Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Mercredi 25 février Ensemble intercontemporain | François-Xavier Roth Mercredi 25 février

Dans le cadre du cycle 1913 Du mardi 24 au samedi 28 février 2009

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Ensemble intercontemporain | François-Xavier Roth | | François-Xavier Ensemble intercontemporain

EIC 25-02OK.indd 1 19/02/09 18:35 Cycle 1913 Du mardi 24 au samedi 28 février 2009

MARDI 24 FÉVRIER – 20H MERCREDI 25 FÉVRIER – 20H SAMEDI 28 FÉVRIER – 15H Un an avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale et la conflagration générale qui allait marquer le déclin de l’Europe, la création artistique ne cesse de se renouveler et d’explorer des voies Jacques de La Presle Alban Berg Forum Le dialogue des arts nouvelles, que ce soit en peinture, en littérature, en architecture ou en musique. En mars 1913, Mondrian Odelette Quatre Pièces pour clarinette et piano à la naissance des avant-gardes expose à Paris ses toiles abstraites d’une « cérébralité sensible » selon Apollinaire, tandis que Fernand Vœu op. 5 Léger montre sa Femme en bleu et Robert Delaunay son Équipe de Cardiff« où chaque ton appelle et laisse Dédette 15H : table ronde s’illuminer toutes les autres couleurs du prisme » (Apollinaire). Ce dernier publie son recueil de poèmes Nocturne Six Bagatelles pour quatuor à cordes Animée par Marcella Lista, Alcool en supprimant toute ponctuation, ce qui tisse des liens nouveaux entre le visuel et l’auditif, Darius Milhaud op. 9 historienne de l’art pendant que Proust fait paraître chez Grasset le premier volet d’À la recherche du temps perdu, Du côté de Trois Poèmes en prose de Lucile de « Schmerz immer blick », op. posth. Avec Philippe Albèra, musicologue, chez Swann, texte qui allait profondément bouleverser l’écriture romanesque, sans oublier Thomas Mann Chateaubriand Pascal Rousseau, historien de l’art, en Allemagne qui livre au public Tonio Kröger dont le héros est en proie aux tourments de la culpabilité. Syrinx, pour flûte Daniel Dobbels, écrivain et À la manière de Borodine Charles Ives chorégraphe À New York, l’architecte Cass Gilbert érige le Woolworth Building, le plus haut gratte-ciel jamais construit. À la manière de Chabrier « The Call of the Mountains », extrait Si les manifestations architecturales parisiennes sont moins spectaculaires, elles n’en demeurent pas Prélude du Quatuor à cordes n° 2 17H30 : concert moins flamboyantes.E n mars 1913 se déroule l’inauguration du Théâtre des Champs-Élysées, qui a été Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé Maurice Ravel conçu selon la technique nouvelle du béton armé par les frères Perret et dont la décoration a été confiée Claude Debussy Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé Ferruccio Busoni à des artistes de renom : Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel et Antoine Bourdelle. Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé Arnold Schönberg Sonatina seconda K. 257 S’y déploie dans un faste extraordinaire l’une des plus étincelantes saisons d’opéras et de ballets russes Lili Boulanger Pierrot lunaire Arnold Schönberg que Diaghilev ait présentée au public parisien, avec notamment le 15 mai la première de Jeux de Debussy Quatre Mélodies extraites de Trois Pièces pour piano op. 11 puis, le 29 mai, celle du Sacre du printemps de Stravinski, deux ballets que chorégraphia Nijinski. Clairières dans le ciel Ensemble intercontemporain Alexandre Scriabine Gabriel Fauré François-Xavier Roth, direction Sonate n° 9 La brièveté des formes sera l’une des manifestations de l’avant-garde musicale. Dans ses Six Bagatelles Nocturne n° 11 Ute Döring, mezzo-soprano Abel Decaux pour quatuor à cordes op. 9 commencées en 1911 et achevées en 1913, Anton Webern va concentrer son Louis Vierne Le cimetière art en des pièces très courtes afin d’éviter toute répétition et toute structure tonale. Comme il déclara Stances d’amour et de rêve Gabriel Fauré dans une conférence en 1932, il avait le sentiment qu’une fois les douze notes jouées, la pièce était JEUDI 26 FÉVRIER – 20H Nocturne n° 11 terminée ! À la même période, Alban Berg expérimenta ces formes condensées avec les Quatre Pièces Stéphanie d’Oustrac, Claude Debussy pour clarinette et piano op. 5 écrites au printemps 1913, que d’aucuns n’ont pas hésité à décrire comme mezzo-soprano Anton Webern La Terrasse des audiences au clair les quatre mouvements d’une sonate en miniature. Comme le note Pierre Boulez, si Webern construit Pascal Jourdan, piano Cinq Pièces op. 10 de lune un microcosme parfait, Berg offre un geste amorcé qu’il serait possible de poursuivre, de diffuser, Alban Berg Feux d’artifice de multiplier… Altenberg-Lieder Henry Cowel Claude Debussy Aeolian Harp De l’autre côté de l’Atlantique, le compositeur américain Charles Ives expérimente des formes d’écriture Jeux Exultation nouvelles pour le quatuor. Libre d’écrire comme il l’entend, puisqu’il a fait fortune dans les assurances, Igor Stravinski Béla Bartók il peut se livrer à toutes les approches possibles. Aussi en 1911, lorsqu’il s’attelle à la composition de son Le Sacre du printemps Danse orientale second quatuor, il explore toutes les ressources du chromatisme et pousse à l’extrême les combinaisons polyphoniques. Son œuvre, qui déconcerta plus d’un musicien, n’allait être jouée qu’en novembre 1946. Brussels Philharmonic – Hugues Leclère, piano Gaveau 1907 The Orchestra of Flanders Dans le prolongement de ces expériences instrumentales, Schönberg, Ravel et Debussy vont utiliser Michel Tabachnik, direction la voix d’une nouvelle manière. Pierrot lunaire, que Schönberg compose en 1912, a été inspiré par des Anna Radziejewska, poèmes du symboliste belge Albert Giraud. Sa nouveauté provient de l’utilisation du Sprechgesang mezzo-soprano (une sorte de « chant parlé » dont on note les hauteurs), la voix étant accompagnée d’un piano et d’une

EIC 25-02OK.indd 2 19/02/09 18:35 Cycle 1913 Du mardi 24 au samedi 28 février 2009

SAMEDI 28 FÉVRIER – 15H Un an avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale et la conflagration générale qui allait marquer le déclin de l’Europe, la création artistique ne cesse de se renouveler et d’explorer des voies Forum Le dialogue des arts nouvelles, que ce soit en peinture, en littérature, en architecture ou en musique. En mars 1913, Mondrian à la naissance des avant-gardes expose à Paris ses toiles abstraites d’une « cérébralité sensible » selon Apollinaire, tandis que Fernand Léger montre sa Femme en bleu et Robert Delaunay son Équipe de Cardiff« où chaque ton appelle et laisse 15H : table ronde s’illuminer toutes les autres couleurs du prisme » (Apollinaire). Ce dernier publie son recueil de poèmes Animée par Marcella Lista, Alcool en supprimant toute ponctuation, ce qui tisse des liens nouveaux entre le visuel et l’auditif, historienne de l’art pendant que Proust fait paraître chez Grasset le premier volet d’À la recherche du temps perdu, Du côté de Avec Philippe Albèra, musicologue, chez Swann, texte qui allait profondément bouleverser l’écriture romanesque, sans oublier Thomas Mann Pascal Rousseau, historien de l’art, en Allemagne qui livre au public Tonio Kröger dont le héros est en proie aux tourments de la culpabilité. Daniel Dobbels, écrivain et chorégraphe À New York, l’architecte Cass Gilbert érige le Woolworth Building, le plus haut gratte-ciel jamais construit. Si les manifestations architecturales parisiennes sont moins spectaculaires, elles n’en demeurent pas 17H30 : concert moins flamboyantes.E n mars 1913 se déroule l’inauguration du Théâtre des Champs-Élysées, qui a été conçu selon la technique nouvelle du béton armé par les frères Perret et dont la décoration a été confiée Ferruccio Busoni à des artistes de renom : Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel et Antoine Bourdelle. Sonatina seconda K. 257 S’y déploie dans un faste extraordinaire l’une des plus étincelantes saisons d’opéras et de ballets russes Arnold Schönberg que Diaghilev ait présentée au public parisien, avec notamment le 15 mai la première de Jeux de Debussy Trois Pièces pour piano op. 11 puis, le 29 mai, celle du Sacre du printemps de Stravinski, deux ballets que chorégraphia Nijinski. Alexandre Scriabine Sonate n° 9 La brièveté des formes sera l’une des manifestations de l’avant-garde musicale. Dans ses Six Bagatelles Abel Decaux pour quatuor à cordes op. 9 commencées en 1911 et achevées en 1913, Anton Webern va concentrer son Le cimetière art en des pièces très courtes afin d’éviter toute répétition et toute structure tonale. Comme il déclara Gabriel Fauré dans une conférence en 1932, il avait le sentiment qu’une fois les douze notes jouées, la pièce était Nocturne n° 11 terminée ! À la même période, Alban Berg expérimenta ces formes condensées avec les Quatre Pièces Claude Debussy pour clarinette et piano op. 5 écrites au printemps 1913, que d’aucuns n’ont pas hésité à décrire comme La Terrasse des audiences au clair les quatre mouvements d’une sonate en miniature. Comme le note Pierre Boulez, si Webern construit de lune un microcosme parfait, Berg offre un geste amorcé qu’il serait possible de poursuivre, de diffuser, Feux d’artifice de multiplier… Henry Cowel Aeolian Harp De l’autre côté de l’Atlantique, le compositeur américain Charles Ives expérimente des formes d’écriture Exultation nouvelles pour le quatuor. Libre d’écrire comme il l’entend, puisqu’il a fait fortune dans les assurances, Béla Bartók il peut se livrer à toutes les approches possibles. Aussi en 1911, lorsqu’il s’attelle à la composition de son Danse orientale second quatuor, il explore toutes les ressources du chromatisme et pousse à l’extrême les combinaisons polyphoniques. Son œuvre, qui déconcerta plus d’un musicien, n’allait être jouée qu’en novembre 1946. Hugues Leclère, piano Gaveau 1907 Dans le prolongement de ces expériences instrumentales, Schönberg, Ravel et Debussy vont utiliser la voix d’une nouvelle manière. Pierrot lunaire, que Schönberg compose en 1912, a été inspiré par des poèmes du symboliste belge Albert Giraud. Sa nouveauté provient de l’utilisation du Sprechgesang (une sorte de « chant parlé » dont on note les hauteurs), la voix étant accompagnée d’un piano et d’une

EIC 25-02OK.indd 3 19/02/09 18:35 petite formation à géométrie variable allant parfois d’un instrument seul (la flûte dans la septième pièce) à des combinaisons multiples. Le climat théâtral de ce cycle change rapidement, passant du cabaret et de la commedia dell’arte viennoise à l’orientalisme, au théâtre d’ombres ou de l’effroi.S travinski avait écrit à Ravel en novembre 1912 qu’il avait été fasciné par la « mélo-déclamation » de Pierrot lunaire accompagnée de petits ensembles et qu’il n’avait « rien entendu de pareil dans la musique ». Il lui fit si bien partager l’imaginaire sonore de cette œuvre que Ravel, sans avoir entendu Pierrot lunaire, s’inspira de l’effectif employé par Schönberg lorsqu’il composa ses Trois Poèmes de Mallarmé. Ainsi, Ravel met en musique les trois poèmes de Mallarmé non comme des mélodies accompagnées, mais comme une œuvre de musique de chambre où l’écriture de la voix s’apparente plus à celle d’un instrument dont la couleur et le timbre se mêlent à la trame diaphane des flûtes, des clarinettes, du quatuor et du piano.I l prolonge l’expérience mallarméenne de la musique du vers, au-delà du sens des mots, son « immatérielle poésie », selon Ravel, « visions illimitées mais de dessins précis, enfermés dans un mystère de sombre abstraction ».

Tout comme Ravel, Debussy redécouvrit la magie des œuvres de Mallarmé en lisant au début de l’année 1913 la première édition complète que publia la NRF. Or, par « un phénomène d’autosuggestion digne d’une communication à l’Académie de médecine », selon les propres mots de Debussy, ce dernier choisit sans le savoir les mêmes poèmes que Ravel pour deux d’entre eux. La mise en musique de Debussy se situe dans une veine différente de celle deR avel : comme chez Webern ou Berg, mais sans aller jusqu’à leur brièveté, les mélodies offrent une écriture plus resserrée et plus concentrée, belle manière de faire écho à la densité et au mystère de la poésie mallarméenne.

