Ierry POYET, « L' Art De Voyager De Gustave Flaubert», Viatica [En Ligne

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Ierry POYET, « L' Art De Voyager De Gustave Flaubert», Viatica [En Ligne Viatica n°4 Pour citer cet article : ierry POYET, « L’ art de voyager de Gustave Flaubert», Viatica [En ligne], n°4, mis à jour le : 22/06/2020, URL : http://revues-msh.uca.fr/viatica/index.php?id=749. Voir l’article en ligne. Les articles de la revueViatica sont protégés par les dispositions générales du Code de la propriété intellectuelle. Conditions d’utilisation : respect du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle. Licence CC BY : attribution. L’Université Clermont Auvergne est l’éditeur de la revue en ligne Viatica. 1 Viatica n°4 L’art de voyager de Gustave Flaubert Les contradictions du voyageur Thierry Poyet CELIS, Université Clermont Auvergne Mots-clés : voyage, Gustave Flaubert, tourisme Keywords: travel, Gustave Flaubert, tourism « On sent vaguement qu’il a fait tous ces grands voyages un peu pour étonner les Rouennais. » Edmond et Jules de Goncourt, Journal1, 16 mars 1860 Le XIXe siècle comme siècle de l’affirmation du tourisme ? Pourquoi pas, en effet, tant les conditions les plus favorables sont réunies alors pour aider à l’essor d’un comportement qui, certes, préexistait à l’époque, mais trouve dans les transformations politiques, sociales et techniques de l’époque de nouveaux atouts essentiels2. La révolution industrielle avec l’émergence de la bourgeoisie, classe sociale bientôt désireuse de loisirs, ou encore l’apparition de la notion de temps libre ; les progrès techniques avec le développement de nouvelles énergies ou celui du chemin de fer, bien entendu ; la vogue romantique et son héritage qui promeuvent la sensibilité au paysage et à la nature en parallèle de la peur sinon du rejet de la grande ville déjà dévoratrice d’espaces, tout est réuni pour contribuer à dynamiser la double notion de voyage et de tourisme. On rappellera que c’est Thomas Cook (1808-1892) qui organise en 1855, pour les touristes britanniques, le premier circuit à travers l’Europe, qui conduit alors de Bruxelles à Paris, en passant par Cologne, Heidelberg, Baden-Baden et Strasbourg ; qu’en 1869, il lance la première croisière sur le Nil, avant d’inventer, en 1847, le chèque-voyage… Flaubert (1821-1880) ne saura se soustraire à la mode que connaît son époque, lui qui, pourtant, déteste tant les phénomènes de masse. Et de cette première contradiction en découleront beaucoup d’autres… Il voyage, que ce soit pour son plaisir personnel ou pour le compte de la littérature, si on accorde crédit aux prétextes qu’il se cherche. Ses grandes expéditions le conduisent dans les Pyrénées et en Corse entre août et octobre 1840 – récompense offerte par ses parents pour son succès au baccalauréat – ; en Italie en 1845 alors qu’avec ses parents il accompagne sa sœur et son beau-frère dans un surprenant voyage de noces ; en Anjou, Bretagne et Normandie avec Maxime Du Camp entre mai et août 1847 ; en Orient (Égypte, Liban, Turquie…) avec le même Du Camp, et retour par la Grèce et l’Italie, entre le 29 octobre 1849 et juin 1851 ; ou encore, seul, en Afrique du Nord, entre le 12 avril et le 6 juin 1858. Nous ne dresserons pas ici la liste, longue au demeurant, de ses déplacements plus ponctuels, tant dans des villes thermales – Vichy, par exemple, ou Luchon, Bade peut-être –, qu’à Paris, où avec les années il se rend de plus en plus 1 Jules et Edmond de Goncourt, Journal : mémoires de la vie littéraire, Robert Ricatte (éd.), Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 3 tomes, t. 1, p. 545. 2 Sylvain Venayre, Panorama du voyage (1780-1920), Mots, figures, pratiques, Paris, Les Belles Lettres, 2012. 1 2 Viatica n°4 souvent, ou dans les pays limitrophes de la France : l’Angleterre, Londres en particulier, où réside l’une de ses maîtresses ; la Suisse pour un séjour de repos en montagne… Flaubert voyage donc, incontestablement, et il convient de se méfier de l’image surfaite d’un ermite cloîtré dans la résidence familiale de Croisset, sur les bords de Seine, à quelques encablures de Rouen. Rien n’est plus opposé à la réalité d’un homme qui, certes, connaît ses périodes de réclusion, parfois absolue, mais les rompt aussi dans un tourbillon de mouvements. Et c’est lui qui clame avec entrain : N’importe, c’est toujours un plaisir, même quand la campagne est laide, que de se promener à deux tout au travers, en marchant dans les herbes, en traversant les haies, en sautant les fossés, abattant des chardons avec votre bâton, arrachant avec vos mains les feuilles et les épis, allant au hasard comme l’idée vous pousse, comme les pieds vous portent, chantant, sifflant, causant, rêvant, sans oreille qui vous écoute, sans bruit de pas derrière vos pas, libres comme au désert3 ! Pourtant, et c’est une contradiction