Antananarivo l’exception africaine

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana

Panorama de Tananarive Print-screen La Guerre illustrée, - 1890 Lucien Huard État-Nation en Afrique 1817-1897

Madagascar présente donc un cas original Cour Constitutionnelle s’est installé dans une en Afrique, celui d’une adéquation entre un grande bâtisse située dans le creux ombragé territoire (une île), un état (une monarchie, puis d’une colline… Alors que toute architecture et une colonie, puis une République indépendante), tout choix d’un lieu font sens à Madagascar, les un peuple (les Malgaches) et une langue (le lieux du pouvoir se dérobent singulièrement à malgache), si bien qu’il est possible d’employer cette logique. Cette faible inscription visuelle la notion d’État-nation pour caractériser des institutions nationales dans la capitale cette construction, en dépit des réticences pourrait bien traduire la faiblesse de son connues quant à l’utilisation de ce concept statut nationale. En particulier, il n’existe à européen dans d’autres régions du monde. Tananarive aucun monument construit après Tananarive semble ainsi souff rir d’un déficit l’indépendance auxquels les Malgaches dans de visibilité des bâtiments du pouvoir, ce qui leur ensemble pourraient s’identifier. Il y a donc est déroutant pour les Malgaches habitués un défaut manifeste de lisibilité du pouvoir historiquement à une association visuelle entre national à Tananarive, alors que celui-ci bénéficie le pouvoir et son lieu d’exercice (comme l’incarne d’une visibilité beaucoup plus marquée dans le palais du au sommet de la colline) : les principales villes de province, comme le palais de Iavoloha est isolé et se dérobe à Majunga, Tamatave ou Tuléar où de grands la vue, l’Assemblé nationale est dissimulée bâtiments on été construits en plein centre. dans la verdure du parc zoologique, le Sénat La dimension spatiale du fait national à Madagascar : un État- ressemble à une salle de conférences, la Haute nation en Afrique ? Catherine Fournet- Guérin, 2009

Sor abe : écriture ar abo - malgache Blason du Royaume de Madagascar Drapeau du Royaume de Madagascar Palais du roi Radama Ier

Source : Wikipédia, www.laplaneterevisitee.org/fr/70/le_temps_des_royaumes

Car te des ethnies de Madaga scar en 1839 CENTRE-VILLE : PLACES DE REVENDICATIONS

MAHAMASINA : PLACE DE SACRALISATION

HAUTE-VILLE : BERCEAU DU POUVOIR ANTANIN’ARIVO – – TANANARIVE

Fondée en 1610 par le roi , De capitale de l’Imerina (1), sur les Hautes la « Ville des mille » (guerriers), ANTANIN’ARIVO, Terres de Madagascar, ANTANANARIVO, ainsi baptisée à l’origine par ce roi, capitale dénomination francisée en TANANARIVE, royale sanctuarisée, devient par la suite très devient au XIXe siècle celle du royaume de vite un gros bourg, avant de se muer tout aussi Madagascar, reconnu par les puissances rapidement en une véritable « ville aux habitants occidentales et occupant les deux tiers de l’ î le. innombrables », ANTANANARIVO, telle que la Après l’annexion en 1896, les autorités f rançaises voulaient les souverains successifs, en par ticulier en font le chef-lieu de la colonie de Madagascar à partir de 1792. et de ses dépendances (les Comores). Labodiplo. L’ouver ture à l’international. mai 31, 2014. Faranirina V. Rajaonah, « Prestige et métier dans la société ANTANANARIVO…LA BELLE VILLE DES MILLE malgache. A Tananarive aux XIXe - X Xe siècles », Le Mouvement Social 2003/3 (no 204), p. 65 -79. DOI 10.3917/ lms.204.0065

Frèsque en Haute Ville sur l’histoire d’Antananrivo R. Ravemananisoa Haute-ville : berceau du pouvoir

- se trouvant en contrebas du palais «Rova Au fil du temps, la place semble de moins Manjakamiadana», demeure officielle des en moins bénéficier de la considération souverains de Madagascar au XIXème siècle et de la conscience patrimoniale des - dans le même quar tier se trouve un autre habitants et ne répond plus aux besoins belvédère, le palais du Premier-ministre du des habitants qui lui préfèrent les sites temps de la royauté, et le jardin d’Andohalo, d’attraction en dehors de la ville. lieu où se tenaient les prestations de Pour tant , le potentiel offer t par la serments, la circoncision des princes, les Place est indéniable, tant du point de cérémonies du Fandroana (bain royal) vue historique que géographique avec - point culminant d’Antananarivo, donnant ses 10 000 m2, ou de sa localisation à ainsi une vue panoramique sur les plaines et proximité du Palais de la Reine qui off re les autres collines sacrées de la capitale. une halte paisible au cœur de la Capitale.

ROIS ET REINES Aujourd’hui, la Place Andohalo fait par tie du Secteur Sauvegardé et de la Zone de protection La place Andohalo, située au cœur du patrimoine urbain et paysager (ZPPAUP). Cet de la Haute Ville, est un haut lieu état confère une importance particulière à son hautement historique où Rois et Reines l’aménagement . Ombragé par des eucalyptus ont été intronisés ; où les discours et centenaires, avec ses bancs, le jardin est un édits royaux ont été promulgués ; où la lieu de détente apprécié par les habitants et les naissance de la République malgache scolaires du quartier. Le jardin particulièrement a été solennellement proclamée. fréquenté en fin de semaine, grâce aux terrains Remplissant d’importantes fonctions de spor t et aux événements culturels et politiques, économiques et sociales musicaux. La Place Andohalo doit confirmer depuis 1610, c’est avec l’administration aujourd’hui sa vocation touristique avec sa coloniale que la Place devient un lieu valeur historique et se positionner comme « de divertissement public, baptisé Por te de la Haute Ville » pour proposer une alors Place Jean Laborde. off re éco -touristique de qualité aux visiteurs .