Denis Herlin

EIC 25-02OK.indd 4 19/02/09 18:35 Mercredi 25 février – 20h Salle des concerts

Alban Berg Quatre Pièces op. 5

Anton Webern Six Bagatelles op. 9 Schmerz immer blick, opus posthume

Claude Debussy Syrinx

Charles Ives Quatuor à cordes n° 2 (IIIe mouvement : « The Call of the Mountains »)

Maurice Ravel Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé

entracte

Arnold Schönberg Pierrot lunaire op. 21

Ute Döring, mezzo-soprano Emmanuelle Ophèle, flûte Jérôme Comte, clarinette Sébastien Vichard, piano Odile Auboin, alto Hae-Sun Kang, violon Diégo Tosi, violon Éric-Maria Couturier, violoncelle Ensemble intercontemporain François-Xavier Roth, direction

Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain.

Fin du concert vers 21h50.

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EIC 25-02OK.indd 5 19/02/09 18:35 Alban Berg (1885-1935) Quatre Pièces op. 5, pour clarinette et piano

I. Mässig [Modéré] II. Sehr langsam [Très lent] III. Sehr Rash [Très rapide] IV. Langsam [Lent]

Composition : 1913-1919. Création : le 17 octobre 1919 à Vienne. Dédicace : « Diese Stücke sind dem Verein für Musikalische Privataufführungen in Wien - wo sie an 17. Oktober 1919 zum erstenmal gespielt wurden – und seinem Gründer und Präsidenten zugeeignet » [« Ces pièces sont dédiées à la Société d’exécution musicale privée de Vienne – où elles furent créées le 17 octobre 1919, en hommage à Arnold Schönberg, son fondateur et directeur. »] Effectif : clarinette en si bémol, piano. Éditeur : Universal Edition. Durée : environ 8 minutes.

Les Quatre Pièces pour clarinette et piano représentent l’une des rares incursions de ce compositeur dans la « petite forme », plus cultivée par Schönberg et surtout par Webern. Berg aborde cette technique dans un état d’esprit bien personnel, né de la volonté d’adapter les grandes formes classiques à ces dimensions réduites. On a même pu comparer ces quatre pièces au schéma de la sonate ou de la symphonie classique (allegro, mouvement lent, scherzo et finale). Cette conception, induisant la notion de geste dramatique, au premier abord peu compatible avec la brièveté des pièces, semble bien loin de la perfection des microcosmes weberniens, et on ne s’étonnera pas que, malgré l’incontestable beauté de ces quatre pièces, Berg se soit rapidement tourné vers des moyens d’expression de dimensions plus vastes.

J.-M. Longchampt

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EIC 25-02OK.indd 6 19/02/09 18:35 Anton Webern (1883-1945) Six Bagatelles op. 9, pour quatuor à cordes

I. Mässig [Modéré] II. Leicht bewegt [Légèrement agité] III. Ziemlich Fliessend [Plutôt fluide] IV. Sehr langsam [Très lent] V. Äusserst langsam [Extrêment lent] VI. Fliessend [Fluide]

Composition : 1911-1913. Création : le 19 juillet 1924 à Donaueschingen par le quatuor Amar. Dédicace : « non multa sed multum ». Effectif : 2 violons, alto, violoncelle. Éditeur : Universal Edition. Durée : environ 4 minutes.

Dans sa dédicace de l’Opus 9 à Berg, Webern écrit : « non multa sed multum, combien j’aimerais que cela puisse s’appliquer à ce que je t’offre ici ». Ainsi apparaît chez lui de manière explicite ce souci de concentrer au maximum auquel il a été amené par le sentiment qu’une fois les douze sons énoncés, il n’était plus ni utile, ni même possible de recommencer. Les Bagatelles sont parmi les pièces les plus brèves de la musique occidentale et leur difficulté d’écoute en est rendue plus grande. L’œuvre est bâtie sur des motifs de deux ou trois notes, avec une prédilection pour la seconde mineure, et se maintient la plupart du temps dans une dynamique restreinte. Schönberg a écrit une préface très significative de l’idéalisme de l’École de Vienne : « ces pièces ne seront comprises que par ceux qui croient qu’on ne peut exprimer avec des sons que ce qui peut être exprimé par des sons ».

Jean-Pierre Derrien

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EIC 25-02OK.indd 7 19/02/09 18:35 Schmerz immer blick, pour mezzo-soprano et quatuor à cordes, opus posthume

Composition : 1913. Effectif : mezzo-soprano, 2 violons, alto, violoncelle. Éditeur : Fischer. Durée : environ 1 minute.

Durant l’été 1913, Anton von Webern [la particule ne disparaîtra qu’en 1919] compose un petit cycle intitulé Trois Pièces pour quatuor à cordes dont la deuxième convoque toutefois une voix de soprano, qui déclame un court poème que le compositeur a lui-même rédigé : « Schmerz immer Blick nach oben » (« Douleur toujours/Regard vers le haut »), suite de mots elliptiques qui sonnent le retour à la douleur jamais éteinte de la mère disparue sept ans plus tôt. Le compositeur reléguera finalement cette courte pièce de treize mesures lorsque, dix ans plus tard (1924), il réunira les deux autres (après les avoir largement révisées) aux quatre mouvements d’un « Quatuor à cordes » composé durant l’été de 1911 pour former les Six Bagatelles op. 9.

D’après Alain Galliari (Anton von Webern, Éditions Fayard © 2007)

Schmerz immer Douleur toujours Blick nach oben Regard vers le haut Himmelstau Rosée du ciel Erinnerung Souvenir Schwarze Blüten Floraisons noires Auf Herz Sur un cœur Aus Mutter De mère

Claude Debussy (1862-1918) Syrinx, pour flûte

Composition : 1913. Création : 1er décembre 1913. Effectif : flûte. Éditeur : Jobert. Durée : environ 2 minutes.

Debussy a conçu cette mélodie pour flûte seule comme une musique de scène devant accompagner la mort du dieu Pan dans la pièce de son ami Gabriel Mourey : Psyché. Debussy et Mourey avaient échafaudé de nombreux projets théâtraux. Syrinx est le seul qui ait abouti, peut-être en raison de l’intérêt de Debussy pour une interprétation nouvelle des mythes grecs.

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EIC 25-02OK.indd 8 19/02/09 18:35 À propos de Psyché, l’amante d’Eros, Debussy écrivait à Mourey : « Quel type de génie faut-il pour ressusciter ce vieux mythe duquel on a arraché toutes les plumes aux ailes de l’amour ! ». On ne peut s’empêcher de songer ici à la flûte qui ouvre le Prélude à l’après-midi d’un faune : les deux mélopées ont en commun la mélancolie du chromatisme descendant et cet équilibre unique que Debussy a toujours su réaliser entre répétition et différence.

Peter Szendy

Charles Ives (1874-1954) Quatuor à cordes n° 2 – IIIe mouvement : « The Call of the Mountains »

Composition : 1907-1913. Création : 11 mai 1946 par des musiciens de la Juilliard School. Effectif : 2 violons, alto, violoncelle. Éditeur : Peer. Durée : environ 12 minutes.

Charles Ives demeure le plus controversé des compositeurs américains. En matière de musique orchestrale, chorale, pianistique ou vocale, il fut à l’origine de nombreuses innovations qui, dans leurs aspects techniques aussi bien que dans l’attitude et la personnalité de leur compositeur, ne doivent pratiquement rien aux contemporains européens. La musique de chambre d’Ives est très révélatrice de ces caractéristiques et le Deuxième Quatuor, écrit entre 1907 et 1913, est l’une des œuvres majeures du compositeur. L’idée originale d’Ives fut de traiter les instruments comme quatre personnalités individualisées, chacune exposant don propre point de vue (concept qui influença plus tard Elliott Carter). « Quatre hommes, écrivit Ives, qui conversent, raisonnent… se disputent, se réconcilient, se taisent, puis gravissent ensemble la montage et vont admirer le firmament ! » Ceci décrit succintement les trois mouvements du quatuor où se combinent de façon caractéristique des musiques aussi variées que nombreuses, allant de citations d’hymnes religieux à des passages d’une extrême dissonance et à des rythmes d’une grande complexité. De nombreux éléments du quatuor, en particulier le troisième mouvement, l’adagio qui sert de finale (« L’Appel des montagnes ») et clôt l’œuvre dans un calme visionnaire, furent travaillés au cours des années précédentes dans plusieurs pièces courtes qui montrent bien l’esprit rebelle et novateur d’Ives.

D’après Malcolm MacDonald ©1993

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EIC 25-02OK.indd 9 19/02/09 18:35 Maurice Ravel (1875-1937) Maurice Ravel Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé, pour mezzo-soprano et neuf musiciens Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé

I. Soupir Soupir II. Placet futile III. Surgi de la croupe et du bond Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur, Un automne jonché de taches de rousseur, Composition : I. avril 1913 ; II. mai 1913 ; III. août 1913. Et vers le ciel errant de ton œil angélique, Dédicataires : I. « À Igor Stravinsky » ; II. « À Florent Schmitt » ; III. « À ». Monte, comme dans un jardin mélancolique, Création : le 14 janvier 1914, à Paris, Société Musicale Indépendante, salle Érard, par Jane Bathori (soprano) et un Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’azur ! ensemble instrumental (piano, quatuor à cordes, deux flûtes, deux clarinettes) sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht. Vers l’azur attendri d’octobre pâle et pur Effectif : mezzo-soprano solo, flûte, flûte/flûte piccolo, clarinette ensi bémol/ clarinette en la, clarinette en si bémol/ Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie clarinette basse/clarinette en la, piano, 2 violons, alto, violoncelle. Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Éditeur : Universal Edition. Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Durée : environ 12 minutes. Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

Dans les premières années du XXe siècle, l’orchestre postromantique atteignit des proportions démesurées avec Arnold Schönberg (Gurrelieder), Gustav Mahler (8e Symphonie) ou Richard Placet futile Strauss (Elektra). Une réaction très nette se produisit alors, privilégiant les formations de chambre. Le Pierrot lunaire (1912) s’inscrit dans ce mouvement de concentration des moyens musicaux. Princesse ! à jalouser le destin d’une Hébé Stravinski entendit l’œuvre révolutionnaire de Schönberg à Berlin à la fin de 1912 ; il en fut très Qui point sur cette tasse au baiser de vos lèvres ; impressionné et en parla à Ravel quelques mois plus tard, durant un séjour commun à Clarens. J’use mes feux mais n’ai rang discret que d’abbé De ces conversations naquirent les Trois Poèmes de la lyrique japonaise de Stravinski et les Trois Et ne figurerai même nu sur le Sèvres. Poèmes de Stéphane Mallarmé de Ravel qui présentent la partie chantée dans un environnement instrumental subtil, très proche, quant à la formation choisie, de celui de Pierrot lunaire. Ces Trois Comme je ne suis pas ton bichon embarbé Poèmes de Stéphane Mallarmé comptent parmi les réussites absolues dans l’œuvre d’un musicien Ni la pastille, ni jeux mièvres qui en fut coutumier. Les lignes vocales, le travail sur les timbres, le raffinement de l’harmonie, Et que sur moi je sens ton regard clos tombé parfois à la limite de l’atonalité, y atteignent une sorte de transparence, à la fois brûlante et glacée, Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres ! à l’image même des sonnets de Mallarmé dont Ravel goûtait, selon ses termes, « la préciosité pleine de profondeur ». Les splendeurs mélancoliques de l’automne (« Soupir »), les amours impossibles Nommez-nous… toi de qui tant de ris framboisés d’un galant abbé, dans le style de Boucher (« Placet futile »), la béance d’un vase vierge de toute Se joignent en troupeaux d’agneaux apprivoisés fleur (« Surgi de la coupe et du bond ») forment trois moments où poésie et musique se rejoignent Chez tous broutant les vœux et bêlant aux délires, avec un rare bonheur. Nommez-nous… pour qu’Amour ailé d’un éventail M’y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail, Jean-Michel Nectoux Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

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EIC 25-02OK.indd 10 19/02/09 18:35 Maurice Ravel Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé

Soupir Surgi de la croupe et du bond

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur, Surgi de la croupe et du bond Un automne jonché de taches de rousseur, D’une verrerie éphémère Et vers le ciel errant de ton œil angélique, Sans fleurir la veillée amère Monte, comme dans un jardin mélancolique, Le col ignoré s’interrompt. Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’azur ! Je crois bien que deux bouches n’ont Vers l’azur attendri d’octobre pâle et pur Bu, ni son amant ni ma mère Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Jamais à la même chimère Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Moi, sylphe de ce froid plafond ! Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d’un long rayon. Le pur vase d’aucun breuvage Que l’inexhaustible veuvage Agonise mais ne consent, Placet futile Naïf baiser des plus funèbres ! Princesse ! à jalouser le destin d’une Hébé À rien expirer annonçant Qui point sur cette tasse au baiser de vos lèvres ; Une rose dans les ténèbres. J’use mes feux mais n’ai rang discret que d’abbé Et ne figurerai même nu sur le Sèvres. Stéphane Mallarmé

Comme je ne suis pas ton bichon embarbé Ni la pastille, ni jeux mièvres Et que sur moi je sens ton regard clos tombé Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres !

