extrême, ce mélange death-black purement suédois et l'envie de rouler de la gratte du côté mélodies, pourvu que tout cela reste bien occulte. "Storm of the light's bane" de Dissection reste l'aboutissement absolu du genre. "Enter the moonlight gate" a le mérite de lui arriver largement à la cheville, et d'être bien plus furieux. Lord Belial va très très vite, hurle très très fort, et Sin a beaucoup progressé. Ca fonce à 2000 à l'heure, ça parle de la nuit et du mal, du froid et de la souffrance. Les passages plus mélodico-atmosphériques qui interrompent parfois cette furie, à base de guitares sèches, voix féminines, violoncelle ou bien flûte, n'ont rien d'impromptus. Ils ne calment rien, ils n'arrêtent rien, ils ouvrent une fenêtre supplémentaire sur les étoiles et au milieu de la fureur générale, ça prend une ampleur remarquable. "Forlorn in silence"… l'acoustique de service, est une belle réussite mélodique et atmosphérique. Tout cela est donc furieusement musical… A l'instar de "Storm of the light's bane" à l'école duquel il appartient, le deuxième album de Lord Belial retrouve l'esprit maléfique qui souffle dans "In the nightside eclipse". Vrai de vrai ! A ce jour, en attendant l'imminent 4ème opus, "Enter the moonlight gate" reste le chef-d'œuvre de Lord

Belial. Vraiment très, très bon !

Note : 5/6

Page 18/212 PINK FLOYD : A saucerful of secrets

Chronique réalisée par Spotted Tail

Ce second album est pour Pink Floyd l'apothéose et le glas de l'époque psychédélique. Dans la continuité de "The piper at the gate of dawn" il marque nettement la fin de l'époque Barrett tout en lui rendant un dernier hommage. Syd Barrett a quitté le groupe et David Gilmour a pris sa place créant un nouvel équilibre plus calme et serein. Waters et Wright ont pris les rênes et composent la majorité des titres. Gilmour développe un jeu de guitare subtil tout en "glissando" moins acide que Barrett et plus propice aux atmosphères des compositions du duo Waters/Wright. Cet album est étrange par biens des côtés : des mélodies simples mais inquiétantes créent un malaise évident, proche des romans de Lovecraft. La musique, maîtrisée, offre de grandes nappes d'orgue, des explosions de batterie et alterne avec bonheur les moments calmes et les déluges sonores. Corporal Clegg évoque immanquablement le "Yellow submarine" des Beatles. "Jugband " est la dernière contribution de Barrett au Floyd dans une atmosphère délirante. La pièce maîtresse est bien sûr "A saucerful of secrets" qui démontre la maîtrise du groupe en matière de sons et d'effets spéciaux. L'ambiance est tendue alternant les déluges de sons à la limite du supportable avec des moments de plénitude calme proche de l'extase. Dans la même veine, "Set the control for the heart of the sun" montre l'incroyable potentiel de Waters à entraîner l'auditeur dans son propre imaginaire. Atmosphère étouffante, rythmique lancinante, voix incantatrice. Pour la première fois la musique touche tous les sens et offre de nouvelles perspectives au rock progressif et psychédélique.

Note : 5/6

Page 19/212 : Album of the Year

Chronique réalisée par Progmonster

Depuis l'éviction de Jim Martin en 1992, Faith No More ne semblait plus aussi solide sur ses bases. L'album précédent, "King for a Day, Fool for a Lifetime" nous montrait pourtant un groupe très en verve et plus hétéroclite que jamais, mais cette réussite insolente cachait une tension accrue au sein du groupe qui finira par se séparer sur cet ironiquement intitulé "Album of the Year". Rien de surprenant au demeurant sur ce disque puisque Faith No More étale une fois de plus son savoir faire et son sens indéniable de l'efficacité. En ce qui me concerne, j'ai tendance à considérer la majeure partie des morceaux présentés ici comme relativement peu inspirés ; des titres comme "Collision" ou "Paths of Glory" ressemblant à des resucées de ce que le groupe avait déjà pu nous livrer sur ses efforts précédents. La seconde édition de cet album comporte un second disque fait de qui, au lieu de sauver les meubles, rend la situation encore plus pitoyable. Une triste fin, d'autant plus regrettable que "Home Sick Home" et "Pristina" (con comme la lune, mais tellement prenant) refermaient le chapitre en beauté.

Note : 4/6

Page 20/212 Faith No More : King for a Day... Fool for a Lifetime

Chronique réalisée par Progmonster

Mike Patton s'est toujours défendu de mêler ses deux activités principales que sont Faith No More et Mr.Bungle. Mais à l'heure où "Disco Volante" va frapper les consciences de plein fouet, Faith No More, qui se cherche un nouveau départ après l'excellent "Angel Dust" et désormais orphelin de Jim Martin, ne pourra pas échapper à l'amalgame ; c'est tout bonnement qui vient jouer les parties de guitare sur leur cinquième album, de loin, leur plus violent. Les titres s'enchaînent comme autant d'uppercuts qu'on vous envoie dans la tronche, mais Faith No More continue à varier les plaisirs, cette fois en juxtaposant à ses titres les plus rentre-dedans des ritournelles aux ambiances différentes (un titre comme "Star A.D." ne laissant plus aucun doute sur l'influence de Mr.Bungle dans le processus d'écriture du groupe). Un album solide que cette succession de contrastes violents tend parfois à en affaiblir l'impact, et ce en dépit d'un sublime "The Last to

Know", lyrique en diable (voilà ce que j'appelle un beau solo de guitare).

Note : 5/6

Page 21/212 Faith No More : Angel Dust

Chronique réalisée par Progmonster

Ce qui s'est révélé être un atout majeur pour le groupe sur "The Real Thing" va devenir le centre de toutes les attentions ; on a de la peine à reconnaître la voix du qui officiait sur leur troisième album en remplacement de Chuck Mosley. Ici, le bonhomme prend du coffre et se révélera, peu à peu, être sans contestation possible le chanteur le plus singulier des années quatre-vingt-dix avec un registre proprement hallucinant. Mais "Angel Dust" ne se résume pas à cela ; si Patton se montre plus mature, il en va de même pour le collectif au complet, laissant derrière eux ce rock basique mais enlevé qui faisait le bonheur des teenagers se goinfrant de chips en matant MTV. Faith No More inscrit ici son nom au panthéon des groupes rock mythiques qui auront apporté leur grain de sable à l'élaboration d'un nouveau langage. Incluant avec brio la magie des samples, la musique du groupe prend une dimension jusque là inimaginable. Des titres comme "Caffeine", "Malpractice" ou "Jizzlobber" sont autant de morceaux de bravoure qui font d’"Angel Dust" une passionnante aventure.

Note : 5/6

Page 22/212 SOULFLY : S/t

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Après le coup d'éclat que fut le départ de Max Cavalera de Sepultura, on pouvait réellement se demander à quoi aller ressembler son nouveau projet, symboliquement nommé Soulfly. Et bien en fait, cela sonne terriblement comme du Sepultura, période "Roots". Un Sepultura plus hardcore, plus rapide, qui posséderait une puissance encore accrue, et un mélange ambiance tribale/metal qui fonctionnerait une fois de plus à merveille. Si vous pensiez que tout cela tenait de l'utopie, et bien foncez sur ce disque car il n'y a en plus rien à y jeter ! Chaque plage est l'occasion, soit de headbanger sur les riffs ultra brutaux ("Eye for an eye", "No hope=no fear", "Tribe", "No"..), soit de se poser et de se faire une séance beaucoup plus "ambiance" ("Soulfly", "Karmageddon"), le tout centré sur un concept unique : la religion (L'album étant d'ailleurs dédicacé à Dieu). On sent que cet album fut très personnel à Max, ne serait-ce qu'avec des titres comme "First commandment" (avec Chino Moreno de Deftones) évoquant le décès de son fils adoptif, ou "The song remains insane", ultra rapide et agressive, rappelant les nombreux problèmes qu'eut Sepultura avec le Brésil avant l'album "Roots". D'autres titres plus "groovy" et expérimentaux sont présents comme "Bumba", "Umbabarauma" ou "Prejudice (très rap metal), et permettent à l'auditeur de respirer un peu dans cet ocean de violence, certes grandiose mais contrôlé. Bref, un album brutal, intense, mais aussi varié, aéré, du grand Max quoi ! Ce n'est pas un "Roots" bis, mais plutôt une sorte de prolongement, qui fait que cet album est un must pour tous ceux qui ont aimé les derniers Sepultura

(et puis les autres aussi !).

Note : 6/6

Page 23/212 KoЯn : Life is peachy

Chronique réalisée par Møjo

Pas facile pour moi, de juger cet album objectivement. Effectivement, non content d'être un album de qualité, il s'agit là d'un des disques qui m'aura initié à l'univers metallique ! Pour le coup, rien que la vue de cette jaquette, la lecture du nom des titres, du booklet, çà me flanque un sérieux coup de nostalgie dans le bide (aahhh... "No place to hide", "A.D.I.D.A.S.", "Mr Rogers"...). Bref, en dehors de ces petites aventures qui me regardent, "Life is peachy", c'est un peu le deuxième et dernier enfant de Korn. La parfaite continuité de l'album éponyme, qui offre ici une musique plus mature, aux riffs et break plus variés, aux compos moins linéaires, tout en gardant les éléments principaux nécessaires à une atmosphère très sombre : la voix torturée de Jon, le style Fieldy/Silviera, les riffs lourds, froids et efficaces de Munky et Head, et surtout cette ambiance, si obscure, si oppressante... Plusieurs choses sont à mentionner plus particulièrement. D'abord, l'intro, impossible à décrire, des cris et des grognements poussés à tout va, sur lesquels se greffent guitares et percussions, vraiment, unique en son genre. Puis les compos plus à part, ces véritables océans de noirceurs qu'écrivent "Mr Rogers" et "A.d.i.d.a.s.", qui constituent sans nul doute les hymnes du groupe. Enfin, le duo avec Chino Moreno ("Wicked"), qui bien que décalé, sera le premier pas vers le rapcore pour les américains... Trèves de bavardages, bien qu'inférieur à son illustre prédécesseur, ce deuxième opus restera comme l'un des piliers du groupe, qui changera par la suite complètement son style.

Note : 4/6

Page 24/212 KRIEG : A crumbling shrine

Chronique réalisée par Stéphane

Cette démo de Krieg, est l’une des premières me semblant convaincante pour le groupe qui semble avoir enfin trouvé sa voix, avec un chaotique et rageur. Leur musique est basée sur des rythmes assez élevés, desquels contrastent complètement les breaks où les guitares se font plus agressives, et où, par moment, on peut entendre des chœurs. Lord Imperial semble avoir trouvé le registre de voix qui lui correspond le mieux, à savoir une voix d’écorché vif, complètement déjanté et inhumaine. Les compositions en elles mêmes ne sont pas encore totalement bonnes, mais un titre comme « A crumbling shrine » reste un pur régal. Krieg est désormais sur la bonne voie.

Note : 4/6

Page 25/212 DJAM KARET : The ritual continues

Chronique réalisée par Progmonster

Vu les rééditions qui se succèdent chez Cuneiform, je suppose que cet album de Djam Karet, leur tout premier et de loin leur meilleur, sera lui aussi enfin republié. Il s'agit d'une musique purement instrumentale qui oscille perpétuellement entre prog rock et ambient, aux influences diverses (King Crimson pour "Technology and Industry", le son ECM pour "Revisiting a Quiet Place" et une touche subtile de Pink Floyd pour ses textures et ses solii de guitare). L'osmose effective entre chaque morceau, cette forte impression d'unicité qui, de prime abord, aurait tendance à rendre l'écoute ennuyeuse, est en partie perturbée par l'addition de deux titres inédits ("Tangerine Rabbit Jam" et "Night Scenes") issus des sessions du groupe qui allait précéder la naissance de Djam Karet, Happy Cancer. Supposé avoir été enregistré en concert, pour ses premiers balbutiements, cette formation à la réputation disproportionnée, a su heureusement ne pas tomber dans les clichés, en s'évertuant à se concentrer sur les ambiances (ce qu'il fait de mieux) plutôt que de nous sortir le grand jeu pyrotechnique auquel il se livrera hélas très vite. "The Ritual Continues" est le prototype même du disque qui n'a l'air de rien mais qui se révèle à vous après plusieurs écoutes.

Note : 5/6

Page 26/212 DJAM KARET : Reflections from a firepool

Chronique réalisée par Progmonster

Même s'il est défendu ardemment par la horde de fans que le groupe possède (comment pourrait il en être autrement ?), il faut reconnaître que "Reflections from a Firepool" instaure véritablement le style de Djam Karet, celui qu'ils appliqueront pour ainsi dire pour le restant de leurs jours. C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose : une bonne, parce qu'à l'écoute de ce disque, tout le monde sera à même de se forger sa propre opinion et encouragera ou non, selon qu'on a été séduit ou pas, à poursuivre l'aventure. Mauvaise, parce que Gayle Ellett et Mike Henderson se sont définitivement donnés le mot et commencent leur duels de guitares interminables à l'académisme fatiguant. Si les deux aspects primordiaux du groupe sont réunis ici, à savoir son côté virtuose et son côté ambient, il me semble malheureusement mal géré, chacun des huit titres s'apparantant plutôt à un collage maladroit de ces deux types d'approche (un morceau comme "Fall of the

Monkeywalk" l'illustre parfaitement).

Note : 3/6

Page 27/212 DJAM KARET : Burning the Hard City

Chronique réalisée par Progmonster

"Burning the Hard City" poursuit, sans surprises, la voie dans laquelle le groupe s'était engagé avec "Reflection from a Firepool". Pourtant, une nuance de taille vient donner plus de poids à un résultat qui, sans cela, aurait pu paraître vide de sens ; publié simultanément à "Suspension & Displacement", Djam Karet a décidé d'assumer ses deux facettes en isolant chacunes d'entre elles sur deux disques dédiés exclusivement à l'une ou l'autre approche. Ainsi, ce perpétuel va et vient entre moments apaisés et moments de haute intensité orchestré de manière assez gauche n'a plus de raison d'être. Alors que "Suspension & Displacement" en laissera plus d'un sans voix de par sa construction quasi linéaire, "Burning the Hard City" saura satisfaire les amateurs de prouesses guitaristiques en tout genre, s'élevant à peu de chose près comme une ode à cet instrument phare de la musique pop.

Note : 4/6

Page 28/212 DJAM KARET : Suspension & displacement

Chronique réalisée par Progmonster

Comme pour valider la pérénité de ce projet atypique dans la carrière du groupe, trône dans le livret du cd une sentence qui met très vite les pendules à l'heure : "L'un n'existe pas sans l'autre". Le résultat de leurs session de 1991 ont donné deux disques schizophréniques aux personnalités bien distinctes. Si "Burning the Hard City" se voulait leur pendant le plus agressif, "Suspension & Displacement" incarne résolumment leur aspect le plus evanescent. Un résultat qui a de quoi laisser pantois tout ceux qui attendaient de Djam Karet la dose d'adrénaline, souvent gratuite, à laquelle le groupe nous avait habitué. Sans être aussi expérimental qu'un Nurse with Wound ou aussi enclin à dépeindre des atmosphères lugubres comme le mythique "Absinthe" de Naked City, ce quatrième album du groupe pourrait s'apparenter dans les esprits à un essai new age sans profondeur. En réalité, par tant de retenue, Djam Karet montre sa capacité à se laisser guider par la musique et non, comme c'est trop souvent le cas, l'inverse. Avec ses riches textures, ses nappes de guitares sustain, ses notes répétitives et ses ambiances vaporeuses, Djam Karet rejoint l'esthétisme ambient des meilleurs Brian

Eno.

Note : 5/6

Page 29/212 DJAM KARET : Collaborator

Chronique réalisée par Progmonster

Djam Karet brouille les pistes une fois de plus et semble multiplier les expériences, ou en tout cas, les occasions qui leur permettraient de diversifier leur propos. Forts du concept des albums yin et yang que sont "Burning the Hard City" et "Suspension & Displacement", le quatuor américain nous revient avec un projet encore plus déconcertant. Mike Henderson et Chick Oken, Jr., particulièrement absents de cette session, laissent le groupe entre les mains de Gayle Ellett et Henry Osborne pour un "Collaborator" on ne peut mieux intitulé. En effet, les douze plages qui le constituent sont le résultat d'un travail de longue haleine : suite à sa demande, le groupe a donc recueilli les DAT de sessions enregistrées spécialement à cet effet, d'artistes tels que Jeff Greinke, , Marc Anderson, Carl Weingarten ou Kit Watkins (tous investis dans les musiques ambient expérimentales), Djam Karet retravaillant ces bandes en studio en y ajoutant leur touche personnelle. Si le projet se montre ambitieux et peut être perçu comme une séquelle à leur dernier album, malgré ces diverses collaborations, l'album fait preuve d'une forte cohésion et d'une unité de ton. Cependant, ils n'arrivent pas à recréer avec suffisement de réussite la résonance et la profondeur qui furent atteint avec "Suspension & Displacement" (dont certaines séquences sont réutilisées ici, notamment sur "Food Chain") ; c'est dire si leur objectif inavouable était clairement d'en faire une suite, motivé par un nouveau point de vue. La démarche reste louable et mérite qu'on s'y attarde, mais "Collaborator" restera toujours le parent pauvre de leur discographie.

Note : 2/6

Page 30/212 DJAM KARET : The devouring

Chronique réalisée par Progmonster

Pour ceux qui ont cru que Djam Karet s'était perdu quelque part en chemin, "The Devouring" les reconcilliera sans problèmes avec les heures les plus électriques du groupe, se révélant être d'emblée aussi leur essai de loin le plus progressif. Dans ses structures à tiroirs d'abord, mais aussi dans les sons utilisés, que la présence singulière et irremplaçable d'un mellotron ne viendra pas démentir ("Forbidden by Rule", "Lost, but Not Forgotten"). On trouve également un violon qui vient en contrepoint d'une basse ouvertement jazz fusion sur "Lights over Roswell". Bref, le Djam Karet des débuts, celui qui s'employait à montrer que ses musiciens savaient y faire, est bel et bien de retour. Après ses deux derniers albums aux relans ambient et expérimental, l'effet de surprise est donc total, mais, comme de coutume, leurs disques se voulants (trop) généreux (tous excèdent les 65 minutes !), celle-ci laisse peu à peu sa place à la lassitude et l'ennui, plus on avance dans le disque.

Note : 3/6

Page 31/212 DJAM KARET : Still no commercial potential

Chronique réalisée par Progmonster

Djam Karet, qui jouit de plus en plus d'une énorme réputation par le biais du cercle très fermé des élitistes de tout poil, soigne son image en mettant le pied à l'étrier par la publication de ce "Still No Commercial Potential", au tirage strictement limité, qui n'a d'autre prétention que de susciter la convoitise. Ces six titres improvisés, sans structures déterminées par avance s'il faut en croire le livret, ne s'écarte pourtant pas de ce que le groupe nous a permi d'entendre jusqu'ici. Une fois de plus, les parties de guitares sont omnipotentes et guident littéralement le groupe dans de longues expositions stériles, noyant parfois les quelques bonnes idées rythmiques sous un déluge de notes inutiles, nous rappelant aux bons souvenirs de leur deuxième "Reflections from a Firepool". La longue plage d'une demi-heure en clôture aura raison des bonnes âmes qui décrocheront bien avant la fin. Il y a cependant fort à parier que cet album exclusif, qui prêche pour les convaincus, saura séduire son auditoire inconsciemment conditionné. La dure note de 2 les pénalise pour ce caractère élitiste et exclusif qu'ils assument désormais. Que ceux qui n'ont pas réussi à se procurer cet album se rassurent ; ils n'auront rien perdu.

Note : 2/6

Page 32/212 DJAM KARET : Live at Orion

Chronique réalisée par Progmonster

C'est seulement après quinze ans d'existence que le groupe se livre pour la première fois à l'exercice de l'album en concert. Il n'y a pas à regretter que le groupe s'y soit pris si tardivement, tant les titres choisis sont tout bonnement judicieux ; pas moins de trois extraits de leur tout premier album "The Ritual Continues", deux du second "Reflections from the Firepool", le meilleur titre de "Burning the Hard City", "Province 19 : The Visage of War" et le meilleur de leur ultime "The Devouring", "Forbidden by Rule", auquel s'ajoute une longue impro inédite de quatorze minutes. On l'aura compris, pour l'occasion, Djam Karet s'est attardé, contexte oblige, sur son matériel le plus électrique, laissant de côté son aspect ambient. En piochant dans le matériel le plus probant de sa discographie, "Live at Orion", qui n'a de live que le nom, est sans conteste possible l'album le plus solide de Djam Karet, je dirais même sa quintessence. Inutile d'aller se ruiner à la découverte de leurs autres albums, celui-ci suffira amplement.

Note : 5/6

Page 33/212 DJAM KARET : New dark age

Chronique réalisée par Progmonster

Djam Karet allait- il continuer sur sa lancée ? Ses longues années d'existence, on l'a vu, nous ont permi de déterminer quelle fût sa ligne directrice. En dépit de son obstination à créer une musique qui se repose sur l'huile de bras, Djam Karet a aussi réussi parfois à nous surprendre en nous montrant d'autres aspects possibles de sa personnalité. A l'heure où "New Dark Age" est publié, le label Cuneiform ayant fait tout le travail de réhabilitation de ce groupe au statut culte, en rééditant la quasi intégralité de son catalogue discographique, nous ne sommes plus enclin à attendre quoi que ce soit. Et pourtant, ce nouvel essai est un réel tournant. Il réussit ici la parfaite synthèse des deux pôles qui le constitue (son côté obscur et agressif ayant toujours droit de citer comme sur "No Man's Land" ou "All Clear", alors que son côté ambient expérimental s'insère comme autant de petites respirations entre leurs morceaux plus enlevés, par exemple sur "Eclipse of Faith", pas loin de ce que l'on a pu entendre sur "Suspension & Displacement"). De plus, une approche plus acoustique aux relans moyen-orientaux viennent minimiser - et il était temps - cet aspect démonstratif horripilant qui fait le corpus de

Djam Karet. "New Dark Age" serait-il donc l'amorce d'un nouveau départ ?

Note : 4/6

Page 34/212 DJAM KARET : Ascension

Chronique réalisée par Progmonster

Sous titré "New Dark Age Vol.2", cet "Ascension" qui n'a absolument rien à voir avec l'imposant manifeste free jazz de John Coltrane, joue sur plusieurs tableaux à la fois. En premier, il n'usurpe pas son sous-titre puisqu'on retrouve la subtilité, la tendance acoustique et les influences des musiques folkloriques ("Arose from the Ashes", "Swimming in the Big Sky") qui avaient agréablement surpris sur le premier volume. Peu ou pas de morceaux rentre-dedans pour cette fois, mis à part le tardif "Stage Three". En second, et c'est le plus déplorable, il nous refont le coup du disque au tirage limité. C'est d'autant plus regrettable qu'il s'agit ici, à l'instar du "No Still Commercial Potential" paru trois ans plus tôt, d'un album qui plaiera à coup sûr aux amateurs de musiques instrumentales, qu'elles soient progressives ou pas d'ailleurs. En soi, "Ascension" n'est certes pas impérieux, mais il reste un agréable petit disque qui aurait mérité une plus large diffusion.

Note : 3/6

Page 35/212 SUNZOO MANLEY : To all our escapes

Chronique réalisée par Progmonster

Sunzoo Manley est une nouvelle entité, une expérience unique qui s’articule autour de trois fortes personnalitées : le démentiel bat•teur d’Aka Moon et de Greetings from Mercury, Stéphane Galland, le saxopho•niste studio Frank Deruytter et Piet Goddaer, âme pensante d’Ozark Henry et du présent projet. Au moment où Ozark Henry précisemment est sur le point de publier son troisième album, "Birthmarks", appellé à rencontrer un succès de masse, Goddaer se retranche dans ce nouveau laboratoire sonore pour continuer son travail de défrichage qu'il avait entamé en 1996 sur son premier album. Ici, il peut sans crainte continuer à exprimer plei•nement sa créativité et à soulager son grain de folie : Sunzoo Manley res•semble, à bien des égards, à une suite techno-jazz à l’indispensable "I’m Seeking Something that has Already Found Me" cité plus haut. Les beats de Stéphane Galland sont agiles et interchangeables, évoquant une drum’n’bass aux accents jazz, le saxophone de Frank Deruytter est poignant, habité et flam­boyant (en particulier sur "A Jazzkatz Funeral", "A Junky’s Christmas" où les ombres d’Elton Dean et Gary Windo ne sont pas loins) et les arran­gements électroniques de Piet Goddaer, où se mêlent bruits électroniques, bizarreries et interférences en tout genre, violons ou voix d’opéra, sont la colonne vertébrale de l’édifice. Ni prog, ni jazz, ni techno, mais un peu de tout ça ou rien de tout ça, Sunzoo Manley signe en tout cas un album personnel, un album ovni qui va bien embêter tout ceux qui ne se sentent à l’aise qu’avec ce qui reste dans les rangs.

Note : 4/6

Page 36/212 KING CRIMSON : Level five

Chronique réalisée par Progmonster

Tiraillé entre un lourd passé et ce désir constant de modernité, le Roi Pourpre s’est quelque peu emmêlé les pinceaux au crépuscule du vingtième siècle, avec son double trio qui, au final, s’est avéré plus nostalgique que révolutionnaire. Maintenant qu’il a l’occasion véritable de jouer à l’homme schizoïde du vingt-et-unième siècle, King Crimson se doit de relever la tête après leur piteux dernier album studio, qui aura su séduire seulement les plus indulgent et les moins concernés. Comme leur lettre d’amour de 1994, "VROOOM", qui se révélera être nettement supérieur à l’album "Thrak" qu’il annonçait, Level Five risque peut-être de reproduire le même schéma : beaucoup de belles promesses, de jolies perspectives (à la manière des ProjeKcts) pour, qui sait ? un nouvel opus (attendu pour 2002), qui sera en deçà de toutes les espérances (comme ce fut le cas avec "The ConstruKction of Light"). Pour l'heure, Level Five a bien de la gueule, le titre éponyme commençant comme "Larks’ Tongues in Aspic IV", c’est à dire assez mal, suivi d’un riff appuyé qui paraîtrait anodin s’il avait été joué par Kyuss. Seulement, c’est King Crimson. Plus loin on reconnaît la structure hachée et décalée de "Thrak"... Oui, une fois de plus, King Crimson se lance dans une synthèse de son répertoire qu’il réécrit sans cesse, comme pour affiner le trait et tenter d’enfin révéler le visage qui se dissimule dans ce bloc de granit qu’il sculpte depuis toujours. On sera soit fasciné par cette obstination à toujours se remettre au travail, à la recherche de la forme parfaite, à l’instar d’un Alberto Giacometti (à moins qu’il s’agisse du désir impérieux de redonner du sens à une quête déjà résolue ?), soit irrité par tant de redondances depuis maintenant près de dix ans. Dangerous Curves qui le précède, et Virtuous Circle qui le suit, sont les autres bonus de ce EP à tirage strictement limité. Surfant sur la vague d’un long crescendo qui n’est pas sans évoquer leurs meilleurs moments pour le premier, ou pour une longue plage atmosphérique et délicate qui, bien sûr, s’emballe en bout de course, ces deux titres sont les leçons à retenir pour le King Crismon actuel. Il ne reste plus qu’à espérer que Pat Mastelotto en tire les enseignements adéquats, en évitant, comme il le fait si bien ici, de tomber dans des lourdeurs excessives en martelant trop systématiquement sa caisse claire de manière plate et métronomique. Le disque se conclut par, déjà, la deuxième version en concert de The ConstruKction of Light (d’autres suivront) et la quatrième pour The Deception of The Thrush, soit les deux meilleurs titres issus de leurs derniers enregistrements. Si ce cinq titres est de haut niveau, on aurait tout de même été en droit d’en attendre plus. D’autant que, plus tôt dans l’année, King Crimson a partagé l’affiche avec Tool, et il s’est dit que quelques batailles tranchées ont eu lieues sur scène durant leur brève tournée commune. De quoi mettre l’eau à la bouche, et regretter l’absence de toute trace d’un pareil événement. À moins que Fripp, en fin stratège, ne réserve ça aux membres select de son King Crimson Collector’s Club ?

Note : 3/6

Page 37/212 ANEKDOTEN : Vemod

Chronique réalisée par Progmonster

Peut-être en avez vous entendu parler. Et si ce n'est pas le cas, laissez moi vous introduire au monde terriblement retro d'Anekdoten, un groupe suédois apparu fin 1993, surfant sur la vague d'un regain d'intérêt pour le rock progressif. Affublé (à raison) du titre d'ersatz de King Crimson (puisque, au départ, en tant que groupe de reprises, ils se basaient sur le répertoire de la bande à Robert Fripp), ce quatuor ne manque pourtant pas de charme, ni de susciter l'intérêt. Car le compromis qu'il propose prend sa source dans les groupes les plus hors normes de ce mouvement : si l'influence de Fripp (le jeu de guitare sur "The Flow") et du King Crimson '73-'74 (le final de "Karelia" carrément repiqué sur "Easy Money") est indéniable, on peut noter aussi celle du groupe français Magma (l'intro à la basse de "Where Solitude Remains") et la poésie noire et mélancolique d'un Van Der Graaf Generator (souligné par la présence d'un violoncelle et d'un mellotron particulièrement expressif). Vous imaginez aisément qu'avec de telles références, la musique d'Anekdoten a de quoi plaire. 4, c'est la côte que mérite cet album pour l'enthousiasme qu'il suscite. Mais on lui retirerait 1 point sans peine à cause de son cruel manque d'originalité. 3,5 eut parfaitement fait l'affaire.

Note : 4/6

Page 38/212 ANEKDOTEN : Nucleus

Chronique réalisée par Progmonster

Avec comme influences des références aussi extrêmes et jusqu'au boutistes que King Crimson, Magma et Van Der Graaf Generator, il était clair qu'un jour ou l'autre Anekdoten allait lui aussi passer de l'autre côté de la barrière de l'infranchissable. Ils ne se sont pas fait attendre et c'est chose faite sur ce second, "Nucleus", qui déferle sur l'auditeur, sans pitié et sans pardon. Excepté le poignant "Here" et la jolie comptine acoustique "In Freedom" qui clôt ce nouveau recueil, Anekdoten aligne les titres furibards et malsains comme on part en guerre. Le son est poisseux, les cordes tendues et crispantes à souhait ("Nucleus", "This Far from The Sky") ; rien d'étonnant à ce que les puristes du progressif mettent au pilori cet album qu'une trop vive incandescence déstabilise et insupporte. C'est du prog, certes, mais que ceux qui haïssent ce courant sans jamais avoir essayer de le connaître commencent par jeter une oreille à ce disque qui, au final, partage plus de points communs avec les scènes alternatives, noise ou industrielles. Vous m'en direz des nouvelles.

Note : 5/6

Page 39/212 ANEKDOTEN : Live EP

Chronique réalisée par Progmonster

L'engouement pour le groupe est tel, et la puissance de sa musique évoque de tels souvenirs (au moment même où King Crimson revient au devant de la scène) que le phénomène se devait, tôt ou tard, de déboucher sur des fautes de jeunesse, des tentatives inutiles. Ainsi, vivant au jour le jour le statut culte qui est devenu le leur en très peu de temps, Anekdoten a cru bon de nous livrer un mini album en concert. Grave erreur. Ce "Live EP" ne fait pas du tout honneur à leur début de carrière prometteur : les titres semblent paradoxalement plus mous que leurs versions studios, certains passages sont tronqués là où, justement, un traîtement en concert pourrait amener à de nouvelles explorations, un des quatre titres est une longue improvisation qui n'apporte rien si ce n'est la conviction que le groupe tourne en rond, et enfin, ce qui n'est pas négligeable, l'exclusivité de la chose et son prix prohibitif n'encourage pas à supporter une telle démarche. Faisons comme si ce disque n'avait jamais existé.

Note : 2/6

Page 40/212 ANEKDOTEN : Official bootleg live in Japan

Chronique réalisée par Progmonster

Avec "Official Bootleg Live in Japan", c'est une autre histoire. Ce double set ravale sans effort le piteux "Live EP" paru un an plus tôt, avec, tout ce que nous sommes en droit d'attendre d'une prestation en concert digne de ce nom. Bien que le répetoire du groupe n'en est qu'à ses prémices, Anekdoten revisite avec bonheur des titres d'anthologie comme "Harvest", "Book of Hours" ou "Rubankh" ici affublé d'une prodigieuse seconde partie. Le groupe n'a pas choisi pour autant de jouer la carte de la reprise (chose pour laquelle on les attendait très certainement au tournant) et ils compensent par quatre extraordinnaires inédits, dont deux, "Slow Fire" et "Groundbound" feront leur chemin jusqu'à leur troisième album, faisant du coup de "Tabatah" le morceau de résistance qui vaut, à lui seul, l'acquisition de ce double album. Hélas, comme pour le EP qui le précédait, il s'agit d'un import japonais, et double en plus...Ça risque de faire très mal au portefeuille !

Note : 5/6

Page 41/212 NARGAROTH : Herbstleyd

Chronique réalisée par Stéphane

Cet album de Nargaroth est en fait une nouvelle version de sa démo K.-Reherasal parue en 1993, réenregistrée de manière plus professionnelle en 1998. Le matériel présent ici, date donc un peu, et nous montre ce qu’était Nargaroth dans le passé, et force est de constater qu’on est bien loin des derniers enregistrements du groupe. En effet, nous avons à faire à du black metal atmosphérique où les claviers ont une place prédominante, et les rythmes sont bien souvent lents. Le black metal qui nous est donc proposé est de bonne qualité, les riffs étant toujours d’assez bonne facture comme sur « Herbstleyd », et les claviers sont plus là pour apporter une atmosphère plus profonde en se posant sur le riffs linéaire comme sur le titre « Amarok – Zorn des lammes ». Malheureusement, tout devient vite lassant, surtout à cause de la présence de longues parties où l’on entend simplement de l’eau couler, le vent souffler, des oiseaux qui chanter, ou bien encore des voix de jeunes filles qui nous parlent en Allemand. Bref, cela vient complètement saboter le bon travail accompli sur les parties musicales, car beaucoup trop long et pompeux. L’ensemble qui en ressort est donc d’une qualité assez moyenne, car d’un côté on se trouve face à quelques bons titres, et de l’autre on a cette impression de longueur, et de lassitude.

Note : 3/6

Page 42/212 OLD FUNERAL : The older ones

Chronique réalisée par Stéphane

Il faut bien être honnête, si Old Funeral possède une certaine notoriété, cela est plus dû au fait que des personnes telles que Varg Vikernes (Burzum), Abbath ou Demonaz (Immortal) aient joué au sein du groupe, plutôt que grâce à de grandes qualités musicales. En effet, le old chool que nous proposent les Norvégiens, alors âgés entre 15 et 18 ans, n’a rien de bien extraordinaire ou d’original. Néanmoins, on se retrouve en présence de quelques titres assez sympathiques, qui nous prouve que malgré leur jeune âge, les bougres savent déjà se débrouiller. Sur ce « The older ones », nous retrouvons 3 enregistrements différents, récoltés entre 1990 et 1992. Les trois premiers titres sont les plus rapides de l’album, et possèdent quelques touches de thrash, mais le style reste relativement décousu et sans grand intérêt. Pour les enregistrements datant de 1991, on tombe dans un style plus intéressant, avec un death metal relativement lent et pesant, dont le côté malsain est renforcé par une production moyenne. La voix se fait plus sourde que sur les trois premiers titres, et les compositions possèdent un certain feeling qui est loin d’être inintéressant. Les titres issus de l’enregistrement le plus récent se situe musicalement dans la même veine, avec une production un peu moins bonne, où les riffs ressortent assez mal. Enfin, le dernier titre enregistré en live en 1992 possède un son correct. L’ensemble de l’album tient debout, mais trop peu de titres parviennent à sortir du lot, car pas assez originaux et travaillés.

Note : 3/6

Page 43/212 SCORN : Logghi Barogghi

Chronique réalisée par Møjo

Quel machin bizarre que ce disque. Du dub, épuré au maximum, ne laissant place qu'à des discrets beats, à des sons sourds rappelant le résonnement d'une basse en surchauffe, à quelques cris grattés, et à des samples par-ci par-là, vraiment, simpliste au possible. Et pourtant çà marche. Mick Harris parvient à mettre en place une atmosphère vraiment oppressante, les beats et sons sourds finissent par nous enfler la tête comme autant de véritables coups de matraque. La simplicité exagérée des compos accentue encore la sensation d'étouffement, puis le paroxysme est atteint avec le titre éponyme, qui ajoute, du haut de ses samples bizarres et speedés, une impression d'angoisse, de malaise à l'esprit déjà torturé de l'auditeur . Il y a cependant un problème, c'est au bout de 3 quarts d'heure, y'en a marre. Assez d'ouvrir les fênetres, de se balader en slip pour se ventiler, d'étouffer sur l'accoudoir du canapé en s'enfilant des Perrier, moi, je craque. Mais avec du recul, on se rend compte que le but recherché est alors atteint, et puis, on décide de s'y replonger, et çà repart, dans cet univers antimusical et asthmatique...

Note : 3/6

Page 44/212 KoЯn : Follow the leader

Chronique réalisée par Møjo

Je vais d'abord formuler une requète. Je vais vous demander d'oublier les quelques lignes jadis présentes à cet emplacement, ces quelques lignes expéditives sorties des doigts gercés et fatigués d'un sobrement dénommé mojo. Vous me suivez ? Alors allons-y. Plus j'y pense, plus je ne peux m'empêcher de me rendre à l'évidence : c'est avec ce disque que la formation a commencé à complètement se jouer de ses fans et de ses suiveurs. Le premier fait est l'abandon du style Korn première cuvée, à qui l'on doit les géniaux albums éponyme et Life is Peachy. Le groupe compose ici dans un style assez spécial, des vocaux entre parlés et hurlés, des riffs très secs, une rythmique puissante et des structures très répétitives. Cela pourrait plus simplement être décrit comme un rap gueulard avec guitares... La formation va par la suite très rapidement être posée comme la locomotive du genre, engendrant toute une série de formations plus lamentables les unes que les autres (, Kid Rock...). D'ores et déjà, le disque commence d'une manière très étrange, puisqu'on a droit à 12 titres de silence avant la première composition ! Cette dernière peut se targuer d'être une excellente mise en bouche de ce qui nous attends par la suite, "Freak on a leash" et son break de dégénéré, "Got the life" et son feeling imparable, jusqu'à "My gift to you" au son plus posé et mélancolique. Un succès américain incontestable, et le début de l'incessante pluie de crachats.

