L'absence De Généraux Canadiens-Français Combattants
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Où sont nos chefs? L’absence de généraux canadiens-français combattants durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). Par : Alexandre Sawyer Thèse présentée à la Faculté des études supérieures et postdoctorales À titre d’exigence partielle en vue de l’obtention d’un doctorat en histoire Université d’Ottawa © Alexandre Sawyer, Ottawa, Canada, 2019 ii RÉSUMÉ Le nombre d’officiers généraux canadiens-français qui ont commandé une brigade ou une division dans l’armée active durant la Deuxième Guerre mondiale est presque nul. On ne compte aucun commandant de division francophone dans l’armée outre-mer. Dans les trois premières années de la guerre, seulement deux brigadiers canadiens-français prennent le commandement de brigades à l’entrainement en Grande-Bretagne, mais sont rapidement renvoyés chez eux. Entre 1943 et 1944, le nombre de commandants de brigade francophones passe de zéro à trois. L’absence de généraux canadiens-français combattants (à partir du grade de major-général) durant la Deuxième Guerre mondiale s’explique par plusieurs facteurs : le modèle britannique et l’unilinguisme anglais de la milice, puis de l’armée canadienne, mais aussi la tradition anti-impérialiste et, donc, souvent antimilitaire des Canadiens français. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, aucun officier canadien n’est réellement capable de commander une grande unité militaire. Mais, a-t-on vraiment le choix? Ces officiers sont les seuls dont dispose le Canada. Quand les troupes canadiennes sont engagées au combat au milieu de 1943, des officiers canadiens, plus jeunes et beaucoup mieux formés prennent la relève. À plus petite échelle, le même processus s’opère du côté francophone, mais plus maladroitement. Il est plus difficile de dénicher, en raison du petit nombre d’officiers de langue française qualifiés, des chefs canadiens-français capables de commander un bataillon ou une brigade. Les efforts soutenus de la part du gouvernement fédéral et de iii l’armée permettront de former et d’instruire un bon nombre d’officiers francophones. Ces mesures ont donné quelques résultats, mais ils arrivent trop tard pour voir un Canadien français prendre le commandement d’une division avant la fin de cette guerre. Quel rôle ont joué les chefs militaires francophones durant la Deuxième Guerre mondiale? Quels postes ont-ils occupés? La réponse à ces questions permet de faire un portrait type de l’officier canadien-français entre 1939 et 1945. Elle tend aussi à expliquer les raisons de l’absence de généraux francophones combattants. Enfin, elle permet de mieux comprendre le cheminement que les jeunes officiers subalternes canadiens-français de 1939-1941 ont dû suivre – le même d’ailleurs que les anglophones — pour obtenir le commandement d’une brigade dans les dernières années de la guerre. Les difficultés sont les mêmes, mais elles sont sans doute accentuées pour les Canadiens français par le caractère britannique et anglophone de l’armée canadienne et le particularisme du Canada francophone. L'insensibilité au fait francophone du système militaire canadien de l'époque a eu des répercussions. Pourtant, les cadres n'étaient pas systématiquement anti-francophones; ils ne bloquaient pas leurs progressions à cause de leur langue. Pour le démontrer, nous avons reconstruit à partir d’une approche biographique les expériences des officiers francophones des grades supérieurs de l’armée outre-mer. L’étude des officiers francophones apporte une nouvelle perspective sur la présence et la participation canadienne-française dans les rangs de l’armée active pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au final, nous usons d'un angle novateur pour améliorer nos connaissances le problème des officiers francophone dans l’armée canadienne pendant la guerre de 1939 à 1945. iv Notre étude démontre que l’absence de commandant de division francophone s’explique par l’âge avancé, la mauvaise santé ou l’incompétence des officiers supérieurs francophones dans les premières années de la guerre. Cette absence n’a pas été causée par une discrimination directe de la part des hauts gradés anglophones basée sur la langue ou l’ethnicité. Par contre, il est clair que l’institution militaire canadienne, calquée sur le modèle britannique et anglophone, n’a pas aidé la cause des officiers francophones. À partir de 1943, des officiers canadiens-français, plus jeunes et mieux formés, réussiront beaucoup mieux que leurs prédécesseurs. v REMERCIMENTS La thèse de doctorat marque l’aboutissement d’un long cheminement académique, rendu possible grâce à la contribution de plusieurs personnes et plusieurs organismes. Il m’est impossible en quelques mots de m’acquitter de l’ensemble des dettes morales que j’ai accumulées