Nommez-nous… toi de qui tant de ris framboisés Se joignent en troupeaux d’agneaux apprivoisés Chez tous broutant les vœux et bêlant aux délires, Nommez-nous… pour qu’Amour ailé d’un éventail M’y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail, Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

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EIC 25-02OK.indd 11 19/02/09 18:35 Arnold Schönberg (1874-1951) Pierrot lunaire op. 20, pour mezzo-soprano et cinq musiciens

I. Mondestrunken [Ivre de lune] Colombine [Colombine] Der Dandy [Le Dandy] Eine blasse Wäscherin [Une pâle lavandière] Valse de Chopin [Valse de Chopin] Madonna [Madone] Der kranke Mond [Lune malade]

II. Nacht [Nuit] Gebet an Pierrot [Supplique à Pierrot] Raub [Vol] Rote Messe [Messe rouge] Galgenlied [Chanson de potence] Enthauptung [Décollation] Die Kreuze [Les Croix]

III. Heimweh [Nostalgie] Gemeinheit [Vilenie] Parodie [Parodie] Der Mondfleck [La Tache de lune] Serenade [Sérénade] Heimfahrt [Retour] O alter Duft [Ô vieux parfum]

Composition : 1912. Textes : Albert Giraud/Otto Erich Hartleben. Création : le 16 octobre 1912 à Berlin, Choralionsaal, par Albertine Zehme (voix), Eduard Steuermann (piano), Jakob Malinjak (violon/alto), Hans Kindler (violoncelle), H.W. de Vries (flûte), C. Essberger (clarinette/clarinette basse). Dédicace : à la première interprète Albertine Zehme en chaleureuse amitié. Effectif : récitante solo, flûte/flûte piccolo, clarinette en si bémol/clarinette basse, piano, 2 violons/alto, violoncelle. Éditeur : Universal Edition. Durée : environ 36 minutes.

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EIC 25-02OK.indd 12 19/02/09 18:35 Le Pierrot lunaire est sans doute l’œuvre de Schönberg la plus célèbre. Œuvre au parfum de scandale, œuvre-phare, comme l’a reconnu Stravinski : « la puissance réelle de Pierrot (...) me dépassait alors, comme elle nous dépassait tous à cette époque ». Le Pierrot lunaire fut écrit à la demande d’Albertine Zehme, ancienne actrice qui récitait des mélodrames. Schönberg a mis en musique vingt et un poèmes d’Albert Giraud, dans leur traduction allemande par Otto Erich Hartleben, qui prend avec l’original de nombreuses libertés. Un Pierrot fin-de-siècle hérité de la comédie italienne en est le protagoniste, dans un décor symboliste décadent : la Lune, avec ses connotations nostalgiques et maladives, le sang – celui des phtisiques et des condamnés. Pourtant, Schönberg a conçu son œuvre sur un « ton léger, ironique et satirique ». Et l’intention caricaturale n’est pas toujours absente des figuralismes qui viennent souligner le texte : lorsque Pierrot, « d’un grotesque archet dissonant agaçant sa viole plate », donne sa « Sérénade », le violoncelle fait étalage d’une virtuosité moqueuse.

Dans sa préface à la partition, le compositeur demande à ses interprètes de faire preuve d’un certain détachement vis-à-vis du texte : l’atmosphère, le caractère de chaque pièce doit être le fait de la musique et non du sens des mots. Schönberg cherche en effet de nouveaux terrains d’entente entre son et verbe, comme il l’écrit dans un article de 1912 – contemporain de la genèse du Pierrot : « les relations apparentes entre musique et texte, telles qu’on les marque dans la déclamation, le tempo, les nuances dynamiques, n’ont pas grand-chose à voir avec leurs correspondances profondes et ne vont pas plus loin que, par exemple, cette imitation primitive de la nature qui consiste à copier un modèle ». Car, de même que Kandinsky avait abandonné toute référence à l’objet réel, la musique de Schönberg s’est détournée du thème et de la tonalité : la convergence avec la poésie doit désormais dépendre elle aussi de l’unique « nécessité intérieure ».

De fait, en regard de son prétexte littéraire, le texte musical présente une grande mobilité d’expression, mobilité directement sensible dans l’instrumentation : d’une pièce à l’autre, l’effectif est constamment variable. Pierre Boulez a rendu hommage à la modernité d’une telle polyvalence en s’y référant explicitement pour Le Marteau sans maître. Dans le Pierrot lunaire, l’ensemble instrumental connaît différents régimes, avec des états minimaux – la flûte seule accompagnant la voix dans « La lune malade ». Mais l’univers labile de l’œuvre doit surtout sa nouveauté à l’écriture vocale inédite : le Sprechgesang, qui a suscité bien des controverses quant à son interprétation. Schönberg a tenté d’intégrer le timbre de la voix parlée au tissu instrumental. Cependant, la Sprechstimme n’échappe pas à certaines ambiguïtés. En effet, la voix est notée comme une mélodie parlée dont les hauteurs sont parfaitement définies, sans considération pour la différence de registre entre le chant et la parole ; de plus, pour obtenir l’effet parlé, ces hauteurs doivent être simplement effleurées et aussitôt quittées – ce qui n’est pas sans contredire la minutie avec laquelle certains contrepoints sollicitent la Sprechmelodie. Sans doute faut-il en rester à ce que Schönberg écrivait dans une lettre de 1931 : « le Pierrot lunaire n’est pas à chanter ! »

Au-delà de ces difficultés, reste la volonté de prendre en compte la totalité du phénomène vocal : bien qu’essentiellement parlée, la ligne vocale du Pierrot lunaire comprend certaines notes chantées, ainsi que des syllabes chuchotées ou non-voisées que Pierre Boulez a comparées

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EIC 25-02OK.indd 13 19/02/09 18:35 à un « bruit blanc ». La voix libérée des hauteurs fixes découvre des techniques hétérodoxes Arnold Schoenberg promises à un grand avenir. Et surtout, en n’étant plus exclusivement liée au chant, elle peut Pierrot lunaire devenir contrechant, voix secondaire – Nebenstimme : elle connaît désormais différents degrés d’immersion dans la texture ; elle permet diverses émergences du texte. Autre forme de mobilité I. dont Le Marteau sans maître revendiquera expressément l’héritage. 1. Mondestrunken Peter Szendy Den Wein, den man mit Augen trinkt, Gießt Nachts der Mond in Wogen nieder, Und eine Springflut überschwemmt Den Stillen Horizont.

Gelüste, schauerlich und süß, Durchschwimmen ohne Zahl die Fluten! Den Wein, den man mit Augen trinkt, Gießt Nachts der Mond in Wogen nieder.

Der Dichter, den die Andacht treibt, Berauscht sich an dem heilgen Tranke, Gen Himmel wendet er verzückt Das Haupt und taumelnd saugt und schlürft er Den Wein, den man mit Augen trinkt.

2. Colombine Des Mondlichts bleiche Blüten, Die weißen Wunderrosen, Blühn in den Julinächten O bräch ich eine nur!

Mein banges Leid zu lindern, Such ich am dunklen Strome Des Mondlichts bleiche Blüten, Die weißen Wunderrosen.

Gestillt wär all mein Sehnen, Dürft ich so märchenheimlich, So selig leis – entblättern Auf deine braunen Haare Des Mondlichts bleiche Blüten!

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EIC 25-02OK.indd 14 19/02/09 18:35 Arnold Schoenberg Pierrot lunaire

I. I.

1. Mondestrunken 1. Ivre de lune Den Wein, den man mit Augen trinkt, Le vin, celui qu’on boit des yeux, Gießt Nachts der Mond in Wogen nieder, nuitamment la lune le verse à flots, Und eine Springflut überschwemmt et un raz-de-marée submerge Den Stillen Horizont. le calme horizon.

Gelüste, schauerlich und süß, Des désirs, terribles et tendres, Durchschwimmen ohne Zahl die Fluten! nagent, innombrables, dans ces flots ! Den Wein, den man mit Augen trinkt, Le vin, celui qu’on boit des yeux, Gießt Nachts der Mond in Wogen nieder. nuitamment la lune le verse à flots.

Der Dichter, den die Andacht treibt, Le poète, mû par la piété, Berauscht sich an dem heilgen Tranke, s’enivre de ce saint breuvage, Gen Himmel wendet er verzückt vers le ciel il tourne, extasié, Das Haupt und taumelnd saugt und schlürft er la tête et, chancelant, il lampe et lape Den Wein, den man mit Augen trinkt. le vin, celui qu’on boit des yeux.

2. Colombine 2. Colombine Des Mondlichts bleiche Blüten, Du clair de lune les pâles fleurs, Die weißen Wunderrosen, blanches roses merveilleuses, Blühn in den Julinächten fleurissent durant les nuits de juillet – O bräch ich eine nur! Oh, si j’en cueillais une !

Mein banges Leid zu lindern, Pour apaiser mon mal funeste, Such ich am dunklen Strome je cherche sur les bords de la rivière sombre Des Mondlichts bleiche Blüten, du clair de lune les pâles fleurs, Die weißen Wunderrosen. les blanches roses merveilleuses.

Gestillt wär all mein Sehnen, Tout mon désir serait apaisé, Dürft ich so märchenheimlich, si je pouvais imperceptiblement ainsi que dans les contes, So selig leis – entblättern tout doucement, heureux – effeuiller Auf deine braunen Haare sur ta brune chevelure Des Mondlichts bleiche Blüten! du clair de lune les pâles fleurs !

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EIC 25-02OK.indd 15 19/02/09 18:35 3. Der Dandy 3. Le Dandy Wilder Lust Akkorde stören Mit einem phantastischen Lichtstrahl D’un fantastique rayon de lumière Der Verzweiflung eisgen Traum – Erleuchtet der Mond die krystallnen Flacons la lune éclaire les flacons cristallins Wie ein blasser Tropfen Bluts Auf dem schwarzen, hochheiligen Waschtisch sur la noire, la sacro-sainte table de toilette Färbt die Lippen einer Kranken. Des schweigenden Dandys von Bergamo. du silencieux dandy de Bergame. Heiß und jauchzend, süß und schmachtend, In tönender, bronzener Schale Dans la sonore vasque de bronze Melancholisch düstrer Walzer, Lacht hell die Fontäne, metallischen Klangs. rit très haut la fontaine, d’un son métallique. Kommst mir nimmer aus den Sinnen! Mit einem phantastischen Lichtstrahl D’un fantasque rayon de lumière Haftest mir an den Gedanken, Erleuchtet der Mond die krystallnen Flacons. la lune éclaire les flacons cristallins. Wie ein blasser Tropfen Bluts!

Pierrot mit dem wächsernen Antlitz Pierrot, le visage de cire, 6. Madonna Steht sinnend und denkt: wie er heute se tient là, pensif, et songe : comment se fardera-t-il Steig, o Mutter aller Schmerzen, [sich schminkt? [aujourd’hui ? Auf den Altar meiner Verse! Fort schiebt er das Rot und des Orients Grün Il écarte le rouge et le vert d’orient Blut aus deinen magren Brüsten Und bemalt sein Gesicht in erhabenem Stil et peint son visage d’un style solennel Hat des Schwertes Wut vergossen. Mit einem phantastischen Mondstrahl. d’un fantastique rayon de lune. Deine ewig frischen Wunden 4. Eine blasse Wäscherin 4. Une pâle lavandière Gleichen Augen, rot und offen. Eine blasse Wäscherin Une pâle lavandière Steig, o Mutter aller Schmerzen, Wäscht zur Nachtzeit bleiche Tücher, lave, de nuit, des linges blancs ; Auf den Altar meiner Verse! Nackte, silberweiße Arme ses bras nus, blancs comme argent, Streckt sie nieder in die Flut. elle les plonge dans les flots. In den abgezehrten Händen Hältst du deines Sohnes Leiche, Durch die Lichtung schleichen Winde, À travers la clairière passent des vents, Ihn zu zeigen aller Menschheit – Leis bewegen sie den Strom. doucement ils agitent le flot. Doch der Blick der Menschen meidet Eine blasse Wäscherin Une pâle lavandière Dich, o Mutter aller Schmerzen! Wäscht zur Nachtzeit bleiche Tücher. lave, de nuit, des linges blancs. 7. Der kranke Mond Und die sanfte Magd des Himmels, Et la douce servante du ciel, Du nächtig todeskranker Mond Von den Zweigen zart umschmeichelt, par les branches délicatement caressée, Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl, Breitet auf die dunklen Wiesen étale sur les prairies ombreuses Dein Blick, so fiebernd übergroß, Ihre lichtgewobenen Linnen – son linge tissé de lumière – Bannt mich wie fremde Melodie. Eine blasse Wäscherin. pâle lavandière. An unstillbarem Liebesleid 5. Valse de Chopin 5. Valse de Chopin Stirbst du, an Sechnsucht, tief erstickt, Wie ein blasser Tropfen Bluts Comme une pâle goutte de sang Du nächtig todeskranker Mond Färbt die Lippen einer Kranken, colore les lèvres d’une malade, Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl. Also ruht auf diesen Tönen ainsi repose sur cette musique Ein vernichtungssüchtger Reiz. un charme morbide.

