Dans le panthéon des voix de comédiens,
de part sa texture, son phrasé unique, sa
stabilité de jeu, sa sonorité et sa
résonance au coeur de l'oreille, il en est
une terriblement envoûtante, celle de
Jean Topart. Mais si pour certains il est
seulement cette voix des plus marquantes,
il est avant tout un comédien de grande
dimension, dans toute l'acceptation du
1
terme.
Né le 13 avril de l'année 1922, il débuta sa
carrière artistique en 1948, au théâtre et
à la radio, peu après les débuts au cinéma
de sa soeur Lise Topart (1927-1952).
Celle-ci côtoya, dès son premier film
Sylvie et le fantôme, dirigé par Claude
Autant-Lara en 1945, quelques grands
noms tels Odette Joyeux, François
Perrier, Jean Dessailly, Julien Carette ou
Jacques Tati. Malheureusement, elle
perdit la vie à l'âge de 24 ans, dans un
accident d'avion où elle était accompagnée
2
par la danseuse Harriet Toby (1929-1952,
danseuse du Ballet Russe de Monte-Carlo)
et l'actrice Michèle Verly (1909-1952 :
Belphégor, 1927, Monte-Cristo de
Fescourt, 1929). Il entra dans la décennie
suivante au TNP, le Théâtre National
Populaire que Jean Vilar dirigea depuis sa
réouverture après la guerre en 1951, et où
il rencontra des artistes tels Georges
Wilson, Maria Casarès ou Gérard Philippe.
Sur les planches, parmi ses nombreuses
prestations, on notera qu'il joua sous la
direction de Jean Vilar, en 1956, dans Ce
3
fou de Platanov de Tchekhov, avec entre
autre Casarès, Wilson et Philippe Noiret
(il débuta en 1953 au TNP), en 1959, dans
Mère courage de Bertolt Brecht, dans le
cadre du Festival d'Avignon (festival créé
par Jean Vilar), ou encore, en 1962, dans
L'avare de Molière, quelques mois avant
que Jean Vilar laisse sa place à Georges
Wilson à la tête du TNP. Parmi bien
d'autres pièces, on peut ajouter en 1966,
Le retour de Harold Pinter auprès de
Claude Brasseur. Il sera aussi dirigé par
Georges Wilson ou Anne Bourgeois, et
4
oeuvrera également dans la troupe des
Tréteaux de France conduite par Jean
Danet. Autre exercice scénique, il lira en
1993 des textes de Louis Aragon,
accompagné par François Chaumette
(autre comédien au timbre de voix
caractéristique), Daniel Mesguich,
François Perrier, Rufus, Edith Scob et
Jean Davy.
5
A son début, la petite lucarne était alors
proche d'une certaine idée du théâtre, et
elle lui offrira quelques unes de ses plus
belles prestations auprès d'un large public.
Cela, sous forme de téléfilms, souvent
tournés en direct dans les années 60.
Il jouera ainsi de nombreuses fois sous la
direction de Claude Barma, dans Macbeth
(1959), Cyrano de Bergerac (1960) et
Othello (1962), trois oeuvres où le rôle
titre est tenu par Daniel Sorano (1920-
1962), ainsi que Ruy Blas (1965) d'après
Victor Hugo, dont sera enregistré, la
6
même année, des extraits de l'oeuvre
originale lu par Jean Topart, Jean-Louis
Trintignant ou encore Jean Piat. Dans le
même temps, il donna la réplique à Michel
Bouquet, dans Plainte contre inconnu
(1961), et le comédien Jean Piat le dirigea
en 1963 dans Premier amour.
Pour le programme Le Théâtre de la
jeunesse, où l'on prenait le temps de
présenter chaque oeuvre, il jouera dans
Doubrovsky (1961) de Pouchkine, mis en
scène par Alain Boudet (qui le dirige
l'année suivante dans Quatre-vingt treize
7
de Victor Hugo) et Sans-souci ou le chef-
d'oeuvre de Vaucanson (1965) réalisé par
Jean-Pierre Decourt avec Philippe Avron.
Il oeuvrera également dans la célèbre
série Rocambole (1964-1966, 78 épisodes)
auprès de Pierre Vernier, mis en scène par
Jean-Pierre Decourt qui le dirigera dans le
même temps dans Gaspard des montagnes
(1965) avec Bernard Noël. A propos
justement de Noël, non pas l'acteur mais
la fête religieuse, on pourra le voir en
1966, avec quelques autres personnalités,
évoquer le Père Noël dans le court
8
documentaire Y croire encore.
Dans un autre programme célèbre à
l'époque, Le tribunal de l'impossible, il
interprètera en mai 1968, alors que les
pavés volent, le rôle titre de Nostradamus
ou le prophète en son pays sous la
direction de Pierre Badel. L'année
suivante, il interpréta le rôle d'un
directeur de théâtre dans Les voyages de
votre Faust, une oeuvre lyrique sous forme
de téléfilm produit par la RTBF et réalisé
par Jean Antoine. Cette oeuvre, mis en
musique par Henri Pousseur, se basait sur
9
plusieurs pièces lyriques jouées au cours
de cette décennie, pièces écrites par
l'écrivain Michel Butor.
Mais c'est surtout sous la direction du
metteur en scène de Jacquou le croquant,
Stellio Lorenzi, qu'il apparaîtra le plus de
fois à l'écran. Cela dans la série La caméra
explore le temps avec La crime sous Louis-
Philippe (1962) et Les Cathares (1966),
ainsi que les téléfilms Oncle Vania (1962,
avec Michel Vitold), Crime et châtiment
(1971) d'après Dostoïevski, Le Cerisaie
(1972) d'après Tchekhov, Antigone (1974)
10
de Sophocle, Les Rosenberg ne doivent pas
mourir (1975) écrit par Alain Decaux, et
enfin leur ultime collaboration avec Emile
Zola ou la conscience humaine (1978), où
Jean Topart interprétait le rôle de
l'écrivain.
