ombres blanches 158 programme juillet 2021 www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville

Michel Macréau, Sans titre, 1970. mardi 22 juin/17 h Marathon des mots mardi 29 juin/20 h intimité extimité 3 Antoine de Baecque p. 7 à 15 Théâtre Garonne Le cinéma est mort, mercredi 23 juin/11 h Édouard Louis vive le cinéma Lola Lafon, Chavirer Combats et métamorphoses p. 4 p. 8 d’une femme p. 12 Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment mercredi 23 juin/17 h 30 jeudi 24 juin/18 h mercredi 30 juin/18 h CYNTHIA FLEURY F. Sojcher, S. Le Péron, Médiathèque Cabanis Bruno Ruiz, Poète invisible THÉÂTRE GARONNE J.-M. Frodon, J.-L. Dubour Ivan Jablonka p. 12 vendredi 9 juillet à 17 h Cinéma à l’université Un garçon comme vous et moi jeudi 1er juillet/17 h Rencontre avec Cynthia Fleury autour de Ci-gît l’amer aux éditions Gallimard. p. 5 p. 8 Académie des Sciences et Belles- vendredi 25 juin/16 h 30 vendredi 25 juin/18 h Lettres/Hôtel d’Assezat CYNTHIA FLEURY, philosophe, Cynthia Fleury poursuit son tra- et, de façon plus exemplaire, le Timothée de Fombelle, Christian Authier, Demi-siècle Pierre Nora, Jeunesse chercheur à l’Institut des Sciences vail autour de l’individuation et ressentiment, cette amertume qui Irène Bonacina p. 9 p. 13 de la communication et professeur de l’État de droit, entamé avec Les peut avoir notre peau alors même Esther Andersen samedi 26 juin/14 h 30 vendredi 2 juillet/16 h 30 à l’American University of . Pathologies de la Démocratie, La que nous pourrions découvrir p. 4-5 Joy Sorman, À la folie Jean Birnbaum Elle travaille sur les outils de la régu- fin du courage, Les irremplaçables son goût subtil et libérateur. mardi 6 juillet/17 h 30 p. 9 Le courage de la nuance lation démocratique. Professeure et Le soin est un humanisme. L’aventure démocratique pro- Jacques Roger-Machart samedi 26 juin/16 h p. 13 associée à l’École nationale supé- pose elle aussi la confrontation Progressiste pour le climat Dima Abdallah avec Sabine samedi 3 juillet/11 h rieure des mines de Paris (Mines- Mécontentement avec la rumination victimaire. La p. 16 Wespieser, Mauvaises herbes Baptiste Beaulieu ParisTech), et directrice de la chaire sourd question du bon gouvernement jeudi 8 juillet/18 h p. 10 Celle qu’il attendait de philosophie à l’hôpital Sainte- La philosophie politique et la peut s’effacer devant celle-ci : que Yves le Pestipon samedi 26 juin/17 h 30 p. 14 Anne du GHU Paris psychiatrie et psychanalyse ont en partage faire, à quelque niveau que ce soit, Fables de la Fontaine Thomas Chatterton Williams samedi 3 juillet/16 h neurosciences3. Cynthia Fleury un problème essentiel à la vie institutionnel ou non, pour que p. 16 Autoportrait en noir et blanc Thomas André, L’avantage a notamment publié : Les Patho- des hommes et des sociétés, cette entité démocratique sache vendredi 9 juillet/17 h p. 10 et Shane Haddad, Toni tout logies de la Démocratie (Fayard, ce mécontentement sourd qui endiguer la pulsion ressentimiste, Théâtre Garonne dimanche 27 juin/11 h court p. 14 2005), La Fin du courage : la recon- gangrène leur existence. Certes, la seule à pouvoir menacer sa Cynthia Fleury Marie NDiaye samedi 3 juillet/18 h quête d’une vertu démocratique l’objet de l’analyse reste la quête durabilité ? Nous voilà, individus Ci-gît l’amer La vengeance m’appartient Maylis de Kerangal (Fayard, 2010), Les Irremplaçables des origines, la compréhension et État de droit, devant un même p. 3 p. 11 Canöes p. 15 (Gallimard, 2015 puis 2018), Dia- de l’être intime, de ses manque- défi : diagnostiquer le ressenti- samedi 10 juillet/11 h lundi 28 juin/17 h 30 dimanche 4 juillet/11 h loguer avec l’Orient : retour à la ments, de ses troubles et de ses ment, sa force sombre, et résister François Saint Pierre, Guillaume Poix, Là d’où je viens Ariane Ascaride http://www.ombres-blanches.fr Internet : [email protected] E-mail : 33. Renaissance (PUF, 2003 puis CNRS désirs. Seulement il existe ce à la tentation d’en faire le moteur Nathalie Boulouch à disparu p. 11 Bonjour Pa’, p. 15 53 éditions, 2016 et 2019), Le soin moment où savoir ne suffit pas des histoires individuelles et col- 45 n Inventer la couleur 34 est un humanisme (Gallimard, à guérir, à calmer, à apaiser. Pour lectives. p. 6 Semaine jeunesse / du 5 au 10 juillet / programme p. 22-23 2019). Avec Ci-gît l’amer. Guérir cela, il faut dépasser la peine, la : 05 : du ressentiment (Gallimard, 2020), colère, le deuil, le renoncement

RAPPEL RENCONTRES DU 14 AU 18 JUIN lundi 14 juin/18 h Natacha Chetcuti-Osorovitz Femmes en prison et violences de genre mardi 15 juin/18 h Julia Cagé L’information est un bien public mercredi 16 juin/18 h Tiffany Tavernier L’ami jeudi 17 juin/18 h Sylvie Lindeperg, Nuremberg, la bataille des images. vendredi 18 juin/18 h Miguel Benasayag, Les nouvelles figures de l’agir

mercredi 7 juillet à partir de 18 h

Vernissage de l’exposition en présence de Philippe Hardouin, Président de la Collection Cérès Franco, inspirateur autant que commissaire de cette exposition, et de Raphael Koenig, Directeur de La Coopérative à Montolieu. Le vernissage sera précédé à 17 h d’une présentation par Raphael Koenig d’un ouvrage collectif qui vient de paraître, et dont il a assuré la direction : L’art brut. Objet inclassable ? (Presses Universitaires de Bordeaux). : Groupe reprint – Parchemins du midi reprint Groupe – Parchemins : Impression Toulouse Papiers, Petits : Mise en pages Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél. – Toulouse 31000 rue Gambetta, 50, Blanches Mensuel de la Librairie Ombres , 1982. Les Noceurs , Stani Nitkowski, 4 histoire-caméra regarder, filmer, pratiquer 5

Le cinéma est mort, vive le cinéma Cinéma à l’université

ANTOINE DE BAECQUE AVEC LA CINÉMATHÈQUE DE TOULOUSE F. SOJCHER, S. LE PÉRON, J.-M. FRODON, J.-L. DUFOUR mardi 22 juin à 17 h mercredi 23 juin à 17 h 30 Rencontre avec Antoine de Baecque autour de L’histoire-caméra, t. 2. Le cinéma est mort, vive le Rencontre avec Frédéric Sojcher, Serge Le Péronn Jean-Michel Frodon et Jean-Louis Dufour autour cinéma, paru aux éditions Gallimard. Suivie à 19 h à la Cinémathèque de Toulouse d’une projection du livre Cinéma à l’université. Le regard et le geste paru aux éditions Les Impressions nouvelles, du filmCléopâtre de Joseph Mankiewicz. Séance introduite par Antoine de Baecque. à l’occasion des Assises pour l’enseignement pratique du Cinéma à l’ENSAV.