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EIC 25-02OK.indd 16 19/02/09 18:35 3. Le Dandy Wilder Lust Akkorde stören Des accords d’une joie sauvage dérangent D’un fantastique rayon de lumière Der Verzweiflung eisgen Traum – le rêve glacé du désespoir – la lune éclaire les flacons cristallins Wie ein blasser Tropfen Bluts comme une pâle goutte de sang sur la noire, la sacro-sainte table de toilette Färbt die Lippen einer Kranken. colore les lèvres d’une malade. du silencieux dandy de Bergame. Heiß und jauchzend, süß und schmachtend, Chaleureuse et jubilante, douce et languissante, Dans la sonore vasque de bronze Melancholisch düstrer Walzer, valse mélancoliquement sombre, rit très haut la fontaine, d’un son métallique. Kommst mir nimmer aus den Sinnen! tu ne quittes pas mon esprit ! D’un fantasque rayon de lumière Haftest mir an den Gedanken, tu fais corps avec mes pensées la lune éclaire les flacons cristallins. Wie ein blasser Tropfen Bluts! comme une pâle goutte de sang !

Pierrot, le visage de cire, 6. Madonna 6. Madone se tient là, pensif, et songe : comment se fardera-t-il Steig, o Mutter aller Schmerzen, Monte, ô mère de toutes les douleurs [aujourd’hui ? Auf den Altar meiner Verse! sur l’autel de mes vers ! Il écarte le rouge et le vert d’orient Blut aus deinen magren Brüsten Le sang de tes maigres seins et peint son visage d’un style solennel Hat des Schwertes Wut vergossen. la rage du glaive l’a versé. d’un fantastique rayon de lune. Deine ewig frischen Wunden Tes plaies éternellement béantes 4. Une pâle lavandière Gleichen Augen, rot und offen. semblent des yeux rouges et ouverts. Une pâle lavandière Steig, o Mutter aller Schmerzen, Monte, ô mère de toutes les douleurs lave, de nuit, des linges blancs ; Auf den Altar meiner Verse! sur l’autel de mes vers ! ses bras nus, blancs comme argent, elle les plonge dans les flots. In den abgezehrten Händen Dans tes mains décharnées Hältst du deines Sohnes Leiche, tu tiens le cadavre de ton fils À travers la clairière passent des vents, Ihn zu zeigen aller Menschheit – pour le montrer à l’humanité entière – doucement ils agitent le flot. Doch der Blick der Menschen meidet mais le regard des hommes t’évite, Une pâle lavandière Dich, o Mutter aller Schmerzen! toi, ô mère de toutes les douleurs ! lave, de nuit, des linges blancs. 7. Der kranke Mond 7. Lune malade Et la douce servante du ciel, Du nächtig todeskranker Mond Toi lune, malade condamnée au terme de la nuit par les branches délicatement caressée, Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl, là sur la couche sombre du ciel, étale sur les prairies ombreuses Dein Blick, so fiebernd übergroß, ton regard si fiévreux, immense, son linge tissé de lumière – Bannt mich wie fremde Melodie. me captive comme une étrange mélodie. pâle lavandière. An unstillbarem Liebesleid D’un insatiable mal d’amour 5. Valse de Chopin Stirbst du, an Sechnsucht, tief erstickt, tu meurs, de nostalgie, étouffée, Comme une pâle goutte de sang Du nächtig todeskranker Mond toi lune, malade condamnée au terme de la nuit colore les lèvres d’une malade, Dort auf des Himmels schwarzem Pfühl. là sur la couche sombre du ciel. ainsi repose sur cette musique un charme morbide.

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EIC 25-02OK.indd 17 19/02/09 18:35 Den Liebsten, der im Sinnenrausch L’amant qui, dans l’ivresse des sens, 10. Raub Gedankenlos zur Liebsten schleicht, insouciant se rend chez son aimée, Rote, fürstliche Rubine, Belustigt deiner Strahlen Spiel – s’amuse du jeu de tes rayons – Blutge Tropfen alten Ruhmes, Dein bleiches, qualgebornes Blut, ton pâle sang, issu de ta souffrance, Schlummern in den Totenschreinen, Du nächtig todeskranker Mond. lune, malade condamnée au terme de la nuit. Drunten in den Grabgewölben.

Nachts, mit seinen Zechkumpanen, II. II. Steigt Pierrot hinab – Zu rauben Rote, fürstliche Rubine, 8. Nacht 8. Nuit Blutge Tropfen alten Ruhmes. Finstre, schwarze Riesenfalter De sinistres, de noirs papillons géants Töteten der Sonne Glanz. tuent l’éclat du soleil. Doch da – sträuben sich die Haare, Ein geschloßnes Zauberbuch, Tel un grimoire fermé, Bleiche Furcht bannt sie am Platze: Ruht der Horizont – verschwiegen. repose l’horizon – muet. Durch die Finsternis – wie Augen! – Stieren aus den Totenschreinen Aus dem Qualm verlorner Tiefen D’une fumée venue d’infinies profondeurs Rote, fürstliche Rubine. Steigt ein Duft, Erinnrung mordend! se dégage un parfum, meurtrier de la mémoire ! Finstre, schwarze Riesenfalter De sinistres, de noirs papillons géants 11. Rote Messe Töteten der Sonne Glanz. tuent l’éclat du soleil. Zu grausem Abendmahle, Beim Blendeglanz des Goldes, Und vom Himmel erdenwärts Et du ciel vers la terre Beim Flackerschein der Kerzen, Senken sich mit schweren Schwingen s’abattent de leurs lourdes ailes, Naht dem Altar – Pierrot! Unsichtbar die Ungetüme invisibles, ces monstres Auf die Menschenherzen nieder... sur le cœur des hommes... Die Hand, die gottgeweihte, Finstre, schwarze Riesenfalter. De sinistres, de noirs papillons géants. Zerreißt die Priesterkleider Zu grausem Abendmahle, 9. Gebet an Pierrot 9. Supplique à Pierrot Beim Blendeglanz des Goldes. Pierrot! Mein Lachen Pierrot ! Mon rire Hab ich verlernt! je l’ai désappris ! Mit segnender Gebärde Das Bild des Glanzes L’image resplendissante Zeigt er den banden Seelen Zerfloß – Zerfloß! s’est dissipée – dissipée ! Die triefend rote Hostie: Sein Herz – in blutgen Fingern – Schwarz weht die Flagge Noir est le pavillon Zu grausem Abendmahle! Mir nun vom Mast. qui flotte à présent à mon mât. Pierrot! Mein Lachen Pierrot ! Mon rire 12. Galgenlied Hab ich verlernt! je l’ai désappris ! Die dürre Dirne Mit langem Halse O gieb mir wieder, Ô rends-moi, Wird seine letzte Roßarzt der Seele, guérisseur de l’âme, Geliebte sein. Schneemann der Lyrik, bonhomme de neige de la poésie, Durchlaucht vom Monde, prince de la lune, Pierrot – mein Lachen! Pierrot – mon rire !

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EIC 25-02OK.indd 18 19/02/09 18:35 L’amant qui, dans l’ivresse des sens, 10. Raub 10. Vol insouciant se rend chez son aimée, Rote, fürstliche Rubine, Rouges, princiers, des rubis, s’amuse du jeu de tes rayons – Blutge Tropfen alten Ruhmes, gouttes de sang de l’antique gloire, ton pâle sang, issu de ta souffrance, Schlummern in den Totenschreinen, sommeillent dans les cercueils, lune, malade condamnée au terme de la nuit. Drunten in den Grabgewölben. là-bas dans les caveaux.

Nachts, mit seinen Zechkumpanen, De nuit, avec ses compagnons de beuverie, II. Steigt Pierrot hinab – Zu rauben Pierrot descend – pour voler Rote, fürstliche Rubine, les rouges rubis princiers, 8. Nuit Blutge Tropfen alten Ruhmes. gouttes de sang de l’antique gloire. De sinistres, de noirs papillons géants tuent l’éclat du soleil. Doch da – sträuben sich die Haare, Mais là – leurs cheveux se hérissent, Tel un grimoire fermé, Bleiche Furcht bannt sie am Platze: la peur les fige, blêmes sur place : repose l’horizon – muet. Durch die Finsternis – wie Augen! – À travers l’obscurité – comme des yeux ! – Stieren aus den Totenschreinen Fixent, du fond des cercueils, D’une fumée venue d’infinies profondeurs Rote, fürstliche Rubine. les rouges rubis princiers. se dégage un parfum, meurtrier de la mémoire ! De sinistres, de noirs papillons géants 11. Rote Messe 11. Messe Rouge tuent l’éclat du soleil. Zu grausem Abendmahle, Pour l’horrible eucharistie, Beim Blendeglanz des Goldes, à la clarté aveuglante des ors, Et du ciel vers la terre Beim Flackerschein der Kerzen, à la lueur vacillante des cierges, s’abattent de leurs lourdes ailes, Naht dem Altar – Pierrot! s’approche de l’autel – Pierrot ! invisibles, ces monstres sur le cœur des hommes... Die Hand, die gottgeweihte, Sa main, sa main vouée à Dieu, De sinistres, de noirs papillons géants. Zerreißt die Priesterkleider déchire ses ornements sacerdotaux Zu grausem Abendmahle, pour l’horrible eucharistie 9. Supplique à Pierrot Beim Blendeglanz des Goldes. à la clarté aveuglante des ors. Pierrot ! Mon rire je l’ai désappris ! Mit segnender Gebärde Dans un geste de consécration L’image resplendissante Zeigt er den banden Seelen il montre aux âmes apeurées s’est dissipée – dissipée ! Die triefend rote Hostie: la rouge et sanguinolente hostie : Sein Herz – in blutgen Fingern – son cœur – entre ses doigts ensanglantés – Noir est le pavillon Zu grausem Abendmahle! pour l’horrible eucharistie. qui flotte à présent à mon mât. Pierrot ! Mon rire 12. Galgenlied 12. Chanson de Potence je l’ai désappris ! Die dürre Dirne La maigre fille Mit langem Halse au long cou Ô rends-moi, Wird seine letzte sera sa dernière guérisseur de l’âme, Geliebte sein. maîtresse. bonhomme de neige de la poésie, prince de la lune, Pierrot – mon rire !

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EIC 25-02OK.indd 19 19/02/09 18:35 In seinem Hirne Dans son crâne III. Steckt wie ein Nagel elle est plantée comme un clou Die dürre Dirne la maigre fille 15. Heimweh Mit langem Halfe. au long cou. Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen Aus Italiens alter Pantomime, Schlank wie die Pinie, Svelte comme le pin, Klingts herüber: wie Pierrot so hölzern, Am Hals ein Zöpfchen – au cou une petite natte – So modern sentimental geworden. Wollüstig wird sie voluptueusement elle enlacera Den Schelm umbalsen, le coquin, Und es tönt durch seines Herzens Wüste, Die dürre Dirne! la maigre fille. Tönt gedämpft durch alle Sinne wieder, Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen 13. Enthauptung 13. Décollation Aus Italiens alter Pantomime. Der Mond, ein blankes Türkenschwert La lune, blanc cimeterre Auf einem schwarzen Seidenkissen, sur un noir coussin de soie, Da vergisst Pierrot die Trauermienen! Gespenstisch groß – dräut er hinab fantastiquement agrandi – menace d’en haut Durch den bleichen Feuerschein des Mondes, Durch schmerzensdunkle Nacht. à travers la nuit, obscure de douleurs. Durch des Lichtmeers Fluten – schweift [die Sehnsucht Pierrot irrt ohne Rast umher Pierrot erre sans trêve Kühn hinauf, empor zum Heimathimmel, Und starrt empor in Todesängsten et fixe dans une mortelle angoisse Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen! Zum Mond, dem blanken Türkenschwert la lune, blanc cimeterre Auf einem schwarzen Seidenkissen. sur un noir coussin de soie. 16. Gemeinheit In den blanken Kopf Cassanders, Es schlottern unter ihm die Knie, Sous lui, ses genoux flageolent ; Dessen Schrein die Luft durchzetert, Ohnmächtig bricht er jäh zusammen. sans connaissance, il s’affaisse soudain. Bohrt Pierrot mit Heuchlermienen, Er wähnt: es sause strafend schon Il imagine qu’en châtiment déjà Zärtlich – einen Schädelbohrer! Auf seinen Sünderhals hernieder sur son cou de pêcheur tombe Der Mond, das blanke Türkenschwert. la lune, blanc cimeterre. Darauf stopft er mit dem Daumen Seinen echten türkschen Taback 14. Die Kreuze 14. Les Croix In den blanken Kopf Cassanders, Heilge Kreuze sind die Verse, Saintes croix sont les vers Dessen Schrein die Luft durchzetert! Dran die Dichter stumm verbluten, dont meurent les poètes, muets et exsangues, Blindgeschlagen von der Geier aveuglés par des vautours Dann dreht er ein Rohr von Weichsel Flatterndem Gespensterschwarme! qui battent des ailes dans un fantastique vol ! Hinten in die glatte Glatze Und behäbig schmaucht und pafft er In den Leibern schwelgten Schwerter, Dans les corps plongent avec ivresse les glaives, Seinen echten türkschen Taback Prunkend in des Blutes Scharlach! se complaisant dans l’écarlate du sang ! Aus dem blanken Kopf Cassanders! Heilge Kreuze sind die Verse, Saintes croix sont les vers Dran die Dichter stumm verbluten. dont meurent les poètes, muets et exsangues. 17. Parodie Stricknadeln, blank und blinkend, Tot das Haupt – erstarrt die Locken – Morte la tête – figées les boucles – In ihrem grauen Haar, Fern, verweht der Lärm des Pöbels. au loin, dissipé le vacarme de la foule. Sitzt die Duenna murmelnd, Langsam sinkt die Sonne nieder, Lentement descend le soleil, Im roten Röckchen da. Eine rote Königskrone – rouge couronne royale, – Heilge Kreuze sind die Verse! Saintes croix sont les vers. 20