Lazare Iglesis, poète et prolifique
réalisateur pour la télévision, le dirigera
par deux fois, dans Le Bunker (1972)
évoquant avec François Chaumette la fin
11
du 3ème Reich, et où il interprétait le rôle
du SS Otto Hermann Fegelein, ainsi que La
Servante (1979) servit par la musique de
Vladimir Cosma. Il oeuvrera dans bien
d'autres téléfilms : Les glaces (1973) de
Claude Dagues, L'inconnu (1973) auprès de
Gérard Depardieu, Cher Janet, cher Alec
(1975) auprès de Evelyne Ker, Passion
d'Anna Karénine (1975) où jouant l'époux,
il donne la réplique à Ludmilla Tcherina,
Léopold le bien-aimé (1975) de et avec
Georges Wilson, Le berger des abeilles
(1976) de Jean-Paul Le Chanois, Vaincre à
12
Olympie (1977) écrit par Maurice
Genevoix avec Jean Marais, L'embrumé
(1980) de José Dayan avec Patrick
Bouchitey et François Chaumette, La
dernière nuit (1981) de Didier Decoin avec
Annie Girardot, La puce et le privé (1981)
avec Bruno Cremer, Siegfried (1982)
d'après Jean Giraudoux avec Jean
Dessailly, Un grand avocat (1984) auprès
de Roger Hanin et Paul Guers, et enfin
Génération vidéo (1996) de Antoine
Lorenzi.
On l'appréciera également sur le petit
13
écran, dans quelques pièces diffusées dans
Au théâtre ce soir (1966-1984) de Pierre
Sabbagh : en 1970, dans Frédéric de
Robert Lamoureux, mis en scène par
Pierre Mondy, en 1974, dans Giliane avec
Mireille Delcroix (pièce qu'il joua avec
Danielle Darrieux en 1965, sous le titre
Comme un oiseau), en 1975, dans La moitié
du plaisir avec Robert Dalban (d'après le
film Le jeu de la vérité) et Quelqu'un
derrière la porte de Jacques Robert, mis
en scène par André Villiers, et enfin en
1977, dans Catérina de Félicien Marceau.
14
Chaque pièce de ce programme était
filmée en direct lors d'une représentation
au Théâtre Marigny, puis diffusée sur le
petit écran quelques semaines ou quelques
mois plus tard.
Toujours pour le petit écran, il participera
à quelques courtes séries comme Le monde
enchanté d'Isabelle (1973, 13 épisodes)
réalisé par Youri, auteur pour la jeunesse,
Un tyran sous la pluie (1973, 4 épisodes),
15
L'accusé (1974, 20 épisodes), Le paria
(1985, 6 épisodes) avec Charles Aznavour.
Il fera également quelques apparitions
dans un épisode de diverses séries comme
Le train bleu s'arrête 13 fois (1965, 1er
épisode : Paris signal d'alarme), Allô police
(1969, 31ème épisode : Enquête visible),
Les cinq dernières minutes (1958-1975,
62ème épisode : La mémoire longue, 1975),
Messieurs les jurés (1974-1986, épisode :
L'affaire Perissac, 1976), Les enquêtes du
commissaire Maigret (1967-1990, 38ème
épisode : Maigret et les témoins
16
récalcitrants, 1978), et Julien Fontanes
(1986, 22ème épisode : Dix petites
bougies noires). En 1979, il fera également
une lecture dans la série littéraire de FR3,
Un comédien lit un auteur (1979-1981),
avec l'épisode appelé sobrement Jean
Topart lit Armand Lanoux. On soulignera
que Jules Verne fut lu dans cette série
par Charles Vanel.
17
On notera également qu'en 1959, l'année
où il débuta à la télévision dans Macbeth, il
interprétait le rôle de Désiré, le
majordome dans Le Testament du docteur
Cordelier de Jean Renoir, une variation de
Docteur Jekill et Mister Hyde avec Jean-
Louis Barrault. Cette production, destinée
à la fois pour le petit et le grand écran,
était filmée en direct par les caméras de
l'ORTF. Elle ne sera diffusée à la
télévision qu'en novembre 1961, dans le
même temps que sa sortie au cinéma.
18
Bien que le 7ème art ne lui est pas offert
de grands rôles comme la télévision a pu le
faire, il jouera tout de même auprès de
grands comédiens pour le grand écran,
comme Jean Gabin dans Le soleil des
voyous de Jean Delannoy (1966), Pierre
Vaneck et Robert Hossein dans Maldonne
(1968), Charles Bronson et James Mason
dans De la part des copains (1970) de
Terence Young, ou Jean Poiret dans Poulet
au vinaigre (1985) de Claude Chabrol. On
notera tout de même sa première
prestation cinématographique en 1949,
19
dans le film Le sorcier du ciel de Marcel
Blistène, ainsi que des rôles de second plan
sous la direction de Bernard Borderie dans
Le chevalier de Pardaillan (1962) et Hardi
Pardaillan! (1964) avec Gérard Barray,
ainsi que Angélique marquise des anges
(1964), Soleil noir (1966) de Denys de La
Patellière ou il retrouve Michèle
"Angélique" Mercier avec Daniel Gélin,
Roger la honte (1966) de Riccardo Freda,
avec Irène Papas, Copland sauve sa peau
(1968) d'Yves Boisset, La main noir (1968)
de Max Pécas, Dis-moi que tu m'aimes
20
(1974) avec Mireille Darc, Parlez-moi
d'amour (1975) de Michel Drach, et dans
Les acteurs (2000) de Bertrand Blier où il
incarne le cinéaste Jean-Pierre Melville.
On peut ajouter dans ce cadre
cinématographique qu'en 1965 il succédait
aux comédiens Jean Debucourt (1er, 2ème,
et 3ème film) et Paul-Emile Deiber (4ème
film) dans l'interprétation du rôle de
Jésus, ou plus précisément pour la voix de
celui-ci dans le 5ème opus des aventures
de Don Camillo sur grand écran, Don
Camillo en Russie. Film dont la mise en
21
scène de Luigi Comencini tranchait quelque
peu avec un certain classicisme issu des
films précédents.
Ce qui marquera également et
considérablement le public du cathodique,
c'est sa voix. Il l'utilisera en tant que
narrateur, cela avant même que d’être
connu sur le petit écran, dès 1956, dans la
22
série Le tour de France par deux enfants
adaptée du célèbre livre scolaire par
Claude Santelli, William Magnin et Michèle
Angot. Il en était le commentateur, se
substituant également aux dialogues, les
scènes ayant été filmées dans l’ensemble
sans prise de son. Il usera ainsi de sa voix
sur d’autres œuvres comme Belphégor
(1965) de Claude Barma, ainsi que Moïse,
une série télévisée italo-britannique
réalisée en 1974 par Gianfranco De Bosio,
avec dans le rôle titre Burt Lancaster
(diffusée sur Antenne 2 en février et
23
mars 1976), mais aussi pour les séries
d'animation Rémi sans famille (1977) de
Dezaki Osamu, Lady Oscar (1979) de
Dezaki également, Les mystérieuses cités
d'or (1982, Deyriès & Chalopin) dont il
commente les documentaires ponctuant
chaque épisode, et plus récemment dans la
série Argaï, la prophétie (2000). Dans ce
format, il doublera tout de même un
personnage, certes sans consistance
visuelle comme le narrateur, celui de Zeus
dans Ulysse 31 (1981, Deyriès & Chalopin).
