LeMonde Job: WMQ1211--0001-0 WAS LMQ1211-1 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0289 Lcp: 196 CMYK

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16420 – 7,50 F MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

a Défense : Neuf syndicats enseignants engagent Pour la paix malaise à gauche Plusieurs députés socialistes hésitent à en Algérie approuver le budget de la défense. Les une épreuve de force avec Claude Allègre communistes balancent entre l’absten- a tion et le vote contre. p. 5 Critiquant le blocage des mutations pour 1998, ils dénoncent l’absence de dialogue social 25 000 personnes

UN NOUVEL AVIS de tempête pitation. En réponse, Claude Allègre ont manifesté est annoncé dans l’éducation natio- estime « lamentable d’écrire des a La crise Irak-ONU nale, cette fois, sur la question sen- lettres sur des rumeurs », tout en re- à Paris Bagdad peut encore renoncer à expulser sible de la gestion des effectifs en- connaissant que des « déconcentra- pour réclamer l’arrêt les experts américains, avant le vote seignants et de leurs demandes de tions sur des choses ponctuelles » changement de poste. Neuf syndi- sont à l’étude. « Je vais bien sûr en- d’une résolution punitive par le Conseil cats, à l’exception du SE-FEN et de gager une concertation, c’est la loi, et des massacres de sécurité de l’ONU. p. 3 FO, ont envoyé une lettre je ne suis pas connu pour violer la commune à Claude Allègre, lundi loi », ajoute le ministre, tandis que et dénoncer 10 novembre, pour protester contre les syndicats déplorent l’absence de « tous les intégrismes » a Louise Woodward le blocage de la procédure de muta- « dialogue social ». Cette exaspéra- tion des personnels du second de- tion syndicale fait suite aux propos est libre gré pour 1998. Le ministre de l’édu- tenus par M. Allègre, dimanche a cation nationale n’a pas caché sa 9 novemebre, sur TF 1, qui avait vi- La France demande La peine de la jeune Britannique volonté de déconcentrer le mouve- vement critiqué le SNES, désigné condamnée à la prison à vie pour le ment national, qui organise cette comme un des responsables de «la une « information meurtre du bébé dont elle avait la garde mobilité. Or, les textes officiels sont panne » de l’enseignement se- transparente » a été ramenée, par la justice américaine, actuellement retenus au ministère, condaire. à deux cent soixante-dix-neuf jours, soit afin de réfléchir, dit-on, à « des ex- A cette épreuve de force avec les périences ou des simulations de dé- syndicats s’ajoute une polémique sur la situation la durée de sa détention préventive. p. 4 concentration [du mouvement] sur sur la gestion des effectifs ensei- une partie des académies ». gnants. Selon le SE – FEN, il existe- en Algérie Les neuf syndicats dénoncent «la rait 30 000 enseignants en sur- a Le rap du soir méthode » du ministre et estiment nombre « dont quelque 14 000 MA et a « inacceptable » de changer les 10 000 titulaires ». Cette situation Alger s’élève règles du jeu « sans que le débat ait « témoigne de l’absurdité d’un sys- eu lieu sur les différentes conceptions tème qu’il faut impérativement réfor- contre les accusations en présence ». Le SNES, principal mer. Cette gestion ne peut plus du- syndicat dans le secondaire, parle rer », ajoute le syndicat. Le SNES sur sa responsabilité de « coup de force » et menace dément farouchement un tel d’une grève à la fin du mois « si ces b Enseignants : la lettre de protestation des syndicats au ministre p. 7 chiffre, et le ministère concède dans les attentats décisions ne sont pas revues ». Le SE- b Universités : certaines mesures de la réforme Bayrou confirmées p. 7 avoir du faire appel à 2 000 nou- FEN, favorable à une réforme du b Analyse : des annonces tous azimuts qui provoquent l’exaspération des veaux maîtres auxiliaires, en plus de Paris en 1995 mouvement, a de son côté mis en enseignants et minent la confiance p. 7 des 28 000 MA réembauchés à la garde le ministre contre toute préci- b Notre éditorial : l’Université en panne p. 10 rentrée. Lire page 20 James, Thomas, Merle, les trois premiers morts américains de la Grande Guerre Les petites sœurs NANCY lemands avaient commencé à bombarder Mais cela ne suffit pas à l’occupant, qui de notre correspondante les tranchées. Le combat avait continué au décide de le dynamiter. Joseph Crouvizier de Dolly et Polly SÉBASTIEN BOFFREDO C’est en Lorraine, à quelques kilomètres couteau et à la baïonnette, dans la boue et la aura tout juste le temps de desceller et de Dans les cités, les ateliers d’écriture de au nord de Lunéville, dans un petit village nuit. Au matin, on relevait trois morts et on- cacher un groupe en bronze offert par des NEUF MOIS après l’an- rap connaissent un succès grandissant. de soixante habitants, Bathelémont-lès- ze blessés chez les hommes de la 1re division vétérans américains, représentant trois ath- a nonce de la naissance de Les adolescents, cancres le jour, utilisent Bauzemont, au milieu des champs et des pâ- américaine. lètes en plein élan. Les trois athlètes symbo- Dolly, la première brebis clonée à turages, que sont tombés, le 3 novembre Le préfet, Léon Mirman, lança une sous- lisaient les trois soldats américains. la rime le soir pour exprimer leur révolte. partir d’une cellule adulte, puis de 1917, les premiers « Sammies ». Un caporal cription pour ériger un monument à leur En 1955, le Souvenir français érige à nou- Polly, la première brebis clonée p. 16 et deux simples soldats, venus de l’Amérique mémoire. Louis Majorelle, un des artistes veau une stèle. Elle est en granit rose des avec un gène humain, les interro- entrée en guerre en 1917. Ils étaient montés fondateurs de l’Ecole de Nancy, fut chargé Vosges et pèse 2 tonnes et demie. Mais voilà gations éthiques ont cédé la place en ligne pour relever les hommes du général de le concevoir. La stèle trouva sa place au que dans les années 70 une polémique à la compétition scientifique et a Le pétrole Franchet d’Esperey, à bout de souffle après centre du village, dans la cour d’une ferme. ébranle le village. L’agriculteur propriétaire économique. En Grande-Bretagne, trente-sept mois de terribles combats. Le maréchal Lyautey vint pour le dixième de la cour où s’élève la stèle veut récupérer aux Etats-Unis, en Australie, les de la Caspienne A l’époque, la frontière allemande était à anniversaire, en 1927. son bien. On s’agite, on débat. chercheurs préparent la naissance moins de 5 kilomètres et le front au bord du Lorsque éclate la seconde guerre mon- Finalement le Souvenir français décide de brebis, chèvres et vaches dont le La célébration en Azerbaïdjan du jaillis- village. Depuis, tous les dix ans, Bathelé- diale, le monument déplaît aux Allemands. qu’elle sera installée à l’entrée du minuscule lait contiendrait des protéines hu- sement du premier baril de brut de mont-lès-Bauzemont se souvient de James Un officier explique au maire d’alors, Joseph cimetière communal. C’est là que tous les maines pour la fabrication de mé- Chirag, champs off-shore de la Cas- Gresham, vingt-quatre ans, d’Evansville, de Crouvizier, qu’il faut faire disparaître l’ins- dix ans, à l’ombre des peupliers qui fris- dicaments, en attendant les porcs pienne, attise les rivalités régionales. p. 2 Thomas Enright, vingt et un ans, de Pitts- cription qui orne la plaque et qui dénonce sonnent sous le vent, on accroche des dra- pouvant fournir des organes pour burg, et de Merle Hay, vingt ans, de Glid- « l’impérialisme allemand, fléau du genre hu- peaux français et américains. la transplantation chez l’homme. den. main ». Le maire fait couler du plâtre pour a Francophonie Le 3 novembre 1917, vers 3 heures, les Al- dissimuler la gravure. Monique Raux Lire page 13 au Vietnam POINT DE VUE Le 29e Sommet de la francophonie, qui INTERNATIONAL SCHOOL OF MANAGEMENT & USA Téléphone : va se tenir à Hanoï, est l’occasion de ma- ISM INTERNATIONAL UNIVERSITY OF AMERICA nifestations dans le sud du pays contre la Pour une université un nouveau grand corruption et la détention de prisonniers IUA Membre et/ou accréditée de d’opinion. Patrick Poivre d’Arvor réclame ACBSP – ECBE – WAUC la libération de Doàn Viêt Hoat. Lire éga- européenne lement le point de vue de Charles FLORIDE - MASSACHUSETTS - NEW YORK Josselin. p. 3 et 9 par Wolf Lepenies et Ezra Suleiman International Executive A formation d’un esprit par les élites. Le citoyen ordinaire ne a Doublé de Grasset européen requiert que la s’est pas suffisamment senti impli- Master of Business Administration jeunesse intègre l’héri- qué, il n’a pas été associé au projet, Le prix Goncourt, Patrick Rambaud pour tage multidimensionnel et sans doute n’avait-il ni l’ambition La Bataille, et le prix Renaudot, Pascal a Compatible avec vos activités professionnelles L de l’Europe. En ce sens, être euro- ni l’objectif d’aller au-delà des fron- Bruckner pour Les Voleurs de beauté, a 520 heures de formation intensive sur 12 mois : péen signifie avoir une identité à la tières nationales. Il se pourrait bien, sont allés à la même maison d’édition. fois régionale, nationale et euro- en effet, que l’européanisme ait été BERNARD EBBERS b p. 17 ieMBA 10 séminaires mensuels à PARIS péenne. Quel meilleur moyen d’at- nourri par des visionnaires, sans les- b teindre cet objectif que la création quels il n’aurait jamais réussi à dé- D’UNE PETITE société du Missis- Juillet et août aux USA d’une université européenne ? coller. Mais, plus sûrement encore, sippi, Bernard Ebbers, patron de L’enseignement de haut niveau a l’idée de l’Europe de même que son WorldCom, a fait un nouveau géant a Colère de « toqué » toujours eu pour tâche prioritaire la unité ne pourront exister et se des télécommunications, alliant télé- Jean-Pierre Quélin a rencontré Alain Du- Master of Business Administration transmission du savoir. Mais les consolider que dans la mesure où phone et Internet. En acquérant lieux où il est dispensé ont pris au- elles ne seront pas confinées à quel- MCI – une entreprise deux fois plus casse, accusé de délaisser ses fourneaux in International Management jourd’hui dans les sociétés démocra- ques initiés. Il incombe donc aux grosse qu’elle – pour quelque pour jouer les managers. Le chef tiques une importance telle qu’ils ne élites d’obtenir le soutien massif de 210 milliards de francs, WorldCom se s’explique. p. 14 a se contentent plus de transmettre leurs concitoyens. Les institutions et hisse au troisième rang américain Programme intensif de 12 mois dont 8 aux USA. une culture : ils la créent. La les initiatives politiques auront plus derrière AT & T et SBC. MCI-World- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, a construction de l’Europe de demain que jamais besoin de cet appui. Com contrôlera 25 % des communi- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; MBA Pour diplômés de l’enseignement supé- Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; rieur, avec expérience professionnelle ou réclame dès à présent l’ouverture cations nationales et internationales. Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, d’établissements capables de jeter Lire la suite page 9 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, stages validés. les bases sur lesquelles les institu- Lire page 11 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; tions politiques pourront s’ancrer et Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. grandir. Wolf Lepenies est recteur International ...... 2 Aujourd’hui ...... 13 INTERNATIONAL SCHOOL OF MANAGEMENT La raison pour laquelle nous du Wissenschaftskolleg de Berlin. France ...... 6 Jeux...... 15 PROGRAMMES IUA ISM avons aujourd’hui ce que l’on Ezra Suleiman est profes- Carnet ...... 6 Météorologie ...... 15 148, rue de Grenelle 75007 Paris nomme une « Europe des élites » est, seur de science politique et directeur Société ...... 7 Culture ...... 16 Tél. : 33 01-45-51-09-09 – Fax : 33 01-45-51-09-08 pour l’essentiel, que l’Europe – du du Centre d’études européennes de Horizons...... 8 Guide ...... 18 E-Mail : [email protected] IUA traité de Rome à celui de Maastricht l’université de Princeton. (Traduit de Entreprises...... 11 Radio-Télévision ..... 19 – a été conçue et menée à bonne fin l’anglais par Sylvette Gleize.) LeMonde Job: WMQ1211--0002-0 WAS LMQ1211-2 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:27 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0290 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

OR NOIR L’Azerbaïdjan célèbre so- lières, l’AIOC, après trois ans de négo- pienne exploité par ce consortium, a jets d’oléoducs et de gazoducs sont au plus à 200 milliards de barils (Mdb), lennellement, mercredi 12 novembre, ciations freinées par Moscou. b RÉGU- finalement eu lieu le 8 novembre, prévus pour exporter les richesses de loin des 700 Mdb de réserves prou- le premier résultat du « contrat du LIÈREMENT RETARDÉE, la production deux semaines après la mise en route la Caspienne, mais les rivalités régio- vées du Proche-Orient – en font le siècle » signé en septembre 1994 avec du premier baril de brut de Chirag, d’un oléoduc passant par la Tchétché- nales menacent leur réalisation. b LES deuxième gisement mondial devant un consortium de onze sociétés pétro- premier champ offshore de la Cas- nie. b UNE DOUZAINE D’AUTRES pro- RÉSERVES de la Caspienne – évaluées celui de la mer du Nord. Les richesses pétrolières de la Caspienne attisent les rivalités régionales Les Azerbaïdjanais célèbrent la production du premier baril du champ de Chirag, en présence d’officiels américains et russes. Mais les voisins cherchent à en contrôler l’exportation. Depuis 1991, une course internationale s’est engagée pour l’accès aux hydrocarbures

MOSCOU sentants ont pignon sur rue à Mos- de notre correspondante Une douzaine de projets d'oléoducs et de gazoducs cou) n’est pas levée. Il reste enfin Le deuxième gisement Depuis que le condominium so- vers la Russie l’hypothèse d’un tracé vers Ceyhan vers la Russie OLÉODUCS KAZAKHSTAN viéto-iranien sur la mer Caspienne RUSSIE par le sud de l’Arménie, qui ré- mondial a éclaté, en 1991, une course inter- vers la Chine concilierait Bakou et Erevan. Mais Tenguiz nationale s’est engagée pour l’accès Novorossiisk EXISTANT elle est aussi douteuse sur le plan b Réserves. Un rapport de Wood aux hydrocarbures. Ironie du sort, 1 Mer d'Aral politique que topographique. Mackenzie Consultants estimait Grozny ceux-ci sont concentrés non sur les Mer Noire En revanche, le tracé réellement cet été à 68 milliards de barils les EN PROJET rives russes ou iraniennes, mais BULGARIE GÉORGIE avantageux d’un oléoduc Bakou- réserves de pétrole prouvées de la dans les trois nouveaux Etats indé- Ceyhan passant par l’Iran, ou allant Caspienne. Soit le deuxième Supsa BAKOU pendants turcophones apparus au- 2 OUZBÉKISTAN de Bakou au Golfe persique, se gisement mondial, réparti à 90 % tour de cette mer fermée : AZER. heurte au veto des Etats-Unis, en- entre l’Azerbaïdjan et le TURQUIE GAZODUCS Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkmé- Mer TURKMÉNISTAN core plus hostiles à une solution Kazakhstan. Le Turkménistan

nistan. Le développement de ces ri- Caspienne « iranienne » qu’à une solution détiendrait 21 trillions de mètres Ceyhan EXISTANT chesses, peut-être les premières au vers la Turquie « russe ». A moins que d’ici un an, cubes de gaz. La production totale monde après celles du Proche- sous les coups de boutoir de socié- de la région en 2010, après une Orient, coûterait quelque 50 mil- AFGHANISTAN EN PROJET tés francs-tireurs, notamment fran- hausse de 30 % de la demande liards de dollars sur dix ans. Mais Mer Méditerranée çaises, leurs position n’aient évo- mondiale, pourrait s’élever à les revenus se compteraient en tril- IRAN lué. 3,4 millions de barils/jour. lions et des dizaines de sociétés pé- 1 Les problèmes se posent à peu b Rivalité sino-russe au trolières, dont des majors interna- LA ROUTE près dans les mêmes termes au Kazakhstan. Le Kazakhstan a tionales, ont déjà signé des contrats DU NORD Kazakhstan, où l’alternative aux l’ambition de pousser à lui seul sa d’exploration ou de production tracés russes, existants ou en pro- production de pétrole actuelle de G PAKISTAN o avec ces trois pays. Sans connaître l 2 jet, est offerte notamment par deux 540 000 barils/jour (dont la part fe l’état réel des réserves et sans sa- P oléoducs projetés par les Chinois – exportée passe essentiellement er LA ROUTE voir comment elles pourront les ex- siq l’un vers le Xinjiang, l’autre vers par la Russie) à 3,4 millions de ue DE L'OUEST porter. Car la clé de ce pactole, qui 300 km l’Iran. De même au Turkménistan, barils/jour en 2010. Mais la pourrait modifier les équilibres Golfe d'Oman dont les richesses sont avant tout construction de l’oléoduc géopolitiques mondiaux au gazières et qui a pour voisins la Tenguiz-Novorossiisk (CPC), dont XXIe siècle, c’est le transport. Pour plomatie du pipeline » qu’y mènent l’Europe les premiers barils de pé- pipeline ou MEP). Celui qu’utilisera Russie et l’Iran, eux-mêmes pro- le projet fut relancé à Moscou en atteindre une mer, l’or noir de la depuis six ans la Russie d’un côté, trole azerbaïdjanais (l’early oil) ex- l’AIOC quand elle produira à plein, ducteurs de gaz. Les Américains lui mai, n’a toujours pas commencé. Caspienne doit en effet franchir des les Etats-Unis et leurs alliés turcs de ploités par les anglo-américains de en 2003 ou 2004, et quand les proposent avec la société Unocal Une première étape, pour zones de troubles que la rivalité l’autre, qui occupent en force la l’AIOC (Azerbaijan International autres consortiums de Bakou un tracé vers le Pakistan par l’Afg- l’écoulement de pour les taxes de transit peut avi- place laissée par la Russie. Mais Eu- Operating Company). Mais ce commenceront à produire. hanistan en guerre ; les Européens, 560 000 barils/jour, est prévue ver. ropéens et Asiatiques ont fini par consortium, créé deux mois avant un autre, par l’Iran vers la Turquie... pour fin 1999 et pourrait être Il y a trois cas de figure : soit les entrer dans le jeu, à la satisfaction l’entrée des troupes russes en Tché- L’HYPOTHÈQUE KURDE Mais, pour ces deux pays comme doublée après 2010. Le projet, hydrocarbures continueront à pas- des pays producteurs et de l’Iran, tchénie, a dû attendre deux ans la La « route du Nord », théorique- pour l’Azerbaïdjan, si l’importance estimé à 4 milliards de dollars ser, faiblement, par la Russie ; soit qui revient sur la scène. Tous ces fin de cette guerre, puis la conclu- ment envisagée pour calmer Mos- de leurs réserves se confirme, une (près de 24 milliards de francs), est ils seront détournés vers le sud et acteurs cependant – pétroliers, sion d’un accord russo-tchétchène, cou, a contre elle l’instabilité du solution optimale est possible à destiné au champ de son « arc des conflits » euromusul- Etats ou groupes ethniques – toujours instable. Le 26 octobre, il a Caucase. Mais la « route de terme : une variété d’oléoducs et de Tenguizchevroil (TCO), détenu à mans, de la Méditerranée à la pro- peuvent être soupçonnés d’attiser testé l’oléoduc, dont le tronçon l’Ouest », d’ores et déjà envisagée gazoducs qui irrigueraient les pays 45 % par Chevron. D’autres vince chinoise du Xinjiang ; soit des ceux des conflits qui nuisent aux tchétchène fut réparé par des pour le MEP, pose aussi des pro- voisins et les marchés mondiaux à champs sont exploités ou vont compromis aboutiront à des solu- projets de leurs rivaux. Il n’est donc Russes, protégés vingt-quatre blèmes. Le conflit Azerbaïdjan-Ar- partir de terminaux multiples. Un l’être (Elf a cependant quitté le tions mixtes. C’est l’objet de la « di- pas encore dit que la manne espé- heures sur vingt-quatre par des ménie autour du Haut-Karabakh, premier compromis occulte russo- Kazakhstan en avril, après quatre rée va favoriser la stabilité. La combattants tchétchènes. Le 8 no- forages infructueux en cinq ans). guerre en Tchétchénie est aussi, en vembre, l’AIOC annonçait le début Le Kazakhstan a signé en Une cérémonie à Bakou partie, une conséquence de ce de sa production (1 000 tonnes de Mer ou lac : un statut indéfini septembre avec la Chine un « jeu »... brut par jour), qui devrait atteindre contrat de 9,5 milliards de dollars pour les premiers barils Novorossiisk en décembre. Répondant à l’offensive occidentale sur l’or noir de la Caspienne, pour l’exploitation des champs « LA ROUTE DU NORD » Deux autres routes au moins la Russie, soutenue par l’Iran, avait soulevé, dès 1994, le problème on-shore d’Uzen et la construction Le secrétaire américain à Les routes passant par la Russie – existent pour elle. L’une est encore du statut de la Caspienne, définie soit comme un lac, soit comme de deux oléoducs : l’un, en cinq l’énergie, Federico Pena, le pre- les vieux oléoducs et gazoducs so- « russe» : le brut remonterait la une mer. Moscou menaçait de ne pas reconnaître les contrats signés ans, d’une capacité de mier ministre turc, Mesut Yil- viétiques – sont les seules existant Volga et le canal Volga-Don, par tant qu’un consensus – introuvable – ne serait pas adopté par les 400 000 barils/jour sur 3 000 kms, maz, et le premier vice-premier aujourd’hui au départ de la Cas- barges, pour aboutir en mer Noire. cinq Etats riverains. Mais la participation de sociétés russes comme vers le Xinjiang ; l’autre, de ministre russe, Boris Nemtsov, pienne. Mais Moscou rechigne à C’est ce que souhaiteraient les Loukoïl aux contrats signés a montré que le Kremlin menait là un 200 km, vers l’Iran. Un autre tracé devaient assister, mercredi évacuer du brut étranger vers les nombreux ennemis irréductibles combat d’arrière-garde. Le conflit s’est déplacé entre pays riverains évitant la Russie (sous la 12 novembre à Bakou, capitale marchés mondiaux : ses tuyaux ne des Tchétchènes à Moscou, mais vers la délimitation des eaux territoriales. De nouveaux problèmes Caspienne puis la Transcaucasie) de l’Azerbaïdjan, à la célébration suffisent pas à ses propres exporta- aussi la première société pétrolière sont à prévoir entre le Turkménistan et l’Azerbaïdjan, mais surtout est aussi évoqué. De petites organisée par le président Gueï- tions. Pour continuer à contrôler russe Loukoïl, qui a des intérêts sur entre la Russie et le Kazakhstan. quantités de brut sont déjà dar Aliev du début de l’exploita- ses voisins du Sud devenus ses cette voie (dont une raffinerie à exportées sur cette route par tion des gisements off-shore du concurrents, le Kremlin voudrait Volgograd) et 10 % des parts de Chevron, qui utilise barges et « contrat du siècle » signé il y a que les futurs oléoducs traversent l’AIOC.. au pied duquel passe l’oléoduc Ba- américain, évoqué cet été à Mos- trains. Des accords swap trois ans. Le consortium AIOC la Russie... Ce conflit d’intérêts ex- L’autre route, celle « de kou-Supsa, n’est pas réglé, même si cou, pourrait permettre l’achève- (d’échanges) sont expérimentés extrait cet early oil du puits de plique, par exemple, le retard pris l’Ouest », qui relie Bakou à Supsa, les Etats-Unis se sont impliqués ment du CPC russo-kazakh en avec l’Iran qui tente de raffiner du Chirag, à une profondeur de par le premier projet conçu en 1991 un port géorgien sur la mer Noire, dans la médiation. D’autre part, il échange de l’adoption tranquille de brut kazakh pour livraison dans le 2 937 mètres, vers un oléoduc de par Moscou, le Kazakhstan et la so- est aussi un viel oléoduc soviétique. faut décider si cet oléoduc, devenu la « route de l’Ouest » pour le brut Golfe. 178 kilomètres jusqu’à la côte au ciété américaine Chevron. C’est le Mais elle a l’avantage, pour les Oc- le MEP, s’arrêtera au terminal géor- azeri. Mais la fascination qu’exerce b Percée européenne au nord de Bakou, puis par la Caspian Petroleum Consortium cidentaux de l’AIOC qui financent gien de Supsa ou s’il sera prolongé aujourd’hui la Caspienne pour des Turkménistan ? Le tabou « route du Nord » jusqu’au port (CPC) qui doit exporter le brut ka- sa réparation d’échapper à la Rus- vers le port turc de Ceyhan, en tra- raisons surtout politiques pourrait américain sur l’Iran devrait être russe de Novorossiisk, sur la mer zakh du champ de Tenguiz, exploi- sie. Sous pression américaine et par versant l’Anatolie. S’il s’arrête en retomber si les réserves se révèlent plus sérieusement brisé par le Noire, d’où le brut de l’AIOC de- té par Chevron au ralenti depuis prudence, l’AIOC a annoncé qu’elle Géorgie, des bateaux pourront moins prometteuses ou si le pétrole Turkménistan. Le monopole russe vrait commencer à être exporté des années à cause d’obstructions utilisera les deux routes, celle du transporter le brut par le Bosphore irakien se mettait à couler de nou- Gazprom lui a refusé en mars tout début 1998. moscovites, vers le port russe de Nord et celle de l’Ouest, pour éva- (ou vers un oléoduc de dérivation veau vers son terminal de Ceyhan. accès à ses gazoducs, et la guerre Les absents de marque à cette Novorossiisk, sur la mer Noire. cuer son early oil. La seconde doit qui le longerait) et vers d’autres ter- Ou encore si du pétrole et du gaz en Afghanistan rend peu crédible cérémonie sont le président Un viel oléoduc russe, reliant Ba- être réparée fin 1998, au moment minaux en mer Noire, par exemple sibériens devaient arriver massive- le projet d’Unocal, relancé en turkmène, Saparmourad Niazov, kou à Novorossiisk via la Tchétché- justement où devrait être annon- en Ukraine. S’il est prolongé jus- ment en Europe et surtout en Asie, septembre, de construire un et les Iraniens, alliés pour nie, est le premier à avoir été mis cée, par le président azerbaïdjanais qu’à Ceyhan, comme le veulent les destination de plus en plus pro- gazoduc par ce pays. L’Iran reste contester l’appartenance à en service dans le cadre de la nou- et l’AIOC, la grande décision : le Turcs et leurs alliés américains, le bable de tous ces projets. la seule issue possible. Dès l’Azerbaïdjan du puits de Chirag, velle aventure pétrolière. C’est « la choix du principal tracé d’évacua- coût en sera doublé, alors que l’hy- décembre, 200 kilomètres d’un situé au centre de la Caspienne. route du Nord », qui dirigera vers tion du pétrole azéri (le main export pothèque kurde (dont des repré- Sophie Shihab gazoduc de 190 millions de dollars, financé à 80 % par l’Iran, fournira au nord de ce pays du gaz turkmène pour les besoins L’Azerbaïdjan accueille les investissements occidentaux pour se dégager de l’emprise russe régionaux. Mais le projet de gazoduc MOSCOU des parts) et l’américaine Amoco chibey, un nationaliste pro-turc, baïdjan sont déjà assurés », com- serves sont estimées entre 80 et Turkménistan-Iran-Turquie, pour correspondance (17 %). dut passer la main à Gueïdar Aliev, mente alors Gueïdar Aliev. Les 100 millions de tonnes. Elf en est lequel la société française Sofregaz A la fin du XIXe siècle, Bakou Si la Socar a donné la préférence à la suite d’un coup d’Etat. Finale- Etats-Unis deviennent, de leur cô- l’opérateur avec 40 % des parts. achève une étude de faisabilité, produisait déjà du pétrole. L’or aux compagnies anglo-saxonnes ment, la compagnie pétrolière té, des interlocuteurs indispen- Total en obtient 10 %. peut être une brèche plus sérieuse. noir y attirait des investisseurs an- dans l’AIOC (Azerbaijan Interna- russe, Lukoïl, obtint 10 % des parts. sables dans le Caucase. Cependant, Total, qui avait été Washington avait levé l’été 1997 glais et français, des entrepreneurs tional Operating Company), elle a Dans les contrats qui sont ensuite évincé du « contrat du siècle », son opposition à ce projet, qui de Saint-Pétersbourg. Tous furent aussi tenu à resserrer les liens de la signés, elle n’est pas oubliée. Lu- UNE DIZAINE D’ACCORDS veut intensifier ses activités et ob- avait à ses yeux l’avantage de chassés avec la révolution d’Octo- famille turcophone en associant la koïl décroche, en 1995, 50 % des Le président azéri fait preuve tient, en août, une participation de ruiner le projet concurrent de bre. Ces péripéties de l’Histoire compagnie pétrolière turque à ce parts pour le gisement de Kara- d’un art consommé dans sa diplo- 20 % dans le consortium emmené livraison de gaz iranien à la ont été oubliées. Les Occidentaux « contrat du siècle ». Ces trois gi- bakh et 10 % l’année suivante pour matie du pétrole. Pour décrisper par Chevron pour le gisement très Turquie. Le contrat signé ensuite reviennent en force pour exploiter sements de la mer Caspienne sont celui de Shah Deniz. La présence les relations avec l’Iran, Téhéran prometteur d’Apsheron, aux ré- par Total (pour exploiter un de très riches gisements de pétrole en effet très riches, ce qu’avaient d’entreprises russes dans les fut invité à prendre une part du serves estimées à 120 millions de champ iranien dans le Golfe) a offshore. L’Azerbaïdjan les ac- déjà mis en évidence les travaux consortiums n’a toutefois rien de gâteau. En raison de la politique tonnes. durci à nouveau la position du cueille avec empressement, pour d’exploration précédemment réa- systématique. américaine d’ostracisme, la Au total, ce sont aujourd’hui gouvernement américain. se dégager de l’emprise de son lisés. Leurs réserves sont évaluées Ce qui importe pour le président compagnie pétrolière iranienne in- une dizaine d’accords que la Socar Gazprom pousse un projet de puissant voisin russe. à plus de 650 millions de tonnes. Aliev, c’est d’avoir l’appui des tègre, en juin 1996, un consortium a passés avec les compagnies pé- gazoduc sous la mer Noire pour Ce qui explique le montant des in- Etats-Unis, financier et politique, comprenant exclusivement des en- trolières les plus diverses, pour saturer le marché turc. 48 MILLIARDS EN JEU vestissements en jeu : 8 milliards notamment pour parvenir à un rè- treprises européennes, dont Elf... faire sortir l’or noir de la Cas- Néanmoins, de grandes sociétés Le ton est donné dès la signature de dollars (près de 48 milliards de glement de la crise au Karabakh. Car la France, l’alliée traditionnelle pienne. La perspective d’un décol- pétrolières européennes, dont du premier contrat en septembre francs). Lors de son voyage à Washington de l’Arménie, a adopté une posi- lage économique pour l’Azerbaïd- Shell, resteraient intéressées par le 1994 par la Socar, la Société natio- La finalisation de ce contrat fut en août, quatre contrats, de 10 mil- tion plus souple. Lorsque le pré- jan, peuplé d’à peine 8 millions gazoduc turkmène. S’il devait se nale des pétroles d’Azerbaïdjan. Le toutefois difficile. Les Russes, ini- liards de dollars au total, sont si- sident Aliev est invité à Paris en d’habitants, semble se rapprocher. réaliser, certains projets consortium constitué pour l’ex- tialement exclus de la partie, ont gnés avec Mobil, Exxon, Chevron janvier de cette année, la voie est Mais il reste à régler la question de d’oléoducs au départ de la ploitation des champs d’Azeri, usé de multiples moyens pour s’y et Amoco pour le développement dégagée pour la signature d’un l’exportation du pétrole. Caspienne pourraient être Chirag et Guneshli est dominé par opposer. Et ils ne réussirent à s’im- de nouveaux gisements offshore. contrat portant sur les gisements détournés vers l’Iran... la British Petroleum (avec 17,1 % poser que lorsque le président Elt- « Les intérêts de Moscou en Azer- de Lenkaran et Talish, dont les ré- Brigitte Breuillac LeMonde Job: WMQ1211--0003-0 WAS LMQ1211-3 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0291 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 / 3 La Russie intervient L’Irak a encore la possibilité d’éviter une crise pour défendre le rouble MOSCOU. Réagissant à la crise des marchés financiers mondiaux et en renonçant à expulser les experts américains russes, la Banque centrale russe a annoncé, lundi 10 novembre, une hausse de ses taux d’intérêt et une modification de sa politique de change pour « prévenir » toute attaque contre le rouble. Le taux de refi- Washington veut renforcer les sanctions si Bagdad ne se ravise pas nancement de la Banque centrale passe, dès mardi, de 21 % à 28 %, alors que la marge de fluctuation au sein de laquelle le rouble peut flotter sera Des discussions ont commencé, lundi 10 no- taires à l’Irak si Bagdad ne revenait pas sur la dé- l’ONU chargée de son désarmement (Unscom). élargie le 1er janvier 1998, à 15 % plus ou moins sa valeur moyenne. Celle- vembre, à l’ONU, à New York, sur un projet de cision d’interdire la présence sur son territoire Une telle résolution ne serait toutefois pas ci, donnée en « nouveaux roubles », sera de 6,1 pour un dollar en 1998. résolution imposant des sanctions supplémen- des experts américains de la commission de adoptée avant mercredi dans le meilleur des cas. Un « plan exceptionnel » visant à augmenter les recettes de l’Etat devait être signé mardi. L’insuffisance des rentrées fiscales avait poussé le NEW YORK (Nations unies) bargo pétrolier imposé en 1990. premier ministre irakien, Tarek jet de résolution présenté par Was- Fonds monétaire international a ajourner le versement d’une nouvelle de notre correspondante Bagdad serait enfin autorisé à Aziz, prenne la parole lors d’une hington et coparrainé par neuf tranche d’aide. – (Corresp.) Dans la crise qui oppose l’Irak à vendre des quantités plus grandes réunion formelle du Conseil de sé- autres membres du Conseil, mais la communauté internationale, l’es- de pétrole – dans le cadre de la for- curité de l’ONU – une idée que non par la France, la Russie et la calade, pour l’heure, reste diploma- mule « pétrole contre nourriture » – Washington écartait totalement il y Chine. Le Conseil devait se réunir La dissolution du Parlement kényan tique. Malgré la rhétorique ira- pour subvenir aux besoins de la po- a encore deux jours. Le visa de cinq sur ce projet, mardi. Outre l’inter- kienne et la pression énorme de pulation. jours accordé à M. Aziz pourrait, diction qui serait faite aux respon- leur opinion publique, les Etats- Quelques signes devraient encou- dit-on encore, « être prolongé ». sables irakiens de quitter leur pays, ouvre la voie aux élections Unis continuent de vouloir réagir rager l’Irak à entendre « la voix de la Quant aux Britanniques, ils disent le texte américain mentionne que « pas à pas », selon l’expression raison » – ce qui pour le moment ne publiquement « chercher une solu- les sanctions imposées à l’Irak ne NAIROBI. Annoncée, lundi 10 novembre, par le président Daniel Arap d’un diplomate. Cette démarche paraît pas être le cas. L’« espoir n’est tion diplomatique ». feraient plus l’objet d’un réexamen Moi, la dissolution du Parlement kényan ouvre la voie aux prochaines semble dictée par le fait que Was- pas encore perdu. Il peut encore y Le Conseil de sécurité s’est borné, tous les six mois comme c’est le cas élections générales qui doivent avoir lieu dans un délai de un à trois hington n’a ni le soutien des autres avoir quelques marges de manœuvre lundi, à écouter à huis clos le rap- actuellement, mais seulement une mois. Ces élections présidentielles législatives et locales se dérouleront membres permanents du Conseil fois que l’Unscom aura estimé que en principe dans un climat plus démocratique que les précédentes. Des de sécurité, ni une stratégie claire l’Irak est désarmé. réformes ont été concédées par la KANU (Union nationale kenyane et pour envisager une action militaire Les combats au Kurdistan compliquent la distribution M. Aziz, qui, dès son arrivée lun- africaine) au pouvoir, à savoir une commission électorale où l’opposi- contre l’Irak. di, a eu l’occasion de rencontrer M. tion a son mot à dire, une plus grande liberté dans la tenue des rassem- Le problème, disent des diplo- des vivres et médicaments Annan, le président du Conseil de blements politiques, ou encore un accès équitable aux médias publics. mates, est que Bagdad cherche sécurité et l’ambassadeur russe, n’a Des opposants et des éditorialistes relèvent que M. Moi a dissous le Par- querelle aux Américains estimant L’armée turque participe aux côtés du Parti démocratique du Kur- offert aucune concession. « Don- lement sans tenir compte des demandes pour un report des élections, qu’il n’a « plus rien à perdre ». Des distan (PDK) d’Irak aux combats qui opposent cette formation à nez-nous une chance d’expliquer nos afin que ces changements puissent entrer dans les mœurs des respon- « amis » de l’Irak au sein du Conseil l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), dans le nord de l’Irak, a griefs », a-t-il plaidé devant la sables de l’administration, accusés d’être à la solde du pouvoir. – (Cor- de sécurité s’efforcent de lui faire confirmé au Monde, le porte-parole des observateurs de l’ONU à presse, faisant valoir que pour lever resp.) comprendre que « non seulement il Bagdad, Eric Falt. Selon une source diplomatique, l’armée turque a les sanctions économiques impo- n’a rien à gagner » en provoquant le engagé des chars, de l’artillerie, de l’infanterie et des pontons. sées à l’Irak, les Etats-Unis « récla- recours à la force, mais aussi que L’aviation a repris ses raids. Les combats entre l’UPK et le PDK, dé- ment la tête de notre président ». Nouvelle étape dans la normalisation son attitude belliciste lui ferait plore M. Falt, compliquent la distribution des vivres et médicaments M. Aziz s’est plaint aussi du fait que manquer l’occasion de marquer par les observateurs de l’ONU chargés de l’application de la résolu- 32 % des inspecteurs de l’Unscom quelques points face à Washington. tion « pétrole contre nourriture », d’autant que la route entre les soient américains et qu’« aucun des rapports entre Israël et le Vatican Si les dirigeants irakiens se lais- villes d’Erbil (contrôlée par le PDK) et de Souleimaniyé (sous l’auto- Français ne soit en charge dans la saient convaincre et revenaient sur rité de l’UPK) est coupée. L’électricité a été interrompue à Erbil par commission spéciale ». JÉRUSALEM. En application de l’« accord fondamental » du 30 dé- leur décision d’expulser les experts l’UPK, ce qui pose des problèmes pour la distribution de vaccins. Quoi qu’il arrive, il apparaît cer- cembre 1993 entre Israël et le Vatican, David Lévy, ministre israélien des militaires américains, le scénario tain que la résolution 986, dite « pé- affaires étrangères, et Mgr Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, envisagé par certains membres du trole contre nourriture », ne fera pas nonce apostolique, ont signé, lundi 10 novembre, un accord portant sur Conseil de sécurité pourrait leur dans les jours à venir », a déclaré le port de M. Annan, qui était ac- les frais de la crise. Sur ce point, les le statut des établissements catholiques présents sur le territoire israé- offrir une porte de sortie. L’Irak secrétaire général de l’ONU, Kofi compagné des trois diplomates trois émissaires de M. Annan sont lien. Le patriarcat latin de Jérusalem, les différents diocèses, monastères, pourrait bénéficier de la tribune Annan. Ce qui a fait dire à un diplo- qu’il avait dépêchés à Bagdad la se- formels. Le chef de cette délégation, congrégations, instituts religieux ou caritatifs de cette Eglise disposeront d’une réunion ouverte du Conseil mate que « ce n’est sûrement pas maine dernière. M. Annan a « re- le diplomate algérien Lakhdar Bra- d’une personnalité juridique et d’une totale autonomie de gestion. Cet de sécurité pour exposer ses griefs sans l’aval de Washington que gretté » le fait que Bagdad ait refusé himi, a déclaré au Monde que la si- accord, qui doit encore être ratifié par le Parlement israélien, s’applique- devant la communauté inter- M. Annan se permet de parler d’une de revenir sur sa décision, ajoutant tuation humanitaire en Irak est «un ra « là où la législation israélienne est en vigueur », ce qui, du point de vue nationale. Il serait aussi assuré que solution pacifique ». L’Unscom a, que si l’Irak acceptait de coopérer scandale » et que « la souffrance de israélien, inclut Jérusalem-est annexée, où se trouve le principal lieu l’objectif de celle-ci n’est pas le par ailleurs, annoncé qu’il n’y aurait avec l’ONU, il n’hésiterait pas à la population irakienne est indescrip- saint chrétien, le Saint-Sépulcre. – (AFP.) changement du régime. A cette fin, pas, « dans l’immédiat », de nou- « recommander au Conseil de per- tible ». Selon lui, il faut « absolu- la résolution qui serait votée réaf- veaux vols des avions espions amé- mettre à Bagdad d’exposer ses ment » que la communauté interna- EUROPE firmerait clairement qu’un feu vert ricains U 2 au-dessus de l’Irak. griefs ». tionale trouve le moyen de soulager a POLOGNE : le nouveau gouvernement polonais de Jerzy Buzek a de la commission des Nations Même les Etats-Unis ont laissé Les cinq membres permanents du la population de l’Irak. obtenu, dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 novembre, la confiance de unies, l’Unscom, sur le désarme- entendre que si l’Irak se rétractait, Conseil se sont ensuite réunis pour la Diète (Chambre basse). 260 députés de la majorité de centre-droit se ment de l’Irak suffirait à lever l’em- ils pourraient accepter que le vice- examiner « des éléments » d’un pro- Afsané Bassir Pour sont prononcés en sa faveur, tandis que 173, principalement les ex- communistes, ont voté contre. Dans sa déclaration de politique géné- rale, M. Buzek a affirmé vouloir relancer les réformes entamées par So- lidarité après 1989, tout en renforçant les valeurs chrétiennes dans le Des milliers de catholiques ont manifesté dans le sud du Vietnam pays. – (AFP.) a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : près de la moitié du gouvernement, les HANOÏ terrains devraient être également de ce mouvement dans une région couragés à dénoncer les scandales présidents des deux chambres du Parlement, le sénateur-maire de de notre envoyé spécial transférés afin d’aménager des qui s’intègre peu à peu à la cein- de corruption, les autorités en- Prague, une dizaine d’autres responsables politiques ainsi que cinq mille A l’origine de nouvelles mani- écoles et des bâtiments publics ture industrielle de Ho-Chi-Minh- tendent, cependant, garder le personnes ont défilé, lundi 10 novembre à Prague, lors du plus impor- festations, cette fois dans le Sud, dans une province où les catho- Ville, premier pôle de développe- contrôle de telles campagnes. tant rassemblement antiraciste jamais organisé dans le pays. Cette ma- la corruption est devenue une liques sont nombreux. ment du pays. Un responsable du Pour avoir franchi la limite, nifestation faisait suite à l’assassinat, samedi, de Hassan Elamin Abdel- préoccupation majeure pour les comité populaire du district affec- Nguyen Hoanh Linh, éditeur de radi, un étudiant soudanais poignardé par un « skinhead ». – (Corresp.) autorités vietnamiennes au mo- ARRESTATIONS té par les manifestations a cepen- Doan Nghiep, publication d’af- a TURQUIE : le défenseur des droits de l’homme, Esber Yagmurdere- ment même où la visite de Jacques Depuis la victoire communiste dant reconnu l’existence de faires, a été arrêté le 8 octobre et li, qui avait été incarcéré en octobre pour purger en principe une peine Chirac – mercredi 12 et jeudi de 1975, les catholiques, qui repré- troubles, tout en affirmant que la inculpé de révélation de « secrets de prison de vingt-trois ans, a été remis en liberté dimanche 9 novembre 13 novembre – et le sommet de la sentent de 7 % à 8 % de la popula- situation était désormais « nor- d’Etat ». Cinq journalistes seraient pour des raisons de santé, a rapporté l’agence turque Anatolie. francophonie – de vendredi à di- tion vietnamienne, se sont rare- male ». ainsi détenus. Leurs confrères manche à Hanoï – sont l’occasion ment manifestés. Les relations Depuis deux ans, les arresta- étrangers ont saisi l’occasion de la AFRIQUE d’appels en faveur de la libération non officielles entre Hanoï et le tions, procès et condamnations proximité du sommet de la franco- a NIGERIA : le rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant Tell, de prisonniers d’opinion. Le week- Vatican ne progressent que lente- d’officiels se multiplient. Ces der- phonie pour attirer l’attention sur Onome Osifo-Whiskey, a été enlevé dimanche par des hommes soup- end dernier, des milliers de per- ment depuis l’ouverture du pays nières années, l’atmosphère est leur sort. çonnés d’être des agents de la sécurité de l’Etat, ont indiqué, lundi sonnes ont manifesté à Dong Nai, en 1986. La presse officielle n’avait devenue, en effet, plus volatile. Si Tran Thi Tuc, épouse du journa- 10 novembre, ses collègues. Tell a récemment publié des articles cri- province proche de Ho-Chi-Minh- pas encore fait état, mardi matin, les médias, tous officiels, sont en- liste Doàn Viêt Hoat, condamné à tiques envers le régime du général Sani Abacha. Cet enlèvement fait Ville, contre la corruption de l’ad- quinze ans de prison en 1990, a été suite à l’arrestation, le 2 novembre, du rédacteur en chef de The News, et ministration locale et des expro- reçue, mardi à l’Elysée, par Cathe- à l’enlèvement, le 25 octobre, du rédacteur en chef d’African Concord. priations pour raison d’intérêt pu- Perspectives de « gros contrats » franco-vietnamiens rine Colonna, porte-parole de la – (AFP.) blic. L’évêque de Tra Co, présidence, laquelle a également Mgr Nguyen Minh Nhat, a eu La visite de Jacques Chirac au Vietnam, mercredi 12 et jeudi 13 no- fait savoir que « la France est atta- beau appeler les manifestants à la vembre, à la veille du sommet de la francophonie, pourrait être l’oc- chée à voir progresser partout le retenue, des incidents ont eu lieu casion de la finalisation de plusieurs gros contrats évoqués lors du respect des droits de l’homme ». quand la police a dispersé la foule. passage dans le pays, à la mi-octobre, de Jacques Dondoux, secrétaire M. Chirac devrait donc évoquer, à Après deux journées tendues et d’Etat au commerce extérieur. Les enjeux : un contrat France Télé- Hanoï, la question des droits de l’arrestation non confirmée de com pour l’installation, dans une première phase, de cent quatre- l’homme avec des dirigeants viet- soixante-dix manifestants, le vingt mille lignes téléphoniques sur un total d’un demi-million de namiens qui ne s’attendaient pas à calme était revenu lundi 10 no- lignes à Ho-Chi-Minh-Ville (3 milliards de francs) ; de licences pour la ce que la première conférence in- vembre, même si plusieurs di- construction d’une cimenterie (par le groupe Five-Lille-Babcock), ternationale organisée par leur zaines de personnes continuaient d’une usine de fabrication de bitume (Total), d’une adduction d’eau pays leur donne ce fil supplémen- à manifester devant le siège du (Lyonnaise des eaux) ; l’ouverture du marché vietnamien aux assu- taire à retordre. comité populaire. L’un des litiges reurs français (Axa et AGF). La France est le troisième pays donateur porterait sur l’expropriation d’un (près de 275 millions de francs en 1995) et le dixième investisseur Jean-Claude Pomonti terrain du diocèse pour y étranger au Vietnam. En 1996, elle en était le cinquième fournisseur construire un marché. D’autres (3,9 milliards de francs, avec un solde positif de 2 milliards). – (Cor- Lire aussi page 9 resp.) Le président du Botswana annonce son départ après dix-sept ans au pouvoir JOHANNESBURG le Parlement réuni à Gaborone, la la tête de l’ancien protectorat bri- Inquiets pour l’avenir de la forma- de notre correspondant capitale, M. Masire a précisé qu’il se tannique, pays semi-désertique d’un tion dirigeante, les jeunes du Parti en Afrique australe retirera en mars 1998, et sera rem- million et demi d’habitants, situé démocratique du Botswana (BDP) Le président du Botswana, Ketu- placé par le vice-président, Festus entre l’Afrique du Sud, la Namibie souhaitaient le départ de M. Masire. mile Masire, a confirmé la réputa- Mogae, jusqu’aux élections de 1999. et le Zimbabwe. Salué pour sa ges- Le chef de l’Etat s’est montré fidèle tion de modèle démocratique dont M. Masire a appelé son successeur à tion avisée des richesses en diamant à son image de sage en se rangeant jouit son pays en annonçant, lundi poursuivre « la tradition de démo- du Botswana, M. Masire a fait de à leur avis. Il quitte le pouvoir avant 10 novembre, son départ de la vie cratie et de gestion prudente du son pays un exemple de prospérité les élections de 1999 pour renforcer politique. Après dix-sept ans au pays ». Sous la pression de l’opposi- et de stabilité. la stature de son successeur désigné. pouvoir, M. Masire a justifié sa déci- tion, la réforme constitutionnelle ré- Cette image avait été récemment Même prise sous une certaine sion par le souhait de donner sa cemment adoptée prévoit d’ailleurs quelque peu ternie par un projet de pression, la décision de M. Masire a chance à une nouvelle génération que le prochain chef de l’Etat pourra loi, finalement reporté, renforçant le valeur d’exemple en Afrique, y de dirigeants. « J’ai rempli mon rôle, seulement prétendre à deux man- contrôle de la presse. Le gouverne- compris dans la zone australe. l’ordre ancien doit céder la place à dats de cinq ans, et elle confie la ment du Botswana a aussi été ac- Comme le montre notamment les l’ordre nouveau », a affirmé M. Ma- surveillance du scrutin à une cusé de bafouer les droits des Bush- tensions sociales ou politiques au sire. « J’ai fait mon temps et je dois commission électorale indépen- men Basarwas, tribu du désert Zimbabwe et en Zambie, les diri- laisser d’autres faire les choses à leur dante. déplacée afin de développer le tou- geants ont tendance à s’accrocher manière », avait déjà déclaré le chef Agé aujourd’hui de soixante- risme. Par ailleurs, la persistance du au pouvoir ou à vouloir y revenir à de l’Etat, en octobre, pour expliquer douze ans, M. Masire était devenu, chômage, qui touche près d’un tout prix, quitte à mettre en péril la son intention de quitter la scène po- en 1980, le deuxième président du quart de la population active, a stabilité de leur pays. litique. Botswana depuis l’indépendance en contribué à l’usure du pouvoir de En annonçant sa décision devant 1966. Il a été réélu à trois reprises à M. Masire. Frédéric Chambon LeMonde Job: WMQ1211--0004-0 WAS LMQ1211-4 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0292 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL

Un juge américain casse la condamnation Le Brésil adopte un plan à perpétuité de Louise Woodward d’austérité budgétaire La jeune fille au pair britannique est libre Le gouvernement veut éviter Louise Woodward a été libérée, lundi 10 no- taire par un juge du Massachusetts. La jeune fille bébé qu’elle gardait. Le juge a cassé ce jugement, une dévaluation du real, vembre, après que sa condamnation pour au pair britannique avait été condamnée par le et a condamné Louise Woodward à 279 jours de meurtre a été requalifiée en homicide involon- jury populaire à la prison à vie pour avoir tué un prison, soit la durée de sa détention préventive. la monnaie nationale

NEW YORK étaient, elles aussi, retransmises RIO DE JANEIRO dans la fonction publique (concer- de notre correspondante en direct depuis les pubs du village de notre correspondant nant 25 000 à 30 000 postes de Lundi matin 10 novembre, natal de la « nanny » à toute heure « Quand un ouragan est annoncé, fonctionnaires fédéraux). Louise Woodward, dix-neuf ans, du jour et de la nuit, ils ont eux on ne prépare pas un pique-nique Si l’on excepte la perplexité de s’est réveillée en prison, comme aussi fini par prendre fait et cause dans le jardin » : c’est en ces termes l’homme de la rue, les premières les 279 jours précédents, avec la pour cette jeune fille au visage que le ministre du plan, Antonio réactions sont plutôt positives. perspective d’y passer au moins les rond et au comportement éton- Kandir, a justifié à la télévision, Après une sévère dégringolade de quinze années suivantes et peut- namment calme. lundi 10 novembre, la « dureté » – 32 % accumulés au fil des douze être le restant de ses jours pour le Une fois de plus, la présence des des cinquante mesures écono- séances antérieures, la Bourse de meurtre du bébé de huit mois dont caméras dans la salle d’audience, miques annoncées par le gouver- Sao Paulo affichait, lundi 10 no- elle avait la garde, Matthew Eap- qui donne aux téléspectateurs nement brésilien quelques heures vembre en clôture, un gain de près pen. Ainsi en avait décidé, à l’una- l’impression d’être aussi bien pla- auparavant. Décidé à faire preuve de 2 %. En voyage officiel de deux nimité, un jury populaire, le 30 oc- cés que les jurés pour se faire une de fermeté dans la défense du jours au Brésil, le président argen- tobre. A dix heures ce même lundi opinion, a joué un rôle crucial. « plan real » – le programme de tin, Carlos Menem, a déclaré son matin, Louise Woodward n’était Comme l’a souligné en marge du stabilisation lancé avec succès en « soutien total » au plan de rigueur plus coupable de meurtre, mais procès l’avocat Alan Dershowitz, juillet 1994 mais menacé depuis dont il avait été préalablement in- d’homicide involontaire. A désormais, « les jurys n’ont plus le peu par les contrecoups de la crise formé : une dévaluation forcée du 16 heures, elle était libre. dernier mot ». asiatique –, le président social-dé- real brésilien serait catastrophique Guidé par « la raison et sa L’affaire a touché une autre mocrate Fernando Henrique Car- pour son pays, qui écoule le tiers conscience », et comme l’y autorise corde sensible dans l’opinion amé- doso a opté pour la riposte agres- de ses exportations vers le Brésil la loi de l’Etat du Massachusetts, ricaine : le casse-tête de la garde sive. dans le cadre du Mercosur (l’union un juge venait de mettre fin au des enfants d’âge préscolaire Le projet de loi que l’exécutif a douanière associant les deux pays à principe de la souveraineté du ju- lorsque les parents travaillent à transmis au Congrès est plus ambi- l’Uruguay et au Paraguay). ry. La condamnation de Louise l’extérieur. Cauchemar de toutes tieux que prévu et devrait per- Woodward, jeune Britannique pla- les mères, le drame du petit Mat- mettre, combiné à la hausse des ATTAQUES SPÉCULATIVES cée au pair chez un couple de mé- thew a rappelé à des millions taux d’intérêt décidée la semaine Quant à Michel Camdessus, le di- decins de la banlieue de Boston, sion, a estimé Barry Scheck devant parquet a promis d’interjeter. d’Américaines la précarité d’un dernière, d’éviter une dévaluation recteur général du Fonds moné- avait provoqué un choc considé- la presse, prouve « la souplesse du Cette affaire a pris, aussi bien aux système où les équipements col- du real, la monnaie nationale. Le taire international, il s’est pareille- rable dans l’opinion des deux cô- système judiciaire » américain et Etats-Unis qu’en Grande-Bre- lectifs de type crèches ou garderies plan prévoit de réduire dès l’année ment félicité de la tés de l’Atlantique. Outrés, ses l’utilité des « garde-fous » prévus tagne, des dimensions démesu- sont notoirement insuffisants et prochaine le déficit public, actuel- « détermination » de M. Cardoso, avocats avaient aussitôt fait appel, par ce système. Le procureur géné- rées : les Américains ont retrouvé qui ne connaît pas les nourrices lement de l’ordre de 4,7 % du PIB non sans rappeler que les réformes affirmant qu’ils avaient apporté la ral, en revanche, Tim O’Reilly, la dans ce procès, intégralement télé- agréées. en rythme annuel, à 2,5 % du PIB, structurelles (fiscales notamment), preuve scientifique irréfutable que voix tremblante d’indignation, visé, une passion comparable à Selon une récente étude effec- soit une économie de 20 milliards indispensables à la consolidation le bébé n’était pas mort de lésions s’est déclaré « écœuré » par cette celle qui avait présidé au procès tuée par Yale University et présen- de reals (près de 103 milliards de du « plan real », se trouvaient tou- infligées par la jeune fille lors- tournure des événements, « la plus d’O. J. Simpson, et les mêmes in- tée la semaine dernière à la Mai- francs). jours en souffrance au Congrès. qu’elle l’avait secoué dans un mo- étrange [qu’il ait] jamais vue ». «Je terrogations sur la sagesse des ver- son Blanche lors d’une conférence « Il n’y a pas de pire impôt que Les attaques spéculatives récem- ment de colère, mais de lésions n’ai jamais rien vu de pareil, a-t-il dicts des jurys populaires. sur la garde d’enfants, les enfants l’inflation », a déclaré le chef de ment lancées contre la devise bré- antérieures, vraisemblablement ajouté, jamais. Cela dépasse sont mal ou médiocrement traités l’Etat dans une allocution télévisée. silienne ont finalement contraint consécutives à une chute. presque l’entendement. » L’INFLUENCE DE LA TÉLÉVISION dans 86 % des crèches ou garde- S’il est vrai que le « plan real » a Brasilia à employer les grands Libérée de prison, Louise Wood- Surpris par les virulentes cri- ries. Reste le système des « nou- mis fin, au bénéfice principal des moyens. La flambée des taux d’in- INDIGNATION DU PROCUREUR ward a retrouvé ses parents dans tiques émises outre-Atlantique à nous » et celui, plus économique, plus défavorisés, à la valse endia- térêt – le taux de base de la Banque Onze jours plus tard, mettant fin un endroit gardé secret ; elle reste- l’égard de leur système judiciaire des jeunes filles au pair, parfois blée des étiquettes – l’inflation bré- centrale est passé, fin octobre, de à un suspense soigneusement en- ra aux Etats-Unis pendant la durée par un public britannique massive- inexpérimentées et mal préparées silienne est tombée à 10 % en 1996 20 % à 43 % – n’ayant pas suffi à tretenu par l’extraordinaire média- de la procédure d’appel, que le ment mobilisé, dont les réactions aux responsabilités que constitue après avoir atteint des sommets à endiguer l’érosion des réserves de tisation de l’affaire, le juge, Hiller la surveillance d’enfants en bas plus de 1 000 % dans les années change, le gouvernement s’est ré- Zobel a commué à la fois le chef âge. 80 –, l’arsenal déployé pour sa sau- solu à s’attaquer au déséquilibre de d’accusation et la peine, qu’il a ré- La panne d’Internet Le débat a, ces dernières se- vegarde est douloureux pour le ses finances, un indicateur qui tra- duite aux 279 jours que Louise maines, envahi les talk shows et les contribuable. En témoignent l’aug- duisait une vulnérabilité croissante. Woodward venait de passer en pri- Ce devait être une grande première technologique : pour éviter le colonnes des journaux, contrai- mentation de 1 % à 2,5 % de l’impôt Le sauvetage du « plan real » im- son : « Au terme d’une réflexion in- cirque médiatique et les bousculades télévisées des grands verdicts, gnant les parents du petit Mat- sur le revenu ainsi que la hausse plique des sacrifices douloureux tense, sereine et détachée, a-t-il ex- le juge, Hiller Zobel, avait annoncé qu’au lieu de convoquer la presse thew à se défendre à la télévision des taxes sur les alcools et l’essence qui devraient logiquement débou- pliqué dans les attendus de sa pour annoncer sa décision finale il la diffuserait sur Internet, avec contre ceux qui les accusaient (+ 5 %). cher sur une récession. Candidat à décision, je suis moralement tous les attendus. Il donna le nom d’un site (www. lawyersweekly. d’avoir fait preuve d’irresponsabi- Le gouvernement s’est engagé, sa propre succession, M. Cardoso convaincu que le maintien de la com), qui fut aussitôt pris d’assaut et irrémédiablement embouteillé. lité en confiant leurs deux fils à pour sa part, à effectuer une coupe affirme « ne pas craindre d’être im- condamnation pour meurtre de Les grands médias, télévisions, journaux et agences de presse, une jeune fille au pair alors âgée de 15 % dans son budget prévision- populaire ». Il n’empêche que, dans cette accusée sur la base des s’associèrent alors à l’initiative, offrant leurs sites Web pour la diffu- de dix-huit ans. « Pour moi, c’est nel pour l’an prochain, sans affec- la perspective du prochain scrutin preuves existantes constituerait une sion instantanée du verdict « sur toute la planète ». L’heure venue comme de dire à la victime d’un viol ter les dotations réservées à l’édu- présidentiel d’octobre 1998, l’oppo- erreur judiciaire. » pourtant, lundi à 10 heures, rien ne parvint sur Internet : le serveur que tout cela est de sa faute », a cation, à la santé et au programme siton de gauche, jusque-là en L’un des avocats de la défense, utilisé par le tribunal de Cambridge, dans le Massachusetts, était amèrement protesté le père, Sunil de réforme agraire. Le tour de vis pleine déprime, retrouve quelques Barry Scheck – qui fut aussi l’un tombé en panne une minute plus tôt. Et le juge en fut réduit à faire Eappen, à CNN. sera complété par l’abrogation de raisons d’espérer. des avocats d’O. J. Simpson, le distribuer de bonnes vieilles photocopies sur papier aux reporters privilèges fiscaux régionaux et la champion de football noir acquitté présents au tribunal. – (Corresp.) Sylvie Kauffmann suppression massive d’emplois Jean-Jacques Sévilla du meurtre de sa femme il y a deux ans – a salué « le courage » de ce magistrat réputé pour son indé- pendance d’esprit et qui, à trois re- Bill Clinton renvoie sine die le vote sur la procédure du « fast track » prises en près de vingt ans de car- rière, avait déjà annulé le verdict WASHINGTON Blanche a été faite par Newt Gingrich, spea- terminant dans les prochains jours. L’échec senté 46 % du financement de la campagne de jurys populaires. Cette déci- de notre correspondant ker (président) de la Chambre basse du de Bill Clinton, comparable à celui subi en électorale des démocrates en 1996, contre Saddam Hussein responsable de la déroute Congrès, mais n’a pas été reprise par le prin- 1994 avec la réforme mort-née du système de 35 % en 1994. du fast track, cette procédure qui devait per- cipal intéressé lorsque, lundi 10 novembre, vi- santé, est probablement plus important qu’il Pour les mêmes raisons électorales, les mettre au président américain de conclure siblement fatigué d’avoir longuement tenté n’y paraît, tant les chances de voir le fast track chefs du Parti républicain seront demain net- des accords commerciaux que le Congrès de rallier ses propres troupes, Bill Clinton a adopté en 1998 semblent minces. tement moins disposés à offrir à M. Clinton peut rejetter en bloc mais non amender ? Si concédé sa défaite. Celle-ci est écrasante, L’année prochaine, les membres de la les voix que ce dernier est incapable de lever incongrue que l’explication puisse paraître, puisqu’en cas de vote le président n’aurait Chambre des représentants et un tiers de dans son propre camp. Le chef de la majorité ce serait en partie pour ne pas placer l’exé- réussi à obtenir le soutien que d’une quaran- ceux du Sénat seront soumis à réélection. Les républicaine au Sénat, Trent Lott, l’a confir- cutif américain en position de faiblesse, alors taine des 205 parlementaires démocrates démocrates seront donc encore moins en- mé, soulignant qu’il est « pratiquement im- que l’épreuve de force avec l’Irak entre dans siégeant à la Chambre des représentants. clins qu’aujourd’hui à prendre le risque poli- possible » d’envisager un passage du fast track une phase cruciale, que les républicains et la tique consistant à heurter de front les syndi- en 1998. S’il est trop tôt pour évaluer toutes Maison Blanche ont décidé, d’un commun ÉCHEC IMPORTANT POUR LE PRÉSIDENT cats, principale force d’opposition au fast les conséquences du camouflet infligé à accord, dans la nuit du 9 au 10 novembre, de « Ce que nous devons faire, c’est nous [les track, dont ils sont étroitement dépendants M. Clinton, la Maison Blanche a reconnu que renvoyer à des jours meilleurs (et indétermi- démocrates] regrouper un peu, et trouver un en période électorale tant sur le plan poli- l’échec présidentiel va « compliquer » les ef- nés) un vote qui s’annonçait plus qu’incertain moyen de l’emporter », a indiqué M. Clinton. tique que sur le plan financier, notamment à forts pour obtenir un élargissement de l’Ale- à la Chambre des représentants (Le Monde du Se disant « déçu », il a remercié les républi- cause de leur endettement estimé à quelque na (Accord de libre-échange nord-américain) 11 novembre). cains pour leur aide, et reconnu implicite- 15 millions de dollars (90 millions de francs). au Chili. Cette lecture très conciliante du revers po- ment que le vote sur le fast track n’aurait pas Selon l’organisation non partisane Common litique essuyé par le chef de la Maison lieu cette année, la session parlementaire se Cause, les contributions syndicales ont repré- Laurent Zecchini Londres veut promouvoir l’usage de l’euro dès 1999 en Grande-Bretagne LE GOUVERNEMENT britan- tendue entre les places financières place dans l’Union monétaire quences de cette mise à l’écart si tère de participation n’est plus per- nique fera son possible pour pro- de l’Union, les principaux établisse- lorsque la décision sera prise de s’y celle-ci devait durer trop long- tinent depuis l’élargissement de mouvoir l’usage de l’euro en ments financiers de la City ont joindre. Lors du discours tradition- temps et si les perspectives 2,25 % à 15 % des bandes normales Grande-Bretagne dès le 1er janvier commencé à se préparer à utiliser nel du chef du gouvernement au n’étaient pas claires. de fluctuation du SME à l’été 1993. 1999, date de démarrage de l’Union l’euro dans leurs transactions euro- banquet donné par le lord-maire de Le président de l’Institut moné- Il est vrai que l’Allemagne à son monétaire européenne, a indiqué le péennes et internationales, comme Londres, Tony Blair a réaffirmé lun- taire européen (IME), le Néerlan- tour, qui s’est tant battue pour le chancelier de l’Echiquier Gordon ils le font pour le dollar ou le yen. di soir l’importance qu’il attachait à dais Wim Duisenberg, principal strict respect des règles, revendique Brown, lundi 10 novembre à Bir- Mais, en plus de ce qui est déjà ce dossier. « Nous voulons que la candidat avec le gouverneur de la elle aussi un peu de souplesse. Le mingham, devant l’assemblée an- possible actuellement avec les monnaie unique soit un succès. En Banque de France, Jean-Claude Tri- ministre allemand des finances, nuelle de la Confédération de l’in- monnaies étrangères, « le système temps voulu, quand les circonstances chet, pour assurer la présidence de Theo Waigel, a pris lundi quelque dustrie britannique (CBI). Dès cette bancaire britannique aura la possi- économiques le permettront, nous te- la future Banque centrale euro- distance à l’égard de l’objectif affi- date, a-t-il précisé, les entreprises bilité d’effectuer des paiements en nons à ce que la Grande-Bretagne péenne, a laissé entendre de son ché par le gouvernement de res- britanniques, comme celles de la euros à l’intérieur du Royaume- soit associée à ce succès », a-t-il in- côté que les pays de la zone euro pecter strictement cette année la li- zone euro, pourront comptabiliser Uni », a précisé M. Brown. Cela diqué. pourraient être accommodants mite de 3 % imposée au déficit des résultats et passer des écritures permettra aux banques de ré- avec la Grande-Bretagne le mo- budgétaire pour l’entrée dans dans la monnaie européenne. Elles pondre plus facilement à la de- INQUIÉTUDE DU PATRONAT ment venu. Il a indiqué que la l’Union monétaire. « Nous respecte- pourront émettre des titres, ouvrir mande potentielle de la part de leur Mais le gouvernement a indiqué clause prévoyant qu’un pays doit rons à peu près l’objectif de déficit des comptes bancaires et payer clientèle, qui préférera se mettre qu’il n’envisageait pas de franchir appartenir pendant deux ans au 97 », a-t-il déclaré à des journa- leurs impôts en euros. sans attendre à l’heure de la nou- le pas avant les prochaines législa- système monétaire européen, qui listes à Zurich. Ces propos font Pour établir ce nouvel environne- velle monnaie. tives prévues pour 2002. Cette déci- règle les relations de change entre suite à la publication par son minis- ment, le ministre des finances a in- Ces mesures permettront à la sion, qui doit permettre de prépa- les monnaies européennes, avant tère de nouvelles prévisions pessi- diqué qu’il allait proposer une mo- Grande-Bretagne de ne pas se lais- rer l’opinion publique, a inquiété le son adhésion à l’euro pourrait ne mistes sur les rentrées fiscales. dification des textes de droit des ser découpler de ses partenaires et patronat, mais aussi les syndicats, pas lui être appliquée. Le gouverne- sociétés. Face à la concurrence at- de pouvoir prendre rapidement sa qui craignaient de subir les consé- ment britannique estime que ce cri- H. de B. LeMonde Job: WMQ1211--0005-0 WAS LMQ1211-5 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0293 Lcp: 196 CMYK

5 FRANCE LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

DÉFENSE L’Assemblée nationale contraint Alain Richard a réduire les commandes de l’Etat et des expor- exclu que certains députés socia- n’était pas « acceptable en l’état ». doit examiner, mercredi 12 no- crédits des équipements. b LES IN- tations, vont devoir continuer à listes s’abstiennent s’ils n’ob- La majorité de ses membres hé- vembre, les crédits du ministère de DUSTRIES de l’armement, qui, de- réduire leurs effectifs. b LES ÉLUS tiennent pas les réponses espérées. sitent entre l’abstention et le vote la défense. La priorité donnée à la puis plusieurs années, doivent faire des villes où sont implantées ces b LE GROUPE COMMUNISTE a esti- contre. La position définitive du professionnalisation des armées a face à une diminution des usines s’en inquiètent. Il n’est pas mé que le budget de la défense groupe sera arrêtée mercredi matin. Les députés de gauche s’inquiètent de la baisse des crédits d’armement Les arsenaux, les fabricants de chars et de pièces d’artillerie ont réduit leurs effectifs après la diminution des commandes de l’Etat et des exportations. Les pertes d’emplois vont continuer, alors que, dans bien des villes, ces usines sont le cœur de l’activité économique

CERTAINS VOTES de la majori- han), rapporteur de la commis- comprenne. » Un autre député so- La part du PIB consacrée à la défense sieurs réunions au ministère de la té « plurielle » feront peut-être dé- sion ; Jean-Noël Kerdraon (Finis- cialiste, Yann Galut (Cher), hésitait défense, les députés communistes faut au gouvernement lors de la tère) ; Robert Gaïa (Var) et encore, à la veille du débat, entre le ÉVOLUTION COMPARÉE DU PRÉLÈVEMENT DE LA DÉFENSE SUR LE PIB ont présenté leurs propositions. mise aux voix du projet de budget Bernard Cazeneuve (Manche). vote pour et l’abstention. Rappor- 7 en pourcentage Ils attendent du gouvernement de la défense pour 1998, mercredi Ce dernier, élu de Cherbourg, où teur du budget de l’armée de l’air, des engagements industriels : 12 novembre, à l’Assemblée natio- se trouve l’un des sites les plus im- M. Galut estime, « sur le plan philo- 6 maintien des plans de charge, pro- nale. Les groupes socialiste et portants de la construction navale sophique », que la baisse du budget grammes de diversification, re- communiste doivent, mercredi militaire menacé par la diminution de la défense « est une bonne conquête des marchés, etc. 5 matin, aborder le sujet et arrêter des commandes d’armement, af- chose », mais il pense également Alain Clary (Gard) souhaite no- leur position. Celle du groupe so- firme qu’il se montrera d’« une très qu’en la matière le projet de loi de ÉTATS-UNIS tamment que la loi sur les 4 cialiste sera sans aucun doute posi- grande pugnacité » afin de ne pas finances pour 1998 a atteint le seuil 3,5 35 heures soit appliquée en priori- tive, mais il n’est pas exclu que cer- laisser Cherbourg « sombrer dans au-dessous duquel « la capacité de FRANCE té dans l’industrie de défense. Le tains députés, individuellement, un processus tragique de désindus- défense du pays serait atteinte ». 3 2,9 gouvernement de Lionel Jospin a, GRANDE- s’abstiennent à défaut d’avoir ob- trialisation ». BRETAGNE en matière de défense, la même tenu les réponses qu’ils attendent Après plusieurs réunions entre RÉPARTIR AUTREMENT 2 2,8 stratégie que le gouvernement pré- du gouvernement. les députés concernés et le minis- Aussi, c’est au sein même des ALLEMAGNE cédent, juge M. Sandrier, qui as- Quatre députés socialistes se tère de la défense, M. Cazeneuve, crédits d’équipement (titre V de la 1 1,6 sure que la loi de programmation sont abstenus, le 4 novembre, lors constant qu’« un dialogue » existe loi des finances) qu’il faudrait ré- militaire, contre laquelle la gauche de l’examen par la commission de avec le ministère de la défense, af- partir les dépenses, en donnant 1988 89 90 91 92 93 94 9596 97 avait votée, n’est pas remise en la défense du projet de budget de firme attendre du gouvernement moins, par exemple, au nucléaire La baisse des dépenses militaires a été plus lente et plus tardive en cause. la marine. Il s’agit d’élus de cir- « des garanties concernant la péren- et davantage aux pôles industriels France. La diminution de l'effort de défense allemand résulte aussi C’est pourquoi le groupe conscriptions touchées par les pro- nité et le maintien de la compétence terrestres (GIAT industries) et na- de l'augmentation mécanique du PIB du fait de la réunification. communiste n’approuvera pas le jets de restructuration de la direc- industrielle du site de Cherbourg ». val (DCN). Pour ce dernier dossier, Source : OTAN budget de la défense, même s’il re- tion des constructions navales « La défense a pris conscience de M. Galut réclame la mise en place commande par l’armée de missiles De leur côté, les députés çoit certaines des assurances qu’il (DCN), les anciens arsenaux de l’ampleur du problème, dit-il, mais d’un plan, équivalent au plan de antichars Eryx ne soit pas repous- communistes ont estimé, au cours réclame. Le groupe « balance entre l’Etat : Jean-Yves Le Drian (Morbi- il faut maintenant que Bercy le reconversion de la sidérurgie, qui sée d’une année. Selon lui, cela de leur réunion de groupe, le 4 no- l’abstention et le vote contre », affir- « sauvegarde les compétences et mettrait en cause un certain vembre, que le budget de la dé- mait, le 7 novembre, M. Sandrier. permette une diversification indus- nombre d’emplois. fense « n’est pas acceptable en Sa position définitive sera arrêtée trielle ». Les commissaires socialistes de l’état », selon la formule de Jean- mercredi, ce qui n’empêchera pas Les services spéciaux freinent Elu d’une circonscription où se la défense croient savoir qu’Alain Claude Sandrier (Cher), respon- certains de ses membres d’adopter situe un important établissement Richard profitera du débat budgé- sable du dossier défense au groupe des attitudes différentes, comme du GIAT et où doit être transférée taire pour annoncer des mesures communiste. Après une rencontre c’est de plus en plus souvent le cas. la modernisation de leurs équipements une usine du groupe Aerospatiale, d’âge, permettant d’atténuer les avec M. Richard en présence de M. Galut réclame ainsi qu’une effets sociaux des restructurations. Robert Hue, le 29 octobre, et plu- Fabien Roland-Lévy ÉCONOMIES obligent, les ser- chute globalement de 5 % par rap- vices spéciaux français n’ont plus port à 1997 . Mais, pour financer les l’intention de déménager. Faute de activités opérationnelles de son pouvoir le financer, à hauteur de service « Action » et de sa direction Les entreprises d’Etat de l’armement doivent réduire leurs effectifs plus de 1 milliard de francs, la Di- du renseignement, la DGSE a la rection générale de la sécurité ex- possibilité de pouvoir puiser dans térieure (DGSE) a définitivement les fonds spéciaux du premier mi- En trois ans, les arsenaux ont déjà perdu le cinquième de leurs heures de travail abandonné son projet de transfé- nistre, qui atteindront 346,7 mil- rer ses activités de Paris dans l’en- lions de francs en 1998 (Le Monde LES SYNDICATS des travailleurs de l’arme- plan d’entreprise sur dix ans qui déterminerait Une indication que les syndicats ont immé- ceinte du fort de Noisy-le-Sec, en du 25 octobre). En règle générale, ment, toutes centrales confondues, ont un niveau d’effectif et sauvegarderait un équi- diatement traduite par une volonté de l’Etat Seine-Saint-Denis, où s’activent elle est ainsi amenée à y prélever commencé depuis le 6 novembre une série libre avec la main-d’œuvre occupée par les de fermer quatre (sur quatorze) des sites du déjà des agents de sa direction des de 200 à 220 millions de francs d’actions qui doit culminer le mercredi 12 no- sous-traitants, en majorité des PME-PMI. groupe, notamment ceux du Mans (Sarthe), opérations spéciales et de ses ser- chaque année, une somme qui vembre, lors de l’examen, par les députés, du D’ici à 2002, les suppressions d’emplois à la Salbris (Loir-et-Cher), Rennes (Ille-et-Vilaine) vices techniques. s’ajoute à ses fonds propres pour projet de budget de la défense pour 1998. DCN pourraient toucher le tiers des effectifs et de Saint-Etienne (Loire), en dépit des déné- En revanche, la dissolution subventionner ses actions clandes- Les mêmes syndicats avaient lancé un mot actuels, par départs naturels, pré-retraites à gations officielles qui font plutôt état de la né- d’unités de l’armée de terre à Paris tines. d’ordre identique entre le 20 et le 24 octobre. cinquante-cinq ans, aménagement du temps cessité de diversifier – sans préciser vers permettra à la DGSE de récupérer L’industrie française de l’armement fournit de travail ou par transfert dans les armées dès quoi – les activités de GIAT industries. pas moins de 3 hectares de bureau DE FORTES DISPARITÉS aujourd’hui quelque 184 000 emplois directs et lors qu’il s’agit d’y accroître le nombre de ci- b Le Commissariat à l’énergie atomique situés face à ses locaux actuels, de M. Boucheron relève toutefois, environ 95 000 indirects dans des entreprises vils pour compenser la fin des appelés. (CEA), enfin. Après la fermeture des centres l’autre côté du boulevard Mortier, dans son rapport, de fortes dispari- sous-traitantes ou cotraitantes dont les activi- b GIAT industries, ensuite. La situation y d’expérimentations nucléaires de Polynésie, dans le 20e arrondissement, où elle tés au sein du budget de la DGSE. tés ne se limitent pas à la défense. est particulièrement préoccupante. En cinq décidée par Jacques Chirac, et étant donné la est à l’étroit au point d’avoir empi- Les rémunérations et charges so- ans, GIAT industries, qui fabrique le char Le- forte réduction des crédits – 20 % à francs lé des préfabriqués dans la cour ciales du personnel s’envolent, TROIS SECTEURS EN CRISE clerc, des véhicules blindés, des pièces d’ar- constants durant les six ans à venir – attribués d’honneur de la caserne qui lui sert avec plus de 5 % d’augmentation C’est principalement dans trois secteurs que tillerie, des armes légères et des munitions, a à la dissuasion, le CEA doit se restructurer de « PC ». Cette extension, si l’on par rapport à 1997, et l’embauche les inquiétudes des personnels sont les plus perdu 6 000 emplois et l’activité pour l’Etat pour passer à des essais simulés en labora- en croit le rapporteur de la de 64 agents supplémentaires est vives. Tous les trois sont directement et étroi- Français, en raison de la baisse continue des toires. commission des finances de l’As- garantie. En revanche, les crédits tement contrôlés par l’Etat et leurs sur-effec- budgets militaires dans le même temps, a été semblée, Jean-Michel Boucheron d’équipement enregistrent une di- tifs sont notables face à la baisse des divisée par dix. LE COÛT DE LA SIMULATION (PS), coûtera entre 350 et 450 mil- minution brutale de 14 %. La DGSE commandes françaises et étrangères. Fort aujourd’hui de 12 130 salariés et au Ce qui induit deux conséquences. D’une lions de francs, le tiers de l’inves- devra ajuster à la baisse ses inves- b La direction des constructions navales bord de la faillite avec un besoin, estimé par la part, le CEA embauche des spécialistes pour tissement requis, à l’origine, pour tissements en moyens de calcul et (DCN), d’abord. Ce sont les arsenaux de l’Etat, Cour des comptes, de recapitalisation à hau- ses nouvelles tâches mais, en même temps, il le déménagement des services à en matériels destinés à ses centres qui regroupent 20 400 salariés, notamment à teur de 11 milliards de francs après deux pre- supprime des emplois (fin 1999, il comptera Noisy-le-Sec. d’interception des communications Brest (5 600), qui construit le porte-avions mières dotations, en 1996 et 1997, de 3,7 mil- 4 500 salariés, au lieu de 5 200 en 1996) et il Avec leurs 4 000 fonctionnaires « sensibles » dans le monde. En six Charles-de-Gaulle. C’est là que le PS doit réu- liards chacune, le groupe public d’armement fermera trois sites, notamment à Vaujours- et contractuels, dont deux tiers de ans, cinq de ces stations d’écoute nir son congrès du 21 au 23 novembre. Dans terrestre a lancé un plan dit de retour à l’équi- Moronvillliers (Seine-Saint-Denis) et à Limeil- civils, les services spéciaux ont été électronique, réparties en plusieurs ces arsenaux, la charge globale de travail, qui libre sur trois ans qui prévoit notamment de Valenton (Val-de-Marne). invités à faire des économies en points du globe et subordonnées a atteint 25 millions d’heures en 1994, va tom- ramener les effectifs à environ 9 300 fin 1998. D’autre part, il doit s’adapter à une moindre 1998. Un coup d’arrêt est ainsi don- au Groupement des contrôles ra- ber à 20 millions en 1997 et à 15 millions en Ce plan est aujourd’hui jugé insuffisant par progression des crédits consacrés à la simula- né à une évolution commencée de- dioélectriques (GCR), seront mo- 2002. Soit une chute probable de 40 % de l’ac- le ministre de la défense qui a évoqué, au dé- tion, qui coûtera plus cher que prévu et pour puis quelques années et marquée dernisées à raison, pour chacune, tivité. Cette baisse sera forte à Lorient et à but de novembre, la perspective que, par des laquelle les moyens nécessaires ne seront pas par une hausse régulière des cré- de 50 à 60 millions de francs. Brest. départs anticipés ou des pré-retraites à cin- complètement en place avant 2005 au plus tôt. dits de la DGSE. Avec 1 294 mil- Alain Richard, ministre de la défense, pré- quante-quatre ans, GIAT industries n’occupe lions de francs pour 1998, le budget J. I. voit d’élaborer, au milieu de l’année 1998, un plus progressivement que 7 000 salariés. Jacques Isnard Des experts dénoncent de graves lacunes dans la reconnaissance des maladies professionnelles L’AFFAIRE de l’amiante n’a pas traités. Dans le cadre de la loi de le problème des maladies profes- liomes (liés à l’amiante) reconnus rapport. Les sous-déclarations handicapés a rappelé « l’incurie du encore réveillé les esprits ni mobi- financement de la Sécurité sociale sionnelles ». Leur déclaration ne est quatorze fois supérieur à celui de sont aussi imputables à la « mé- système de prévention et de répara- lisé l’administration sur le déve- pour 1997, Alain Juppé avait trans- fait l’objet d’« aucune exploitation la France ». connaissance générale tant des vic- tion des risques professionnels » et loppement des maladies profes- féré 1 milliard de francs des acci- au niveau national ». Il existe, par ailleurs, de « très times que du corps médical de dénoncé « la compromission entre sionnelles. Un nouveau rapport, dents du travail vers l’assurance- fortes disparités » entre les régions. l’étiologie professionnelle des patho- les industriels, les experts et les re- commandé par le gouvernement maladie pour compenser ce sur- L’Ile-de-France (25,3 % des sala- logies », et au risque de perte de présentants des pouvoirs publics ». précédent en avril 1997, et remis coût, tout en créant une Les déclarations sont riés) ne représente que 12,5 % des revenus ou de licenciement pesant Les chefs d’entreprise sont d’au- en octobre à Martine Aubry, mi- commission chargée de voir si cas reconnus ; la région Pays de la sur le salarié en arrêt maladie. tant plus réticents qu’une véritable nistre de l’emploi et de la solidari- cette somme correspondait bien « très inférieures Loire (5,1 %) donne lieu à 12,8 % La commission estime que les transparence entraînerait une té, vient le confirmer. aux charges indues supportées par des cas reconnus nationalement. pouvoirs publics doivent pour- hausse de leurs cotisations. Présidée par Alain Deniel, l’assurance-maladie. à celles constatées Cet écart s’explique par la nouvelle suivre cinq objectifs : améliorer conseiller-maître à la Cour des La commission estime entre 888 procédure expérimentée à Nantes l’information statistique ; mettre Jean-Michel Bezat comptes, une commission d’ex- et 904 millions la charge annuelle à dans d’autres pays depuis 1987, qui a multiplié par en commun les compétences des perts conclut que le coût de ces transférer sur la branche accidents sept le nombre de déclarations et médecins (libéraux, Sécurité so- maladies pèse trop lourdement sur du travail. Elle ne cache pas qu’«il comparables » qui a eu une incidence sur le ciale) et de l’inspection du travail ; la branche maladie de la Sécurité s’agit d’une hypothèse basse », car nombre de cas d’affections re- améliorer « très sensiblement » la sociale et trop peu sur celle des ac- elle n’a pu obtenir aucune donnée connues comme maladies profes- formation initiale et continue des cidents du travail, dont la situation exploitable sur les maladies les Le nombre de cas de maladies sionnelles. praticiens ; renforcer le rôle des est pourtant assainie. plus coûteuses par leur nombre, professionnelles reconnues est Les maladies non reconnues 6 000 médecins du travail pour Cette situation s’explique, selon comme les troubles musculo- pourtant passé de 8 847 en 1992 à sont nombreuses, le salarié ayant identifier très vite ces maladies le rapport, par un « décalage per- squelettiques qui se développent 10 186 en 1995 (+ 15 %). Entre 1993 du mal à prouver son exposition dans les secteurs à risques ; obliger sistant » entre la réalité des patho- avec le travail sur ordinateur. et 1995, les dépenses générées au risque. « Les enquêtes sont effec- l’employeur à déclarer à la Sécuri- logies et les tableaux officiels re- L’évaluation de 900 millions est pour incapacité temporaire de tra- tuées par des agents administratifs té sociale et à l’inspection du tra- connaissant ces affections. S’y donc « très inférieure à la réalité vail (295 millions) ont progressé de des caisses maladie peu qualifiés vail les procédés susceptibles de ajoute une sous-déclaration « pro- des dépenses que la branche des ac- 26,6 %. Les déclarations sont « très pour ce type d’investigation et qui se provoquer ces maladies. bablement très importante » d’af- cidents du travail devrait suppor- inférieures à celles constatées dans satisfont des réponses très restric- A son dernier congrès, réuni à fections dont l’origine est d’autant ter ». d’autres pays comparables », tives ou négatives apportées par Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) du 16 plus difficile à prouver qu’elles La commission a été « frappée comme le Royaume-Uni où, par l’employeur quant à la preuve de au 20 septembre, la Fédération na- surviennent souvent chez des re- par la pauvreté des statistiques sur exemple, « le nombre de mésothé- l’exposition au risque », relève le tionale des accidentés du travail et LeMonde Job: WMQ1211--0006-0 WAS LMQ1211-6 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0294 Lcp: 196 CMYK