EIC 25-02OK.indd 20 19/02/09 18:35 Dans son crâne III. III. elle est plantée comme un clou la maigre fille 15. Heimweh 15. Nostalgie au long cou. Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen Doucement plaintif – soupir cristallin, Aus Italiens alter Pantomime, venu de vieilles pantomimes italiennes, Svelte comme le pin, Klingts herüber: wie Pierrot so hölzern, l’écho nous revient : comme Pierrot, tellement de bois, au cou une petite natte – So modern sentimental geworden. devenu si sentimental à la façon moderne. voluptueusement elle enlacera le coquin, Und es tönt durch seines Herzens Wüste, Et cela résonne à travers le désert de son cœur, la maigre fille. Tönt gedämpft durch alle Sinne wieder, résonne sourdement encore à travers tous ses sens, Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen doucement plaintif - soupir cristallin, 13. Décollation Aus Italiens alter Pantomime. venu de vieilles pantomimes italiennes. La lune, blanc cimeterre sur un noir coussin de soie, Da vergisst Pierrot die Trauermienen! Alors Pierrot oublie les mines attristées ! fantastiquement agrandi – menace d’en haut Durch den bleichen Feuerschein des Mondes, À travers les pâles lueurs de la lune, à travers la nuit, obscure de douleurs. Durch des Lichtmeers Fluten – schweift à travers les flots de la mer de lumière – s’élance [die Sehnsucht [hardiment, Pierrot erre sans trêve Kühn hinauf, empor zum Heimathimmel, à l’assaut du ciel natal, et fixe dans une mortelle angoisse Lieblich klagend – ein krystallnes Seufzen! doucement plaintif – soupir cristallin ! la lune, blanc cimeterre sur un noir coussin de soie. 16. Gemeinheit 16. Vilenie In den blanken Kopf Cassanders, Dans le chef poli de Cassandre, Sous lui, ses genoux flageolent ; Dessen Schrein die Luft durchzetert, dont les cris percent l’air, sans connaissance, il s’affaisse soudain. Bohrt Pierrot mit Heuchlermienen, Pierrot enfonce avec une mine hypocrite, Il imagine qu’en châtiment déjà Zärtlich – einen Schädelbohrer! tendrement – un trépan ! sur son cou de pêcheur tombe la lune, blanc cimeterre. Darauf stopft er mit dem Daumen Là-dessus il bourre, avec son pouce, Seinen echten türkschen Taback son véritable tabac de Turquie 14. Les Croix In den blanken Kopf Cassanders, dans le chef poli de Cassandre Saintes croix sont les vers Dessen Schrein die Luft durchzetert! dont les cris percent l’air ! dont meurent les poètes, muets et exsangues, aveuglés par des vautours Dann dreht er ein Rohr von Weichsel Puis il vrille un tube de merisier qui battent des ailes dans un fantastique vol ! Hinten in die glatte Glatze à l’arrière du crâne lisse Und behäbig schmaucht und pafft er et confortablement il aspire une bouffée et fume Dans les corps plongent avec ivresse les glaives, Seinen echten türkschen Taback son véritable tabac de Turquie se complaisant dans l’écarlate du sang ! Aus dem blanken Kopf Cassanders! du chef poli de Cassandre. Saintes croix sont les vers dont meurent les poètes, muets et exsangues. 17. Parodie 17. Parodie Stricknadeln, blank und blinkend, Des aiguilles à tricoter, nues et étincelantes Morte la tête – figées les boucles – In ihrem grauen Haar, dans ses cheveux gris, au loin, dissipé le vacarme de la foule. Sitzt die Duenna murmelnd, la duègne est assise, marmottant Lentement descend le soleil, Im roten Röckchen da. en rouge casaquin. rouge couronne royale, – Saintes croix sont les vers. 21

EIC 25-02OK.indd 21 19/02/09 18:35 Sie wartet in der Laube, Elle attend sous la treille, Von sich wirft er jetzt die Bratsche: Sie liebt Pierrot mit Schmerzen, elle aime douloureusement Pierrot, Mit der delikaten Linken Stricknadeln, blank und blinkend, des aiguilles à tricoter, nues et étincelantes, Faßt den Kahlkopf er am Kragen In ihrem grauen Haar. dans ses cheveux gris. Träumend spielt er auf der Glatze Mit groteskem Riesenbogen. Da plötzlich – horch! – ein Wispern! Soudain – écoute ! – un murmure ! Ein Windhauch kichert leise: Un souffle de vent ricane doucement : 20. Heimfahrt Der Mond, der böse Spötter, La lune, méchante railleuse, Der Mondstrahl ist das Ruder, Äfft nach mit seinen Strahlen – imite de ses rayons Seerose dient als Boot: Stricknadein, blink und blank. les aiguilles à tricoter, nues et étincelantes. Drauf fährt Pierrot gen Süden Mit gutem Reisewind. 18. Der Mondfleck 18. La Tache de lune Einen weißen Fleck des hellen Mondes Une blanche tache de clair de lune Der Strom summt tiefe Skalen Auf dem Rücken seines schwarzen Rockes, sur le dos de son habit noir, Und wiegt den leichten Kahn. So spaziert Pierrot im lauen Abend, ainsi déambule Pierrot par une tiède soirée, Der Mondstrahl ist das Ruder, Aufzusuchen Glück und Abenteuer. en quête de bonheur et d’aventure. Seerose dient als Boot.

Plötzlich stört ihn was an seinem Anzug, Soudain quelque chose le dérange dans sa mise, Nach Bergamo, zur Heimat, Er beschaut sich rings und findet richtig – il s’examine alentour et découvre, il est vrai, Kehrt nun Pierrot zurück; Einen weißen Fleck des hellen Mondes une blanche tache de clair de lune Schwach dämmert schon im Osten Auf dem Rücken seines schwarzen Rockes. sur le dos de son habit noir. Der grüne Horizont. Der Mondstrahl ist das Ruder. Warte! denkt er: das ist so ein Gipsfleck! Attends ! pense-t-il, c’est une tache de plâtre ! Wischt und wischt, doch – bringt ihn nicht herunter! il essuie, essuie, mais – ne peut l’enlever ! 21. O alter Duft Und so geht er, giftgeschwollen, weiter, Alors, il poursuit son chemin, gonflé de bile, O alter Duft aus Märchenzeit, Reibt und reibt bis an den frühen Morgen – frotte et frotte jusqu’au petit matin – Berauschest wieder meine Sinne! Einen weißen Fleck des hellen Mondes. une blanche tache de clair de lune. Ein närrisch Heer von Schelmerein Durchschwirrt die leichte Luft. 19. Serenade 19. Sérénade Mit groteskem Riesenbogen D’un grotesque archet géant Ein glückhaft Wünschen macht mich froh Kratz Pierrot auf seiner Bratsche, Pierrot racle sur sa viole, Nach Freuden, die ich lang verachtet: Wie der Storch auf einem Beine, ainsi que le héron sur sa patte ; O alter Duft aus Märchenzeit; Knipst er trüb ein Pizzicato. il joue tristement un pizzicato. Berauschest wieder mich!

Plötzlich naht Cassander – wütend Soudain s’approche Cassandre – furieux Ob des nächtgen Virtuosen – contre ce virtuose nocturne – All meinen Unmut gab ich preis, Mit groteskem Riesenbogen d’un grotesque archet géant Aus meinem sonnumrahmten Fenster Kratzt Pierrot auf seiner Bratsche. Pierrot racle sur sa viole. Beschau ich frei die liebe Welt Und träum hinaus in selge Weiten... O alter Duft aus Märchenzeit!

Otto Erich Hartleben

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EIC 25-02OK.indd 22 19/02/09 18:35 Elle attend sous la treille, Von sich wirft er jetzt die Bratsche: Il rejette à présent la viole ; elle aime douloureusement Pierrot, Mit der delikaten Linken de sa délicate main gauche des aiguilles à tricoter, nues et étincelantes, Faßt den Kahlkopf er am Kragen il saisit la tête lisse par le collet – dans ses cheveux gris. Träumend spielt er auf der Glatze en rêvant il joue sur le crâne Mit groteskem Riesenbogen. de son grotesque archet géant. Soudain – écoute ! – un murmure ! Un souffle de vent ricane doucement : 20. Heimfahrt 20. Retour La lune, méchante railleuse, Der Mondstrahl ist das Ruder, Le rayon de lune est la rame, imite de ses rayons Seerose dient als Boot: un nénuphar sert de nacelle ; les aiguilles à tricoter, nues et étincelantes. Drauf fährt Pierrot gen Süden Là-dessus Pierrot vogue vers le sud Mit gutem Reisewind. avec bon vent. 18. La Tache de lune Une blanche tache de clair de lune Der Strom summt tiefe Skalen Le flot murmure des gammes graves sur le dos de son habit noir, Und wiegt den leichten Kahn. et berce le frêle esquif. ainsi déambule Pierrot par une tiède soirée, Der Mondstrahl ist das Ruder, Le rayon de lune est la rame, en quête de bonheur et d’aventure. Seerose dient als Boot. un nénuphar sert de nacelle.

Soudain quelque chose le dérange dans sa mise, Nach Bergamo, zur Heimat, À Bergame, au pays natal, il s’examine alentour et découvre, il est vrai, Kehrt nun Pierrot zurück; retourne à présent Pierrot ; une blanche tache de clair de lune Schwach dämmert schon im Osten faiblement s’éclaire déjà à l’est sur le dos de son habit noir. Der grüne Horizont. le vert horizon. Der Mondstrahl ist das Ruder. Le rayon de lune est la rame. Attends ! pense-t-il, c’est une tache de plâtre ! il essuie, essuie, mais – ne peut l’enlever ! 21. O alter Duft 21. Ô vieux parfum Alors, il poursuit son chemin, gonflé de bile, O alter Duft aus Märchenzeit, Ô vieux parfum du temps des contes, frotte et frotte jusqu’au petit matin – Berauschest wieder meine Sinne! tu enivres à nouveau mes sens ! une blanche tache de clair de lune. Ein närrisch Heer von Schelmerein Une bouffonne cohorte d’espiègleries Durchschwirrt die leichte Luft. tourne dans l’air léger. 19. Sérénade D’un grotesque archet géant Ein glückhaft Wünschen macht mich froh Un heureux désir me rend joyeux Pierrot racle sur sa viole, Nach Freuden, die ich lang verachtet: à la perspective des plaisirs que j’ai longtemps ainsi que le héron sur sa patte ; O alter Duft aus Märchenzeit; [méprisés : il joue tristement un pizzicato. Berauschest wieder mich! Ô vieux parfum du temps des contes, tu m’enivres à nouveau. Soudain s’approche Cassandre – furieux contre ce virtuose nocturne – All meinen Unmut gab ich preis, Toute mon humeur maussade je l’ai quittée ; d’un grotesque archet géant Aus meinem sonnumrahmten Fenster de ma fenêtre ensoleillée Pierrot racle sur sa viole. Beschau ich frei die liebe Welt je regarde librement le monde chéri Und träum hinaus in selge Weiten... et en rêve m’élance vers de bienheureux lointains... O alter Duft aus Märchenzeit! Ô vieux parfum – du temps des contes !