Pour les séries en prise de vue réelle, on a
24
pu l'entendre dans le rôle de Verell, dans
l'épisode La boucle du temps de la série
Farscape (1999). Il fera également
quelques narrations au cinéma, notamment
dans Les misérables de Jean-Paul Le
Chanois avec Jean Gabin (1957, sa voix n'a
pas encore tout à fait la tessiture aussi
prononcée qu'il offrira peu après), Le
combat dans l'île (1962) avec Romy
Schneider, ainsi que dans la troisième
version de Bonaparte et la révolution
qu'Abel Gance réalise en 1971, Justine de
Sade (1972) de Claude Pierson, Destinée
25
de monsieur Rochambeau (1976) de Daniel
Le Comte, et le film d'animation du studio
Disney, La planète au trésor (2002) de Ron
Clements et John Musker.
Il fit de même de nombreux doublages de
personnages pour le cinéma. Il
interprètera Maître Sinh dans le film
d'animation français La planète sauvage
(1973) de René Laloux, Gary Kinnison dans
le film d'animation japonais SF Shinseki
26
Lensman (1984) de Kawajiri Yoshihaki, et
le sombre sorcier Merlock dans la
production Disney La bande à Picsou, le
film : le trésor de la lampe perdue (1990).
Il prêta également sa voix à quelques
acteurs. Il participera ainsi en 1973 au
doublage du film Aguirre, la colère de dieu
de Werner Herzog, où auprès de Claude
Bertrand doublant Klaus Kinski, il donnait
sa voix à l’acteur Del Negro interprétant
le rôle du prêtre narrateur Don Gaspar de
Carvajal. Il doublera également Bo Brundin
interprétant l'aviateur allemand Ernst
27
Kessler dans La kermesse des aigles
(1975) de George Roy Hill, avec Robert
Redford; James Coco dans Ciao maschio
(1978) de Marco Ferreri, avec Marcello
Mastroianni et Gérard Depardieu; Freddie
Jones (Bytes) dans Elephant Man (1980)
de David Lynch; John Harkins (le docteur)
dans Birdy de Alan Parker (1984), et la
même année, il interprète Salieri dans le
premier doublage de Amadeus de Milos
Forman. En 1985, il prêtera à nouveau sa
voix à Freddie Jones, pour le rôle de
Chester Cragwitch dans Le secret de la
28
pyramide de Barry Levinson. Il doubla
également à quelque occasion, Christopher
Lee et Martin Landau. On peu ajouter de
courtes prestations telles le speaker dans
Monsieur Klein de Joseph Losey (1976),
l'aubergiste dans le film d'animation de
Ralph Bakshi, Le seigneurs des anneaux
(1978), ou récemment le commentateur du
documentaire visible dans Le Serpent
(2007) de Eric Barbier. On ajoutera
encore l'une de ses premières prestations
dans le doublage d'acteurs. C'était en
1966 dans L'île de la terreur de Terence
29
Fisher, l'un des maîtres du film
fantastique, et qui une fois de plus y
dirigeait Peter Cushing, l'un de ses
acteurs fétiches. Dans ce sympathique
film britannique, Jean Topart prêtait sa
voix au docteur Landers joué par l'acteur
Eddie Byrne. On l'écoutera ainsi jusqu'à
très exactement la moitié du film où son
personnage est victime d'un silicate, une
créature ayant été créée
malencontreusement à la suite d'une
expérience sur la recherche contre le
cancer. Parmi les autres acteurs
30
participant au doublage de cette oeuvre,
on soulignera plus particulièrement la
prestation de Jean-Claude Michel doublant
le docteur David West interprété par
Edward Judd. Jean-Claude Michel fut
l'une des plus belles voix du doublage
français. Il incarna à de nombreuses
reprises les cordes vocales de Clint
Eastwood, Sean Connery ou encore celles
de Robert Mitchum, imprimant à ces
acteurs une identité orale imposante pour
le public français.
On peut encore ajouter qu’il doubla Sir
31
Alec Guinness en 1980, alors que celui-ci
interprétait un vieux marin dans une
unique scène du film La guerre des abîmes
(Raise the Titanic), adaptation d'un roman
de Clive Cussler. Richard Jordan y
interprétait Dirk Pitt, personnage central
dans l’œuvre du romancier d’aventures
sous-marines que nous avons évoqué avec
son récit Walhalla Rising, celui-ci offrant
quelques échos au capitaine Nemo.
32
Toujours au travers de ses vocalises, Jean
Topart fut le narrateur de nombreux
courts-métrages dont Un dimanche matin
(Niedzielny poranek, 1955) de Andrzej
Munk, un des maîtres de Polanski, mettant
en scène un couple se promenant à
Varsovie en cette année où fut signé le
pacte, Les trois amis (1959) de Robert
Enrico, Avant le petit déjeuner (1961) de
Artur Ramos où il donne la réplique à
Malka Ribowska, Ourane (1962) un conte
entre ténèbres et lumière de Jean-Claude
Lubtchansky, Fenêtres (1963) de Pierre-
33
Serge Melik-Hovsepian, Le bonhomme
têtard (1964) de la psychanalyste Paule
Truffert, et Archéologues à Brauron
(1965) de Louis Soulanes. Pour Maurice
Fasquel, il commente trois courts-
métrages adaptant Tchekhov avec La
pension, Le portefeuille et La contrebasse
(1962), ainsi que Le dernier matin
d'Alexandre Pouchkine et Le dernier
matin de Guy de Maupassant (1965).
Outre quelques publicités, sa voix
s'inscrira à l'image de la petite lucarne
dans de nombreux documentaires sur l'art
34
et la culture, tels en 1967, pour
Autoportrait mou de Salvadore Dali de
Jean-Christophe Averty avec Orson
Welles, en 1972, pour Giacomo Balla et le
futurisme sur des musiques de Pink Floyd
et Stravinsky, en 1974, pour Le dadaïsme
de Adrien Maben et Victor Hugo, homme
de l'ouest de André de Beaumont, ou
encore dans E. P. Jacobs : Blake ou
Mortimer ?. Il commentera aussi des
documentaires sociaux ou industriels, avec
en 1968, Suède, enfer et paradis, pseudo
documentaire de l'italien Luigi Scattini, en
35
1978, Château de la mer de Jean-Pierre
Crozier présentant les plateformes
pétrolifères, et la même année Dialogue -
communication, la distribution de la presse
de Alain Lombardi. Plus récemment en
2003, dans la série de documentaires
animaliers La vie sauvage des animaux à la
ferme, il commenta Quand le chat n'est
pas là... de Laurent Charbonnier.
