Rapport Mission d’évaluation rapide des besoins suite à l’attaque d’Ogossagou. le 24 Mars 2019

Photo pendant la Mission

Mopti, le 26 mars 19 Présentation du cercle de Le cercle de Bankass compte 12 communes rurales : Bankass, Baye, , Dimbal-Habbé, Kani - Bonzon, Koulogon-Habbé, Lessagou-habbé, , Segué, Sokoura, et Tori. Le conseil communal de Bankass qui est l’organe de décision est composé de 23 conseillers dont 2 femmes. Le bureau communal organe exécutif est constitué du Maire et de ces 3 adjoints. L’état est représenté par le sous-préfet qui réside au niveau du chef-lieu même de la commune qui est Bankass. La commune couvre une superficie de 1 200 km² et comprend 26 villages inclus Ogossagou et 23 Hameaux pour une population estimée à 31 996 habitants (RGPH 2009) dont 52 % sont des femmes. Les Dogon, Dafing, Peulh, Samogo, Mossi sont les principales ethnies qu’on y rencontre dans la commune.

Contexte Le cercle de Bankass est aujourd’hui le point culminant du conflit intercommunautaire dans la région de Mopti. Depuis le début de l’année 2019, le cercle de Bankass a enregistré plusieurs cas d’attaques impliquant les groupes armés. Le 1er janvier 2019 le village de Koulogo a enregistré plus de 30 morts, plusieurs blessés et déplacés. Les acteurs humanitaires et le gouvernement ont apporté des aides alimentaires, non alimentaires et financiers. Plusieurs attaques isolées ont suivi celle de Koulogo tel que : - Le 19 Janvier 2019 à 18h, le hameau Youssouf gorè dans la Commune de Sègue, a été la cible d’une attaque des hommes armés non identifiés. Le bilan est d’une personne tuée par balle, un autre calciné dans sa maison, 15 maisons ont été brulées ; 23 bœufs, 60 moutons ,56 chèvres ont été emportés ; 130 poulets et pintades calcinés. 130 personnes ont fui en laissant leurs biens et bétail et sont présentement à Niondo dogon et à Segué - Le 16 février 2019 à l’aube, les villages de Minima Kanda, Minima Maoude peulh et Ouro-Tidiani ont été attaqués par des hommes armés non identifiés. Bilan : 13 morts, 13 blessés, 17 cases brulées, 40 bétails enlevés, entrainant un mouvement de population vers Koulogon. Les PDIs sont actuellement à Koulogon peuls dans les familles d’accueils avec une estimation de 60 ménages déplacés. Les PDI sont toutes présentement à Koulogon Peulh ; etc. - L’attaque survenue le 23 mars est celle qui a occasionné le massacre de 157 morts, dont 154 ensevelis dans trois tombes communes et les autres dans les tombes individuelles (Tombes communes 1 et 2 : 83 corps ensevelis, Tombe commune 3 : 71 corps ensevelis ; 65 blessés ont été enregistrés au CSRéf (Hommes: 28, Femmes: 37, Enfants : 22 dont 11 garcons et 11 filles), parmi lesquels 35 blessés graves ont été évacués à l’Hôpital Sominé DOLO(A ce jour 26 mars l’hopital a recu 42 blessés dont 21 enfants). Les degats materiels s’elevent a 410 maisons brûlées, (source gendarmerie) ; 80 greniers brûlés et animaux abattus (source gendarmerie).

A ce jour les villages de Ogossagou, Welingara sont très vulnérables du fait de la destruction des habitations, des greniers, la perte des bétails suite à l’attaque des hommes armés non identifiés dans les villages d’Ogossagou- peuls et de Welingara Commune de Bankass. Il faut noter que le village de Guiwagou a reçu les déplacés venant de Welingara.

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La situation d’Ogossagou se caractérise par une vulnérabilité extrême (insécurité permanente, insuffisance d’eau potable, faible accès aux services de base, insécurité alimentaire chronique, manque d’habits et d’abris) pour toute la population ayant survécu aux massacres notamment les enfants et les femmes.