Otto Erich Hartleben Traduction française © Malbos, 1978 pour le disque 33t CBS 76720 (Albert Giraud/Otto Erich Hartleben)

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EIC 25-02OK.indd 23 19/02/09 18:35 Biographies des compositeurs composition de son second opéra, (Passacaglia op. 1, Enflieht auf leichten Grand Prix de Rome avec la cantate Lulu, qui restera inachevé (et dont Kähnen op. 2). À partir de 1907-1908 L’Enfant prodigue. Il part pour Rome Alban Berg Friedrich Cerha terminera le troisième (Fünf Lieder op. 3), il se libère où il découvre la polyphonie des Compositeur autrichien né à Vienne acte), œuvre pleinement progressivement du fonctionnalisme maîtres de la Renaissance, tout en en 1885, Alban Berg joue du piano et dodécaphonique, où il expérimente de la tonalité post-romantique. Entre dédaignant l’opéra italien et les effets compose des mélodies dès l’enfance, des méthodes de permutation 1914 et 1927, il donne naissance à des faciles du bel canto. En 1899, après sans avoir reçu d’éducation musicale de la série de douze sons qui lui cycles d’œuvres vocales dans lesquels son retour en , l’Exposition formelle. Il se passionne pour la permettent d’engendrer de nouvelles il expérimente des ensembles universelle lui révèle les rythmes et littérature. De 1904 à 1910, il est séries. En 1929, il compose instrumentaux différents : la voix régit les gammes de l’Orient ; puis, deux l’élève d’Arnold Schönberg à qui il la cantate Der Wein, d’après des la distribution des timbres. voyages à Bayreuth le conduisent doit toute sa formation musicale. poèmes de Baudelaire. En 1935, En 1924, il adopte la technique de l’enthousiasme le plus grand à Avec Anton Webern, ils sont à l’origine Berg écrit son ultime œuvre dodécaphonique nouvellement la déception la plus profonde. Le d’un mouvement créateur essentiel : dodécaphonique, le Concerto pour découverte par Schönberg dans langage musical de Debussy, qui la Seconde École de Vienne, berceau violon « À la mémoire d’un ange », Geistliche Volkslieder op. 17. se révèle dans les mélodies et les du dodécaphonisme. La Sonate pour dont le titre évoque la mort de la Il perfectionne ses méthodes de pièces pour piano, s’épanouit dans piano op. 1 est sa première œuvre jeune Manon, fille de Walter Gropius composition à partir de la série de les œuvres symphoniques. En 1893, importante. Avec le Quatuor à et d’Alma Mahler. Partition tendue, douze sons, assimilant les techniques il s’enthousiasme pour le drame de cordes op. 3, Berg expérimente déjà la passionnée, expressionniste, polyphoniques rigoureuses aux Maeterlinck Pelléas et Mélisande, dont suspension de la tonalité, tandis que le Concerto tente de réconcilier ancien formes sérielles fondamentales et aux la première représentation a lieu des œuvres comme les Altenberg- et nouveau langage. Durant la nuit de schémas formels relativement en 1902. Le ballet Jeux est créé en Lieder op. 4, les Pièces pour clarinette et Noël 1935, Berg est emporté par conventionnels (Symphonie op. 21, 1912 par les Ballets russes, sur une piano op. 5, les Pièces pour orchestre op. 6 une septicémie. Variationen für Orchester op. 30, chorégraphie de Nijinski. En 1914, reflètent l’influence du romantisme Kantate op. 29, Kantate op. 31). un voyage en Russie lui apporte la de Wagner, Hugo Wolf et Mahler. Anton Webern Il expérimente le principe de la consécration. Claude Debussy meurt En 1921, il achève son opéra Wozzeck, Né en 1883 à Vienne, Anton Webern Klangfarbenmelodie appliqué par à Paris en 1918. d’après la pièce de Georg Büchner. fait des études de musicologie sous la Schönberg (principe de travail sériel Synthèse ingénieuse des formes direction de G. Adler, et une thèse de au niveau des timbres instrumentaux- Charles Ives classiques et des techniques doctorat à l’Université de Vienne sur vocaux). Il meurt à Mittelsill Né en 1874 à Danburry (Connecticut) nouvelles, notamment dans l’œuvre du compositeur flamand du (Salzbourg), en 1945, tué par une et mort en 1954 à New York. l’utilisation de la voix, l’œuvre est XVe-XVIe siècle H. Isaac. De 1904 à sentinelle américaine après l’heure Il apprend la musique auprès de son créée à l’Opéra de Berlin en 1925. 1910, il est l’élève de Schönberg. Chef du couvre-feu. père et est organiste de sa ville natale Berg fait coexister composition libre d’orchestre en Allemagne et à Prague, dès l’âge de quatorze ans. Il étudie, et système dodécaphonique dans des il est le collaborateur de Schönberg Claude Debussy entre 1894 et 1898, à l’université pièces comme le Concerto de chambre pour des concerts organisés à Vienne. Né à Saint-Germain-en-Laye en 1862, de Yale. En 1898, il décide d’entrer et la Suite lyrique pour quatuor à En 1923, il dirige le chœur d’une Claude Debussy entre à onze ans au dans les affaires, et devient ainsi, en cordes. En 1925, il devient membre de association symphonique ouvrière Conservatoire de Paris où il étudie toute indépendance, un « musicien la nouvelle Société Internationale de créée à Vienne par la municipalité successivement le piano, l’harmonie du dimanche » qui se consacre à la Musique Contemporaine (SIMC) qui socialiste. Ses premières œuvres et la composition. Son professeur de composition lors de ses week-ends poursuit la promotion des idées témoignent de son attachement à la piano, le célèbre Marmontel, le fait et ses vacances. En 1989, il fonde, musicales nouvelles. En 1927, tradition post-romantique, agréer comme pianiste par Mme de avec Julius Myrick, une compagnie un contrat signé avec Universal spécialement à Mahler, et de son Meck, égérie de Tchaïkovski ; avec elle, d’assurances qui devient l’une des Edition le délivre de tout souci intérêt pour les techniques il voyage à travers l’Europe jusqu’en plus importantes des États-Unis. matériel. En 1928, il entame la polyphoniques rigoureuses Russie. En 1884, il obtient le Premier Une déficience cardiaque le réduit

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EIC 25-02OK.indd 24 19/02/09 18:35 (Passacaglia op. 1, Enflieht auf leichten Grand Prix de Rome avec la cantate en 1930 à un état de semi-invalidité. Durant cette période, il avait composé Kähnen op. 2). À partir de 1907-1908 L’Enfant prodigue. Il part pour Rome Son œuvre – qui a principalement des œuvres qui contribuèrent à le (Fünf Lieder op. 3), il se libère où il découvre la polyphonie des été écrite entre 1900 et 1918 et qui faire connaître : Jeux d’eau (1901), le progressivement du fonctionnalisme maîtres de la Renaissance, tout en comporte une centaine de mélodies, Quatuor (1903) et Shéhérazade (1904). de la tonalité post-romantique. Entre dédaignant l’opéra italien et les effets quatre symphonies, deux sonates Puis vinrent une série de pièces 1914 et 1927, il donne naissance à des faciles du bel canto. En 1899, après pour piano, deux quatuors à cordes pour piano : la Sonatine (1905), les cycles d’œuvres vocales dans lesquels son retour en France, l’Exposition et un grand nombre de pièces Miroirs (1906) et Gaspard de la nuit il expérimente des ensembles universelle lui révèle les rythmes et instrumentales pour des formations (1908). Esprit libre et indépendant, instrumentaux différents : la voix régit les gammes de l’Orient ; puis, deux diverses – n’a guère été jouée avant admirateur de Chabrier, de Satie et la distribution des timbres. voyages à Bayreuth le conduisent les années 1950. de Debussy, lecteur de Mallarmé, En 1924, il adopte la technique de l’enthousiasme le plus grand à Poe et Baudelaire, Ravel fut l’un des dodécaphonique nouvellement la déception la plus profonde. Le Maurice Ravel membres actifs de la toute nouvelle découverte par Schönberg dans langage musical de Debussy, qui « Je suis né à Ciboure, commune des Société Musicale Indépendante Geistliche Volkslieder op. 17. se révèle dans les mélodies et les Basses-Pyrénées, voisine de Saint- (SMI) créée en 1910 en réaction au Il perfectionne ses méthodes de pièces pour piano, s’épanouit dans Jean-de-Luz, le 7 mars 1875. Mon conservatisme de la Société Nationale composition à partir de la série de les œuvres symphoniques. En 1893, père, originaire de Versoix, sur la rive de Musique. Son opéra L’Heure douze sons, assimilant les techniques il s’enthousiasme pour le drame de du Léman, était ingénieur civil. Ma espagnole, représenté en 1911 à polyphoniques rigoureuses aux Maeterlinck Pelléas et Mélisande, dont mère appartenait à une ancienne l’Opéra-Comique, fut accueilli avec formes sérielles fondamentales et aux la première représentation a lieu famille basquaise. À l’âge de trois mois, réserve. En revanche, la création schémas formels relativement en 1902. Le ballet Jeux est créé en je quittai Ciboure pour Paris, où j’ai de Daphnis et Chloé par les Ballets conventionnels (Symphonie op. 21, 1912 par les Ballets russes, sur une toujours demeuré depuis. Tout enfant, russes de Diaghilev en 1912 et la Variationen für Orchester op. 30, chorégraphie de Nijinski. En 1914, j’étais sensible à la musique – métamorphose de Ma mère l’Oye – Kantate op. 29, Kantate op. 31). un voyage en Russie lui apporte la à toute espèce de musique. Mon père, à l’origine un recueil de pièces pour Il expérimente le principe de la consécration. Claude Debussy meurt beaucoup plus instruit dans cet art piano à quatre mains – en un ballet Klangfarbenmelodie appliqué par à Paris en 1918. que ne le sont la plupart des amateurs, pour le Théâtre des Arts que dirigeait Schönberg (principe de travail sériel sut développer mes goûts et de bonne Jacques Rouché révélèrent au public au niveau des timbres instrumentaux- Charles Ives heure stimuler mon zèle. À défaut parisien la splendeur de sa palette vocaux). Il meurt à Mittelsill Né en 1874 à Danburry (Connecticut) de solfège, dont je n’ai jamais appris orchestrale. L’achèvement de son (Salzbourg), en 1945, tué par une et mort en 1954 à New York. la théorie, je commençai à étudier Trio pour violon, violoncelle et piano sentinelle américaine après l’heure Il apprend la musique auprès de son le piano à l’âge de six ans environ » coïncida avec le déclenchement du couvre-feu. père et est organiste de sa ville natale (Esquisse autobiographique, 1928). de la Première Guerre mondiale ; dès l’âge de quatorze ans. Il étudie, Maurice Ravel entra au Conservatoire malgré sa faible constitution, Ravel Claude Debussy entre 1894 et 1898, à l’université de Paris en 1879 dans la classe de parvint à se faire engager en 1916 Né à Saint-Germain-en-Laye en 1862, de Yale. En 1898, il décide d’entrer piano de Charles de Bériot, puis dans comme conducteur de camion, Claude Debussy entre à onze ans au dans les affaires, et devient ainsi, en celle de composition de Gabriel avant d’être définitivement réformé Conservatoire de Paris où il étudie toute indépendance, un « musicien Fauré. Parallèlement il prit des en 1917. Durant ce conflit dont la successivement le piano, l’harmonie du dimanche » qui se consacre à la cours particuliers de contrepoint violence et la barbarie l’affectèrent et la composition. Son professeur de composition lors de ses week-ends avec André Gedalge. À quatre profondément, il composa un recueil piano, le célèbre Marmontel, le fait et ses vacances. En 1989, il fonde, reprises (1901, 1902, 1903 et 1905), de six pièces pour piano, Le Tombeau agréer comme pianiste par Mme de avec Julius Myrick, une compagnie il tenta d’obtenir le Prix de Rome. de Couperin, qu’il orchestrera en Meck, égérie de Tchaïkovski ; avec elle, d’assurances qui devient l’une des Son échec en 1905 fit scandale et 1919. Après la guerre, il s’installa à il voyage à travers l’Europe jusqu’en plus importantes des États-Unis. provoqua la démission du directeur Montfort-l’Amaury où il vécut entouré Russie. En 1884, il obtient le Premier Une déficience cardiaque le réduit du Conservatoire, Théodore Dubois. de ses chats au milieu d’objets