36
Sa voix sera mise à contribution de
manière plus théâtrale, dès ses débuts,
dans des feuilletons radiophoniques sur
France Culture alors appelée France III.
Sous la direction d'Alain Trutat, co-
fondateur de cette radio et récemment
disparu en 2006 à l'âge de 84 ans, il
officia en 1949 dans Les trois soeurs de
Tchekhov, avec entre autre Jeanne
Moreau et Bernard "Vidocq" Noël, en 1951
dans Bonjour monsieur Jarry, qui permit
aux auditeurs de découvrir de multiples
facettes de l'oeuvre d'Alfred Jarry, en
37
1954 dans Au bois lactée de Dylan
Thomas, en 1957 dans Joseph Conrad ou
une dialectique des apparences, auprès
entre autre de Jean Vilar et Pierre
Vaneck, et enfin, en 1960, toujours réalisé
par Alain Trutat, dans Boris Godounov de
Pouchkine, avec Alain Cuny et Geneviève
Page.
Quelques temps après la sortie du film
Orphée (1950) de Jean Cocteau, une
adaptation radiophonique fut réalisée par
André Soubeyran. Accompagnée des
musiques de Marcel Mihalovici, Jean
38
Topart y partageait les ondes avec Michel
Bouquet, Jean-Pierre Aumont et Maria
Casarès qui avait tenu le rôle de la
princesse dans le film. En 1955, il passera
par la programmation policière des
Maîtres du mystère dans une adaptation
très libre de Thomas Narcejac pour Le
chien des Baskerville. Il jouera à nouveau
dans ce célèbre programme en novembre
1958 dans La plume empoisonnée d'Agatha
Christie. Il se fera pasteur en 1956 avec
la lecture de La symphonie pastorale
d'André Gide. Il jouera également de sa
39
voix en 1966, auprès d'Edith Scob, dans
Le bruit du moulin de l'écrivain et poète
Marcel Béalu, puis en 1972 dans La
montagne magique de Thomas Mann avec
Pierre Vaneck. Au lendemain de Noël 1977,
et jusqu'à la mi-février suivante, il
retrouvera Michel Bouquet alias Cornélius
et Pierre Vaneck alias Burydan dans Le
mystérieux docteur Cornélius (35
épisodes, 29 min) réalisé par Alain
Barroux, d'après l'oeuvre de Gustave Le
Rouge. En 1986, il se fit chimiste en
incarnant Balthazar Claës, encore une
40
personnalité sombre à sa mesure, dans La
recherche de l'absolu, adaptation de
Balzac par André Le Gall, romancier et
essayiste qui a beaucoup écrit pour France
Culture. Toujours pour cette radio, en
1998, il participa à la programmation
Maudites vacances avec L'île au ciel sans
nuages présentée et réalisée par l'écrivain
et cinéaste Noël Simsolo. Plus récemment,
en janvier 2006, il incarna Kristian
Ivanovitch dans Le double, poème de
Saint-Pétersbourg de Dostoïevski.
Toujours pour les ondes radiophoniques, il
41
fera aussi quelques lectures dans
l'émission Le bureau de poésie de André
Beucler. Plus populaire, il était en 1970 le
narrateur du feuilleton radiophonique Bob
Morane et le brouillard doré, participa
aussi à celui de Michel Vaillant, Le pilote
sans visage, accompagné entre autre de
Roger Carel et Jean Rochefort, et
officiera également dans La Marque Jaune
et Le mystère de la grande pyramide
d'après les aventures de Blake et
Mortimer d'Edgar Pierre Jacobs.
42
Il prêtera sa voix pour bien d'autres
enregistrements, comme les lectures du
Mendiant de Jerusalem de Elie Wiesel,
Une descente dans le maelström d'Edgar
Allan Poe, Don Quichotte de Cervantès
(oeuvre sur laquelle il travaille en 1998 sur
un enregistrement conté par Jean-Pierre
Cassel dans la collection L'art d'être
grand-père), Le journal d'un fou de Gogol,
ou encore pour les tribulations de Candide
ou l'optimiste de Voltaire, un conte
philosophique à conseiller à tous ceux qui
pensent que la philosophie est hermétique
43
et peu amusante. Il fera également la
lecture de poètes comme Saint-John
Perse, Arthur Rimbaud et La Fontaine, ou
encore des textes de Christophe Colomb,
un jour d'avril 1958 sur France Culture
(France III), dans la grande
programmation L'analyse spectrale de
l'Occident.
44
On a pu également apprécier sa diction
pour quelques enregistrements sonores
sur des livres-disques reprenant le récit
de certains succès cinématographiques
disneyen comme Peter et Elliot le dragon
(1978), Le Trou Noir (1979) et Taram et le
chaudron magique (1985). C'est également
dans cette même collection du Petit
Ménestrel qu'il contera la vie du
compositeur Schubert, ou les oeuvres Le
Lac des cygnes de Tchaïkovski et La
Symphonie Pastorale de Beethoven,
accompagné une nouvelle fois par Michel
45
Bouquet. Dans le format livre-cassette, il
évoquera Pétain et De Gaulle par Jean-
Pierre Rioux. Sur 33T, il interprètera
aussi en 1973 le rôle de L'enchanteur
Merlin, accompagné par les cordes de la
harpe d'Alan Stivell, et avec Nathalie
Nerval, il contera La belle histoire de
Noël. Toujours en 1973, dans la collection
Les feuilles d'automne enregistrée sur 33
T pour Adès, il retrouvera George Wilson
pour de nombreuses lectures de l'oeuvre
poétique de Victor Hugo sur les titres
suivants : Au bord de la mer (Les chants
46
du crépuscule), La vision d'où est sorti de
ce livre, Je contrains toute sève, Booz
endormi et Dieu (La légende des siècles),
Ce que dit la bouche d'ombre et Demain
dès l'aube... (Les contemplations),
L'expiation et Fable ou histoire (Les
châtiments), Ce siècle avait deux ans et Ô
mes lettres d'amour (Les feuilles
d'automne) et Rencontre (Les rayons et
les ombres).