l’histoire. Ce nouvel ouvrage s’in- et la violence de masse : comment SERGE LE PÉRON est né en Cinéastes à tout prix (2004), Hit- pas au sein de la profession ciné- téresse au rapport que le cinéma filmer l’horreur ? Doit-on la mon- 1948 à Paris, il est réalisateur, scé- ler à Hollywood (2011) et Je veux matographique… Le cinéma est entretient avec la mort. Deux fils se trer ? Jusqu’où aller ? Où s’arrêter ? nariste et professeur d’université. Il être actrice (2015). Il a écrit et une industrie certes, mais contrai- croisent sur ce thème général. Le Ces questions trouvent leur apo- a réalisé des fictions Laisse( béton, coordonné une vingtaine de livres rement aux autres secteurs indus- premier est la mort proclamée du gée avec la représentation de la Sézame ouvre-toi, L’affaire Marco- notamment : Main basse sur le film triels elle ne dispose pas d’un cinéma à chacun des bouleverse- Shoah, Pontecorvo la représentant relle, J’ai vu tuer Ben Barka, Fran- (Séguier, 2002), Luc Besson, un secteur de recherche constitué. ments techniques du 7e Art : Louis dans Kapo et le jeune Jacques çoise Dolto – le désir de vivre) et Don Quichotte face à Hollywood ? L’université est donc dans son rôle Lumière qui prédisait la mort pro- Rivette trouvant cette représen- documentaires (Mineur de fond, (Atlantica, 2005) et Le Manifeste en tentant de remédier à cette chaine de cette invention quand tation « abjecte ». La discussion Bruay – Histoire d’un crime du cinéaste (éd. du Rocher, 2006). lacune (autant scientifique qu’artis- elle allait au contraire conquérir les va trouver son aboutissement impuni, Léaud l’unique, Serge Professeur à l’Université de Paris 1 tique) y compris dans son appro- foules ; le passage du muet, le vrai dans les points de vue opposés Daney – Le cinéma et le monde, – Panthéon-Sorbonne, il dirige le fondissement des données techno- cinéma, au parlant, l’apparition de de Claude Lanzmann, l’auteur de Une histoire du Nouveau cinéma master pro en scénario, réalisation logiques, à l’heure où le monde est la vidéo et celle, enfin, du numé- Shoah, et de Jean-Luc Godard, chinois) et a notamment collaboré et production. Il a été directeur de devenu numérique et où le cinéma rique qui pourrait tuer l’intimité de dont on découvre ici que la han- aux scénarios de L’armée du crime collections de livres sur le cinéma est plus que jamais un repère la salle obscure par la multiplicité tise de la mort est au centre de (Robert Guédiguian) et L’Astragale aux éditions Séguier, aux éditions essentiel de son appréhension… n infinie des écrans. Le second thème son œuvre. Godard est d’ailleurs le (Brigitte Sy). du Rocher, aux éditions Klinck- ANTOINE DE BAECQUE, est la mort intrinsèque du cinéma héros de la réflexion d’Antoine de FRÉDÉRIC SOJCHER est réali- sieck et aux éditions de l’Amandier. Les Assises de l’enseigne- historien et critique de cinéma, portée par son principe même de Baecque dont il incarne la thèse : sateur et écrivain. Sa filmographie Il dirige actuellement la collection ment du cinéma à l’université enseigne le cinéma à l’ENS de faire vivre les morts. C’est aussi la le cinéma meurt au moment de compte une dizaine de courts « Théories et pratiques du cinéma » incluant la pratique et la créa- la rue d’Ulm. Après une Histoire simultanéité du développement du Éloge de l’amour et renaît avec métrages et quatre longs métrages aux éditions Riveneuve. tion sont organisées par trois des Cahiers du cinéma en deux cinéma avec les guerres mondiales Adieu au langage. n dont Regarde-moi (2000), institutions : l’Université Paris volumes, et une biographie de Le penser et le faire 8, l’Université Paris 1 et l’ENSAV François Truffaut (1996, Galli- Ce livre est destiné en priorité à à Toulouse. Elles se tiendront à mard), il publie en 1998, La Nou- vendredi 25 juin / de 16 h 30 à 18 h 30 / rayon jeunesse tous les étudiants en cinéma (plu- l’ENSAV LES 24 et 25 juin 2020. velle Vague, portrait d’une jeu- Séance de dédicaces de Timothée de Fombelle et Irène Bonacina pour leur album Esther sieurs dizaines de milliers d’étu- nesse (Flammarion), en 2003, La Andersen (Gallimard jeunesse). diants en , en Bel- Cinéphilie. Naissance d’un regard, gique, au Québec…) pour histoire d’une culture (Fayard) ; TIMOTHÉE DE FOMBELLE signe en 2006 son premier roman pour la jeunesse : Tobie Lolness. Depuis, les romans qu’ils puissent savoir ce qui en 2010 une biographie Godard jeunesse se succèdent, et emportent les lecteurs de tous âges dans de grandes aventures, font la part belle à l’imaginaire, existe en termes d’ensei- (Grasset). Il a également consacré à l’émotion et à la poésie, et disent la toute-puissance de l’enfance. Il varie aussi les genres et multiplie les collaborations gnement des pratiques du des études à Tim Burton, Manoel de en créant des albums, un conte musical, une bande dessinée… qui composent une œuvre dont la richesse et la grâce cinéma à l’université. Oliveira, Andreï Tarkovski, Maurice le consacrent comme l’un des écrivains les plus marquants de sa génération. Entre 2016 et 2020, il ainsi été sélectionné Il n’y a en effet pas que dans Pialat ou Jean Eustache, et dirigé cinq ans de suite pour le prestigieux prix jeunesse suédois Astrid-Lindgren. les écoles de cinéma qu’on en 2012 le Dictionnaire de la IRÈNE BONACINA est née à Paris en 1984. Elle a étudié l’illustration, l’édition et l’édition de livres à l’École Supérieure peut suivre des ateliers de pensée du cinéma aux PUF. Il est Estienne à Paris et aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle travaille maintenant comme illustratrice. Ses livres ont été scénario et faire l’expé- aussi l’auteur de plusieurs livres de publiés par MeMo, Chandeigne, Didier Jeunesse, Albin Michel, La Joie de Lire. Ses dessins sont présentés dans plusieurs rience de la réalisation. L’as- recherches en histoire sur la Révo- expositions en France et à l’étranger. sociation de la pratique du lution française. ESTHER ANDERSEN est un magnifique album sur les émotions de l’enfance, les grands espaces et la solitude. À lire cinéma à l’université pose à tous les âges ! fondamentalement la ques- Deux fils se croisent « Ce n’est pas un récit autobiographique, mais j’ai pensé à mes étés chez mes grands-parents à Noirmoutier (Pays tion de sa transmission : en Le cinéma est mort, vive le de la Loire) et dans les Deux Sèvres (Nouvelle Aquitaine). Ces longs été qui se ressemblent un peu et qui laissent associant le penser et le cinéma fait suite, dix ans plus tard, une trace profonde. L’ouvrage parle de la longueur du temps et de la solitude féconde. Dans cette répétition surgit faire, le regard et le geste. à L’histoire-caméra. Le premier l’inconnu. C’est une brusque transformation avec la rencontre de l’amour, la curiosité et la découverte d’autrui. L’université peut être le lieu livre s’attachait au rapport étroit Un dernier sujet qui était imprévu, mais qui s’est invité avec la pandémie, c’est le lien avec les grands espaces et d’une recherche artistique

que le cinéma entretient avec l’insouciance. » Extrait interview Timothée de Fombelle, Livre Hebdo. et théorique qui n’existe 1982. Sans titre, Grinberg, Jacques 6 papier lumière couleurs