6 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 FRANCE

Les indépendantistes radicaux Alain Juppé fait son autocritique contrôlent l’Union calédonienne LA RÉÉLECTION, lundi 10 novembre, de Bernard Lepeu à la présidence sur la campagne des législatives de l’Union calédonienne (UC) confirme la radicalisation de la principale composante du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS). Les militants indépendantistes ont aussi éliminé du bureau politique de Anne Sinclair a recueilli les premières confidences de l’ancien premier ministre l’UC Léopold Jorédié, président de la province Nord, et Roch Wamytan, président du FLNKS, deux hommes qui avaient marqué leurs distances Après avoir arrêté son émission sur TF 1, Anne met, dans son nouveau livre, d’apporter des législatives. Pour la première fois depuis son dé- avec la décision prise il y a un mois de bloquer l’accès aux centres mi- Sinclair a entrepris d’interroger les principaux éclairages sur la préparation de la campagne part de Matignon, Alain Juppé a accepté de niers du groupe Eramet-SLN. M. Lepeu avait été porté à la présidence acteurs de la vie politique française. Cela lui per- présidentielle et sur l’échec de la droite lors des confier sa vision des événements. de l’UC, il y a un an, avec la mission d’imposer à l’Etat l’approvisionne- ment en minerai de nickel pour le projet d’usine préparé par les in- IL NE DOIT PAS être facile de élections ou la rue. Or on ne sort de bon élève, exhaustif, sans flamme ». mier tour des législatives, il rentre dépendantistes. Cet « accès à la source » vient d’être approuvé par le « décrocher » quand, chaque di- la rue que par des “Grenelle”, Enfin, sa manière de gouverner, en de Bordeaux bien décidé à annon- gouvernement (Le Monde du 4 novembre). – (Corresp.) manche ou presque pendant des comme en mai 1968. Et les “Gre- montant au créneau sur tous les su- cer qu’il quitterait ses fonctions années, on a interrogé, les yeux nelle”, je connais, ça coûte horrible- jets en lieu et place de ses mi- quoi qu’il arrive. « Ne brûlez pas DÉPÊCHES dans les yeux, toutes les gloires ment cher, ce qui, dans la conjonc- nistres, appelle ce commentaire tous vos vaisseaux. Si on gagne d’une SÉNAT : le bureau du Sénat doit examiner, mercredi 12 novembre, la de la politique, ture européenne actuelle, se serait stupéfiant : « C’est vrai, c’était une voix, je vous renomme premier mi- demande de levée d’immunité parlementaire formulée par le parquet présidents et traduit par un bond en arrière. Dans erreur. Mais la vraie question qui se nistre ! », aurait alors plaidé Jacques d’Evry à l’encontre de Xavier Dugoin, sénateur et président RPR du présidentiables, de telles circonstances, un républi- pose est celle de savoir pourquoi la Chirac. « Juppé lui-même reste conseil général de l’Essonne, dans le cadre de deux enquêtes judiciaires étoiles montan- cain donne la parole au peuple. » majorité d’alors, c’est-à-dire l’oppo- confondu devant tant d’obstination concernant des salaires versés à trois proches de M. Dugoin par deux fi- tes ou filantes. sition d’aujourd’hui, est si pauvre en fidèle », remarque Anne Sinclair. liales de l’entreprise de bâtiment Parachini, et un « manuel de corrup- Interrompre un hommes de gouvernement. » tion » trouvé par la police au domicile d’un ancien élu RPR, qui met en tel rendez-vous « Ce n’était qu’un Reste la dissolution et l’échec de Gérard Courtois cause M. Dugoin. – (Corresp.). laisse probable- mai-juin 1997. « Ce qu’on n’avait a SÉMINAIRE : le premier ministre a réuni, samedi 8 novembre, à ment comme devoir de bon élève, pas vu, c’est le rejet de ma per- ૽ Deux ou trois choses que je sais Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), l’ensemble de son cabinet pour un manque. Sans doute est-ce la sonne », note lucidement Alain Jup- d’eux, d’Anne Sinclair, Grasset, « fortifier sa cohésion », tirer le « bilan des cinq premiers mois de gouver- raison pour laquelle, à peine eut- exhaustif, pé, trois mois plus tard. Et il pour- 321 pages, 118 francs. nement » et tracer les « perspectives de travail pour l’année 1998 ». elle annoncé, au début de l’été, suit, à propos de la campagne qu’elle mettait un terme à son sans flamme » législative : « Chirac, Pilhan et moi émission « 7 sur 7 », Anne Sinclair avons fait l’erreur de ne pas choisir a décidé de retourner voir la plu- notre discours. Ou bien on disait : Le maire FN d’Orange met les journalistes au pilori part de ces interlocuteurs et Le témoignage d’Alain Juppé est “ C’est une nouvelle étape, il nous d’écrire ces Deux ou trois choses que beaucoup plus original. Non seule- faut un nouveau premier ministre ”, AVIGNON Bompard se vante d’avoir réussi à organiser un spec- je sais d’eux, que vient de publier ment parce qu’il revient, pour la ou bien on se battait sur la ligne “ Ce de notre correspondante tacle estival ayant rassemblé 3 000 personnes alors que Grasset. première fois depuis son départ de n’est pas un problème d’homme, Jup- Le maire Front national d’Orange, Jacques Bompard, la ville de Vaison-la-Romaine a dû annuler un gala de Après d’autres, anecdotes et l’hôtel Matignon, sur les deux an- pé reste en place et voici ce que nous n’aime pas la contradiction, surtout lorsqu’elle pro- Sylvie Vartan, faute de spectateurs. Réponse d’Alain confidences à l’appui, elle refait le nées qu’il y aura passées, mais sur- ferons ”. Il fallait aborder le pro- vient des journalistes. Ces derniers jours, la pression Guttadauro : Vaison a annulé parce qu’il pleuvait des récit de ce qui – pour Edouard Bal- tout parce qu’il le fait avec une blème de face. Nous avons voulu sur- est montée d’un cran, notamment entre les journa- cordes. Preuves à l’appui : le bulletin du service de Mé- ladur, Jacques Chirac ou Alain Jup- franchise et une liberté de ton in- fer sur la vague. Chirac voulait me listes du quotidien La Provence en poste à Orange et la téo France et de l’organisateur du gala. Et à nouveau pé – « aurait pu être une histoire habituelles. Etait-il prêt à exercer garder, mais Pilhan lui disait tous les mairie, qui n’hésite pas à placarder des dazibaos dé- l’affiche vengeresse fleurit. « Alain Guttadauro, journa- d’amour » avec les Français et dont les fonctions de premier ministre jours que c’est moi qui plombais la noncant nominativement les « coupables ». liste à La Provence, pris la main dans le sac. » Avec cette il ne reste, aujourd’hui, que le goût en mai 1995 ? « Non et j’ai eu tort. » campagne. Il n’a pas choisi de ligne Tout a commencé le 24 octobre par un billet d’hu- conclusion : « M. Guttadauro n’aime pas les vérités qui amer d’un « rendez-vous manqué, Que pense-t-il, avec le recul, de son et la campagne a boité sur une cote meur signé Christophe Nobili, qui conteste l’analyse dérangent sa bonne conscience de militant journaliste. » un jour de pluie, sous l’abri-bus ». premier gouvernement ? « Il était ni mal taillée. » faite par M. Bompard de l’évolution de la délinquance. Cette fois, c’est trop, le directeur de la rédaction de Sur « l’étrange suicide politique » fait ni à faire. Je voulais une équipe Alain Juppé revient enfin sur l’at- Cette diatribe provoque le jour-même la colère de la La Provence, Laurent Gilardino, prend sa plume le auquel a conduit sa décision de dis- resserrée et Chirac m’incitait à en ra- titude du chef de l’Etat à son égard. mairie, qui placarde une affiche sur le panneau d’infor- 7 novembre pour fustiger le maire d’Orange. soudre l’Assemblée nationale au jouter tous les jours – trente-cinq, En novembre 1996, assure-t-il, il mation municipal : « Christophe Nobili, journaliste à La « M. Bompard n’est pas content de La Provence, c’est printemps dernier, Jacques Chirac trente-six, trente-sept ministres –, en tente de convaincre Chirac de Provence, dit n’importe quoi. » Le 29 octobre, c’est un son droit évident et, pour tout dire, nous serions inquiets reste laconique, le 24 juillet, lors disant “Qu’est-ce qu’un de plus, changer de premier ministre et billet signé Alain Guttadauro, sur la traversée de la ville du contraire. M. Bompard croit pouvoir prendre à partie d’un entretien en tête-à-tête avec alors que ça leur fait tellement plai- s’entend répondre : « Je ne change- par les convois exceptionnels, qui a le malheur de dé- nos rédacteurs en clouant leurs noms sur les panneaux Anne Sinclair. Sauf à prendre pour sir” .» rai pas pour deux raisons : d’abord plaire. Le journaliste du quotidien régional est accusé municipaux comme au pilori, ce qui pour le coup relève argent comptant cette surprenante Quant à son discours de politique parce que vous êtes le meilleur, et nommément par affiche de prendre pour argent de la justice. » explication : « J’étais certain que le générale, le 19 mai 1995, « il n’était parce que je n’ai pas de solution de comptant les directives préfectorales. choix qui était devant nous, c’était les pas bon. Ce n’était qu’un devoir de rechange. » Au lendemain du pre- Dans le bulletin municipal Orange vérité, Jacques Monique Glasberg

CARNET

Naissances – Mme Gilbert Courtois de Viçose, – M. Robert Burou, – Les Pères maristes – Saint-Tropez. Paris. Nice. – Souvenez-vous de Mme Anne Courtois de Viçose, son époux, font part du décès du Mme Robert Maddalena, Catherine ASTORG, me Annie Santamaria, Kisryl BRZYSKI. M. et M Axel Courtois de Viçose, née Charlotte Oliva, Didier GONZALEZ me sa fille, M. et M François Courtois de Viçose, Père Marcel JACOB, son épouse, et Justine Norbert Santamaria, Arrêté le 14 mai 1941 par la police de ont la très grande joie d’annoncer la M. et Mme Jean-Louis ancien directeur Gilles et Dominique, et leurs enfants, Olivier et Inès, de Sainte-Marie de Sierck-lès-Bains Vichy, interné à Pithiviers, il fut déporté naissance de Courtois de Viçose, ses fils, dans le convoi no 42 à Auschwitz, où il fut François Burou, et de Notre-Dame de Bury, Carole, Jane, Agnès, Cyril et Romain, Leurs enfants, petits-enfants et arrière- son fils, assassiné le 11 novembre 1942. Il avait petits-enfants, ses petits-enfants, trente-cinq ans. Nicolas, Mme Andrée Tardieu, née Poveda, survenu à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Les familles Dischamp, Robert, Oliva, ont le profond chagrin de faire part du dé- Mme Suzanne Dauriac, née Burou, cès de Tari, Bonté, Ozenda et Soldaini, Il eut la douleur de voir sa femme, le vendredi 7 novembre 1997, à 20 h 40, à Sa famille et ses amis, Ses obsèques seront célébrées le ven- Parents et alliés, Paris. font part du décès de dredi 14 novembre 1997, à 14 heures, en ont l’immense tristesse de faire part du Blima, M. Gilbert l’église d’Offendorf, Bas-Rhin. décès de 23, rue Sadi-Carnot, COURTOIS de VIÇOSE, Mme Robert BUROU, et ses quatre enfants : 92120 Montrouge. officier de la Légion d’honneur, née Paulette POVEDA. 6, rue Jean-Ferrandi, M. Robert MADDALENA, officier de l’ordre architecte DPLG-urbaniste, Marcel, 11 ans, 75006 Paris. Albert, 9 ans, de la Couronne de Belgique, Les obsèques ont été célébrées dans la officier de l’ordre de Léopold, survenu le 6 novembre 1997, à Nice, dans Rosette, 4 ans Décès plus stricte intimité le 3 novembre 1997. sa quatre-vingt-deuxième année. et Victor, 2 ans, – Raymond et Liliane Pellerin, survenu à Toulouse, le 9 novembre 1997. La crémation aura lieu le mercredi Des dons peuvent être adressés à Denis, Marie, Sophie, Laurent, Valérie, arrêtés lors de la « rafle » du Vél’ d’Hiv, le me 12 novembre. Rendez-vous à 10 h 45, au – M Lina Benjelloun, née Floch, l’Association «Les Jeunes Henri et Jacqueline Boublil, 16 juillet 1942. sa mère, La cérémonie religieuse sera célébrée handicapés », 31370 Lahage. crématorium de Vidauban (Var). me Hervé, Florence, Thierry, Elisabeth M Simone Benjelloun, née Oscare, le jeudi 13 novembre, à 10 heures, en Koskas et Julie, Ni fleurs ni couronnes. Rosette SCHALITT-BRZYSKI, l’église réformée, place du Salin, à Tou- son épouse, 67-69, avenue Paul-Doumer, Nelly Koskas, me louse. seule rescapée, internée politique à quatre M Joumana Schmidt Matray, 75116 Paris. ses enfants et petits-enfants, La famille remercie par avance toutes sa fille, 2 ter, avenue de la Villa-de-la-Réunion, les personnes qui prendront part à sa ans comme terroriste, n’oublie rien, ne Les familles Koskas, Chaltiel, Coscas peine. pardonne rien. Ainsi que ses petits-enfants, 3, rue Mage, 75016 Paris. et Guez, Bettina, Lydia et Mehdi, 31000 Toulouse. Parents, alliés, 10, allée Château-Martin, Mme Latifa Benjelloun Laroui, ont la douleur de faire part du décès de 83580 Gassin – Le 12 novembre 1987, mourait sa sœur, – Les membres de l’IPSO – Le président Jacques Fossat, ont l’immense douleur de faire part du qui participaient chaque année à la Emile CAMELOT. Et les membres du conseil d’adminis- journée scientifique commune IPSO- Rachel KOSKAS, me décès de leur cher et regretté, née GUEZ, – M Georges Nay, tration, Centre A. Binet qu’avec P. Marty son épouse, Il a vécu dans l’amour de la vie. Avec Ainsi que les collaborateurs de Cour- M. et Mme Jean-Gérard Nay, Jamil BENJELLOUN, leur mère, grand-mère, arrière-grand- amour, nous le suivons. tois SA, le professeur René DIATKINE Le docteur François Nay, Il nous voit et nous le reverrons. administrateur de sociétés, mère, sœur et tante, survenu à son domi- Mme Catherine Nay, ont la tristesse de faire part du décès de cile, le 9 novembre 1997. son administrateur et président d’honneur, avait fondée, il y a près de vingt ans, M. Dominique Nay Jacqueline, survenu le 8 novembre 1997, à s’associent au deuil des siens et de ses et Mme Micheline Morissonneau, son épouse, Casablanca (Maroc). proches et conservent vivante la richesse Les obsèques auront lieu mercredi Jean-François, Alexandra, Jean-Arthur, Ainsi que toute sa famille. M. Gilbert de sa pensée, de sa pratique et de ses 12 novembre, à 10 h 30, au cimetière de Ses enfants et petits-enfants, L’inhumation a eu lieu, dans le caveau COURTOIS de VIÇOSE, échanges. Pantin. ont la très grande douleur de faire part du officier de la Légion d’honneur, familial, au cimetière des Martyrs, à (Le Monde du 6 novembre.) décès de Remerciements Casablanca. officier de l’ordre Cet avis tient lieu de faire-part. de la Couronne de Belgique, M. Georges NAY, – Mme Marie Peretti, officier de l’ordre de Léopold, chevalier de la Légion d’honneur, « Que Dieu veuille bien le recevoir me ses enfants et petits-enfants, – M. et M Jean Gaulier, ingénieur des Arts et Métiers, me en sa grande miséricorde. » ses enfants, – Renée Lucas, M. et M René Pietri, survenu à Toulouse, le 9 novembre 1997. leurs enfants et petits-enfants, Laurence Gaulier, son épouse, survenu le 8 novembre 1997. Parents et alliés, 15, rue Louis-David, sa petite-fille, Dominique et Gilles, La cérémonie religieuse aura lieu le 510, boulevard Panoramique, La cérémonie religieuse sera célébrée remercient toutes les personnes qui, par Ginette Gaulier, ses fils, mercredi 12 novembre, à 15 heures, en leur présence, messages et dons, se sont Les Crêtes, Casablanca. le jeudi 13 novembre, à 10 heures, en Suzanne Avril, l’église Saint-Martin de Périgueux, sa l’église réformée, place du Salin, à Tou- sa sœur, associées à leur peine lors du décès de 24, rue de l’Annonciade, me paroisse, suivie de l’inhumation au cime- louse. M Marguerite Bonnal, leur mère, Monte-Carlo, sa compagne, Yvan, Alexandre, Nina, tière de Périgueux, dans le caveau de fa- M. Lucien PERETTI. Principauté de Monaco. Et les familles Gallibert, Clavet, ses petits-enfants, mille. 3, rue Mage, Dessoit, ont la tristesse de faire part du décès de Condoléances sur registre. 31000 Toulouse. ont la tristesse de faire part du décès de Cet avis tient lieu de faire-part. Communications diverses – L’Association nationale tzigane Bernard LUCAS, d’enseignement et de pédagogie scolaire, Appelé très jeune à la tête de la Banque M. Georges GAULIER, 146, rue Victor-Hugo, Le département documentation Louise Falck, Courtois après la disparition de son père, survenu le 8 novembre 1997. 24000 Périgueux. Hypermedia sa directrice, mort en déportation, il a assuré dans cette survenu le 7 novembre 1997, dans sa de l’université Paris-VIII époque difficile la fonction de consul gé- organise une journée d’étude Arlette Laurent-Fahier, quatre-vingt-dixième année. Les obsèques auront lieu le néral de Belgique, préservant la vie et les – Un homme nous a quittés. le 18 novembre 1997 : sa conseillère, intérêts de nombreux ressortissants. 12 novembre, au crématorium de Christiane Bénicourt, Les obsèques auront lieu dans l’intimité Montpellier, dans l’intimité familiale. « Pour une culture information- familiale. Joseph SIGRIST. sa secrétaire générale, Tout au long de sa vie, par son action nelle ». Intervenants : Claude Baltz Eric Debarbieux, Parc Saint-Clair, Nous l’avons beaucoup aimé. (université Paris-VIII), Bernard Stiegler dans Tofinso et l’IRDI, il a participé au 16, avenue du Général-de-Gaulle, son trésosier, développement de la région toulousaine, Boulevard J.-M.-Grangent, (INA), Alain Lebaube (Le Monde), Eric 94160 Saint-Mandé. 34200 Sète. Myriam Fellous-Sigrist, Allart (IBM France), André Geoffroy Ses monitrices, en synergie avec la communauté bancaire, 27, route de Thenisy, Michèle Fellous, dont il fut pendant plus de trente ans le fé- (France Télécom), Daniel Confland Et les centaines d’enfants qu’il a aidés, 77520 Sognolles-en-Montois. dérateur en tant que président de l’Asso- (DISTNB), Hervé Seyriex (délégué inter- ont la douleur d’annoncer le décès de leur 44, boulevard de Lozère, ministériel à l’insertion des jeunes). président, ciation française des banques Midi-Pyré- 91120 Palaiseau. nées et président de l’OCBF sur le plan – Ses petites-filles, CARNET DU MONDE Au Carré des sciences, amphithéâtre national. Poincaré, 1, rue Descartes, Paris-5e, de Fernand BÉNICOURT. En outre, en accord étroit avec Pierre Ses fils et belles-filles, rendent hommage à Fax : 01-42-17-21-36 Anniversaires de décès 9 h 30 à 18 heures. Renseignements : Guillaumat, il a présidé pendant de 01-43-72-99-80. Il est parti pour le grand voyage le jeudi longues années « La Ligue contre le can- Téléphone : – Il y a dix ans, le 12 novembre 1987, 6 novembre 1997. cer », pour le comité de la Haute-Ga- Magdeleine GUIBERT, ronne, ainsi que de nombreuses autres as- 01-42-17-39-80 Robert GALLAND – Maison de l’hébreu : 01-47-97-30-22. ANTEPS, sociations. décédée le 9 novembre 1997. 01-42-17-38-42 nous quittait. Lire en deux heures, maîtriser le langage bi- 34, sentier de la Jarrie, Il restera un exemple pour chacun 01-42-17-29-96 blique ou parler israélien en dix séances (ou 93370 Montfermeil. d’entre nous. Famille Chapront. Ses proches et ses amis se souviennent. à distance). LeMonde Job: WMQ1211--0007-0 WAS LMQ1211-7 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0295 Lcp: 196 CMYK

7 SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

ÉDUCATION Un fort avis de gnants. b NEUF SYNDICATS ont écrit, haite déconcentrer ce mouvement la fin novembre. b M. ALLÈGRE a par Les établissements devront appli- tempête est annoncé dans l’éduca- le 10 novembre, à Claude Allègre qui organise les changements de ailleurs publié une circulaire permet- quer dès cette année les nouvelles tion nationale à propos du dossier pour protester contre une réforme postes. Dénonçant un « coup de tant la mise en œuvre d’une des prin- modalités d’examen et de contrôle sensible des demandes de mutation du mouvement national qui se ferait force », le SNES, principal syndicat cipales dispositions de la réforme des connaissances. Lire aussi notre et de la gestion des effectifs ensei- sans concertation. Le ministre sou- du secondaire, menace d’une grève à Bayrou de l’enseignement supérieur. éditorial page 10. Les syndicats s’opposent à M. Allègre sur la gestion des enseignants Neuf organisations syndicales ont écrit, le 10 novembre, au ministre, l’accusant de vouloir réformer la procédure de mutation des personnels. Par ailleurs, une vive polémique se développe sur le nombre d’enseignants dits « en surnombre », 30 000 selon le SE-FEN

NEUF SYNDICATS d’ensei- tation avec la direction des per- casse-tête. Bien que 28 000 maîtres tières de lycées d’enseignement gnants, à l’exception du SE-FEN et sonnels enseignants (DPE), les si- auxiliaires (MA) aient été réem- professionnel et général. En ur- de FO, ont envoyé une lettre gnataires estimeraient ployés cet été, l’administration de gence, le ministère a fait appel à commune à Claude Allègre, lundi « inacceptable » de changer les l’éducation nationale a dû recruter des étudiants admissibles aux der- 10 novembre, afin de protester règles du jeu « sans que le débat ait depuis le mois de septembre, niers concours de recrutement, car contre le blocage de la procédure eu lieu sur les différentes concep- 2 000 nouveaux MA, contractuels ils sont « susceptibles d’être admis de mutation des personnels du se- tions en présence ». Ils ajoutent ou vacataires. Le ministère avait aux prochains concours », et à des cond degré pour 1998. En décla- que « différer plus longtemps la pa- pourtant indiqué en juillet aux rec- attachés temporaires d’enseigne- rant, dès l’été, qu’il entendait « dé- rution [de la note de service] teurs que « tout recours à de nou- ment et de recherche (ATER) en graisser le mammouth », le conduira à désorganiser profondé- veaux maîtres auxiliaires [était] ex- fin de contrat à l’université. « Ain- ministre de l’éducation nationale ment la préparation de la rentrée clu ». Par ailleurs, six membres du si, le stock de MA ne devrait pas n’avait pas caché sa volonté de dé- 1998 ». « Collectif national des reçus-col- augmenter », parie la Rue de Gre- concentrer le mouvement natio- lés » (des candidats admis sur nelle. Parmi ces deux mille recrues, nal. « COUPS DE FORCE » listes complémentaires aux on trouve également des ex-sur- Très attendue par les ensei- Est-ce à dire que tous les syndi- concours de l’éducation nationale) veillants, des anciens MA qui gnants, une copieuse note de ser- cats entrent en résistance contre ont entamé, mardi 4 novembre à n’avaient pas de poste depuis plus vice lance tous les ans le « mouve- le« dégraissage du mammouth » ? Paris, une grève de la faim. Ils ré- de deux ans et même quelques re- ment » qui permet à ceux qui Pas tout à fait, car certains des si- clament que les 104 personnes qui çus-collés. « C’est bien la preuve veulent changer de poste de poser gnataires, comme le SGEN-CFDT restent sur les listes du jury du que les besoins existent », s’insurge leur candidature. En 1996, elle était ou le SNALC, sont partisans d’une Capes de mathématiques, soient l’un d’entre eux. parue le 7 novembre. Les repré- révision du « mouvement », tout intégrées. Pour le SE-FEN, cette situation sentants syndicaux stigmatisent en désapprouvant la manière em- « témoigne de l’absurdité d’un sys- « la méthode » du ministre, qui re- ployée. De même, le SE-FEN, bien « PROBLÈMES D’AJUSTEMENT » tème qu’il faut impérativement ré- tient cette note, afin de réfléchir, que demandeur de la déconcentra- « Nous rencontrons des pro- former. Cette gestion ne peut plus selon son cabinet, « à des expé- tion « du mouvement et du recrute- blèmes d’ajustement entre les postes durer ». Pour sa part, le SNES riences ou à des simulations de dé- ment, » s’oppose à ce qu’elle ait précipitation. Mais le SNES, prin- choses ponctuelles qui peuvent se à pourvoir et la ressource humaine conteste les « surnombres » dé- concentration [du mouvement] sur lieu dès 1998. Il a écrit, de son côté, cipal syndicat du second degré et faire simplement » sont à l’étude. dont nous disposons », concède-t- noncés par son concurrent syndi- une partie des académies ». Alors le 7 novembre, à Claude Allègre qui demeure un farouche défen- M. Allègre refuse d’en dire davan- on du côté du ministère. D’après le cal et les estime à environ 3 000 ou que le texte a été établi en concer- pour le mettre en garde contre la seur des mutations gérées sur le tage, mais une réunion de cabinet SE-FEN, il existerait 30 000 ensei- 4 000, cantonnés à l’histoire-géo- plan national, est prêt à entrer en doit avoir lieu, mercredi 12 no- gnants en surnombre (Le Monde graphie et à la physique. En aucun guerre. Dénonçant les « coups de vembre, à ce sujet. « Je vais bien daté 19-20 octobre), « dont quel- cas, il ne s’agirait de 30 000 ensei- Drôle de valse dans l’académie de Rouen force » à répétition du ministre, ce sûr engager une concertation, c’est que quatorze mille MA et dix mille gnants payés et inemployés. syndicat voit dans une réforme du la loi, et je ne suis pas connu pour titulaires ». Ce chiffre représente Ainsi, en réemployant tous les Pour illustrer la complexité, l’absurdité parfois, de la gestion des mouvement « une forme de dé- violer la loi », ajoute le ministre. près de 10 % des 365 000 ensei- MA, Claude Allègre a résolu «un personnels enseignants, les professeurs du lycée Georges-Brassens mantèlement » du système éduca- Pour leur part, les syndicats gnants du second degré public. On problème social aigu ». Mais le re- de Neufchâtel-en-Bray, en Seine-Maritime, ont raconté dans un tif. « C’est suffisamment grave pour trouvent amer que le ministre est bien loin du « zéro défaut », ré- crutement de ces personnels a ac- communiqué « comment trouver des professeurs d’espagnol dans l’aca- que nous décidions de proposer la vante la « modernité du dialogue clamé par Claude Allègre, afin de centué les dysfonctionnements démie de Rouen ». Cela a été une valse à plusieurs temps. grève à compter de fin novembre si social dans le conflit des routiers, parvenir à ce qu’il n’y ait « aucune dans la gestion des affectations Un maître auxiliaire enseignant cette langue a d’abord été nommé ces décisions ne sont pas revues », mais que celui-ci s’arrête à l’éduca- classe sans professeur et aucun pro- des enseignants. C’est l’ensemble à l’année dans leur établissement. Puis, la Toussaint venue, on a été menace sa secrétaire générale, tion nationale ». Tous demandent fesseur sans classe ». de cette complexe machinerie qui chercher à Perpignan, à 1 000 kilomètres de là, un chargé de cours de Monique Vuaillat. l’ouverture rapide de négociations Toute la difficulté réside dans le est désormais au centre de la tem- l’enseignement supérieur. Dans l’urgence, celui-ci a laissé en plan Agacé par ces réactions, le mi- et la publication immédiate de la croisement entre personnels dis- pête syndicale déclenchée par les ses étudiants et pris la classe du maître auxiliaire, à qui l’on a de- nistre de l’éducation estime « la- circulaire préparant la rentrée. ponibles, affectations géogra- visées ministérielles. mandé d’aller boucher des trous ailleurs dans l’académie. Mais, mentable d’écrire des lettres sur des Ce conflit intervient alors que la phiques et disciplines à assurer. concluent les enseignants, « on multiplie les déclarations fracassantes rumeurs », tout en reconnaissant gestion du personnel enseignant Lors de la rentrée, des postes sont Sandrine Blanchard et sur le “zéro défaut” et la gestion au plus près du terrain ». que des « déconcentrations sur des dans le second degré tourne au restés vacants dans certaines ma- Béatrice Gurrey

DÉPÊCHES Certaines des mesures de la réforme Bayrou de l’Université sont confirmées a INTERPELLATIONS : quatre Basques espagnols, trois IL AURA FALLU quatre mois à Claude notes dépassant la moyenne. Enfin, tout adopté un régime « mixte ». Sur 56 facultés pas agité le chiffon rouge d’une velléité de hommes et une femme, Allègre, ministre de l’éducation nationale, étudiant sera autorisé à s’inscrire en li- de droit, 52 avaient prévu de suspendre le retour en arrière auprès des syndicats ». membres présumés de l’ETA, pour se prononcer définitivement sur la cence ou en maîtrise même s’il lui manque système traditionnel d’admissibilité-ad- L’UNEF-ID, principal syndicat étudiant, l’a ont été arrêtés, lundi 10 no- mise en œuvre de la réforme des études une ou deux unités de valeur, qu’il devra mission, mais uniquement en première an- d’ailleurs salué comme tel, en évoquant à vembre, à Orléans (Loiret). Des des premier et deuxième cycle à l’universi- néanmoins obtenir l’année suivante pour née. nouveau une « victoire des étudiants ». faux documents d’identité, de té. Quatre mois d’hésitations avant de se valider son diplôme de DEUG ou de li- Les responsables de la Fédération des as- fausses cartes de policiers rallier aux principales dispositions du texte cence. « PLUS SUR L’ESPRIT QUE SUR LA LETTRE » sociations générales étudiantes (FAGE) ne basques, des cartouches et des adopté le 9 avril, sous la responsabilité de A première vue, Claude Allègre pouvait Face à cette diversité de situations, le mi- dissimulent pas, en revanche, leurs inquié- composants de systèmes de mise son prédécesseur, François Bayrou, avec difficilement déjuger une réforme qui nistre a tranché. « Je ne souhaite pas, écrit- tudes. Selon eux, la publication tardive du à feu d’explosifs ont été retrouvés l’accord de la quasi-totalité des syndicats étend à l’ensemble des formations, droit et il, que des aménagements des dispositions texte risque de placer la majorité des éta- dans leur appartement. Ces arres- d’enseignants et d’étudiants. sciences économiques comprises, la réno- transitoires, effectuées dans l’urgence, blissements dans l’illégalité. Soit parce tations font suite à l’interpella- Dans une circulaire adressée à l’en- vation pédagogique initiée, sous sa respon- puissent laisser planer un doute sur la volon- qu’ils auront décidé de ne pas appliquer les tion, le 7 novembre, à La Rochelle semble des universités, le 5 novembre, et sabilité, en 1992 puis en 1993. Il l’avait indi- té du gouvernement d’appliquer la ré- nouvelles dispositions à l’ensemble des (Charente-Maritime) de trois res- signée par Christian Forestier, directeur gé- qué dès son arrivée rue de Grenelle, non forme. » Ferme sur les principes du formations, soit parce qu’ils auront dépas- sortissants basques espagnols, néral des enseignements supérieurs, le mi- sans introduire une nuance qui explique les contrôle des connaissances – de toute évi- sé le délai d’un mois après la rentrée, pres- membres de l’organisation sépa- nistre confirme les modifications du atermoiements de ces derniers mois. «Les dence l’aspect le plus symbolique pour cer- crit par la loi Savary de 1984. ratiste ETA : José Ramon Naveiro contrôle des connaissances, avec l’organi- universités qui ont adopté la réforme Jospin- taines organisations syndicales (SGEN, Malgré la crainte de recours de plus en Gomez, décrit comme l’animateur sation d’une session de rattrapage en sep- Lang de 1992 peuvent oublier la réforme Snesup, UNEF-ID et UNEF) –, Claude Al- plus fréquents devant les tribunaux, des membres de l’organisation sé- tembre, l’évaluation des enseignements, Bayrou. Celles qui avaient résisté, en re- lègre n’en laisse pas moins une entière li- Claude Allègre a choisi d’assumer ce paratiste basque « en réserve » en l’anonymat des copies. Ces mesures s’ap- vanche, devront l’appliquer », avait affirmé berté aux universités pour compléter risque. Le ministre mise sur le renouveau France, sa compagne Idoia Marti- pliquent dès cette année en DEUG, licence M. Allègre dans un entretien à Libération, l’autre volet de la réforme avec l’organisa- de la politique contractuelle et sur l’auto- nez Garcia, membre présumé du et maîtrise. Plus précisément, toutes les le 11 juillet. tion pédagogique, les nouvelles unités nomie des établissements pour encourager commando Madrid, et Roberto universités devront généraliser, lors des Certaines universités avaient en effet d’enseignement et la réorientation en fin les efforts d’innovation assortis d’incita- Murguiondo. Ceux-ci ont été mis examens, les principes de la compensation tenté d’obtenir un aménagement du texte de premier semestre. tions financières. Pour preuve, précise-ton en examen et écroués, lundi sans note éliminatoire, de la capitalisation prévoyant une période transitoire. A l’issue Pour Bernard Saint-Girons, premier vice- dans son entourage, 400 à 500 postes d’en- 10 novembre, par le juge Laurence et du passage conditionnel. d’une rapide enquête, André Lespagnol, président de la Conférence des présidents seignants, sur les 3 000 prévus au budget, Le Vert. Dans la réalité, cela signifie que les étu- chargé de présider la commission de suivi d’université, la circulaire ministérielle devraient être affectés à la rénovation pé- a TERRORISME : des peines de diants pourront passer dans l’année supé- de la réforme, avait relevé que sur 75 uni- « fournit des indications plus sur l’esprit que dagogique, notamment en droit, pour rele- deux à huit ans d’emprisonne- rieure en ayant obtenu la moyenne géné- versités, 6 avaient conservé le régime de sur la lettre de la réforme ». Tout en consta- ver les taux d’encadrement des étudiants. ment ont été requises, lundi rale à l’ensemble des matières. En cas 1992, 14 appliquaient celui de 1997, 5 uni- tant la « persistance de difficultés », il finit 10 novembre, devant le tribunal d’échec, ils conserveront le bénéfice des quement en première année et 43 ont par donner raison au ministre de « n’avoir Michel Delberghe correctionnel de Paris, par le substitut du procureur, Mme Anne Vosgien, contre les 29 membres, en majorité tunisiens, d’un réseau Des annonces tous azimuts qui suscitent l’exaspération de présumés terroristes isla- mistes. Accusés d’être liés au L’ÉDUCATION NATIONALE ministre, de gauche qui plus est, porte. Le constat est sans appel : le partenaires du ministre de l’éduca- politique. Front islamique tunisien (FIT), ils est-elle le champ de ruines que s’en prendre le matin aux ensei- lycée est « en panne », décrète le tion semblent se lasser de sa volon- Mais au sein d’un gouvernement, avaient été interpellés entre 1994 Claude Allègre, le ministre de l’édu- gnants, à leurs absences et à leurs ministre de l’éducation. Dans la té réformatrice tous azimuts. La cette marge de manœuvre a des li- et 1997. cation nationale, se complait à dé- syndicats, à midi à l’administration foulée, ce dernier annonce la tenue cible favorite de Claude Allègre, le mites. De plus, cette agitation finit a DIVORCE : la possibilité de di- crire au fil de ses interventions télé- centralisée du « mammouth » qu’il de nouvelles assises, peu éloignées Syndicat national des enseigne- par créer un rideau de fumée au- vorce sans passage devant le faut dégraisser, et le soir aux pro- dans le temps de la consultation ments du second degré (SNES), tour de l’édifice éducation natio- juge est une question qu’« il va ANALYSE grammes de l’école primaire qu’il préparatoire au nouveau contrat vient même de réussir à rassembler nale dont personne n’aperçoit plus falloir regarder », a indiqué, lundi faut alléger. La nuit, il s’occupera pour l’école en 1994. Et il ne se pas- la quasi-totalité des autres organi- les contours ni les structures. 10 novembre, la ministre de la jus- Déstabilisés, les inter- du lycée qu’il convient de revoir sera sans doute pas une semaine sations à propos du « dégraissage Quelles sont les priorités ? Quelles tice, Elisabeth Guigou. Elle a tou- locuteurs syndicaux toutes affaires cessantes. Entre- avant que M. Allègre ait trouvé un du mammouth », un sujet sur le- sont les urgences ? Claude Allègre tefois jugé cette mesure « très dé- du ministre pourraient temps, il aura pris de solides dispo- nouveau champ où exercer son quel il était jusqu’à présent isolé. affirme avec constance qu’il n’est licate parce qu’il ne faut pas fragiliser le mariage ». resserrer les rangs sitions à l’égard des enseignants talent modernisateur. « C’est une agression d’une extrême pas un magicien qui disposerait pédophiles, créé 40 000 emplois- gravité dont les conséquences d’une recette-miracle : chaque se- a JUSTICE : cinq anciens déte- jeunes, lancé un nouveau plan RIDEAU DE FUMÉE peuvent être particulièrement maine pourtant apporte son lot de nus innocentés ont été indem- visées et de ses entretiens dans la contre la violence et amorcé un Mais contrairement aux soupirs lourdes », clame le SNES, en ren- surprises et de nouvelles annonces. nisés, lundi 10 novembre, par la presse ? Depuis son arrivée rue de programme d’équipement en fa- de contentement que les dis- contrant pour la première fois A ce rythme, il n’est pas impossible Commission nationale d’indemni- Grenelle, l’ami et conseiller de Lio- veur des nouvelles technologies. cussions sur le nouveau contrat quelque écho. que les enseignants se crispent et sation en matière de détention nel Jospin, à qui l’on ne peut faire Le lancement d’une nouvelle ré- pour l’école avaient provoqué chez La stratégie du ministre de l’édu- que l’opinion se lasse. Et surtout provisoire (CNI). Mis en cause grief de méconnaître le système, ne forme du lycée, annoncée di- les interlocuteurs de François Bay- cation nationale consisterait-elle à que les uns et les autres finissent dans des affaires d’escroquerie, cesse de dénoncer les travers et les manche sur TF 1, n’aura pas man- rou, chaque nouvelle sortie de attaquer toutes les portes à coups par manquer du vrai carburant qui de fourniture illégale de médica- carences du système éducatif. qué de surprendre. Après tout, les Claude Allègre suscite une réaction de boutoir en se disant que l’une fait fonctionner une réforme : la ments et de viols sur mineurs, ils Ces discours flattent sans doute nouvelles séries du bac et les pro- plus exaspérée des milieux syndi- d’entre elles finira bien par céder ? confiance. ont reçu entre 12 000 et une opinion publique qui n’en re- grammes rénovés ne sont encore caux. Qu’il clame ses intentions ou M. Allègre va répétant qu’il se sent 50 000 francs. vient toujours pas d’entendre un qu’en période de rôdage. Qu’im- qu’il agisse dans la discrétion, les libre car il ne joue pas une carrière M. D. et B. G. LeMonde Job: WMQ2609--0012-0 WAS LMQ2609-12 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:23 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : PPDTEXT 18Fap:99 No:0158 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 HORIZONS PORTRAIT

L y a quelques mois, au barrage (tout en ignorant à Portugal, une nouvelle l’époque le trésor que renfermait le marionnette a fait son site), se trouvait en position de entrée à la télévision. Tête défendre le projet d’une réserve brune à lunettes, aux hydraulique gigantesque, où avait grandes dents blanches et déjà été engagé plus de 1,6 milliard aux airs de dandy, de francs ; à la gauche revenait, empressée auprès d’un contre le choix de la raison écono- premier ministre qu’elle mique, celui de la protection du submerge de sa science et de ses patrimoine culturel. Ibons conseils, la plus savante et la A travers ce débat essentiel, c’est plus déterminée de toutes les le rôle du ministère qu’il s’agissait marionnettes politiques des « Gui- de définir : défendre le point de gnols » portugais est en fait vue culturel dans la solution poli- ministre de la culture et s’appelle, tique, lier la culture au développe- « pour de vrai », Manuel Maria ment du pays au lieu de les oppo- Carrilho. ser, proposer le déplacement du Exception faite de son arro- barrage et la construction, à la gance, les marionnettistes sati- place prévue initialement, d’un riques, tout comme les critiques de parc archéologique. l’opposition, ont du mal à lui trou- Rien n’était joué. Carrilho, il ver des défauts flagrants, et ce l’avoue lui-même, est un maniaque n’est pas faute d’en avoir envie. des dossiers. « C’est vrai, j’ai Car, lorsque Antonio Gutteres, le l’obsession de tout connaître, d’étu- premier ministre du gouvernement dier chaque chose jusqu’à l’inutilité. socialiste élu le 1er octobre 1995, est C’est une maladie ! Mais, à côté de allé chercher son ministre de la Kant ou de Wittgenstein, tout me culture dans les amphithéâtres de semble léger. » Y compris les ques- la faculté de philosophie, cela pas- tions de physique liées à la préser- sait pour une idée bizarre. Un vation de gravures paléolithiques : Tournesol ou un Nimbus à la tête il étudie en détail les effets de l’eau, des affaires culturelles ? Un savant de l’acide, de la profondeur, tra- dans les nuages pour un métier vaille des heures durant avec des d’action et de pragmatisme ? Qu’il archéologues. « Ça a été une folie, soit en outre assez jeune (qua- se souvient-il avec une excitation rante-cinq ans), bel homme, enfantine, c’était la première fois vaguement play-boy et toujours que j’allais au Parlement. Personne élégant n’était pas pour arranger ne me connaissait. On me prenait ses affaires dans un pays où pour un intellectuel tête en l’air. l’attendaient au tournant ceux L’ancien ministre de l’industrie, qu’avait pris de cours une situation Mira Amaral, prétendait avoir politique inédite : pour la première recueilli l’avis d’experts selon les- fois depuis l’avènement de la quels les gravures n’auraient pas été démocratie portugaise, en 1974, le d’époque. A la fin de mon exposé, je Parti socialiste se trouvait, en effet, lui ai demandé : donnez-moi trois en mesure de gouverner tout seul. noms d’experts. Silence. Deux noms ! L’élection du socialiste Jorge Sam- Silence. Un nom ! Il n’a rien pu dire. paio à la présidence de la Répu- C’était fini. » blique, le 14 janvier 1996, mettait fin à une décennie de cohabitation EPUIS, le gouvernement a houleuse entre un gouvernement décidé d’abandonner le de droite libérale et le président de D projet de barrage et gauche Mario Soarès. Manuel Maria Carrilho a fait son Manuel Maria Carrilho les a bien entrée aux « Guignols », signe eus. Jouant habilement de tous les absolu de la consécration. Mais ce registres, il suffit de l’observer, que le ministre de la culture perçoit citoyen toujours pressé chinant les comme sa « première victoire », bouquinistes dans les rues de Lis- l’un de ses adversaires politiques, bonne, client faussement ano- Vasco Graça Moura (écrivain, avo- nyme, dans les restaurants « bran- cat et directeur du service des chés » où il ignore sans déplaisir les bibliothèques à la fondation Gul- regards des voisins, ou, là encore, benkian), considère qu’« il n’y a pas ce lundi matin dans le palais minis- de quoi en faire un fromage ». Tout tériel, chef d’équipe courtois et en reconnaissant au ministre ses efficace, pour un tour d’horizon rares qualités intellectuelles et avec la dizaine de membres de son nombre de dispositions « extrême- état-major qu’il impressionne sans ment positives », il ricane de ce effort, d’une autorité laconique et « brouhaha extraordinaire » naturelle. orchestré par la gauche autour de Le ministère de la culture, c’est ce barrage, « alors que le gouverne- lui, pour ainsi dire, qui l’a créé. Car, ment antérieur avait déjà donné sous le précédent gouvernement, l’ordre d’interrompre les travaux seul un secrétariat d’Etat réduit à pour se donner le temps d’étudier une fonction essentiellement Manuel Maria Carrilho, toutes les solutions. » « Moi-même, économique se trouvait consacré à ajoute-t-il, j’avais publié des articles la culture – la relève étant assumée pour préserver ces gravures – qui pour une grande part, de fait, par entre nous sont affreuses – pour leur la puissante fondation Gulbenkian. intérêt scientifique. A l’Assemblée, Dans un pays encore marqué par c’est une ambition de type bonapar- l’analphabétisme, il s’agissait de tiste qui a fonctionné. De la pure mettre en place, outre un renforce- mise en scène. C’est le côté le moins ment du budget ministériel (0,6 % ministre philosophe intéressant du ministre. » des recettes budgétaires de l’Etat) A Carrilho, le philosophe rhéto- et un « esprit de dialogue » rom- ricien, il est souvent reproché, pré- pant avec le genre figé des prédé- Ce jeune professeur de philosophie contemporaine, cisément, son art de la rhétorique, cesseurs, quelques orientations dont lui-même s’enorgueillerait fondamentales, comme la loi sur le néophyte en politique, a su mettre en place la première plutôt : une propension à l’éclat, à prix unique du livre, l’équipement l’habileté des formules assassines, de bibliothèques au Portugal et véritable politique culturelle au Portugal. Il est comme cette « gélatine politique » dans les pays de l’Afrique luso- dont il a qualifié l’un des chefs de phone, la protection du patrimoine l’un des personnages les plus en vue du gouvernement l’opposition et qui a fait les choux ou le prestigieux essor donné au gras de la presse nationale. centre culturel de Belém. Les « Che », lisait Marx, Althusser, voir – et à l’image de son homo- devient titulaire d’une chaire per- t-il, recouvre l’usage du langage Reproches peu substantiels à adversaires du ministre les plus Barthes ou Foucault, animait un logue de la mairie de Venise, le phi- manente de philosophie contem- dans la communauté. La politique, l’égard de ce « monsieur-je-sais- déterminés reconnaissent la légiti- journal et des réunions gauchistes losophe Massimo Cacciari – que la poraine à l’université nouvelle de c’est aussi – d’abord ? – l’art de per- tout » qui impressionne d’abord mité de ces premières entreprises sous l’œil désapprobateur et philosophie n’était pas seulement Lisbonne et l’auteur de plusieurs suader. » par un sens politique conjuguant et, notamment, dans un pays trop complice de son père, Manuel une science purement spéculative ouvrages dont, en français, Rhéto- La première application pratique – selon le précepte de Machiavel – concentré autour de Lisbonne, la August Carrilho, gouverneur de et détachée des contingences de riques de la modernité (PUF, 1992) de cet « art de persuader » a pris, le secret et l’action, comme par son décentralisation vers la région de Viseú et fidèle suppôt de la droite l’action. ou Rationalités (Hatier, 1997). pour Manuel Maria Carrilho, la efficacité technique et par la foi en Porto qui a fait de lui « le héros du salazariste, que l’opposition saluait Ce n’est pas un hasard s’il vient à La politique était-elle si loin forme d’un coup de théâtre. C’était sa mission. Nord ». toutefois comme « un homme à la philosophie à la fin des d’une telle philosophie centrée sur lors de sa première séance au Par- Mission provisoire, toutefois, car Admirateur de Malraux, Manuel part dans l’ancien régime ». « Nous années 60, à une époque où l’ambi- l’université se rappelle à lui comme Maria Carrilho l’est aussi de Jack nous opposions beaucoup, notam- tion de transformer le monde ten- le chant des sirènes. « J’aime Lang, qui l’a « beaucoup aidé par ment sur la question de la liberté, dait à effacer les distinctions entre « Je ne crois pas au privilège l’action, changer les choses, mais je son expérience du terrain » et dont il disait que c’était un état tran- la théorie philosophique et l’action suis toujours un peu ailleurs », semble le fasciner par son aptitude sitoire. C’était un homme d’un autre politique. « Philosophe-roi », il ne de la philosophie pour l’action politique. avoue-t-il d’un air soudain, et très spectaculaire à se faire connaître. temps. Il m’a donné le goût de le serait que dans la mesure où ces fugace, de mélancolie. Il a beau La controverse française sur le l’action », se rappelle le ministre, deux dimensions sont, dans la tra- En revanche, c’est la politique qui est, éviter les repas, raccourcir ses bien-fondé d’un « Etat culturel » ? qui l’a perdu il y a cinq ans, avec sa dition culturelle européenne, nuits, se lever à cinq heures du « C’est l’histoire et la continuité du mère, dans un accident de voiture. consubstantielles, et non pas au pour un philosophe, l’occasion unique matin pour lire, écrire, réfléchir ou ministère de la culture qui autorise, sens de la notion platonicienne. marcher, « Ça ne va pas. Je suis un en France, ce type de critiques, T il évoque avec joie l’unique « Je me sens à l’opposé de cette valo- d’accompagner l’action » lecteur de longue journée, j’aime les répond Carrilho. Au Portugal, ce fois où il a combattu sa risation du philosophe-roi et de la auteurs qui créent des mondes, et il serait luxueux même de poser le pro- E famille de gauche : pour théorie des essences, comme je ne faut du temps pour y entrer. » Mais blème. Nous sommes au début de soutenir victorieusement, en 1986, crois pas au privilège de la philoso- les problématiques du langage, des lement, en novembre 1995. L’enjeu ce curieux Diogène n’est là, dans la tout. Quand Marc Fumaroli attaque l’élection de son père à la mairie de phie pour l’action politique. En jeux de langage, du pouvoir des était de taille : une campagne vie politique, que pour quelque le principe de l’Etat culturel et, à tra- Viseú. Il n’en est pas moins attaché revanche, c’est la politique qui est, mots, de l’argumentation ou de la contre la construction d’un barrage temps. Une façon de mettre à exé- vers lui, la politique de Jack Lang, il à redonner son sens, au sein même pour un philosophe, l’occasion rhétorique ? Cette attention don- hydroélectrique dans la vallée de cution, réellement, sa philosophie ne propose pas de solution alterna- de la politique culturelle, à une unique d’accompagner l’action. née au discours n’a-t-elle pas le Foz Côa, au nord-est du Portugal, pragmatiste : « C’est la contingence tive. Il feint d’ignorer qu’un minis- opposition droite-gauche dont la Selon un pragmatiste américain que sophisme pour limite, et la valori- mettant en danger l’un des plus qui gouverne le monde. On ne la tère ne fait pas la culture, il appuie définition a été perturbée, au Por- j’admire, John Dewey, un philosophe sation des contingences ou des riches « gisements » européens de maîtrise que de façon temporaire. Je la culture qu’on fait. » tugal, par la réaction au salaza- ne peut connaître ses possibilités tant « rationalités » le scepticisme ? peintures rupestres paléolithiques. sais de quoi est fait mon passé, de Adolescent déjà, avant de s’ins- risme et la révolution démocra- qu’il n’a pas fait de politique. » Mais, paradoxalement, le choix de Cette campagne, déjà menée pen- quoi je suis investi à présent. Mais crire au Parti socialiste en 1986 et tique. Jouer la culture contre les Après un détour par le structura- la philosophie analytique contre dant plusieurs années avec pour l’avenir, comme disait Valéry, l’ave- de participer aux « Etats généraux profits économiques, au nom d’un lisme français (il traduit en portu- les systèmes de pensée n’est pas slogan « les gravures ne savent pas nir n’est plus ce qu’il était. » pour une nouvelle majorité », intérêt national supérieur, c’est la gais L’Anti-Œdipe, de Deleuze et allé de pair, chez Carrilho, avec un nager » avait pris, depuis les élec- Manuel Maria Carrilho avait des mission que s’assigne le jeune Guattari), Carrilho se concentre, en désengagement politique. Au tions législatives, une tournure Marion Van Renterghem ambitions révolutionnaires. A ministre. Du moins aura-t-il réussi effet, sur la philosophie analytique contraire. « Car la rhétorique dans politique : l’opposition de droite, Photo : Mariana Viegas l’université, il portait le béret du à prouver, depuis deux ans de pou- et pragmatiste anglo-saxonne, le sens où je l’appréhende, précise- responsable de la construction du pour « Le Monde » LeMonde Job: WMQ1211--0009-0 WAS LMQ1211-9 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0296 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 / 9 L’ambition francophone Vietnam : libérez Doàn Viêt Hoat par Charles Josselin par Patrick Poivre d’Arvor