On peut encore ajouter à cette riche
carrière, sa participation à quelques
spectacles musicaux. Ainsi, en 1973, il est
47
le récitant de la longue causerie dans Lélio
de Berlioz, avec le choeur et l'orchestre
national de l'ORTF dirigé par Jean
Martinon. Ce mélodrame lyrique faisait
suite à La symphonie fantastique. En 1989,
il fait de même dans l'opéra-sacré en dix
tableaux Filius Hominis (Le fils de
l'homme) composé par Pierre Ancelin, sur
un livret écrit par le poète Raphaël Cluzel,
dont l'écriture de ce dernier accompagna
souvent le compositeur Henri Sanguet.
Entre temps, il aura fait quelques vocalises
dans les spectacles pour la jeunesse de
48
Chantal Goya, produits par Jean-Jacques
Debout.
Dans un tout autre genre, en 2001, pour la
radio Europe 2, il prêta sa voix aux jingles
des émissions de l'animateur Cauet. Il
renouvela l'expérience pour ce dernier
lors de son arrivée sur Fun Radio. On
notera encore qu'en l'année 2004, il s'est
fait récitant sur La Chouette enrhumée,
un opéra pour petites et grandes
49
personnes de Gérard Condé, d'après
Oscar Wilde. De même, accompagné par de
nombreux musiciens, il incarna l'écrivain
Collodi dans un enregistrement de
Pinocchio. Ce dernier était interprété par
Anouk Grimberg donnant la réplique à
Zabou Breitman et Jean-Pierre Cassel,
respectivement fée et Gepetto.
50
Plus récemment sur la radio culturelle, en
mars 2007, dans Poisson d'avril de Sophie
Bocquillon, il interpréta le rôle d'un ficus
du nom de Jonas, ayant quelques velléités
de contestation quant aux mauvais
traitements que le monde végétal subit de
la part de l'humanité. Cette fiction, sous
forme de cri d'alarme, était réalisée par
Christine Bernard-Sugy pour qui il joua
également dans Le petit colporteur où il
était question d'un chasseur de son, et
plus particulièrement de conversations
animalières, ainsi que dans Upstairs and
51
downstairs, hommage aux comédies
musicales de Minnelli, et en 1999, dans
L'affaire Frankenstein où il interprétait le
monstre dans cette histoire réunissant
Sherlock Holmes et Tarzan.
Ayant délaissé quelque peu les apparitions
scéniques, il continu tout de même à
déverser sa voix toujours aussi limpide sur
les ondes.
52
Jean Topart a fait partie de la troupe de
Jean Vilar dont l'un des derniers
survivants est Michel Bouquet.
53
Il a joué dans des classiques comme :
Don Juan de Molière,
Cette pièce relate la vie d'un personnage
infidèle, séducteur, libertin
blasphémateur, être de l'inconstance et
du mouvement. Dom Juan, jeune noble
54
vivant en Sicile accompagné de son fidèle
valet Sganarelle, accumule les conquêtes
amoureuses, séduisant les jeunes filles
nobles et les servantes avec le même
succès. Seule la conquête l'intéresse et
les jeunes femmes sont abandonnées dès
qu'elles sont séduites. Ses conquêtes lui
valent certaines inimitiés et certains duels
auxquels il ne se dérobe pas. Il affiche un
certain cynisme dans les relations avec ses
proches, remet en question les dogmes
religieux. Il aime les défis, jusqu'au défi
final : le repas avec la Statue du
55
Commandeur qui l'emportera dans l'au-
delà.
Jean Vilar poursuivit dans la voie ouverte
par Jouvet avec le Dom Juan qu'il
présenta en 1953 dans la cour d'honneur
du Palais des papes d'Avignon, puis au
théâtre de Chaillot, obtenant également un
immense succès : la pièce y fut jouée
pendant cinq ans, attirant plus de 370 000
spectateurs.
Dans un décor dépouillé, un Dom Juan sec
et froid (Jean Vilar) se montrait
déterminé dans son défi lancé à l'ordre
56
social et à l'ordre divin. Face à lui, Daniel
Sorano interprétait un Sganarelle qui en
était à la fois le complément indispensable
et l'antithèse exacte : son costume était
coloré quand celui de Don Juan était noir,
et ses réactions de pantin de comédie
italienne faisaient contrepoint avec la
rigidité glaciale de son maitre.
Macbeth de William Shakespeare, 57
La Norvège et l'Écosse se livrent une
bataille où Macbeth, cousin du roi Duncan
et chef de son armée, s'illustre par son
courage, sa persévérance et sa loyauté.
Revenant victorieux, Macbeth, duc de
Glamis, rencontre trois sorcières qui
l'accueillent en lui donnant trois titres
différents : duc de Glamis, duc de Cawdor
et futur roi. Quant à Banquo, général et
ami de Macbeth qui l'accompagne, elles lui
promettent une descendance de roi. Puis,
sans donner plus d'explications, elles
disparaissent.
58
Peu de temps après, deux seigneurs
envoyés par Duncan (le roi) viennent
annoncer à Macbeth qu'il le nomme duc de
Cawdor pour le récompenser. Macbeth fait
part de cette rencontre à son épouse, mais
elle le pousse tout de même à assassiner
Duncan.
Les fils de Duncan (Malcolm et Donalbain)
s'enfuient, de peur de se faire tuer à leur
tour, laissant le trône à Macbeth. Ce
dernier vit dans la crainte de perdre sa
couronne et les remords s'emparent de lui
à cause de l'acte qu'il a commis.
59
Le mariage de Figaro de Beaumarchais,
Comme le Barbier de Séville, cette pièce
reçoit un accueil chaleureux du public.
Selon Beaumarchais toujours : « La plus
badine des intrigues. Un grand seigneur
espagnol (un héros picaresque ou picaro),
amoureux d’une jeune fille qu’il veut
séduire, et les efforts que cette fiancée,
60
celui qu’elle doit épouser et la femme du
seigneur, réunissent pour faire échouer
dans son dessein un maître absolu, que son
rang, sa fortune, sa prodigalité rendent
tout-puissant pour l’accomplir. Voilà rien
de plus. La pièce est sous vos yeux ».
L'originalité et l'intérêt de la pièce sont
ailleurs, dans la critique des abus de
l'époque. L'intrigue masque les messages
sociaux dans un mouvement de débauche,
de gaieté et d'énergie. Figaro veut
épouser Suzanne. Marceline, la vieille
gouvernante de Bartholo, veut épouser
61
Figaro qu’elle tient par la reconnaissance
de dette qu’il a jadis signée. Elle n’a pas
encore reconnu en lui le fils qu’elle a jadis
perdu. Le comte Almaviva (l’ancien
partenaire de Figaro est devenu son
adversaire) prétend ravir Suzanne à
Figaro. La comtesse Rosine espère bien
reconquérir son époux volage. Le jeune
Chérubin, amoureux de sa marraine, fait
figure de rival ingénu du comte, dont il
suscite la colère…
Il s’agit véritablement d’une comédie
d’intrigue, mais aussi d’une comédie
62
satirique puisque la justice est ridiculisée.
