Naissance D'une Ville Dans La Vallée De La Fensch : Serémange-Erzange
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NAISSANCE D'UNE VILLE DANS LA VALLÉE DE LA FENSCH Serémange-Erzange RÉGION DE THIONVILLE — ËTUDES HISTORIQUES Collection publiée sous la direction de l'abbé J. EICH, professeur au Petit Séminaire de Montigny-lès-Metz. Ont paru dans cette collection : 1. J. EICH, Inglange, essai d'histoire locale, Metz, 1947. 2. J. EICH, Théodore-Joseph Boudet de Puymaigre, littérateur et folklo- riste lorrain, Metz, 1947 (épuisé). 3. A. SCHNEIDER, La chapelle et l'ermitage de Saint-Roch à Kcenigs- macker, Metz, 1947. 4. J. EICH, Thionville et son arrondissement en 1848, Metz, 1948. 5. J.-J. OBRY, Rodemack et ses seigneurs jusqu'en 1659, Metz, 1948 (épuisé). 6. M.1949. PAUL-ALBERT, Une famille lorraine, les Merlin de Thionville, Metz, 7. L. ADAM, La paroisse de Russange-Audun, Metz, 1949. 8. A. PRINTZ, La chapelle de Morlange, Metz, 1949 (épuisé). 9. A. PLASSIART, Les seigneurs de Meilbourg, Metz, 1950. 10. E. JACQUEMIN, L'abbaye de Notre-Dame de Justemont (1124-1792), Metz, 1950. 11. A. PRINTZ, Vieilles pierres de pays ou art et foi d'aujourd'hui et de toujours, Metz, 1951 (épuisé). 12. A. SCHNEIDER, Kœnigsmacker, histoire paroissiale, Metz, 1951. 13. A. PLASSIART, Uckange, études historiques, Metz, 1952. 14. E.1953. JACQUEMIN, Recherches historiques sur Moyeuvre-Grande, Metz, 15. J. EICH, La paroisse de Thionville, période révolutionnaire, Metz, 1953. ADRIEN PRINTZ IH D'il!III II dan.6 La ^ allée de La ge!fLcJcl; SERÉMANGE-ERZANGE RÉGION DE THIONVILLE — ÉTUDES HISTORIQUES Fascicule 16 1954 Les hommes sont à l'écoute de leur origine, ils ne sont pas esclaves de machinerie. HEIDEGGER. A GISÈLE ET A MICHEL. Préface C'est avec un très vif plaisir que je présente aux fidèles lecteurs de cette collection le nouveau travail de M. Adrien Printz, Naissance d'une ville dans la vallée de la Fensch, Serémange-Erzange. C'est la troisième étude historique sur la, région de Thionville que nous donne l'auteur. Nos lecteurs n'ont certainement pas oublié son travail sur la pittoresque Chapelle de Morlange (1949), ni ce pèle- rinage archéologique et historique à travers les vieilles chapelles de la région, intitulé Vieilles pierres de pays ou art et foi d'autrefois et de toujours (1951). Ce sont là des jalons d'une carrière littéraire déjà bien remplie, qui débuta en 1935 par un petit recueil : Les vaines enfances. En 1945, M. Printz fit paraître une Chronique Lorraine, 1940-1944, préfacée par Jean Schlumberger et couronnée par l'Académie fran- çaise (prix Louis-P. Miller, 1947). En 1946, parurent les Poésies de ce temps-là, auxque'lles s'ajouta, en 1950, une Anthologie de la poésie populaire lorraine de langue allemande d'après Verklingende Weisen, de Louis Pinck. Une œuvre aussi abondante et aussi variée est tout à l'honneur de M. Printz. Elle est le résultat d'un effort constant, d'une volonté tenace, car, né d'une famille d'ouvriers, sans jamais sortir de son village natal, sans quitter l'usine où il travailla dès sa sortie de l'école primaire et où il est encore aujourd'hui employé, il a acquis une bonne culture littéraire et historique. Lauréat de l'Académie française, il a obtenu en 1952 le prix Rolland, décerné par la Société de Folklore et d'Ethnographie de la Moselle. Depuis 1952, il est en outre officier d'Académie. Le présent travail témoigne une fois de plus des qualités de ce travailleur acharné. Après avoir esquissé très rapidement l'histoire des trois hameaux de Serémange, de Suzange et d'Erzange à travers les siècles antérieurs à la Révolution, l'auteur étudie en détail le développement de ces localités depuis le début du XIXe siècle. Il montre comment, après av,oir ét¡é de modestes villages, ils grandissent rapidement sous l'influence des industries sidérurgiques de Hayange et prennent l'allure d'ime ville. L'enseignement public et le développement de la paroisse, nouvellement créée, font l'objet de deux chapitres très intéressants. Le dernier chapitre est consacré à la Sollac qui fait, de Seré- mange l'un des centres les plus importants de la métallurgie fran- çaise. Ecrit avec amour, dans une langue agréable, ce nouveau travail de M. Printz mérite le même accueil bienveillant réservé par le public cultivé à ses œuvres antérieures. J. EICH. INTRODUCTION L'industrie du fer dans la vallée de la Fensch. Les origines au XVIII siècle. L'histoire de Serémange et d'Erzange est obscure et pauvre sous l'Ancien Régime, comme celle des familles du peuple. Les deux villages ne sortirent de leur anonymat qu'à la Révolution, qui leur accorda l'autonomie. Ce n'est donc pas un ouvrage d'histoire locale comme tant d'autres, c'est-à-dire consacré au seul temps passé, qu'on va lire, mais un travail qui se rattache directement à notre époque, une