Inventer la couleur Marathon des mots FRANÇOIS SAINT PIERRE, NATHALIE BOULOUCH du 21 juin au 4 juillet samedi 10 juillet à 11 h Rencontre avec François Saint Pierre et Nathalie Boulouch autour du catalogue de l’exposition Inventer la couleur / Hommage à Louis Ducos du Hauron. Exposition au Musée des Beaux-Arts d’Agen (église des Jacobins) du 3 juillet au 3 octobre 2021. Olivier Poivre d’Arvor, Dalia Hassan et Serge Roué ont annoncé que la prochaine édition du Marathon des mots aura lieu du 22 juin au 4 juillet 2021 à Toulouse, dans sa Rennes et la Bretagne sujet de la couleur. » Dans le mou- à travers les collec- vement d’émancipation de la pho- métropole et en région Occitanie, indiquant que, compte tenu de la pandémie et des tions de la Société tographie lancé ces pionniers, des restrictions de circulations actuelles, « toutes les options sont ouvertes. Nous avons photographique de photographes, comme Jan Groover, Rennes, 1890-1976, James Welling, Alix Delmas, Phi- travaillé et travaillons à plusieurs scénarios possibles, suivant en cela les recomman- (PUR, 2015), Vue(s) lippe Durand expérimentent à leur dations du Ministère de la culture : nous avons élargi nos dates à la première semaine d’exposition, (PUR, tour la couleur. 2014), Le ciel est Quant à Constance Nouvel, Vincent de juillet, de nombreux rendez-vous en plein air peuvent être envisagés. Nous nous bleu : une histoire Ballard, Julien Richaudaud et Laure donnons les moyens de nous adapter jusqu’aux premiers jours de juin. Sinon, le fes- de la photographie Tiberghien, nés avec le numérique, e couleur (Textuel, ils analysent le dispositif photogra- tival aura une 17 édition gratuite et en ligne, à partir de MARATHON, notre nouvelle 2011), Voyager en phique lui-même, en s’appuyant plateforme numérique. » couleurs. Photogra- notamment sur l’histoire des pro- phies autochromes cédés photographiques, qu’ils en Bretagne (1907- expérimentent au besoin À l’habitude, le festival offrira plus d’une centaine de rendez-vous littéraires et musi- 1929) (Apogée, Des œuvres de Sammy Baloji, caux, programmés dans 44 villes de la métropole toulousaine et de la région Occita- 2008). John Batho, Alix Delmas, Mazdak montrent l’usage peu courant de nie. « Nous avons inventé une édition vivante, curieuse et colorée, dédiée à la pop Panorama la couleur photographique dans culture, doublée d’un voyage dans une Californie rêvée et d’un grand marathon des subjectif une intention politique. Ce n’est qu’en Dans ce panorama subjectif de la idées, intitulé “Et maintenant” où interviendront des personnalités comme Lola Lafon 1976, plus d’un photographie en couleur des 50 ou Lilian Thuram », souligne Serge Roué, directeur et programmateur du festival. siècle après son dernières années figurent enfin invention, que la des francs-tireurs qui poursuivent, FRANÇOIS SAINT photographie en couleur accède en marge de l’histoire de l’art, Si le festival n’accueillera d’écrivains étrangers qu’à travers des entretiens vidéo PIERRE, économiste de forma- officiellement au statut d’œuvre l’œuvre de toute une vie selon un tion, François Saint-Pierre a quitté d’art avec l’exposition au MoMA dispositif immuable où la couleur enregistrés et diffusés en préambule à la lecture de leur dernier roman par des comé- Paris pour s’installer en 1976 de William Eggleston. tient une place centrale : Denis diens, la liste des invités est déjà longue avec la venue notamment des écrivains Alain comme photographe à Lectoure. Cette consécration intervient alors Brihat, Bernard Plossu, Pierre et Damasio, Victor Dixen, Ivan Jablonka, Édouard Louis, Alain Mabanckou, Marie NDiaye, Quelques années plus tard, il créait qu’autour de lui, à New York, des Gilles, Paolo Roversi. « L’Été photographique de Lec- photographes comme Joel Ster- figure centrale de cette édition où lui sera remis le prestigieux prix Marguerite Your- toure ». nfeld, Stephen Shore, Richard Mis- Catalogue de l’exposition cenar – SCAM, Joy Sorman ou d’artistes comme Ariane Ascaride, Olivia Ruiz, Jane Bir- NATHALIE BOULOUCH rach, Joel Meyerowitz utilisent la Inventer la couleur/Hommage Nathalie Boulouch est historienne couleur depuis une dizaine d’an- à Louis Ducos du Hauron, kin, Julie Depardieu, Bruno Ruiz, le slammeur Capitaine Alexandre et le photographe de l’art contemporain et de la pho- nées, voire bien davantage pour organisée par le Musée des Jean-Marie Périer… tographie. Ses recherches portent certains, comme Ernst Haas et Saul Beaux-Arts d’Agen du 3 juillet sur l’histoire de la photographie Leiter. au 3 octobre 2021 dans l’église couleur du xixe siècle à nos jours. En Europe, où règne aussi l’exclusi- des Jacobins dans le cadre Ses travaux portent plus largement vité artistique du noir et blanc, l’Ita- le centenaire de la mort de sur les relations entre art contem- lien Luigi Ghirri dans les années Ducos du Hauron. Commis- porain et photographie, en particu- 1970 et le Français John Batho dès saire : François Saint Pierre. lier autour des formes de l’archive 1963, s’engagent dans la photogra- et du document et de la photogra- phie en couleur. « Je voulais savoir, phie expérimentale. Elle a notam- déclare ce dernier, ce que la pho- ment publié : Inventer un regard : tographie pouvait avoir à dire au Marathon des mots • page 8 • Marathon des mots • page 9 •

MERCREDI 23 JUIN • 11 h • JEUDI 24 JUIN • 18 h • Médiathèque Cabanis VENDREDI 25 JUIN • 18 h • SAMEDI 26 JUIN • 14 h 30 • Lola Lafon Ivan Jablonka Christian Authier Joy Sorman

Rencontre avec Lola Lafon autour de son roman Rencontre avec Ivan Jablonka autour de Un garçon Rencontre avec Christian Authier autour de son Rencontre avec Joy Sorman autour de À la folie aux Chavirer aux éditions Actes Sud. comme vous et moi aux éditions du Seuil. La ren- roman Demi-siècle aux éditions Flammarion. éditions Flammarion. contre à la médiathèque sera précédée d’une séance LOLA LAFON écrivain et musicienne, issue d’une de dédicaces à Ombres Blanches de 16 h à 17 h 30. Né en 1969, CHRISTIAN AUTHIER est romancier et JOY SORMAN est née en 1973. Elle se consacre d’abord famille aux origines franco-russo-polonaises, est l’au- essayiste. Il a publié six romans, parmi lesquels à l’enseignement de la philosophie avant de se diri- teur de cinq romans : Une fièvre impossible à négocier IVAN JABLONKA est historien et écrivain. Il a publié Enterrement de vie de garçon (Stock, 2004), Les liens ger vers l’écriture. En 2005 paraît son premier roman, (Babel n° 1405), De ça je me console (Babel n° 1481), aux Éditions du Seuil Histoire des grands-parents que défaits (Stock, prix Roger Nimier 2006), Une certaine Boys, boys, boys, lauréat du prix de Flore. En 2013, elle Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce je n’ai pas eus (2012, prix du Sénat du livre d’histoire fatigue (Stock, 2008) et Soldat d’Allah (Grasset, 2014), reçoit le prix François-Mauriac de l’Académie française (Babel n° 1248), La petite communiste qui ne souriait et prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de Blois), ainsi que dix essais dont notamment De chez nous pour Comme une bête. En 2014, La Peau de l’ours est jamais (Babel n° 1319) et Mercy, Mary, Patty (Babel L’histoire est une littérature contemporaine (2014), (Stock, prix renaudot de l’essai 2014). sélectionné dans la liste du prix Goncourt. À la folie n° 1618). En camping-car (2018, Prix Essai France Télévisions) (Flammarion 2021) est son quatorzième livre. Dans le domaine musical, Lola Lafon compte deux et Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles Pour Patrick, journaliste dans un grand hebdoma- albums à son actif : Grandir à l’envers de rien (Label masculinités (2019). Son ouvrage Laëtitia ou la fin des daire parisien, cela ne va pas très fort. À 48 ans, « Ce jour-là j’ai compris ce qui me troublait. Peut-être Bleu/Harmonia Mundi, 2006) et Une vie de voleuse hommes, paru dans « La Librairie du xxie siècle », a été il se rend plus souvent à des enterrements qu’à moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du (Harmonia Mundi, 2011). couronné par le prix Médicis en 2016. des mariages. Les années ont filé à la vitesse de dénuement, que cette lutte qui ne s’éteint jamais, au la lumière. Un divorce, une carrière de romancier bout d’un an comme de vingt, en dépit des traite- 1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une De livre en livre, Ivan Jablonka ouvre des voies nou- avortée, un fils bientôt bachelier : le bilan n’est pas ments qui érodent la volonté et du sens de la défaite, existence modeste en banlieue parisienne, se voit velles. Avec une audace et une créativité peu com- encombrant. La civilisation du papier à laquelle il ça ne meurt jamais, c’est la vie qui insiste, dont on ne un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par munes, il invente ses sujets et ses formes. Après appartient cède la place au numérique et aux algo- vient jamais à bout malgré la chambre d’isolement et une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : Laëtitia, après En camping-car, il explore sa « garçon- rithmes. Une solitude à couper au couteau semble les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, nité » dans les années 1970-1980, s’interrogeant sur avoir vitrifié les êtres. Heureusement, la compagnie récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans le « nous-garçons » et les frontières incertaines entre de quelques camarades, des films vus et revus, des de cet élan-là. » lequel elle va entraîner d’autres collégiennes. masculin et féminin. bonheurs simples l’empêchent de verser dans la 2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la De sa famille au service militaire en passant par l’école, mélancolie et le cynisme. Durant toute une année, Joy Sorman s’est rendue au police lance un appel à témoins à celles qui ont été il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent En attendant, quelque part dans Paris, une autre pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique et y a recueilli victimes de la Fondation. Devenue danseuse, notam- poignante, parfois drôle – toujours passionnante – où âme seule, blessée avec discrétion, se sent elle aussi les paroles de ceux que l’on dit fous et de leurs soi- ment sur les plateaux de Drucker dans les années beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « auto- à l’étroit dans l’époque. Ces deux-là étaient faits gnants. De ces hommes et de ces femmes aux exis- 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est biographie de genre » dévoile une intimité à la fois pour se rencontrer et prendre l’air du large. Pour le tences abîmées, l’auteure a fait un livre dont Franck, revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son individuelle, sociale et politique : l’histoire d’une géné- meilleur ? Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les double fardeau de victime et de coupable. ration. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka inoubliables personnages. À la folie est le roman de Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le leur vie enfermée. travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que sien, restituant le vif et l’éclat de l’enfance dans ses son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à enthousiasmes, ses émois et ses peines. l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent. Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs. Marathon des mots • page 10 • Marathon des mots • page 11 •

