Trivium Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales - Deutsch-französische Zeitschrift für Geistes- und Sozialwissenschaften

16 | 2014 La représentation politique Die politische Repräsentation

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/trivium/4771 DOI : 10.4000/trivium.4771 ISSN : 1963-1820

Éditeur Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme

Référence électronique Trivium, 16 | 2014, « La représentation politique » [En ligne], mis en ligne le 05 février 2014, consulté le 10 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/trivium/4771 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ trivium.4771

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Un diagnostic du temps présent met en évidence un paradoxe : le mot de démocratie est devenu internationalement un synonyme de « bon régime », et le modèle du gouvernement représentatif fondé sur l’élection libre et la compétition des partis n’a jamais été aussi répandu dans la planète. Cependant, la légitimité des représentants élus tend à décroître dans les « vieilles » démocraties tandis que dans les pays qui instaurent une démocratie libérale après la chute d’un régime autoritaire ou d’une dictature, le désenchantement s’installe le plus souvent très rapidement. Pour être pleinement comprise, une telle situation appelle des enquêtes sur un élément central de la démocratie moderne : la représentation politique.

Ce numéro a été réalisé avec le soutien de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) ainsi que de la DGLFLF. Eine Diagnose unserer Gegenwart offenbart eine Paradoxie: Das Wort »Demokratie« ist international zu einem Synonym für ein »gutes politisches System« geworden, und noch nie war das Modell der aus freien Wahlen und Parteienkonkurrenz hervorgehenden repräsentativen Regierung weltweit so verbreitet wie heute. Andererseits büßen die gewählten Volksvertreter in den »alten« Demokratien tendenziell immer mehr an Legitimität ein, während sich in Ländern, die nach dem Sturz eines autoritären Regimes oder einer Diktatur eine liberale Demokratie einführen, oft in kurzer Zeit Enttäuschung und Ernüchterung breit machen. Um diese paradoxe Situation wirklich zu verstehen, müssen wir uns einem zentralen Element der modernen Demokratie zuwenden: der politischen Repräsentation.

Diese Ausgabe wurde publiziert mit Unterstützung der Deutschen Forschungsgemeinschaft (DFG), der Agence Nationale de la Recherche (ANR) sowie des franzözischen Ministeriums für Kultur (DGLFLF).

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SOMMAIRE

Introduction Einleitung

Introduction Paula Diehl, Yves Sintomer et Samuel Hayat

Einleitung Paula Diehl, Yves Sintomer et Samuel Hayat

Textes traduits en francais Französische Übersetzungen

La représentation : une histoire du concept Adalbert Podlech

Mise en scène et représentation de la politique aujourd’hui. Ronald Hitzler

La représentation politique dans la démocratie Gerhard Göhler

Démocratie et représentation : pour une critique du débat contemporain Ernst Wolfgang Böckenförde

Textes traduits en allemand Deutsche Übersetzungen

»Spiegel-Repräsentation« versus Parität. Die parlamentarischen Debatten über Geschlechterparität im Lichte politischer Repräsentationstheorien Catherine Achin

Die Zeit der Arbeiterseparierung Pierre Rosanvallon

Sollten wir nicht mal über Politik reden? Bruno Latour

»Repräsentation« und ihre Bedeutung Roger Chartier

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Introduction Einleitung

Einleitung

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Introduction

Paula Diehl, Yves Sintomer et Samuel Hayat

Un diagnostic du temps présent met en évidence un paradoxe : le mot de démocratie est devenu internationalement un synonyme de « bon régime », et le modèle du gouvernement représentatif fondé sur l’élection libre et la compétition des partis n’a jamais été aussi répandu dans la planète. Cependant, la légitimité des représentants élus tend à décroître dans les « vieilles » démocraties tandis que dans les pays qui instaurent une démocratie libérale après la chute d’un régime autoritaire ou d’une dictature, le désenchantement s’installe le plus souvent très rapidement. Pour être pleinement comprise, une telle situation appelle des enquêtes sur un élément central de la démocratie moderne : la représentation politique.

Très longtemps, ce concept a été traité sous un angle exclusivement institutionnel et juridique, centré sur l’action des représentants. Or, la représentation politique ne concerne pas seulement les pratiques électorales, les procédures institutionnelles et les relations entre représentants et représentés. Elle englobe aussi les conceptions, les imaginaires et les symboles de la démocratie ; elle inclut la mise en scène des représentants, la symbolisation de l’État et l’évocation des représentés par les représentants. Elle se déploie dans des dynamiques informelles. La réalité politique se configure, se structure et se transforme à travers des pratiques multidimensionnelles. Il est nécessaire de considérer la représentation politique dans une perspective interdisciplinaire qui prenne en compte les enquêtes sociologiques comparatives, mais aussi une réflexion historique et théorique sur cette notion.

Le terme de représentation, avec la richesse sémantique dont il est doté en français comme dans l’acception plus restreinte qu’il revêt en allemand, a une histoire complexe qui a été travaillée des deux côtés du Rhin, sans cependant que les recherches menées aient vraiment dialogué les unes avec les autres au-delà des frontières nationales. La même chose pourrait être avancée sur le plan théorique. Une chose rapproche cependant les deux pays aujourd’hui : quoiqu’avec des temporalités différentes, une manière de penser la représentation politique a imposé son hégémonie en considérant comme équivalents représentation politique et représentation- mandat (Vertretung) ou du moins en les en superposant. A cette équivalence entre représentation politique et représentation-mandat vient s’en superposer une autre, entre représentation et élection : il semble évident que les représentants politiques soient par excellence, voire exclusivement, les élus. Les autres formes ou dynamiques de représentation seraient soit accessoires, soit devant être considérées comme des dimensions connexes de cette identité fondamentale. Une telle manière de voir s’est imposée dans les médias, les cercles politiques et la

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science politique des deux pays. C’est précisément cette identification que le présent numéro de Trivium voudrait interroger.

Cette manière de penser n’est pas spécifique à la France et à l’Allemagne. Elle est largement partagée dans les pays du Nord global mais aussi, par contrecoup, dans beaucoup d’autres pays. A l’échelle internationale, la tradition de pensée la plus importante est celle qui est née dans le monde anglo-saxon à partir de l’ouvrage de Hannah Pitkin, The Concept of Representation1. Ce livre a marqué une césure dans les réflexions théoriques sur la représentation politique, et sa typologie a progressivement été utilisée dans nombre d’enquêtes empiriques. Pour le meilleur et pour le pire, elle fait aujourd’hui mondialement référence – il faut cependant noter que l’ouvrage n’est aujourd’hui traduit ni en français, ni en allemand. Dans une optique analytique, Pitkin aborde différents auteurs ayant théorisé la représentation et mène de front deux tâches. Elle propose d’abord une typologie organisant les différentes conceptions de la représentation mises en œuvre par ces auteurs autour de quatre grandes catégories. La première est la représentation dite formelle, qui a lieu avant ou après l’acte de la représentation et lie le représentant et le représenté par la procédure d’autorisation avant l’acte de la représentation et par la reddition des comptes (accountability) après que le représentant ait agi en lieu et place du représenté. La deuxième est celle de représentation descriptive, où le représentant remplace (stand for) le représenté sur le base d’une similitude de caractéristiques. La représentation descriptive préssupose une identité culturelle, sociale ou géographique partagée par représentants et représentés et a un effet miroir par lequel ces derniers se reconnaissent dans les représentants. La troisième catégorie, la représentation symbolique, pointe les méchanismes symboliques de la représentation. Cette catégorie ne comprend pas seulement les représentants politiques mais inclut les symboles, les rituels et les images. Piktin critique cette acception du terme parce qu’elle est fondée sur les croyances des représentés et qu’elle désigne potentiellement une manipulation de ceux-ci par les représantants, mise en œuvre en particulier dans les régimes totalitaires. Enfin, la quatrième catégorie est la représentation substantielle, où le représentant agit pour (act for) pour le représenté.

La deuxième tâche menée par Pitkin est l’élaboration du concept de représentation censé être le mieux adapté la sphère politique. Partant d’une méthode analytique étudiant les usages ordinaires des concepts en anglais, Pitkin définit la représentation politique comme une manière d’agir du représentant (ou d’un système représentatif), caractérisée par sa réactivité (responsiveness) : il doit agir dans l’intérêt de ses mandants tout en étant réactif à l’expression de leurs souhaits2. S’il n’y a pas de contradiction entre ces deux tâches, bâtir une typologie et définir le véritable sens de la représentation politique, c’est qu’elles se fondent toutes deux sur un même présupposé : la représentation aurait un sens identifiable, il ne s’agirait pas d’une notion « vague et fluctuante » mais d’un « concept unique et très complexe qui n’a guère bougé dans sa signification de base depuis le 17ème siècle ». C’est sur la base de cette unité sémantique qu’il serait possible d’approcher les différentes conceptions de la représentation comme des visions différentes d’un concept unique, selon lequel représenter, c’est « rendre présent en un certain sens quelque chose qui n’est néanmoins pas littéralement ou réellement présent3 ». Il est donc possible et nécessaire d’en offrir une définition suffisamment complexe pour qu’elle puisse rendre compte de façon englobante des multiples sens qui ont été donnés au mot par les théoriciens, mais aussi assez précise pour que l’on puisse déterminer quel sens est le plus adéquat à un usage politique.

L’approche pitkinienne pose d’importants problèmes. D’abord, elle bâtit essentiellement son concept politique de représentation sur la représentation-mandat (Vertretung), l’acting for, et en particulier sur celui des représentants élus. Ensuite, l’optique analytique choisie passe largement à côté de la diversité des contextes socio-historiques à partir desquels les mots sont construits et prennent sens. Elle naturalise la notion à partir de son usage en anglais contemporain, celui,

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précisément, qui identifie représentation et mandat (électoral). En conséquence, le concept englobant qui est avancé ne réussit guère l’impossible synthèse qu’il se proposait d’effectuer. Il n’est qu’une version complexifiée de la représentation-mandat et laisse de côté des dimensions qui peuvent sous un autre éclairage sembler tout aussi importantes que cette dernière. Enfin, l’idée même d’une unité conceptuelle de la représentation autour de l’activité de rendre présent quelque chose d’absent est problématique. Elle laisse de côté un ensemble de significations du terme représentation qui renvoient à la présentification et mise en scène de caractéristiques, d’idées, de connotations qui ne sont pas préalablement absentes, mais qui sont produites par la représentation elle-même. Les difficultés auxquelles se heurte cette ambitieuse construction signent probablement l’échec de toute volonté de synthèse globale, en même temps qu’elles soulignent les limites d’une approche purement analytique de la question.

Cependant, les tentatives de reprendre de façon systématique la question de la représentation politiques n’ont guère été nombreuses. Il importe d’ouvrir de nouveau ce chantier. Pour ce faire, il est important de tirer les leçons du passé et de souligner la polysémie du mot français (ou anglais) de représentation. L’aborder dans une perspective franco-allemande soulève immédiatement un problème majeur : les termes sont loin de se recouper. En français, le mot « représentation » est d’un usage très courant et il rassemble une série de significations en apparence très éloignées les unes des autres. L’activité politico-juridique de représentation peut signifier le fait d’avoir un mandat pour agir au nom d’autres personnes, mais aussi d’incarner une collectivité, l’État ou ses institutions. La langue courante allemande n’interdit pas aujourd’hui ce double usage, mais l’opposition entre le mandat et l’incarnation a pu être exprimée conceptuellement par les mots de Vertretung et Repräsentation (Schmitt). Cette dichotomie a longtemps marqué la théorie politique allemande. En français, la représentation désigne en outre les images mentales que les individus se font de réalités extérieures non présentes (une notion que l’allemand nomme entre autres par le terme de Vorstellung), un sens travaillé en particulier dans l’article de Roger Chartier. Elle peut aussi signifier la présentation (Darstellung) de ces idées devant un public, à travers des symboles (Marianne est ainsi censée la République française, l’aigle le Reich germanique) mais aussi par des représentants « en corps », qui sont nécessairement « en représentation » lorsqu’ils jouent un rôle public. Comme le montre Chartier dans son article, cela implique que, dans un cas, le représenté absent est présentifié dans la représentation, tandis que dans le second, le représenté est présent et se met lui-même en scène. Cette seconde manière de représenter peut en particulier être rendue en allemand par le terme de Selbstdarstellung, et l’article de Ronald Hitzler est largement consacré à cette dimension de la représentation politique. En Allemagne, l’usage commun des mots mais aussi la fusion opérée par Schmitt entre représentation-incarnation et représentation symbolique avaient poussé plusieurs auteurs à rejeter ou négliger le concept symbolique de la représentation, et cette situation ne s’est modifiée qu’avec les travaux interdisciplinaires menés autour de Gerhard Göhler dans les années 1980.4 Enfin, « représentatif » peut aussi, en français comme en allemand cette fois, impliquer l’idée d’une représentativité de type statistique entre le représentant et le représenté, une représentation descriptive – une extension sémantique qui n’est aucunement évidente, puisque certaines conceptions de la représentation politique insistent au contraire sur le fait que les représentants doivent à l’inverse se distinguer des représentés5.

La difficulté vient du fait que passer d’une langue à l’autre n’implique pas seulement sur ce plan de jouer en allemand sur une pluralité de termes là où le français aurait un mot polyvalent. La Vorstellung et la Darstellung ne peuvent être traduites systématiquement par représentation en français, car elles ont aussi d’autres sens. Les chaînes d’équivalences sémantiques que permet la polyvocité des termes et, inversement, les lignes de découpe du réel à l’aide des mots, jouent donc de façon différente dans les deux langues. Toute traduction intégrale, même excellente, en faisant disparaître ces chaînes d’équivalences et ces frontières, constitue une perte. Le problème

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est renforcé lorsque des traducteurs différents utilisent, sans que la qualité de la traduction soit en cause, des termes contrastés pour rendre une même expression, ce qui rend plus difficilement perceptible le jeu des intertextes. Il faudrait pour éliminer ce problème laisser systématiquement l’original du mot traduit entre parenthèses lorsque « représentation » ne traduit pas « Repräsentation » mais « Vertretung », « Darstellung » ou « Vorstellung », voire Abbildung ou Veranschaulichung ; ou inversement, lorsque « représentation » n'est pas traduite par « Repräsentation » mais par l’un de ces termes (dans le texte de Chartier, il arrive que trois d’entre eux soient employés dans le même paragraphe) ; ou encore, lorsque « Vertretung » est traduite par « défense » ou « mandat », et « élu » par « Vertreter » ; ou lorsque « Darstellung » est traduite par « présentation », par « figuration », voire par « traduction » ou « incarnation » - ces exemples étant pris dans les textes qui composent le numéro. L’élégance de la traduction et sa lisibilité conceptuelle entrent alors en conflit. Le choix qui a été fait dans ce numéro a été d’essayer d’équilibrer au mieux ces deux aspects, mais la tension susbiste, rendant nécessaire une réflexion approfondie et collective sur les enjeux de traduction dans les études sur la représentation.

Étendre le champ de la comparaison linguistique complexifierait encore le panorama. Globalement, les langues latines donnent au mot de « représentation » la même extension que le français, l’italien différenciant toutefois la représentation symbolique (rappresentazione) de la représentation politique (rappresentanza).6 L’anglais suit sur ce point les langues néo-latines. A l’inverse, si le chinois a importé à l’issue d’un processus complexe le terme occidental de représentation politique (traduit par daibiao), s’il en a dérivé un mot apparenté de représentativité statistique (daibiaoxing), si la représentation comme performance (biaoyan) en partage l’un des caractères, la représentation comme art de représenter la réalité se dit avec un mot totalement différent (miaohui). En persan, la représentation politique et la représentation théâtrale ont une racine commune, mais la représentation mentale, la représentation picturale et la représentativité statistique sont désignées par des mots qui n’y sont pas apparentés et ne le sont pas non plus entre eux. On pourrait ainsi multiplier de tels exemples dans des langues non occidentales.

Or, les mots ont une incidence forte sur les sciences sociales et sur la manière de penser la société ; ils ont une efficacité performative, en particulier lorsqu’ils se traduisent dans des catégories juridiques ou des répertoires de légitimation. C’est donc la construction sociale de la réalité de la « représentation » qui s’effectue potentiellement dans des dynamiques différentes en fonction des contrastes linguistiques. Sans aller jusqu’à un nominalisme radical, qui interdirait de penser la « représentation politique » telle que l’entend le français contemporain dans des sociétés ou à des époques où le mot, avec ses différentes acceptions, ferait défaut, il faut prendre la mesure de ces décalages. Ceux-ci ne sont pas simplement linguistiques. Ils impliquent les constructions conceptuelles, dont ils constituent le soubassement tandis que ces dernières ont en retour contribué à forger la langue. En français, l’ambiguité sémantique du terme « représentation » est généralement peu thématisée, voire négligée, ce qui pousse à penser en un bloc des dynamiques analytiquement distinctes, au risque de confusion ou de court-circuits conceptuels, en particulier entre la représentation juridico-politique (Repräsentation et/ou Vertretung) et la représentation symbolique (Darstellung, Vorstellung et certaines version de la Repräsentation). En allemand, à l’inverse, des articulations opérées de façon intuitive en français sont plus difficilement perçues et des différenciations analytiques entre Repräsentation, Vertretung, Vorstellung et Darstellung peuvent plus facilement déboucher sur des oppositions conceptuelles.

Dans un tel contexte, le détour historique comme le détour linguistique aboutissent à provincialiser les élaborations théoriques anglo-saxonnes, françaises ou allemandes : celles-ci ne constituent pas la seule manière de penser et de nommer les phénomènes qualifiés de « représentation », mais une conceptualisation historiquement et socialement située. Comme le

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dit l’historien Carlo Ginzburg, il s’agit de « détruire la trompeuse familiarité que nous avons avec des mots, tel que “représentation”, qui font partie de notre langage quotidien.7 » Ce numéro entend contribuer à cette entreprise. Les textes français et allemands qui sont ici réunis permettent de relativiser la tradition anglo-saxonne, mais ils aident aussi à mieux penser et à mettre en regard deux traditions théoriques qui ont marqué l’Allemagne et la France.

En Allemagne, une ligne de pensée, qui s’est particulièrement épanouie lors de la République de Weimar, a tendu à opposer la Vertretung, la représentation-mandat, et la Repräsentation, la représentation-incarnation d’un groupe par la mise en scène publique de l’identité de celui-ci à travers la personne du représentant. Initialement, cette tradition intellectuelle s’est constituée dans une perspective conservatrice, voire de révolution conservatrice en la personne de , en insistant dans une veine hobbesienne sur la création démiurgique du groupe représenté par le représentant. Par la suite, on observe des développements démocratiques qui combinent plus qu’ils n’opposent Vertretung et Repräsentation, la fonction particulière de cette dernière reposant sur l’intégration sociale d’un groupe à travers des valeurs communes représentées dans des symboles, des textes constitutionnels ou des personnes. On trouve de tels développements dans des travaux allant d’Eric Voegelin à Gerhard Göhler et à Paula Diehl.8 Cette tradition de pensée a été particulièrement attentive à la représentation symbolique, comprise dans une conception vaste où, à l’inverse de Schmitt, l’idée de l’incarnation n’est plus le point d’ancrage pour comprendre la légitimité politique. Cette perspective nouvelle dépasse la dichotomie entre Vertetung et Repräsentation et établit un rapport de complémentarité entre représentation-mandat et représentation symbolique pour penser les démocraties contemporaines. Les contributions d’Ernst-Wolfgang Böckenförde et Gerhard Göhler ici rassemblées constituent des moments marquants dans ce type de réflexion. Pierre Bourdieu est sans doute en France celui qui s’est le plus approché de telles problématiques9, mais il l’a fait sans guère se référer à cette tradition allemande et les variantes démocratiques de celle-ci sont presque inconnues dans l’Hexagone.

En France, c’est un certain républicanisme qui s’est imposé. Il a lui aussi conservé une dimension théologico-politique dans sa conception de la représentation : les doctrines républicaines de la souveraineté parlementaire, de Sieyès à Carré de Malberg, tout comme l’insistance placée sur ce que les Allemands appellent le mandat libre (en tant qu’il se distingue d’un mandat impératif qui lierait le représentant aux volontés des représentés), ne constituent pas simplement une légitimation technique ou procédurale des pouvoirs de l’Assemblée législative. À l’inverse de la tradition allemande, le républicanisme français a fusionné représentation-mandat et représentation-incarnation, recyclant au passage la légitimité typique de la représentation monarchique dans le nouveau système basé sur le gouvernement représentatif. L’élaboration plus récente d’un Marcel Gauchet y a ajouté une dimension constructiviste qui insiste sur la représentation symbolique tout tendant implicitement à attribuer celle-ci au représentant10. Dans sa critique de la démocratie directe, le dernier Lefort tend lui aussi à superposer représentation mandat et représentation symbolique, tout en insistant pour sa part sur la désincorpation du pouvoir censé être à l’œuvre dans la démocratie. Si les élaborations républicaines françaises classiques ont été reçues en Allemagne, comme en témoignent les articles de Adalbert Podlech et Göhler, les réflexions critiques plus récentes de Lefort, Gauchet et Pierre Rosanvallon n’y ont pour l’instant trouvé qu’un écho limité. Quelques textes clefs de Lefort et Gauchet furent traduits et discutés à la fin des années 1980, au moment de la chute du mur de Berlin, mais ce n’est que récemment que cette tradition de pensée a été redécouverte, en particulier à l’occasion de la traduction de La légitimité démocratique de Pierre Rosanvallon.

S’appuyant sur des recherches françaises et allemandes, ce numéro voudrait contribuer au développement d’une attention soutenue à l’usage des mots, différent comme on l’a dit dans les deux langues, ainsi qu’à l’élaboration d’idéaux-types de la représentation, continuant un travail

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entamé dans d’autres lieux par les éditeurs du numéro11. Son ambition est d’aider à faire bouger les lignes par rapport aux panoramas nationaux préexistants, mais aussi par rapport à la façon dont le problème est posé dans le monde anglo-saxon. Les contributions qu’il rassemble peuvent se regrouper autour de trois axes.

Le premier est celui d’une généalogie historique des concepts de représentation, qui atteste que les développements historiques ne sauraient se réduire à la découverte progressive du « bon » concept moderne de représentation. L’idée n’est pas seulement de démontrer dans une perspective historienne que les sens du mot furent irréductiblement pluriels : un peu à la manière d’un Quentin Skinner travaillant sur la liberté avant le libéralisme12, il s’agit aussi, en mettant à jour des conceptions refoulées par l’hégémonie de la conception libérale de la représentation, de rouvrir le futur en rendant possibles d’autres filiations et un autre travail sur le passé, à l’instar de la recherche de Samuel Hayat sur les dynamiques antagonistes de représentation dans la révolution française de 184813. De ce point de vue, l’article de Podlech, par sa finesse et sa systématicité, est sans équivalent pour les lecteurs de langue française. Travaillant dans la perspective de l’histoire des concepts de Reinhart Koselleck, il complète utilement le magistral livre de Hasso Hofmann sur l’histoire de la notion de la représentation14, malheureusement non traduit en français ou en anglais. Podlech brosse un tableau allant du Moyen Âge aux décennies précédant la Première Guerre mondiale, insistant en particulier sur les débats allemands de l’ère moderne. Il démontre qu’élections et Repräsentation furent loin d’aller de pair jusque très avant dans le 19ème siècle.

Chartier adopte quant à lui un angle d’éclairage plus restreint quant à l’échelle temporelle : partant d’un déplacement de l’histoire des mentalités vers une histoire des représentations (Vorstellungen et Darstellungen), il s’attache à la signification du mot « représentation » dans les langues néo-latines au début de l’époque moderne et montre que le terme ne signifiait pas seulement présentification de l’absent mais aussi exhibition du présent (une signification par ailleurs relevé par Hofmann dans son livre). Chartier analyse à la suite de Louis Marin comment ces deux sens de la représentation se sont combinés avec un troisième, juridico-politique. Dans les sociétés d’Ancien régime comme dans les démocraties représentatives, ceux qui incarnent le pouvoir central sont amenés à l’exhiber devant le public qu’ils sont censés représenter. Bien au- delà de l’élection, cette activité contribue de façon décisive à la légitimité du pouvoir et participe à la transmutation des rapports de force en domination symbolique, pour reprendre les termes de Bourdieu. Göhler souligne quant à lui l’opposition des traditions républicaines étatsunienne et française de la représentation. La première, dont témoigne Le Fédéraliste, repose sur un jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs limitant la marge d’action des élus – la représentation-mandat (Vertretung) y a une légitimité réelle mais qui est limitée par celle des autres acteurs. La représentation-absorption du républicanisme française tend à fusionner plus étroitement le mandat électoral et l’incarnation d’une collectivité dans ses représentants (soit, respectivement, la Vertretung et la Repräsentation schmittiennes). Elle fait tendanciellement disparaître toute trace de représentation inclusive, pour reprendre des termes utilisés par Samuel Hayat15, c’est-à-dire toute activité de représentation qui favoriserait l’activité directe des représentés. L’opposition entre les deux républicanismes, courante en Allemagne, est originale dans un contexte français jusqu’ici peu réflexif sur ce point. Enfin, Rosanvallon analyse la diversité des emplois du terme de représentation dans la France de la seconde moitié du 19ème siècle. Il y montre les chassés- croisés de la représentation-mandat (Vertretungsrepräsentation) et de la représentation-figuration (Darstellungsrepräsentation). Il rappelle aussi de façon saisissante, en analysant le mouvement ouvrier de l’époque, comment celui-ci, contre l’idée républicaine d’une individualisation radicale du lien de représentation, porta sur le devant de la scène l’idée que les représentants devaient être à l’image des représentés et que les ouvriers devaient porter des candidatures ouvrières s’ils voulaient s’émanciper politiquement.

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Le second axe du dossier vise précisément à mettre davantage en lumière deux conceptions minorisées ou invisibilisées par l’approche mandataire de la représentation : la représentation descriptive et la représentation-incarnation. La représentation descriptive, où les représentants sont le miroir sociologique des représentés, était fondamentale dans les sociétés d’Ancien Régime, où les corps représentatifs étaient le reflet d’un ordre social hiérarchisé en fonction d’une multitude de groupes de statuts. Les Anti-fédéralistes, qui en proposèrent une nouvelle variante lors de la Révolution Américaine, furent défaits et l’idée s’imposa aux États-Unis comme en France que les représentants devaient au contraire se distinguer des représentés par une série de caractéristiques personnelles et sociales16. Comme en écho déformé des controverses médiévales sur la maior pars et la sanior pars (la partie la plus nombreuse à la différence de la partie la plus saine et la plus sage), la conception dominante fut que c’étaient les plus sages qui devaient représenter, même si leur désignation devait désormais relever de l’élection par le plus grand nombre de ceux qui étaient admis à la citoyenneté active. Cette notion de représentation descriptive a été analysée par Pitkin, mais le concept de représentation politique qu’elle a proposé n’en garde guère la trace. La notion a aussi été largement discutée par Bernard Manin, mais peu de choses laissent à penser dans son livre de référence que, défaite politiquement à la fin du 18ème siècle, elle pourrait revenir sur le devant de la scène deux siècles plus tard.

Dans l’Ancien régime, la représentation descriptive devait refléter l’ordre social hiérarchisé de celui-ci. Or, l’idée a par la suite connu une diffusion qui l’a rendue susceptible d’être revendiquée par des groupes subalternes. La représentation descriptive a particulièrement marqué le débat international sur les quotas hommes/femmes et une meilleure représentation des minorités ethniques au cours des trois dernières décennies. Il est fascinant de suivre les continuités et les mutations de la notion, du Manifeste des Soixante de 1864 disséqué par Rosanvallon aux discussions françaises sur la parité au tournant du 20ème et du 21ème siècles analysées par Catherine Achin. Dans les deux cas, un problème similaire se posait : des personnes issues des groupes dominés, d’un côté les ouvriers, de l’autre les femmes, pouvaient, après des décennies d’exclusion légale, prendre enfin part à l’élection mais continuaient de facto à être exlues des instances représentatives, et furent en conséquence amenées à contester ce « cens caché17 ». Avec l’affirmation croissante des couches populaires et l’introduction de nouvelles techniques de vote (basées notamment sur l’isoloir), la vision élitiste qui soutenait initalement la justification du gouvernement représentatif comme « aristocratie élective » fondée sur une base ouvertement sociologique (les meilleurs étaient les hommes, les plus riches et les plus instruits) perdit en légitimité. Elle céda progressivement la place à une idéologie républicaine qui prétendait que les meilleurs étaient sélectionnés sur une base purement individuelle et qui revendiquait l’individualisation de l’acte de représentation et sa transcendance par rapport au social. Contre cette idéologie, le Manifeste des Soixante appela les ouvriers à scissionner en élisant des candidats ouvriers à même de présenter (darstellen) la question sociale dans les assemblées et d’y défendre (vertreten) les intérêts ouvriers. Cent-trente ans plus tard, le mouvement paritaire français défendit techniquement une répartition égale des charges électives entre les hommes et les femmes. Il entendait cependant faire élire les unes et les autres non sur la base d’une représentation séparée, mais par le peuple indifférencié des électeurs, chacun devant dans l’idéal désigner autant de femmes que d’hommes. Le mouvement paritaire français fut en outre assez particulier : certain-e-s de ses partisan-e-s revendiquaient un exceptionnalisme faisant de la différence des sexes, conçue de façon essentialisée, une donnée incommensurable avec d’autres différences sociales qui étaient pourtant à la base d’autres rapports de domination sociaux et politiques. La signification de la représentation descriptive semble en tout cas trouver une importance croissante dans une société globalisée et multiculturelle. La protection des minorités contre les discriminations est plus au centre de l’attention, et la notion de « politique de la présence » développée par Anne Phillips en est en partie tributaire18. Parallèlement, une

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présence plus égalitaire d’individus venant des différentes classes sociales a retrouvé une actualité dans les mini-publics sélectionnés par tirage au sort comme les jurys citoyens, les Planungszellen et les conférences de consensus.

La représentation-incarnation sonne sans doute d’une façon particulière pour des lecteurs français, généralement peu familiarisés avec les théories schmittiennes et qui ne disposent pas comme leurs homologues allemands de l’étude historique de Hofmann. Ce dernier avait montré qu’un concept juridico-politique de représentation, celui de repraesentatio identitatis, avait émergé quelques décennies avant le concept de représentation-mandat (Vertretung) pour penser le droit des corporations et des communes médiévales. Il fut en particulier théorisé par Marsile de Padoue (1275-1342) et Jean de Ségovie (1395-1473). Il s’agissait de stabiliser juridiquement des collectifs devant agir dans la durée et susceptibles d’être représentés par une partie d’entre eux. La représentation dont il s’agissait signifiait moins « agir au nom de » qu’« agir comme ». Elle impliquait l’incarnation juridico-politique d’une multiplicité dans un corps unique, plutôt qu’un transfert d’autorité juridique. La notion connut de nombreuses métamorphoses au cours des siècles suivants, faisant l’objet d’interprétations démocratisantes comme d’interprétations autoritaires. Poursuivant le travail de Hofmann, Podlech montre que dans le Léviathan, Hobbes inaugura la philosophie politique moderne en reformulant ce vieux concept médiéval. On pourrait ajouter que c’est en lui faisant subir une torsion supplémentaire, en référence explicite à l’absolutisme et à la Contre-Réforme, que Schmitt construisit le concept de Repräsentation. Cependant, la représentation-incarnation a aussi été passible de réinterprétations républicaines, et l’on ne comprendrait pas complètement sans elle les prétentions de la représentation- absorption du républicanisme français. La représentation-incarnation est également susceptible aujourd’hui de variantes démocratiques radicales, par exemple dans les coordinations de mouvements sociaux ou les forums altermondialistes, et c’est sans doute en se référant à elle que l’on comprend le mieux l’impératif de consensus que l’on retrouve dans ces lieux.

Le troisième axe du numéro insiste sur l’idée de représentation symbolique. Celle-ci peut être entendue de deux manières. D’une part, elle implique une activité de figuration (Darstellung) devant un public de valeurs, de principes et, en dernière analyse, de la communauté représentée. Comme le montre la contribution de Chartier, la représentation-figuration a des racines anciennes, puisqu’elle se repère dans les dictionnaires de l’époque moderne (Hofmann argumentait quant à lui de façon convaincante qu’elle plongeait elle-aussi ses racines dans le moyen-âge). Elle est étudiée de façon latérale dans la contribution de Rosanvallon, et de façon centrale dans le texte d’Hitzler. Chez ce dernier, le représentant politique est au centre des mécanismes symboliques de la représentation démocratique. Il est doté d’un rôle performatif dans la construction de la réalité sociale, car il incarne la fonction politique (das Amt), les idéaux et les vertus démocratiques – tout en pouvant aussi en faire un usage stratégique. La mise en scène de la politique passe ici par un medium, un symbole, qui est le représentant politique lui- même – qui s’inscrit donc dans la représentation comme « standing for » rejetée par Pitkin. Pour qu’elle puisse fonctionner, cette figuration doit atteindre son public et toucher ses attentes politiques, sociales et culturelles. Cependant, ce public ne coïncide que très théoriquement avec la communauté politique représentée : Bruno Latour argumente que l’activité de représentation symbolique implique un cercle où la communauté représentée est construite de façon performative à travers sa figuration par les représentants. L’activité de représentation peut, en ce sens, être conceptualisée comme une traduction plutôt que comme une trahison. C’est aussi à travers cette dimension de figuration que les Science and Technology Studies (STS) ont dans la lignée de Latour rapproché représentation politique et représentation scientifique19. Cette approche constructiviste rejoint en partie la façon dont Bourdieu pensait la représentation – à partir d’une épistémologie pourtant très différente –, ou certaines recherches récentes de théorie politique dans le monde anglo-saxon, en particulier celle de Michael Saward sur les « prétentions

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à la représentation » (representative claims)20. Comme l’ont montré Paula Diehl et Gertrud Koch, intégrer cette dimension de figuration dans l’étude des dynamiques de représentation implique un programme interdisciplinaire qui articule sociologie, science politique et Kulturwissenschaft21.

La notion de représentation symbolique est cependant étendue par certains auteurs bien au-delà de la seule dimension de figuration. La contribution de Böckenförde et, plus encore, celle de Göhler, sont amenées à articuler dans une perspective symbolique représentation-figuration et représentation-incarnation. Dans cette perspective, la représentation symbolique est cruciale pour l’unification normative de la communauté politique. La représentation symbolique, entendue en ce sens, constitue une tâche et une légitimité supplémentaires indispensables pour les représentants élus, mais elle ne se confond pas principiellement avec la représentation- mandat. Comme l’indiquent Böckenförde et Göhler, elle est transversale par rapport à l’opposition démocratie directe (ou de base)/démocratie représentative. Cette manière de penser la représentation implique une réinterprétation démocratique de la problématique théologico- politique développée par Schmitt dans une optique de révolution conservatrice, ou par Gauchet dans une optique républicaine. Elle est très neuve pour les lecteurs français.

Au total, les études ici rassemblées esquissent un panorama où la grande complexité des phénomènes que désigne le terme de « représentation politique » nécessite l’élaboration de plusieurs concepts complémentaires pour être appréhendée. La tentative d’unification proposée par Pitkin est une voie qui ne résiste pas à la prise en compte de la pluralité des usages de la représentation et à leur contextualisation sociale et historique. Cette complexité appelle un programme de recherche élargi, empirique et théorique, qui soit à même d’inclure les différentes formes de représentation politique (juridiques, pratiques, symboliques, institutionnelles) dans le champ d’étude. Il faudrait multiplier les travaux sur les relations entre l’action des représentants, l’activité des représentés, le travail de symbolisation, les activités de mise en scène, les processus de prise de décision, et la multiplication de revendications à la représentation légitime. Dans un monde globalisé, médiatisé et économiquement interconnecté, les approches monodimensionnelles et ethnocentrées sont plus insuffisantes que jamais.

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NOTES

1. Hanna F. Pitkin, The Concept of Representation, Berkeley/Los Angeles/London, University of California Press, 1972 (première edition 1967). 2. Ibid., p. 209-240. Une version plus synthétique de ce chapitre a été traduite en français et publiée dans Raisons politiques, n° 50, 2013. 3.

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4. Gerhard Göhler u.a. (dir.): Institution – Macht – Repräsentation. Wofür politische Institutionen stehen und wie sie wirken, Baden-Baden, Nomos, 1997. 5. C’est notamment ce que Bernard Manin appelle le « principe de distinction » dans Principes du gouvernement représentatif, Paris, Flammarion, 1996, p. 125-170. 6. Lorella Cedroni, La Rappresentanza Politica. Teorie e modelli, Milano, Franco Angeli, 2004. 7. Carlo Ginzburg, « Représentation : le mot, l’idée, la chose », Annales ESC, novembre-décembre 1991 n° 6, p. 1219, repris in A distance : Neuf essais sur le point de vue en histoire, Paris, Gallimard, 2001. 8. Eric Voegelin [1952]: The New Science of Politics, An Introduction, Chicago, University of Chicago Press, 1969. Paula Diehl, „Körper, Soap Operas und Politik. Die Körperinszenierungen von Fernando Collor de Mello und Silvio Berlusconi“; in Birgit Haas (dir.), Macht, Performanz, Performativität, Polittheater seit 1990, Würzburg, Königshausen und Neumann, 2005, p. 41-60; Paula Diehl, „Zwischen dem Privaten und dem Politischen – Die neue Körperinszenierung der Politiker“, in: Sandra Seubert/ Peter Niesen (dir.), Die Grenzen des Privaten, Baden-Baden, Nomos, 2010, p. 251-265. 9. Pierre Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris, Fayard, 2001 10. Marcel Gauchet, La révolution des pouvoirs. La souveraineté, le peuple et la représentation, 1789-1799, Paris, Gallimard, 1995, par exemple p. 48. 11. Yves Sintomer/ Samuel Hayat (dir.), La représentation politique, Raisons politiques, n° 50, 2013; Paula Diehl/Alexandre Escudier (dir.): La « représentation » du politique: histoire, concepts, symboles, Cahier du CEVIPOF, n° 58, 2014. 12. Quentin Skinner, La liberté avant le libéralisme, Paris, Seuil, 2000. 13. Samuel Hayat, La République et son double. Une histoire de la révolution de 1848, Paris, Seuil, 2014. 14. Hasso Hofmann, Repräsentation. Studien zur Wort- und Begriffsgeschichte von der Antike bis ins 19. Jahrhundert, Duncker & Humblot, Berlin, 2003 [1974]. Cf. aussi la traduction en français de son introduction : « Le concept de représentation : un problème allemand ? », Raisons politiques, n° 50, 2013, p. 79-96. 15. Samuel Hayat, « La représentation inclusive », Raisons politiques, n° 50, 2013, p. 115-135. 16. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, p. 135-170. 17. Daniel Gaxi, Le cens caché, Paris, Seuil, 1978. 18. Anne Phillips, The Politics of Presence, Oxford, Oxford : Clarendon Press, 1995. En français, cf. « Stratégies de la différence : politique des idées ou politique de la présence ? », Mouvements, 3, 1999, p. 92-101. 19. Brice Laurent, « Du laboratoire scientifique à l'ordre constitutionnel. Analyser la représentation à la suite des études sociales des sciences », Raisons politiques, n° 50, 2013, p. 137-155. 20. Michael Saward, The Representative Claim Oxford, Oxford University Press, 2010. 21. Paula Diehl/Gertrud Koch, Politische Inszenierung – Der Körper als Medium, München, Fink Verlag, 2007.

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AUTEURS

PAULA DIEHL Membre de l'Institut für Sozialwissenschaften de l’Université Humboldt. Pour plus d’informations, cliquez ici.

YVES SINTOMER Professeur de sociologie, Université Paris 8. Pour plus d’informations, cliquez ici.

SAMUEL HAYAT Post-doctorant au laboratoire « Histoire des technosciences en société ». Pour plus d’informations, cliquez ici.

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Einleitung

Paula Diehl, Yves Sintomer et Samuel Hayat Traduction : Bettina Engels et Michael Adrian

Eine Diagnose unserer Gegenwart offenbart eine Paradoxie: Das Wort »Demokratie« ist international zu einem Synonym für ein »gutes politisches System« geworden, und noch nie war das Modell der aus freien Wahlen und Parteienkonkurrenz hervorgehenden repräsentativen Regierung weltweit so verbreitet wie heute. Andererseits büßen die gewählten Volksvertreter in den »alten« Demokratien tendenziell immer mehr an Legitimität ein, während sich in Ländern, die nach dem Sturz eines autoritären Regimes oder einer Diktatur eine liberale Demokratie einführen, oft in kurzer Zeit Enttäuschung und Ernüchterung breit machen. Um diese paradoxe Situation wirklich zu verstehen, müssen wir uns einem zentralen Element der modernen Demokratie zuwenden: der politischen Repräsentation.

Lange Zeit hat man sich diesem Begriff ausschließlich aus institutioneller oder rechtlicher Perspektive genähert, wobei das Handeln der Repräsentanten im Mittelpunkt stand. Nun betrifft die politische Repräsentation aber nicht nur Wahlpraktiken, institutionelle Verfahren und die Beziehungen zwischen Repräsentanten und Repräsentierten. Sie umfasst auch die Konzeptionen, Vorstellungswelten und Symbole der Demokratie, ebenso wie die Inszenierung der Repräsentanten, die Symbolisierung des Staates und die Bilder, die die Repräsentanten von den Repräsentierten zeichnen. Sie buchstabiert sich in informellen Dynamiken aus. Multidimensionale Praktiken konfigurieren, strukturieren und transformieren die politische Realität. Deshalb brauchen wir eine interdisziplinäre Perspektive auf die politische Repräsentation, die vergleichende soziologische Untersuchungen ebenso berücksichtigt wie eine historische und theoretische Reflexion dieses Begriffs.

Mit all seinem semantischen Reichtum im Französischen und mit seiner beschränkteren Resonanz im Deutschen hat der Repräsentationsbegriff eine komplexe Geschichte, die zu beiden Seiten des Rheins erforscht wurde, ohne dass die jeweiligen Untersuchungen wirklich grenzüberschreitend miteinander ins Gespräch gekommen wären. Dieselbe Feststellung ließe sich auch auf theoretischer Ebene treffen. Eines jedoch verbindet die beiden Länder heute: Hier wie dort hat sich – wenn auch in zeitlich versetzten Entwicklungen – ein Verständnis von politischer Repräsentation durchgesetzt, das politische Repräsentation und Vertretungsrepräsentation (représentation-mandat) ganz oder mindestens teilweise miteinander identifiziert. Diese Gleichsetzung von politischer Repräsentation und Vertretung wird von einer anderen Gleichsetzung, nämlich der von Repräsentation und Wahlen, überlagert: Es scheint

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selbstverständlich zu sein, dass die gewählten Mandatsträger die paradigmatischen, um nicht zu sagen die einzigen politischen Repräsentanten sind. Andere Formen oder Dynamiken der Repräsentation gelten entweder als nebensächlich oder als abgeleitete Spielarten dieser grundlegenden Identität. Von einer solchen Sichtweise sind die Medien, die politische Welt und die Politikwissenschaft beider Länder geprägt. Und genau diese ihr zugrundeliegende Gleichsetzung möchte die vorliegende Ausgabe von Trivium hinterfragen.

Diese Denkweise ist keine französische oder deutsche Besonderheit. Sie wird im »globalen Norden« und deshalb letztlich auch in vielen anderen Ländern weitgehend geteilt. International gesehen geht die wichtigste Denktradition auf ein Werk aus der angelsächsischen Welt zurück, nämlich auf Hannah Pitkins The Concept of Representation.1 Dieses Buch stellte innerhalb der theoretischen Reflexion auf die politische Repräsentation eine Zäsur dar, und seine Typologie fand nach und nach Eingang in zahlreiche empirische Untersuchungen. Mag dies nun gut oder schlecht sein, auf der ganzen Welt bezieht man sich auf Pitkins Werk – wobei es bislang weder in französischer noch in deutscher Übersetzung vorliegt. Aus einer analytischen Perspektive setzt sich Pitkin mit verschiedenen Theorien der Repräsentation auseinander und verbindet damit zwei Aufgaben: Zunächst entwickelt sie eine Typologie, mit sie der die verschiedenen Repräsentationskonzepte, die sie vorfindet, auf vier Grundkategorien zurückführt. Als erste Grundkategorie bestimmt sie die sogenannte formale Repräsentation, die vor wie nach dem Akt der Repräsentation stattfindet: Vor dem Akt der Repräsentation stiftet ein Autorisierungsverfahren die Verbindung zwischen dem Repräsentanten und dem Repräsentierten; nachdem der Repräsentant anstelle und an der Stelle des Repräsentierten gehandelt hat, sehen sich beide durch Rechenschaftspflicht (accountability) verbunden. Die zweite Grundkategorie ist die der deskriptiven Repräsentation; hier wird der Repräsentant aufgrund einer charakteristischen Ähnlichkeit zum Stellvertreter des Repräsentierten (stand for). Die deskriptive Repräsentation setzt voraus, dass Repräsentanten und Repräsentierte über eine gemeinsame kulturelle, soziale oder geographische Identität verfügen; der von ihr hervorgerufene Spiegeleffekt bewirkt, dass sich die Repräsentierten in den Repräsentanten wiedererkennen. Die dritte Kategorie, die symbolische Repräsentation, verweist auf die symbolischen Mechanismen der Repräsentation; sie beschränkt sich nicht auf die politischen Repräsentanten, sondern umfasst auch Symbole, Rituale und Bilder. Pitkin kritisiert diese Bedeutung des Begriffs, weil sie sich auf die Überzeugungen der Repräsentierten gründet und – insbesondere in totalitären Regimen – für deren Manipulierbarkeit durch die Repräsentanten steht. Die vierte und letzte Kategorie schließlich ist die der substanziellen Repräsentation, die das stellvertretende Handeln des Repräsentanten im Namen des Repräsentierten bezeichnet (act for).

Die zweite Aufgabe, die Pitkin verfolgt, ist die Formulierung eines Repräsentationsbegriffs, der für den Bereich der Politik am angemessensten erscheint. Ausgehend von der analytischen Methode, alltägliche Verwendungen des Begriffs im Englischen zu untersuchen, definiert sie politische Repräsentation als eine Handlungsweise des Repräsentanten (oder eines repräsentativen Systems), die sich durch Responsivität (responsiveness) auszeichnet: Der Repräsentant muss im Interesse seiner Mandanten handeln und dabei zugleich empfänglich für den Ausdruck ihrer Wünsche sein.2 Zwischen diesen beiden Vorhaben – dem Entwurf einer Typologie und der Definition des wahren Sinns der politischen Repräsentation – besteht kein Widerspruch. Denn sie beruhen auf derselben Voraussetzung, nämlich dass die Repräsentation einen identifizierbaren Sinn hat und dass es sich bei ihr nicht um eine »vage und unbeständige« Vorstellung handelt, sondern um ein »singuläres und überaus komplexes Konzept, dessen Grundbedeutung sich seit dem 17. Jahrhundert kaum verändert hat«. Aufgrund dieser semantischen Einheitlichkeit soll es möglich sein, die verschiedenen Konzeptionen der Repräsentation wie unterschiedliche Auffassungen eines einzigen Begriffs zu verstehen,

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demzufolge repräsentieren bedeutet, »in gewissem Sinn etwas präsent zu machen, das gleichwohl nicht buchstäblich oder wirklich präsent ist«.3 Es sei folglich möglich und notwendig, eine Definition dieses Phänomens zu geben, die hinreichend komplex ist, um den verschiedenen Bedeutungen, die diesem Wort im Laufe seiner Theoriegeschichte beigelegt wurden, umfassend Rechnung zu tragen, die zugleich aber präzise genug ist, um entscheiden zu können, welche dieser Bedeutungen für den politischen Gebrauch angemessen ist.

Pitkins Ansatz wirft erhebliche Probleme auf. Zunächst einmal gründet sie ihren Begriff der politischen Repräsentation wesentlich auf die Idee der Vertretung (représentation-mandat), das acting for, insbesondere auf das stellvertretende Handeln der gewählten Volksvertreter. Anschließend blendet die von ihr gewählte analytische Perspektive die Vielfalt soziohistorischer Kontexte, in deren Rahmen Wörter konstruiert werden und Bedeutung erlangen, weitgehend aus. Ausgehend von seiner heutigen Gebrauchsbedeutung im Englischen, das die Repräsentation und das (auf Wahlen beruhende) Mandat gleichsetzt, naturalisiert Pitkin den Begriff. Die hier anvisierte umfassende Konzeption scheitert damit letztlich an der Synthese, die doch ihr Ziel war. Sie bietet also nicht mehr als eine komplexere Version der Vertretungsrepräsentation und übergeht Dimensionen, die in anderem Licht besehen ebenso wichtig zu sein scheinen wie diese. Und schließlich ist die Vorstellung einer begrifflichen Einheit der Repräsentation, die dem Präsentmachen von etwas Abwesendem geschuldet ist, an sich selbst problematisch. Sie ignoriert eine Reihe von Bedeutungen des Repräsentationsbegriffs, die auf eine Vergegenwärtigung und Inszenierung von Merkmalen, Vorstellungen und Konnotationen verweisen, welche durch die Repräsentation überhaupt erst hervorgebracht werden und nicht nur vor dem Akt der Repräsentation abwesend waren. Die Schwierigkeiten, denen diese anspruchsvolle Konstruktion begegnet, deuten darauf hin, dass möglicherweise jeder Wille zu einer umfassenden Synthese zum Scheitern verurteilt sein könnte, und offenbaren zugleich die Grenzen einer rein analytischen Annäherung an das Phänomen der Repräsentation.