A francophonie est l’une L’échange économique aujour- l’alerte sur cet enjeu. Pour les fran- ANOÏ, ville inter- de travail à chaque fois plus re- son pour « grands criminels », il est des dimensions de la d’hui privilégie l’anglais. Il n’est pas cophones, c’est une urgence car dite. C’était il y a culés. C’est à Thanh Cam, dans la isolé dans une cabane entourée de politique extérieure de question de rompre des lances c’est là qu’en peu d’années se peu. Rares étaient à province de Thanh Hoa, non loin barbelés. Une fois par jour, un po- L notre pays. Force est contre cette « lingua franca », aussi livrera le combat de la langue, et H l’époque les journa- de la frontière laotienne, qu’il est licier lui apporte sa ration, la dé- pourtant de constater qu’elle ne indispensable chez nous qu’elle l’est derrière elle de la recherche, mais listes à pouvoir enquêter, témoi- aujourd’hui interné. pose silencieusement aux pieds suscite pas dans l’opinion publique dans le monde entier. Mais ce n’est aussi du droit, de la démocratie, de gner des heurts et malheurs d’un Je reviens de Thanh Cam. Avec d’un homme qu’il croit fou : il ne ou la classe politique I’intérêt qu’y pas un combat d’arrière-garde que la culture, de l’éducation. Qui ne régime sous chape de plomb. Sébastien Renouil et Patrick Mi- cesse de parler tout seul en viet- attachent la plupart de nos parte- de lutter pied à pied pour que le voit là le socle des valeurs Hanoï, ville ouverte. Cela va du- chel, pour TF 1, et Robert Ménard, namien, en français, en anglais... naires. Paradoxe à une époque où français, dans un contexte multi- communes recherchées par la rer une semaine. Profitez-en. Par pour Reporters sans frontières, qui Depuis que son épouse, l’infati- sont si présentes la crainte de lingue, conserve et étende ses posi- communauté francophone ? Et qui centaines, les journalistes du m’a demandé il y a longtemps de gable Tran Thi Thue, a été perdre son identité, la volonté des tions. Il n’y va pas de nos seuls inté- ne voit que l’énorme investissement monde francophone vont affluer « parrainer » Doàn Viêt Hoat, contrainte de s’exiler aux Etats- collectivités comme des individus rêts. Il y va de la survie de ce que de la France dans le monde, de ses dans la capitale vietnamienne nous avons pu accéder aux portes Unis avec ses trois enfants, Doàn de rechercher leurs racines, nous avons de plus cher : nos universités, de ses chercheurs, de pour suivre les 29es Assises de la du camp, après huit heures de Viêt Hoat n’a reçu pour seule et l’inquiétude, enfin, que globali- cultures, notre histoire, notre façon ses juristes, de ses médecins, aux presse francophone, puis la visite route, et même pénétrer quelques unique visite que celle de son sation ne rime trop avec unifor- d’imaginer et de construire le côtés de celui de ses partenaires, en d’Etat de Jacques Chirac, et enfin instants dans la prison. De maigres jeune frère, Huy Doàn, il y a plus misation. monde. Car la langue, c’est la vie. sortira ou défait, ou gagnant ? le 7e sommet des chefs d’Etat et de bonzaïs atrophiés nous y ac- de vingt mois et pour vingt mi- Pour la première fois, la franco- Comment la France, qui a su par la La culture francophone, faite de gouvernement des pays ayant le cueillent. Artificiellement montés nutes à peine ! phonie tient ses plus hautes assises présence internationale la plus dialogue, de formation, d’expé- français en partage. Qu’ils aient en graine le long de tiges de fer, ils Sa femme, invitée aujourd’hui à loin de ses bases les plus tradition- vigoureuse qui soit, depuis plus riences partagées, donne de la chair tous en tête le sort de l’universi- prennent la forme de chiens ou Paris par Reporters sans frontières nelles. L’hôte en est le Vietnam, qui d’un siècle, faire adopter et le plus à notre présence. Elle lui garantit taire Doàn Viêt Hoat, qui va d’animaux de compagnie. Leur – elle doit être reçue à l’Elysée –, panse les blessures de l’histoire et souvent aimer sa langue, pourrait- aussi un avenir. Tant que la franco- commencer sa 20e année de prison sort évoque irrésistiblement celui témoigne : « Les jours où je suis à auquel une économie renaissante elle bouder la chance que lui offre phonie n’a parlé que solidarité et et ne sera officiellement libéré des prisonniers détenus sous un l’étranger, au loin, je ne peux plus promet en Asie du Sud-Est de belles la francophonie de partager et de générosité, la France, championne qu’en novembre 2005. Il aura alors climat insalubre. Remis de sa sur- voir et apporter des biens à mon perspectives. faire fructifier l’héritage de ce pourtant de l’idéal, n’a guère voulu passé près de la moitié de sa vie en prise, un gardien nous conduira mari, je ne peux plus m’occuper de Depuis cinq mois, je rencontre un qu’elle-même a conçu ? y croire. Demain, à Hanoï, les chefs prison. poliment vers la sortie et le lui, assurer la pincée de sel, le nombre croissant de pays qui d’Etat et de gouvernement choisi- Emprisonné sans jugement pen- commandant en chef du camp comprimé de médicament, la petite trouvent intérêt à l’espace franco- ront pour la francophonie un secré- dant douze ans, il fut une première feindra de ne pas reconnaître le friandise, le vieux journal que je phone. Pour ces nations, aucune Une nouvelle façon taire général. C’est la volonté de fois libéré en 1988 et ne put s’em- prisonnier sur la photo que nous mettais dans le colis pour sa lecture. réminiscence historique ne justifie dire, d’une voix résolue, ce qui inté- pêcher de rester fidèle à ses lui montrons. C’est vraiment une grande privation le choix de notre langue, comme ce de prendre langue resse la communauté francophone convictions. Il publia clandestine- pour moi. Je ne peux plus voir son fut le cas des pays de l’Est après la et la France au premier chef : non, ment quatre numéros de sa revue regard plein de résolution et de sen- chute du mur de Berlin. Dans tous avec le monde. Un la mondialisation ne saurait nous Dien Dan Tu Do (Tribune libre), ti- Il va commencer timent, entendre ses conseils pour les cas, pourtant, le sens de la condamner à un modèle de pensée rée confidentiellement à une ving- moi, nos enfants, nos amis proches démarche est le même : intégrer projet pour la France unique. taine d’exemplaires polycopiés qui sa vingtième année et lointains. Il garde constamment plus facilement des espaces écono- Premier contributeur de la circulèrent sous le manteau. la foi dans l’idéal pour lequel il a sa- miques régionaux, se faire entendre coopération francophone, la France C’était déjà trop pour les autorités de prison et ne sera crifié presque toute sa vie : la liberté, dans le débat international, donner La France s’est appuyée sur la doit maintenant se convaincre que, qui l’arrêtèrent à nouveau il y a la démocratie et les droits de aux jeunes générations des chances solidarité francophone pour forte d’une conviction commune, tout juste sept ans. On l’accusa officiellement libéré l’homme pour le peuple vietna- accrues de réussite. Partout défendre au sommet de Maurice la qu’elle a puissamment aidé à forger, d’avoir publié des articles « anti- mien. » l’échange francophone est un atout notion d’exception culturelle. Il faut la francophonie lui offre la chance communistes ». Lors de son procès, qu’en novembre En écho, lui répond ce texte de pour sortir de l’isolement. toutefois comprendre que la préfé- de redéfinir le sens d’une solidarité en mars 1993, il eut cette réponse son mari, qui date de plus de vingt Certes, la francophonie n’est pas rence francophone revient pour qui caractérise son engagement limpide : « Je ne suis contre per- 2005. Il aura alors ans (il était à l’époque au camp pour la France un enjeu de poli- beaucoup de pays au choix d’une international. Moins elle sera seule, sonne, je suis démocrate, et accepte Phan Dang Luu) : tique intérieure ainsi qu’on le note forme de non-alignement implicite, plus elle sera crédible dans cette tout le monde. Il est plus approprié passé près de « Sur les cendres du rêve insensé chez beaucoup de nos partenaires. dont nous devons pourtant peser difficile entreprise. Le mouvement de dire que le Parti communiste est anéanti Certes, ses contours sont difficile- les chances et les conséquences, francophone n’est ni une utopie ni contre moi, parce qu’il est contre la la moitié de sa vie Le pouvoir spirituel et matériel ment perceptibles, et bien des pour eux comme pour nous. une partie perdue. C’est une nou- démocratie. » La cour n’apprécia s’est écroulé observateurs s’interrogent encore L’échange économique produit la velle façon de prendre langue avec pas et le condamna à vingt ans de en prison Pour laisser les droits de l’homme sur la possibilité de réunir qua- modernité. Le monde n’est plus un le monde. C’est un projet pour la prison. En appel, la sentence fut répandre partout les lumières rante-neuf Etats et gouvernements village, il est devenu un réseau. La France. ramenée à quinze ans d’emprison- Dans le monde nouveau que toute représentant des situations géogra- concurrence y est féroce, et la réus- nement et cinq ans de résidence Il est vrai que l’état physique et l’humanité attend. phiques culturelles, économiques, site fonction d’une parfaite maîtrise surveillée. Depuis, l’universitaire moral de Doàn Viêt Hoat inspire Le peuple vietnamien lance un politiques, humaines si variées que de l’information, par conséquent de Charles Josselin est secré- changea par cinq fois de lieu de les plus vives inquiétudes. Selon appel pour que soit la notion de projet commun n’a pas l’audace et de la rapidité. Le pre- taire d’Etat à la coopération, détention. Les conditions furent RSF, ses jours sont en danger. Seul Fondée la civilisation force d’évidence. mier ministre a récemment donné chargé de la francophonie. toujours plus difficiles et les camps prisonnier politique de cette pri- Du gouvernement de l’homme pour l’homme qui Ouvre l’ère de la grande l’idée européenne, au lieu de la l’enseignement de masse en France, de familles aisées d’assumer le coût Si, donc, il ne faut pas empêcher la concorde. » Pour craindre, ou de s’y résigner. en Allemagne, en Italie, en Es- de leurs études, tout en réservant France et l’Allemagne de mener le Il sera difficile aux chefs d’Etat L’Université est le seul domaine pagne, pour ne donner que quel- les bourses et les prêts à ceux qui ne jeu, l’Espagne, l’Italie et d’autres réunis à Hanoï de rester insen- où l’Union européenne a réussi à ques exemples des plus manifestes. disposent que de faibles moyens ? pays devront aussi apporter leur sibles à ce gouvernement de une université créer une véritable mobilité. Les Dans tous ces pays, les universités Cette idée sensée a du mal à faire contribution. l’homme pour l’homme. La fran- étudiants et les savants se dé- sont surchargées, manquent de son chemin dans les pays d’Europe, L’élargissement de l’Union euro- cophonie, c’est une langue en placent nombreux, par le biais de moyens, ont peu de prestige dans la mais elle peut être mieux acceptée péenne est inévitable. Les pays commun, mais d’abord une européenne nombreux programmes d’échange société. Il se pourrait bien, d’ail- au niveau européen. d’Europe centrale vont devenir, culture en partage. Celle de la dé- entre nations. Ces programmes leurs, que la création de l’université Une participation, même limitée, dans les années qui viennent, des claration des droits de l’homme, Suite de la première page permettent, par exemple, à plus de européenne ait en soi un effet bé- des étudiants à leurs études donne- partenaires à part entière. Pourquoi de la tolérance et de la liberté d’ex- 5 000 jeunes Allemands d’aller étu- néfique à l’échelon national en en- ra à l’université européenne une lé- ne pas aider à cette intégration en pression. Pour cette seule raison, C’est dans le but de susciter et dier en France et à quelque 4 000 courageant les gouvernements à gitimité accrue vis-à-vis de ses fi- créant la première université euro- libérez Doàn Viêt Hoat. d’entretenir l’identité européenne Français d’étudier en Allemagne entreprendre une grande réforme nanciers, les contribuables des Etats péenne, par exemple, à Varsovie ? que nous recommandons la créa- chaque année. Mais ces échanges universitaire. membres. Elle permettra aussi de Le gouvernement polonais s’est dé- tion d’une université européenne. d’un pays à l’autre restent canton- A l’université européenne de lui gagner le respect de ses parte- jà, par la voix de son président Patrick Poivre d’Arvor Pourquoi une université ? Com- nés aux divers milieux nationaux. faire ce que l’Université, d’une ma- naires. L’université américaine, M. Kwasniewski, dit prêt à accueillir est journaliste. ment la concevoir ? Où l’implan- L’université européenne implique nière générale, ne fait pas : se res- qu’elle soit publique ou privée, jouit le projet. Il a même proposé de ter ? Nous le reconnaissons, par l’acceptation de l’international et pecter elle-même, en respectant ses et profite de l’immense fierté qu’en faire don du site. Bronislaw Gere- leur nature même et le contexte une mobilité au sein de ce milieu. étudiants et son corps enseignant. tire l’Etat qui l’accueille, de la fierté mek, grand défenseur de ce pro- AU COURRIER dans lequel elles doivent être réso- Elle doit, en effet, permettre d’ac- de ses étudiants et de ses profes- gramme, s’est déclaré disposé à le DU « MONDE » lues, ces questions sont autant poli- cueillir les étudiants différemment : seurs, de celle de ses commandi- prendre en main, à assurer même la tiques que pédagogiques. Nous Les citoyens vont les aider à résoudre leurs problèmes taires (publics et privés). C’est cet direction d’une telle institution. UNE RECONNAISSANCE nous exprimons en tant que péda- de logement ; leur assurer durant attachement (à la fois public et pri- En menant à bien cette initiative, PARTIELLE gogues engagés depuis nombre ainsi vivre l’idée leurs études un emploi à temps par- vé) des différentes parties pre- la France et l’Allemagne rendraient Une fois de plus, l’Eglise ca- d’années dans l’enseignement et la tiel (dans les bibliothèques, les café- nantes qui manque à l’université de un service immense à l’idée d’iden- tholique reconnaît ses « er- recherche, mais nos préoccupations européenne, térias, etc.) ; les assister enfin, leur masse des pays d’Europe au- tité européenne, ce qui est très dif- reurs », mais si tard et de façon respectives nous ont appris qu’au- diplôme obtenu, dans la recherche jourd’hui. férent d’une culture européenne si partielle qu’elle n’offre aucune cun projet – surtout de cette am- au lieu de la craindre, d’un emploi dans l’Europe tout en- uniforme. Elles tireraient parti de garantie que d’autres erreurs, pleur – ne pouvait demeurer pure- tière. tous les efforts disséminés tout aussi criminelles, ne se re- ment et simplement un exercice ou de s’y résigner Le label « Europe » devra mar- Eviter les problèmes d’échanges culturels antérieurs produiront pas dans l’avenir. intellectuel. quer cette institution dès le départ. entre les pays. Elles contribueraient Que l’Eglise reconnaisse à la fin Il faut d’abord admettre le for- L’enseignement et la recherche se qui pèsent à la formation de l’étudiant euro- du XXe siècle qu’elle a eu tort de midable défi que représente la La construction d’une véritable dérouleront en plusieurs langues. Il péen et donc du citoyen européen. condamner Galilée est davan- création d’une université euro- université, multidisciplinaire donc, n’y a pas de raison qu’il n’en soit sur l’enseignement Elles créeraient des instituts et des tage la preuve du fait qu’elle péenne. Il n’existe en fait aucun qui délivrera un diplôme européen pas ainsi. Car la seule langue laboratoires de recherche euro- veut redorer son blason que du modèle à un tel projet. Il y a certes à des étudiants européens, se fera commune à l’Europe – ou du de masse en France, péens. Elles faciliteraient, enfin, l’in- fait qu’elle est avide de vérité : de grandes institutions nationales sur les bases déjà érigées par les moins, ce qui s’en rapproche le plus tégration des pays de l’Est dans la opération médiatique, sans plus. qui, grâce à leur prestige et à leur nombreuses universités d’Europe – est l’anglais. en Allemagne, nouvelle Europe, qui, depuis la De même, reconnaître si tard excellence, ont acquis une dimen- qui ont mis en place des pro- L’université européenne réussira chute du mur de Berlin, n’est plus qu’elle a eu tort de garder le si- sion internationale. Mais l’échec grammes d’échange. à une seule condition, impliquant en Italie, en Espagne divisée entre l’Est et l’Ouest. lence tandis que se perpétrait le par lequel s’est soldée la création Des universités européennes de- un seul et unique idéal : l’excel- La seule objection que l’on peut plus grand crime contre l’huma- d’universités internationales devrait vront être créées dans plusieurs lence. Celle des étudiants. Des en- opposer au projet, encore qu’il nité, l’extermination des juifs, ne nous mettre en garde contre les villes d’Europe. Elles devront cou- seignants. Des chercheurs. Il faut Comment ces universités nou- doive bien y en avoir d’autres, est nous garantit aucunement obstacles qui peuvent se présenter. vrir tout le cycle des études, des avant tout éviter que cette institu- velles doivent-elles être créées ? Où celle de son coût. A l’évidence, la contre d’éventuels silences ulté- A vrai dire, l’Union européenne a premières années jusqu’au docto- tion ne fonctionne sur le modèle devra voir le jour la première création d’un centre important rieurs ; d’autant plus que cette déjà ouvert certaines institutions rat. Elles devront aborder l’en- des Nations unies, à savoir sur la re- d’entre elles ? Un certain nombre d’enseignement de haut niveau est reconnaissance n’implique au- universitaires – le Collège d’Europe semble des disciplines. présentation nationale. Ou bien se- d’initiatives ont été lancées, qui un projet onéreux. Mais quiconque jourd’hui aucun risque. De plus, à Bruges, l’Institut universitaire Les universités européennes re- ra adopté le principe de l’excellence partagent l’idée d’une université a l’occasion de parcourir le budget la reconnaissance est partielle : européen de Florence. Toutefois, cruteront leurs professeurs essen- et ce sera un succès ou bien sera européenne. Il existe actuellement de l’Union européenne s’aperçoit la déclaration parle d’« antisémi- leurs objectifs sont très précis, et tiellement, mais non exclusivement, suivi l’exemple usé de la représen- un projet franco-allemand. De son vite qu’une telle dépense se justifie tisme d’Etat », d’« obéissance au elles sont réservées à des étudiants en Europe. Leurs diplômes devront tation proportionnelle et l’on verse- côté, George Soros, qui est déjà à bien davantage qu’un certain pouvoir établi », de « la législa- diplômés. être reconnus de façon équivalente ra rapidement dans la médiocrité. l’origine de l’université d’Europe nombre d’autres. Le plus impor- tion antisémite édictée par le gou- A long terme, il sera sans doute dans tous les Etats membres et Nous proposons une formule qui centrale, envisage la fondation d’un tant, cependant, est que celle-ci ne vernement français » en omet- nécessaire de créer plusieurs de ces donner accès aux instituts universi- emprunte au meilleur de deux autre établissement européen à vise pas à satisfaire les exigences de tant de préciser qu’il s’agit d’un universités. Ces institutions consti- taires et de recherche comme au mondes, l’américain et l’européen. Varsovie. Jack Lang a poussé à la tel ou tel groupe de pression. C’est, Etat, d’un pouvoir, d’un gouver- tueront le plus solide fondement de secteur privé, et même (pourquoi Il n’est pas nécessaire, en effet, de création d’une telle institution. en revanche, un investissement nement qui ont renversé la Ré- l’Union européenne, car elles feront pas ?) à la fonction publique. suivre de façon rigide un exemple Mais pour être viable, cette uni- utile. Comme l’écrivait en 1944 Or- publique et la démocratie, et que accepter l’Europe aux citoyens de Ces établissements, pour être de unique. Toute innovation doit faire versité doit être véritablement eu- téga y Gasset, une grande nation ne le crime de silence a été précédé l’Europe ; elles transmettront des qualité et reconnus au niveau inter- appel à l’imagination et exige donc ropéenne. Une initiative franco-al- se conçoit pas sans une grande uni- du crime de soutien à cet Etat valeurs et une culture partagées par national, devront aussi abriter des de combiner différentes pratiques. lemande associant d’autres pays de versité. N’est-il pas temps d’envisa- dictatorial : soutien dû à une pa- les citoyens des Etats membres ; centres de recherche. Il n’est pas Comment sera financée cette l’actuelle et de la future Union ne ger une grande université pour la renté idéologique certaine et aux elles faciliteront enfin la mobilité de d’exemple d’une grande université université ? A l’évidence, dans sa peut être que la bienvenue. En re- société, sinon pour la nation euro- privilèges que cet Etat accordait ces citoyens (et des professionnels) où ne sont menées des recherches première phase, du moins, l’essen- vanche, un projet uniquement fran- péenne de demain ? à l’Eglise. d’un bout à l’autre de l’Union – mo- importantes. tiel des fonds viendra des Etats co-allemand sentirait le bilatéra- bilité restée, jusqu’ici, très théo- L’université européenne doit évi- membres. Mais pourquoi ne pas lisme et la domination, et ne Wolf Lepenies Guy Laval rique. Les citoyens vont ainsi vivre ter les problèmes qui pèsent sur aussi demander aux étudiants issus servirait guère l’idée européenne. et Ezra Suleiman Paris LeMonde Job: WMQ1211--0010-0 WAS LMQ1211-10 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0297 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Souvenir d’une clairière par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 CET ANCIEN combattant de 14, malheur à mais chacune pour soi, chacune le « sien », cha- après la bataille, en exaltant pour les futurs Internet : http : //www.lemonde.fr l’enfant qui se perdait dans les boyaux de ses ré- cune son dû. Ce qui s’appelle une paix armée. floués de 1940 une bravoure dont il s’était cits de guerre, vingt ans après ! Cela pouvait du- Il n’y aura pas eu que Vichy, dans ce siècle, exempté lui-même. Difficile d’oublier que si Cé- ÉDITORIAL rer un dimanche entier. A l’arrivée des shrapnels pour brouiller les cousins et la mémoire. L’ar- line a éructé : « Tout plutôt que de remettre le conteur se mettait à vouvoyer le gosse et l’ap- mistice de 1918 faisait déjà du grabuge en fa- ça!», si Drieu La Rochelle et d’autres ont exigé pelait bizarrement : « Mon cher ami. » « Vous mille. Les grands-mères avaient pourtant un la paix à tout prix, c’est que, de «ça», ils L’université en panne auriez vu ces marmites, mon cher ami ! » souvenir en commun. Toutes deux se rappe- avaient eu leur compte dans les tranchées de L’homme approchait son visage cabossé, un des laient comme d’une extravagance que, place de Quatorze, assez pour applaudir le répit de Mu- UE reste-t-il de l’im- que la plupart des dispositions yeux pendait un peu, ne regardait plus vrai- l’Opéra, « les passants s’embrassaient sans se nich, pour ne plus croire, rageusement, qu’à une mense réforme de envisagées et négociées par ment. « La der’ des der’ ! », répétait-il pour lui- connaître ! ». Tout le monde, sauf... elles ; à vérité : la mort de tout. l’enseignement su- François Bayrou n’avaient pas même, avec un sourire mauvais envers on ne cause du borgne. L’une attendait l’autobus AX, Si les va-t’en-guerre de l’arrière ont continué périeur promise na- connu le moindre début d’exé- savait quel supérieur qui aurait manqué de pa- un De Dion-Bouton à plate-forme ; l’autre guet- à appeler aux armes, journaux intimes et corres- Q cution et encore moins de finan- guère par le gouver- role, ou plutôt envers sa crédulité. L’enfant in- tait le CM, nuance. De telles effusions entre in- pondances d’écrivains offrent plutôt une variété nement d’Alain Juppé ? cement. Il n’empêche. sistait sur un point précis : y a-t-il eu un dernier connus, on n’en a revu qu’en 1944, pour la fin rassurante de soulagements et de distractions. En novembre 1996, François Bay- M. Allègre préfère remettre en soldat mort, juste le 11 au matin, au moment du des Allemands, et en 68. « Cette sale connerie a donc pris fin » (Roger rou se disait, dans Le Monde, chantier... une rénovation des ly- coup de clairon ? Sûrement, disait le vétéran ; et Le dimanche des années 30 où la descen- Martin du Gard). « Enthousiasme incroyable ; convaincu d’avoir engagé « pour cées. Le « grand soir » universi- son œil valide se fermait lentement sur de sales dance a renoncé à chercher dans les Ardennes moi, je me suis emmerdé » (Raymond Queneau). la première fois depuis le début de taire n’est pas du goût du mi- visions. l’oncle manquant, la Citroën familiale a fait un Gide réserve ses larmes pour plus mémorable la Ve République une très grande nistre. Selon lui, la création de C’était le seul oncle de la famille réchappé du détour par le wagon de la « signature », à Re- qu’un armistice : c’est l’automne 1918 qu’a choi- et très vaste réforme de l’universi- 3 000 postes d’enseignants dans massacre, alors qu’on ne l’espérait plus. Jusque- thondes : Foch était assis là, Weygand juste à si son épouse pour brûler ses lettres de pur té sans que cela ait explosé ». Des le supérieur devrait largement là, l’équilibre des sacrifices et des gloires était côté, les boggies étaient repeints de neuf, un amour spirituel. Brûler des lettres de Gide : a-t- états généraux furent organisés, suffire à apaiser les multiples in- assuré, puisque chacune des grands-mères, Musée Grévin en plein bois. Guides et manuels on idée ! Et ne pas garder de double, donc ! l’opinion publique mobilisée, les quiétudes apparues lors du mou- veuves par ailleurs, comptait deux fils tués. Et parlaient de « clairière ». L’histoire a le sens des Proust bat les records de « tête ailleurs ». Le consultations durèrent plus de vement des étudiants de l’au- voilà qu’en reparaissant, avec des palmes qui lieux-dits. Après la cote 108, le bois de 11 novembre précisément, il n’a que deux pro- dix-huit mois, le président de la tomne 1995. plus est, le borgne avait rompu la symétrie des l’Homme-Mort, les trous de bombes à perte de blèmes : A l’ombre des jeunes filles en fleurs a été République intervint à plusieurs A ce jour, aucune réflexion sé- larmes fières. En face, on le soupçonnait de vue, les casques explosés, les bandes molletières composé en caractères bien trop petits à son reprises. rieuse n’a été engagée sur les s’être « embusqué ». Les deux « branches » ne affleurant la boue lisse, les arbres rabougris goût ; et le frère de son coiffeur n’est pas décidé Il s’agissait alors de préparer méthodes pédagogiques et le se parlaient plus. Pour la recherche des corps comme des ceps par les obus, c’est égal : le mot à lui acheter les tapis qu’il a déposés chez Ma- « l’université du XXIe siècle », de contenu des programmes, se- – car il en manquait un de chaque côté –, il a fal- « clairière » chantait, parlait de lumière paisible dame Straus, et qu’on dit mangés aux mites. Va- remettre sur pied un système dé- conde étape attendue de la réno- lu visiter les fosses communes pendant des an- dans des branches. léry, à son habitude, prophétisait des générali- crit par une multitude d’experts vation. L’enlisement des dis- nées, en espérant reconnaître « son » disparu Et nos grands hommes rescapés, qu’allaient- tés : après 14, il n’y aurait plus d’« événements comme gravement malade. Ma- cussions sur le statut de d’après un louis d’or glissé dans son ceinturon, ils en penser, de l’armistice ? Il y a eu les prison- monumentaux » (Regards sur le monde actuel). lade de son succès, avec plus de l’étudiant et la réforme des aides ou les gants blancs avec lesquels il s’était juré niers frustrés de leur part de victoire : « Il me Il n’y aurait plus rien que des affaires haute- deux millions d’étudiants. Ma- sociales n’est pas non plus de na- d’« entrer dans Berlin ». Les « bonnes ma- semble que ce regret ne me quittera plus » (de ment frivoles, des histoires de tapis inven- lade de ses formations, de son ture à rassurer sur les intentions mans » arboraient le même voile de crêpe, le Gaulle à sa mère). Montherlant, ce sera l’in- dables... en attendant ce qui s’appelait déjà « la cloisonnement, de sa fermeture du gouvernement. Jamais, pour- même parapluie pointé comme un reproche, verse. Il prendra du service à Douaumont, mais prochaine » ! par rapport aux universités tant, un ministre de l’éducation étrangères et aux entreprises. n’avait bénéficié d’un tel consen- Malade de l’arrivée massive de sus, de l’UNEF-ID au RPR, au- jeunes bacheliers décrits comme tour de la nécessité de modifier Amnésie internationale par Lionel Portier immatures, mal formés. Malade un système « coûteux et profon- des échecs massifs de ses étu- dément injuste ». diants des premières années. Fort du bilan de son passage Que reste-t-il de ce grand aux côtés de Lionel Jospin Rue chantier ? Rien ou si peu. Les de Grenelle entre 1988 et 1992, universités devront appliquer, Claude Allègre semble avoir re- dès cette année, les nouvelles légué l’université au second plan modalités d’examen et de de ses priorités. Partisan du ren- contrôle des connaissances. forcement de l’autonomie des Presque à contrecœur, Claude établissements, formule qui Allègre a fini par avaliser cette s’apparente à la cogestion avec disposition de la réforme Bay- les présidents, il préconise sim- rou. C’est la seule mesure plement une adaptation du sys- concrète qui subsiste du proces- tème. Le maintien de la « paix sus engagé il y a deux ans. M. Al- universitaire » appellerait plus lègre a beau jeu de faire valoir d’ambition.

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ILYA50 ANS, DANS 0123 Léon-Paul Fargue, de verve et de jet L’Asie en panne ? MORT de Deng Xiaoping, rem- lamisée qui s’étend de l’Anatolie et tain de la prévision économique. Il mitation de leurs dépenses mili- J’AI MAINTES FOIS mis dans roques, où le terme de métier al- placé apparemment sans histoire de la péninsule Arabique au Sin- n’y a pas de « modèle » qui ne fi- taires à 1 % du PIB, pour devenir en mes projets d’écrire La Soirée avec terne avec l’argot ancien, la par un Jiang Zemin qui n’hésite pas, Kiang. L’Inde et le Pakistan, faute nisse par s’essouffler, de courbe qui moins de cinquante ans la Léon-Paul, où j’eusse consigné sur contrepèterie avec le coq-à-l’âne, au prix d’un chômage massif, à ou- d’avoir enterré la hache de guerre ne finisse par retomber. Après avoir deuxième puissance économique le vif, au hasard d’une rencontre, le vocable inventé exprès, l’image vrir largement le capital de milliers sur le Cachemire, sont engagés longtemps bénéficié à l’Asie, les dé- du monde. d’une promenade, les propos de neuve avec l’analogie, et l’asso- d’entreprises publiques non ren- dans une ruineuse course aux ar- localisations dont nous nous plai- La Chine, de son côté, n’a jamais Léon-Paul Fargue. Quelque chose nance avec l’harmonie imitative. tables ; retour, également sans his- mements. On se bat toujours en gnons tant ont commencé à affec- eu dans le passé de vision régio- comme Le Neveu de Rameau, de Je n’écrirai pas La Soirée avec toire, de Hongkong à la Chine ; ter- Afghanistan et au Tadjikistan, ter le Japon et la Corée du Sud, nale. Mao prétendait prendre la re- Diderot – mais il faudrait être Di- Léon-Paul. Ce ne serait qu’un tra- ribles incendies de forêts en comme au Kurdistan turc. L’Irak et pays où la main-d’œuvre est la plus lève du rôle de guide de la révolu- derot, ou disposer d’un parlo- vail de seconde main, et Fargue Indonésie, voilant durablement le les Etats-Unis ont engagé un nou- chère. L’Inde, trop souvent oubliée tion mondiale abandonné par les graphe extrêmement précis et ra- lui-même s’est chargé d’être le se- ciel bien au-delà de ses frontières, veau bras de fer, tandis que l’Iran par les futurologues, fait meilleure « nouveaux tsars » du Kremlin. Ses pide pour enregistrer dans ses crétaire et l’espèce d’Eckermann crise financière en Thaïlande, paraît toujours décidé à se doter figure. Elle ne réussissait pas à successeurs n’ont pas cette ambi- bonds, son éclat, sa diversité, la idéal de lui-même en ses divers s’étendant à la Malaisie, à l’Indoné- d’un armement nucléaire. nourrir ses habitants lorsqu’ils tion : ils veulent achever de réuni- conversation du fameux auteur de volumes de souvenirs. Voici le der- sie, à la Corée du Sud et secouant, Avec ses chiffres record de crois- étaient cinq cents millions : elle y fier la Chine, la conforter dans son Tancrède, de Haute solitude et du nier paru, Méandres. Un titre qui jusqu’à Wall Street, la quasi-totalité sance, l’Asie du Sud-Est faisait jus- parvient maintenant qu’ils sont rôle de grande puissance et pousser Piéton de Paris. Autrement, c’est lui convient bien par ce qu’il im- des places de la planète ; voyage qu’à un passé récent figure sinon de presque le double. ses habitants à s’enrichir. vouloir fixer l’infixable et recueillir plique de retours, de détours, de enfin de Jiang Zemin aux Etats- paradis, du moins de modèle. Entre Bangkok et Hongkong, un S’enrichir : si l’Asie orientale a eu le Niagara dans un panier. cours tortueux, à travers ces foi- Unis, où il s’entend comme larron C’était oublier la dictature abomi- mythe formidablement porteur depuis des années un mobile Fargue est probablement le plus sonnements d’un esprit sans cesse en foire avec Bill Clinton, sans écar- nable qui pèse sur la Birmanie, re- vient de faire naufrage : même si commun, c’est celui-là et celui-là prodigieux conversationniste de en éveil et en mouvement, témoin ter l’idée, en réponse à une ques- baptisée Myanmar ; la persistance l’économie et avec elle la Bourse seul. Partout, a pu écrire Jean-Luc l’époque. Il parle, de verve et de sans oubli de ses rêves, de ses ren- tion posée à Harvard sur le mas- de la guerre civile au Cambodge ; la devaient rebondir, les chats ont été Domenach (Politique internationale, jet, avec une abondance verbale contres, et ses innombrables sacre de Tiananmen, que des famine et le surarmement de la Co- trop échaudés pour ne pas long- hiver 1995-1996), « la politique y est inouïe. Ce n’est pas qu’il soit images, imaginaires ou réelles, à « insuffisances ou même des er- rée du Nord ; l’indifférence de la temps craindre l’eau froide. éclipsée par l’économie, comme acti- éloquent ; il a l’éloquence en hor- sa perpétuelle disposition. reurs » auraient pu être commises : Chine aux droits de l’homme, attes- vité et comme imaginaire ». C’est cet reur et le style suivi. Mais il dis- l’Asie, ces temps-ci, fait décidément tée par un taux d’exécutions capi- S’ENRICHIR imaginaire qui est aujourd’hui re- pose d’un vocabulaire à peu près Emile Henriot beaucoup parler d’elle. tales record et par l’utilisation mas- Un seul pays, le Japon, s’est réel- mis en cause, sans que les divers as- illimité de mots rares, précis et ba- (12 novembre 1947.) Nombreux sont du coup ceux sive de la main-d’œuvre lement employé à unir l’Asie : mais sociations et forums mis en place qui, jusqu’alors fascinés par le dy- concentrationnaire ; les visées réaf- quand les généraux qui le gouver- depuis quelques années dans la ré- namisme du Japon, des « quatre firmées de Pékin, appuyées sur un naient alors parlaient de « sphère gion soient en mesure d’en propo- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS dragons », de la Chine et de leurs budget militaire en expansion et, à de coprospérité », ils ne l’enten- ser un autre. L’Europe, pendant les Télématique : 3615 code LEMONDE voisins embarqués à leur suite dans l’occasion, quelques bruits de daient qu’au service des intérêts années de crise dont elle le train de la croissance accélérée, bottes. Et l’on ne parle pas de la nippons. Le souvenir que les popu- commence à émerger, s’est dotée, Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC découvrent le poids croissant de corruption généralisée, du trafic de lations intéressées en ont gardé, elle, d’institutions efficaces au ser- ou 08-36-29-04-56 l’Asie dans les affaires du monde et drogue, de la prospérité des mafias, joint au poids économique écrasant vice d’une ambition commune, Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 la fragilité de ses équilibres. de l’exploitation des enfants ou du de l’empire du Soleil-Levant, a dé- dont l’euro va bientôt consacrer la Une seule des quatre parties de tourisme sexuel qui constituent couragé toute tentative de bâtir en matérialité. Va-t-on découvrir Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 l’Asie est relativement homogène : trop souvent l’envers du « miracle Extrême-Orient une réplique des qu’elle s’est ainsi mieux placée pour la Sibérie, dont personne ne remet asiatique ». communautés européennes. Et les affronter la brutale compétition Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr sérieusement en cause l’apparte- Il en va en réalité de ce miracle-là Japonais eux-mêmes n’ont guère planétaire que les dragons soudain nance à la Russie – et donc à l’Eu- comme de tous ceux dont la lu- cherché à définir un projet poli- bloqués dans leur ascension ? Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 rope. On ne saurait en dire autant mière artificielle a éclairé un temps, tique, étant bien aises de profiter de de la zone très majoritairement is- depuis un demi-siècle, le ciel incer- la protection américaine et de la li- André Fontaine LeMonde Job: WMQ1211--0011-0 WAS LMQ1211-11 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0298 Lcp: 196 CMYK

11 ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

TÉLÉCOMMUNICATIONS chat proposée par Worldcom. Ce qui devrait générer un chiffre d’af- tannique va revendre sa participa- frir à la fois du téléphone longue Le conseil d’administration du dernier propose 37 milliards de faires de 32 milliards de dollars. tion dans MCI pour 7 milliards de distance, du téléphone local et des groupe américain de services de dollars pour fusionner ses activités b BT, qui dans un premier temps dollars, empochant à l’occasion services Internet devrait susciter télécommunications MCI a accepté, avec MCI. L’ensemble constituera avait envisagé de fusionner avec une belle plus-value. b L’ÉMER- un mouvement de concentration lundi 10 novembre, l’offre de ra- le troisième opérateur américain, MCI, renonce à son projet. Le bri- GENCE d’un groupe capable d’of- dans le secteur. En s’offrant MCI, WorldCom devient un des grands du téléphone américain L’opération se fera par échange d’actions pour un montant équivalant à 37 milliards de dollars, soit environ 210 milliards de francs. Le britannique BT abandonne son projet d’alliance et cède les 20 % de MCI, acquis en 1993