SAMEDI 26 JUIN • 16 h • SAMEDI 26 JUIN • 17 h 30 • DIMANCHE 27 JUIN • 11 h • LUNDI 28 JUIN • 17 h 30 • Dima Abdallah avec Sabine Wespieser Thomas Chatterton Williams Marie NDiaye Guillaume Poix

Rencontre avec Dima Abdallah en dialogue avec Rencontre avec Thomas Chatterton Williams Rencontre avec Marie NDiaye autour de son roman Rencontre avec Guillaume Poix autour de Là d’où je son éditrice Sabine Wespieser, autour de son roman autour de Autoportrait en noir et blanc, traduit La vengeance m’appartient aux éditions Gallimard. viens a disparu aux éditions verticales. Mauvaises herbes. de l’anglais (États-Unis) par Colin Reingewirtz, aux éditions Grasset. MARIE NDIAYE est née à Pithiviers en 1967. Prix Fémina Né en 1986, GUILLAUME POIX est l’auteur de plusieurs Née au Liban en 1977, DIMA ABDALLAH vit à Paris 2001 pour Rosie Carpe. Sa pièce de théâtre Papa doit pièces jouées en France et à l’étranger et publiées par depuis 1989. Après des études d’archéologie, elle s’est Diplômé de philosophie, THOMAS CHATTERTON manger est rentrée au répertoire de la Comédie Fran- les éditions Théâtrales, dont Soudain Romy Schnei- spécialisée dans l’Antiquité tardive. Mauvaises Herbes WILLIAMS est écrivain, journaliste et critique. Il tra- çaise en 2003. Prix Goncourt 2009 pour Trois femmes der (2020). Ancien élève de l’École normale supérieure, est son premier roman. vaille notamment pour The New York Times Magazine puissantes. il est aussi metteur en scène et traducteur. Il a fait et fait désormais partie des intellectuels américains paraître un premier roman très remarqué en 2017, Les Dehors, le bruit des tirs s’intensifie. Rassemblés dans les plus influents depuis la publication d’Autoportrait « Maître Susane est une “invisible”. C’est triste, c’est fils conducteurs, prix Wepler - Fondation La Poste 2017 la cour de l’école, les élèves attendent en larmes l’arri- en noir et blanc, qui a connu un accueil exceptionnel même désobligeant, mais elle-même ne se voit guère (Folio, 2019). Là d’où je viens a disparu est son deu- vée de leurs parents. La jeune narratrice de ce saisis- lors de sa sortie aux États-Unis. Thomas Chatterton autrement. Cette avocate de 42 ans, installée à son xième roman. sant premier chapitre ne pleure pas, elle se réjouit de Williams vit actuellement à Paris. compte depuis peu dans les beaux quartiers de Bor- retrouver avant l’heure « son géant ». La main accro- deaux, ne peut guère faire illusion : elle roule dans «Ça fait deux ans que je ne l’ai pas revu. Sept cent chée à l’un de ses grands doigts, elle est certaine de Dans une maternité parisienne, alors qu’il découvre une antédiluvienne Twingo, ne plaide guère que pour vingt-trois jours pour être précise. Il y a un mois, j’ai traverser sans crainte le chaos. la petite tête blonde et les grands yeux bleus de des affaires mineures de divorce et autres. Elle n’a reçu une lettre de lui en provenance des États-Unis. Il Ne pas se plaindre, cacher sa peur, se taire, quitter sa fille aînée, Thomas Chatterton Williams – dont le pas de charme particulier, mais ne se laisse pas aller. m’indiquait qu’il avait fui notre pays et qu’il travail- à la hâte un appartement pour un autre tout aussi père est « noir » et la mère est « blanche » – pense Pas assez peut-être. Célibataire, elle “n’a” dans sa vie lait dans une entreprise de bâtiment. Il allait bien, il provisoire, l’enfant née à Beyrouth pendant la guerre à tous ceux qui chercheront inévitablement à assi- que son ancien compagnon Rudy, devenu son meilleur écrirait de temps en temps, il me souhaitait du calme civile s’y est tôt habituée. gner une identité à son bébé. Réduire un nouveau-né et seul ami, venu comme elle d’un milieu modeste ; la maintenant qu’on ne se reverrait plus. Son père, dont la voix alterne avec la sienne, sait com- à sa couleur de peau a-t-il un sens alors même que fille de celui-ci, Lila, dont elle est la marraine et qu’il a J’ai brûlé la lettre et j’ai regardé mon fils aîné partir bien, dans cette ville détruite, son pouvoir n’a rien de ses gènes et ses héritages culturels sont multiples ? eue avec sa nouvelle femme ; ses parents à La Réole, en fumée.» démesuré. Même s’il essaie de donner le change avec Tout au long de cet émouvant Autoportrait en noir et qui ne semblent guère la comprendre sans renoncer ses blagues et des paradis de verdure tant bien que blanc, Thomas Chatterton Williams renvoie dos à dos à l’aimer comme ils peuvent ; et peut-être surtout Inspiré de faits réels, ce roman choral explore des mal réinventés à chaque déménagement, cet intel- racisme ordinaire et antiracisme communautariste, il sa femme de ménage, Sharon, dévouée, taiseuse et rêves d’exil, accomplis ou à jamais manqués. D’un lectuel – qui a le tort de n’être d’aucune faction ni s’emploie à déconstruire les préjugés avec, pour pers- méfiante, une immigrée venue clandestinement de continent à l’autre, des familles dispersées affrontent d’aucun parti – n’a à offrir que son angoisse, sa luci- pective, l’avènement d’une société post-raciale. l’île Maurice, dont elle essaie par ailleurs d’obtenir la la même incertitude : que transmet-on à ses enfants dité et son silence. Texte incisif mais également lettre d’amour à ses régularisation. Rien de bien folichon donc, si ce n’est, qu’aucune frontière ne peut effacer? L’année des douze ans de sa fille, la famille s’exile enfants, ce livre raconte le cheminement identitaire comme nous sommes dans un roman de Marie NDiaye, sans lui à Paris. Collégienne brillante, jeune femme d’un père américain dans la société française contem- l’étrangeté du réel au sein du plus austère quotidien. en rupture de ban, mère à son tour, elle non plus ne poraine. Après Une soudaine liberté, Thomas Chatter- Cette vie trop normée va en quelque sorte voler en se sentira jamais d’aucun groupe, et continuera de se ton Williams s’inscrit plus que jamais dans le débat éclats lorsqu’un homme nommé Gilles Principaux fran- réfugier auprès des arbres, des fleurs et de ses chères intellectuel d’aujourd’hui. chit un jour la porte de son cabinet. Il vient lui deman- adventices, ces mauvaises herbes qu’elle se garde der de prendre la défense de sa femme, convaincue bien d’arracher. d’avoir assassiné leurs trois très jeunes enfants en De sa bataille permanente avec la mémoire d’une les noyant dans la baignoire familiale de leur belle enfance en ruine, l’auteure de ce beau premier roman demeure de la riche banlieue bordelaise. […] » Olivier rend un compte précis et bouleversant. Ici, la ten- Mony, Livre hebo. dresse dit son nom dans une main que l’on serre ou dans un effluve de jasmin, comme autant de petites victoires quotidiennes sur un corps colonisé par le passé. Marathon des mots • page 12 • Marathon des mots • page 13 •