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EIC 25-02OK.indd 25 19/02/09 18:35 miniatures, de boîtes à musique à l’Académie de musique de Vienne, Biographies des interprètes et de chinoiseries. Son poème il retourne à Berlin (1911-1914), où chorégraphique La Valse, évocation naît Pierrot lunaire, première partition Ute Döring musicale de l’anéantissement de la à intégrer le Sprechgesang. II fonde Née à Berlin, Ute Döring a étudié à la civilisation par la guerre, fut refusé en 1918 la Société d’exécutions Hochschule de Berlin la pédagogie par Diaghilev. Malgré des moments musicales privées et parfait, dès 1923, du piano puis le chant auprès de de désarroi, il composa une série sa technique du dodécaphonisme Peter Maus, Dietrich Fischer-Dieskau d’œuvres majeures dont sa fantaisie sériel : Serenade op. 24, Variations et Peter Iljunas, ainsi que Norma lyrique L’Enfant et les Sortilèges (1925), pour orchestre op. 31, Moïse et Aaron… Enns (à Hanovre) et Gisela Rohmert le Boléro (1928), les deux concertos Succédant à Busoni à l’Académie (à Lichtenberg). À l’âge de 16 ans, pour piano (1929-1931), ainsi que des Arts de Berlin (1925-1933), elle obtient un prix et une bourse son orchestration des Tableaux d’une il est contraint de quitter l’Allemagne au Concours National de Chant exposition de Moussorgski (1922). pour Paris, puis pour Boston et New (Bundeswettbewerb Gesang) pour 1928 fut une année de consécration York. Installé à Los Angeles, où il la chanson, l’interprétation de lieder pour le compositeur qui entreprit donne des leçons à titre privé, il est et le jazz. Ute Döring s’est produite une tournée aux États-Unis et au nommé professeur à l’université de sur les scènes d’Ulm, de Cologne et Canada. En 1933, frappé d’une Los Angeles en 1936, avant d’ultimes de Dortmund au sein d’un ensemble soudaine infirmité cérébrale, il ne put conférences à Chicago et Princeton : lyrique, elle a été invitée à chanter continuerà composer. Il s’éteignit le 28 Concerto pour piano, Trio à cordes, à Bielefeld, Bonn, Osnabrück, décembre 1937 à l’âge de 62 ans. Un survivant de Varsovie. Arnold Mannheim, Cologne, Kassel, Francfort, Denis Herlin Schönberg est également l’auteur au Maifestspielen de Wiesbaden, de plusieurs ouvrages théoriques à Wuppertal, Gießen, Greifswald, Arnold Schönberg fondamentaux parmi lesquels son Oldenbourg, Karlsruhe, Düsseldorf- Après ses premières leçons de violon Traité d’harmonie (1911) et Le Style Duisbourg, ainsi qu’au Festival de et de violoncelle, Arnold Schönberg et l’idée (1950). Bayreuth, à la Scala de Milan, au compose en s’inscrivant dans la Festival Klangbogen de Vienne, au lignée du chromatisme wagnérien Nederlandse Opera d’Amsterdam, à et du symphonisme brahmsien, tandis Klagenfurt et au San Francisco Opera. que Zemlinsky l’initie aux règles Elle est actuellement membre de la du contrepoint : La Nuit transfigurée, troupe du Théâtre National de Hesse Pelléas et Mélisande, Gurrelieder… à Wiesbaden. Son interprétation De retour à Vienne où l’attendent de la Muse/Nicklausse des Contes Berg et Webern, après un premier d’Hoffmann, dans la mise en scène séjour berlinois (1901-1903), il étudie de Günter Krämer à Cologne, a été la théorie musicale et commence particulièrement remarquée, ainsi à peindre : période de suspension que sa Varvara dans Katia Kabanova de la tonalité et de maturation en 2002 au San Francisco Opera, dans pantonale jalonnée par la Symphonie la mise en scène de Johannes Schaaf, de chambre op. 9, le Quatuor à sous la direction de Donald Runnicles. cordes op. 10, les Pièces pour piano op. 11, Elle a également chanté Marie dans les Cinq Pièces pour orchestre op. 16 avec Wozzeck ainsi qu’Octavian, Giulio leur Klangfarbenmelodie… Nommé Cesare, Cenerentola, Cherubino, Privatdozent (chargé de cours) Idamante, mais aussi Gutrune,

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EIC 25-02OK.indd 26 19/02/09 18:35 Biographies des interprètes Sieglinde, Leonore/Fidelio et enfin aux créations contemporaines, du Thirza dans l’opéra d’Ethel Smyth répertoire symphonique ou lyrique Ute Döring Les Naufrageurs. Elle a travaillé avec à la musique d’ensemble. En accord Née à Berlin, Ute Döring a étudié à la des metteurs en scène tels que avec cette démarche, il crée en 2003 Hochschule de Berlin la pédagogie Johannes Schaaf, Karoline Gruber, Les Siècles, orchestre d’un genre du piano puis le chant auprès de Günter Krämer, Markus Bothe ou nouveau, utilisant un très large Peter Maus, Dietrich Fischer-Dieskau Torsten Fischer, et chanté sous la instrumentarium et jouant sur les et Peter Iljunas, ainsi que Norma direction de chefs d’orchestre comme instruments de chaque époque. Avec Enns (à Hanovre) et Gisela Rohmert Riccardo Muti, James Conlon, Lothar cet orchestre, il obtient un Diapason (à Lichtenberg). À l’âge de 16 ans, Königs, Sir Jeffrey Tate, Donald Découverte en novembre 2007 elle obtient un prix et une bourse Runnicles et Julia Jones. Au cours de (CD Bizet/Chabrier paru chez Mirare). au Concours National de Chant la saison 2008/2009, elle interprète, Il se produit en France, en Angleterre, (Bundeswettbewerb Gesang) pour entre autres, Charlotte dans Werther au Portugal, au Japon et apparaît la chanson, l’interprétation de lieder de Massenet au Staatstheater de chaque semaine depuis septembre et le jazz. Ute Döring s’est produite Wiesbaden, le rôle-titre de Carmen 2007 à la télévision nationale sur les scènes d’Ulm, de Cologne et de Bizet, Giulietta dans Les Contes française (France 2) dans l’émission de Dortmund au sein d’un ensemble d’Hoffmann ou la Comtesse Geschwitz « Presto ! » qui popularise la musique lyrique, elle a été invitée à chanter dans Lulu d’Alban Berg. classique. Parmi ses prochains à Bielefeld, Bonn, Osnabrück, engagements, signalons des concerts Mannheim, Cologne, Kassel, Francfort, François-Xavier Roth ou productions lyriques avec le au Maifestspielen de Wiesbaden, Le chef d’orchestre François- BBC National Orchestra of Wales, à Wuppertal, Gießen, Greifswald, Xavier Roth est né en 1971. Il vient le London Symphony Orchestra, Oldenbourg, Karlsruhe, Düsseldorf- d’être nommé directeur musical l’Orchestre Symphonique de Navarra, Duisbourg, ainsi qu’au Festival de de l’Orchestre Philharmonique de l’Orchestre Philharmonique de Liège, Bayreuth, à la Scala de Milan, au Liège pour trois saisons à compter l’Orchestre de l’Opéra-Comique Festival Klangbogen de Vienne, au de septembre 2009. Il est en outre de Berlin, l’Orchestre de la Radio Nederlandse Opera d’Amsterdam, à chef invité associé du BBC National Finlandaise, le SWR Sinfonieorchester Klagenfurt et au San Francisco Opera. Orchestra of Wales pour trois ans à Baden-Baden und Freiburg et Elle est actuellement membre de la compter de septembre 2008, mais l’Ensemble intercontemporain. troupe du Théâtre National de Hesse également chef associé de l’Orchestre à Wiesbaden. Son interprétation Philharmonique de Radio France et Emmanuelle Ophèle de la Muse/Nicklausse des Contes chef principal invité de l’Orchestre Emmanuelle Ophèle débute ses d’Hoffmann, dans la mise en scène Symphonique de Navarra en Espagne études musicales à l’École de musique de Günter Krämer à Cologne, a été pour les saisons 2008/2009 et d’Angoulême. Dès l’âge de 13 ans, particulièrement remarquée, ainsi 2009/2010. Depuis plusieurs années, elle étudie auprès de Patrick Gallois que sa Varvara dans Katia Kabanova il a bâti des relations privilégiées et Ida Ribera, puis de Michel Debost en 2002 au San Francisco Opera, dans avec le London Symphony Orchestra, au Conservatoire de Paris (CNSMDP), la mise en scène de Johannes Schaaf, l’Ensemble intercontemporain et où elle obtient un premier prix de sous la direction de Donald Runnicles. le BBC National Orchestra of Wales, flûte. Emmanuelle Ophèle entre à Elle a également chanté Marie dans formations qu’il dirige plusieurs l’Ensemble intercontemporain en Wozzeck ainsi qu’Octavian, Giulio fois par saison. Le répertoire de 1987. Attentive au développement Cesare, Cenerentola, Cherubino, François-Xavier Roth est très étendu du répertoire et aux nouveaux Idamante, mais aussi Gutrune, et varié, de la musique du XVIIe siècle terrains d’expression offerts par la

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EIC 25-02OK.indd 27 19/02/09 18:35 technologie, elle prend rapidement membre en 2005 à l’âge de 25 ans. en 1995. Passionnée par le traitement de Pierre Boulez (Festival de part aux créations recourant aux Jérôme Comte est invité par de électronique des instruments, elle Donaueschingen, puis Ircam, techniques les plus récentes : nombreux festivals en France comme crée L’Orizzonte di Elettra pour alto et Concertgebouw d’Amsterdam, Cité La Partition du ciel et de l’enfer pour à l’étranger et se produit avec des ensemble d’Ivan Fedele et, en 2005, de la musique, Salzbourg, Helsinki, flûte Midi et piano Midi de Philippe artistes tels que Bertrand Chamayou, Traces II, pour alto et électronique Carnegie Hall et enregistrement chez Manoury (enregistré chez Adès) ou Jérôme Pernoo, le Quatuor Ebène, le en temps réel, de Martin Matalon, Deutsche Grammophon en 1999). Elle …explosante-fixe… pour flûte Midi, quatuor Psophos. œuvre composée sur le film de Luis crée en 1998 le Concerto de Michael deux flûtes et ensemble instrumental Buñuel Las Hurdes. Parmi les autres Jarrell …prisme/incidences…, qu’elle de Pierre Boulez (enregistré chez Sébastien Vichard œuvres qu’elle crée figurent les reprend ensuite à Radio France avec Deutsche Grammophon). Titulaire du Né en 1979, Sébastien Vichard a concertos pour alto et ensemble de l’Orchestre Philharmonique de Radio Certificat d’Aptitude à l’enseignement étudié au Conservatoire de Paris Martin Matalon et Walter Feldmann, France, puis au Musikverein de Vienne artistique, elle est professeur au (CNSMDP) dans les classes de … Some leaves II… de Michael Jarrell avec l’Orchestre de la Radio viennoise, Conservatoire de Montreuil-sous-Bois. Michel Béroff (piano), Jean Koerner et Little Italy de Bruno Mantovani et assure la création du Concerto pour L’ouverture sur un large répertoire, du (accompagnement), Patrick Cohen pour alto seul. Très impliquée dans le violon et orchestre d’Ivan Fedele. Au baroque au contemporain en passant (pianoforte), Pierre-Laurent Aimard domaine de la musique de chambre, cours de l’année 2005, Hae-Sun Kang par le jazz et l’improvisation, est un (musique de chambre). C’est au sein elle donne les premières exécutions a notamment interprété le Concerto axe majeur de son enseignement. des ensembles Alternance (Jen-Luc des trios de Marco Stroppa et de pour violon et orchestre d’Unsuk Chin Menet) et Court-circuit (Philippe Bruno Mantovani. Elle joue sur un alto avec l’Orchestre Philharmonique de Jérôme Comte Hurel et Pierre-André Valade) qu’il Stephan von Baehr. Stockholm. En 2007, Hae-Sun Kang Après ses études auprès de Thomas découvre la musique d’aujourd’hui. a enregistré le concerto de Michael Friedli, Pascal Moraguès, Michel Il s’associe au collectif Multilatérale Hae-Sun Kang Jarrell … Prisme/Incidences… avec Arrignon et Maurice Bourgue, Jérôme (jeunes créateurs) et à l’ensemble Hae-Sun Kang débute le violon en l’Orchestre de la Suisse Romande Comte obtient successivement le Quarendo Invenietis et intègre en Corée à l’âge de 3 ans et obtient sous la direction de Pascal Rophé prix de virtuosité du Conservatoire 2006 l’Ensemble intercontemporain. ses premiers prix au Conservatoire (Aeon), interprété le concerto de Beat de Genève et le prix à l’unanimité du Il enseigne la lecture à vue et la de Paris (CNSMDP) dans les classes Furrer avec le Deutsches Symphonie- Conservatoire de Paris (CNSMDP). musique de chambre au CNSMDP. de Christian Ferras (violon) et Jean Orchester sous la direction de Sylvain Lauréat de la Fondation Meyer pour le Hubeau (musique de chambre). Elle Cambreling, ainsi que les concertos développement culturel et artistique, Odile Auboin se perfectionne ensuite auprès de de Matthias Pintscher, György Ligeti de la Fondation d’entreprise Groupe Odile Auboin obtient deux premiers Felix Galimir, Joseph J. Gingold et et Unsuk Chin. La même année, elle Banque Populaire, il est filleul 2003 prix au Conservatoire de Paris Yehudi Menuhin. Elle est lauréate des crée une œuvre de Beat Furrer pour de l’Académie Charles-Cros. Jérôme (CNSMDP) – alto et musique de concours internationaux Rodolfo- violon solo, Double Bind? pour violon Comte est lauréat de plusieurs chambre – en 1991. Elle reçoit une Lipizer (Italie), Carl-Flesch (Londres), et électronique d’Unsuk Chin et concours internationaux (ARD bourse de recherche Lavoisier du Yehudi-Menuhin (Paris), ainsi que The Only Line de Georges Aperghis. Munich 1998, Jean-Françaix Paris ministère des affaires étrangères ainsi des concours de Munich et de 1999, Printemps de Prague 2002). qu’une bourse de perfectionnement Montréal. Hae-Sun Kang est nommée Diégo Tosi Il se produit dans des formations du ministère de la culture puis part premier violon solo de l’Orchestre de Né en 1981, Diégo Tosi étudie le de musique de chambre ou au sein étudier sous la direction de Jesse Paris en 1993 et entre à l’Ensemble piano et le violon dès l’âge de d’ensembles ou de grands orchestres Levine à l’Université de Yale et se intercontemporain en 1994. Elle 5 ans. Il poursuit ses études au tels que l’Orchestre de l’Opéra de perfectionne avec Bruno Giuranna à la enseigne également au Conservatoire Conservatoire d’Aulnay sous Bois et Paris, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre Fondation Stauffer de Crémone. Odile de Paris. En 1997, Hae-Sun Kang crée au CNR de Perpignan dans les master- National de France, le London Auboin est lauréate du Concours Quad, pour violon et ensemble, de classes de Jean Lénert. Il y obtient le Symphony Orchestra et l’Ensemble international de Rome (Bucchi). Elle Pascal Dusapin et Anthèmes 2, pour diplôme d’études musicales, mention intercontemporain, dont il devient entre à l’Ensemble intercontemporain violon seul et dispositif électronique, très bien à l’unanimité. À 13 ans, il se