Man muss allerdings festhalten, dass nicht viele Versuche unternommen wurden, die Frage der Repräsentation in systematischer Form weiterzudenken. Umso wichtiger ist es heute, dieses Versäumnis nachzuholen. Zu diesem Zweck sollten wir jedoch die Lehren aus der Vergangenheit ziehen und der Polysemie des französischen (oder englischen) Wortes représentation/ representation Rechnung tragen. Ein deutsch-französischer Ansatz wie der unsere stellt uns unmittelbar vor das folgende Problem: die Termini sind in den beiden Sprachen alles andere als deckungsgleich. Das Wort représentation ist im Französischen ausgesprochen gebräuchlich und umfasst eine ganze Reihe scheinbar sehr unterschiedlicher Bedeutungen. Die politisch-rechtliche Tätigkeit der Repräsentation kann darin bestehen, dass jemand ein Mandat besitzt, um im Namen anderer Personen zu handeln, aber auch darin, dass ein Kollektiv, der Staat oder seine Institutionen verkörpert werden. Die deutsche Umgangssprache schließt diese doppelte Verwendung heutzutage nicht aus, der mitgedachte Gegensatz zwischen Mandat und Verkörperung aber fand seinen theoretischen Ausdruck in dem Begriffspaar Vertretung und Repräsentation (Schmitt). Diese Dichotomie hat die deutschsprachige Politiktheorie lange geprägt. Im Französischen bezeichnet représentation unter anderem die geistigen Bilder, die sich Menschen von nichtpräsenten äußeren Gegebenheiten machen. Dieser Bedeutung, auf die man sich im Deutschen unter anderem mit dem Terminus Vorstellung bezieht, ist insbesondere der Aufsatz von Roger Chartier gewidmet. Représentation kann aber auch für die Präsentation, die Darstellung dieser Vorstellungen vor einem Publikum stehen. Eine solche Darstellung kann mittels Symbolen erfolgen (so wie die Marianne für die Französische Republik und der Adler für das Deutsche Reich steht) oder aber mittels Repräsentanten »aus Fleisch und Blut«, die zwangsläufig, wenn sie eine öffentliche Rolle spielen, »eine repräsentative Funktion« haben. Wie Chartier in seinem Aufsatz zeigt, heißt dies, dass das abwesende Repräsentierte im einen Fall in der Repräsentation vergegenwärtigt wird, während das Repräsentierte im zweiten Fall

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gegenwärtig ist und sich selbst in Szene setzt. Diese zweite Form des Repräsentierens lässt sich im Deutschen zumal durch den Ausdruck der Selbstdarstellung wiedergeben. Ronald Hitzlers Beitrag ist dieser Dimension der politischen Repräsentation gewidmet. In Deutschland brachte der umgangssprachliche Gebrauch der Wörter, aber auch Carl Schmitts Verschmelzung von verkörpernder und symbolischer Repräsentation diverse Autoren dazu, den Begriff der symbolischen Repräsentation zu verwerfen oder zu vernachlässigen. Erst durch die interdisziplinären Arbeiten, die in den 1980er Jahren von Gerhard Göhler und seinem Kreis vorgelegt wurden, änderte sich diese Situation.4 Und schließlich kann »repräsentativ«, diesmal sowohl auf Deutsch als auch auf Französisch, den Gedanken einer Repräsentativität statistischer Art zwischen Repräsentanten und Repräsentiertem, d. h. einer deskriptiven Repräsentation beinhalten. Da manche Konzeptionen der politischen Repräsentation gerade darauf beharren, dass sich die Repräsentanten von den Repräsentierten zu unterscheiden haben, ist eine solche Erweiterung der Wortbedeutung alles andere als selbstverständlich.5

Eine Schwierigkeit verdankt sich auch dem Umstand, dass der Wechsel von einer Sprache zur anderen für uns nicht nur bedeutet, im Deutschen mit einer Vielzahl von Ausdrücken jonglieren zu müssen, wo sich das Französische mit einem einzigen mehrdeutigen Wort begnügt. Vorstellung und Darstellung können im Französischen nicht systematisch als répresentation wiedergegeben werden, weil sie auch andere Bedeutungen haben. Die aus der Vielstimmigkeit der Wörter hervorgehenden Ketten semantischer Äquivalenzen zum einen und die mittels der Wörter im Realen gesetzten Schnitte zum anderen nehmen also in beiden Sprachen ganz unterschiedliche Formen an. Jede abgeschlossene Übersetzung, und sei sie noch so ausgezeichnet, stellt einen Verlust dar, weil sie diese Äquivalenzketten und Trennlinien zum Verschwinden bringt. Das Problem verschärft sich weiter, wenn verschiedene Übersetzer – ganz ungeachtet der Qualität ihrer Übersetzungen – unterschiedliche Begriffe verwenden, um ein und denselben Ausdruck wiederzugeben, denn so wird das intertextuelle Spiel tendenziell dem Blick entzogen. Um dies zu vermeiden, müsste man dazu übergehen, den ursprünglichen Wortlaut eines übersetzten Begriffs in Klammern hinzuzufügen – wenn beispielsweise mit dem französischen Wort représentation nicht das deutsche Wort Repräsentation, sondern eventuell Vertretung, Darstellung oder Vorstellung bzw. sogar Abbildung oder Veranschaulichung übersetzt wird; oder wenn man im deutschen Text umgekehrt zur Übersetzung der französischen représentation nicht das deutsche Wort Repräsentation wählt, sondern einen der genannten anderen Ausdrücke (in Chartiers Text etwa tauchen gleich drei unterschiedliche deutsche Übersetzungen der représentation in ein und demselben Absatz auf); oder wenn etwa Vertretung alternativ als défense oder mandat und élu als Vertreter wiedergegeben wird; oder wenn man Darstellung mit den ganz unterschiedlichen französischen Begriffen présentation, figuration, ja sogar mit traduction oder incarnation übersetzt. Die genannten Beispiele stammen allesamt aus den Texten der vorliegenden Ausgabe von Trivium. Die Eleganz der Übersetzung und ihre terminologische Lesbarkeit stehen also miteinander in Konflikt. Wir haben uns in diesem Heft bemüht, beiden Aspekten gleichermaßen gerecht zu werden, auflösen aber lässt sich die Spannung zwischen ihnen nicht. Sie erfordert vielmehr eine gründliche kollektive Reflexion auf die Herausforderung, die das Übersetzen insbesondere für Arbeiten zur Repräsentation darstellt.

Würde man den Vergleich auf weitere Sprachen ausdehnen, so ergäbe sich ein noch komplexeres Bild. Im Großen und Ganzen haben die entsprechenden Begriffe in den anderen lateinischen Sprachen denselben Bedeutungsumfang wie die représentation im Französischen, wobei das Italienische allerdings die symbolische Repräsentation (rappresentazione) von der politischen Repräsentation (rappresentanza) unterscheidet.6 Das Englische folgt in dieser Hinsicht den romanischen Sprachen. Das Chinesische hingegen hat zwar am Ende einer komplexen Entwicklung den westlichen Begriff der politischen Repräsentation importiert (daibiao), davon ein verwandtes Wort für die statistische Repräsentativität abgeleitet (daibiaoxing), verfügt über

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einen Begriff der Repräsentation als Vorführung oder performance (biaoyan), der ein Schriftzeichen mit dem Wort für die politische Repräsentation teilt, drückt aber die Repräsentation als Kunst der Wirklichkeitsdarstellung mit einem völlig anderen Wort aus (miaohui). Im Persischen wiederum verfügen die politische und die dramatische Repräsentation über eine gemeinsame Wurzel, die geistige Repräsentation, die kunstbildnerische Repräsentation und die statistische Repräsentativität aber werden durch Wörter zum Ausdruck gebracht, die weder mit Ersteren noch miteinander verwandt sind. Ähnliche Beispiele ließen sich in nichtwestlichen Sprachen zuhauf finden.

Nun haben Wörter einen großen Einfluss auf die Sozialwissenschaften und auf unsere Vorstellung von der Gesellschaft; sie verfügen über eine performative Kraft, zumal dann, wenn sie Eingang in juristische Kategorien oder in Legitimationsmuster finden. Die soziale Konstruktion der Wirklichkeit der »Repräsentation« kann somit – in Funktion der jeweiligen sprachlichen Gegensätze – unterschiedlichen Dynamiken folgen. Ohne einem radikalen Nominalismus das Wort reden zu wollen, der uns daran hindern würde, im Hinblick auf Gesellschaften oder Epochen, die nicht über genau diesen vielschichtigen Begriff verfügten, von »politischer Repräsentation« (im heutigen französischen Sinne) zu sprechen, gilt es gleichwohl, diese Diskrepanzen auszuloten. Sie sind nicht nur sprachlicher Natur. Sie haben auch Auswirkungen auf theoretische Konstrukte, deren Unterbau sie bilden und die ihrerseits wiederum die Sprache mitgeprägt haben. Im Französischen wird die semantische Vieldeutigkeit des Ausdrucks représentation im Allgemeinen selten thematisiert, ja meist ganz außer Acht gelassen. Man neigt infolgedessen dazu, sehr pauschal über Dynamiken nachzudenken, die sich doch analytisch unterscheiden lassen. Damit ist die Gefahr begrifflicher Verwirrungen und theoretischer Kurzschlüsse verbunden, zumal zwischen den Ebenen der juristisch-politischen Repräsentation (Repräsentation und/oder Vertretung) und der symbolischen Repräsentation (Darstellung, Vorstellung und bestimmte Versionen von Repräsentation). Im Deutschen hingegen sind Verbindungen, die das Französische intuitiv stiftet, schwieriger zu erkennen, während sich analytische Differenzierungen zwischen Repräsentation, Vertretung, Vorstellung und Darstellung leichter in begriffliche Gegensätze übersetzen lassen.

Der historische wie der sprachliche Umweg führen unter diesen Umständen zu einer Provinzialisierung der angelsächsischen, französischen und deutschen Theoriebildungen. Wie man sieht, stellen sie nicht die einzige Möglichkeit dar, die als »Repräsentation« bezeichneten Phänomene zu denken und zu benennen. Vielmehr handelt es sich hier um eine historisch und sozial situierte Konzeptualisierung. Mit dem Historiker Carlo Ginzburg gesprochen geht es darum, »die trügerische Vertrautheit zu zerstören, die wir mit Wörtern wie ›Repräsentation‹ haben, insofern sie Teil unserer Alltagssprache sind«.7 Dazu möchte das vorliegende Heft beitragen. Die hier versammelten französischen und deutschen Texte ermöglichen es, die angelsächsische Tradition zu relativieren. Zugleich helfen sie uns dabei, zwei theoretische Traditionen zu reflektieren und zu kontrastieren, die Deutschland und Frankreich geprägt haben.

In Deutschland betonte eine Denkschule, die besonders in der Weimarer Republik Konjunktur hatte, den Gegensatz zwischen »Vertretung« (Vertretungsrepräsentation) und »Repräsentation« im Sinne der Verkörperung einer Gruppe durch die öffentliche Inszenierung ihrer Identität in der Person des Repräsentanten. Diese intellektuelle Tradition war ursprünglich aus einer konservativen Haltung, ja hervorgegangen, deren Urheber Carl Schmitt in Hobbes’scher Manier die demiurgische Schöpfung der repräsentierten Gruppe durch den Repräsentanten propagierte. Demokratische Entwicklungen im Anschluss an Schmitt aber betonen nicht so sehr den Gegensatz von »Vertretung« und »Repräsentation« als vielmehr deren Verbindung, wobei sie die besondere Funktion Letzterer in der sozialen Integration einer Gruppe durch gemeinsame Werte sehen, wie sie in Symbolen, Verfassungen oder Personen repräsentiert

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sind. Dieser Grundgedanke findet sich in Arbeiten, die von Eric Voegelin bis zu Gerhard Göhler und Paula Diehl reichen.8 Das Augenmerk dieser Theorieschule liegt zwar besonders auf der symbolischen Repräsentation. Sie wird hier aber nur als Teil einer umfassenden Konzeption verstanden, bei der die Idee der Verkörperung, anders als für Schmitt, nicht mehr Dreh- und Angelpunkt für das Verständnis politischer Legitimität ist. Dieser neue Ansatz geht über die Dichotomie von Vertretung und Repräsentation hinaus und begründet ein Ergänzungsverhältnis zwischen Vertretungsrepräsentation und symbolischer Repräsentation, das ihm eine neue Perspektive auf zeitgenössische Demokratien eröffnet. Die beiden Beiträge von Ernst-Wolfgang Böckenförde und Gerhard Göhler sind herausragende Zeugnisse dieser Denkrichtung. Zweifellos war es Pierre Bourdieu, der solchen Fragestellungen in Frankreich am nächsten kam9, ohne dass er dabei allerdings auf die skizzierte deutsche Tradition Bezug genommen hätte; ihre demokratischen Ausprägungen sind in Frankreich nahezu unbekannt.

In Frankreich hingegen hat sich ein gewisser Republikanismus durchgesetzt, der in seinem Verständnis von Repräsentation ebenfalls eine theologisch-politische Dimension bewahrt: Die republikanischen Lehren von der Parlamentssouveränität von Sieyés bis Carré de Malberg lassen sich ebenso wenig wie die Betonung dessen, was im Deutschen als freies Mandat bezeichnet wird (im Gegensatz zum imperativen Mandat, das den Repräsentanten an den Willen der Repräsentierten bindet), lediglich als eine technische oder prozedurale Legitimation der Machtbefugnisse der gesetzgebenden Versammlung begreifen. Anders als die deutsche Tradition hat der französische Republikanismus die Vertretungsrepräsentation und die Repräsentation- als-Verkörperung miteinander verschmolzen. Damit konnte er im Handumdrehen die für die monarchische Repräsentation typische Legitimität in dem neuen, auf der repräsentativen Regierungsform basierenden System wiederverwerten. Marcel Gauchet gibt dieser Idee eine konstruktivistische Lesart, indem er die symbolische Repräsentation betont, sie aber tendenziell ganz dem Repräsentanten zuschreibt.10 Auch in der Kritik, die der verstorbene Claude Lefort an der direkten Demokratie übte, findet sich eine Überlagerung von vertretender und symbolischer Repräsentation, wobei es Lefort um die Entkörperung oder Desinkorporation ging, die er in der Demokratie am Werk sah. Auch wenn die klassischen Positionen des französischen Republikanismus in Deutschland durchaus rezipiert wurden, wie es die Beiträge von Adalbert Podlech und Göhler bezeugen, haben die kritischen Einlassungen jüngeren Datums von Lefort, Gauchet und Pierre Rosanvallon hier doch bislang nur ein begrenztes Echo gefunden. Zwar wurden einige Schlüsseltexte von Lefort und Gauchet Ende der 1980er Jahre – zum Zeitpunkt des Berliner Mauerfalls – übersetzt und diskutiert, doch erst jetzt wird diese Denktradition wiederentdeckt, angestoßen vor allem durch die deutsche Übersetzung von Pierre Rosanvallons Buch La légitimité démocratique.11

Die vorliegende Ausgabe von Trivium möchte auf der Basis von französischen und deutschen Untersuchungen die Aufmerksamkeit für den unterschiedlichen Wortgebrauch in beiden Sprachen sowie für idealtypische Repräsentationstheorien nachhaltig schärfen und damit eine Arbeit fortsetzen, die die Herausgeberin und die Herausgeber bereits an anderer Stelle begonnen haben.12 Ziel ist es, Bewegung in die starren Bahnen zu bringen, in denen die französischen und deutschen Diskussionen seit langem verlaufen und in denen auch die Wortmeldungen aus der angelsächsischen Welt gefangen sind. Die hier versammelten Beiträge lassen sich um drei Achsen anordnen.

Zunächst einmal haben wir die Achse einer historischen Genealogie von Repräsentationsbegriffen, die zeigt, dass die historischen Entwicklungen nicht auf die schrittweise Entdeckung des »guten« modernen Begriffs von Repräsentation reduziert werden dürfen. Eine solche Genealogie soll nicht nur historiographisch nachweisen, dass das Wort einmal über eine irreduzible Pluralität an Bedeutungen verfügte: Ein wenig im Stil von Quentin Skinners Arbeiten über die Freiheit vor dem Liberalismus13 geht es auch darum, Konzepte, die durch die

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Hegemonie der liberalen Konzeption der Repräsentation verdrängt wurden, wieder in Erinnerung zu rufen. Indem man andere Abstammungslinien und eine andere Arbeit an der Vergangenheit ermöglicht, so wie Samuel Hayat dies etwa mit seiner Studie über die antagonistischen Dynamiken der Repräsentation in der französischen Revolution von 1848 geleistet hat, gibt man der Zukunft eine neue Offenheit.14 Aufgrund seiner Finesse und Systematik ist Podlechs Aufsatz in dieser Hinsicht für alle französischsprachigen Leser beispiellos. In der begriffsgeschichtlichen Tradition von Reinhart Koselleck ergänzt er auf erhellende Weise das herausragende Buch von Hasso Hofmann zur Geschichte des Repräsentationsbegriffs15, das bedauerlicherweise weder in französischer noch in englischer Übersetzung vorliegt. Podlech entwirft ein Panorama, das vom Mittelalter bis zu den Jahrzehnten vor dem Ersten Weltkrieg reicht, wobei er besonderen Wert auf die modernen deutschen Debatten legt. Er zeigt, dass Wahlen und »Repräsentation« bis weit ins 19. Jahrhundert hinein durchaus nicht Hand in Hand gingen.

Chartier wiederum wählt einen zeitlich engeren Bezugspunkt: Ausgehend von einer historiographischen Verlagerung – weg von der Geschichte der Mentalitäten und hin zu einer Geschichte der Repräsentationen (Vorstellungen und Darstellungen) – untersucht er die Bedeutung, die das Wort »Repräsentation« zu Beginn der Moderne in den romanischen Sprachen hatte. Chartier weist nach, dass dieser Begriff nicht nur für eine Vergegenwärtigung des Abwesenden steht, sondern auch für die Zurschaustellung dessen, was präsent ist – eine Bedeutung im Übrigen, die auch Hofmann in seinem Werk zu Tage fördert. Im Anschluss an Louis Marin rekonstruiert Chartier, wie sich diese beiden Bedeutungen von Repräsentation mit einer dritten, rechtlich-politischen, verbanden. Wer die Zentralmacht verkörpert, muss sowohl in Gesellschaften des Ancien Régime als auch in repräsentativen Demokratien dem Publikum vorführen, dass es seine Aufgabe ist, zu repräsentieren. Um es in Bourdieu’schen Begriffen auszudrücken, trägt diese Tätigkeit jenseits von Wahlen wesentlich zur Legitimität der Macht und zu einer Umwandlung von Machtverhältnissen in symbolische Herrschaft bei. Göhler wiederum unterstreicht den Unterschied zwischen den republikanischen Traditionen der Repräsentation in den Vereinigten Staaten und in Frankreich. Erstere, von der die Federalist Papers Zeugnis ablegen, beruht auf einem Spiel der geteilten Macht, der Gewaltentrennung, die den Handlungsspielraum der Abgeordneten beschneidet – als Volksvertreter verfügt der Mandatsträger über echte Legitimation, die allerdings durch die Legitimation anderer Akteure begrenzt ist. Die »absorptive« Repräsentation des französischen Republikanismus verschmilzt das Wählermandat in der Regel enger mit der Verkörperung eines Kollektivs durch seine Repräsentanten (in Schmitt’schen Kategorien also die »Vertretung« mit der »Repräsentation«). So bringt sie tendenziell jede Spur von inklusiver Repräsentation zum Verschwinden, um eine Begriffsbildung von Samuel Hayat aufzugreifen16, das heißt jedes Repräsentationshandeln, das der direkten Aktivität der Repräsentierten den Vorzug geben würde. Der im Deutschen vertraute Gegensatz zwischen diesen beiden Formen von Republikanismus stellt im französischen Kontext, der sich diesem Thema bislang kaum genähert hat, ein Novum dar. Rosanvallon schließlich analysiert die vielfältigen Verwendungsweisen des Repräsentationsbegriffs in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts in Frankreich. Er verweist in seinem Beitrag auf die vielfältigen Wechselwirkungen zwischen der Repräsentation als Vertretung (représentation-mandat) und als Darstellung (représentation-figuration). Sehr überzeugend erinnert er zudem daran, wie die Arbeiterbewegung seinerzeit gegen die republikanische Idee einer radikalen Individualisierung des Vertretungsverhältnisses die Vorstellung entwickelte, die Vertreter hätten dem Bild der Vertretenen zu entsprechen und die Arbeiter müssten folglich Kandidaten aus der Arbeiterschaft aufstellen, wenn sie sich politisch emanzipieren wollten.

Auf einer zweiten Achse lassen sich alle Beiträge dieses Themenheftes lokalisieren, denen daran gelegen ist, zwei Konzeptionen stärker zu beleuchten, die durch den Vertretungsansatz der

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Repräsentation ins Hintertreffen geraten oder gänzlich verdeckt sind: die deskriptive Repräsentation und die verkörpernde Repräsentation. Die deskriptive Repräsentation, bei der die Repräsentanten ein soziologisches Spiegelbild der Repräsentierten darstellen, war grundlegend für die Gesellschaften des Ancien Régime. Hier fungierten die repräsentativen Körper als Widerschein einer Gesellschaftsordnung, die in Funktion der zahlreichen Statusgruppen hierarchisch gegliedert war. Nachdem die Antiföderalisten, die in der amerikanischen Revolution eine neue Variante des Modells vorgeschlagen hatten, besiegt waren, setzte sich in den Vereinigten Staaten wie in Frankreich die gegenteilige Vorstellung durch, wonach die Repräsentanten sich durch eine Reihe persönlicher und sozialer Merkmale von den Repräsentierten zu unterscheiden hätten.17 Gleich einem verzerrten Echo der mittelalterlichen Kontroversen über die maior pars und die sanior pars (die zahlenmäßig größere Partei im Unterschied zur der vernünftigeren oder weiseren Partei) lautete die vorherrschende Meinung, dass die Vernünftigsten repräsentieren sollten, selbst wenn ihre Bestellung nunmehr von ihrer Wahl durch die größere Zahl derjenigen abhing, die über aktive staatsbürgerliche Rechte verfügten. Zwar hatte Pitkin diese Vorstellung einer deskriptiven Repräsentation analysiert, der von ihr vorgeschlagene Begriff von politischer Repräsentation aber bewahrte nicht die Spur einer Erinnerung daran. Auch Bernard Manin ging in seinem Standardwerk ausführlich auf diese Ende des 18. Jahrhunderts politisch gescheiterte Idee ein, ohne dass bei ihm viel darauf hinwiese, sie könnte zwei Jahrhunderte später wieder eine nennenswerte Rolle spielen.

Im Ancien Régime sollte die deskriptive Repräsentation die hierarchische Gesellschaftsordnung widerspiegeln. Seitdem aber hat sich die Idee so weit verbreitet, dass sie zunehmend auch von benachteiligten Gruppen für ihre Interessen in Dienst genommen wurde. So prägte die deskriptive Repräsentation in den vergangenen drei Jahrzehnten insbesondere die internationale Diskussion um Frauen- bzw. Männerquoten und um eine bessere Repräsentation ethnischer Minderheiten. Es ist faszinierend, die Kontinuitäten und Umbrüche des Konzepts zu verfolgen, vom »Manifest der Sechzig« aus dem Jahr 1864, das Rosanvallon akribisch untersucht, bis zu den von Catherine Achin analysierten französischen Gleichstellungsdebatten an der Wende zum 21. Jahrhundert. In beiden Fällen stellte sich ein ähnliches Problem: Menschen aus ehemals unterdrückten Gruppen, etwa Arbeiter und Frauen, konnten nach einer jahrzehntelangen rechtlichen Ausgrenzung endlich an Wahlen teilnehmen, sahen sich aber de facto von repräsentativen Positionen ausgeschlossen und mithin genötigt, gegen diesen »verdeckten Wahlzensus« zu protestieren.18 Im Zuge einer wachsenden Selbstbehauptung der unteren Bevölkerungsschichten und der Einführung neuer Wahltechniken (namentlich der Wahlkabine) verlor eine bestimmte elitäre Sichtweise immer mehr an Legitimität: Diese hatte eine repräsentative Form von Regierung im Sinne einer »Wahlaristokratie« ursprünglich auf unverhohlen soziologischer Grundlage gerechtfertigt, der zufolge die Besten männlich, besonders reich und besonders gebildet waren. Sie wurde nach und nach durch eine republikanische Ideologie ersetzt, die davon ausging, dass sich die Besten vollkommen individuell auswählen ließen. Zu den Forderungen dieser republikanischen Ideologie gehörte auch eine Individualisierung des Akts der Repräsentation und dessen Transzendenz gegenüber dem Sozialen. Im »Manifest der Sechzig« wurden die Arbeiter dazu aufgerufen, sich gegen diese Ideologie zu stellen und bewusst Kandidaten aus der Arbeiterschaft zu wählen, die die soziale Frage in den Parlamenten darstellen und dort die Interessen der Arbeiter vertreten sollten. Hundertdreißig Jahre später verteidigte die französische Paritätsbewegung eine gleiche Aufteilung der Wahlämter zwischen Männern und Frauen. Nicht aufgrund einer geteilten Repräsentation aber sollten die einen und die anderen gewählt werden, sondern durch das ungeteilte Wahlvolk, wobei jeder Wähler im Idealfall ebenso viele Frauen wie Männer nominieren sollte. Die französische Paritätsbewegung war im Übrigen ziemlich speziell: Auf der Basis einer essentialistisch verstandenen Unterscheidung der Geschlechter beanspruchten einige

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ihrer Anhänger/innen für die Geschlechterdifferenz eine Sonderstellung. Sie wurde dadurch zu einer mit anderen sozialen Unterschieden, wie sie anderen sozialen und politischen Herrschaftsverhältnissen zugrunde lagen, inkommensurablen Größe. Die deskriptive Repräsentation scheint jedenfalls in einer globalisierten und multikulturellen Welt immer mehr an Bedeutung zu gewinnen. So steht der Schutz von Minderheiten vor Diskriminierung heute etwa stärker im Fokus der Aufmerksamkeit, ein Umstand, der sich in dem von Anne Phillips entwickelten Begriff einer »Politik der Präsenz« niederschlägt.19 Parallel dazu hat eine egalitärere Präsenz von Menschen aus unterschiedlichen sozialen Klassen in den durch Losverfahren zusammengesetzten Miniöffentlichkeiten wie Bürgerforen, Planungszellen und Konsenskonferenzen neue Aktualität erlangt.

Die Rede von einer verkörpernden Repräsentation klingt für französische Leser, die im Allgemeinen mit den Schmitt’schen Theorien wenig vertraut sind und auch Hofmanns historische Studie in der Regel nicht rezipieren können, sicher etwas merkwürdig. Hofmann hatte gezeigt, wie sich einige Jahrzehnte vor dem Konzept der Vertretungsrepräsentation das rechtlich-politische Repräsentationskonzept der repraesentatio identitatis, der Identitätsrepräsentation, herausbildete, um das Recht der mittelalterlichen Korporationen und Gemeinden auf den Begriff zu bringen; entwickelt wurde es vor allem von Marsilius von Padua (1275–1342) und Johannes von Segovia (1395–1473). Ziel dieser Konzeption war es, Kollektive, die langfristig handeln mussten und sich von einem ihrer Einzelglieder repräsentieren lassen konnten, rechtlich zu stabilisieren. Repräsentation lief in diesem Zusammenhang weniger auf ein »Handeln im Namen von« als auf ein »Handeln als« hinaus. Sie implizierte eher die rechtlich- politische Verkörperung einer Vielheit in einem einzelnen Körper als die Übertragung einer rechtlichen Befugnis. Diese Konzeption durchlief im Laufe der folgenden Jahrhunderte zahlreiche Metamorphosen, die sie zum Gegenstand sowohl demokratischer als auch autoritärer Auslegungen machten. Im Anschluss an Hofmanns Arbeit zeigt Podlech, dass Hobbes Begründung der modernen politischen Philosophie im Leviathan auf einer Reformulierung dieses mittelalterlichen Begriffs beruhte. Auch Schmitt, könnte man hinzufügen, konstruierte seinen Begriff der Repräsentation, indem er das mittelalterliche Konzept noch einmal wendete und ausdrücklich auf den Absolutismus und die Gegenreformation bezog. Freilich bot sich die verkörpernde Repräsentation auch für republikanische Neuinterpretationen an, und ohne sie wären die Forderungen der »absorptiven« Repräsentation des französischen Republikanismus gar nicht in vollem Umfang verständlich. Heute kann die verkörpernde Repräsentation auch in radikaldemokratischer Gestalt auftreten, etwa bei der Koordination sozialer Bewegungen oder in globalisierungskritischen Foren. Zweifellos muss man sich diese Konzeption vergegenwärtigen, um das in diesen Milieus herrschende Konsensgebot wirklich zu verstehen.

Die dritte Achse des Heftes rückt die Idee der symbolischen Repräsentation in den Vordergrund, die sich auf zweierlei Weise deuten lässt. Zum einen beinhaltet sie die Darstellung von Werten, Prinzipien und letztlich auch der repräsentierten Gemeinschaft selbst vor einem Publikum. Wie der Beitrag von Chartier zeigt, geht die Repräsentation-als-Darstellung auf alte Wurzeln zurück, findet sie sich doch in neuzeitlichen Wörterbüchern (bereits Hofmann argumentierte seinerseits überzeugend, dass auch ihre Wurzeln bis ins Mittelalter zurückreichen). Rosanvallon streift sie in seinem Aufsatz, während Hitzlers Beitrag sie in den Mittelpunkt stellt. Für ihn steht der politische Repräsentant im Zentrum der symbolischen Mechanismen der demokratischen Repräsentation. Diesem schreibt er eine performative Rolle bei der Konstruktion der sozialen Wirklichkeit zu, weil er das Amt sowie die demokratischen Ideale und Tugenden verkörpere – während er sich ihrer zugleich auch strategisch bedienen könne. Die Inszenierung der Politik geschieht hier mit Hilfe eines Mediums, eines Symbols, das der politische Repräsentant selbst ist – der sich folglich in dem von Pitkin verworfenen Sinn des »für etwas Stehens« bzw. Darstellens in die Repräsentation einschreibt. Diese figurative Darstellung kann nur funktionieren, wenn sie

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ihr Publikum erreicht und sich mit dessen politischen, sozialen und kulturellen Erwartungen deckt. Dieses Publikum fällt allerdings nur sehr theoretisch mit der repräsentierten politischen Gemeinschaft zusammen: Wie Bruno Latour argumentiert, beschreibt die Tätigkeit der Repräsentation einen Kreis, in dem die repräsentierte Gemeinschaft mittels ihrer figurativen Darstellung durch die Repräsentanten performativ hervorgebracht wird. Die Tätigkeit der Repräsentation läuft in diesem Sinne eher auf eine Übersetzung als auf einen Verrat hinaus. Angesichts ebendieser Funktionsweise der Figuration haben die Science and Technology Studies (STS) im Sinne Latours eine Annäherung zwischen politischer Repräsentation und wissenschaftlicher Darstellung vorgenommen.20 Dieser konstruktivistische Ansatz überschneidet sich teilweise mit Bourdieus Überlegungen zur Repräsentation (wenngleich dieser eine ganz andere Epistemologie zugrunde legte), aber auch mit einigen jüngeren Entwicklungen in der angelsächsischen Politiktheorie, insbesondere mit Michael Sawards Arbeit über »Repräsentationsansprüche« (representative claims).21 Wie Paula Diehl und Gertrud Koch gezeigt haben, erfordert der Versuch, die Dimension der Figuration in die Untersuchung der Dynamiken der Repräsentation einzubeziehen, ein interdisziplinäres Programm, das Soziologie, Politikwissenschaft und Kulturwissenschaft miteinander verbindet.22

Für manche Autoren weist der Begriff der symbolischen Repräsentation allerdings weit über die Dimension der bloß figurativen Darstellung hinaus. Die Beiträge von Böckenförde und mehr noch von Göhler zielen darauf, figurierende Repräsentation und verkörpernde Repräsentation in einer symbolischen Perspektive zusammenzudenken. Aus dieser Perspektive ist die symbolische Repräsentation entscheidend für die normative Integration der politischen Gemeinschaft. So verstanden stellt die symbolische Repräsentation eine unerlässliche zusätzliche Aufgabe und Legitimation für die gewählten Vertreter dar, sie lässt sich aber grundsätzlich nicht mit der Vertretungsrepräsentation gleichsetzen. Wie Böckenförde und Göhler zeigen, steht sie quer zu dem Gegensatz zwischen direkter (oder Basis-) und repräsentativer Demokratie. Dieses Verständnis von Repräsentation geht mit einer Neuinterpretation der theologisch-politischen Problematik einher, wie sie Schmitt im Namen der konservativen Revolution und Gauchet unter republikanischem Vorzeichen entfaltet haben. Für die französischen Leser dürfte dies echten Neuigkeitswert besitzen.

Zusammengenommen zeichnen die hier versammelten Studien ein Panorama, innerhalb dessen nur die Ausarbeitung verschiedener, einander ergänzender Konzepte zu einem Verständnis der großen Komplexität von Phänomenen führen kann, die sich hinter dem Ausdruck der »politischen Repräsentation« verbergen. Pitkins Versuch einer Vereinheitlichung verträgt sich nicht mit den zahlreichen Verwendungsweisen des Repräsentationsbegriffs und ihren sozialen und historischen Kontextualisierungen. Diese Komplexität bedarf eines empirisch wie theoretisch umfassenderen Forschungsprogramms, das darauf ausgerichtet ist, die verschiedenen (rechtlichen, praktischen, symbolischen, institutionellen) Formen von politischer Repräsentation in seine Untersuchungen einzubeziehen. Uns fehlen Erkenntnisse über die Beziehungen zwischen dem Handeln der Repräsentanten, der Tätigkeit der Repräsentierten, der Symbolisierungsarbeit, den Inszenierungen, den Entscheidungsprozessen und den wachsenden Ansprüchen an eine legitime Repräsentation. In einer globalisierten, mediatisierten und ökonomisch vernetzten Welt sind eindimensionale und ethnozentrische Ansätze ungenügender denn je zuvor.

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NOTES

1. Pitkin (1972 [1967]). 2. Ebd., S. 209–240. Eine zusammenfassende Version dieses Kapitels erschien in französischer Übersetzung in Raisons politiques, Nr. 50 (2013). 3. Pitkin (1972 [1967]), S. 8. 4. Göhler u.a. (1997). 5. So insbesondere Bernard Manins »Distinktionsprinzip« in Manin (2007 [1996]), S. 132-182. 6. Cedroni (2004). 7. Ginzburg (1991), S. 1219. 8. Voegelin (2004 [1952]); Diehl (2005); Diehl (2010). 9. Bourdieu (2001). 10. Gauchet (1995), z.B. S. 48. 11. Rosanvallon (2010). 12. Sintomer/Hayat (2013); Diehl/Escudier (2014). 13. Skinner (1998). 14. Hayat (2014). 15. Hofmann (2003 [1974]). Vgl. auch die französische Übersetzung der Einleitung dieses Buches in Hofmann (2013). 16. Hayat (2013). 17. Manin (2007 [1996]), S. 132-182. 18. Gaxi (1978). 19. Phillips (1995); auf Französisch vgl. Phillips (1999). 20. Laurent (2013). 21. Saward (2010). 22. Diehl/Koch (2007).

AUTEURS

PAULA DIEHL Membre de l'Institut für Sozialwissenschaften de l’Université Humboldt. Pour plus d’informations, cliquez ici.

YVES SINTOMER Professeur de sociologie, Université Paris 8. Pour plus d’informations, cliquez ici.

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SAMUEL HAYAT Post-doctorant au laboratoire « Histoire des technosciences en société ». Pour plus d’informations, cliquez ici.

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Textes traduits en francais Französische Übersetzungen

Französische Übersetzungen

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La représentation : une histoire du concept

Adalbert Podlech Traduction : Didier Renault

NOTE DE L’ÉDITEUR

Nous remercions M. Adalbert Podlech ainsi que les éditions Klett-Cotta à Stuttgart de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro. Wir danken Herrn Adalbert Podlech und dem Verlag Klett-Cotta (Stuttgart) für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren. © 1984, 2004 Klett-Cotta – J.G. Cotta’sche Buchhandlung Nachfolger GmbH, Stuttgart

I. Introduction

1 Le mot « représentation » (Repräsentation1), qui ne fait pas l’objet d’un usage spécialisé avant le haut Moyen-Âge, revêt au début du XIVe siècle la signification juridique précise d’une action effectuée au nom de quelqu’un d’autre, à qui elle est imputable. Une signification politique s’y adjoint dans le contexte des controverses sur le statut de la papauté et des villes du Nord de l’Italie. Cette extension à de nouvelles significations, qui se prolonge dans le conciliarisme, entraîne un emploi généralisé de l’expression dans les théories politiques et les théories du droit public – allemand – de toutes tendances. L’usage du mot connaît son apogée dans les débats théoriques et politiques autour de l’indépendance américaine et pendant la Révolution française. Le concept est depuis lors indissociablement lié aux notions de « constitution » et de « constitutionnalisme2 » et devient un concept fondamental des mouvements de la bourgeoisie libérale et nationale, sans être cependant exclusivement associé au libéralisme.

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II. Antiquité, bas et haut Moyen-Âge

2 Dans l’Antiquité3 et jusqu’au début du haut Moyen-Âge, le mot « repraesentare » ne possède pas de signification qui évoluerait de façon continue jusqu’au champ sémantique politique des temps modernes. Parmi ses significations classiques, « apparaître » (in Erscheinung treten), « présentifier » (gegenwärtig machen), « représenter-figurer » (darstellen), la formulation qui devait prendre une importance particulière pour les évolutions ultérieures est « tenir lieu de quelqu’un d’autre » (vicem alicuius repraesentare). C’est la tournure utilisée par l’Empereur en 321 pour sommer un juge d’incarner dans son office le pouvoir judiciaire de l’empereur – « nous représenter dans les instructions judiciaires » (cognitionibus nostram vicem repraesentare)4 –, et le pape Grégoire I écrit à l’un de ses évêques que c’est sa propre autorité – celle du pape – qui s’imposera à travers ses émissaires – « que par lui, auquel nous avons donné des recommandations, notre autorité (auctoritas) soit représentée »5 ». Dans la langue juridique romaine post-classique, « repraesentare » signifie essentiellement « se présenter en personne devant un tribunal » (se repraesentare) , une signification qui se transmet du droit coutumier germanique6 jusqu’aux débuts de la littérature jurisprudentielle médiévale7.

3 Au bas Moyen-Âge, « repraesentare » revêt des significations qui vont de « se représenter » (vorstellen) mentalement8” à « se présenter, s’exhiber (darstellen) vers l’extérieur9 », jusqu’à la remémoration cultuelle de l’acte rédempteur du Christ dans la célébration de la liturgie10.

4 Le premier texte médiéval dans lequel « repraesentare » est utilisé dans le contexte sémantique du « gouvernement » (regimen) – est le traité De Legibus de Thomas d’Aquin. Dans la Quaestio sur le fondement des principes juridiques, Thomas d’Aquin fait référence au jugement de Platon : « mais la meilleure organisation de la cité ou d’un peuple quelconque est qu’il soit gouverné par un roi. » Il donne pour motif de la justesse de cette vue qu’un gouvernement de cette sorte représente au mieux la souveraineté divine : « parce qu’un régime de cette sorte représente au mieux le régime divin (maxime repraesentat divinum regimen), par lequel Dieu unique gouverne le monde depuis les origines11. »

III. La représentation dans la construction de la doctrine des corporations du haut Moyen-Âge

5 La doctrine de la représentation médiévale s’élabore au XIVe siècle en s’appuyant sur les travaux des décrétistes et des post-glossateurs, stimulée par la publicistique politique dans laquelle s’expriment les controverses entre la papauté et les monarchies nationales naissantes. Le problème auquel elle se propose de répondre est celui de la légitimation du pouvoir, spirituel et temporel. Elle trouve deux formes d’expression qui correspondent à l’antagonisme politique. Pour les curialistes, tout pouvoir, en ce monde, est conféré par le pape12, qui est lui-même le représentant du Christ sur la Terre13. Dans cette conception, la légitimation du pouvoir est pensée de haut en bas. À l’inverse, la doctrine médiévale des corporations, tout en reconnaissant l’origine divine de toute souveraineté, élabore l’idée d’une légitimation intra-mondaine de bas en haut – « le pouvoir royal […] vient de Dieu et du peuple qui élit le roi14. » « Représentation »

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et « consensus » deviennent des notions-clé de cette doctrine. Trois opérations intellectuelles furent nécessaires pour la développer, et toutes trois furent réalisées à l’aide du mot « repraesentare15 ».

6 En premier lieu, les associations humaines – de la paroisse et de l’évêché au monastère, en passant par les communautés urbaines du Nord de l’Italie et les royaumes, jusqu’à l’Église et au Reich dans leur totalité – devaient être conçues comme des corporations (universitates) agissant conformément au droit. La canonistique y parvint en concevant l’universitas par analogie avec la personne humaine, et en excluant toutes les propriétés, telles que la responsabilité pénale, qui ne pouvaient être comprises dans l’analogie. (†1313) exprime la différence entre personne humaine et universitas par la distinction juridique entre la « vraie personne » (persona vera) et la « personne représentée » (persona repraesentata16). Pour cette dernière s’imposa par la suite la formule de « personne fictive et représentée » (persona ficta et repraesentata)17.

7 Deuxièmement, la capacité d’action d’une universitas devait être garantie par le fait qu’on pût lui imputer comme conséquence juridique l’action d’une personne humaine. Cette relation du procurateur agissant au nom de l’universitas qu’il représentait fut elle aussi nommée « représentation »: « représenter la corporation » (vicem universitatis repraesentare)18 ». On peut désigner cette représentation comme « représentation- mandat » (Stellvertretungs-Repräsentation).

8 La troisième opération intellectuelle nécessaire exigeait de conceptualiser l’unité d’un organisme se perpétuant dans la durée19 et composé de nombreux individus. Elle fut réalisée, du moins dans ses prémisses, par l’idée que dans son action politique, le regentes ou principantes d’une universitas représentait son unité, et l’instaurait par ce fait même. En se rattachant à une formulation de Jean de Ségovie20, on peut désigner cette représentation d’un organisme collectif comme « représentation-identité » (Identitäts- Repräsentation)21. Dans cette conception, la principale question était de savoir qui devait assumer cette représentation à titre de principans, autrement dit de savoir qui devait exercer une autorité légitime sur les membres de l’universitas. Pour y répondre, la doctrine des corporations du Moyen-Âge tardif recourut à des idées héritées du bas Moyen-Âge22 et définit le consensus des membres de la corporation comme fondement de la représentation et de la souveraineté. Il était néanmoins clair que cette définition n’impliquait pas un assentiment exprès de chaque individu. Au Moyen-Âge, l’action politique était toujours la prérogative d’un petit nombre d’hommes23. Mais ce petit nombre représentait ceux qui n’agissaient pas directement dans l’acte de désignation du souverain, il représentait leur assentiment comme les princes-électeurs représentaient le peuple du Reich24 lors de l’élection de l’Empereur. La représentation, en tant que réalisation permanente de la capacité d’action politique d’une corporation, présupposait un certain nombre de règles entérinées par le droit coutumier ou établies par un contrat et autorisant à déclarer la validité d’un accord, autrement dit une « constitution25 » (constitutio). Ces règles devaient établir une procédure permettant de désigner ceux qui « dans un tel cas occupent le lieu du peuple tout entier » (in tali casu sunt loco totius populi)26. La doctrine des corporations médiévales allait jusqu’à considérer que toutes les procédures de l’époque engendraient une représentation : le choix canonique rigoureux par des chapitres, des assemblées écclésiastiques, ou le collège des cardinaux27, la procédure aristocratique ou oligarchique de désignations des magistrats des communes d’Italie du Nord28, la succession dynastique des différents royaumes29 et les votes de l’assemblée des princes-électeurs dans le Reich 30. La thèse

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centrale de la doctrine des corporations affirmait que « la juridiction est donnée par le consensus des hommes31 », et « représentation » y signifiait la relation de ceux qui affirmaient leur accord (électeurs) à l’égard de ceux au nom duquel ils agissaient comme la relation à l’égard de l’ensemble de la corporation du titulaire de la juridiction (Jurisdiktionsträger) désigné.

9 La doctrine des corporations exerça une influence majeure dans le mouvement écclésiastique et politique du conciliarisme, dans lequel, pendant l’exil d’ (1305-1377) et le Grand Schisme d’Occident (1378-1417), il s’agissait de savoir si le concile œcuménique était l’autorité suprême de l’Église et s’il était donc, conditionnellement ou fondamentalement, au-dessus du pape. Le premier écrit polémique du conciliarisme, la Littera deprecatoria de l’ancien général des Franciscains Michele da Cesena, condamné par le pape Jean XXII, déclarait : « le conseil général, célébré selon le rite et la coutume, puisqu’il représente l’église universelle (cum representet universalem ecclesiam), et tient le rôle de l’église universelle, qui ne peut errer, ce conseil ne peut, de même, errer dans la foi et dans les mœurs32 ». Ainsi était lancée une controverse qui fut vivement débattue plus d’un siècle durant pour savoir si la représentation transfèrait ou non les propriétés (dans ce cas l’infaillibilité de l’Église) des représentés (l’Église universelle) aux représentants (le concile œcuménique33). La controverse atteignit son apogée dans les débats suscités par les décrets Haec Sancta du concile de Constance (6 avril 1415) et Sacrosancta du concile de Bâle (16 mai 1439), par lesquels le concile œcuménique fut déclaré représentant de l’Église universelle34. Vers la fin des controverses, Nicolas de Cues formula dans sa Concordantia catholica une conception irénique selon laquelle le concile était d’autant plus infaillible qu’il tendait à la représentation de la vérité35.

IV. La formation des concepts de représentation absolutiste, de représentation des états dans le Saint- Empire (altständisch36) et de représentation parlementaire

1. La représentation dans la légitimation de l’absolutisme

10 Si le « consensus » était le critère de légitimation de la doctrine des corporations du Moyen-Âge tardif, dès la fin de cette période, et plus fortement pendant la Renaissance, commencèrent à s’imposer des courants dont il n’est pas aisé de retracer les origines et qui ne faisaient plus dépendre la légitimité du souverain de l’accord des membres de la corporation37. fut l’un des premiers à formuler expressément, à l’encontre de la doctrine des corporations, que le souverain n’était pas lié à l’accord des citoyens : « le poinct principal de la majesté souveraine, et puissance absolue, gist principalement à donner loy aux subiets en general sans leur consentement38. »

11 Pour la théorie de l’absolutisme qui s’annonçait ainsi, il y avait deux possibilités de concevoir la représentation. La première consistait, en se conformant à la structure de la représentation curialiste, à affirmer que le souverain n’était pas le représentant du peuple, mais celui de Dieu. L’un des premiers défenseurs de cette conception fut Cardin Le Bret, qui affirma, parlant de Dieu : « C’est sans doute une haute félicité, de les avoir establis Lieutenans de sa puissance, pour regner sur les peuples et representer dans le

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monde, une modelle du gouvernement éternel qu’il a dans le Ciel39 ». On doit à Jacques Bénigne Bossuet la formulation classique de cette conception. Selon lui, les rois étaient « sacrés par leur charge, comme étant les représentants de la majesté divine, députés par sa providence à l’exécution de ses desseins40. » Et en 1770, on trouvait encore dans un dictionnaire français cette définition pour l’article « Représentant » : « la supériorité des Rois du dessus des autres hommes, les rapproche de la Divinité, par l’honneur que Dieu leur fait de les établir en quelque sorte ses représentants sur la terre41. »

12 L’autre possibilité d’interpréter la représentation en faveur d’une théorie de l’absolutisme fut formulée par . Une légitimation du souverain par Dieu n’entrait pas pour lui en ligne de compte. Il reprenait donc la doctrine des corporations traditionnelle, et en adoptait la thèse selon laquelle c’était la représentation qui fondait l’unité de toute personne juridique (Person) et par conséquent aussi celle de l’État : « C’est l’unité du représentant (Representer), non l’unité du représenté (Represented), qui fait la personne une. Le représentant est le support de la personne et il n’est le support que d’une seule personne42. » Le « Representer » – le souverain absolu – ne tirait donc pas sa légitimation de Dieu, mais du peuple, par l’intermédiaire du pacte de souveraineté. Mais à l’encontre de la doctrine des corporations du Moyen-Âge tardif, le peuple, dans cet acte de délégation de souveraineté, renonçait lui-même à être une unité d’action indépendante du souverain. « En tout Etat, c’est le peuple qui règne. Même dans les monarchies, le peuple est souverain : le peuple en effet veut par la volonté d’un seul homme. […]Dans une monarchie, les sujets sont la multitude et (bien que ce soit un paradoxe), le roi est le peuple43 » (rex est populus). La représentation- identité de la doctrine des corporations, qui présupposait toujours des sujets séparés – représentés et représentants – devint ainsi chez Hobbes une représentation dans laquelle le représentant – le souverain monarque – absorbait le représenté, c'est-à-dire le peuple. On peut par conséquent désigner cette forme extrême de représentation du souverain comme une « représentation-absorption44 ».

2. La représentation des états dans le Saint Empire (altständische Repräsentation)

13 Dans l’Allemagne du XVIe au XVIIIe siècle, la théorie et la pratique des diètes des Etats (Landstag) et du Parlement du Reich (Reichstag), qui posaient des limites à l’absolutisme, n’ont d’une manière générale pas nécessité l’emploi du concept de représentation. Il est frappant que dans l’ensemble, le mot ne soit pas utilisé dans les textes politiques et juridiques de la période. Il est donc logique que le dictionnaire de Zedler présente le mot comme relevant du vocabulaire du droit privé et parle en général d’un « représentant » qui en certaines circonstances « représente et tient lieu [...]de ses principaux », en soulignant particulièrement le « caractère de représentation » d’un ambassadeur. Il n’est pas question chez lui de la « représentation » comme concept constitutionnel dans le sens de la représentation des états (ständische Vertretung).