MARDI 29 JUIN • 20 h • Théâtre Garonne MERCREDI 30 JUIN • 18 h • JEUDI 1ER JUILLET • 17 h • Académie des VENDREDI 2 JUILLET • 16 h•30 Édouard Louis Bruno Ruiz Sciences et Belles-Lettres • Hôtel d’Assezat Jean Birnbaum Pierre Nora Rencontre avec Édouard Louis autour de son roman Bruno Ruiz présente son Poète invisible. Rencontre avec Jean Birnbaum pour Le courage de Combats et métamorphoses d’une femme aux édi- Rencontre avec Pierre Nora autour de Jeunesse la nuance aux éditions du Seuil. tions du Seuil. BRUNO RUIZ né le 28 janvier 1953 à Arcachon, est un paru aux éditions Gallimard. poète et auteur-compositeur-interprète français. Il Jean Birnbaum dirige Le Monde des livres. Il est l’au- ÉDOUARD LOUIS a déjà publié En finir avec Eddy Belle- s’installe à Toulouse en 1978. Pierre Nora, né à Paris en 1931, a suivi des études de teur de plusieurs essais, et notamment d’Un silence gueule (Seuil, 2014) et, sous sa direction Pierre Bour- lettres et de philosophie avant d’obtenir l’agrégation religieux. La gauche face au djihadisme (2016, prix dieu : l’insoumission en héritage (PUF, 2013), traduits Le Poète Invisible est la somme de tout ce que Bruno d’histoire en 1958. Il enseigne au lycée Lamoricière Aujourd’hui) et La Religion des faibles. Ce que le djiha- dans une vingtaine de langues. Il a créé et dirige la Ruiz a écrit, dit, chanté, psalmodié, rêvé et imaginé d’Oran jusqu’en 1960 et publiera son premier livre, disme dit de nous (2018, prix Montaigne). collection « Des Mots » aux Presses universitaires de entre 1966 et 2020. Les douze volumes que comporte Les Français d’Algérie en 1961. Après douze années France. cette œuvre protéiforme livrent à la fois des textes de d’enseignement à l’Institut d’études politiques, Pierre « Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir scènes, des chansons, des poèmes, des petites nou- Nora devient directeur d’études à l’École des hautes absolument raison », disait Albert Camus, et nous Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu velles, des aphorismes ou encore des textes critiques. études en sciences sociales en 1977. Parallèlement à sa sommes nombreux à ressentir la même chose dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, Plus que tout cela encore, le Poète invisible est une carrière universitaire, Pierre Nora se passionne pour aujourd’hui, tant l’air devient proprement irrespirable. écrasée et parfois même humiliée par la violence démarche éditoriale, fruit de cinq années de collecte le travail éditorial et il collabore d’abord chez Julliard Les réseaux sociaux sont un théâtre d’ombres où le masculine. Son existence semblait délimitée pour tou- et de tri, en quête de l’affirmation d’une identité où il crée en 1964 la collection de poche Archives. En débat est souvent remplacé par l’invective : chacun, jours par cette double domination, la domination de poétique. Car si Bruno Ruiz donne tout à lire, l’atelier 1965, il développe le secteur des sciences humaines craignant d’y rencontrer un contradicteur, préfère classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, comme la vitrine, c’est un choix volontaire : celui de pour les éditions Gallimard. Il y crée la Bibliothèque traquer cent ennemis. Au-delà même de Twitter ou un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre montrer de quoi est faite toute une vie d’écriture, que des sciences humaines (1966), la collection Témoins de Facebook, le champ intellectuel et politique se cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa ceux qui l’ont vu ou entendu chanter ne pouvaient pas (1967) et la Bibliothèque des histoires (1970). En 1980, confond avec un champ de bataille où tous les coups liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose. se représenter jusqu’à présent, car plus de 80 % de Pierre Nora fonde avec le philosophe Marcel Gauchet, sont permis. Partout de féroces prêcheurs préfèrent ces textes étaient à ce jour inédits. la revue Le Débat qu’il dirige jusqu’à la fin de sa paru- attiser les haines plutôt qu’éclairer les esprits. « […] Un texte relativement bref, construit comme un Chaque volume comporte une ou deux périodes d’écri- tion en 2020. Pierre Nora est l’auteur de nombreux Avec ce livre, Jean Birnbaum veut apporter du récon- dispositif théâtral en quatre actes scandés par des ture, désignées par un verbe. L’ensemble des écrits ouvrages dont le célèbre Les Lieux de Mémoire qu’il a fort à toutes les femmes, tous les hommes qui photographies comme autant de décors de scène. Un de chaque période est commenté dans des notes qui dirigé dans les années 1980, ainsi que Présent, nation, refusent la « brutalisation » de notre débat public selfie de Monique à 20 ans, avant la naissance d’Eddy. permettent à l’auteur de souligner l’importance ou le mémoire (2011) et Recherches de la France (2013). Il est et qui veulent préserver l’espace d’une discussion Une photo d’elle avec le père, chez eux, picolant. Un contexte d’écriture de certains textes, la fonction et la élu à l’Académie française le 7 juin 2001. aussi franche qu’argumentée. Pour cela, il relit les selfie du fils et de la mère, métamorphosée, à Paris. place d’autres dans l’ensemble de l’œuvre, proposant textes de quelques intellectuels et écrivains qui ne se Puis une photo d’elle seule, aujourd’hui, presque élé- ainsi au lecteur des clés de compréhension de pre- « Depuis des années, mes amis me pressent, en sont jamais contentés d’opposer l’idéologie à l’idéo- gante, pomponnée. Entre-temps, les scènes se sont mière main. Chaque période est enfin close par la liste m’écoutant raconter mes histoires, d’écrire mes logie, les slogans aux slogans. Renouer avec Albert enchaînées, brutales, toute une série d’humiliations de l’ensemble des activités menées par Bruno Ruiz Mémoires. Je me suis toujours refusé à cette tâche Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, subies par Eddy dans son enfance, sur lesquelles il entre les deux dates retenues : créations, spectacles, que je sentais pourtant, moi-même, nécessaire. Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland revient sans cesse. Comme la fois où son petit frère, ateliers, publications. Les souvenirs ici réunis ne s’apparentent donc pas à Barthes, ce n’est pas seulement trouver refuge auprès avec qui il s’entendait pourtant plutôt bien (alors que Ainsi, le Poète invisible est une somme, mais pas une des Mémoires, au sens classique du terme, mais à un de figures aimées, qui permettent de tenir bon, de se l’aîné était un voyou homophobe), le traite de « pédé », œuvre complète, car deux volumes sont toujours en mélange de ce que j’ai baptisé « lieux de mémoire » tenir bien. C’est surtout retrouver l’espoir et la capa- déclenchant une violente dispute. « Je ne voulais cours de préparation. Elle peut se lire, dans l’ordre ou et « ego-histoire ». Pour mieux dire, ils relèvent de ce cité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évi- pas que tu saches qui je suis », écrit Édouard Louis. le désordre, par bribes, par périodes ou par volumes que l’on appelait autrefois un roman d’apprentissage. dences, il n’y a pas plus radical que la nuance. Celle où, le garçon présentant un numéro de cirque, mais aussi et surtout dans son intégralité afin de Je me suis spontanément concentré sur les traits sa mère le traite de « cuisses de mouche ». Ou bien percevoir la cohérence d’une œuvre bigarrée dont singuliers de mes jeunes années : la guerre de neuf encore celle, terrible, où, après qu’il lui a avoué son le foisonnement-même désigne sa constante : celle à treize ans pour un enfant juif ; une famille faite homosexualité, elle ne trouve rien de mieux à dire que d’une écriture vive toujours en quête de la plus juste d’individualités fortes ; une impossibilité à me plier « J’espère qu’au moins au lit tu ne fais pas la femme. » expression de la langue. aux normes universitaires sans pouvoir cependant Et puis, à 16 ans, elle manque le laisser mourir d’une Vous pouvez vous le procurer par bon de com- m’en détacher ; une initiation amoureuse des moins péritonite. Un « pédé », n’est-ce pas, c’est douillet, ça mande sur le blog : www.brunoruiz.wordpress.com banales ; une ouverture à plusieurs types de vie qui panique pour un rien, ça « s’écoute […] » Jean-Claude Coline Ruiz Darasse n’a pas été offerte à tous. Une jeunesse qui m’a fait ce Perrier, Livre Hebdo. que je suis. » Pierre Nora Marathon des mots • page 14 • Marathon des mots • page 15 •

SAMEDI 3 JUILLET • 11 h • SAMEDI 3 JUILLET • 16 h • SAMEDI 3 JUILLET • 18 h • DIMANCHE 4 JUILLET • 11 h • Baptiste Beaulieu Thomas André, Shane Haddad Maylis de Kerangal Ariane Ascaride

