Histoire D'hayange (2)
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H istoire d'H ayange en 4 parties I. LA SEIGNEURIE D'HAYANGE DANS LE CADRE DE L'HISTOIRE RÉGIONALE II. LE VIEUX HAYANGE AU DÉCLIN DU XVIII me SIÈCLE III. LA PAROISSE D'HAYANGE IV. L'INDUSTRIE DU FER A HAYANGE par l'abbé Pierre-Xavier NICOLAY, curé-archiprêtre d'Hayange IMPRIMATUR Metz, le 2 6 Octobre 1 9 3 7 A. LOUIS, provic. cap. HISTOIRE D'HAYANGE Tome II LE VIEUX HAYANGE au déclin du XVIII me siècle AVANT-PROPOS Dans le Tome 1 de notre Histoire d'Hayange nous avons assisté aux débuts, au développement et à la disparition de notre vieille Seigneurie, balayée avec tant d'autres institutions par la tourmente révolutionnaire. Avant de rebrousser chemin et d'essayer de reconstruire le passé de notre paroisse, nous nous arrêterons quelque peu pour contempler la physionomie de notre Vieux-Hayange. Les souvenirs et les documents du 17 siècle nous renseignent assez maigrement. Les actes paroissiaux, un peu moins laconi- ques à partir de 1700, nous permettront de reconstituer les mi- lieux familiaux. Mais ce n'est qu'à l'époque de la Révolution que nos sources deviendront plus abondantes. Nous commencerons par évoquer cette période si troublée de notre histoire. Elle nous offrira un cadre historique bien vi- vant pour notre vie locale. En y ajoutant les traits glanés avant et après cette époque, il nous sera possible de faire revivre le visage d'Hayange, avec ses rues, son ruisseau, ses ponts, ses fontaines, son château, et aussi ses champs, ses vignes, ses troupeaux... Nous nous arrêterons plus longuement à la vieille Quergasse qui, parmi toutes nos rues, a le plus fidèlement gardé jusqu'à nos jours son cachet vieux-hay ange ois. Nous essayerons de peupler ces rues en ressuscitant les fa- milles anciennes et en relevant leur caractère professionnel: Les familles notables méritaient une mention détaillée. Nous en avons recherché les généalogies. Malgré la sécheresse laconi- que de nos actes, les traits caractéristiques de ces familles se des- sinent suffisamment. L'une de ces familles demandait une at- tention particulière, celle du maréchal Molitor, le plus illustre des enfants d'Hayange. La famille de Wendel, hayangeoise depuis 233 ans, sera l'ob- jet d'une étude spéciale dans le dernier volume: «L'industrie du fer à Hayange.» Quelques éléments de statistique démographique que nous avons extraits laborieusement de nos vieux actes paroissiaux, ne manqueront pas de nous intéresser, car pour cette époque les re- censements de la population sont inexistants. Nous avons enfin mêlé à cela des souvenirs plus vivants. Tout en étant du 19 siècle, ils nous feront revivre le 18 Jus- que vers le dernier quart du 19 siècle, Hayange et la vie hayan- geoise ne s'étaient pas notablement émancipés du genre que nous y rencontrons un siècle plus tôt. Ce n'est que le développement extraordinaire des usines et l'accroissement simultané de la population, à la fin du 19 siècle, qui ont créé notre Hayange moderne, dont le visage ressemble si peu à l'ancien. Ces vieux souvenirs ne seront pas dépourvus de charmes pour les anciens Hayangeois restés fidèles au passé. Peut-être même les nouveaux Hayangeois n'y seront-ils pas insensibles? L'observateur attentif sait repérer, à travers le bruit et le mouvement intense, derrière les façades nouvelles et les rues mo- dernisées, les vestiges de l'ancien Hayange — vestiges qui dispa- raissent, hélas! de jour en jour. Le lecteur ne nous en voudra pas de préférer le Vieux-Ha- y ange à la cité industrielle moderne. La vie du Vieux-Hayange était autrement délectable: vie plus simple, plus calme, plus intime et plus heureuse .... La vie fiévreuse de notre époque, avec ses spasmes révolu- tionnaires et ses luttes de classe, n'a rien qui puisse charmer ceux qui ont goûté le rythme si paisible de la bonne petite vie d'autrefois dans notre Vallée de la Fensch. Ce nous est une joie bien douce de faire revivre aux Vieux- Hayangeois des temps qui déjà s'estompent dans le crépuscule. Saluons ensemble les vieilles maisons, les vieilles rues, les vieilles choses et les vieux noms ... Mais n'exagérons pas. Le spectre de la Révolution évoqué nous redit que le passé a eu ses tristesses et ses angoisses. — Qu'en sera-t-il de l'avenir? Cultivons les vieux souvenirs, afin de ne pas être pris dans l'engrenage du soi-disant Progrès qui a dé- jà défiguré notre cher Hayange et qui pourrait nous conduire à un cataclysme, dont celui de 1793 ne fut qu'une faible image. TOME II Le vieux Hayange au déclin du XVIII siècle CHAPITRE I La Résolution Ses répercussions à Hayange 1 . Introduction 2. Les élections aux Etats-Grénéraux 