lors de ces dernières années. Soulignons l’Université d’Ottawa et le Département d’histoire qui ont contribué au financement de mes études en me remettant la bourse d’admission, la bourse de recherche sur les francophonies canadiennes et nord- américaines, la bourse commémorative Pierre-Savard ainsi que la bourse Gustave et Marie Lanctôt. Mes premiers remerciements vont tout naturellement à mon directeur de thèse, le professeur Serge Durflinger, de l’Université d’Ottawa, qui a été mon guide et mon mentor au cours des dernières années. Ses connaissances approfondies du sujet et ses critiques constructives ont nourri cette thèse. Il a su me transmettre la passion de l'histoire. Je reste le seul responsable des imperfections qui parsèment mon analyse. Je suis reconnaissant envers les archivistes de Bibliothèque et Archives Canada, des Archives du Royal 22e Régiment, du Collège militaire royal du Canada et du Musée canadien de la guerre, qui ont grandement facilité ma recherche. Un merci particulier à Yves Tremblay, historien à la Direction Histoire et Patrimoine du ministère de la Défense nationale. Ces dernières années furent également marquées par la rencontre de plusieurs professeurs et historiens qui m’offrirent de partager ou de participer à leurs projets de recherche. Ces expériences furent une source inestimable d’inspiration pour mes propres travaux. vi À mes parents et amis que j’ai négligés ces dernières années. Merci pour votre compréhension et votre patience. Merci de m’avoir montré qu’il existe encore une vie hors du domaine universitaire. Finalement, un merci du plus profond du cœur à Véronique, sans qui cette thèse n’aurait jamais vu le jour. Ta patience, tes encouragements lors des moments de solitude et surtout ta conviction sans borne envers mes projets les plus fous me donnent chaque jour l’aspiration et l’inspiration pour continuer. vii LISTE DES ABBRÉVIATIONS AAG Assistant Adjutant General, Adjudant général adjoint AA&QMG Assistant Adjutant and Quartermaster General, Adjudant et quartier-maître général adjoint ADAG Assistant Deputy Adjutant General, Sous-adjudant général adjoint AG Adjutant General, Adjudant général AHQ Army Headquarters, Quartier général de l'Armée Bde Brigade Bn Battalion, Bataillon CBRD Canadian Base Reinforcement Depot, Dépôt de renforts canadiens, Théâtre opérationnel CBRG Canadian Base Reinforcement Group, Groupe de renforts canadiens, Théâtre opérationnel CDIRU Canadian Division Infantry Reinforcement Unit, Unité de renfort d’infanterie pour les divisions canadiennes CGS Chief of the General Staff, Chef de l'état-major général, QGDN, Ottawa CIC Canadian Infantry Corps, Corps d’infanterie canadien CIRU Canadian Infantry Reinforcement Unit, Unité canadienne de renforts d’infanterie CMHQ Canadian Military Headquarters, Quartier général de l'armée canadienne, Londres COS Chief of Staff, chef d’état-major, CMHQ, Londres. CRU Canadian Reinforcement Unit, Unité canadienne de renforts en Grande-Bretagne viii CTS Canadian Training School, École d’instruction canadienne en Grande-Bretagne DAAG Deputy Assistant Adjutant General, Sous-adjudant général adjoint DA&QMG Deputy Adjutant and Quartermaster General, Sous- adjudant et quartier-maître général DAA&QMG Deputy Assistant Adjutant and Quartermaster General, Sous-adjudant et quartier-maître général adjoint DAG Deputy Adjutant General, Sous-adjudant général DCGS Deputy Chief of the General Staff, Sous-chef d’état- major général Div Division DMO&I Director of Military Operations and Intelligence, Directeur des operations militaires et du renseignement, QGDN, Ottawa DMT Director(ate) of Military Training, Direction ou directeur de l’Instruction militaire, QGDN, Ottawa FMR Fusiliers Mont-Royal FP Force permanente GQG Grand quartier général, General Headquarters(GHQ) GSO General Staff Officer, officier d’état-major HQ Headquarters, quartier général IDC Imperial Defence College LMRN Loi sur la mobilisation des ressources nationales (21 juin 1940) MDN Ministère de la Défense nationale MANP Milice active non permanente ix NDHQ National Defence Headquarters, Quartier général de la Défense nationale QG Quartier général QGDN Quartier général de la Défense nationale, Ottawa R22eR Royal 22e Régiment Regt. Régiment RMC Royal Military College of Canada, Collège militaire royal du Canada, Kingston TEWT Tactical Exercice Without Troops, Exercice tactique sans troupes VCGS Vice Chief of the General Staff, Sous-chef de l’état- major, QGDN, Ottawa x Grades de l’Armée canadienne de 1939 à 1945 Officiers Gen Général LGen Lieutenant-général MGen Major-général Brig Brigadier Col Colonel Lcol Lieutenant-colonel Maj Major Capt Capitaine Lt Lieutenant Slt Sous-lieutenant Sous-officiers WO Sous-officier breveté S/Sgt Sergent d'état-major L/Sgt Sergent suppléant Sgt Sergent A/Sgt Sergent (intérimaire) Membres du rang Cpl Caporal L/Cpl