Enquête Sur La Consultation De Juin 2016 Liée Au Transfert De L'aéroport De Nantes À Notre-Dame-Des-Landes
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Enquête sur la consultation de juin 2016 liée au transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes : quels sont les déterminants du vote des individus sur un conflit devenu symbole ? Nicolas Gogendeau To cite this version: Nicolas Gogendeau. Enquête sur la consultation de juin 2016 liée au transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes : quels sont les déterminants du vote des individus sur un conflit devenu symbole ?. Sociologie. 2017. dumas-01650164 HAL Id: dumas-01650164 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01650164 Submitted on 5 Feb 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Enquête sur la consultation de juin 2016 liée au transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes : Quels sont les déterminants du vote des individus sur un conflit devenu symbole ? Mémoire de Master 2 Sociologie, Recherche, Université de Nantes Année universitaire : 2016-2017 Nicolas GOGENDEAU Enseignant référent : Marie CHARVET Membre du jury : Martine MESPOULET Sources des images de couverture : A gauche, les autocollants des opposants et des soutiens au projet : http://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire- atlantique/nantes-metropole/nantes/notre-dame-landes-referendum-juin-loire-atlantique- 950727.html; en haut à droite, aéroport de Nantes-Atlantique : http://www.nantes.aeroport.fr/; en bas à droite, le potentiel aéroport de Notre-Dame-des-Landes : http://www.20minutes.fr/nantes/1870147-20160627-dame-landes-10-idees-recues-nouvel- aeroport-passees-crible. 2 3 Enquête sur la consultation de juin 2016 liée au transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes : Quels sont les déterminants du vote des individus sur un conflit devenu symbole ? Mémoire de Master 2 Sociologie, Recherche, Université de Nantes Année universitaire : 2016-2017 Nicolas GOGENDEAU Enseignant référent : Marie CHARVET Membre du jury : Martine MESPOULET 4 Avant-propos Je tiens tout d’abord à remercier l’équipe pédagogique du master RMDS de l’Université de Nantes et plus particulièrement son directeur Jean-Noël Retière. Je remercie également Marie Charvet qui a dirigé ce mémoire de manière avisée et en m’apportant de précieux conseils. L’ensemble des personnes ayant répondues aimablement à mes questions et celles qui m’ont permis de les rencontrer reçoivent également mes remerciements appuyés, car sans elles, ce travail n’aurait pu voir le jour. Madeline Blanchard et Mélodie Renvoisé m’ont aidé à trouver des enquêtés, je les en remercie, tout comme mon grand-père Michel Seillé. Je remercie également Evelyne Gogendeau, Kheloudja Amer, Corentin Le Tron—Guibard et Antony Girardeau pour leurs conseils et soutien moral ou technique. Delphine Le Tron—Guibard et Amaury Barbereau reçoivent également mes remerciements pour leur relecture de l’abstract. Philippe Courpotin, pour sa relecture précise, tient aussi une place importante dans ce travail, je l’en remercie, tout comme les autres personnes de mon entourage qui m’ont apporté tout leur soutien et contribué même de loin à la réalisation de ce mémoire. Je remercie enfin Jean Rivière pour ses conseils et sa disponibilité qui m’ont bien aidé. 5 6 Introduction En Mai 2017, Nicolas Hulot fait son entrée au gouvernement après le succès d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle. Désormais ministre de la transition écologique et solidaire, ce porte-parole médiatique de l’écologie en France va devoir gérer de nombreux dossiers épineux, dont celui du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Nicolas Hulot étant opposé à ce projet d’infrastructure aéroportuaire au nord de Nantes, son entrée au gouvernement aurait pu être une bonne nouvelle pour les opposants au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Mais le nouveau ministre a fait savoir qu’il fallait respecter les résultats de la consultation organisée en juin 2016, à l’issue de laquelle le « oui » au transfert de l’aéroport actuel à Notre-Dame-des-Landes l’a emporté. Cette consultation était censée mettre fin au conflit qui oppose pro et anti-aéroport depuis une cinquantaine d’années, en vain puisqu’elle n’a eu à cette heure aucun effet. De plus, le nouveau Président, Emmanuel Macron est resté flou sur ses intentions sur le dossier de ce projet d’envergure, nommant simplement un médiateur quelques jours après sa prise de fonction, pour une durée pouvant aller jusqu’à six mois. Après cette date, l’incertitude reste totale et le Président n’a pas exclu des interventions des forces de l’ordre sur la zone contrôlée par les opposants au projet, qui empêchent tout début des travaux. L’issue, quelle qu’elle soit, de ce