Note : 4/6

Page 45/212 LIMBONIC ART : Moon in the scorpio

Chronique réalisée par Sheer-khan

Limbonic Art est une des grandes pointures du black, du black sympho plus précisemment. Ce premier album, sorti en 1996, va donner une dimension supplémentaire au genre, il va même le réinventer. A la croisée des lenteurs planantes de Summoning et de la puissance noire d'Emperor, Limbonic Art donne tout son sens, dans Black Symphonique, au mot symphonique. Intros lentes et longues, mélopées de claviers grandioses, blasts ininterrompus (mention spéciale à la programmation, même si le son est trop B.à.R.). Limbonic Art pratique la monumentalité, mais pas la lourdeur. Bien que très épique, très grandiloquente, très ample, la musique de Limbonic ne tombe jamais dans le colossal, façon Thérion ou Hollenthon. (Même l'intro de " Mourning mystique " est plus légère que tout cela, malgré les chœurs). L'ambiance de ce premier album est très prenante, c'est très nocturne, bien sûr, très mélodique et très symphonique dans le mode de structure. Les mouvements généraux internes aux morceaux sont plutôt lents et fluides, les ruptures sonnent comme des annonces de nouveauté plus que comme des articulations ciselées. Daemon et Morfeus regorgent d'idées mais n'éprouvent pas le besoin de nous en assommer. Les choses arrivent à leurs rythmes, chaque morceau est un voyage auquel nous sommes conviés… pas d'effort à faire : ce premier album est à la fois très riche, varié, et très évident, très accessible. Morfeus révèle son talent pour le choix des sons, mi-acoustiques, mi-synthétiques, et développe ainsi une très large palette visuelle. Le mix un peu en retrait des guitares, dont le rôle est encore essentiellement sonore, plus que mélodique ou purement musical, la voix déjà excellente mais moins haineuse et sombre que par la suite, de Daemon, et la présence très importante des nappes de Morfeus s'associent dans chacun de ces 6 morceaux de nuit… lune, rêves, cauchemards… mais au dessus de tout cela, Limbonic Art élève une ampleur onirique impressionnante, à l'aide de mélodies très caractéristiques, de mouvements orchestraux. Des cloches sonnent, Daemon hurle et un trait de violon pleure derrière… puis à nouveau reviennent les vents puissants des claviers et le froid de ces guitares glaciales. A l'arrivée l'album nous offre six histoires sous la lune, six voyages très dépaysants entre légende ancienne et chronique martienne… " Beneath the burial surface ", le très plaintif " Through gleams of death ", " Beyond the candles burning " sont quelques uns des meilleurs moments de ce premier recueil des maîtres du genre. Il montre un duo en pleine connaissance, déjà, de ses objectifs, et manifestement capable de les atteindre.

Note : 5/6

Page 46/212 LIMBONIC ART : In abhorrence dementia

Chronique réalisée par Sheer-khan

Première constatation dès le début de ce deuxième album, Limbonic Art passe au niveau supérieur. Tout est plus dans cet album, comparé au précédent. Ce black symphonique déjà hors-norme est devenu plus black, et plus symphonique encore. Plus violent d'abord : dès l'entrée des guitares sur " In Abhorrence… ", première pièce et morceau titre, on sait que l'on avait jamais entendu ça chez Limbonic. Et Daemon est dans le même esprit. Sa voix s'enfonce encore dans les ténèbres, le mal et la démesure. Plus complexe aussi, et surtout, que " Moon in the Scorpio ". Les structures sont plus tendues, plus dynamisantes, les riffs font leurs apparitions, les breaks rythmiques montrent leur nez. Daemon poussent toujours ses cris épouvantables et le manteau de tout cela est toujours aussi symphonique, nocturne et onirique. Limbonic Art ne fait pas dans la ballade acoustique, c'est le moins que l'on puisse dire. Leurs morceaux se présentent comme des objets sculptés, des petits monuments, , des lieux construits et complexes ou on n'a que peu de liberté… avec pilastres, galeries, couloirs, escalier… crypte. Les sons d'orgue redoublent pour élever le son et l'atmosphère, et les guitares, désormais plus en avant, permettent d'augmenter la puissance par rapport à " Moon in the scorpio ". L'album perd forcément en atmosphère générale… mais pas en ambiances. Il demande plus d'écoutes, plus de concentration. Comme le titre l'annonce, la folie est plus présente, dans ces structures plus difficiles, dans cette surenchère d'arrangements (jamais trop lourd… mais y en a, du détail !). Malgré cet enrichissement incontestable des guitares, le clavier reste le grand point de la musique du groupe. Il construit, consolide, affine… surprend et révèle. Le duo a resserré sa musique, condensé ses morceaux. On les reçoit, plus qu'on ne les parcourt vraiment. Tout cela est parfaitement joué (et beaucoup programmé…), on est dans le ciselé, le travaillé, le sophistiqué. Une plongée dans un labyrinthe musical et mystique, construit autour de la patte mélodique toujours aussi particulière, grandiloquente, nocturne, de ce groupe d'exception.

Note : 5/6

Page 47/212 LIMBONIC ART : Ad noctum-dynasty of death

Chronique réalisée par Sheer-khan

Limbonic Art évolue, et reste Limbonic Art. Voilà un processus respectable ! " Ad Noctum " enfonce le clou de la noirceur et de la violence mises en place sur " Abhorrence ". Très vite, très black, beaucoup de son, guitares très en avant et une boîte à rythme impitoyable qui lorgne, à force de mécanique et de sons impromptus, vers l'indus. Si les arrangements de claviers sont toujours aussi riches, leur mix est parfois franchement trop lointain et il faut tendre l'oreille pour accrocher les arpèges de Morfeus, même si ses nappes incontournables restent, elles, très présentes. De même, son rôle de grand-master du trip Limbonic Art est atténué. Exemple révélateur : " As the of immolation calls ", morceau lent, lourd et magnifique, un des plus chargé d'ambiance de l'album, doit sa force et sa dimension d'abord aux guitares (quel riff inquiétant et prenant !). On a pu croire avec " Moon in the scorpio " à de la musique atmosphérique, presque planante, on a rencontré la sophistication et la théatralité avec " Abhorrence " ; " Ad Noctum " est tout cela mais il affirme haut, vite et fort le côté très extrême de la musique de ce duo décidément surprenant. Déferlement de rage et de puissance tout au long de l'album, mélodies envoûtantes, et toujours la nuit comme décor. Le vocabulaire rythmique s'est enrichi et surtout, il est plus efficacement utilisé que sur " Abhorrence… ". " Ad Noctum " retrouve en effet la fluidité d'écoute qui faisait défaut à son prédécesseur. Les structures sont parfaitement équilibrées et chaque morceau est rapidement identifiable. Plus rentre-dedans et moins aérienne, la musique devient presque incantatoire dans son ampleur ( " Pits of the cold beyond "…). Daemon est vraiment haineux, et la saturation rajoutée en prod à sa voix en accentue l'obscurité. A mesure du temps, le duo Norvégien est passé du sombre à l'obscur ; ils sont maintenant en pleine noirceur. Plus que jamais, l'ultra symphonisme de leur musique est au service de sa puissance et de sa densité : ne comptez pas sur Morfeus pour calmer le jeu. Un album plus mécanique tant il est précis, plus électronique dans les sons (notamment de nouvelles percussions synthétiques, plus de patterns…), une voix plus trafiquée : par instants passe le fantôme de Samael et son black-théatralo-indus… mais fantôme seulement : Limbonic Art est un groupe leader. " Ad Noctum-dynasty of death " est une fenêtre ouverte sur une certaine forme de désespoir, qui ne veut pas se résoudre à lui-même et se jette à corps perdu dans le masque, la mise en scène et le grandiose. Mais en dépit de tout cet esthétisme, de toute cette transfiguration, l'essence du sentiment est central et parfaitement perceptible. Désespoir… donc noirceur… donc ressentiment… donc violence. Limbonic est passé à la haine.

Note : 5/6

Page 48/212 FEAR FACTORY : Soul of a new machine

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Fear Factory... Voilà un groupe qui suscite bien des réactions ! Soit on les adore, soit on leur crache dessus ! Il est vrai que leur mixture musicale est assez spéciale. Sur ce "Soul of a new machine", qui constitue leur premier album longue durée, les Fear Factory nous joue une sorte de death brutal, joué comme de l'indus, avec même quelques pointes grind ! Voilà qui pourrait tatiller la curiosité de beaucoup, mais voilà, le résultat est loin d'être aussi original que ce qu'il pourrait être. Retenons parmi les excellentes idées l'opposition entre cette voix death gargantuesque et la voix claire, quasi aérienne, complètement maîtrisée par Burton C. Bell, l'excellente cohésion rythmique qui rend cet album très martial, carré et violent, ainsi que le son, très synthétique et moderne, à des dizaines de lieues des productions death habituelles. Seulement voilà, l'album est long, trop long, certains titres sont inutiles, voire carrément chiants ("Lifeblind", "Natividad", "Leechmaster"), et tous se ressemblent terriblement ! Cependant d'autres se démarquent en revanche pour devenir de véritables hits : "Scapegoat", "Suffer age", le final "Desecrate"/"Escape confusion" ou bien "Flesh hold". Il est clair que le disque aurait considérablement gagné à être écourté de quelques titres, et être un peu plus complexe. Mais ne nous méprenons pas, c'est aussi et surtout le 1er album d'un style nouveau (si nous exceptons Godflesh), qui insuffle un peu d'oxygène dans un death metal qui commençait à suffoquer et c'est pourquoi j'arrive à comprendre que certains le considèrent comme culte. Mais pour ma part, je ne toruve pas tout rose au pays de l'industrie de la peur...

Note : 4/6

Page 49/212 SETH : Apocalyptic desires

Chronique réalisée par Stéphane

Seth nous délivre avec cette rehearsal tape un black metal furieux et dévastateur comme il savait en jouer à ses débuts. Point de claviers pour adoucir le tout, simplement les instruments de base et un chant d’arraché vif pour nous satisfaire pleinement. Les compositions sont toutes relativement brutal, et les riffs s’enchaînent correctement, alternant entre passages de blasts, et quelques ralentissements bien sentis. Les parties de batterie sont elles aussi furieuses, et l’ensemble est réellement brutal et malsain. On sent que le groupe en veut, faisant s’émaner une sorte de folie de cette démo, et créant donc une atmosphère prenante. La production n’est évidement pas au top puisqu’il s’agit de l’enregistrement d’une répétition, mais reste tout a fait correcte, avec tous les instruments largement audibles. Une excellente démo, malheureusement aujourd’hui introuvable.

Note : 5/6

Page 50/212 : Sahara

Chronique réalisée par Sheer-khan

Orphaned Land… voilà un nom qui sonne bien. Sorti en même temps que le " Mystic… " de Septic Flesh, auréolé comme lui d'une démo prometteuse ( qui constitue la moitié dece premier full lengh ) et démarrant comme lui en force un tout jeune label français expert en packaging, " Sahara " fût le pendant oriental du trio mystique grec. Orphaned Land pratique en effet un death aux mélodies très inspirées, aux influences multiples et aux merveilleuses ambiances. C'est plutôt calme, comme tout death atmosphérique, mais surtout : Orphaned Land fait du Death oriental. La formule fait lessive, et on craint le cliché. Mais c'est pourtant le terme simple et approprié. Et Orphaned Land construit et arrange sa musique en y intégrant, dès l'esprit présidant, la présence des sons et des couleurs de l', des Tarbuka, Kannun, et le clavier synthétise aussi violons et autres instruments traditionnels orientaux. Les percussions sont particulièrement intelligentes et fines, et tout, jusqu'à la batterie (bien composée et riche mais malheureusement jouée avec un toucher extrêmement incertain), veut converger vers cette influence majeure du groupe. L'importante reverb des lead guitares et surtout du oud fini de donner à cet album l'ambiance mille et nuit, élégante et puissante, que lui assurent des mélodies parfois vraiment somptueuses. Simple, l'intro de " Seasons unite " est un bijou d'ambiance nocturne et saharienne, mystique et désespérée. Car voici bien l'autre grande couleur de Orphaned Land, incarnée notamment par son chanteur : la mélancolie. La voix death de Kobi Farhi est excellente, d'une très belle texture… malheureusement ses " chants " clairs sont mauvais, purement et simplement. Auune ligne, rythme faible, une monotonie affligeante… Car malgré de très fortes qualités, Orphaned Land est aussi alourdi de gros défauts. Ce chanteur incertain, tout d'abord, agaçant par moment, ce batteur imprécis, encore une fois, qui a bien le mérite de composer avec un vocabulaire plus riche que la plupart des deatheux, ghosts-notes, fla, tra, et caisse sur la levée dès qu'il faut faire sautiller tout cela… mais il va plus vite que ses bras dans ses breaks trop fins pour ses poignets, ses coups perdent leur intensité… la retrouvent. Enfin, il y a aussi chez Orphaned Land un énorme problème de structures. Certains enchaînements sont tout simplement anti-syndical ! Certains passages abruptes d'une mélodie superbe à un gros riff sans force ni âme et qui va rouler trois minutes avec l'autre désespéré qui n'a même plus la force de chanter death et qui se complaint de sa voix chevrotante… Ce groupe est épouvantablement ambivalent : excellent et rare sur certains points (mélodies, ambiances, mais aussi intelligence de l'intégration de la musique folklorique), et très mauvais sur d'autres. A l'arrivée l'album vaut tout de même le détour. Encore une fois, de nombreux passages reservent des visions réellement magnifiques de ciel nocturne et de désert. Les sons orientaux imprègnent toute la musique et des parties entières et dignes leur sont réservées. On tombe parfois stupéfait devant la splendeur de certaines ambiances… " Sahara's storm ", " Aldiar Al mukadisa ", " Seasons unite " ou encore " Orphaned land/The storm…). Un album à posséder, car il y a en lui des beautés qui n'existent nulle part ailleurs, et qui méritent que l'on soit indulgent, y compris plusieurs minutes durant, pour les entendre soudain s'ouvrir au beau milieu de cette musique décidément attachante.

Note : 4/6

Page 51/212 ORPHANED LAND : El norra alila

Chronique réalisée par Sheer-khan

Fallait s'y attendre : après un premier album comme " Sahara ", Orphaned Land nous fait le coup de l'album de la maturité. Le premier morceau explique les choses : on condense les structures et on sait faire, maintenant, les enchaînements, et Kobi arrête de chanter en clair n'importe comment et a confié la tâche à un autre qui s'en sort beaucoup mieux. Il se reserve encore quelques passages parlés… allez, d'accord. Les soli de guitares sont inspirés et pourvus du son qu'il faut. L'imprégnation du folklore et de la tradition orientale prend ici une autre ampleur : les sons et couleurs traditionnelles sont toujours là à étoiler les passages les plus death, mais l'ensemble de l'album est constitué d'un grand nombre de pièces purement traditionnelles, et très à leur place. Il y a toujours quelques longueurs, mais elles sont supportables. Les guitares ont gagnées en puissance, et savent toujours pondre ces riffs destructurés qui font aussi la griffe de Orphaned Land. Les défauts de jeunesse sont gommés… et avec eux, un peu de la folie de cette fameuse jeunesse. Malgré sa qualité, on ne retrouvera pas dans ce " El Norra Alila " la magie mélodique et atmosphérique du premier album. Les parties death ont gagné en maturité ( " Like fire to water ") et les passages plus mélodiques ou atmosphériques sont toujours réussis, en plus, ils savent s'enchaîner désormais avec le reste. Mieux construit, mieux joué, mieux composé, mieux produit, et sans doute plus riche encore en arrangements et vocabulaire musical. Et puis de l'intro et ambiance de qualité, il en reste : " The Truth within "… pour ne citer que cela. Beaucoup plus mur, c'est évident. Moins surprenant, moins envoûtant aussi, que " Sahara ", aussi digne d'être possédé , malgré une note distante, que son prédécesseur, car lui aussi réserve des choses que rien d'autre n'a su offrir.

Note : 4/6

Page 52/212 KoЯn : Issues

Chronique réalisée par Møjo

Poursuivant leur petit bout de chemin là où personne ne les attends, Korn se permettre de nous sortir ce que l'on peut sans nul doute désigner comme l'album le plus sombre, le plus décalé, le plus mélancolique et le plus torturé de toute leur discographie. Les compostions sont dérangeantes à souhait. Le son des guitares, très lourd, et les basses atomiques, mariés à des sonorités plus étranges qu'aiguës, au chant de maniaque de Jonathan Davis et ses cris nasillards, nous édifient un disque vraiment intriguant. L'ensemble s'articule autour de deux types de structures. D'un côté, des morceaux bien foutus, type couplet / refrain / couplet, dans lesquels on peut ranger "Falling away from me", "Beg for me", "Make me bad" et autres, de l'autre, des petites ouvertures aléatoires et sinistres, "Am I going crazy", "It's gonna go away", le tout enchainé de manière alternative pour empêcher l'auditeur d'y retrouver ses marques. La résultat est un disque vraiment déconcertant, à la fois très simple et très compliqué, un disque que les fans de première heure ne se priveront pas de désigner comme un vautrage complet... Mais "Issues" est pesant et besogneux, c'est un pantin articulé qui dévoile une facette de Korn jusqu'alors inconnue, un Korn intelligent, mature, qui se fout du qu'en dira t'on, et qui s'impose en maître absolu de sa musique.

Note : 5/6

Page 53/212 GODKILLER : The rebirth of the middle ages

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Monaco... Voilà un "pays" qui n'est pas ce que l'on peut qualifier de "réputé" pour ses groupes de black-metal ! Et pourtant il a fallu la présence d'une seule personne : Duke, pour y faire naître l'un des groupes les plus atypiques de ces dernières années : Godkiller. Ainsi ce "Rebirth of the middle ages" constitue la première offrande musicale de cet homme à tout faire qu'est Duke. Ici nous avons affaire à du black metal pur et dur, agrémenté de quelques claviers, mélange entre Satyricon et Burzum. Nous avons ainsi droit à la classique intro "médiévale", suivie du 1er titre "From the castle in the fog", totalement meurtrier, hyper rapide, et au "chant" qui m'a immédiatement fait penser à Burzum. C'est d'ailleurs pour moi l'un des points forts du Mcd : le chant est vraiment malsain, hurlé d'entre les morts, moins torturé que celui de Burzum, mais aussi extrême. Puis s'enchaîne "Path to the unhloy frozen empire" (quel titre !), suivie de "Blood on my swordblade", excellente, encore plus rapide, et apportant cette fois-ci une touche mélodique non négligeable. Puis le disque se finit sur "The neverending reign..." aux voix claires, et rappelant le 1er titre. Notons également la présence de nombreux claviers "ambiants" et guitares classiques, de même qu'une boite à rythme quasi parfaite, et vous comprendrez que nous avons là un excellent début pour un "one-man-band" qui n'a pas fini de nous surprendre...

Note : 5/6

Page 54/212 BIOHAZARD : Biohazard

Chronique réalisée par Nicko

Ce premier album d'un des pilliers du hardcore new-yorkais ne représente qu'une petite mise en bouche dans la carrière du groupe. Le style manque beaucoup de puissance. En fait, on a presque l'impression que le groupe joue au ralenti. Le son est aussi froid et plat au possible, ce qui n'arrange rien à l'affaire, la caisse claire est de ce point de vie vraiment abominable avec un énorme écho. Pourtant, la formation possède un certain potentiel avec de bonnes compos, plus ou moins variées comme le très rapide "Blue blood", ou "Survival of the fittest" ou encore l'hymne "Wrong side of the tracks", seul vériatble morceau pouvant rivaliser avec ceux des trois prochains albums ! La dualité entre les deux chanteurs, Evan et Billy, apporte une bonne dose d'originalité, qui sera d'ailleurs par la suite un de leurs principaux points forts. Ce premier album ne restera pas dans les annales, il ne s'agit que du premier essai bien inférieur aux prochains d'un groupe majeur du hardcore.

Note : 2/6

Page 55/212 BIOHAZARD :

Chronique réalisée par Nicko

Après un premier album éponyme "d'échauffement", les choses vraiment sérieuses commencent ici avec cet "Urban discipline". La musique s'affine, on peut même dire que les New-Yorkais ont maintenant trouvé leur son, leur style, leur voix propres, à savoir un hardcore alternant passages très rapides et parties mid-tempos lourdes avec deux types de chant bien disctincts. Les compos sont bien meilleures, plus variées et maitrisées. L'album contient ici une grande partie de leurs plus grands titres comme "Shades of grey", "Tears of blood", "Urban discipline" qui a donc donné son nom à l'album, ou encore bien entendu le monstrueux "Punishment". On a aussi droit au ré-enregistrement du meilleur titre du premier album, "Wrong side of the tracks", dans une version forcément bien plus lourde et maitrisée. Cependant, l'album traine aussi toute une tripotée de titres à la limite "bouche-trou" largement dispensables comme "Black and white and red all over", "Man with a promise" ou encore "Loss". Cela reste quand même au final un très bon album, amplement supérieur au prédécesseur, qui confirme bien qu'il faudra compter sur le groupe dans le futur !

Note : 4/6

Page 56/212 Mütiilation : Black imperial blood (travel)

Chronique réalisée par Stéphane

Mütiilation nous délivre un black metal extrêmement torturé et malsain sur cette démo « Black imperial blood ». On sent bien que le groupe mise beaucoup sur l’ambiance, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une réussite. En effet, les riffs sont décharnés, distordus, et les rythmes, bien souvent lents ou mid-tempo, permettent à Mütiilation de dégager une atmosphère particulièrement folle et malsaine. Les vocaux sont eux aussi torturés et, avec une production très « nécro », ce « Black imperial blood » est absolument prenant. D’autant plus que les titres sont d’une très bonne tenue, avec quelques passages plus rapides et destructeurs, ainsi que des riffs simples et efficaces, s’enchaînant parfaitement. Un démo toutefois réservée aux puristes, car la mauvaise production et la folie dégagée par les titres rebuteront les moins initiés. Par contre, pour les plus avertis, celle-ci sera un pur régal, et fait partie des démos à posséder absolument.

Note : 5/6

Page 57/212 Mütiilation : Satanist styrken

Chronique réalisée par Stéphane

Sur cette démo « Satanist styrken », Mütiilation continue de nous délivrer un black metal malsain, haineux et destructeur, comme peu savent le faire, car possédant des riffs très particuliers, à la fois distordus et agressifs. Mütiilation est le black metal anti-commercial incarné, avec une musique peu accessible de tous, notamment à cause (grâce ?) à une production très crade et des compositions d’où émane folie, haine et désespoir. Encore une fois, les compositions sont excellentes, notamment « Skoger av onde drom » et « Eternal empires of majesty death », également présents sur la démo « Black imperial blood », et jouant parfaitement l’alternance entre le mid-tempo avec des riffs dépressifs et les passages plus rapides aux riffs destructeurs. On regrettera juste que l’ensemble manque un peu moins de diversité et d’imagination que « Black imperial blood », tout en restant malgré tout d’un excellent niveau.

Note : 4/6

Page 58/212 DEMONCY : Faustian dawn

Chronique réalisée par Stéphane

« Faustian dawn » regroupe trois enregistrements du groupe américain Demoncy, avec en premier lieu la démo « Faustian dawn » de 1993, puis deux répétitions de 1995 et 1996. Sur ces trois enregistrements, Demoncy nous délivre un black metal très sombre. La démo « Faustian dawn » possède une production que je qualifierai de relativement correcte si l’on se replace à l’époque et au vu du peu de moyen dont bénéficiait le groupe. Musicalement cette démo est de qualité avec des intro et outro assez longues et spéciales avec uniquement des claviers et des samples. Ensuite, le black metal des Américains est très influencé par Darkthrone, avec des riffs linéaires et une rythmique basique et rapide, agrémentée de breaks plus lourds. L’originalité n’est donc pas au rendez vous, et les compositions sont peu accrocheuses. Les titres de la répétition de 1995 gagnent en qualité par rapport à « Faustian dawn », et propose toujours ce black metal à la Darkthrone, mais mieux mis en place et plus travaillé. Enfin, les titres de la répétition de 1996 montre une nouvelle étape du groupe avec l’ajout de claviers qui ressortent principalement lors des breaks comme sur l’excellent « Knighthood of the moonlit realm », aux riffs terriblement accrocheurs. La production devenant par contre exécrable, la qualité des titres s’en trouve diminuée, et les riffs parfois peu discernables. Une compilation moyenne, réservée aux fans du groupe.

Note : 3/6

Page 59/212 DEMONCY : Faustian dawn / Within the sylvan realms of frost

Chronique réalisée par Stéphane

Il s’agit d’une bonne idée de rééditer ces enregistrements devenus quasiment introuvables, et permettant de retracer l’évolution de Demoncy à travers le temps. Un double CD qui plaira aux fans du groupe, mais qui reste peu intéressant dans le cas où l’on possède déjà les enregistrements, vu qu’il n’y a aucun inédit. Se reporter aux pages respectives pour en lire les chroniques.

Note : 3/6

Page 60/212 MUSE : Showbiz

Chronique réalisée par Møjo

Une seule constatation : Radiohead a fait des petits ! Originaires d'un bled paumé du Royaume-Uni, nos trois jeunes loupiots sont partis du principe suivant : ce qu'on s'ennuie ici, et si on montait un petit groupe de rock, histoire de se changer les idées ? Muse est né ainsi. Par delà les flagrantes ressemblances entre les teints de voix de Matthew et Tom, la musique de Muse se veut plus puissante, plus agressive que celle d'un Radiohead. Les riffs sont plus acérés, les compos plus rapides et la volonté de jouer des ballades rock/pop se fait moins ressentir. Cette deuxième production - après un premier disque devenu complètement introuvable, dont je serais même incapabe de recracher le nom - propose une musique mélancolique, chargée de nombreux petits plus comme des passages au piano, une basse souvent bourrée d'effets, des samples bien pensés ou encore des vocaux modulés. Malheureusement, les compos présentes sont sur LP sont assez inégales, il y a bien "Su212urn", "Muscle museum", "Uno" ou encore "Hate this and i'll love you", mais les morceaux plus calmes sont vraiment de faible niveau, surtout en comparaison à des hits comme "Do we need this ?", "Host", "Recess" ou "Spiral static" qui sont pourtant des faces B... Il y a bien des moments sympathiques sur ce disque, mais je ne saurais que trop vous conseiller de partir à la recherche de bootlegs du groupe, qui sont pour la plupart, d'une qualité supérieure à leurs productions studios.

Note : 3/6

Page 61/212 MORGUL : Sketch of supposed murderer

Chronique réalisée par Møjo

En voilà une bonne surprise ! Black metal que vous dirons la plupart, que nenni ! C'est simple, ce "Sketch of a supposed murderer", c'est un mélange d'Arcturus et de Samael. D'Arcturus, pour ses claviers, ses instrumentations et mises en scènes théâtrales, son côté guignol et tarabiscoté; de Samael, pour ses passages sombres, ses vocaux sinistres, ses passages electro/indus. Les deux premiers morceaux du disque sont à ce titre de purs chefs d'oeuvre ! Ecoutez moi cette ambiance kitch et grandiloquente à souhait ! Ces vocaux travaillés et parfaits, ces riffs aigus planants, ces accélérations bourrines parfaitement mises en place ! Pour le reste, c'est malheureusement moins réjouissant, çà relève d'un mélange de black sympho assez rapide, d'indus et d'electro, voire de doom/death ("Machine"), parsemés de quelques violons, ou autres instruments interprétés au clavier qui donnent une dimension vraiment tarée. Ce n'est pas mauvais, mais çà ne parvient à aucun moment à entretenir l'ambiance si bien mise en place sur les deux premiers morceaux. Quant à la reprise de Kiss, elle est complètement en marge et n'apporte absolument rien ! Une chose est sûre, fans de "La masquerade infernale" ou de musique décalée, ceci est pour vous !

Note : 3/6

Page 62/212 ANEKDOTEN : From within

Chronique réalisée par Progmonster

Avec soulagement pour certains, Anekdoten revenait à une forme plus apaisée, plus lyrique et mélancolique de rock progressif comme le fût en son temps "Vemod". Et il est vrai que le groupe semble avoir tourné le dos à la furie irrépressible qui l'avait amené à enregistrer "Nucleus" en 1995. Toutefois, on peut voir en "From Within" une élégante synthèse des deux. L'album fait office cependant de semi déception, et ce pour deux raisons. La première, parce que des titres comme "Groundbound" et "Slow Fire", déjà présents sur le live au Japon, apparaissent ici, annihilant par la même tout effet de surprise et laissant à l'auditeur finalement qu'une très petite quantité de nouveaux titres à se mettre entre les oreilles après quatre ans d'attente. La seconde, parce que, ces mêmes titres, tout en étant en deça de leurs versions en concert, s'avèrent être les titres les plus marquants de l'album dont seul "Hole" se démarque véritablement, celui-ci étant à Anekdoten ce que "Starless" est à King Crimson. Il y a fort à parier que leur prochaine parution scellera définitivement le sort de ce quatuor suédois.

Note : 4/6

Page 63/212 Bill Laswell / Terre Thaemlitz : Web

Chronique réalisée par Chris

Sortit en 1995 en collaboration avec Terre Thaemlitz, "Web" est assurément une des plus passionnantes oeuvres que le très prolifique Bill Laswell nous ait offerte. A l'image du livret, la musique proposée par les deux compères est assez dépouillée et déroutante. Dépouillée car globalement assez "silencieuse" et totalement dépourvue du moindre beat. Déroutante car on navigue dans un monde étrange et inquiétant dont on ne sait pas si tout ce qui vient à nos oreilles se passe dans l'espace, sous terre ou dans l'eau... Les 3 compositions qui dépassent chacune les 15 minutes nous entrainent au rythme d'une vague qui va et vient inlassablement. Avec "Web" les frontières n'existent plus, seul subsiste un étrange état d'apesanteur dont on ne sait trop s'il doit nous inquiéter ou nous apaiser. Excellent.

Note : 5/6

Page 64/212 MYSTIC FOREST : Welcome back in the forest

Chronique réalisée par Chris

"Welcome back in the forest" est une oeuvre impressionnante. Très aboutie, elle offre un black metal mélodique qui a su paradoxalement garder un son bien crade et brut. L'insuffisance de la production y est certainement pour quelque chose, mais bizarrement cet inconvénient se transforme en avantage, en offrant un son plus cru et réaliste. Les lignes mélodiques s'avèrent être d'une grande efficacité, le groupe s'autorisant de multiples soli de guitare très rapides et inspirés. Trois chants différents sont utilisés, deux voix hurlées masculine et une voix féminine plus aérienne. Toutes ces voix sont mixées en retrait et par moment elles arrivent à se mélanger complètement aux autres instruments de telle manière que l'on ne sait plus si ce que l'on entend est une guitare où une voix : le résultat est très convainquant. Le seul petit bémol se situe au niveau de la reprise très rapide de Chopin au milieu du disque qui casse litéralement l'ambiance que le groupe avait réussi à installer. Heureusement ça repart de plus belle dès le titre suivant... Les ambiances qui nous assaillent ici me rappellent par moment l'excellent "The art of dreaming" de Golden dawn, donc si vous avez aimé ce dernier, jetez vous sur ce très bon "Welcome back in the forest" qui mérite assurément une oreille plus qu'attentive.

Note : 4/6

Page 65/212 Aes Dana (Paris) : Mcd july 2000

Chronique réalisée par Nicko

Il est ici question d'un bien étrange mélange de différents styles, et pas forcément tous metal... Il y a la puissance du black-metal brutal avec un très bon chanteur, des parties épiques assez heavy et le plus impressionnant, de la flûte (!!!) donnant un côté médiéval amusant. Presque étonnament je dirais, tout se marie très bien, le groupe a très bien su intégrer tous ces ingrédients et le résultat est détonnant, sans jamais devenir monotone avec d'excellentes transitions entre les différents parties. Vraiment du très bon pagan-metal.

Note : 4/6

Page 66/212 CRYPTIC REBORN : S/T

Chronique réalisée par Stéphane

Cryptic reborn nous sort sa première demo éponyme, qui évolue dans un style mixant à la fois le death metal à travers les rythmiques lourdes et les voix gutturales, et le néo metal avec les breaks où la basse prend le dessus, avec un chant en voix claire. En bref, ce groupe m’a donné l’impression d’écouter du Slipknot chose qui n’est pas forcément faite pour me plaire. En dehors de cela, on note que les musiciens semblent relativement bons interprètes, et que pour ce genre de musique, les compositions semblent correctes, notamment sur certains passages bien lourds et pesant qui restent appréciables. Dommage vraiment que l’ensemble perde de sa massivité à cause de ces passages plus groovies, qui ne font pas bon ménage avec les passages de destruction.

Note : 2/6

Page 67/212 BIOHAZARD : Biohazard

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Première offrande musicale de Biohazard datant de 1990, ce "Biohazard" n'en est pas moins atypique. En effet, c'est l'album qui pose les bases du groupe, celles d'un nouveau style, mélangeant intelligemment un metal hardcore foncièrement violent avec des rythmiques très hip/hop et des vocaux très agressifs et "rappés". Le résultat sur ce disque est loin d'être mauvais, mais aussi loin d'être bon ! Les guitares sont un peu trop en retrait, les titres sont le plus souvent courts et manquent d'intensité, certainement dû à la production, inadéquate, qui ne permet pas de mettre en valeur le style nouveau pratiqué ici. Cependant, la section rythmique est excellente, accrocheuse à souhait, de même que le chant, déjà parfaitement en place, qui donne déjà une idée de la furie du groupe en live. De même, les titre sont assez inégaux où le pire : "Panic attack", "There and back", cotoie le moyen : "Justified violence", "Hold my own", "Scarred for life", voire le très bon : "blue blood", "Howard beach", "Wrong side of the tracks", "Pain". Notons également la présence de guitares classiques et de piano sur certaines intros, et vous comprendrez que sans avoir affaire là à l'album du siècle, on a là un 1er album correct, qui vous fait passer un bon moment, sans plus !

Note : 3/6

Page 68/212 BIOHAZARD : Urban discipline

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ouch ! en 1992, Biohazard décide de passer à la vitesse supérieure et de nous offrir vraisemblablement le meilleur album de sa carrière. Car c'est très simple, ce "Urban discipline" est parfait ! Varié, mélodique, agressif, que ce soit au niveau instrumental ou vocal, on ne s'ennuie jamais à l'écoute de ce disque. Tous les titres sont excellents et intelligemment disposés (désolé nicko !) avec mention spéciale pour les "hits" "Punishment" (aux riffs géniaux), "Black and white & red all over", "Urban discipline", "Mistaken identity" (ultra violente et accrocheuse), "Tears of blood" (où comment montrer sa tristesse de façon originale). La production quant à elle, est carrément parfaite, mettant subtilement la batterie en avant. Notons d'ailleurs la magnifique prestation de Danny Schuler qui porte le niveau technique de cet album à des milles de la concurrence. C'est le genre d'album dont je ne me lasse jamais tant il respire la créativité, la détermination et vous défoule instantanément. En live, ce doit être un véritable massacre ! Au niveau textuel, le groupe ne quitte pas sa ligne directrice traitant des problèmes sociaux propres aux USA (ghettos, violence urbaine, d'où le titre d'ailleurs !). Bref, une valeur sûre qui plaira à tout amateur de musique accrocheuse qui vous fait sauter dans tous les sens

!

Note : 6/6

Page 69/212 BIOHAZARD : State of the world address

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Deux ans après l'immense succès que fut "Urban discipline", Biohazard décide de remettre le couvert avec ce "State of the world address". Faisons rapide, nous avons ici affaire à un "Urban discipline 2" absolument excellent une nouvelle fois ! Les rythmes hip/hop sont toujours présents, de même pour la dualité des vocaux et la facilité qu'ont les titres à vous faire "jumper" partout ! La principale différence avec UD provient de la complexité des titres, qui deviennent beaucoup plus techniques ainsi que la présence d'invités (Cypress Hill, etc..). Sinon, tout y est encore excellent, regorgeant de hits meurtriers : "What makes us thick", "Remember", "Five blocks to the subway", "Each day", "Human animal", ou le magistral "Love denied" (assurément mon titre préféré de Biohazard tous albums confondus !). L'ensemble sonne toujours aussi aéré et déliquescent, pour notre plus grand plaisir. Les guitares sont plus en avant et agressive, rapprochant certains passages du thrash, de même que les solos, toujours aussi efficaces (ah cette intro sur "Love denied"). Le concept textuel est toujours le même, la ville et ses problèmes impliquant notamment les enfants (comme le montre l'excellente pochette). Bref, une nouvelle fois une valeure sûre car ce "State of the world address" a su se démarquer de son prédécesseur tout en en conservant le meilleur. Biohazard signe là une nouvelle fois un excellent album.

Note : 5/6

Page 70/212 THOU SHALT SUFFER : Into the woods of Belial

Chronique réalisée par Stéphane

Thou Shalt Suffer est le premier projet de Samoth et Ihsahn, futur Emperor, et avait une orientation très death metal, où les claviers avaient une certaine importance. Même si les passages de blasts sont fréquents, le death metal proposé ici est émaillé de breaks et passages lents où la rythmique se fait plus lourde et oppressante. Malheureusement, l’ensemble ne tient pas vraiment la route, les enchaînements étant pour la plupart mal trouvés et les riffs se ressemblant un peu tous. On a donc l’impression d’entendre un peu la même chose tout au long de l’album, et les passages aux claviers ne relèvent pas vraiment le niveau, car mal placés et sonnant bizarrement. Seuls quelques breaks malsains et pesants viennent relevés le niveau d’ensemble d’un album qui ne laissait pas transparaître les qualités que l’on connaît aux deux hommes dans leurs différents projets aujourd’hui.