14 Depuis le milieu du XVIIe siècle, on peut néanmoins percevoir les prémisses d’une théorie des assemblées des états (landständische Theorie) selon laquelle, dans chaque État allemand, le pays est « représenté » par ses états45. En 1656, Nicolaus Myler écrit ainsi : « Les états [...] représentent les sujets universels et singuliers, délibèrent et statuent en leur nom, en sorte que quoi qu’ils décident, on juge qu’ils le décident de manière

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universelle46. » D’autres témoignages47 du XVIIIe siècle attestent qu’en dépit de la rareté de son emploi, le concept de « représentation des états » est compris dans une relation à trois termes : les assemblées des états (Landstände) représentent les droits d’un pays stratifié en états (ständisch gegliederte Landes) devant et face au prince du pays. Johann Jacob Moser, qui n’utilise pratiquement jamais le concept de représentation, écrit en 1769, dans le sens de cette théorie : « Là où il existe des assemblées des états, elles représentent le pays tout entier48. »

15 Althusius occupe ici une place particulière : bien que le concept de représentation joue un rôle central dans le système de sa « politique », il n’a pas exercé d’influence, ou seulement dans une mesure limitée, sur l’idée de la représentation-mandat (Vertretungsrepräsentation) que nous venons de commenter. S’appuyant sur sa thèse de la socialisation de l’être humain, qui s’effectue au sein de divers registres de la vie et organes politiques dans le cadre d’« associations symbiotiques »(consociationes symbioticae), il conçoit la collectivité, la « res publica », comme composée de trois dimensions institutionnelles : le peuple (populus), les états (ephori) et le titulaire du pouvoir juridictionnel suprême (summus magistratus), et de deux dimensions constituantes, la « représentation » (representatio) et le « pacte » (pactum). Le pouvoir suprême dans la collectivité, et en particulier le pouvoir de définir la constitution, revient au peuple organisé en villes et en provinces49. Les éphores sont les états (Stände) garants des droits du peuple50 – droit territorial – tandis que les princes-électeurs jouent le même rôle au plan du Reich51. La relation entre l’assemblée des éphores et la collectivité est une relation politique de représentation-identité : « et de cette manière ce collège-là ([je ne parle pas] de chaque collège) représente l’association universelle (repraesentat universalem consociationem)52 ». La relation entre l’assemblée des éphores et le souverain est définie par un pacte. Les éphores, qui représentent le peuple, instituent le souverain par un pacte de souveraineté53. La relation entre le souverain et le peuple est à nouveau une relation de représentation, non dans le sens d’une relation politique d’identité, mais d’une relation de représentation-mandat (Vertretung) juridique : « ces magistrats suprêmes jouent le rôle de et représentent la personne de tout le royaume, de tous les sujets (gerunt vero et repraesentant hi summi Magistratus personam totius regni, omnium subditorum)54. » Althusius est sous l’influence de l’organisation écclésiale de la réforme calviniste, avec ses principes de délégation et de représentation. Les interactions qui se manifestent ici entre collectivité ecclésiastique et collectivité séculière, en tant que principe fondamental de l’idée de l’organisation, n’ont pas existé dans l’Allemagne luthérienne ou catholique.

3. La naissance de la représentation parlementaire en Angleterre

16 Entre l’Europe continentale et l’Angleterre, en dépit de nombreuses influences mutuelles, l’évolution de la représentation politique suit des cours très différents. Ces différences résultent partiellement de l’action de Guillaume le conquérant, qui instaure une collectivité régie par le droit féodal mais dont l’administration est centralisée. Une évolution sociale distincte mène par ailleurs en Europe continentale à la structure tripartite des curies des états, tandis que se développe progressivement en Angleterre un parlement bipartite.

17 La thèse soutenue au XIVe siècle dans le Modus tenendi Parliamentum, ici limitée aux députés élus, et selon laquelle ces procurateurs « représentent toute la communauté de

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l’Angleterre (representant totam communitatem Anglie)55 », est prolongée au XVIe siècle. On peut lire dans un décret du parlement de 1554 : « Nous, les Lords spirituels et temporels ainsi que les Communes, assemblés dans le présent Parlement, représentant le corps entier du Royaume d’Angleterre ainsi que ses possessions (representing the whole body of the realm of England and the dominions of the same), en notre nom en particulier et en général au nom dudit corps (in the name of ourselves particularly and also of the said body universally) […] déclarons, dans cette Supplique adressée à vos Majestés…56 » Thomas Smith élabore cette thèse jusqu’à aboutir à une présentation générale du statut et des prérogatives du parlement. La représentation a chez lui pour fonction de désigner les représentés comme présents et participants au processus décisionnel. La représentation est donc un principe d’attribution. Chez Smith, l’un des principes cardinaux affirme à propos du Parlement d’Angleterre qu’il « représente l’ensemble du Royaume et en détient le pouvoir, la tête comme le corps (which representeth and hath the power of the whole realme, bothe the head and the bodie). Car tout Anglais est réputé être présent ici, soit en personne, soit par procuration ou par l’intermédiaire de mandataires (For everie Englishman is entended to bee there present, either in person or by procuration and attornies), de quelque prééminence, état, dignité ou qualité que ce soit, depuis le Prince (qu’il soit Roi ou Reine) jusqu’à la plus modeste personne d’Angleterre. Et le consentement du Parlement est considéré comme étant le consentement de chacun (And the consent of the Parliament is taken to be everie mans consent)57. » L’objet de la représentation est ici déplacé, divergeant légèrement du Modus et du décret de 1554. Dans le Modus, il s’agit de la « communauté de l’Angleterre » ; dans le texte du parlement, il est simplement « le corps entier du Royaume d’Angleterre », tandis que chez Smith, la représentation du royaume est établie par une présentification des Anglais individuels. La divergence n’est que légère parce que « tout Anglais » ne désigne pas encore, au XVIe siècle, l’individu isolé du droit naturel plus tardif, mais l’électeur de la « communauté (Community) » de l’Angleterre, lié aux états et aux corporations. Richard Hooker prolonge cette idée de la manière suivante : « Le Parlement de l’Angleterre […] est ce dont dépend l’essence même de tout gouvernement dans ce royaume; il est même le corps du Royaume tout entier (the body of the whole realm) ; il est composé du Roi et de tous ceux qui dans ce pays sont ses sujets : car ils sont tous présents ici, soit en personne, soit qu’ils aient volontairement délégué leur droit personnel (or by such if they voluntarily have derived their very personal right unto)58 ». Dans le parlement anglais du début des temps modernes, la représentation des citoyens du royaume, organisés en groupements statutaires et corporations, et conçus comme participant eux-mêmes aux sessions du parlement, est ainsi associée à la présence du roi, de telle manière que dans le prolongement des débats politiques de l’époque des Stuart (1603-1688), le parlement, ainsi vu comme englobant la totalité, peut être désigné comme le porteur de la souveraineté59 : « le Roi en son parlement60 » (King in Parliament).

18 L’importance politique et la théorie du parlement anglais connaissent une nouvelle évolution avant et pendant la « Glorieuse Révolution » de 1688. Dans le Deuxième traité de gouvernementque rédige avant la révolution, en 1679, mais qui paraît après celle-ci, en 1690 seulement, la représentation par le roi et la représentation par les députés sont nettement distinguées. Locke écrit au sujet du roi, puisqu’il est titulaire du pouvoir exécutif et qu’il participe au législatif, qu’il peut aussi être considéré « en quelque manière, comme souverain ». En outre, puisqu’il est lié à la loi, il doit par conséquent « être considéré comme une image, un double ou un représentant

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de la société (as the image, phantom, or representative of the commonwealth), qui n’a le droit d’agir que selon la volonté de la société, telle qu’elle se manifeste par les lois ; et il n’a donc d’autre volonté et de pouvoir que ceux de la loi (and thus he has no will, no power, but that of the law)61.» Puisque la représentation n’est pas une propriété du roi, mais la relation entre lui et la communauté, le roi la transgresse s’il agit selon la détermination de sa propre volonté, et non selon la volonté générale devenue loi : « Dès qu’il cesse d’agir selon cette représentation (when he quits this representation), selon cette volonté publique, et qu’il agit selon sa propre volonté privée (and acts by his own private will), il se dégrade par là lui-même62. » La représentation de la collectivité par le roi est donc fixée par la loi. Il en va autrement du lien des représentants élus avec la collectivité, qui partagent avec le roi le pouvoir législatif et qui élaborent les lois conformément à la constitution. S’ils étaient désignés dans le Modus comme des « procuratores », ils sont maintenant simplement appelés « représentants63 » (representatives). Leur élection par le peuple « en fonction de règles justes et manifestement équitables » est indiscutablement « la volonté et l’acte de la société64. » Les citoyens n’ont pas ici « un droit à être représentés de façon distincte » (a right to be distinctly represented) à titre d’individus, mais en tant que citoyens politiquement légitimes (le peuple) selon les « places » et « corporations65 » établies traditionnellement. Selon Locke, dans beaucoup de celles-ci, le nombre d’habitants a diminué au fil du temps, tandis que des villes ayant connu une expansion récente ne sont pas représentées au parlement. Cette contradiction à l’égard du principe « le salut du peuple est la loi suprême66 » devait naturellement être éliminée conformément au principe de la représentation parlementaire pour « l’Angleterre tout entière ». Le « peuple » – la noblesse, les bourgeois possédants, les paysans riches – devait être représenté de manière plus juste au plan des circonscriptions électorales, tout en n’étant pas, contrairement aux états français ou allemands, représentés par des curies d’états (ständische Kurien) mais de manière unitaire par les membres des Communes (commoners) agissant comme « représentants » (representatives). Vers 1730, Bolingbroke utilise les concepts de « corps représentatif » (representative body) et de « corps collectif de la Nation ». Il considère les représentants du peuple (le « collective body ») comme des « mandataires » (trustees) responsables vis-à-vis de leurs électeurs67.

V. L’époque des révolutions en Amérique et en France

1. À la veille des révolutions

a)

19 Ni du point de vue chronologique, ni du point de vue systématique, on ne peut classer Montesquieu parmi les précurseurs des révolutions. Ses perspectives sont encore entièrement celles de la représentation traditionnelle des états (altständisch). Par ailleurs, il n’a ajouté aucune idée nouvelle à la théorie de la représentation. Néanmoins, qu’il ait fait de la représentation un concept crucial du célèbre chapitre six du onzième livre de Del’Esprit des lois, qui traite de la séparation des pouvoirs, a contribué à définir le rôle joué par ce concept dans les débats au sujet de la constitution américaine, ainsi qu’avant et pendant la Révolution française. Partant du principe que, dans une Nation libre, tout homme pourvu d’une volonté libre devrait se gouverner lui-même, c’est le « peuple en corps » qui devrait à proprement parler disposer de « la puissance

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législative ». Le peuple doit néanmoins faire par l’intermédiaire de ses représentants ce qu’il ne peut faire lui-même, pour deux raisons : d’une part, dans les grandes nations, une assemblée de la totalité du peuple est impossible, et d’autre part, seuls les représentants disposent des capacités à débattre des affaires publiques, tandis que le peuple en est toujours dépourvu68. La position de Montesquieu sur la hiérarchie des états devient claire lorsqu’il distingue « le corps représentant »en un « corps des nobles », dont les sièges sont héréditaires, et « le corps qui sera choisi pour représenter le peuple ». Les deux corps siègent et délibèrent séparément et sont justifiés à avoir leurs propres opinions et à poursuivre leurs propres buts69. Les représentants du peuple ont reçu de lui une « instruction générale », mais pas une « instruction […] particulière sur chaque affaire » ni de mandat impératif70. Tous les « citoyens » des divers districts doivent pouvoir donner leur voix, à l’exception de ceux dont le statut social est bas au point d’exclure, de l’avis général, qu’ils aient une volonté propre71.

b) Rousseau

20 Au cours du XVIIIe siècle, le cadre intellectuel et politique dans lequel est pensée la représentation se transforme. L’irréaliste théorie de l’absolutisme selon laquelle la Nation a été absorbée dans la représentation par le souverain, ou du moins qu’elle ne doit son existence qu’à cette représentation, est toujours davantage remise en cause. Au plan politique, la théorie de la concentration de tout le pouvoir politique dans la personne du monarque et la tentative d’imposer effectivement cette concentration théorique se révélent comme un excès de l’absolutisme72. Les deux évolutions tendent, de manière convergente, vers un revirement. On trouve la formulation théorique de ce revirement, qui rompt avec toutes les conceptions de la représentation qui avaient prévalu jusqu’alors, dans l’ouvrage Du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau paru en 1762 : identique à la Nation née du contrat social73, « le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même74. » L’« essentielle irreprésentabilité de la souveraineté75 » repose sur l’impossibilité de la déléguer, « la souveraineté n’étant que l’exercice de la volonté générale76 ». Dans l’essence de ses droits souverains, dans la constitution de la « volonté générale », dont la loi est l’expression, le peuple n’est pas représentable : « Dans la puissance législative, le peuple ne peut être représenté 77. »« Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires78 ».

c) L’Encyclopédie

21 En dépit de l’influence considérable qu’exerça Rousseau sur la Révolution française79, sa thèse de l’irreprésentabilité du pouvoir politique fut d’emblée éclipsée par la théorie de la représentation. L’idée que la “Nation”, c'est-à-dire non seulement la noblesse et le clergé, mais également le “peuple” du Tiers-état devait être représenté, que ce soit aux États-généraux ou par les hautes assemblées législatives, les “parlements”, fut exprimée de plus en plus fréquemment au cours du XVIIIe siècle. À la prétention des parlements d’être un « intermédiaire » destiné à « représenter » la Nation face au roi, et le roi face à la nation80, Diderot opposa, dans l’article « Représentants » de l’ Encyclopédie81, sa propre conception de la représentation, qui eut un retentissement considérable : « Les représentants d’une Nation sont des citoyens choisis, qui dans un gouvernement tempéré sont chargés par la société de parler en son nom, de stipuler ses intérêts, d’empêcher qu’on ne l’opprime, de concourir à l’administration. » Il s’agissait

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donc, comme en Angleterre, d’une représentation de la Nation dans sa totalité, choisie par les citoyens pour faire valoir leur volonté et leurs intérêts, exercer un contrôle politique et participer à l’administration de l’État par le roi. Influencé par Montesquieu et par l’exemple de la couche dominante de la monarchie constitutionnelle anglaise, Diderot attribuait aux « représentants » de la Nation un pouvoir législatif exercé en commun avec le roi et juridiquement garanti par une constitution. Son concept de représentation excluait les formes de souveraineté du despotisme et de la démocratie (« état purement démocratique ») et était uniquement compatible avec la « monarchie tempérée »82. Au plan social, la conception de la représentation de Diderot excluait une constitution basée sur la représentation des états (Ständeverfassung) et construisait le corps électoral des « citoyens » sur une base de classe (« C’est la propriété qui fait le citoyen »). Elle reconnaissait le droit de se faire représenter à cinq classes possédantes, c'est-à-dire à des groupes occupant des fonctions sociales : le clergé, la noblesse, les magistrats, les négociants et les paysans (« cultivateurs »). Leurs intérêts devaient être représentés par des députés libres et responsables, dont Diderot précisait qu’ils n’étaient pas liés par un mandat83. Dans son article, Diderot anticipait donc les critères décisifs de la future monarchie constitutionelle libérale (réalisée pour la première fois en 1791).

2. La Révolution américaine et l’idée du système de gouvernement représentatif

22 On peut certainement considérer la conception que développe Diderot des « représentants » dans une « monarchie tempérée » comme l’une des formulations les plus compréhensives et les plus concrètes du concept de représentation constitutionnelle moderne du XVIIIe siècle. Mais il faut rappeler une fois de plus qu’il se tient, avec toutes ses parties, dans le cadre de la théorie de l’époque, avec ses fondements jusnaturalistes et historiques, et se rattache au modèle de la constitution anglaiseappliqué en tant qu’idéal-type. Le mouvement d’indépendance américain de 1764, la crise financière et politique de la France de 1788/1789, ainsi que les “révolutions” qui en résultèrent, disposaient donc du même terme et du même champ conceptuel ; dans le cas de la colonie américaine, les auteurs se rattachaient cependant immédiatement à la théorie politique et au droit anglais84. Le principe fondamental du droit parlementaire en Angleterre, selon lequel le consentement du parlement était considéré comme le consentement de tous les citoyens, et la pratique du gouvernement sous George III consistant à imposer aux colonies des taxes sans leur accord, conduisirent les colonies à cette revendication : « pas de taxation sans représentation85 » (no taxation without representation), et leur insatisfaction entraîna la sécession vis-à-vis de la métropole.

23 Les constitutions élaborées depuis 1776 reposaient sur des principes tous déjà conçus en Europe, où ils avaient déjà partiellement connu une application politique86. L’Amérique pouvait néanmoins, ainsi que le formule , revendiquer d’avoir fait de la découverte européenne le fondement de la souveraineté dans des Républiques homogènes et de grande taille87. Le premier principe était que la souveraineté fût fondée exclusivement sur l’autorité du peuple : « le pouvoir () dérive de la seule autorité du peuple et n’est fondée que sur elle88. » En second lieu, la souveraineté ne devait être exercée que sur le fondement d’une

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constitution (écrite) : « Un gouvernement sans constitution est un pouvoir sans droit89. » Troisièmement s’ajoutait l’idée que le droit d’exercer la souveraineté était un mandat qui n’était accordé que pour une durée déterminée : « Tous pouvoir délégué est un dépôt90 ». La souveraineté fondée sur l’élection raffinait et élargissait « l’esprit public, en le faisant passer dans un milieu formé par un corps choisi de citoyens, dont la sagesse saura distinguer le véritable intérêt de leur patrie91. » L’influence de l’interprétation qu’avait donnée Montesquieu de la constitution anglaise92était perceptible dans l’exigence d’une stricte séparation des pouvoirs ; on peut déjà lire dans la Virginia Bill of de 1776 93 : « Les pouvoirs législatif et exécutif de l’État doivent être séparés et distincts du judiciaire. » Le point crucial de la doctrine de l’exercice de la souveraineté par l’intermédiaire de la représentation était le principe selon lequel « le peuple de cet État ne peut être contrôlé par d’autres lois que celles auxquelles son corps législatif constitutionnel a donné son consentement94. » En 1777, Alexander Hamilton fut certainement le premier à désignerla totalité de ces principes comme ceux d’une « démocratie représentative95 » (representative ), tandis que parlait pour sa part d’un « système de gouvernement représentatif96 » (representative system of government), ou plus brièvement de « gouvernement représentatif »97. Puisque la constitution était le fondement du gouvernement – « une constitution est une chose antérieure au gouvernement, et le gouvernement n’est que la créature d’une constitution98 »– on pouvait aussi parler de « gouvernement constitutionnel99 ». Le concept de représentation était ainsi mis au centre des théories du gouvernement ou de la constitution. Il devenait un critère essentiel de distinction typologique des constitutions et un appui conceptuel pour la démocratie moderne naissante, qui n’était possible que sous forme « représentative » dans des nations de grande taille100.

3.La Révolution française et la représentation nationale

24 Dans les controverses publiques de 1788/1789 qui eurent lieu à la suite de la banqueroute de l’État et avant la convocation des États-généraux, le concept de « représentation nationale101 », qui reprenait la théorie de la représentation de l’ Encyclopédie, devint le mot d’ordre de la Révolution qui s’annonçait. La représentation a été un concept clé des débats politiques. En effet, parmi les 93 synonymes du terme « États-généraux » que l’on a pu relever dans un choix de brochures publiées entre septembre 1788 et mai 1789, 42 sont des expressions formées à partir des mots « représentation », « représentants » ou « représentatif102 ». Le nom d’ « Assemblée nationale », tiré de la célèbre déclaration du Tiers-État présentée dans une motion de Sieyès du 17 juin 1789, était le résultat d’un compromis puisque Sieyès avait à l’origine proposé le nom d’« Assemblée des représentants connus et vérifiés de la Nation française103. »

25 Que la représentation soit devenue le concept central des développements politiques de 1789, comme précédemment en Amérique, paraît alors une évidence universellement admise. Pour la justifier, on fait appel à l’argument, connu de longue date aussi bien en France qu’en Angleterre et aux États-Unis, selon lequel il est impossible de rassembler la Nation tout entière dès que l’on a affaire à des territoires nationaux étendus104. Cependant, prolongeant la pensée de Diderot, une réflexion de Sieyès informe de manière nouvelle le concept de « représentation constitutionnelle ». La représentation ne doit plus être un artifice organisationnel permettant de remplacer la présence de

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tous les citoyens, par elle-même souhaitable bien qu’irréalisable, mais un moyen d’accroître l’efficacité du système politique grâce à une division du travail et à une concentration de la formation de la volonté politique105, ainsi que de manifester distinctement l’unité de la Nation. Dans cette perspective, les députés sont sans doute désignés par leur électorat, c'est-à-dire dire les baillages, mais ils n’en sont pas moins des députés de la Nation tout entière, et ne sont pas liés par un mandat impératif. L’objectif politique que poursuit cette argumentation est de conférer à la France une unité juridique à travers un pouvoir législatif central106. La désignation comme député implique d’être doté des pleins pouvoirs « à l’effet de se réunir, de délibérer, de se concilier et de vouloir en commun [...] car il faut [que les députés] soient libres de faire et de bien faire [...] Au surplus, toute limitation qui n’a pas été prononcée par la pluralité, ne peut point lier la délibération. La pluralité représente toujours la Nation entière, et fait loi pour tout le monde107. » La condition préalable de la représentabilité de la Nation par l’acte de désignation de représentants est l’égalité juridique des citoyens, comprise comme exclusion des privilèges liés à l’appartenance à un ordre : « Les intérêts par lesquels les citoyens se ressemblent sont donc les seuls qu’ils puissent traiter en commun, les seuls par lesquels, et au nom desquels ils puissent réclamer des droits politiques, [...] les seuls par conséquent qui impriment au citoyen la qualité représentable. [...]Le privilégié ne serait représentable que par sa qualité de citoyen 108. » L’objet de la représentation ainsi comprise est le peuple dans l’unité des intérêts concordants de ses membres109. L’hypothèse selon laquelle il y a pour chacun des membres individuels de la société civile un intérêt commun véhiculé par la structure politique fondamentale de cette société autorise Sieyès à affirmer que les députés choisis dans les districts individuels « sont encore appelés à représenter la généralité des citoyens, à voter pour tout le royaume110. » Cette unité des intérêts des membres actifs de la société est la Nation.

26 La représentation nationale, dont la pensée s’élabore dans les brochures qui accompagnent le conflit des états de 1788/1789 et lors des débats de la période des États-généraux de mai à juin 1789, trouve sa première expression politico-juridique dans la déclaration du Tiers-état du 17 juin 1789. La déclaration se fonde sur le principe qu’il incombe exclusivement à l’« Assemblée nationale », « la représentation étant une et indivisible », « d’interpréter et de présenter la volonté générale de la Nation111. » La rupture avec le passé que constitue cette démarche tient à la substitution de l’objet de la représentation : ce ne sont plus les intérêts divergents d’une société hiérarchisée en ordres (ständisch gegliederte Gesellschaft) qui sont représentés, mais « la Nation une et indivisible » des « hommes et citoyens » et leur « volonté générale » dont seule cette représentation est la réalisation112. La représentation-absorption par le monarque se transforme en une représentation-absorption par l’Assemblée nationale. S’il n’est pas représenté, le peuple n’a pas de volonté113. Cette théorie de la représentation trouve sa formulation juridique dans la Constitution française du 3 septembre 1791, dont l’article 2 énonce que « la Nation, de qui seule émanent tous les pouvoirs, ne peut les exercer que par délégation. La Constitution française est représentative ; les représentants sont le Corps législatif et le Roi114. » Ce « Corps législatif » est l’Assemblée nationale, dont les députés sont les représentants de la Nation tout entière. La constitution ne connaît que ces deux représentants de la nation. À la différence de Sieyès, qui reconnaissait à tous les titulaires d’une fonction officielle un caractère représentatif (« tout fonctionnaire public est représentant du peuple dans l’ordre de sa mission115 »), la Constitution de 1791 dénie tout caractère de représentation à l’administration116.

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4. La Révolution française et son contexte

a) Burke

27 Dans les très influentes Réflexions sur la Révolution de France 117 (1790), rapidement traduites et diffusées, en particulier en Allemagne, Burke oppose la « nature » à l’arbitraire de la « révolution » et la préservation de la « constitution traditionnelle » à l’outrance d’innovations provenant de déductions théoriques. De cette différence résultent deux concepts opposés de représentation. Burke rejette le concept de Nation de la Révolution française, avec son fondement individualiste, en le mesurant à l’aune de la continuité nationale de l’Angleterre. À ses yeux, dans ce dernier pays, la Nation est susceptible de se renouveler tout en conservant, au travers des générations, sa tradition constitutionnelle sans rupture, car « elle est une entitée continue, qui s’étend dans le temps autant qu’elle croît en nombre et dans l’espace118 ». Puisque c’est la Nation, dans son extension temporelle, et non « le peuple, comme agrégation d’individus119 », qui est représentée, une élection ponctuelle ne peut être au fondement de la représentation. Burke poursuit donc ainsi : une nation « n’est pas le choix d’un jour ou de quelques personnes, ce n’est pas un choix fait dans le tumulte ou le vertige ; c’est une élection mûrement réfléchie des âges et des générations passées. [...] L’individu est stupide. La multitude, pour le moment, est stupide, quand elle agit sans réfléchir ; mais l’espèce est sage, et quand on lui laisse le temps, en tant qu’espèce, elle agit toujours correctement120. » Les députés individuels – « les représentants du peuple (popular representatives) » – ne possèdent un pouvoir représentatif que dans leur ensemble à la Chambre des Communes, et cette dernière n’est représentative qu’associée à la Chambre des Lords et au roi121. Tout détenteur de la puissance publique représente le peuple au nom d’une tradition ancestrale (« la prescription122») : « Le Roi est le représentant du peuple, comme le sont les Lords et les juges ; ce sont tous des mandataires (trustees) du peuple, autant que les membres de la Chambre des Communes123. » Toute représentation effective est référée à la totalité de l’exercice de la puissance publique : « C’est à l’ensemble du pouvoir politique (the government) que se réfèrent les différents membres de notre représentation, les différentes circonscriptions124. » Cette totalité de l’exercice de la puissance publique est garante de l’unité de la Nation et de la défense des intérêts de la totalité : « C’est ce pouvoir qui est le centre de notre unité. Il est le mandataire (trustee) de l’ensemble du pays, et non de ses différentes parties125. » Toute représentation concrète repose sur le présupposé qu’existe dans l’ensemble de la collectivité une communauté d’intérêts, un intérêt commun et un consensus des opinions et des aspirations126. Burke désigne ce présupposé d’une représentation concrète comme « virtuel » par opposition à la représentation effectivement donnée (actual) avec les contingences que comporte un vote ponctuel, mais aussi les inégalités qui marquent les électorats et paraissent incohérentes. « Dans la représentation virtuelle (virtual representation), il y a une communauté d’intérêts et une affinité de sentiments et de désirs entre ceux qui agissent au nom d’un aspect(description) du peuple et les gens au nom desquels ils agissent, bien que les mandataires (trustees) n’aient pas été réellement (actually) choisis par eux127.»

28 Ce que Burke reproche aux membres de l’Assemblée nationale, c’est de n’avoir pas tenu compte de cette condition préalable. Les instructions communiquées aux députés

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avaient à ses yeux pour objet une amélioration de la constitution de l’État existante, et non sa destruction. La Révolution a totalement transformé le statut juridique de ses membres. « Ils ont assumé une qualité d’une tout autre nature, et complètement changé et inversé les rapports dans lesquels ils se situaient à l’origine128. » Ce ne sont plus des représentants, mais des individus non mandatés qui se sont réunis arbitrairement : ils « ne bénéficient plus de la sanction et de l’autorité qu’ils devaient à leur qualité initiale129. » Ce passage, qui a fait l’objet de nombreuses discussions, n’affirme pas que le mandat impératif s’imposerait pour l’Assemblée nationale, alors que prévaut le mandat libre130 pour la Chambre des Communes anglaise, mais il reproche à l’Assemblée nationale d’avoir imposé, de manière conflictuelle, des antagonismes d’intérêts, et donc d’avoir trahi les souhaits concrets des électeurs tout comme la représentation virtuelle de la France ; en effet, « le parlement n’est pas un congrès d’ambassadeurs d’intérêts différents et hostiles, chacun devant rester un agent et un avocat de ces intérêts, contre d’autres agents et avocats ; mais le parlement est une assemblée délibérative d’une nation et d’un intérêt, celui de l’ensemble131.» En dépit de l’hostilité de Burke à la Révolution française, il partage avec elle la notion de l’intérêt de la Nation, qu’il exprime précisément dans les arguments qu’il lui oppose. Ce qui est représenté, ce ne sont pas les intérêts du peuple face au roi, ni non plus les intérêts contradictoires des différents états (qui contraindraient, de manière plus ou moins pacifique, une assemblée à trouver un compromis), mais le bien commun d’une Nation considérée comme un tout, bien commun identifiable dans les débats entre hommes libres.

b) L’Allemagne

29 Dans les États allemands, où le poids politique des assemblées des états (Landstände) tendait à diminuer tandis que la théorie de leur représentation institutionnelle (landständische Repräsentation) était encore conservée alors qu’elle était en contradiction avec les principes du droit naturel moderne, le concept de “représentation nationale” fut discuté publiquement avant que l’effondrement de l’Empire et les nouvelles réglementations politiques, sous l’influence de la France, ne contraignent à poser de manière nouvelle les problèmes constitutionnels, et avec eux le problème de la représentation de l’Allemagne, ou des États allemands.

30 Si l’on eût évalué la constitution des états (landständische Verfassung) selon le critère de la “représentation du peuple” – et quelles que soient les limitations portées aux droits de vote de ce “peuple” –, l’unique conclusion que l’on pouvait tirer était que « la totalité de notre représentation du peuple – et nos assemblées des états(Landstände) doivent et veulent bel et bien être des représentants du peuple –est sans valeur. » Car la représentation (Vertretung) des états, non véritablement élue par le peuple, s’avérait dans sa composition « disproportionnée » et par conséquent injuste132. Au lieu d’une « représentation personnelle » (Personalrepräsentation), on avait affaire à une « représentation réelle » (Realrepräsentation) ne reposant pas sur la volonté explicite des « sujets » (Untertanen133) prétendument représentés134. Néanmoins, dans les années 1790, c'est-à-dire peu de temps avant la fin de l’ancien ordre politique, on ne tira pas davantage de conséquences de telles analyses ; les constitutions des états (landständige Verfassung) furent même expressément défendues et invoquées, à titre exceptionnel et comme par défaut, au nom du droit et des libertés anciennes contre l’absolutisme des princes135.

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31 Kant ne se borne pas à reprendre le concept de représentation, il le déduit de la manière la plus radicale de sa maxime de l’autonomie et de la dignité de la personne, constitutive de sa conception de la communauté politique – la « république », par opposition au « despotisme136 ». Une « véritable république », autrement dit l’État de l’avenir, ne peut selon lui être conçue sans « représentation ». Celle-ci devient un critère décisif, fondé sur l’éthique, du concept de « république », et elle donne son nom au « système » politique de la future communauté de la république. Dans son écrit Projet de paix perpétuelle, Kant résume ainsi : « Toute forme de gouvernement qui n’est pas représentative est proprement une non-forme parce que le législateur ne peut être, en une seule et même personne, en même temps exécuteur de sa volonté137 ». Et il conclut sa démonstration par la thèse que « pour être pleinement conforme au principe du droit, il faut que la forme du gouvernement soit représentative138. » On trouve ses formulations classiques dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, où l’on peut lire, dans la première partie, § 52 : « Or toute vraie république est et ne peut être rien d’autre qu’un système représentatif du peuple institué pour prendre en son nom, à travers l’union de tous les citoyens, soin de ses droits, par la médiation de leurs députés (Abgeordnete-Deputierte)139. » Le « peuple » des « citoyens » (cives) qualifiés à voter exclut naturellement pour Kant tous les « simples manoeuvres de la république », à qui fait défaut l’indépendance140. Le « peuple réuni ne fait pas que représenter le souverain, il est lui-même le souverain, car c’est en lui (le peuple) que se trouve originairement le pouvoir suprême. »141. » Cependant, le peuple en tant que souverain n’est pas une unité réellement agissante, et il « n’est qu’un être de raison (représentant –vorstellendes- le peuple entier) tant qu’il n’y a pas encore de personne physique qui représente (vorstellt) la puissance suprême de l’État et qui procure à cette Idée une efficace sur la volonté populaire142.» Le peuple est sans doute dès lors « autocrate », et en position de s’autogouverner, mais le monarque « ne fait que le représenter143». L’objectif qui sous- tend toute cette argumentation est l’idée de l’État de droit. « Telle est la seule constitution politique stable, celle où la loi commande par elle-même et ne dépend d’aucune personne particulière144. » Le raisonnement selon lequel « ceux qui obéissent aux lois, doivent aussi, en même temps, par leur réunion, être législateurs », n’est pas pour Kant une exigence politique, mais « l’idée d’une constitution s’accordant avec le droit naturel des hommes145. »

32 Après 1806, le problème du « système représentatif » quitte le terrain des débats théoriques sur la constitution pour entrer sur celui des tentatives de réforme politique qui, dans la Confédération rhénane, se modèlent naturellement sur la constitution napoléonienne, et restent par conséquent très en-deçà de la constitution française de 1791 et des conceptions de Kant. C’est notamment le cas dans la « représention nationale » de Westphalie et de Bavière146.

33 En Prusse, en 1808, le conseiller d’État Rehdiger et le Baron von Stein élaborent concrètement le programme d’une « représentation nationale » prussienne147. La « nation » devait être représentée par l’assemblée des états de l’Empire (Reichsstände) qui devaient être élus en une deuxième Chambre par des hommes « d’intelligence et de propriétés de toute nature », c'est-à-dire issus des corporations « descultivateurs établis[,] du commerce, des fabriques », des citoyens issus des « communautés urbaines » et de la « classe éclairée »(Gelehrtenstand). Il ne s’agissait donc pas d’une représentation nationale législatrice unifiée, mais d’une représentation articulée en sections de corporations ou de classes. Stein refusa d’entériner le second projet de

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Rehdiger, qui prévoyait que l’assemblée comprenne des « fonctionnaires militaires ou civils », puisque ceux-ci étaient selon lui « en tant que fonctionnaires, des instruments du gouvernement » et n’avaient donc pas « la possibilité d’exprimer une opinion ou de prendre une décision opposées à la volonté du gouvernement148. » En tant que membres de l’administration publique, ils devaient donc être exclus de la représentation telle que la concevait Stein. Ces principes fondant une représentation (Vertretung) organisée et une participation de la « Nation » donnaient au concept de “représentation nationale” un contenu politique et social adapté aux conditions politiques et sociales de l’époque. La représentation nationale de Stein était très éloignée de la représentation des états du Saint-Empire149 (altständische Vertretung), aussi bien du point de vue de sa répartition sociale que du statut et de la compétence de ses députés.

34 Dans son premier mémoire sur une constitution du Reich allemand (fin août 1813), Stein resta très en-deçà de la modernité de son projet de 1808 pour la Prusse. Il se plaçait dans la continuité du parlement du vieil Empire, faisant cependant un pas décisif dans le sens d’une représentation nationale allemande, sans lui donner ce nom, puisqu’il prévoyait une prise de décision à la majorité des voix du Reichstag dans son ensemble, et qu’il formulait ce principe :« Les membres du Reichstag sont des représentants et non des envoyés (Gesandte)150. »

VI. Le combat pour la représentation dans l’Allemagne du XIXe siècle

1. Le Vormärz151 allemand

a) La situation d’origine

35 Puisque ni le projet de constitution de Stein, ni d’autres propositions pour une constitution du Reich allemand ne purent être réalisés, la question du système représentatif ne se posait, d’emblée, que pour les États allemands pris individuellement et non pour l’ensemble de l’Allemagne. L’assemblée fédérale de la Confédération germanique n’était pas une représentation nationale, mais uniquement, à l’instar du Reichstag du Saint-Empire, un congrès permanent d’envoyés (Gesandte). L’Acte confédéral de 1815 comportait néanmoins, dans le compromis à la formulation vague de son article 13, cette disposition générale : « Tous les États de la Confédération devront se pourvoir d’une constitution des états (landständische Verfassung)152 ». Cela revenait, en dépit de l’imprécision et de l’absence de toute indication de délai, à exiger que tous les États allemands se donnent une constitution intégrant le principe représentatif, sous sa forme ancienne ou sous sa forme moderne.

36 La formulation insatisfaisante de l’article 13 ne pouvait manquer de susciter des controverses sur le concept de représentation. Mais avant qu’elles ne se déclenchent, l’orientation que devaient prendre la définition du concept et son application pratique fut très rapidement décidée. Le modèle qui s’imposait de lui-même était la Charte constitutionnelle française de 1814. Dans les années 1814 à 1818 furent ainsi promulguées dans divers États du sud et du centre de l’Allemagne, ou, comme dans le Würtemberg, en tant que résultat d’un accord entre le prince et les états, des constitutions qui se fondaient toutes sur un concept de représentation à peu près identique à celui du type naissant de la “monarchie constitutionnelle”.

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37 Le modèle de la “Charte” française était particulièrement adapté à un système bicaméral. Si les chambres basses (chambre des députés) étaient influencées par le modèle de la “représentation nationale” de 1789/1791, les chambres hautes (chambre des pairs) s’inspiraient de la tradition monarchique des états (monarchisch-ständische Tradition). En 1815, résumait leur différenciation en utilisant le concept de « pouvoir représentatif de la durée » pour la chambre haute, alors qu’il attribuait le « pouvoir représentatif de l’opinion » à la chambre basse. Avec ces deux principes et représentations (Vertretungen), Constant considérait que l’équilibre des intérêts sociaux et des tendances intellectuelles – avec à leur tête le roi en tant que « pouvoir neutre » – était garanti153.

38 La Charte française incorporait le système représentatif, mais n’était pas clairement dominée par le principe selon lequel la chambre basse (qui ne reposait pas sur une hiérarchie des états, mais sur un droit de vote conditionné par un cens élevé) était la seule représentante de la nation. Le statut du roi, en tant que chef de l’exécutif, ne dépendait en effet pas de cette chambre. Pour lui, dans le sens du pouvoir de droit divin, prévalait le principe que « l’autorité toute entière résidât en France dans la personne du roi154. » Mais à la différence du roi prérévolutionnaire, ses pleins pouvoirs étaient limités, puisqu’il était lié à la constitution et par conséquent au principe représentatif fixé par l’assemblée législative des Chambres. Ces dispositions devaient agir dans le sens d’une séparation des pouvoirs. L’opinion publique libérale française, inspirée par le modèle anglais, ne considérait naturellement pas cette ligne de démarcation comme strictement définie. Louis XVIII avait lui-même promis dans la déclaration de Saint-Ouen de 1814, en termes conceptuels vagues, un « gouvernement représentatif » dans une constitution libérale155.

39 Dans les constitutions qui furent promulguées dans les premières années de la Confédération germanique, dans le sillage de la principauté de Nassau (1814), le principe représentatif fut sans doute introduit à travers les organes législatifs des chambres (deux dans la plupart des cas), mais son concept ne fut pas développé. On évita d’employer le mot lui-même, et il ne fut plus question de « représentation nationale ». Le statut du monarque ainsi que la participation des chambres élues (et organisées en états) à la législation étaient définis de la même manière que dans la Charte française.

40 En 1815, avant que ne commence la discussion politique sur l’interprétation en termes de droit constitutionnel de l’article 13 de l’Acte Confédéral allemand, de nombreux écrits et articles de presse se firent l’écho de vifs débats relatifs au problème de la constitution représentative. En Prusse, la discussion se rattachait à l’expression de “représentation nationale” qu’avaient utilisée Stein et après lui Hardenberg. En Rhénanie, l’opinion publique, influencée par la France, connaissait des divergences extrêmes et des désaccords, en particulier sur la question de l’élection et de la composition d’une représentation nationale reposant sur l’organisation en états ou faisant davantage appel à une citoyenneté de type universel (limitée par le suffrage censitaire). La discussion publique s’éteignit néanmoins rapidement car la “promesse de constitution” de Frédéric-Guillaume III ne fut pas tenue, et la Prusse resta sans “constitution” jusqu’en 1848.

41 Dans de nombreuses déclarations de l’époque, la diversité des conceptions s’exprima particulièrement là où étaient en cause des buts politiques concrets, comme en Rhénanie prussienne dans les années 1815-1817156. Selon Ernst Moritz Ardnt, les trois

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états, noblesse, paysannerie et bourgeoisie, devaient posséder « dans toutes les affaires et besoins du pays un pouvoir de conseil et de participation au gouvernement. » Arndt germanisa le mot « representativ » en « darstellend157 » et établit une relation étroite entre les « constitutions démocratiques et représentatives (darstellenden) » et les vieilles libertés germaniques158.

42 Friedrich Christoph Dahlmann voulait voir dans le type de la nouvelle constitution représentative un prolongement de la vieille tradition germanique des états, et fixait pour « tâche de former une puissante représentation du peuple (Volksvertretung) à partir des états qui se sont constitués librement au cours du temps159. »

43 Si Arndt et Dahlmann n’avaient pas encore résolu le conflit entre la représentation traditionnelle des états et la nouvelle exigence de représentation nationale, Ludwig Harscher von Almendingen proposa une théorie politique allant jusqu’au bout de la logique libérale160. La « représentation du peuple » devait selon lui « représenter (darstellen) l’intelligence populaire en totalité » et représenter (vertreten) « les intérêts de tous les états, classes, corps de métiers, territoires161 » ;elle devait « être entièrement protégée de la subornation par le gouvernement ou le pouvoir exécutif »afin de pouvoir remplir la tâche de « mettre, en fonction des circonstances et comme elle le juge le plus approprié, le peuple à l’abri de l’avidité de pouvoir et d’argent, de l’arbitraire, de l’aveuglement ou de l’inertie éventuels du pouvoir régnant et de ses auxiliaires162 » ; elle devait enfin, à titre d’instance de contrôle, « être dans l’incapacité de s’approprier une part, fût-elle la plus infime, du gouvernement lui-même163. » Tout pouvoir émane du peuple. « Cependant, puisque le peuple ne peut pas se gouverner lui-même, mais qu’il doit être gouverné par ses princes, il ne peut donc contrôler lui-même les princes et leurs gouvernements, et doit les soumettre au contrôle de représentants. » Ceux-ci devaient être limités à « la classe des propriétaires fonciers indépendants, des capitalistes, des gros négociants, des grands capitaines d’industrie164. » On a ici en peu de traits le modèle purement libéral de la représentation, dans sa version allemande, qui devait conserver sa validité pendant des décennies. Almendingen le distinguait expressément du type de la représentation (Vertretungstypus) des états du Saint Empire.

44 Si l’on compte Hegel parmi les théoriciens politiques du constitutionnalisme165, on est alors justifié à le faire figurer dans la section qui présente les partisans des conceptions représentatives au début du Vormärz. Ce qui le sépare d’une conception libérale de la représentation, c’est son refus de l’idée que les états soient une instance de protection juridique contre l’arbitraire des princes166. Sa conception des états le rattache à la théorie constitutionnelle. Les états ont chez lui leur place fonctionnelle dans la sphère de l’État, qui subsume la sphère de la société civile. Dans le cadre du droit constitutionnel intérieur, les états sont traités sous la rubrique du pouvoir législatif ; dans celui-ci, « pris en tant que totalité », les deux autres pouvoirs sont à l’œuvre, « le pouvoir du monarque » et le « pouvoir gouvernemental »167 ; « l’élément constitué par les états du Royaume168 » constitue un troisième moment. Dans cette conception, les états, dont les membres sont issus de la société civile et de son système de besoins et d’intérêts, mais dont le statut est cependant défini par le droit constitutionnel, apparaissent comme des intermédiaires entre l’État et la société. « La détermination conceptuelle qui caractérise les états doit être cherchée en ceci qu’en eux, le moment subjectif de la liberté générale, la vue propre et la volonté propre de cette sphère que dans ce traité nous avons appelée société civile, vient à l’existence en relation avec l’État169. » Dans un tel système, la « représentation » n’a pas pour sens que « l’individu

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puisse s’exprimer en tant qu’individu, mais il importe que ses intérêts puissent se faire entendre au sein d’une assemblée (Versammlung) où il est question de l’universel170. » La tâche authentique de la représentation est la médiation des intérêts typiques de la société civile avec l’universel qui se réalise dans la législation de l’État. Ces intérêts typiques sont ceux des grandes branches de la société, de l’artisanat, du commerce, des fabriques. « Chacune de ces branches de la société a le même droit d’être représentée. Si les députés doivent être considérés comme des représentants, cela a un sens organique et raisonnable à la condition qu’ils ne soient pas les représentants des individus pris isolément ou de la multitude, mais bien les représentants de l’une des sphères essentielles de la société, les représentants de ces intérêts fondamentaux. Le sens de la représentation ne réside pas dans le fait que l’un prenne la place d’un autre (dass einer an der Stelle eines anderen sei), mais dans le fait que l’intérêt lui-même soit véritablement rendu présent (gegenwärtig) dans le représentant171. »

b) Constitution des états ou constitution représentative

45 Au congrès de Karlsbad (1819) des États de la Confédération germanique (qui n’étaient pas présent dans leur totalité) eurent lieu des délibérations sur l’interprétation controversée de l’article 13 de l’Acte fédéral. Metternich voulait qu’il soit fixé dans le sens des états du Saint-Empire (altständisch).Il détermina Friedrich von Gentz à rédiger un mémoire destiné à répondre à cette intention. Gentz rattachait la teneur de l’article 13 à la constitution des états de l’ancien Empire, qui n’avait selon lui « jamais signifié autre chose »que d’assurer que « les membres ou députés de corporations existant par elles-mêmes [aient possédé] le droit de participer à la législation.» Ils correspondaient donc à une collectivité organisée en corporations pour laquelle Gentz employait le concept de la « société civile bien réglée » traditionnelle. Pour les assemblées des états, le concept de représentation ne devait pas être refusé et aurait mérité de leur être appliqué s’il n’avait pas été tout récemment revendiqué par les partisans d’une « constitution représentative » révolutionnaire, et ainsi transformé en son contraire. Dans cette compréhension nouvelle, « les personnes désignées pour prendre part aux plus importantes affaires de l’administration de l’État ne représentaient plus les droits ou l’intérêt d’états particuliers [...] mais la masse tout entière du peuple172. » Pour Gentz, les deux concepts de représentation (Vertretungskonzepte) s’excluaient donc mutuellement, et ne pouvaient faire l’objet de compromis tels que ceux qui avaient été conclus, avec une nette orientation dans le sens de la constitution représentative, dans les constitutions récemment créées dans les États du Sud de l’Allemagne. Gentz allait même jusqu’à cette opposition : « Les constitutions représentatives [...] tendent en permanence à mettre le spectre de la prétendue liberté du peuple (c'est-à-dire l’arbitraire général) à la place de l’ordre civil et de la subordination, et à mettre la chimère de l’égalité universelle des droits, ou, ce qui n’est pas mieux, l’égalité de tous face au droit, à la place des différences irrévocables de rang (Stand) et de droit instituées par Dieu lui-même173. »

46 Gentz, et après lui d’autres conservateurs, plaçaient la « représentation » parmi d’autres concepts politiques fondamentaux hérités de la « révolution », tels que la « constitution », « l’absurde principe de la souveraineté suprême du peuple », « l’opinion publique », « l’arbitraire » à l’égard d’ordres intangibles, la « démagogie » et finalement l’« anarchie174 ». S’il fut impossible de faire prévaloir l’interprétation que Gentz donnait de l’article 13 de l’Acte fédéral, puisque les États du Sud de l’Allemagne

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avaient pris les devants avec leurs constitutions et qu’ils s’en tenaient à leur position, Metternich parvint cependant à imposer, dans l’Acte final de la conférence ministérielle de Vienne valant pour tous les États allemands, que l’article 57 sanctionne le « principe monarchique » selon lequel « la totalité du pouvoir de l’État devait rester rassemblée dans la personne du souverain175 ». Si ce principe, désormais fixé dans le droit confédéral, joua un rôle majeur en faveur de la politique de Metternich qui visait à faire obstacle au système représentatif, il se voyait contredit par le principe de la compétence représentative (Vertretungskompetenz) des assemblées des états, tout aussi garantie juridiquement, qui ne pouvait être bornée par la délimitation qu’avait établie Gentz, mais allait précisément dans le sens du système représentatif moderne – bien qu’en Allemagne, jusqu’en 1918, elle n’alla naturellement pas dans le sens d’une parlementarisation du pouvoir gouvernemental. Pour la pratique et la théorie du droit constitutionnel allemand du Vormärz se posait donc la question de la compatibilité de la « souveraineté monarchique et du constitutionnalisme [...] Même là où un prince pouvait encore se concevoir comme représentant monarchique de l’État, il se trouvait désormais confronté à une deuxième représentation, sous la forme de la représentation du peuple – tout aussi légitime que lui – dont la dignité ne lui cédait en rien, et qui apparaissait par conséquent comme son concurrent fondamental. Dans ces conditions, « constitution » devint un synonyme de « constitution représentative176 ».