La condition des femmes est évoquée : «
traitées en mineures pour nos biens,
punies en majeures pour nos fautes »
s’exclame Marceline. Les injustes
privilèges de la société féodale sont
dénoncés « vous vous êtes donné la peine
de naître, rien de plus » remarque à juste
titre Figaro dans sa tirade à l’acte V scène
3. Beaumarchais remet donc en cause le
principe de la naissance. Ainsi la rivalité
entre le comte et Figaro semble un conflit
historique ou politique entre un Ancien
63
Régime moribond, s’accrochant à ses
privilèges iniques, et un monde nouveau
plein de jeunesse, de promesses et
d’incertitudes. Le Mariage de Figaro n’est
certes pas une pièce révolutionnaire, (il
s’en défend d’ailleurs dans sa préface,
même si cela semble aussi une manière de
se protéger des censeurs) mais il justifie
sans doute le mot de Beaumarchais : « qui
dit auteur dit oseur ». Cette pièce a été
censurée pendant 4 ans et interdite
durant l'occupation allemande. Elle
dénonce les abus de l'époque, les
64
privilèges et l'ancien régime. Sa critique
exposée de manière théâtrale est osée
puisqu’elle est présentée directement à un
public dont la réaction est immédiate.
Ou des textes contemporains comme
Henri IV de Lugi Pirandello,
La pièce se déroule sur une journée. Elle
65
met en scène un personnage (jamais
nommé) qui se prend pour l'empereur
Henri IV du Saint-Empire depuis une
chute de cheval survenue vingt ans
auparavant. À l'instigation de son neveu le
Comte de Nolli, son entourage se prête à
sa folie et joue la cour de l'empereur.
Lorsque la pièce commence, la sœur du
personnage central, mourante, a fait venir
un dernier docteur pour tenter de soigner
son frère. Le docteur est accompagné de
trois personnes :
Frida, la fiancée de Nolli
66
Matilda, la mère de Frida, et l'ancien
amour du personnage central
Belcredi, vieil ami du personnage central
et amant de Matilda.
L'intrigue se développe entre les scènes
de cour, où chacun s'efforce de jouer plus
ou moins bien son rôle, et les
interrogations des personnages "sains
d'esprit". À l'acte II, "Henri IV" annonce
qu'il est guéri depuis plusieurs années, et
qu'il fait seulement semblant. Confronté à
la colère de ses visiteurs, il finit par
poignarder Belcredi, qu'il accuse d'avoir
67
causé son accident par jalousie. Au
moment où le rideau tombe, il se réfugie à
nouveau dans la folie.
Ce Fou de Platonov de Anton Tchekhov
Anna Petrovna, jeune veuve, invite chaque
été un groupe d'amis chez elle en
villégiature dans sa maison de campagne.
Parmi eux, Platonov est un garçon qui
paraît être joyeux, qui aime la vie; mais en
68
réalité, il est tout le contraire,
manipulateur et cynique: Il aime que ses
amis s'intéressent à lui, il aime multiplier
les aventures, bien qu'il ait une femme,
Sacha, qu'il considère un peu comme sa
fille. Dans cette pièce, on a le portrait
d'un personnage ambigu qui sombre vers le
désespoir...
69
La résistible ascension d'Arturo Ui de
Bertolt Brecht,
La situation économique n’est pas très
bonne à Chicago. Voyant ses revenus
baisser, le trust du chou-fleur, dirigé par
le très aristocratique Clark, décide de
tâcher d’obtenir de l’argent par le biais de
subventions de la ville. Pour cela, il lui faut
obtenir la complicité du vieil
Hindsborough, responsable politique
respecté que le trust a toujours soutenu.
Mais Hindsborough semble incorruptible.
Ayant fait main basse sur la société de
70
transport de Sheet, Clark et ses alliés
offrent la moitié des actions de la société
à Hindsborough, qui finit par accepter. Il
reçoit également une maison de campagne.
De son côté, le chef de gang Arturo Ui
cherche à s’immiscer dans le trust. Son
heure arrive le jour où un de ses associés
lui amène Bowl, ancien collaborateur de
Sheet congédié par Hindsborough. Bowl
apprend à Ui qu’Hindsborough s’est laissé
corrompre et a soutenu contre pots de vin
l’attribution de subventions au trust par la
ville (subventions qui ont en fait été
71
détournées). Arturo Ui se rend chez
Hindsborough, lui fait comprendre qu’il est
au courant de l’affaire et pourrait tout
dévoiler. Il parvient de la sorte à imposer
sa présence dans le trust. Son projet est
en fait de racketter les marchands de
choux-fleurs de Chicago, leur imposant une
« protection » lourdement rémunérée
contre de soi-disant violences.
L’ascension d’Arturo Ui commence.
La vérité sur l’attitude d’Hindsborough
risque d’être dévoilée lors d’une réunion
agitée du conseil municipal. Mais les deux
72
témoins gênants possibles (Sheet et Bowl)
sont assassinés par les hommes de Ui,
lequel assure ainsi son pouvoir sur le trust.
Il prend maintenant des cours de diction
et de maintien ; puis, soutenu par Clark, il
harangue les marchands de choux-fleurs
de Chicago, dans un discours qui conjugue
démagogie et intimidations. Un marchand
qui tente de contester les affirmations
d’Arturo voit ses entrepôts brûlés. Au
terme d’une parodie de procès, dominé par
la violence des hommes de Ui, c’est un
innocent, drogué par un médecin comparse,
73
qui sera condamné.
Hindsborough est mourant. Gori et
Gobbola, lieutenants de Ui, rédigent un
faux testament au terme duquel le pouvoir
sur Chicago sera confié à Arturo Ui. Mais
les ambitions du gangster dépassent
maintenant la ville, – il souhaite s’emparer
de Cicero, ville dirigée Ignace Dollfoot,
dont la presse est très sévère à l’égard
des méthodes du trust et d’Arturo.
Les tensions sont vives entre les trois
lieutenants de Ui : Gori, Gobbola et Roma.