Case du roi Andrianampoinimerina Palais du Premier-ministre Palais royal de justice Andohalo, lieu de discours royal Rova Manjakamiadana , copyright Murr ay Foote période monarchique Mahamasina : lieu de sacralisation

Cet te place inclut le Palais des spor ts, la Stade Ainsi, le marché historique du Zooma a municipale, et les jardins aux alentours été remplacé par celui de Mahamasina , Mahamasina qui signifie littéralement qui se tient désormais tous les jeudis . “ce qui rend sacré”, a été le quar tier des tanneurs de peaux durant le règne Bien que ce quar tier ait eu une fonction du roi Radama Ier (1810 -1828) historique majeure durant la monarchie merina (lieu de sacralisation des souverains), Du temps du roi Radama II, elle f ût dénommée aujourd’hui, c’est sur tout l’endroit des bonnes «Champ de Mars» (La Guerre Illustrée. affaires . Le marché du jeudi est un rituel des Madagascar. Lucien Huard 1890. p 113 -114) natifs de la ville. Une fois par semaine, quelques vendeurs de friperie et d’accessoires en tout - LIEU DE COURONNEMENT DES ROIS, genre se réunissent en plein cœur du quar tier. dont Radama II Mahamasina perd son calme habituel pour - PLACE DU MARCHÉ tous les jeudis laisser place à des marchandages et à des transactions en tout genre. Le marché a - Lieu des discours off iciels, dont celui de la tellement évolué depuis le temps qu’aujourd’hui, déclaration de l’indépendance, et ceux des il fait le tour du stade municipal qui lui même a investitures des présidents successifs été construit sur un lieu sacré de la royauté.

- Le stade de Mahamasina , sur l’emplacement On peut absolument tout trouver dans ce même d’une esplanade sacrée à l’époque royale marché. Cela va des ar ticles d’habillement aux accessoires d’ameublement. Les Les plus grands marchés urbains transactions se passent en toute convivialité. d’Antananarivo ne revêtent plus vraiment C’est ici que se traduit le sens du par tage de dimension historique. Ils ont été aménagé et de l’échange des Malgaches . dans un soucis strictement urbanistique et désengorger le centre ville.

Proclamation sur la pierre sacrée Défilé militaire en 1940 Stade Mahamasina Place du marché autour du Stade Stade de Mahamasina aujourd’hui, vue depuis le Rova Places de revendications

Le centre de la ville proprement dit a été L A PL ACE DU 13 MAI 1972, marquée installé sous la colonisation dans le vallon, jadis par plusieurs revendications politiques marécageux, enserré entre les deux branches dont celle de 1972, 2002 et 2009 du Y. D’autres quar tiers se sont développés aux alentours, tous à vocation administrative Ce sont les places de la résistance où ou commerçante. Cet ensemble est très actif sont , depuis 2009 jusqu’à aujourd’hui, et constitue toujours le cœur de la vie de la installés des forces de l’ordre en camion. ville. L’avenue de l’Indépendance, monumentale, constitue l’a xe majeur de cet te zone. GARE de la gare de Soarano, un bâtiment au style Les places de revendications constituent industriel, devenu aujourd’hui une galerie le coeur d’Antananarivo. Elles incluent : marchande

AMBOHIJATOVO (PARC) ESCALIERS JUMEAUX sa dénomination signifie littéralement : la Construit sous le règne de Ranavalona Ière colline des jeunes puis baptisé «Place de la ANTANINARENINA ( Zone autour d’Hôtel du Démocratie» depuis le 17 janvier 2009 Louvre) quar tier d’affaires, place du palais présidentiel, architecture d’influence occidentale ANALAKELY (MARCHÉ, ZOOMA) Ambondrona (Zone en face, architecture typique Zone d’activité commerciale, le marché malagache) a conservé son aspet authenthique. était tout au long de l’avenue d’indépendance, du marché emblématique et historique,

AVENUE D’INDÉPENDANCE (+MAIRIE) de l’Hôtel de ville récemment restauré après son incendie en 1972,

Hôtel de ville d’Antananarivo, Marché du zoma dans Place du 13 mai en 2008 Place du 13 mai en 2016 Avenue de la liber té, vue de la Gare, CUA récemment restauré les années 60 -70 La Haute Ville: berceau du pouvoir

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana

Palais de la Reine, source Flickr, Luc V. de Zeeuw Articles La « rue » dans la ville africaine • 341

Plan

lac Anosy 1 1 Jardin d’Andohalo 2 Palais Andafiavaratra 19∞ 05í stade 2

3

4

5 lac de

Mandro seza 4 Rova Manjakamiadana

MAP Haute ville

3 Palais de Justice 5 Ambohipotsy 3 5

pa ko Canal Voie ferrée l'I Lac Route

Colline Route circulaire

Parc Marché fréquenté par les enfants Décharge Gare routière d’Andralanitra N Gare ferroviaire

Secteur des enfants 0 500 m 47° 32’

Source : À partir du fonds de carte de F. Bonnaud. Thèse Vivre à Tanananrive, 2002, C. Guerin Fournet LCA-IRD. M. Morelle, 2004 Carte 1 Les secteurs des enfants des rues à Antananarivo. Street children sectors in Antananarivo. Document téléchargé depuis www.cairn.info - 82.235.224.12 28/12/2017 09h43. © Armand Colin Historique

La monarchie merina (du nom de l’ethnie criminel en 1995... Après l’incendie, seul a malgache des hautes terres) est structurée subsisté le revêtement extérieur en pierre depuis le X VIIe siècle. À la fin de ce siècle, construit par James Cameron en 1872. Faute Tananarive a été fondée en tant que capitale du de travaux de consolidation, l’un des pans de ce royaume, qui s’étendait sur une par tie des hautes revêtement vient de surcroît de s’effondrer à la terres de Madagascar. Catherine Fournier-Guérin suite du passage d’un cyclone en janvier 2004. Durant plusieurs années, les Tananariviens Le Royaume de Madagascar est le nom off iciel ont espéré une reconstruction du Rova . La por té par le Royaume merina , un royaume du rumeur tananarivienne voulait croire au centre de Madagascar, du 27 octobre 1817 classement a posteriori du Rova par l’Unesco, jusqu’au 1er mars 1897 date de son abolition dans l’espoir d’un financement international.... par la volonté du général Gallieni dans l’ î le alors récemment colonisée. Wikipédia Les maisons traditionnelles constituent le second élément du patrimoine de la ville haute. La ville haute constitue le cœur historique Dans ce quar tier étendu, mais aujourd’hui de Tananarive. C’est le lieu de fondation par la peu actif, sans aucune activité économique, monarchie merina au X VIIe siècle, et , par tant , à l’écart du centre-ville, fonctionnellement celui où se trouve le site sacré de la ville, le marginalisé dans la ville, ces maisons très Rova , ancien palais des souverains et nécropole nombreuses sont bien souvent peu entretenues royale. Du fait de son rôle historique, la ville par des propriétaires désargentés, beaucoup haute a toujours joui d’un prestige symbolique menacent de ruine.... Seuls les bâtiments incontesté... Elle concentre ainsi non seulement publics comme les édifices cultuels de la ville des maisons traditionnelles de très belle haute ont fait l’objet d’un classement de la facture, mais aussi des édifices publics datant part de l’État. Par contre la municipalité (la de la colonisation et de nombreux temples et CUA) s’efforce de promouvoir une politique églises, auxquels sont affiliés les membres de patrimoniale.... Ainsi, la ville haute concentre chaque famille prestigieuse depuis plusieurs les projets de politique patrimoniale, reflet de générations. En premier lieu, c’est le symbole sa haute valeur symbolique, mais sans guère de la nation malgache et de l’histoire merina, le de moyens, et sans vrai relais des habitants . Rova , qui a entièrement brûlé dans un incendie