47 Cette assimilation, ou cette association étroite, entre « constitution » et « représentation » resurgit constamment dans les publications libérales de l’époque sur le droit constitutionnel allemand. Il est ainsi significatif que le baron Johann Christoph von Aretin, dans son traité de droit constitutionnel, introduisit un chapitre consacré aux « Principes d’une histoire culturelle du droit constitutionnel »par la phrase suivante : « Il est bien connu que les Anciens n’introduisirent nulle part un système représentatif177 ». Aretin faisait l’éloge de la monarchie constitutionnelle parce qu’elle était à ses yeux en mesure de résoudre le « grand problème »consistant à « associer le nécessaire pouvoir du gouvernement à la plus grande liberté possible des citoyens178 ». Il en résultait pour lui que « toute monarchie constitutionnelle est par essence représentative ». Le prince représentait sans aucun doute le peuple à l’égard de l’étranger ; à l’intérieur, cependant, le concept de « système représentatif » ne pouvait être appliqué qu’à la représentation du peuple (Volksvertretung) « par laquelle la volonté générale, l’intérêt général est représenté179 ». De ce point de vue, il allait de soi pour Aretin que le principe de l’unité du pouvoir politique incarné par le monarque devait être mis en harmonie avec la représentation du peuple, puisque les deux éléments étaient garantis par le droit constitutionnel et qu’ils devaient par conséquent s’accorder mutuellement. « Le monarque est le chef suprême du peuple et rassemble dans sa personne tout le pouvoir de l’État selon les limitations inscrites dans la loi constitutionnelle180. »

48 La tension entre la souveraineté du monarque et le principe de la souveraineté populaire (« principe démocratique181 »), quelle que soit l’étendue de ce que l’on revendiquait pour lui ou de ce qu’on lui concédait, détermina l’histoire constitutionnelle en Allemagne jusqu’à 1848 et au-delà. Aussi bien dans la pratique que dans les écrits traitant de politique ou de droit constitutionnel, il s’avérait toujours que les deux principes étaient compatibles en termes de compromis pragmatiques, mais que l’écart ne cessait de se creuser entre eux dès que l’on déployait leurs conséquences logiques. Le concept de « représentation » en fut affecté. Il restait égal à lui-même du

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point de vue d’une compréhension formelle générale, mais sa signification et sa valeur étaient susceptibles d’être modifiées.

c) Primat du principe monarchique

49 La thèse libérale du droit constitutionnel dominant dans les années 1820 à 1840 s’en tenait à l’article 57 de l’Acte final de 1820 définissant la « monarchie constitutionnelle », qui avait établi le principe de l’unité du pouvoir de l’État dans la personne du monarque. Il en découlait un refus du concept révolutionnaire de la « représentation nationale » tel qu’il s’était imposé en France entre 1789 et 1791. C’était vrai tout autant des partisans du constitutionnalisme ou du libéralisme182du « droit rationnel » que de la conception « organique-romantique ». On peut compter parmi les premiers Aretin, Klüber, Pölitz, Krug et Bülau183, et parmi les seconds Dahlmann et Welcker. La tendance du « droit rationnel » était dans la tradition, remontant à Hobbes, d’un contrat originel de subordination par lequel « la totalité du pouvoir de l’État » était transférée au « chef suprême de l’État184 . » Le principe de la souveraineté populaire se voyait ainsi relégué à une préhistoire imaginée et il était donc logique de renouveler le vieux principe de la représentation de l’absolutisme monarchiste, selon lequel le monarque doit être « le représentant de l’autonomie et de l’indépendance de la totalité du peuple et de l’État185. »

50 Avec un concept de représentation ainsi absorbé par le monarque, il paraissait douteux que l’on puisse comprendre les assemblées des états (Landstände) comme “représentatives” dans la monarchie constitutionnelle. Pölitz s’opposait à cette idée et ne comprenait comme “représentants” que les députés élus sur la base « un homme, une voix » par l’ensemble des citoyens éligibles dans le cadre du système censitaire, et non selon des groupements et des distinctions d’états. Wilhelm Traugott Krug, partant également du principe monarchique, étendait le concept jusqu’aux assemblées désignées par les états, mais distinguait entre « mode de représentation mathématique » (selon « le principe statistique du décompte des individus ») et « mode de représentation dynamique » (selon « l’importance[et] selon la valeuret le rang politique de certaines classes de citoyens186 »).

51 Dans ces perspectives ne cessait finalement de se reposer la question de savoir comment les deux principes de représentation pouvaient être conciliés. De ce point de vue, il y avait toujours une certaine réticence à subordonner le concept de « représentation » (Repräsentation) au principe monarchique puisque, au plus tard depuis la Révolution française, son usage dans le langage courant l’avait totalement assimilé à celui de “représentation du peuple”. Klüber se conformait à cette acception lorsqu’il notait que là où l’on trouvait « une représentation du peuple associée au gouvernement pour prendre part à l’exercice du pouvoir de l’État », on avait affaire à une « forme d’État représentative ou garantissant constitutionnellement une représentation des états (ständisch-verfassungsmässige Staatsform).187 » Si l’on admettait pleinement le principe monarchique, la représentation du peuple ne pouvait cependant avoir qu’une importance mineure et ne pouvait limiter le point de référence central que constitutait le pouvoir monarchique.

52 Des publicistes tels que Dahlman et Welcker, qui interprétaient le droit constitutionnel allemand dans un sens historique et organique, tendaient à souligner plus fortement le poids politique des représentants du peuple (Volksvertreter), sans toutefois se distinguer essentiellement, au plan systématique, des auteurs que nous venons de nommer. Leur

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argumentation historique s’appuyait sur l’hypothèse de la démocratie paléogermanique et les traditions des états, qu’ils évoquaient avec emphase. Dahlmann donne ainsi ce résumé fondamental : « La constitution représentative [part] du droit du public et de la totalité ; elle considère le prince comme le chef d’un ordre étatique qui est au-dessus de lui, mais qui domine néanmoins d’encore bien plus haut la population et n’a rien à voir avec la souveraineté populaire. Car le peuple peut sans aucun doute être pénétré de l’idée que l’on gouverne en son nom sans se hasarder à vouloir s’emparer lui-même du gouvernement ou tomber dans les errements de ceux qui veulent fonder tout gouvernement sur une délégation qui viendrait du peuple188. »

53 L’interprétation historiciste de Dahlmann ou celle, identique, de Welcker189, n’ébranla donc pas, ou pas notablement, l’interprétation dominante du droit constitutionnel allemand sur la question de la représentation. Cependant, chez tous les interprètes qui éprouvaient le besoin de rattacher le principe monarchique à une obligation constitutionnelle du monarque envers la « représentation du peuple » s’imposait, abstraction faite de la prépondérance monarchique, l’idée d’une double représentation190. Dans cette situation inchangée en termes de droit fédéral et national, la lutte pour peser l’importance respective des principes de représentation rivaux était vouée à se déclarer dans la théorie, et même dans la pratique dans certains États, ou à tout le moins menaçait de devenir actuelle. Il paraissait donc tout indiqué d’élaborer un modèle dualiste.

d) Séparation dualiste de la représentation

54 Le dualisme, ou la thèse de la double représentation à égalité d’importance, fut tout particulièrement élaborée, parmi de nombreux autres, par Carl von Rotteck. Rotteck faisait découler ses conceptions politiques des fondements du droit constitutionnel, et il étendait le droit constitutionnel allemand de l’époque dans un sens démocratique, puisqu’il considérait comme légitime que l’on accorde une compétence et une participation renforcée à la représentation du peuple et qu’il employait à ce propos le concept de « séparation des pouvoirs ». Contre l’interprétation dominante, il objectait qu’une séparation des pouvoirs avait lieu en réalité « puisque les conditions de l’exercice des prétendus pleins pouvoirs exclusifs du roi »résidaient en fait « dans la participation des états, ainsi que le garantissait le droit.191 »

e) Souveraineté populaire

55 L’orientation démocratique, encore modérée chez Rotteck par son adhésion au droit constitutionnel en vigueur, s’accentua dans les années 1840 en conséquence du « principe parlementaire » ou du « régime parlementaire192 ». On peut se référer à titre d’exemple à l’article « Système représentatif, constitutionnel, et des assemblées des états » du Staats-Lexikon [Lexique de l’Etat] 193. Ici, le saut révolutionnaire, par le rattachement à la Révolution française, était effectué. Kolb, d’une manière générale, attirait l’attention sur les modifications sémantiques des mots, et concrétisait ainsi : « Au sens strict, représentatif ne signifie plus simplement n’importe quelle constitution selon laquelle le peuple élit des mandataires (Vertreter) = représentants, mais l’on désigne spécifiquement par ce terme les constitutions dans lesquelles prévaut le principe de la souveraineté populaire. » Le concept de « représentatif » allait ainsi selon lui au-delà des désignations courantes en Allemagnetelles que « constitutionnel » ou

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« basé sur la représentation des états » (ständisch). Kolb rappelait une distinction courante vers 1815 – et donc avant Gentz, en se référant à une séance de la conférence ministérielle de Bavière de 1818 – entre « constitution représentative » et « constitution des états » (Landständisch). À ses yeux, le temps était venu d’inverser l’évaluation de l’époque de ce couple de concepts opposés. Il comprenait en conséquence le problème de la représentation comme un mouvement historique allant d’un système « absolutiste » à un système « représentatif. » Le « système constitutionnel » allemand ne devait selon lui être compris que comme une forme transitoire et, du fait de la répression effective de la liberté en Allemagne, comme un reflet faussé de la réalité. Ainsi, à la veille de la Révolution de 1848, le concept de « représentation » était à nouveau clairement mis en relation avec celui de « démocratie ». Dans le même temps, on peut observer – par exemple chez Julius Fröbel194 – que cette référence à la démocratie faisait renaître la tentation d’en revenir à la vieille idée, inspirée de Rousseau, de l’incompatibilité entre « démocratie » et « représentation ».

f) Refus et médiation chez les conservateurs (Friedrich Julius Stahl)

56 Les critiques des conservateurs à l’égard du système représentatif libéral furent aussi vives que véhémentes195. En termes d’histoire du concept, conformément à la définition de Gentz196, elles aboutissaient à l’idée que toute représentation du peuple pour limitée qu’elle soit, dont les prérogatives excédaient une fonction de conseil, était « révolutionnaire » et donc considérée par principe comme illégitime, et contradictoire avec le principe de l’unité de l’autorité de l’État dans la personne du souverain. À leurs yeux, le système représentatif présupposait, dans les faits ou tendanciellement, le principe de la souveraineté populaire. Il devait donc avoir pour conséquence la séparation des pouvoirs, et même une responsabilité des ministres devant le parlement, et impliquait ainsi que le gouvernement soit dépendant de la représentation du peuple Par ailleurs, il considérait la représentation censitaire comme un mensonge et une profonde immoralité, puisqu’une telle constitution représentative ne faisait que placer les couches inférieures du peuple sous la domination de classe des puissants détenteurs de capitaux. Il ne pouvait donc s’agir dans tous les cas que d’une solution provisoire197.

57 Friedrich Julius Stahl198 se distinguait de la conception des conservateurs telle que nous venons de la résumer en ce qu’il associait explicitement – pour la première fois en 1845 au sujet de la question de la constitutionnalisation de la Prusse – le principe monarchique et le constitutionnalisme, se plaçant ainsi sur le terrain des lignes directrices du droit constitutionnel allemand de 1815/1820. Stahl définissait son problème comme celui d’une « constitution des états soumise au principe monarchique199. » La solution de ce problème – tentée par différentes approches dans les différents camps – était intégrée à une philosophie du droit et à une philosophie politique générales. En accord avec la loi divine, trois pouvoirs devaient s’exercer dans l’État : « Le gouvernement qui règne et dirige ; la représentation du peuple qui représente (vertritt) auprès du gouvernement le droit et les intérêts des sujets ; l’opinion publique, qui relie le peuple aux deux précédents, et les membres du peuples entre eux, dans l’intérêt commun de l’État200. » Pour définir la relation du monarque prépotent avec la représentation du peuple, Stahl avait recours à un double concept de la représentation ; le roi souverain – conformément à l’héritage de la théorie absolutiste – et la représentation du peuple étaient respectivement les représentants

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du pouvoir d’État et du « peuple » non souverain. « La souveraineté, conférée à l’État ici-bas au nom de Dieu, est représentée et concentrée, puisqu’elle doit être personnelle, dans le roi201. » Bien que le roi disposait seul de la toute-puissance dans l’État, son pouvoir ne devait cependant pas être illimité : « Il ne peut régner contre la loi, il ne peut régner sans la médiation de fonctionnaires, il ne peut régner sans représentation du peuple202. » Stahl appellait Constitution, Staatsgrundgesetz ou Verfassung203la loi écrite qui comprenait les règles présidant à sa propre modification et les limitations du pouvoir du roimentionnées ci-dessus, validée par la sanction permanente du roi et dont les états étaient simultanément les garants.

58 Stahl refusait de faire découler la représentation du peuple du principe révolutionnaire, et à ce titre condamnable, de la souveraineté populaire. Ses prérogatives d’instance de conseil, de contrôle et de législation étaient limitées en conséquence204. L’opposition avec le modèle français de 1789-1791 était aussi marquée par le fait que la représentation du peuple (Volksvertretung) ne devait pas être élue selon le principe de l’égalité des individus dans le cadre d’une limitation censitaire déterminée, mais par une assemblée des états (Standschaft) sur la base de corporations professionnelles : « la réunion des élus (de l’élite) de tous les états [est] l’authentique et pure représentation (Darstellung – Repräsentation) du peuple dans toute son essence, selon tous ses droits, intérêts et capacités, les témoins véritables d’une reconnaissance de la vie nationale, et [...] en même temps la concentration du peuple en un objet agissant, apte à se comprendre lui-même et à décider consciemment, et donc maître de lui-même205. » L’individualisme politique se voyait donc opposer le corporatisme de notables, mieux à même de représenter (darstellend) l’ « essence » du peuple, et qui seraient donc en mesure de se confronter au monarque au nom du peuple, à la fois comme interlocuteurs et comme sujets (Untertanen). Une telle assemblée serait en réalité une représentation authentique, par opposition à une représentation nationale déstructurée car reposant sur un fondement individualiste. « La formation de l’assemblée des états (Standschaft) repose sur la véritable idée de la représentation, à savoir qu’elle ne représente (darstellt) pas le peuple comme une masse d’individus, mais dans sa quintessence de peuple206. »

59 Stahl n’ignorait pas pour autant le concept de l’unité de la Nation ou du peuple. Il soulignait que « le peuple, indépendamment de son organisation en états, n’en [constitue] pas moins une unité nationale et civile. » La représentation nationale (Landesvertretung) devait par conséquent comprendre la Nation tout entière207. La Nation devait être représentée en totalité à travers elle, mais certainement pas seulement par son intermédiaire : « La relation entre le prince et les états (Stände) [...] repose sur les manières diverses dont ils représentent la nation. Le prince représente l’État, l’ordre éthique qui doit s’imposer aux hommes, et donc la Nation dans sa vocation à disposer de cet ordre. Les états représentent le peuple, c'est-à-dire la Nation, dans sa vocation à se plier à cet ordre, les hommes dans toute la diversité de leurs positions sociales, tels qu’ils sont soumis à la direction de l’État, dont ils ressentent la présence au-dessus d’eux comme favorable ou préjudiciable208. »

2. La Révolution de 1848

60 L’exacerbation de la situation au printemps 1847 et les succès de la révolution en mars 1848 eurent pour conséquence une concrétisation du concept de représentation dans le sens de la « souveraineté populaire ». Comme en France en 1789 se fit jour l’exigence

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d’une « représentation nationale », que l’on désigna généralement en Allemagne comme « représentation du peuple » (Volksvertretung). C’est ainsi qu’une assemblée d’Offenburg du 10 novembre 1847 revendiquait une « représentation du peuple (Vertretung des Volkes)auprès de la confédération allemande209 », tandis que le programme des libéraux du Sud Ouest de l’Allemagne de Heppenheim du 10 octobre 1847 exigeait une « représentation (Vertretung) de la Nation auprès de l’assemblée confédérale », en soulignant qu’une « représentation nationale » (Nationalvertretung) devait également avoir pour conséquence un « gouvernement national » ayant en vue « l’objectif de l’unification de l’Allemagne210 ». Parmi les revendications de mars 1848 figuraient constamment celles d’une « représentation du peuple (Volksvertretung) allemand » ou d’un « parlement allemand ». Les députés de l’Assemblée nationale de Francfort se désignaient alternativement comme mandataires (Vertreter) du peuple211, mandataires (Vertreter) de la nation212 ou comme représentants (Repräsentanten) de la nation213, mais aussi naturellement comme mandataires (Vertreter) de leurs circoncriptions électorales. On déclara de l’Assemblée nationale qu’elle représentait « le peuple allemand » (avec ou sans princes214) ou « la volonté générale et le pouvoir général du peuple allemand215 ». La conception de l’idéal de démocratie directe « où chacun se représente (vertritt) lui-même216 » ne fut défendue (vertreten) qu’à titre exceptionnel, et sans conséquence pratique. En 1848 et 1849, à l’Assemblée nationale de Francfort, mais aussi dans les autres États allemands, on considéra que la « représentation du peuple » (Volksvertretung) était fondée sur « la souveraineté populaire ». À cela correspondaient les attentes perçues ou formulées plus ou moins clairement d’un régime parlementaire, autrement dit de la formation d’un gouvernement conforme à la majorité parlementaire. Il est pourtant symptomatique que cette question n’ait pas été posée ni tranchée nettement, en général, et ce y compris dans le texte de la constitution du Reich, mais laissée à des développements futurs.

3. Clarification de l’histoire du concept après 1848/1850

61 Au milieu du siècle, il était donc clairement et durablement établi que les modèles de constitution décisifs étaient celui de la monarchie constitutionnelle pour l’Allemagne, et celui de la monarchie parlementaire pour la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, Robert von Mohl et Caspar Bluntschli présentèrent un bilan des expériences théoriques et pratiques du problème de la constitution représentative, en donnant une définition récapitulatrice des deux concepts et en les référant aux deux modèles de constitutions. Dans Geschichte des konstitutionellen Staatsrechts [Histoire du droit public constitutionnel], Robert von Mohl faisait remonter le concept à Montesquieu, et désignait le modèle anglais comme « système parlementaire » et le modèle allemand comme « système dualiste ». Ce dernier pouvait engendrer « la possibilité d’un désaccord direct », tandis que le premier était clairement un « gouvernement dans le sens de la représentation du peuple (Volksvertretung) », dans lequel, par conséquent, la représentation du peuple pouvait en permanence, par le biais de la majorité parlementaire et de la formation du gouvernement, jouer son rôle dans la conduite générale de l’État, de telle manière « qu’un dualisme dissolvant ne puisse survenir parmi les facteurs de la volonté politique217 ». Si Mohl donnait très largement la préférence à l’efficacité de la représentation « parlementaire » sur le modèle

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« dualiste » allemand, il repoussait néanmoins le reproche fréquemment formulé d’un « pseudo-constitutionnalisme218 » allemand.

62 Johann Caspar Bluntschli219 était plus éloigné que Mohl de toute concession au principe de la souveraineté populaire. Son idée de la personnalité de l’État220 (Staatspersönlichkeit) organique était, dans un autre sens, pénétrée des concepts de représentation ou de mandat (Vertretung). Mais il distinguait, « en un second sens authentique », « la constitution représentative véritable » ou « moderne », dans laquelle, par opposition au stade précédent des « constitutions des états », on a affaire « non à une relation de mandat », mais à « une libre relation de confiance entre les représentants et les représentés fondée en droit constitutionnel, c'est-à-dire depuis que les représentants sont élus221.» Conformément à l’usage linguistique qui s’était imposé entre temps, Bluntschli associait donc le concept de “constitution représentative” à la constitution moderne, à « un droit de vote [...] issu de l’État [...] des grandes classes du peuple222 » et au mandat libre de députés ne représentant (vertreten) plus des états ou des intérêts particuliers, mais qui devaient désormais être vus comme « des représentants(Repräsentanten) du peuple tout entier223 ». En outre, Bluntschli plaçait le concept de la représentation moderne, ou de la constitution représentative, dans l’histoire du progrès, à l’étape moderne de la civilisation – « la totalité du monde civilisé » – dans l’esprit du libéralisme. « De nos jours, aucun peuple jouissant d’une éducation politique ne peut vivre sans représentation224. »

63 Bluntschli n’assignait cependant pas exclusivement le concept à l’un des types possibles de constitution moderne. De façon significative, et en accord avec une idée libérale largement répandue, il ne reprenait pas la distinction de Mohl entre système « parlementaire » et système « dualiste », qu’il voyait au contraire s’enchevêtrer constamment, et qu’il réunissait dans un concept de « monarchie représentative » européenne, qu’il opposait à la « démocratie représentative » en Amérique, où« une représentationsimilaire des grandes classes libres du peuple »avait abouti « à l’exercice de la souveraineté du peuple lui-même225. »

64 « Représentation », « constitution représentative » et « système représentatif » étaient ainsi devenus les concepts qui reliaient toutes les constitutions modernes et progressistes qui avaient dépassé, selon un esprit « constitutionnel », les formes de souveraineté des états ou les régimes absolutistes. Ils étaient devenus des concepts du libéralisme, que celui-ci se rattache à la monarchie constitutionnelle ou à la démocratie.

4. Le socialisme

65 Les premiers socialistes ignorèrent le système représentatif. Soit ils négligèrent totalement ses problèmes parce qu’il ne les concernait pas dans leurs projets révolutionnaires utopiques, soit ils le considéraient comme suspect et dangereux, en tant qu’occultation bourgeoise des questions sociales dans le contexte de la domination de classe de la bourgeoisie. Dans leurs rangs était largement répandue la tendance à la démocratie directe, et il restait toujours possible d’admettre, pour des motifs tactiques, la démocratie représentative avec un droit de vote égal et universel si cela pouvait être considéré comme favorable à de nouvelles évolutions dans le sens de l’avenir socialiste226. Le jeune-hégélien , en 1843, dans sa discussion de la philosophie du droit de Hegel, ne voyait nullement la « constitution représentative »distincte de la

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constitution des états (ständische) comme un modèle, mais la considèrait du point de vue historique : « La constitution représentative est un grand progrès parce qu'elle est l'expression ouverte, non falsifiée, conséquente de la situation moderne de l'État. Elle est la contradiction non cachée227. » Ce concept ainsi compris dialectiquement fut ensuite incorporé à la conception de Marx et Engels de l’histoire comme « histoire de la lutte des classes228 » et en même temps politisé tactiquement pour le combat des “communistes”. En 1847 et 1848, Marx et Engels formulèrent à plusieurs reprises leur analyse de la situation et les lignes directrices de l’action : dans la séquence historique de dominations de classes et de luttes de classes, la “bourgeoisie” allemande était à la veille de s’emparer du pouvoir en tant que classe dominante. Les communistes devaient contribuer activement à cette évolution. De la même manière que la bourgeoisie avait créé l’État représentatif en France, « cette classe » devait désormais « devenir provisoirement la représentante de la nation229 ». Dans le Manifeste Communiste, le parti communiste se voyait assigner la tâche de « lutter de concert avec la bourgeoisie contre la monarchie absolue, la propriété foncière féodale et la petite bourgeoisie230. » L’élément décisif était que l’« État représentatif » bourgeois en Allemagne correspondait à la fois au moment historique et aux souhaits de Marx et Engels, mais seulement « provisoirement », à titre de transition vers une phase plus évoluée, dans laquelle, après la victoire du prolétariat, ne devait plus exister de bourgeoisie, ni d’État représentatif qui lui appartînt.

66 Dans l’histoire de la social-démocratie allemande, la relation à l’égard du système représentatif resta ambivalente. Finalement, il se produisit cependant un certain rapprochement, dicté par des considérations pragmatiques. Lassalle se prononça le plus nettement en faveur d’une démocratie représentative. Dans sa Lettre ouverte en réponse au Comité central pour la convocation d’un congrès général des travailleurs allemands de 1863, Lassalle exigea un « droit de vote direct et universel », ainsi qu’une représentation (Vertretung) des unions de travailleurs dans les « corps législatifs de l’Allemagne231 ».

67 En 1869, Moritz Rittinghausen s’était en revanche engagé contre le système représentatif et en faveur d’une législation émanant directement du peuple232. Les concessions à cette idée de la part de , lorsque fut établi le programme d’Erfurt en 1891, montrent à quel point la formation de l’opinion dans le parti social- démocrate allemand était incertaine : « De même que chaque citoyen doit devenir policier et juge, [...] chacun doit redevenir législateur. Il doit temporairement exercer ces droits en personne233. » Néanmoins, peu de temps après (1893), Kautsky présentait une clarification définitive et défendait le système représentatif, en opposant la discipline de parti des socialistes aux soupçons d’un risque de corruption chez les députés qu’avait exprimés Rittingshausen : « Le député social-démocrate n’est en tant que tel pas un homme libre – pour odieuse que puisse paraître cette remarque – mais seulement le commis (Beauftragte) de son parti234. » Dans son analyse de la situation politique de la fin du XIXe siècle, il parvint à la conclusion suivante : « En réalité, les espoirs de la bourgeoisie en Allemagne ne reposent plus sur le parlementarisme [...] ses espoirs reposent sur la faiblesse du parlementarisme allemand [...] sur le fait que règnent effectivement en Allemagne l’absolutisme et le militarisme235. » Il donnait ce mot d’ordre pour le parti : « De quelque côté que nous considérions le système représentatif, il nous est impossible de trouver qu’il porte préjudice au prolétariat d’une manière qui justifierait que celui-ci se tienne à l’écart du parlement, qui est le centre de gravité de notre vie politique, et qui doit l’être nécessairement dans la société

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contemporaine236. » Pour le parti social-démocrate, la théorie et la pratique politique devaient ainsi être mis en accord. Les socialistes allemands reprirent à leur compte le concept du système représentatif hérité du libéralisme et de la démocratie libérale, tout en conservant naturellement de nettes réserves sur la notion classique de l’indépendance des députés, subordonnée chez eux, à l’encontre de la doctrine libérale, à la discipline de parti.

Conclusion

68 Avec la Révolution de 1848 et ses échos, l’histoire du concept de représentation était en quelque sorte arrivée à son terme, dans la mesure où il avait cessé d’être un concept controversé et politiquement polémique, si nous faisons abstraction des débats dans le mouvement socialiste que nous venons d’examiner. Le choc de l’échec de la Révolution de 1848-1849, la fondation petite-allemande du Reich de 1866 à 1871237 et le positivisme juridique intimement lié à ces événements entraînèrent un déclin de l’intérêt pour ce concept ; dans le Reich allemand, comme on l’a remarqué avec quelque exagération, une tendance à l’ « escamoter238 » vit même le jour en conséquence. Ce déclin se manifesta par le fait qu’à partir de la fondation du Reich, le terme de « représentation » ne fut pratiquement plus employé dans les écrits de théorie du droit constitutionnel. Cette absence met en évidence la tendance suivante : les souvenirs associés à ce mot, ceux des périodes brûlantes du Vormärz et de la révolution, étaient ressentis comme inutilisables ou perturbants pour la réalité d’un pouvoir monarchique renforcé dans les États allemands et dans le nouveau Reich.

69 Cela ne signifie pourtant pas que les principaux représentants de la théorie du droit constitutionnel positiviste, tels que Carl Friedrich von Gerber et Paul Laband239, avec leur thèse de la personnalité de l’État (Staatspersönlichkeit ) seule décisive et intégrant la volonté du peuple, ne se soient pas appropriés les principes du droit constitutionnel de l’époque de la Confédération germanique. Gerber se réclamait explicitement de l’article 57 de l’Acte final de Vienne de 1820, (« la totalité du pouvoir d’État [doit] rester rassemblée dans la personne du chef suprême de l’État240 »). À l’instar de Laband, il restait sur le terrain de la monarchie constitutionnelle, dont tous deux refusaient cependant nettement une interprétation ou un élargissement dans le sens d’un dualisme entre principe monarchique et représentation nationale ou populaire. S’il est incontestable que l’on doit définir le Reichstag allemand, depuis 1867-1871, comme une « représentation nationale241 », il est révélateur que Gerber et Laband se soient abstenus d’employer le mot. Conformément à son interprétation de la monarchie constitutionnelle et à son interprétation juridique positiviste de la constitution du Reich, Laband excluait délibérément tout ce qui pouvait pointer dans le sens de la souveraineté populaire. Il était donc logique qu’il dénie à « l’ensemble du peuple allemand », c'est-à-dire à la somme des ressortissants du Reich, la qualité de « sujet juridique ». En tant que tel, cet ensemble n’avait selon lui « pas une personnalité distincte du Reich allemand et indépendante de lui ». Par conséquent, il n’avait « juridiquement, pas de volonté » lui permettant de conférer « un plein pouvoir ou un mandat (Auftrag) ». En distinguant la « signification juridique » des concepts de « représentation du peuple » (Volksvertretung) et de « représentants (Vertreter) de la totalité du peuple » (Article 29 de la constitution du Reich de 1871) de « leur sens politique », Laband « restreignait »le concept de « représentation du peuple » à tel

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point que dans son cas – de manière bien plus marquée que chez Gerber ou Jellinek – on serait effectivement fondé à parler d’un “escamotage” du concept de représentation. À ses yeux, le Reichstag n’était « pas une représentation du peuple au regard de ses droits et devoirs, mais seulement au regard de sa formation et de sa composition. » Si l’on méconnaissait ce fait, « la représentation du peuple » était une « désignation erronée242 ». Avec cette conception dépolitisée, Laband se voyait, dans sa « Doctrine du droit constitutionnel », parfaitement en accord avec la tradition du « droit public constitutionnel », toutefois dans le sens strictement préventif de l’Acte final de Vienne de 1820.

70 Néanmoins, peu de temps après, Georg Jellinek n’hésitait pas à employer le concept de représentation, même s’il n’utilisait pas l’expression de « représentation nationale », qu’il remplaçait par « représentation du peuple » non seulement pour des États démocratiques, mais explicitement pour la monarchie constitutionnelle243. Le concept était désormais assimilé, au niveau national comme international, et l’on pouvait le faire passer au second plan en évitant d’utiliser le mot. Cependant, même chez Laband, qui n’avait pu échapper à l’utilisation du concept de « représentation du peuple » – même s’il l’avait restreint de toutes les manières possibles –, il était impossible de l’escamoter totalement.

71 Il est cependant vrai que dans les interprétations des monarchies constitutionnelles, le Reich allemand y compris, le concept ne devait jouer pour les tenants du positivisme juridique qu’un rôle mineur, et la vive discussion qu’il avait suscitée dans le Vormärz étaient désormais interrompue ; même après 1918-1919, la « représentation » ne joua pas un rôle central244. Le concept s’était d’une certaine manière figé, sans aucune évolution possible.

72 Le mot et le concept ne retrouvèrent une place centrale dans les débats concernant le droit constitutionnel que plus tard au cours du XXe siècle. Ce regain d’intérêt se produisit dans le cadre d’une attaque frontale contre le positivisme juridique et d’un renouveau de la prise en compte des conditions comme des implications politico- sociales du droit constitutionnel, particulièrement au regard de leurs liens avec le phénomène tout juste découvert de « l’État des partis245 ». Cette discussion, que l’on peut illustrer par les noms d’Erich Triepel, de Carl Schmitt, de Gerhard Leibholz ou de Rudolf Smend, s’est poursuivie depuis 1945, sans que rien ne laisse entrevoir son terme246.

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NOTES

1. Cet article « Repräsentation » est une entrée du Dictionnaire des concepts historiques fondamentaux, une encyclopédie publiée en 9 volumes, publiés de 1972 à 1997 sous la direction de Otto Brunner, Werner Conze et Reinhardt Koselleck. Le principe de cette encyclopédie est de prendre en compte la portée sociale de l’usage de la langue, ses usages spécifiques selon les classes sociales considérées ainsi que l’influence des concepts sur la réalité sociale, ses utilisations politiques et polémiques dans l’espace publique ainsi que les raisons de leurs succès. Les citations latines ont été traduites par Ariel Suhamy, le texte latin n’a pas été systématiquement conservé, et certaines, figurant dans les notes, ont été supprimées (n.d.l.r.). 2. Cf Grimm D. (1972), „Verfassung“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 6, pp. 831-899. 3. Schnorr von Carolsfeld (1939), p. 130 sq. Hofmann (1974), p. 37 sq. et 102. sq. 4. Codex Theodosianus, 11.30.11, éd.Mommsen (1954), p. 627. 5. Gregoire I, Registrum Epistolarum, cité dans Hofmannn (1974), p. 109. 6. Voir à ce sujet Hofmann (1974), p. 116. 7. L’occurrence la plus ancienne se trouve dans le « Stroma » (rédigé entre 1114 et 1150) du « Magister Rolandus », Orlando Bandinelli, le futur pape Alexandre III (1159-1181) : « les statuts ne sont nullement représentés » (statuta minime reprasentantur). 8. Comme par exemple chez Andreas Capellanus Regii Francorum (1892), lorsque l’homme dit à la femme : « j’ai beau me présenter moi-même rarement à votre regard sous ma forme corporelle, néanmoins par le cœur et l’âme je ne m’éloigne jamais de votre présence »(Licet me raro corporaliter vestro repraesentem aspectui, corde tamen et animo a vestra nunquam abscedo praesentia), p. 81. 9. Comme par exemple lorsque Pierre Abélard, dans Sic et Non, 45 (reproduit dans Migne, 1844-1855, t. 178), pose, en se référant au Deutéronome 5.8., la question : « Dieu doit-il ou ne doit- il pas être représenté par des images corporelles ? » (Quod Deus per corporales imagines non sit repraesentandus, et contra). 10. C’est ainsi que dans les instructions sur les sermons d’Honorius Augustodunensis, Gemma Animae, 1,2, (reproduit dans Migne, 1844-1855, t. 172), on peut lire que lors de la célébration de la messe, « la légation du Christ est représentée »(legatio Christi repraesentatur). Sur la controverse théologique au sujet de l’Eucharistie, dans laquelle la « reprasentatio » joue un rôle clé, voir Hofmann (1974), p. 65 sq. 11. Thomas d’Aquin, Summa theologica, 2.1, question105, art. 1. 12. On trouve la formulation la plus cohérente de cette théorie chez Aegidius Romanus (1929), 2.4, p. 48 ; 2.5, p. 54 ; 2.9, p. 81 ; 2.12, p. 100. 13. On trouve la première formulation dans le traité en défense de Boniface VIII, paru anonymement en 1308, Dixisti domine Ihesu Christe, reproduit dans Finke (1902), LXXII : « le Christ, dont Boniface représentait la personne. »La « représentation du Christ » (repraesentatio Christi) par le pape devient une formule constante à partir de Augustinus Triumphus (1473 [1320]), fol. 60. Cette thèse remonte elle-même à la doctrine du pape comme vicaire du Christ, avant tout élaborée par le pape Innocent III. Voir à ce sujet Walther (1976), p. 57 sq. 14. Jean de Paris (1969), p. 113 et 173. 15. On trouvera des détails sur ce qui suit dans Quillet (1971), p. 186 sq. et Hofmann (1974), p. 116 sq. 16. Jean Lemoine (1535), ch.5 VI° 5, 11 n.8, p. 925. 17. Panormitanus (1578), ch. 30 X 5, 3 n° 11, qui commence par : « le collège, ou la corporation est une sorte de personne fictive et représentée » (Collegium, seu universitas est quaedam persona ficta et repraesentata). Voir Bartolus (1563), 48, 19, 16, § ‘Nonnunquam’ , n. 2, fol. 429v ; Jean XXII, (1959

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[1324]) ; voir également Hofmann (1974), p. 131. Sur la question qui fait l’objet de discussions depuis Gierke (1887), en particulier 5.11, de savoir si dans la doctrine canonique des corporations, le statut de personne morale réelle (reale Verbandsperson) était dénié aux personnes juridiques, voir Hofmann (1974), p. 132 sq. 18. Pour la première fois chez Albertus de Gandino [† vers 1300] (1555), ch. « De homicidiariis et eorum poenis », p. 205 : « l’avocat ou accusateur, qui représentera la corporation » (syndicus vel actor, qui representet vicem universitatis) ; voir Hofmann (1974), p. 159 sq. 19. Le Pape Innocent IV (1570), ch. 52, X 5, 39 n. I, fol. 559t, a attiré le premier l’attention sur le problème de la durée d’une universitas. 20. Jean de Ségovie (1914 [1441]), lors d’un discours à la diète de Mayence de 1441, avait désigné comme « représentation-identité » (representacio idemptitatis) le cas où le Conseil de la ville (consulatus)« représente la cité en usant de son nom et de son pouvoir »(representat civitatem eodem utens nomine et potestate) (p. 681). 21. La dichotomie représentation-mandat ( Vertretungs-Repräsentation)/représentation-identité (Identitäts-Repräsentation) structure largement la magistrale reconstruction historique du concept de représentation opérée par H. Hofmann (1974) (n.d.l.r.). 22. Voir sur ce point Kern (1954), p. 128 sq. et p. 269 sq. 23. Ockham (1960 [1614a]), 3,3,5, p. 932 : Le topos de la « difficulté de s’accorder » comme justification de la nécessité de la représentation remonte au Dialogus 1.2, 9. 24. Ockham (1960 [1614b]),8, 3, p. 383 : « les princes électeurs représentent les princes et les peuples universels soumis à l’empire romain universel »(principes electores repraesentant principes et universos populos subditos universo Romano Imperio). 25. Oldradus de Ponte Laudensis (1576). La constitution est ici vue comme le principe d’ordre fondamental (Cf. Conze W. (1972), „Demokratie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 1, pp. 821-899. 26. Jean de Paris (1969), p. 200. Jean de Paris a élaboré la première théorie cohérente de la souveraineté sur le fondement du droit des corporations ; l’organisation de l’ordre dominicain lui a probablement servi de modèlepour la structure de la représentation de la collectivité. Voir à ce sujet Barker (1913) et Podlech (1977), p. 468 sq. 27. Guillaume d’Ockham (1960 [1614a]), I, 5, 25, p. 494 : « Le pape représente l’église universelle » (Papa repraesentat ecclesiam universalem) ; Nikolaus Tudeschi (1928 [1442]), p. 483 : « tout prélat représente l’Eglise dans l’exercice de la juridiction qui lui est concédée. » 28. Marsile de Padoue (1958 [1522]) 1, 12, § 5, p. 122 : « la partie la plus puissante, qui représente toutela corporation » (pars valencior, que totam universitatem representat) ; Bartolus (1544), 10, 32, 2, § « observare », n.10, fol. 17v : « ce conseil ainsi élu représente par la suite tout le peuple » (Istud consilium sic electum postea repraesentat totum populum). 29. Angelus de Ubaldi Perusinus (1580), fol. 24 v : « dans le prince sont représentés tous les degrés » (In principe repreasentantur omnes gradus). 30. Zabarella (1602), ch. 6 X 1, 6 n. 15, t. 1, fol. 107v : « L’empereur lui-même représente tout le peuple chrétien » (Ipse autem Imperator reprasentat totum populum Christianum). 31. Jean de Paris (1969), p. 209. Voir également Ockham (1960 [1614b]), 4, 8, p. 366 et Ockham (1944), 4, 6, p. 151. 32. Michele de Cesena, Littera deprecatoria (1331), reproduit dans Goldast (1614), p. 1360. 33. Guillaume d’Ockam (1960 [1614]a), 1, 5, 25, p. 494 et 1,6, 84, p. 603, refuse cette fonction de transfert de la représentation. Elle est pour lui un principe d’organisation des offices et des instances. Mais cette idée est restée sans suite. Voir de Lagarde (1937), p. 425 sq. et Miethke (1971), p. 163 sq.

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34. Haec Sancta (6. 4. 1415), reproduit dans Aland (1967), t. 1, p. 477. Sacrosancta (16.5.1439), ibid., p. 487. Cf Krämer (1971), p. 202 sq. 35. Nicolas de Cues, De concordantia catholica, 2, 18 (1433), reproduit dans Kallen (1963-68), p. 194. Sur la théorie de la représentation de Nicolas de Cues, voir Kallen (1935/1936), p. 36 sq. et particulièrement p. 64 sq. 36. Le terme de Stand, très structurant dans ce texte et très fréquent dans la langue allemande, n’a pas d’équivalent unique en français et il est impossible de le rendre toujours par le même mot. Il renvoie à une société divisée en groupes de statut et notamment, en Europe occidentale, en ordres, la société y étant fondée sur des « états » stratifiés. En règle générale, nous avons conservé pour le mot Stand et toutes ses formations la traduction par « état » de préférence à « ordre », « statut », etc., et nous indiquons le mot allemand entre parenthèses en cas d’ambiguïté. Le terme de Landstände est lui-aussi intraduisible littéralement en français. En prenant quelque distances avec une traduction littérale, nous l’avons souvent traduit par le terme, quelque peu redondant mais sans doute plus parlant pour les lecteurs contemporains, d’« assemblée des états », pour insister sur cette dimension politique de la structuration sociale en groupes de statut (un terme spécifique existe cependant en Allemand pour nommer de façon univoque l’assemblée des états, celui de Landtag). Dans le Saint Empire romain germanique, le terme renvoyait à l’organisation des états (en général clergé, nobles, bourgeois des villes) dans des assemblées qui défendaient leurs points de vue auprès du – et le cas échéant face au – prince. Les Landstände se développèrent à partir du XIV° siècle et déclinèrent progressivement après la Guerre de Trente Ans (1618-1648). En Allemagne, ces institutions furent développées au niveau des États initalement largement indépendants qui composaient l’Empire. Au niveau de celui-ci se rassemblait une diète (Reichsstag) composée des Princes électeurs, de grands féodaux, de membres de la hiérarchie écclésiatique et monacale, et de représentants des villes libres d’Empire. Nous remercions Guillaume Calafat, Sébastien Schick et Daniel Schönflug pour leurs conseils sur ce point, les problèmes liés aux choix finalement retenus nous étant cependant entièrement imputables (n.d.l.r.). 37. Aegidius Romanus, le précepteur de Philippe le Bel, désigne la dynastie royale comme « lignée très sainte » et le roi comme « demi-dieu » dans Aegidius Romanus (1607), 1, avant-propos, 2, 2, 8, p. 310 ; 3, 2, 32, p. 544. Voir à ce sujet Berges (1938), p. 227 sq. 38. Bodin (1583 [1576]), I, 8, p. 42. Hinton (1973), p. 308 sq., souligne l’importance de la différence du rôle attribué au consensus dans la tradition et chez Bodin. 39. Cardin Le Bret (1632), p. 27. Au sujet de la conception de Le Bret, voir Picot (1948). 40. Bossuet (1967 [1709]), p. 66. Il ressort clairement de ce passage que la nouveauté de la doctrine absolutiste n’était pas l’origine divine de tout pouvoir, qui allait de soi pour la pensée médiévale, mais la conception d’une relation individuelle qu’entretient chaque souverain avec Dieu. 41. Alletz (1770), entrée « Représentant », p. 386 sq. 42. Hobbes (2000 [1651]), I, 16, p. 276. 43. Hobbes (2010 [1642]), 12 § 8, p. 248. On trouve ici la même structure de pensée que chez Aegidius Romanus qui écrivait 350 ans auparavant : « le pontife suprême […] qui peut être appelé l’église » Aegidius Romanus, (1929), 3, 3, p. 209. 44. Fraenkel (1968 [1958]), p. 358, au sujet de la doctrine de la représentation de la Révolution française. 45. Brunner (1959 [1939]), p. 231 sq. et p. 394 sq. 46. Myler von Ehrenbach (1658 [1656]), p. 357 sq., cité dans Hofmann (1974), p. 346. 47. Hofmannn (1974), p. 345 sq. 48. Moser (1769), vol. 13/2, p. 1300. Dans les volumes suivants (14-17), le mot représentation ne réapparaît pas.

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49. Althusius (1614), 9, §§ 4.16.18.3 ; p. 168, 175. § 6, p. 328. Sur le fait que les membres de la collectivité ne sont pas des personnes, mais des corps territoriaux, voir 9., § 5, p. 168. 50. Althusius (1614), 18, § 63, p 297. La thèse que les éphores sont les garants du droit du peuple face au roi avait été élaborée par les monarchomaques protestants, et c’est d’eux que l’a reprise Althusius. 51. Sur les princes électeurs en tant qu’éphores, voir Althusisus (1614), 18. §§ 51.76.110, p. 293, p. 302 et p. 315. 52. Althusius (1614), 18, § 62, p. 296. 53. Althusius (1614), 19, § 6, p. 328 sq. Voir aussi cette formulation : « au sujet de l’institution du magistrat suprême et du pacte ou contrat entre les représentants du magistrat suprême et les éphores qui représentent le peuple tout entier des corps qui se sont associés (populum totum corporum, consociatorum, repraesentantes), il existe des préceptes, de nombreux exemples, et des raisons évidentes », 19. § 18, p. 332. 54. Althusius (1614), 19, § 98, p. 378. Dans le passage suivant, les deux modes de représentation sont précisément mis en regard : 18, §§ 11 et suivants, p. 279 sq. 55. Modus tenendi Parliamentum, reproduit dans Clarke (1936). Il est impossible de dater le texte précisément. Les dates de rédaction les plus anciennes proposées le font remonter à 1316, les plus récentes à 1399. La description du mode de nomination des procurateurs ressemble de manière frappante à celle qu’avait donnée Guillaume d’Ockam vers 1330 dans le Dialogus I ; 6 , 84. Sur l’évolution en Angleterre, voir Müller (1966), p. 108 sq. 56. « An Act repealing all statutes [...] made against the see apostolic of Rome since the 20th year of King Henry VIII », reproduit dans Elton (1930), p. 360. 57. Smith, 1970, p. 35. 58. Hooker (1971), p. 8. 59. Prynne (1643) est le premier à exprimer clairement cette idée. 60. La règle constitutionnelle britannique est, encore de nos jours : « La Reine en son Parlement, la Reine siégeant avec les Lords spirituels et temporels, et les Communes siégeant au barreau (with the Commons standing at the Bar) », cité dans Jennings (1957) , p. 3. 61. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 151, p. 255, traduction modifiée. 62. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 151, p. 255, traduction modifiée. 63. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 154, p. 257, traduction modifiée. 64. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 158, p. 262, traduction modifiée. 65. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 158, p. 261-262, traduction modifiée. 66. Locke (1992 [1690]), 2, 13, § 158, p. 261, traduction modifiée. 67. Henry St. John, Lord Viscount Bolingbroke, « A Dissertation upon Parties », Works, éd. David Mallet, vol. 2, Londres 1754, p. 173, cité dans Kluxen (1956), p. 182. 68. Montesquieu (1951), 11.6., p. 399. 69. Montesquieu (1951), 11.6., p. 397. 70. Montesquieu (1951), 11.6., p. 400. 71. Montesquieu (1951), 11.6., p. 400. 72. Voir sur ce point Quaritsch (1970), p. 272 et p. 465 sq. 73. Rousseau (1964), 1.6., p. 360 sq. 74. Rousseau (1964), 2.1, p. 368. Sur l’arrière-plan de l’expérience du parlement britannique avant le « Reform bill », sur laquelle repose cette thèse de Rousseau, voir Loewenstein (1923), p. 104 et Fraenkel (1968), p. 335. 75. Maier (1968), p. 129. 76. Rousseau (1964), 2.1, p. 368. 77. Rousseau (1964), 3.15, p. 430. Voir : Gumbrecht H.U. (1972), „Modern“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 4, pp. 93-131.

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78. Rousseau (1964), 3.15, p. 429 sq. 79. Voir sur ce point Peyre (1973), p. 124 sq. et en particulier p. 141 sq. 80. Schmitt (1969), p. 103 sq. et en particulier p. 109. 81. Diderot (1780), p. 362. (L’article « Représentants » de l’Encyclopédie est signé par le baron d’Holbach - n.d.l.r.). 82. Cf Boldt H. (1972), „Monarchie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett- Cotta, tome 4, pp. 133-214. 83. Diderot (1780), p. 363 et p. 366 sq. Voir Boldt H. (1972), „Monarchie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 4, pp. 133-214. 84. Voir infra, section IV. 3. 85. Burke (1949), p. 205 sq. 86. Dietze (1960), p. 120 sq. et p. 153 sq. Pole (1966). Sternberger (1971), p. 59 sq. 87. Madison, The Federalist 14, reproduit dans Hamilton et al. (1988[1787-1788]), p. 99-106. 88. Préambule de la Constitution de Pennsylvanie du 28.9.1776, reproduit dans Poore (1877), vol. 2, p. 1540. Madison, The Federalist 39, reproduit dans Hamilton et al. (1988[1787-1788]), p. 311 : « Nous définirons une république […] un gouvernement qui tire tous ses pouvoirs directement ou indirectement de la grande masse du peuple. » 89. Paine (1987 [1791]), p. 267. 90. Ibid. 91. Madison, The Federalist 10, reproduit dans Hamilton et al. (1988[1787-1788]), p. 73. 92. Voir infra, section V.1.a. 93. Virginia Bill of Rights du 12.6.1776, section 5, reproduit dans Poore (1877), t. 2, p. 1909. Alexander Hamilton (1877), p. 549, a donné la formulation classique du principe de séparation des pouvoirs en 1801 : « C’est une maxime fondamentale d’un gouvernement libre que les trois grands domaines de pouvoir, le législatif, l’exécutif et le judiciaire, soient essentiellement distincts et indépendants les uns des autres » 94. Constitution of Massachussets, 1780, reproduit dans Poore (1877), t. 1, p. 958. 95. Hamilton (1961[1777]), p. 255. 96. Paine (1987 [1791]), p. 253 traduction modifiée. 97. Paine (1987 [1791]), p. 261. 98. Paine (1987 [1791]), p. 122. 99. Paine (1987 [1791]), p. 131. 100. Voir Conze W. (1972), „Demokratie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 1, pp. 821-899. 101. Voir ci-dessus section V. 1. 102. Comme le montre Schmitt (1969), p. 179 sq. 103. Sieyès (1875), p. 109. 104. Sieyès (1789 b). Sur ce point, voir Loewenstein (1922), p. 3 sq. ; Roels (1969), en particulier p. 89 sq. ; Bastid (1970), p 369 sq. Schmitt (1969), p. 187 sq. ; Schmitt (1971), p. 187 sq . ; Schmitt (1973), p. 449 sq. 105. Sieyès (1789), p. 15. 106. Drath (1968 [1954]), p. 271 sq. 107. Sieyès (1789 a), p. 21 et 22 (note). 108. Sieyès (1888 [1789]), p. 89. 109. En termes idéalistes, et reprenant en tant que concept de la Nation le concept de peuple de la théorie de la représentation traditionnelle des états, « le peuple comme un sujet conçu

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idéalement, qui comprend non seulement l’ensemble de la population vivante, mais aussi les morts et les enfants encore à naître », Krbek (1966) p. 69. 110. Sieyès (1888 [1789]), p. 43. 111. Motion des députés des communes, Archives parlementaires (1875 [1789]), p. 127. 112. Jouvenel (1947), p. 296 ; Fraenkel (1868 [1958]), p.307 sq. Roels (1965), p. 151 sq., en particulier p. 159. Schmitt (1969), p. 277 sq. 113. Fraenkel (1868 [1958]), p. 360. 114. Constitution française du 3septembre 1791, reproduite dans Berlia (1952), p. 6. 115. Sieyès (1939), p. 25. 116. Berlia (1952), p. 24. 117. Burke (2010 [1790]). Voir sur ce point Sternberger (1967), p. 526 sq. ; Hilger (1960), en particulier p. 132 sq. , Hofmann (1974), p. 454 sq. 118. Burke (1957 [1782]), p. 226. 119. Burke (1957 [1782]), p. 225. 120. Burke (1957 [1782]), p. 226. 121. Burke (2010 [1790]), p. 239. 122. Burke (1957 [1782]), p. 225. Burke fait ici référence au fait qu’au bout d’un certain temps, un fait (une possession, ou un gouvernement) acquiert force de droit (n.d.l.r.). 123. Burke (1899 a), p. 492. 124. Burke (2010 [1790]), p. 239. 125. Burke (2010 [1790]), p. 239-240, traduction modifiée. 126. Voir sur ce point Schumann (1964), p. 53 sq. 127. Burke (1899 c), p. 293. Le concept de « Freies mandat » signifie que les représentants élus exercent leur mandat au Parlement sans qu’ils soient placés sous la responsabilité de personne. Le député en tant que détenteur du mandat libre n'est pas lié à des commandes particulières de la part des électeurs, de son parti ou de son groupe, contrairement à ce qui est le cas dans celui du mandat impératif. 128. Burke (2010 [1790]), traduction modifiée, p. 210. 129. Burke (2010 [1790]), traduction modifiée, p. 210 ; voir aussi sur ce point Müller (1966), p. 21 sq. 130. La notion de « mandat libre », opposée au mandat impératif, est une notion cardinale du droit constitutionnel allemand, où elle contribue à l’affirmation que l’acte de représentation (Repräsentation) ne relève pas de la seule mandature (Vertretung), quand bien même les représentants seraient élus (n.d.t). 131. Burke (1899 b), p. 36. 132. Häberlin (1794), p. 79, cit. dans Hofmann (1974), p. 347. 133. L’allemand a deux termes pour désigner le « sujet », der Untertan renvoyant au sujet- assujetti (n.d.l.r.). 134. Posse (1794), p. 241 sq., cit. dans Hofmann (1974), p. 350. 135. Voir Hofmann (1974), p. 407. Voir aussi Grube (1957), p. 450 sq., et particulièrement p. 462, qui souligne la « représentation »des états de l’Empire contre un « système de représentation entièrement nouveau. » 136. Conze W. (1972), „Demokratie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 1, pp. 821-899. 137. Kant (1986c [1795]), p. 344. 138. Kant (1986c {1795]), p. 345. 139. Kant (1986a [1797]), § 52, p. 613, traduction modifiée. 140. Kant (1986a [1797]), § 46, p. 578-580. 141. Kant (1986a [1797]), § 52, p. 613, traduction modifiée.