Roma sera finalement éliminé pour
74
faciliter la conquête de Cicero. Les
gangsters assassinent ensuite Dollfoot,
assurant ainsi à Arturo le pouvoir total sur
le commerce du chou-fleur dans les deux
villes.
Tout est désormais en place pour la
conquête d’innombrables autres cités.
75
2. Une filmographie peu banale
Quand on se penche sur sa filmographie,
on découvre son premier grand rôle au
cinéma, celui -déjà!- du narrateur dans Les
Misérables avec Jean Gabin, mis en scène
par Jean-Paul Le Chanois en 1958.
76
Les années 60 le voient jouer dans des
films de cape et d'épée -deux adaptations
très sages du Chevalier de Pardaillan avec
le Errol Flynn français, Gérard Barray,
Dans la France du XVIe siècle, les
prouesses du chevalier de Pardaillan au
secours de la belle bohémienne « Violetta
», en réalité Isabelle, fille du comte
d'Entraigues et proie de l’ennemi juré de
77
celui-ci, le duc Henri de Guise. Pardaillan
et Isabelle tombent amoureux et le preux
chevalier n’aura de cesse de soustraire sa
bien-aimée aux hommes du duc de Guise
jusqu’à l’avènement du bon roi Henri IV.
78
ainsi que Bernard Borderie avec qui il
tournera Angélique Marquise des Anges-
79
80
Léopold, un quadragénaire sensible,
bourru, volontiers tyrannique est
résolument misogyne : il demeure marqué
par l'amour déçu... qui l'a fait s'exiler il y
a vingt ans : Marie-Thérèse était sourde à
sa passion. De retour d'Afrique, il passe
ses vacances avec son frère qui est abbé,
81
dans la maison de campagne familiale.
Leurs neveux, Martial et Lucienne sont là
aussi : Martial adore Lucienne, mais n'ose
le lui montrer et elle ne sait trop où elle en
est de ses sentiments...
C'est par hasard, grâce à un curieux
postier du service des lettres tombées au
rebut que Léopold apprend qu'une lettre
de Marie-Thérèse ne lui est pas parvenue,
jadis, lettre dans laquelle elle lui déclarait
qu'elle était toute à lui et l'attendait.
Cette nouvelle bouleverse Léopold : il était
donc aimé ! Le voilà transformé, rajeuni,
82
affabulant sur la joyeuse vie qu'il aurait
pu mener... S'il avait su qu'il pouvait plaire
! Sachant Marie-Thérèse veuve, il l'invite
à passer huit jours dans la maison
familiale. Elle vient, il est déçu. Il se vante
auprès d'elle de conquêtes imaginaires.
Elle ne le retrouve pas...
83
"La Main Noire" est une organisation
terroriste albanaise, dont le chef, Zhan
Raur est atteint du désir de puissance. Il
est entouré d'hommes musclés et de trois
femmes. Zhan Raur attend avec
impatience la visite d'un correspondant,
84
Thomas Asher qui doit lui amener des
documents précieux. Mais le soi-disant
correspondant est en fait un agent du
FBI...
3. Une voix sans pareil
La force de Jean Topart: cette voix qui
marque le téléspectateur. Sans son
célèbre timbre, de nombreux dessins
85
animés cultes comme Lady Oscar, Les
Mystérieuse Cités d'or, Sans Famille,
Ulysse 31 auraient manqué de piquant.
Peu de gens le savent il a aussi été la voix
de Francis Blake dans deux adaptations
des aventures Edgar P. Jacobs, Le
Mystère de la Grande Pyramide et La
Marque Jaune.
86
En outre, Jean Topart a longtemps été la
voix de Christopher Lee qu'il a doublé
87
dans Les Cicatrices de Dracula
et Sleepy Hollow.
Le doublage lui permet ainsi d'incarner
Salieri dans le Amadeus de Milos Forman
88
en 1984.
Pour les plus jeunes, Jean Topart a aussi
été la voix-off de Cauet à la radio!
4. Un acteur qui a marqué la télévision
La télévision a permis à Jean Topart de
s'exprimer davantage. Dans les années 60,
89
il marque les esprits dans Rocambole, où il
joue le personnage Sir Williams, éternel
rival de Pierre Vernier qui joue le rôle-
titre.
Ce personnage ferait presque passer
Fatalis pour la Dalaï-lama.
90
Rocambole est un feuilleton télévisé
français composé de trois époques
totalisant 78 épisodes de 13 minutes, créé
par Jean-Pierre Decourt d'après le
roman-feuilleton éponyme de Ponson du
Terrail. Il a été diffusé du 18 avril 1964
au 10 mai 1965 sur la deuxième chaîne de
la RTF puis de l'ORTF sous les titres
91
suivants :
L'Héritage mystérieux (1re époque)
Les Étrangleurs (2e époque)
La Belle Jardinière (3e époque)
Dans la tradition des feuilletons publiés
dans les journaux du xixe siècle, ce
feuilleton relate les aventures de
Rocambole, rôdeur de barrière repenti,
devenu justicier en marge de la société et
vivant une étrange passion d'amour/haine
avec son mentor Sir Williams, incarnation
du mal s'opposant à l'ex-jeune coquin
devenu, par réaction, défenseur du bien.
92
Il n'est pas indifférent de noter qu'à la
fin de la troisième époque, lors du duel
final, ce n'est pas Rocambole qui tue Sir
Williams mais bien son double Potoniev.
Cette véritable conversion de Rocambole a
une profondeur qui place à part cette saga
dans le paysage feuilletonesque du XIXe
siècle et en fait une œuvre infiniment plus
complexe qu'il y paraît de prime abord.
Personnages récurrents
Pierre Vernier : Rocambole / le major
Avatar / van Bucke (l'homme gris)
Jean Topart : Andréa de Felipone / Sir
93
Williams / George Stowe / le prince
Potoniev (double rôle dans la 3e époque)
René Clermont : Monsieur de Beaupréau
Marianne Girard : Louise Crochet /
Baccarat / Aspasie d'Avranches
Jeanne Herviale : "Maman" Fippart
Raoul Curet : Colart puis le Pâtissier
Jean Heynau : Mourax
Maurice Chevaly : Nicolo
Michel Puterflam : "Mort des braves"
Alain Dekock : Marmouset
94
Il a en outre été longtemps une guest star
des Cinq dernières minutes
Enquête policière dans le milieu des
95
antiquaires et des brocanteurs. Thérèse,
la nouvelle petite amie - un peu godiche -
de Martin Lagache le brocanteur, ignore
que dans ce métier, la chance appartient à
ceux qui se lèvent tôt, pour saisir les
bonnes occasions qui se présentent sous
forme de déménagements dans les beaux
quartiers de Paris... Qui n'est pas sur
place aux aurores se fait "griller" par les
confrères ! Avec Thérèse et une
guimbarde qui démarre et s'arrête quand
elle en a envie, il ne pouvait en être
autrement : quand on arrive chez Gilles
96
Pierrefort, le célèbre antiquaire du
faubourg Saint Honoré, un certain Simond
est déjà là et il refuse de céder à Martin
le moindre bibelot. Or Martin a pour
principe de ne jamais se déplacer pour
rien. Il s'empare en douce de ce qu'on ne
veut pas lui donner, sans le moindre
scrupule. Un coffret de rouleaux de
phonographe, c'est si facile à dissimuler
sous le poncho de Thérèse... Il ne sait pas
encore que ces rouleaux vont bouleverser
sa vie, avant de la lui faire perdre... Mots
clés : enquête de police ; antiquaire ;
97
brocanteur .