Marchands de la Andohalo, place des Tribunal de la Reine, Belvédère d’Ambohipotsy, Ensemble du quartier d’Andohalo Haute-ville vers 1900, discours officiels Iconothèque historique Louis Depui et René Depui Iconothèque historique de l’Océan Indien Iconothèque historique Iconothèque historique de l’Océan Indien de l’Océan Indien de l’Océan Indien Le Palais de la Reine

Le roi Andrianjaka (1610 -1630) a fondé le Rova Pensant que la perpétuation du nom réaffirme d’Antananarivo, vaste plate-forme, au sommet de symboliquement l’autorité royale, la reine la colline la plus haute de la ville. Les souverains décide d’appeler son palais Manjakamiadana. merina y ont édifié, l’un après l’autre, un ou plusieurs bâtiments afin d’affirmer leur légitimité. Bénéficiant des ouvriers formés par le Suivant la volonté et la recommandation charpentier français Gros et par James d’Andrianampoinimerina, Ramavo succède à son Cameron, Jean Laborde perfectionne le type époux Radama I, décédé le 27 juillet 1828. Elle d’architecture introduit à l’époque de Radama monte sur le trône sous le nom de . Il introduit l’idée de la monumentalité (le I à l’âge de 40 ans . Le règne de Ranavalona I, faste et la démesure, notions européennes) malgré sa fermeture aux contacts extérieurs, qu’il estime être nécessaire à l’affirmation correspond essentiellement à une période de de l’autorité royale. Archivesnationales.gov développement technique de l’architecture royale. La structure en bois du Palais Royal à Ranavalona I (1828 -1861) veut que le palais Tananarive est l’œuvre du Français Jean qu’elle se doit de construire soit à l’endroit Laborde sous le règne de Ranavalona Ier. même de la case (déjà détruite et reconstruite Sous celui de Ranavalona II, une enceinte de à ) qu’Andrianampoinimerina, pierre vient protéger l’édifice en bois . C’est autrefois, a fait édifier sous le nom de tout ce qu’il subsiste de la cité royale après Manjakamiadana (qui règne en paix) ou l’incendie de 1995. Madagascar: récit d’une Felanambola (les mains d’argent). colonisation (1), par Olivier Favier | Dormira jamais En 1839, Ranavalona I ordonne à , commandant en chef, de réunir les bois et les Jean Laborde est un aventurier, industriel, matériaux nécessaires à la construction de premier consul de à Madagascar. Il a une l’immense palais de bois que Jean Laborde, grande influence sur la société et la politique de un Français qui a su gagner la confiance de la monarchie Merina au XIXe siècle. Wikipédia la reine, va édifier dans l’enceinte royale.

Les palais - La guerre M. Laborde - La guerre Le Rova Manjakamiadana Incendie du Rova en 1996 Le Palais de la Reine restauré illustrée. Madagascar. illustrée. Madagascar. vu du ciel, avant Archives nationales Flickr, Luc V. de Zeeuw Lucien Huard page 116 Lucien Huard page 89 l’incendie La place d’Andohalo

La place Andohalo, située au cœur de la Haute Ombragé par des eucalyptus centenaires, Ville, est un haut lieu hautement historique où avec ses bancs, le jardin est un lieu de détente Rois et Reines ont été intronisés; où les discours apprécié par les habitants et les scolaires du et édits royaux ont été promulgués ; quartier. Le jardin particulièrement fréquenté où la naissance de la République malgache en fin de semaine, grâce aux terrains de spor t a été solennellement proclamée. et aux événements culturels et musicaux. La Remplissant d’importantes fonctions Place Andohalo doit confirmer aujourd’hui politiques, économiques et sociales depuis sa vocation touristique avec sa valeur 1610, c’est avec l’administration coloniale historique et se positionner comme « Por te que la Place devient un lieu de diver tissement de la Haute Ville » pour proposer une off re public, baptisé alors Place Jean Laborde. éco -touristique de qualité aux visiteurs . Au fil du temps, la place semble de moins Le projet consiste à met tre en place une en moins bénéficier de la considération structure de gestion du site pour piloter et de la conscience patrimoniale des toutes les fonctions du site. Cet te structure habitants et ne répond plus aux besoins aura en charge l’aménagement et l’entretien des habitants qui lui préfèrent les sites de la Place Andohalo, ainsi que sa sécurité d’attraction en dehors de la ville. pour les riverains et les usagers du jardin. Il Pour tant , le potentiel offer t par la Place est s’agit également pour cette structure de gérer indéniable, tant du point de vue historique que tous les opérateurs présents sur la Place : géographique avec ses 10 000 m2, ou de sa Les kiosques du village artisanal qui regroupent localisation à proximité du Palais de la Reine qui des ar tisans qui présentent un éventail de la off re une halte paisible au cœur de la Capitale. richesse de l’artisanat malgache : broderies, travail du cuir, de la corne, aluminium recyclé, Aujourd’hui, la Place Andohalo fait par tie vannerie… contribuant ainsi à la valorisation du Secteur Sauvegardé et de la Zone de des métiers de l’artisanat malgache. L’espace protection du patrimoine urbain et paysager dédié aux spor ts collectifs et à la pétanque ainsi (ZPPAUP). Cet état confère une importance que la scène qui accueille des manifestations particulière à son l’aménagement. culturelles ou de loisirs. IMV Tourisme