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142. Kant (1986a [1797]), § 51, p. 610, traduction modifiée. 143. Kant (1986a [1797]), § 51, p. 610. 144. Kant (1986a [1797]), § 52, p. 613. 145. Kant, (1986b [1798]), I, 8, p. 902. 146. Huber (1957), p. 89 et p. 320. Voir aussi Fehrenbach (1974), p. 55 sq. 147. Stein (1960 a), p. 852 sq. Cf. sur ce point : Sellin V. (1972), „Regierung“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch- sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 5, pp. 361-421. 148. Stein (1960 b), p. 921 sq. 149. Le Saint-Empire fut officiellement aboli en 1806 (n.d.l.r.) 150. Stein (1963), p. 246. 151. Le Vormärz désigne en Allemagne la période allant du Congrès de Vienne de 1815 à la révolution allemande qui débuta en mars 1848 et tenta en vain d’aboutir à une unification républicaine et libérale de l’Allemagne (n.d.l.r.). 152. Deutsche Bundesakte du 8 juin 1815, reproduit dans Huber (1961), p. 78. 153. Constant (1957), p. 1113 sq. Sur l’influence de Constant sur la théorie politique en Allemagne, voir Scheuner (1977) p. 297 sq., et spécialement sur le système bicaméraliste, avec des documents, p. 338. 154. Charte constitutionnelle du 4.6.1814, préambule, reproduite dans Berlia (1952), p. 167. 155. Déclaration du Roi du 2.5. 1814, reproduite dans Berlia (1952), p. 168. 156. Boberach (1959), p. 11 sq. 157. Sur darstellen, cf. la note 10. Les oscillations du vocabulaire montrent que le terme de représentation n’était pas encore fixé en allemand à l’époque (n.d.l.r.). 158. Arndt (1908), p. 239 et p. 222. Cf Conze W. (1972), „Demokratie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 1, pp. 821-899. 159. Dahlmann (1815), p. 73. 160. Almendingen (1814) ; à ce sujet, voir Brandt (1979), p. 140 sq. 161. Almendingen (1814), p. 400 et p. 403. Pour une présentation détaillée de la publicistique d’orientation libérale-constitutionnelle et des premiers écrits de Carl von Rotteck (1818-1819), voir Brandt (1968), p. 160 et p. 255 sq. 162. Almendingen (1814) , p. 400 et p. 406. 163. Almendingen (1814) , p. 400. 164. Almendingen (1814), p. 406 et 408. 165. Hegel (1986), § 272 et § 301, p. 280-283 et p. 307. 166. Voir les remarques sceptiques de Hegel sur la constitution représentative dans Hegel (1928 b) p. 81 et sq. toutefois nuancées (1928 a). 167. Pour Hegel, le pouvoir du monarque est le pouvoir souverain ; le « pouvoir gouvernemental » est le pouvoir exécutif, exercé par l’administration. 168. Hegel (1986), § 300, p. 306 sq, traduction modifiée. 169. Hegel (1986), § 301, p. 308. 170. Hegel (1986), § 309, p. 314-315, traduction modifiée. 171. Hegel (1986), § 311, p. 316, traduction modifiée. 172. Gentz (1844), p. 221. 173. Gentz (1844), p. 222. 174. Gentz (1844), p. 222 sq. 175. Schluβakte der Wiener Ministerkonferenzen (15.5.1820), Art. 57, reproduit dans Huber (1961), vol. 1, p. 168.

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176. Boldt (1945), p. 25 sq. Voir : Boldt H. (1972), „Monarchie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 4, pp. 133-214. 177. Aretin / Rotteck (1838), p. 21. 178. Aretin / Rotteck (1838), p. 157. (A l’époque contemporaine, le terme allemand de Staatsbürger, littéralement « citoyen de l’Etat », rend généralement le terme français de citoyens – n.d.l.r.). 179. Aretin / Rotteck (1838), p. 159 sq. et note 2. 180. Aretin / Rotteck (1838), p. 173. 181. Voir Conze W. (1972), „Demokratie“ in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 1, pp. 821-899. 182. Voir à ce sujet Brandt (1968), p. 197 sq. 183. Bülau (1843) p. 1 sq. F. Bülau et K.H. Pölitz étaient les éditeurs des Neue Jährbücher der Geschichte und Politik. 184. Pölitz (1827), p. 178. 185. Pölitz (1827), p. 218. 186. Krug (1816), p. 41 et p. 43. 187. Klüber (1840), p. 108. 188. Dahlmann (1924 [1835]), p. 124. 189. Voir la critique qu’adresse Welcker à la distinction de Gentz entre constitution des états et constitution représentative ainsi que les articles du Staatslexikon mentionnées dans Klüber/ Welcker (1844), p. 230 sq. 190. Voir Boldt (1975), p. 84 sq. 191. Rotteck (1840), cité dans Boldt (1975), p. 92. Voir aussi Brandt (1968), p. 255 sq. 192. Comme le montre Botzenhart (1977), p. 54 sq. 193. Kolb (1842). 194. Fröbel (1846) et Fröbel (1847), cité dans Brandt (1968), p. 273 sq. 195. Sur le conservatisme allemand dans le Vormärz, on trouvera une récapitulation et une bibliographie dans Huber (1960), p. 324 sq. Des exemples d’opposition conservatrice à la constitution représentative dans Jarcke (1834) et Jarcke (1854) ; Vollgraff (1832) ; Türckheim (1842-1845). 196. Voir Gentz (1844). 197. Stahl (1835). Voir Scheel (1964), p. 108 sq. 198. Stahl (1830-1837), et Stahl (1845). 199. Stahl (1845), avant-propos de la troisième partie. 200. Stahl (1830-1837), vol.2, t. 2, p. 68. 201. Stahl (1830-1837), vol.2, t. 2, p. 73. 202. Stahl (1837), vol.2, t. 2, p. 89. 203. Pour plus de précisions sur sa théorie de la Loi fondamentale de l’État, Stahl (1830-1837) vol. 2, t. 2, p. 101 sq. 204. Pour des détails sur ce point, voir Boldt (1945), p. 201 sq. 205. Stahl (1830-1837), vol.2, t. 2, p. 318.. 206. Stahl (1830-1837), p. 180. 207. Stahl (1856), p.326 208. Stahl (1856), p. 318 sq., note. 209. Das Offenburger Programm der südwestdeutschen Demokraten (10 septembre 1847), article 6, reproduit dans Huber (1961), p. 261. 210. Das Heppenheimer Programm der süddeutschen Liberalen (10 octobre 1847) , article 6, reproduit dans Huber (1961), p. 262 sq.

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211. Discours du député Schlöffel du 17 juin 1848, dans Wigard (1848), p. 346. 212. Discours du député Venedey du 17 juin 1848, dans Wigard (1848), p. 329. 213. Discours du député Hensel du 21 juin 1848, dans Wigard (1848), p. 406. 214. Discours du député Zimmermann du 24 juin 1848, dans Wigard (1848), p. 495. 215. Discours du député Zitz du 24 juin 1848, dans Wigard (1848), p. 475. 216. Discours du député Simon du 21 juin 1848 dans Wigard (1848), p. 406. 217. Mohl (1855), p. 268 et p. 288 sq. 218. Mohl (1855), p. 292. On trouvera une argumentation détaillée dans Mohl (1852), p. 145 sq. et Mohl (1860), p. 367 sq. Au sujet de la représentation corporative du peuple (berufständische Volksvertretung), voir Angermann (1962), p. 417 sq. 219. Bluntschli (1864), p. 586 sq. 220. Cf. Böckenförde W. (1972), « Organ », in: Brunner, O. / Conze, W. / Koselleck / R. (éd.), Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart : Klett-Cotta, tome 4, pp. 519-622. 221. Bluntschli (1864), p. 587 et p. 589 sq. 222. Bluntschli (1864), p. 588 et p. 590. 223. Bluntschli (1864), p. 588. 224. Bluntschli (1864), p. 591. 225. Bluntschli (1864), p. 591. 226. Une vue d’ensemble de ces questions chez Ramm (1955), passim. 227. Marx (1956), p. 279. 228. Marx/Engels (1959 a), p. 462. Voir aussi Engels (1959 b), p. 361 sq. 229. Engels, (1959 c), p. 45 et p. 51. 230. Marx/Engels (1959 a), p. 492. 231. Lassalle (1919), p. 88 sq. 232. Rittingshausen (1869), p. 1 et p. 8 sq. Les arguments qu’il présentait dans le détail – règne des cliques, corruption des députés par leur fonction – ressemblaient étonnamment à la critique conservatrice de Jarcke (1834). 233. Kautsky/Schoenlank (1899), p. 34. Comme moyen d’une activité législatrice directe du peuple, les auteurs proposaient l’initiative populaire et le référendum sur le modèle suisse. 234. Kautsky (1911), p. 115. 235. Kautsky (1911), p. 121. 236. Kautsky (1911), p. 118.Cf. des remarques identiques dans Bernstein (1906), p. 33 sq. 237. Unification de l’Allemagne sous la houlette de la Prusse et en excluant l’Empire des Habsbourg, soit un territoire fortement réduit par rapport à celui du Saint Empire (n.d.l.r.). 238. Hartmann (1979), p. 153 et passim. 239. Gerber (1865), p. 124 sq. Laband (1911). 240. Schluβakte der Wiener Ministerkonferenzen (15.5.1820), Art. 57, reproduit dans Huber (1961), p. 88. Dans la troisième édition (1880) de Gerber (1865), la référence à l’article 57 de l’Acte final de Vienne est absente, puisqu’il avait entre temps cessé d’être un droit en vigueur. 241. Huber (1963), p. 880. 242. Laband (1911), vol. 1, p. 296 sq. 243. Jellinek (1914), p. 566 sq. 244. Voir Anschütz (1933), passim, p. 176 sq.en particulier et Anschütz (1923). 245. Pour une vue d’ensemble de la bibliographie sur ce thème, voir Hartmann (1979), p. 296-311. 246. Voir Rausch (1968) (l’expression « Parteienstaat » caractérisa la République de Bonn après 1949, qui reconnaissait constitutionnellement le rôle des partis et qui voyait dans les faits la vie politique s’organiser autour de partis dont la participation à la formation de la volonté politique du peuple est inscrite dans la Loi fondamentale (§ 21) de la République fédérale d’Allemagne – n.d.l.r).

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AUTEURS

ADALBERT PODLECH Adalbert Podlech a été professeur de droit public à l’Université technique de Darmstadt. Pour plus d’information, voir la notice suivante.

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Mise en scène et représentation de la politique aujourd’hui.

Ronald Hitzler Traduction : Didier Renault

Nous remercions M. Ronald Hitzler de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro. Wir danken Herrn Ronald Hitzler für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

1 Quand nous parlons de représentation de la politique – pas exclusivement, mais tout au moins « de nos jours » – nous parlons en premier lieu et pour l’essentiel de la mise en scène des hommes politiques. Même si la reconstruction des règles et des régularités, des modèles et des structures, éventuellement aussi des effets et des conséquences des démarches de représentation de la politique1 n’est naturellement pas épuisée de cette manière, je me limiterai néanmoins ici pour l’essentiel à certains aspects des problèmes de l’action liés à la façon dont les politiciens professionnels se présentent eux-mêmes dans la démocratie représentative contemporaine. C’est en me concentrant sur ce thème que je me préoccuperai tout d’abord dans ce qui suit du phénomène de « la mise en scène de la politique » c'est-à-dire d’une forme de pratique de la « politique comme métier » qui vise avant tout à la popularité, aux effets sur le public, dans les conditions de possibilité et de contrainte de mise en scène impliquées par les mass-médias. Mais je m’attacherai également au phénomène de la représentation personnelle – quel que soit son genre – de ce que nous associons (selon les différents cas) au concept de « politique », et pour le dire de manière générale, par conséquent, à la représentation « du politique2 ».

I. « Faire de la politique » comme art de la mise en scène.

2 Tout politicien (au moins dans une démocratie représentative) doit, s’il veut être élu et réélu, s’il veut construire et poursuivre sa carrière, s’efforcer de communiquer une

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impression de rayonnement personnel, d’expérience, de responsabilité, de culture, de conviction et de crédibilité. Et tout politicien doit dans la mesure du possible éviter de paraître bureaucratique, suffisant, arrogant, égoïste, avide de pouvoir, menteur, cynique et entêté. Autrement dit : tout homme politique est confronté au problème d’une mise en scène convaincante de l’autorité, du zèle, de la tolérance, de la fidélité à ses principes, de la compétence, de la présence, de l’humanité, et de tous les autres topoi positivement connotés du même genre, et est donc censé revendiquer la possession de qualités qui doivent – et peuvent aussi, manifestement – pousser d’autres hommes à le considérer parmi tous les autres comme le meilleur représentant et le meilleur avocat de leurs intérêts. Il s’agit en particulier d’apparaître comme une personnalité familière (connue) et digne de confiance (intègre).

3 C’est là, pour ainsi dire structurellement, la composante manipulatrice de la technique de l’agir politique. À elle seule, elle ne suffit manifestement pas à réussir en politique3. Elle doit d’abord et avant tout, être assortie d’un sens du « moment opportun », des courants et des tendances, de « l’esprit de l’époque », des réformes et des transformations qui « sont dans l’air ». « Celui à qui font défaut cette connaissance et cette pratique politiques générales », écrit Agnès Heller, « peut bien être aussi raffiné qu’il le veut, feindre de la manière la plus rouée, et avoir recours aux instruments de la politique les plus appropriés, il ne deviendra cependant jamais un homme politique de premier plan4. »

4 Harold D. Laswell avait déjà lui-même révisé son concept initial de la personnalité typique de l’homme politique, celle d’une personnalité visant essentiellement le pouvoir5 en mettant bien plus fortement en relief l’importance du pragmatisme, de la souplesse et de la capacité à faire des compromis pour une carrière politique couronnée de succès6. Car l’homme politique, tout au moins (mais sans doute pas seulement) dans une démocratie représentative, et par opposition au bureaucrate par principe ancré dans de solides structures, occupe fondamentalement une position instable. Il lui faut par conséquent s’efforcer en permanence, dans des dimensions multiples, et en se tournant vers des publics divers, de devenir, d’être et de rester aimé7. Gore Vidal8 a désigné ces dispositions ou ces capacités qui font pour ainsi dire des hommes politiques des démocraties représentatives des opportunistes professionnels comme le talent particulier consistant à savoir infailliblement, par exemple, quand il faut partir et quand il faut rester, quand lâcher prise et quand se montrer intraitable.

5 Selon Vidal, un politicien dans une démocratie représentative doit être sociable, ou du moins donner l’impression qu’il l’est, sincère sans pourtant jamais dévoiler toutes les cartes qu’il a en main, et curieux des hommes, car son métier lui serait insupportable dans le cas contraire. Par ailleurs, un homme politique ne doit pas sembler intelligent à l’excès, il doit souvent sourire, tout en donnant en permanence une impression de sérieux, et ne doit pas paraître hautain. Le politicien doit avoir un sens des situations, et quand on lui pose la bonne question, il doit toujours connaître la réponse qui semble « juste ». Selon Christian von Krockow, l’activité politique de nos représentants du peuple consiste typiquement à « intriguer, affirmer, s’imposer dans les travaux des commissions […] l’éloquence […] la présence […] le sang-froid en cas d’imprévu et la maîtrise des règles du jeu […] la faculté d’adaptation et l’obligeance […] la capacité à nouer des liens, et, si nécessaire, de les défaire à nouveau […] se rendre utile. Travailler assidûment, ou tout au moins paraître très affairé9. »

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6 L’essentiel est par conséquent l’apparence que l’homme politique possède de « bonnes » qualités, et non leur présence réelle. Machiavel est même allé « jusqu’à affirmer qu’elles sont nuisibles lorsqu’on les possède et qu’on en fait un usage constant, et qu’elles sont utiles quand on ne fait que se donner l’apparence de les posséder10. » Du point de vue de la « logique » du politique, le problème de l’action bonne ou mauvaise revient à savoir si les moyens mis en œuvre étaient appropriés ou non.

7 Il en résulte que ce qui fait la réussite de l’homme politique, c’est d’agir selon la rationalité des fins et des moyens, indépendamment des positions philosophiques : car la politique en tant que telle est précisément, aux yeux de Machiavel, l’art de discerner les conditions générales socio-historiques, de les évaluer correctement et de réagir « judicieusement » à leur égard, autrement dit de les utiliser dans chaque cas au profit des buts que l’on se propose, ou encore de mettre ses buts en accord avec elles, et de s’efforcer ainsi« de participer du pouvoir ou d’influencer sa répartition11 ». Réussir en tant que politicien signifie donc maîtriser cet art et agir autant que possible sans illusions, qu’elles portent sur soi-même ou sur les autres. Et cela implique donc de nos jours, dans une collectivité organisée sous forme de démocratie représentative, de faire naître, en particulier chez « les principaux intéressés », l’impression qu’ils bénéficient de la mise en œuvre d’une (certaine) politique de sorte qu’ils aient davantage intérêt à ce que l’on continue de l’appliquer, plutôt que de voir d’autres hommes mettre en œuvre une (autre) politique. Ce que l’on pourrait encore désigner de nos jours, dans les collectivités régies par la démocratie représentative, comme « pouvoir politique » naît ainsi avant tout d’une aptitude à la présentation12.

8 Ce qui apparaît ainsi, c’est une identité poussée entre « politique-spectacle » et action politique réelle13. Le spectacle est la politique, pourrait-on dire en exagérant à peine. Cela signifie que l’homme politique travaille en permanence – du moins en même temps que le reste – à son « image » : il s’efforce en chaque circonstance, face à différents interlocuteurs donnés, et dans des circonstances déterminées, de produire un « effet » tel qu’ils auront de sa personne ou de sa personnalité l’impression qu’il souhaite éveiller chez eux14. Cependant, si l’on considère les éléments dramaturgiques de l’existence des politiciens comme structurant, pour ainsi dire, leur action15, on risque de céder à la tentation d’hypostasier la totalité de ce que l’on a sous les yeux comme le résultat d’une stratégie délibérée. L’homme politique n’apparaîtra plus alors, aux yeux du spectateur soupçonneux, que sous les traits du mime talentueux et du metteur en scène roublard, du mystérieux marionnettiste et de l’intrigant, du tacticien rusé et, avant tout, précisément, du machiavélien au sang froid. De telles aptitudes et de tels dons sont sans doute essentiels pour la survie dans l’univers de significations de la politique : qui recherche le succès dans ce domaine ne peut faire autrement que de se tenir en permanence dans une position d’attente calculatrice, tablant sur le fait que chacun (lui-même y compris) n’a en dernier ressort d’autre choix que de se faire valoir aux dépens de son ou de ses semblables, quels qu’ils soient. L’essentiel de ce que fait le politicien, lorsqu’il fait de la politique, est cependant moins la stratégie individuelle d’un acteur que l’habitus collectif d’une profession. Autrement dit, quand il agit, c’est souvent plus « inconsciemment » qu’il n’en donne l’impression – se pliant à des routines propres à son milieu, à des règles de vie typiques des groupes auxquels il appartient, aux conventions de subcultures. Quand il essaie de nous en « faire accroire », il ne fait souvent que répéter ce que d’autres lui font croire. Il joue alors son rôle, plus souvent que ne le pense le critique du café du commerce, tout à fait dans le

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sens de « non comme une hypocrisie et une duperie, mais comme l’irruption de la vie personnelle dans une forme d’expression qu’il trouve devant lui préexistante et prédéfinie, sous une forme ou sous une autre16. »

9 Les techniques de mise en scène de toutes sortes sont donc avant tout, dans le « milieu » politique (professionnel), expérimentées, intégrées comme habitudes, transmises, et même en un sens institutionnalisées, de telle sorte que typiquement, les hommes politiques sont en général, à un degré bien supérieur aux « hommes normaux », des virtuoses de l’intervention stratégique et de la combinaison stratégique de formes d’expression diverses : « L’art de la politique se voit de la sorte pour ainsi dire objectivé, et devient en un sens indépendant de la contingence de l’auteur de l’action, et même du degré de son talent17. » La technique d’impression management « en toute situation » est en quelque sorte une pure et simple question de survie pour tout homme politique. Et avant tout, son impact médiatique est de nos jours « le pain » dont il se « nourrit » pour la gestion de sa carrière18. Les politiciens « s’exposent », il leur faut s’exposer, ils doivent être présents, avant tout dans les médias, parce que de cette présence dépend leur notoriété, qui est à son tour une condition essentielle de leurs chances de rester « en jeu » autrement dit de se représenter et d’être réélus, et (idéalement) de continuer à progresser dans la hiérarchie politique.

10 On est ainsi tenté de partir du principe que – d’une perspective dramatologique – « faire de la politique » professionnellement ou quasi professionnellement se joue moins dans le cadre de catégories de mesures appropriées ou non que dans celui de mises en scène réussies ou non. De ce point de vue, « faire de la politique » vise moins une action appropriée pour atteindre des objectifs positifs pour la collectivité qu’à désigner, expliciter, évaluer et légitimer des objectifs déterminés, en comparaison avec d’autres objectifs. De telles démarches de légitimation font naturellement partie des tâches de routine du politicien de métier, du moins dans la démocratie représentative (actuelle). Il en résulte que l’exercice quotidien du politicien apparaît bien moins comme une pratique instrumentale que comme une pratique expressive ou symbolique : ce dont il s’agit avant tout pour lui, quotidiennement, c’est d’avoir et d’entretenir des contacts personnels rigoureusement à tous les niveaux de la hiérarchie sociale : des relations institutionnelles et organisationnelles directes et indirectes, des groupes « de référence », c’est-à-dire des contacts avec des électeurs, des lobbyistes, des membres de son parti, mais aussi des membres d’autres partis, des collègues, des collaborateurs, etc.

11 Les données « objectives », les chiffres, les faits, les mémorandums, documents et projets de lois paraissent, sous cet aspect rituel, dans le sens de Luckmann19 de l’agir politique différencié institutionnellement, très secondaires comparativement à ce savoir (spécifique) « impalpable », qui résulte d’une multitude d’indications et de mises en garde informelles, de discrétions et d’indiscrétions, d’humeurs et d’intuitions, de spéculations et d’intimités, d’opinions et de préjugés, d’évidences individuelles et collectives. Les sources de la construction du sens politique semblent être (au grand dam de nombreux « conseillers » qui confondent la politique et les sciences politiques) davantage des communications « entre les lignes », des canaux non officiels, des confidences au téléphone, « en passant », en marge de réunions, que des statistiques et des analyses scientifiques, des rapports d’experts et des bases de données. Au premier chef, l’homme politique ne donne pas forme (contrairement à l’apparence volontiers évoquée) aux processus de décision politique, mais il interprète et « explique » des

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décisions actuelles, déjà prises ou à venir, et leur confère ainsi la dignité du normatif 20. Aux yeux du citoyen normal, il apparaît ainsi typiquement (et souvent à tort) comme un expert des questions et des problèmes politiques.

12 Le dilemme de ce que l’on appelle la « classe politique21 » dans son ensemble consiste cependant précisément en ce qu’elle se légitime aux yeux du public en prétendant qu’elle est en mesure de dépasser, voire d’éliminer (en dernière instance) les conflits et les contradictions d’origine sociale dans le système politique qu’elle « dirige », alors qu’elle ne peut jamais, en fait, que produire des moyens (plus ou moins adéquats) pour les « organiser22 ». On est donc tout naturellement amené à se demander pour quelle raison les politiciens ne cessent de répéter cette promesse chimérique, perpétuant ainsi la fiction d’une capacité à résoudre les problèmes dont ils sont en fait dépourvus, tandis que dans le même temps, et de manière croissante, ils nient explicitement et expressément l’idée du pouvoir23.

13 Tandis que d’autres approches dramatologiques24 de la sociologie politique s’efforcent traditionnellement d’expliquer cette incohérence par un modèle de « l’avant-scène » et des « coulisses », je fais ici délibérément abstraction de la question analytique de savoir comment le système politique fonctionne réellement25. Je pars au contraire de l’hypothèse que s’il existe des « coulisses » du pouvoir « réellement » secrètes, entièrement passées sous silence et hermétiquement closes, je n’en sais « réellement » rien pour ma part, et même, à strictement parler, que je ne peux rien en savoir « réellement ». Par conséquent, l’objet de mon intérêt de connaissance pour cette question se limite strictement à la dimension visible26 et à la compréhension que les acteurs ont d’eux-mêmes sous cet aspect. Néanmoins, la comparaison entre la première et la seconde s’avère être une construction manifestement précaire et toujours plus menacée. La transformation de la société souvent constatée dans les débats actuels sur la modernisation s’accomplit également dans le système fonctionnel de la politique, même si les formes qu’elle y prend peuvent dissimuler les événements réels jusqu’à les rendre parfois impossibles à identifier.

2. Sur la construction politique de la réalité.

14 Des experts scientifiques de ce domaine 27 tendent à interpréter tout acte de représentation politique – pas uniquement, mais bien sûr en premier lieu ceux des politiciens professionnels – comme un acte communicationnel persuasif, autrement dit visant à convaincre ou à emporter l’adhésion : « La compétence communicationnelle est nécessaire à l’homme politique moderne. Il lui faut disposer d’une capacité à transmettre la politique, et plus il sait utiliser en virtuose le registre de la symbolique politique, plus il aura de chances de succès28. » On pourrait aussi dire que même dans des périodes où il est presque impossible de surestimer l’importance des images29 (animées) dans la totalité des processus de construction de la réalité – donc également et au premier chef dans le processus politique –, du point de vue dramatologique, l’ élément fondamental de la politique est néanmoins (en dernière instance) la langue, ou pour mieux dire : le discours, la langue appliquée. Ce qui constitue la langue de (dans) la politique va des mémos et des discussions informelles lors d’allocutions, de débats, des conférences de presse jusqu’aux rassemblements de masse et aux idéologies générales. La langue de (dans) la politique est pour ainsi dire au centre de ce que l’on pourrait nommer l’impression management politique, c'est-à-dire la démarche consistant à

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donner une image de soi propre à persuader les autres de faire d’eux-mêmes ce que l’on souhaite qu’ils fassent. On pourrait aussi dire : la politique est, en un sens, l’art de remplacer des confrontations physiques par des confrontations de signes ou de symboles. De ce point de vue, il faut néanmoins remarquer que par principe, et contrairement à une vision naïve de l’importance de l’échange de points de vue entre hommes politiques ou entre camps politiques, il ne s’agit pas pour le politicien, ou seulement dans des cas extraordinairement rares, de convaincre de quelconques « adversaires » de la justesse de sa position, autrement dit de les amener à changer d’avis sur un sujet donné. La rhétorique politique sert plutôt, avant tout, à encourager les adhérents, à stimuler les sympathisants, à rallier les indécis, ainsi qu’à faire taire les critiques dans son propre camp. Elle sert aussi, dans une large mesure, à apaiser le public (en donnant des explications, en désignant des responsables, en s’excusant), à argumenter pour ou contre certaines positions, à légitimer ou anéantir des idées politiques et des visions du monde, à se mettre en valeur et à stigmatiser des adversaires ou des rivaux, à prêter une résonance émotionnelle à des faits bruts, à évoquer des « images » positives ou à rectifier des « images30 » négatives, à produire l’assentiment et les actions désirées (ou souhaitées), etc.

15 Il semble effectivement qu’existe quelque chose comme des « grammaires31 » d’une mise en scène politique réussie ; des grammaires qui ne sont en aucune manière seulement propres à être appliquées, par des spécialistes par exemple, ex post, aux séquences et aux contextes factuels de l’action, et dont tout acteur politique dispose en bonne partie au moins sous la forme d’une « connaissance des recettes32 » usuelle, mais que le politicien professionnel informé qui vise au succès et avant tout les conseillers en image et les experts en marketing connaissent sur le bout des doigts et utilisent de manière stratégique33.

16 Toutes ces techniques et subtilités, tous ces artifices relèvent à mes yeux du phénomène de la mise en scène de la politique. La mise en scène de la politique sert avant tout à exister et à l’emporter dans la lutte concurrentielle avec d’autres prétendants à la faveur du public. Il est néanmoins clair qu’un talent d’acteur ou une maîtrise des médias consommés mais purement orientés techniquement ne suffisent pas – même assortis d’un « flair » pour « l’esprit de l’époque » – à faire preuve de manière convaincante et durable que l’on est un représentant légitime du système politique. La politique, et par conséquent l’homme politique individuel, doit au contraire contribuer à représenter ce qui ne peut trouver une expression que dans et par le biais de la politique : la représentation d’une certaine réalité qui transcende le quotidien, la représentation du monde « idéal » d’une organisation donnée de la collectivité, ou plus précisément : une idée de la collectivité acceptée et réclamée par (au moins) une « clientèle » déterminée34. Autrement dit, celui qui incarne avec succès le système politique doit être en mesure de faire valoir – pour ainsi dire à tous les niveaux – qu’il représente ce que son électeur considère comme essentiel pour la collectivité. Du point de vue dramatologique, il s’agit par conséquent moins de posséder un tel motif ou de se conformer effectivement à une telle idée que de savoir persuader (au moins une « clientèle » déterminée) que c’est bien cette idée qui inspire la volonté (politique) propre du représentant.

17 Indépendamment du fait que l’homme politique croie ce qu’il dit, voire même dise ce qu’il croit, il lui faut pour réussir agir en fonction d’un certain nombre de règles immanentes de la politique. Une partie importante et souvent commentée de ces

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règles, pas seulement, mais avant tout dans les démocraties représentatives modernes comme les nôtres, est de rendre plausible l’idée qu’il veut le bien « de tous » (du moins de tous ceux auxquels il s’adresse) et que c’est pour cela que l’on doit lui confier le pouvoir ou lui permettre de le conserver. Néanmoins, une autre partie de ces règles bien moins souvent évoquée dans nos sociétés modernes structurellement pluralistes – dans des circonstances normales –implique qu’il soit capable de mettre en œuvre le motif de certains pouvoirs et idées « d’un ordre plus élevé » au service de ses objectifs. C’est ce que confirme par exemple Herfried Münkler dans son commentaire de Machiavel, lorsqu’il écrit qu’appartiennent aussi aux « moyens immanents de la politique [...] l’apparence de la transcendance, et l’utilisation tactique habile de cette apparence ». C’est ainsi qu’une religion comprise un sens intégralement fonctionnel – dans le sillage de Luckmann – comme « attribuant du sens par la mythologisation », contribue de manière essentielle à la stabilisation de n’importe quel ordre, fût-il résolument athée. Revêtir d’un habit religieux, quelle que soit sa nature, la facticité de la domination lui confère la dignité du normatif. Car toute domination qui vise à rester stable doit s’entourer d’un « liseré de croyance », comme le pensait déjà Max Weber ; ce qui signifie être légitimée par des références transcendantes : « Les notions de légitimité ne fondent pas [...] les relations de domination, mais elles imprègnent la supériorité effective et lui confèrent le rang d’une relation sociale admise pour de bonnes raisons35. » Le peuple, selon Machiavel, a besoin de l’opium de la religion afin de pouvoir obéir ; l’État, la collectivité, à besoin d’un peuple obéissant pour rester stable ; il en résulte que l’État a besoin de la religion36.

18 Dans ce sens dérivé, l’homme politique en tant que tel représente donc – dans l’idéal – effectivement la collectivité37. Il parvient à persuader les citoyens qu’il est l’incarnation de cet État dont il a par ailleurs su les convaincre qu’il était le garant de leur bien- être38. La représentation ainsi comprise sert entre autres, intentionnellement, ou comme c’est sans doute plus fréquemment le cas, incidemment, à lier les membres de la société à un principe de domination en vigueur. Selon Alfred Schütz39, elle est au service de l’objectif utile qui consiste à unifier les gouvernés. Pour Siegfried Landshut40, « ce qui est à l’œuvre de manière présente, tangible, dans la représentation », c’est une idée de la conduite de vie qui s’impose à tous, « ce principe particulier qui fait l’unité et la communauté du vivre ensemble politique, un principe régulateur qui joue le rôle d’un impératif de conduite de vie41. »

19 L’homme politique per se – et donc au-delà de ses inclinations personnelles ou partisanes, de ses propres attentes, intérêts ou objectifs – possède donc toujours également une fonction productrice de sens, une fonction symbolique de garant de la réalité. Pour le dire autrement : l’homme politique « idéal » qui se présente comme tel, apparaît selon cette fonction générale consistant à représenter l’idée du « système » politique dans l’absolu comme un médium, comme un intermédiaire de ce registre de la réalité de l’organisation des collectifs sociaux qui vise à s’imposer, qui transcende la réalité quotidienne, mais n’en revêt pas moins une importance considérable pour la vie en commun au quotidien. L’homme politique assume une fonction de représentation du citoyen, mais exerce aussi vis-à-vis de lui une sorte de fonction sacerdotale séculaire : à l’égard de ceux dont il est formellement le « représentant », il fait office, en fait, de représentant d’une idée ou d’un corpus d’idées42.

20 Pour être convaincant, il lui faut cependant « être un maître dans l’art de simuler et de dissimuler43 » car ses propres manières d’agir, s’il veut leur assurer le succès, ne

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doivent justement pas s’en tenir au cadre des normes que l’homme politique entend imposer au citoyen, et qu’il prétend, qu’il doit prétendre respecter lui-même44. Alors que le citoyen normal est captif de mythes de toute espèce sur « Dieu et le monde », tandis que sa vie lui paraît régie par des puissances et des forces invisibles, l’homme politique doit garder « les idées claires » et être en mesure de déchiffrer des situations et des conjonctures complexes. Ce n’est que de cette manière qu’il peut non seulement vivre dans la collectivité et y avoir sa place, mais aussi la diriger, anticiper, orienter, contrôler les évolutions, car lorsque des défaillances de l’État« ne sont pas reconnues et qu’on les laisse se répandre au point que chacun peut les voir, il n’y a alors plus de remède45. »

21 L’homme politique concentre ainsi d’une certaine manière dans sa personne, dans ses actions et objectivations, des séquences et des enchaînements politiques complexes. Il est celui dont « on » attend qu’il soit en mesure de révéler, d’interpréter, d’expliquer, et effectivement : de rendre plausible le sens – pas seulement fortuitement dissimulé – de mesures d’organisation sociale. Les modèles d’interprétation que fournit l’homme politique – s’il n’est pas le seul à le faire, il joue ici un rôle particulier puisqu’au-delà des mass-médias, il les présente aussi en face-to-face – ont pour fonction, par-delà toutes les mises en scène visant ou suivant les intérêts de parti, de représenter symboliquement une conception de la réalité (politique) en tant que telle. De cette manière, en tant que représentant, l’homme politique amène à « une effectivité actuelle ce qui existe, mais ne serait pas « là » sans lui, ne pourrait avoir d’effets en tant que phénomène visible, [...] une dimension idéelle, spirituelle46. » Par principe, et l’on pourrait dire inévitablement, le représentant représente aussi l’idée du politique en tant que totalité.

22 Autrement dit : le représentant politique, en tant que tel, transmet au citoyen une interprétation politique du monde acceptable, qui, idéalement, ne risque d’être remise en cause dans ses orientations fondamentales ni par un changement de personnes, ni par un changement de cap politique47. Le représentant politique, à titre d’élément de la symbolique politique en tant que telle, contribue à faire considérer un registre donné d’interprétations politiques de la réalité comme adéquat et pertinent48.

3. Sur le contenu symbolique du politique.

23 Considéré sous l’angle sémiotique, le représentant correspond, selon Husserl49, à une représentation de substitution artificielle, symbolique. Il tient lieu de quelque chose pour quelque chose en vue de quelque chose. Il est un symbole établi sous forme emblématique50. Qui perçoit le représentant comme phénomène significatif, et même comme porteur de significations mystérieuses, perçoit sans doute en même temps quelque chose d’aussi complexe qu’un être humain (tout au moins un certain type d’être humain, peut être même un Autrui significatif hautement individualisé). Mais la dimension essentielle pour un représentant est par définition (et naturellement) sa fonction référentielle. Le représentant nous apparaît comme l’un des éléments d’une chaîne d’associations dont le maillon qui nous est présenté appartient à un registre de la réalité transcendant la vie quotidienne, c'est-à-dire celui de l’ordre des collectifs sociaux51.

24 Cette fonction de représentation se rattache ainsi presque automatiquement au rôle de l’homme politique de métier qui requiert une mise en scène. En un mot : on n’est pas homme politique, à la suite de quoi on choisirait de représenter ou de ne pas représenter, de représenter plus ou moins. Au contraire, on représente constamment

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parce qu’on est un homme politique. Être représentant est pour ainsi dire l’essence, l’incarnation de la responsabilité symbolique – pas uniquement, mais aussi et précisément en tant qu’homme politique52. Parce que le représentant n’est pas simplement un symbole emblématique, mais parce qu’il agit en tant que tel, il n’est donc pas seulement une part du système sémiotique politique, mais aussi une part du processus sémiotique, de ce déroulement communicationnel (médiatique) qui transmet à l’observateur usuel de ce scénario le sens sous-jacent de la politique. En bref : le représentant, en tant que référentialité symbolique est part d’un rituel politique qui constitue lui-même un élément d’une culture politique donnée. L’idée du politique, qui transcende la vie quotidienne, se matérialise, ou pour le dire métaphoriquement s’incarne au jour le jour dans le représentant, qui, dans sa pure dimension perceptible, ne renvoie pas à lui-même (quel que soit ce « lui-même ») mais, au-delà de lui-même, à l’autre réalité de l’ordre idéal des collectifs sociaux.

25 Le représentant a donc sans aucun doute un sens subjectif – d’une part pour celui qui est chargé de l’incarner, d’autre part pour celui qui le perçoit. Il a en outre tout aussi indéniablement une signification conjoncturelle, selon l’ « arène » spécifique et les conditions spécifiques préalables à son apparition. Mais il a aussi – en tant que signe, ou que symbole significatif – un sens objectif53. Et ce sens objectif tient essentiellement à sa fonction rituelle, à son incarnation de l’ordre politique d’une société considéré comme légitime. Car, comme l’avait déjà noté le romantique Friedrich von Hardenberg mieux connu sous son pseudonyme , « Le souverain mystique n’a-t-il pas besoin, comme toute idée, d’un symbole, et quel symbole serait plus digne et plus approprié qu’un homme aussi aimable que remarquable54 ? »

26 Ce dont il est question ici, que l’on pourrait désigner comme le potentiel charismatique de l’homme politique notable consiste donc avant tout selon cette conception– au-delà de ses inclinations personnelles ou partisanes, de ses propres attentes, intérêts ou objectifs – à faire office de représentant dans cette acception et par conséquent de faire preuve en particulier d’une compétence symbolique, une compétence à instaurer sens et signification et à se faire le garant de la réalité. Idéalement, il serait pour le citoyen normal un médium, un médiateur vers ce domaine de la réalité du politique qui transcende l’expérience du quotidien, mais n’en revêt pas moins une importance considérable dans la vie quotidienne de la société. Idéalement, il serait à l’égard de celui qu’il représente formellement également le représentant d’une idée, ou d’un corpus d’idées55. Idéalement, il concentre d’une certaine manière dans sa personne, dans ses actes et dans ses objectivations, des contextes et des déroulements politiques complexes. Idéalement, nous devrions pouvoir attendre de lui qu’il soit capable d’élucider, d’interpréter, d’ « expliciter » le sens – pas seulement fortuitement dissimulé – de mesures d’organisation sociale. Car s’il pouvait faire preuve de ces qualités, l’homme politique professionnel contemporain parviendrait précisément à démontrer plausiblement, dans l’idéal, qu’il est certes « un homme parmi tous les autres », mais néanmoins justement le meilleur (relativement) ‘de tous’, au moins de tous ceux qui sont disponibles pour le poste qu’il occupe ou qu’il brigue.

27 Ce qui prouve néanmoins que la majorité du personnel politique contemporain peine à donner l’impression d’une compétence propre à répondre aux préoccupations de la collectivité dans une période ressentie comme difficile, c’est le jugement prédominant dans l’ « opinion publique » – et cela depuis longtemps, et en dépit des « vogues momentanées » des protagonistes (et antagonistes) d’un certain nombre d’attitudes

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politiques en temps de guerre et de crise56 – selon lequel la sphère politique établie serait totalement à court de visions programmatiques et d’inventivité idéologique pour la transformation et la réorientation de la société, et que les politiciens élus se caractérisent avant tout par leur avidité, pour eux-mêmes ou le lobby qu’ils représentent57. C’est ainsi que parmi bien d’autres choses, le catalogue – que le présent article expose lui aussi une fois de plus –des qualités prometteuses de succès (électoraux), qu’il s’agit de rendre crédibles , un catalogue qui se compose de comportements observés aussi bien que de déclarations d’hommes politiques, se condense pour l’acteur individuel sur la scène de la politique institutionnalisée sous la forme d’un livre de recettes, comme un programme de représentation de soi-même dont on pourrait dire qu’il est chroniquement sous-réalisé.

BIBLIOGRAPHIE

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NOTES

1. Voir Price/Bell (1970). 2. Sur cet ensemble de problèmes, voir également Tänzler (2000). 3. Voir Hitzler (1996). 4. Heller (1982), p. 388. Avec moins de scrupules que Hans-Georg Soeffner (1992), par exemple, qui souligne qu’il convient de faire une différence entre le charisme politique et le populisme pur et simple, et qui rattache les effets charismatiques à des éléments de représentation rituels particuliers (voir Soeffner [1994]), ou que Wolfgang Lipp, selon qui le charisme résulte de la capacité à assumer des risques vitaux ou des actes de stigmatisation sociale, j’entends ici par importance charismatique ‘uniquement’ la reconnaissance d’une compétence (ou de compétences) par d’autres qui leur font apparaître l’exercice d’un pouvoir sur eux-mêmes (ou sur des tiers) comme acceptable ou même souhaitable. 5. Voir Laswell (1951). 6. Voir. Laswell (1954) 7. Renate Mayntz et Fritz Scharpf (Mayntz/Scharpf [1973], p. 121) parlent dans ce contexte d’une « contrainte institutionnelle à la réussite à court terme ». En effet, puisqu’on a tantôt « besoin » de tel ou tel et avant tout parce que l’on se sait jamais si

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l’on n’aura pas « besoin » de tel ou tel une nouvelle fois, en tant qu’homme qui ne vit pas seulement pour la politique, mais qui vit ou doit vivre de la politique en tant que métier, on a tout intérêt à garder ses propres ambitions aussi flexibles que possibles, ou tout du moins à les formuler de manière aussi flexible que possible (voir Hoffmann [1982]). Le politicien professionnel apparaît ainsi (ici et) aujourd'hui symptomatiquement comme un « gestionnaire des nécessités » tributaire de certains intérêts et privé d’indépendance, qui se réunit avec d’autres mandataires liés par des consignes pour faire entériner des décisions qui ont été prises ailleurs (voir Leibholz [1958]). Il se comporte donc volontiers, du moins à l’égard de ses électeurs et de ceux qui le soutiennent, comme un « agent de change social » (voir Boissevain [1978]) : il promet et distribue de préférence des ressources provenant « des poches de quelqu’un d’autre », qui peuvent être publiques, mais aussi privées. Le politicien professionnel s’est d’ailleurs manifestement « spécialisé dans la légitimation de répercussions qu’il n’a pas causées et qu’il n’est pas non plus réellement en mesure d’éviter. » (Beck [1986] p. 143.) 8. Vidal (1973). 9. Krockow (1989), p. 9. 10. Machiavel (1972), p. 73. 11. Max Weber (1980), p. 506. 12. Même les « députés d’arrière-ban » et les « souris grises » du Parlement doivent disposer de cette compétence (celle de convaincre les autres à leur sujet, ou de les convaincre que comparativement, ils ne peuvent faire de meilleur choix), faute de quoi ils n’auraient pas été élus députés. Qu’ils deviennent des « députés d’arrière-ban » et des « souris grises » est précisément dû à leur incompétence relative (en comparaison d’autres parlementaires) à donner une impression de compétence. 13. Voir Dörner (2001) ; Meyer (1992) ; et Schwarzenberg (1980). 14. Voir Goffman (1969). 15. Voir Pesch (2000). 16. Simmel (1968), p. 79 17. Freyer (1986), p. 50. 18. Voir Leif (2001), Jarren (2001). 19. Luckmann (1985). 20. Voir Berger/Luckmann (1969), Scott/Lyman (1976). 21. Voir Leif/Legrand/Klein (1992), Beyme (1993). 22. Voir Hitzler (1994). 23. Une réponse à cette question est peut-être que les hommes politiques doivent d’une part constamment convaincre qu’ils ont des compétences spécialisées sur des questions (manifestement) épineuses pour justifier toute « prétention à gouverner » (et les privilèges qui en résultent) mais qu’ils doivent aussi constamment, par ailleurs, convaincre qu’ils ne s’accordent ni ne veulent s’accorder aucune espèce de « droits spéciaux ». Voir Mayntz/ Neidhardt (1989). 24. À titre d’exemple : Edelmann (1988). 25. À mon avis, et justement d’une perspective dramatologique, il n’y a pas grand sens à hypostasier quelque mystérieuse « coulisse » où se ferait la politique réelle, tandis que seule la « fallacieuse apparence» serait présentée sur le devant de la scène. La politique a lieu en réalité sous de nombreuses formes, sur des scènes très diverses et dans toutes sortes de coulisses, avec des acteurs dont les talents, les dispositions et les engagements sont très divers. La lutte sur la scène médiatique publique est une part plus essentielle et plus évidente, même aux yeux de « l’homme de la rue », de la lutte pour le pouvoir, et celle-ci est souvent aussi une lutte pour la

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faveur du public (Ce n’est pas uniquement que la popularité ait l’avantage de permettre de parvenir au pouvoir, c’est aussi que le pouvoir a l’avantage de permettre de devenir populaire.). C’est pourquoi, selon moi, les mêmes règles dramaturgiques sont en vigueur dans toutes les situations où l’on « fait » de la politique (puisque la politique commence précisément sitôt qu’existe un espace public, de quelque nature qu’il soit.) 26. Ce qui est visible avant tout, ce sont les mesures de communication publique, d’ « explication » et de justification, donc la présentation dite politique d’événements, de processus et d’état de choses (voir Nedelmann, 1986). Cela commence avec les interjections « spontanées » consignées dans les compte-rendus de séances et est très loin de trouver son terme dans les discours télévisés. 27. Par exemple Atkinson (1984), Graber (1976), Dieckmann (1969), Dörner (2001), Geiβner (1969), Haseloff (1969), Sandow (1962), Zimmerman (1969). 28. Sarcinelli (1992), p. 165. Voir également Sarcinelli (1998). 29. Voir Dörner (2000). Il n’est aujourd’hui pratiquement aucune particularité, aucune singularité, aucun attribut, aucun accessoire de l’homme politique qui ne puissent, par l’entremise des caméras de télévision, être mis au centre de l’intérêt du spectateur (une remarque que l’on trouve déjà chez McGinnis 1970). En bref : les effets de la communication non verbale sont aujourd'hui au moins aussi importants – aux yeux de certains : bien plus importants – que n’importe quel contenu exprimé, du moins par le biais d’ un écran. Ou pour le dire de manière moins formelle : le « message » politique perd une considérable part de son impact si le contenu, les intonations et l’apparence extérieure ne se renforcent pas mutuellement.Voir Sollmann (1999). 30. Voir Goffman (1971), Boorstin (1987.). 31. Voir Burke (1945). 32. Voir Schütz/Luckmann (1979), p. 139 sq. 33. Voir par exemple Radunski (1980). 34. Néanmoins, dans la mesure où le citoyen normal n’a jamais l’occasion d’appréhender cette communauté politique, pas plus que sa volonté générale, le « fonctionnement » d’un représentant politique exige qu’il soit ancré dans un schéma d’interprétation connu et compréhensible pour l’essentiel par les participants, qu’ils soient réceptifs ou productifs, passifs ou actifs. Ce schéma nous est transmis socialement par tout ce que l’on considère d’une manière générale comme appartenant à la formation de la conscience citoyenne ou critique de la politique (et par conséquent aux connaissances-repères dans la politique, voir Hitzler [1997]) : de l’éducation civique à l’école, des ouvrages explicatifs et didactiques, des initiatives de propagande des partis, églises, associations, mouvements sociaux de toutes sortes, jusqu’aux informations politiques, commentaires et pamphlets ; on doit aussi ajouter les potins politiques, la discussion de bistrot qui entretient le climat et les convictions politiques, tout comme les cercles de débat ou de contestation intellectualisés et plus ou moins subversifs. 35. Ferber (1970), p. 65. 36. Cette notion ne me paraît pas très éloignée du « Kosmion » d’Eric Voegelin (Voegelin [1965] ; Voegelin [1996]). 37. Selon Max Weber, le représentant est celui dont les actes peuvent être imputés à ceux qu’ils représentent, ou dont ces derniers reconnaissent qu’ils les engagent. Pour Francis G. Wilson, le représentant politique est le porte-parole de la volonté générale d’une communauté politique. 38. Voir Hitzler/Kliche (1995). 39. Schütz (1972), p. 197. 40. Landshut (1964), p. 181-182. 41. Voir Schütz (1971), p. 409 sq. 42. Voir Rapp (1973), p. 133 sq. 43. Machiavel (1972), p. 72.