PROMIS à un mariage avec l’ex- BT, se voient proposer d’échanger accepté l’offre de WorldCom, re- prises de Concert Communications ternet – mais pas de services de té- Com sont, respectivement, le ploitant téléphonique britannique leurs titres contre des actions nonce à son projet de fusion avec Services, la société commune à BT léphonie mobile. Près de deux ans deuxième acteur (derrière AT & T) BT depuis fin 1996, mais fortement WorldCom sur la base d’une action MCI et va revendre sa participa- (75,1 %) et MCI. BT disposera d’une après l’ouverture totale à la concur- et le quatrième acteur du téléphone courtisé depuis quelques semaines MCI pour l’équivalent de 51 dollars tion. Le groupe britannique recevra option de rachat sur les 24,9 % dé- rence du marché américain, aucun longue distance, totalisant un quart par ses homologues américains de nouvelles actions qu’émettra 51 dollars pour chacune des tenus par MCI. opérateur n’offre encore une telle de ce marché à eux deux. WorldCom et GTE, MCI a tranché. WorldCom. Une technique que 137 millions d’actions qu’il détient, L’opération reste soumise à l’ap- gamme de services. Les opérateurs Le nouvel ensemble sera présent Lundi 10 novembre, le conseil d’ad- cette société, créée en 1983, a par- soit 6,98 milliards de dollars. MCI probation des actionnaires, ainsi longue distance comme AT & T, avec des réseaux de téléphonie lo- ministration du groupe américain faitement rodée : c’est de cette fa- lui versera en outre 465 millions de qu’à celle des autorités de régle- MCI ou Sprint ont du mal à se dé- cale dans plus de cent villes améri- de services de télécommunications çon qu’elle a scellé cinq grosses ac- dollars pour rupture d’accord. En mentation américaines et des auto- velopper dans le téléphone local, caines. WorldCom s’est développée a annoncé avoir accepté l’offre de quisitions ces trois dernières 1993, BT avait payé 4,3 milliards de rités antitrust américaines et euro- qui reste un monopole des compa- dans ce domaine grâce, notam- rachat de WorldCom. années, pour l’équivalent de 20 mil- dollars les 20 % de MCI. péennes. Les directions des deux gnies régionales, les Baby Bells. ment, aux rachats des sociétés MFS Ce dernier a, au cours du dernier liards de dollars. Le nouvel ensemble, baptisé groupes espèrent boucler la fusion et Brook Fiber Properties. MCI dis- week-end, revu à la hausse la pro- Les actionnaires de MCI détien- pour le moment MCI-WorldCom, d’ici six à neuf mois. pose lui-même d’une filiale, MCI position formulée le 1er octobre. dront environ 45 % de la nouvelle deviendra un distributeur non ex- La direction du nouvel ensemble Près de deux ans Metro, moins avancée dans son dé- WorldCom propose 37 milliards de entité issue de la fusion. BT, qui a clusif des services pour les entre- sera majoritairement marquée de ploiement. dollars (plus de 210 milliards de l’empreinte des dirigeants de après l’ouverture Par ailleurs, MCI et WorldCom francs) pour fusionner ses activités WorldCom : ils seront huit à siéger contrôlent trois des six principales avec celles de MCI et donner nais- Les principaux acteurs au conseil de direction, qui du marché américain, infrastructures supportant les sance à un groupe représentant un comptera quinze personnes. Ber- communications Internet aux peu plus de 32 milliards de dollars b AT&T : téléphone longue distance. 21,3 milliards de dollars nard Ebbers, le patron de World- aucun opérateur Etats-Unis et 57 % du marché de la de chiffre d’affaires, ce qui le clas- distance et mobile. 52,2 milliards de chiffre d’affaires. Com, deviendra PDG. Bert Ro- fourniture d’accès au réseau. sera au troisième rang du télé- de dollars de chiffre d’affaires. b BellSouth : téléphone local berts, le patron de MCI, sera n’offre encore WorldCom promet des écono- phone aux Etats-Unis, derrière b SBC : téléphone local (ouest et (sud-est). 19 milliards de dollars de nommé président du conseil d’ad- mies de l’ordre de 2,5 milliards de AT & T et SBC. centre des Etats-Unis) chiffre d’affaires. ministration. une telle gamme dollars dès 1999 grâce aux synergies Le montant de la première offre 33,1 milliards de dollars de chiffre b Ameritech : opérateur local Si l’opération de fusion se dé- entre les deux groupes. Mais le de WorldCom était de 34,7 mil- d’affaires. (nord-est). 14,9 milliards de dollars roule comme prévu, l’ensemble de services groupe de Bernard Ebbers sera-t-il liards de dollars. BT, qui détient b MCI -WorldCom : opérateur de chiffre d’affaires. MCI-WorldCom s’affichera comme capable d’absorber non pas seule- 20 % du capital de MCI, offrait 18 longue distance et local. Environ b US West : compagnie locale un nouveau poids lourd des ser- ment des actifs, mais aussi des milliards de dollars pour les 80 % 30 milliards de dollars de chiffre (nord-ouest, nord, centre). vices de télécommunications outre- Ces dernières, à l’inverse, compte hommes ? Jusqu’à présent, ses ac- restants (en partie par échange d’affaires attendu. 10,1 milliards de dollars de chiffre Atlantique. Ce sera surtout un opé- tenu de l’absence d’ouverture de quisitions ont porté sur des sociétés d’actions et en partie en liquide). Le b Bell Atlantic-Nynex : téléphone d’affaires. rateur capable d’offrir à la fois du leurs marchés locaux, n’ont pas en- de taille modeste. MCI, lui, emploie 17 octobre, GTE avait fait une offre local (est, nord-est). 26,5 milliards b Sprint : téléphone longue téléphone longue distance (appels core été autorisées à offrir du télé- 55 000 personnes. de 28 milliards de dollars en liquide. de dollars de chiffre d’affaires. distance et mobile. 8,3 milliards de nationaux et internationaux), du phone longue distance dans leurs Les actionnaires de MCI, hormis b GTE : téléphone local et longue dollars de chiffre d’affaires. téléphone local et de l’accès à In- zones d’activités. MCI et World- Philippe Le Cœur Une belle opération financière pour BT La concentration devrait s’amplifier LONDRES livres (12,6 milliards de francs), té, qui contrôle déjà plus de 90 % EN ACCEPTANT l’offre de WorldCom, la direction nopole des Baby Bells. Ces dernières ont à l’inverse de notre correspondant permettra de reconstituer le tré- du marché des télécommunica- de MCI va probablement susciter un mouvement de été autorisées à proposer du téléphone longue dis- dans la City sor de guerre, de distribuer peut- tions locales, est soumise à la concentration sans précédent dans l’industrie améri- tance. Dans la pratique peu de choses ont bougé. Satisfaction des investisseurs être un deuxième « super-divi- concurrence agressive de Mer- caine du téléphone. Dans l’immédiat, la balle est dans Le téléphone local reste un monopole de fait des institutionnels, qu’atteste la mon- dende » et d’envisager, en toute cury, filiale de Cable & Wireless et le camp des autorités de réglementation et antitrusts Baby Bells. Pour des raisons juridiques (blocage par tée du titre à la Bourse de sérénité, de nouveaux rachats. des cablo-opérateurs. De l’avis américaines, dont le feu vert ne ferait guère de doute. les Baby Bells de certaines décisions en justice), mais Londres, réserves des analystes Enfin, BT garde 75 % de la joint général, BT pourrait s’intéresser à Le poids de MCI-WorldCom dans le téléphone aussi financières (déployer des réseaux coûte cher), les sur les possibilités d’expansion venture Concert Communications nouveau à son rival Cable & Wi- longue distance – il contrôlera 25 % des communica- opérateurs longue distance n’ont fait que des pas ti- aux Etats-Unis et embarras de la Services, spécialisée dans les ser- reless, qu’elle s’était efforcée de tions nationales et internationales – ne devrait pas po- mides sur ce marché, essentiellement auprès des en- direction, dépourvue désormais vices internationaux aux entre- racheter sans succès en 1996. Une ser de problème. La commission fédérale des commu- treprises. Leurs marchés n’étant pas suffisamment ou- de stratégie claire en matière de prises, et conserve un droit de fusion avec «C&W», troisième nications (FCC) et le département de la justice verts, les Baby Bells n’ont pas été autorisées à offrir développement international : préemption sur le 25 % de MCI. opérateur mondial pour le trafic devraient considérer que ce marché est suffisamment du téléphone longue distance dans leurs zones d’acti- telles sont, en résumé, les réac- « Cet accord, bénéficiaire à long international et qui possède une ouvert à la concurrence pour que cette opération vité. tions à l’annonce par BT (ex-Bri- terme pour nos actionnaires, main- participation majoritaire très ren- vienne le perturber. A défaut de conduire à plus de choix pour les tish Telecom) de la vente, pour tient à la fois la capacité de BT à table dans Hongkong Telecom, En revanche, la place de MCI-WorldCom dans les consommateurs, notamment au niveau du téléphone 7 milliards de dollars (environ satisfaire les besoins de ses clients présenterait l’avantage de renfor- services d’accès à Internet et dans les réseaux achemi- local, la loi de 1996 a conduit à des concentrations in- 40 milliards de francs), de sa par- et la flexibilité permettant de pour- cer le pôle asiatique de BT, autre nant les communications Internet pourrait être jugée dustrielles. Des compagnies régionales ont fusionné, ticipation de 20 % dans MCI à suivre une stratégie planétaire point faible de son développe- excessive et poser problème. Les autorités antitrusts dans un mouvemment défensif : Southwestern Bell WorldCom. agressive avec une forte présence ment à l’étranger. pourraient exiger la cession de quelques actifs. avec Pacific Telesis pour donner naissance à SBC, Bell Les grands actionnaires américaine » : comme l’a indiqué BT a multiplié les alliances avec Dès à présent, l’opération MCI-WorldCom va obli- Atlantic avec Nynex. Avec la fusion MCI-WorldCom, n’avaient jamais caché leurs réti- le président de BT, sir Iain Val- des partenaires européens, en ger les autres opérateurs américains à accélérer leur ce mouvement de concentration devrait s’amplifier. cences devant la course au gigan- lance, le groupe britannique s’en- France (avec la Générale des redéploiement. Au-delà de la naissance d’un nouveau Les acquisitions devraient constituer la manière la tisme engagée par BT, à commen- gage à poursuivre d’autres al- eaux), en Allemagne, en Italie, en poids lourd, c’est surtout l’émergence d’un groupe ca- plus rapide de faire pièce à ce nouvel ensemble. Des cer par cette obsession d’une liances aux Etats-Unis. Mais Espagne, en Suède et aux Pays- pable d’offrir à la fois du téléphone longue distance, firmes comme Telemedia ou Teleport, qui disposent présence sur un marché américain certains opérateurs d’outre- Bas. Le groupe, privatisé en 1984, du téléphone local et des services Internet. La plupart de réseaux locaux, pourraient être des cibles pour A T jugé hyperconcurrentiel et mûr. A Atlantique ont déjà noué des ac- apparaît bien placé sur le Vieux des autres acteurs restent présents majoritairement ou Sprint. GTE aussi, qui avait lancer une contre-offre leurs yeux, le rapprochement de cords : Sprint est lié à France Télé- Continent pour tirer profit de la dans le téléphone longue distance, comme AT & T et sur MCI. Des rapprochements entre Baby Bells et BT et de MCI aurait fortement af- com et à Deutsche Telekom, et libéralisation du marché, le Sprint, ou uniquement dans la téléphonie locale, opérateurs longue distance ne sont pas non plus à ex- faibli le bilan du premier, notam- ATT au consortium européen 1er janvier 1998, grâce à ces partici- comme les compagnies régionales (les Baby Bells). clure. La tentative d’AT & T de se rappocher de SBC, ment en raison des lourdes pertes Unisource. pations à des consortiums qui Le « Telecommunications Act », adopté début 1996, avant l’été, a certes été bloquée par les autorités de ré- provoquées par les investisse- Pour bon nombre d’analystes, s’attaquent aux monopoles pu- a théoriquement fait tomber les barrières qui exis- glementation. Mais l’opération MCI-WorldCom modi- ments substantiels entrepris par BT devrait se concentrer sur le blics. taient depuis 1984 entre téléphone longue distance et fie considérablement la donne. le second. La cession, avec une marché britannique et européen. téléphone local. Les acteurs du premier marché ont belle plus-value de 1,3 milliard de Dans son pays d’origine, la socié- Marc Roche été autorisés à entrer sur le second, qui était un mo- Ph. L. C. Suez-Lyonnaise constitue le numéro un européen de la propreté Suppression de 42 000 emplois La filiale du groupe, Sita, rachète des activités hors Amérique du Nord de l’américain BFI dans les mines allemandes POUR la première acquisition ne sont jamais parvenus à renta- une augmentation de capital de pagne, en Australie, à Hongkong LES MINES de charbon de la Ruhr et de la Sarre vont supprimer d’ici à l’an depuis sa fusion, Suez-Lyonnaise biliser leurs actifs européens sur- 2,4 milliards de francs, garantie et en Nouvelle-Zélande. 2000 42 000 emplois. Les effectifs totaux passeront à 36 000 salariés. Il n’y des eaux a choisi une opération payés. Sous la pression de leurs entièrement par Suez-Lyonnaise A la suite de ce rachat, Sita es- aura pas de licenciements secs, mais des mutations d’un site à l’autre. d’envergure, qui illustre la straté- actionnaires, ils ont dû revoir leur des eaux. Si le groupe ne souscrit père réaliser 200 millions de L’extraction devrait atteindre à cette date 30 millions de tonnes de char- gie de développement qu’il en- stratégie. Les dirigeants des deux que sa quote-part, il détiendra, à francs d’économies par an à partir bon, contre 48 millions en 1996. tend poursuivre à l’avenir. groupes ont été changés et les l’issue de l’opération, 51 % du ca- de 1999. Le groupe, qui s’était fixé C’est la conséquence de la baisse des subventions décidée en mars 1997. Sita, sa filiale propreté, a an- nouveaux présidents ordonnaient pital de Sita contre 63 % actuelle- comme objectif de doubler son Les aides devraient passer de 9,3 milliards de deutschemarks (31,3 mil- noncé, lundi 10 novembre, le ra- d’arrêter coûte que coûte l’aven- ment. BFI, lui, prendra une parti- chiffre d’affaires en cinq ans, a dé- liards de francs) en 1998 à 5,5 milliards en 2005. D’ici à 2002, les deux prin- chat de toutes les activités hors ture en Europe. Au début de l’an- cipation de 20 % dans Sita, faisant sormais une deuxième priorité : cipales entreprises minières allemandes, RAG, située dans la Ruhr, et Amérique du Nord de son née, Sita rachetait les activités de lui « un partenaire industriel de doubler le bénéfice par action en Saarbergwerke (Sarre), vont fermer trois mines et en fusionner quatre. Les concurrent américain BFI (Brow- françaises et espagnoles de Waste premier plan ». cinq ans pour le porter à plus de conseils de surveillance des deux entreprises devraient approuver défini- ning-Ferris Industries). Cette ac- Management. A la suite de la fu- 75 francs par titre. tivement ce projet le 25 novembre. – (Correspondance.) quisition permet à Sita de devenir sion entre Suez-Lyonnaise des ÉCONOMIES Malgré un apport d’au moins numéro un en Europe et numéro eaux, qui donne une puissance fi- « Les deux groupes ont l’intention 1,5 milliard de francs, Suez-Lyon- DÉPÊCHES trois dans le monde dans le sec- nancière nouvelle à toutes leurs de travailler ensemble. Si Sita veut naise sera peu affecté par cette a BANCA DI ROMA : la commission des opérations de Bourse ita- teur des déchets, avec un chiffre filiales, la société de déchets a pu aller aux Etats-Unis, il le fera en opération. Compte tenu des ces- lienne, la Consob, a donné, lundi 10 novembre, son feu vert à l’opération d’affaires de 17 milliards de se porter très vite acquéreur des s’associant avec BFI », affirme Gé- sions d’actifs déjà réalisées, l’en- de privatisation de la Banca di Roma sous la forme d’une offre publique de francs. actifs de BFI. Elle rachète l’en- rard Mestrallet, président du di- dettement du groupe devrait à vente (OPV). Le montant de l’offre sera fixé avant samedi 15 novembre. semble pour 8,6 milliards de rectoire de Suez-Lyonnaise des peine dépasser 50 % des fonds a SAN PELLEGRINO : Perrier-Vittel SA (groupe Nestlé), qui détient de- RÉVISION DE LA STRATÉGIE francs. eaux. En dehors du marché améri- propres contre 48 % actuellement. puis 1994 49 % de la société italienne San Pellegrino (eaux minérales), a an- Par cette opération, Sita met un L’acquisition, qui devrait être cain, Sita a désormais les moyens Il garde ainsi toute sa liberté de noncé, lundi 10 novembre, le rachat des 51 % restants à la famille Mentasti. terme à la grande offensive me- conclue à la fin du premier tri- de s’engager seul. manœuvre pour poursuivre son a KDD : l’opérateur de téléphone japonais a indiqué, mardi 11 no- née par ses concurrents améri- mestre 1998, sera financée à hau- Déjà bien implanté en Europe expansion. D’ici cinq ans, il en- vembre, qu’il est engagé dans des discussions sur une possible fusion avec cains en Europe. Arrivés à la fin teur de 6 milliards de francs en et en Amérique du Sud, la reprise tend doubler son chiffre d’affaires ses homologues Teleway (filiale de Toyota) et DDI (filiale de Kyocera). des années 80, Waste Manage- numéraire et de 2,6 milliards par des activités de BFI lui ouvre les dans ses principaux métiers et a THOMAINFOR : le tribunal de commerce de Versailles, « saisi d’une ment comme BFI s’étaient lancés émission d’actions nouvelles Sita portes de l’Allemagne et des Pays- réaliser la moitié de son activité offre de dernière minute » et « pour des problèmes techniques de délais », a dans des rachats massifs et oné- en contrepartie des apports des Bas, deux marchés européens où hors de la France et de la Bel- repoussé au 28 novembre sa décision sur le plan de cession de la reux pour s’implanter sur le mar- activités britanniques de BFI. il n’était pas parvenu à s’implan- gique. société de maintenance informatique, en redressement judiciaire depuis ché européen. Pour payer, Sita va emprunter ter. Elle lui permet aussi de se ren- fin juin. La tentative a tourné court : ils 3,6 milliards de francs et lancer forcer en Grande-Bretagne, en Es- Martine Orange LeMonde Job: WMQ1211--0012-0 WAS LMQ1211-12 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0299 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

Pages 4 et 5 VIENT NOVEMBRE 1997 Lettre

e année o 524 - 44 Marcos DE PARAÎTRE N au sous-commandant Par JOHN BERGER (Page 23.)

LA NOUVELLE STRATÉGIE MILITAIRE DES ÉTATS-UNIS – b APRÈS LE KRACH DE HONGKONG

rue Claude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05 bis, La Chine privatisee Congrès du Parti Publication mensuelle - 21 7 000 150lires FL 36 pages - 22 Portu-F Italie : 30 DH730 PTE Luxembourg : Suisse : Maroc : 26 F 3,8 din. mais avec prudence 7,50 26DM F gal (Cont.) : 1 500 F RéunionTunisie : : 60,00 ATSCa- 6 FS Allemagne : Es- Partie d’Asie du Sud-Est, la bourrasque financière a atteint Hongkong, Shanghaï et Antill./Guyane150 : FB Zone CFA : États- CFA Autriche : 4,95 $C Pékin au moment où le président Jiang Zemin se rendait aux Etats-Unis pour négocier Belgique : 550 PTA G.-B. : nada : 1 100 DR certains des grands dossiers du commerce mondial. L’implication croissante de la Chine 1997 pagne : 4,50 $US Grèce : dans l’actualité internationale a donné un relief particulier au XV NOVEMBRE Unis : 2,90 £ communiste chinois, qui s’est tenu à la mi-septembre 1997. Intervenant peu de temps Abonnements : voir tarif page 8 après le décès de Deng Xiaoping, cette réunion ne prédisposait pas à des changements importants. Mais l’immobilisme politique contraste avecsur la ladécision grande de pauvreté« restructurer du »pays. Les Par ROLAND LEWobjectifs * sont encore à long terme : ce l’ensemble du secteur industriel d’Etat. Le rythme de cetten’est transformation qu’en l’an 2010, fait l’objet 2020, de voire 2050 débats non encore clos au sein du Parti communiste. Et,(autour déjà, les du travailleurs centième desanniversaire entre- de la prises menacées de faillite, victimes de réductions de salairesfondation et taraudés de la Républiquepar la peur dupopulaire), chômage, expriment, souvent violemment, leur mécontentement.que l’on envisage de rattraper véritable- ment le retard économique... Soulager E qui frappe dans le comporte- En fait, la Chine est entraînée, d’un ment du régime chinois et dans côté, dans une montée en puissance le cérémonial rigide du congrès économique et géopolitique. De l’autre, des décennies, sur la C elle n’est pas sortie d’une difficile et du Parti communiste (PCC), c’est le parfois chaotique reconversion écono- la planèteau base d’un modèle er contraste entre les éléments de force et mique et systémique, aux effets sociaux Par IGNACIO RAMONEThyperproductiviste, uniquement centré sur de fragilité. On pourrait s’attendre à une très déstructurants. Il en résulte un les exportations, spé- plus grande assurance de la part des décalage considérable entre ce que le culatif et suicidaire. Au maîtres du pays, compte tenu des suc- pays est devenu après deux décennies nom d’une confusion cès économiques, de la réussite de la de bouleversements postmaoïstes et ce YOTO accueille, du 1 récente rétrocession de Hongkong et de qui est proclamé officiellement au som- 12 décembre, les représen- intéressée entre crois-

MICHEL POTAGE. – « Morceau du jardin vert » (1995) la place croissante que prend la Chine met du parti. sance et développe- PARIS ART’S, BUSSIÈRE HENRY tants de 150 pays pour forêts tropicales. Ainsi, en Indonésie, sur la scène internationale. Cette difficulté est masquée par le débattre des mesures à ment, les Etats du Nord près de 80 % de la forêt humide de l’île et du Sud poursuivent Ce n’est plus seulement le monde déploiement de la ferveur patriotique, à de Sumatra a disparu depuis les e siècle, c’est la popu- ainsi la destruction sys- années 70. Et à Bornéo, le nombre extérieur qui se demande très sérieuse- la fois réelle et manipulée,(Lire la suitequi pagea pris 6.) Kprendre face au réchauffement de la tématique des milieux d’arbres abattus a presque quintuplé en ment si la Chine ne sera pas « l’autre » depuis quelque temps le relais d’un planète dû à l’augmentation des émis- naturels. Les saccages seize ans. Ces destructions ont certes superpuissance et l’une des forces marxisme-léninisme vide de contenu. sions de gaz à effet de serre. Que cette en tous genres se suc- des mers et pour origine la croissance rapide de la majeures du XXI conférence se tienne en Extrême-Orient cèdent, infligés aux population qui utilise le bois comme lation et le régime qui commencent à ASIE (Selig S. Harrison). tombe à point, à l’heure où l’Asie est sols, aux eaux et à l’atmosphère. Urba- combustible et les terres pour l’agri- exprimer une ambition du même ordre, secouée par une succession de désastres nisation galopante, déforestation tropi- culture, mais surtout l’exploitation mais sans l’avouer trop bruyamment : financiers et écologiques. cale, contamination(lire pages 24 des et 25),nappes phréa- forestière à destination des pays riches. on est conscient que le parcours sera Présentés, hier encore, par les tiques La conférence de Berlin sur les cli- encore escarpé. Après tout, le discours grandes instances économiques des fleuves, réchauffement du climat, mats, en avril 1995, a ratifié l’idée que officiel insistait, il y a quelques années, – Aux – Banque mondiale, Fonds monétaire appauvrissement de la couche d’ozone, le marché n’est pas en mesure de * Maître de conférences à l’Université libre international (FMI), Organisation de pluies acides : les pollutions mettent en répondre aux risques globaux pesant de Bruxelles. coopération et de développement péril l’avenir de l’humanité. sur l’environnement. Protéger la bio- économiques (OCDE) –, ainsi que par IX millions d’hectares de terres diversité, la variété de la vie par le tous les thuriféraires de l’ultralibéra- arables disparaissent chaque développement durable devient un En vente dans les kiosques le 15 novembre : lisme, comme le contre-exemple de année du fait de la désertifica- impératif : le développement est dit o 36 100 pag l’« échec du tiers-monde » et le modèle tion. Partout, l’érosion, la surex- « durable » si les générations futures AMÉRIQUEn LATINE, DU « CHE » À MARCOS(Christian de Brie). à imiter, les vieux « dragons » (Hong- héritent d’un environnement d’une qua- – « Bons » étrangers et kong, Singapour, Taïwan, Corée du Sploitation grignotent à un rythme accé- lité au moins égale à celui reçu desL’alliance américano-japonaise cimentée Manière de voir, Sud) et les nouveaux (Malaisie, Indoné- léré la superficie des terres cultivables. générations précédentes. sie, Thaïlande, Philippines) connaissent Les équilibres écologiques sont fragili- Les pays occidentaux – et notam- IMMIGRATION une série de très graves désordres bour- siers. Après l’effondrement de la sés par la pollution industrielle des pays ment les Etats-Unis, responsables de la Bourse de Hongkong, les marchés du Nord et par la pauvreté des pays du moitié des émissions de gaz carbo- financiers des cinq continents, à Sud (déforestation, disparition des niquesMarc-Eric des pays industrialisés – doivent jachères). Des logiques économiques et et tenir les engagements souscrits au som- (Danièle Lochak). commencer par Wall Street, ont plongé politiques absurdes font que des êtres metM.-E. de la Terre G.). de Rio, en 1992. Or il dans lade tourmente, le spectreinternational... d’unde laissant croissance krachbon planer du marché, systèmefondéexportations sur le surélevésune humainsillions meurent de(1). personnes encoreerture souffrentlde sforestière de faim 40 %cumula- de ; par du ait et ’en est cerien. pour Siizon une l’Union réductiondevient l’an européenne de 2010,de 1990desproposer gazl’admi-à qu’en... partir sede de égo-de (Emmanuel Vaillant). CE MOIS-CIAFRIQUE DANS (M.-R.« LE G. MONDELa DIPLOMATIQUE politique française mise à l’épreuve » : (Moshé Lewin). (Martine-Renée Galloy frontières des libertés « mauvais » clandestins HISTOIRE

Au Congo, le pouvoir par les armes Des dictateurs sortis des urnes Gruénais). BALKANS – Pourquoi l’Union soviétique a fasciné le monde EUROPE SOCIALE : – Pour b

EAU Bernard Maris). Lendemains amers pour les orphelins de(Mohamed la « Grandeet Larbi Serbie Bouguerra). » (Jean-Arnault Dérens).

(Daniel Baudru

(Riccardo Petrella). QATAR : Dans la cour des grands. Bataille planétaire pour l’« or bleu » b Quatre modèles de gestion un contrat mondialEgalement au sommaireb SPORT : Le football, symbole des vertus allemandes. b TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION : Internet, terrain de jeux pour les

b AMÉRIQUE LATINE : L’industrie des enlèvements. b ISRAËL : L’immigration a changé de nature. Trompe-l’œil. – Et si les classes existaient encore ? – « Misères du présent,EN richesse VENTE du possible CHEZ » d’André Gorz. b DROGUE : Le toxicomane domestiqué. publicitaires. – Microsoft, monopole du prochain siècle. VOTRE MARCHAND b CINÉMA : Les archives manipulées. DE JOURNAUX22 F TARIFS 1 AN 2 ANS POUR NE MANQUER AUCUN NUMÉRO, ABONNEZ-VOUS ! France 230 F 418 F (y compris DOM-TOM, et pays à accords postaux*)

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Etats-Unis, Canada, Moyen-Orient 350 F 658 F Ⅺ Chèque bancaire Ⅺ Eurochèque Ⅺ mandat international

Amérique Centrale, Amérique du Sud, Mexique, Afrique anglophone, Ⅺ Carte bancaire internationale no : Japon, Chine, autres pays d’Asie 395 F 748 F TOM 410 F 778 F Ⅺ Carte American Express no : Océanie, Australie, Nouvelle-Zélande 435 F 828 F Expire fin : Signature obligatoire : * Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Rép. centrafricaine, Comores, Congo, Côte-d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Bulletin à renvoyer à : Le Monde diplomatique, service abonnement, Sénégal, Tchad, Togo, Tunisie. 24, avenue du Général-Leclerc 60646 CHANTILLY - CEDEX, FRANCE LeMonde Job: WMQ1211--0013-0 WAS LMQ1211-13 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0300 Lcp: 196 CMYK

13 AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

GÉNÉTIQUE L’annonce de la fantasmes les plus noirs. b AU-DE- géniques, jusqu’alors très aléa- TAGNE, aux Etats-Unis, en Austra- maines pour la fabrication de médi- naissance de la première brebis clo- LÀ des implications éthiques, les toire. b LA TECHNIQUE de la « re- lie, les chercheurs préparent au- caments, en attendant les porcs née à partir d’une cellule adulte retombées de cette fantastique combinaison homologue » pourrait jourd’hui la naissance de chèvres transgéniques pouvant fournir des avait, le 23 février, suscité les es- percée scientifique ont ouvert la accroître encore les perspectives ou de vaches capables de donner organes pour des transplantations poirs les plus fous et réveillé les voie à la création d’animaux trans- ainsi offertes. b EN GRANDE-BRE- du lait contenant des protéines hu- chez l’homme. Les sœurs de Dolly et Polly ouvrent une nouvelle ère à la pharmacologie Neuf mois après la naissance de la première brebis clonée, le tumulte s’est calmé et les chercheurs préparent les mammifères qui remplaceront les bactéries manipulées pour la fabrication de médicaments nouveaux

LE 23 FÉVRIER 1997, le monde pectives économiques, notamment fait de pouvoir les recueillir en Le clonage, voie royale pour la transgenèse cela ne fait pas de doute. Aux Etats- entier apprenait qu’une brebis clo- dans le domaine pharmacologique. quantité dans un fluide biologique Unis, en Australie, en Grande-Bre-

née était née, sept mois plus tôt, au Dans les étables de la firme écos- tel que le lait améliore considérable- OBTENTION D’UN ANIMAL TRANSGÉNIQUE tagne, la recherche s’organise pour terme d’une gestation quasiment saise PPL Therapeutics (qui a finan- ment le rendement de leur produc- maîtriser cette technique, qui per- PAR RECOMBINAISON HOMOLOGUE normale. Dans les jours qui sui- cé les recherches menées par le Ros- tion. PAR MICRO-INJECTION mettra de reproduire, à grande virent, les dirigeants des plus lin Institute), dans celles également Revers de la médaille : les gros échelle et de manière accélérée, la de la société américaine GTC (Gen- chèvre – ou la vache – au lait d’or. grandes puissances prirent position, mammifères transgéniques restent 1 tandis que les comités d’éthique de zyme Transgenic Corporation, Mas- une denrée rare, extrêmement diffi- Un objectif qui ne sera atteint qu’au tous bords commençaient de se réu- sachusetts), des centaines de cile à fabriquer (les souris se prêtent prix d’un réel investissement finan- nir. Des semaines durant, Dolly dé- chèvres transgéniques contiennent relativement bien au jeu, mais leur cier (les pays leaders, dans ce do- fraya la chronique. Premier mammi- déjà dans leurs cellules mammaires traite se révèle décevante). «La maine, ont tous derrière eux une fère issu d’une cellule adulte, grâce les gènes humains de diverses pro- seule technique efficace pour transfé- puissante industrie biotechnolo- FÉCONDATION IN VITRO CELLULES aux bons soins du Roslin Institute téines pharmaceutiques (antithrom- rer un gène dans un génome animal EN CULTURE gique). Mais qui pourrait ouvrir des d’Edimbourg (Ecosse), elle suscita bine III, TPA, alpha 1 antitrypsine, consiste à injecter une solution conte- ŒUF FÉCONDÉ perspectives plus prometteuses en- les espoirs les plus fous, réveilla les etc), qui sont ainsi excrétées en nant de nombreuses copies de ce gène PRONUCLEI GÈNE À MODIFIER core : celles de la « recombinaison fantasmes les plus noirs. Le tumulte grandes quantités dans leur lait. dans une cellule œuf, juste après la fé- ZONE PELLUCIDE homologue ». calmé, l’ère de « l’après-Dolly » a vu condation. C’est la technique dite de CYTOPLASME CONSTRUCTION « Contrairement à l’addition de les chercheurs commencer à exploi- 9 SUR 22 000 « micro-injection » », résume Louis- NOYAU MODIFICATRICE gènes par micro-injection, qui consiste ter, dans le calme de leurs labora- Pourquoi utiliser des animaux Marie Houdebine, directeur de SOLUTION CONTENANT à intégrer au petit bonheur la chance DE L’ADN toires, les potentialités de cette fan- transgéniques pour produire des l’unité de différenciation cellulaire GÈNE MODIFIÉ PAR (et souvent sans succès) un gène dans RECOMBINAISON tastique percée scientifique. protéines humaines ? Parce que ces de l’Institut national de la recherche HOMOLOGUE le génome, la technique de la re- Neuf mois plus tard, les biolo- « fermenteurs vivants », comparés agronomique (INRA) de Jouy-en-Jo- DANS LES CELLULES combinaison homologue est infini- gistes ont au moins une certitude. aux autres techniques d’obtention, sas (Yvelines), spécialiste de la trans- CULTIVÉES ment précise », explique Louis-Marie Au-delà de ses retombées fonda- offrent de nombreux avantages. Les genèse animale. « C’est extrêmement SÉLECTION DES CELLULES DONT Houdebine. Le principe est ici de FORMATION LE GÈNE A ÉTÉ MODIFIÉ mentales et de ses implications bactéries, agents de prédilection des pénible, long et peu rentable, mais DE L’EMBRYON remplacer un gène donné (le plus éthiques, la naissance de Dolly manipulateurs de gènes, n’effec- c’est tout ce dont nous disposons à souvent pour l’inactiver, parfois ouvre une voie royale pour dévelop- tuent que partiellement les modifi- l’heure actuelle », poursuit-il. Et de ASSOCIATION ET FUSION pour amplifier son action) par sa co- IMPLANTATION DE L’EMBRYON DANS D’UNE DE CES CELLULES per une technique qui ne décollait cations chimiques nécessaires à l’ac- citer sans sourire « l’excellent résul- L’OVIDUCTE D’UNE MÈRE PORTEUSE pie quasi conforme, sur laquelle a que péniblement depuis une dizaine tivité et à la stabilité des protéines tat » de la société PPL, qui a annon- AVEC UN OVOCYTE ÉNUCLÉÉ, été effectuée une petite mutation. TRANSPLANTATION d’années : la création d’animaux humaines. Il en est de même des le- cé récemment avoir obtenu neuf Les deux séquences étant iden- transgéniques. Ces animaux, qui – vures et des cellules végétales. Les veaux transgéniques... à partir de tiques, elles se « recombinent » comme les plantes du même nom – cellules des animaux supérieurs, en 22 000 embryons manipulés. entre elles, et le nouveau gène finit ont intégré dans leur patrimoine hé- revanche, fabriquent des protéines Tant que le rendement en restera par remplacer l’ancien dans le gé- réditaire un ou plusieurs gènes humaines d’une structure très simi- là, l’obtention d’animaux transgé- nome. étrangers, offrent d’immenses pers- laire à leur structure d’origine. Et le niques restera un procédé de luxe. Aujourd’hui pratiquée de manière Eventuellement valable économi- courante pour obtenir des souris quement pour produire des médica- VACHE TRANSGÉNIQUE transgéniques, cette technique offre Chèvres, vaches, cochons ments à très haute valeur ajoutée, VACHE TRANSGÉNIQUE à la recherche biomédicale un fabu- mais pas plus. Pour élargir le champ Infographie : LE MONDE • D’après LA RECHERCHE, avril 1997 leux matériel pour étudier toutes Dolly, Polly : il ne s’agit évidemment que d’un début. Ainsi que d’applications, il faut améliorer le Le clonage de cellules fœtales ou somatiques (qui ont perdu leur totipotence) sortes de pathologies humaines (Le l’annonçait il y a quelques semaines Ron James, son directeur géné- rendement. C’est là que le clonage permettra d’étendre aux gros mammifères la transgenèse par recombinaison Monde du 24 novembre 1995). Mais ral, la firme écossaise PPL Therapeutics a désormais l’intention de intervient. Là que Dolly, et plus en- homologue, actuellement pratiquée seulement chez la souris. Cette sa transposition de la souris aux cloner des vaches, avec pour objectif la production de lait dans le- core Polly ont brusquement changé technique (à droite) permet d’insérer un gène dans le patrimoine héréditaire avec gros mammifères n’est guère évi- quel les protéines bovines seraient remplacées par des protéines la donne. une totale précision. La micro-injection (à gauche), aujourd’hui employée par les dente – voire, pour l’instant, impos- humaines. Autre projet : la constitution, en Nouvelle-Zélande, d’un entreprises qui fabriquent des animaux transgéniques, est plus aléatoire. sible. Là encore, la possibilité de re- troupeau de brebis génétiquement modifiées, qui seraient capables LAIT D’OR générer des organismes entiers à de produire du lait contenant une protéine utilisée pour traiter une Polly est la première brebis obte- « fabriquée » selon le même procé- suite réimplanté dans l’utérus d’une partir de cellules en culture (em- forme de fibrose humaine. M. James a également précisé que PPL nue à partir d’une cellule clonée dé que Dolly. A un détail près : le brebis receveuse (Le Monde du bryonnaires, fœtales ou adultes), travaille à la création de porcs transgéniques pouvant fournir des « et » dotée d’un gène humain. Née gène humain a tout d’abord été in- 25 juillet). que les chercheurs pourraient préa- organes destinés à des transplantations chez l’homme. La France, en juillet 1997 – une fois encore dans jecté dans la cellule de brebis « ori- Ce nouveau succès de la firme lablement manipuler à leur guise, quant à elle, restera-t-elle longtemps frileuse en matière de trans- la ferme de l’Institut Roslin et de la ginelle ». Le noyau de cette cellule écossaise signifie-t-il que le clonage devrait changer l’avenir de la trans- génèse animale ? Aucune entreprise privée n’a sérieusement investi société PPL –, elle contient dans son transformée a ensuite été introduit d’animaux transgéniques est vérita- genèse animale. dans le domaine de la micro-injection. Et aucune ne semble intéres- lait le gène d’une protéine humaine dans un ovocyte de brebis préala- blement entré dans sa phase de dé- sée par les perspectives agronomiques offertes par le clonage. d’intérêt thérapeutique, et a été blement énucléé – le tout étant en- veloppement ? Pour les spécialistes, Catherine Vincent Apple mise sur une puce plus puissante que les Pentium d’Intel LE G3, le microprocesseur fa- des PC équipés de la puce la plus PC. Apple estime l’avantage de seurs de Cyrix, impose plus souvent utilisées. L’accès à disques Zip (Iomega) de 100 mé- briqué par Motorola et IBM, puissante d’Intel, le Pentium II à G3 à 44 % et 15 % suivant les l’installation d’imposants venti- ces informations devient ainsi gaoctets chacun en complément équipe les nouveaux ordinateurs 300 MHz. types d’opérations effectuées. lateurs. immédiat. des disquettes classiques. La ma- présentés par Apple le 10 no- Devant un public émerveillé, Steve Jobs a souligné les dif- Avec le G3, Motorola et IBM Pour exploiter le G3, Apple chine coûte 2 399 dollars vembre. Steve Jobs, cofondateur les machines d’Apple ont large- férences entre les deux gammes exploitent la largeur de gravure lance trois modèles d’ordina- (14 400 francs aux Etats-Unis). et directeur général par intérim ment battu leurs concurrentes. de microprocesseurs. La taille (0,25 micron) la plus faible utili- teurs. Le bas de gamme des ma- La vedette de la gamme re- de la marque à la pomme, n’a Les ordinateurs fonctionnaient des puces et la puissance élec- sée industriellement au- chines de bureau est doté d’un vient au modèle portable : le Po- pas lésiné sur la démonstration simultanément sur des applica- trique qu’elles consomment at- jourd’hui, qui améliore la G3 à 233 MHz et coûte 1 999 dol- werBook G3, équipé d’une puce de ses performances lors d’un tions comme Photoshop, une sé- testent l’avance prise par le compacité de la puce. De plus, le lars, soit environ 12 000 francs fonctionnant à 250 MHz, revient show à l’américaine. Sur une quence vidéo et l’ouverture de consortium PowerPC. La surface processeur possède, à l’intérieur aux Etats-Unis. En France, il de- à 5 699 dollars (34 000 francs), scène de théatre, il a mis en logiciels de bureautique comme du G3 (67 millimètres carrés) est même de la puce, une mémoire, vrait être commercialisé aux soit un prix similaire à celui des compétition des ordinateurs Po- Word et Excel. Dans tous ces cas, trois fois inférieure à celle du dite cache, de 64 000 octets per- alentours de 14 000 francs. La modèles haut de gamme précé- werPC équipés du G3 fonction- choisis par Apple, les PowerPC Pentium II (203 millimètres car- mettant d’enregistrer à la fois les deuxième version dispose d’un dents pour des performances nant à 266 mégahertz (MHz) et ont fini leur tâche bien avant les rés). instructions et les données les G3 à 266 MHz et d’un lecteur de très supérieures qui en font «le portable le plus rapide du ACCÈS IMMÉDIAT monde », selon Steve Jobs. Un COMMENTAIRE rallient aux ordinateurs à moins Les électrons ayant une dis- Super-disque dur titre déjà détenu par son prédé- de 1 000 dollars (6 000 francs) qui tance plus faible à parcourir, ils cesseur, le PowerBook 3400c. Si ESPOIRS DÉÇUS se vendent comme des petits se contentent d’une puissance Un disque dur de 16,8 gigaoctets a plus pluissant du marché, le Bigfoot sa batterie lithium-ion confère pains outre-Atlantique. Intel lui- de 6 watts avec le G3 contre été présenté par IBM, lundi 10 de 12 gigaoctets produit par au PowerBook G3 une autono- Steve Jobs, le mythique cofon- même travaille sur des puces ca- 43 watts avec le Pentium II, se- novembre. Ce composant, baptisé Quantum. Capable de stocker mie de deux à quatre heures, son dateur d’Apple, a déçu le 10 no- pables de s’intégrer dans de lon Apple. D’où un échauffe- Deskstar 16GP, utilise un nouveau l’équivalent de « 16 camionnettes poids de 3,5 kilogrammes reste vembre les espoirs que de nom- telles machines afin de réagir à la ment très inférieur qui permet à type de tête de lecture/écriture dite pleines d’informations écrites », le son principal handicap. breuses rumeurs avaient fait concurrence des microproces- la puce d’Apple de s’intégrer Giant Magnetoresistive (GMR). Il Deskstar 16GP permettra de faire Mais la surface de son écran – naître aux Etats-Unis concernant seurs économiques de Cyrix. Il sans difficulté dans l’espace très sera commercialisé le mois tourner sur des micro-ordinateurs 12,1 pouces – est également sen- la firme à la pomme. La solennité semble par ailleurs qu’un marché confiné des ordinateurs por- prochain. Son introduction des logiciels multimédia de haute siblement plus faible que celle de sa prestation laissait présager existe pour des appareils inter- tables. La taille des derniers Pen- intervient deux semaines seulement performance, avec une qualité vidéo de nombreux portables concur- une annonce majeure, un chan- médiaires entre les mini-ordina- tium, tout comme les proces- après celle du dernier disque dur le équivalente à celle de la télévision. rents équipés en 13,3 ou gement de cap assez vigoureux teurs portables ou les assistants 14,1 pouces. La puissance consti- pour éviter à l’entreprise l’issue numériques personnels et les or- tue donc l’atout essentiel du Po- fatale souvent pronostiquée. Les dinateurs de bureau. werBook G3. dirigeants d’Apple eux-mêmes L’eMate préfigure une telle Vente directe et fabrication à la commande Reste à savoir si sa vitesse ont entretenu les bruits de lance- machine qui, idéalement, devrait compensera l’inconfort de son ment d’un ordinateur de réseau coûter moins de 3 000 francs, pe- APPLE traverse, depuis mainte- commerciale qu’entend désormais ternet doit aussi permettre un utilisation et si son prix, qui le (NC) vendu aux environs de ser environ 1 kg et ne pas dépas- nant près de deux ans, une période suivre Apple pour enrayer la chute abaissement des coûts de l’ordre de réserve aux plus fortunés, ne 500 dollars (3 000 francs) et déri- ser la surface d’une feuille de pa- difficile. La firme de Cupertino (Ca- de sa part de marché (actuellement 15 % à 20 % ; l’exclura pas presque totalement vé du modèle eMate conçu pour pier format A4. Apple semble lifornie) voit son déficit se creuser 3,3 % du marché mondial en b les consommateurs pourront du marché grand public. les écoliers (Le Monde daté 21- l’entreprise la mieux placée pour et ses ventes se réduire. Elle a clos, nombre d’unités vendues contre continuer d’acheter les produits Avec ses modèles de bureau, 22 septembre). La présence de lancer un tel produit. Outre sa fin septembre, son dernier exercice 9 % en février 1996). d’Apple chez les détaillants, a indi- Apple vise le milieu de gamme Larry Ellison, père du NC et pa- créativité, c’est elle qui a le plus fiscal sur une perte nette de Cette stratégie a pour point d’ap- qué M. Jobs. Aux Etats-Unis, Apple des ordinateurs et reste en tête tron d’Oracle, dans le conseil besoin de retrouver un produit 1,04 milliard de dollars. Son chiffre plication la vente directe et la a conclu un accord avec une impor- de la course à la performance d’administration d’Apple laissait phare capable de redorer son d’affaires s’est établi à 7,1 milliards construction à la demande : tante chaîne de magasins spéciali- que se livrent les constructeurs envisager une telle orientation. image auprès du grand public et de dollars, en recul de 28 % par rap- b à l’instar de Dell, Apple va sés, CompUSA, qui va réserver une d’ordinateurs, avec l’avantage Steve Jobs n’en a soufflé mot. Au de rassurer ses adeptes sur sa pé- port à l’année précédente. A la fin construire des ordinateurs person- section spéciale dans chaque lieu de de son nouveau système d’ex- contraire, il a vanté les mérites rennité. Le 10 novembre, Steve de l’année fiscale 1996, les ventes nels d’après les spécifications re- vente aux Macintosh et aux logi- ploitation, MacOS 8, dont Steve d’une gamme d’ordinateurs si- Jobs s’est interdit les annonces étaient déjà en repli de 11,4 % et les quises par chaque client « en un ou ciels écrits pour les Mac. Jobs déclare avoir vendu deux tuée dans le milieu et le haut de anticipées, préférant révéler seu- pertes atteignaient 816 millions de deux jours ». Cela doit permettre de Contrairement à ce qu’atten- millions d’exemplaires depuis gamme. lement ce qu’Apple peut immé- dollars. Placé (par intérim) à la tête réduire le plus possible les stocks et daient les observateurs, Steve Jobs son lancement, cet été. Mais le L’annonce tombe au moment diatement offrir sur le marché. de la firme à la suite de l’éviction de éviter les coûteuses erreurs de pré- n’a pas annoncé d’alliance avec système Rhapsody, tant attendu, précis où les grands construc- Gilbert Amelio en juillet, Steve visions de ventes qui ont ponctué le Oracle, le spécialiste des ordina- reste dans les limbes. teurs comme Compaq et IBM se M. A. Jobs, cofondateur de firme, a dévoi- recul de la part de marché des Mac ; teurs personnels fonctionnant sur lé lundi 10 novembre la stratégie b la vente directe sur un site In- le réseau Internet. Michel Alberganti LeMonde Job: WMQ1211--0014-0 WAS LMQ1211-14 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0301 Lcp: 196 CMYK