Place Laborde avant Discours de la Reine Place Laborde 1898, Andohalo, aujourd’hui, Andohalo, Mapio.net l’occupation, Iconothèque Ranavalona III déclarant durant l’occupation, IMV Tourisme historique de l’Océan Indien l’occupation, 1896 Iconothèque historique de l’Océan Indien Le Belvédère d’Ambohipotsy

Ambohipotsy est un quar tier de la haute ville de la capitale situé au sud- ouest du palais de la Reine. Il se reconnaî t à son grand temple construit en 1863 par l’architecte anglais William Pool, dont l’architecture fascine toujours les touristes. Le lieu était autrefois destiné à recevoir les sentences de mort des criminels qui étaient exécutés à coups de sagaie ou tout simplement décapités. Les ossements humains, blanchis par le temps, ont donné le nom d’Ambohipotsy qui se traduit littéralement par « colline blanche » Le cimetière des étrangers, appelé « Ampasambazaha », s’y trouve également , situé au nord du temple. En se dirigeant vers la rue du Dr Ralarosy, on distingue un belvédère (ou pergola) construit par les Français. No Comment, 14 février 2012 - Traditions // N°: 25

Belvédère d’Ambohipotsy, Vue de la ville depuis le Belvédère, 2018 Le Belvédère d’Ambohipotsy Louis Depui et René Depui Des lieux témoins d’une gloire passée

Dans le contex te d’un pays très rural, pays très ruraux du monde, où le taux de Tananarive, mais bien plutôt d’une contribué à sa fragilisation. structuré par des sociétés paysannes d’urbanisation est inférieur à 25 %. citadinité tourmentée. Une telle situation L’ambiguïté du statut de capitale anciennement organisées, l’existence Vivre à Tananarive, c’est vivre dans s’explique par trois facteurs majeurs . et de métropole (chapitres I et d’une ville millionnaire contraste un monde profondément déstabilisé et La citadinité tananarivienne a II), tout d’abord, a for tement vivement . Tananarive se trouve en effet dans une société divisée et crispée. Il est tout d’abord connu de profondes contribué au développement dans la situation paradoxale d’être une diff icile d’être Tananarivien : on ne peut déstabilisations à plusieurs reprises dans de représentations instables. grande ville et la capitale de l’un des pas parler de citadinité épanouie à propos son histoire récente, qui ont chacune

Catherine Fournet- Guérin, « Vivre à Tananarive. Crises, déstabilisations et recompositions d’une citadinité originale », L’Information géographique 2006/3 (Vol. 70), p. 109-116. DOI 10.3917/lig.703.0109 13 mai 1972, l’Hôtel de ville, symbole de l’autorité et de l’ancien pouvoir colonial, par t en cendre Plan d’Analakely, Antaninarenina, Ambohijatovo Ambohijatovo : place de la démocratie zone interdite

Le jardin d’Ambohijatovo était d’antan le « La démocratie, à la malgache ne signifie lieu de villégiature des jeunes malgaches, pas « seulement » que le peuple a le droit essentiellement des couples. D’où son nom d’exprimer son choix via le suff rage universel. « colline des jeunes ». Institué parc en 1012 Il ne signifie pas, uniquement , la faculté de par les autorités coloniales, il sera le théâtre chacun à s’exprimer librement en faisant de plusieures manifestations culturelles attention de ne pas tomber sous la loi sur la telles les spectacles traditionnels de « Hira diffamation, les insultes, les rassemblements gasy », un genre musical populaire, véhicule publics, la cybercriminalité et tout le reste. » des valeurs socioculturelles malgaches. randriamialy.mondoblog.org

Le jardin d’Ambohijatovo jouxte par la suite Aujourd’hui, bien qu’ouver t au public, le jardin une stèle commémorative des évènements du n’accueille plus aucune manifestation politique 29 mars 1947 lorsque les Malgaches se sont sans l’autorisation du préfet de Police. Tout soulevés contre les colons. Forcément, l’endroit rassemblement non autorisés est découragé est propice pour que le politicien malgache en usant de toute la force nécessaire : gaz, montre ses aptitudes à exercer la « démocratie ». bâtons, balles, grenades, etc. selon les cas.

Avant 2009, toutes les manifestations politiques de grande envergure et de grande importance devaient se tenir, traditionnellement, sur la place du 13 mai. En effet, c’était le théâtre des aff rontements ayant eu raison de la 1ère république en 1972 et c’est l’endroit choisi par Ravalomanana pour entériner la mort du second. Pourtant, pendant les premiers mois de la crise de 2009, Ravalomanana a réussi à protéger l’accès au 13 mai et les manifestants de son opposant se sont rabattus sur le jardin d’Ambohijatovo, rebaptisée Place de la Démocratie.

Square d’Ambohijatovo Stèle commémorative Manifestation politique chassée à coup de gaz au début du XIXe siècle des résistants anti- lacrymogène de la place d’Ambohijatovo colonialistes Antaninarenina : quartier occidentalisé

Faute de place pour construire dans la vieille cité, en quête d’espace, la capitale descend de son rocher. Elle se tourne surtout vers le Nord-ouest, Antaninarenina et ses alentours, où se voient des terrains plats qui se prêtent aux œuvres de l’urbanisme et auxquels on accède à de vieux quar tiers par les pentes les moins escarpées . « C’est là que passait le chemin conduisant du Rova à la ville sacrée d’Ambohimanga et aussi à Majunga . C’est aussi là que se trouvait déjà le Palais du gouverneur général, que se tenait le grand marché, que les premières maisons de commerce européennes s’étaient installées avant la conquête » (Revue de Madagascar spéciale, « Tana narive », MCMLII).

Antaninarenina comprend donc le palais d’Ambohitsirohitra. Il a été bâti de 1890 à 1892 pour recevoir l’habitation et les bureaux du Résident de France. La Résidence de France était le premier grand bâtiment civil de pierre et de briques à Antananarivo, si l’on excepte les palais de la Reine et du Premier Ministre. Construit en trois ans dans le st yle renaissance par Jully, architecte du gouvernement français, il fut inauguré le 14 juillet 1892. L’ancien maire de la capitale, , élu Président de la République, y a installé les bureaux de la Présidence.

En février 2009, à la veille de la chute de ce dernier, une manifestation de l’opposition est violemment réprimée devant le palais présidentiel. Une stèle commémorative finit d’inscrire une dimension tragique à cet te place d’Antaninarenina .