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44. Gustav Ichheiser avait déjà fait observer que la « réussite » est essentiellement lié au fait de s’écarter des voies traditionnelles. La politique doit donc avant tout être comprise comme « la technique de l’agir social sous l’aspect de la réussite. » (Icheiser [1927], p. 300). À cette technique appartient la conscience que l’apparence de la vertu, et non la vertu réelle, est profitable aux buts politiques que l’on poursuit, parce qu’il est « de l’essence du pouvoir de se dissimuler sous le masque de la morale pour ne pas apparaître comme ce qu’il est. » (Icheiser [1927], p. 309). 45. Machiavel (1972), p. 10. Pour un homme politique, le succès implique donc de s’orienter de facto moins en fonction de ce qui devrait être que de ce qui est effectivement, autrement dit d’agir indépendamment de l’idéologie et sans illusions (sur soi-même comme sur les autres). Pour Machiavel (et d’autres), le bon politicien n’est donc pas celui dont l’action est animée de bonnes intentions, mais celui qui fait bien ce qui doit être fait (pour le bien de la nation), parce que, comme nous le savons au moins depuis Foucault (Foucault 1978), le « pouvoir » et la « violence » ne disparaissent nullement de la société du simple fait qu’il est devenu plus difficile d’identifier distinctement ceux qui en sont les porteurs. La violence, comprise indépendamment de tout jugement de valeur comme une activité qui revêt des formes multiples (Voir Hitzler [1999]) est toujours l’ultima ratio lorsqu’il s’agit d’imposer des visées de pouvoir et de domination, telles qu’elles sont plus ou moins le monopole – du moins revendiqué – de l’État. 46. Landshut (1964), p. 181. 47. Pour un panorama de la théorie de la représentation récente, dans une acception empirique, voir Patzelt (1991). 48. À ce sujet, voir Berger/Luckmann (1969), p. 112 sq. 49. Husserl (1970), p. 340-373. 50. Voir. Schütz (1971) ; Schütz (1974), p. 165 sq. ; Schütz/Luckmann (1984), p. 178-200. 51. Voir Schütz/Luckmann (1984) , p. 364 sq. ; Schütz (1971) 52. Voir Eulau/Karps (1977). 53. Voir Schütz (1974), p. 172 sq. 54. Cité d’après Marx/Pankoke (1992), p. 97. 55. Voir Weiβ (1984) ; Bourdieu (1986) ; Tänzler (2000). 56. Voir Schwab-Trapp (2002). 57. Voir Scheuch/Scheuch (1992) ; Arnim (1993).

INDEX

Mots-clés : fr Schlüsselwörter : Repräsentation, Berufspolitiker

AUTEURS

RONALD HITZLER Ronald Hitzler ist professeur de sociologie générale à l’Université technique de Dortmund. Pour plus d’information, voir la notice suivante.

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La représentation politique dans la démocratie

Gerhard Göhler Traduction : Didier Renault

NOTE DE L’ÉDITEUR

Nous remercions M. Gerhard Göhler de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro. Wir danken Herrn Gerhard Göhler für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

1 La forme politique de la République fédérale d’Allemagne, telle que la définit la Loi fondamentale, est la démocratie représentative. Le peuple souverain n’exerce le pouvoir politique lui-même et directement qu’à l’occasion des élections, et, de manière strictement limitée, lors des référendums, tandis qu’il ne l’exerce le reste du temps que par l’intermédiaire d’ « organes spéciaux1 ». Dans l’activité législative du Parlement, il est représenté par des députés qui « ne sont liés ni par des mandats ni par des instructions et ne sont soumis qu’à leur conscience2 ». Le caractère problématique de ces lignes directrices est manifeste.

1. Démocratie représentative contre démocratie de base ?

2 D’un point de vue empirique, on peut objecter qu’en raison de leur appartenance à des partis et des consignes de vote imposées par les groupes parlementaires, de considérations électorales relatives à leur circonscription et de leur collusion avec des groupes de pression, les députés ne peuvent réellement prétendre à l’indépendance que leur prescrit la constitution. D’un point de vue normatif, il faut se demander si la souveraineté populaire, si on veut la prendre au sérieux, n’implique pas que les députés

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dépendent immédiatement de la volonté des électeurs, ou tout au moins que le peuple, même en dehors des périodes d’élection, dispose de réelles possibilités d’influencer les décisions politiques. Dans la réflexion théorique sur la démocratie, cette discussion a généralement été menée, et elle l’est encore, sous la forme de l’opposition programmatique entre « mandat impératif » et « mandat libre », dans laquelle ce dernier renvoie à la démocratie représentative, tandis que le premier renvoie à des modes de formation de la volonté politique fondés sur la démocratie de base (système des conseils) ou sur des procédures relevant de la démocratie directe (plébiscites). Cette simple opposition comporte toujours le risque de simplifications idéologiques et ne rend pas compte du contenu sémantique de la notion de « représentation ».

3 La question de savoir si les différentes modalités de formation de la volonté politique – démocratie représentative, démocratie de base ou démocratie directe – s’excluent mutuellement est très controversée, et en tout cas ne peut pas être résolue a priori. Dans la discussion contemporaine sur la constitution, la question est à juste titre posée de savoir s’il ne serait pas judicieux et possible d’élargir le système actuel de démocratie représentative avec des éléments de démocratie de base, et plus encore de démocratie directe. La tendance des partis et des parlements à perdre le contact avec la volonté des électeurs et à devenir autonomes serait ainsi plus fortement compensée que ne l’a permis jusqu’à présent le droit constitutionnel, sans pour autant remettre en cause en tant que tel le choix opéré par la Loi fondamentale en faveur de la démocratie représentative qui, dans l’ensemble, a indiscutablement fait ses preuves. Afin d’évaluer objectivement les arguments pour et contre un tel élargissement de l’idée représentative dans la Loi fondamentale, et d’échapper à l’opposition simpliste et confuse du « mandat impératif » et du « mandat libre », il importe de prendre clairement conscience qu’il n’existe, ni d’un point de vue conceptuel, ni d’un point de vue normatif, aucune relation exclusive entre le « mandat libre » et le système représentatif. Le « mandat libre » n’est qu’un des modèles possibles de formation représentative de la volonté politique, l’une de ses formes très spécifiques de surcroît. Dans l’histoire des idées politiques, le concept de représentation a connu des interprétations très diverses, et ce n’est qu’en partant de ce concept considéré dans toute son ampleur, et non du postulat d’une notion étroite de représentation, que l’on peut discuter de manière appropriée des formes de représentation auxquelles nous avons affaire dans la vie politique, et du choix de celles qui, parmi elles, pourraient se révéler particulièrement favorables aux exigences que formule la Loi fondamentale en matière d’État de droit, d’État social et de démocratie.

2. Le concept de représentation et ses dimensions

4 Au sens le plus large, « représenter » signifie donner à voir une chose invisible, rendre présente une chose absente. L’unité qui est à la base de toute organisation politique – l’ensemble des participants aussi bien que le principe d’organisation qui les rassemble –, si elle veut conserver son caractère d’unité, doit également être visible, et par conséquent représentée. En démocratie, la souveraineté populaire doit donc être représentée dans sa forme, mais elle doit aussi être concrétisée par des décisions ayant force de loi émanant du peuple et s’appliquant à lui. La représentation est ainsi le fondement de toutes les formes de démocratie. Le nom de « démocraties représentatives », atteste d’emblée que c’est ici le cas de manière évidente. Cependant,

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même d’autres modalités de formation de la volonté politique, comme la démocratie de base et les procédures de démocratie directe, sont avant tout les configurations d’une unité politique qui doit se manifester en tant que telle ; en outre, à y regarder de plus près, elles comportent nécessairement, même au sens strict, des éléments représentatifs, dès lors que l’on a affaire à des unités plus vastes et que les décisions des participants ne peuvent être prises ni amenées de façon immédiate. La représentation est donc un phénomène d’une grande complexité, qui mérite d’être explicité systématiquement.

5 Il convient de distinguer de manière fondamentale deux dimensions dans la représentation – dans les relations qu’entretiennent les représentants avec ceux qu’ils représentent. D’une part, les représentants sont les mandataires de ceux qu’ils représentent : ils font valoir leurs volontés, par mandat ou par vote, fictivement ou réellement. En ce sens, la représentation est une relation de volontés. D’autre part, la représentation figure symboliquement l’ensemble des citoyens : une assemblée de représentants donne ainsi une image de leur répartition spécifique en termes d’ethnie, de religion, de couches ou de classes ; l’unité et les principes de son organisation peuvent aussi être rendus visibles par le recours à des symboles marquants. Dans ces derniers cas, on a affaire à une représentation entendue comme relation symbolique.

6 La dimension de la relation symbolique, où la représentation est davantage qu’une simple image de la structure de l’unité représentée – comme c’est le cas dans le drapeau, mais aussi et surtout dans la forme écrite d’une constitution –, est particulièrement soulignée dans la tradition allemande de la théorie de l’Etat. Dans la tradition théorique occidentale, la relation de volontés de la représentation a été diversement interprétée, prenant toutes les formes qui vont du « mandat impératif » jusqu’au « mandat libre ». Dans le cas extrême du « mandat impératif », le représentant est intégralement lié à la volonté de son mandataire sous peine de révocation ; dans celui du « mandat libre », le représentant élu, dans le cadre de sa compétence décisionnelle délimitée par la constitution, et pour une période limitée, n’est pas responsable devant les électeurs, mais soumis aux seules exigences du bien commun et de sa conscience. À cet égard, deux modèles ont joué un rôle fondamental pour les démocraties représentatives occidentales. Le modèle d’une représentation réactive (responsive), comme celui qu’élabore le Fédéraliste lors des discussions sur la future constitution qui font suite à la Révolution américaine, expose le principe d’une relation mutuelle de « confiance » (trust) et de « loyauté » (fidelity) entre les députés et leurs électeurs. Le modèle d’une représentation-absorption que prône l’abbé Sieyès au début de la Révolution française et qu’il impose dans la première constitution française de 1791, vise avant tout à garantir l’indépendance des représentants et leur responsabilité exclusive vis-à-vis de la nation en tant que telle. Si le modèle du Fédéraliste est représentatif de la tradition américaine, celui de Sieyès l’est de la tradition européenne continentale, et tous deux sont deux formes différentes, essentielles pour les développements ultérieurs, de compromis entre une conception libérale et une conception démocratique de l’organisation politique. Il nous faut maintenant présenter ces modèles plus précisément.

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2.1. Le modèle américain : Le Fédéraliste

7 Le modèle de représentation du Fédéraliste est lié aux tentatives de prévenir ou d’endiguer la création de « factions » afin de parvenir à une conciliation utilisable et rationnelle des intérêts individuels et des exigences générales par un « règlement3 ». La constitution doit prendre des dispositions destinées à empêcher que des groupes qui se rassemblent contre les intérêts d’autres groupes ou contre des intérêts généraux (ce qui est un phénomène naturel) ne deviennent prépondérants. La séparation des pouvoirs, le fédéralisme et la représentation permettent d’obvier à ce risque. Par la séparation des pouvoirs, le pouvoir politique est réparti entre divers organes indépendants. Le fédéralisme a pour vocation d’empêcher la concentration du pouvoir chez un petit nombre d’individus occupant une position gouvernementale centrale, et il se montre en cela d’autant plus efficace que le territoire de l’État, dans son ensemble, est plus vaste et donc structuré de manière plus diversifiée. Principe décisif du transfert de la volonté des citoyens à l’organisme collectif, la représentation doit empêcher que des intérêts particuliers ne parviennent à s’imposer et que les élites politiques ne perdent tout contact avec la société.

8 Dans le concept de représentation qu’il élabore, le Fédéraliste ne prône pas simplement un « mandat libre » dans lequel les représentants, uniquement soumis à leur conscience, devraient décider du bien public. Ce serait concevoir l’intérêt général du peuple comme étant par principe détaché et toujours distinct des intérêts individuels. Cette hypothèse est absente de la pensée américaine ; le Fédéraliste associe, au contraire, l’idée du bien public (« common good ») à une prise en compte des intérêts individuels qu’il s’agit de concilier et de soumettre seulement à une régulation.

9 Les représentants doivent donc d’une part être indépendants et pourvus de discernement afin de ne pas perdre de vue les intérêts publics, mais en même temps liés à leur électeurs, pour faire valoir leurs intérêts spécifiques et ne pas à leur tour s’autonomiser sous forme de groupes élitaires représentant des intérêts particuliers. La représentation doit ainsi agir à double titre comme un filtre : d’une part, elle doit empêcher que dans la multiplicité des intérêts immédiats des citoyens, certains intérêts particuliers incompatibles avec les intérêts publics ne soient imposés à la communauté par les intrigues de quelques démagogues ; un mandat impératif, au sens d’une dépendance permanente des députés à l’égard des directives de leurs mandataires, est par conséquent exclu. D’autre part, la représentation, puisqu’elle est vouée à défendre et à faire valoir les intérêts de ceux qu’elle représente, doit empêcher une politique particulariste uniquement au service des intérêts des détenteurs du pouvoir.

10 Dans les deux cas, la représentation s’oppose à la constitution des dangereuses « factions ». Elle repose sur une relation entre citoyens et représentants qui requiert la confiance des citoyens à l’égard de leurs représentants et la loyauté des représentants à l’égard des citoyens qu’ils représentent4. Les citoyens doivent avoir la garantie que des hommes capables de discernement et qui jouissent de leur confiance feront valoir équitablement leurs intérêts dans le règlement des affaires générales. Les représentants doivent avoir clairement conscience qu’ils n’agissent qu’au nom de leurs mandants, dont ils doivent connaître et prendre en compte les intérêts avant d’arrêter des dispositions générales. À cet effet, le moyen le plus sûr consiste en des élections régulières et rapprochées dans le temps. L’élection et la nécessité d’une réélection confèrent aux citoyens une possibilité satisfaisante de sélection et de contrôle ; pour les

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députés, elles garantissent, dans leur propre intérêt, qu’ils conservent le contact avec leurs électeurs, sans les exposer pour autant au risque d’une dépendance rigide.

2.2. Le modèle de l’Europe continentale : Sieyès

11 Le compromis entre éléments libéraux et éléments démocratiques de l’organisation politique est encore plus nettement perceptible dans le modèle de représentation de Sieyès que dans celui du Fédéraliste. L’intention libérale vise à garantir le libre déploiement de la personnalité aux plans matériel et spirituel ; les représentants doivent être associés aux processus de décision politique dans la mesure où ceux-ci concernent les intérêts des citoyens. L’intention démocratique vise à une participation immédiate à toutes les affaires de la communauté, sur le modèle de la polis grecque ; la délégation de cette tâche à des mandataires, si elle est possible, ne peut avoir lieu qu’assortie de la concertation la plus étroite, et sous réserve que la décision finale revienne au peuple. Le compromis entre intention libérale et intention démocratique a pour but de construire la communauté tout entière sur la base de la souveraineté populaire (principe démocratique) tout en tenant les masses à l’écart de l’exercice de cette tâche, et de la déléguer au contraire à des représentants pourvus de pleins pouvoirs, pour une durée et un contenu bien définis, qu’ils doivent par ailleurs exercer en leur responsabilité propre (principe libéral). Dans le Fédéraliste, ce compromis est d’une certaine manière réalisé par les conditions républicaines de la fondation des États-Unis. En France, face aux privilèges de la noblesse et du clergé, Sieyès plaide en faveur des intérêts du Tiers État, de la bourgeoisie, pour laquelle il n’exige pas une égalité de rang avec les autres, mais dont il affirme qu’elle constitue la nation elle- même, assimilant ainsi les intérêts de la bourgeoisie au principe de la souveraineté populaire. Il parvient ainsi au compromis de la « démocratie représentative » en associant, en penseur politique des Lumières, la position de Locke et celle de Rousseau.

12 Parmi les buts que poursuivent les hommes lorsqu’ils s’assemblent en société et fondent et s’organisent en collectivité, Locke a mis en relief la protection de la propriété – au sens large des biens propres à chacun, « la vie, la liberté et les possessions » (« life, liberty and estate5 »). Sieyès suit tout d’abord pleinement cette ligne6. Les limites de la liberté ne commencent que là où elle nuit à la liberté des autres, et lorsque la loi fixe ces bornes, elle ne limite pas la liberté naturelle, mais renforce ses effets positifs7. La constitution organise la relation des pouvoirs publics entre eux et à l’égard des citoyens, de manière à prévenir les atteintes à leur liberté et à l’intérêt général. Les représentants sont chargés de formuler la volonté générale au nom des citoyens.

13 Par ce recours à la volonté générale, Sieyès reprend également la tradition de Rousseau, et s’appuie sur son principe de la souveraineté immédiate du peuple, fondamental pour les mouvements démocratiques. Comme le Fédéraliste, Sieyès prend pour cible les intérêts particularistes, mais, en invoquant Rousseau, il déploie une argumentation totalement différente. Rousseau n’a cessé d’affirmer catégoriquement que la volonté générale devait être identique à la volonté des individus qui constituent la société. L’individu n’est en effet libre, autrement dit ne dépend de nul autre que de lui-même, que lorsque sa volonté coïncide avec celle de tous les autres membres de la société. Être libre signifie faire partie de la « volonté générale » ; c’est en elle que les intérêts de l’individu, dans la mesure où ils dépassent la sphère privée, trouvent leur expression et

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leur réalisation. Si ses propres intérêts s’opposent à l’intérêt général, l’individu n’est plus libre, et il doit être contraint à la liberté8.

14 Sur ce fondement, Sieyès opère une distinction entre intérêts individuels, intérêts de groupes et intérêts généraux9. Les intérêts individuels ne constituent pas un problème puisqu’ils ne concernent que la sphère privée. Les intérêts de groupes, en revanche, contredisent par principe les intérêts généraux et doivent par conséquent être exclus. C’est là une compréhension des intérêts de groupes et du bien commun fondamentalement différente de celle du Fédéraliste. Si, dans ce dernier, les différents intérêts sont régulés et rassemblés pour former un intérêt collectif (en veillant simplement à empêcher que des groupes ou des coalitions représentant des intérêts spéciaux ne deviennent prédominants), chez Sieyès, l’intérêt général est placé au- dessus des intérêts particuliers : il est ce qui reste une fois soustraits les intérêts individuels (légitimes) et les intérêts de groupes (illégitimes). L’intérêt général est le résultat de la volonté générale unique. Parce qu’il ne saurait y avoir dans la communauté qu’une seule volonté, il ne peut également y avoir qu’un seul intérêt général10.

15 Sieyès intègre la tradition démocratique de Rousseau sans renoncer pour autant à la tradition libérale de Locke. Il réunit la tradition libérale d’une protection globale de la personne et de la propriété avec le principe démocratique de l’unité immédiate de la volonté et des intérêts des citoyens en associant le potentiel démocratique de Rousseau et la conception libérale de la représentation de Locke. C’est là un compromis hardi, puisque Rousseau lui-même rejette résolument toute représentation. Pour lui, la souveraineté populaire ne peut pas être représentée dans la mesure où elle consiste dans la volonté générale, qui n’est pas susceptible d’être représentée : ou bien elle reste ce qu’elle est, ou bien elle devient une autre. Si la taille d’une communauté rend inévitable une délégation de la volonté des citoyens, les représentants du peuple sont cependant liés à la volonté des citoyens par des mandats explicites et la nécessité permanente de rendre des comptes, c’est-à-dire par un « mandat impératif ». C’est précisément ce dont Sieyès ne veut pas. Il plaide au contraire catégoriquement pour une représentation de la volonté du peuple qui ne soit pas soumise à une influence immédiate et permanente quant à ses contenus de la part des représentés, et donc pour un « mandat libre » qu’il fonde pourtant, de manière significative, précisément sur le postulat démocratique qu’avait formulé Rousseau.

16 Si la taille d’un État interdit que tous les citoyens ne puissent participer eux-mêmes à l’expression de la volonté générale, il faut alors transférer la formation de la volonté démocratique à l’instance représentative centrale du parlement, où elle se trouve concentrée11. Une décentralisation des décisions, par exemple dans un système fédéral, détruirait aux yeux de Sieyès l’unité de la volonté de la nation. Le mandat impératif, la dépendance des députés à l’égard de directives, rendrait en dernier ressort une formation de la volonté et une prise de décision démocratiques impossibles. Si les représentants n’étaient autorisés qu’à donner voix à la volonté déjà formulée par leurs électeurs, ce serait la perte de ce qui caractérise justement la démocratie : la formation d’une opinion majoritaire acceptable résultant d’une confrontation d’arguments variés, grâce aux discussions et aux délibérations de ceux à qui il incombe de prendre la décision. Dans des États de grande taille, seul le parlement peut jouer ce rôle ; des décisions concrètes déjà prises par la base au niveau des différentes circonscriptions ne pourraient qu’empêcher le nécessaire processus de réflexion rationnelle. Ce dernier

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constitue seul un processus décisionnel démocratique, il est « même dans la plus rigoureuse démocratie l’unique méthode […] pour former un vœu commun12. » Dans un État de grande taille, conclut Sieyès, la pratique du mandat impératif rendrait précisément absurde le principe démocratique de l’unité de la volonté des gouvernants et des gouvernés.

17 Chacun des députés représente donc le peuple en totalité. Ses électeurs, après avoir porté leur choix sur une personne, ne peuvent plus faire valoir de volonté particulière. Par leur vote, ils accordent à leurs représentants les pleins pouvoirs pour régler les affaires générales. Ceux-ci ne doivent pas être limités, mais ils sont d’emblée circonscrits dans la durée et dans ses domaines d’application13. La limitation dans la durée résulte de la brièveté des législatures, une réélection immédiate devant être exclue pour préserver l’indépendance des députés vis-à-vis de la volonté des électeurs. La limitation des domaines d’application signifie que le député ne défend que des intérêts collectifs, et non ceux de groupes ou d’individus. Si les intérêts individuels ne peuvent pas être pris en compte, les intérêts de groupes ne doivent pas l’être ; pour le dire en termes modernes, seuls doivent compter des intérêts universalisables.

18 Ce n’est que sur cette base que Sieyès peut associer l’intention libérale et l’intention démocratique dans le concept d’une démocratie représentative conforme aux idées de l’Europe continentale. La tentative de séparer rigoureusement l’intérêt général et les intérêts particuliers se distingue fondamentalement de la conception américaine dans laquelle les intérêts individuels doivent être conciliés et réglementés entre eux et dans leurs relations avec les intérêts généraux. Le concept d’une représentation-absorption qu’avait formulé Sieyès a des échos toujours perceptibles dans l’Europe contemporaine. Il a été aussitôt inscrit dans la constitution française de 1791, qui est devenue le modèle des constitutions libérales européennes du XIXe et du XXe siècle. La Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne, dont j’ai cité au début l’article 38, paragraphe 1, le reprend elle aussi mot pour mot.

2.3. Représentation symbolique

19 En dépit de toutes leurs différences, le modèle de représentation de l’Europe continentale de Sieyès et le modèle américain du Fédéraliste ont une chose en commun : ce sont des modèles libéraux et constitutionnels. En France et surtout en Allemagne, s’est formée parallèlement à ceux-ci, et partiellement en concurrence avec eux, une conception entièrement différente de la représentation. Pour celle-ci, l’important n’est pas la prise en compte et la pondération des intérêts ni le fait de parvenir à une décision par la formation d’une volonté commune, aspects dans lesquels elle ne voit que la surface d’une dimension plus profonde. Il s’agit de la représentation symbolique et, le plus souvent étroitement liée à elle, de la représentation existentielle.

20 Le théoricien allemand du droit public Rudolf Smend a fait observer que dans l’interprétation des institutions et des processus politiques en termes de droit constitutionnel, il était souvent nécessaire de s’attacher non à leur objectif rationnel, mais à leur valeur intégrative fonctionnelle, agissant souvent de manière inconsciente et par conséquent irrationnelle14. S’appuyant sur Theodor Litt15, il part du principe que l’intégration et l’appartenance des citoyens à la nation ne reposent pas sur des actes volontaires rationnels, mais sur des expériences d’appartenance à une communauté dont on ne peut rendre compte uniquement en termes rationnels. Litt et Smend

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s’efforcent de montrer que l’interdépendance sociale ne se constitue pas à partir de discours rationnels, mais par des actes intersubjectifs de représentation-figuration, de compréhension et d’expérience. Que nous en ayons conscience ou non, l’intégration se réalise par conséquent dans un sens bien plus large qu’en un sens étroitement rationaliste. Il en résulte pour l’État que les institutions politiques n’intègrent pas uniquement en procurant une procédure rationnelle de formation de la volonté et de prise de décision, mais aussi justement en permettant aux citoyens de participer à une expérience communautaire.

21 De ce fait, la représentation revêt une importance plus fondamentale que dans la pure relation de volontés. Elle transmet de façon symbolique une expérience communautaire, ce qui lui confère une fonction intégratrice. Une telle transmission représentative et symbolique d’une expérience collective devient nécessaire dès que le nombre des individus à intégrer est trop grand pour permettre une expérience communautaire immédiate. Dans des communautés de petite taille, la participation immédiate à l’expérience communautaire est possible, tandis que des communautés plus vastes doivent la remplacer par des symboles, des moyens représentatifs transcendant l’espace et le temps. Lorsque les citoyens ne peuvent plus faire immédiatement l’expérience de l’unité sociale, celle-ci devient un problème que pallie le pouvoir symbolique de la représentation. Des symboles nationaux tels que le drapeau ou le texte de la constitution ont pour fonction de permettre de faire médiatement, autrement dit au moyen de la représentation, une expérience qu’il est impossible de faire immédiatement. Il est évident que dans des sociétés de masse hétérogènes, anonymes, ce type de représentation symbolique remplit une fonction d’intégration sociale indispensable.

22 La représentation symbolique concerne indéniablement la dimension irrationnelle de la politique, orientée vers les sentiments et les identifications. Elle n’exclut cependant pas pour autant la forme rationnelle des conventions et des processus décisionnels, mais les intègre et leur procure un fondement nécessaire. Lorsque Murray Edelmann16 comprend en dernier ressort la dimension symbolique de la politique comme une forme de dissimulation des événements réels parce qu’elle suscite avant tout des émotions, des craintes et l’adhésion aveugle, il décrit une dégradation et une instrumentalisation des symboles dans la politique, mais il perd de vue leur fonction constitutive d’intégration. Dans la communication politique, les symboles servent avant tout à exhiber des significations, à orienter et à diriger en produisant des noyaux qui cristallisent des convictions17. Il reste seulement à se demander ce qui doit faire l’objet de cette représentation symbolique.

23 D’après Eric Voegelin, les symboles politiques essentiels suffisent à formuler le sens de l’existence d’une société. Les symboles expriment l’expérience selon laquelle l’être humain n’est pleinement tel que par sa participation à une totalité qui dépasse son existence isolée. L’élucidation de la société par elle-même au moyen de symboles est de ce fait partie intégrante de la réalité sociale18. Une société politique n’existe à proprement parler que si elle s’énonce comme telle et se donne un représentant19. En tant que représentation symbolique, la représentation fixe pour toute société la « vérité » de son organisation (qui, selon Voegelin, ne peut avoir qu’une origine transcendante). Une domination légitime n’est possible que sur ce fondement ; elle est protégée et perpétuée par l’usage de symboles reconnus. La représentation symbolique

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est donc une forme existentielle de la représentation qui préexiste à toutes les formes techniques de représentation comme relation de volontés.

24 C’est ainsi que Carl Schmitt comprend la représentation comme une dimension existentielle : « représenter signifie rendre visible et présent à l’esprit un être invisible par le truchement d’un être publiquement présent20. » Seul un être d’une nature élevée et pourvue d’une valeur particulière peut être représentée ; pour Schmitt, il s’agit du peuple, qui possède dans son existence en tant qu’« unité politique » une intensité existentielle plus forte que la simple coexistence d’un groupe d’hommes21. Siegfried Landshut, que l’on ne peut soupçonner, en tant qu’émigrant, de tendances national- socialistes, reprend les thèses de Carl Schmitt22 et de Maurice Hauriou 23 pour interpréter la représentation comme une relation dans laquelle le représentant fait accéder à une réalité actuelle effective ce qui sans lui serait resté invisible et donc nullement « présent » : une entité idéelle, spirituelle, l’idée de la conduite de la vie d’une collectivité qui s’impose à tous ses membres24. Cette idée ne parvient à l’existence effective que lorsqu’elle est représentée sous forme de symbole.

25 La crise du parlementarisme dans l’Europe continentale des années 1920 constitue l’arrière-plan historique de la conception existentielle de la représentation. L’échec du parlementarisme, sa perte de crédibilité et de pouvoir d’intégration, avaient conduit à se demander si le parlement méritait de continuer à être considéré comme une institution représentative, et s’il ne convenait pas de confier à d’autres institutions sa fonction de représentation. Pour cela, il était nécessaire de s’interroger plus fondamentalement sur le statut de la représentation dans la genèse et la préservation de la cohésion sociale, et l’on aboutissait ainsi au problème de la représentation symbolique et existentielle.

26 Il est indéniable qu’un certain nombre d’auteurs ont adopté à ce sujet une orientation résolument anti-libérale, voire anti-démocratique. Les citoyens représentés sont supposés se soumettre passivement à une représentation conçue en termes existentiels25 ; elle n’est ni une réalisation active des citoyens, ni un processus démocratique. A cet égard, elle paraît particulièrement propre à légitimer des régimes autoritaires et totalitaires. Si la représentation est entièrement réduite à une représentation existentielle, transmise sous forme symbolique, si elle doit abolir toutes les relations de volontés de type représentatif telles que le constitutionnalisme occidental les a élaborées, et se substituer à elles au lieu d’en être le fondement, elle devient alors effectivement un principe d’organisation politique extraordinairement dangereux26.

27 Mettre en garde contre ses dangers potentiels n’est cependant pas suffisant pour évacuer son existence en tant que fait politique. La représentation existentielle véhiculée par des symboles désigne un principe d’organisation constitutif, et par conséquent indispensable, pour la compréhension des processus politiques, et en particulier de l’unité politique des sociétés. Il s’agit donc de concevoir le principe de la représentation au moyen de symboles dans un sens normatif démocratique, à l’opposé d’une surenchère idéologique univoque. Si un ordre politique génère l’existence de la société à travers ses institutions et les individus qui agissent en leur sein, et ce grâce à la représentation symbolique du sens et des idées directrices de cette société, les citoyens qui la composent doivent pouvoir se reconnaître eux-mêmes et doivent reconnaître leurs intentions dans ces symboles, qu’ils doivent également pouvoir déterminer eux-mêmes.

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28 Le juge constitutionnel Ernst-Wolfgang Böckenförde reprend en ce sens cette tradition typiquement allemande pour proposer à partir d’elle une interprétation résolument démocratique de la représentation : « Représentation démocratique », cela signifie l'actualisation et la traduction du Soi propre du peuple, et dont les citoyens forment l'assise, ainsi que de l’idée que se font les citoyens de la manière de traiter des questions générales et de médier besoins et intérêts en les rapportant à l'universel. Elle s'établit donc lorsque les individus retrouvent leur Moi propre en tant que citoyen (citoyen en soi*) et le peuple son propre Soi (volonté générale*) dans l'action des représentants, dans leurs réflexions, leurs décisions, leurs questions à l'adresse du peuple27. »

3. Conclusions possibles

29 Les trois modèles de représentation que nous avons présentés28 ne se situent pas sur un seul et même plan, ce que l’on tend souvent à négliger. Le modèle américain du Fédéraliste et le modèle d’Europe continentale de Sieyès situent la représentation au niveau des relations de volontés ; tous deux constituent des alternatives dans le cadre de pensée de l’organisation constitutionnelle et libérale. La représentation symbolique ou, pour mieux dire, la représentation existentielle véhiculée par des symboles, n’entre pas en concurrence avec les modèles de la représentation comme relation de volontés, du moins pas dans un ordre démocratique (au contraire, absolutisée, elle abolirait la démocratie) ; elle est le fondement de l’unité politique de toutes les sociétés, y compris des sociétés démocratiques29.

30 Pour la compréhension dominante de la démocratie représentative, la dimension symbolique occupe sans doute une position marginale, trop fragile pour servir à fonder la démocratie de manière normative. Néanmoins, seule la prise en compte de la représentation symbolique permet une vision complète du phénomène de la représentation. Elle permet aussi d’atténuer quelque peu la virulence des problèmes classiques de la représentation, qui ont souvent jusqu’ici fait l’objet de discussions marquées d’un acharnement idéologique, et elle met en évidence de nouveaux problèmes :

31 1. Les discussions concernant la démocratie représentative et ses possibles alternatives ne portent que sur l’une des deux dimensions de la représentation, à savoir sur le plan des relations de volontés. Il est impossible de faire l’économie d’éléments représentatifs, pas même dans les cas de procédures de démocratie de base et de démocratie directe. La question qui se pose est par conséquent moins la question de principe : faut-il être pour ou contre la représentation, que celle de savoir comment, en démocratie, il est possible de faire valoir au mieux la volonté du peuple. La confrontation de conceptions de la représentation au sens strict permet déjà d’éviter l’alternative simplificatrice entre le « mandat impératif » et le « mandat libre ». Un point qui mérite d’être noté est que le modèle de la représentation réactive (responsive) comme celui de la représentation-absorption peuvent tous deux faire valoir des justifications légitimes en leur faveur. Mais on doit également noter que le modèle de la représentation-absorption est plus proche du strict postulat classique de la démocratie. Ces observations devraient ébranler quelque peu les certitudes de positions quelque peu figées dans la discussion constitutionnelle contemporaine.

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32 2. À moins d’en faire totalement abstraction, la dimension de la représentation symbolique renvoie à des problèmes de notre démocratie jusqu’ici peu pris en compte. Cela n’est pas un hasard si les Allemands, au vu de leurs expériences historiques douloureuses (mais dont ils portent la responsabilité), sont devenus sceptiques à l’égard des possibilités et des exigences de l’intégration politique au moyen de symboles. La démocratie de Bonn30 a des difficultés avec les symboles, du moins avec ceux qui se présentent sous forme d’images – elle est donc contrainte de miser d’autant plus, et sans toujours en avoir conscience, sur la puissance symbolique de la constitution. Le postulat du patriotisme constitutionnel, vu sous l’angle d’une compréhension large de la représentation, n’est autre chose que le besoin d’une intégration politique par une instance symbolique qui incarne l’identification avec la collectivité que désirent les citoyens. Cette instance symbolique représente l’idée de la coexistence politique à laquelle ils aspirent. Depuis sa , la Loi fondamentale a effectivement rempli de plus en plus la performance symbolique qu’une constitution doit réaliser pour assurer la survie de l’ordre politique de la collectivité. Mais cette performance représentative peut-elle être dirigée par les participants, voire renforcée à travers des réformes ? Et cela non par des décisions du législateur ou du tribunal constitutionnel, qui sont eux-mêmes des organes représentatifs, mais par un élargissement de la participation des citoyens eux-mêmes ? L’intégration par la représentation symbolique ne se situe précisément pas sur le même plan que les relations de volontés, et il n’y a donc pas de corrélation nécessaire entre l’intégration et la participation réelle, du moins pas en ce sens que l’élargissement de la participation entraînerait nécessairement un renforcement de l’intégration.

33 Il n’est pas facile de ramener ces réflexions à un dénominateur commun. Si l’on considère la représentation au plan des relations de volontés, rien ne s’oppose par principe à ce que l’on ajoute à la démocratie représentative un certain nombre de procédures de formation de la volonté politique relevant de la démocratie de base ou de la démocratie directe. À lui seul, un tel élargissement ne remet pas en cause le contenu essentiel de la démocratie représentative, mais il n’est pas non plus à la garantie d’un surcroît de démocratie, pas plus qu’il ne légitime la démocratie représentative comme « plus démocratique ». Si l’on considère la représentation au plan des relations symboliques, les conclusions possibles sont encore plus ouvertes. Comme toute forme d’organisation politique, la démocratie a besoin d’intégration au moyen de symboles, mais l’autorité symbolique des institutions est encore moins ouverte à des aménagements et à des transformations par les citoyens que ne l’est le résultat de processus décisionnels réels.

34 Il en résulte que du point de vue d’une théorie de la représentation qui met en valeur le concept de représentation dans ses différentes dimensions, il n’existe pas d’interdit de principe qui étoufferait dans l’œuf toutes les réflexions en vue d’un élargissement de la démocratie représentative de la Loi fondamentale de la RFA ; néanmoins, il n’y a pas davantage lieu de se laisser aller à des euphories de démocratisation. C’est dans une telle ouverture théorique que résident les chances politiques de solutions pragmatiques susceptibles de faire l’objet d’un consensus politique.

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NOTES

1. Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne, art. 20, § 2. En français sur le site du Deutscher Bundestag, à l’adresse : http://www.bundestag.de/htdocs_f/documents/cadre/ loi_fondamentale.pdf [NdT]. 2. Loi fondamentale, art. 38, § 2. 3. The Federalist (1961), vol. 10, p. 59. 4. The Federalist (1961), vol. 57, p. 385. 5. Locke (1960), 2/7, § 87. 6. Sieyès (1981), p. 26. 7. Sieyès (1981), p. 247 sq. 8. Rousseau (1762), 1/7. 9. Sieyès (1985), p. 179-180. 10. Sieyès (1985), p. 199. 11. Sieyès (1985), p. 236 sq. 12. Sieyès (1985), p. 238. 13. Sieyès (1789), p. 25. 14. Smend (1986). 15. Litt (1919). 16. Edelmann (1990). 17. Bourdieu (2001). 18. Voegelin (1959), p. 49 sq. 19. Voegelin (1959), p. 78. 20. Schmitt (1928), p. 209 (trad. française p. 347, traduction modifiée).. 21. Schmitt (1928), p. 210 (trad. française p. 347-348). 22. Cf. Schmitt (1925) et Schmitt (1979 [1926]). 23. Hauriou (1923). 24. Landshut (1968), p. 492 sq. 25. Wolff (1968 [1934]). 26. Pitkin (1972), p. 109. 27. Böckenförde (1983), p. 25 sq. Cf. sa traduction française dans le présent numéro de Trivium. 28. La présentation systématique des conceptions de la représentation que nous avons exposée ici est destinée à ouvrir de nouvelles perspectives grâce à la réflexion sur différentes traditions allant au-delà d’intentions analogues chez Böckenförde. Elle est développée dans le cadre d’un programme de recherche financé par la DFG, « Théorie des institutions politiques », auquel participent Hubertus Buchstein, Rainer Kühn ainsi que, en ce qui concerne les idées présentées ici, Lutz Berthold et Rudolf Speth. 29. Dans les débats anglo-saxons sur la représentation, on insiste également sur le principe de l’aspect proportionnel de la représentation : celle-ci implique un équilibre dans la prise en considération des différentes caractéristiques des représentés. Voir Birch (1971) et Pitkin (1972). 30. Par contraste avec la République de Weimar, la « démocratie de Bonn » faisait référence à la République fédérale allemande – du moins jusqu’à la réunification de l’Allemagne et le transfert de la capitale à Berlin (n.d.t.).

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AUTEURS

GERHARD GÖHLER Gerhard Göhler a été professeur à la chaire de théorie politique de d’histoire des idées à l’Université libre de Berlin. Pour plus d’information, voir la notice suivante.

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Démocratie et représentation : pour une critique du débat contemporain

Ernst Wolfgang Böckenförde Traduction : Olivier Jouanjan

Nous remercions M. Ernst Wolfgang Böckenförde, M. Olivier Jouanjan et les éditions L.G.D.J. de nous avoir accordé l’autorisation de republier dans Trivium la traduction d’abord parue dans: Ernst Wolfgang Böckenförde, Le Droit, l’Etat et la constitution démocratique, Paris : L.G.D.J., 2000 (Collection pensée juridique), p. 294-316. En accord avec le traducteur, les responsables du numéro et la rédaction de la revue ont introduit un très petit nombre de modifications dans la traduction originale publiée en 2000. Wir danken Herrn Ernst Wolfgang Böckenförde, Herrn Olivier Jouanjan und dem L.G.D.J. Verlag für die freundliche Genehmigung, die zuvor in Le Droit, l’Etat et la constitution démocratique, Paris : L.G.D.J., 2000 (Collection pensée juridique), p. 294-316 erschienene Übersetzung in Trivium abzudrucken.

1 S'occuper scientifiquement de la démocratie, cela n'appelle pas cette emphase qu'on accorde aux droits de l'homme et qui, de plus en plus aujourd'hui, fait tache d'huile, mais plutôt une observation prosaïque de la réalité qu'il s'agit de reprendre dans un cadre analytique et théorique. Les réflexions qui suivent cherchent à se conformer à cette exigence. Elles s'attachent à l'une des « difficultés » traditionnelles de la théorie de la démocratie, à savoir la question du rapport entre démocratie et représentation. La représentation, si elle apparaît être une nécessité dans la démocratie, signifie-t-elle un déficit pour la démocratie ou bien, à l'inverse, la représentation, la représentation démocratique constitue-t-elle un moment indispensable et incontournable de la démocratie réalisée et l'établissement d'une représentation procure-t-elle à la démocratie, comme forme politique et forme de gouvernement, sa légitimité première ?

2 Je voudrais évoquer, dans une première partie (I), l'essence et le concept de démocratie puis, dans une seconde partie (II), la représentation dans la démocratie ; dans une troisième partie (III), je ferai quelques remarques relatives aux difficultés actuelles de la notion de représentation démocratique.

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ESSENCE ET CONCEPT DE LA DÉMOCRATIE

1. La question de l'essence de la démocratie

3 À la question de l'essence de la démocratie, il existe une réponse largement répandue : la démocratie signifierait, fondamentalement, l’autogouvernement du peuple et la décision de celui-ci sur ses propres affaires. Nul ne fait face au peuple ni ne disposerait, face à lui, d'une autorité propre ; le peuple lui-même, les citoyens doivent décider. La démocratie directe, l'unité (l'identité) des gouvernants et des gouvernés apparaît comme la démocratie véritable et complète. Kurt Eichenberger constate que cette conception de la démocratie est, en Suisse également, la doctrine prépondérante et la plus répandue : « Pour « l'homme de la rue », mais aussi pour nombre de personnes rattachées aux pouvoirs publics comme pour certains courants doctrinaux, la démocratie directe était et est encore considérée comme la véritable, l'authentique, la seule forme politique respectable, celle à laquelle il faut parvenir. Pour le suisse moyen du XIXème comme du XXème siècle, on ne saurait trouver meilleure formule que celle de Cari Schmitt sur la démocratie comme « identité des gouvernants et des gouvernés »1. »

4 Il existe une série de références susceptibles de conférer à cette conception de la démocratie directe, immédiate, prise comme la forme véritable de la démocratie, au- delà du simple fait qu'elle soit effectivement répandue, une plausibilité et une légitimation théoriques. On mettra l'accent sur trois de ces références.

5 a. La tradition, d'abord, héritée du type de la démocratie athénienne des Vème et IVème siècles av. J.-C., son époque dite classique. D'après cette tradition, à Athènes, il revenait à l'assemblée populaire réunissant tous les citoyens jouissant pleinement de leurs droits de décider de toutes les questions essentielles ; l'autorité politique se trouvait démocratiquement et directement entre leurs mains2

6 b. La thèse de Rousseau, ensuite, l'un des pères de la démocratie moderne, de l'intransmissibilité de la souveraineté qui réside, inaliénable, dans le peuple. Rousseau déclare la souveraineté du peuple tout autant inaliénable qu'irreprésentable3.

7 c. Le défi, enfin, lancé par la Commune de Paris de 1871, telle qu'elle se présente, dans le tableau brossé par Karl Marx, comme un exemple réalisé d'autogouvernement directement démocratique. Chez Marx, la Commune n'apparaît pas comme un processus révolutionnaire de renversement d'une certaine autorité étatique donnée - cependant, l'autorité en tant que telle serait, elle, conservée - mais comme une révolution contre l'État lui-même, afin de briser cette « répugnante machine de domination de classes » et de la remplacer par l'autogouvernement direct du peuple - par l'identité des gouvernants et des gouvernés4.

8 Ces références légitiment et confortent un concept de la démocratie d'après lequel l'essence de celle-ci réside dans l'autogouvernement immédiat d'un peuple qui resterait auprès de soi et non pas dans l'établissement, à partir du peuple, d'organes dirigeants, agissant par eux-mêmes, mais pour le peuple et au nom du peuple, tout en étant responsable devant lui. Sur la base d'une telle notion de la démocratie, la démocratie médiate et représentative tire sa seule justification de réalités exclusivement techniques et factuelles : la grande étendue des collectivités politiques modernes ainsi que le nombre élevé de leurs habitants la rendraient inévitable. Mais, par rapport à l'Idée de démocratie, elle en apparaît comme la forme minorée, la «

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seconde voie » qui ne peut dissimuler son déficit de démocratie véritable. Cette idée trouve un prolongement au sein même de la démocratie médiate/représentative : chaque élément de démocratie immédiate qui se trouve introduit dans son schéma d'organisation possède une légitimité plus grande et représente « un plus de démocratie ». L'organisation, dès lors qu'on ne peut se passer complètement des éléments de représentation et de médiation, doit cependant tendre à les réprimer et à les atténuer.

9 Cette conception de démocratie constitue le fondement du mouvement actuel en faveur de la démocratie à la base. Pour ce mouvement, démocratie signifie une participation qui vient d'en bas, le concours des individus (en tant que base concernée) à toutes les décisions qui les concernent. On voit là, à la fois, une approche pour résoudre le problème de la domination, et ce, à vrai dire, dans le sens d'un dépassement par soi- même de la domination et, au bout du compte, de son abolition. Il s'agit en effet, de la « participation de tous les citoyens (concernés) au processus de discussion et de clarification qui conduit à la décision »5, qui de ce fait perd son caractère d'exercice de la domination.

2. Critique de la conception identitaire-immédiate de la démocratie

10 La conception de la démocratie que l'on vient d'exposer brièvement doit faire maintenant l'objet d'une remise en question critique. La thèse de cette critique est que, dans l'idée de la démocratie directe prise comme la forme véritable de la démocratie, on conçoit une notion de cette démocratie qui est irréaliste, irréaliste non pas seulement dans un sens pragmatique - parce qu'elle ne pourrait pas se réaliser au plan politico-pratique - mais irréaliste aussi au sens théorique. Cette thèse paraît de prime abord ambitieuse et nécessite d'être plus amplement fondée.

11 a. Une première justification se rapporte à l'analyse des conditions d'expression et de réalisation de la volonté du peuple. Lorsque nous parlons de la volonté du peuple, la question se pose toujours de savoir si celle-ci existe réellement ou si elle n'est pas plutôt une fiction. Peut-on parler de volonté du peuple en un autre sens que celui qui y voit une simple qualification qui rassemble, au plan exclusif de la pensée, une multitude de volontés individuelles qui seules auraient une consistance dans la réalité ? L'expérience confirme que la volonté du peuple existe bel et bien en tant qu'instance réelle de même qu'en tant qu'instance politique, et que cette volonté est susceptible de s'exprimer, mais que, cependant, elle n'est pas, en tant que telle, détachée ni indépendante des volontés individuelles. Il est possible de la saisir, par exemple, dans la volonté commune, qui peut vivre au sein d'une multitude indéterminée, d'être un peuple, de former en commun un État, d'organiser et ordonner les rapports politiques et sociaux6. Mais la volonté du peuple a sa spécificité. Cette spécificité réside en ceci que, par elle-même, elle est sans forme, diffuse, et qu'elle a d'abord besoin d'être mise en forme. Elle contient en elle des possibilités mais d'abord et seulement des possibilités du Soi concret qui nécessitent encore une actualisation. Son effectuation dépend de ce qu'elle doit être sollicitée et l'orientation comme le mode de son actualisation concrète seront déterminées en fonction de l'instance qui la sollicitera et de la manière dont elle sera sollicitée, ou pour le dire de façon plus imagée : de l'instance et de la manière qui l'amèneront à parler. La volonté du peuple n'existe pas comme quelque chose de déjà achevé en soi et qui n'aurait plus besoin que d'un rappel

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(Abruf). Tout au contraire : elle n'est d'abord engendrée et actualisée, dans sa déterminité concrète, qu'à partir de la question et de la sollicitation préalables qui en contiennent une préfiguration. La volonté du peuple en tant qu'elle s'articule de manière déterminée a - nécessairement - le caractère d'une réponse7.

12 L'exemple le plus significatif à cet égard est celui du référendum (Volksentscheid). Par le référendum, le peuple est invité à prendre une décision obligatoire, mais une décision sur une question qui lui est soumise de l'extérieur, c'est-à-dire par une instance autre. Le peuple, pris dans son immédiateté, n'a aucune influence sur le contenu et la formulation de cette question à laquelle il ne peut répondre que par « oui » ou par « non ». Le problème décisif, s'agissant du référendum, réside en conséquence dans le droit de poser la question : qui dispose du droit d'interroger le peuple, pour quel motif, à quel moment et avec quelle formulation8? Et celte dépendance vis-à-vis de la question ne touche pas seulement le référendum mais aussi, contrairement à une opinion largement répandue, l'initiative populaire. Toute initiative populaire dépend d'une initiative qui la met en route. Cette dernière fixe la question. Elle est toujours l'affaire d'un petit nombre, qu'il s'agisse de personnes à titre individuel ou d'un groupe déterminé. La différence avec le référendum réside seulement dans le droit de formuler librement une question qui, dans l'initiative populaire, n'est plus limité à un ou plusieurs organes étatiques. En admettant le référendum d'initiative populaire, on reconnaît par là même à un nombre déterminé de citoyens ou à des groupes sociaux un pouvoir politique potentiel non négligeable, ce dont la pratique de la démocratie référendaire en Suisse offre de nombreux exemples9.