Note : 2/6

Page 71/212 MORGUL : Lost in the shadows grey

Chronique réalisée par Sheer-khan

Ce premier album de Morgul plante tout de suite le décor. La pochette, le titre, et dès l'intro atmosphérique au piano et synthé, on comprend que le groupe cherche le visuel et le narratif. Nous voici donc convié à une série d'histoires macabres racontées en musique. La musique en question alterne entre deux grandes tendances, le black brut (parfois presque brutal) et les passages aux claviers et guitares acoustiques, sobres et réussis. A la rencontre des deux les passages black sympho sont plutôt efficaces et l'on apprécie qu'ils laissent souvent la place au black pur, car c'est un mélange rare. Cinq titres, cinq histoires racontées avec leur rythme, leurs moments forts, leurs surprises et leurs coup de théâtre. L'ambiance des passages black est parfois très prenante, surtout lorsque Charmock se décide à y intégrer les synthés. "Enthroned" alterne ainsi entre tristesse et grandiose, nuit et maléfices. La sobriété et la spontanéïté de ce premier album, relativement au genre abordé (c'est tout de même du black sympho), le rendent particulièrement attachant. Les riffs sont souvent très bons et les passages plus atmosphériques, souvent traités avec peu de moyens, y trouvent une intégrité true black assez efficace. Charmock est un bon vocaliste, investi, sombre et exigeant. Hex joue bien. La personnalité mélodique de Charmock n'est pas toutefois pas encore très établie. Bien que très inspirées les mélodies de l'album n'ont rien de particulièrement original ou différent. Mais elles sont justes et pertinentes et les harmonies des synthés font mouche. Au détour du break étrange de "The Dark infinity ", avec ses accents curieux et aux choeurs féminins, ou dans le piano qui ouvre "Hunger of the immortals", on pressent tout de même une pointe de folie. Atmosphérique mais aussi extrême et direct lorsqu'il faut, "Lost in the shadows grey" ouvre les portes du monde de Morgul. On y croise le macabre, le violent, le mélancolique, comme dans ce violon (déjà sur ce premier album) magnifique qui pleure sur "My Bride"… toutes les couleurs qui tendent vers le noir : Lost in the shadows grey…

Note : 4/6

Page 72/212 MORGUL : Parody of the mass

Chronique réalisée par Sheer-khan

"Parody of the mass", deuxième album de Morgul, est aussi à ce jour un des meilleurs. Il reprend la où son prédécesseur nous a laissé, dans cette maison hantée où Charmock nous ballade. Mais le black symphonique de Morgul prend ici une ampleur beaucoup plus importante. L'utilisation à la fois symphonique et purement sonore des claviers réserve toute sorte de bonnes choses ; la musique de Morgul évoque de plus en plus la folie, comme en témoigne les instruments joués par Charmock (?!). La guitare acoustique, le piano sont toujours là mais aussi cette intégrité black déjà présente dans le premier album, malgré la volonté atmosphérique et, ici encore, très narrative du propos. La voix est excellente, tour à tour très profonde ("ballade of revolt") ou très black, extrême. "Ballad of revolt", justement, ou un des morceaux les plus réussis de l'album, un peu à part de par son ambiance purement mélancolique, et presque viking. De manière générale, chaque morceau possède sa personnalité, son petit truc à lui, son petit lot d'idées qui le rend différent et identifiable. Après cet album, Hex va partir et Morgul va évoluer. Charmock alias Jack D. Ripper va expérimenter un peu plus de choses. "Parody of the mass" s'arrête au bon endroit. C'est encore très extrême par moment, c'est toujours très sombre et macabre et décidément riche. C'est aussi souvent beau.

Note : 5/6

Page 73/212 MORGUL : The horror grandeur

Chronique réalisée par Sheer-khan

Avec cet album, Morgul clôt ce qui se révèle être une trilogie. Charmock s'appelle désormais Jack D.Ripper et il est seul, sans Hex. Le son a aussi beaucoup changé, finie l'intégrité toute norvégienne des guitares. Pour s'accorder avec sa nouvelle boîte à rythme (parfaitement programmée), il a modernisé les synthés, les guitares et les effets. Tout cela ne sonne plus tout à fait aussi black qu'avant, et l'indus de l'album suivant pointe déjà son nez. Mais c'est toujours la bonne maison hantée, plus que jamais, la démence, le macabre, qui sont le cœur de ce nouvel album. Le morceau titre, qui ouvre l'album, est une merveille. Riche, variée, évolutive et à l'atmosphère parfaitement maîtrisée. Durant deux longues minutes envoûtantes, Jack va parler tout bas, gémir un peu, rire, sur un trait de violon qui glace le dos et nous parle de folie… puis Morgul entre, guitares puissantes, rythmes rapides, tout en efficacité, et la voix noirissime de Jack. Les claviers sont à la fête, les orgues s'envolent, les petits bruits sont partout, et, toujours, le violon comme soliste morbide. Entre voix noire et chants clairs, délires, cris, Jack nous fait entrer dans son cauchemar. Tout au long de l'album comme de ce premier morceau, Morgul alterne les rythmes, passant de la violence au malaise silencieux, à la rage, à la peur. "Ragged Little Dolls" est une espèce de pièce métal à la fois noire et lumineuse, les voix sombres s'entrecroisent. Morgul pratique aussi la surprise, le clin d'œil par de nombreux ponts "instrumentaux" à l'ambiance étrange, fête foraine, boîte à musique, clown triste… voilà ce qu'est Morgul. "The murdering mind" est une vraie réussite mélodique, simple et profonde, avec une chute de note qui semble incessante, comme un mouvement perpétuel… vers le fond. Ce qui caractérise cet album sont plus particulièrement ce violon si pertinent et qui imprègne la musique de ses pleurs macabres, et le côté très heavy, très soigné et sonore, des soli de guitares. Encore une fois, le son est moins black, moins agressif mais plus puissant, les lenteurs sont fréquentes, pour permettre aux sons et aux voix de faire leur ambiances lourdes avec la grandiloquence dont ils ont besoin. Mais un morceau comme "Elegantly decayed", entre death et thrash, mais avec la patte Morgul, montre que Jack est toujours Charmock. C'est brutal et nerveux, et là-dessus un bien curieux synthé vient nous ouvrir la porte du cauchemar. A travers ce morceau ou encore "The third face", à travers des passages, des intonations, on devine le Morgul de "Sketches… " à venir. Mais l'ambiance est toujours à l'horreur, aux fantômes et aux demeures qui craquent. "Cassandra's nightmare" ou "the ghost" comme leurs noms l'indiquent, dans la lignée du morceau-titre, appartiennent à la veine mélodique et spirituelle de "Parody of the mass ", le très bon prédécesseur. Morgul change et reste le même. Mais l'album n'a rien d'une œuvre de transition. Un bien bon recueil qui montre que quel que soit son nom, celui qui se fait désormais appelé Jack D.Ripper a toujours autant d'idées, et toujours autant envie de faire de la musique. Ce dernier point s'entend, et c'est une très bonne chose.

Note : 4/6

Page 74/212 YES : 90125

Chronique réalisée par Sheer-khan

A partir de cette reformation l'histoire de Yes se confond avec celle d'un homme qui court après la grandeur de son groupe. Ce premier album est un album de production et d'efficacité. Rien à voir avec la recherche du groupe autrefois appelé Yes et qui s'était dissout en 1980. La musique de ce combo est une sorte de rock F.M. mélodique et puissant, bien foutu ma foi, produit du leadership musical de Trevor Rabin, et non de Jon Anderson qui n'arrive qu'à la fin du processus, pose ses voix, à la demande d'un producteur qui juge le jeune Rabin trop frêle pour endosser le rôle de chanteur. Squire appelle son vieux Jon, Jon demande s'il s'agit de reformer le groupe Yes, Squire dit oui, alors Anderson accepte. Et voilà ce qui va conduire ce nouveau groupe sur des routes assez diverses jusqu'à aujourd'hui encore. La deuxième partie de la carrière de Yes pourrait s'appeler la quête de Jon… le succès sera au rendez-vous de ces premières retrouvailles grâce au talent de Rabin, mais surtout de Trevor Horn, qui sera tout de même Monsieur Frankie Goes to , Monsieur Propaganda, Monsieur " owner of a lonely heart ", Monsieur Buggles… bref : Monsieur années 80. Malgré quelques lourdeurs (Leave it…), quelques agréables niaiseries (Changes…), cet album est parfaitement séduisant. "Hearts" est une petite perle 80's, une sorte de tube F.M. romantique de 9 minutes, d'une simplicité cristalline. "Cinema", "Hold on" ou "It can happen" fonctionnent à merveille, et une petite sucette comme "Our song", bombe poppy et sautillante, moi, j'adore. Grisé par ce succès, le groupe va donc continuer, croit-il, sur sa lancée… laissant faire Rabin, FM rockant à donf'… c'est le début de la fin du premier rêve de cette reformation, et il s'appellera "Big generator ".

Note : 4/6

Page 75/212 YES : Big generator

Chronique réalisée par Sheer-khan

"Big Generator" a le très lourd défaut d'être signé par Yes. La gestation fût très difficile, peu à peu Anderson se retirera des décisions sous la pression de Rabin, guèguères et divergences… à l'arrivée, il faudra attendre trois ans entre l'enregistrement des basses batterie et, finalement, des voix. C'est un album de Trevor Rabin, producteur, dont le processus de mise en place sera si insupportable à Anderson qu'il montera le projet Anderson-Bruford-Wakeman-Howe, toujours à la recherche de Yes… mais sans Squire qui reste avec Rabin. Dire que le seul bien que l'on peut dire de cet album n'est inspiré que par le mythe du nom du groupe, c'est tomber, quelque part, dans le même panneau. Cet album n'horrifie qu'en tant qu'album de Yes. En lui même, il n'est pas mauvais. Dans le genre hit FM "Rythme of love" est une réussite, les voix superposées parfaites de "Love is on the way", puissantes comme des synthés, forcent le respect, même si tout cela, de fait, a la forme d'un poste de radio. On retiendra tout de même l'excellent "Shoot high aim low", à la production parfaite et au pathétisme magnifique. "I'm running" est un bon morceau rock sophistiqué. Non, le problème est ailleurs, il est dans ce nom qui est sur la pochette, qui interdit à la musique qui se trouve dedans de ne parler que le langage des ondes et des jeunes en vacances. Pour que Anderson accepte à nouveau la bannière salie de ce nom qu'il adore, il lui faudra amener avec lui ceux avec lesquels, faute de prendre le nom, il a retrouvé la musique de Yes.

Bruford-Wakeman-Howe reviennent ? Ce sera "Union"

Note : 3/6

Page 76/212 YES : Union

Chronique réalisée par Sheer-khan

Tout y est. Le logo, la pochette, les musiciens… Yes ! Résultat d'un calcul de producteur et non d'une véritable volonté fraternelle, cette rencontre entre les deux formations Yessistes qui existaient au début des années 90 est-il donc à la hauteur des espérances ? En ce qui me concerne : c'est oui ! C'est Yes ! En dépit des critiques violentes d'un Bruford ou d'un Wakeman à propos de la musique finalement proposé par ce disque (le clavier de Rick a été totalement transfiguré par Elias : "Il n'y a que son chien qui n'a pas été invité à jouer des claviers sur ce disque", dira Wakeman, un peu négatif), en dépit des véritables raisons qui amènent ces vétérans à tous se tomber dans les bras, il y a bien sur ce CD de l'excellente musique. La première raison est sans doute que la majorité des titres est issue du travail d'Anderson-Bruford-Wakeman-Howe qui nous avait déjà ravis en 1989 avec leur premier album. Mais les compositions de Rabin (notamment l'excellent "Miracle of life"), ou de Squire (The more we live) n'ont pas à rougir et allient la richesse à l'émotion, la sophistication, et chaque pièce est dense d'une atmosphère incontestable. Beaucoup plus ramassé que le Yes des années 1970, morceaux plus courts, rythmes plus francs, le Yes unique de cet album retrouve néanmoins la richesse d'antan, la technique, la folie. Les mélodies sont très surprenantes, les breaks imprévisibles et imparables et les innombrables harmonies particulièrement prenantes. Avec ses anciens compères, Jon avait retrouvé une grande partie de la musique et sans doute croyait-il qu'il ne lui manquait plus que le nom. Il vient de le reprendre… et cela fait formidablement bien illusion. Très très bon disque !

Note : 5/6

Page 77/212 HOLLENTHON : With vilest of worms to dwell

Chronique réalisée par Sheer-khan

Excellent… voilà le premier mot qui vient à l'esprit. Ce deuxième album d'Hollenthon est une prouesse musicale. La cohérence parfaite de ce croisement de death metal, musique orchestrale et folklore à la Tri-Yann semble impossible, avant d'entendre ce "With vilest of worms to dwell". Aucune recette pourtant, chaque morceau porte en lui-même les arguments de sa qualité. Chaque morceau est une réussite isolée, complète et personnelle. Le groupe ne se contente pas d'avoir des idées ou des envies : il a une vision. Le magnifique "Lords of bedlam" et son hommage au Prokofiev dissonant de Romeo et Juliette montre la culture du propos. La caricature metalo-classique est très largement évitée : c'est ici l'orchestre moderne, façon Bernstein, aux accents de cuivres soudains, aux cordes puissantes et aggressives, aux harmonies difficiles. Il y a dans Hollenthon la monumentalité d'un Thérion, mais pas l'inertie, pas la lourdeur. "To kingdom come" possède l'efficacité d'un In Flames, "The calm before the sun" et ses harmonies vocales clairs nous ballade chez les celtes. Bien sûr, un metal aussi biggaré ne fait pas, non plus, l'économie des chants féminins. Mais tout cela est d'abord très puissant, death, et aussi enlevé. C'est mélodiquement remarquable, harmoniquement incritiquable et du point de vue des objectifs : une réussite complète. On accroche tout de suite et on n'en démords pas… beaucoup de groupe de death ambitieux doivent avoir les boules : Hollenthon s'impose à la tête des tentatives death-orchestrales de ces dernières années. Il se paie le luxe d'être le plus original, le plus abouti, et le plus riche de cette étrange famille. Une bombe redoutable.

Note : 5/6

Page 78/212 BIOHAZARD : Mata leão

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Voici l'album avec lequel Biohazard commença à diviser ses fans : ceux qui restent sur l'âge d'or du groupe ("Urban..." et "State..") et ceux qui adorent la nouvelle orientation du groupe, à savoir un style plus direct, agressif, lorgnant du côté du punk/hardcore. Du coup, ce "Mata Leão" constitue en l'oeuvre la plus violente et primaire du groupe ! Les titres sont tous très courts, toujours aussi "groovy" mais moins recherchés, privilégiant la violence à la finesse. Cela peut-être une réussite exemplaire : "Authority" (un des plus gros hits du groupe assurément), "These eyes (have seen", "Competition" (complètement punk), "Waiting to die" (très sombre et "jumpante"), comme cela peut-être moyennement convaincant : tout le reste de l'album en fait, oscillant entre le bon et le moyen. Les riffs sont parfaitement mis en valeur par la production, très massive et plaçant les guitares en avant-plan, de même que le chant, toujours alterné par les deux vocalistes et "rappés", véritable marque de fabrique du groupe. Bref, pour moi ce "Mata leão" ne tranche pas énormément avec ses prédécesseurs, il est juste plus violent, une sorte d'instantanée du groupe qu'il faut prendre telle quelle, sans se poser des questions. N'est-ce pas messieurs les détracteurs ?

Note : 4/6

Page 79/212 BIOHAZARD : New world disorder

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Mmmh, encore un visuel particulièrement fin chez Biohazard ! Visiblement le groupe New Yorkais a toujours la haine, et c'est tant mieux ! Alors que nous réserve le cru 1998 ? Et bien, assez peu de choses nouvelles en fait. L'évolution dans la continuité peut-on dire. Car en effet, ce "New world disorder" révolutionne peu de choses : le combo nous assomme une fois de plus à coup de metal hardcore hyper "groovy", au chant toujours rappé et alterné, et au feeling toujours aussi destructeur. Les petites innovations notables sont la présence de titres comme "End of my rope" et "Cycle of abuse" titres très mélodiques où l'on peut entendre Evan chanter pour de vrai ! A part cela, on peut également remarquer un ralentissement général du tempo, de même qu'une orientation plus prononcée encore vers le hardcore, surtout au niveau des guitares, incroyablement lourdes. Le problème, c'est que la sauce prend une nouvelle fois et certains titre sont de véritables bombes : "All for none", Inner fear on", Camouflage" carrément mortelle, ou "Switchback". Beaucoup crièrent au scandale à la sortie de cet album, de par son orientation plus "moderne" et peut-être "néo metal". Pour ma part, cela ne me gêne aucunement, le groupe fait ce qu'il lui plaît, il est lui-même et cela s'entend ! Biohazard reste Biohazard, et ils ne sont pas près de nous faire de la soupe néo, croyez moi !

Note : 4/6

Page 80/212 5 UU'S : Point of views

Chronique réalisée par Progmonster

Bien que paru en 1996, "Point of Views" se propose comme une rétrospective très complète de la carrière de ce groupe expérimental américain, depuis sous la seule égide de Dave Kerman, percussioniste de talent. Aux côtés de titres inédits issus de compilations diverses ou de mini EP, "Point of Views" permet de se familiariser avec les deux premiers essais du groupe : "Bel Marduk & Tiamat", publié en 1985 et "Elements", un an plus tard. Sur les quatre années que couvre cette compilation, il nous est rendu possible de découvrir l'évolution du groupe, qui alla de pair avec ses changements incessants de personnel. Si leurs premiers enregistrements portent en leur sein l'influence évidente de groupes tels qu'Univers Zéro ou Present (par le jeu rythmique, la présence du piano et une tendance à la claustrophobie), voire Art Bears (par leur approche minimale et terriblement décalée), les 5 UU'S se montrent aussi les enfants d'une certaine scène alternative qui doit aussi bien à Joy Division, Suicide ou Wire. Le travail sur les percussions se démarque déjà de tout ce que l'on a pu entendre à l'époque ("Theme", "Ancient Internationalism") alors que des titres comme "The Scale of Life" ou "Sporting" montrent clairement une orientation progressive, sans aucun doute tributaire de Yes pour son utilisation tonitruante des claviers. Sur leur album suivant, "Elements", la bande à David Kerman se voit renforcée de la présence lumineuse de l'ensemble néo-contemporain Motor Totemist Guild qui, à grands coups de violons et autres instruments à vent, fait bel et bien de ce groupe, alors aux prémices de son expression, un des plus prestigieux représentants de la scène actuelle du , à rapprocher ici en particulier d'un groupe comme Art Zoyd. Plus obscur, encore plus introverti et beaucoup plus complexe que son prédecesseur, les 5 UU'S mettront avec cet album un terme à leur première partie de carrière, sans pour autant oublier d'y injecter un peu de nerf ("Resentments"), une direction qui sera privilégiée lors de leur prochaine incarnation quelque sept ans plus tard !

Note : 4/6

Page 81/212 5 UU'S : Hunger's teeth

Chronique réalisée par Progmonster

Après la mise en veilleuse de la carrière de son groupe, David Kerman rejoint James Grigsby, qui va en faire de même avec son propre groupe (Motor Totemist Guild), pour constituer le tout aussi éphémère U Totem (chroniqué aussi dans Guts of Darkness). Cet épisode va permettre à Kerman de consolider les liens avec ce que l'on appelle depuis le collectif Totemiste, auquel participa également Robert Drake, responsable, lui, de la carrière du groupe (que vous trouverez également dans nos colonnes). Le couple Drake et Kerman va déboucher sur l'envie de ce dernier de réactiver l'expérience 5 UU'S ; ce sera chose faite en 1994 avec ce "Hunger's Teeth" assez loin de l'univers de leurs premiers essais. Le talent d'arrangeur outrancier de Drake, cumulé à sa faculté de multi instrumentiste, va mener 5 UU'S vers un terrain beaucoup plus rock. De plus, reprenant à son compte le rôle de chanteur, alors que sa voix évoque inmanquablement celle de Jon Anderson, il va apporter une dimension supplémentaire au groupe qui, déjà, par certains aspects, pouvait, par moment, nous renvoyer au fantôme de Yes. Mais un Yes décalé, complètement barré, qui se lâche et qui n'a pas peur de franchir les limites de l'impossible. Les titres regorgent de surprises, de constructions à tiroir ; un univers étrange mais passionnant, un album qui, tout en retenant les leçons du passé, fixe l'horizon où l'attend son avenir. Moderne, obscur et expérimental. On ne peut moins.

Note : 5/6

Page 82/212 5 UU'S : Crisis in clay

Chronique réalisée par Progmonster

Avec la participation discrète de Scott Brazieal (Cartoon) et Thomas DiMuzio (déjà responsable de l'extraordinaire et fascinant "Mangate" sur leur album précédent), 5UU'S s'engage donc plus avant dans la direction rock qu'ils avaient abordé sur leur précédent opus, limitant le groupe à un trio, où le couple Drake/Kerman se voit compléter par le claviériste toujours présent, Sanjay Kumar, fidèle compagnon de toutes les aventures de David Kerman depuis 1986. D'emblée, "Crisis in Clay" enfonce le clou que "Hunger's Teeth" s'était mis en tête de planter et crucifie sur place ceux qui croyaient qu'il était tout bonnement impossible de proposer une musique terriblement originale, sans pareille, avec de l'énergie à revendre. Plus encore que sur leur album précédent, la référence à Yes se veut prépondérante ; la voix, bien sûr, mais aussi désormais les lignes de basse ("Goliath in the Sights"), les solii de guitare (les trois étant le fruit du travail de ) ou l'atmosphère particulière dégagée par le travail de percussions qui se veulent, tous, comme un hommage à un des disques les plus extrêmes de la carrière du groupe britannique, à savoir "Tales from Topographic Oceans". Succints mais déterminants, les titres se suivent avec frénésie et nous assaillent d'idées aussi lumineuses que bluffantes, si bien que sur les seize titres proposés, aucun ne montre le moindre signe de faiblesse. C'est bien simple ; 5UU's réalise ici un petit bijou, déconcertant mais très gratifiant à qui prendra la patience de tenter d'en extraire les secrets. Sans doute arrivé à un point de non retour et à un tel niveau d'excellence, Drake va s'en retourner à ses premiers amours (Thinking Plague) et se concentrer sur sa carrière solo et son boulot de producteur, laissant David Kerman, toujours aussi prolixe et que l'on retrouvera sur les disques du groupe belge Present, seul maître à bord, et qui aura la lourde tâche de mener son groupe vers une troisième période, difficile à aborder.

Note : 6/6

Page 83/212 5 UU'S : Regarding purgatories

Chronique réalisée par Progmonster

Plus qu'avec tout autre disque de sa discographie, Dave Kerman prouve avec ce nouveau cru qu'il voit son entité 5UU'S non pas comme un groupe à part entière, mais plutôt comme un laboratoire où il peut laisser libre cours à son imagination. S'apparantant plutôt à un effort en solitaire (son nom apparaissant pour la première fois sur la pochette), il aborde toutefois cette troisième partie de carrière comme la précédente, en se nourrissant des diverses collaborations qu'il a la fâcheuse tendance de multiplier. Ainsi, il débauche Deborah Perry (de Thinking Plague, dont le leader, , se retrouve ici au poste de producteur), mais aussi Mark McCoin (de Hamster Theatre) et Keith Macksoud (de Present). Le résultat est un patchwork d'idées qui se bousculent et qui dérangent inmanquablement, ne fût-ce que par cette utilisation intensive et particulière de bruitages en tout genre, une de leur marque de fabrique. Si la richesse et l'inventivité des arrangements est sans doute encore plus foisonnante que précédemment, la musique que nous propose le groupe ici oublie en chemin de diluer le tout dans une grammaire plus abordable, excluant pour finir l'auditeur de l'orgie sonore qui se déroule devant nos oreilles ébahies. "Regarding Purgatories" marque un retour prononcé vers les ambiances décalées et plus obtues de leur débuts, qu'on avait pu découvrir grâce à la compilation "Point of

Views", avec l'énergie de leurs derniers efforts, mais sans son indicible et redoutable efficacité.

Note : 3/6

Page 84/212 BIOHAZARD : Uncivilization

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Visiblement, les Biohazard sont susceptibles ! En effet, ils n'ont pas apprécié que certains se moquent de leur petit "New world disorder" ! Du coup, ils nous pondent un "Uncivilization" qui fera date dans la mémoire de tous les fans ! C'est très simple, cet album est une bombe ! Le genre de disque rempli de hits bon à vous briser les cervicales ( "Sellout", "Get away", "Domination", et tant d'autres..), d'accélérations meurtrières comme au bon vieux temps ("Uncivilization" carrément géniale, "Domination" encore, "HFFK" futur hymne du groupe), ou de mélange rap/hardcore extrême ("Plastic", "Trap, "Unified" excellente, "Wide awake"). En outre, toutes ces compos excellentes s'accompagnent d'invités aussi prestigieux que divers : membres de Slipknot, Hatebreed, Sepultura, Pantera, Cypress Hill, Type O Negative, une vraie famille quoi ! En étant plus pointilleux, on notera que le chant se fait de plus en plus hurlé et violent, de même que les guitares, toujours plus agressives. Tout en conservant son identité, Biohazard arrive petit à petit à moderniser sa musique, sans toutefois la rapprocher du mouvement néo, véritable marque de talent. Pourtant ceux qui n'ont pas aimé "New world disorder" devraient jeter une oreille sur ce "Uncivilization" car il risque d'en surprendre plus d'un...

Note : 5/6

Page 85/212 5 UU'S : Abandonship

Chronique réalisée par Progmonster

L'heure de gloire du groupe, circa "Hunger's Teeth" et "Crisis in Clay" semble belle et bien révolue. "Abandonship" poursuit la route sur laquelle s'était déjà engagée son prédécesseur "Regarding Purgatories". Mis à part Deborah Perry, dont les parties vocales ont été greffées sur la musique au moment de la post-production, il est désormais impossible de voir 5UU'S comme un groupe mais plutôt comme l'expression d'un seul homme, David Kerman, en charge d'absolument toutes les casquettes. Si des titres comme "Couple#3 is a Solo", "Thoroughly Modern Attila", "Noah's Flame" ou "Belly-Up" possèdent chacuns leurs bons moments, débordants une fois de plus de trouvailles rythmiques absolument renversantes, on ne retrouve pourtant pas le charme du temps où Bob Drake partageait le leadership. Mais passer son temps à regarder derrière soi et à regretter le passé est une insulte à un groupe - ou en tout cas un artiste- qui, lui, s'évertue à toujours, quoi qu'il arrive, aller de l'avant en choisissant d'être volontairement abstrait, expérimental et déphasé. La musique reste toutefois affaire de sentiment, et bien que celle des 5 UU'S reste terriblement fascinante, l'aspect subjectif l'emportera toujours.

Note : 3/6

Page 86/212 DARK TRANQUILLITY : The gallery

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Faisant suite au non-moins excellent "Skydancer", ce "The gallery" marque un tournant pour Dark Tranquillity, celui de la perfection ! En effet, c'est avec cet album qu'ils se sont forgé un nom, un style, une identité : le death mélodique ultra technique avait son maître ! Et on peut comprendre pourquoi ! Quels que soient les titres, l'auditeur est assailli de 1000 mélodies enchanteresses et interminables qui l'emmènent avec conviction et délicatesse dans un monde où seule la beauté est de mise. La complexité des structures, alliée à une instrumentation riche (multiples guitares, de la plus claire à la plus saturée, piano, clavier) et à un chant aussi ravageur qu'émotif, sont les clés de ce petit paradis qu'est cette "Gallery". A l'interieur même de l'album, tout est aussi varié, alternant passages ultra rapides avec breaks beaucoup plus lents et techniques (surtout du point de vue rythmique), mais avec toujours cette même constante : la mélodie. Ces si magnifiques mélodies, marquant d'ailleurs le début de la rivalité avec In Flames, qui caractérisent ce groupe au talent indéniable et explosant sur ce disque... Un must pour tout amateur de death/black ultra mélodique. Déjà destiné à devenir culte...

Note : 6/6

Page 87/212 IMPALED : The dead shall dead remain

Chronique réalisée par pokemonslaughter

A l'instar d'un Exhumed, nos amis d'Impaled savent y faire en ce qui concerne les pochettes hideuses ! Jugez plutôt avec celle-ci ! Cependant, les rapports entre les formations s'arrêtent ici (même si les styles sont assez proches). En effet, alors qu'Exhumed s'éclate à faire un grind/death vraiment très bruyant et limite cacophonique, Impaled se la joue légèrement plus fin en nous proposant un death métal assez old school, matiné d'influences aussi bien thrash, que grind ou heavy ! Et le résultat est plus qu'impressionnant ! Tous les titres sont de véritables hymnes à la maladie et la violence, exprimés au travers de riffs acérés, de rythmiques hyper rapides, et de vocaux alternant le guttural et le criard avec un brio encore inégalé (d'ailleurs, ce sont à mon humble avis les meilleures voix du genre). Mais là où se crée la différence avec tous ces groupes de grindgore, c'est la capacité qu' a Impaled à incorporer de nombreux passages mid tempos, complètement heavy, agrémentés de solos magnifiques, ou de riffs dévastateurs. La musique ressort ainsi variée, aérée, et donne surtout l'impression d'être complètement maîtrisée. Écoutez pour vous en convaincre "Flesh and blood", "Trocar", "Spirits of the dead" ou le "tubesque" "Back to the grave" et son refrain entêtant (incroyable pour du grind non ?). La production quant à elle est parfaite, notamment pour le son de batterie, particulièrement massif, et ne parlons pas de l'esprit du groupe, complètement déjanté et "gore". Une simple lecture (que l'on croirait sorties d'un album de Carcass) des textes vous faisant très vite comprendre les idées du groupe : délirer et repousser au travers d'un humour scato... suggestif ! Outre-Atlantique, ce groupe connaît un succès très important (pour un groupe de death/grind) et l'on comprend vraiment pourquoi : c'est pour moi le seul groupe que j'estime digne de porter la succession de Carcass (Exhumed ayant changé son style). Un groupe à suivre de très très près...

Note : 6/6

Page 88/212 IMPALED : Choice cuts

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Après le gros succès que fut "The dead shall dead remain", on pouvait s'attendre à ce que les Impaled rentrent dans l'engrenage du business avec sortie de Mcds, rééditions à tout va etc... C'est en tout cas les premières pensées que j'ai eu à l'annonce de la sortie de ce "Choice cuts" . Et bien, y a pas à dire, je me suis (une nouvelle fois) planté en beauté ! C'est très simple : pour le prix d'un Mcd, Impaled vous offre plus d'une heure de musique, avec un artwork hyper travaillé (assurément, la pochette la plus horrrible qu'il m'ait été donné de voir !), une biographie, et la présence de titres ultra rares ! Si çà, c'est pas un cadeau aux fans ! Musicalement, on se rend compte que le groupe est déjà bien en place sur les démos (plage 5 à 11) dont les titres figureront d'ailleurs en majorité sur l'album longue durée. Les plus anciens titres "Ingestion of colostomic " et "With shit, I am adorned", se rapprochent plus d'un Dying Fetus, avec une production franchement cacophonique, mais agréable à l'écoute. Enfin les 4 nouveaux titres (plages 1 à 4) restent fidèles à l'esprit de "the dead shall dead remain" : grind/death/thrash/heavy et voix extrêmes à souhaits ! Quant aux 2 reprises, elles sont correctes sans plus. Bref, un super cadeau pour les fans, mais pour les autres, allez plutôt acheter "The dead shall dead remain", c'est mieux pour commencer à souffrir...

Note : 4/6

Page 89/212 DYING FETUS : Killing on adrenaline

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Pour beaucoup Dying Fetus est un groupe culte, mais je n'arrive personnellement pas à comprendre pourquoi. Leur death technique ultra brutal ne surprend jamais et s'enlise dans des breaks incessants, qui finissent par ennuyer l'auditeur ! Pourtant je me dois de reconnaître des qualités de composition à ce combo : les titres sont quand même bien foutus, variés et l'on sent une véritable volonté de se démarquer de la concurrence. Mais là où le bât blesse, c'est lorsque le groupe choisit d'inclure des voix ultra gutturales, style j'ai-une-grosse-glaire-qui-veut-pas-partir, et qui gâchent beaucoup la musique : on n'y comprend vraiment rien, çà gueule, çà hurle, çà part dans des délires techniques aux milieux de régurgitations incontrôlables et çà soule très vite ! Pourtant certains passages accrochent vraiment l'auditeur mais ce n'est pas suffisant ! De plus, la production est complètement inadaptée, privilégiant les aiguës pour les guitares, et offrant un son de batterie absolument horrible ! Je suis sévère me direz vous, mais c'est parce que je suis convaincu que le groupe peut faire beaucoup mieux. Les gars, pensez d'abord à faire des chansons avant de vouloir inclure un max de riffs !

Note : 2/6

Page 90/212 NEBELNEST : S/T

Chronique réalisée par Progmonster

Pour séduire les amateurs de rock progressif des années soixante-dix, ce jeune groupe français a eu l'excellente intuition d'aller repêcher les sons de claviers électriques et analogique qui ont fait les heures de gloire de Soft Machine, celui du mellotron (à regretter d'ailleurs qu'il ne s'agisse que d'échantillonage de celui-ci tellement cela est perceptible), un jeu de guitare sinueux et étriqué que ne renierait ni ni Robert Fripp, et enfin un duo basse-batterie qui tente de délivrer la même puissance de feu que seul Magma a pu nous faire partager jusqu'ici. Si la musique, avec de tels arguments, n'accroche pas de prime abord, il faut attendre que le groupe s'emballe vraiment pour qu'une réelle intensité se développe et surgisse en lieu et place du festival de gimmicks auquel on a inévitablement droit. "Crab Nebula" fait partie de ces moments d'excellence. A côté de tout cela, c'est un peu dépité que l'on constate que rien de farouchement transcendant se produit lors de leurs nombreuses improvisations, mis à part ce rien justement.

Note : 4/6

Page 91/212 NEBELNEST : Nova express

Chronique réalisée par Progmonster

Leur premier album éponyme était une agréable petite surprise dans un milieu progressif français qui, rarement, ose s'aventurer sur le terrain délicat de l'improvisation. Toutefois, il ne brillait pas non plus par son originalité ; l'album était à prendre comme un avant goût d'une carrière qui nous promettait de grandes surprises à venir. A l'annonce de la sortie de ce nouvel album, le fait de le savoir produit par Bob Drake (Thinking Plague, 5 UU'S) laissait espérer un résultat à l'avenant qui allait pousser le groupe à sortir de ses gonds. A l'arrivée, "Nova Express", plus compact que son prédécesseur, ne se montre pourtant pas aussi décisif qu'il aurait pu l'être. Et ce bien qu'à aucun moment nous sommes amenés à prendre le groupe en défaut. Nebelnest s'est donc recentré cette fois uniquement sur l'écriture et, en dépit de quelques bons moments, leur style ne convainct pas outre mesure car rien ne peut permettre de les différencier des illustres groupes qui l'ont inspirés. Cette fois encore, ce quatuor nous délivre ainsi sa vision d'un rock planant halluciné boosté par une section rythmique implaccable qui, par des écoutes répétées, finit par avoir raison de nous. Il nous faudra attendre leur troisième album pour pouvoir trancher de manière définitive.

Note : 4/6

Page 92/212 RADIOHEAD : The Bends

Chronique réalisée par Progmonster

Alors que le monde s'apprête à se mettre à genoux en découvrant "Creep", le single extrait de leur premier album, "Pablo Honey", paru en 1993, c'est dans l'indifférence quasi générale que Radiohead publie déjà sa suite, le présent album, "The Bends". Pourtant, ce dernier ne porte déjà presque plus en lui les marques de ce rock entêtant, mais passe partout, qui fait les choux gras de U2, et que l'on retrouvait sur leur premier effort. Le changement est en marche ; il est perceptible, palpable, et c'est à partir d'ici que l'histoire du Radiohead que l'on connaît tous commence. Place donc à de grands moments de mélancolie ("Street Spirit") et de lyrisme dans un contexte instrumental aux touches folk ("Bullet Proof...I Wish I Was") mais qui se retourne, et nous retourne aussi, pour laisser sa place à des envolées troublantes de beauté ("Nice Dream"). Aux côtés de titres à l'efficacité redoutable et immédiate comme "High and Dry" ou "Just", on comprend que Radiohead nous signe là un album, peut-être pas décisif, mais qui devient vite lancinant et entêtant quand on se rend compte, un peu trop tard, qu'on est tombé sous le charme. C'est un peu dur de lui attribuer 4 comme note, mais quand on songe à la qualité des albums qui vont suivre, cela paraît peut-être plus logique.

Note : 4/6

Page 93/212 RADIOHEAD : Ok Computer

Chronique réalisée par Progmonster

Le succès paradoxal et quasi anachronique de leur premier single, "Creep", a suscité un engouement tel que leur second, "The Bends", s'est vendu comme des petits pains, rendant fébrile et impatiente l'attente de leur troisième livraison. Et c'est une pure merveille. Radiohead explore sa noirceur intrasèque en décortiquant plus encore ses moments les plus introvertis. Dès "Airbag", en ouverture, on peut prendre la mesure de cette nouvelle optique avec la présence d'une guitare fantômatique, pas loin d'évoquer les souvenirs jaunis qui apparaissent comme sortis d'une mandoline plaintive. Il ne faut pas avoir peur de dire que le groupe de Thom Yorke touche carrément au sublime avec "Exit Music (for a Film)" qui fait le plein de cette mélancolie qui vous noue la gorge d'émotion. Et ce n'est pas "Let Down", à sa suite, comme une jolie berceuse, qui va arrêter de titiller notre corde sensible. Mis à part le pont inattendu sur "Paranoid Android" et "Electioneering", ce sont les moments de calme qui dominent. Le tir groupé "Climbing Up the Walls", "No Surprises", "Lucky" et "The Tourist" qui nous conduisent aux portes de sortie en sont l'illustre exemple. Toujours poignants, ces titres ne sont pas pour autant dénués d'intensité, appuyés tantôt par des violons, tantôt du mellotron, tantôt des tas de sons parasites, qui apportent cette densité particulière qu'aucun des concurrents que le groupe a depuis inspiré n'est arrivé à atteindre. L'histoire trouble de ce disque, le succès massif qu'il a provoqué et la forme déplorable de snobisme mesquin qui en a découlé n'arrive pas à occulter - n'en déplaise à ses plus farouches détracteurs - le fait qu'il s'agit là d'un évènement ponctuel tout à fait singulier où la musique du groupe est comme arrivée au bon moment, répondant à la demande latente d'un public avide d'émotions fortes, dans une invraissemblable communion d'âmes et d'esprits.