14 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI-GOÛTS Tonnerre de chefs BOUTEILLE Nouveau et violent malentendu Coteaux chez les grands étoilés du pont du Gard 1997 EST-CE l’idée d’un ultime et le « cinq étoiles » – trois à Paris, Vin de pays primeur tragique festin à consommer deux à Monaco – lançait au pays a La vigne plantée aux abords de l’aqueduc romain dit assez sans tarder sur le bûcher de nos une sorte de « Vive le Québec l’ancienneté de ce vignoble situé dans la partie septentrionale de angoisses ou bien la stratégie de libre ! », sous une forme plus l’AOC costières-de-nîmes. Depuis vingt-quatre ans, sept caves, de part certains bailleurs de fonds des définitive encore : « Je veux que et d’autre du pont du Gard, ont sélectionné chacune une dizaine grands établissements français, les Français admettent que le chef d’hectares réservés à la confection d’un vin primeur disponible dès le férocement attachés à la rentabi- n’a pas obligatoirement à être troisième jeudi d’octobre. Les communes autour de la cave vinicole de lité de leurs mises : jamais on dans sa cuisine. » Cela méritait Sernhac s’emploient à la vinification très particulière d’un assemblage n’aura donné autant d’impor- explication. moitié syrah moitié grenache. Vin de soif, frais et agréable, il n’a ni le tance à ce que l’on qualifiait, il y Quand il y a urgence, ce nou- goût de bonbon anglais que certains décèlent dans le beaujolais a peu de temps encore, des veau Capitaine Fracasse reçoit nouveau, ni celui d’acétate d’isoamyle, qui sent la banane ! A consom-

termes vagabonds de « plaisirs sur la passerelle de comman- DESSINS : DESCLOZEAUX mer d’urgence, avant de s’intéresser aux AOC costières-de-nîmes, de la table ». Préoccupation sou- dement de l’hôtel particulier, issus des mêmes cépages, ou à un blanc de blancs (grenache blanc, dainement dévorante, l’actualité avenue Raymond-Poincaré, qui Là-bas, dans les régions, les Girardet, le maître de Crissier, clairette et sauvignon) bien équilibré, disponible également à la cave des soupières se mêle désormais abrite son restaurant ; plus pré- mêmes qui il y a quelques mois applaudi par tous ses confrères de Sernhac. de chasser les grandes ombres cisément dans une courte et s’étaient violemment heurtées à et unanimement considéré des banales catastrophes du quo- smart salle à manger, qui tangue lui quand il leur reprochait de comme la meilleure palette du ૽ Vin de pays des coteaux du pont du Gard en primeur 1997 : 17 francs tidien. C’est furieux comme en- dans la bataille quotidienne du parjurer la tradition en piquant Vieux Continent ? Le débat est la bouteille. Cave coopérative, chemin de Remoulins, 30210 Sernhac. gouement. Horn. On appelle l’endroit leurs plats d’une touche de can- une nouvelle fois ouvert. Cette Tél. : 04-66-37-18-03. Télécopie : 04-66-37-36-23. Tout fait drame et grandilo- « l’aquarium ». Gabiers et nelle ou d’un copeau de gin- fois à voix haute, par un homme quence, affaire d’Etat et avis de maîtres d’équipage, mousses et gembre, ceux-là trouvent au- à qui on ne saurait reprocher de tempête. On en appelle à la fierté officiers de quart, sommeliers et jourd’hui le coup du cuisinier n’avoir peur de rien ni de consi- TOQUES EN POINTE nationale, au sursaut patriotique. chefs de rang, tous agités par le immolé à ses forges savantes un dérer son succès comme non Le peuple est pris à témoin : ci- calme impatienté des mangeurs peu gros. Pour eux, il serait négligeable. Autrement dit, un toyen, on brade ta gastronomie, d’en dessous. Ordres, cris, ju- moins question de céder à champion aurait-il désormais le on la truque, on insulte la mé- rons, engueulades : la galère « l’avidité du dollar » que de devoir de priver ses admirateurs Bistrot moire de tes ancêtres, on piétine royale trace sa route. On ne consacrer au « rôle d’aubergiste » de sa présence aux feux, sous le ton patrimoine ; l’étranger est s’entend plus ; c’est le moment offrant, jour après jour, au ryth- couvert de voix célestes lui L’OUSTALOU aux portes, bientôt Valmy. Aux de parler. me de sa région et de ses mannes recommandant des missions a Une fresque réaliste évoque le site de Saint-Flour, et le sérieux de armes ! Très à l’aise, Ducasse est entré – du travail le plus modeste au moins subalternes ? Attendons- l’accueil et du service ajoute au plaisir de retrouver les solides avec son dossier sous le bras. plus élaboré –, le simple et éter- nous à ce que personne ne puisse nourritures arvernes de l’Aubrac et du Cantal que l’on propose ici, Alors, on me cherche des noises, nel devoir d’accueil. Le chef est jamais raisonnablement tran- généreusement, avec quelque rutilant saint-pourçain, chanturgue ou « Je veux j’ai l’habitude. Voilà l’article du aux îles Caïmans, demain on peut cher. châteaugay, les vins du cru, sans oublier l’inimitable marcillac. C’est le Post, et sa traduction. Voyons le le joindre à New York, au Wal- soufflé de cèpes, léger, parfumé, la ballotine de canard aux châtaignes, que les Français câble de l’AFP... Tout y est, mais dorf Astoria, mais, mangez sans Jean-Pierre Quélin l’assiette de charcuteries, le chou farci, l’aligot et sa saucisse maison. pas dans le bon ordre, j’ai l’habi- crainte, sa grande présence ne Et encore le coq au vin, les tripoux, évidemment, le cassoulet aux admettent tude. On dîne ? Coquilles Saint- nous quittera pas : c’est là un lentilles vertes du Puy, et même le pounti et la flognarde. Formule Jacques poêlées, crème de laitue avertissement dont ils saisissent (déjeuner) : 88 francs. Menu : 128 francs. A la carte, compter que le chef n’a pas et truffes blanches. Pas compli- encore mal le sens. 200 francs. qué, composition en trois temps, Soyons sérieux. Est-ce bien La obligatoirement irréprochable. Blanc de bar cuit Gazette de Lausanne qui préve- ૽ Paris. 54, avenue Ledru-Rollin (75012). Tél. : 01-43-47-57-98. Tous les au plat, sauce hachée aux huîtres. nait ses lecteurs des plus brèves jours. à être Plus savant, plus risqué aussi ; de absences à son chevalet de Fredy Jean-Claude Ribaut la marée très fraîche, très rude, à dans sa cuisine » ne pas mettre entre toutes les mains. Pommes cuites et crues, sucre et du sirop de du lait avant de servir de base à sa recette. jus beurré. Condrieu 1996, La Do- Le pain d’épices glucose « Pour cuisiner, rien ne vaut le pain d’épices L’ère des Japonais dérobeurs riane. Reprenons. traditionnels, une tendre », dit-il. Pierre Hermé, chef de file de secrets étant terminée – nos Qu’est-ce que c’est que cette Sur les recherches des grands grande proportion de la nouvelle pâtisserie, est bien de cet toques les plus fines se sont char- manière arriérée qu’ont les pâtissiers d’aujourd’hui (goûts de beurre, qu’il fait avis. Fils d’un artisan de Colmar, il se gées de leur livrer sur un plateau grands artisans de rester plan- très marqués, textures venir d’une laiterie souvient que son père laissait reposer la l’essentiel de leur confidentiel- qués derrière leurs pianos au lieu évanescentes, mariages inédits voisine. « Ce n’est pâte de son pain d’épices une année défense –, c’est au tour des Amé- de partir vers le monde distribuer de saveurs), la journaliste qu’en fin de cuisson, entière pour obtenir in fine une ricains de pointer le nez et de leur savoir ? Nous devons être vi- Marianne Comolli vient de publier un raconte Bruno Augustin, le fabricant, que consistance très dure. Lui préfère saupoudrer la zizanie sur nos sibles. Reconnus et entendus. remarquable article dans le dernier l’on ajoute le pain d’épices, que nous avons aujourd’hui travailler avec du pain fourneaux incertains et coquets. Nous ne sommes plus seuls léga- numéro de la revue Gault-Millau. Elle y fait préalablement broyé ainsi qu’un peu de d’épices de Dijon ultra-moelleux... quitte à Dernière provocation en date, taires du goût universel, d’autres la démonstration, recettes à l’appui, d’un cannelle et de gingembre. » Le résultat ? Un le rendre parfois sec comme du papier de l’entretien décroché, fin octobre, sont sur les rangs, de très sérieux véritable mouvement de fond, une caramel très tendre avec des petites verre pour certaines de ses créations. Il à Alain Ducasse par un journa- cuisiniers et bons gestionnaires nouvelle physiologie du sucré. Détournés, miettes qui restent sur la langue. présente ainsi dans son livre Plaisirs liste bien intentionné du Was- qui commencent à étendre leur réinterprétés, certains légumes ont ainsi La maison Deneuville, qui vient de mettre sucrés, qui vient de paraître chez Hachette, hington Post. Titre de la bombe : influence. La toque à bedaine a fait leur apparition au dessert. La carte du sur le marché un chocolat au pain un extraordinaire mille-feuille de pain « Le chef français qui veut chan- fait son temps, place au manager, restaurant de Régis Marcon à d’épices, semble avoir eu la main moins d’épices à l’orange. Il l’émince en tranches ger l’attitude de sa nation. » au chef d’équipe, au designer. Je Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire) joue heureuse. Sa ganache au chocolat noir ultra-fines, puis les badigeonne de beurre Diable ! mets au point, je façonne, j’im- avec talent sur cette corde pourtant raide : contient en fait non pas le biscuit moulu, avant de les toaster au four. Une fois Des plaintes et des coups de plique mes seconds dans cette petit fagot de céleri confit, glace à la mais un simple arôme pain d’épices, refroidis, ces petits rectangles croquants colère nous étaient parvenus de nouvelle ligne de conduite et je verveine, caramel de morille. Parmi les beaucoup plus décevant au goût. « Il est seront empilés, avec, en guise la province sur l’insolence et la passe à autre chose. Je bouge. Il produits que l’on utilise aujourd’hui de essentiel de partir d’un véritable pain d’intercalaires, des quenelles de glace au morgue des propos tenus par ce aurait pu dire : vous me voyez, façon mille fois plus créatives, l’un d’entre d’épices », confirme Fabien Phœnix, qui fait pain d’épices. nouveau cuisinier du siècle, rem- ici, dans cette maison, avec un eux tient la vedette : le pain d’épices. depuis six ans de la glace à ce parfum. plaçant flamboyant de Robu- chapeau gaufré et des taches de Depuis février, les magasins Carrefour Dans son petit atelier du Guillaume Crouzet chon, incomparablement plus vif sauce sur le plastron, en train proposent, sous leur marque d’épicerie 17e arrondissement, Mister Ice, il fabrique que lui à trouver les bonnes tri- d’aller serrer des mains dans la fine Escapades gourmandes, un étonnant pour les restaurants, les traiteurs et ૽ Caramels au pain d’épices Escapades gour- bunes pour faire entendre ses salle et de débarrasser les der- caramel au pain d’épices. Celui-ci est fait à quelques fidèles de son quartier sa glace mandes, 20 francs environ les 200 grammes. prêches. Le dernier était parti- nières miettes de la nappe ? Il Montereau, chez un confiseur plus que au pain d’épices, où le biscuit est réduit en Glace au pain d’épices Mister Ice, 6, rue Des- culièrement inspiré, dans lequel était implacable. centenaire qui utilise pour cela, en plus du pâte puis infusé pendant deux heures dans combes, 75017 Paris. 35 francs le demi-litre. LeMonde Job: WMQ1211--0015-0 WAS LMQ1211-15 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0302 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 / 15 Fortes pluies sur le Sud-Est 12 NOVEMBRE 1997 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé LA ZONE dépressionnaire sur le ra plutôt ensoleillé avec un léger vers 12h00 DU VOYAGEUR nord des îles Britanniques se risque d’averse à la mi-journée. Il comble lentement. Mercredi, une fera de 10 à 12 degrés. Peu zone perturbée traînera sur l’ex- Poitou-Charentes, Aquitaine, Belfast nuageux a GRANDE-BRETAGNE. Tous trême est du pays et un minimum Midi-Pyrénées. – Le ciel reste Liverpool les vols de British Airways seront Dublin se creusera sur le golfe de Gênes bien chargé avec des averses par- Varsovie Kiev non-fumeurs à partir du 29 mars maintenant de l’instabilité sur fois orageuses. Dans l’après-midi, Amsterdam Berlin Brèves 1998. Les compagnies Qantas, l’extrême Sud-Est. une légère amélioration se fait Canadian International, Deut- Londres éclaircies Bretagne, pays de Loire, sentir. Le vent de nord-ouest 50 o Bruxelles sche BA et Air Liberté, parte- Basse-Normandie. – Près des souffle à 60 km/h sur les côtes. Il Prague naires ou filiales de British Air- côtes, les nuages donneront des fera de 13 à 15 degrés. Couvert ways, devraient également averses. Dans l’intérieur, les Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne interdire la cigarette sur leurs éclaircies seront plus larges. Le Alpes. – Sur le Limousin, le ciel Budapest vols en 1998. Les équipages ont Nantes Brume vent de nord-ouest soufflera à restera nuageux avec des averses Berne brouillard reçu une formation pour ré- 60 km/h sur les côtes. Il fera de parfois orageuses dans la mati- Bucarest pondre aux passagers qui refuse- 11 à 13 degrés. née. Sur Auvergne et Rhône- Lyon Milan Belgrade raient de se conformer à l’inter- Nord-Picardie, Ile-de-France, Alpes, après des brouillards mati- Sofia Averses diction de fumer et ceux qui Centre, Haute-Normandie, Ar- naux dans les vallées, les éclaircies Toulouse Istanbul continueront d’allumer leurs ci- dennes. – Les averses seront en- reviendront avec un petit risque garettes seront traités « sévère- Pluie core au programme sur les côtes. d’averse. Il fera de 9 à 12 degrés. Rome ment ». – (AFP) Dans l’intérieur, nuages et éclair- Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples a SCANDINAVIE. La compagnie o Madrid cies alterneront avec un petit vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. 40 aérienne scandinave SAS pro- risque d’averse à la mi-journée et – Sur la Corse et les Alpes-Mari- Lisbonne Athènes Orages pose à ses passagers de classe af- davantage de soleil l’après-midi. Il times, le ciel restera couvert avec faires, jusqu’à la fin de l’année, fera de 10 à 12 degrés. des pluies orageuses pouvant être Séville une réduction de 35 % sur ses Champagne, Lorraine, Alsace, fortes. Sur les autres régions, le Tunis Neige vols à destination de la Finlande Bourgogne, Franche-Comté. – ciel sera peu nuageux. La tramon- Alger et de 20 % sur ses vols à destina- Après la dissipation des brumes et tane et le vent d’ouest souffleront tion de Riga, Vilnius et Tallinn, Rabat o o o brouillards matinaux, le temps se- à 70 km/h. Il fera de 13 à 16 degrés. 0 10 20 Vent fort les trois capitales baltes.

PRÉVISIONS POUR LE 12 NOVEMBRE 1997 PAPEETE 24/29 P KIEV 7/11 C VENISE 12/15 P LE CAIRE 16/25 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/31 P LISBONNE 12/17 S VIENNE 7/14 N MARRAKECH 12/20 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/27 S LIVERPOOL 6/10 S AMÉRIQUES NAIROBI 15/24 N EUROPE LONDRES 5/11 S BRASILIA 20/29 P PRETORIA 17/20 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 5/9 P LUXEMBOURG 3/6 N BUENOS AIR. 13/21 N RABAT 12/19 S FRANCE métropole NANCY 3/11 N ATHENES 15/20 S MADRID 6/11 P CARACAS 25/29 S TUNIS 14/22 S AJACCIO 11/16 P NANTES 4/12 P BARCELONE 10/16 N MILAN 10/13 P CHICAGO -4/0 S ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 7/13 P NICE 10/16 P BELFAST 4/9 P MOSCOU 2/6 P LIMA 16/24 N BANGKOK 25/33 S BORDEAUX 5/13 P PARIS 5/11 N BELGRADE 9/18 N MUNICH 3/7 N LOS ANGELES 15/18 S BOMBAY 26/31 P BOURGES 4/10 N PAU 5/11 P BERLIN 2/7 S NAPLES 16/19 P MEXICO 14/19 C DJAKARTA 27/31 N BREST 6/12 P PERPIGNAN 7/14 N BERNE 3/6 C OSLO 3/5 C MONTREAL -3/1 S DUBAI 24/32 S CAEN 6/11 N RENNES 4/13 N BRUXELLES 5/8 P PALMA DE M. 12/14 N NEW YORK 3/7 C HANOI 24/29 N CHERBOURG 6/12 P ST-ETIENNE 4/11 N BUCAREST 4/17 C PRAGUE 0/10 S SAN FRANCIS. 11/16 N HONGKONG 22/28 N CLERMONT-F. 4/11 N STRASBOURG 3/10 N BUDAPEST 8/15 C ROME 14/18 P SANTIAGO/CHI 5/14 N JERUSALEM 16/24 S DIJON 3/11 N TOULOUSE 4/12 P COPENHAGUE 5/7 P SEVILLE 11/17 S TORONTO -3/3 N NEW DEHLI 14/24 N GRENOBLE 6/11 N TOURS 4/11 N DUBLIN 5/9 P SOFIA 7/16 S WASHINGTON 2/10 C PEKIN 5/11 C LILLE 5/10 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 4/8 N ST-PETERSB. 2/3 N AFRIQUE SEOUL 8/19 P LIMOGES 5/10 N CAYENNE 23/32 N GENEVE 4/8 P STOCKHOLM 4/7 P ALGER 12/18 P SINGAPOUR 27/31 C LYON 4/12 N FORT-DE-FR. 25/31 S HELSINKI 1/3 N TENERIFE 14/20 N DAKAR 26/31 S SYDNEY 18/23 P MARSEILLE 8/15 N NOUMEA 19/25 S ISTANBUL 12/17 S VARSOVIE 5/12 C KINSHASA 22/31 N TOKYO 10/21 S Situation le 11 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 13 novembre à 0 heure TU

PRATIQUE Crimes et délits, quand et comment porter plainte UN BAGAGE qui disparaît sans Quéant, conseiller technique à la « Tout dépend de la personne qui On peut aussi écrire au proc baux, sur les 5 185 495 reçus en que les propriétaires ne se sont pas laisser de traces entre Bastia et Or- direction de la police judiciaire. reçoit la plainte », estime Béatrice x ureur de la République du lieu 1996. signalés », remarque Alain Quéant. ly, Anne B. file au commissariat, et Mais comme il y a eu morsure, Gérard, coordonnatrice de l’asso- où se sont déroulés les faits, en Dans ces conditions, vaut-il la Si les faits ne sont pas suffisam- en sort furieuse : « On a refusé le propriétaire est tenu au suivi ra- ciation Paris Aide aux victimes précisant que l’on s’est heurté à la peine de porter plainte ? Oui, ment importants pour justifier une d’enregistrer ma plainte ! » C’est bique de l’animal (trois examens, à (PAV). Ainsi, un piéton renversé mauvaise volonté de la gendarme- parce que cela aidera la victime à plainte, on peut les faire consigner que le vol n’est pas prouvé ; il dix jours d’intervalle). En cas de par un motocycliste s’est-il heurté rie ou du commissariat. La lettre mieux supporter le choc psycho- sur le registre du commissariat ap- s’agit donc d’un litige privé entre refus, il peut y avoir procédure pé- à une fin de non-recevoir. «Il exposera clairement les faits et logique de l’agression. La plainte pelé « main courante ». Cela peut la compagnie et son client. Si on nale. Il restait le délit de blessures s’agissait pourtant bien d’un délit, mentionnera les coordonnées de lui permettra en outre, d’être in- être utile, pour une procédure ul- avait restitué à Anne un sac dont involontaires par le propriétaire mais comme le piéton n’avait pas l’expéditeur pour qu’on puisse le demnisée, surtout si l’auteur des térieure : par exemple, en cas de la fermeture avait été forcée, et où de l’animal. Cette infraction a été relevé le numéro minéralogique du joindre facilement. Le magistrat, faits est insolvable, en déposant tapage nocturne récidivant. Il faut manquaient des vêtements, sa retenue contre un apiculteur qui motard, et que celui-ci lui avait s’il estime la plainte justifiée, di- un dossier à la Commission d’in- veiller cependant à ne pas tomber plainte aurait été acceptée. avait omis de prendre les mesures donné un faux nom, on lui a répon- ligentera une enquête. Sinon, il demnisation des victimes (CIVI). dans l’excès. Une fois la procédure Pour porter plainte, il faut qu’il y nécessaires pour éviter à son voi- du qu’il n’y avait aucune chance de classera, en motivant sa décision. L’indemnisation est versée, enclenchée, il n’est pas toujours ait infraction pénale. Or si les ho- sin d’être gravement piqué par les le retrouver. » L’association a pris Si l’auteur des faits demeure in- quelles que soient les ressources possible de faire machine en ar- micides, viols, coups et blessures, abeilles sorties de la ruche (19 fé- contact avec le commissariat, qui a connu, la plainte contre X risque de la victime, si celle-ci a subi une rière : le procureur peut continuer cambriolages ne prêtent guère à vrier 1957). « Le droit pénal est res- finalement accepté d’enregistrer la de rester sans suite : ce fut le cas agression sexuelle, ou un préju- les poursuites, même si l’on a reti- contestation, certains délits sont trictif, et l’article qui s’applique aux plainte. pour trois millions de procès-ver- dice corporel ayant entraîné un ar- ré la plainte. C’est fréquent dans le plus difficiles à caractériser. abeilles ne sera pas forcément va- rêt de travail ou d’activité supé- cas de violences conjugales. L’au- Preuve en est la mésaventure arri- lable pour les chiens », conclut rieur à un mois. teur de l’infraction risque d’être vée à ce cycliste randonneur, Alain Quéant. Au parquet de Paris, Où s’adresser ? Pour les autres infractions (vol, condamné, même si la victime ne agressé par trois molosses sortis on estime pourtant que ces faits escroquerie, dommage corporel réclame aucune indemnisation. en trombe d’un portail grand ou- auraient pu justifier une plainte. b Les associations d’aide aux des suites données à entraînant un arrêt de travail de D’autre part, il faut s’abstenir de vert, dans une banlieue déserte. Pour décider s’il y a infraction victimes donnent des conseils : sa plainte. moins d’un mois), l’indemnité est porter plainte pour des motifs fu- « Les gendarmes n’ont pas voulu pénale, les policiers et gendarmes Paris Aide aux victimes (PAV, 4–14, b La commission d’indemnisation plafonnée, et réservée aux revenus tiles : la voisine qui rentre à enregistrer ma plainte parce que les disposent d’une marge d’apprécia- rue Ferrus, 75014 Paris. Tél. : des victimes, CIVI, 13, place modestes. 2 heures du matin chaussée de ta- animaux étaient coutumiers du fait, tion. « En refusant la plainte pour 01-45-88-18-00). Vendôme, 75001 Paris. Enfin, la plainte peut aider la lons-aiguilles et arpente bruyam- et que le propriétaire ne voulait rien la disparition du bagage, ils sa- Pour les adresses en province, b Délais pour porter plainte : un police à élucider d’autres affaires ment le hall de l’immeuble ne sera savoir. » vaient qu’il ne servirait à rien de dé- s’adresser à l’Institut national an pour les contraventions, trois et à restituer un bien volé, si on re- pas considérée comme se livrant à Le cas est plus complexe qu’il clencher une enquête lourde, avec d’aide aux victimes et de ans pour les délits, dix ans pour trouve l’objet au cours d’une per- du tapage nocturne. Pour faire n’y paraît : « Il y aurait eu délit si le perquisition chez les employés des médiation (Inavem, 4-14, rue les crimes. quisition, car les plaintes sont cesser le trouble, il vaut mieux propriétaire avait été présent, et deux aéroports ayant pu manipuler Ferrus, tél. : 01-45-88-19-00). b A Paris, on peut porter plainte conservées plusieurs années sur s’adresser au syndic qui fera ins- avait incité ses animaux à l’attaque. le bagage, d’autant qu’une action b Le bureau d’ordre du parquet, dans tous les commissariats, quels ordinateur. « On ne compte plus les taller un tapis. Or là les chiens ont mordu de leur civile était possible », explique-t-on au tribunal de grande instance, que soient le lieu et la nature de auto-radios retrouvés au cours propre initiative », explique Alain au parquet. permet de s’informer l’infraction. d’enquêtes, et non réclamés parce Michaëla Bobasch

Ł SOS Jeux de mots : o o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97250 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). SCRABBLE ᮋ PROBLÈME N 43

123456789101112 9. En friche. Se prend pour une dame ou pour une demoiselle. A la recherche du cinquième mot I Gens du voyage. – 10. Conjonc- tion. Prend la température. – 11. 1. Vous avez tiré ET+LRIAE 123456789101112131415 II Comme des crochets. – 12. Ne a) Trouvez quatre mots de devrait jamais atteindre le pro- sept lettres, tous implaçables. A PYEESA III fane. b) Avec ce même tirage, trou- vez six mots de huit lettres en B M IV Philippe Dupuis le complétant avec six lettres C O différentes appartenant à l’un V SOLUTION DU No 97249 ou à l’autre des quatre mots D R placés sur la grille. A défaut, VI HORIZONTALEMENT marquez 57 points sans scrab- E C bler. F E VII I. Enchevêtrure. – II. Nouage. N.B. Dès que vous avez trouvé Rotin. – III. Turbinait. Dt. – IV. une solution, effacez-la avant de G VIN IQUE VIII Résiduel. Air. – V. Etes. Lance. – VI. continuer. H Feue. Héraut. – VII. Ivresse. Lô. – 2. Préparation de la grille AREOL E S T IX VIII. Lis. Cons. Lei. – IX. Et. de la semaine prochaine. I Microbe. – X. Tétrasyllabe. c) Premier tirage : A L O P S X T U. Trouvez un sept-lettres. J VERTICALEMENT d) Deuxième tirage : A E H I S T K HORIZONTALEMENT IX. Vapeurs des années 60. Fin de V. verbe. Représente le groupe. – X. 1. Entrefilet. – 2. Noue. Evite. – 3. Trouvez deux sept-lettres. L I. Partisan du retour chez soi. – Rayée de la carte depuis 1991. Curseurs. – 4. Habitée. Mr. – 5. Solutions dans Le Monde du M II. Invisible, et pourtant il éclaire. Célèbre pour son temple du Soleil. Egide. Scia. – 6. Vénus. Socs. – 7. 19 novembre. Sont descendus à Orléans avant de Ae. Henry. – 8. Trille. Sol. – 9. Rot. Solutions du problème paru N finir leur course en Italie. – III. VERTICALEMENT Art. Bl. – 10. Ut. Ana. Léa. – 11. Ridi- dans Le Monde du 5 novembre Même vieilles, elles peuvent être à cule. – 12. Entretoise. Chaque solution est localisée O l’heure. A mis un nom sur la rose. – 1. On pourra lui demander un IV. Mère de Jean-Baptiste, on la re- peu plus. – 2. Du bon côté des bar- sur la grille par une référence se VENUS, 4 E, 74-ALUMINES, 5 trouve souvent dans les cours reaux. – 3. Capitale et ronde. rapportant à sa première lettre. D, 86 ou les anagrammes ALU- d’Europe. En boîte. – V. Rejetas. Article. – 4. Se font entendre Lorsque la référence commence NIMES et MELUNAIS-ALU- Graissé. – VI. A de la classe. Cube comme des anoures amoureux. – par une lettre, le mot est hori- NAMES, aluminâmes, 8 H, 80- qui roule. Valeur refuge. – VII. 5. Ville de Sicile. Donnent du goût zontal ; lorsqu’elle commence ALBUMENS, 6 F, 67 Sentiment de réconciliation. Avant à la salade. – 6. Bon travail. Ont par un chiffre, le mot est verti- c) AREOLES la tournée. – VIII. Le béryllium. Va régné en Russie et en Bulgarie. – 7. cal. d) VINIQUE directement dans les poches de Eliminées définitivement. – 8. Fait a) MANUELS, 12 B, 98 Bercy. En bonnes voies en ville. – plus chic que chambre de bonne. – b) MUSELANT, F 4, 63-MAL- Michel Charlemagne LeMonde Job: WMQ1211--0016-0 WAS LMQ1211-16 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0303 Lcp: 196 CMYK

16 CULTURE LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997

MUSIQUE Les ateliers d’écriture ciles. Mauvais élèves, fâchés avec rents, le rejet de l’extrême droite : proches du groupe à succès IAM. b DANS LES CITÉS, ces ateliers de rap se multiplient dans la plupart l’écrit, ces adolescents y apprennent les thèmes de leurs chansons sont A l’échelle nationale, l’association connaissent un succès croissant, sauf des grandes villes. Animés par des pourtant à manier les dictionnaires, ancrés dans la vie quotidienne. A Droit de cité va publier un recueil auprès des jeunes filles, qui ont du rappeurs reconnus, ils attirent des à soigner leur style. b LA VIOLENCE Marseille, des amateurs bénéficient de textes écrits par des jeunes au mal à se faire accepter dans le jeunes issus des cités les plus diffi- des cités, la pauvreté de leurs pa- des conseils de professionnels cours des ateliers qu’elle anime. monde encore très masculin du rap. Les ateliers d’écriture de rap, un « prose combat » dans les cités Cancres le jour, poètes le soir : à Paris, Lyon ou Marseille, de nombreux adolescents choisissent la rime et la joute orale pour exprimer leurs révoltes

« SI JE TE COUPE la parole, ce sion raciste, un frère en prison : n’est pas que j’t’aime pas, mais c’est l’urgence d’exprimer leur réalité et à moi d’exprimer mes idées. Ma leurs révoltes domine les chan- première passion, ma première am- sons. Agés de quinze à dix-huit bition est devenue le pera [le rap]. ans, ces garçons veulent croire Pour n’importe quoi, je ne la lâche- qu’avec la musique ils peuvent rai pas car ça m’a apporté beau- trouver leur place dans la société, coup d’avance, et je pense que c’est loin des trafics, du deal, de la « ga- peut-être ma seule chance. J’ai lère ». réussi et appris à la perfectionner, Dans un texte intitulé Les Yeux l’utiliser. Si je débite des rimes, ce de l’enfance, Abdoul, seize ans, n’est pas pour de la frime. Je dé- dresse déjà un bilan de sa vie : «Je gaine plus vite qu’une abeille en bu- me souviens du temps où ma mère tinant mes merveilles. » me parlait souvent de mon avenir, Comme K-Mel, jeune auteur de savoir si je finirais voyou. Car, de lyonnais de cette profession de foi, voir les grands voler, faire des dans toute la France des cités, des casses, dealer nous donnait sûre- dizaines d’adolescents se ren- ment un aperçu de notre prochain contrent une ou deux fois par se- gagne-pain. Les potes et moi vivions maine pour participer à des ate- d’action, de risque, d’adrénaline. liers d’écriture de rap. «Je Alors d’entendre les pneus crisser m’appelle Ramzi, alias Staf. J’ai d’une voiture nous excitait. Dans seize ans. Je fais partie du groupe 19 nos quartiers, pendant un bon mo- Clan », dit pour se présenter ce ment, s’est installée la monotonie. jeune Parisien du 19e arrondisse- Puis ont surgi les associations, les ment, blond comme les blés et fri- maisons de quartier, le comité, plein meur comme Gavroche. Appliqué, d’actions pour nous sortir de la dé- il trace ses lettres maladroites sur boche [sic]. Même sans argent de une copie d’école, plonge dans un poche. Et moi je mène une vie et dictionnaire de rimes, vérifie le survis. Je combats chaque journée sens des mots dans Le Robert. Le que Dieu fait pour avoir un futur texte s’en prend aux menteurs. honorant ma familia, surtout ma « La clique des hommes politiques madre qui m’a dressé pour respec- tchatchent d’un monde magique, ter autrui. » mais on sait qu’on vit dans un monde où la République est diabo- « VIOLENCE TRAVAILLÉE » lique, maléfique, tragique. » Deux animateurs, chanteurs de la Funky Family, proche du groupe SÉBASTIEN BOFFREDO IDÉES FERMES à succès I Am, encadrent l’atelier Son groupe de rappeurs ama- Atelier d’écriture à la friche Belle-de-Mai, à Marseille, pendant le festival Logique hip-hop 1996. marseillais. « Il faut un ton har- teurs, 19 Clan, se compose d’en- gneux pour se faire écouter », es- fants d’Africains et d’Algériens – les abeilles. Une bombe explose de- comme ça que tout le monde crack-er, de Jean-François Richet. « galère » y rimait souvent avec time Christophe. « Maintenant, je des « renois » (noirs) et des « rab- vant la mosquée. On accuse les im- plonge. » Les deux animateurs de « Quand j’ai commencé à rapper, « frères » ou « misère » ; « terre » fais travailler le sens, la liberté d’ex- zas » (arabes), disent-ils en ver- migrés, surtout les rabzas et les re- cet atelier, organisé par l’associa- ces ateliers n’existaient pas. Avec les avec « enfer ». pression », ajoute-t-il. Karim, le se- lan –, tous habitants des HLM nois. C’est le FN qui a la haine tion Droit de cité, circulent parmi copains, on comparait nos textes Cancres le jour, poètes la nuit : cond animateur, précise : « Les tex- proches du métro Riquet. L’ortho- envers la France hétérogène. Ils la les adolescents, corrigeant la mé- dans la rue, sous les Abribus », se fâchés avec l’écrit tel qu’ils l’ont tes des jeunes parlent de ce qu’ils graphe et la syntaxe flottent ; les veulent homogène. Donc ils nous trique, suggérant des améliora- souvient-il. Il distribue ses conseils connu à l’école, ces derniers de la voient autour d’eux. On leur ap- idées sont fermes. Le texte de malmènent en nous coupant l’oxy- tions. Bruno fait partie du groupe pour que les plus jeunes évitent les classe noircissent des pages et des prend que la violence peut être tra- Ramzi continue : « Eteins la télé gène ; ça me fait de la peine que le antillais Rootsneg, qui a enregistré clichés faciles comme ceux qui pages et savourent les diction- vaillée avec humour. Dans la rue, on car elle t’attire comme le miel attire FN raconte des mensonges. C’est une chanson du film Ma 6-T va émaillaient ses premiers textes : naires. Alors que l’heure de la fin pleure mais on rit aussi. Le rap est de l’atelier parisien a sonné, Ab- un art, une musique, une culture. Ce doulaye, seize ans, écrit encore et n’est pas seulement l’expression toujours. « Plusieurs se trouvent sur brute du malaise des banlieues. » Abdoul, rappeur marseillais de Conscience noire des listes de renvoi de leur lycée », Art du rythme, choix des mots, observe Loucif Ikhlef, responsable élaboration des figures : la poésie MARSEILLE pathes, explique son copain Azali. Avec ce nom, ses raps de mots espagnols, la seule matière à de l’association Droit de cité à orale des rappeurs rejoint les tra- de notre envoyée spéciale le public s’attendait à ce qu’on fasse des trucs passionner ce lycéen qui redouble sa classe de Marseille. Depuis mars, deux fois ditions littéraires de la joute et des Mince et élégant, Abdoul est un adolescent dingues sur scène alors qu’on est plutôt tran- seconde. Plus tard, il voudrait être représentant par semaine, une douzaine d’ado- troubadours, avec leur dose d’im- de seize ans « et demi » déjà élancé. Une fine quilles. » Tupperware, comme sa mère, mais en Espagne lescents des cités du nord de Mar- provisation. Comme elles, elle boucle brune coiffe une tête presque rasée. Presque tous originaires des Comores, ils ont – un pays où il n’a encore jamais mis les pieds. seille viennent écrire leurs textes exige un travail de la voix et du alors opté pour ce nom emprunté aux grands « Je me donne au rap à 100 % », explique Ab- dans les locaux de la FNAC, près corps. Dans ces ateliers, les ap- PORTRAIT mouvements politiques noirs d’Afrique du Sud doul. Comme plusieurs membres de du Vieux Port. prentis chanteurs s’exercent à dire L’adolescent de la Busserine, et d’Amérique du Nord. Ces jeunes Marseillais Conscience noire, il suit deux fois par semaine Français d’origine comorienne et à chanter leurs textes au micro. connaissent assez mal l’histoire des militants de un atelier d’écriture à la Fnac depuis mars. ou algérienne, Marseillais avant L’association Droit de cité en pro- qui dit « se donner au rap à 100 % », la conscience noire mais ce titre évoque pour « J’ai changé ma façon d’écrire. J’utilisais le ver- tout, ils cognent sur la pauvreté, pose à Paris, Lyon, Marseille et suit deux fois par semaine eux, avant tout, un « rejet du racisme », une lan, par imitation des rappeurs parisiens et lyon- rêvent d’une vie meilleure. « Moi Toulouse, sous le nom emprunté un atelier d’écriture conviction forgée au jour le jour dans leur nais. Pourtant, ce n’est pas un argot local, alors je te dis, de ta vie, ne fais pas n’im- au titre du deuxième album du quartier. que des mots s’inventent sans cesse à Marseille, porte quoi. Alors ressaisis-toi, essaie rappeur français le plus célèbre, « Ma mère chante. Mes sœurs dansent. Mon dit-il. Les animateurs de l’atelier nous ont de construire un projet, parce que la MC Solaar, Prose Combat. De son Etant né et ayant grandi dans les immeubles de grand frère rape aussi. Nous avons la danse et la conseillé d’écrire comme des Marseillais et non pauvreté est en train de nous ronger. côté, à Marseille, les musiciens de la Busserine, dans le quatorzième arrondisse- musique dans la peau », affirme Abdoul. Té- comme des Parisiens. Ils nous poussent aussi à ré- Vise la misère de nos pères et mères l’Aide aux musiques innovatrices ment, au cœur des quartiers nord synonymes moin de Jéhovah, sa mère élève seule ses en- fléchir sur nos textes, pour qu’ils aient plus de qui galèrent, qui cherchent un tra- (AMI) en organisent régulièrement de pauvreté, Abdoul a l’accent des titis marseil- fants. Elle les a fait participer aux cérémonies sens. » Conscience noire a déjà donné quelques vail et à être en situation régulière. dans leurs locaux installés à la lais. A quatorze ans, il écoute des rappeurs religieuses : « J’y chantais beaucoup », se sou- concerts dans des guinguettes locales et des ly- Ne perds pas le fil car la vie est diffi- friche artistique de la Belle-de- connus tels MC Solaar, Fabe, 2 Bal 2 Neg’ et vient-il. Contrairement à la majorité des rap- cées. Le 29 novembre, le forum de la Fnac mar- cile », écrit Issouf Ibrahim, alias Mai. Pris d’assaut, tous refusent écrit ses premières chansons. Peu après, il peurs, il s’intéresse aussi à d’autres musiques. seillaise présente un concert d’Abdoul et de Stanley. plus de candidats qu’ils n’en ac- constitue le groupe amateur Conscience noire, Depuis qu’un campement gitan avait squatté sa tous les participants au même atelier d’écriture. Un crime dans la cité, une jeune ceptent. avec deux filles et trois garçons de la Busserine. cité quelques semaines, Abdoul adore le fla- fille morte d’une overdose, le chô- « Au début, nous nous appelions Les Psycho- menco et les musiques espagnoles. Il parsème C. Ba mage de leurs parents, une agres- Catherine Bédarida

Un livre en partenariat avec la Fnac, qui nom à prononcer à haute voix). met ses locaux et ses dictionnaires Droit de cité, 18, rue Stephenson, Une poignée de pionnières décidées à en découdre et un festival à la disposition des apprentis Paris 18e. rappeurs. b Logique hip-hop. A Marseille, LES ÉCRIVAINS qui animent les serve : « Un garçon viendra quelques elle s’occupe des rappeurs de Le b Droit de cité. Cette association, En parallèle, elle a créé des l’Aide aux musiques innovatrices ateliers d’écriture littéraire qui se mois à l’atelier puis, quand il s’aper- Venin, 16e Sens et Le Spectre, ainsi fondée en 1992 par le champion ateliers de journalisme à Nancy, (AMI) anime des ateliers sont multipliés en France depuis cevra que ce n’est pas si facile de que d’une compagnie de trois dan- de boxe Jean-Pierre Masdoua, Nantes et en banlieue parisienne. d’écriture de rap plusieurs fois par une quinzaine d’années le rapper, il abandonnera. Une fille, si seuses de hip-hop âgées de douze à propose des activités culturelles, Une sélection de chansons des an. Les « enseignants » sont des constatent : les femmes constituent elle commence, elle ira jusqu’au quinze ans, Escape. Dans la mu- sportives ou de formation groupes « Prose Combat » devrait musiciens professionnels, figures plus de la moitié des participants. bout. » sique, « les filles sont encore très mal continue pour les jeunes des cités. être publiée à la mi-décembre, du rap marseillais. MC Solaar en a Aux ateliers de rap, elles sont Fondateur de l’Aide aux mu- acceptées par les garçons, qui les em- Elle organise depuis le début de sous le titre Poésies urbaines. Le animé un en 1996. Les stagiaires presque absentes. Dans celui orga- siques innovatrices (AMI), Ferdi- pêchent de monter ; à leurs yeux, l’année des ateliers d’écriture de recueil est illustré par les sont souvent des jeunes qui ont nisé par l’association Droit de cité à nand Richard organise régulière- elles ne sont que des pétasses », dit- rap, baptisés « Prose Combat », grapheurs de Label 2 K 10 (un déjà une expérience de la scène. Paris : pas une seule. A la Fnac de ment des ateliers de musique et de elle en s’excusant du terme. De Même si la demande est forte Marseille, deux s’étaient inscrites, danse hip-hop à la Belle-de-Mai. longs cheveux noirs, la voix d’une pour le rap, l’AMI soutient aussi mais, très vite, leurs parents leur « Dans leurs familles, elles sont beau- grande douceur, Chahira vit tou- d’autres musiques. Elle prépare ont interdit de s’y rendre. A la coup plus astreintes que les garçons jours à la cité Félix-Pyat, où elle a des ateliers de musiques gitanes, friche de la Belle-de-Mai, à Mar- aux tâches domestiques et aux ur- grandi. Elle aurait aimé être éduca- Festival d’automne avec le guitariste Juan Carmona, seille, elles sont deux parmi une gences de leurs frères et sœurs. Elles trice, mais les « problèmes finan- et de musique techno. douzaine de stagiaires. n’ont alors pas de temps à perdre ciers » de ses parents l’ont obligée à Du 20 au 22 décembre, plusieurs Le disque du film Ma 6-T va avec le rap », remarque-t-il. Il pré- interrompre ses études quelques ateliers auront lieu pendant le crack-er fait entendre quelques voix voit néanmoins que quelques-unes mois avant le bac. A défaut, elle a Retrouvez le programme et les articles du MONDE festival annuel de l’AMI, Logique féminines, notamment dans la vont percer. « Celles qui se lancent monté une association pour propo- hip-hop. Au programme des chanson Le Biz de Rootsneg. « Cette écrivent des textes beaucoup plus ser des activités artistiques aux sur INTERNET : http://www.le monde.fr concerts : les Sénégalais de fille-là, elle n’a pas peur de rapper », durs, plus réalistes que les garçons : jeunes de sa cité. « Au début, je Positive Black Soul, les Américains dit Bruno, chanteur du groupe et elles ne s’évadent pas, elles se croyais que les rappeurs étaient de Tha Alkaholics, les Suisses de animateur d’un atelier à Paris. Il battent. » comme des voyous. J’ai compris, en Réservez vos billets sur le Minitel Sens Unik, etc. ajoute ce compliment ambigu : Déjà plusieurs groupes locaux les rencontrant, que le rap n’est pas AMI, friche de la Belle-de-Mai, « On l’appelle LaScar, elle est comme sont managés par des jeunes contre la société. Mais bien avec. » 3615 LEMONDE (2,23 F/mn) 41, rue Jobin, 13003 Marseille. un mec. » Gaby, le musicien qui femmes. Chahira Hamadene est anime l’atelier avec Bruno, ob- l’une d’entre elles : à vingt-cinq ans, C. Ba LeMonde Job: WMQ1211--0017-0 WAS LMQ1211-17 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 09:21 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0304 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 / 17