Rencontre avec Baptiste Beaulieu autour de son Rencontre avec Thomas André autour de L’avantage Rencontre avec Maylis de Kerangal autour de son Rencontre avec Ariane Ascaride autour de Bonjour roman Celle qu’il attendait aux éditions Fayard. aux éditions Tristram et Shane Haddad autour de roman Canöes aux éditions Gallimard. Pa’— Lettres au fantôme de mon père aux éditions Toni tout court aux éditions P.O.L. du Seuil. Romancier, médecin et chroniqueur sur France Inter MAYLIS DE KERANGAL est l’auteur aux éditions Gal- dans « Grand bien vous fasse », Baptiste Beaulieu est Thomas André a vingt-neuf ans. Il vit à Paris. L’Avan- limard, dans la Collection Verticales de plusieurs ARIANE ASCARIDE est comédienne. Elle joue notam- un formidable conteur d’humanité. Celle qu’il attendait tage est son premier roman. romans, dont Je marche sous un ciel de traîne (2000), ment dans les films de son mari, Robert Guédiguian, est son cinquième roman. Il est l’auteur de plusieurs La Vie voyageuse (2003), Corniche Kennedy (2008) et qui se déroulent pour la plupart dans les quartiers best-sellers, Alors voilà : les 1 001 vies des Urgences Un été, Marius, 16 ans, participe à un tournoi de tennis d’un recueil de nouvelles Ni fleurs ni couronnes (2006), populaires de Marseille. À travers ses rôles, elle (prix France Culture « Lire dans le Noir »), Alors vous dans le sud de la France. Entre les matchs, il ne pense son roman, Naissance d’un pont (2010), a reçu le prix défend un cinéma social et engagé. Elle a reçu le César ne serez plus jamais triste (Prix Méditerranée des plus à ce sport et passe du bon temps dans une villa Médicis et le prix Franz Hessel, Réparer les vivants de la meilleure actrice pour Marius et Jeannette en lycéens 2016), La Ballade de l’enfant gris (Grand Prix avec ses amis, Cédric et Alice. (2014) et Un monde à portée de main (2018). Chez 1998 et le prix d’interprétation à la Mostra de Venise de l’Académie française de Pharmacie) et Toutes les Situé dans le milieu du tennis, L’avantage de Thomas Naïve, elle a publié un roman Dans les rapides (2007) pour Gloria Mundi, en 2019. Elle monte régulièrement histoires d’amour du monde. André est un roman sur l’adolescence et la solitude, fiction en hommage à Blondie et Kate Bush. Elle vit et sur scène, dernièrement dans Le Dernier Jour du jeûne dont l’écriture simple et directe accorde une impor- travaille à Paris. de Simon Abkarian. Dans son nouveau roman, Baptiste Beaulieu, éter- tance prépondérante aux sensations. r ? nel conteur d’humanité, nous offre une merveilleuse « J’ai conçu Canoës comme un roman en pièces déta- Intimes et universelles, ces lettres d’Ariane Ascaride à histoire d’une grande originalité, celle de la boulever- « Le court de tennis est un espace de frustration, mais chées : une novella centrale, “Mustang”, et autour, tels son père depuis longtemps disparu mêlent les souve- sante et poétique rencontre entre Eugénie et José- c’est aussi un endroit où il se passe de belles choses. des satellites, sept récits. Tous sont connectés, tous se nirs d’enfance de la fille d’immigré italien de Marseille phin. Eugénie D déborde d’imagination et de projets Mon héros, n’est pas très sûr d’avoir envie de gagner, parlent entre eux, et partent d’un même désir : sonder à un regard féroce et tendre sur notre époque. Écrites farfelus pour s’isoler d’un monde qui l’effraie. Elle sait ou il a peut-être peur d’avouer qu’il a envie de gagner. la nature de la voix humaine, sa matérialité, ses pou- dans le temps arrêté du confinement, elles tracent les hommes prompts à arracher les ailes des femmes. Le tennis est un sport avec lequel il entretient une voirs, et composer une sorte de monde vocal, empli l’autoportrait émouvant d’une femme qui a hérité Joséphin, chauffeur de taxi mutique, est né dans un relation conflictuelle, comme c’est le cas pour beau- d’échos, de vibrations, de traces rémanentes. Chaque de son père son verbe haut, son humour ravageur et pays en guerre. Il charrie sa maigreur et sa méfiance coup de gens qui le pratique. Au fur et à mesure du voix est saisie dans un moment de trouble, quand son une part de révolte. Elles disent, avec verve et par- des hommes. Pour oublier sa mélancolie, il tourne la roman, il se prend assez clairement au jeu, il vit sur le timbre s’use ou mue, se distingue ou se confond, par- fois colère, la violence de notre société néolibérale, la terre sous ses mains à l’infini. Leurs vies basculent court des moments forts, mais il a aussi un rapport fois se détraque ou se brise, quand une messagerie ou bêtise humaine, mais aussi les plaisirs du quotidien et quand ces deux empotés magnifiques se croisent sur complexe avec son sport qui lui pose problème. » Tho- un micro vient filtrer leur parole, les enregistrer ou les la joie des liens qui nous unissent. un quai de gare. Une rencontre improbable, une his- mas André. effacer. J’ai voulu intercepter une fréquence, capter un toire d’amour hors du temps. souffle, tenir une note tout au long d’un livre qui fait « Je suis la fille d’un homme qui n’a jamais voulu voir Shane Haddad est née en octobre 1996. Vient de Paris, la part belle à une tribu de femmes — des femmes le monde tel qu’il est et d’une femme silencieuse, Avec beaucoup de poésie et d’originalité, Baptiste habite au Havre. Toni tout court est son premier de tout âge, solitaires, rêveuses, volubiles, hantées ou secrète et avare des émois de son âme. Je suis la Beaulieu tisse le destin fantastique de ces deux êtres roman. marginales. Elles occupent tout l’espace. Surtout, j’ai fille d’une génération d’hommes et de femmes qui dont les fêlures se répondent comme par magie. eu envie d’aller chercher ma voix parmi les leurs, de ne savaient pas se parler, s’écouter, mais parfois C’est l’histoire de Toni. Elle se lève un matin, s’habille, la faire entendre au plus juste, de trouver un “je”, au savaient s’aimer, d’une génération déformée par la déjeune, ferme la porte et s’en va pour la journée. plus proche. » Maylis de Kerangal guerre, tueuse des espérances et des rêves, enfants La journée de son anniversaire et d’un match de d’ouvriers qui n’avaient pas accès à la culture à qui il foot. Le match de son équipe, la sienne, celle qu’elle était interdit de se penser autrement que comme des aime, qu’elle suit, celle à laquelle elle pense à chaque héritiers perpétuant un même mode de vie à l’infini. moment de son errance quotidienne. Ce soir, c’est La guerre a broyé votre monde et vous a laissé perdu match et toute la journée est une attente. Toute la dans une modernité qui ne vous était pas vraiment journée est une projection de son entrée dans le destinée. stade… Maman, il a fallu des années pour que je puisse accep- ter de m’écrire, de me décrire. […] » Extrait lions renards cigognes 16 La librairie Ombres Blanches et la Fondation Cérès Franco Fables de la Fontaine YVES LE PESPIPON proposent une exposition d’hommage jeudi 8 juillet à 18 h aux artistes de la Galerie L’œil de Bœuf Rencontre avec Yves Le Pestipon autour de Fables de La Fontaine, paru aux éditions Bibliothèque de la Pléiade. Animé par Olivier Guerrier. Du 7 juillet au 11 septembre. YVES LE PESTIPON est écrivain et poète. Agrégé de Lettres, Galerie et Librairie V.O. rue Mirepoix docteur ès Lettres, il est professeur de chaire supérieure à Toulouse et enseignant de Première Supérieure (Khâgne) au lycée Pierre-de-Fermat. Cérès Franco n’a cessé tout au long de sa vie de collectionner des œuvres du monde entier d’artistes les plus divers, unis cependant par leur liberté créative, leur Jean de La Fontaine authenticité, leur goût pour la figuration et la couleur. Elle a tenu de son vivant à faire Jean de La Fontaine est né voici quatre partager sa passion au plus grand nombre en donnant l’essentiel de sa collection siècles, le 8 juillet 1621. Il ne publia ses à des institutions publiques, désormais conservée à Montolieu, dans le musée qui premières fables qu’après avoir dépassé le lui est consacré. Cette donation est intervenue en février 2020. Le choix s’impo- milieu du chemin de sa vie en 1668. Elles sait, au moment de la donation, de rendre compte intégralement de cette collection connurent et connaissent un merveil- exceptionnelle par son ampleur et sa profusion, sa qualité et son foisonnement. leux succès. On ne cesse de les lire, de les Le visiteur se verra donc proposer une profusion d’œuvres. Toutes les facettes repré- illustrer, de les commenter diversement. sentatives de l’ensemble de la collection sont là : artisans anonymes de l’art popu- La Bibliothèque de la Pléiade propose en laire, naïfs, autodidactes de l’art brut ou singulier, outsiders, artistes de la Nouvelle cette année anniversaire un « tirage spé- Figuration, expressionnistes, surréalistes, et de nombreux inclassables selon les