Note : 5/6

Page 94/212 RADIOHEAD : Kid A

Chronique réalisée par Progmonster

Le pari était énorme à relever, et Radiohead a choisi le pied de nez, sans doute la meilleure option possible, faisant du coup de "Kid A", non seulement leur album le plus mâture mais aussi le plus abouti et le plus convaincant. Car, oui, Radiohead a encore fait mieux que l'insolent "Ok Computer". Incompréhensible sont les réactions de rejet qu'a suscité le présent disque, baptisé par les critiques comme un désavoeu. Pourtant, une écoute attentive laisse transparaître que des titres comme "How to Disappear Completely", "Optimistic", "In Limbo", "Morning Bell" ou "Motion Picture Soundtrack" ne sont pas si éloignés que ça de ce que le groupe nous avait fait entendre jusqu'à présent. Plus noir que de coutume, quelques incartades expérimentales en territoire électronique ("Kid A" et "Idioteque" principalement) ont servi de faux prétextes à un revirement de situation imaginaire. "The National Anthem" s'essaye au big band jazz alors que la plage d'ouverture, "Everything in It's Right Place" laisse l'auditeur dans un état de convulsion rare, tétanisé par tant de beauté brute. Cloîtrés dans leur studio, ayant comme lourde tâche de sortir avec un nouvel album, "Kid A" aurait pu être double. Mais Radiohead a fait le tri et a gardé les pièces de premier choix pour cette livraison, "Amnesiac", sorti à sa suite un an plus tard, faisant les frais de l'opération, cachant difficilement son côté fond de tiroir (de qualité, mais fond de tiroir quand même ; j'en veux pour preuve "Pyramid Song" - bien que splendide - calqué en tout point sur les gammes de "Everything in It's Right Place"). Une réussite exemplaire.

Note : 6/6

Page 95/212 AT THE GATES : Gardens of grief

Chronique réalisée par pokemonslaughter

En 1990 naissait la première offrande musicale d'un futur leader de la scène extrême : At The Gates. Ce Mcd intitulé "Gardens of grief", représente un début correct pour le groupe : un death metal très technique, aux riffs complexes et saccadés, à la rythmique très variable et au chant dévastateur. Notons d'ailleurs le style déjà très particulier de Tomas Lindberg, dans un registre beaucoup plus grave que ce qu'il nous propose aujourd'hui. Les compos sont bonnes, regorgeants de riffs en tout genre, mais manquant tout de même singulièrement de côté "catchy" : en gros, il faut vraiment un paquet d'écoutes avant d'arriver à apprécier. De plus, le son de batterie est particulièrement faible, ce qui n'arrange pas l'écoute ! Bref, un Mcd pour les fans ou autres collectionneurs, qui pose déjà les bases du style At The Gates des deux premiers albums...

Note : 3/6

Page 96/212 WYNJARA : S/t

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Formé par d'anciens membres de Divine Empire et Malevolent Creation, ce Wynjara suit une voie bien moins brutale que ses deux illustres prédécesseurs. En effet, si nous causons toujours death metal ici, c'est un death metal lourd oppressant, aux influences heavy incontestables, et au concept "aborigène" pour le moins original ! Du coup l'album peut-être séparé en 3 parties distinctes : la partie death mélodique traditionnelle : "Mask of innocence", "Forseen demise", "Blind allegiance" qui nous ramène imméditament à un At The Gates période "Slaughter..", une partie death/hardcore beaucoup plus lente et meurtrière : "Hypnotized society", "Fall of empires" (véritable hymne à la beauté, désespérante et violente à la fois, le hit du disque, qui mérite à elle seule l'achat de l'album !), "Weak within", "Cross the line", "Animal magnetism", et une partie plus instrumentale appuyant le concept exploré ici : "Namarrkon", "Waratah", "Ngalyod", "Barnumbirr", qui constituent pour la majorité en de superbes pièces instrumentales soit aux claviers, soit aux guitares, et qui confèrent à cet album une aura unique, que je n'avais encore jamais ressentie sur un album de death ! Le chant quant à lui, se situe dans le grognement death très classique, et la production, hyper lourde et sans fioritures, appuie la lourdeur des compositions. Bref, encore un bon album chez Nocturnal Art, Samoth a vraiment du flair !

Note : 4/6

Page 97/212 :

Chronique réalisée par Progmonster

Pour ceux qui l'ignoreraient toujours, Secret Chiefs 3 peut se résumer à la formule suivante : Mr.Bungle sans Mike Patton. Dans le cas précis de cette nouvelle publication, "Book M", paru fin 2001, on pourrait rajouter : "avec la participation exceptionnelle de certains membres de Mr.Bungle, mais sans (probablement réquisitionné pour les sessions de Fantômas)". Du coup, ce nouveau chapitre dans leur systématique dynamitage par l'intérieur des musiques d'inspiration orientale repose, cette fois, entièrement sur les épaules du guitariste Trey Spruance. A part quelques poussées d'adrénaline sur "Dolorous Stroke", "Book M" affiche un équilibre que ses deux précédents volumes n'avaient pas. Ça ne veut pas dire que le grain de folie est absent, non, mais tout bien considéré, ce nouvel album se montre bien plus maîtrisé, bien plus réfléchi dans l'optique qu'il s'est fixé comme but d'atteindre. Les compositions originales (dans les deux sens du terme) côtoient avec égal bonheur des titres issus du répertoire traditionnel, voire des thèmes de musique de film, comme le "Blaze of the Grail" de Dottie Burman. Afro-funk ("Safina"), jungle ("Hagia Sophia"), chaque titre apporte sa saveur alors que la plupart des morceaux se résument à une rencontre explosive et réussie des musiques hindoues, asiatiques ou orientales passées à la moulinette electro. "Book M" restera pourtant une des étapes les plus confidentielles de la carrière d'un projet musical qui l'est tout autant. A tort ...

Note : 4/6

Page 98/212 :

Chronique réalisée par Progmonster

Inattendu, mais en fin de compte bien venu, pour tout ceux qui attendaient avec anxiété le successeur du mortel tellement qu'il est bon "Aenima" de Tool, le premier album d'A Perfect Circle n'allait pourtant pas satisfaire cette cohorte d'afficionados au bord de la crise de nerf. Certes, la présence de aux vocaux apporte une dimension que, seule, on pouvait trouver chez Tool, mais A Perfect Circle reste et demeure le véhicule privilégié de Billy Howerdel, proche collaborateur de Billy Corgan (Smashing Pumpkins) et (vous voyez ?). Complété par les interventions sur mesure du violon de et la rythmique infaillible de (Daredevils), la musique développée ici ne succombe pas à la tentation des longues expositions kilométriques qui sont la marque de fabrique de Tool, mais ne nous délivre pas pour autant du mal en développant eux aussi des ambiances toutes aussi sombres dans un format qui ne dépasse jamais les cinq minutes. Avec quelques touches électroniques et gothiques, voire industrielle, les ombres de Depeche Mode, et Killing Joke pointent à l'horizon. "Mer de Noms" reste un album compact et solide qui force le respect, enchaînant les titres de bravoure, et dont la réussite d'écriture pour un premier effort va de paire avec un esprit de concision bien venu.

Note : 4/6

Page 99/212 SAUSAGE : Riddles are abound tonight

Chronique réalisée par Progmonster

Après la lecture de cette chronique, Sausage ne devra plus passer inaperçu pour les inconditionnels de Primus ! Et ceux qui connaissent déjà devraient avec moi chanter à tue-tête les louanges de ce combo, sans aucun doute le projet annexe le plus tripant qu'ait jamais réalisé Les Claypool. En effet, paru en 1994, soit après les trois premiers albums studios du trio loufoque américain, Sausage rétablit l'ordre des choses en reconstituant sous ce nouveau patronyme le Primus originel. Les Claypool reste évidemment le moteur du groupe, avec sa voix nasillarde si particulière et son jeu de slap écoeurant, mais il retrouve ici Jay Lane à la batterie, plus préoccupé à garder le sens du groove que le très technique Tim "Herb" Alexander, et Todd Huth, à mille lieues des motifs noisy dessinés par la guitare de Larry LaLonde. Son jeu expressif, aux touches bluesy ou jazz, sait aussi, quant il le faut, sortir les crocs ("Prelude to fear", "Here's to the Man"). Difficile à dire lequel des deux guitaristes est le plus technique, chacun ayant une façon bien personnelle d'aborder l'instrument. D'ailleurs, Todd Huth aura l'occasion de faire parler la poudre la même année dans son propre trio, Porch. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'avec un batteur et un guitariste moins versatiles et plus ancrés sur les temps forts, Sausage a un côté plus brut de décoffrage, plus rentre-dedans que Primus. Cependant, les amateurs ne seront pas outre mesure dépaysés et retrouveront tout de même cet univers schizoïde et décalé, mais avec un propos plus près de l'os, illustré par des morceaux irrésistibles, et pour tout dire, indispensables, tels que "Shattering Song" ou "Girls for Single Men". Plus qu'un complément, "Riddles Are Abound Tonight" tient le haut du pavé aux côtés des meilleures réalisations de Primus, "Frizzle Fry" et "Sailing the Seas of Cheese" compris.

Note : 4/6

Page 100/212 Les Claypool (Les) : Highball with the devil

Chronique réalisée par Progmonster

Autre interlude dans la carrière de Primus, ce premier album solo de son chanteur, bassiste et incontestable leader, Les Claypool, va, bien malgré lui, révéler l'inéluctable destinée qui va s'abattre sur ce qui fût, en son temps, l'un des groupes les plus rafraîchissant à sévir sur la scène alternative américaine. Si son jeu de basse et sa voix restent sa marque de fabrique la plus identifiable, Les Claypool n'arrive pas à recréer l'alchimie particulière qui anime son groupe. C'est ici qu'on se rend compte que la folie douce de Primus ne dépendait pas uniquement des côtés les plus loufoques assumés il est vrai par le bassiste. Il y a un monde entre la démence et le grotesque. Il s'agirait de ne pas confondre. Désormais orphelin de Tim "Herb" Alexander, qu'un trop métronomique Brian Mantia (Tom Waits) viendra succéder aux fûts, "High Ball with the Devil" fait office, retrospectivement, d'avant-propos au déplorable "Brown Album" que Primus publiera un an plus tard. Le style Claypool ne surprend plus. Son univers qui pourrait se résumer en une version funky des Residents n'apporte plus d'éléments nouveaux. Ce n'est pas la reprise des Reddings ("The Awakening") ou la participation de Henry Rollins à "Delicate Tendrils" qui y changeront quelque chose. "Highball with the Devil" a un côté brouillon, presque amateur que Primus n'a pas, et en terme d'intensité, il se place également bien en dessous de ce qu'il accomplit tout récemment en compagnie du projet Sausage sur leur unique album, "Riddles are abound Tonight". Se reposant donc sur des compositions sans élan, gâchés par un humour de potache qui tombe à plat par manque de consistance, on se surprend, pour la première fois, à traverser un album de Les Claypool de part en part, sans ressentir le besoin d'y revenir. Une page est tournée.

Note : 3/6

Page 101/212 MASADA : א (Alef)

Chronique réalisée par Progmonster

Jusqu'alors tentant d'échapper aux amalgames et minimisant en bloc l'importance du patrimoine qui repose sur ses frêles épaules, comme sur celles de tout ses frères, il faudra attendre 1992, et "Kristallnacht", pour que John Zorn affronte enfin son passé et assume ses origines qu'il a toujours trouvé trop lourdes à porter. Outre le fait qu'il développera au sein de son label Tzadik une section toute entière dévouée à la "Radical Jewish Culture" ou aux "Great Jewish Composers", le saxophoniste d'avant garde américain réalise avec Masada son manifeste le plus vibrant, et sans doute aussi un de ses projets les plus réussis. En quelque sorte, le groupe Masada vient, un peu tard, s'installer dans la carrière de John Zorn comme le sceau de sa destinée, ce point inéluctable que ses tergiversations en terrain expérimental, jazz et hardcore préparaient depuis de nombreuses années. Il réunit autour de lui des artistes de même confession, et surtout de même talent ; Greg Cohen à la contrebasse, le fidèle à la batterie, introduit à Zorn par l'intermédiaire de Bill Frisell, et le splendide Dave Douglas à la trompette. Même s'il s'en défend bec et ongles, la musique développée par notre quartette réussit à canaliser la puissante vibration, l'énergie et le jusqu'au boutisme du free jazz aux élans klezmer qui dépeignent une identité troublante de lyrisme, à la fois haute en couleur et habitée par un sentiment mystique puissant. Masada comptera assurément dans l'histoire du jazz, du long de ces dix volumes, s'imposant comme une oeuvre totale.

Note : 4/6

Page 102/212 MASADA : ב (Beit)

Chronique réalisée par Progmonster

Bien que flatteuse, la comparaison avec le quartette légendaire d'Ornette Coleman (celui du début de carrière, celui avec Don Cherry et Charlie Haden, qui nous a valu des chefs d'oeuvre comme "The Shape of Jazz to Come" ou "This is Our Music", sans parler du mythique "Free Jazz", en 1961), ce légendaire quartette donc, qui se serait inspiré du folklore juif, cette comparaison, disais-je (excusez ma tendance irrépréssible à faire de longues phrases interminables), irrite pourtant John Zorn. Est-ce la connotation limitative qui le gêne ou une référence par trop embarassante ? Quoi qu'il en soit, l'aisance avec laquelle le groupe de John Zorn nous ballade dans sa musique, riche et regorgeant d'émotions fortes, redonne ses lettres de noblesse à l'idiome jazz que nous croyions à tort figé dans un académisme réducteur. Les souffles réunis de Zorn et Douglas sont tout simplement puissants et balayent tout sur leur passage. Une musique vivante, vibrante, et forte. Un groupe essentiel, important, historique.

Note : 5/6

Page 103/212 MASADA : ד (Dalet)

Chronique réalisée par Progmonster

Ultime publication de cette longue série, rétablissant l'ordre chronologique qui avait été longtemps maintenu suspendu (en raison de la superstition qui entoure le chiffre quatre dans la culture hébraïque), "Dalet" clôture et complète donc cette série essentielle dans l'histoire du jazz moderne. Perpetuant cette osmose qui lie toute l'oeuvre, ces enregistrements issus des sessions des trois premiers volumes sentent toutefois le réchauffé. Nul doute qu'on me dira qu'un tel argument n'est pas valable ; mais vendre un disque à plus de 20€ pour trois titres alors qu'il n'excède même pas la demi-heure, c'est cher payé la minute. A partir de là, le monde se divisera en deux groupes : ceux déjà acquis à la cause de Masada qui, en pestant, se procureront ce volume, résignés, et les autres, ces bienheureux, qui n'accordent pas d'importance dans le fait d'avoir ou non une "collection" déparayée, sachant pertinnement que cet achat ne leur est pas indispensable.

Note : 3/6

Page 104/212 MASADA : ה (Hei)

Chronique réalisée par Progmonster

Avec le troisième et le sixième volume, "Hei" est sans doute un des plus intenses que Masada nous ait livré dans le cadre de cette oeuvre en dix disques. Difficile de les départager, tous, puisque le mode d'expression est le même, puisque le but poursuivi n'est viable que sur la longueur. Il faut donc voir les disques de Masada comme un tout, desquels, comme souligné ici, certains joyaux brillent plus que d'autres. Par un concours heureux de circonstance ? Peu importe. Cette rencontre boulversante entre musique traditionelle juive et free jazz d'une insolente beauté nous rappelle l'importance et l'influence que possède la musique sur nos vies, quand celle-ci sonne vraie, au point de nous interpeller et réveiller en nous des sentiments que l'on croyait enfouis à jamais.

Note : 5/6

Page 105/212 MASADA : ו (Vav)

Chronique réalisée par Progmonster

Démarrant sur les chapeaux de roue avec "Debir" et "Shebuah", cette nouvelle livraison de Masada, conformément aux autres, poursuit son exploration des musiques traditionnelles juives avec l'urgence du free jazz. L'intensité est à son comble, l'implication des musiciens, totale. Douglas et Zorn donnent le ton et montrent avec audace et brio ce qu'un réel dialogue entre instruments à vent peut engendrer comme vibrations positives. "Mikreh" et "Nevalah" sont dépouillés de ce sentiment d'urgence pour ne garder que l'essentiel, et si les autres plages de l'album extrapolent leurs intentions dans des voyages que l'on se plait à suivre dans leurs moindres méandres, "Beer Sheba" clôt ce sixième livre avec la même vitalité et la même fougue qui nous avaient accueilli.

Note : 5/6

Page 106/212 MASADA : ז (Zayin)

Chronique réalisée par Progmonster

Ce septième tome met fin à la deuxième salve de trois disques qui comprenait les volumes 5 et 6. Cette logique mathématique, que ne renierait pas Anthony Braxton, se traduit jusque dans la présentation des disques qui s'unissent les uns aux autres par des tronçons de parchemins que l'on peut compléter en mettant, bout à bout, chaque série de trois disques. Mais comme l'a montré le volume 4, isolé de ces trois trilogies, ce choix ne se justifie pas par une volonté purement esthétique, mais plutôt pour se conformer à l'aspect mystique primordial qui est le véritable fil rouge de toute l'oeuvre du groupe.

Note : 4/6

Page 107/212 LORD BELIAL : Unholy crusade

Chronique réalisée par Sheer-khan

Lord Belial ne cherche visiblement pas à surprendre. «Unholy crusade» présente le même dark metal extrême que son excellent prédécesseur, toujours aussi vite, de mieux en mieux exécuté (la précision des musiciens est remarquable…), et toujours cette volonté d’intégrer l’ambiance et la mélodie sans laisser tomber la brutalité. Le groupe laisse plus ouvertement couler le heavy dans ses rythmiques et ses tensions, mais les mélodies se recentrent de plus en plus sur l’occulte et l’agressif. Elles perdent en intensité. A la recherche de l’efficacité purement coup de poing, le groupe suédois, sauvé par une maturité musicale encore accrue, semble, parfois, passer un peu à côté de sa propre musique. L’incontestable savoir-faire de composition aura été acquis, le temps de cet album tout au moins, au détriment d’une identité atmosphérique qui avait transcendé «Enter the moonlight gate». «Death is the gate» est de ce point de vue tristement révélateur. Riffs de sorcières, violence sombre, guitare acoustique, et le retour de la fameuse flûte, à dix secondes de la fin du morceau… mais tout cela ne s’élève jamais vraiment autant qu’on le souhaiterait. Pour autant, l’album est loin d’être de mauvaise augure, Lord Belial reste une bonne formation et continue de défendre la bannière d’un dark intègre et furieux comme peu d’autres en font. Les excellents passages ne manquent pas et au détour d’un solo ou d’un lead, les guitares atteignent une véritable beauté. La qualité est incontestable, mais on se demande dans quelle mesure le groupe est vraiment totalement sincère. A l’image des photos du groupe de plus en plus posing à mesure des albums, Lord Belial cherche peut-être un peu trop à nous signifier son énervement. Cela fait mouche dans l’excellent «Night divine», mais ce n’est pas toujours le cas. L’album est investi… mais il n’est pas très habité. Reste le dark metal de Lord Belial, aux lignes vocales parfaites, aux guitares sombres et violentes, à la puissance et à la vitesse imparables. Sans atteindre la magnifique ambiance de son chef-d'oeuvre, Lord Belial en offre tout de même avec ce troisième album un successeur de haute volée. Très gros 4...

Note : 4/6

Page 108/212 ROTTEN SOUND : Drain

Chronique réalisée par pokemonslaughter

La surprise grind/death de l'année est finlandaise et se nomme Rotten Sound ! En effet, cette formation, à l'instar d'un Nasum, tente de prendre le style à son comte et d'en remodeler les fondements. Le résultat s'en trouve ainsi être excellent : imaginez du punk années 80 boosté aux amphet' (c'est à dire joué à une vitesse supersonique) auxquels on aurait rajouté une bonne grosse voix hardcore/death, et vous aurez un aperçu de ce "Drain" ! Tout y est excellent : la voix parcourt l'ensemble du répertoire brutal (hardcore, death, black, tout y passe avec brio), les riffs, proches du punks, sont tous efficaces sans être pour autant ultra-techniques, et ne parlons pas de la batterie... C'est un véritable virtuose qui se trouve derrière les fûts ! Ecoutez "dirty currency", "Drain", "coldvenience", et hallucinez devant la rapidité et la technicité de son jeu ! Certainement l'un des atouts majeurs de cet album avec la production. En effet, cette dernière est surpuissante et vous renvoie immédiatement vers les oeuvres d' Entombed, surtout pour le son des guitares. Au final, on se prend une baffe monumentale d'une demi-heure, remplie de hits grind/death novateur : "Bastard behavior", "Vanity", "Abusement park" ou l'inoubliable "Supersatan" assurément l'un des meilleurs titres grind de tout les temps ! Enfin, jetez vous sur cet album fou, énergique, inspiré et montrant parfaitement avec Nasum que le grind n'est pas prêt de mourir !

Note : 5/6

Page 109/212 MASADA : ח (Het)

Chronique réalisée par Progmonster

Inaugurant une nouvelle et ultime série de trois disques, "Het", tout comme "Tet" et "Yod", sont le fruit des sessions au studio Avatar de New York, échelonnés entre août 1996 et septembre 1997. Cette fois, contrairement aux trois premiers volumes de la série qui regroupait les enregistrements d'une seule et même session, chaque disque est ici le résultat d'une session qui lui est propre. Difficile évidemment d'une fois encore se pencher sur un disque en particulier puisque l'homogénéité de l'oeuvre ne laisse que peu de marge à une analyse au cas par cas. Alors, en toute subjectivité, même si cela reste bien évidemment du jazz de haute voltige, mon coeur balançant toujours pour les six premiers titres de la série (excepté le volume 4), je n'attribuerais à "Het" qu'une côte moyenne.

Note : 3/6

Page 110/212 MASADA : ט (Tet)

Chronique réalisée par Progmonster

Toujours aussi bon, je n'ai que peu d'arguments à faire valoir pour défendre une oeuvre aussi imposante, avouant par la même occasion ma totale incapacité à vous donner un compte rendu critique et constructif sans éviter la redondance. Ma seule motivation étant ce besoin irrépressible de partager avec vous ce sentiment que j'éprouve pour une série de disques qui, isolement, doivent se plier aux contraintes réductrices, et parfois peu révélatrices, des notes, alors que pour l'ensemble, c'est un 6 sur 6 sans équivoque que j'aurais attribuer sans la moindre hésitation. Essayez, vous allez voir, c'est pas facile. D'ailleurs, j'invite à s'y coller toutes les bonnes âmes qui sont prêtes à affûter leurs plumes pour tracer le compte rendu de la série tout aussi colossale d'albums en public de Masada...

Note : 3/6

Page 111/212 EBONY TEARS : Tortura insomniae

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ebony Tears... Voilà bien le genre de groupe malheureux qui sortit un excellent album, reconnu par tous comme un chef-d'oeuvre, mais qui n'eut jamais le succès mérité. L'exemple le plus parlant étant certainement ce "Tortura insomniae" qui apporta un souffle nouveau dans la scène suédoise sans avoir jamais été reconnu comme tel ! Pourtant ce disque vaut le détour ! Imaginez un mélange entre In Flames (pour la fougue et les mélodies heavy et accrocheuses), Opeth (pour les ambiances sombres très particulières), auxquels on aurait rajouté un superbe violon distillant de superbes mélodies enchanteresses, apportant un intelligent contrepoids à l'agression des guitares. Le résultat se trouve ainsi être assez formidable : une flopée de hits heavy/death mélodiques hyper accrocheurs aux intonations très gothiques indéniables comme en témoignent "Freak jesus", la parfaite "Nectars of eden" faisant du In Flames mieux qu'In Flames lui-même, "Opacity" et bien d'autres encore... De plus, le groupe utilise une instrumentation très riche (violons omniprésents, guitares classiques, claviers, pianos, chant féminin), ce qui lui permet d'alimenter sa musique en breaks enrichissants aux intonations très diverses. Le chant quant à lui se situe dans un registre très black, mais convainc moyennement il faut le reconnaître. Idem pour la production, un petit faible, mais qui bien heureusement n'handicape en rien la musique. En fait, le principal défaut de ce disque, c'est sa relative confidentialité qui accompagna sa sortie, et le fait qu'il vieillit assez mal : 4 ans après sa sortie, je l'écoute toujours, mais avec un plaisir bien moins grand qu'à sa sortie. Est-ce moi ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il que nous avons là un grand album pour un groupe qui s'essaiera par la style dans des styles bien différents...

Note : 5/6

Page 112/212 MASADA : י (Yod)

Chronique réalisée par Progmonster

Jusqu'au bout, l'insolente réussite et l'assurance affichée du quartette de John Zorn nous aura fait chavirer et tourner la tête plus d'une fois. Cette série prend fin sur un superbe "Yod", incisif, et toujours aussi débordant d'énergie et de lyrisme. Les mots de la fin, le monstrueux "Abrakala" et l'expéditif "Zevul" nous font seulement regretter que l'histoire s'arrête ici. Une bonne opération, tout de même, pour notre portefeuille, qui nous aura laissé exsangue. Néanmoins, on pourra se consoler en se retournant, inlassablement et avec délectation, sur ce patrimoine imposant que l'expérience Masada nous a concédé.

Note : 5/6

Page 113/212 OBTAINED ENSLAVEMENT : Witchcraft

Chronique réalisée par Sheer-khan

"Witchcraft" est un monument mélodique, un bijou d’atmosphère, un déferlement de grandeur et de puissance. A la nuit tombée, les bougies s’allument... un peu partout dans la forêt. Des silhouettes furtives se dépêchent dans les ténèbres : cette nuit se tient sous le ciel étoilé une maléfique assemblée. Obtained enslavement qui vous a conduit jusqu’ici, de fait, ne pratique pas la musique mais bel et bien la magie noire. Des guitares en fusion, des claviers en pluie de cendres et Torquemada en maître artificier ourdissent les plus beaux sortilèges, et ce n’est pas en crapaud qu’ils nous transforment, mais en poussières d’étoiles. Tout cela est coloré de mélodies hallucinantes, d’enchaînements diaboliques, de flux et de reflux harmoniques qui vous emportent si haut que même l’épouvantable violence du seigneur Pest vous charme les oreilles comme le chant d’une sirène. C’est un véritable déluge maléfico-musical. Obtained enslavement fait partie de ceux qui mettent dans chacune de leur pièce autant de richesses et de détails que la plupart dans tout un album. Impossible d’échapper à cette ambiance, impossible de ne pas être subjugué par la beauté des mélodies, impossible de ne pas se sentir emporté par ce qui est, incontestablement, une des plus grandes messes noires jamais données. Nous voici tous victimes... transformés en sorcières. Black symphonique extrême... ciselé et ornementé comme un sceptre précieux. On le prend dans sa main et on le regarde pendant des heures, encore et encore, et on ne s’en lasse jamais. Chaque pierre qui le compose brille d’un éclat parfait, il y a mille et une couleurs, et tout cela dans le noir ? A album définitif, sentence définitive : "Witchcraft" est un des plus beaux disques de l’histoire du métal.

Note : 6/6

Page 114/212 TOOL : Undertow

Chronique réalisée par Progmonster

En 1993, le grunge assoit totalement sa domination sur le monde avec les Smashing Pumpkins, mais aussi et surtout , Soundgarden, Alice in Chains et Nirvana (alors encore en activité). La même année paraît pourtant "Undertow", premier manifeste de ce jeune groupe encore méconnu, Tool, qui attendra patiemment dans l'ombre l'heure propice où il pourra, à son tour, dicter sa loi. Ce qui démarque nos quatre lascars de leurs congénères, c'est le parti pris artistique ouvertement engagé par le groupe, se traduisant tout d'abord par un impact visuel retentissant, qui se veut le plus lugubre et le plus angoissant possible (voir livret). Mais c'est aussi ce choix résolu — et toujours pas démenti à l'heure actuelle — de ne pas concéder le moindre terrain aux solos et autres démonstrations stériles. Le propos principal de Tool s'articule autour de l'agencement d'ambiances, noires et lourdes. Pour l'heure, Maynard James Keenan n'a pas encore ce charisme qui en fera dans quelque temps la figure de proue de la scène alternative. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que Henry Rollins soit convié à poser sa voix sur "Bottom" afin de pallier ce manque. L'album laisse présager sans le moindre doute ce qui fera le succès du groupe dans les années à venir (en particulier sur les deux derniers titres, le quasi instrumental "Flood" et l'industriel "Disgustipated") mais pour cela, il faudra attendre que la production terne qui sévit ici devienne brillante, profonde et précise grâce à l'intervention toujours magique de David

Bottrill (King Crimson). Ce sera pour "Ænima", trois ans plus tard.

Note : 4/6

Page 115/212 MASADA : ג (Gimel)

Chronique réalisée par Progmonster

Troisième volume du premier tir groupé, "Gimel" est aussi celui qui convainct le plus et qui réussira, à coup sûr, à convertir les plus sceptiques. Loin d'être d'une accessibilité sans faille, ce troisième disque vous harponne néanmoins dès les premières mesures où Zorn, Douglas, le discret mais têtu Cohen et Baron affichent tout leur savoir faire. "Ziphim", l'apaisant "Abidan", "Katzatz", bref, tous les titres de cet album ne cessent de nous prodiguer plaisirs et émerveillement. "Bar Kokhba", l'album du Masada Chamber Ensemble, se nourrira d'ailleurs d'une grande partie du répertoire ici présent, c'est dire si Zorn a bien senti qu'il avait livré ici, avec son groupe, une de ses plus belles prestations. Pour le reste, je vous invite chaudement à tenter l'expérience par vous-mêmes. Impossible que vous le regrettiez.

Note : 5/6

Page 116/212 ABSU : The third storm of cythraul

Chronique réalisée par Sheer-khan

Occulte, survitaminé, sur-speed et complexe. Voilà ce que donne cet album des américains d’Absu. Avec la vitesse comme principe de base, le trio nous offre un black-trash assez étonnant et riche. A l’aide des sons et d’un talent certain pour les riffs et les structures, Absu arrive à faire de son hystérie à priori agaçante une véritable identité. La voix de Proscriptor est celle d’un adolescent en pleine crise et son jeu de batterie commence à être assez impressionnant. Les guitares ne laissent aucun répit. Le groupe pratique allègrement les cassures et les breaks à la limite de l’incompréhensible. Tout cela est très tendu, très dynamique, à tel point qu’on en loupe souvent la mélodie à la première écoute. Mais elles sont bien là, intelligentes et nombreuses, et elles sont plutôt efficaces. La diversité appréciable des compositions permet d’éviter l’indigestion pure et simple, mais il faut reconnaître que le groupe a du mal à nous emporter plus d’un quart d’heure d’affilée. Mais c’est un très très bon quart d’heure. Quelque chose de très atmosphérique traverse cette musique malgré sa densité et sa vitesse, et pas uniquement lors des quelques passages plus lents avec synthés ou reflets heavy, ou autres ponts acoustiques. «Of celtic fire…», pièce maîtresse de l’album, montre que le vocabulaire du groupe est plus large qu’il ne veut encore le montrer ; les solii sont assez beaux et la technique irréprochable ; l’utilisation de la guitare acoustique et une plus grande maturité rythmique font de ce dernier morceau le meilleur de l’album. La musique d’Absu intéresse, elle peut même captiver, impressionner, mais il lui manque peut-être encore quelque chose pour la rendre vraiment attachante. Elle est déjà pleine de furie et de qualités, néanmoins.

Note : 4/6

Page 117/212 ABSU : Tara

Chronique réalisée par Sheer-khan

Avis aux excités : «Tara» est pour vous ! A mesure qu’Absu progresse en technique et musicalité, loin de ralentir ou de chercher le juste équilibre, le groupe continue sa course folle vers la vitesse et la nervosité. Sir Proscriptor McGovern, batteur, a définitivement coulé un plomb. Frisés dans tous les sens, breaks incessants et ininterrompus ; son style est simple : suivre aux fûts chaque note de guitare, et lorsqu’on connaît la furie des guitares du trio Américano-écossais on ne peut que s’incliner devant le jeu de ce fou furieux, même si, pour ma part, je reste un peu dubitatif devant tant de débauche démonstrative. Mais avec «Tara», Absu frappe très fort. La voix est plus agressive, car moins aiguë, les riffs, toujours extrêmement rapides et tendus sont tout simplement parfaits, à leur place. L’esprit occulte qui souffle dans le crâne de nos trois malades prend ici toute sa saveur, grâce à une véritable maîtrise d’un style, pourtant vraiment casse-gueule. «Tara» sonne comme une campagne guerrière menée tambour battant par un clan d’allumés en kilt noirs. Il leur aura fallu un certain temps, mais Absu démontre enfin la crédibilité de sa démarche. A la vitesse arrivent enfin à s’ajouter violence et brutalité, et cette hystérie qui faisait un peu sourire jusqu’ici chez le groupe frappe désormais en plein dans le bide. Et l’ambiance est toujours là. Comment ces trois p’tits gars arrivent-ils à nous faire autant voyager au milieu des monts noirs et des fumées soufrières sans jamais baisser la garde ni jouer autre chose que leur fameux Black-trash guitaristique ? Voilà qui est vraiment impressionnant, subjuguant. «Pillars of mercy», «From ancient times…» ou encore «Vorago» sont autant de cachets de speed pure à s’envoyer dans le nez. A l’arrivée, la personnalité du groupe est flamboyante et incontestable. Elle reste un peu agaçante à la longue, un peu systématique, mais ils sont réellement inspirés, doués, et force est de constater qu’ils soignent bien leurs compos. Une mention particulière pour «Stone of destiny» qui élargit la palette. Un album à prendre ou à laisser, mais il est difficile de ne pas reconnaître qu’Absu est bel et bien devenu un maître du métal extrême, très extrême…

Note : 5/6

Page 118/212 SATYRICON : The shadowthrone

Chronique réalisée par Sheer-khan

Le froid, la mélancolie, le désespoir. Ce deuxième album de Satyricon reprend les sentes neigeuses où nous conduisait «Dark medieval times», mais il nous emmène plus loin. L’intégrité true black de l’excellent prédecesseur est ici moins intense, Samoth est dans la place, mais l’intégrité du sentiment, finalement, y gagne. Déjà enclin aux ambiances symphoniques, Satyr donne plus d’importance au piano, aux nappes envoûtantes, à la subtilité des riffs, dont la personnalité s’affirme. Sombre et souvent encore assez lent, le black ici présent est une longue complainte norvégienne, chœurs viking, chants guerriers, et l’esprit si intensément présent d’un glorieux passé. C’est à la fois brut et sophistiqué, sombre et lumineux, compliqué et si merveilleusement, si simplement beau. Il fait froid par ici, très froid, et même si on est plus dans les petits matins brumeux que dans la nuit profonde, il ne s’agit pas de contes pour enfants. La langue norvégienne est belle et Satyr entend bien la défendre. Les guitares acoustiques, le piano, les riffs excellents, les blasts de Maître Frost, et cette voix si Evil sont traversés de nostalgie autant que de rancœur, et finalement, Satyr rend ici un hommage à son pays plus vibrant que dans ses projets plus purement folkloriques, car il y laisse libre cours à sa noirceur. «Vikingland», au titre si évocateur, est une merveille. Ce n’est pas la seule de cet album. Chaque riff sonne comme un hymne guerrier, et chaque son nous montre la forêt, les montagnes et les lacs. Plus riche, plus inspiré, plus mûr, «The shadowthrone» transforme l’essai marqué par «Dark médieval times». Et il conduit tout droit à «Nemesis Divina».

Note : 5/6

Page 119/212 ULTRA VOMIT : Kebabized at birth

Chronique réalisée par Stéphane

Voilà une démo de death / grind qu'il fait plaisir d'entendre ! En effet on est partagé entre le côté délirant de leur musique et l'aspect massif est surpuissant qu'apporte un son énorme et une production de grande qualité. Les guitares sont massives et pesantes, bien grasses à souhait, et les vocaux alternent entre les cris stridents et les grognements sourds, tout cela dans une bonne humeur générale, ce qui rend l'écoute de ce "Kebabized at birth" encore meilleure. L'influence de Gronibard se fait sentir, mais n'est en rien un plagiat de ceux-ci, et les parties mid tempos se voient juxtaposées à des parties plus groovies, ou destructrices, et même à des passages plus thrash. Cette deuxième démo des Nantais est un pur régal que je recommande vivement à tous les fans du genre.

Note : 5/6

Page 120/212 The Doors : Soft Parade

Chronique réalisée par Spotted Tail

Soft Parade est le 4e album des doors et sort en juillet 1969 dans un contexte particulier : en effet, suite au concert du 1er mars à Miami où Morrison a harangué la foule en s’exhibant , le maire de la ville l’a attaqué en Justice. L’enregistrement et la sortie de l’album se font donc pendant son procès (Jim en ressortira indemne). Sur le titre "The soft parade" , il chante d’ailleurs qu’il se cherche un sanctuaire, un endroit où se cacher (des accusations portées contre lui ?). Musicalement, cet album a beaucoup surpris les fans et ne fait toujours pas l’unanimité aujourd’hui. On sent que le groupe cherche un nouveau son et expérimente. L’orchestration est elle aussi différente de part l’emploi de cuivres de cordes. "Easy Ride" et "Runnin’ Blue" sont des titres joyeux et plein d’entrain, assez Rythm and Blues, ce qui peut surprendre au vue de la noirceur de beaucoup d’autres compositions de nos artistes. En face de cet accueil mitigé de la part du public, on notera que l’album comporte paradoxalement de vrais succès commerciaux comme "Touch Me" et "Tell all the people", d’ailleurs d’excellents titres. On retiendra aussi "Shaman’s Blues" et surtout "The Soft Parade", une superbe fresque musicale et poétique de 8 minutes 40, entraînée par un mouvement rythmique original de la part de Densmore et un superbe jeu de congas. A l’arrivée, cet opus s’avère donc appréciable : Morrison, Manzarek, Krieger et Densmore cherchent à donner un second souffle à leur carrière par un album original, et à bien des égards exotique. Personnellement, je préfère quand même nettement les trois premiers.