En outre, la zone est vulnérable à l'insécurité alimentaire saisonnière (saison pastorale et agricole) et à l'insécurité alimentaire ponctuelle liée aux chocs et aux déplacements de populations dus aux conflits communautaires ou armés. La situation de protection des civiles reste préoccupante dans les cercles de Bankass. Les FAMA, la Gendarmerie et la garde Nationale sont présents et mènent des patrouilles pour assurer la sécurité des communautés mais malgré leur présence des incidents (attaques, vols et conflit intercommunautaires) sont enregistrés.

1. Objectif et Methodologie

- Evaluer rapidement la situation humanitaire des personnes affectées par le conflit intercommunautaire suite à l’attaque du village Ogossagou, commune de Bankass - Soutenir la coordination humanitaire et échanger avec les acteurs humanitaires et les autorités sur les questions prioritaires - Fournir en urgence une assistance aux personnes les plus vulnérables La méthodologie utilisait pour cette évaluation est : - Observation directe. - Discussions avec les autorités et partenaires. - Focus groupe et/ou entretiens individuels en fonction des réalités locales avec certaines personnes affectées et les autorités traditionnelles.

2. MOUVEMENTS DE POPULATION

Ce conflit a entraîné les déplacements des centaines de personnes à l’intérieur de la commune de Bankass. Selon les informations recueillies et collectées par l’équipe de l’évaluation auprès des chefs de villages et leaders locaux, le nombre de la population déplacée présent a Guiwagou est estimée à 100 ménages pour 500 personnes, tous venus de Welingara et seraient dans les familles d’accueil.

Par contre, les personnes rescapées d’Ogossagou initialement estimées à 309 personnes seraient à 124 ménages pour 850 personnes à la date du 25 mars 2019 sont toutes restées à Ogossagou (Développement social de Bankass).

3. RESULTAT ET RECOMMANDATION PAR SECTEUR

1. EAU, HYGIENE ET ASSAINISSEMENT

Ogossagou compte 3 puits à grand diamètre et 2 PMH dont 1 non fonctionnel.

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Suite à l’évènement du 23 mars 2019, les eaux des trois puits ont été souillées par des cadavres jetés dans ces puits. Quant à la seule pompe manuelle fonctionnelle, les dégâts restent mineurs sur le mur de clôture et la plaque d’identification du forage.

L’incendie a créé l’effondrement des concessions y compris les latrines. Les ménages ont aussi perdu tous les récipients pour le transport et la conservation de l’eau. Une insalubrité générale est constatée au niveau des concessions avec des risques d’infection.

L’approvisionnement en eau potable du village de Ogossagou se fait principalement à partir d’un forage équipé de pompe a motricité humaine. A Guiwagou, le principal site qui a accueilli les déplacés de Welingara, il a été observé une adduction d’eau qui est en panne.

Recommandations :

1. Nettoyer et désinfecter les trois puits de Ogossagou ; 2. Désinfecter les endroits souillés à la suite des tueries ; 3. Doter les ménages de Ogossagou et de Welingara en kits NFIs constitués de moustiquaires, de savons, de réservoirs d’eau pour conserver de l’eau avant l’usage, des produits de traitement de l’eau et de matériels d’assainissement ; 4. Construire des latrines d’urgence ; 5. Mener une campagne de sensibilisation sur l’utilisation des services WASH qui seront fournis. 6. Réparation de l’adduction d’eau du village de Guiwagou

2. SANTE ET NUTRITION

2.1. Santé

Les villages d’Ogossagou, Welingara et Giwagou relèvent du CSCOM central de Bankass d’où il est séparé de 16km environ dont l’accès devient difficile du fait de la crise. Par conséquent ils n’ont pas accès aux soins médicaux de première nécessité.

Le jour de l’évènement, 23 mars 2019 ; 65 blessés ont été enregistrés au CS Réf (Hommes : 28, Femmes : 37, Enfants : 22 dont 11 garçons set 11 filles), parmi lesquels 35 blessés graves ont été évacués à l’Hôpital Sominé DOLO ; 157 morts (10 sont des enfants de moins de 5 ans et 36 sont entre 6-17 ans).

A la date du 25 mars, 23 malades sont gardés au CSREF de Bankass dont 12 adultes (11 femmes et un homme) ; 11 enfants dont 3 filles et 8 garçons. La situation des femmes enceintes n’a pas pu être faite. Le groupe de femmes rencontrer a fait cas de deux femmes enceintes décédées. Tous les malades ont été pris en charge par le CSREF de Bankass et l’hôpital Somin Dolo avec l’appui des partenaires. La prise en charge psychologique d’urgence afin de prévenir l’apparition des troubles psycho traumatique est nécessaire pour tous les survivants et

particulièrement les enfants et les femmes.