DÉPÊCHES a CINÉMA : le cinéma parisien Grasset réalise le doublé L’Entrepôt, créé en 1975 par Fré- déric Mitterrand, annonce la sus- pension de ses activités Art et Essai à la fin de cette année. Dans une au Goncourt et au Renaudot 1997 lettre adressée à Marc Tessier, di- recteur général du Centre national du cinéma, Patrick Compte, direc- Prudents, les jurys ont récompensé Patrick Rambaud et Pascal Bruckner teur de L’Entrepôt, souligne que le montant de la subvention Salle TOUTE FARCE a ses dindons. conservé le roman de Salvayre sur d’automne, est donc le grand vain- d’Edition accordée au complexe de Cette fois, ils sont deux à faire les leur dernière liste, ils se sont égale- queur. Après le doublé Gallimard trois salles du 14e arrondissement frais du palmarès Goncourt-Re- ment dérobés, témoignant de la au Médicis et au Femina, avec Phi- « s’élève à 180 000 francs pour 1997 naudot : Marc Lambron, auteur de même désolante prudence, obéis- lippe Le Guillou et Dominique No- au lieu de 225 000 francs pour 1941 (Grasset, « Le Monde des sant, en sous-main, aux mêmes im- guez (Le Monde du 4 novembre), la 1996 ». livres » du 19 septembre), donné pératifs d’état-major. Encore une maison de la rue des Saints-Pères, a Le réalisateur Christian comme un gagnant plausible, bien fois, ce n’est guère la valeur litté- qui se sentait mal aimée ces der- Vincent a reçu, dimanche 9 no- sous tout rapport, et Lydie Sal- raire qui fit la différence. Ou sim- nières années – le dernier Gon- vembre, le Grand Prix 1997 du Fes- vayre, signant, avec La Compagnie plement d’une manière contin- court Grasset remonte à 1993 tival France-cinéma de Florence des spectres (Seuil, « Le Monde des gente. Mais est-il même besoin de (Amin Maalouf) –, s’est donc impo- pour son film Je ne vois pas ce qu’on livres » du 12 septembre), un récit déplorer encore cette particularité sée, au détriment du Seuil, qui me trouve, encore inédit en France. colérique, qui surprend et dérange. bien française que tout le monde n’empoche qu’un accessit (le Médi- a ART : la 31e édition de la Foire Leurs romans n’ont qu’un point s’accorde à reconnaître, sans ima- cis essais à Michel Winock). Sans internationale d’art contempo- commun, celui de traiter de la giner les moyens de la modifier ? même parler des éditeurs moins en rain de Cologne a ouvert ses même période : Vichy, la collabo- Grasset, dont la stratégie édito- vue, rarement invités à jouer avec portes, dimanche 9 novembre, ration. Hormis ce thème – qui se riale se décide en fonction des prix les « grands », qui n’ont manifeste- pour une semaine, avec plus de ALAIN AUBOIROUX OPALE ALAIN AUBOIROUX retrouvait également dans un autre ment pas voix au chapitre. 240 galeries allemandes et étran- roman du Seuil, talentueux, trop Faut-il une autre preuve pour Patrick Rambaud (Goncourt) et Pascal Bruckner (Renaudot). gères. Art Cologne célèbre les cent vite écarté de la sélection Gon- Les lauréats mesurer l’étroitesse du terrain de ans de la naissance du photo- court, Les Deux Léopards, de jeu ? L’Académie Goncourt, qui Chasseur zéro, de Pascale Roze, Al- qui kidnappe de jolies filles pour graphe Albert Renger-Patzsch. Jacques-Pierre Amette (« Le b Prix Goncourt. La Bataille, de n’aime pas avoir l’air de se faire bin Michel), les académiciens réu- les défigurer. De lecture agréable, a La 47e Biennale de Venise d’art Monde des livres » du 5 sep- Patrick Rambaud (Grasset), au dicter ses choix et ne souhaite pas nis chez Drouant ont donc choisi mais d’interêt inégal, le roman, qui contemporain a fermé ses portes, tembre) –, tout sépare les livres de quatrième tour, par six voix, considérer d’autres intérêts que les un roman historique et populaire manie avec bonheur l’humour noir, dimanche 9 novembre, après avoir Lambron et de Salvayre. Autant le contre quatre à Lydie Salvayre. siens, a choisi de couronner le livre qui ne manque pas de mérites. La s’enlise dans plusieurs épisodes se- reçu 170 000 visiteurs. premier est convenu, succombant, Ont obtenu des voix aux tours de Patrick Rambaud, La Bataille, Bataille (« Le Monde des livres » du condaires. Publié chez un autre a FONDATIONS : une Fondation avec une délectation trouble, aux précédents : Marc Trillard, Jacques que l’Académie française venait 26 septembre) ne révolutionnera éditeur que Grasset, le livre de Barbier-Mueller pour l’étude de la charmes rassis de l’époque évo- Lanzmann et Jean-Paul d’honorer quelques jours plus tôt pas la littérature, mais il est pro- Bruckner aurait-il été distingué ? poésie italienne de la Renaissance quée, autant le second est juste- Kauffmann (ces deux derniers non (Le Monde du 25 octobre). Cas de mis, lui, à de substantiels profits. Ce sont peut-être les lycéens qui a été officiellement annoncée, lun- ment emporté, grinçant, inventif, sélectionnés). figure inédit et humoristique. An- ont été les plus intuitifs, en décer- di 10 novembre à Genève, par les semant le désordre là où Lambron b Prix Goncourt des lycéens. Le dreï Makine, en 1995, avait, il est LES LYCÉENS PLUS INTUITIFS nant leur Goncourt au Maître des collectionneurs suisses Jean-Paul se contente d’une plate reconstitu- Maître des paons, de Jean-Pierre vrai, décroché un Médicis puis un Les Voleurs de beauté, de Pascal paons, de Jean-Pierre Milovanoff, et Monique Barbier. Elle est dotée tion. Milovanoff (Juillard). Goncourt, pour Le Testament fran- Bruckner (« Le Monde des livres » auteur discret, n’ayant pas encore de 1 million de francs suisses Les jurés Goncourt ont donc re- b Prix Renaudot. Les Voleurs de çais (Mercure de France). Les du 12 septembre), est un conte réellement atteint son public, en (4 millions de francs environ). culé devant un choix risqué, s’écar- beauté, de Pascal Bruckner mêmes susceptibilités produisant moral et cruel sur le caractère dan- qui les lecteurs sourds aux modes Cette Fondation est constituée tant d’une alternative littéraire que (Grasset), au deuxième tour, par les mêmes effets. gereux d’un mythe qui peut trouveront un écrivain de qualité d’une collection rarissime de deux les manœuvres éditoriales compli- cinq voix, contre deux à Lydie Après un Goncourt 1996 peu conduire à la folie destructrice. Le (« Le Monde des livres » du 17 oc- cents volumes du XVIe siècle ita- quaient encore ; quant aux Salvayre, une à Jean-Philippe convaincant, accordé à un premier roman retrace les aventures d’un tobre). lien. L’ensemble sera géré par la fa- membres du Renaudot, qui Arrou-Vignod, une à Martine roman qui surprit autant qu’il dé- couple, un plagiaire et une femme culté des lettres de l’université de avaient, comme les Goncourt, Le Coz. çut du point de vue des ventes (Le riche et belle, séquestrés par un fou Patrick Kéchichian Genève. a Le critique d’art Jérôme Sans, trente-sept ans, a été nommé conseiller artistique, pour 1998, de Le conflit se durcit entre Patrick Dupond et l’Opéra de Paris la Fondation du Crédit commercial de France pour la photographie. a POLITIQUE CULTURELLE : La Le danseur étoile se plaint vivement d’être « placardisé » ministre de la culture, Catherine Trautmann, a confié à Guy Amsel- LE 7 NOVEMBRE, on apprenait ne ferme la porte à aucune possi- J’avais demandé à Hugues Gall en même temps que la sortie en vi- mandé de danser dans sa version de lem, directeur de l’Union centrale par un communiqué de l’Opéra bilité. Silence total du côté de l’autorisation de m’absenter, il ne déo du film de Luc Riolon, Patrick La Bayadère. C’était au Metropoli- des arts décoratifs, « une mission national de Paris qu’il était mis fin l’Opéra et de son service de presse, m’a jamais répondu... Mais reve- Dupond, le talent insolent. Le titre tan à New York. C’était l’occasion de réflexion et de propositions » afin aux fonctions de danseur étoile de qui a manifestement reçu l’ordre nons à mon contrat puisqu’il s’agit n’est pas de moi ! Le réalisateur m’a de ma vie. Rolf m’a prévenu que si de « rendre accessibles à un large Patrick Dupond pour « inexécution de se taire. Ceux qui parlent de lui ; il y est stipulé qu’au 15 mars suivi tout autour du monde, et j’acceptais il était obligé de me public les collections des musées ac- de certaines obligations de son gardent l’anonymat. De sources de chaque année, je dois connaître même à l’Opéra quand je dansais mettre à pied. J’ai accepté, j’ai été tuellement conservées dans des ré- contrat ». De son côté, le danseur bien informées, il nous a été mon planning pour les douze mois La Neuvième Symphonie, de Mau- sanctionné. Mais il m’avait aussi serves situées à la périphérie des étoile, refusant les conditions d’un confirmé que la direction de l’Opé- à venir. Ce planning ne m’a jamais rice Béjart. D’ailleurs, Maurice m’a précisé que son contrat s’achevait villes et d’en faire des “musées du contrat d’artiste invité qui lui était ra, c’est-à-dire Hugues Gall et Bri- été transmis. Il est alors devenu téléphoné pour me dire de ne pas dans six mois. Je savais donc la du- deuxième type” ». proposé, décidait de saisir les tri- gitte Lefèvre, est en l’affaire par- quasiment impossible d’organiser m’en faire, que cela allait m’obliger rée de ma mise à pied. » a MUSIQUE : le chef d’orchestre bunaux (Le Monde daté 9-10 no- faitement solidaire « et si le conseil ma carrière à l’intérieur de l’Opéra, à bouger ! » Entre contrats et tolé- autrichien Hans Graf a été nom- vembre). d’administration n’a pas été saisi, il et à l’extérieur, où je suis très rances, il est difficile de définir «le NOUVELLE GÉNÉRATION mé directeur musical de l’Opéra de « J’attaque l’Opéra national de ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il demandé. » seuil à ne pas dépasser ». Patrick « Personne ne parlera à décou- Bordeaux et de l’Orchestre natio- Paris en justice, car je dois préserver suivrait cette décision, estime un Patrick Dupond, lui, à l’évi- Dupond nous rappelle, comme un vert dans cette histoire, explique, nal de Bordeaux-Aquitaine. Il mes intérêts, explique Patrick Du- professionnel avisé. La proposition dence, a décidé de ne pas se taire. bon souvenir, sa mise à pied par toujours sous couvert de l’anony- prendra ses fonctions en juin 1998. pond. Il ne faut pas qu’une voie soit qui a été faite au danseur étoile de « J’avais de nombreuses interviews Rolf Libermann. « J’avais dix-neuf mat, notre spécialiste des milieux Il sera secondé par Philippe Béran, ouverte à l’abus. Quand Hugues danser dix représentations an- déjà fixées, car cette histoire arrive ans, Natalia Makarova m’avait de- de la danse. Les étoiles seront du nommé chef associé. Gall, actuel directeur général, a été nuelles pour 300 000 francs par an côté de Patrick Dupond par solida- a Un Comité international Ber- nommé en 1995 à la tête de l’Opéra, car, quelle que soit la notoriété rité, mais elles n’en pensent pas lioz, sous la présidence de l’acadé- j’ai immédiatement remis à sa dis- d’une étoile, il n’y a pas d’exceptions Un titi parisien célèbre à l’étranger moins. Les jeunes piaffent. Aussi ne micien Jean-Pierre Angremy, pré- position mon titre de directeur de la à tolérer. Patrick Dupond est quel- comprennent-ils pas quand leurs aî- sident de la Bibliothèque nationale danse, qui était, selon moi, antino- qu’un de très sincère mais il est mal Patrick Dupond est célèbre dans le monde entier. A l’étranger plus nés ne remplissent pas leurs obliga- de France, est chargé de préparer mique avec ses fonctions. Tout s’est conseillé par son entourage. Si la qu’en France. Et au Japon plus que partout ailleurs. A neuf ans, sorte tions contractuelles à danser. » Une la célébration, en 2003, du bicente- passé sans difficultés. Je pensais danse pour être populaire a besoin d’enfant prodige, il suit les cours de Max Bozzoni, qui le prépare au nouvelle génération talonne en ef- naire de la naissance du composi- qu’après l’"affaire Chung", il avait de Patrick Dupond, il y a des seuils à concours d’entrée de l’Ecole de danse de l’Opéra. Il y entre à onze fet ses prestigieux aînés. Parmi ces teur, a-t-on appris lundi 10 no- besoin d’avoir les mains libres. Mais ne pas dépasser ». ans. A dix-sept ans, il gagne le très réputé Concours de Varna, en jeunes danseurs très doués, Agnès vembre. Hugues Gall a nommé Brigitte Le- Patrick Dupond tient à s’expli- Bulgarie. Déjà il est une star, prototype du Français gouailleur, dans Letestu vient d’être nommée étoile a LIVRES : un manuscrit inédit fèvre au poste que j’occupais depuis quer sur sa présence en tant que le style du titi parisien. Il est nommé étoile en octobre 1980. (le 31 octobre, à l’issue d’une re- de trente-neuf pages, écrit en cinq ans et demi. Je ne peux pas dire juré au dernier Festival de Cannes : En difficulté avec Rudolf Noureïev, nommé en 1983 directeur de la présentation du Lac des Cygnes). 1820 par Mary Shelley, a été décou- que depuis cette nomination l’am- « C’est vrai, j’avais fait des pieds et danse, il accepte une première fois le statut d’artiste invité et part Le tribunal des prud’hommes de- vert en Italie, rapporte le Times biance soit géniale. Je ne suis pas des mains pour être distribué dans diriger le Ballet de Nancy (1988-1990). Après le départ de Noureïev, il vrait rendre son jugement dans le dans son édition du 10 novembre. distribué. En d’autres termes, je suis Le Sacre du printemps de Pina revient à l’Opéra pour occuper le poste laissé vacant par le Russe. Il conflit Dupond/Opéra le 1er avril Il s’agit d’un conte pour enfant in- "placardisé". » Bausch, parce que je trouve que reste à ce poste jusqu’en 1995, jusqu’à ce que Hugues Gall vienne 1998. titulé Maurice or the Fisher’s Cot c’est un chef-d’œuvre. C’est vrai que remplacer Pierre Bergé à la direction générale de l’Opéra national (Maurice ou la maison du pê- SILENCE À L’OPÉRA j’ai manqué trois jours de répétition. de Paris. Dominique Frétard cheur). Après l’« affaire Chung » et les 9 millions de dommages et intérêts versés par l’Opéra national de Pa- ris au chef d’orchestre abusive- Pékin réclame à l’Occident la restitution du trésor de Dunhuang ¼ Jean-Noël Jeanneney : La demande sociale en question ment renvoyé, on voit mal l’illustre Emmanuel Laurentin : La fièvre hexagonale Nicolas maison dénoncer le contrat de Pa- PÉKIN la première décennie du siècle, des explorateurs ¼ ¼ trick Dupond sans avoir pris de sé- de notre correspondant d’envergure internationale comme le Britannique Truong : Vérités et mensonges ¼ Pierre Vidal-Naquet : Tu rieux avis. « Comme il a été dit La Chine, après avoir longtemps hésité à passer à Aurel Stein, le Français Paul Pelliot, et, plus tard, des ne jugeras point ¼ Jean Lebrun : Sources de malentendus dans le communiqué de presse du l’action, a engagé des procédures en vue de récupé- Russes blancs et des Japonais de passage, se ser- ¼ Gérard Noiriel : Les pairs dans l’impasse ¼ Entretien vendredi 7 novembre, nous ne rer ce qui constitue probablement le trésor culturel virent copieusement en acquérant, auprès de Wang avec Daniel Roche : Sur le métier ¼ Pascal Bouchard : souhaitons faire aucun com- le plus précieux que lui aient pris les puissances oc- puis de ses successeurs, des collections entières Mais oui bien sûr, mais c’est Jeanne d’Arc ¼ Christian mentaire concernant les propos de cidentales au début du siècle, les reliques de Dun- pour des sommes dérisoires. L’Allemand Albert von M. Patrick Dupond, confirme Bri- huang. L’affaire promet de donner lieu à une Le Coq se mordra les doigts d’avoir raté dans ses ex- Amalvi : Des Dupuis : Por- gitte Lefèvre, directrice de la longue et complexe bataille juridique et diploma- péditions ce qui allait devenir la caverne d’Ali Baba luttes passées, trait d’Alain danse. L’affaire est entre les mains tique tant le dossier est chargé de passion politique. de la sinologie. faisons table Corbin, histo- de la justice puisqu’il l’a voulu. Il ac- Les événements remontent à l’année 1900, quand Ces collections, principalement partagées entre le rase ¼ Isabelle rien ¼ Bernard cuse, mais ce ne sont que ses propos. un pauvre hère venu de l’intérieur chinois et répon- Musée Guimet, la Bibliothèque nationale de France Veyrat-Masson : Soubrier : L’ar- Si cela lui paraît utile de les tenir... » dant au nom de Wang Yuanlu, se disant moine et le British Museum, forment un corpus inesti- Interrogé sur la possibilité d’un ac- taoïste, se réfugie dans l’oasis de Dunhuang pour mable pour la connaissance de ce que Pékin qualifie Concubinage chiviste au ser- cord tardif entre lui et la direction fuir la famine. Au fond d’une grotte close, il dé- d’« histoire de la Chine de l’Ouest ». En effet, le gou- médiatique ¼ vice de l’histoire de l’Opéra, Patrick Dupond ré- couvre la bibliothèque secrète du monastère aban- vernement fondé par Mao Zedong récuse catégo- Entretien entre ¼ Hervé Ha- pond qu’« il n’en sait rien » mais donné de Mo Gao, qui, mille ans auparavant, avait riquement l’idée que ces territoires n’ont pas appar- Jean-Luc Go- mon : Lettre été le lieu le plus important du rayonnement boud- tenu en permanence à la Chine depuis des temps dard et Gilles ouverte à ceux dhique sur cette partie de la Route de la soie – elle immémoriaux. A Dunhuang, dont les grottes aux Perrault : Résis- qui n’aiment traversait, en direction des déserts d’Asie centrale, fresques bouddhiques forment le musée probable- des contrées alors soumises à l’empire mandchou. ment le plus politique de Chine, la seule évocation tance(s) ¼ Marc pas l’histoire... Wang exhume des milliers de manuscrits en sans- des noms de Pelliot et Stein soulève chez les guides Tout crit, tibétain, chinois et en d’autres langues utilisées chinois une haine venimeuse. VOUS AVEZ UN MOIS POUR RÉFLÉCHIR dans ce couloir où se mêlèrent toutes les cultures Un premier séminaire s’est tenu début novembre brassées par des siècles de transhumances hu- à Pékin sur les moyens légaux dont disposerait la Et aussi : maines. La découverte, d’une valeur inestimable, Chine pour rentrer en possession de ces biens dont ¼ Les douze travaux d’Allègre ¼ Michel Serres : Augures ¼ Jean- le 2,23 F la minute n’intéresse pas la bureaucratie mandchoue : elle la France détient vraisemblablement les plus pré- Michel Gaillard : Les inspecteurs généraux en tournée ¼ Macha donne au moine un pourboire pour qu’il garde en- cieux. Des avocats étrangers sont sollicités pour Séry : Musées, l’impossible démocratisation ¼ Menaces libérales fouis ces vieux papiers. imaginer un arrangement à l’amiable avant que Pé- sur l’école : débat avec Jean-Yves Rochex, Claude Mesliand, Agnès Wang s’en considère, du coup, comme le proprié- kin n’ait recours aux tribunaux. Le China Daily a tiré taire. Il commence à vendre des spécimens à des la première salve le 7 novembre en révélant ces pre- Van Zanten, Philippe Meirieu ¼ Nathalie Mlékuz : Doctoriales, un cinéma coup de tonus pour les thésards... collectionneurs chinois jusqu’à ce que les savants mières démarches. occidentaux, qui confondent un peu exploration et EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 36 15 LEMONDE rapine, en aient connaissance. A partir du milieu de Francis Deron LeMonde Job: WMQ1211--0018-0 WAS LMQ1211-18 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:40 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0305 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 CULTURE

SORTIR

PARIS Nicaragua raconte cinq siècles Les nus de Félix Vallotton dévoilent leur vérité d’histoire de l’Amérique centrale. Pereira prétend Des bateaux qui abordèrent le d’après Antonio Tabucchi, mise en continent au XVe siècle à une scène de Didier Bezace, avec soirée chaude dans une boîte de sous le signe de Saturne nuit de Managua aujourd’hui, il Anne Baudoux, Fabien Béhar, Didier Bezace, Maya Borker, joue tout, avec pour seule aide Soixante toiles du peintre d’origine helvétique, venu en France en 1882, sont présentées à Paris Maurice Boyer, Laurent Caillon, deux tables, un peu de son, un Gérald Cesbron, Daniel peu d’éclairage... et son grand La Fondation Dina Vierny-Musée Maillol expose et à la séduction des formes, le peintre préfère la cadavériques : il énumère les disgrâces et les dis- Delabesse, Thierry Gibault, talent. Un spectacle météore, un les nus de Félix Vallotton, la plupart issus de col- violence de la vérité physique. Anatomies dissy- proportions. Un catalogue de désillusions qui Jean-Paul Perez et Lisa Schuster. jour seulement, avec trois lections privées françaises et suisses. A l’érotisme métriques, cambrures provocantes, carnations met à mal le corps et les beaux-arts. Didier Bezace inaugure son représentations. nouveau mandat de directeur du Atelier du Chaudron, bois de mocheté, d’aucun ridicule. Appli- fesses sphériques. La Femme aux Manière de le situer. Manière de Centre dramatique national Vincennes-Cartoucherie, 75012. LE NU DANS L’ŒUVRE DE FÉ- quée au nu féminin, une telle vio- cheveux blonds et ruban vert plai- dire qu’entre les traditions des d’Aubervilliers. Il signe un 11 heures, 13 h 30 et 15 heures, le 12 novembre. Tél. : 01-43-28-97-04. LIX VALLOTTON, Fondation Di- lence fait des ravages. Elle ne rait, si elle ne soutenait à deux beaux-arts et les images contem- spectacle créé au dernier Festival Spécial Fred Astaire na Vierny-Musée Maillol, 59-61, laisse pas la moindre place à l’éro- mains sa chute de reins trop impo- poraines il est menacé d’asphyxie. d’Avignon, d’après l’Italien e o La Cinémathèque de la danse se rue de Grenelle, Paris 7 . M Bac. tisme et à la séduction. Elle met à sante. Catalogue des désillusions : L’espace lui manque, comme l’air Antonio Tabucchi, interprété par nomadise. Cette fois-ci la voilà au Tél. : 01-42-22-59-58. Tous les mal le corps et les beaux-arts. le peintre découvre, accablé, à ses figures coincées contre des Daniel Delabesse, Thierry Gibault jours, de 11 heures à 18 heures. cinéma Les Grands Boulevards, un Cette exposition est bien plus l’anatomie de ses modèles sous les fonds turquoise et rose bonbon. et Lisa Schuster. Entrée : 40 F. Jusqu’au 10 mars. qu’un exercice monographique robes et les chemises. Dix, Hub- Alors il force la note. Il dispose ses bon endroit pour célébrer un des Théâtre de la Commune-Pandora, réussi : un abrégé des malheurs de buch, les Allemands de la Nou- modèles si près qu’il ne voit que plus grands danseurs du siècle 2, rue Edouard-Poisson, Un peintre qui n’est pas parmi la peinture au XXe siècle. velle Objectivité ont suivi la leçon, des fragments aux carnations gri- dans des films peu connus, tels 93 Aubervilliers. A partir du les plus célèbres, une sélection Vallotton, venu en 1882 de Lau- comme Fautrier à ses débuts. sâtres et ocre, cadavériques. Il es- Talent Auction, Second Chorus, 8 novembre. 20 h 30, du mardi au thématique : « Le Nu dans l’œuvre sanne à Paris, comprend très vite saie des chromatismes impos- Holiday Inn et Whirl of Life. Au samedi ; 16 heures, dimanche. Tél. : de Félix Vallotton » pourrait n’être dans quelle situation se trouve son DU PASSÉ ET DU PRÉSENT sibles : une femme verte sur un programme également un film sur qu’un divertissement pour ama- art : écrasé par l’Histoire et la tra- Lorsque Vallotton observe les rocher bleu, les pieds dans une 01-48-34-67-67. De 70 F à 130 F. Vernon et Irene Castle (La Grande teurs de curiosités. Il conviendrait dition, il n’a le choix qu’entre la attitudes et expressions, c’est en- eau laiteuse. Ou il s’impose des Jusqu’au 30 novembre. Farandole), qui inspirèrent en ce cas de louer l’audace de l’ini- répétition et le renouvellement ra- core pire. Ces dames se prennent morceaux de naturalisme, avec Gracias a Dios beaucoup l’aérien danseur. En tiative. L’éloge serait d’autant plus dical des sujets et de la manière. pour des déesses ou des starlettes. trompe-l’œil, clair-obscur, effets de et par Bruno Boëglin. collaboration avec le MoMa de appuyé que l’exposition réunit Le nu, depuis la Renaissance, a Elles vont au théâtre, chez le pho- de matière et vernis, comme pour Il n’y a qu’un esprit aussi New York. soixante toiles, d’une étude acadé- suscité tant de chefs-d’œuvre qu’il tographe, au cinéma. Dans aucun montrer qu’il peut faire aussi bien fantasque et poétique que Bruno Grands Boulevards, 42, boulevard mique du début des années 1880 à faut renoncer ou trouver autre de ces lieux, elles ne se montrent – aussi mal ? – que Derain vers Boëglin pour imaginer un Bonne-Nouvelle, 75010, des tableaux de 1924, les derniers chose. Le peintre, n’étant pas de telles qu’en elles-mêmes. Elles 1920. spectacle comme Gracias a Dios : Mo Bonne-Nouvelle. Tél. : du peintre, qui mourut l’année ceux qui déclarent forfait, cherche posent, elles mentent. Les dernières toiles sont ahuris- dix-sept minutes où, seul en 01-47-04-24-24. De 14 heures à suivante. Ces œuvres, la plupart cet « autre chose » du côté du mo- Mimiques stéréotypées, regards santes. Tout y passe : Courbet, scène, le Lyonnais amoureux du 20 heures, le 11. 28 F. issues de collections privées fran- tif. En 1889, il exécute une Etude éplorés, cambrures provocantes, Ingres, Maurice Denis, Titien, Hol- çaises et suisses, n’ont été que peu de fesses : hanches, fesses dissymé- l’artiste peint tout, de telle ma- bein, Saint-Sulpice, la photo por- Publicité montrées, quelques-unes étant triques et tordues, plis et cuisses. nière que l’artifice se dégonfle. no, la peinture de bordel et celle même inconnues. Ce sont les plus La vérité physique crue, telle que Couleurs trop aigres, constrastes de sacristie. C’est la grande parade tardives, quand Vallotton n’était Courbet l’a représentée dans ses trop intenses, dessin trop sec : ça du passé et du présent, avec nym- plus le nabi des années 1890, mais Baigneuses. ne prend pas. La parodie pointe phettes et matrones, grosses filles un solitaire acariâtre. Ce vérisme désobligeant consti- sous l’allégorie pseudo-symbo- honnêtes, entraîneuses fatiguées Si ces toiles exercent une attrac- tue tout le programme esthétique liste, le burlesque sous la scène et bourgeoises lascives. On dirait tion si forte, c’est qu’elles sont de Vallotton, qui énumère dis- mythologique ou biblique. Quand que la peinture doit finir de la méchantes, désagréables, grâces et disproportions. La Vallotton pousse la provocation sorte, en bal masqué, en carnaval odieuses parfois. Elles ne res- Femme se regardant dans une psy- jusqu’à la satire, il se révèle le funèbre. Vallotton n’y croit plus et pectent aucune tradition, aucun ché serait acceptable si elle s’épi- continuateur de Böcklin, le pré- il peint, impitoyablement, son dé- principe, pas même la plus élé- lait. La Baigneuse de dos, bras droit curseur de De Chirico (confon- senchantement. mentaire civilité. Elles ne font sur la tête a les omoplates sail- dant l’Olympe et Cinecittà) et de grâce d’aucun détail, d’aucune lantes, les muscles effondrés, les Picabia (auteur de nus comiques). Philippe Dagen Björk, la petite sirène, au bord de la noyade LA FERVEUR du public de Björk est pro- vait de prendre du recul. Son troisième album unique, givrée de pointes d’accent viking, portionnelle à l’esprit aventureux de l’Islan- s’est nourri d’une gravité nouvelle. s’exalte en implorations romantiques, possé- daise. Rarement une artiste prospectant à Dans la pâleur des spots, un décor fait de dée par ses « emotional landscapes ». Parfois, l’avant-garde aura reçu une telle consécra- papier crépon, lambeaux de toile et bâches en elle se hérisse en crêtes hystériques, avant de tion populaire. Lundi 10 novembre, la salle de plastique ne titille guère l’imagination. Les caresser à nouveau. Nostalgique, poignante, GUIDE la Mutualité était bien trop petite pour ac- premières notes transforment en un clin insolite. Si l’ambiance générale du concert cueillir tous les spectateurs potentiels de son d’œil ces ustensiles de patronage en éléments comme de son dernier disque est plutôt au 20 h 30, le 11. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F. seul concert parisien et français de l’année. Il envoûtants. Par la grâce des jeux de lumière vague à l’âme, Björk nous enchante de danses FILMS NOUVEAUX Compagnie One Step Elsa Wolliaston y a plus d’un mois, les 2 500 billets du spec- et d’un vent artificiel, Björk plonge dans un enfantines et de bonds espiègles. Rares, ceux 100 % Arabica Elsa, l’amour fou. tacle s’étaient évaporés deux heures à peine royaume aquatique. Les tissus ondulent qui peuvent afficher une telle présence et un Dunois, 108, rue du Chevaleret, 13e. de Mahmoud Zemmouri (France, o après leur mise en vente. Le soir venu, les comme des algues, un synthé se met même à tel charme. Ce talent naturel souffre pourtant 1 h 25), avec Khaled, Cheb Mami, M Chevaleret. 20 h 30, le 11. Tél. : 01- 45-84-72-00. 100 F. heureux élus ont du mal à calmer leur impa- faire des bulles. du cadre qu’il s’est imposé. Encerclée par un Mouss, Najim Laouriga, Farid Fedjer, Youssef Diawara. Dana Reitz tience. Une heure avant l’entrée en scène de Souvent éclairés en contre-plongée, les octet statique, peu aidée par Mark Bell, pro- La Femme de chambre du « Titanic » Dana Reitz. Sara Rudner : Necessary la Scandinave, on note les premiers évanouis- musiciens prennent des allures de fantômes grammateur informatique réfugié derrière de Bigas Luna (France, 1 h 39), avec Oli- Weather. sements. Aux platines, DJ Sam tente de dis- accompagnant une petite sirène. Hunter puis ses ordinateurs, la chanteuse manque d’es- vier Martinez, Romane Bohringer, Ai- Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Ro- quette, 11e. Mo Bastille, Voltaire. traire les fans en plongeant savamment son Human Behaviour – morceau tiré de Debut, pace et d’échange pour se transcender. Trop tana Sanchez Gijon, Didier Bezace, Al- do Maccione, Jean-Marie Juan. 21 heures, le 11. Tél. : 01-43-57-42-14. drum’n’bass dans la sono mondiale. Mais son premier album solo – ouvrent le show. souvent, elle donne l’impression de se sou- Hana-bi 120 F. tous ne rêvent que de l’étoile polaire. Assez vite, on constate une faiblesse majeure. mettre à une bande enregistrée. de Takeshi Kitano (Japon, 1 h 43), avec Boris Godounov Takeshi Kitano, Kayoko Kishimoto, de Moussorgski. Solistes, chœur et or- Elle file enfin à son micro, pailletée de rose. La section de cordes ne dégage aucune am- Une semaine auparavant, Portishead, à la chestre du théâtre Mariinski de Saint- Dans la queue de cette comète, Mark Bell, pleur. Comme si elles étaient trafiquées après pointe comme Björk du mariage entre ma- Ren Osugi, Susumu Terajima, Tetsu Watanabe, Hakuryu. Pétersbourg, Valery Gergiev (direc- comparse techno, va se planquer derrière ses leur amplification, les envolées des musiciens chines et musiciens traditionnels, avait réussi Imuhar, une légende tion), Alexander Adabashian (mise en machines, et les huit musiciens de l’Icelandic classiques semblent s’échapper d’un pauvre à Paris un concert d’une puissance émotive de Jacques Dubuisson (France, 1 h 22), scène). Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- String Octet se mettent à leur pupitre. Il y a synthétiseur. Compressés, réduits à une di- exemplaire. Chaque instrumentiste avait im- avec Ibrahim Paris, Mohamed Ixa, Mo- e o hamed Ichika, Rhali Ixa, Atibou Abou- nue Montaigne, 8 . M Alma-Marceau. deux ans, Björk donnait un extraordinaire mension primaire, ces violons n’atteignent posé sa personnalité tout en affirmant une bacar, Oumou Algabid. 19 h 30, le 11. Tél. : 01-49-52-50-50. De concert au Zénith, accompagnée d’un bou- jamais la sophistication baroque des arrange- véritable cohésion de groupe. Dans cet exer- Marian 190 F à 690 F. quet d’instrumentistes jamaïcains, britan- ments d’Homogenic, signés du vétéran Eu- cice difficile qui consiste à retranscrire live de Petr Vaclav (République tchèque, REPORTS niques, iraniens... A l’époque, cette distribu- mire Deodato. des musiques de laboratoire, la formation de 1 h 49), avec Stefan Ferko, Milan Cifra, Radek Holub, Jaroslava Vyslouzilova, tion multiculturelle illustrait la vivacité Bristol a repris un peu d’avance sur la fille de La Place du diamant Ludmila Krokova, Terza Zajickova-Gry- Cette pièce – adaptée du roman de excentrique de Post, son deuxième album. Au- ENCERCLÉE PAR UN OCTET STATIQUE Reykjavik. Au cours de cette performance garova. l’Espagnole Mercé Rodoreda, mise en jourd’hui, les ordinateurs et cet orchestre à Paradoxalement, les machines produisent souvent frustrante, quelques moments d’ex- Ne pas avaler (*) scène par Gilles Bouillon et interprétée cordes sont les ingrédients de base d’un des sons d’une sensualité plus organique. ception – l’intensité romanesque de Bache- de Gary Oldman (Grande-Bretagne, par Martine Pascale – devait être jouée 1 h 59), avec Ray Winstone, Charlie disque aussi épuré que mélancolique, Homo- Cette tachycardie synthétique vit plus inten- lorette, la rage robotique de Pluto et le final au Théâtre national de Chaillot du Creed-Miles, Laila Morse, Kathy Burke, 20 novembre au 31 janvier 1998, dans genic. Ces derniers mois, l’elfe islandais avait sément que les harmonies post-modernistes frémissant de All Is Full of Love – ont laissé en- Edna Dore, Jamie Foreman. un petit théâtre aménagé dans le besoin d’introspection. Les aléas de sa vie pri- de l’orchestre. Du coup, on apprécie mieux la trevoir un potentiel qui pourrait être mieux The Game foyer. Les représentations sont repor- vée étaient tombés dans le domaine public. bizarrerie techno de morceaux comme All exploité dans les mois à venir. Quand Björk de David Fincher (Etats-Unis, 2 h 8), tées à mars 1998, la Commission de sé- avec Michael Douglas, Sean Penn, De- curité s’étant opposée au fait que Un colis piégé envoyé par un fan qui s’est sui- Neon Like ou Alarm Call. La sauvageonne nor- reviendra, par exemple, lors des grands festi- borah Kara Unger, James Rebhorn, soient joués à Chaillot « de manière cidé ; une liaison tumultueuse avec Goldie, DJ dique se démène, elle, avec passion. Son vi- vals d’été. Carroll Baker, Peter Donat. concomitante », Cyrano de Bergerac culte de la scène jungle ; une bagarre avec sage s’est un peu arrondi et évoque de plus Violetta, la reine de la moto dans la grande salle, Dommage qu’elle de Guy Jacques (France, 1 h 32), avec soit une putain, dans la salle Gémier, une journaliste dans un aéroport. Elle se de- en plus celui d’une esquimaude. Sa voix Stéphane Davet Florence Pernel, Dominique Pinon, Da- et La Place du diamant, dans le grand niel Prévost, Eva Darlan, Julien Guio- foyer. mar, Chantal Neuwirth. Théâtre national de Chaillot, 1, place Vive la république ! d’Eric Rochant du Trocadéro, 16e. Mo Trocadéro. Tél. : (France, 1 h 30), avec Aure Atika, An- 01-53-65-30-00. Les jongleries de Jean-Louis Florentz, rhapsode transculturel toine Chappey, Gad Elmaleh, Hippo- Margaret Price lyte Girardot, Atmen Kelif, Florence Le récital de Margaret Price initiale- d’une attitude créatrice foncière- du Livre des enchantements (un ner non plus l’impression de les Pernel. ment prévu le 24 novembre est repor- ALY WAGUÉ : KANKANDIARA- (*) Film interdit aux moins de douze té au lundi 10 janvier 1998. ment tentaculaire. cycle en cours d’élaboration), abandonner. N’étaient la gravité ans. Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, 8e. BI. LOUMBAÏO : VARIATION Né en 1947, Jean-Louis Florentz comporte l’appellation « ma- du propos et le sens du dévelop- Mo Miromesnil. Tél. : 01-49-53-05-07. SUR LOUMBAÏO. JEAN-LOUIS a tiré davantage profit de tradi- drosh » pour orgue, terme dérivé pement (de l’arborescence à la TROUVER SON FILM RÉSERVATIONS FLORENTZ : L’ANGE DU TAMA- tions extraoccidentales appréciées de « darasha » qui signifie « ins- quintessence), on parlerait volon- Tous les films Paris et régions sur le Mi- RIS. DEBOUT SUR LE SOLEIL. sur le terrain que d’un bref pas- truire, rechercher, ouvrir une voie, tiers d’un art de jongleur ! Debout nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- La Tête dans les nuages Aly Wagué (kora, flûte peule), sage au Conservatoire de Paris, dans un sens amoureux ». sur le soleil procède d’une même 68-03-78 (2,23 F/min) de Marc Deruelle, mise en scène de Dominique de Williencourt (vio- Jean Bouchaud. dans les classes d’Olivier Messiaen ambition, organiquement protéi- ENTRÉES IMMÉDIATES Comédie-Française, Théâtre du Vieux- loncelle), François Espinasse et de Pierre Schaeffer. Il a donc SUCCESSION D’ÉPISODES forme mais esthétiquement ho- Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, (orgue). Maison de Radio- convié un musicien malien à re- Cependant, en dépit de leur mogène. Ce solo d’orgue parfois Le Kiosque Théâtre : les places du jour 6e. Mo Saint-Sulpice,-Sèvres-Babylone. vendues à moitié prix (+ 16 F de France, le 8 novembre. Concert Du 18 novembre au 21 décembre. Tél. : créer l’une des ambiances qui ont conception séquentielle corres- écrasant (qui réclame l’appoint commission par place). Place de la Ma- 01-44-39-87-00. 160 F. diffusé sur France-Musique le contribué à l’éclosion de son lan- pondant à une succession d’épi- sporadique d’un second interprète deleine et parvis de la gare Montpar- 17 novembre à 23 h 07 et le gage. A la kora (instrument à sodes plus ou moins suggestifs, « oublié » dans la distribution) nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi DERNIERS JOURS au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le 27 novembre à 20 heures. cordes des griots) puis à la flûte ces deux pièces ne conditionnent présente cette fois les travers d’un dimanche. 15 novembre : tambi (utilisée par les bergers pas un suivi anecdotique. parcours rhapsodique arpentant L’Homme qui Produire-créer-collectionner Le mouvement de grève, lancé peuls), Aly Wagué s’est abandon- Elles affichent de manière sym- les cultures, d’hier et d’au- de Peter Brook, d’après Oliver Sacks, Musée du Luxembourg, 19, rue de par les musiciens de Radio-France avec Maurice Bénichou, Sotigui Kouya- Vaugirard, 6e. Mo Luxembourg. Tél. : né à la narration très vivante bolique la volonté d’indépendance jourd’hui ou d’ici et d’ailleurs. té, Yoshi Oida, Bruce Myers et Mah- 01-42-34-25-95. De 13 heures à (chœur et orchestre national) d’histoires difficilement acces- qui anime le compositeur, et il- Héritier des monumentaux moud Tabrizi-Zadeh (musicien). 19 heures ; jeudi de 12 h 30 à pour protester contre la suppres- sibles au public parisien. Celles lustrent avec un inégal bonheur sa Tournemire et Widor, Florentz Bouffes-du-Nord, 37 bis, boulevard de 21 heures. Fermé lundi. Jusqu’au sion de leur abattement fiscal, a li- évoquées par les deux œuvres de quête d’une expression fondée sur passe dans le même temps pour la Chapelle, 10e. Mo La Chapelle. 15 novembre. 20 F. 20 h 30, le 11. Tél. : 01-46-07-34-50. De 16 novembre : mité l’intérêt de la soirée consa- Florentz inscrites au programme la synthèse des cultures. L’Ange du un proche parent du minimaliste 50 F à 130 F. Dans la compagnie des hommes crée à Jean-Louis Florentz. Des sont aussi demeurées plutôt mys- tamaris prend corps de façon ma- Steve Reich ; marqué par le travail Compagnie Maguy Marin d’Edward Bond, mise en scène d’Alain deux concerts initialement prévus, térieuses, malgré les références gistrale à partir de trois figures modal de Messiaen, il emprunte Maguy Marin : Ramdam. Françon, avec Jean-Luc Bideau, l’un fut annulé et l’autre réduit à Théâtre de la Ville, 2, place du Châte- Jacques Bonnaffé, Carlo Brandt, Gilles détaillées par le compositeur dans principales : une amorce lyrique, aussi la thématique éthiopienne. let, 4e. Mo Châtelet. 20 h 30, le 11. Tél. : David, Jean-Yves Dubois et Michel Au- l’intervention de trois solistes. la notice. un pizzicato irradiant et un trémo- Debout sur le soleil confine ainsi à 01-42-74-22-77. De 95 F à 140 F. mont. Dans ces conditions, le portrait du L’Ange du tamaris (pour violon- lo insolite. L’art de Florentz une expérience de globe-trotter Catherine Berbessou : Compagnie Théâtre national de la Colline, 15, rue e o compositeur a paru à peine es- celle) renvoie à l’arbre planté par consiste alors à aller au bout de assez terre à terre. Quat’zarts Malte-Brun, 20 . M Gambetta. 19 h 30, A fuego lento, mardi ; 20 h 30, du mercredi au same- quissé, mais la dominante de sa Abraham avant de s’adresser à chacune de ces options, sans les Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31, di ; 15 h 30, dimanche. Tél. : 01-44-62- personnalité a tout de même filtré Dieu. Debout sur le soleil, prologue traiter simultanément et sans don- Pierre Gervasoni rue des Abbesses, 18e. Mo Abbesses. 52-52. 110 F à 160 F. LeMonde Job: WMQ1211--0019-0 WAS LMQ1211-19 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0306 Lcp: 196 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 / 19 MARDI 11 NOVEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