monographie en quelque sorte actuelle, en même temps qu'une étude-témoin valable pour l'ensemble de la région. Car, qu'il s'agisse d'Hayange, de Florange, d'Algrange ou de Serémange-Erzange, chacune de ces localités a connu une évolution à peu près identique au cours des deux derniers siècles, et, de même qu'en géologie, l'ob- servation d'une simple coupe de terrain permet de connaître le sous- sol d'un vaste territoire, ainsi, une étude approfondie de la seule commune de Serémange-Erzange nous vaudra de comprendre l'évo- lution de toute la vallée de la Fensch. Sachant que cette évolution a été fonction avant tout du déve- loppement de l'industrie du fer, nous commencerons, comme il se doit, par les usines. C'est en Egypte, vers le xve siècle avant notre ère, qu'on relève les premières traces du fer. Plus difficile à travailler que tous les autres métaux connus : or, bronze (1) et cuivre, il est alors considéré comme un métal précieux. Sa première apparition en Europe a lieu environ six siècles plus tard et elle se situe en Haute-Autriche, à Halstatt exactement. Près d'un millier de sépultures furent exhu- mées là, avec leur mobilier de bronze et de fer mêlé. D'où le nom de ihalstattienne donné à la période qui inaugure l'âge du fer (2). Généralement caractérisée par la présence de tumuli, qui sont des tombeaux construits de pierres recouvertes d'une couche de terre ayant la forme d'un tertre, cette époque n 'a apparemment laissé que peu de traces chez nous, non plus d'ailleurs que la période suivante, dite de la Tène (3) et dont les trois phases (Tène I, II et III) vont de l'an 500 à l'an 0 avant J.-C. L'unique mention d'une découverte coïncidant avec l'âge du fer faite dans nos deux arrondissements, nous vient d'Evendorf, commune de Kirschnaumen, et station néo- lithique qui a fourni une cinquantaine de haches de silex. Cinq tumuli y furent explorés vers 1835-1837 : « Chacun d'eux contenait les ossements de plusieurs cadavres, quelques poteries grossières... ainsi que des ornements ou anneaux en cuivre... (3 b) », mais aucun objet en fer (4). Avec l'occupation romaine, la situation se claréfie notablement. Si l'existence de forges locales reste toujours problématique (mais (1) Consultant notre carte archéologique, p. 15, on verra que quatre dépôts de bronze ont déjà été découverts jusqu'ici dans la proche région de Thionville, notamment à Basse-Yutz, Kuntzig, Pépinville et Rombas. Cette carte a été établie d'après E. LiNCKENHELD : Répertoire archéologique des arrondissements de Thionville-Est et Ouest, Metz, 1934, et Maurice TOUSSAINT : Répertoire archéologique du département de la Moselle — Période Gallo-Romaine, Nancy, 1950. Les récentes découvertes de Moyeuvre-Petite (voir note 4) et de Rémelange (restes de villa gallo-romaine, avec tuiles, dallage multicolore, moitié de colonne, etc.) n'ont fait l'objet d'aucune communication aux sociétés savantes. (2) « Les ferrières les plus anciennement exploitées dans le continent paraissent avoir été celles de Carniole (Yougoslavie), de Styrie et de Carinthie (Autriche), aujourd'hui abandonnées. En France, l'exploitation du nouveau métal semble avoir commencé très tôt... (notamment) en Lorraine... partout en un mot où la mine avoisine la forêt, et l'on sait si ces points sont nombreux, particulièrement dans l'Est de la France. » Albert GRENIER : Les Gaulois, p. 67. (3) D'après le nom d'une localité suisse. (3 b) LINCKENHELD, O. c. (4) Au sujet des fameuses mardelles, disséminées un peu partout dans nos proches forêts et susceptibles de recéler des vestiges de la métallurgie gauloise, lire A. BELLARD : La question des mardelles, dans Bulletin de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, 33e année, 1932. On verra là que la question est loin d'être tranchée de savoir si ces excavations en forme d'entonnoir sont bien des fonds de cabanes et non de simples accidents géologiques, dits trous de dissolution. Disons cependant que, participant avec notre camarade André Lepape à la fouille d'une de ces mardelles. en pleine forêt de Moyeuvre-Petite, nous trouvâmes. sous environ 20 cm. d'humus et sur un fond de dalles de calcaire partiellement brûlées au feu, des débris de poterie qui permirent la reconstitution presque com- plète d'un petit vase ancien. M. Bellard, à qui notre découverte fut présentée, y reconnut d'emblée une œuvre gallo-romaine. nous y reviendrons), on peut toutefois affirmer que nos régions étaient à ce moment extrêmement fréquentées et peuplées. Pas moins de quatre-vingts localités de la région de Thionville ont livré des vestiges de cette époque, dont au moins quinze pour les seules vallées de la Fensch et de l'Orne : Fontoy, Algrange, Knutange, Nilvange, Hayange, Serémange, Florange, Daspich, Ebange, Uckange, Réme- lange, Fameck, Justemont, Boussange, Gandrange, Rombas..