Recommandations

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- Assurer urgemment un appui psychologique, une consultation médicale aux survivants - Donner des soins aux malades et blessés légers afin d’éviter des infections. - Accentuer la stratégie avancée pour prendre en compte les besoins des PDIS - Extendre la capacité d’hospitalisation du CS réf par la mise en place d’une tente, des lits et des matelas. Tous les malades sont à même le sol sous un hangar. - Faire le point des besoins en médicaments et consommables couvrant une période de 3 mois, ce qui est disponible et le GAP - Identifier et prendre en charge les femmes enceintes - Vacciner les enfants dans le village et environnants - Entreprendre des consultations périodiques sur le site - Redéployer l’Agent de Sante Communautaire et les relais sur le site.

2.2. Nutrition Les villages relèvent du CSCOM central de Bankass qui dispose d’un dispositif de prise en charge des cas et de Groupe de Soutien aux activités de Nutrition (GSAN). Dans le village de Ogossagou il existe un agent de sante communautaire (ASC) qui assure des activités de dépistage et de prise en charge et un GSAN pour les activités de prévention. Mais à la suite de l’attaque, l’ASC a été délocalisé temporairement par le CSREF. Quant au GSAN nous n’avons pas d’informations précises sur les membres. Le CSREF et le CSCOM dispose d’un stock minimum pour assurer la prise en charge des cas de MAS sauf qu’il y a rupture d’intrant MAM au niveau de CS Réf. La situation nutritionnelle des enfants n’a pas pu être évaluer par la mission vu le temps impartis. Recommandation : - Procéder à un dépistage rapide des cas chez les enfants et femmes enceinte et allaitantes dans les villages ; - Renforcer les stocks d’intrants nutritionnels (MAM, MAS) et assurer le suivis regulier des stocks dans tous les CSCOM et CSRef. - Faire le point des groupes ANJE (Alimentation du Nourrisson et du jeune enfant), GSAN. - Initier la prise en charge nutritionnelle : distribuer des intrants de prévention et prise en charge de la malnutrition - Effectuer un dépistage de masse de malnutrition pour les enfants, et faire une prise en charge des enfants malnutris ; - Renforcer des activités de sensibilisation des communautés sur la gravité de la malnutrition - Soutien aux enfants séparés et orphelins du massacre - Redéployer l’ASC et mobiliser les GSAN ;

3. SECURITE ALIMENTAIRE

Les activités économiques de ces localités reposent fondamentalement sur l’Agriculture et l’élevage qui sont pratiqués par l’ensemble de la communauté. 500 personnes déplacées de Walingare vers Guiwagou sont toutes hébergées par des familles d’accueil au sein du village, occasionnant ainsi une forte pression sur les stocks disponibles et la qualité des repas. Les populations vivent essentiellement de céréales (mil et riz) qu’elles se procurent à partir de la production locale et l’achat. La diversité alimentaire est assez faible, ce qui pourrait engendrer des problèmes de malnutrition chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de 5 ans. La ville de Bankass , située à 12 km du village de Guiwagou , constitue l’unique source d’approvisionnement en denrée et l’accessibilité à ce marché est difficile à cause de l’insécurité , car les populations affirment être régulièrement persécutées par les groupes armes. Selon les famille hôtes, les stocks disponibles ne pourront nullement assurer la prise en charge des populations d’acceuil et déplacés au-delà d’une semaine et lancent un appel à l’Etat et ses partenaires pour un appui conséquent afin de soulager leur souffrance.

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La stratégie d’adaptation consiste à réduire la ration afin d‘assurer un minimum de repas à tous les ménages, le temps de disposer de quantité de vivres adéquates. Suite à cette situation le PAM et l’ONG IMADEL ont apportés une assistance rapide a 300 ménages déplacés à Guiwagou (1800 personnes) affectée directement par la crise de Walingara et les ménages d’accueil de Guiwagou afin de répondre à leur besoin rapide d’alimentation pendant 10 jours.