Dessin de Grandville destiné à l’édition de 1837 des Fables Dessin de Grandville (détail). Le lion et le rat de La Fontaine, cial de l’édition qu’avait faite Jean-Pierre conventions les plus usuelles. Collinet. Elle est renouvelée grâce aux gra- Sans aller jusqu’à évoquer un parcours initiatique, c’est dans le cheminement au long vures de Grandville, et à beaucoup de ses de ces échantillons parfois inédits que le promeneur réalisera combien, au- delà de inédits. Elle est introduite par une préface son apparence échevelée, cette collection est cohérente dans ses convictions, d’Yves Le Pestipon, qui apporte de nouveaux ses partis-pris, ses amitiés. éclairages sur un classique toujours recommencé. Puisse-t-il alors à son tour sentir, palper, écouter et regarder les inventions de ces À nous de voir. À nous de lire. « C’est proprement un artistes semblables aux poètes voleurs de feu chers à Rimbaud. charme qui rend l’âme attentive ». n

mardi 6 juillet à 17 h 30 Jacques Roger-Machart – Progressistes pour le climat Rencontre-dédicaces avec Jacques Roger-Machart autour de son ouvrage Progressistes pour le climat paru aux éditions Atlande. Mercredi 7 juillet à partir de 18h JACQUES ROGER-MACHART est un homme politique et un spécialiste des questions énergétiques. Maire, conseiller général, conseiller régional et député ancré en Haute-Garonne, il a été de 1981 à Vernissage de l’exposition 1993 l’un des artisans de la politique industrielle du pays, notamment en tant que rapporteur du en présence de Philippe budget de l’industrie et initiateur de l’Europe de l’énergie. Ayant démarré sa carrière de centralien Hardouin, Président de la à EDF, il a notamment été, après s’être retiré de la vie politique, Directeur délégué à la Présidence Collection Cérès Franco, d’EDF pour les transports et les véhicules électriques. De 2012 à 2018, il a présidé le think tank inspirateur autant que « Énergie et Développement durable » de la Fondation Jean Jaurès. commissaire de cette exposition, et de Raphael Koenig, Directeur de La QUEL MIX ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS ? Comment assurer la transition énergétique ? Comment pré- Coopérative à Montolieu. server l’indépendance de la France, assurer la justice sociale, lutter contre le réchauffement clima-

tique et trouver les ressources financières pour ces objectifs ? La concordance entre ces différents 1966. , Sans titre impératifs ressemble à la quadrature du cercle. Pourtant, des solutions réalistes qui réclament un

peu d’audace et de courage valent le coup d’être tentées. Corneille, Après ses études en histoire de l’art aux États-Unis, Cérès Franco, Brésilienne, s’installe à Paris en 1951 pour mener à bien une carrière de critique d’art, de commissaire MICHEL MACRÉAU (1935-1995) d’expositions. En 1962, elle organise sa première exposition de peinture à Paris où elle demande aux artistes de travailler sur un format ovale ou rond. Cette exposition Après une enfance et une adolescence instables, Michel Macréau décide de se consacrer s’intitule L’Œil de Bœuf. Ce nom deviendra l’emblème des différentes manifestations à la peinture dès la fin des années 1950. Animé d’une sorte de rage de peindre, il qu’elle concevra par la suite. fréquente l’Académie de la Grande Chaumière, suit des cours chez un fresquiste, Au cours des années 1960, elle réalise plusieurs expositions prestigieuses, notamment à puis étudie la céramique à Vallauris. C’est en 1960 que Cérès Franco fait sa connais- Paris (au Bois de Boulogne, et au musée d’art moderne de la ville de Paris) et à Rio sance. de Janeiro (musée d’art moderne de Rio). Elle y rassemble entre autres des œuvres En 1962, le galeriste Raymond Cordier organise sa première exposition à Paris. Jugé trop de , Henri Laurens, , Arp, César. anti-conventionnel, Macréau ne rencontre pas son public. Le doute et la dépression En 1972, elle ouvre sa galerie à Paris, L’Œil de Bœuf, où elle soutient des artistes issus du s’installent. Avec les débuts de la Figuration libre au début des années 1980, sa mouvement de la Nouvelle Figuration ou du groupe Cobra. carrière connaîtra alors une embellie. Le choix des artistes présentés dans cette exposition a été guidé par leurs liens privilégiés Artiste inclassable, Michel Macréau annonce avec vingt ans d’avance des artistes comme avec Cérès Franco et sa galerie L’Œil de Bœuf. Marcel Pouget, Jacques Grinberg, Basquiat ou Combas. D’une grande spontanéité, son œuvre se rapproche du graf- Michel Macréau, Corneille et Stani Nitkowski comptent parmi ses invités les plus fiti urbain. Dans ses peintures et ses dessins, personnages, graphisme et écriture marquants. La rencontre en particulier avec l’œuvre du peintre Michel Macréau en se trouvent sur le même plan. Il a exploré un grand nombre de supports comme 1960 sera déterminante, dont le style novateur déterminera ses choix ultérieurs. le carton, les sacs de jute, les draps, le bois, en pressant directement le tube sur Il sera associé à la Nouvelle Figuration courant esthétique que Cérès Franco a la surface. Il puise son vocabulaire graphique chez les enfants, les marginaux et défendu ardemment. les malades mentaux. Avec une langue d’affichiste, il évoque ses angoisses, ses Tous, et chacun à leur manière, ont joué un rôle fondamental dans son parcours, elle qui traumatismes et ses nostalgies. La collection Cérès Franco compte aujourd’hui une les a défendus contre vents et marées et les a représentés tout au long de sa car- vingtaine d’œuvres de Michel Macréau. rière de commissaire d’exposition puis de galeriste, toujours sous l’égide de L’Œil de Bœuf. Ils sont aujourd’hui rassemblés dans cette exposition qui reprend le nom de sa galerie L’Œil de Bœuf. Ce choix a été également guidé par le rapport singulier que leurs œuvres entretiennent entre écriture et figure. Cette exposition souhaite questionner la relation entre le corps et le texte dans l’œuvre particulièrement de deux artistes pour qui la figure et l’écriture ont occupé une place centrale, Michel Macréau et Stani Nitkowski. Les toiles et les dessins de Michel Macréau sont constellés de symboles, de mots, par- fois de phrases. Ils font partie intégrante de la composition et tous racontent une histoire sous-jacente. Semblables à des graffitis et avec un tracé qui rappelle le contour des personnages représentés, ils mettent en parole leurs émotions et leurs sensations. Le message et le messager se confondent. Écriture et peinture, deviennent les facettes d’un seul et même langage. Pour Stani Nitkowski, écrire, dessiner et peindre répondent à l’urgence d’exister, de s’ex- primer et de dépasser son infirmité. Ces modes d’expression sont nécessaires à sa survie et se mélangent volontiers. Ils procèdent de la même impulsion. Texte et figure cohabitent dans ses dessins et dans sa correspondance. Avec une calli- graphie inimitable, le texte fait écho aux images, les commente par un simple titre, Le vernissage sera une phrase ou un texte. Accompagnant les mouvements de son âme, les figures précédé à 17 h représentées, joyeuses, ravies ou souffrantes, sont séparées du texte par un filet, ou bien accompagnent le sillage de l’écriture. Sont exposées ici des lettres de d’une présentation Nitkowski à Cérès Franco ainsi que des carnets inédits de l’artiste et ses « nico- par Raphael Koenig grammes » (œuvres mêlant le dessin et une écriture inventée et illisible). d’un ouvrage Autour de ces deux artistes, l’accrochage met en lumière des œuvres d’autres artistes collectif qui vient contemporains de la Nouvelle Figuration ou du groupe Cobra : Corneille, Pouget et Grinberg, qui dans les années soixante ont proposé une écriture différente de 1985. La fête sacrée , Macréau, Michel de paraître, et dont l’abstraction alors en vogue et que l’on commence à redécouvrir sur les cimaises il a assuré la direc- nationales. tion : L’art brut. Objet

Philippe Hardouin inclassable ? (Presses Président de l’Association pour la valorisation de la collection Cérès Franco Universitaires de cérès franco Bordeaux). STANI NITKOWSKI (1949-2001) MARCEL POUGET (1923-1985)

D’origine polonaise, Stani Nitkowski est né en 1949 près d’Angers. Son désir de peindre naît Né à Oran, en Algérie, Marcel Pouget suit des cours à l’École des beaux-arts d’Oran, où ses avec la myopathie qui le cloue dans un fauteuil à l’âge de 23 ans. Dessiner, écrire œuvres sont mal reçues, ce qui l’amène à repartir vers Paris où il est exposé pour la et peindre deviennent pour lui un moyen de survivre et de dépasser la maladie qui première fois, en 1946. Peintre d’une œuvre souvent expressionniste, parfois sym- l’immobilise. boliste, il fut l’un des chefs de file de la Nouvelle Figuration vers la fin des années En 1980, encouragé par Jean Dubuffet et Robert Tatin, Stani Nitkowski franchit les portes 50. Il précisera clairement sa démarche spécifique de « Psychopeintre » en 1966. Se de la galerie L’Œil de Bœuf, pour présenter à Cérès Franco quelques-unes de ses dégagent de ses œuvres, qui proposent des allers/retours entre réalité et onirisme, toiles. Une longue collaboration et une solide amitié naîtront de cette rencontre, les douleurs et fantasmes, des alertes, des cris d’horreur ou d’espoir. mais aussi une riche correspondance. Dans ces lettres, Stani fait part à Cérès de Il a acquis une réputation internationale et ses œuvres ont fait partie de très nombreuses son enthousiasme, de sa rage de vivre, mais aussi de ses doutes et angoisses. expositions à l’étranger (Stockholm, La Haye, etc.) et en France (à la galerie Claude Cérès Franco, que Stani Nitkowski considérait comme sa mère spirituelle, organise sa pre- Bernard, à la galerie Ariel, et en 1966, à la Halle Saint-Pierre à Paris en 2016, etc.). mière exposition personnelle à Paris en 1982 et défendra son travail pendant toute L’une de ses très importantes expositions, Lumière et Ténèbres, organisée par la durée de la galerie. Mais malgré les expositions et la reconnaissance du public, il Cérès Franco, eut lieu en 1978 à la galerie L’Œil de Bœuf. Elle lui consacra ensuite met fin à ses jours en 2001. une exposition en guise de rétrospective en 1985.