Il fut auss sociétaire d'Au théâtre ce
soir.
À Folkestone, le neuropsychiatre Laurence
Jeffries monte un stratagème pour se
venger de l’infidélité de sa femme partie
retrouver son amant à Paris. Il persuade
un dangereux malade amnésique que celui-
ci est le mari bafoué et le met sur la piste
98
parisienne...
Ci-dessous en 1959 à la télévision, en
majordome, dans Le Testament du
Docteur Cordelier de Jean Renoir où il
côtoie Michel Vitold et Jean-Louis
Barrault.
99
Mais aussi narrateur dans un autre grand
feuilleton des années 60 « Belphégor »
100
« Paris 130000 bretonnes 3000
américaines 3500 allemandes 1 500 000
parisiens. La rue de la Paix, l’Opéra, les
Champs Elysées, le marché aux puces. Oui
les puces c’est ça apparemment rien de
très remarquable, vieux meubles, bibelots
démodés, bric à brac, mais on y fait parait
il des affaires extraordinaires. Vrai, faux
l’important est que la légende existe, le
monde moderne a autant besoin de rêves
que de certitudes. Des objets, des gens
pittoresques, bizarres, curieux, insolites
bref des gens dont on ne sait pas toujours
101
ce qu’il faut en penser. »
5. La voix des docs et des pubs
Vous vous souvenez certainement de la
publicité de 1987 qui faisait la promotion
du kiwi de Nouvelle-Zélande. On entendait
alors la célèbre voix de Jean Topart
vanter les mérites du fruit.
Une seule chose aura manqué à sa
carrière: la mise en scène au théâtre ou au
102
cinéma. L'acteur était un pont entre les
cultures, la populaire et la plus élitiste.
103
BONUS
104
On ne peut évoquer Jean Topart sans
rappeler la mémoire de sa petite sœur,
Lise Topart. Tandis que lui, né le 13 avril
1922, avait entrepris des études de
médecine, la jeune Lise, née le 24 août
1927, débute une fulgurante carrière,
d'abord au théâtre.
Elève de Marie Ventura -elle entraînera 105
son grand frère dans ce cours- elle
illumine Le Grand Poucet de Claude-André
Puget. Gaston Baty l'a remarquée et met
en scène la pièce au Théâtre
Montparnasse. Elle a 16 ans. Dès la saison
suivante, elle jouer dans Rosiers blancs de
Simone Le Bargy aux Mathurins. Une mise
en scène de Marcel Herrand. Dans ces
années là, elle doit côtoyer une jeune
espagnole ténébreuse et belle, Maria
Casarès.
Lise Topart était très belle et le frère et
la sœur se ressemblaient d'ailleurs
106
beaucoup. Un haut front, un visage plein,
un nez rond, quelque chose de doux et
sensuel dans tout l'être.
Très vite la jeune Lise Topart fit du
cinéma en même temps que du théâtre.
Ainsi avec Marcel Herrand, elle jouera en
1950 dans Le Bal du Lieutenant Helt de
Gabriel Arout et, la même année, toujours
aux Mathurins, dans Le Château du
carrefour d'Odette Joyeux.
Entretemps, elle travaille également avec
Jacques Tournier dans Marie-Anne
Victoire au Studio des Champs-Elysées en
107
1945 et avec Jean Wall qui monte Rebecca
de Daphné du Maurier au Théâtre de
Paris. Elle jouera également sous la
direction de Raymond Rouleau dans Le
Voleur d'enfants de Jules Supervielle, en
1948, au Théâtre de l'œuvre et encore
sous la direction de Michel Vitold dans
Notre Peau de José-André Lacour en
1950.
Dès 1946, elle entame une belle carrière
au cinéma. Sylvie et le Fantôme de Claude
Autant-Lara, elle est une délicieuse
Mariette dans Les Gosses mènent
108
l'enquête de Maurice Labro. On la voit
également dans Contre-enquête de Jean
Faurez en 47 et dans La Cage aux filles de
Maurice Cloche en 49.
Mais le destin de la jeune femme sera
tragique. Le 3 mars 1952, l'avion d'Air-
France Nice-Paris, un Languedoc, les
quadri moteur à hélices de l'époque,
s'écrase au décollage. Tout le monde est
tué, et avec Lise Topart, 24 ans, Michèle
Verly et Harriett Toby, deux autres
artistes. Son frère Jean demeurera
marqué toute sa vie par cette tragédie.
109
2EME BONUS
110
Dans Siegfried et le Limousin, j'ai raconté
l'histoire d'un Français privé de la
mémoire par une blessure reçue à la
111
guerre, rééduqué sous le nom de Siegfried
par ceux qui l'ont recueilli dans une nation
et des moeurs qui ne sont pas les siennes,
et ramené par des amis à son ancienne vie.
Cette idée était si dramatique que, comme
tous les grands drames, elle a été réalisée
depuis par le sort. Je tiens, en ce qui
concerne ce sujet, à bien affirmer mon
droit de priorité vis-à-vis de la
Providence, et je ne pouvais mieux confier
ma cause qu'à la Société des Auteurs
dramatiques. je suis donc passé du roman
au théâtre. Le roman a pour but
112
d'apporter dans chaque cœur de lecteur, à
domicile, par une douce pression, un
balancement à l'imagination ou à la
délectation sentimentale. Ce n'était
vraiment pas ce que je cherchais cette
fois car j'avais à parler de l'Allemagne, et
le mégaphone lui-même n'est pas assez
sonore dans ce cas. La question franco-
allemande est la seule question grave de
l'univers. Tous les autres problèmes
relèvent de la finance ou de la calamité.
FIN
113