3. Les doléances 4. Les élections à l' Assemblée Législative et à la Convention 5. La guerre contre les Alliés 6. Le conseil municipal révolutionnaire 7. Les émigrés hayangeois 8. L' arrestation de François-Louis- Ig nace de B althazar 9. Tracasseries de la Municipalité Le juge Petit La liste des suspects 1 0. La situation des membres de la famille de Wendel après l' exécution du jeune de Balthazar 11. Le sort de la famille Balthazar 12. La famille de La Cottière 1 3. Madame d'Hayange 1 4. Math ieu Secquer 15. Les derniers méfaits du maire Tourneur 1. INTRODUCTION On connaît, dans ses grandes lignes et plus ou moins dans le détail, l'histoire de la Révolution. Notre but n'est point d'en retracer ici toutes les phases qui relèvent de l'Histoire générale du pays. Toutefois il ne sera pas sans intérêt pour nous, d'en pour- suivre la marche, dans le cadre de l'histoire locale, c. à d. de nous rendre compte quelles en ont été les répercussions dans notre Vallée de la Fensch et tout spécialement à Hayange. 1 L'Ancien Régime avait fait vivre la France pendant de longs siècles. Mais les institutions avaient vieilli, les rouages des ad- ministrations étaient usés, des abus s'étaient glissés un peu par- tout. Un mécontentement général préparait une crise. Elle éclata, violente, démesurée. Elle se déchaîna sur le pays comme un tor- rent dévastateur, renversant, brisant tout. Désaxé, le pays fut livré aux éléments malfaisants, qui semèrent autour d'eux la terreur et la mort. Mais l'excès du mal appelle la réaction: Sous Napo- léon, sortit du chaos un ordre de choses nouveau qui est loin d'être parfait, comme d'ailleurs tout n'était pas à rejeter dans l'Ancien Régime. Quelle a été pendant la Révolution l'attitude de la popula- tion hayangeoise ? (1) L'histoire religieuse sera traitée dans le tome III. Un de nos meilleurs historiens régionalistes fait, au sujet de la population lorraine en général, la remarque suivante: «Une fois de plus, ils (nos ancêtres) montrèrent une docilité, un respect de l'autorité, qu'il est permis de trouver excessifs. C'est en s'inclinant devant les décisions même illégales des gou- vernants, qu'on encourage ceux-ci à s'engager de plus en plus dans la voie de l'arbitraire et du despotisme. Bien des fautes, bien des malheurs eussent été évités, si nos ancêtres avaient apporté, dans la défense de leurs droits légitimes, un peu plus d'ardeur et de ténacité.» (2) Ce que l'historien dit là de la population lorraine dans l'en- semble, nous le trouvons confirmé dans la Vallée de la Fensch, qui n'a pas voulu, en luttant contre le courant, se distinguer pen- dant cette période troublée. Notre région, certes, n'était pas malheureuse. Elle était croyante et ne s'était point laissée entamer par le voltairianisme du siècle, si nous en exceptons quelques milieux qui ne firent point école. Au point de vue social, il n'y avait pas d'opposition entre le bas peuple, le clergé et la noblesse. Le clergé était plutôt pauvre; aucune riche abbaye dans la vallée, donc aucune raison d'envier le clergé. Le domaine des châtelains d'Hayange n'était pas considérable et ne gênait guère l'exploitation rurale par les petites gens. Point de corvées seigneuriales. Au contraire, le seigneur était comme la Providence du pays, il procurait du travail à tous ceux qui en voulaient. Aucune trace d'exploitation égoïste de la masse du peuple qui pouvait rappeler le servage des temps an- ciens. Ce ne sont pas les Droits de l'homme qui ont donné la li- berté aux Hayangeois, elle existait. Depuis le commencement du 18 siècle, c. à d. après la Guerre de Trente Ans et la dépression économique qui s'ensuivit, la population s'était assez rapidement reconstituée, évidemment avec des apports étrangers. A l'épo- que de la Révolution, Hayange avait pris l'aspect d'un bourg bien vivant de 8 à 900 âmes, la paroisse en comptait 1664. Les Usines, sous l'impulsion de maîtres de forges intelligents et actifs, s'é- (2) PARISOT, tome III, p. 3. Planche I Le buste de MOLITOR (Oeuvre exécutée en 1931 par l'artiste hayangeois Eugène GATELET et acquise par la ville de Hayange) taient renouvelées et développées et étaient devenues des établis- sements très importants pour l'époque. D'où vient alors le mécontentement ? C'est que la France d'alors était en proie à une agitation, à une excitation qui venaient on ne sait d'où. C'était comme si un fluide traversait l'air et se communiquait à ceux qui le respi- raient. L'esprit d'irrespect et de critique, un esprit dissolvant, s'attaquait depuis longtemps aux bases de l'édifice et des infil- trations montaient dans les murs et en atteignaient petit à petit toutes les couches saines.