Le buste de Tsiranana , le premier président de la république malgache, trône sur la place de l’indépendance. Divers bâtiments et institutions administratives ont été érigés autour de cette place, y compris la banque centrale de Madagascar. Des hôtels et des boutiques de luxe, des banques et bureaux d’affaires y ont également pignon sur rue. Le st yle architectural des bâtiments est résolument moderne et inspiré de l’occident.

Ainsi, Antaninarenina reste un lieu chargé de sens pour les citoyens : celui du pouvoir central, des affaires et d’une cer taine classe sociale élevée.

Des bâtiments modernes et même un hotel 4 étoiles nommé “Le Louvre”. En dessous, une manifestation pacifique de Wake Up Madagascar dénonçant la fracture sociale entre les riches et les pauvres, sur la place de l’Indépendance. Le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra, dissimulé au fond d’Antaninarenina Place d’Analakely : là où se joue la vie politique malgache L’Avenue de la Liberté, telle qu’elle est appelée Mais cette avenue a surtout été le théâtre de aujourd’hui, est - ou était - la plus grande place plusieures crises majeures depuis l’indépendance de rassemblement de la ville d’Antananarivo. du pays en 1961 . Des aff rontements violents Cet te imposante ar tère bordée d’immeubles et souvent meur triers entre le peuple et à arcades, terrasses et pergolas conçus par les forces de l’ordres ont marqué l’histoire l’architecte Cantalou dans les année 1930 contemporaine de Madagascar : 1972 accueille des banques, des boutiques, des Hôtels, (revendication estudiantine condamnant la un marché ar tisanal, des bouquinistes et des complaisance du pouvoir avec l’ancienne lapidaires . Au fond se trouve la gare de Soarano autorité coloniale), 1991 (série de manifestations au st yle industriel devenue galerie marchande. exigeant une révision de la constitution et le dépar t de ), 2002 (crise post- électorale grave) et 2009 (coup d’Etat menant au départ du président Ravalomanana).

Actuellement , l’avenue est coupée au niveau de la mairie, suite à la reconstruction récente du bâtiment. Toutes les parties vertes (les squares) sont fermées par des grilles, rendant difficile tout attroupement revendicatif. La place est d’ailleurs systématiquement quadrillée par les forces de l’ordre dès que la menace se fait sentir.

La vie suit son chemin, les marchands ambulants et les badauds y vaquent à leurs occupations et s’approprient les lieux, non sans prendre une cer taine liber té, en s’installant ici et là .

1972, incendie 1991, crise politique 2002, crise post- 2009, mouvement L’avenue maintes fois renommée (Avenue Fallières, Avenue Colbert, de la maire électorale populaire Avenue d’Indépendence ou Place du 13 mai puis Avenue de la Liberté) où se sont joués grands les tournants politiques de Madagascar A qui appartiennent réellement les places publiques ? Mahamasina Lieu d’investiture

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana

Le stade était la Place Richelieu La place est investie par une infrastructure Historique

C’est Andrianampoinimerina qui commençait à organiser ce terrain marécageux en établissant des rizières sur les abords .

«Mahamasina qui signifie littéralement “ce qui rend sacré”, a été le quar tier des tanneurs de peaux durant le règne du roi Radama Ier (1810 -1828)

Début XIXème siècle : le roi RADAMA Ier voulait aplanir le mont Ambohijanahary et remblayait avec la terre y provenant une grande étendue au nord de celui- ci. Le jeune roi a réalisé le premier champ de manœuvres royales.

Asséché en 1833 par RANAVALONA Ière, le grand champ de manœuvre militaire prendra plus tard le nom de Mahamasina lors du couronnement de RADAMA II (1861 – 1863). Lieu de couronnement des rois, les reines Ranavalona II et III y prononcèrent plusieurs kabary (discours publics).

Du temps du roi Radama II, elle f ût dénommée «Champ de Mars» (La Guerre Illustrée. Madagascar. Lucien Huard 1890. p 113 -114)» Hippodrome sous colonisation,

C’est à cet endroit que TSIRANANA déclara l’indépendance en 1960. Et là, que le Général de Gaulle annonça en 1958 l’abolition de la loi d’annexion et la restauration de la souveraineté malgache.

De nos jours, place du marché tous les jeudis se déploie en un grand marché, en remplacement du Zoma . L’ancien principal, au cœur de la ville, intsitué tous les vendredis, à par tir de là , X VIIIe siècle, incarnait le protot ype du marché tel que les Malagaches se le représentent .

Lieu des discours off iciels, dont celui de la déclaration de l’Indépendance, et ceux des investitures des présidents successifs.

Champs de course Logement des Vue d’Amparibe dans Vue des hopitaux et fonctionnaires durant les année 1940 avec le école de Médecine la colonisation Collège Saint Michel Place d’investiture

Mahamasina de son nom «ce qui rend sacré» fut une place impor tante à l’époque de la royauté, elle abritait le couronnement des rois . Ce fut le cas en 1861 du roi RADAMA Ier qui se fera intronisé sur le «Vatomasina» (Pierre Sacrée). Se succédèrent après les autres souverains .

Durant la colonisation, les colons transformèrent cet espace en hippordome. Lieu de loisirs et de réunion lors des courses .

Elle reprit son rôle en 1960, lors de la proclamation de l’Indépendance. fut investi sur le Vatomasina symboliquement pour retrouver une souveraineté.

En 1972, lors de la révolution, des gradins furent érigés sur l’ancien hippodrome. Mais, le Vatomasina est toujours présent au nord du terrain de foot .

Depuis, les investitures des présidents de la république et les manœuvres militaires pour commémorer l’Indépendance se font à Mahamasina .

Lieu de rassemblement , mais aussi de pouvoir.

“Hira Gasy” ou “musique malgache” - spectacle du côté de Mahamasina - Anosy

Investiture - Andry 1960 Proclamation Signature Courennement royale- Rajoelina de l’Indépendance Ranavalona III Tsenan’Alakamisy

Les traditions orales présentent Andrianapoinimerina (1787-1810) comme le souverain qui a récréé les marchés en Imerina ( Hautes Terres Centrale de Madagascar). En fait , les marchés existaient avant son règne, sous le nom de « fihoanana », voire sous celui de «tsena» dont, par un anachronisme descendant, la tradition lui attribue également l’invention. Les deux termes ont pu être utilisés indifféremment pendant un cer tain temps . Fihoanana signifie à la fois la rencontre et le lieu où l’on se rencontre, l’idée qui se retrouve aussi dans «mitsena », le marché. En ce sens, le tsena contiendrait une notion non explicite, dont fihoanana : c’est aux vendeurs d’anticiper en quelques sortes les besoins des acheteurs et d’aller vers les clients.