inattendue, Flaubert déclare détester les voyages. Il ne semble pas fait pour le mouvement physique, même pas pour la promenade, encore moins pour la découverte de l’Autre et de l’Ailleurs. Flaubert commente ainsi le danger qu’il y aurait pour lui à voyager : Je deviens très vide et très stérile. Je le sens, cela me gagne comme une marée montante. Cela tient peut-être à ce que le corps remue4. C’est Maxime Du Camp, son ami, écrivain fécond mais oublié aujourd’hui, grand compagnon de voyage de Flaubert, qui explicite cette position : Gustave Flaubert n’avait rien de mon exaltation, il était calme et vivait en lui-même. Le mouvement, l’action lui étaient antipathiques. Il eût aimé à voyager, s’il eût pu, couché sur un divan et ne bougeant pas, voir les paysages, les ruines et les cités passer devant lui comme une toile de panorama qui se déroule mécaniquement5. Vouloir « voyager couché sur un divan » : belle formule pour résumer la très contradictoire approche du voyage par Flaubert, qui ne cesse de prétendre à une existence différente de la sienne pour regretter aussitôt ce qu’il vient de rejeter. L’insatisfaction ou le voyage comme attraction et rejet Il convient d’abord de se demander pourquoi Flaubert voyage. Les raisons sont multiples mais la plus essentielle tient bien entendu au besoin de se distraire et de changer d’air. Les premiers voyages, ceux d’un jeune homme un peu trop entouré peut-être, annoncent déjà les motivations des pérégrinations de l’homme mûr : échapper à l’environnement familial, rouennais et plus largement « bourgeois » pour reprendre la langue flaubertienne. En effet, dans une démarche pseudo-romantique, le voyage offre une opportunité de rupture, une sorte de révolution personnelle à bon marché. Sans rien remettre en cause des attaches les plus profondes qui l’unissent à son milieu, le voyageur peut obtenir ainsi une sorte de pause dans la relation qu’il entretient avec un entourage qui l’oppresse trop souvent. Voyager, c’est rompre non seulement avec un 3 Gustave Flaubert, Par les champs et les grèves [posth. 1886], dans Œuvres complètes II (1845-1851), Claudine Gothot-Mersch (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2013, p. 99. 4 Gustave Flaubert, lettre à Louis Bouilhet, 2 juin 1850, dans Correspondance, Jean Bruneau (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. 1, 1980, p. 637. 5 Maxime Du Camp, Souvenirs littéraires [1882-1883], Paris, Aubier, 1994, p. 314. 2 3 Viatica n°4 lieu mais aussi avec un temps ; c’est se projeter dans un passé plus ou moins historique, ou s’élancer dans un futur plus personnel. Flaubert n’a qu’une envie : rompre avec son quotidien et échapper au hic et nunc, trop bourgeoisement mesquin, trop éloigné des considérations esthétiques qui enchantent son imagination. Il chante ainsi son envie de voyage dans Par les champs et par les grèves : Ah ! de l’air ! de l’air ! de l’espace encore ! Puisque nos âmes serrées étouffent et se meurent sur le bord de la fenêtre, puisque nos esprits captifs, comme l’ours dans sa fosse, tournent toujours sur eux-mêmes et se heurtent contre ses murs, donnez au moins à mes narines le parfum de tous les vents de la terre, laissez s’en aller mes yeux vers tous les horizons6. Pourtant, la peur de rompre avec un environnement connu et familier assaille Flaubert. Avant de partir pour l’Orient, le désespoir s’empare de lui ; il n’hésite pas à évoquer sa tristesse, « après toute une soirée de sanglots et d’un déchirement comme aucune séparation encore ne [lui] en avait causé7 ». Du Camp, dont on a parfois discuté la qualité du témoignage, raconte l’état de son ami avant de s’embarquer : Jamais je ne vis une telle prostration ; sa haute taille et sa force colossale la rendaient extraordinaire. À mes questions il ne répondait que par des gémissements : « jamais je ne reverrai mon pays ; ce voyage est trop long, ce voyage est trop lointain, c’est tenter la destinée ; quelle folie ! pourquoi partons-nous8 ? » Ou bien encore : Je ne réponds pas que Flaubert n’ait senti se réveiller ses regrets ; il resta longtemps debout contre le bastingage de bâbord, regardant les côtes de Provence, qui peu à peu disparaissaient sous les brumes de l’éloignement9. Flaubert ne programme jamais, ou très peu et bien mal, les voyages qu’il entreprend. Si l’on excepte peut-être son dernier voyage à Carthage, pour lequel il part seul, en effet, mais sur des terres où le passé vient encore dicter son itinéraire, Flaubert a toujours entrepris des voyages dont le tracé ne lui incombait pas. Il a toujours cheminé sur des itinéraires déjà empruntés, guidés même par d’autres. On n’imagine pas Flaubert penché sur des cartes, prenant en compte des durées de trajet pour rendre possible la découverte d’une liste préalablement établie de lieux impératifs à découvrir.
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