a a 18.55 Le Voyage fantastique 20.45 Sang chaud 22.55 Une étrangère parmi nous b 18.10 France Supervision TÉLÉVISION ARTE De Henry Koster (Grande-Bretagne, pour meurtre de sang froid a De Sidney Lumet (Etats-Unis, 1992, 1951, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 105 min). France 2 Africolor 4 De Phil Joanou (Etats-Unis, 1992, 19.00 The Monkees. 20.10 La Machine 130 min). TF 1 23.10 Soudain, Ceux qui ont vécu le Noël man- TF 1 19.30 7 1/2. Spécial Algérie. aa 21.55 True Lies, aaa dingue au Théâtre Gérard-Philipe à explorer le temps l’été dernier 20.00 Archimède. De George Pal (Etats-Unis, 1960, a De Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, 19.05 Walker, Texas Ranger. le caméléon de Saint-Denis retrouveront l’am- 20.30 8 1/2 Journal. 100 min). Disney Channel De James Cameron (Etats-Unis, 1994, 1960, N., v.o., 110 min). Arte biance de la veillée à forte colora- 19.50 et 20.40 Météo. a v.o., 140 min). Ciné Cinémas a 20.00 Journal, Résultat des courses. 20.45 La Vie en face. 20.30 La Tour de Londres 23.55 The Phantom Light tion malienne qui, chaque année, La Saga des Massey Ferguson. De Rowland V. Lee (Etats-Unis, 1939, 22.05 La Fosse aux serpents aa De Michael Powell (Grande-Bretagne, 20.45 Sang chaud pour meurtre N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 1934, N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil vient clore un cycle de concerts de a 21.35 ̈ Soirée thématique. D’Anatole Litvak (Etats-Unis, 1948, N., de sang froid Tennessee Williams. musiques africaines. Malheureu- Film 4 de Phil Joanou. 20.30 Rendez-vous aa 110 min). Ciné Cinéfil 0.05 Le Cri de la soie a 21.40 Tennessee Williams. D’André Téchiné (France, 1985, 22.20 La Veuve joyeuse a D’Yvon Marciano (France, 1995, sement le film d’Yves Billon ne 22.55 Y a pas photo ! Orpheus of the American Stage. 85 min). Ciné Cinémas De Curtis Bernhardt (Etats-Unis, 1952, 100 min). Canal + donne pas d’indication sur les ar- 0.25 Le docteur mène l’enquête. 23.10 Soudain, l’été dernier aaa 20.35 La Grande Attaque 105 min). France Supervision 0.15 L’amour tistes (seul le nom du leader ou du 1.20 TF1 nuit, Météo. Film de Joseph L. Mankiewicz (v.o.). a 1.30 Reportages. du train d’or aa 22.25 Suspect dangereux est une grande aventure a groupe apparaît au générique) ni 1.00 Grand format. De Michael Crichton (Etats-Unis, 1979, De Peter Yates (Etats-Unis, 1987, De Blake Edwards (Etats-Unis, 1988, Mercredi, 19-7-61. 115 min). TMC 120 min). RTL 9 100 min). Ciné Cinémas sur les morceaux interprétés. FRANCE 2 20.35 Green Card a 22.30 Trafic aa 0.55 Toi, le venin aa M6 De Peter Weir (France - Australie, De Jacques Tati (France, 1971, 95 min). De Robert Hossein (France, 1958, N., b 20.45 Arte 19.20 1 000 enfants vers l’an 2000. 1990, 110 min). TSR Paris Première 90 min). RTL 9 19.25 C’est toujours l’heure. 18.15 La Chasse à l’homme a La Vie en face Film d’Edouard Molinaro. L’usine Massey-Ferguson de Mar- 19.55 Au nom du sport. 20.00 Journal, L’Image du jour, 19.54 6 minutes, Météo. quette-lez-Lille a été fermée au A cheval, Météo. 20.05 Notre belle famille. GUIDE TÉLÉVISION milieu des années 80. Parmi les 20.55 Le Choix d’aimer. 20.35 Décrochages info. milliers d’anciens ouvriers, Gilles Film de Joel Schumacher. 20.40 ̈ E=M6 junior spécial. Les mystères de la forêt vierge. Balbastre et Jérôme de Missoltz 22.50 Un livre, des livres. 21.35 Les Inrockuptibles à la Cigale 96. a 21.45 Docteur Quinn, femme médecin. DÉBATS DOCUMENTAIRES France Supervision ont choisi quatre hommes au 22.55 Une étrangère parmi nous Film de Sidney Lumet. Les otages. o 21.45 Symphonie n 7, de Mahler. même passé syndicaliste mais au 0.40 En fin de compte. 22.35 Rendez-moi mon enfant. 22.00 Spécial procès Papon. Histoire 19.00 Carnets de prison. [2/2]. Planète Muzzik Téléfilm 4 de François Labonté. parcours social divergent : deux 0.45 Journal, Météo. 19.00 Sweet Home Chicago. Muzzik 0.10 Capital. La chasse aux trésors. 23.10 Le Tour d’écrou. Mise en scène d’entre eux sont passés de l’autre 1.00 Les Grands Entretiens du Cercle. MAGAZINES 20.10 Des hommes dans la tourmente. de Michael Hampe. Muzzik côté de la barrière, l’un comme De Gaulle versus Pétain. Planète 0.05 Didon et Enée. Mise en scène 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Invités : de P. Maniura. France Supervision chef d’entreprise, l’autre comme FRANCE 3 Albert Jacquard ; Bernard Cathelat ; 20.35 La Royal Air Force. RADIO Marc Lavoine. Canal + [6/8]. Sous les radars, agent de maîtrise, le troisième 18.50 Un livre, un jour. le Bomber Command. Planète 20.30 et 22.30 Téva Interview. VARIÉTÉS anime des soirées loto, le qua- 18.55 Le 19-20 de l’information. Le professeur René Frydman. Téva 20.45 La Vie en face. trième est chômeur. Les auteurs 20.01 et 22.40 Météo. FRANCE-CULTURE La Saga des Massey Ferguson. Arte 20.50 Monsieur Montand. France 3 20.40 ̈ E=M6 junior spécial. de La Saga des Massey-Ferguson 20.05 Fa si la chanter. Les mystères de la forêt vierge. M6 21.25 Animaux imposteurs. Planète 20.30 Agora. André Comte-Sponville. TÉLÉFILMS ont voulu démontrer, parfois 20.35 Tout le sport. 21.00 Poésie studio. 21.20 Défis. Le programme européen 21.40 ̈ Tennessee Williams. 20.50 Monsieur Montand. Objectif 1 en Hainaut. RTBF 1 Orpheus of the American Stage. Arte d’une manière didactique, que la 22.10 Mauvais genres. 20.30 Marie-Antoinette. classe ouvrière n’est plus ce 22.50 Soir 3. Catherine Paoletti pour les disques 22.35 Bouillon de culture. Le passé d’une 22.25 La Course aux étoiles. Planète De Caroline Huppert. Festival 23.15 Nimbus. compacts Dark Wavo. espérance. Avec Stéphane Courtois qu’elle était mais leurs portraits 23.25 Le Défi alimentaire. Planète 22.10 Capitaine James Cook. Antibiotiques : 23.00 Nuits magnétiques. et Nicolas Werh ; Georges Wayzand ; croisés manquent de profondeur. la rébellion des microbes. Georges Bataille. Roland Leroy ; Roger Martelli. TV 5 0.20 Madagascar, De Gordon Clark [1/4]. Festival – B. C. 0.10 Magazine olympique. 0.05 Du jour au lendemain. 22.55 Y a pas photo ! Avec Cyrielle Claire ; la parole poème. Planète 22.35 Rendez-moi mon enfant. 0.40 0.48 Les Cinglés du music-hall. Marie-Claire Noah ; Marc Jolivet. TF 1 4 De François Labonté. M6 Rencontres à XV. 1.00 Mercredi, 19-7-61. Arte 1.05 New York District. 23.00 De l’actualité à l’histoire. b 0.55 RTL 9 FRANCE-MUSIQUE Un budget de gauche. SÉRIES Toi, le venin SPORTS EN DIRECT CANAL + La francophonie. Histoire Un homme rencontre la nuit, sur 20.00 Concert. Goya, de Prodromidès, 23.15 Nimbus. Antibiotiques : 20.45 Murder One : L’Affaire Jessica. à l’Opéra de Montpellier. 21.30 Boxe. Poids lourds-légers : la Côte d’Azur, une blonde nym- ̈ En clair jusqu’à 20.35 la rébellion des microbes. D. Negus - K. Okhrey. Eurosport Chapitre X. Série Club 22.30 Musique pluriel. Invités : Christian Perrone ; Denis phomane. Dans une riche villa 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Œuvres de François, De Vienne. Corpet ; Roland Leclerc. France 3 2.00 Basket-ball NBA. 20.55 Guerres privées. Pour l’honneur. Invités : Albert Jacquard, Bernard L’avocat ne désarme pas. Téva vivent deux sœurs blondes dont 23.07 Le Dialogue des muses. 0.10 Capital. La chasse aux trésors. Un Minnesota - San Antonio. Canal + Cathelat, Marc Lavoine. 21.30 Twin Peaks. Episode no 5. Série Club l’une est paralysée. Laquelle est trésor dans votre maison. Collections : 20.30 Le Journal du cinéma. RADIO-CLASSIQUE des tops et des flops. Reliques de stars. MUSIQUE 21.45 Docteur Quinn, femme médecin. l’inconnue ? D’après un roman de 20.35 Trois vœux. L’héritage Tintin. Voitures cultes : Les otages. M6 Frédéric Dard, un suspense, façon Film de Martha Coolidge. gouffre ou bonne affaire ? M6 20.40 Les Soirées. 20.45 Les Inrockuptibles 22.15 Profit. Clouzot ou Hitchcock, réalisé par 22.25 Flash infos. Daniel Barenboïm et l’Orchestre de 0.10 Femmes dans le monde. A travers le Forgiveness (v.o.). Canal Jimmy 22.35 Le Cavalier du diable. Paris. Œuvres de Bizet, Vieuxtemps, voile. Une femme du Sahel. Téva à l’Olympia 96. France Supervision Robert Hossein. Interprétation at- o 23.05 Star Trek : la nouvelle génération. Film d’Ernest Dickerson. Saint-Saëns, Wagner, Wolf, Scriabine. 1.00 Les Grands Entretiens du Cercle. 21.00 Symphonie n 3 de Mendelssohn Prise de commandement (v.o.). tachante (Marina Vlady, Odile 0.05 Le Cri de la soie a 22.25 Les Soirées... (suite). France 2 par Chailly. Muzzik Canal Jimmy Versois, Robert Hossein). – J. S. Film d’Yvon Marciano. Œuvres de Messiaen, Mozart.

MERCREDI 12 NOVEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

13.30 Notre histoire aa 18.35 Le Maître d’escrime aa 22.40 French Cancan aa b 23.20 France 3 TÉLÉVISION 20.30 Le Journal du cinéma. De B. Blier (F, 1984, 120 min). TV 5 De Pedro Olea (Espagne, 1992, v.o., De Jean Renoir (France, 1954, Un siècle d’écrivains 21.00 Apollo 13 aa 14.25 Le Mariage 85 min). Ciné Cinémas 105 min). TMC Film de Ron Howard. a de Chiffon aa 19.15 The Phantom Light 23.20 Le Président TF 1 23.15 Flash infos. De Claude Autant-Lara (France, 1941, De Michael Powell (Grande-Bretagne, et Miss Wade a 23.20 Le Président et Miss Wade a N., 100 min). Ciné Cinéfil 1934, N., v.o., 75 min). Ciné Cinéfil De Rob Reiner (Etats-Unis, 1995, v.o., Bertolt Brecht, a 13.50 Les Feux de l’amour. Film de Rob Reiner. 14.50 Orfeo aa 20.30 Ciel rouge 109 min). Canal + De Robert Wise (Etats-Unis, 1948, N., 14.40 TF 1 jeunesse. 1.10 Cinq semaines en ballon. De Claude Goretta (France, 1984, 23.50 Le Voyage fantastique portrait croisé 17.05 Savannah. Film d’Irwin Allen. 125 min). France Supervision v.o., 90 min). Ciné Cinéfil aa (No highway in the sky) a 15.05 Made in America a 20.30 The Snapper 18.00 Paradis d’enfer. De Stephen Frears (Grande-Bretagne, De Henry Koster (Grande-Bretagne, « IL AVAIT BEAUCOUP DE 18.30 Mokshû Patamû. LA CINQUIÈME/ARTE De Richard Benjamin (Etats-Unis, 1951, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 1992, 110 min). Ciné Cinémas 1992, 95 min). Ciné Cinémas 19.05 a CHARME. Il était extrêmement in- Walker, Texas Ranger. 13.00 Une heure pour l’emploi. aa 21.00 Apollo 13 aa 0.10 Signé Picpus 19.50 et 20.25 Météo. 16.05 La Fosse aux serpents De Richard Pottier (France, 1942, N., telligent, très spirituel et aimable, 14.00 ̈ Le Maroc. D’Anatole Litvak (Etats-Unis, 1948, N., De Ron Howard (Etats-Unis, 1995, 135 min). Canal + 90 min). RTL 9 colérique, juste et injuste à la fois. 20.00 Journal. 14.30 Business humanum est. v.o., 105 min). Ciné Cinéfil 20.30 Football. En direct. a 1.20 La Discrète aa 15.30 Contes et légendes de l’eau. [2/2]. 16.55 Trois places 21.20 Romeo Is Bleeding Un être extrêmement compliqué. Je Match amical : France-Ecosse. De Peter Medak (Etats-Unis, 1994, De Christian Vincent (France, 1990, Le lycée l’ai baucoup aimé. Je l’aime encore Question d’honneur. 16.30 L’Etoffe des ados. pour le 26 aa 110 min). RTBF 1 95 min). Arte 22.40 Columbo. Pierre Corneille à Saint Cloud. De Jacques Demy (France, 1988, 22.00 Les Cousins aa 1.25 Vacances explosives a beaucoup aujourd’hui. » Il, c’est 0.00 Minuit sport. 17.00 Cellulo. 100 min). Ciné Cinémas De Claude Chabrol (France, 1958, N., De Christian Stengel (France, 1956, N., 0.30 Bertolt Brecht, vu par sa fille Bar- TF 1 nuit, Météo. 17.30 Au cœur d’Okavango. [9/26]. 17.00 Les Pirates du rail a 110 min). Ciné Cinéfil 100 min). Ciné Cinéfil bara, âpre héritière à laquelle le 17.55 Le Journal du temps. De Christian-Jaque (France, 1937, N., 22.05 In the Soup aa 2.10 Le Passage aa FRANCE 2 85 min). Festival D’Alexandre Rockwell (Etats-Unis, De René Manzor (France, 1986, film de Joachim Lang et Guy An- 18.00 Chercheurs d’aventure 17.30 Qui veut la peau 1992, N., v.o., 100 min). Ciné Cinémas 80 min). Ciné Cinémas dréani accorde la place qui lui re- 13.50 et 17.30 Un livre, des livres. 18.30 Le Monde des animaux. Le Lynx des Alpes. de Roger Rabbit ? aa 22.40 Un flingue pour Betty Lou a 4.35 Crash aa vient : celle d’un témoin parmi 13.55 Derrick. 19.00 The Monkees. [41/58]. De Robert Zemeckis (Etats-Unis, 1988, D’Allan Moyle (Etats-Unis, 1992, De David Cronenberg (Canada, 1996, 15.00 Dans la chaleur de la nuit. 100 min). Disney Channel 90 min). RTL 9 95 min). Canal + d’autres, avec sa part affective. Les 19.30 7 1/2. La réforme de la loi intervenants les plus intéressants 15.50 La Chance aux chansons. sur la nationalité en Allemagne. de ce portrait filmé pour la collec- 17.00 Des chiffres et des lettres. 20.00 Wild Wild World of Animals. tion « Un siècle d’écrivains » sont 17.35 Friends. Le rhinocéros à la corne d’or. GUIDE TÉLÉVISION 18.05 C’est l’heure. 20.20 Sous le ciel de Paris. Automates. ceux qui travaillèrent avec Brecht 18.45 Qui est qui ? 20.30 8 1/2 Journal. au Berliner Ensemble, et qui 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. 22.35 Pulsations. Les grands brûlés. TV 5 1.00 Le Défi alimentaire. Planète étaient alors de jeunes assistants – 19.20 C’est toujours l’heure. Cinquante ans d’injustice : Le Scandale MAGAZINES des dédommagements de guerre. 22.40 ̈ La Vie à l’endroit. comme Peter Palitsch ou Manfred 19.50 et 20.45 Tirage du Loto. Un sacré village. France 2 19.55 Au nom du sport. 21.50 Musica. Alfred Schnittke, 13.00 Une heure pour l’emploi. SPORTS EN DIRECT Werwerth – ou de jeunes comé- un portrait avec des amis. La Cinquième 23.00 Le Magazine de l’Histoire. diens – comme Ekkehard Schall, 20.00 Journal, L’Image du jour, 22.50 Musicarchive. Hermann Scherchen. Best of. Histoire 14.00 et 19.30 Tennis. Masters messieurs. A cheval, Météo. L’Art de la fugue, de J.S. Bach. 13.35 Parole d’Expert. Eurosport par ailleurs beau-fils du Avec Douchka Esposito. France 3 23.20 Un siècle d’écrivains. 20.55 L’Instit. Le Boulard. 23.20 ̈ Profil. Un vivant qui passe. Bertolt Brecht. France 3 20.30 Football. France - Ecosse. TF 1 « monstre ». 14.00 ̈ Escales francophones. 22.40 ̈ La Vie à l’endroit. 0.30 La Lucarne. Rosa et Golda. Le Maroc. Paris Première 23.30 Bons baisers d’Amérique. TV 5 Car Bertolt Brecht fut un Un sacré village. 1.20 La Discrète aa DANSE Film de Christian Vincent. 14.30 Business humanum est. 23.45 Ciné Cinécourts. monstre, démiurge, séducteur et 23.50 En fin de compte. Invité : Eric Rochant. Ciné Cinémas 0.05 Journal, Météo. Charbonnage de France : Tourments 0.10 . Ballet. Téva manipulateur. En cela, il n’échap- de mineurs. La Cinquième 0.10 Le Canal du savoir. pa pas à la règle. Toutes les 0.20 Le Cercle des métiers. M6 Musique : Influences et malentendus Je manie les mots. 16.05 Saga-Cités. grandes histoires de théâtre se bâ- Les animaux. L’Europe intégrée. France 3 franco-allemands. Paris Première MUSIQUE 13.05 M6 Kid. 0.20 Le Cercle des métiers. tissent autour d’une figure ma- FRANCE 3 16.30 Des clips et des bulles. 17.15 A bout portant. Je manie les mots. 18.00 Jazz at the Smithsonian : 16.50 Fan de. Pierre Perret. Paris Première Invités : Alain Rey ; Henriette Walter ; jeure, imposante sinon écrasante. Art Farmer. Muzzik 13.35 Parole d’Expert. 17.15 Fanquizz. Coolio. 18.00 Stars en stock. Lucille Ball. Pierre Merle ; Frédéric Dard ; Philippe Au Berliner Ensemble, il y en eut Ronald Reagan. Paris Première Caubère, etc. France 2 19.45 Celibidache dirige... le Concerto 14.20 Va savoir. En bivouac avec Napoléon, 18.05 Sliders, les mondes parallèles. l’Empereur de Beethoven. Muzzik deux : Brecht et son épouse Hé- en Corse du Sud. Le monstre des mers. 19.00 De l’actualité à l’histoire. 19.00 FX, effets spéciaux : la série. 21.55 Brigitte Fontaine. Paris Première lène Weigel, « La » Weigel, qui fut Sous le soleil exactement. Un budget de gauche. Avec Christian DOCUMENTAIRES Les fondus de Napoléon. 19.54 6 minutes, Météo. 22.05 Didon. France Supervision à la fois une immense comédienne Sautter et Jacques Marseille. La 14.58 Questions au Gouvernement. 20.05 Notre belle famille. francophonie. Avec Thierry de Beaucé 22.35 Messe glagolitique de Janacek 20.35 Décrochages info, 18.30 Le Monde des animaux. et une femme de troupe extrême- 16.05 Saga-Cités. L’Europe intégrée. et Leïla Sebbar. Histoire Le Lynx des Alpes. La Cinquième Elément Terre. par Vaclav Neumann. Muzzik ment ferme. Elle protégea son 16.40 Minikeums. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 19.10 Caza. Planète 23.30 Marcovici, De Vries et Roge 20.50 Cinq bébés à la une. Avec Bernadette Lafont ; époux jusque dans ses amours illé- 17.45 C’est pas sorcier. Le cèpe à sorcier ! Téléfilm [1 et 2/2] de Christian Duguay. Bootsie Collins. Canal + 19.40 Nitaskinan au pays jouent Mozart. Muzzik gitimes, qui furent nombreuses, et 18.20 Questions pour un champion. 0.20 Secrets de femme. 20.00 Faut pas rêver. des Atikamekws. Planète 0.05 Le Royal Ellington. souvent productives. Plusieurs 18.50 Un livre, un jour. France Supervision Invitée : Jéromine Pasteur. 20.35 Carnets de prison. [2/2]. Planète maîtresses de Brecht l’aidèrent 18.55 Le 19-20 de l’information. Cambodge : L’homme guérisseur. 20.55 Femmes dans le monde. 0.35 Quincy Jones’ Africa Africa France : Les copistes du Louvre. 20.02 et 22.45 Météo. Les filles du vaudou. Téva à Montreux 92. Muzzik dans son travail d’écriture – ce qui RADIO Argentine : Les gardiens du glacier. ne veut pas dire qu’il les pilla, 20.05 Fa si la chanter. TV 5 21.00 Comme les oiseaux... Muzzik 20.35 Tout le sport. 20.10 Au nom de la loi. Delfosse. 21.35 La Didone. France Supervision TÉLÉFILMS comme le laisse entendre la bio- 20.45 Consomag. FRANCE-CULTURE Les amants diaboliques. RTBF 1 21.45 Des hommes dans la tourmente. graphie sinistre de John Fuegi, 20.50 La Marche du siècle. 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. De Gaulle versus Pétain. Planète 20.05 Les Orphelins de Duplessis. Brecht et Cie (chez Arthème- Immigrés : de quels droits ? 19.45 Les Enjeux internationaux. De Johanne Prégent. TSR 20.00 Les Chemins de la musique. Cinquante ans d’injustice : Le scandale 21.50 Musica. Alfred Schnittke : un portrait Fayard). 22.55 Soir 3. des dédommagements de guerre. Arte avec des amis. Arte 20.30 Un taxi dans la nuit. 20.30 Agora. Philippe Morel. D’Alain-Michel Blanc. Festival D’Augsbourg, sa ville natale, à 23.20 Un siècle d’écrivains. 21.00 Philambule. 20.50 La Marche du siècle. 21.55 Mémoires d’ex. [2/3]. Suicide au Bertolt Brecht. Immigrés : de quels droits ? 20.30 L’Enfant du miracle. Berlin-Est, où il est mort en 1956, à 22.10 Fiction. Obériou [2/5]. comité central (1944 - 1954). Histoire De Michael Scott. RTL 9 0.10 Cinéma étoiles. Avec Simone Veil ; Stéphane Hessel. cinquante et un ans, en passant 23.00 Nuits magnétiques. France 3 22.50 Musicarchive. Hermann Scherchen. 20.50 et 22.35 Cinq bébés à la une. 0.40 Vivre avec... Sida : Les pharmaciens, Le bureau de Dionys [1/3]. L’Art de la fugue, de J.S. Bach. Arte De Christian Duguay [1/2 et 2/2]. M6 par les pays de l’exil dû au na- acteurs de la santé publique. 0.05 Du jour au lendemain. 21.00 Strip-tease. Petit ragoût de rognons. 23.00 Animaux imposteurs. Planète zisme (Danemark, Finlande, Etats- Les pharmaciens s’engagent. Daniel Pennac. Aller-retour. La semaine infernale. Un médecin dans la ville. 0.48 Les Cinglés du music-hall. Conseils de sécurité. TV 5 23.20 Profil. Un vivant qui passe. Arte SÉRIES ̈ Unis, Suisse), le film de Joachim 0.55 New York District. 21.00 Envoyé spécial, les années 90. 0.00 La Course aux étoiles. Planète Lang et Guy Andréani n’oublie au- Les néo-nazis. Génération perdue. 18.05 Sliders, les mondes parallèles. FRANCE-MUSIQUE Le miroir aux alouettes. Histoire 0.00 Karnak, une histoire cachée. TSR Un monde de brume. M6 cune étape importante de la vie et CANAL + 0.30 La Lucarne. Rosa et Golda. Arte 18.15 Friends. de l’œuvre du plus grand drama- 19.30 Prélude. 21.00 Paris modes. Œuvres de Beethoven, Les défilés à New York. Le Maroc, Celui qui faisait le lien. France 2 ̈ En clair jusqu’à 13.35 20.00 Concert. 0.40 Histoires naturelles. turge allemand du siècle, avec Schoenberg, R. Schumann. Paris Première l’homme, la nature et le Coran. TF 1 13.30 Le Journal de l’emploi. 20.55 L’Instit. Le Boulard. France 2 Heiner Müller. Mieux : il offre des 22.30 Musique pluriel. 13.35 Décode pas Bunny. 22.15 Une fille à scandales. documents inédits, stupéfiants – 23.07 Les Greniers de la mémoire. Tel est pris qui croyait prendre (v.o.). 14.25 C+ Cléo. Œuvres de Mozart, R. Schumann, SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : Canal Jimmy Brecht répondant d’activités anti- 14.30 Dessins animés. Strauss. 4 ̈ Signalé dans « Le Monde Accord parental souhaitable 22.40 Columbo. Question d’honneur. TF 1 américaines devant la commission 16.20 Woodywoodpecker Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensable McCarthy – ou magnifiques – dans la forêt de Norvège RADIO-CLASSIQUE a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans 22.40 Spin City. Un après-midi de chien (v.o.). Canal Jimmy Brecht et l’une de ses plus belles 16.45 Un homme digne de confiance. aa Ne pas manquer. 6 Public adulte 19.30 Classique affaires-soir. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans 23.35 Bottom. œuvres, Mère Courage, qui fut la Téléfilm de Philippe Monnier. He’s Out (v.o.). Canal Jimmy 20.40 Les Soirées. L’Elixir d’Amour, opéra Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- première pièce filmée en Répu- ̈ En clair jusqu’à 21.00 en deux actes d’après Eugène Scribe, grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision 0.05 New York Police Blues. blique démocratique allemande. 18.20 Cyberflash. de Donizetti. Angela Gheorghiu ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. La nouvelle (v.o.). Canal Jimmy 18.30 Nulle part ailleurs. (Adina), Roberto Alagna (Nemorino). d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 0.55 New York District. Invité : Javier Bardem, Bernadette 22.50 Les Soirées... (suite). Une tombe de diamants. France 3 Brigitte Salino Lafont, Bootsie Collins. Requiem, de Donizetti. LeMonde Job: WMQ1211--0020-0 WAS LMQ1211-20 Op.: XX Rev.: 11-11-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 14Fap:99 No:0307 Lcp: 196 CMYK

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MERCREDI 12 NOVEMBRE 1997 Contre l’impuissance 25 000 manifestants se sont rassemblés par Pierre Georges à Paris « pour la paix en Algérie » LES GRANDES ÉPOU- ne pas assez ou d’en mal parler. VANTES, aussi, sont muettes. De consacrer à des choses plus Du moins le croyait-on jusqu’à futiles des torrents d’encre en La journée de solidarité avec le peuple algérien a été un succès cette manifestation d’un lundi occultant l’essentiel de cette tra- soir de pluie et de froid à Paris, gédie voisine et constante. PLUS LA PLUIE menaçait, plus donnaient vigueur aux classiques faire ouvrir la grille d’accès. Les du FLN, mariée, mère de famille, où des dizaines de milliers de Les plus jeunes notamment le cortège grossissait en direction applaudissements. Ces femmes ve- employés de la sécurité du métro installée à Paris et recevant en personnes sont simplement ve- sont les plus véhéments sur ce du parc de la Villette, lundi 10 octo- nues sans doute pour la première avaient réagi en jetant des gaz la- 1997, « trente-cinq ans après », un nues briser la loi de trop de si- sujet-là, tenant, en quelque bre vers 21 heures. Partis de la gare fois de leur exil manifester dans crymogènes, et les passants amour de jeunesse connu au ma- lences frileux, de trop d’impuis- sorte, la presse française pour de l’Est deux heures avant, vingt- Paris. Il fallait oser... « Enfin, on ose avaient reflué vers le haut des esca- quis, et qui fuit à son tour au- sances résignées, de trop de coupable de non-information cinq mille manifestants récla- dire non, aux intégristes, comme au liers. Une petite dame aux cheveux jourd’hui les menaces de mort au cynismes comptables. sur peuple en danger. Le re- maient « clarté en Algérie, arrêt des gouvernement, tous responsables des blancs, très émue : « J’étais au mé- pays. Une manifestation, disions- proche est fondé, tant il est massacres », dénonçant pêle-mêle massacres », commmentait un père tro Charonne, en février 1962, pour Toute cette journée de lundi, nous. Plutôt un manifeste et une évident que nous sommes mal à « tous les intégrismes » et « Zeroual de famille algérien, devant ses reje- manifester pour la paix en Algérie. comme dans ce cinéma, dans des marche contre ce huis clos san- l’aise pour faire de l’information, assassin ». Des Algériens de Paris tons, sans voix à force d’avoir crié La police avait tué. Aujourd’hui, ils lycées, facultés et salles de glant imposé à un peuple martyr. face aux bégaiements de l’hor- venus souvent en famille, des re- tout au long du défilé. Certains ne vont pas recommencer ! Deux fois théâtres, Paris s’était donné le L’envie et la nécessité, presque reur et à une censure de fait et traités français, beaucoup de manifestants balançaient encore dans une vie, c’est trop ! » Mais un temps de débattre de l’Algérie, l’obligation humaine de dire des faits. Le tragique de répéti- jeunes banlieusards venus en leur lampe de poche au rythme de manifestant un peu plus jeune la sans oublier de se souvenir de la « Assez », sans trop savoir com- tion, le récit de l’horreur ajouté bande défilaient au coude-à- la musique surgie du podium : les tança avec vigueur : « Ici, ce soir, ce guerre d’indépendance. D’autres ment, sans trop de solutions, au récit de l’horreur, sont aussi coude, surpris, heureux de se re- organisateurs avaient appelé à n’est pas Charonne ! Ce n’est pas le manifestations ont eu lieu à Lyon, simplement « Assez ». des freins au devoir d’informer, trouver si nombreux. L’initiative « une marche de lumières » et cha- massacre de la manifestation algé- Marseille, Lille, Bordeaux ou Il est de tradition de mesurer comme l’aveu réitéré d’une im- d’« Un jour pour l’Algérie », lancée cun s’était muni qui de bougie, qui rienne de 1961 ! En Algérie, c’est au- Montpellier. Il aura fallu attendre le succès ou l’échec d’une telle puissance à savoir et à dire vrai- par des dizaines d’associations, de lampe. trement plus grave. N’exagérez trente-cinq ans pour que l’on défile initiative au nombre de ses mar- ment. partis et syndicats, se terminait par pas!» à nouveau « pour la paix en Algé- cheurs. C’est là un rite d’une ex- Mais ce sentiment d’impuis- une veillée, sous la pluie, devant la « EN FINIR AVEC CETTE BARBARIE » Pourtant, nombreuses sont les rie ». trême imbécilité, comme l’art de sance est très partagé. Y compris Grande Halle et autour d’un po- Quand Isabelle Adjani apparut femmes algériennes qui se sou- diviser ou multiplier l’ampleur et sans doute par tous ceux, cé- dium aux allures de gréement se- sur le podium, la ferveur redoubla. viennent ce soir de ce lointain jour Danielle Rouard la ferveur des indignations par le lèbres ou inconnus, qui, un lundi coué par les vents. « A l’heure où un peuple tout entier, d’octobre 1961, où la police pari- nombre de pieds. Ce qui s’est soir à Paris, ont marché d’abord Sur la scène, en vedette améri- le peuple algérien, ne sait plus à qui sienne tua des dizaines d’Algériens a Un jeune comédien algérien, passé, lundi soir à Paris et ail- contre leur propre silence, leur caine, une jeune chanteuse accueil- faire confiance, ne sait plus où trou- venus manifester pacifiquement Aziz Anik, a été assassiné par leurs, relève, nous semble-t-il, propre incapacité à peser réelle- lait les marcheurs : « Bonjour ! Mer- ver refuge, c’est à nous d’être là », dans les rues de Paris. Porte de la balles, jeudi 6 novembre, dans la tout à fait d’autre chose, un be- ment sur ce drame sanglant. Les ci d’être venus. Il y a longtemps que lança l’actrice d’origine algérienne, Villette, Jaurès, Stalingrad... « Tous banlieue d’Alger, a rapporté le soin de conscience, l’expression cyniques pourraient y voir le cette manifestation aurait dû avoir avant de demander au gouverne- les jours, dans les cafés, la police fai- quotidien Le Soir d’Algérie dans son d’une urgence morale. Le drame vain étalage des bons sentiments lieu ! » Et le spectacle commença, ment de « faire son devoir tout de sait des rafles », se souvient un bis- édition du 10 novembre. Cet artiste algérien, si proche, si lointain, si ou des tourments d’âme, comme longue parade d’artistes algériens, suite, pour en finir avec cette barba- trotier aujourd’hui en retraite. avait notamment figuré dans un présent, si occulté bouleverse une purge de conscience, une kabyles et français... Khaled, Les rie envers des êtres sans défense ». C’est aussi au nom de cette mé- spot publicitaire réalisé à l’occa- notre pays en profondeur beau- sorte de repentance collective Rita Mitsouko, Gérard Depardieu, C’était parler au cœur de ces ma- moire qu’en fin d’après-midi, ce sion des campagnes électorales, se- coup plus qu’il n’y paraît. Dans contre un remords collectif. tant d’autres moins connus, ve- nifestants qui exigeaient : « Arrêtez même lundi 10 novembre, les spec- lon le journal. Il était surtout l’évidence d’une proximité dou- Ce n’est pas ainsi qu’on voit naient chanter ou lire témoignages de tuer les enfants ! Arrêtez de tuer tateurs avaient envahi le cinéma connu pour ses rôles dans les films loureuse, historique, constante, les choses. Cette manifestation, et poèmes. « Six ans, ça suffit. La des innocents ! » 14 juillet-sur-Seine pour assister à Mimiche le Solitaire et Le clandes- le martyr d’un peuple rejaillit sur d’importance, aura été plus paix en Algérie ! », réclamait la Près de la bouche de métro de la l’avant-première du film de Rachi- tin. « Sa mort tragique a été passée l’autre, avec en permanence qu’un succès, un cri, une marche foule. Des femmes en foulard, por- station Porte-de-Pantin, plus tôt da Krim, Sous les pieds des femmes. sous silence » par la télévision cette interrogation : qu’avons- de révolte contre l’inadmissible. tant cabats et traînant leurs en- dans la soirée, on avait frisé l’in- L’actrice Claudia Cardinale y inter- d’Etat, a souligné Le Soir d’Algé- nous fait pour dénoncer cela, ou La première vraie mobilisation, fants, hurlaient leurs youyous et cident. Une petite foule avait voulu prète une Algérienne, ex-résistante rie. – (AFP.) du moins pour le raconter vrai- enfin, dans notre pays, pour ou- ment, qu’avons-nous fait pour vrir une brèche dans la citadelle qu’un jour, on ne puisse nous des indifférences et des précau- faire et se faire le reproche de tions. Le premier pas enfin vers Les doutes persistent à propos des « révélations » sur les attentats de Paris n’avoir rien fait. une mobilisation de l’opinion in- Souvent, dans des débats, ternationale pour simplement si- dans des lettres, il est adressé à gnifier aux autorités algériennes Paris demande à Alger « une information transparente » sur la situation dans le pays la presse et aux journaux, à pro- et, aux islamistes que le temps pos de l’Algérie, le reproche de du sinistre huis clos est passé. DES DOUTES importants per- dans une rame du RER à la station roriste ayant frappé la France en preuves ». En France, l’ancien dépu- sistent sur les « fuites » organisées Saint-Michel (huit morts). On voit 1995. Dans nos colonnes, « Hakim » té (UDF) Yves Bonnet a indiqué son en Europe, auprès de l’hebdomaire mal comment « Yussuf-Joseph » a assuré que les explosifs utilisés intention de poursuivre l’hebdoma- britannique The Observer et du peut affirmer, compte tenu de cette avaient été « récupérés dans les lo- daire britannique, dans lequel Monde (nos éditions du 11 no- discordance de dates, que « des caux de l’ambassade d’Algérie à Pa- « Yussuf-Joseph » a affirmé que les FN et RPR côte à côte contre le film vembre) par des hommes se pré- agents secrets venus d’Algérie par ris » : les enquêtes judiciaires éta- services secrets algériens « ache- sentant comme des officiers algé- avion (...) ont organisé au moins blissent que les ingrédients des taient » régulièrement en Europe riens des services secrets en rupture deux des attentats à la bombe engins explosifs ont été achetés des policiers, des journalistes et des « Avoir vingt ans dans les Aurès » de ban. A en croire leurs témoi- commis à Paris pendant l’été 1995 ». dans une grande surface et dans parlementaires. Sans citer nommé- gnages, des agents de la Direction S’affirmant responsable en acti- une armurerie par les auteurs des ment M. Bonnet, mais en évoquant IL N’Y A PAS EU de guerre à Tourcoing (Nord) autour d’Avoir vingt du renseignement et de la sécurité vité de la Direction du renseigne- attentats, qui montaient leurs un député ayant perdu son siège ans dans les Aurès, le film de René Vauthier sorti en 1971 et pro- (DRS) algérienne auraient participé ment et de la sécurité, « Hakim » a, bombes de fabrication artisanale aux dernières élections et acquis à grammé le lundi 10 novembre dans le cadre du festival Différence, aux attentats commis à Paris en dans ses déclarations au Monde, dans leurs domiciles. « Hakim » la cause des régimes algériens et organisé pour l’Année européenne contre le racisme. Tirant argu- 1995. Le ministère français de l’inté- toujours sous le sceau de l’anony- présente Boualem Bensaïd, l’étu- irakiens, Il assurait avoir « person- ment de la proximité de la célébration de l’Armistice, le Front natio- rieur a aussitôt opposé « les plus mat, confirmé les propos de son diant algérien arrêté à Paris le 2 no- nellement remis une mallette conte- nal avait demandé l’annulation de la projection de ce film doulou- grandes réserves » à ces affirma- collègue. Arguant d’une solide vembre 1995 et écroué depuis pour nant 500 000 francs à un parlemen- reux, qui reflète l’état d’esprit des jeunes gens du contingent tions (Le Monde du 11 novembre). connaissance des services secrets son rôle de coordinateur de la cam- taire français disposant de liens rappelés en Algérie, et du débat avec le réalisateur qui devait suivre. Se présentant comme un « agent algériens, les deux témoins ont fait pagne d’attentats, comme un « mi- solides avec les services de renseigne- Le RPR avait surenchéri en parlant de « provocation et de trahison de la Sécurité militaire algérienne » montre d’une connaissance défail- litaire algérien du service Action » de ment français ». Ancien directeur de nationale ». Le président local de l’UNC (Union nationale des ayant fait défection en Angleterre lante des modes opérationnels ob- la DRS. Bensaïd n’a pas évoqué la DST, M. Bonnet s’est reconnu combattants) avait appelé à bouder la commémoration du 11 no- et se dissimulant sous le pseudo- servés par les auteurs des attentats cette appartenance « militaire » de- dans cette description « totalement vembre, puis finalement demandé aux membres de son organisation nyme de « Yussuf-Joseph », le té- perpétrés sur le sol français. La cré- vant les policiers et magistrats qui hypocrite » et a décidé d’engager de marquer leur réprobation en arborant crêpe et cravate noire pour moin de l’Observer a été identifié, dibilité de leurs affirmations est af- l’ont interrogé. Ses relations avec des poursuites en diffamation à Pa- la cérémonie au monument aux morts. Le maire socialiste de Tour- lundi 10 novembre, comme un dé- faiblie par les invraisemblances ca- Rachid Ramda, l’un des respon- ris. coing, Jean Pierre Balduyck, est resté ferme sur ses positions : ne pas serteur de l’armée algérienne. Son ractérisant les quelques sables du GIA à Londres au mo- Pour sa part, le Quai d’Orsay a interdire ce film, déjà diffusé plusieurs fois à la télévision, et per- état civil ne peut être divulgué, « révélations » qui, dans leurs té- ment de la vague terroriste, qui a déclaré que la communauté inter- mettre le débat qui devait suivre. La polémique a eu au moins un ré- pour des raisons tenant à sa sécuri- moignages, sont suffisamment pré- versé des milliers de francs à Ben- nationale a « besoin de savoir ce qui sultat : on a refusé du monde au cinéma « Les Arcades ». A tel point té personnelle. De source officielle cises pour être vérifiées. saïd, sont dûment établies par les se passe en Algérie », ajoutant que qu’une deuxième séance avec débat a été programmée pour le soir française, on précise toutefois que Dans l’Observer, « Yussuf-Joseph » enquêtes judiciaires françaises. « l’essentiel est d’assurer une infor- du 11 novembre. cet Algérien a déposé sa demande affirmait que Karim Koussa, arrêté Lundi soir 10 novembre, le porte- mation transparente [qui] suppose, de statut de réfugié politique au en France le 27 septembre 1995, parole du gouvernement algérien, entre autres, le libre exercice par la a VACHE FOLLE : un cas d’encéphalopathie spongiforme bovine Royaume-Uni en juin 1995. Or, le avait réussi à échapper à la police Habib Chawki, interrogé sur LCI, a presse, en particulier étrangère, de (ESB) a été détecté pour la première fois dans le département du premier attentat à la bombe de la française : l’intéressé est toujours déclaré qu’il est « très facile d’ac- son métier ». Morbihan, a annoncé, lundi 10 novembre, le ministère de l’agri- campagne terroriste conduite en écroué, dans l’attente d’être jugé cuser », mais que, « lorsqu’il s’agit culture. Les 115 bêtes du troupeau auquel appartenait la bête malade France a eu lieu le 25 juillet 1995, pour sa participation au réseau ter- d’accusations il faut apporter les Erich Inciyan ont été tuées lundi matin. Il s’agit du quatrième cas d’ESB décelé en France depuis le début de l’année – le vingt-neuvième depuis 1990. a ALLEMAGNE : une agence pour l’emploi qui avait interdit à une scientologue de tenir un bureau de placement pour jeunes 280 millions de francs pour prix d’un « Rêve »... de Picasso filles au pair a obtenu gain de cause devant la justice allemande, lun- di 10 novembre. Cette décision fait suite à la plainte d’un membre de NEW YORK Rauschenberg, estimé entre 3 et 4 millions, a sans fioritures ni effets d’éclairage parti- l’Eglise de scientologie qui avait saisi la justice après s’être fait reti- de notre correspondante dû en revanche être retiré des enchères, culiers. Au total, ils ont dépensé moins de rer en 1995 la licence l’autorisant à placer à compte privé des jeunes Au moment où s’ouvre la saison des n’ayant pas réussi à dépasser 2,4 millions de 2 millions de dollars pour cette collection filles au pair. – (AFP.) grandes ventes d’automne à New York, dans dollars. amassée en près d’un demi-siècle et qui un marché de l’art qui retrouve sa vigueur, la L’histoire de Victor et Sally Ganz est ra- comprend également des sculptures d’Eva vente de la collection privée de Victor et Sally contée à New York comme celle de collection- Hesse, ainsi que des œuvres de Frank Stella. Ganz chez Christie’s était particulièrement neurs exemplaires, d’un couple harmonieux, Victor et Sally Ganz, souligne le New York Rebond à Tokyo attendue. Lundi soir 10 novembre, l’événe- amoureux de l’art et passionné de lecture, qui Times, « ont mené une conversation de toute ment a tenu ses promesses : 57 des se constitua au fil des années, patiemment, une vie avec ces œuvres d’art chez eux, une LES PLACES boursières asia- perdaient respectivement 0,61 %, 115 œuvres de la collection Ganz offertes à la de manière extrêmement pensée, pour son conversation qu’ils ont souvent poursuivie avec tiques se sont un peu reprises mardi 2,95 % et 3,22 %. vente sur deux semaines ont été enlevées dès plaisir plutôt que comme investissement, une les artistes eux-mêmes », auxquels ils ont 11 novembre. La Bourse de Tokyo a La veille, Wall Street avait fini en le premier soir pour 206 millions de dollars collection qui commença en 1941 avec l’acqui- souvent acheté leurs toiles directement, dans fini la journée en hausse de 1,08 % à légère baisse, l’indice Dow Jones cé- (environ 1 milliard 195 millions de francs) sition par Victor Ganz du Rêve de Picasso leurs studios, avant que la célébrité n’en fît la suite du rebond du secteur ban- dant 28,73 points (0,38 %), à alors que le total était estimé à environ pour 7 000 dollars, six mois avant son ma- monter les prix de manière prohibitive. caire malmené au cours des derniers 7 552,59. Le marché américain était 125 millions (725 millions de francs). riage. Mercredi soir, chez Sotheby’s, une autre mois. L’indice Nikkei 225 s’est inscrit fermé mardi en raison de la célébra- Le clou de la collection, Le Rêve de Picasso, Pendant les quinze années suivantes, Victor collection sera mise en vente, celle d’Evelyn en clôture sur un gain de tion du Veterans Day aux Etats-Unis. une toile de 1932, a atteint 48,4 millions de Ganz n’acheta que des Picasso, dont il finit Sharp, propriétaire jusqu’à sa mort, au prin- 170,03 points, à 15 867,23 points. Du côté des changes, le dollar a dollars (280 millions de francs). Parmi les par réunir la plus grande collection privée aux temps dernier, du grand hôtel Carlyle, à Man- La Bourse de Hongkong s’est aus- continué à s’apprécier face au yen et autres Picasso, Femme assise dans un fauteuil Etats-Unis. Les Ganz se rendirent à Golfe- hattan. Cette collection, dont la valeur est es- si un peu ressaisie, pour terminer sur à perdre du terrain contre les devises (1913) a été emporté pour 24,7 millions Juan pour y faire la connaissance du maître, timée à 60 millions de dollars (348 millions de une petite hausse de 0,11 % de l’in- européennes. Le billet vert s’échan- (143 millions de francs), le Chat à l’oiseau s’est qui, disent leurs biographes, fut fasciné par francs), comprend plusieurs Picasso, Modi- dice Hang Seng. Les places de Singa- geait mardi dans la matinée à vendu 8,2 millions (47,5 millions de francs) et leur curiosité et l’intérêt que le couple portait gliani, Matisse et Braque. L’ensemble de ces pour, Kuala Lumpur et Manille 124,80 yens, 1,7023 deutschemark et l’une des Femmes d’Alger, série de quinze à ses œuvres les moins commerciales. collections d’art moderne et impressionniste étaient également en hausse (de 5,6988 francs contre 124,42 yens, toiles peintes par Picasso en hommage à De- Victor Ganz, directeur d’une affaire fami- ont attiré un public très nombreux ces der- 1,07 %, 0,54 % et 0,56 %), tandis que 1,7047 mark et 5,7091 francs lundi lacroix, est partie pour près de 32 millions liale de bijoux fantaisie, mort en 1987, et sa niers jours pendant leur exposition dans les celles de Séoul, Bangkok et Djakarta soir. (185 millions de francs). Deux toiles de Jasper femme, Sally, qui a disparu en janvier, avaient deux grandes salles des ventes de New York, Johns ont été vendues pour 8,3 et 7,9 millions rassemblé ces chefs-d’œuvre dans leur appar- Sotheby’s et Christie’s. Tirage du Monde daté mardi 11 novembre : 470 753 exemplaires. 1-3 de dollars (respectivement 48 et 45,8 millions tement en duplex de Gracie Square, à Man- de francs), tandis qu’un tableau de Robert hattan, où ils les exposèrent amoureusement Sylvie Kauffmann