projet, semble donc encore devoir attendre quelques mois, au grand désarroi des pro- aéroport mais aussi de leurs adversaires qui craignent une tentative d’évacuation de la ZAD (Zone d’Aménagement Différé, transformée et renommée en Zone A Défendre par ses occupants).1 La fin de ce feuilleton vieux d’environ cinquante ans n’est pas près d’être connue, et le sujet revient dans l’actualité à chaque soubresaut de l’un des deux camps ou de la justice et de l’État. C’est la DATAR (Délégation Interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) l’organe aménageur de l’État central, qui dans les années soixante envisage un nouvel aéroport dans le bocage du Pays nantais, pour renforcer la puissance et l’attractivité de la désormais métropole d’équilibre Nantes – Saint-Nazaire, qui avec sept autres agglomérations devaient contrer la macrocéphalie parisienne (C. Rialland-Juin, 2016). Par conséquent, en 1974, une ZAD (Zone d’Aménagement Différé) est décrétée entre les bourgs ruraux de Vigneux de Bretagne et Notre-Dame-des-Landes. Mais, avec les chocs 1 Voir : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/05/18/notre-dame-des-landes-les-positions-de-macron- philippe-et-hulot-sur-ce-dossier-embourbe_5130086_3244.html 7 pétroliers successifs et une forte mobilisation locale de certains élus et des paysans locaux des gauches alternatives ayant participé au mouvement de mai 68, le projet est rapidement mis de côté (L. Avry, 2010). Il est réactivé plus de deux décennies plus tard par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, qui lance un débat public sous l’égide de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public). L’opposition se remobilise aussi en parallèle et les associations de lutte créées aux premières heures du projet reprennent du service. En 2008, le dossier voit sa légitimité politique renforcée par la DUP (Déclaration d’Utilité Publique) qui est actée et proclame le projet utile pour l’intérêt général (F. Barbe, 2016). Cette DUP, loin de démotiver les opposants accélère et intensifie leurs actions, et ils sont progressivement rejoints par de nouveaux acteurs, d’horizons divers (politiques, syndicaux, associatifs) et aux idéologies assez hétérogènes bien que pouvant trouver un terrain d’entente (anarchistes, altermondialistes, gauches radicales, communistes…). Ainsi, dès 2009, un appel à l’occupation de la ZAD est lancé, et aujourd’hui, cette zone rebaptisée zone à défendre, est peuplée d’environ 300 personnes, dites zadistes, cohabitant avec les habitants historiques du lieu. La lutte contre ce projet entre alors dans une nouvelle dimension, change d’échelle et s’inscrit désormais à l’agenda politique national (A-L. Pailloux, 2015). Les anti-aéroport multiplient les actions et ne se contentent plus de recours juridiques, ils investissent les rues, adoptent de nouveaux types de mobilisations et élargissent leur répertoire d’actions. Ils occupent dorénavant un territoire de 1650 hectares parfois illégalement, ce qui est d’ailleurs leur arme principale aujourd’hui et qui gène considérablement le pouvoir nantais et national. D’ailleurs, cette occupation partiellement illégale de cette zone par les zadistes, aux relents communards, a subi les assauts des forces de l’ordre fin 2012, pour récupérer un territoire devenu pour les porteurs du projet, une zone de non-droit. Malgré plusieurs semaines d’affrontements et la mise en œuvre de moyens impressionnants du côté du pouvoir, cette opération d’évacuation dite César, est un échec et la zone n’est à ce jour pas évacuée. La ZAD est aujourd’hui pour partie un territoire autogéré d’expérimentations politiques, démocratiques ou écologiques, un laboratoire à ciel ouvert où se rencontrent des gens de mondes différents et où les militants alternatifs multiplient les initiatives et élaborent des projets « pour un monde débarrassé du capitalisme » (S. Bulle, 2016 b). En 2016, pour sortir de l’impasse créée par ce conflit, l’État décide de la mise en place d’une consultation à l’échelle du département de la Loire-Atlantique. Les habitants étaient appelés à se prononcer sur le transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes. Le « oui » au transfert l’a emporté avec un peu plus de 55% des 8 voix, avec une participation d’environ 51%, mais depuis la proclamation des résultats, rien n’a bougé et les travaux n’ont toujours pas démarré. Le projet est toujours d’actualité, mettant en présence d’un côté des opposants de longue date et de l’autre la métropole nantaise, le département de Loire-Atlantique et l’État. Cela montre bien la capacité des métropoles aujourd’hui, devenue des territoires puissants et influents, à piloter des projets d’envergure, y compris en dehors de leur territoire, comme c’est le cas pour ce projet d’aéroport surtout porté par les édiles nantais (Y.