13 b. La seconde justification de notre thèse se rapporte aux résultats de la théorie pluraliste de la démocratie ainsi qu'à la discussion qu'elle a suscitée, principalement aux États-Unis10. La théorie pluraliste de la démocratie avait pour base de départ et modèle la participation universelle et la pertinence des intérêts dans le processus de formation de la volonté politique - ce qui, en fin de compte, correspond à une approche en termes de démocratie directe. L'observation et l'analyse empiriques conduisirent cependant à constater l'existence d'une structure élitaire : seules certaines élites épuisent les possibilités de participation existantes et font ainsi valoir leurs intérêts. Ces derniers prennent ainsi dans le processus politique une signification prioritaire, phénomène qui ne se déroule pas différemment au niveau communal et au niveau de l'État11.

14 La raison n'en est pas difficile à découvrir. Occuper l'espace de la participation politique, cela suppose d'avoir de l'initiative : celle-ci ne vient pas de tout un chacun, mais de véritables supports d'initiatives qui se constituent, sur le mode représentatif, en organes dirigeants et qui, en tant que tels, trouvent un écho - une réponse. C'est précisément de cette façon, mais c'est aussi exclusivement de cette façon qu'une organisation démocratique des intérêts peut se mettre en place.

15 Un autre enseignement résidait en ceci que l'occupation et l'utilisation sous cette forme de l'espace de la participation politique conduit à une segmentation de la formation de la volonté politique12. Si les groupes d'intérêts établis sont les facteurs déterminants et constitutifs de la formation de la volonté politique, il manque alors, au sein du processus politique, le lieu où peuvent se vider les conflits fondamentaux. Ceux- ci sont refoulés parce qu'ils ne sont susceptibles d'être exprimés que dans le cadre d'une mobilisation de la collectivité des citoyens dans son ensemble : cette mobilisation collective, cependant, entrerait elle-même en conflit avec le système d'expression et de

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confrontation d'intérêts toujours, à chaque fois, spécifiques et le ferait éclater. Il existe, là encore, une explication évidente de ce constat : l'expression articulée de conflits fondamentaux auxquels tous sont parties prenantes, ne se fait pas d'elle-même, mais suppose, elle aussi, l'intervention d'organes dirigeants qui l'érigent au rang de question et la formulent en une interrogation qu'il est possible d'offrir à la discussion et de régler par une décision. Cela ne va toutefois pas sans difficultés dans un espace de participation politique rempli par le pluralisme des intérêts. S'affronter autour de ces conflits fondamentaux ou s'affronter à de tels conflits, cela ne heurte pas seulement l'un ou l'autre des intérêts spécifiques ; au contraire, ça se met pour ainsi dire en travers de tous ces intérêts pris dans leur ensemble. Le potentiel de disponibilité au profit l'articulation d'une volonté politique s'en trouve déjà largement absorbé voire épuisé.

16 La question de la raison de cet état de chose a conduit à saisir, à partir de preuves empiriquement établies, que l'intérêt pour la participation politique n'est pas fondamental pour les citoyens, en ce sens qu'il surpasserait pour tous les autres intérêts qui lui seraient ainsi subordonnés. Il est au contraire placé en concurrence avec les autres intérêts des individus et c'est cette situation de concurrence qui est, de son côté, fondamentale13. La vie des individus n'est pas complètement prise dans la participation politique et - à la différence de ce que fut peut-être la démocratie athénienne dont les citoyens, en tant que maître de la maison, commandaient aux esclaves et aux domestiques — elle ne trouve pas même là son centre de gravité. L'activité politique et la mobilisation qui l'accompagne est, de ce fait, comme par nature une affaire de minorités. Cela vaut surtout s'agissant des affaires politiques quotidiennes, même si aujourd'hui l'intensité de leurs effets comme leur signification augmentent. À cela s'ajoute le nombre et la complexité croissants des décisions à prendre : ces deux données contribuent à « professionnaliser » encore un peu la participation.

17 Il en résulte une conséquence importante. Postuler la possibilité d'une participation politique universelle au profit des individus (et poser, de même, un cadre constitutionnel organisé en conséquence), d'un point de vue externe et purement normatif, a bien le caractère de la démocratie directe ; dans la réalité politique, toutefois, on institue ainsi une légitimation et un espace où la puissance et l'influence politiques de minorités actives peut librement se déployer. Le manteau de la démocratie directe recouvre une structure cachée de représentation qui s'y développe.

18 c. La troisième justification de notre thèse, c'est l'analyse de la forme de réalité que revêt l'effectivité sociale et du caractère d'unité organisée d'action (Handlungs- und Wirkeinheit) que prennent les structures sociales et politiques, une analyse dont nous sommes redevables à Hermann Heller14. Avec cette analyse, le problème de la démocratie directe est appréhendé du point de vue des sciences sociales mais aussi de la théorie de l'organisation et il est ainsi ramené à son fondement.

19 Heller pose la question de la genèse et de la consistance des unités sociales et politiques dans la vie collective des hommes. Celles-ci ne naissent et n'existent ni comme substances ni comme des unités idéelles purement subjectives, mais comme des unités d'actions. Elles sont établies à travers des processus d'organisation : le regroupement, l'orientation déterminée et l'actualisation correspondante d'une multiplicité d'activités et de comportements humains15. Il en résulte un système d'action dans lequel de multiples actions se coordonnent en une structure d'action et duquel naît une unité

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efficiente - éventuellement organisée. Si cette coordination et celte orientation en vue d'une structure d'action font défaut, alors on en reste à une pure et simple coexistence d'individus existant chacun pour soi et agissant de manière non coordonnée. Le groupe, en tant qu'unité délimitée, ne peut résulter que d'une préalable interaction orientée et réciproque : c'est par elle que l'unité du groupe (en tant qu'unité d'actions) s'effectue, se construit et se perpétue.

20 L'exemple d'une équipe de football ou d'une compagnie de soldats en marche éclaire ce propos. Ce n'est que par l'unité de direction, par le comportement d'une pluralité ou d'une multiplicité d'individus que cette direction uniforme oriente vers certains buts déterminés que se constitue et subsiste une unité d'action - qui soit aussi extérieurement perceptible et efficiente en tant que telle.

21 Le fait, toutefois, que ces unités d'action s'établissent de celte façon dépend, pour sa part, de l'existence d'un ou plusieurs organes dirigeants qui, précisément, prennent en charge la fonction d'unification et d'organisation qui produit l'unité d'action16. La prise en charge de cette fonction n'est pas l'expression d'une unité d'action qui existerait déjà ; celle-ci est, au contraire, tout d'abord engendrée en tant que système d'action formé, orienté et unifié d'une manière déterminée à travers celte prise en charge. Heller fait remarquer à juste titre17 que la volonté d'unité existant chez tous les intéressés (ce qu'on appelle l'association volontaire [Willensverband]) ne suffit pas à établir une telle unité d'action. En effet, cette volonté d'unité est encore privée de forme. Elle a besoin en outre, pour se transformer en unité d'action, d'une décision sur la nature et l'objectif de l'ordre collectif prévu, sur l'orientation, quant à son contenu, de l'actualisation qui est portée et doit être produite en commun (et donc sur l'exclusion d'autres possibilités) de même que sur les moyens à mettre en œuvre à cet effet.

22 Au cours de cette activité indispensable, les organes dirigeants procèdent par eux- mêmes et agissent de façon indépendante. Leur conduite peut être stimulée ou même quasiment imposée par la situation existante et ses exigences ou bien par l'état de la volonté ou des attentes du plus grand nombre ; en tant que l'initiative concrète, déterminée dans son contenu, engendre ou continue de porter l'unification de la volonté et l'unité d'action, elle est elle-même créatrice, et non pas la simple exécution ou application d'une décision déjà arrêtée18. Cela explique une spécificité indispensable du mode d'action et de la forme de réalité des unités politiques et sociales d'action : ce rapport entre question et réponse que l'on retrouve constamment, et qui est objectivement nécessaire, ce rapport entre l'action du petit nombre et l'approbation ou la réprobation du plus grand nombre.

23 Heller a lui-même entrepris d'appliquer cet enseignement à la démocratie comme forme politique et forme de gouvernement. Dans sa Théorie de l'État, il écrit : « (...) Même dans la démocratie où il existerait l'égalité sociale des chances, le peuple ne peut jamais dominer qu'au moyen d'une organisation de domination. Toute organisation suppose cependant une autorité et l'exercice du pouvoir est toujours soumis à la loi du petit nombre ; ceux qui actualisent les capacités de la puissance au sein de l'organisation unifiée doivent toujours disposer d'un certain degré de liberté de décision et donc d'un pouvoir qui ne soit pas démocratiquement lié19 ». Et il insiste sur le fait que cela vaut aussi bien au sein de la structure étatique que dans la structure du pouvoir des partis politiques.

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3. Notion et construction de la démocratie comme forme de l'Etat

24 Quelles sont les conséquences de ces arguments s'agissant de la notion et de l'effectivité de la démocratie ?

25 a) On peut brièvement rappeler notre résultat comme suit : la notion de démocratie comme forme politique ne peut être conçue en tant que démocratie immédiate. Le plébiscite de tous les jours* n'est pas une forme d'Etat (Carl Schmitt). Ce serait prendre, sinon, un irréalisme évident pour point de départ de la conceptualisation et construire un concept de démocratie dont la teneur essentielle (et le telos véritable) serait d'emblée irréalisable. Toute réalité effective de la démocratie deviendrait, comparée à cette notion, une réalité mauvaise, déficitaire ou même illégitime. L'inaccomplissement permanent de la démocratie apparaîtrait comme un élément nécessaire du concept de démocratie. Je ne vois pas que cela puisse être le sens d'une conceptualisation scientifique.

26 Si la démocratie - en tant que forme politique - représente une forme de domination politique et une forme d'organisation de celte domination, elle doit alors, dans toutes les circonstances, constituer aussi une unité de décision et d'action et produire un système d'unification relative des volontés20. Pour ce faire, des organes dirigeants et autonomes dans leur action - et dans cette mesure représentatifs - sont une nécessité inconditionnelle. Ils sont la condition de possibilité d'une organisation démocratique de la domination. Et ce, en vérité, non pas comme une simple « seconde voie » ou bien comme une concession faite aux données techniques et spatiales ou au problème du grand nombre, mais bien en tant que nécessité originelle. La tâche que doit rechercher l'organisation démocratique d'une collectivité politique n'est donc pas de démanteler tout pouvoir de direction qui ne serait pas soumis à un mandat impératif et de tendre à supprimer les représentants autonomes, ni de les réduire au plus strict minimum - comme en une approximation de la démocratie « véritable ». Cette tâche est au contraire de faire exister de tels représentants et pouvoirs de direction, si possible de les stabiliser, mais de les soumettre à la légitimation démocratique au sein d'un processus ouvert de formation démocratique de la volonté et de les subordonner à la responsabilité et au contrôle démocratiques afin que, de la sorte, leur activité puisse valoir comme une activité habilitée, exercée pour le peuple et au nom du peuple et qu'une telle activité soit aussi possible21. C'est cette conception réalisable d'une organisation et d'un exercice démocratiques de la domination, qui intègre la représentation comme un élément constitutif de la démocratie, qui doit être reprise et affirmée dans le concept de la démocratie, et non pas un modèle illusoire et utopique pensé en dépit de la réalité effective et des conditions d'effectuation de la démocratie.

27 b) Les éléments d'une organisation démocratique du pouvoir d'État qui soit réalisable peuvent être ramenés à trois points essentiels22. Ce sont les suivants : 1) le pouvoir représentatif de décision et d'action, indépendant dans son activité, doit être constamment rapporté an feed-back du peuple, et c'est la structure juridique de légitimation du pouvoir d'État et des fonctions étatiques qui doit aller du bas vers le haut23 ; 2) il convient d'éviter le glissement par lequel les représentants indépendants dériveraient vers une position de souveraineté, raison pour laquelle leur pouvoir doit être une compétence liée à une charge, une prérogative juridiquement limitée ; 3) c'est enfin, la possibilité de correction et de rééquilibrage démocratiques du pouvoir représentatif de direction et de décision, que ce soit par la révocation des

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représentants, ou bien par les décisions concrètes du peuple lui-même. Les décisions concrètes du peuple -c'est-à-dire l'élément plébiscitaire - ont en effet parfaitement leur place dans l'organisation démocratique du pouvoir d'État, non pas, cependant, comme un principe constitutif fondamental, mais comme élément de correction et d'équilibre. Prises en ce sens, elles peuvent et doivent être introduites dans une organisation constitutionnelle démocratique24.

28 À quoi aboutit dès lors une telle organisation démocratique réalisable de l'ordre étatique et de l'exercice du pouvoir ? À créer une habilitation démocratique juridiquement formalisée, qui doit être renouvelée et permanente, à destination des organes indépendants de direction, indispensables à l'unité d'action de l'État, et de leur pouvoir de direction. Dans la mesure où cette habilitation n'est pas donnée, comme chez Thomas Hobbes25, une fois pour toutes - s'aliénant du même mouvement - mais que, au contraire, elle se produit en permanence, qu'elle se forme à travers un ensemble de feed-back et de responsabilités, elle institue un système d'imputation (Zurechnungszusammenhang). Les organes indépendants de direction, habilités en cette forme, agissent au nom du peuple et pour le peuple, le traduisent (darstellen) en une unité politique organisée d'action. En ce sens, ils sont représentants du peuple et le pouvoir ainsi organisé est un pouvoir démocratique représentatif.

LA REPRÉSENTATION DANS LA DÉMOCRATIE

29 Dans ce cadre, la question se pose toutefois de savoir si, avec l'établissement d'un tel système d'imputation, une représentation du peuple, s'agissant des contenus, devient de ce seul fait effective dans l'activité des organes étatiques de direction. On peut vraiment difficilement contester que ce système d'imputation, établi à travers les actes de légitimation et les rapports de feed-back déjà évoqués, ne puisse dévier en une pure délégation de volonté et dans une certaine mesure un blanc-seing, sans que, dans celte contestation, ne soit visible cette prétention à ce que soit traduite et s'impose la volonté effective du peuple, dans sa diversité comme dans ce qui l'unit. C'est ainsi que se pose la question fondamentale de la signification de la représentation pour la démocratie, en tant que domination réalisée du peuple.

Les différents concepts de la représentation

30 Nous nous interrogerons en premier lieu sur le concept même de la représentation. Le terme de représentation est en effet utilisé, dans le débat contemporain de théorie de l'État et de la constitution, dans une double acception26. a. Au sens formel, on parle de représentation pour viser l'habilitation, par le peuple ou les citoyens, d'organes indépendants de direction ; représentation désigne le système de légitimation et d'imputation, existant ou établi par cette habilitation entre l'activité des organes de direction et le peuple : les organes de direction agissent par représentation au nom du peuple et en tant que peuple, ils ont la force, par leur action, d'obliger le peuple27. C'est en ce sens qu'on vient de parler de représentation (comme représentation formelle). b. Le concept matériel de la représentation se démarque du précédent en ceci que dans l'action, à la supposer légitimée et autorisée d'une quelconque manière par le peuple, la volonté de celui-ci se voit actualisée dans son contenu et traduite. D'après cela, la représentation consiste et s'établit en ceci que l'activité des organes de direction soit de telle nature que les individus et les citoyens dans leur ensemble (le peuple) puissent se retrouver

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dans cette activité, tant dans la diversité de leurs façons de voir que dans ce que, ensemble, ils tiennent pour juste et veulent. Pour cela, il convient que les individus - en tant que ceux qui sont d'abord formellement représentés - voient que les questions de leur vie en commun, celles qui les concernent dans leur ensemble, sont débattues et réglées par les représentants et ce, d'une manière qui, indépendamment des divergences d'opinions et de manières de voir, rend possible et même suscite une identification avec cette façon de traiter les choses et d'en décider. De la sorte, à côté de la prérogative reconnue aux représentants d'obliger extérieurement (le pouvoir de commandement), apparaît la capacité à produire du consentement et de la disposition à obéir28.

31 La représentation, prise en ce sens matériel, est un processus et, plus précisément : un processus politique et spirituel. Elle n'est pas donnée simplement comme la reproduction ou la traduction d'un être existant pour soi, quoique invisible29; elle peut s'établir et se détruire ou se déliter. Du point de vue juridique, c'est-à-dire au moyen de dispositifs juridiques, elle peut sans aucun doute être rendue possible, mais elle ne peut pas être garantie - elle doit absolument prendre figure dans l'action des représentants et à partir de celle-ci.

32 c) Pour une démocratie réalisée, ces deux modes de la représentation sont indispensables. Dans la représentation formelle, la démocratie trouve son système, au plan du droit formel, d'habilitation, de légitimation et d'imputation. Ce système produit la structure démocratique de l'État dans sa forme extérieure, mais aussi exclusivement sous cette forme. La présence, de surcroît, de la représentation matérielle est la condition nécessaire pour que la démocratie, indépendamment de sa structure représentative formelle, ne sombre pas dans la domination purement déléguée à des individus ou des groupes, ou bien encore dans l'absolutisme des majorités alternatives, mais qu'elle rende effective la domination du peuple et la participation politique des individus. En ce sens, d'un côté, dans la démocratie elle aussi se constitue de la domination, à travers la représentation (formelle) ; de l'autre côté, la représentation (matérielle) sert à limiter la domination et à la soumettre, dans ses contenus, au peuple. Toute démocratie est tributaire d'un tel processus de médiation puisqu'elle n'est pas réalisable en tant que démocratie immédiatement identitaire.

Contenu et établissement de la représentation démocratique

33 Par quoi cette représentation matérielle s'établit-elle et comment subsiste-t-elle ?

34 a) W. Hennis a attiré l'attention sur l’importance de la notion de Amt (office, fonction)30 pour la démocratie représentative31. Il me paraît que l'on trouve là un point de départ correct. Si l'on conçoit la position des organes indépendants de direction, formellement représentatifs comme étant celle d'une fonction dont on a la charge (Amt), on découvre alors la base sur laquelle la liberté à l'égard des obligations particulières et des instructions de la base - liberté nécessaire en tant que condition de l'activité représentative - ne retombe pas dans la sphère du bon plaisir, de la volonté « nue » du titulaire individuel de l'autorité. Au concept de fonction appartient l'idée du service pour autrui, l'orientation sur des missions et des responsabilités qui se distinguent des intérêts propres32, lui appartient aussi l'idée de trusteeship. Transposée à l'activité des organes représentatifs de direction, cela signifie : ce n'est pas la volonté purement personnelle, naturelle des individus agissants qui doit être déterminante, mais une volonté publique, « officielle » (amtlicher), celle qui s'oriente d'après les exigences de la collectivité, d'après les intérêts du peuple, qui remplit un mandat objectivé. L'action

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trouve son orientation d'après un point de référence supérieur, qui n'est identique ni à la volonté naturelle, ni aux intérêts naturels, et cette action réalise l'obligation et le devoir qui y résident.

35 b) Où, cependant, ce point de référence supérieur d'une représentation démocratique se trouve-t-il ? Ici surgit un problème qui attend encore sa solution. D'un côté, cette élévation au-dessus de la simple volonté empirico-naturelle et l'obligation qui l'accompagne sont nécessaires afin que s'établisse la représentation matérielle. D'un autre côté, cette orientation et cette obligation ne peuvent donner aucun titre pour soustraire l'action des organes dirigeants et son contenu au processus de formation de la volonté et à l'affrontement démocratiques. Serait-ce le cas, l'exigence d'une représentation au sens matériel ne constituerait qu'un argument destiné à masquer la définition autoritaire, déliée de tout engagement envers le peuple et le processus démocratique, des intérêts publics, des besoins de la collectivité et du bien commun. Ce point de référence supérieur ne saurait donc être trouvé sans référence au peuple, et, en vérité, pas à un peuple idéal ou hypothétique, mais au peuple effectif. C'est seulement alors que la représentation matérielle est en même temps représentation démocratique33.

36 Mais comment doit être défini ce point de référence sans qu'on ne retombe, une fois encore, dans une volonté naturelle et empirique, à savoir la volonté naturelle, empirique du grand nombre et que, au bout du compte, la représentation ne se dissolve en une pure démoscopie34? Il me semble que la discussion sur la représentation qui a eu lieu durant ces dernières décennies doit pouvoir être ici prolongée et qu'elle offre peut- être une solution au problème. Dans cette discussion, il est devenu clair que le point de référence supérieur de la représentation démocratique contient et doit nécessairement contenir un moment normatif, que donc il renvoie à un point situé par-delà la sphère de la volonté empirique et naturelle et des délégations correspondantes de volonté.

37 Cela vaut la peine de suivre plus précisément les deux lignes de discussions qui sont apparues ici : celle qui, en Allemagne, est plutôt orientée vers la théorie et celle qui, aux États-Unis, est plutôt empirique. La ligne de discussion allemande trouve son point de départ dans le fait que la conception de la représentation comme présentation ou comme incarnation d'idées ou de valeurs intemporelles - comme cela a encore été déterminant chez Gerhard Leibholz35 - est remise en question, bien que d'un autre côté la représentation (Repräsentation) ne doit pas déchoir en une simple « représentation- mandat » (Vertretung) de volontés empiriques particulières. C'est ainsi que, pour Carl Schmitt, la représentation (Repräsentation) ne se rapporte pas à la volonté de tous non plus qu'à la volonté empirique du peuple, mais au peuple en tant qu'unité politique, qui se distingue du peuple dans sa présence naturelle36. Chez Erich Kaufman, la représentation a son point de référence dans la volonté du peuple forgée par « l'esprit du peuple » - conçu comme la force spirituelle réelle qui influence les individus -, volonté que le représentant s'entend à mettre en forme et à articuler37. Pour Siegfried Landshut, ce n'est pas une volonté empirique et psychologique que la représentation rend présente et efficiente, mais le principe régulateur, l'idée directrice de la conduite de la vie (publique et politique) à partir de laquelle la vie d'une multitude se conçoit comme un être-ensemble (ein Gemeinsames : l'élément universel et commun dans lequel un peuple, dans la multitude des individus, se voit et se retrouve en tant que communauté38.

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38 La ligne américaine de discussion cherche à dépasser l'antinomie entre représentation purement formelle, d'une part, qui attribue à ceux qui sont légitimés par l'élection une complète liberté d'action comme on le ferait à une société fiduciaire autonome et indépendante et représentation-mandat (Vertretung) soumise à des instructions, ce qui correspond à l'idée du mandat impératif et de la participation politique généralisée. Le support conceptuel de ce dépassement est la notion « répondance », responsivness39. Cette « réactivité » signifie, pour simplifier, une capacité de réception et une sensibilité des représentants à l'endroit des vœux et des intérêts des représentés, uni à un potentiel correspondant de perception. Elle ne va toutefois pas jusqu'à une dépendance par rapport à ces vœux et intérêts et à un simple rôle d'exécutant ; elle se préserve, au contraire, une initiative propre et une capacité d'anticipation des besoins et des intérêts ainsi que la possibilité, en cas d'exigences et d'intérêts incompatibles et divergents, de prendre des décisions objectives qui soient guidées par l'idée du compromis équitable ou par des intérêts supérieurs, communs à tous. Envisagé de plus près, cela se ramène à un juste milieu, déterminé par des considérations normatives, entre les positions extrêmes, celle de la représentation formelle libérée de tout mandat, et celle du mandat lié par des instructions. Si l'on pense plus avant encore cette notion de « réactivité », on en revient à une ancienne idée du débat sur la représentation et que l'on doit à Hegel. D'après celle-ci, la représentation présuppose l'existence d'une relation spécifique extra-juridique entre les deux parties - les représentés et les représentants - qui se fonde dans la confiance et s'y manifeste. « On a confiance en un homme dans lequel on voit qu'il a le discernement qui lui fera traiter mes affaires comme les siennes, en toute conscience et toute honnêteté ». L'acte de représenter n'a plus la signification d'après laquelle « quelqu'un est à la place d'un autre », mais que l'intérêt, l'affaire dont il s'agit « est effectivement présent dans son représentant »40.

39 Ces deux lignes de discussion renvoient à un concept de la représentation qui contient en lui un moment normatif supérieur, lequel cependant ne repose pas sur lui-même, ne recherche pas dans des idées en soi ou des valeurs qui doivent valoir, mais se rattache au peuple et aux citoyens eux-mêmes et, ce faisant, médiatise leurs besoins et leurs intérêts de même que les représentations qui les rassemblent. Dans le même temps, la représentation apparaît comme un processus (dialectique) et non pas seulement comme une simple traduction ou présentification (Vergegenwärtigung) de quelque chose qui serait déjà achevé41. Elle est engendrée par un acte des représentants qui répond à certaines exigences de contenu : intégrer dans leur action et leur activité décisionnelle les - divers - intérêts et besoins, mais aussi, dans le même temps, traduire et actualiser ce que les citoyens savent et ressentent de l'élément commun qui les rassemble dans l'ordre de leur vie sociale (ce dont fait partie, au premier chef, un certain mode de compromis et de traitement des besoins et des intérêts). C'est précisément par là que l'on arrive à ce que les individus se retrouvent dans l'activité des représentants, qu'ils s'y voient représentés et se sentent intérieurement obligés.

40 c) À partir de là, le processus de représentation démocratique et sa structure peuvent être clairement décrits. « Représentation démocratique », cela signifie l'actualisation et la traduction du Soi propre du peuple, et dont les citoyens forment l'assise, ainsi que de l’idée que se font les citoyens de la manière de traiter des questions générales et de médier besoins et intérêts en les rapportant à l'universel. Elle s'établit donc lorsque les individus retrouvent leur Moi propre en tant que citoyen (citoyen en soi*) et le peuple son propre Soi (volonté générale*) dans l'action des représentants, dans leurs réflexions,

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leurs décisions, leurs questions à l'adresse du peuple42. Elle se présente comme un processus de médiation fondé sur l'universel dont les citoyens sont le support, un universel dont le caractère de volonté générale* par opposition à la volonté de tous* saute ici aux yeux. C'est de cette manière que la représentation démocratique peut s'établir, se consolider mais aussi se dissoudre et se décomposer.

La représentation démocratique et le problème de la scission (Entzweiung)

41 Reconnaître le caractère propre et l'établissement de la représentation démocratique (matérielle) permet de discerner une signification fondamentale qui échoit à la démocratie sous la figure de la démocratie représentative. La démocratie qui est assise sur et assignée à des formes de représentation accepte la scission et sa solution ouverte43. La formation de la volonté et l'exercice de la domination politiques sont en elle configurées de telle sorte que la scission de l'homme* et du citoyen* dans l'individu, et la scission correspondante de la volonté de tous* et de la volonté générale* dans le peuple n'est pas niée, ni mise de côté au plan de l'organisation, mais au contraire admise. La démocratie identitaire suppose que la scission est d'emblée résolue par la décision du peuple immédiatement présent ; les conceptions autoritaires de l'ordre politique soustraient cette solution au processus politique et la renvoie, au lieu de cela, à une personne ou un petit groupe de personnes (les organes dirigeants) seulement. À l'inverse, la démocratie représentative maintient cette solution comme ouverte et la transporte au sein du processus politique même ; l'actualisation et le devenir effectif du Soi propre du peuple sont alors rendus possibles aux plans institutionnel et procédural par le processus représentatif, dans le maintien de son ouverture, mais ils doivent aussi se produire et s'accomplir au sein de ce processus. Les tâches et les problèmes auxquels chaque individu, dans sa vie, se trouve confronté et qui doivent être résolus par lui en toute liberté, on les retrouve sur un mode correspondant dans le processus organisé de la vie de la collectivité politique44. Dans cette mesure, la représentation démocratique se conçoit en tant que processus dialectique du groupe avec lui-même45.

42 Il en résulte, pour la scission, une réelle chance de solution positive et productive. En effet, l'autre pôle de la scission n'existe pas seulement en tant qu'exigence posée par l'individu à lui-même ; il est institutionnellement autonomisé à travers les organes représentatifs de direction et amené à l'existence personnelle à travers les membres de ces organes. Ils font face, en tant que personne publique, au Moi (Ich) et au Soi (Selbst) naturels46. Dans une certaine mesure, cela facilite l'articulation de l'expression du Moi et du Soi véritables : leur demande peut trouver une traduction publique dans les représentants, et peut être formulée par ces derniers sous forme d'une question adressée au plus grand nombre et qui n'a plus besoin, de leur part, que d'une approbation. Il ne subsiste plus cette nécessité ni cette difficulté à faire naître et faire sortir l'universel à partir de l'immédiateté du plus grand nombre.

43 On peut encore formuler l'état de chose qui vient d'être exposé en prenant l'affaire dans l'autre sens : l'orientation de la domination politique d'après les conceptions des citoyens qui les rassemble et d'après les principes de conduite de la vie publique ne s'établit pour ainsi dire jamais, lorsque la scission est apparue et qu'elle doit être résolue - afin que les conflits sociaux, économiques et politiques puissent être surmontes -, elle ne provient pratiquement jamais de l'identité et de l'immédiateté du

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peuple ; au contraire, elle doit, le plus souvent, tout d'abord être conquise, elle doit toujours être d'abord portée à la conscience. Pour ce faire, l'autonomisation relative de l'activité politique décisionnelle par rapport à l'immédiateté démocratique ainsi que sa configuration représentative sont un présupposé indispensable47. La possibilité qui repose là doit, à la vérité, être saisie, principalement par les organes de direction qui, au parlement et au gouvernement, sont appelés à agir de manière indépendante et sont, à cette fin, mis, grâce à la forme du « mandat libre » (freie Mandat), en situation de liberté ; ils doivent aussi vouloir être les représentants du peuple (au sens matériel). Si cela n'est pas par eux réalisé, alors aucune représentation (matérielle) ne peut s'établir et le peuple se voit privé de la possibilité de s'articuler soi-même48.

III. DIFFICULTES ACTUELLES DE LA REPRÉSENTATION DÉMOCRATIQUE

44 Si, avec les procédures démocratiques de légitimation, de formation de la volonté et de décision, la représentation démocratique n'est pas donnée d'avance, complète et définitive mais qu'il faut au contraire d'abord l'établir et la produire, la question se pose alors des conséquences de son insuffisance ou de sa décomposition. Nous sommes là au cœur des problèmes et des difficultés de la représentation démocratique aujourd'hui. Les conséquences de l'insuffisance de représentation démocratique peuvent être, dans le détail, multiples et d'importance variable. Aujourd'hui, elles s'expriment principalement dans la percée de plus en plus importante des initiatives citoyennes mais aussi dans le rejet des partis politiques voire de la politique tout entière49. Si les attentes des individus ou des citoyens dans leur ensemble à l'égard de la représentation sont déçues par l'action des représentants, si cette action ne leur permet pas, de quelque façon que se soit, de s'y retrouver, se pose alors nécessairement la question du sens, et même de la légitimité des procédures démocratiques de formation de la volonté et de décision. Ici, cette déception ou bien, au contraire, la possibilité d'une identification ne dépend pas du fait de savoir si, dans chaque cas particulier, il existe un accord sur le contenu des arguments avancés ou des décisions prises par les représentants ; ce n'est pas du mythe du consensus ou même de la conformité qu'il s'agit50. Ce qui importe, pour le rappeler une fois encore, c'est que les questions à traiter soient débattues et réglées d'une façon qui, dans l'hypothèse aussi, justement, de divergences d'opinion, permette et renforce l'idée selon laquelle c'est bien des affaires de la collectivité des individus dans son ensemble qu'on s'occupe et que ces affaires doivent être décidées comme de telles affaires collectives ; c'est l'idée qu'une médiation en direction de l'universel se produit. En ce sens, la représentation démocratique n'est pas remplaçable ; son défaut ou sa décomposition touchent irrésistiblement à la légitimité de la démocratie et, de ce fait, à la disposition même à accepter de se soumettre aux procédures existantes et aux décisions adoptées. La responsabilité à l'égard du destin de la démocratie, de sa réussite ou de sa décomposition, se situe d'abord au sein des organes représentatifs de direction, c'est-à- dire parmi les représentants élus et responsables au parlement, au gouvernement et - dans un Etat de partis démocratique - au sein des partis politiques51.

45 Il est vrai que ces propos pourraient donner l'impression que les problèmes théoriques et pratiques, politiques de la démocratie seraient ainsi, sans autre forme de procès, renvoyés au plan moral. L'analyse plus approfondie des déficits de la démocratie

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représentative céderait la place à cette échappatoire d'un appel à la morale. Et une objection supplémentaire se présente : la démocratie représentative possède-t-elle en effet, si l'établissement d'une représentation (matérielle) démocratique fait partie de ses conditions de fonctionnement et de légitimation, des chances vraiment plus élevées d'être réalisée, si on la compare à la conception que l'on a précédemment rejetée, celle de la démocratie identitaire-immédiate ? Car considérée comme on vient de le faire, ne se fonde-t-elle pas elle aussi, de manière analogue, sur des prémisses et des hypothèses illusoires ?

46 Il ne faut pas prendre à la légère des objections de ce type. Elles éclairent une fois encore le problème de la démocratie comme forme politique et forme de gouvernement. La critique adressée à la conception qui voit dans la démocratie immédiate la forme véritable de la démocratie52, s'appuyait sur ce que cette conception contredit les conditions de formation et d'expression de la volonté populaire ainsi que les conditions de la forme d'existence des unités politiques d'action, conditions toutes démontrables du point de vue des sciences et de la théorie sociales. Les problèmes de la réalisation de la démocratie représentative sont d'une autre nature. Ils ne résident pas dans le domaine des réalités et des possibilités objectives, de nature sociale et culturelle, mais dans celui des données et des possibilités éthiques et normatives. Que de telles données et possibilités éthiques et normatives fassent elles aussi partie des conditions de réalisation d'une forme politique, cela peut bien paraître étrange au premier abord. Mais ce n'est là que l'ancienne expérience qui refait surface et qui avait été, à vrai dire, largement oubliée dans les théories de l'État et des formes d'État depuis le XIXème siècle53 : un ordre solide de la vie en commun des hommes ne saurait être exclusivement créé et établi sur la base des questions d'organisation, de participation, de légitimation et de contrôle, autrement dit sur des dispositifs rationnels-fonctionnels. Au-delà, il nécessite tout autant des orientations, mises en forme (Verformungen) et réalisations de caractère éthique et normatif. Cela même qui, dans la vie des individus, est d'une grande importance, décide même souvent de la réussite ou de l'échec d'une vie. Cela ne peut d'un seul coup devenir sans importance pour la vie politique en commun des hommes ni, plus encore, devoir être négligé. C'est pourquoi, dans la vie en commun organisée des hommes, les mises en forme (Verformungen) institutionnelles jouent un grand rôle en tant que pont entre l'orientation et la réalisation. Elles empêchent qu'une orientation éthique et normative ne reste, d'emblée, qu'un postulat abstrait et elles en facilitent la réalisation pratique sans toutefois qu'on puisse en faire l'économie54. Dans la démocratie, l'orientation éthico-normative indispensable trouve sa mise en forme (Verformung) dans la représentation démocratique. La caractéristique de cette mise en forme consiste en ce qu'elle est certes étayée par des procédures (représentation formelle) mais qu'elle ne l'est que faiblement au plan institutionnel et qu'elle est en tant que telle renvoyée au sein même du processus politique ouvert: c'est là qu'elle a une chance de s'établir, mais qu'elle court aussi un risque. Cette chance doit à vrai dire faire face à deux difficultés qu'il convient de ne pas sous-estimer. La première de ces difficultés réside dans l'absence de préfigurations (Vorformen) de la représentation comme médiation en direction de l'universel, préfigurations que constituaient, d'après leur idée même, les anciennes corporations55. La société contemporaine est structurée et organisée par l'individualisme et le pluralisme des intérêts. Les associations et groupes d'intérêts considèrent comme leur mission ou même leur devoir de faire valoir leurs intérêts particuliers, de lutter pour leur reconnaissance et leur réalisation. Ils laissent aux instances étatiques - dont ils

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acceptent les décisions dans le cadre de l'ordre démocratique - la prise en charge de l'universel ; toutefois, mais ils n'en font pas leur tâche propre. Mais cela veut dire : la médiation en direction de l'universel doit être exclusivement assurée par les organes étatiques de direction et dans le champ de la politique et se trouve concentrée là : elle ne peut pas advenir graduellement et par étapes. Il est clair que, de ce fait, les organes représentatifs sont souvent et même peut-être continuellement surchargés ; les tâches et les exigences inhérentes à l’activité de représenter, qui leur sont remises à titre quasiment exclusif, deviennent trop grandes pour eux.

47 L'autre difficulté résulte de ce que les organes représentatifs de direction, au sein de la représentation du peuple (Volksvertretung) et du gouvernement, se trouvent en concurrence ouverte pour leur position, position dont l'affirmation dépend ainsi du consensus des électeurs56. La charge qu'impose leur activité représentative n'est pas allégée de ce fait. En appeler au Soi naturel de la volonté de tous* plutôt qu'au Soi véritable de la volonté générale* : cette échappatoire apparemment commode et qui promet un succès à court terme s'offre constamment et la démocratie ne connaît et n'admet aucun dispositif institutionnel qui l'empêcherait. La réussite de la représentation démocratique demeure ainsi, d'une manière particulière, une question ouverte ; elle devient un problème épineux dès que certaines décisions doivent être prises qui touchent radicalement les individus ou certains groupes. Manque-t-il alors à la démocratie des gouvernants, individus ou groupes, résolus, à la hauteur des exigences de l'action représentative ou capables de poser au peuple les vraies questions - et ces gouvernants sont indispensables au parlement, au gouvernement, au sein des partis politiques -, alors très vite la démocratie se délite pour devenir un self-service politique ou bien - lorsque les décisions posent des questions vraiment difficiles - elle commence son agonie, sans qu'on puisse institutionnellement en retarder ni en redresser le processus. La labilité de la démocratie qui en résulte appartient à sa nature propre : on ne peut, sur le terrain de la démocratie, s'en débarrasser ni par les paroles, ni par l'organisation. Un peuple qui organise et établit sa vie politique de manière démocratique doit avoir la force et la disposition qui lui permettront de la maintenir. Ainsi considérée, la démocratie est une forme politique véritablement exigeante et même, sans doute, difficile : elle a pour condition un vaste soubassement de culture politique.

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NOTES

1. Kurt Eichenberger, Der Staat der Gegenwart, Basel, Frankfurt. 1980, p. 96. 2. Voir la présentation de la démocratie athénienne chez Hans Kurz, Volkssouveränität und Volksrepräsentation. Köln, Berlin, Bonn, München, 1965, p. 28 sq. Concernant l'assemblée de la population attique, dont tout au plus un tiers à un quart était des citoyens de plein droit, voir :

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Viktor Ehrenberg, Der Staat der Griechen, 2° éd. Zürich, München 1965, p. 37 sq. ; Tullu Tarkiainen, Die athenische Demokratie, München, 1972, p. 48, p. 51 et p. 53. 3. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Livre III, ch. 15. 4. Karl Marx. Erster Entwurf von « Bürgerkrieg in Frankreich », in Karl Marx/ , Werke, 1.17, Berlin (Est) 1962, p. 541 ; du même, Der Bürgerkrieg in Frankreich. ibid.. p. 338. 5. Walter Euchner, « Demokratietheoretische Aspekte der politischen Ideengeschichte », in Gisela Kress/Dieter Senghaas. Politikwissenschaft, Frankfurt. 1969. p. 15. 6. Erich Kaufmann, Zur Problematik des Volkswillens, Berlin, 1931, rep. désormais in Ulrich Matz (sous la dir.), Grundprobleme der Demokratie (Wege der Forschung, 1.141), Darmstadt, 1973, p. 22 sq. 7. Erich Kaufmann, ibid., p. 26. 8. Werner Weber, Mittelbare und unmittelbare Demokratie, 1959, rep. in Ib. Spannungen und Kräfte im westdeutschen Verfassungssystem, 3ème éd., Berlin, 1970, p.185 sq. : «Une votation populaire est toujours une réponse à une question. Le contenu de celle réponse dépend de façon décisive des conditions, de l'objet et de la formulation de la question telle qu'elle est soumise au peuple. Il en résulte que la décision d'organiser une votation populaire, de son moment, de son objet et de sa formulation fait partie des plus importantes fondions constitutionnelles. » 9. Voir sur ce point notamment : Leonhard Neidhart. Plebiszit und pluralitäre Demokratie, Bern, 1970 ; Jean-François Aubert, « Le référendum populaire dans la révision totale de 1972/74 ». Zeitschrift für Schweizerisches Recht, 1974, 93, I, p. 431 ; Kurt Eichenberger, Der Staat der Gegenwart, op. cit. (note 1), p. 103 sq. 10. Voir Fritz W. Scharpf. Demokratietheorie zwischen Utopie und Anpassung, 2e éd., Kronberg. 1975, p. 29 sq (et les réf.). 11. Ce fut - dans le cadre de la théorie pluraliste de la démocratie - le principal enseignement des recherches de Robert A. Dahl, Who governs ? Democracy and Power in an American City, New Kaven, 1961. 12. Voir Fritz W. Scharpf, op. cit.. p.47 sq. 13. Sur ce point : Fritz W. Scharpf. op. cit., p. 57 sq. 14. Hermann Heller. Staatslehre, 3ème éd., Leyden. 1971, p. 81 sq. et p. 228 sq. 15. Hermann Heller, op. cit., p. 83 sq. et, concernant l'État, p. 231. 16. Hermann Heller. op. cit.. p. 88 et p. 230. 17. Ibid. p. 89-90. 18. Ibid., p. 233. 19. Hermann Heller, op. cit. ; p. 247 ; v. aussi Hermann Heller, « Politische Demokratie und soziale Homogenität» (192B), in Ulrich Matz (sous dir.), Grundprobleme der Demokratie. Darmstadt, 1973. p. 10. 20. Cf. Hermann Heller. « Politische Demokratie », op. cit. (note 18), p. 10. 21. En ce sens également, le rapport final de la Commission d'enquête pour la réforme de la Constitution du Bundestag allemand, Bundestag-Drucksachen, VII/5924. rep. in « Beratungen und Empfehlungen zur Verfassungsreform (I), Parlament und Regierung », Zur Sache, 3/1976, p. 49. 22. Voir sur ce point Hermann Heller, « Politische Demokratie ». op. cit. (note 19), p. 10-11 et Martin Kriele, Einführung in die Staatslehre, 1975. p. 244-246. 23. Roman Herzog (in Maunz/Dürig/Herzog/Scholz, Grundgesetz Kommentar, n°48 sq. sous Art. 20) parle à juste titre du principe de la « chaîne de légitimation démocratique ». 24. Cela vaut tout particulièrement s'agissant du pouvoir constituant et du pouvoir de révision constitutionnelle. C'est là l'un des points essentiels de critique qu'il faut faire valoir à rencontre du rapport final de la Commission d'enquête du Bundestag sur la réforme de la Constitution, de la part même de l'un de ses membres, à savoir que la question de la participation populaire à la révision constitutionnelle n'y a pas été discutée, contrairement aux formes plébiscitaires de la législation en général.

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25. Voir : Thomas Hobbes, Leviathan, chap. 17 : le cœur même du pacte de fondation de l'Etat et de soumission consiste à « to appoint one Man, or Assembly of man, to beare their Person ; and every one to owne, and acknowledge himself to be the Author of whatsoever he, that beares their Person, shall act or cause to be acted... » (souligné par moi). Voir aussi la présentation détaillée de Hasso Hofmann. Repräsentation, Berlin, 1974, p. 382-392, en particulier p.386 sq. 26. On ne peut pas, ici, détailler les nombreuses variantes de la signification donnée à la notion de représentation et qui sont apparues surtout dans la discussion de la théorie de l'État aux XIXeme et XXeme siècles. On trouvera une discussion critique des théories de la représentation du début du XXeme chez Hans J. Wolff. Theorie der Vertretung, Berlin. 1934. p. 16-91 : réception et poursuite de la discussion sur la représentation chez Joseph H. Kaiser, « Repräsentation », Staatslexikon der Görres-Gesellschaft. 6ème éd., t. 6, 1961, p. 865 sq. et Peter Badura, Bonner Kommentar (deuxième version, 1966), n° 23-24, sous Art. 38. 27. C'est en ce sens que la Constitution Française de 1791 (titre III, art. 2 à 4) parle du Corps législatif et du Roi comme des « représentants » de la Nation française auxquels les pouvoirs législatif et exécutif sont « délégués ». De même, pour Johann Caspar Bluntschli (Allgemeines Staatsrechts, 3ème éd., 1862,1.1, p. 478 sq.), il s'agit, dans la représentation, en premier lieu, d'un système d'imputation et d'habilitation entre l'action d'individus (en tant qu'organes) et le peuple comme unité et totalité, révoquant ainsi le principe de la représentation particulière des états et des ordres (ständisch) ; de la même manière, en liaison avec l'idée de la personnalité de l'État, voir les importants travaux d'Otto v. Gierke, Johannes Althusius und die Geschichte der naturrechtlichen Staatstheorien, I840, 4ème éd., Berlin, 1929, p.211 sq. : Das deutsche Genossenschaftsrecht, t.1, 1868, p. 822 sqq. Ce concept de représentation apparaît chez Georg Jellinek juridiquement formalisé et dépolitisé ; Allgemeine Staatslehre, 3ème éd., 1914, p. 566 (dans la définition introductive), puis p. 582 sq. 28. Fondamental sur ce point : Martin Drath, « Die Entwicklung der Volksrepräsentation » (1954), in Heinz Rausch (sous dir.), Zur Theorie und Geschichte der Repräsentation und der Repräsentativverfassung. Darmstadt, 1968. p. 275 sq., p. 292 sq. ; voir aussi : Siegfried Landshut, Der politische Begriff der Repräsentation, 1964, p. 491 sq. et les remarques d'Ulrich Scheuner. « Das repräsentative Prinzip in der modernen Demokratie » Festschrift für Hans Huber, Bern. 1961, p. 240. Je dois à mon collègue Wilhelm Hennis, de Freiburg, la remarque relative à la capacité d'obliger autrui comme l'une des caractéristiques de la représentation. 29. Carl Schmitt conçoit encore la notion de représentation dans ce sens « statique » : Verfassungslehre, 5ème éd., Berlin, 1970. p. 209 [N.D.T. : Théorie de la Constitution, trad. fr.. PUF. « Léviathan », 1993, p. 347). Dans le même sens : J. H. Kaiser, op. cit. (note 26). p. 865. 30. Le terme allemand Amt a un sens plus large que le mot français de fonction en ce qu’il peut aussi désigner la charge, l’office, voire le service en tant qu’entité politico-administrative (n.d.t.). 31. Wilhelm Hennis. « Amtsgedanke und Demokratiebegriff ». Staatsverfassung und Kirchenordung. Festgabe für Rudolf Smend, Tübingen, 1962, p. 51 sq. et passim. De même, en s'y référant. Martin Kriele, op. cit. (note 22), p. 242. [n.d.l.r. : L’importance de l’idée de Hennis vient d’être soulignée par Peter Graf Kielmansegg, « Was heißt und zu welchem Ende treibt man Politikwissenschaft », in : Andreas Anter (Hg.), Wilhelm Hennis' Politische Wissenschaft. Fragestellungen und Diagnosen. Tübingen : Mohr Siebeck, 2013.] 32. Voir : Hans J.Wolff, Otto Bachof, Verwaltungsrecht II. 4eme éd.. München. 1976. §73 I, p.28-32; en outre: Herbert Krüger, Allgemeine Staatslehre, 2ème ed., Stuttgart, 1966, § 19, en particulier p. 258 sq. 33. Ce lien, nécessaire à une représentation démocratique, est fréquemment négligé dans la discussion sur la représentation. On considère que constituent immédiatement le point de référence de la représentation, des idées, des valeurs ou le bien commun et, par là, la représentation se voit plus ou moins exclue hors du processus politique démocratique. Voir notamment Gerhard Leibholz, Das Wesen der Repräsentation unter besonderer Berücksichtigung des Repräsentativsystems, Berlin, 1929, p. 32 sq. ; pour une approche similaire : Wilhelm Hennis, op. cit.