La colonisation a voulu encore plus réguler ces rencontres et ces échanges . Elle a gardé le principe de périodicité et maintenu l’ancien calendrier. Le tsena garda aussi ce symbole de lieu de paix comme au temps des rois .

Après la dissolution en 1997 par la municipalité du Zoma au niveau d’Analakely, le marché de quar tier du jeudi prit une ampleur. Avec essentiellement, des marchands forains non permanents.

Rendez-vous des Tananariviens, ce marché éclectique où l’on rencontre les vendeurs de légumes au côté de vendeurs de chaussures vintage attire de plus en plus de consommateurs. Actuellement, le quartier se transforme et accueille de nouveaux magasins . Une profusion de couleurs et de sons exceptionelle.

Centre de la ville pour un jour, son espace se voit doubler tous les ans comme les vendeurs . Maintenant , les zones se spécialisent et font le tour du stade.

Marché de Mahamasina vue de haut le jeudi Vendeuses de légumes éphémère du jeudi lors du Tsena . De la place à une infrastructure …

L’évolution de Mahamasina ou «ce qui est fut intronisé sur le «Vatomasina» au lors de la proclamation de l’indépendance sacré» a connu une linéarité dans le temps . Nord du terrain de foot actuel. Depuis, par le premier président de la République, Zone marécageuse, la reine Ranavalona Mahamasina fut le lieu d’intronisation Philibert TSIRANANA. Des gradins Ière remblaya . Grand terrain nue, il fut des rois et reines. Durant la colonisation, furent érigés durant la révolution de sous Radama Ier une zone militaire où il fut transformé en hippodrome, lieu de 1972.Il Abrite le plus grand marché de ses troupes manœuvraient et avaient loisir. Mais, dès l’indépendance en 1960, quar tier le jeudi. Il a endossé plusieurs installé son camp. En 1861, Radama II il reprit son rôle de place d’investiture rôle mais, son principal restera-t-il? Le Marché du Zoma, un des fondements de la citadinité

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana

Marché Zooma 1900 Marché Zooma 1900 Plan

Map Avenue de l’Indépendance Le « plus grand marché du monde »

Le grand marché hebdomadaire de Tananarive, Selon le « Tantaran’ ny », le Zoma , avait été créé par décret royal à la Andrianampoinimerina réglementa et fixa les fin du X VIIIe siècle et constituait depuis un jours et lieux des différents marchés de l’Imerina des fondements institutionnels de la ville, : le lundi à Imerimandroso, le mardi à Ivolonondry, ainsi qu’un lieu de sociabilité incarnant une le mercredi à l’est de Namehana , le jeudi au sud forme de citadinité tananarivienne. En dépit d’Ambohimanga , le vendredi dans le quar tier de de cet attachement symbolique au Zoma, les Fiadanana à Tananarive, le samedi à Ambato, le habitants de Tananarive n’ont guère protesté dimanche à llanifasana. Les villages prenaient souvent quand la municipalité l’a supprimé à la fin des le nom du jour de la semaine où se tenait le marché. années 1990 : fortement dégradé, le marché était Pour le marché de Fiadanana , le roi déclara «Je devenu un repoussoir, et véhiculait une image l’appellerai «Anjoma » (vendredi), et ce sera le jour d’anarchie, d’insécurité et de ruralisation que les de rencontre de toute la population, qu’elle vienne citadins rejetaient. L’étude des représentations du sud ou du nord, de l’est ou de l’ouest ; j’en fais et des pratiques attachées au Zoma permet le marché de tous les Ambaniandro, le centre de de met tre à jour les tensions identitaires l’Imerina, avec Tananarive et Ambohimanga». qui traversent la société tananarivienne et Radama Ier déplaça le marché de Fiadanana à de comprendre que le statut de ce marché côté d’Ambohitsorohitra (le village de l’alouet te) est au cœur de la fragile définition de la pour dégager l’emplacement où il voulait édifier son citadinité. Les enjeux autour de sa suppression nouveau palais . Il nomma ce lieu «Soanierana » (la soulignent à la fois les déstabilisations et bonne réponse) car le peuple consulté avait donné son les recompositions récentes qui affectent le accord. Le marché s’installa ensuite vers 1885 plus au paysage urbain, la société tananarivienne et nord sur la future place Colber t , avant de descendre le rôle des autorités municipales. Le statut vers 1900 à son emplacement actuel d’Analakely. du Zoma constitue un bon indicateur du En 1926 les pavillons modernes couverts de tuiles malaise qui caractérise l’identité citadine. remplacèrent les f rêles échoppes de bois et de roseau. Fournet-Guérin Catherine. La suppression du marché Le marché du zoma s’allonge sur neuf cents du Zoma a Tananarive: per te de I’un des fondements mètres de longueur ; il est probablement traditionnels de la citadinité ou revanche de la ville? In: l’un des plus vastes du monde. Annales de Géographie, t. 113, n°637, 2004. pp. 297-315; Tiré du livre: « Antananarivo et l’Imerina » de Philippe Obérlé doi : 10.3406/geo.2004.1615

Marché du vendredi Marché d’Analakely Marchands de cannes, Marché vers 1960 Analakely vers 1900 Archives nationales date indéfinie durant l’occupation Stavy Iconothèque historique de l’Océan Indien Lieu de sociabilisation