Stani Nitkowski a composé avec une violence et une passion fulgurantes un fantastique hymne à la vie sur le papier et sur la toile. En 1981, Stani confie à Cérès : « J’agré- CORNEILLE (1922-2010) mente ma lettre par des dessins tout simples et sans prétention de les faire res- sembler à de beaux dessins… C’est vrai, j’aime tellement vous écrire ; parfois, j’ai Né à Liège, en Belgique, de parents néerlandais, Corneille – peintre, graveur, sculpteur et l’impression que l’encre coule dans mes veines et que mes doigts se terminent en céramiste –, commence dès son plus jeune âge à dessiner et à peindre. Après avoir plumes, alors tout naturellement des dessins naissent et se trouvent portés par les suivi les cours de l’École des beaux-arts d’Amsterdam, il commence à exposer dès airs, par les ondes à vous. » 1946 et découvre le surréalisme. Après la guerre, il se lie avec un groupe d’artistes et cofonde le groupe CoBrA (1948-1951), avec Karel Appel, Eugène Brands, Constant Nieuwenhuis, et Dotremont, dont l’action va révolutionner la peinture. Au cours des années 50, Corneille s’initie à la gravure et entreprend de nombreux voyages, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et au Mexique qui vont profondément influencer son langage pictural. Il revient à la figuration au début des années 60. Dans ses œuvres ultérieures empreintes de lyrisme, la femme, l’oiseau, le soleil, le serpent et le chat sont des figures omniprésentes. Il est aujourd’hui enterré à Auvers-sur-Oise, aux côtés de , comme il l’avait souhaité.

JACQUES GRINBERG (1941-2011)

@ Photo de Nitkowski par David Mohror Né à , en Bulgarie, Jacques Grinbergeffectue ses études aux Beaux-Arts de Tel-Aviv de 1957 à 1960 et expose pour la première fois à la galerie Kaléidoscope à Gand, en Belgique. En 1964 et 1965, il expose à la galerie André Schoeller Jr. à Paris. La même Le vernissage sera année, il présente ses œuvres aux États-Unis, à la Greer Gallery. Après la fermeture précédé à 17 h de la galerie parisienne, il reste en retrait quelques années, exposant en Belgique d’une présentation et aux États-Unis. Dans les années 1980, il retourne en Israël où il fera plusieurs expositions à la Dvir Gallery par Raphael Koenig de Tel-Aviv. De 1988 à 1994, il est présenté par la galerie L’Œil de Bœuf, à Paris, par d’un ouvrage Cérès Franco. En 2001, il expose à la galerie Polad-Hardouin, créée par la fille de collectif qui vient Cérès Franco, Dominique Polad-Hardouin. Ses œuvres ont été présentées lors de tous les événements culturels liés à la collection Cérès Franco. de paraître, et dont

il a assuré la direc- 1991. , La tunique rouge Stani Nitkowski, tion : L’art brut. Objet inclassable ? (Presses Universitaires de Bordeaux). cérès franco 22 jeunesse jeunesse 23 samedi 26 juin / à confirmer Semaine Jeunesse du 5 au 10 juillet mercredi 7 juillet à 15 h 30 samedi 10 juillet à partir de 10 h 30 Atelier avec l’illustratrice Claire À l’occasion de la 7e édition de Partir rayon jeunesse rayon jeunesse Lebourg. en Livre, vos libraires du rayon Dédicaces et vernissage de l’exposition Lectures d’Édouard Manceau suivie Nous sommes ravies d’accueillir une nouvelle fois Jeunesse vous proposent de multiples de Sophie Vissière pour la sortie de d’une séance de dédicaces. Claire Lebourg pour un atelier pour les enfants à rencontres et ateliers pour les enfants. son album Petite pousse aux éditions ÉDOUARD MANCEAU est un auteur et illustrateur partir de 6 ans. La manifestation Partir en Livre se déroule partout en Hélium. L’exposition débutera le lundi de livres pour enfants et aussi pour adultes. Il a publié France, du 30 juin au 25 juillet 2021, autour du thème 5 juillet dans le rayon jeunesse. une centaine d’ouvrages de littérature jeunesse. À GRATUIT « Mer et merveilles ». Organisée par le Centre natio- SOPHIE VISSIÈRE a étudié la communication 30 ans, il publie son premier livre aux éditions Fri- nal du livre (CNL) sous l’impulsion du ministère de visuelle à Toulouse et à Valencia. Aujourd’hui gra- mousse : Oh les amoureux. Il collabore principa- INSCRIPTION obligatoire auprès la Culture, avec le concours du Salon du livre et de phiste et illustratrice, elle illustre des contes en occi- lement avec les éditions Milan, Thierry Magnier, Fri- du rayon Jeunesse 05 34 45 53 37 la presse jeunesse (SLPJ), Partir en Livre est la grande tan pour l’éditeur toulousain Letras d’Oc et publie mousse et Tourbillon. Pour la deuxième fois, et pour fête du livre jeunesse. son premier album en tant qu’auteure-illustratrice le plus grand plaisir des petits et des grands, Édouard ou à [email protected] Le Potager d’Alena aux éditions Hélium. Elle tra- Manceau lira plusieurs de ses albums fétiches. mercredi 7 juillet de 14 h à 15 h 30 vaille à Toulouse, où elle partage l’atelier Le Canapé salle de conférence/rue Mirepoix avec d’autres auteurs/illustrateurs et autrices/ samedi 10 juillet de 15 h 30 Atelier cartoon (dessins aux feutres illustratrices et propose régulièrement des ateliers à 17 h 30 et crayons de couleurs) avec Cécile autour du livre. rayon jeunesse Hudrisier autour de l’album Patt, le Petite Pousse (à partir d’un an) : Un père et ses trois Triple séance de dédicaces des autrices vantard (éditions Didier jeunesse). enfants se promènent dans le jardin en floraison. et illustratrices Catherine Staebler pour L’atelier sera suivie d’une séance de L’aîné et la cadette choisissent une fleur puis offrent L’atelier des bidouillages, dédicace dans le rayon jeunesse. un pissenlit au bébé pour qu’il souffle dessus. Émilie Clarke pour Violette et CÉCILE HUDRISIER est une illustratrice, elle vit à les lunettes magiques, aux éditions Toulouse. Après une maîtrise d’arts plastiques, elle Veuillez consulter notre site internet : Biscoto, et Zelda Pressigout pour Festin s’est orientée vers l’illustration jeunesse. Elle est https://www.ombres-blanches.fr/ babylonien pour princesse égyptienne éditée pour la première fois en 2000 Gégé et les pour connaître les éventuelles modalités aux éditions FLBLB.. moutons chez Didier jeunesse, ensuite, les albums d’inscription CATHERINE STAEBLER est coéditrice des éditions se sont succédé chez Didier jeunesse, Thierry (selon les décisions gouvernementales). Biscoto, illustratrice et graphiste. Son premier ouvrage Magnier, Milan. en solo L’atelier des bidouillages est une sélection de bricolages, d’expérimentations, d’inventions, d’instal- Âge : de 6 à 12 ans. Inscription obligatoire lations et de constructions issus de la revue Biscoto, auprès du rayon Jeunesse 05 34 45 53 37 réalisables avec des éléments simples, récupérables ou recyclables. ou à [email protected] EMILIE CLARKE est autrice et illustratrice. Violette et les lunettes magiques est sa première BD parue chez Biscoto : Violette est en CM2. Au cours d’une visite médicale, elle apprend qu’elle doit porter des lunettes et redoute les moqueries de ses camarades. Heureusement, l’opticien lui propose une paire magique qui lui permet de deviner tous les secrets de l’école. Elle découvre ainsi qu’un fantôme hante les lieux. ZELDA PRESSIGOUT a effectué des études à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, elle est graphiste, illustra- trice, autrice de bande dessinée. Son documentaire est une bataille culinaire pour découvrir les civili- sations égyptiennes et babyloniennes. Cet album jeunesse a été co-édité avec le musée du Louvre-Lens. 19 mai – 31 octobre 2021