Note : 4/6

Page 121/212 James Murphy (James) : Convergence

Chronique réalisée par Sheer-khan

James Murphy est une des plus grandes figures du metal extrême. Death, Obituary ou plus récemment Testament, entre autres, ont fait appel à ses solii fabuleux. Car il n’y a pas vraiment d’autre mot. Pour ce premier album solo, James affirme son penchant pour le trash, Devin Townsend, Eddie Ellis ou encore l’épouvantable (c’est très respectueux…) Chuck Billy s’occupent de magnifier les morceaux chantés. Du trash, donc, et de grande qualité. Mais c’est aussi beaucoup, beaucoup d’autres choses. Les pièces sont très travaillées, alternent les genres et les ambiances, guitare acoustique soudaine, claviers (Matt Guillory !) en nappes, et pourtant tout cela est parfaitement cohérent. Ambiances hallucinantes garanties. James Murphy est très, très fort. Inutile d’essayer d’évoquer les solii, ils sont évidemment subjuguant de techniques mais aussi de musicalité, d’originalité. Les deux solistes invités, Head et Howe donnent le meilleur d’eux-mêmes pour être à la hauteur. Les pièces instrumentales sont imprégnées de l’esprit des maîtres : Satriani ( Convergence), Vai (Vision), mais un maître, Murphy en est un, et ses morceaux lui appartiennent. Vai, par exemple, pour ce côté presque jazz, cette volonté de toujours surprendre, et ici, c’est une réussite. Ce recueil est très riche, très varié, les pièces sont complexes mais parfaitement accessibles tant cela est fluide et intelligent. Exigeant avec lui-même, le James, très exigeant. Mais pas avec nous. Il nous livre sa variété, sa culture, son génie sur un plateau, toute sa guitare déjà légendaire… on n’a plus qu’à se servir.

Note : 5/6

Page 122/212 DARK FUNERAL : Vobiscum satanas

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Après nous avoir dévoilé les "Secrets of the black art", revoici nos suédois de Dark Funeral qui reviennent nous asséner une nouvelle leçon de black-metal. Car c'est en effet une véritable démonstration de maîtrise qui se déroule à l'écoute de ce "Vobiscum satanas" Si certains pensaient que Mayhem était la formation la plus froide existante, et bien ils feraient mieux de jeter une oreille à ce disque ! Jamais encore un groupe de black-metal ne m'avait donné une telle impression de froideur et de haine. Dark Funeral pousse son black-metal à l'extrême, le vit intérieurement, lui permettant ainsi de nous proposer (comme le dit très justement Stéphane) de véritables symphonies sataniques ! Ainsi, tout l'album, de sa première note jusqu'à la dernière, respire le mal. Un mal indicible, refoulé, exprimé au travers de blast beats monstrueux, d' enchaînements d'accords cinglant et glaciaux, et surtout de hurlements black vraiment extrêmes (assurés par l'ancien vocaliste d'Hypocrisy). La haine se ressent tout le long des 8 titres sans jamais faiblir, et c'est bien-là ce qui est surprenant : alors que le style du groupe paraît limité, Dark Funeral parvient à transcender sa musique pour la rendre varié à l'écoute. C'est assez difficile à dire, mais bien que les titres se ressemblent beaucoup, on ne se lasse pas de les réentendre. Ceci étant notamment assuré par les breaks plus lents (ah ce final sur "The black winged horde !) et terriblement diaboliques qui contribuent également à créer cette atmosphère que je ne retrouve que sur ce disque. Cependant, réduire ce disque à ses seules compositions serait oublier le principal : le son ! C'est bien simple, nous avons là pour moi LA production parfaite pour un groupe de black ! Peter Tägtgren a ici réalisé sa meilleure réalisation : les blast beats sonnent incroyablement violents, la voix est parfaitement mixée, légèrement en retrait, donnant ainsi une impression de "hurlement" accrue, et puis il y a surtout ces guitares... Absolument incroyables ! Elles sonnent quasiment comme des claviers, et sont certainement les responsables de cette aura maléfique entourant le disque ! Sinon textuellement, le groupe reste très classique ( un "satan" toutes les 20 secondes), mais ce n'est pas là le véritable interêt du disque. Voici pour moi l'album le plus glacial qu'il m'ait été donné d'entendre, le genre de disque dont je ne me lasserai jamais, et qui se trouve être particulièrement bon à écouter seul dans le noir...

Note : 6/6

Page 123/212 SLIPKNOT : Slipknot

Chronique réalisée par Møjo

Est-il encore utile de présenter Slipknot, l'un des (sinon le) groupes ayant le plus fait parler de lui ces dernières années. Pour ce deuxième disque, pas mal de changements. Au niveau du line-up tout d'abord, le groupe s'enrichit de deux trois cinglés supplémentaires, la voix ensuite, est désormais confiée à , et la production enfin, est mise entre les mains de monsieur Robinson. La musique proposée ici n'a plus grand chose à voir avec l'excellent "Mate Feed Kill Repeat", la formation a versé une grosse louche de death dans ses compos, les rythmes sont par ailleurs plus hardcore, le chant n'est plus du tout guttural, simplement gueulé (la voix hurlée de Corey m'est par ailleurs, proprement insupportable), et le groupe revient à des formats plus conventionnels, que d'autant qualifieront de "radio". La volonté de faire sauter les barrières, est elle aussi moins flagrante, on notera tout de même la présence de nombreux samples et de scratch sur la plupart des compos. Les compos justement, passons rapidement sur les quelques massacres que s'est permit le groupe ("(sic)", "Diluted", pour ne pas les citer... ah ben zut), pour le reste, c'est simple, les meilleures compos sont celles qui ressemblent le moins aux autres. Le single "Wait and bleed", le très entraînant "Spit it out", l'excellent "Me inside", ou les très torturés "Prostethics" et "Scissors". Pour ma part, je dois avouer que j'ai bien plus de mal à attacher au style proposé sur ce freesbee que sur le précédent, et que je ne comprends pas du tout comment il a pu faire naître un tel engouement, surtout du côté des neo-metalleux qui ne me semblent vraiment pas le public approprié à Slipknot. Sachez également que la première pression du disque proposait une tracklist différente, on y trouvait les deux trois notes d'indus présentes à la fin de "(sic)" en version longue, ainsi qu'un d'un vieux titre de la formation. Vous pouvez toujours gratter.

Note : 3/6

Page 124/212 EBONY TEARS : A handful of nothing

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Wow ! Que de changements ! Soyons clairs d'entrée : ceux qui ont aimé le premier album d'Ebony Tears "Tortura insomniae" ne risquent pas de se retrouver dans ce "Handful of nothing" ! Apparemment, le combo n'était pas de bonne humeur au moment de la composition et cela s'entend ! Alors que "Tortura..." officiait dans un style très proche d'un In Flames, Dark Tranquillity voire Opeth, ce "Handful..." serait à rapprocher du brutal thrash d'un Terror 2000 ! Mais attention, le changement est impressionnant mais pas désagréable : le groupe n'a pas perdu son sens mélodique et nous balance tout simplement un excellent album bourré de riffs ultra acérées ET mélodiques (chose rare !), de rythmiques "marteau-piqueur", et d'un chant plus agressif encore, entre le black et le hardcore. La production, très agressive et claire, accroît encore cette violence exacerbée, et je dois avouer que l'on s'en prend vraiment plein la gueule à la première écoute ! Sinon, il est difficile de sortir un titre du lot, si ce n'est "Erised", petite oasis au violon d'1 minute 30, perdue au milieu de ce déluge d'agression. Bref, un bon album de thrash mélodique, mais qui n'a rien à voir avec son prédécesseur. Qu'on se le dise !

Note : 4/6

Page 125/212 (Frank) : Freak out !

Chronique réalisée par Progmonster

Au moment où je m'apprête à me lancer dans la bataille, pour vous proposer, bande de petits veinards, un compte-rendu de la discographie officielle de Monsieur Frank Zappa (57 disques quand même), je ne peux m'empêcher de repenser à cet homme d'exception disparu le 4 décembre 1993. Ce visionnaire musical, ce vulgarisateur de talent, a été, tout au long de sa carrière, aussi influent par l'universalité de sa musique que par ses prises de positions politiques, et dont l'esprit frondeur crée, aujourd'hui, un terrible manque dans une société occidentale plus que jamais en déliquescence. "Freak Out !", premier double album de l'histoire du rock, est publié en 1965. Tout en se pliant au moule des chansons rockabilly, yé-yé et doo-wop de l'époque, l'album jette un fameux pavé dans la mare. Leur relent contestataire s'affiche d'entrée de jeu avec "Hungry Freaks, Daddy" où Zappa et son groupe, les Mothers of Invention, s'emploient à démolir le rêve américain sur des arrangements d'une richesse rare (notamment par l'emploi du vibraphone, mais aussi d'une complète section orchestrale). C'est plus tard contre l'état répressif que se tournent les critiques ("Who Are the Brain Police ?") ; ils évoquent également les émeutes dans les ghettos noirs ("Trouble Every Day" où l'on peut l'entendre scander "hey, you know something people ? i'm not black but there's a whole lots of times i wish i could say i'm not white"), toujours avec ce décalage, cette distance, qui ne se laisse pas emporter par la rage que de telles injustices peuvent provoquer. Zappa, en artiste engagé et réfléchi, met déjà en place la trame de fond de toute sa carrière ; la déstabilisation du système par l'ironie au travers du courant musical le plus à même de rencontrer un succès de masse, le rock, dont il se servira pour accomplir son rêve ultime : devenir un compositeur émérite. Et cela se traduit déjà par deux monstrueuses pièces, "Help I'm a Rock", à la basse lancinante, et "The Return of the Sun of Monster Magnet", collage dada, sexuellement explicite, et complètement barré, qui révèle déjà l'influence considérable de son maître à penser, Edgar Varèse, au travers du travail effectué sur les percussions. Comme premier disque, les Mothers of Invention font donc très fort, en débarquant dans le paysage musical tel un ovni, qu'ils sont et qu'ils vont rester.

Note : 5/6

Page 126/212 Frank Zappa (Frank) :

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Au grand dam de Verve, "Freak Out !" rencontre un succès sans précédent pour un disque aussi atypique et aussi franchement peu commercial dans l'approche. Ils s'engagent donc à faire perdurer l'expérience et, après une tournée de cinq mois, les Mothers rentrent en studio pour publier le sans équivoque "Absolutely Free". Si Zappa doit composer avec le départ de Elliot Ingber, devant désormais assumer seul les parties de guitare, les Mothers of Invention voient aussi l'arrivée essentielle de aux claviers et Jim "Motorhead" Sherwood au saxophone. Tout en continuant sa satire politique (""), on l'aura compris, le son du groupe va s'étoffer d'avantage et la musique composée par Zappa ne va plus servir uniquement de véhicule pour des textes engagés mais va commencer, tout doucement, à regorger de références multiples (l'introduction du thème de "Petroushka" de Stravinski dans "Status Back Baby") et à développer un langage quasi cinématographique, devenant ainsi l'illustration sonore du contexte évoqué. C'est une approche unique qui va rester partie intégrante de l'univers de Zappa, tout au long de ses quatre décennies d'activité, et qui influencera bien plus tard un groupe comme Mr.Bungle.

Note : 4/6

Page 127/212 Frank Zappa (Frank) :

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Première œuvre d'envergure à la prétention démesurée, c'est sous le seul nom de Francis Vincent Zappa qu'est publié ce farouchement expérimental "Lumpy Gravy", où l'artiste américain peut ouvertement faire valoir son amour immodéré pour les musiques sérielles, contemporaines et dodécaphoniques avec, toujours, ce fort accent porté sur un travail énorme aux percussions (vibraphone et xylophone en tête). Articulé majoritairement autour de thèmes qui apparaîtront sur ses albums ultérieurs ("Oh No" sur "", et "Take Your Clothes Off When You Dance" sur "We're Only in It for the Money"), les parties orchestrales et chatoyantes jouées par le Abnuceals Emuukha Electric Symphony Orchestra & Chorus ( ?!) sont entrecoupées par de courts passages jazz ou rhythm'n'blues, ainsi qu'une multitude de collages divers et de dialogues en tout genre, rendant le tout on ne peut plus chaotique. Pourtant, l'œuvre est généreuse et fait preuve d'une incroyable maturité. Si "Freak Out !" et, à sa suite, "Absolutely Free" avaient rencontré un incroyable succès, "Lumpy Gravy" sera, lui, un échec cuisant. Il est pourtant la première réelle porte ouverte à l'univers déjanté de Frank Zappa. L'homme se lance donc dans l'écriture d'une œuvre, sur la longueur, et en lettres capitales, qui aura différentes grilles de lecture, pouvant se lire en long comme en large, à revers, et à rebours. Opulent et magistral, "Lumpy Gravy" est à recommander à ceux qui ont déjà quelques pièces du puzzle Zappaien dans leurs bagages. Il risquera, au contraire, de dérouter ou d'en dégoûter les autres.

Note : 4/6

Page 128/212 Frank Zappa (Frank) : We're only in it for the money

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Se voulant une parodie du "Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band" des Beatles sorti la même année (la pochette détournée de l'originale et, fatalement, censurée, se retrouvant dans l'insert), "We're Only in It for the Money" se veut un retour au pamphlet social le plus dur et à l'aspect le plus frondeur des Mothers of Invention, décliné sous forme d'une vingtaine de petites comptines toutes aussi touchantes que délurées. "Who Needs the Peace Corps ?", "Mom & Dad", "Harry, You're a Beast", "What's the Ugliest Part of Your Body ?", "Hot Poop" (Caca chaud), "Let's Make the Water Turn Black" et "Mother People", à la complexe construction, sont les exemples les plus brillants d'un groupe plus iconoclaste que jamais et qui prend un malin plaisir à brouiller les cartes. Zappa répond déjà oui à la question qu'il sera seul à poser : "Peut-on faire de l'humour en musique ?". Si l'amusement est total et communicatif, "We're Only in It for the Money" innove par ses techniques studio inédites où Zappa triture les bandes, les inverse, les juxtapose et instaure déjà ce qu'il appellera sa continuité conceptuelle en introduisant des passages de ses œuvres précédentes, ou à venir, dans certains des titres ici présents. Seul, "The Chrome Plated Megaphone of Destiny", à l'instar de "The Return of the Sun of Monster Magnet" sur leur premier album ou l'album "Lumpy Gravy", renoue avec l'aspect le plus expérimental et le plus farouchement abstrait de Zappa. Deux petites choses encore ; Don Preston, absent de cette session, est remplacé au pied levé par qui va se révéler être un des plus solides piliers des prochaines productions de notre bande de fous furieux. Ensuite, il est important de noter que la présente réédition a eu la judicieuse idée de restaurer le mixage d'origine, qui avait été retravaillée par Zappa en 1986, à l'époque de la ressortie en cd sur son propre label - couplé alors à "Lumpy Gravy" - et où les parties de basse et de batterie avaient été remplacées par un son plus actuel, dénaturant quelque peu l'ensemble.

Note : 4/6

Page 129/212 Frank Zappa (Frank) : Cruising with Ruben & The Jets

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Alors que Zappa cumule les procès (avec McCartney pour son parodique "We're Only In It for the Money", mais aussi avec sa maison de disque pour divergence d'opinion), il s'invente le personnage de Ruben Sano et son groupe, les Jets, et sort le très logiquement intitulé "Cruising with Ruben & The Jets". La pochette du fidèle Cal Schenkel donne le ton et l'on peut lire dans un phylactère : "Serait-ce un disque des Mothers of Invention sous un autre nom dans une ultime tentative désespérée d'entendre leur musique diffusée à la radio ?". Cet album, loin d'être une concession, dénote pourtant sauvagement avec l'entièreté du catalogue discographique de Zappa. Faussement crédité en 1955, histoire de brouiller encore plus les pistes, l'album se veut un hommage à la fois parodique et nostalgique à la musique doo-wop que Frank Zappa affectionne. Il comprend même un mode d'emploi, dessiné de la main du même Schenkel, se voulant une initiation à comment danser le bop, et comment se faire une coiffure en banane ! Anecdotique, bien qu'ils reprennent ici de vieux titres issus du répertoire du groupe avant qu'ils ne s'appellent les Mothers, il voit s'opérer, une fois encore, un nouveau changement dans la fine équipe où débarque cette fois Arthur Dyre Tripp III à la batterie, en remplacement de

Billy Mundi.

Note : 2/6

Page 130/212 Frank Zappa (Frank) : Uncle Meat

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"Uncle Meat" est un des disques les plus authentiques de Zappa, mais aussi une étape charnière ; le conflit qui l'opposait à MGM auquel il proposa un projet ambitieux toujours rejeté (résumer l'histoire des Mothers en douze disques !) s'envenime, le label gardant de plus les droits d'exclusivité sur les albums déjà parus à la grande colère de Zappa qui claque donc la porte. Ce projet, il va le soumettre à la Warner sous une version édulcorée, sans pouvoir pour autant terminer le film qu'il désirait publier en parallèle, faute d'argent. C'est ainsi qu' "Uncle Meat" voit le jour. Imposant et impressionnant à beaucoup d'égards, il confirme la voie ouverte par "Lumpy Gravy" deux ans plus tôt mais pris, à présent, à bras le corps, par les membres qui constituent le corpus du Mothers actuel, fruit d'incessants changements de personnel. Ainsi, on retrouve ici les premières traces de la sublimissime Ruth Rumanoff (future épouse de Ian Underwood) aux percussions qui, de sa marque indélébile, va apporter à la musique de Frank Zappa une dimension unique. Le "Main Title Theme" en ouverture scelle le sort de ceux qui veulent se pencher sur cette nouvelle évolution dans la carrière d'un groupe qui va se plier aux exigences d'un Zappa qui s'affirme de plus en plus en tant que compositeur de grand talent. Constitué dans sa majorité de piécettes courtes mais bourrées d'innovations rythmiques, l'album trouve encore de la place pour caser leur sens parodique ("Electric Aunt Jemina"), alors que son travail d'arrangeur atteint des paroxysmes de raffinement inégalé en multipliant et en affinant ses techniques studio (en faisant varier la vitesse des bandes magnétiques par exemple) qui annoncent déjà son prochain chef-d'œuvre, "". Outre quelques incartades sous forme de dialogues, et la présence d'un extrait des chutes du film que Zappa voulait réaliser pour sa réédition cd, "Uncle Meat" illustre également la tendance free jazz et jazz rock dans laquelle le groupe semble s'engouffrer peu à peu ("Ian Underwood Whips it Out" et la prodigieuse suite ""). Encore une fois, un disque essentiel dans la carrière du bonhomme, rendu un peu plus difficile à ingérer par la présence de longues plages en extra, mais qui nécessite une connaissance au préalable de son univers avant de pouvoir en savourer la substantifique moëlle.

Note : 5/6

Page 131/212 Frank Zappa (Frank) : Hot Rats

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Second album sous son propre nom, "Hot Rats" est définitivement l'album référence de Frank Zappa. Le travail de remixage, tout-à-fait remarquable, confère au disque, déjà excellent, un goût d'absolu. Pour cette réédition, Frank Zappa, limité alors par les moyens techniques d'époque, a multiplié le nombre de pistes pour y introduire de nombreuses séquences rythmiques qu'il destinait au départ, permettant à "Hot Rats", dans sa version cd, de sonner exactement comment l'artiste le désirait. Avec cet album, le terme jazz rock prend tout son sens ! Exception faite de la partie vocale éructée par son ami sur le fameux "Willie the Pimp", qui révèle, pour la première fois, le guitariste d'exception qui se cache derrière cet arrangeur et ce compositeur hors pair, la palette sonore des morceaux présentés ici est d'une infinie richesse où violon, basse, et percussions viennent s'entrechoquer dans un maelström jouissif, joués par des musiciens surqualifiés, triés sur le volet. On retrouve, entre autres, à ses côtés, Ian Underwood, mais aussi un jeune Jean-Luc Ponty, fraîchement débarqué de France. "The Gumbo Variations", incandescent, reste la seule facette improvisée d'un disque qui s'illustre avant tout par l'excellence de son écriture : les instrumentaux "Little Umbrellas", "It Must Be a Camel" aux ambiances très jazzy, mais surtout "" sont les fers de lance d'un album dont le succès ne s'est toujours pas démenti. Bien qu'il ne révèle qu'une des multiples facettes du personnage, "Hot Rats" est, par essence, le meilleur ambassadeur qui puisse exister à l'univers de Zappa. Un disque essentiel. Un arrêt obligé. Un chef-d'œuvre.

Note : 6/6

Page 132/212 Frank Zappa (Frank) :

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C'est au tour des Mothers de revenir avec ce "Burnt Weeny Sandwich" (1970) qui poursuit, lui aussi, la grammaire mise en place par le gargantuesque "Uncle Meat". Mais on ne peut pas à proprement parler dire qu'il s'agit là d'un nouvel effort puisqu'il est tout entier constitué d'enregistrements en studio et en concerts, échelonnés entre 1968 et 1969. À sa manière, par le choix de ses titres et leurs agencements, "Burnt Weeny Sandwich" apparaît déjà comme un résumé de la carrière des Mothers, sans pour autant en arborer ses facettes les plus extrêmes. Ainsi, l'album s'ouvre et se clôt sur deux nouveaux pastiches doo-wop, "WPLJ" et "Valarie" qui ne laissent, au départ, rien présager de ce qui va suivre, au sein d'une formation qui s'est montrée apte, à de nombreuses reprises, à se fondre dans des langages musicaux différents, parfois au cours d'un seul et même titre, avec cette aisance si spontanée. L'hommage à Stravinsky est plus fort que jamais ("Igor's Boogie, Phase One and Two") et l'exploration de la musique contemporaine continue (on retiendra surtout le lyrique "Holiday in Berlin, Full-Blown"). Ici aussi, Zappa persiste et signe dans son intention de faire de la musique une forme d'expression totale où, sessions studios et prises en concert se côtoient donc avec un égal bonheur ("The Little House I Used to Live In", long de près de vingt minutes, seul élément à mettre sur le compte du jazz). En réalité, beaucoup de remous secouent la formation de Zappa qui est en train de vivre ses dernières heures…

Note : 3/6

Page 133/212 Frank Zappa (Frank) : Weasels ripped my flesh

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Les profonds changements s'opèrent au sein des Mothers qui, mis à part Ian Underwood, semblent se constituer autour d'une toute nouvelle équipe. Histoire de patienter un peu, Frank Zappa se replonge une fois encore dans la quantité invraisemblable de bandes enregistrés dont il dispose pour nous en extraire cette fois "Weasels Ripped My Flesh", le plus ouvertement free de tous ses disques, témoins des prestations des Mothers en concert, de 1967 à 1969, réarrangées, réorchestrées et mises en lumière par ses propres soins. Outre "Directly from My Heart to You", blues de R.W.Penniman, il comporte aussi le thème chanté et toujours aussi enjoué de "Oh No", qui fit sa première apparition sur "Lumpy Gravy", et sa suite lyrique, "The Orange County Lumber Truck". Un titre comme "My Wants to Kill Your Mama", jusque là inédit et seulement disponible en 45tours, s'impose, une fois de plus, comme l'exemple type à même d'illustrer les talents d'arrangeur extraordinaire de Zappa puisque le titre subit ici un lifting total avec une orchestration enrichie. Pour le reste, les autres titres de l'album s'émancipent de toutes structures conventionnelles, et s'affichent comme un festival d'improvisation à l'opulente richesse d'où s'extirpent multitude de sonorités et de thèmes rythmiques aussi obsédants les uns que les autres ("Didja Get Any Onya", "Eric Dolphy Memorial Barbecue", "Dwarf Nebula Processional March & Dwarf Nebula"). C'est à nouveau le cas sur "Toads of the Short Forest" qui se termine en cacophonie orchestrée alors que son thème d'ouverture, typiquement Zappaien, ne laissait en rien présager un tel traitement. Il serait incomplet de ne pas mentionner les parties vocales démentielles et complètement allumées qui ornent "Prelude to the Afternoon of a Sexually Aroused Gas Mask", sans doute à l'origine des délires de Lars Hollmer et sa bande de joyeux lurons au sein du collectif progressif suédois . Impossible d'ignorer non plus que le disque se referme sur son cinglant titre éponyme ; une note tendue et prolongée qui laisse l'auditeur dans un rare moment de trouble et de gêne, sur le mode de l'agression sonore. Ce témoignage des Mothers, unique en son genre, révèle leurs aspects les plus jusqu'au boutistes, à ne recommander qu'aux inconditionnels qui trouveront en lui, pour sûr, une véritable mine d'or.

Note : 5/6

Page 134/212 Frank Zappa (Frank) : Chunga's revenge

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"Chunga's Revenge" est le troisième album à paraître crédité au seul nom de Frank Zappa. Derrière l'arbre se cache la forêt des projets que Zappa compte mener de front. Ainsi, essuyant la défection de quasi tous les membres des Mothers, tous partis pour des fortunes diverses (dont on retiendra principalement qui ira fonder , ou Arthur Tripp et s'en allant rejoindre le Magic Band de Captain Beefheart), Zappa est obligé de mettre sur pied une nouvelle formation, autour de lui et du fidèle clavieriste/saxophoniste Ian Underwood. Un nouveau Mothers voit donc le jour avec le recrutement des vocalistes fous des Turtles, et , rebaptisés pour l'occasion Phlorescent Leech and Eddie, mais aussi le claviériste et surtout le batteur Aynsley Du212ar qui va mettre de côté son aventure avec le Retaliation pour se consacrer tout entier à l'œuvre de Zappa. Le résultat se rapproche de ce que les Mothers avaient jadis de plus irrévérencieux avec une esthétique plus rhythm'n blues, blues, voire carrément hard rock ("Tell Me You Love Me"), avec aussi ce soupçon de ridicule nécessaire pour en faire du Zappa pur jus ("Would You Go All the Way ?", "Sharleena", "Rudy Wants to Buyz Yez a Drink"). Ce virage blues est confirmé avec "Road Ladies" et surtout le monumental "Transylvania Boogie" qui, en ouverture, nous met tout de suite dans le bain. Mais ce titre, comme tous les autres instrumentaux de l'album ("Chunga's Revenge", "Twenty Small Cigars" issu, et cela s'entend, des sessions "Hot Rats"), sont le fruit du travail du Hot Rats Ensemble, à vocation donc instrumentale et beaucoup plus axée sur le jazz, orientation que les forces en présence permettent désormais sans la moindre équivoque. En bout de course, "Chunga's Revenge", sans être essentiel dans l'œuvre de Zappa, s'impose en tant qu'élégant compromis, revenant à un discours plus accessible qui, et ce n'est pas rien de le noter, fera mouche en rencontrant un certain succès public.

Note : 4/6

Page 135/212 Frank Zappa (Frank) : Fillmore East, june 1971

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Occupé dans la première moitié de l’année 1971 à la réalisation de son premier film, l’orgiaque «», Zappa trouve le temps de roder ses nouveaux Mothers et publie très rapidement ce live pour lequel il demande à son graphiste attitré, Cal Schenkel, de pondre un design sommaire, proche des bootlegs des Mothers qui ont tendance alors à pulluler, histoire de leur barrer la route. Contrairement à d’autres formations, l’interaction entre le public et les artistes sur scène est totale ; en effet, les membres des Mothers invitent la foule à se plier à des leçons de danse ridicules («The Mud Shark»), entraînant une vague de rire et une ambiance communicative qui peut difficilement laisser indifférent. Le côté arty, anarchiste et frondeur est donc bel et bien de retour avec des titres tirant à boulet rouge sur l’innommable («Latex Solar Beef» parlant des déconvenues des hémorroïdes, ou «Bwana Dik», un avant goût du très justement nommé «Penis Dimension») et ce qu’il est de bon ton de descendre (en l’occurrence, le star système, de Robert Plant à Elton John, sur «Do You Like My New Car ?»). Pour l’occasion, Jim Pons vient remplacer à la basse, rejoignant ainsi ses anciens acolytes des Turtles avec lesquels ils reprennent ici leur plus gros succès («Happy Together»). George Duke, lui aussi entre deux chaises, s’absentera de manière provisoire, et il faudra réquisitionner les talents de Bob

Harris et Don Preston pour palier à son absence.

Note : 3/6

Page 136/212 Frank Zappa (Frank) : 200 motels

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Zappa arrive à ses fins en mettant la touche finale à son premier grand œuvre : "200 Motels" ! Ne se contentant pas seulement d'en composer la musique, Zappa va également prendre en main la réalisation et la production de ce film atypique. Bien qu'à petit budget, le projet se révèle énorme et les caprices que s'octroient Zappa (Le Royal London Symphonia Orchestra, le Top Score Singers de la mezzo soprano Janet Ferguson, le Classical Guitar Ensemble de John Williams) ne pourront pas être amortis par le lamentable échec de cette suite sans queue ni tête qui s'inscrit sans effort dans l'école psychédélique post-68. L'histoire (une ville refuse que les Mothers viennent se produire en concert chez eux) est le prétexte à mille et un délires ; le batteur des Beatles, Ringo Starr, joue le rôle de Zappa, Keith Moon, batteur des Who, lui, fait une apparition remarquée en nonne nymphomane…Bref, c'est le bordel, et les images, multipliant les effets les plus kitsch possibles, se veulent un pendant du foutoir que peuvent créer les Mothers sur disque. Si la projection du film nécessite un courage quasi héroïque pour pouvoir en venir à bout, la musique du film est, comme on aurait pu s'y attendre, à mi-chemin entre tout ce que Zappa nous a proposé jusqu'ici. En dehors des parties vocales de mauvais goût prises en charge par Flo&Eddie, se concentrant presqu'exclusivement sur ce qui se passe en dessous de la ceinture, les pièces instrumentales les plus ambitieuses veulent emboîter le pas à l'osmose imparable d'un "Uncle Meat". Bien qu'intéressantes, certaines de ces pièces sonnent comme incomplètes, dépourvues des images qu'elles sont sensées illustrer. "200 Motels" reste au final une des pièces les plus imposantes de toute la carrière de Frank Zappa, mais on la regarde plus avec curiosité et circonspection que par pure fascination.

Note : 2/6

Page 137/212 Frank Zappa (Frank) : Just another band from L.A.

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L'échec de son film, l'incendie du Casino de Montreux où le groupe a perdu tout son matériel (immortalisé par Deep Purple sur le titre "Smoke on the Water"), les notes de frais qui s'accumulent, tout concorde à faire de l'année 1971 une des années les plus difficiles pour Frank Zappa. Pour couronner le tout, en décembre de la même année, il se fait projeter de la scène par un spectateur fou furieux, convaincu que Zappa faisait les yeux doux à sa copine. Désormais immobilisé chez lui, il ne lui reste pas d'autres choix que de démantibuler cette nouvelle formation des Mothers qui avait si difficilement vu le jour. Pendant sa longue convalescence, Zappa ne tarde pas à mettre en boîte ce témoignage posthume, et à nouveau sur scène, des Mothers seconde mouture, intitulé "Just Another Band from L.A.", et tiré de prestations faites en Californie durant le mois d'août. Le groupe se montre toujours aussi en verve et inclut son sens satyrique dans la longue suite "Billy the Mountain", mini film musical où il est désormais très clair que Zappa se sert de la musique pour souligner certains passages de l'histoire, comme autant d'onomatopées. On y retrouve aussi son goût pour la référence (Stravinsky encore, mais plus étonnant, Crosby, Stills & Nash). Bref, tous les éléments qui font de la musique de Zappa une expérience unique au lyrisme exacerbé sont ici réunis. La forme pourrait cependant apparaître relativement abrupte à celles et ceux pas encore accoutumés à ce genre de boucherie musicale. Il faudra attendre quelque temps avant que Zappa ne revienne pleinement à cette veine parodique qui n'a toujours pas cessé de diviser son auditoire entre ceux qui pensent qu'il confond sans cesse blague de potache avec musique, et ceux qui pensent que faire les cons et faire de la musique, c'est parfois la même chose…

Note : 3/6

Page 138/212 Frank Zappa (Frank) : Waka jawaka

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Plâtré pour sept longs mois qui vont lui paraître une éternité, Frank Zappa, dont la vie entière est vouée à la musique, cet homme qui, en tournée, ne cesse d'écrire et d'écrire de nouvelles musiques, que ce soit en bus ou dans les chiottes, va donc consacrer son temps libre à la composition d'œuvres de plus en plus complexes. Son projet majeur en ses temps troubles, c'est la mise en chantier d'un grand spectacle, "Hunchentoot", pour lequel il prévoit décor, histoire, musique, casting… Une fois encore, le projet sera sabordé, mais il conservera précieusement ses ébauches de travail qu'il trouvera assurément l'occasion de placer dans quelques temps dans sa généreuse discographie. Il s'attelle alors à la réactivation du Hot Rats Ensemble dont on avait pu entendre les premiers faits d'armes sur "Chunga's Revenge". Aynsley Du212ar et son compagnon du Retaliation, Alex Dmochowsky - surnommé Erroneous - à la basse, George Duke, sont donc rappelés, mais aussi Tony Duran, le crucial Sal Marquez, à la trompette, Mike Altschul et Joel Peskin aux cuivres qui viennent compléter une formation plus que jamais ouvertement engagée dans l'idiome jazz rock. "Big Swifty", en ouverture, est d'emblée une des pièces les plus ambitieuses de Zappa, avec son introduction cartoonesque d'une minute à peine, lyrique en diable, qui annonce une longue exposition de plus de seize minutes, faite de dialogues entre les musiciens tous aussi splendides les uns que les autres. Le titre éponyme, quatrième et dernière plage de l'album, adopte à peu de chose près le même profil avec, enchâssées entre ces deux titres, deux chansonnettes, baroques et complexes qui, pour l'une ("Your Mouth") porte encore des traces du discours parodique des Mothers alors que l'autre ("It Just Might Be a One-Shot Deal"), avec une approche similaire, se pervertit en cours de route en s'insufflant elle-même des éléments sonores avant-gardistes, renouant avec l'audace du fameux "Uncle Meat". Très simplement, "Waka/Jawaka" compte parmi les plus belles réalisations de Frank Zappa.

Note : 5/6

Page 139/212 Frank Zappa (Frank) : The grand wazoo

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Au milieu de l'année 1972, Zappa retrouve l'usage de ses deux jambes et s'empresse de les prendre à son cou pour constituer au plus vite un autre de ses projets les plus fous ; partant sur les bases du Hot Rats Ensemble, il crée le Grand Wazoo Orchestra avec lequel il part tout de suite en tournée et où l'on retrouve une vingtaine de musiciens émérites. C'est le véhicule idéal pour Zappa qui, plus que jamais, révèle ses talents de compositeurs, au travers de l'interprétation de son matériel le plus tarabiscoté, écrit pendant sa longue période d'immobilité. Hélas, le public et les critiques ne voient pas d'un bon œil les performances de ce large ensemble, le public rock lui reprochant de s'éloigner dans des digressions trop jazz, alors que le public jazz snobe cette musique hybride qui, pour eux, n'a rien de jazz ! Zappa tente toutefois de corriger le tir en élaguant quelque peu sa formation. Mais rien n'y fait. Avant qu'il ne soit trop tard, et motivé prioritairement par les frais élevés qu'il risquait vite de n'être plus à même d'assurer, il arrête les frais et décide de rentrer en studio pour immortaliser ce qui est en fait une des trois pièces maîtresses de la carrière du bonhomme. L'inégalable richesse des arrangements et la multitude des instruments utilisés ici servent à la narration par le son d'une trame scénaristique lyrique et onirique unique au concept fulgurant ; la bataille entre l'orchestre du Grand Wazoo et les Médiocrates qui veulent occuper le territoire en y distillant leur musique nullissime, comme l'illustre superbement, une fois encore, la pochette signée Cal Schenkel. Le discours de Zappa ne fut peut-être jamais à ce point intellectualisé, mais il faut être sourd pour ne pas se prosterner devant cet impressionnant résultat, les pièces les plus accessibles - mais pas le moins du monde les moins méritantes - étant le jazzy funky "Eat that Question" à la mélodie imparable, et "Blessed Relief", coda émouvant et poignant. "The Grand Wazoo" ne se contente pas d'être grand ; il est monumental.

Note : 6/6

Page 140/212 Frank Zappa (Frank) : Over-nite sensation

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Si l'aventure "Grand Wazoo" fit l'objet d'une grande satisfaction, l'exigence d'interprétation qui demandait des exécutants capables de les jouer en refroidit plus d'un. Ainsi, le départ le plus symptomatique que Zappa devra essuyer sera celui d'Aynsley Du212ar, parti poursuivre sa route, tantôt aux côtés d', tantôt aux côtés de David Bowie. Pourtant, Zappa va prendre tout le monde à contre courant en reconstituant une troisième et ultime version des Mothers, et sans conteste, sa plus déterminante. Voulant sciemment renouer avec un discours plus grand public, tout en gardant les éléments clés de ses dernières productions, Zappa fait à nouveau appel à des techniciens hors pairs sans lesquels sa musique ne pourrait pas voir le jour ; aux côtés des désormais habitués George Duke, Ian Underwood, et son épouse, Ruth (enfin partie intégrante du groupe), Zappa rappelle Jean-Luc Ponty et réquisitionne Sal Marquez auxquels il joint les frères Fowler, Bruce et Tom, qui débaucheront avec eux le batteur Ralph Humphrey. Tout ce beau monde est réuni pour un premier baptême de feu en se produisant en concert dès février 1973, et c'est quatre mois plus tard que sera publiée leur première trace discographique, "Over-Nite Sensation". Sur ce disque, Zappa réussit la gageure de réconcilier son public, toute période confondue, en faisant la synthèse parfaite de tout ce qui l'a amené jusqu'ici. "Zomby Woof" et "Montana" concilient complexité d'écriture et efficacité, "I'm the Slime" réintroduit l'aspect le plus contestataire de Zappa en un pamphlet ouvertement anti crétinisation de masse via le media télévisuel, et "Dinah-Moe Humm" montre que rien n'a dissuadé Zappa de parler de sexe, de la manière la plus salace qui soit, sur le beat d'un funk groovy proprement irrésistible. Virtuose sans être démonstrative, la musique de ces nouveaux Mothers semble avoir trouvé le mode d'expression idéal qui permet de réunir tout le monde autour du même disque et où chacun y trouvera son compte. Ce savoureux mélange, proprement inclassable, de rock, de jazz et de funk (avec la participation exceptionnelle des Ikettes), devient, en quelque sorte, la marque de fabrique de Zappa qui ne s'embarrasse plus, désormais, de chanteurs trouble-fête puisqu'il décide d'assumer seul ce poste, de sa voix profonde et goguenarde.