Les étalages envahissent tous les trot toirs On trouve côte à côte le manioc et l’asperge, de l’avenue. Certains marchands s’installent la mangue et la pêche, les letchis et la fraise. dès le jeudi soir et dorment à côté de leurs Il n’est guère que la cerise qui n’ait jamais marchandises pour être cer tains d’avoir une pu être produite par la terre malgache. bonne place à l’aube. Les objets et ar ticles les Plus en arrière, des pavillons couver ts de tuiles plus divers sont exposés au zoma : paniers, s’alignent le long de ruelles, à la manière d’un chapeaux et nattes de vannerie, maroquinerie, souk arabe, regroupés par spécialités : pâtissiers, souvenirs pour touristes, jouets en raphia , fleurs maroquiniers, merceries, objets d’artisanat, de papier, pierres précieuses ou ornementales, quincailleries, valises et coffres, tissus, etc. statuettes de bois, mobilier, poteries, objets en fer forgé, tissus et vêtements, articles De par t et d’autre du marché d’Anala kely deux de quincaillerie importés ou locaux... escaliers gravissent les collines : l’escalier Rahoerason (anc. Lam bert) vers Ambondrona- Acheteurs et promeneurs se pressent Faravohitra, et l’escalier Ranavalona lere nombreux dans les étroites allées, mais (anc. De Las- telle) vers Antaninarenina . Ces l’animation demeure discrète : discussions et escaliers très fréquentés par l’es piétons marchandages se pratiquent sans élever la voix, sont bordés de quelques boutiques de bois. et les échos feutrés du zoma n’évoquent en rien Tiré du livre: « Antananarivo et l’Imerina » de Philippe Obérlé la bruyante ambiance des marchés africains ou méditerranéens . Plus au sud, en bordure de l’avenue du 26 Juin 1960, le marché quotidien d’Analakely comprend deux par ties distinctes . Les étals des marchandes de fruits et légumes, abrités par de larges parasols blancs, off rent la plupar t des produits européens et exotiques .

Marchands de Marchands de Marché aux paillasses Marchand ambulant Couturière du marché du Zoma sobika (paniers) couvre-chefs de poteries « Une sorte de berceau culturel »

Andrianampoinimerina l’avait conçu comme « C’était la vie, tout le monde réunissait l’un des fondements de la vie en ville, les quels que soient la caste, le milieu social, habitants devant s’y retrouver, non seulement c’était vraiment un endroit de rencontre » pour effectuer des achats, mais pour discuter, y « C’était plus qu’un marché, c’était échanger des nouvelles, y nouer des alliances, y une sorte de berceau culturel » régler des affaires ou des différends ; de plus, était assignée au marché une fonction sociale de toute « Le Zoma c’est un symbole de Tana . Il y première importance : c’était le lieu d’annonce a une chanson d’antan qui dit : “Analakely des décisions royales, ce qui inscrivait dans une Anjoma, maresaka maha-te hizaho” : Analakely dimension politique fondamentale. C’est en ce le vendredi, c’est animé et agréable à voir. sens que ce lieu a été qualifié d’agora par des C’est une chanson des années cinquante ou intellectuels malgaches du XXe siècle. Le Zoma soixante, c’est un chanson sur ula nostalgie ». n’était donc pas seulement un marché, c’était une institution qui jouait un rôle majeur dans la vie Fournet-Guérin Catherine. La suppression du marché de la cité. Le fait qu’il ait été créé par le roi n’est du Zoma à Tananarive: per te de I’un des fondements pas anodin : le Zoma par ticipait de la présence de traditionnels de la citadinité ou revanche de la ville? In: la sacralité au cœur de l’espace public urbain. Annales de Géographie, t. 113, n°637, 2004. pp. 297-315; doi : 10.3406/geo.2004.1615 Ce rôle d’agora était net tement ressenti par les Tananariviens . Pour eux, le Zoma représentait un lieu d’exercice et d’accomplissement du fihaonana, concept qui attache à un lieu des relations sociales riches d’échanges. Ce terme désigne le t ype de sociabilité qui s’est développé dès l’origine autour du marché tananarivien, lequel revêt donc une vocation autre qu’exclusivement économique. Le marché du Zoma s’impose ainsi comme un des premiers éléments fondateurs d’une citadinité tananarivienne ; c’était le lieu où s’élaborait le vivre ensemble.

Marché du Zoma Analakely, vue de l’escalier Parasols typiques du Marché de poteries, vers 1960 d’Antaninarenina marché du Zoma vers 1990 La suppression du marché du Zoma

Les déplacements successifs du grand marché hebdomadaire du Zoma depuis deux siècles témoignent de évolution de la centralité de la ville

Le Zoma été affecté par des évolutions considérées comme nuisibles aussi bien pour espace urbain que pour la population. Tout abord, le Zoma avait de facto confisqué l’Avenue de Indépendance, c’est-à- dire la grande ar tère de prestige créée sous la colonisation et qui constitue le centre de la ville, à un point considéré comme tel par les Tananariviens qu’on pourrait parler de « vampirisation « de l’espace par le marché.

La première forme de confiscation été liée à l’étalement anarchique du marché dans l’espace et dans le temps : alors qu’il était à l’origine prévu pour se dérouler le vendredi jusqu’à seize heures, il s’est étendu au fil des années au jeudi, puis plus ou moins toute la semaine. A par t le vendredi, ce marché devait être circonscrit à l’esplanade Analakely ; or, de même, il a progressivement colonisé l’Avenue tout entière. On trouvait ainsi des marchands installés en permanence sous les arcades des bâtiments construits dans les années 1930, obstruant accès aux commerces installés dessous.

Le Zoma avait donc connu une ex tension incontrôlée tant spatiale que temporelle. Cela avait été favorisé par le contexte de crise politique et économique, de déclin marqué de l’autorité de l’État et de la municipalité à par tir des années 1970, qui avaient conduit une généralisation de l’indiscipline, faute de sanctions. Le terme d’anarchie revient de façon récurrente dans le discours des Tananariviens pour caractériser ces années.

D’autres maux étaient communément attachés l’image du Zoma : extension désordonnée, prolifération des installations illicites dans les rues adjacentes, non- ramassage des ordures ; de surcroî t , le Zoma était devenu dangereux pour les chalands, qui risquaient de se faire arracher bijoux, montre et lunet tes, couper les lanières Le marché démenagé à Mahamasina des sacs au rasoir ou fouiller les poches par des enfants .

Fournet- Guérin Catherine. L a suppres sion du marché du Zoma a Tananarive: perte de I’un des fondements traditionnels de la citadinité ou revanche de la ville? In: Annales de Géogr aphie, t . 113, n°637, 2004. pp. 297- 315; doi : 10.34 06/geo.2004.1615

Marché du zoma jusqu’à Désorganisation la place du 13 mai lezoma.free.fr Comment réinventer cet agora et la citadinité ?