Il faut noter que le village de Ogossagou a reçu 10 tonnes de céréales (5 tonnes de riz et 5 Tonnes de mil) et un montant de 11 millions de FCFA de la part du gouvernement malien. Par ailleur, l’insécurité alimentaire chronique due au nombre élevé des greniers brulés, ils ne disposent plus de stock de réserve pour leur survie. Plus de 410 Cheptel bovins et 530 ovins/ caprins sont tués ou volés. Par la peur d’être attaqué, aucune activité génératrice de revenu n’est pratiquée pour le moment. La panique s’est installée Recommandations - Besoins d’aide Alimentaire en urgence - Création des AGR pour la relance économique - Appui aux ménages survivants et déplacés en kits élevage et agriculture ;

4. PROTECTION

Pendant les discussions avec les PDIs et les populations hôtes, il ressort qu’ils sont confrontés à des problèmes particuliers de protection comme les cas des tueries suite à leur appartenance ethnique, les risques d’enlèvements/détention arbitraires, violences armées, viol, braquages et engins explosifs improvisés. Les populations estiment qu’il n’y a pas de protection, qu’ils n’arrivent pas à dormir et que ce sont des jeunes qui gardent le village la nuit. Lors des entretiens avec la communauté de ces 3 villages et des observations faites par l’équipe, il ressort les constats suivant :

- Les enfants de Ogossagou ainsi que ceux de Walingara déplacés à Guiwagou demeurent toujours sous le choc ; - Il n’existe plus d’espace de jeu pour les enfants de Ogossagou et du coup gardent toujours les yeux et les esprits rivés sur les décombres ; - Ils existent à Ogossagou des enfants ayant perdus un parents ou les deux parents dans l’attaque et certains ont vu les corps ensanglantés de leurs parents décédés ; - Il n’existe pas d’école à Ogossagou, l’école que les enfants du village fréquentaient est situé à une distance d’à peu près 6 km mais fermée. - Les familles ont tout perdu en dehors des habits que chacun portait au moment de l’attaque car dans les deux villages attaqués toutes les maisons ont été incendiées ; - Les greniers du village ont été également tous été brulés. Il faut noter que vu l’etat psychologique de la population de Ogassagou et villages voisins 2 jours apres le massacre, certaines questions des protections n’ont pas été abordée. La population était encore sous le choc.

Recommandations : Suite aux échanges avec les autorités, les blessés dont des enfants et des adultes, les rescapés de Ogossagou restés sur place et les déplacés de Walengara à Guiwagou, il s’avère urgent :

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- D’appuyer les ménages des villages de Ogossagou et Walengara en kits NFIs dont des moustiquaires, des habits et des chaussures car leurs habitants ont tout perdu ; et Kits de dignité - D’entreprendre rapidement des activités d’appui psychosocial à l’endroit survivants particulierment les femmes, les enfants et les personnes âgés ; - D’aider les rescapés à reconstruire leurs maisons et trouver le moyen de faire disparaitre les traces des flammes sur les murs des maisons qui continuent à donner au village un air de désolation. - Identifier les cas éventuels de VBG et assurer la prise en charge holistique et adequate - D’accélérer les activités des dialogues communautaires autour de la cohesion social et paix entre les PDIs, la population hote et autorités. - Renforcer l’accès aux services des protections - Planifier une évaluation plus approfondie sur les questions de protection.

5. Education

Il y a une école de premier cycle à Guiwagou non fonctionnelle depuis 3 mois fréquente par les enfants de Ogassagou et Welingare. Avant L’attaque une école communautaire existait a Ogossagou qui était fermée suite à l’insécurité ambiante depuis janvier 2019. Les enfants de Ogossagou se déplacent a Guiwagou pour fréquenter l’école Recommandation : - Mise en place d’un espace temporaire d’apprentissage négocié avec les communautés - Catégorisation des enfants et identification des enfants scolarisables - Redéployaient d’un enseignant ou volontaire - Fourniture d’équipements et kits scolaires - Identification des enfants déplacés a Bankass et insertion a l’école

6. NFIs (ARTICLES MENAGERS ESSENTIELS) / ABRIS

Les villages d’Ogossagou et Welingara ont été presque entièrement brulés. Les populations se sont déplacées sans vêtements, ni d’articles ménagers, ni abris.

Les articles demandés sont en priorité les couvertures, les habits, des nattes, Chaussure savons et articles ménagers.

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