Note : 5/6

Page 141/212 Frank Zappa (Frank) : (')

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La formule est tellement au point que Zappa ne tarde pas à remettre les couverts, et c'est "Apostrophe(')" qui surgit de sa nouvelle marmite musicale avec, à la clé, son premier disque d'or. Le bonhomme ne s'est pas vendu pour autant ; la rencontre de ces mille et uns univers a été tellement bien ingérée que Zappa en ressort avec une musique universelle, apte à toucher tout le monde, du bambin à la grand-mère. Au travers de ce disque, Frank Zappa continue de nous charmer avec des saynètes surréalistes, scénarisées dans le moindre détail, où chaque instrument, bien en place, vient ponctuer de ses interventions les actions de l'histoire qui nous est contée. Le procédé qui avait fait ses preuves sur "Billy The Mountain" (sur "Just Another Band from L.A.") et qui constituait la trame de fond de "The Grand Wazoo", bénéficie d'un éclairage qui se veut plus accessible auprès du grand public. Si les aventures de l'Eskimo Nanook amuse, les parties instrumentales qui l'accompagnent sont une fois de plus sidérantes (hommage éternel à sur, entre autres, l'introduction de "St.Alfonzo's Pancake Breakfast"), et "", qui compte remettre à leur place les nombreux charlatans diseurs de bonne aventure, se plie au même procédé avec égal bonheur. Pour l'occasion, quelques invités viennent prêter main forte à l'achèvement d'une musique vibrante et vivante ; Jack Bruce, chanteur et bassiste de Cream, pour la seule plage instrumentale qui donne son titre à l'album, Aynsley Du212ar et Erroneous pour un titre, "Oncle Remus", Sugar Cane Harris en remplacement de Ponty, parti faire fortune avec le Mahavishnu Orchestra, en appui de Ralph Humphrey, et le nouveau venu, Napoleon "Murphy" Brock, chanteur soul noir américain, mais aussi saxophoniste ténor, qui va apporter encore plus de chaleur à un groupe qui n'en était déjà pas avare. "Apostrophe(')" fait partie de ces disques rares qui ont ce talent de vulgarisateur, dans le bon sens du terme, qui arrivent à distiller toute leur science dans un langage plus abordable pour le commun des mortels. Une musique aux multiples couches et aux innombrables facettes que l'on ne finit pas de redécouvrir face à l'abondante richesse qui l'anime.

Note : 6/6

Page 142/212 Frank Zappa (Frank) : Roxy & elsewhere

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Le terrain de prédilection des Mothers a toujours été la scène, et cette formation n'échappera pas, elle non plus, à son témoignage officiel. Jim Gordon s'en va et est vite remplacé par . Aux trombone et à la basse qu'ils manipulent déjà, les frères Fowler convient leur frère Walt à venir jouer de la trompette. Si l'on compte la défection, cette fois définitive, de Ian Underwood, les Mothers of Invention sont donc neuf sur scène et partent sur les routes pour nous proposer, une fois encore, un spectacle total. Zappa décide de piocher dans l'intégralité de son répertoire en enchâssant des thèmes de ses œuvres précédentes dans des morceaux plus actuels, ou inversement, accréditant sa théorie de la continuité conceptuelle dont le chien Fido nous parlait déjà dans le morceau "Stink Foot" qui clôt "Apostrophe(')". Énergique et vivifiant, les titres présents sur cet album en concert sont tous des inédits de la même teneur que ses deux albums précédents, "Over-Nite Sensation" et "Apostrophe(')". Assurés par Napoleon "Murphy" Brock au chant, "Penguin in Bondage", "Pygmy Twylyte", "Village of the Sun", "Cheepnis", parodiant les films de science-fiction de série B, nécessitent tous une virtuosité remarquable quant à leur exécution, mais les titres sont joués dans une bonne humeur communicative que leur aisance à les interpréter annihile tout effet de m'as-tu-vu. Chacun de ces morceaux a droit à sa petite introduction où Zappa explique en long et en large la trame de l'histoire que le groupe est sur le point d'interpréter, introduction idéale pour tout ceux qui n'auraient pas encore saisi toutes les subtilités dont sa musique regorge. "Son of Orange County" et "More Trouble Every Day" permettent de faire un saut dans le temps en revenant aux origines des Mothers ; leur réorchestration permet également à Zappa d'affiner sa technique guitaristique de plus en plus proéminente, de plus en plus accomplie, au lyrisme imperturbable et habité.

Note : 5/6

Page 143/212 Frank Zappa (Frank) : One size fits all

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La complexité d'écriture et sa stricte interprétation finit par avoir raison de quelques âmes supplémentaires qui, découragées ou vidées de leurs forces, jettent l'éponge. Zappa se retrouve au commande d'un Mothers amoindri, mais s'entête malgré tout à perdurer dans cette voie et continue à demander à ses musiciens de lui livrer le meilleur d'eux-mêmes, ne réadaptant pas sa musique, sous peine de la déforcer. Une tournée intensive est nécessaire pour que le groupe, réduit à six, puisse enfin trouver ses marques et livrer des prestations aussi solides, si pas supérieures (voir le second volume de la série "You Can't Do that On Stage Anymore", publié en 1988), à celles livrées en formation plus étendue. Deux ans après la sortie d'"Apostrophe(')", "One Size Fits All" voit donc le jour et sera le dernier épisode de la période la plus brillante de Frank Zappa, où il aura réussi à cumuler succès artistique et succès critique. L'entrée en matière, "Inca Roads", est d'une complexité rare, joué avec une précision diabolique et une sensibilité à fleur de peau. Le chorus que prend Zappa sur ce titre est d'ailleurs tout aussi phénoménal d'intensité. Couplé à "Florentine Pogen" et "Andy", cette trilogie constitue les pièces les plus ambitieuses de ce nouveau disque. Le thème "Sofa N°1", paru à l'origine pour son spectacle jamais monté "Hunchentoot" (tout comme, d'ailleurs, le thème de "The Grand Wazoo" qui avait été réarrangé pour l'occasion), trouve sa place ici à côté de titres toujours aussi parodiques et ouvertement inspirés par le funk ou le rhythm'n'blues (on notera d'ailleurs la présence, à ce titre, de Johnny "Guitar" Watson), sans nuire pour autant à la solide cohésion de l'ensemble. L'aventure Mothers troisième du nom, et Mothers tout court tant qu'à faire, s'arrête donc ici. Mais Frank Zappa est loin d'avoir livré son dernier mot…

Note : 5/6

Page 144/212 Frank Zappa (Frank) :

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Exceptionnellement en 1975, après des années de brouilles, Frank Zappa se réconcilie avec son vieux pote, Don Van Vliet aka Captain Beefheart (qui faisait déjà une apparition anonyme sur " One Size Fits All "), et décident d'un commun accord de tourner ensemble. "Bongo Fury" est le fruit de cette collaboration ponctuelle qui s'apparente plus à la juxtaposition, à la rencontre, de deux mondes, plutôt qu'à une fusion de leurs genres respectifs. Mis à part Denny Walley, seul renfort du Magic Band convié à la fête, c'est une version en déliquescence aggravée des Mothers qui supporte les deux front man. Chester Thompson fait son dernier tour de piste avant de rejoindre Weather Report pour l'unique "Black Market", avant de s'enterrer en tant qu'alter ego de Phil Collins au sein de Genesis. Entre en scène qui, après Aynsley Du212ar, est le batteur avec lequel Zappa va entretenir les rapports les plus privilégiés. Pendant ce temps, George Duke, attiré par les sirènes du commercial et voyant la musique de Zappa opérer un virage marqué qui tend à s'éloigner du jazz, va remettre en cause sa présence au sein du groupe. D'ailleurs, sa participation à "Bongo Fury", très blues comme on aurait pu s'en douter, est très limitée et va donner l'impulsion définitive au choix qu'il hésitait à assumer. "Debra Kadabra" et "Advance Romance" sont les moments forts de ce disque, à considérer comme une pause qui intervient dans un moment à nouveau très délicat.

Note : 2/6

Page 145/212 Frank Zappa (Frank) : Zoot allures

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Lâché, pour ainsi dire, par ses derniers collaborateurs au sein des Mothers, exception faite de Napoleon "Murphy" Brock et Terry Bozzio qui ne le lâchent pas, Frank Zappa va se retrouver, pour la première fois, et depuis très longtemps, à la tête d'un tout petit quintette, trop petit pour ses ambitions démesurées. D'abord s'essayant à une nouvelle formation à grand orchestre dont il conservera les bandes pour des publications ultérieures, Zappa finira par se plier à un certain réalisme en composant avec ce qu'il a sous la main. Roy Estrada, de retour de chez Beefheart, intègre le groupe, ainsi que Davey Moire et Dave Parlato, de manière tout à fait temporaire, sans oublier le coup de main providentiel de Ruth Underwood (sur, entre autres, "Ms.Pinky" et "Friendly Little Finger"). "Zoot Allures" va donc très logiquement revenir à cette veine parodique et iconoclaste qui lui a valu tant de quolibets. Dans le genre, "Disco Boy" et "Wind up Workin' in a Gas Station" font preuve d'un sens de la dérision prononcé, mais ont fort à faire face à trois titres hauts en couleurs ; les instrumentaux "Zoot Allures", tout en subtilité, et le blues possédé "Black Napkins" (parmi ses plus beaux solii de guitare), mais aussi "The Torture Never Stops", récit sado-masochiste qui déploie ses dix longues minutes sur un parterre de râles orgasmiques. Zappa montre qu'il arrive à s'adapter à toutes les situations et s'en tire avec les honneurs. Mais si l'esprit est là, ce retour à un discours simplifié contraste assez violemment avec les productions touffues qu'il nous avait desservi, sans discontinuer, depuis maintenant près de cinq ans.

Note : 3/6

Page 146/212 Frank Zappa (Frank) : In New York

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Comme s'il avait besoin de ça, Zappa va, à nouveau, se retrouver au milieu d'un règlement de compte procédurier qui va, cette fois, l'opposer à son label Warner qui, devant la menace de voir Zappa vendre ses bandes à d'autres firmes, s'approprie son dernier projet en date (un coffret 4 vinyles intitulé "Läther", se voulant imposant de par son approche hétéroclite, réunissant à la fois enregistrements en concert, prises studios et pièces pour large ensemble contemporain) et vont s'enticher à le démantibuler en quatre parties bien distinctes, annihilant par là-même le résultat initialement visé. La première de ces sorties non légitimes est le présent double live, "In New York", témoignage tout à fait singulier d'une prestation en comité à nouveau plus élargi lors de la veillée de Noël de 1976. Zappa a eu le temps de tester ses nouvelles recrues, et bien qu'à cinq, ils montrent suffisamment d'allant que pour se risquer, eux aussi, à l'interprétation de pièces aux structures complexes. Mis à part Roy Estrada qui décroche devant tant de difficulté, Zappa trouve en Patrick O'Hearn le remplaçant idéal, peut-être le bassiste le plus subtil qui ait jamais travaillé pour lui. Soutenu par un large ensemble de cuivres où officient les frères Brecker, Ruth Underwood fait un retour remarqué, à laquelle s'ajoute encore la venue de Ray White en lieu et place de Napoleon "Murphy" Brock, et Eddie Jobson, claviériste et violoniste, ayant transité par Roxy Music et King Crimson. Dans la veine de ce que l'on avait pu entendre chez les Mothers dernière époque, "In New York", bien que non destiné au départ à être présenté sous cette forme, allie à nouveau cette précision d'orfèvre dans l'exécution d'une musique riche, et un sens de la dérision unique et salvateur. Que cela soit à New York ou ailleurs, Zappa se montre toujours aussi monstrueux.

Note : 5/6

Page 147/212 Frank Zappa (Frank) :

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Le second album à paraître, dépouillé de son propriétaire, est le nommé "Studio Tan", dont l'horrible pochette, comme celle des deux autres à venir, "Sleep Dirt" et "Orchestral Favorites", est signée de la main de Gary Panter. L'album est constitué, une fois encore, d'un matériel de tout premier ordre qui fait d'autant plus regretter que Zappa ait, en quelque sorte, été écarté du projet. "The Adventures of Greggery Peccary", d'approximativement vingt minutes, et qui aurait dû, à l'origine, clore le coffret "Läther", ouvre ici l'album où l'on se plaît à reconnaître une version encore plus aboutie de ce qu'était déjà l'imposant "Billy the Mountain" en 1972. L'interaction entre la musique et le récit fonctionne à merveille et l'humour est omniprésent. De toute évidence, les bandes écumées ici proviennent de travaux enregistrés entre 1974 et 1976, où Zappa s'essayait à diverses formules avant de reconstituer sa dernière mouture des Mothers. D'ailleurs, c'est sans surprise que l'on retrouve ici des noms connus comme ceux de Ruth Underwood, Chester Thompson ou George Duke, les trois en toute grande forme pour l'interprétation du mythique "Rndzl" qui faisait les beaux jours des Mothers en concert. "Revised Music for Guitar and Low-Budget Orchestra" réintègre les membres de la large formation qui l'accompagnait déjà sur "Lumpy Gravy" pour un résultat néo contemporain qui s'illustrera d'avantage sur "Orchestral Favorites". Le carré d'as se complète par un extrêmement parodique "Lemme Take You to the Beach", enregistré en compagnie d'Eddie Jobson, dans le plus pur style de ce que l'on a pu entendre sur "Zoot

Allures".

Note : 3/6

Page 148/212 Frank Zappa (Frank) : Sleep dirt

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La majorité des titres présents sur ce "Sleep Dirt", monté de toute pièce par Warner - et que Zappa destinait à son coffret "Läther" - constituait, en réalité, le matériel de base de la pièce avortée "Hunchentoot" que le guitariste tenta de monter vaille que vaille en 1972. C'est dire si, les problèmes se cumulant, on s'éloignait du dessein qui leur avait été dressé au départ. Pour compléter cette collection, les titres "Filthy Habits" et "The Ocean is the Ultimate Solution", enregistrés en trio aux côtés de la section rythmique Terry Bozzio - Patrick O'Hearn, mettent en valeur un Zappa toujours plus habile de sa six cordes, où il déploie toute l'étendue de son jeu dans une veine, par moments, à consonance progressive. À son opposé, la courte plage acoustico-instrumentale qui donne son nom à l'album montre une facette sensible qu'on ne lui connaissait pas. Lorsque Frank Zappa recouvre les droits de ses disques, il ne tente pas pour autant de reconstituer le coffret ; il décide plutôt de republier les cds tels que Warner s'était permis de le faire à l'époque. Toutefois, "Sleep Dirt" fera l'objet d'un relifting en profondeur puisque les pièces de son spectacle "Hunchentoot", "Flambay", "Spider of Destiny" et "Time is Money" feront tous les trois l'objet d'une réinstrumentation - à l'instar du traitement qu'avait subi "We're Only in It for the Money" - où Chad Wakerman se vit en charge de doubler toutes les parties de batterie. Pour couronner le tout, la chanteuse Thana Harris fût convoquée pour interpréter les textes que Zappa leur avait destiné à l'origine, faisant de la version "Sleep Dirt" sur cd une expérience radicalement différente que celle de sa version trente-trois tours.

Note : 4/6

Page 149/212 Frank Zappa (Frank) : Orchestral favorites

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Dernier volume des déboires qui liait Zappa à Warner, "Orchestral Favorites", dans son agencement, est aussi le plus ambitieux des disques issus de ce tir groupé. Là où Zappa voulait confronter les musiques d'un genre différent pour alterner les contrastes, l'optique de Warner fut à son strict opposé, décidant de les maintenir et de les isoler. Ainsi, cette nouvelle livraison passe pour le travail, sans doute, le plus sérieux que Zappa nous ait livré, dénué de cette trace d'humour à laquelle il nous avait pourtant habitué. À part "Duke of Prunes", seul titre où Zappa s'illustre à la guitare, les quatre autres morceaux, de "Strictly Genteel" au très exigeant "Naval Aviation in Art ?", marchent sur les plates bandes des musiques contemporaines, un genre avec lequel Zappa a flirté depuis le début, et que ses tentatives successives, mais toujours infructueuses, de voir ses œuvres jouées par un grand orchestre, laissent ce dernier avec un sentiment de frustration immense qui n'est pas prêt d'être résorbé. Il faudra attendre 1996, trois ans après sa disparition, pour que ses héritiers décident de publier le coffret "Läther" de la manière la plus fidèle possible aux vœux pieux du père.

Note : 3/6

Page 150/212 Frank Zappa (Frank) :

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Cumulant depuis ses débuts les expériences les plus désagréables dans des rapports toujours conflictuels avec les labels, Zappa poursuit ses activités et tourne intensivement sans pour autant s'atteler à la réalisation d'un nouvel album puisque, de toute façon, dans ce hiatus de deux ans qui l'oppose à Warner, la maison de disque américaine s'en chargera à sa place, et sans son accord. Résolu à ne pas vivre une pareille épreuve une troisième fois, Frank Zappa veut réunir les conditions nécessaires à la création de sa propre maison de disques. Il signera pourtant chez Columbia en 1979, assuré d'une indépendance et d'une marge de manœuvre désormais essentielles, auxquelles se rajoutent les arguments, toujours intéressants, d'une plus large diffusion. Ainsi, "Sheik Yerbouti" va rapidement devenir le disque le plus vendu, et donc le plus connu de toute la carrière de Frank Zappa. Aux indélogeables Patrick O'Hearn et Terry Bozzio viennent se greffer les claviéristes et Peter Wolf, le percussionniste qui comblera le vide qu'a laissé Ruth Underwood ("Wild Love"), et un second guitariste/chanteur, , qui ne fera que transiter avant de terminer chez King Crimson. L'aspect parodique qui était revenu en force sur "Zoot Allures" est omniprésent sur "Sheik Yerbouti", un album-montage issus de différents enregistrements en concert répartis entre 1977 et 1978. Pastiche et caricatural, Zappa se donne un malin plaisir à égratigner le système qui lui a fait voir de toutes les couleurs. Son sens aveugle de la provocation le conduira à se moquer de Bob Dylan, imité à merveille par Adrian Belew, sur "Flakes", un Bob Dylan précisément signé sur… CBS ! Heureusement, sans conséquences néfastes. Son mécontentement exacerbé et sans complaisance fait des ravages sur des titres aussi divers que "Bobby Brown Goes Down", "Dancin' Fool" ou "Jewish Princess". La virulence de ses propos réussira toutefois à attirer sur lui la foudre de comités traditionalistes et conservateurs qui auront vite fait de transformer Zappa en suppôt de Satan pour qui seul le bûcher semble incarner sa voie pour la rédemption.

Note : 4/6

Page 151/212 Frank Zappa (Frank) : Joe's garage

Chronique réalisée par Progmonster

Œuvre considérée sous des angles et des points de vues radicalement opposés selon les attentes que l'on place dans l'œuvre de Zappa, "Joe's Garage", initialement publié en deux parties (un premier album contenant l'Acte I, puis un double album contenant les Actes II & III), que la réédition actuelle a permis de réunir sous format de double cd, est un imposant opéra rock qui adopte le profil du "1984" de George Orwell ; dans une société post moderne où l'expression musicale est interdite, le Central Scrutinizer (le Big Brother de service), interprété par Zappa lui-même, met en œuvre sa politique de répression à l'encontre d'un jeune groupe, mené par Joe, qui répète habituellement dans son garage. L'univers décalé et iconoclaste de Zappa va bien sûr amener nos personnages dans des situations rocambolesques dignes d'un Lewis Carol aux mœurs douteuses, sous l'emprise d'ecstasy. La nouvelle équipe intègre à présent d'autres pointures comme Vinnie Colaiuta à la batterie (à l'indépendance rythmique proprement répugnante, comme sur "Keep It Greasy"), ou Warren Cucurullo, futur Duran Duran (oui, oui, vous avez bien lu). Comme pour "Sheik Yerbouti", le degré de sophistication est un cran nettement en dessous, ne fût-ce que dans le premier acte, où il explore les nouvelles musiques qui émergent alors, comme le reggae ("Lucille has Messed My Mind Up"). L'interaction entre la musique et l'histoire relayée est moins étroite que par le passé et privilégie ici une approche plutôt majoritairement technique. Mais la fibre émotionnelle et lyrique reste intacte, voire plus passionnelle que jamais, avec le magnifique "Outside Now", chanté par , ou le solo de guitare plaintif de "Watermelon in Easter Hay". Le message ultime nous est délivré dans un pont qui survient sur "Packard Goose", le Scrutinizer ayant eu raison de Joe, devenu fou, juste bon à s'inventer des parties de guitare imaginaire : "L'information n'est pas la connaissance, la connaissance n'est pas la sagesse, la sagesse n'est pas la vérité, la vérité n'est pas la beauté, la beauté n'est pas l'amour, l'amour n'est pas la musique, la musique c'est ce qu'il y a de mieux".

En ce qui me concerne ; une de ses pièces maîtresses.

Note : 6/6

Page 152/212 EBONY TEARS : Evil as hell

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Poursuivant l'évolution entamée avec "A handful of nothing", voici le caméléon Ebony Tears qui nous revient dans un style désormais complètement thrash ! Alors faisons simple, vous prenez la chronique de" A handful..", vous enlevez le terme "mélodique", et remplacez le par "meurtrier"" et vous aurez celle de ce "Evil as hell". Plus aucun élément du premier album n'est conservé, et l'on se retrouve avec un album de thrash/death vraiment bourrin, mais d'un classique déprimant. Durant cette quarantaine de minutes, on est tour à tour malmené, brutalisé, agressé de toutes parts, mais jamais l'on est surpris (excepté sur "Demon ride et son charmant refrain mélodique). Le rythme de croisière est très rapide (notons d'ailleurs l'excellente prestation du batteur), les riffs sont efficaces, le son décape à mort, la voix est devenue carrément hardcore : bref, si vous aimez le thrash à la Terror 2000, Darkane ou Carnal Forge, ou que vous cherchez un album qui carbure un max, allez-y. Les autres, allez plutôt voir "Tortura insomniae"...

Note : 3/6

Page 153/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

Nullement découragé par l'entreprise désastreuse de "200 Motels", Zappa récidive en décembre 1979 avec la présentation de son nouveau long-metrage, "Baby Snakes", titre issu du répertoire de "Sheik Yerbouti". Scindée en deux, cette nouvelle production juxtapose une longue séquence animée volontairement outrancière dirigée par Bruce Bickford, et une autre qui se fait le relais de la formation qui accompagnait Zappa lors de ses concerts de 1977, c'est à dire Ed Mann, Patrick O'Hearn, Terry Bozzio, Peter Wolf, Tommy Mars et Adrian Belew. Ce n'est qu'en 1983 que la bande son de ce film sera publiée, proposant une série de titres qui ont déjà fait leurs preuves, extraits de "In New York" ("Titties and Beer", "", "Punky's Whips"), "Sheik Yerbouti" ("Baby Snakes", "Jones Crusher") et Zoot Allures ("Disco Boy"). Bien que les versions présentes ici diffèrent de celles déjà connues, rien de fondamentalement nouveau à se mettre sous la dent apparaît, faisant de ce sympathique "Baby Snakes" un album, au final, très anecdotique.

Note : 2/6

Page 154/212 Frank Zappa (Frank) : Tinseltown rebellion

Chronique réalisée par Progmonster

Les succès répétés de "Sheik Yerbouti", puis de "Joe's Garage", ont permis à Zappa d'acquérir durement son indépendance. "Tinseltown Rebellion" est le premier de ses disques à paraître sur son label, Barking Pumpkin. À nouveau aux prises avec des changements drastiques de personnel, Zappa adopte la solution de l'album en concert, comme ce fut le cas pour "Sheik Yerbouti", mais réorchestré et fabriqué de toutes pièces à partir de bandes diverses qui vont mettre en exergue pas moins de quatre formations différentes ; celle de Patrick O'Hearn et Terry Bozzio, de 1978, la formation de "Joe's Garage" avec Warren Cucurullo et Vinnie Colaiuta, celle qui la remplace avec David Logeman, et enfin celle de la dernière tournée qui intègre un petit prodige de la guitare nommé . Vu l'esprit sarcastique qui parcourt tout le disque, celui-ci ne perd rien, comme on aurait pu le craindre, en homogénéité. C'est d'ailleurs, une fois encore, un retour aux pieds de nez musicaux, réintroduits depuis "Zoot Allures", avec une nette propension à revisiter l'illustre répertoire des Mothers. "I Ain't Got No Heart", "Love of My Life", "Brown Shoes Don't Make It" renouent avec les tendances doo-wop que certains pensaient définitivement enterrées. Le sublime "Peaches en Regalia" se voit affublé d'une suite, "Peaches III", qui a la lourde tâche de refermer l'album. L'aspect hétéroclite survitaminé qui anime ce disque n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend à la sortie de son prochain opus, "".

Note : 3/6

Page 155/212 Frank Zappa (Frank) : Shut up'n play yer guitar

Chronique réalisée par Progmonster

On le sait, Zappa s’est peu à peu affirmé en tant que guitariste émérite, refusant de se plier au jeu du guitar hero dans lequel, bien malgré lui, beaucoup l’avaient enfermé. Cela ne l’empêchera pas pourtant de diffuser, de manière confidentielle dans un premier temps, un généreux coffret de trois disques sous la bannière «Shut Up’n Play Yer Guitar» qui adopte le travail de collage de «Sheik Yerbouti» et «Tinseltown Rebellion», en ne conservant cette fois que les parties de guitare jouées par le maître. Finalement distribué par CBS, ce coffret va rencontrer un succès aussi colossal qu’inattendu, propulsé par des critiques dithyrambiques. Piochant en grande majorité ses interventions éclairées dans des performances en public datées de 1979 et 1980, certains titres remontent jusqu’en 1973 (pour le duo violon/guitare entre Jean-Luc Ponty et Zappa sur «Canard du Jour»). «Shut Up’n Play Yer Guitar» va asseoir définitivement Frank Zappa au panthéon des plus grands (guitaristes), grâce à un album jamais ennuyeux et plein de surprises, qui varie les plaisirs avec tact et discernement. Ôtées de leur contexte et mises les unes à la suite des autres, ses parties de guitare multiplient les références et montrent ce souci constant de ne pas courber l’échine face aux conventions pré-établies. Son jeu est riche et polymorphe, toujours aussi expressif, et distille des moments de pur bonheur («Five, Five, Five», «Treacherous Cretins», «Heavy Duty Judy», «Ship Ahoy», «Pink Napkins»). Les trois suites rebaptisées «Shut Up’n Play Yer Guitar» ne font rien pour dissimuler leurs origines ; elles sont toutes issues du titre «Inca Roads», sur «One Size Fits All». Elles montrent surtout les capacités d’improvisateur sensible d’un Zappa qui arrive, au sein d’une même histoire, à nous entraîner dans un récit pourtant à chaque fois renouvelé et différent. Du grand art.

Note : 5/6

Page 156/212 SICK OF IT ALL : Blood, sweat, and no tears

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Véritables piliers du hardcore New Yorkais, Sick Of It All nous sort avec ce "Blood, sweat and no tears" un classique du style. Guitares bien metal balançant riffs sur riffs, batterie bien bourrine (voire quasiment grind sur certains titres), et chant hardcore bien classique (même si un peu inférieur à ce qui se fait aujourd'hui), tous les ingrédients sont là pour faire de cet album une référence du hardcore. Peu de choses à dire sinon, l'ensemble sonne très spontané, les compos sont très courtes, les riffs sont pour la plupart simples et bien sentis, tous les titres se ressemblent, les textes sont très ciblés "politique", bref tout est là ! Pour ma part, c'est le genre d'album qui fait du bien à l'écoute, bien agressif sans être trop bourrin, et qui justifie sans problème la place de leader de Sick Of It All sur la scène hardcore metal mondiale...

Note : 4/6

Page 157/212 Frank Zappa (Frank) : You are what you is

Chronique réalisée par Progmonster

Pour amortir les coûts du coffret "Shut Up'n Play Yer Guitar", Zappa est prié par CBS de livrer un album plus conventionnel dans l'approche. Entouré d'une telle réputation, cet album, "You Are What You Is", sera considéré injustement par certains comme une concession supplémentaire au système. Pourtant, cette nouvelle livraison poursuit la trajectoire amorcée par "Tinseltown Rebellion", qui intégrait déjà les références aux précédents incarnations des Mothers dans un rendu résolument plus moderne. Ainsi, les pastiches doo-wop et autres guimauves poilantes reviendront en force ("Teen-Age Wind", "Doreen","Goblin Girl"), avec même une ritournelle country, "Harder than Your Husband" qui n'est pas sans rappeler "The Lonesome Cowboy Burt". Cette tendance à vouloir s'inscrire dans la grande tradition des Mothers se traduit de la manière la plus significative qui soit avec la suite "Society Pages", "I'm a Beautiful Guy", "Beauty Knows No Pain" et "Charlie's Enormous Mouth" qui renoue, elle, avec l'inventivité et l'exigence d'écriture qui fit de la face A de "Apostrophe(')" un des plus grands moments de la carrière de Frank Zappa. Pour la partie ouvertement contestataire, ce sont les fous de Dieu ("The Meek Shall Inherit Nothing"), voire Dieu lui-même, qui en prennent plein la gueule (sur "Dumb All Over" ; "Soyons sérieux, Dieu sait ce qu'il fait, il a écrit ce bouquin, et ce bouquin dit : et le créateur fit les hommes à son image. Alors, puisqu'on est tous cons, Dieu est con… Et peut-être moche aussi…"). Mais les parodies (celle des Doors sur "If Only She Woulda") et les parties orchestrales compliquées ("Sinister Footwear" avec son duel Steve Vai / Ed Mann) ne sont pas aux abonnés absents, si bien que tout porte à voir bel et bien en "You Are What You Is" l'album le plus entier que Zappa ait produit depuis bien longtemps.

Note : 4/6

Page 158/212 Frank Zappa (Frank) : Ship arriving too late to save a drowning witch

Chronique réalisée par Progmonster

Ce nouvel album dresse, pour le moins, un constat très mitigé. Découpé en deux parties bien distinctes, "Ship Arriving too Late to Save a Drowning Witch" nous montre un Zappa en véritable méforme dans sa première partie, pour une suite de titres relativement plats qui se présentent comme des concessions à la tendance hard rock du moment - sans doute influencé par la présence de Steve Vai - avec "No Not Now", "Valley Girl", interprété par la fille de Zappa, Moon, et "I Come from Nowhere", pastiche peu convaincant de Devo. La seconde partie stigmatise, elle, la prétention jamais oubliée de Zappa à s'affirmer, avant toute chose, comme compositeur. La plage titre et, à sa suite, l'expéditif mais brillant "Envelopes" puis "Teen-Age Prostitute" font la part belle à la formation actuelle avec laquelle il écume alors les salles de concert, Scott Thunes et Chad Wackerman étant les dernières recrues en date. Virtuose, lyrique, mélodique et complexe, ces titres, parfois travestis dans des approches tantôt jazzy, tantôt rock ou parodique, peuvent être perçus comme des échos aux travaux titanesques accomplis en leur temps sur des titres tels que "Rdnzl" ou "Uncle Meat Main Theme". Bien que délibéré, ce choix quelque peu boiteux de vouloir mettre côte à côte hard rock perverti et musique concrète, n'enlève rien à l'intégrité d'un artiste qui représente, à lui seul, le refus systématique de toute forme de dogmes.

Note : 2/6

Page 159/212 Frank Zappa (Frank) : The man from utopia

Chronique réalisée par Progmonster

Sous une pochette que l'on doit à Liberatore ("Ranxerox"), "The Man from Utopia" est un nouvel album live, dans la longue tradition discographique Zappaienne qui veut immortaliser les différentes incarnations de son groupe de scène. Pour tous, la tournée italienne fût catastrophique ; débarqués à Milan, ils devront se produire dans une zone industrielle désaffectée où les émeutes entre public et forces de l'ordre rivalisaient avec le combat que devait livrer le groupe sur scène face à une horde de moustiques venus prendre leur repas. Au delà du concours de circonstance malheureux, ce "Man from Utopia" revient à un propos plus modéré, parfois hélas aussi linéaire, mais comporte, comme à son habitude, des moments d'excellence ("Moggio", "We Are Not Alone") où l'expérimentation prend encore le dessus. C'est notamment le cas avec "The Dangerous Kitchen" ou "The Jazz Discharge Party Hats" où Frank Zappa partage l'avant scène avec un Roy Estrada de nouveau convié à la fête. L'album souffre cependant de ce son clinique qui s'est insidieusement introduit dans la demeure depuis "You Are What You Is" et, ce qui n'arrange rien, a, lui aussi, lors du passage au format cd, fait l'objet de remixes et de réorchestrations différentes, dénaturant pour finir complètement la prestation de base. Un compte rendu plus fidèle pourra être entendu en 1988 sur le troisième volume de la série "You Can't Do That On

Stage Anymore".

Note : 2/6

Page 160/212 Frank Zappa (Frank) : The London symphony orchestra vol.1 & 2

Chronique réalisée par Progmonster

Les efforts répétés de Zappa verront enfin le jour en janvier 1983. Après une multitude de démarches, et en attendant de pouvoir s'atteler à la commande que Boulez lui a soumis pour l'année suivante, le London Symphony Orchestra parvient à dégager quelques dates pour l'enregistrement de quelques unes des pièces les plus fameuses du répertoire de Zappa, les plus à même d'être interprétées par un large ensemble. Sous la conduite d'un jeune Kent Nagano, cet album orchestral est un réel défi pour les deux hommes qu'ils vont pourtant relever avec brio. Toujours appuyé par Chad Wackerman aux fûts, Ed Mann au vibraphone et David Ocker à la clarinette, les enregistrements de cette prestation vont être scindées en deux parties ; la première, publiée courant 1983, la seconde, en 1987. Ce n'est qu'en 1995 que Rykodisc proposera la présente édition, réunissant tout le répertoire sous format d'un double cd, mais dans un ordre différent. Des titres comme "Strictly Genteel" ou "Envelopes" révèlent tout leur charme et démontrent, s'il le fallait encore, à quel point la vision musicale de Frank Zappa est large, et va bien au-delà des structures rock dans lesquelles il a jusqu'à présent dû s'exprimer. Le concept de la continuité conceptuelle chère à Zappa peut lui permettre ici une multitude de facéties, la plus évidente de toutes étant l'insertion de nombreux thèmes de "200 Motels" dans la structure à rallonge de "Bogus Pomp". En perfectionniste acharné, Zappa explique dans le livret de la présente édition que s'il avait postposé volontairement la réédition de ce disque, c'est parce qu'il espérait qu'un jour la technologie pourrait l'aider à corriger les erreurs humaines, trop nombreuses à son goût, qui figurent sur cet album (il précise ; un chorus de trompette mal accordé sur "Strictly Genteel" et une coordination rythmique parfois mal balancée) ! "The London Symphony Orchestra" n'en demeure pas moins une œuvre passionnante et profondément lyrique, où son sens inné de la mélodie continue à voler la vedette, envers et contre tout, à ses aspirations contemporaines les plus abstraites.

Note : 4/6

Page 161/212 Frank Zappa (Frank) : The perfect stranger

Chronique réalisée par Progmonster

Pour palier à ces imperfections qui rendent malade Frank Zappa, celui-ci va jeter son dévolu sur une technologie qui a tout pour le séduire : le synclavier. Ce procédé informatisé va lui permettre, comme le recherche également Conlon Nancarrow, à dépasser les simples capacités humaines et oser toutes les audaces techniques qui, bien souvent, ont poussé Zappa à revoir sa copie. C'est sur "The Pefect Stranger" qu'apparaissent les premières traces de cette nouvelle technologie avec les titres "The Girl in the Magnesium Dress", "Love Story", "Outside Now Again" et "Jonestown". Couplés aux trois titres de commande de Pierre Boulez que sont "The Perfect Stranger", "Naval Aviation in Art ?", que l'on avait pu découvrir sur "Orchestral Favorites" et le sublime "Dupree's Paradise", cette nouvelle parution laisse à penser que Zappa, maintenant si proche du but, ne risque plus de s'en retourner à ses vieilles amours, se concentrant exclusivement à la composition de musiques de plus en plus difficiles qu'il sera seul à interpréter, d'une simple pression sur le bouton.

Note : 2/6

Page 162/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

Pour ses vingt ans de carrière, Zappa réactive son groupe pour une série de dates exceptionnelles où viennent se pousser aux portillons des invités fameux comme Napoleon "Murphy" Brock, George Duke ou Aynsley Du212ar. "Them or Us" est sensé stigmatiser cet esprit de franche camaraderie que l'on croyait disparu. Malheureusement, comme quasi toutes les productions de Zappa de l'époque, et pour tout dire, comme la majorité des productions des années quatre-vingt, la sonorité terne et plate semble terriblement datée aujourd'hui et subit, plus violemment que ses illustres ancêtres, l'outrage du temps. Steve Vai prend ici une place prépondérante, fait rare dans la carrière de Zappa, puisqu'il prend seul en charge l'écriture des parties de guitare de "Sinister Footwear II", ainsi que les arrangements de l'adaptation réactualisée de "Sharleena". C'est sur ce même "Sharleena", mais aussi sur "Stevie's Spanking" que enregistre ses deux premières parties de guitare. La réunion de famille est festive, et l'humour de potache va bon train ("Baby, Take Your Teeth Out") mais "Them or Us" n'induit aucun mouvement, aucune impulsion, qui stimuleraient les soubresauts d'une direction nouvelle.

Note : 2/6

Page 163/212 Frank Zappa (Frank) : Thing fish

Chronique réalisée par Progmonster

L'autre but que s'était fixé Zappa dans son interminable carrière fut de créer une comédie musicale qui pourrait faire l'objet de représentations à Broadway. Si "Hunchentoot", son projet de 1972, depuis lors éparpillé dans une demi-douzaine de disques, est définitivement enterré, Zappa surgit avec une nouvelle idée de spectacle, " Thing Fish ". Celle-ci aura l'honneur des planches, même si son succès sera plus que mitigé. Néanmoins, il publie très rapidement un coffret de trois disques comprenant l'intégralité de la bande musicale sensée accompagner le spectacle. La continuité conceptuelle, dont il se montre si fier, va prendre ici des allures de recyclage ; sous des airs d'opéra rock, qui n'est pas sans rappeler "Joe's Garage", dénonçant une fois de plus les injustices sociales et toutes autres formes de discrimination, le partie la plus embarrassante de "Thing Fish" vient, une fois n'est pas coutume, de la musique. Car, au lieu de réutiliser des thèmes connus de son répertoire pour les introduire, par bribes, dans son nouveau répertoire, Zappa va extraire une grande quantité de morceaux issus de "Zoot Allures", "Tinseltown Rebellion", "You Are What You Is" et "Ship Arriving too Late to Save a Drowning Witch", va les réarranger sommairement et va leur donner de nouveaux titres, tout en y greffant de nouvelles paroles qui vont ainsi servir l'histoire. Après avoir tant donné, lui faire le reproche de se plier à la loi du moindre effort serait profondément injuste. Hélas, bien que, jusqu'à preuve du contraire, un artiste reste propriétaire de son œuvre et en fait ce qui lui plaît, la majorité des versions présentes ici n'apportent pas de nouvel éclairage et font souvent pâle figure à côté des versions originales. "Thing Fish" prêche pour les convaincus, laissant perplexes ceux qui attendent de Zappa un nouveau coup de poker qui tarde sérieusement à venir.