La suppression du Zoma est l’une des à la souhaiter ardemment ? En effet, parmi plus importantes questions au regard les personnes interrogées à Tananarivo, seul des enjeux de la définition de la citadinité un tiers d’entre elles ont déclaré regretter le depuis quelques années, étant donné le rôle Zoma : ce faible taux de regret de ne laisse symbolique que jouait ce marché. Pourquoi pas de surprendre. Ce paradoxe ne s’explique cette suppression a-t-elle été décidée et en fait que par la dégradation qu’a connue dans quelle optique a-t-elle été conçue ? le marché depuis les années soixante-dix. Comment les Tananariviens en sont-ils arrivés Place polyvalente

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana

Avenue Fallières (pendant la colonisation) Avenue de la Libération Avenue de l’Indépendance (après 1960) Avenue de l’Indépendance (2001 ou 2008) Avenue de l’Indépendance 2018 FERMETURE, INTERDICTION POUR LES PIETONS

Comment réouvrir l’espace public ? Le Tananarivien confronté aux problèmes urbains

ISCAM, Institut Supérieur de la Communication, Coordinateurs et enseignants : Étudiants : Guylaine Ramanantsoa des Affaires et du Management Giulio Vinaccia Rado Rakotonirainy Anjara Rakotomalala Master en Design et Innovation, soutenu Imke Plinta Dominique Rasanjison Vola Ramanatsilatsaina par l’Ambassade de Norvège et l’ONUDI Hans Ranaivoson Mahaliana Rajaofetra Anil Rayhana Dina Andriamanjaka Jessica Razakamanantsoa Ny Ando Biazamandrosoarivo Incivisme Corruption Une ville anxiogène Mobilité altérée Exclusion Insalubrité Comment améliorer ce quotidien ? Antananarivo 3.0

ISCAM Institut Supérieur de la Coordinateurs et enseignants : Étudiants : Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Communication, des Affaires Giulio Vinaccia Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa et du Management , Imke Plinta Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Master en Design et Innovation soutenu Hans Ranaivoson Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana par l’ONUDI et l’Ambassade du Norvège INITIATIVES CONNECTIVITÉ ADY GASY INCLUSION VALORISATIONVILLE VERTE MOBILITÉ CIVISME EMPREINTE DANS LA VILLE

ÉPANOUISSEMENT SÉCURITÉ AGORA OUVERTURE RÉAPPROPRIATION CITADINITÉ L’ÉTAT C’EST NOUS LUMIÈRE VIE NOCTURNE La révolution silencieuse

L’État, c’est nous ! Nous, Tananariviens, nous réapproprions nos places de jour comme de nuit.

« En cette époque de ressourcement où chaque nation, pour échapper à l’uniformisation appauvrissante du monde, essaie de sauver du passé ce qui a fait sa richesse et son originalité, il est bon de dévoiler et de donner à voir tout ce qui, autrement, risquerait de tomber lentement dans l’oubli. » Professeur Alison Raharinarivonirina „ Ady gasy“ ou système D à la malgache

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ORGANIQUE INSALUBRITÉ ABONDANCE

POLLUTIONDECHETS 100TONNES/JOURSMENAGES INCIVISME 0 TRI Décharge d’Andralanitra , en périphérie de la ville d’Antananarivo, où s’accumulent les déchets urbains HABITUDES RECYCLAGE SURVIE FAMILLES DECHETS EDUCATIONRESSOURES A FAIRE ECONOMIE AUTONOMIE CREATION D’EMPLOI Rien ne se perd, tout se transforme

Les pneus finissent en sandales Des hommes emmènent la carcasse d’une vieille voiture pour la transformer Les enjeux d’une gestion durable des déchets pour une ville plus propre

Accompagnement Sensibilisation Démarginalisation Considération Structuration Responsabilisation

Les 4mis* = les plus Beaucoup de familles déshéritées* (sur)vivent des déchets pauvres Créer un système de gestion des déchets inclusif et responsable

ADY GASY TRANSFORMER LES DECHETS EN RESSOURCES GRACE A LA DEBROUILLARDISE

les 4mis ou SDF Collecte Transformation

Mains d’œuvre les comm. (scouts, religieuses), écoles, institutions, collectivité, secteur privé... Rénumération

Réutilisations des matériaux (briquettes en plastiques, engrais, métaux, etc.) Nos utopies pour Antananarivo

ISCAM Institut Supérieur de la Coordinateurs et enseignants : Étudiants : Rado Rakotonirainy Ny Ando Biazamandrosoarivo Communication, des Affaires Giulio Vinaccia Dominique Rasanjison Guylaine Ramanantsoa et du Management , Imke Plinta Mahaliana Rajaofetra Anjara Rakotomalala Dina Andriarimanjaka Vola Ramanatsilatsaina Master en Design et Innovation soutenu Hans Ranaivoson Jessica Razakamanantsoa Anil Rayhana par l’ONUDI et l’Ambassade du Norvège NON-VIOLENCE SALUBRITÉ SOUTENABLE HARMONIE VILLAGISATION TÉLÉPHÉRIQUES CONNECTÉ PLACE PLUS HUMAINE

Vie nocturne : plus d’autonomie en énergie pour lutter contre l’insécurité

Les espaces en relation, c’est des espaces tournés ver t le ver t ! E xemple de récupérateur d’eau (designé par Romain VESVRE, designer optimiste et applicable sur les espaces publics « La route est longue, cela nous permet de réfléchir. »

Proverbe malgache ; Le livre de la sagesse malgache (1967) Repenser la gestion des espaces face aux réa lités

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MARCHAND AMBULANTS FLUIDITETRAFFIC GESTION PROPRETEORDRE ORDURES BESOINS Un nouveau Zoma comme exutoire

Face à la frustration des marchands ambulants, on pourrait penser un nouveau Zoma partant des Paviollons à l’Institut d’Hygiène. Les véhicules à immatriculation paire ou impaire seront interdites ce jour. (Re)parler le même langage que le peuple

Avec un taux d’alphabétisation élevé (jusqu’à 35% à Antananarivo selon le rapport du Ministère de l’éducation nationale en 2014), des citadins majoritairement malgachophone, il est inconcevable de communiquer par la signalétique en anglais ou en français ou dans un langage inintelligible. Rééclairer l’usage et les codes de la route

Des spots de sensibilisation tels Aro Loza amin’ny Fifamoivoizana (Protection contre les accidents de la route) diffusés sur la c^ha^îne nationale donnaient une certaine visibilité sur les droits et les code de la route Des moyens adaptés au contex te

Container upcyclé facile à déplacer, couvert Le Phytotoilet (seules toilettes publiques intégrant des solutions s’assainissement permettant de traiter la totalité des effluents qu’elles recueillent) - France Une police municipale au service de l’hygiène

Les polices communales devraient être gardien de l’hygiène des places et non des forces de répression Comment faire respecter l’ordre sans contraindre ?