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EIC 25-02OK.indd 28 19/02/09 18:35 en 1995. Passionnée par le traitement de Pierre Boulez (Festival de présente au CNR de Paris où il obtient Ballif (5 Diapasons de la revue du électronique des instruments, elle Donaueschingen, puis Ircam, un premier prix avec mention très même nom, 4 étoiles du Monde de la crée L’Orizzonte di Elettra pour alto et Concertgebouw d’Amsterdam, Cité bien à l’unanimité et, l’année suivante, musique) et, en 2006, un CD consacré ensemble d’Ivan Fedele et, en 2005, de la musique, Salzbourg, Helsinki, un prix de perfectionnement. à l’œuvre pour violon de Maurice Traces II, pour alto et électronique Carnegie Hall et enregistrement chez En 1998, il entre au Conservatoire Ravel. En 2007, il a enregistré un en temps réel, de Martin Matalon, Deutsche Grammophon en 1999). Elle de Paris (CNSMDP) dans la classe CD dédié à l’œuvre pour violon de œuvre composée sur le film de Luis crée en 1998 le Concerto de Michael de Jean-Jacques Kantorow et obtient Giacinto Scelsi. Diégo Tosi est membre Buñuel Las Hurdes. Parmi les autres Jarrell …prisme/incidences…, qu’elle son diplôme supérieur avec de l’Ensemble intercontemporain œuvres qu’elle crée figurent les reprend ensuite à Radio France avec mention très bien à l’unanimité. depuis octobre 2006. concertos pour alto et ensemble de l’Orchestre Philharmonique de Radio Il suit également les master-classes Martin Matalon et Walter Feldmann, France, puis au Musikverein de Vienne d’Alexandre Benderski avant d’aller Éric-Maria Couturier … Some leaves II… de Michael Jarrell avec l’Orchestre de la Radio viennoise, se perfectionner aux États-Unis grâce Né en 1972, Éric-Maria Couturier et Little Italy de Bruno Mantovani et assure la création du Concerto pour à une Bourse Lavoisier. Il suit alors les remporte deux Premiers Prix à pour alto seul. Très impliquée dans le violon et orchestre d’Ivan Fedele. Au cours de Miriam Fried à l’Université l’unanimité au Conservatoire de domaine de la musique de chambre, cours de l’année 2005, Hae-Sun Kang de Bloomington et obtient le Paris (CNSMDP) – violoncelle et elle donne les premières exécutions a notamment interprété le Concerto performer diploma. Il remporte musique de chambre –, se distingue des trios de Marco Stroppa et de pour violon et orchestre d’Unsuk Chin successivement un 2e prix au dans plusieurs compétitions Bruno Mantovani. Elle joue sur un alto avec l’Orchestre Philharmonique de Concours International de Barcelone internationales (il est lauréat des Stephan von Baehr. Stockholm. En 2007, Hae-Sun Kang Germans Claret, un 3e prix au concours Rostropovitch, de Trapani, a enregistré le concerto de Michael Concours International des Jeunes de Trieste, de Florence) et reçoit Hae-Sun Kang Jarrell … Prisme/Incidences… avec Solistes de Wattrelos, un 1er prix au le soutien des fondations Natexis Hae-Sun Kang débute le violon en l’Orchestre de la Suisse Romande Concours International de Canet, un et Pendleton. Il intègre l’Orchestre Corée à l’âge de 3 ans et obtient sous la direction de Pascal Rophé 1er prix au Concours International de de Paris puis devient violoncelle solo ses premiers prix au Conservatoire (Aeon), interprété le concerto de Beat Moscou. Après deux ans aux États- de l’Orchestre National de Bordeaux- de Paris (CNSMDP) dans les classes Furrer avec le Deutsches Symphonie- Unis, Diégo Tosi réintègre le CNSMDP Aquitaine avant de rejoindre de Christian Ferras (violon) et Jean Orchester sous la direction de Sylvain en cycle de perfectionnement et l’Ensemble intercontemporain Hubeau (musique de chambre). Elle Cambreling, ainsi que les concertos remporte, en 2004, le Concours en 2002. Il partage sa quête se perfectionne ensuite auprès de de Matthias Pintscher, György Ligeti des Avant-scènes. Dernièrement, d’expressions nouvelles avec Felix Galimir, Joseph J. Gingold et et Unsuk Chin. La même année, elle il a été lauréat de grands concours des ensembles tels que Arcema, Yehudi Menuhin. Elle est lauréate des crée une œuvre de Beat Furrer pour internationaux – Joachim Rodrigo Carpediem, Multilatérale. Éric-Maria concours internationaux Rodolfo- violon solo, Double Bind? pour violon de Madrid et Paganini de Gênes Couturier se produit en musique Lipizer (Italie), Carl-Flesch (Londres), et électronique d’Unsuk Chin et – et a obtenu le premier prix de de chambre aux côtés de Tabea Yehudi-Menuhin (Paris), ainsi que The Only Line de Georges Aperghis. violon au Concours International Zimmermann, Pierre-Laurent des concours de Munich et de Valentino Bucchi de Rome. Au plan Aimard, Jean-Claude Pennetier, Montréal. Hae-Sun Kang est nommée Diégo Tosi discographique, il participe en 2001 Christian Ivaldi, Gérard Caussé, Régis premier violon solo de l’Orchestre de Né en 1981, Diégo Tosi étudie le à l’enregistrement d’un disque Pasquier et Jean-Guihen Queyras. Paris en 1993 et entre à l’Ensemble piano et le violon dès l’âge de consacré à Édith Canat de Chizy. Ses rencontres avec Pierre Boulez, intercontemporain en 1994. Elle 5 ans. Il poursuit ses études au Il réalise en 2003 un CD en soliste Wolfgang Sawallish, Carlo Maria enseigne également au Conservatoire Conservatoire d’Aulnay sous Bois et avec la Camerata de France sur Pablo Giulini, György Kurtág, Peter Eötvös, de Paris. En 1997, Hae-Sun Kang crée au CNR de Perpignan dans les master- de Sarasate (R de la revue Répertoire, ainsi que son travail sur l’œuvre de Quad, pour violon et ensemble, de classes de Jean Lénert. Il y obtient le 4 étoiles du Monde de la musique), Iannis Xenakis, Luciano Berio, Franco Pascal Dusapin et Anthèmes 2, pour diplôme d’études musicales, mention en 2005, un CD avec des œuvres de Donatoni, marquent profondément violon seul et dispositif électronique, très bien à l’unanimité. À 13 ans, il se Boulez, Berio, Canat de Chizy, Xenakis, son évolution. Son étude de la

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EIC 25-02OK.indd 29 19/02/09 18:35 musique indienne avec Patrick France et à l’étranger où il est invité Moutal le conduit à une réflexion sur par de grands festivals internationaux. le rapport ente création musicale Financé par le ministère de la Culture contemporaine et improvisation. Ses et de la Communication, l’Ensemble recherches dans le domaine musical intercontemporain reçoit également le s’étendent également à celui du soutien de la Ville de Paris. cirque. Flûtes Ensemble intercontemporain Sophie Cherrier Créé par Pierre Boulez en 1976 avec Emmanuelle Ophèle l’appui de Michel Guy, alors secrétaire d’État à la Culture, l’Ensemble Clarinette intercontemporain réunit 31 solistes Jérôme Comte partageant une même passion pour la musique du XXe siècle à Clarinette basse aujourd’hui. Constitués en groupe Alain Billard permanent, ils participent aux missions de diffusion, de transmission Piano et de création fixées dans les Sébastien Vichard statuts de l’Ensemble. Placés sous la direction musicale de Susanna Violons Mälkki, ils collaborent, au côté des Hae-Sun Kang compositeurs, à l’exploration des Diégo Tosi techniques instrumentales ainsi qu’à des projets associant musique, Alto danse, théâtre, cinéma, vidéo et arts Odile Auboin plastiques. Chaque année, l’Ensemble commande et joue de nouvelles Violoncelle œuvres, qui viennent enrichir son Éric-Maria Couturier répertoire et s’ajouter aux chefs- d’œuvre du XXe siècle. Les spectacles musicaux pour le jeune public, les activités de formation des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compositeurs ainsi que les nombreuses actions de sensibilisation des publics traduisent un engagement profond et internationalement reconnu au service de la transmission et de l’éducation musicale. En résidence à la Cité de la musique depuis 1995, l’Ensemble se produit et enregistre en

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EIC 25-02OK.indd 30 19/02/09 18:35 EIC 25-02OK.indd 31 19/02/09 18:35 Et aussi…

> CONCERTS Mardi 24 mars, 20h > LA SÉLECTION DE LA MÉDIATHÈQUE

Jeudi 12 mars, 20h Pierre Boulez En écho à ce concert, nous vous Incises, pour piano proposons… Dave Liebman Sur Incises, pour trois pianos, trois The Tree : Roots, Limbs, Branches harpes et trois percussions/claviers … de consulter en ligne dans les Colors : Red, Gray, Yellow Elliott Carter « Dossiers pédagogiques » : Commandes de l’Ensemble Concerto pour clarinette Pièce op. 6 n° 6 d’Anton Webern dans les intercontemporain réalisées à partir « Guides d’écoute » des œuvres de Dave Liebman Ensemble intercontemporain Christophe Dal Sasso Pierre Boulez, direction … d’écouter en lisant la partition : L’Arbre et Couleurs Jérôme Comte, clarinette Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé de Timo Hietala Hidéki Nagano, piano Maurice Ravel par le Quatuor Capuçon PlayPlayPlay et Sandrine Piau (soprano), concert Riccardo Del Fra enregistré à la Cité de la musique le 12 Sky Changes et Tree Thrills mai 2007 • Syrinx, de Claude Debussy, > CONCERT ÉDUCATIF par Philippe Bernold (flûte), concert Ensemble intercontemporain enregistré à la Cité de la musique le Susanna Mälkki, direction SAMEDI 14 MARS, 11H 12 juin 2007 • Quatuor à cordes n° 2, de Dave Liebman, saxophone Charles Ives, par le Quatuor Blair Catherine Verheyde, lumières Sax et compagnie, autour de Dave Liebman … de regarder : Pierrot lunaire, d’Arnold Schönberg, Dimanche 15 mars, 16h30 Ensemble intercontemporain par Anja Silja (soprano), l’Ensemble Susanna Mälkki, direction intercontemporain, Pierre Boulez Steve Reich Dave Liebman, saxophone (direction), concert enregistré à la Cité Nagoya Marimbas, pour deux de la musique le 4 décembre 2001 marimbas Pour les enfants à partir de 10 ans. Music for pieces of wood, pour cinq … de lire : joueurs de claves Anton Webern, par Alain Galliari • Tom Johnson > DOMAINE PRIVÉ PASCAL DUSAPIN Charles Ives et l’utopie sonore américaine, Tilework, pour tuba par Gianfranco Vinay Philippe Hurel Du 27 mars au 11 avril, le Domaine Loops II, pour vibraphone privé Pascal Dusapin présente Loops III, pour deux flûtes les œuvres d’un des compositeurs > MUSÉE Dmitri Kourliandski français les plus marquants de sa Broken Memory, pour violon, génération. Réouverture des collections violoncelle et piano permanentes pour les individuels et Gérard Grisey les groupes le mardi 3 mars. Stèle, pour deux percussionnistes 1014849, 1013248, 1013252 o

> ÉDITIONS SAMEDI 7 et DIMANCHE 8 MARS, n Solistes de l’Ensemble intercontemporain DE 14H30 À 17H30 Musique, sacré et profane Licences

Collectif • 128 pages • 2007 • 19 € epro | Concert-promenade R rance > ZOOM SUR UNE œuvre Musiques du XXe siècle. Musiques, Étudiants au Musée F une encyclopédie pour le XXIe siècle mprimeur Mardi 24 mars, 18h30 Collectif • 1492 pages • 2003 • 55 € Les musiciens issus des départements I NT | E

de musique ancienne et des NC Incises de Pierre Boulez Bartók et le folklore imaginaire I disciplines instrumentales du Pierre Albert Castanet, musicologue Jean-François Boukobza • 143 pages • Conservatoire de Paris investissent mprimeurV 2005 • 20€ I le Musée et jouent certains instruments des collections.

Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Gaëlle Plasseraud et Véronique Brindeau | Maquettiste : Elza Gibus | Stagiaires : Marie Laviéville et Romain Pangaud

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