Note : 2/6

Page 164/212 Frank Zappa (Frank) : Francesco Zappa

Chronique réalisée par Progmonster

Bien que sa pochette s'apparente à celle de "Them or Us", "Francesco Zappa" confirme que la tournée éclair de juillet 1984 fût une parenthèse de courte durée. Inventant de toute pièce l'histoire selon laquelle il aurait retrouvé les partitions d'un de ses ancêtres Milanais du 18ème siècle, Zappa se crée une occasion supplémentaire pour peaufiner son travail sur synclavier que, de toute évidence, il apprécie de plus en plus. Orchestré autour de deux opus aux relents baroques, le choix de l'échantillonnage va privilégier les sonorités évoquant l'orgue et les violons. Alors, oui, Zappa peut sans doute se permettre les extravagances les plus inédites par le biais d'une machine, seule capable de mettre en musique ce que des musiciens chevronnés auront de la peine à exécuter, mais dépourvu de chaleur, et aussi - et c'est bien plus grave - de résonance acoustique, "Francesco Zappa" n'aspire à aucune crédibilité. La touche mélodique indémodable de Zappa est pourtant présente dans ces arrangements fallacieux, mais ils ne suffisent pas à inverser la tendance.

Note : 1/6

Page 165/212 Frank Zappa (Frank) : Meets the mothers of prevention

Chronique réalisée par Progmonster

Le Parents Music Resource Center, conduit par l'épouse du sénateur Al Gore, et qui avait déjà attaqué Zappa pour son anti-conformisme déplacé sur "Sheik Yerbouti", revient à la charge en proposant de censurer les albums à contenus trop explicites. Alors que des artistes comme Prince sont dans le collimateur, il n'y a que Zappa, qui se trouve un allié en la personne de Dee Dee Snyder (chanteur des Twisted Sister), pour défendre la liberté d'expression des artistes. Ce recours en justice n'aboutira pas et, comme reliquat de cette bataille, nous conservons aujourd'hui ce sticker, "Parental Advisory Explicit Lyrics", qui orne les pochettes d'une quantité invraisemblable de productions alternatives dont les lecteurs de Guts of Darkness sont friands. Touché dans son orgueil et décidé à avoir le dernier mot, cet épisode redonne à Zappa ce peps qui est le sien et qu'il avait relégué aux oubliettes. Ses proches collaborateurs n'étant jamais très loin, il enregistre dans l'urgence avec eux ce "Meets the Mothers of Prevention", une attaque en règle, perfide et sournoise, du système totalitaire mis en place par Ronald Reagan dont il se dira l'ennemi déclaré, un peu à l'image de Gil Scott-Heron. Ne concédant rien à ses dernières expérimentations, ce nouvel album se partage entre morceaux ouvertement provocateurs joués par le groupe ("We're turning Again", qui ravale le portrait de l'American Way of Life, ou "Alien Orifice") et pièces composées à partir du synclavier où l'offense est plus insidieuse car elle est musicale, et donc inattaquable par le PMRC ("One Man/One Vote" pour la version européenne, "Porn Wars" pour la version US, "Aerobics in Bondage"). L'implication politique de Zappa est totale et va l'amener plus loin qu'il ne se l'imagine. Mais pour l'heure, dans sa production discographique en dent de scie de ces dernières années, "Meets the Mothers of Prevention" scintille comme un électrocardiogramme ; le cœur bat toujours, mais il ne s'emballe pas.

Note : 2/6

Page 166/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

"Jazz from Hell" est sans nul doute l'album le plus controversé de toute la carrière de Zappa. Il l'est d'autant plus qu'il remportera un Grammy Award cette année-là. Si l'on est tenté de voir en cela une démarche de l'establishment pour tenter de récupérer Zappa dont les dires, dans la presse ou les journaux télévisés, affichent un cynisme cinglant à leur égard, il peut-être vu aussi comme une récompense ponctuelle pour l'importante contribution discographique que le guitariste a légué au patrimoine américain. Zappa le prend néanmoins comme un réel compliment. Excepté "St.Etienne", qui est encore un chorus de guitare isolé lors d'un concert en France, tous les autres titres figurant sur "Jazz from Hell" ont été développés, seul, par Zappa, à l'aide de son désormais inséparable synclavier. Cet album est aussi, à ce jour, un de ses plus aboutis dans le genre, mais aussi un des plus inventifs et des plus avant gardistes qu'il ait créé depuis belle lurette. Le choix mûrement réfléchi de déshumaniser sa musique ne l'empêche pas de signer quelques superbes compositions où ses talents lyriques et mélodiques l'emportent haut la main. On aime ou on n'aime pas. En tout cas, "Jazz from Hell" ne peut que difficilement laisser indifférent. Il est d'ailleurs amusant de noter que ce procédé fera des émules, notamment du côté de ses fans inconditionnels, comme le duo suédois des surdoués Mats/Morgan qui, sur leur double album "The Music or The Money ?", en 1997, déclinent un travail similaire ou, du moins, fort proche.

Note : 3/6

Page 167/212 Frank Zappa (Frank) : Guitar

Chronique réalisée par Progmonster

En 1986 et à la surprise générale, Zappa laisse à EMI (chez qui il est signé depuis "The Perfect Stranger") le champ libre à la publication d'une vidéo et d'un disque intitulés "Does Humor Belong in Music ?", avec pourtant des répertoires différents. C'est que notre bonhomme, enfin redevenu propriétaire de l'intégralité de son catalogue discographique, compte bien y mettre un sacré coup de fouet en s'attelant à la réédition systématique de toute son œuvre. Ce sera d'abord une série de trois box volumineux, les " Series", mais les évènements vont se précipiter rapidement, remettant Zappa sur la sellette. Entêté à vouloir coûte que coûte barrer la route aux républicains qui comptent bien trouver un remplaçant à Reagan, Zappa se sent investi de la mission impérieuse de faire campagne contre eux. Ce sera, une fois de plus, la motivation première qui le poussera à, de nouveau, monter sur scène - il ne le sait pas encore - pour la dernière fois. Grâce aux installations performantes de son studio, le Utility Muffin Research Kitchen, il concocte assez rapidement le double album, "Guitar", qui tente de renouveler l'exploit du coffret "Shut Up'n Play Yer Guitar", en s'attardant sur du matériel tiré de concerts échelonnés entre 1979 et 1984. Nullement une redite, cette nouvelle collection de chorus remplit exactement le même rôle que le coffret qui l'a inspiré, invitation sublime à se laisser bercer par la précision et le lyrisme unique de ce jeu de guitare dont on perçoit seulement alors la portée du manque qu'il avait engendré.

Note : 4/6

Page 168/212 Frank Zappa (Frank) : Broadway the hard way

Chronique réalisée par Progmonster

Zappa reprend du poil de la bête et va écumer les planches. Il réunit autour de lui dix musiciens ; d'anciennes gloires (Walt et ), ses fidèles collaborateurs actuels (Ike Willis, Bobby Martin, Ed Mann, Scott Thunes et Chad Wackerman), plus quelques nouveaux visages, dont ceux de Paul Carman, Albert Wing et Kurt MacGettrick aux saxophones. S'apparentant à une parodie de campagne électorale pour déjouer les plans du parti républicain, Frank Zappa retrouve ici le ton irrévérencieux et salvateur qui en a toujours fait une des figures de proue de toutes les forces dissidentes. Cette tournée donnera suffisamment de matière à Zappa pour que ce dernier subdivise le tout en trois disques pleins à craquer de matériel insoumis et provocateur. "Broadway the Hard Way" est le premier de ces volumes à paraître (après que la fin de la tournée ait été précipitée par une incompatibilité d'humeur entre le bassiste Scott Thunes et le reste du groupe). Il est aussi le plus frondeur des trois ; se payant la tête de Reagan, Bush et Oliver North réunis, à la fois sur "Rhymin' Man" ou "Jesus Thinks You're a Jerk". Mais ce ne sont pas les seuls à être égratignés ; les télévangelistes (avec même l'aide de Sting qui reprend son propre "Murder by Numbers"), Michaël Jackson (l'hilarant "Why Don't You Like Me ?") et le PMRC à nouveau (sur le rap "Promiscuous") font les frais d'un Zappa bien décidé à en découdre. Sans la nommer, c'est à peu de choses près une formation réactualisée des Mothers qui voit le jour et qui multiplie, comme ses incarnations précédentes, les exploits techniques, les références abondantes, piochées en grande partie dans les séries télé, et cet immuable sens de la dérision qui en établissait les traits majeurs. Dans une ambiance bon enfant, frivole et fantasque en apparence, et où l'imprévu peut surgir à tout moment, Zappa conclut son plaidoyer en exhortant la foule à ne pas oublier de voter, un droit civique qui a tendance à se perdre, puisque George Bush fut malgré tout le grand vainqueur des élections présidentielles…

Note : 3/6

Page 169/212 Frank Zappa (Frank) : The best band you never heard in your life

Chronique réalisée par Progmonster

Ce double live est, après "Broadway the Hard Way", la seconde publication à rendre compte de l'ultime tournée de 1988. L'osmose entre les musiciens est toujours aussi exceptionnelle et leur permet, de fait, de déployer un jeu absolument fantastique où ils jouent, dans tous les sens du terme, avec le répertoire des Mothers. La glorieuse époque de "One Size Fits All" est revisitée par le biais de son trio gagnant, "Inca Roads", "Florentine Pogen", "Andy", sans oublier "Sofa", donnant à l'ensemble une orientation à l'allure clairement jazz fusion, accentuant, par là même, le parallélisme qu'il y a à établir avec les Mothers période "Apostrophe(')". D'ailleurs, de par leur présence, "Cosmik Debris", "Zombie Woof" ou "Penguin in Bondage", tous aussi impressionnants les uns que les autres, ne laissent plus planer le moindre doute là-dessus. Autour de cet axe central vont graviter deux pôles tout aussi prédominants : le pastiche qui, cette fois, s'en prend à Johnny Cash (ayant décliné l'invitation du groupe à venir se produire sur scène et qui, pour la peine, se verra crucifié sur un de ses propres morceaux, "Ring of Fire" !), Jimi Hendrix et Cream, revisités, outrage ultime, au synthétiseur - c'est ça qui est drôle - alors que le boléro de Ravel et l'inébranlable "" de Led Zeppelin subissent un lifting reggae ! Mais la cible principale de ce double set n'est autre que le télévangéliste Jimmy Swaggart qui secoua en son temps l'Amérique puritaine par des mœurs peu recommandables, chose déjà perceptible sur le précédent, "Broadway the Hard Way". Ainsi, des titres comme "The Torture Never Stops", "Lonesome Cowboy Burt" ou "More Trouble Every Day", parmi d'autres, sont tout bonnement réadaptés et se déroulent, tel un tapis rouge, pour entamer le procès en bonne et due forme de cet escroc notoire de la cause catholique. Après plus de deux heures d'une musique jouissive, "The Best Band You Never Heard In Your Life" n'usurpe décidément pas son titre.

Note : 5/6

Page 170/212 RUNEMAGICK : Enter the realm of death

Chronique réalisée par Møjo

Runemagick jouent un death assez lent, appuyé par une rythmique laborieuse, et parsemé de petits riffs atmosphériques non dénués d'inspiration. La voix serait à rapprocher d'un vieux Amorphis, à la fois gutturale et très sèche, souvent lointaine, parfois puissante, assez désagréable au premier abord, mais au final, bien adaptée. La musique de Runemagick est assez trompe l'oeil, à travers sa simplicité et son efficacité apparente, elle recèle d'agréables surprises, qui ne se dessineront qu'au fil de nombreuses écoutes. J'en tiens pour preuve les transcendants "Abyss of desolation" et "Light world damnation". On notera également la présence de discrètes nappes de clavier, appuyant si besoin était la dimension suffocante des compositions. Jonglant avec aisance entre l'accessible et le méticuleux, ce "Enter the realm of death" n'est certainement pas exempt de qualités, dont la principale sera de se bonifier au fur et à mesure des multiples écoutes qu'il mérite.

Note : 5/6

Page 171/212 Frank Zappa (Frank) : Make a jazz noise here

Chronique réalisée par Progmonster

Le troisième et dernier volet du "Broadway Tour", après la satire de "Broadway the Hard Way" et l'interprétation de son répertoire classique sur "The Best Band You Never Heard In Your Life", s'attarde sur les compositions instrumentales les plus ambitieuses de Frank Zappa, exceptions faites de "Stinkfoot", "Oh No", "City of Tiny Lights", "Stevie's Spanking" et "Advance Romance". L'humour et la dérision, qui, en l'occurrence, ne peuvent pas être communiqués, faute de paroles, se font néanmoins sans peine par les mille et une références qui viennent s'immiscer dans ses nombreuses compositions, parfois même grâce au parti pris d'instrumentations grotesques qui viennent s'y greffer ("When Yuppies Go to Hell"). Sur ce même titre, Zappa introduit une section au synclavier en bout de course, justifiant une fois encore la pérennité d'un catalogue musical étoffé en perpétuel mouvement. "Make a Jazz Noise Here" permet également de se rafraîchir la mémoire en réécoutant quelques unes de ses pièces les plus échevelées ("Big Swifty", "King Kong", "Dupree's Paradise" ou "Cruisin' for Burgers"). D'autres subissent un dégraissage considérable, se voyant dépossédées de leurs paroles ("Let's make the Water Turn Black"), ou réduites à leur plus simple appareil, recentrées et articulées autour du thème principal ("Lumpy Gravy", "Eat that Question"), sans jamais les déforcer ni en amoindrir l'impact émotionnel. En comptant les deux autres volumes, Frank Zappa vient donc de mettre à notre disposition plus de cinq heures de musique en soixante-dix morceaux ; un capital imposant mais ô combien revigorant dans un marasme ambiant prédominant.

Note : 4/6

Page 172/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (Volume 1)

Chronique réalisée par Progmonster

Parallèlement à sa dernière tournée, à l'ambition clairement affichée d'influencer l'électorat américain, et la réédition de l'intégralité de son catalogue supervisée par ses propres soins, Frank Zappa se lance dans un autre projet colossal, à la mesure de sa démesure : mettre à jour la montagne d'archives des concerts des Mothers of Invention qu'il possède depuis leurs origines. Cette série de six doubles compact disques, emplis jusqu'à plus soif, vont se retrouver sous le bannière générique de "You Can't Do That On Stage Anymore" ("Plus possible de refaire ça sur scène"). Le premier volume de cette imposante collection paraît en 1988, précédé d'un sampler pour jauger l'intérêt du public pour la chose. La réponse ne se fait pas longtemps attendre… Sélectionnés pour la qualité de leur prestation, leur aspect inédit ou leur valeur historique, les titres sont enchaînés sans ordre chronologique apparent et définissent la volonté de Zappa de faire de sa carrière une œuvre entière, les morceaux de 1968 se fondant dans d'autres de 1984, et ceux-ci côtoyant des extraits issus des concerts de 1978, tout cela dans une symbiose totale, qui ne fait que confirmer le bien-fondé de l'entreprise. Notre homme y va de son petit commentaire sarcastique pour chacune des plages présentées, nous aidant parfois à mieux nous replonger dans le contexte (comme sur "Disease of the Band", par exemple). Des six volumes à paraître, celui-ci est, sans conteste, le plus éclectique ; il fait aussi un fameux détour par des interprétations essentielles de quelques unes des pièces clés du répertoire de Zappa, comme "Let's Make the

Water Turn Black", "Don't Eat The Yellow Snow" ou "Big Swifty".

Note : 5/6

Page 173/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 2)

Chronique réalisée par Progmonster

Là, Zappa nous fait un superbe cadeau ! Le volume 2 rend hommage à la formation la plus passionnante des Mothers, celle responsable de "One Size Fits All", en lui consacrant l'intégralité de son contenu à la prestation en concert, daté de 1974 à Helsinki, Finlande. À côté, "Roxy & Elsewhere", déjà excellent, et pourtant renforcé par une large section de cuivres qui porte au double le nombre de musiciens présents sur scène, n'égale pas l'intensité qui se dégage de ce formidable témoignage. On retrouve évidemment des titres issus du répertoire de cette riche période, de ce disque en particulier, mais aussi quelques titres au stade d'ébauche ("Tush Tush Tush" devenant "A Token of My Extreme" sur "Joe's Garage", cinq ans plus tard). Entouré de Napoleon "Murphy" Brock, George Duke, Chester Thompson, Ruth Underwood et , l'aisance et l'ambiance décontractée que véhicule cette double compilation donne à cette expérience décisive une rare chaleur humaine, même dans ses erreurs (le passage irrésistible où Chester Thompson doit s'y reprendre à trois fois avant de pouvoir jouer une introduction décente de "Montana"). Il n'y a rien à rajouter… Un pur joyau…

Essentiel !

Note : 6/6

Page 174/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 3)

Chronique réalisée par Progmonster

Le premier disque de ce troisième volume se concentre sur la formation de 1984 qui incluait entre autres, Steve Vai, Ike Willis, Chad Wackerman, Ray White et Scott Thunes. Dès "Sharleena", Zappa en profite pour présenter son fils aîné, Dweezil, qui, du haut de ses quinze ans, va entamer son premier chorus sur scène. La déconne est le mot d'ordre, à tel point que les délires occasionnés face à un public déchaîné empêchent Zappa père de terminer le concert dans de bonnes conditions ("Keep It Greasy"). C'est à peu de choses près la même formation qui délivre pourtant une interprétation solide et sans faille de l'ambitieuse petite suite de "You Are What You Is", débutant par "Society Pages". On épinglera encore au passage "Cocaine Decisions" qui immortalise la catastrophique tournée italienne de 1984 qui tourna à l'émeute, l'impressionnant solo de batterie de Terry Bozzio sur "Hands with a Hammer" et un version époustouflante de "King Kong", dont les différentes sections ont été recomposées à partir de diverses sources d'enregistrements, tantôt datant de 1971, tantôt de

1982.

Note : 4/6

Page 175/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 4)

Chronique réalisée par Progmonster

Bien que se voulant plus varié que ses deux volumes précédents, l'accent est encore mis sur la formation 1984 des Mothers pour ce quatrième volume, représentée en masse (près de quinze morceaux). Outre les versions inédites de "The Evil Prince", bien supérieure à celle que l'on peut entendre sur "Thing Fish", et "Let's Move to Cleveland" avec la participation exceptionnelle du saxophoniste free, Archie Shepp, l'intérêt principal de cette nouvelle livraison semble être historique ; d'abord, avec le très musique concrète, "You Call that Music ?" de 1969, en compagnie du vibraphoniste David Samuels, mais ensuite, et surtout, la toute première prestation en concert de "The Torture Never Stops", cheval de bataille du Zappa post-77, et destiné au départ à Captain Beefheart qui nous en donne ici son interprétation toute personnelle : un blues rugueux et entêtant qui, loin d'être essentiel, séduira à coup sûr les archéologues zappophiles qui se seront penchés sur le phénomène, histoire d'en déceler les moindres mystères.

Note : 4/6

Page 176/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 5)

Chronique réalisée par Progmonster

Le volume cinq de la série "You Can't Do That On Stage Anymore" paraît en 1992 et emboîte le pas à l'importance historique qui avait été accordée au volume précédent. À ce titre, le présent volume est encore plus intéressant. S'il consacre son deuxième disque à la formation 1982 des Mothers, l'octet mené par Steve Vai qu'il semble important pour Zappa de réhabiliter en raison d'enregistrements studio datés (et leur version de "Rdnzl" ou "The Black Page", par exemple, y contribue efficacement), le premier disque s'avère être un document exceptionnel, une opportunité unique de se replonger dans la folie originelle des Mothers de 1966 ! L'esprit chaotique et je m'en foutiste qui y règne fait honneur à cette formation libertaire où saynètes ("Mozart Ballet", "German Lunch"), titres rhythm'n'blues ("The Downtown talent Scout") et doo-wop se succèdent sans ordre logique apparent. Mais Zappa, qui endosse également ici le rôle de batteur, sait tenir ses troupes et montre déjà dans la structure de certaines de ses compositions ("Proto-Minimalism", "Drum Duet") que la bouffonnerie ouvertement affichée dissimule une prétention artistique qui ne pourra plus être contenue très longtemps.

Note : 4/6

Page 177/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 6)

Chronique réalisée par Progmonster

Le sixième et dernier volume de cette opulente collection se devait de célébrer l'essence même des Mothers, à savoir leur esprit provocateur, et leurs penchants marqués pour une sexualité débridée. Le répertoire se veut varié, bien qu'une formation se voit un peu plus représentée que les autres ; c'est celle de 1988, en particulier sur le deuxième disque, et dont Zappa possède des bandes à n'en plus finir. La musique, relayée au second plan, laisse ici sa place à une série de titres sans équivoque : "Magic Fingers", "I'm So Cute", "Make a Sex Noise Here", "", "He's So Gay", "Alien Orifice", "Crew Slut", témoins d'une intense activité grivoise, entretenue depuis plus de trente ans ! Au moment de sa publication, ce double album était aussi alors le seul à pouvoir proposer des extraits de la musique du film mythique "200 Motels", réédité en cd que très tardivement en 1997, au travers des titres "Shove It Right In", "200 Motels Finale" et "Strictly Genteel", conférant ainsi un intérêt supplémentaire à cette sixième et ultime livraison.

Note : 4/6

Page 178/212 Frank Zappa (Frank) : Playground psychotics

Chronique réalisée par Progmonster

L'ère Bush touche à sa fin, et mis à part ce boulot d'archiviste titanesque accompli pour la série "You Can't Do That On Stage Anymore", Frank Zappa ne donne plus de signe d'activité artistique. Pourtant approché par la formation orchestrale allemande, l'Ensemble Modern, qui manifeste son désir de vouloir collaborer avec lui, aucun travail ne semble être en court. Dans le même temps, avec l'aval et le contrôle de Zappa sur l'entreprise, le label Rhino sort dans la précipitation deux séries de coffrets comprenant des bootlegs de grande qualité sous le titre générique de "Beat the Boots". Si la collection "You Can't Do That On Stage Anymore" pouvait passer pour une tentative légitime de réhabilitation, la prolifération de disques radicalement tournés vers le passé inquiète. C'est dans les mêmes circonstances que paraît en 1992 le double "Playground Psychotics" qui se veut le témoignage ultime de la seconde incarnation des Mothers, celle de Flo & Eddie, celle de "200 Motels", celle qui, au final, n'a jamais eu que deux live comme carte de visite. Il ne s'agit pourtant pas d'enregistrements studio, mais, dans le plus pur style Zappaien, une collection de titres en concerts, de bouts d'essais, de conversations débiles, bref, une multitudes de choses aussi anecdotiques que possible que seul un fan hardcore pourrait apprécier. Car, "Playground Psychotics", en fidèle carnet de route d'un groupe bordélique en tournée, n'en est pas pour le moins un collage verbeux et assommant, où le rôle prépondérant de la musique finit par passer au second plan. C'est péniblement qu'on en extraira toutefois les témoignages de leur prestation en compagnie du Plastic Ono Band de John Lennon ("Say Please", "Scumbag", "A Small Eternity with Yoko Ono") et la version alternative de "Billy the Mountain". Maigre lot de consolation.

Note : 2/6

Page 179/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

L'absence manifeste de nouveaux travaux de Zappa est une nouvelle fois mise entre parenthèses par la publication du résultat d'un nouveau défrichage, cette fois, il faut bien l'avouer, d'une importance bien plus capitale que celle du fumeux "Playground Psychotics", paru un an plus tôt. "Ahead of Their Time" réhabilite un épisode historique de la carrière des Mothers of Invention, celle du premier spectacle intégral, intitulé "The Plot of Progress ?", et joué au Royal Albert Hall de Londres le 28 octobre 1968 devant une audience toute acquise à leur cause, mais tout de même médusée. Réquisitionnant la participation d'une quinzaine de musiciens du prestigieux BBC Orchestra, Frank Zappa met sur pied en un temps record une scénarisation de leurs attitudes sur scène, distribuant les rôles au sein du groupe, notamment pour , le bouffon de service, et où la part de happening a son importance. Certains de ses titres feront leur chemin jusqu'à l'extrême "Weasels Ripped My Flesh". Mais cela, c'est pour la première partie du concert. Pour la seconde, les Mothers s'aventurent, sans trop le savoir, dans la mise en place d'une musique savamment orchestrée et qui annonce, à travers les "Uncle Meat" et autre "Burnt Weeny Sandwich" à venir, l'émergence du jazz rock. "Ahead of Their Time" est crucial dans le sens où il permet de mieux saisir comment un groupe qui chantait encore des ritournelles vaseuses sur "Cruising with Ruben & the Jets" s'est subitement mis à composer des pièces à la complexité rare comme "King Kong" ou "A Pound for A Brown". Dommage que la qualité d'enregistrement laisse quelque peu à désirer.

Note : 3/6

Page 180/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

"The Yellow Shark", enregistré pour finir en septembre 1992, est publié près d'un an plus tard, en novembre 1993. De nombreuses années d'efforts et de sacrifices ont permis à l'homme de concrétiser son désir le plus cher, son rêve le plus fou : être chef d'orchestre ! Diminué physiquement, il mène pourtant à bien cette dernière virée où, sur un plateau d'argent, il livre à un Ensemble Modern très affable un florilège des pièces de résistance de son répertoire ("Dog Breath Variations", "Uncle Meat", "Pound for a Brown") qui s'acoquinent sans effort à l'exercice périlleux du passage à l'orchestration contemporaine. Toujours aussi élaborée, la musique de Frank Zappa reste pourtant on ne peut plus vibrante, à la sensibilité unique et au sens mélodique taquin et qui, malgré le sérieux de la situation, montre que Zappa a fait une profession de foi de son regard critique sur les choses : fidèle à lui-même, il trouve encore l'occasion de nous proposer quelques nouveaux sketches et autres petites pièces de mise en situation qui soulignent l'aspect terriblement dérisoire de nos vies ("Food Gathering in Post Industrial America", "Questi Cazzi di Piccione"). Sans doute sabordé par lui-même à force d'entretenir une réputation d'emmerdeur de première, la reconnaissance unanime de l'importance et de l'influence de Zappa n'est hélas toujours pas à l'ordre du jour. Le regard qu'il porte sur nous depuis le confort de sa pochette aux tons sépia laisse présager que Zappa connaît déjà la fin de l'histoire ; en décembre de la même année, il fait de nous tous des orphelins, et s'en va rejoindre les étoiles qu'il a toujours rêvé de côtoyer, qu'il s'agisse de Stravinsky, de Varèse ou de Messiaen. Adieu Frank. Gratitude éternelle, et merci pour tout !

Note : 4/6

Page 181/212 Frank Zappa (Frank) : Civilization phaze III

Chronique réalisée par Progmonster

Dernière pièce imposante sur laquelle Zappa travaillait avant de disparaître, "Civilization Phase III", qui aurait dû faire l'objet, lui aussi, d'une représentation publique courant 1994, reprend l'histoire à son commencement, c'est-à-dire en se nourrissant de l'expérience "Lumpy Gravy", et en y adaptant le modèle aux avancées technologiques éprouvées, en long et en large, au synclavier, pour nous parachuter dans une structure rocambolesque qui nous ramène à ses opéra rock les plus délurés. En résumé, son premier - et dernier - opéra rock où des voix humaines viennent se greffer sur une musique numérique. À titre posthume, ce monolithe de deux disques force le respect et concourt, d'emblée, au titre d'œuvre la plus exigeante que Zappa ait pu réaliser. Au milieu d'une grande quantité de titres expéditifs, qui compensent leur courte durée par une forte densité et une texture à la richesse infinie, "N-Lite", du haut de ses dix huit minutes, passe pour le test vérité, l'ultime épreuve, qui déterminera si, oui ou non, une exposition prolongée à cette musique expérimentale et fouillée peut causer des dommages irréversibles aux neurones des âmes les plus sensibles. Nous ne sommes pas loin de le penser, mais heureusement, l'introduction de sections orchestrales sur le second disque permet de respirer un peu après l'effort de concentration surhumain que demande l'absorption des thèmes générés, seuls, sur le premier disque, par le synclavier. Encore un travail de géant de réalisé, mais à réserver uniquement aux plus aventureux et/ou aux convaincus.

Note : 3/6

Page 182/212 Frank Zappa (Frank) :

Chronique réalisée par Progmonster

Première compilation posthume à paraître après le décès de Frank Zappa, "The Lost Episodes", comme son titre l'indique, axe son propos sur la mise en lumière de titres jusqu'alors inédits et/ou dont l'origine est difficile à déterminer. Quand on songe que Zappa n'avait pas fini de consigner ses bandes dans sa réserve qu'il avait rebaptisé, à juste titre, " The Vault ", on se dit que ce "Lost Episodes" est le premier d'une (très) longue série. Frank Zappa ne se contentait pas cependant de compiler les bandes ; il les réorganisait à sa façon pour en faire une expérience unique, un nouvel album, telle la jolie fleur qui naît dans la boue, où sentiments antagonistes, ordre et désordre, contribuaient à faire à la fois la pluie et le beau temps. Ces trente titres s'enchaînent les uns aux autres, conformément au procédé utilisé dès "Lumpy Gravy", tout en nous permettant aussi d'effectuer un tour d'horizon assez vaste, qui s'étend de la genèse des Mothers aux préambules du Grand Wazoo Orchestra. Ce sera donc l'occasion de jeter une oreille aux premiers jets de titres aussi fameux et incontournables que "Anyway the Wind Blows", "Inca Roads" ou "Rdnzl". L'un dans l'autre, "The Lost Episodes" est une curiosité, demeure un document, qui alimentera la convoitise des personnes qui se sentent étroitement impliquées à l'univers Zappaesque, mais il n'est certes pas une pièce essentielle du puzzle.

Note : 2/6

Page 183/212 Frank Zappa (Frank) : Läther

Chronique réalisée par Progmonster

Depuis que Zappa était redevenu maître de sa destinée, gérant son label, Barking Pumpkin, et à la tête d'un catalogue étendu, les hordes de fans de la première heure n'ont eu de cesse de demander à corps et à cris la publication du projet "Läther" tel que Zappa le voyait (voir "In New York"). À l'époque, pour contrer les plans machiavéliques concoctés par sa firme de disque, Zappa diffusa l'intégralité du coffret (près de trois heures quand même) sur les ondes libres d'une radio indépendante, encourageant les auditeurs à enregistrer le programme pour faire la nique aux barons de l'industrie du disque ! Dépecé, ce coffret vit le jour sous le scalpel de Warner qui en fit quatre disques aux atmosphères bien distinctes. "Läther", sous sa forme réédité en 1996 par les soins de Rykodisc, est strictement conforme aux vœux de Zappa et présente le coffret dans l'ordre voulu. Plus intéressant, il réintègre les mixages d'origine (on se souvient que dans le cadre des rééditions cd, Zappa s'était permis d'apporter de drastiques modifications à certains de ces disques) ; c'est "Sleep Dirt" qui en bénéficie le plus puisque les parties de batterie de Chester Thompson sont réintégrées et la voix de Thana Harris gommée. Ainsi, les titres roublards issus du concert de "In New York" côtoient les pièces montées contemporaines de l'expérimental "Orchestral Favorites", elles-mêmes juxtaposées aux essais jazzy de "Sleep Dirt" et au cartoonesque "Adventures of Greggery Peccary" de "Studio Tan". Le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est bel et bien aussi hétéroclite et éclectique que l'avait souhaité son auteur. Peut-être trop. On serait même tenté de donner raison à Warner, habitués que nous sommes à avoir entendu ce matériel dans un ordre et dans une forme bien spécifiques, depuis maintenant près de vingt ans. D'autant que les quelques titres bonus en clôture renforcent d'avantage cette impression tenace. On se contentera donc de voir en ce

"Läther" ressuscité une touchante manœuvre qui a pour unique but de rétablir la vérité historique.

Note : 4/6

Page 184/212 Frank Zappa (Frank) : Mystery disc

Chronique réalisée par Progmonster

Au milieu des années quatre-vingt, Zappa put enfin récupérer l'intégralité des droits de son œuvre discographique. L'une de ses premières réactions pour célébrer l'événement fut de publier ses albums sous forme de coffrets à tirage limité, sous l'intitulé "The Old Masters Series" (voir "Guitar"). Les deux premiers des trois box, contenant en moyenne sept disques, comportaient chacun un disque bonus au titre énigmatique de "Mystery Disc". Près de dix ans plus tard, Rykodisc, désormais en charge de la distribution du matériel, décide de raviver la légende en publiant, pour la première fois sur support cd, la quasi intégralité des titres inédits compris sur les disques bonus d'origine (deux titres manquant à l'appel). Le contenu fait lui aussi la part belle aux tout premiers enregistrements des Mothers, de leur premiers balbutiements de 1962 aux incartades contrôlées de 1969. Mais qu'on ne s'y trompe pas ; l'ambiance générale est dominée par cet esprit libertaire et anticonformiste qui animait les premiers Mothers of Invention, et l'on retrouve finalement que très peu d'éléments illustrant les différentes directions que Zappa empruntera par la suite. D'ailleurs, à l'instar du "Lost Episodes", paru deux ans plus tôt, les titres sont majoritairement courts, avec toujours, la présence de ces intermèdes impromptus et autres dialogues loufoques. Comme ce dernier aussi, ce "Mystery Disc" fraîchement exhumé ne trouvera son audience qu'auprès de son public le plus dévoué.

Note : 2/6

Page 185/212 NILE : Amongst the catacombs of nephren-ka

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Nile, la "révélation de l'année" dixit la majorité des magazines metal américains ! Est-ce un gage de qualité ? Ma foi, cela m'en a tout l'air. Nile choisit la voie de l'originalité en mélangeant son grind/death ultra brutal avec de nombreuses influences "égyptiennes". Le résultat est plus que surprenant : fondant son concept sur la vie d'un pharaon égyptien particulièrement tyrannique, Nile tente de nous faire revivre une époque mystérieuse : l'Égypte antique. Et ils y arrivent ! Sur fond de grind hyper violent et technique (plus d'une vingtaine de riffs par titre !), aux blast beats omniprésents et guitares accordées plus bas que terre, le groupe nous ajoute de nombreux claviers "orientaux", chants arabes et autres sons qui proviennent d'un autre temps. Le mélange pouvait sembler hasardeux, il n'en est rien : l'ensemble sonne très original, presque atmosphérique. Le chant quant à lui est très varié, dans un registre très death metal, mais avec des intonations variées suivant la direction du titre, bref assez unique ! Les titres sont assez courts, ce qui ne les empêche pas d'être intéressants : "Smashing the Antiu" qui envoie la majorité des groupes grind à des kilomètres, "Ramses bringer of war" et son intro très "Indiana Jones (!)", "Serpent headed mask" avec son break atmosphérique terrifiant, le très heavy "Stones of sorrow" ou l'excellent "Opening of the mouth" sombre et violent à souhait. Notons également la présence de deux instrumentaux : "Kudurru maqlu" que l'on croirait issu directement d'Égypte et "Die rache krieg lied der Assyriche", très tribale et violente, faisant immédiatement penser à un sacrifice antique... Les textes quant à eux, sont tout bonnement incompréhensibles pour la bonne raison qu'ils sont majoritairement en sumérien, contribuant ainsi plus encore à l'aura mystique du disque. Comme seul regret, j'aurais juste à dire que le cd est court, et qu'il s'essouffle vite : malgré le nombre de riffs, on en vient vite à bout. Cela dit, c'est un bon album, que je recommande à tout amateur de sensations brutes nouvelles et originales !

Note : 4/6

Page 186/212 RAIN FELL WITHIN : Refuge

Chronique réalisée par Chris

Après une démo "Solemn Days" et un premier album "Believe", les américain de Rain fell within débarquent avec "Refuge". Musicalement, cet opus navigue entre les derniers disques de Therion, The gathering et Theatre of tragedy. Pas grand chose à dire donc, si ce n'est que les musiciens sont bien au point et que la production est de bonne facture. Les chants, entièrement féminins et assez haut perchés, sont positionnés de façon absolument millimétrée. Paradoxalement, malgré leur beauté, on ne parvient pas à échapper à une certaine monotonie. On retrouve en effet toujours les mêmes phrasés mélodiques ce qui devient lassant à la longue et on a presque l'impression par moment d'écouter 10 fois le même morceau. Cela est vraiment dommage et malgré le potentiel évident que l'on sent chez le groupe, "Refuge" s'avère être au final un album sirupeux et sans grand génie. Le prototype parfait de l'album bien exécuté mais qui ne parvient pas à dégager de vraies émotions. Et de ce fait il ne parvient pas à s'extraire de la masse et donc a fortiori a rivaliser avec les groupes cités plus haut. Peut-être pour la prochaine fois ?

Note : 3/6

Page 187/212 DYING FETUS : Destroy the opposition

Chronique réalisée par Møjo

Le brutal de Dying Fetus est loin d'être inintéressant. Technique, s'appuyant sur une grande quantité de changements de rythme, ouvrant quelques portes grâce à ses riffs très groovy, les Dying Fetus maîtrisent. Seulement voilà, les vocaux sont absolument abominables et complètement inadaptés, officiant dans un echo gore proche d'un Mortician, ils ne parviennent qu'à plonger l'auditeur dans un profond sommeil de par leur manque de puissance et d'intêret. De plus, la production, beaucoup trop faible pour le style, n'aide en rien les compositions. Au final, ces quelques faits remballent tout ce qui apparaissait comme atout dans un tupperware rigide et carré, duquel il semble impossible d'extraire quelconque aliment savoureux. Sauvé in extremis du naufrage total par son morceau d'ouverture, ce "Destroy the opposition" n'en reste pas moins un disque plat, fade, qui trouvera peut-être quelques défenseurs parmi les amateurs de technique pure.

Note : 1/6

Page 188/212 MUDVAYNE : L.D. 50

Chronique réalisée par Møjo

Difficile, sera pour Mudvayne de sortir de la masse neo-metal via ce "L.D. 50". Promis à une grande carrière par les médias US, il est de constater que Mudvayne ne doit son existence qu'au travers des groupes majeurs comme Slipknot, Manson, ou encore Tool. Alternant passages violents de la plus grande banalité, couplets torturés inquiétants, à petites ouvertures indus et froides, on ne retiendra malheureusement de cette petite heure que l'intéressante palette vocale de Kud, ainsi que les quelques bonnes idées de la première moitié du disque. Ce dernier s'essouflant par ailleurs considérablement dès le 8ème titre. Alors plutôt que de jouer les cinglés dans l'ombre des 9 de l'Iowa, il serait intéressant de remettre les pieds sur Terre, et d'exploiter convenablement le potentiel qu'on peut malgré tout soupçonner ici.

Note : 2/6

Page 189/212 MARDUK : Slay the nazarene

Chronique réalisée par Nicko

Ce nouvel EP, plutôt limité - seulement 1500 exemplaires, propose 2 titres live inédits de la tournée de début 2001. Que dire sur Marduk en live qui n'ait pas encore été dit ? Pas grand chose... Bien sûr, ce sont des tueurs sur scène, et cet EP le confirme amplement... Il n'y a rien à redire là-dessus. Simplement, on attend un peu plus que cela. Le son est plutôt approximatif, le format vinyl n'arrangeant rien à l'affaire. La guitare ressemble par moment à de la vraie bouillie, donc ce n'est pas sur la qualité sonore qu'il faut voir cet objet, bien que la performance du groupe soit bien sûr irréprochable. Cette nouvelle sortie est avant tout destinée aux fans les plus acharnés des Suèdois, car les albums live "longue durée" sont quand même bien supérieurs. Pour collectionneurs...

Note : 3/6

Page 190/212 W.A.S.P. : Chainsaw pack

Chronique réalisée par Nicko

Il s'agit ici d'une véritable rareté ! Ce pack est composé d'un EP, d'un picture disc 7" et d'un CD. Il est sorti quelques temps avant l'album "The crimson idol" et présente le hit "Chainsaw Charlie" dans une version édit (sauf sur le picture disc), la face-B "Phantoms in the mirror" et la première partie de la bio de Jonathan contée par Blackie Lawless. La particularité de l'objet est aussi que les différentes parties sont vendues séparémment. En définitive, l'objet est loin d'être indispensable, le côté musical, bien que bon, n'apporte rien à ce que l'on connait déjà du groupe, et il est assez limité en temps (moins de 20 minutes - dont près de la moitié n'est composé que de parlote !). Seulement voilà, l'objet est magnifique, et donc c'est là qu'il devient une pièce maitresse pour tous les fans du groupe ! Surtout qu'il propose l'un des plus grands morceaux dde la formation.

Une bien belle pièce de collection !

Note : 4/6

Page 191/212 MACHINE HEAD : Supercharger

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Le problème avec Machine Head, c'est son premier album "", unanimement salué par les critiques, et leur collant définitivement l'étiquette de "groupe de thrash n'ayant aucun intérêt à changer de style". Malheureusement pour ses détracteurs, Machine Head a changé de style : donc avis à ceux qui veulent un "Burn my eyes 2" ou une suite à "The more things change", cet album n'est pas pour vous. Point ! Pour les autres, et bien nous avons là un album de power/thrash moderne, alliant des riffs puissants et dévastateurs à des mélodies vocales très intéressantes (quand on sait que n'est pas un chanteur né). Du coup, ce disque intitulé "Supercharger" porte très bien son nom : une musique taillée pour le live, qui fera mouche dans le coeur de tous les "headbanger" et autres malades du stage-diving ! Le rythme s'est réaccéléré par rapport à l'album précédent, les vocaux sont moins rappés, l'ensemble sonne très lourd (surtout dû au son très massif des guitares), et les breaks ultra violents sont toujours présents, mais surtout, à l'instar de "" nous avons affaire à un disque varié : rempli de brûlots conçus pour massacrer en live ("Bulldozer", "Kick you when you're down", "All in your head", "Trephination"), mais présentant également d'autres titres beaucoup plus lentes, quasiment doom, et très mélancoliques ("Only the names", "Blank generation", l'excellente "Deafening silence"), ainsi que LE hit qui fera exploser les ventes : "Crashing around you". Ventes... Le mot est laché. Certains pensent que Machine Head s'est affublé de refrains mélodiques, a adouci le son, changé son image, uniquement pour mieux vendre. Pour ma part, si cela me donne des albums comme "Supercharger", et bien je suis preneur ! Bref, bien que non dénué de défauts (trop long, titres "remplissage", chant pas toujours au top), nous avons là un bien bon album qui ne mérite vraiment pas tous les reproches qui lui sont portés...

Note : 4/6

Page 192/212 BIOHAZARD : No holds barred - Live in Europe

Chronique réalisée par Nicko

Après 4 albums studio, le temps était venu pour les Américains de sortir un albul live. Bien leur ont pris car c'est vraiment sur scène que la musique du groupe prend toute son ampleur. Déjà que leurs titres en version studio ne sont pas piqués des vers, on pouvait s'attendre à quelque chose d'énorme ici (surtout quand on a eu l'occasion de les voir en concert lors de la même tournée...). Et oui, 100 fois oui ! Ce live est tout bonnement excellent ! Bien plus qu'un simple best of, ce CD permet de bien comprendre ce que donne le groupe sur scène, de voir ce déluge de décibels à la fois intense et lourd. La performance du groupe est proche de la perfection. C'en est d'autant plus remarquable qu'il s'agit de l'enregistrement d'UN seul concert en entier, apparemment sans overdubs... La set-list est bonne, tous les tubes sont présents et on a même droit à la reprise de Black Sabbath présente sur le tribute "Nativity in black", "After forever", en version courte. Une bonne surprise, même si il est vrai, la version est très loin d'être du même niveau que l'originale, mais ça fait toujours plaisir ! Cet album live est donc tout simplement indispensable et, on s'en apercevra par la suite, referme un chapitre dans la carrière du groupe qui décidera de changer notablement de style dans le futur...

Note : 5/6

Page 193/212 DEAD CAN DANCE : Within the realm of a dying sun

Chronique réalisée par Sheer-khan

Avec ce troisième album, Dead Can Dance est entré dans la légende. Il est aujourd’hui La référence maîtresse du heavenly, il fût aussi, et reste encore, une des plus grandes figures du gothic pur. «Within the realm of a dying sun» est un instantané fascinant dans la discographie du groupe. Le seul album qui soit déjà entièrement d’ambiance acoustique classique, et encore entièrement sombre. Mis à part sur «Cantara», qui préfigure les approches plus percussives de l’album « Serpent’s egg», aucune influence orientale encore, rien que du triste, du terrible, du définitif. Chaque pièce est une lamentation douloureuse et prenante. Dès la première seconde de ce disque on comprend, tout de suite, de quoi il s’agit. Le duo fait monter son atmosphère à l’aide de cordes et nappes, lentement accumulées comme des voiles, puis une tension rythmique, cordes pincées, synthés clochettes, s’en dégage et s’installe. Les voix se plaignent et les intruments leader révèlent des surprenantes mélodies… la lointaine présence des cuivres en mélopées lugubres, la tension des pizzicati, les synthés qui tombent implacablement sur les temps et les accords comme des sentences de morts… les cloches qui résonnent, et les voix somptueuses des deux âmes de ce groupe étonnant… tout, ici, parle de larmes avec une effroyable grandeur. L’inspiration mélodique qui traverse tout l’album est tout simplement parfaite : on entend tout de suite, et on n’oublie plus. «Xavier» est un morceau d’une beauté mélodique ahurissante et démontre une très grande maîtrise de composition. On marche dans les ruines envahies par le lierres d’une vieille église perdue, on foule le sol des cimetières abandonnées. «Summoning of the muse» et son déluge de glas sinistres élève l’auditeur jusqu’au ciel le plus sombre qui soit. Car il s’agit bien, et malgré tout, d’une montée au ciel, d’un appel quasi-mystique exercée par cette musique troublante et envahissante. «Dawn of the iconoclast», ou deux minutes de génie vocal pur. Ce disque est un tournant dans l’histoire du mouvement musical auquel il appartient : il l’a totalement bouleversée. C’est ce qui vous attend aussi.

Note : 6/6

Page 194/212 DEAD CAN DANCE : The serpent's egg

Chronique réalisée par Sheer-khan

Dead can Dance ouvre les portes de ses influences. Plus loin encore dans l’acoustique de sa démarche puisque même les indiscernables synthés ont disparu, le groupe marque plus avant son goût pour les rythmes orientaux, les percussions, mais aussi, et surtout, la lumière. « Severance » ou « Ulysses », s’ils appartiennent à la famille sonore et structurelle de « Within the realm… », sont en effet des morceaux plus libérés, plus tournés vers la clarté et la simple beauté. Seul « In the kingdom of the blind… » reprend la route tortueuse des ténèbres d’antan. Un album qui offre un merveilleux voyage musical, aux ambiances sonores uniques et fines, un album qui commence aussi à prendre la mesure de sa vocaliste. Lisa Gerrard est une des plus grande voix du siècle. Son chant d’exercice est sans comparaison. Nasillarde, cristalline, Douce, puissante, sur-aïgue, profonde… cette artiste peut faire surgir n’importe quoi de ses cordes vocales. La première pièce de cet album repose entièrement sur la qualité de son timbre et de sa technique, seuls capables de révéler et de tenir la beauté de la composition. « Orbis de Ignis » est un morceau A capella où les voix fonctionnent en contrepoints, régulièrement ponctuées d’une clochette, très inspiré des pièces religieuses anciennes d’Europe du Sud. « Echolalia » révèle l’écoute des folklores d’Asie centrale… Dead Can Dance a décidé de penser à l’avenir et cherche dès maintenant à s’extraire de l’icône gothique du précédent album, il entame sa marche heavenly. Médieval, classique, oriental, le duo cherche dans tous les sens. Mais il le fait toujours très, très bien. A la croisée des chemins, Dead Can Dance nous offre un de ses albums les plus personnels.

Note : 6/6

Page 195/212 DAWN OF DREAMS : Darklight awakening

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Pour répondre à certains qui nous ont demandé si nous réalisions encore des achats "à l'aveuglette", ce Dawn Of Dreams en est la meilleure réponse ! Je n'avais encore jamais entendu parler du groupe, jamais lu la moindre chronique, ou vu leur nom cité quelque part. Bref, le groupe complètement inconnu. Et puis je ne sais pas pourquoi, suite à une pub les comparant à Dark Funeral, In Flames et Dimmu Borgir, j'ai acheté le disque. Et bien pour une fois, j'ai eu raison ! Dawn Of Dreams est un sympathique combo de black/death mélodique allemand, dont les influences sont pour une fois bien indiquées dans la publicité : un peu de Dark Funeral pour les blast beats destructeurs, du In Flames pour les très belles mélodies heavy, du gros death-qui-tâche pour les voix. En gros, un véritable condensé de la scène extrême actuelle. Le tout ressort dans une musique hyper agressive mais très maîtrisée, avec déjà un style très particulier, plus proche du black que du death, et une approche mélodique omniprésente qui vous cloue instantanément les titres en tête. L'exemple le plus parlant étant certainement l'excellentissime "A forgotten yearning", hits parmi les hits, vraisemblablement l'un des meilleurs titres qu'il m'ait été donné d'entendre ces dernières années : démarre par un blast énorme doublé d'un riff guitare surpuissant, avec en dernier assaut la voix ultra gutturale, puis tout se calme subitement pour laisser la place à LA mélodie qui vous rend fou, celle qui ne vous quitte plus pendant des heures, puis le titre repart sur fond heavy, toujours avec cette petite mélodie diabolique pour vous achever sur un final éblouissant ou tous les éléments du titres sont présents en même temps, sans pour autant finir en chaos sonore ! Impressionnant. A lui seul ce titre mérite l'achat de l'album ! Mais attention, les autres sont loin d'être mauvais : entre brûlots black/death remplis de blasts ("Dark black conscious", Desires origin", Swallow the fire",...) ou d'autre beaucoup plus heavy et très "suédois" dans l'approche ("Eclipse", "To watch the sunrise", "Dwell in my embrace"), l'album respire la créativité et l'envie de faire quelque chose de neuf. Notons également que les paroles sont très intéressantes (notamment celles de "A forgotten yearning") et que l'on peut entendre un sample extrait du jeu vidéo "Doom" sur "Hell beneath", preuve que ces allemands là ont du goût ! Les seuls reproches qui pourraient être fait à ce disque seraient l'artwork, vraiment ultra cliché (blahhh c'est plein de monstres tout pas beau !), et la production, mettant la voix légèrement trop en avant par rapport à la guitare rythmique, mais c'est très personnel. A part cela, rien à redire, c'est bon, très bon même, violent tout en restant très mélodique. Bref foncez !

Note : 5/6

Page 196/212 BLUT AUS NORD : Memoria vetusta I "fathers of the icy age"

Chronique réalisée par Sheer-khan

La nappe sordide et profonde qui ouvre cet album ne laisse aucun doute sur l’origine de la musique qui va suivre. C’est noir jusqu’au bout des ongles. Le black-viking (viking pour la filiation évidente à Bathory) de Blut aus Nord relève des origines : Bathory, Celtic Frost, mais avec une inclination pour le old dark heavy façon Venom ou même Black Sabbath, représenté par des solos très mélodiques, au son soudain plus lumineux. Il y a aussi les lenteurs, les lourdeurs puissantes, dérangeantes, où la voix féminine et plaintive alliée au clavier nous oriente presque jusqu’au doom triste des premiers Septic Flesh. "On the path of wolf…" est ainsi traversée d’une formidable ampleur mélodico-dramatique, reprise par les synthés, les voix et les solos croisés. Cette musique est en effet très soignée, l’ambiance est finement recherchée par des chœurs masculins profonds et sombres, des riffs blastiques issus de l’école scandinave, des riffs lourds de tradition britannique, mais surtout, un souffle épique permanent, sans cesse relancé par des crescendos mélodiques vraiment prenants. Mais c’est du pur black, sale, noir, triste et beau. Les guitares rythmiques viennent directement du Necrohell. Le son est remarquable, pour ceux qui aiment l’authentique. La voix black est excellente, une fusion inespérée de Ihsahn et Nocturno Culto… implacable ! La froideur et la distance de toute cette musique lui donne une grandeur étonnante. Malgré ces mélodies, cette variété des voix, il y a un côté très désincarné dans tout cela. Du point de vue du son, cet aspect vient de toute cette reverb, de la froideur des guitares et du si surprenant clavier. Du point de vue artistique, on peut dire que Blut aus Nord force le respect par son intégrité noire, mais aussi par cette capacité à y intégrer sans remords l’effet théâtral et mélodique. Une cohérence improbable, mais largement atteinte. Blut aus Nord montre par cet album que, même dans le black, on peut être pur ET esthète. Quand Blut aus Nord s’énerve, il s’énerve. Quant il se lamente, il se lamente, quand il rit, on a peur, et quand il enregistre : on achète !

Note : 5/6

Page 197/212 Motörhead : Motörhead

Chronique réalisée par Nicko

Pour comprendre l'impact d'un groupe comme Motörhead et donc par la même occasion du premier méfait du trio, il faut revenir à l'origine de la formation du groupe. En 1975, Lemmy Kilmister se fait virer de son précédent groupe, Hawkwind, formation psychédélique culte ! Par la suite, le jeune homme, qui est déjà âgé de presque 30 ans (!), décide de former le groupe qui jouera le rock le plus rapide, et ce le plus fort possible ! Le premier album, pas celui-ci (!), est rejeté par la maison de disque United Artists Records. De retour en studio, le trio enregistre, après quelques changements de line-up, cet album, presqu'identique au premier jet (???). Le résultat est retentissant pour l'époque. Seulement, 25 ans plus tard, ce CD n'a plus grand chose d'extrême, alors qu'à l'époque... Il s'agit simplement de bon vieux rock bien pêchu, mais jouissant d'une petite production, d'un petit son, qui fait que maintenant, cela a énormément vieilli. D'un autre côté, n'allons pas trop vite en besogne, l'album n'est pas ridicule non plus, loin de là. Le Père Lemmy savait déjà écrire de bonnes chansons. Le style ressemble même un peu à Hawkwind, le titre "Motörhead" a d'ailleurs été écrit alors que Lemmy faisait encore partie du groupe... N'oublions pas non plus l'excellent et méconnu "Iron horse / Born to lose". Au final, ce premier essai "concrétisé" est une petite mise en jambe pour le groupe, mais il ne correspond pas trop au style que le bombardier nous assènera par la suite...

Note : 3/6

Page 198/212 Motörhead : Overkill

Chronique réalisée par Nicko

"Motörhead" n'était qu'un tout petit début, l'apéro en quelque sorte... Les choses vraiment sérieuses commencent ici, car autant le dire tout de suite, ce deuxième album est littéralement énorme ! Tout commence avec l'une des intros les plus mémorables du rock, à la double grosse caisse à fond ! Et dire que presque tout l'album est du même acabit... Jamais un groupe n'était allé aussi loin (faut se rappeler qu'on est en 1979...), jamais le rock ne s'était fait aussi violent, rapide et intense. De plus, cet album contient une grande partie des titres qui ont fait par la suite la légende du trio ("No class", "Metropolis" et bien sûr la masterpiece "Overkill" en tête). Bien sûr, avec le recul, l'album a quelque peu vieilli, surtout le son, mais bien moins que le premier album éponyme, mais d'un autre côté, il garde toujours une énorme rage. La légende du bombardier est en marche avec ce qui va être le trio le plus bruyant et dangereux que le rock n' roll ait connu. La suite immédiate ne sera qu'une recherche permanente d'extrémisme et d'agressivité sonore. Cet "Overkill" en est le véritable point de départ, mais aussi, et on le verra plus tard, le mieux abouti et inspiré des premiers albums des Anglais.

Note : 5/6

Page 199/212 BAL-SAGOTH : Starfire burning upon the ice-veiled throne of ultima thule

Chronique réalisée par seb

Faisant suite à l'inégal mais néanmoins prometteur "A black moon broods over lemuria", "Starfire..." vient confirmer les bonnes intentions du groupe en proposant à nouveau ce black metal mélodique influencé par l'univers de l'heroic-fantasy, avec une qualité sonore nettement supérieure à son prédécesseur. On se laisse donc emporter par des compositions très symphoniques (le prologue en tête), où parties aggressives et rapides alternent avec des parties beaucoup plus lentes et atmosphériques, et où les claviers sont omniprésents, aussi bien en terme d'ambiance que de mélodie. On peut toutefois regretter qu'à l'image de certains titres de morceaux, certaines compos s'étirent un peu sur la longueur sans que cela soit véritablement nécessaire. En tout cas, Bal-Sagoth a le mérite avec cet album de se démarquer par un style très personnel et assez original, qui sans être une révolution musicale, offre tout de même une alternative intéressante face à la masse de groupes de black tous identiques les uns aux autres qui voient le jour à cette époque.

Note : 4/6

Page 200/212 TIAMAT : A deeper kind of slumber

Chronique réalisée par seb

Avec cet album, Tiamat offre une nouvelle orientation à sa musique, en lui conférant désormais un côté extrêmement atmosphèrique, voire carrément ambient par moments, même si le premier titre "Cold Seed" serait plutôt à ranger dans la catégorie rock gothique. Mais une fois ce premier morceau passé, on se retrouve immergé dans un univers de musique atmosphérique presque aérienne, accentué par la voix envoutante de Johan Edlund, un univers où les claviers occupent une place privilégiée, et servent de base à la structure des morceaux. Pour autant, les autres instruments ne sont pas oubliés, et même si la guitare est souvent reléguée au second plan, voire parfois totalement absente, l'utilisation d'autres instruments moins conventionnels tels que le sitar ("Four Leary Biscuits") ou le violoncelle ("Atlantis As A Lover") vient largement combler ce manque. Au delà de l'interprétation sans faille, c'est donc un véritable état d'esprit qui est retranscrit sur ce disque, et qui atteint des sommets d'intensité sur des titres comme "Atlantis As A Lover", "Kite" ou "A Deeper Kind Of Slumber". J'ai vraiment été surpris par cet album, dans le bon sens du terme, et je trouve que le groupe a su s'imposer avec brio dans un style où on ne l'attendait pas forcément.

Note : 5/6

Page 201/212 TIAMAT : Skeleton skeletron

Chronique réalisée par seb

Comparativement à son prédécesseur, "Skeleton Skeletron" poursuit l'évolution musicale entamée par le groupe mais redonne une place de choix aux guitares, dans des registres toujours atmosphériques mais paradoxalement plus dynamiques, en témoigne cette reprise du "Sympathy For The Devil" des Rolling Stones !! Le titre "Church Of Tiamat" ouvre les hostilités de la meilleure des manières, c'est le genre de chanson qui vous reste gravée dans la tête dès la première écoute. Le reste de l'album est dans la même veine, entrecoupé toutefois par un instrumental "Diyala" et par la reprise des Stones. L'ambiance générale n'est pas à la joie mais on ne sombre pas dans le mélancolique absolu non plus. Tiamat offre donc une nouvelle facette à sa musique, certes beaucoup moins innovante qu'elle ne l'avait été sur "A Deeper Kind Of Slumber", mais qui témoigne de cette volonté incessante d'aller vers l'avant qui anime désormais le groupe.

Note : 5/6

Page 202/212 PANTERA : Far beyond driven

Chronique réalisée par Stéphane

Après un « Vulgar display of power » ayant fait un carton, ce nouvel opus de Pantera était forcément très attendu et force est de constater qu’à nouveau, les quatre Texans nous ont pondu une œuvre splendide, remplie de titres accrocheurs et cultes, à l’aspect massif et imposant. Contrairement à son prédécesseur, « Far beyond driven » est beaucoup plus violent et plus intense, laissant un peu plus de côté les mélodies pour mieux se concentrer sur la lourdeur des compositions. Les riffs sont donc pour la plupart à la fois agressifs, et lors des breaks plus lourds et étouffants, à la limite de l’oppressant, mais toujours très travaillés et faisant preuve d’une mis en place impeccable. Les compositions s’enchaînent à merveille, avec les tubes que sont « Strength beyond strength », « Becoming », « 5 minutes alone » ou « I’m broken », chacun possédant une âme, donnant envie à l’auditeur de se déchaîner et de hurler en parallèle de Phil Anselmo dont la voix, très différente de celle de ses débuts, est devenue très puissante et hurlée. En dehors de ces titres phares, nous retiendrons le tourmenté « Good friends and a bottle of pills », les très violents « Slaughtered » et « Use my third arm » où la batterie de Vinnie Paul met le turbo, et le planant « Planet caravan », reprise des très célèbres Black Sabbath. Pantera continue son bonhomme de chemin à coup de tournées dévastatrices et d’albums ravageurs dont ce «

Far beyond driven » est pour moi la pièce maîtresse.

Note : 6/6

Page 203/212 BLUT AUS NORD : Memoria vetusta I "fathers of the icy age"

Chronique réalisée par Stéphane

Froide et sombre sont les mots qui décrivent sans doute le mieux la musique que nous propose Blut Aus Nord sur ce Fathers of the icy age, œuvrant dans un black metal aux accents atmosphériques lors des quelques breaks où les claviers prennent le dessus. Le reste de l’album est basé principalement sur les guitares. En effet, celles-ci représentent le point fort de l’album d’une part grâce à leur son si glacial, et d’autre part grâce à des riffs majestueux. En effet, sur les parties rythmiques, les guitares sont relativement classiques et forment une sorte de mur dense et impénétrable, mais très régulièrement, elles sortent des sentiers battus pour s’envoler dans des enchaînements majestueux, faisant voyager l’esprit de l’auditeur vers une autre dimension. Leurs envolées restent de grands moments de bonheur, sortes de longs solos dépressifs, non pas rapides et techniques, mais lents, sombres, torturés, possédant une véritable âme. De même les vocaux alternent entre chant criard typique du black metal, et chant en voix claire, mais dégageant une sorte d’état dépressif et tourmenté. L’ensemble est d’une tenue incomparable, jouissif et déprimant à la fois, ce paradoxe faisant de cet album un chef-d’œuvre intemporel, d’une puissance et d’une beauté à toute épreuve.

Note : 6/6

Page 204/212 EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Strategies against architecture (volume 2)

Chronique réalisée par hern42

Comment expliquer l’influence majeure qu’a eu cette double compilation sur ma conception de la musique ? Toutes mes idées basées sur ce bon vieux schéma basse-guitare-batterie ont volé en éclats à la première écoute de ce qui peut s’apparenter à une histoire de la musique industrielle allemande voire européenne. Car si la musique industrielle ne peut se résumer à E.N. ils en sont (en fait "étaient" serait plus juste au vu de leur orientation musicale actuelle, pas à mon goût d’ailleurs !) une pièce maîtresse, un des fondements. On peut voir la carrière de E.N. en trois parties, d’ailleurs éditées en trois compilations portant toutes le même nom et dont celle qui nous intéresse ici est la seconde (comme vous pouvez le deviner avec le tome 2 !!). La première partie va jusqu'à 1983, la seconde de 1984 à 1990, la dernière couvre la période de 1991 à 2002. Si la dernière en date est trop accessible à mon avis, du genre proche de la pop, la première est extrêmement difficile d’accès… Donc la partie la plus intéressante reste celle de ce double CD, contenant tout ce qu’il faut afin de détruire pour mieux reconstruire (c’est une sorte de maître mot philosophique du groupe). Les deux CDs sont de qualité équivalente. Tous deux donnent une bonne idée de l’étendue de la créativité du groupe. Les plus anciens titres sont assez difficiles à aborder mais on apprécie vite les ambiances martiales développées à base de percussions métalliques… En fait tout est bon pour produire du son pour E.N. comme le montre le livret (riche en photo et anecdotes, on y voit des caddies de supermarché, des marteaux piqueurs, des guitares aussi bizarrement et d’autres engins encore plus mystérieux). Au niveau des effets sonores, tout d’abord la production est impeccable et il est aisé de reconnaître là une rythmique à base de variation du volume sur un gros ampli, ici une boite de peinture en plastique, base rythmique pour le titre époustouflant "Ich bin’s". Bien sûr les vocaux sont en allemand ce qui peut être un peu perturbant au début (mais maintenant que la planète tremble sous les coups de butor de Rammstein qui viendra se plaindre ?) et la voix de Blixa Bargeld parcourt tout le spectre possible pour un humain (sa voix est chaude pour "Sand", sujette à une aphonie dans "Seele Brennt" très impressionnant !! ou encore hantée dans le mythique "Ich Bin’s"… Et quand ils utilisent de vrais instruments ils le font très très bien, vous me direz des nouvelles de la ligne de basse de "Seele Brennt". Tous les morceaux sont très dynamiques sauf peut-être "Bildeschreibung" (ce qui veut dire "description d’image" pour les non germanophones…) qui est très ambiant, ou encore la version live d’"Armenia" dont l’apogée me fait regretter amèrement de n’avoir jamais assiste à un concert… à l’époque où ils étaient interdits en Amérique pour avoir attaqué au plus fort de l’élan artistique (hum !!) et de l’inspiration scénique l’un des pylônes de soutien de la salle avec le marteau piqueur qui est passé d’élément rythmique à une utilisation plus classique ! La version live de "Haus der Luge" conduit elle aussi à une apogée gigantesque qui est représentative des capacités du groupe à faire monter la tension dans les ambiances distillées… Un régal ! Bref s’il faut mettre au placard pas mal de conceptions musicales avant d’entamer l’écoute de ce morceau, de ce pan devrais-je dire, de la musique moderne, le jeu en vaut à mon avis la chandelle…

Note : 6/6

Page 205/212 Informations

Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.

© 2000 - 2016

Page 206/212 Table des matières

Les interviews...... 3

SCARVE - (interview réalisée par Nicko)...... 4

MINUS - (interview réalisée par Chris, Nicko) ...... 6

Les chroniques ...... 8

THE VANDERMARK 5 : Single piece flow ...... 9

THE VANDERMARK 5 : Target or flag ...... 10

THE VANDERMARK 5 : Simpatico ...... 11

THE VANDERMARK 5 : Burn the incline...... 12

THE VANDERMARK 5 : Acoustic machine...... 13

The Fantômas Melvins Big Band : Millenium monsterwork 2000...... 14

KAMPFAR : Mellom Skogkledde Naser...... 15

KoЯn : S/t ...... 16

LORD BELIAL : Kiss the goat...... 17

LORD BELIAL : Enter the moonlight gate ...... 18

PINK FLOYD : A saucerful of secrets ...... 19

Faith No More : Album of the Year...... 20

Faith No More : King for a Day... Fool for a Lifetime ...... 21

Faith No More : Angel Dust...... 22

SOULFLY : S/t ...... 23

KoЯn : Life is peachy ...... 24

KRIEG : A crumbling shrine...... 25

DJAM KARET : The ritual continues...... 26

DJAM KARET : Reflections from a firepool ...... 27

DJAM KARET : Burning the Hard City...... 28

DJAM KARET : Suspension & displacement ...... 29

DJAM KARET : Collaborator ...... 30

DJAM KARET : The devouring ...... 31

DJAM KARET : Still no commercial potential ...... 32

DJAM KARET : Live at Orion ...... 33

DJAM KARET : New dark age ...... 34

DJAM KARET : Ascension...... 35

SUNZOO MANLEY : To all our escapes...... 36

KING CRIMSON : Level five ...... 37

Page 207/212 ANEKDOTEN : Vemod ...... 38

ANEKDOTEN : Nucleus ...... 39

ANEKDOTEN : Live EP ...... 40

ANEKDOTEN : Official bootleg live in Japan...... 41

NARGAROTH : Herbstleyd ...... 42

OLD FUNERAL : The older ones ...... 43

SCORN : Logghi Barogghi ...... 44

KoЯn : Follow the leader...... 45

LIMBONIC ART : Moon in the scorpio...... 46

LIMBONIC ART : In abhorrence dementia ...... 47

LIMBONIC ART : Ad noctum-dynasty of death ...... 48

FEAR FACTORY : Soul of a new machine ...... 49

SETH : Apocalyptic desires ...... 50

ORPHANED LAND : Sahara ...... 51

ORPHANED LAND : El norra alila ...... 52

KoЯn : Issues...... 53

GODKILLER : The rebirth of the middle ages...... 54

BIOHAZARD : Biohazard...... 55

BIOHAZARD : Urban discipline...... 56

Mütiilation : Black imperial blood (travel) ...... 57

Mütiilation : Satanist styrken ...... 58

DEMONCY : Faustian dawn ...... 59

DEMONCY : Faustian dawn / Within the sylvan realms of frost...... 60

MUSE : Showbiz...... 61

MORGUL : Sketch of supposed murderer...... 62

ANEKDOTEN : From within ...... 63

Bill Laswell / Terre Thaemlitz : Web...... 64

MYSTIC FOREST : Welcome back in the forest...... 65

Aes Dana (Paris) : Mcd july 2000...... 66

CRYPTIC REBORN : S/T...... 67

BIOHAZARD : Biohazard...... 68

BIOHAZARD : Urban discipline...... 69

BIOHAZARD : State of the world address...... 70

THOU SHALT SUFFER : Into the woods of Belial...... 71

MORGUL : Lost in the shadows grey...... 72

Page 208/212 MORGUL : Parody of the mass...... 73

MORGUL : The horror grandeur ...... 74

YES : 90125 ...... 75

YES : Big generator ...... 76

YES : Union ...... 77

HOLLENTHON : With vilest of worms to dwell...... 78

BIOHAZARD : Mata leão ...... 79

BIOHAZARD : New world disorder ...... 80

5 UU'S : Point of views ...... 81

5 UU'S : Hunger's teeth ...... 82

5 UU'S : Crisis in clay ...... 83

5 UU'S : Regarding purgatories ...... 84

BIOHAZARD : Uncivilization ...... 85

5 UU'S : Abandonship...... 86

DARK TRANQUILLITY : The gallery...... 87

IMPALED : The dead shall dead remain ...... 88

IMPALED : Choice cuts ...... 89

DYING FETUS : Killing on adrenaline...... 90

NEBELNEST : S/T ...... 91

NEBELNEST : Nova express ...... 92

RADIOHEAD : The Bends...... 93

RADIOHEAD : Ok Computer ...... 94

RADIOHEAD : Kid A ...... 95

AT THE GATES : Gardens of grief...... 96

WYNJARA : S/t...... 97

SECRET CHIEFS 3 : Book M...... 98

A Perfect Circle : Mer de noms...... 99

SAUSAGE : Riddles are abound tonight ...... 100

Les Claypool (Les) : Highball with the devil...... 101

MASADA : א (Alef)...... 102

MASADA : ב (Beit)...... 103

MASADA : ד (Dalet)...... 104

MASADA : ה (Hei)...... 105

MASADA : ו (Vav)...... 106

MASADA : ז (Zayin) ...... 107

Page 209/212 LORD BELIAL : Unholy crusade...... 108

ROTTEN SOUND : Drain ...... 109

MASADA : ח (Het)...... 110

MASADA : ט (Tet) ...... 111

EBONY TEARS : Tortura insomniae...... 112

MASADA : י (Yod)...... 113

OBTAINED ENSLAVEMENT : Witchcraft...... 114

TOOL : Undertow ...... 115

MASADA : ג (Gimel)...... 116

ABSU : The third storm of cythraul...... 117

ABSU : Tara...... 118

SATYRICON : The shadowthrone ...... 119

ULTRA VOMIT : Kebabized at birth...... 120

The Doors : Soft Parade ...... 121

James Murphy (James) : Convergence...... 122

DARK FUNERAL : Vobiscum satanas ...... 123

SLIPKNOT : Slipknot...... 124

EBONY TEARS : A handful of nothing...... 125

Frank Zappa (Frank) : Freak out !...... 126

Frank Zappa (Frank) : Absolutely free...... 127

Frank Zappa (Frank) : Lumpy gravy...... 128

Frank Zappa (Frank) : We're only in it for the money ...... 129

Frank Zappa (Frank) : Cruising with Ruben & The Jets...... 130

Frank Zappa (Frank) : Uncle Meat...... 131

Frank Zappa (Frank) : Hot Rats ...... 132

Frank Zappa (Frank) : Burnt weeny sandwich...... 133

Frank Zappa (Frank) : Weasels ripped my flesh ...... 134

Frank Zappa (Frank) : Chunga's revenge ...... 135

Frank Zappa (Frank) : Fillmore East, june 1971...... 136

Frank Zappa (Frank) : 200 motels...... 137

Frank Zappa (Frank) : Just another band from L.A...... 138

Frank Zappa (Frank) : Waka jawaka...... 139

Frank Zappa (Frank) : The grand wazoo...... 140

Frank Zappa (Frank) : Over-nite sensation ...... 141

Frank Zappa (Frank) : Apostrophe (')...... 142

Page 210/212 Frank Zappa (Frank) : Roxy & elsewhere...... 143

Frank Zappa (Frank) : One size fits all...... 144

Frank Zappa (Frank) : Bongo fury ...... 145

Frank Zappa (Frank) : Zoot allures ...... 146

Frank Zappa (Frank) : In New York ...... 147

Frank Zappa (Frank) : Studio tan ...... 148

Frank Zappa (Frank) : Sleep dirt ...... 149

Frank Zappa (Frank) : Orchestral favorites...... 150

Frank Zappa (Frank) : Sheik Yerbouti ...... 151

Frank Zappa (Frank) : Joe's garage ...... 152

EBONY TEARS : Evil as hell ...... 153

Frank Zappa (Frank) : Baby snakes ...... 154

Frank Zappa (Frank) : Tinseltown rebellion ...... 155

Frank Zappa (Frank) : Shut up'n play yer guitar ...... 156

SICK OF IT ALL : Blood, sweat, and no tears...... 157

Frank Zappa (Frank) : You are what you is ...... 158

Frank Zappa (Frank) : Ship arriving too late to save a drowning witch ...... 159

Frank Zappa (Frank) : The man from utopia...... 160

Frank Zappa (Frank) : The London symphony orchestra vol.1 & 2 ...... 161

Frank Zappa (Frank) : The perfect stranger ...... 162

Frank Zappa (Frank) : Them or us ...... 163

Frank Zappa (Frank) : Thing fish...... 164

Frank Zappa (Frank) : Francesco Zappa ...... 165

Frank Zappa (Frank) : Meets the mothers of prevention...... 166

Frank Zappa (Frank) : Jazz from hell...... 167

Frank Zappa (Frank) : Guitar ...... 168

Frank Zappa (Frank) : Broadway the hard way ...... 169

Frank Zappa (Frank) : The best band you never heard in your life...... 170

RUNEMAGICK : Enter the realm of death ...... 171

Frank Zappa (Frank) : Make a jazz noise here...... 172

Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (Volume 1)...... 173

Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 2) ...... 174

Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 3) ...... 175

Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 4) ...... 176

Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 5) ...... 177

Page 211/212 Frank Zappa (Frank) : You can't do that on stage anymore (volume 6) ...... 178

Frank Zappa (Frank) : Playground psychotics ...... 179

Frank Zappa (Frank) : Ahead of their time ...... 180

Frank Zappa (Frank) : The yellow shark...... 181

Frank Zappa (Frank) : Civilization phaze III ...... 182

Frank Zappa (Frank) : The lost episodes...... 183

Frank Zappa (Frank) : Läther ...... 184

Frank Zappa (Frank) : Mystery disc...... 185

NILE : Amongst the catacombs of nephren-ka...... 186

RAIN FELL WITHIN : Refuge ...... 187

DYING FETUS : Destroy the opposition ...... 188

MUDVAYNE : L.D. 50 ...... 189

MARDUK : Slay the nazarene...... 190

W.A.S.P. : Chainsaw pack ...... 191

MACHINE HEAD : Supercharger...... 192

BIOHAZARD : No holds barred - Live in Europe ...... 193

DEAD CAN DANCE : Within the realm of a dying sun...... 194

DEAD CAN DANCE : The serpent's egg...... 195

DAWN OF DREAMS : Darklight awakening...... 196

BLUT AUS NORD : Memoria vetusta I "fathers of the icy age"...... 197

Motörhead : Motörhead...... 198

Motörhead : Overkill...... 199

BAL-SAGOTH : Starfire burning upon the ice-veiled throne of ultima thule ...... 200

TIAMAT : A deeper kind of slumber ...... 201

TIAMAT : Skeleton skeletron...... 202

PANTERA : Far beyond driven ...... 203

BLUT AUS NORD : Memoria vetusta I "fathers of the icy age"...... 204

EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Strategies against architecture (volume 2)...... 205

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