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(note 31). p. 54 sq. De même, la distinction entre la volonté « empirique » et la volonté « hypothétique » du peuple, telle que la met en avant Ernst Fränkel, (« Die repräsentative und plebiszitäre Komponente im modernen Verfassungsstaat », in Heinz Rausch (sous dir.), op. cit. [note 28], p. 330 sq.), porte en elle cette même tendance à l'exclusion hors du processus démocratique. Voir aussi : Peter Badura, op. cit. (note 26), n° 28. sous Art. 36, 34. Voir sur ce point : Wilhelm Hennis, Meinungsforschung und repräsentative Demokratie, Tübingen, 1957. 35. Gerhard Leibholz, op. cit. (note 33). 36. Verfassungslehre, 5* éd.. 1970. p. 212 et p. 210. [N.D.T. : trad. fr. précit., p. 353 et 349.] 37. Erich Kaufmann, op. cit. (note 6), p. 22 sq. 38. Siegfried Landshut, op. cit. (note 28), p. 492 sq. Le concept de représentation est aussi actualisé par Joseph H. Kaiser dans une autre direction, rapportée a la représentation des forces et des intérêts sociaux dans et face à l'État. Après que les partis politiques ont eu modifié leur position du fait de leur accession à la sphère étatique, la lacune ainsi laissée dans la représentation de la société serait comblée par les associations et les groupes : cette représentation ne pourrait en vérité jamais être activée au sein d'une institution étatique mais seulement de manière factuelle, en tant que * représentation de fait * ». Voir : Joseph H. Kaiser, op. cit. (note 26), p. 867 et, du même. Die Repräsentation organisierter Interessen, V éd., 1979, p. 338 sq. Mais le problème de la représentation démocratique n'est pas ce qui fait ici le centre d'intérêt en tant qu'il s'agit de la poursuite de la tradition constitutionnelle du XIXème siècle. 39. Voir : Heinz Eulau et al., « The Role of the Representative : Some Empirical Observations on the Theory of Edmund Burke », American Political Science Review, 53, 1959, p. 742 sq. ; du même, « Changing Views of Representation », in de Sola Pool (dir.), Comtemporary Political Science : toward empirical theory. New York. 1967. p. 53 sq. : Heinz Eulau, Paul D. Karps, « The Puzzle of Representation : Specifying Components of Responsiveness », Legislative Studies Quarterly, 2. 1977. p. 233. 40. Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Grundzüge der Philosophie des Rechts (éd. Gans), 3ème éd. 1952, §§ 309 (addition) et 311 (remarque) [N.D.T. : la traduction de l'extrait de la remarque du § 311 est empruntée à J.-F. Kervégan, trad. de Hegel, Principes de la philosophie du droit. PUF, 1998. p. 390. Les « additions » ne sont pas traduites]. 41. Ce caractère de la représentation a été systématiquement démontré surtout par Martin Drath. op. cit (note 28), p. 268, p. 275 sq. et pp. 292-296. 42. Voir : Martin Drath, op. cit. (note 28), p. 295-296. Dieter Suhr a récemment fait l'impressionnante démonstration que cette analyse et explication de la représentation n'étaient pas seulement confirmées par les connaissances de la psychologie sociale moderne mais qu'elles y étaient pour ainsi dire enracinées : « Repräsentation in Staatslehre und Sozialpsychologie », Der Staat, 20, 1981, p.517 sq. 43. Sur le concept de la « scission » (Entzweiung), voir : Joachim Ritter, « Entzweiung », Historisches Wörterbuch der Philosophie, t. 2, Basel, Stuttgart, 1972, en part. col. 566-571. 44. La formule de prime abord ambiguë de Lorenz von Stein trouve ici son sens, formule selon laquelle l'État, en tant que forme d'une communauté d'êtres humains, constitue une « forme supérieure de la personnalité dans laquelle se retrouvent les moments et les manifestations vitales de la personnalité individuelle. Voir : Lorenz v. Stein, Die Verwaltungslehre, 1/1, 2ème éd., Stuttgart, 1969, p. 3-7. 45. Herbert Krüger, Allgemeine Staatslehre, 2e éd., 1966, p, 241. Ce processus est à vrai dire considéré avant tout par Krüger comme un processus d'« autobonification » des individus et du peuple, ce qui reconduit le problème forcément sur le plan moral et sur celui de l'éducation. 46. Sur ce point : Herbert Krüger, op. cit. 47. C'est pourquoi Jean-Jacques Rousseau, auquel on ne peut certainement attribuer aucune animosité a l'égard de la démocratie directe, se prononce finalement contre la démocratie

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comme forme du gouvernement notamment du fait qu'elle suppose une grande simplicité de mœurs, qui n'offre aucune occasion à des discussions épineuses, et une égalité presque complète dans les rangs et les fortunes : Du contrat social, III, 4. 48. Voir Ernst-Wolfgang Böckenförde. Der Staat als sittlicher Staat, Berlin, 1978, p. 38 sq. 49. L'expression de « dégoût de l'État » (Staatsverdrossenheit) avec laquelle on discute le plus souvent de ce phénomène, ne caractérise pas correctement le problème. Il ne s'agit pas d'un dégoût envers l'État mais d'un dégoût du système de domination des partis du fait du déficit de représentation démocratique matérielle que l'on constate dans l'action des partis politiques. 50. Il faut absolument y insister expressément afin d'éviter les méprises de type romantique ou totalitaire. Pertinent sur ce point : Martin Drath, op. cit. (note 28). p. 292-296. Voir aussi : Kurt Eichenberger, Der Staat der Gegenwart. op. cit. (note 1), p. 510. 51. Ulrich Scheuner insiste de façon très pressante (op. cit. (note 28). p. 246) sur la responsabilité des parlements ; « C'est ainsi qu'il est juste de tenir le destin de l'État moderne libéral pour indissolublement lié a celui de ses parlements. » 52. Voir supra, p. 294 sq. 53. Typique à cet égard, la présentation des formes de l'État chez Georg Jellinek (op. cit., (note 27). p. 669-736). 54. Aristote, Politique, livre III, chap. 7 (1279 a) avait vu ce lien et avait précisément à la suite de cela distingué entre les « bonnes » formes de la polis et ses formes dégénérées. Lorenz von Stein (op. cit. (note 44), p. 207 sq.) le conçoit, rapporte à l'État monarchique constitutionnel du XIXème siècle, dans la notion de fonction et d'essence de la fonction, laquelle a pour devoir « de défendre, a l'intérieur de l'État, l'idée véritable et pure de l'État contre ces éléments qui (...) veulent tirer parti de son pouvoir et de son droit au profit de leurs propres intérêts » (p. 208). 55. Il faut ici encore faire référence à Georg Wilhelm Friedrich Hegel (op. cit. [note 38], pp. 254-256) - un morceau de sa philosophie du droit qui n'a pas encore été suffisamment travaillé. Pour lui, la corporation est l'indispensable élément de médiation entre la société civile et l'État, en tant que, en elle, l'activité marchande se voit détournée des buts purement privés et élevée en une activité consciemment tournée vers un but commun. Ce faisant, il ne s'agit aucunement pour Hegel de s'en tenir aux systèmes pré-révolutionnaires des ordres et des états, mais, au contraire, d'assigner aux formes anciennes qui continuent d'exister un sens nouveau, tiré de la scission intervenue entre l'État et la société, ainsi qu'une tache correspondante, à savoir le « développement [qui va] de l'éthicité immédiate en passant par la scission de la société civile » (5 256) [N.D.L.R. : trad. franc, précit., p. 312]. 56. Voir, sur ce point, l'analyse fondamentale et qui n'a jusqu'à aujourd'hui encore jamais été dépassée de Joseph A. Schumpeter : Kapitalismus, Sozialismus, Demokratie, 3ème éd., 1972, p. 427 sq.

INDEX

Mots-clés : fr Schlüsselwörter : Repräsentation, Demokratie

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AUTEURS

ERNST WOLFGANG BÖCKENFÖRDE Ernst Wolfgang Böckenförde est politiste. Pour plus d’information, voir la notice suivante.

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Textes traduits en allemand Deutsche Übersetzungen

Deutsche Übersetzungen

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»Spiegel-Repräsentation« versus Parität. Die parlamentarischen Debatten über Geschlechterparität im Lichte politischer Repräsentationstheorien

Catherine Achin Traduction : Manfred Gangl

NOTE DE L’ÉDITEUR

Wir danken Frau Catherine Achin und der Zeitschrift Droit et société für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren. Nous remercions Mme Catherine Achin et la revue Droit et société de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

1 8. März 2001, der erste internationale Frauentag des neuen Jahrhunderts … Die Feierlichkeiten und die Medien-Foren in Frankreich haben bei dieser Gelegenheit – wie im Jahr zuvor – die politische Parität von Männern und Frauen, die von nun an in Übereinstimmung mit der Verfassung steht und ab den Gemeindewahlen im gleichen Monat Anwendung finden soll, ins Zentrum der Aufmerksamkeit gerückt. Die Zusammensetzung der zukünftig gewählten Parlamente wird folglich eine Gesellschaft widerspiegeln, die vollständig durch den Geschlechtsunterschied strukturiert erscheint. Die politische Sphäre, die so lange ausschließlich männlich geprägt war, öffnet sich den Frauen. Die Debatten des 8. März können nun von der Welt der Politik auf die Arbeitswelt, die Hausarbeit, den Sport und andere Bereiche übergehen und unter Rückgriff auf Statistiken dort Bastionen aufspüren, die sich noch gegen die Geschlechtergleichheit wehren. Die Gleichheit erscheint in diesen Diskursen durchaus als gemischte und gleiche Verteilung der öffentlichen Ämter, die dem Bild der

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Bevölkerungsverteilung entspricht, einer Bevölkerung, die jeweils zur Hälfte aus Männern und Frauen besteht.

2 Von diesem »Spiegelbild« wird hier die Rede sein. Das Ziel ist eine theoretische Analyse der Parlamentsdebatten 1998 und 1999 über die Parität von Männern und Frauen, eine Analyse, die sich um die Begriffe des Gleichheitsgrundsatzes und der »Spiegel- Repräsentation« dreht, so wie beide in diesen Diskursen zum Tragen kommen. Leitender Gedanke dabei ist, die im Laufe der Debatten verfochtenen Argumente für die Verfassungsänderung bezüglich der Gleichheit zwischen Männern und Frauen im Lichte politischer Repräsentationstheorien neu zu interpretieren. Ziel hier ist nicht, eine neue Theorie demokratischer Repräsentation vorzulegen, sondern diejenigen Theorien zu analysieren, die die Beteiligten in ihren Diskursen anlässlich der Parlamentsdebatten über die Parität von Männern und Frauen selbst vorschlagen und ins Spiel bringen. Es ist heuristisch besonders ergiebig, zu versuchen, in diesen politischen Polemiken eine strategische und kontextuelle Kohärenz des diskursiven Rückgriffs auf Wahrheiten aufzuspüren, die als unveränderlich und definitiv ausgegeben werden, besonders die einer wesentlich durch den Geschlechtsunterschied strukturierten Gesellschaft. Es gilt, sich davor zu hüten, den vermeintlich dominierenden Standpunkt der französischen republikanischen Universalität gegen die Parität einzunehmen, und statt dessen jenen »Knotenpunkt« der Argumente und Standpunkte zu restituieren, auf deren Grundlage diese formuliert worden sind.1

3 Was in der Tat durch das heftige Kreuzfeuer der Polemik verdeckt werden konnte, ist die Tatsache, dass mit dem Begriff der Parität und seinen konzeptuellen Abwandlungen die Beziehung zwischen Repräsentanten und Repräsentierten in den westlichen Demokratien zur Debatte steht. Das Anliegen der Frauen, die Gleichheit der Geschlechter oder die Modernisierung des politischen Lebens sind unzweideutig als die zentralen Fragen dieser Kontroversen um die Parität aufgetaucht. Aber es erscheint notwendig, aufzuweisen, wie und warum die Verfassungsänderung zur Gleichheit von Männern und Frauen über diese Fragen hinaus eine bisher nicht dagewesene Veränderung der Konzeptualisierung der politischen Repräsentation selbst darstellt.

4 Die gewählte Untersuchungsperspektive ist daher eingeschränkt und bewusst theoretisch. Tatsächlich scheint es so, dass alles oder fast alles zur Parität von Männern und Frauen gesagt worden ist: die Geschichte des Begriffs, seine Wortführer, seine Entwicklung, Eigenschaft und Tragweite der verschiedenen bis zur Redundanz in den Medien vorgebrachten Argumente, die Stellungnahmen der Intellektuellen oder der Politiker, der Fürsprecher und Gegner … Diese intellektuelle und mediale Überfülle der Debatten um die Parität von Männern und Frauen wurde übrigens von den Akteuren in Politik und Bürgergesellschaft als positiv für die Geschlechtergleichheit in Frankreich anerkannt, insofern damit die Frage der Gleichheit von Mann und Frau in der politischen Sphäre, aber auch in anderen Bereichen des Sozial- und Berufslebens in den Medien in den Vordergrund gerückt wurde. Um ganz kurz auf den allgemeinen Ton dieser Debatten zurückzukommen, so sollte man den bemerkenswerten Grundkonsens2 hinsichtlich des Ausgangspunkts der Überlegungen hervorheben. Ob die gewählte Metapher medizinisch, moralisch oder vergleichend ausfiel, die Einschätzung war einhellig: die Unterrepräsentierung der Frauen in den politischen Ämtern in Frankreich, nachdem sie vor mehr als fünfzig Jahren ihre politischen Rechte erhalten haben, ist pathologisch, bedauerlich, unanständig und es geht nun darum, diese Situation zu verbessern. Der Kontext, in den diese Debatten verortet werden müssen –

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und an den in der Tat die Parlamentarier unaufhörlich erinnerten, um ihre Redebeiträge zu rechtfertigen –, ist der einer Krise der politischen Repräsentation3, der einer Bewusstwerdung eines offensichtlichen Handicaps Frankreichs im Vergleich mit seinen europäischen Nachbarn, was den Anteil der Frauen in Wahlämtern anbelangt, und der einer »öffentlichen Meinung«, die weitgehend den Eintritt der Frauen in die Politik befürwortet. Von diesem gemeinsamen, schwerlich zu leugnendem oder angreifbarem Fundament aus ging es in den »Auseinandersetzungen« zwischen den Parlamentariern im Wesentlichen darum, welche Mittel eingesetzt werden sollten, um den Zugang der Frauen zu Wahlämtern zu fördern, und insbesondere darum, ob ein Gesetzentwurf zur Verfassungsänderung angemessen sei und welchen Titel er tragen sollte.4

5 Im Folgenden geht es nicht um eine soziologische Analyse des Verfassungsprozesses, der zur Abänderung des Artikels 3 der französischen Verfassung bezüglich der Volkssouveränität geführt hat. Eine analytische Studie der verschiedenen Faktoren, die bei der Genese des Gesetzes zur Parität von Männern und Frauen wirksam waren, wäre hochinteressant, aber komplex. Sie würde eine soziologische Objektivierung der an der Debatte Beteiligten voraussetzen, in Verbindung mit einer detaillierten Untersuchung des Kontextes, in dem diese Debatte stattgefunden hat, um die ausschlaggebenden Faktoren des »Erfolges« dieses Prozesses aufzuzeigen. Zudem haben beispielsweise Françoise Gaspard und Philippe Bataille in einer neueren Untersuchung bereits eine Erklärung für dieses »Überborden des Sozialen ins Politische« unterbreitet, allerdings ohne ihre These empirisch zu belegen. Für diese beiden Autoren ist die Parität von Männern und Frauen vor allem Ziel einer sozialen Bewegung. Die Forderung nach Geschlechterparität sei den politischen Organisationen von unten, von der Basis, aufgenötigt worden. Ein Bündel von unterschiedlichen Faktoren habe sich zu einem bestimmten Moment gebildet und die Verabschiedung dieses Gesetzes ermöglicht: »Wenn der rasche Erfolg der Idee der Gleichheit von Männern und Frauen in den politischen Entscheidungsorganen einer kollektiven Aktion gutgeschrieben werden darf, dann muss auf einen spezifischen Aspekt in der Entwicklung dieser besonderen Forderung nach Gleichheit hingewiesen werden: Parität als eine Voraussetzung der Demokratie und des guten Funktionierens der Gesellschaften taucht zur gleichen Zeit in neuen Unterstützungsgruppierungen, in feministischen Gruppen und in den supranationalen Organisationen auf.« 5 Den Ansatz, den wir vorschlagen, ist daher nicht direkt soziologisch, er ist aber auch nicht politisch. Es geht nicht darum, die im Parlament vorgebrachten Argumente zur Parität zu kritisieren, sondern sie zu sammeln und sie mit der Rhetorik der klassischen politischen Repräsentation, verstanden als Spiegelbild der Gesellschaft, in Beziehung zu setzen. Die ideologischen Gefechte der Intellektuellen in den Medien für oder wider die Parität sind hinlänglich verbreitet und kommentiert worden, so dass das Thema ausgeschöpft ist. Unsere Argumentation, das dürfte klar geworden sein, schlägt theoretisch andere Wege ein. Die Analyse soll in der Tat erlauben, die hohe polemische Wirksamkeit des Rekurses auf die Spiegelmetapher, auf die Vorstellung einer abbildmäßigen Entsprechung von Repräsentanten und Repräsentierten in der Geschichte der politischen Repräsentationstheorien zu unterstreichen und hierüber sogar die Veränderungen des jeweiligen Gesellschaftsbildes ausfindig zu machen, das die Beteiligten an den parlamentarischen Debatten in den politischen Repräsentativorganen identisch widergespiegelt sehen wollen.

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6 Eine letzte Vorsicht scheint jedoch geboten: Bedeutung und Stärke einer Reflexion hängen größtenteils von der Relevanz der gestellten Frage ab, die jener vorausgeht. Nun haben einige in Bezug auf die Debatten um die Parität auf sehr überzeugende Weise gezeigt, dass es aus soziologischer Sicht nicht haltbar ist, die Parität von der Frage der Repräsentation her zu denken. Éric Fassin hat so die Debatte auf eine andere Ebene zu verlagern und andere theoretische Modelle vorzuschlagen gesucht, die es erlauben, die Parität überzeugender zu erfassen. Aber beispielsweise von Diskriminierung zu sprechen, wurde wegen des unterschwelligen Gegenmodells des amerikanischen Kommunitarismus als Möglichkeit sofort ausgeschlossen: »Indem diese Polemiken ihr Augenmerk zu sehr auf die politischen Repräsentationsphilosophien richten, übersehen sie die gegenüber den anderen Bereichen noch stärkere offensichtliche Diskriminierung der Frauen in der Politik. Aber es trifft zu, dass die Problemerfassung im Sinne der Diskriminierung sowohl von den Gegnern wie den Befürwortern der Parität sofort abgelehnt worden war, da sie direkt auf das illusorische und dennoch einhellig abgelehnte Gegenmodell des amerikanischen Kommunitarismus verwies.«6 Um dieser Aporie zu entgehen, drehen wir die problematische Ausgangsfrage um: Wir untersuchen die während der Parlamentsdebatten verwendeten Argumente zur Parität, indem wir von einer Reflexion über den Rückgriff auf die rhetorischen Muster der »Spiegel-Repräsentation« und der abbildmäßigen Entsprechung in den politischen Theorien ausgehen. Mit anderen Worten wird das Interesse auf die Entwicklung der Diskurse über die Repräsentation gelenkt, insbesondere auf die Vorstellung der Repräsentanten als Abbild der Repräsentierten, und die Parität kommt nur ins Spiel, um auf neue Art über den Stand der Theorien über die betreffende Frage Auskunft zu geben.

7 Es gilt so zunächst die verschiedenen Etappen der Verabschiedung dieses Verfassungsgesetzes zur Gleichheit von Mann und Frau nachzuzeichnen, um die Umstände und die Standpunkte besser zu erfassen, von denen aus die Argumente vorgebracht worden waren (I). Dann soll untersucht werden, wie einige Beteiligte den diskursiven Rekurs auf das Prinzip der abbildmäßigen Entsprechung in der Repräsentation während der Verfassungs- oder Parlamentsdebatten formuliert haben (II), um dann schließlich im Lichte dieser Theorien die Argumente »herauszuschälen«, die während der parlamentarischen Debatten zur Parität eingesetzt wurden (III).

1. Die Etappen der Verabschiedung des Verfassungsgesetzes zur Gleichheit von Männern und Frauen

8 Der Ursprung eines Prozesses hat immer Wurzeln, die weit in die Geschichte zurückreichen. Die Anfänge der Idee der Parität von Männern und Frauen für auf Wahl beruhende Ämter ließen sich so bis in die vergangenen Jahrhunderte hinein zurückverfolgen. Hier begnügen wir uns damit, die Etappen des Verfassungsprozesses selbst zu beschreiben, da uns die in diesem sehr spezifischen Kontext ausgetauschten Argumente vorrangig interessieren.

9 Am 18. Juni 1998 ist beim Präsidium der Nationalversammlung die Verfassungsgesetzesvorlage zur Gleichheit von Frauen und Männern eingereicht und von der Justizministerin Élisabeth Guigou (PS) als Berichterstatterin vorgestellt worden. Im Exposé der Motive7 begründet, enthält sie ursprünglich nur den Vorschlag eines einzigen Artikels: »Dem Artikel 3 der Verfassung vom 4. Oktober 1958 wird ein

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Absatz folgenden Inhalts beigefügt: ›Das Gesetz fördert den gleichen Zugang von Frauen und Männern zu den Mandaten und Ämtern.‹«

10 Nach Überprüfung der Gesetzesvorlage durch den Rechtsausschuss wurde sie von Catherine Tasca (PS, Les Yvelines), der Vorsitzenden dieses Ausschusses, vorgetragen und nach drei Debattensitzungen in erster Lesung in der Nationalversammlung am 15. Dezember 1998 mit fast einstimmiger Mehrheit mit einer leichten Titeländerung angenommen. Es wurde präzisiert, dass das Gesetz »die Bedingungen bestimmt, in denen der gleiche Zugang geregelt wird«, und dass es sich um »Wahl«-Mandate und »Wahl«-Ämter handelt.

11 Im Senat wurde die Gesetzesvorlage vom Berichterstatter des Rechtsausschusses des Senats, Guy Cabanel (RDSE, Isère), vorgetragen, welcher am 26. Januar 1999 über einen Änderungsantrag abstimmen lassen sollte, der die Gesetzesvorlage stark modifizierte: die Regelung des gleichen Zugangs von Männern und Frauen zu Mandaten und Ämtern wird in Artikel 4 der Verfassung über die politischen Parteien und nicht in Artikel 3, der die Souveränität behandelt, aufgenommen. Es sei besser, sich auf die Parteien zu verlassen, um diesen gleichen Zugang zu fördern, als auf das Gesetz. Die Argumentation unterstreicht die völlige Rechtmäßigkeit, auf die Erhöhung des Frauenanteils im politischen Bereich hinzuarbeiten, aber auch die Notwendigkeit, den Parteien die Aufgabe zu überlassen, diese »Entwicklung« (wie in den skandinavischen Ländern) in die Hand zu nehmen, um die Allgemeinheit des Gesetzes nicht einem utilitaristischem Zweck zu opfern.8 Die Nationalversammlung stellte in zweiter Lesung den Text in seiner ursprünglichen Fassung wieder her, und in der zweiten Lesung im Senat wurde ein Kompromiss gefunden: die Verfassungsänderung betrifft schließlich die Artikel 3 und 4 der Verfassung und wurde mit einem entsprechenden Votum in dritter Lesung in der Nationalversammlung angenommen. Ein dem Artikel 3 hinzugefügter Absatz präzisiert in diesem Sinn, dass »das Gesetz den gleichen Zugang von Frauen und Männern zu den Wahlmandaten und -ämtern fördert«, und ein weiterer Absatz, der dem Artikel 4 hinzugefügt wurde, besagt, dass die Parteien »dazu beitragen, das in Artikel 3 genannte Prinzip nach Maßgabe der gesetzlich festgelegten Bedingungen umzusetzen«. Dieses Rubrum ist dann mit einer sehr großen Mehrheit im Kongress des in Versailles versammelten Gesamtparlaments am 28. Juni 1999 verabschiedet worden.9 Als solche hat die Verfassungsänderung aber noch keine unmittelbar praktische Auswirkung (auf die symbolische und politische Tragweite werden wir zurückkommen). Sie erlaubt allerdings den Erlass von Verfügungen, die den (nunmehr verfassungskonformen) gleichen Zugang der Frauen und Männer zu wählbaren Ämtern fördern. Das war für die im Frühjahr 2000 eingeleitete Wahlprozedur der Fall. Diese als »dringliche Notmaßnahme« eingeschätzte Wahlprozedur wurde von der Regierung Lionel Jospin erstaunlich rasch eingeleitet. Dominique Gillot (PS), die ehemalige Berichterstatterin vom Observatoire de la parité und neue Staatssekretärin für Gesundheit, hat diesen Entwurf vorbereitet und im September 1999 ihren Bericht, der verschiedene Vorschläge im Hinblick auf die Umsetzung des Prinzips der Parität zwischen Männer und Frauen enthielt, dem Premierminister überreicht. Diese Vorschläge haben im Dezember 1999 zur Vorlage eines Gesetzentwurfs geführt, der die Paritätspflicht für die Wahllisten sowie finanzielle Anreize für die Parteien in Bezug auf die anderen Wahlen vorsah. Das Gesetz vom 6. Juli 2000 hat schließlich diese prinzipiellen Richtlinien bestätigt: für die Wahlen nach dem Verhältniswahlrecht müssen die Listen obligatorisch zu gleichen Anteilen aus Männern und Frauen zusammengesetzt sein (abwechselnd jeweils ein Mann / eine Frau für die Europawahlen

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und die Senatswahlen – soweit es die Sitze, die nach dem Verhältniswahlrecht besetzt werden, betrifft – und gleicher Anteil unter jeweils sechs Kandidaten für die Kommunal- und Regionalwahlen); für Wahlen nach dem Mehrheitswahlrecht (die Parlamentswahlen) sieht das Gesetz Maßnahmen in Form finanzieller Sanktionen für diejenigen politischen Parteien vor, die die Parität bei der Kandidatenaufstellung nicht respektieren.

12 Die eingehende Beschreibung der Etappen der Verabschiedung der Gesetze zur Parität war notwendig, um zu verstehen, auf welcher Grundlage die Beteiligten an diesen Debatten sprechen. Es ist nun an der Zeit, auf den Kernpunkt der Reflexion zurückzukommen, die die politischen Repräsentationstheorien betrifft, die die Repräsentation als Spiegelbild des Volkes ansehen, wobei wir uns auf die klassischen Analysen der politischen Theorie verschiedener Autoren stützen.10

II. Das Prinzip der abbildmäßigen Entsprechung: die Repräsentation als »getreues Abbild des Volkes«

13 Demokratie ist die Herrschaft des Volkes. Es kommt daher nicht von ungefähr, dass die hier in Frage stehende Verfassungsänderung den Artikel 3 der Verfassung von 1958 betraf, der der Volkssouveränität gewidmet ist. Im Hintergrund der parlamentarischen Debatten um die Parität der Geschlechter in der Politik findet sich die den modernen Repräsentativregierungen inhärente Spannung zwischen dem Prinzip der Volkssouveränität und seiner Umsetzung, die jeweils neu aktiviert wird.

14 Pierre Rosanvallon hat in seinem Werk über die Repräsentation in Frankreich die Geschichte dieser fundamentalen Spannung nachgezeichnet: »Auch wenn das Prinzip der Volkssouveränität offensichtlich die moderne Politik begründet, so erscheint doch seine Umsetzung ungewiss. Von seinem Beginn an war die Definition des modernen Regierungssystems durch eine doppelte Unentschiedenheit gekennzeichnet, sowohl was die Verkörperungsform als auch die Bedingungen der Gestaltung der demokratischen Herrschaft anbelangt. In beiden Fällen verknüpfen sich die Schwierigkeiten mit der Frage der Repräsentation in den zwei Bedeutungen von Vertretung (mandat) und Darstellung (figuration). So zeigt sich von Anfang an eine Spannung zwischen der philosophischen Definition der Demokratie und den Bedingungen ihrer Institutionalisierung.«11 Die hinzugefügte Ergänzung zu Artikel 3 der Verfassung hat so eine grundlegende Unterscheidung in das bislang einige und unteilbare »nicht auffindbare« Volk eingeführt. Das Volk erscheint nun aus Männer und Frauen zusammengesetzt, und das Gesetz muss den gleichen Zugang zu den Ämtern der politischen Repräsentation fördern.12 Das Volk und seine Repräsentanten finden sich so stärker »geschlechtsspezifisch« definiert wieder, mittels eines Spiegelbildes, in dem sie sich wiedererkennen sollen.

15 Die Spiegelmetapher war in der Tat der tragende Pfeiler der vorgebrachten Argumente während der parlamentarischen Debatten. In der Rhetorik der Verteidiger wie der Kritiker des Verfassungsgesetzentwurfs wurde tatsächlich ständig das Prinzips der abbildmäßigen Entsprechung zwischen dem Volk und seinen Repräsentanten heraufbeschworen. Es wurde argumentiert, dass die französische Gesellschaft zu nahezu gleichen Teilen aus Männern und Frauen bestehe und ihre Repräsentanten daher diese ursprüngliche und unleugbare Verteilung widerspiegeln müssten, um ein

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getreues Abbild der Gesellschaft zu sein. Nur – wir haben bereits darauf hingewiesen – keiner der an den »Auseinandersetzungen« Beteiligten hat dabei die Legitimität der paritätischen Forderungen in Frage gestellt, die sich auf die Gegenüberstellung von zwei Momentaufnahmen stützt: die der Gesellschaft, die zur Hälfte aus Frauen, und die der Welt der Politik, die fast ausschließlich aus Männern besteht.

16 Bei der Entwicklung dieser Argumentation von der notwendigen abbildmäßigen Entsprechung zwischen den Repräsentanten und den Repräsentierten – wirksam und a priori wenig originell – wird auf Ideen und Konzepte Bezug genommen, die mit der ersten Definition der Repräsentationsbeziehung eng verbunden sind und in der französischen Verfassungsgeschichte selten explizit in Frage gestellt wurden.

17 Das, was uns als bisher nie dagewesenes Ereignis erscheint, bezieht sich vor allem auf die beachtliche polemische Wirksamkeit des diskursiven Schemas, in dem das Ideal der abbildmäßigen Entsprechung von Repräsentanten und Repräsentierten aufgestellt wird und das sich mit der Konstituierung der modernen demokratischen Regierungssysteme herausgebildet hat.

18 Bernard Manin hat in einem den Prinzipien der repräsentativen Demokratien gewidmeten Werk das Aufkommen dieses Entsprechungsideals in den Debatten der konstituierenden Versammlung von Philadelphia zur Ratifizierung der amerikanischen Verfassung von 1787 ausfindig gemacht. Vor zweihundert Jahren hatte der ideologische Streit zwischen Federalists und Anti-Federalists um die Grundlagen der Repräsentation des Volkes bereits die wesentlichen Argumente festgelegt, die wir in Frankreich im Jahre 1998 und 1999 anlässlich der Kontroversen um die Parität wiederfinden, selbst wenn man sich damals das Volk nicht aus Männern und Frauen, sondern aus verschiedenen sozialen Kategorien zusammengesetzt dachte. Wenn auch die Anti- Federalists und die Federalists sich über die Notwendigkeit der Repräsentation einig waren, so ahnten die Anti-Federalists doch bereits das »aristokratische Moment« an ihr, nämlich unmittelbar den Reichsten zugutezukommen, und bestanden darauf, dass die Bedingungen für eine gerechte und ausgewogene Repräsentation des ganzen amerikanischen Volkes geschaffen werden. Der Anti-Federalist Melanchton Smith äußerte sich in einer seiner Reden über die Repräsentantenkammer folgendermaßen: »Die Idee, die uns spontan einfällt, wenn wir über Repräsentanten sprechen, ist, dass sie denen ähneln, die sie repräsentieren; sie sollen ein getreues Abbild des Volkes sein: sie müssen seine Lebensbedingungen und Bedürfnisse kennen, sie müssen sein Elend teilen und bereit sein, seine wahren Interessen zu verfolgen.«13 Gegenüber diesen Argumenten hatten die Federalists, insbesondere durch die Stimme Madisons, keine Schwierigkeiten, ihren Wunsch nach einer auf dem Prinzip der Auszeichnung beruhenden Repräsentation durchzusetzen. Ihre Stellungnahmen zeigten, wie undenkbar es war, Bedingungen der Wählbarkeit in die Verfassung aufzunehmen. Das hätte in der Tat einen unerträglichen Angriff auf das souveräne Urteil des Volkes dargestellt. Nur anhand der Präferenzen der Staatsbürger sollten die Repräsentanten auszuzeichnen sein. Das Argument der absoluten Souveränität des Volkes ist unabweisbar und bindend, weil es theoretisch schlicht wahr ist. Wir werden sehen, dass sich im Fall der französischen parlamentarischen Debatten zur Geschlechtergleichheit in der Politik die Umkehrung desselben Arguments nur um den Preis erheblicher Verzerrungen des Souveränitätsprinzips bewerkstelligen ließ.

19 Die amerikanischen Anti-Federalists haben so als erste diese diskursive Konstruktion der abbildmäßigen Entsprechung in der demokratischen Repräsentation formuliert. Sie

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sollte in der Folge immer wieder und mit einer machtvollen politischen Wirksamkeit versehen in den westlichen Demokratien Verwendung finden: »Es gibt keine politische Organisation, in der man nicht erhebliche Energien mobilisieren kann, indem man proklamiert, dass die Führenden so sein müssen wie die Geführten, ihre Lebensbedingungen teilen und ihnen so nah wie möglich sein sollen, selbst wenn praktische Notwendigkeiten dazu zwingen, die Rollen zu differenzieren. Das Ideal der Ähnlichkeit zwischen Basis und Spitze ist zweifelsohne die am stärksten mobilisierende Art und Weise, Arbeitsteilung und Demokratie miteinander zu versöhnen.« 14 Diese Forderungen der Repräsentation nach dem Prinzip der abbildmäßigen Entsprechung sind mitten in die parlamentarische Arena Frankreichs des 19. Jahrhunderts getragen worden. Dabei ist klarzustellen, dass von allen feministischen Stimmen in der Geschichte genau dieselben Argumente zu hören waren, von Olympe de Gouges über die Suffragetten bis Séverine. In der Tat hatten die Parlamentarier des Jahres 1999 keine Mühe, aus ihren Schriften oder Reden schlagende Zitate mit sehr aktuellen Anklängen herauszufischen.15

20 Aber es ist zweifellos die Forderung der Arbeiter nach einer spezifischen Repräsentation, die den Kern der Fragen zur Repräsentation im 19. Jahrhundert in Frankreich darstellt. Das berühmte, von einer Gruppe Pariser Arbeiter 1864 publizierte Manifest der Sechzig hat eine Kritik der Repräsentationsidee entwickelt, wie sie unter den Republikanern in der Opposition verbreitet war. Indem sie das Fehlen von Arbeiter-Kandidaturen verurteilten, äußerten die Sechzig zum ersten Mal den Wunsch, dass der Wahlvorgang den Ausdruck einer spezifischen Berufsidentität auf der politischen Szene erlauben sollte. Der demokratische Formalismus sollte sich der Prägnanz ökonomischer Bestimmungen beugen. Diese Bewegung fand, ohne dass sie legislative oder verfassungsmäßige Konsequenzen zeitigte, nichtsdestoweniger ein gewisses Echo und sollte um die Jahrhundertwende die Forderungen für eine organischere Idee der Gesellschaft und ihrer politischen Repräsentation inspirieren. Alle diese Vorschläge zur Repräsentation auf der Basis der Berufe oder organisierter Sozialgruppen wurden zum ersten Mal in der Nationalversammlung diskutiert. Obwohl diese Vorschläge gegenüber der republikanischen politischen Kultur ohne Wirkung blieben, sollten sie erneut Gelegenheit finden, sich in der Forderung nach der Verhältniswahl, die die soziale Pluralität mittels der Pluralität der Meinungen respektiert, Ausdruck zu verschaffen. Wir werden sehen, dass die aktuellen Polemiken auf ähnliche diskursive Schwierigkeiten stoßen, da das von den Gegnern der Verfassungsänderung an die Wand gemalte Schreckgespenst das eines raffinierten Manövers der regierenden Linken ist, die unter dem Deckmantel der Geschlechtergleichheit ein Verhältniswahlrecht für die Parlamentswahlen einführen will.

21 Die Forderungen der Arbeiter-Repräsentation im 19. Jahrhundert mit den zeitgenössischen Forderungen nach Parität in Parallele zu setzen, mag die Verteidiger des Arguments, wonach die Frauen in keinem Fall eine soziale Gruppe oder eine besondere Kategorie darstellen, sondern die Hälfte des menschlichen Geschlechts, quer zu allen anderen Unterscheidungen, gehörig in Rage bringen.

22 Pierre Rosanvallon weist diesen Einwand im Schlussteil seines Werkes als naiv zurück und arbeitet in einem mit »Die Phantome der Identität« überschriebenen Abschnitt die gemeinsamen Punkte zwischen beiden Manifesten, dem der Soixante und dem der Dix pour la parité16, heraus. Danach besteht ihr Schnittpunkt in der Anerkennung einer

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spezifischen politischen Repräsentation für bestimmte Gruppen oder bestimmte Minderheiten.

23 Zunächst spiele die Frauenfrage die gleiche aufschlussreiche Rolle einer politischen Repräsentationskrise, wie sie zuvor von der »Arbeiterfrage« eingenommen worden war. »Wie früher wird der Akzent zunächst auf das Problem des Abgeordneten (élu) und seiner Eigenschaften gelegt. Es ist die Frau als Repräsentantin, die zur Debatte steht, über die üblichen Betrachtungen zur Eroberung der Rechte oder der Ausübung der Macht hinaus.« Dann seien die historischen Umstände vergleichbar. »Die Parallele zwischen den beiden Momenten, sagen wir dem ›Arbeitermoment‹ im 19. Jahrhundert und dem ›Frauenmoment‹ im 20. Jahrhundert, ist ebenfalls historisch. In beiden Fällen treten nach der Eroberung der neuen Rechte die Bestrebungen nach Differenzierung oder nach Trennung auf. […] Die Bestrebung, über eigene Repräsentanten zu verfügen, geht jedes Mal mit der Feststellung einher, dass der republikanischen Universalismus nicht funktioniert oder nicht erfüllt wird.« Auf gleiche Weise stellten die Verteidiger der Parität wie ihre Vorgänger ein utilitaristisches Argument in den Vordergrund. Sie betonten, dass eine weibliche politische Repräsentation die Wirksamkeit und Qualität des öffentlichen Handelns verbessern könne. »Die Frauen – so heben sie hervor – sind nicht nur am besten geeignet, um ihre eigenen Probleme zu behandeln, sondern sie werden vor allem von ›Natur‹ aus für Experten in bestimmten Bereichen des sozialen Lebens erachtet.« Schließlich sei auch der Rahmen der Debatte der gleiche, wobei »die Verteidiger eines Universalismus, die sich prinzipiell gegen einen organisierten Ausdruck eines Unterschieds wenden, den Verfechtern partikularisierender Maßnahmen gegenüberstehen«.17

24 Diese Beweisführung macht auf ziemlich überzeugende Weise deutlich, wie – zu zwei verschiedenen Momenten und von unterschiedlichen »sozialen Bewegungen« getragen – der gleiche Repräsentationszusammenhang im Namen des gleichen Prinzips der abbildmäßigen Entsprechung von Repräsentierten und Repräsentanten in Frage gestellt wird. Im weiteren Verlauf seiner Analyse minimisiert Pierre Rosanvallon allerdings diese gemeinsamen Punkte und weigert sich, die Paritätsbewegung allein aus der Perspektive einer unterstellten Kontinuität mit der vorhergehenden zu verstehen. Und er wird in der Tat gegenüber der Paritätsbewegung wesentlich kritischer, die in vieler Hinsicht »nur eine schwache Kopie der ersten« sei. So unterstellt er dieser Bewegung, eine kompensatorische Identität in einem Kontext zu bündeln, in dem die umfassenden Zugehörigkeitssysteme verschwinden, und paradoxerweise zu einer Aufwertung einer neuen Art Biologisierung des Sozialen zu führen. Die Überlegungen von Pierre Rosanvallon gewinnen polemischen Charakter, indem sie den Rekurs des Paritätsarguments auf den offensichtlichen Geschlechtsunterschied (der ihm zufolge immer nur eine Rückkehr zur natürlichen Ordnung sei) sowie auf die »typisch amerikanische« Radikalität mit einem Stigma belegen. Dieser doppelte Rekurs sei eine französische Eigentümlichkeit: »In dieser Forderung, die die amerikanische Radikalität der neuen sozialen Bewegungen mit der Kultur der republikanischen Gleichheit zur Deckung zu bringen versucht, steckt etwas typisch Französisches.«18 Dies sei letztlich eine Kehrtwendung der emanzipatorischen Identität, die in eine Sackgasse führt.

25 Auch wenn es schwerfällt, diesem Autor in seiner – sagen wir der Paritätsbewegung kaum günstig gesonnenen – Stellungnahme zu folgen, ist es doch durchaus von Interesse, seine Überlegungen zum Vergleich der Argumentationsstruktur beider Bewegungen – soweit sie sich um die Forderung nach einer identischen Repräsentation

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der Gesellschaft dreht – wieder aufzugreifen. Hier findet sich die wirkliche Differenz und der neue Aspekt der Paritätsbewegung: Der Geschlechtsunterschied wird zur ersten das Volk unterscheidenden Variablen. Die zweite Differenz, die wir zwischen beiden Forderungen feststellen können, liegt in der Tatsache, dass die Bewegung für die Parität als einzige zur Verabschiedung eines Verfassungsgesetzes geführt hat. Und dieser bisher nie dagewesene »Erfolg« ist außerordentlich interessant. Wenn sich die erwähnten verschiedenen Polemiken in ihrer Argumentationsstruktur ähneln, was sind dann die Besonderheiten der parlamentarischen Diskurse über die Parität, die diesen Verfassungsakt auszeichnen?

26 Nachdem wir die Vorläufer dieser Fragen skizziert haben, wollen wir detaillierter auf die parlamentarischen Debatten von 1998 und 1999 zu dieser Verfassungsgesetzesvorlage zurückkommen und herausfinden, wie der Diskurs über die Parität sich politisch dadurch als wirksam erwies, dass er sich »verkleidete« und sich den Verzerrungen und theoretischen Widersprüchen, die man ihm entgegenstellte, anverwandelte. Indem die Gesamtheit der Argumente den Prinzipien der abbildmäßigen Entsprechung und der »Spiegel-Repräsentation« unterstellt wurde, wurden die anderen Grundprinzipien der Französischen Republik – Gleichheit, Souveränität und Universalität – hart bedrängt.

III. Die Verwirrung der Argumente: die Parität, ein Konzept, das in der Theorie falsch sein mag, aber für die politische Praxis taugt19

27 Die Gesichter der Parlamentarier, die am Abend des 28. Juni 1999 in Versailles versammelt waren, drückten nicht die erhabenen Gefühle von Kämpfern aus, die einen entscheidenden Sieg errungen hätten. Auch wenn die Befriedigung auf Seiten der Regierungsmehrheit sichtbar war, so war doch bei vielen auch unverhohlen Bitterkeit auszumachen. Diese Haltungen und manche Stoßseufzer der Erleichterung schienen zu zeigen, dass die Mehrheit der Parlamentarier, besonders die Frauen, sich gern den theoretischen »Verrenkungen« entzogen hätte, zu denen die Verteidigung des Gesetzentwurfs sie genötigt hatte. Roselyne Bachelot-Narquin (RPR, Maine et Loire), die ehemalige allgemeine Berichterstatterin des Observatoire de la parité, hatte diesen resignierten Gesichtspunkt während der Parlamentsdiskussion veranschaulicht: »Da sich aus den bestehenden Bestimmungen keine nennenswerte Verbesserung ergeben kann, müssen wir uns zu Zwangsmaßnahmen entschließen. Sicher, ich habe mich dazu nicht leichten Herzens entschieden, aber wir sehen heute deutlich, dass das Gesetz die Voraussetzungen dieser Männer-Frauen-Parität, die wir nicht auf natürliche Weise herstellen konnten, festlegen muss.«20 In jedem Fall wurde ein oft abenteuerlicher rhetorischer Rekurs auf die großen Prinzipien der Französischen Republik im Namen der »Spiegel-Repräsentation«, der notwendigen geschlechtsmäßigen Entsprechung zwischen dem Volk und seinen Repräsentanten, legitimiert. Die erste dieser theoretischen »Verrenkungen« oder Widersprüche betrifft das Prinzip der Universalität, das seit der Revolution von 1789 im Zentrum der französischen republikanischen Rhetorik steht. Dieses Prinzip hat die medienwirksamen Kontroversen um die Parität zwischen den Befürwortern und den Gegnern am stärksten bestimmt. Für die Verteidiger des französischen republikanischen Universalismus stellt die Idee der Parität die traditionelle Idee der

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Gleichheit zwischen Bürgern in Frage, einer Gleichheit, die abstrakt, ohne Berücksichtigung der Rasse, der Religion, der Meinung oder einer anderen Kategorisierung konzipiert ist. Mit der Parität sei die Idee der positiven Diskriminierung verschiedener Gruppen in die Verfassung eingeführt worden, was einen Weg für kommunitaristische Abwege öffnen und die Einheit der Nation und die Unteilbarkeit der Republik gefährden könnte.

28 Didier Julia (RPR, Seine et Marne) hat sich im Parlament zum Wortführer dieser Position gemacht, indem er sich auf Artikel 6 der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte bezog, der präzisiert, dass alle Staatsbürger, da sie in den Augen des Gesetzes gleich sind, auch Zugang zu allen öffentlichen Würden, Stellungen und Ämtern gemäß ihren Fähigkeiten und ohne einen anderen Unterschied als den ihrer Tugenden und ihrer Talente haben sollten. Und diese universalistische Abstraktion sieht er gefährdet: »Es wird uns heute abverlangt, ein weiteres Kriterium als Fähigkeiten, Eigenschaften und Begabung, die nach den Verfassern des Gesetzentwurfes den Frauen den gleichen Zugang zu den Mandaten und Ämtern nicht erlauben, hinzuzufügen – ein neues Kriterium, das bislang nicht auf der Liste der republikanischen Tugenden stand: das des weiblichen Geschlechtscharakters. Eine verfassungsmäßige Bestimmung zu beschließen, die eine auf dem physischen Unterschied beruhende Form der Begünstigung ermöglicht, würde uns in längst vergangene Zeiten zurückversetzen. Und dies würde den Frauen selbst schaden.« Das Argument, das folgt, ist die Heraufbeschwörung des amerikanischen Beispiels. Wenn man den französischen Universalismus verteidigt, nimmt man unvermeidlich gegenüber dem stereotypisierten Beispiel des amerikanischen »Kommunitarismus« Stellung: »Die Erfahrung der Vereinigten Staaten, die in den 80er Jahren Quoten eingeführt haben, zeigt es. Es ging wie hier darum, der Sorge nach Gleichheit gerecht zu werden und den legitimen Forderungen nach sozialer und kultureller Anerkennung der sozialen, ethnischen und geschlechtlichen Minderheiten Recht zu verschaffen. […] An den Universitäten hat sich ein frauenfeindlicher und gegen die ethnischen Minderheiten gerichteter Rassismus entwickelt, wie man ihn noch nie in den Vereinigten Staaten erlebt hatte. Das Experiment ist gescheitert, und das soll es nun sein, was Sie uns zwanzig Jahre später empfehlen, in unser Grundgesetz aufzunehmen?«21 Die gleiche Argumentation war im Senat zu vernehmen, namentlich durch die Stimme Christian Bonnets (CRL, Morbian), um offen die amerikanische Geschichte zu eigenen Gunsten zu instrumentalisieren: »Die Auflösung des Konzepts der Universalität zugunsten eines Rechts auf Differenz gilt es anzuprangern, eben jenes Rechts, das den kläglichen Theoretikern der extremen Rechten erlaubt hat, die schlimmsten Auswüchse der rassistischen Regime zu rechtfertigen. […] Die Lobbys sind schon da, die ihre Quoten für Schwarze, Beurs [Nachkommen der nordafrikanischen Immigranten in Frankreich], Homosexuelle … einfordern werden. […] Die Vereinigten Staaten haben heute die unheilvollen Auswirkungen der Doktrin des Obersten Verfassungsgerichts, separate but equal, begriffen, die zu lange dazu geführt hat, die Apartheit in den Südstaaten zu rechtfertigen. Und es sind heute die schwarzen Professoren, wovon sich einige aufgrund der Quoten ihrer Glaubwürdigkeit beraubt sehen, die seit einiger Zeit unter den ersten sind, die fordern, mit diesen Quoten Schluss zu machen.«22 Obwohl diese »amerikanische Vogelscheuche«, die für die Zwecke der französischen Polemik fabriziert wurde, der Analyse nur schlecht standhält, bleibt das Argument der abstrakten Universalität der französischen Republik zu wirksam, um leichthin angegriffen werden zu können. Die Befürworter der Verfassungsgesetzesvorlage haben

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es auf zwei Arten zu umgehen versucht: indem sie zunächst behaupteten, dass die Abstraktheit des französischen Universalismus nur eine Täuschung sei und dieses Neutrum historisch ein männliches Monopol kaschiert habe, und dann, indem sie nachwiesen, dass die Frauen keineswegs als eine klar bestimmbare Bevölkerungskategorie angesehen werden könnten. So verteidigte die Justizministerin die Gesetzesvorlage folgendermaßen: »Wenn man den abstrakten Universalismus zu sehr verteidigt, bringt man am Ende die Geschichte und die Realität zum Verschwinden. Wenn die Frauen zu lange von der Staatsbürgerschaft ausgeschlossen waren, so genau deshalb, weil sie Frauen waren. […] Denen, die ein kommunitaristisches Abgleiten befürchten, würde ich sagen, dass die Frauen weder eine Gruppe noch eine Gemeinschaft, noch ein Kategorie, noch eine Minderheit darstellen. Sie sind ganz einfach die Hälfte der Menschheit.«23 »Das Geschlecht ist eine Beschaffenheit der Person, es kann auf keine Kategorie reduziert werden, da es alle Gruppen überschreitet.«24 Die Antwort der Befürworter des Gesetzesvorhabens für die Parität auf das Prinzip der Universalität ist mithin anklägerisch, pragmatisch, aber schwach. Sie führt dazu, eine und nur eine einzige Unterscheidung innerhalb des Staatsbürgervolkes anzuerkennen: die der geschlechtlichen Differenz, die damit zu einer umfassenden Bestimmungsgröße wird. Der zweite theoretische Widerspruch bezieht sich auf das Souveränitätsprinzip, das unmittelbar von der Verfassungsänderung des Artikels 3 betroffen ist. Die Gegner der Parität haben sich auch hier mühelos auf das wirksame Prinzip stützen können, nämlich die absolute Souveränität des Volkes, seine Repräsentanten zu wählen. Der Artikel 3 der Verfassung spezifiziert in der Tat, dass die nationale Souveränität dem Volk gehört, das sie durch seine Repräsentanten und mittels des Referendums ausübt. Kein Teil des Volkes und kein Individuum kann sich deren Ausübung anmaßen. Nicht die Geschlechtszugehörigkeit, sondern die völlig freie Entscheidung des Staatsbürgers als Wähler muss die Repräsentanten auszeichnen. Didier Julia hat sich erneut zum Wortführer dieser Position gemacht, indem er vor einer möglichen essentialistischen Aufwertung des Mandats warnt: »Die Abgeordneten repräsentieren die Nation und nicht eine bestimmte Gruppe. Es hieße das parlamentarische Amt zu entstellen, der weiblichen Abgeordneten das imperative Mandat zu verleihen, die Interessen der Frauen zu vertreten, indem man glaubt, dass der männliche Abgeordnete per definitonem nur im Namen der männlichen Interessen sprechen könnte.«25 Gegenüber den Prinzipien der Souveränität und der freien Entscheidung durch das Volk waren die Befürworter des Gesetzesentwurfs theoretisch ebenso hilflos wie seinerzeit die Anti-Federalists in der amerikanischen konstituierenden Nationalversammlung und konnten nur antworten, indem sie das Problem verlagerten und praktische Rechtfertigungen einer »sozialen Nützlichkeit« vorbrachten. Die Antwort kreiste folglich um drei Beweisführungen: erstens, nachzuweisen, dass die absolute Souveränität des Volkes in Wirklichkeit nur zur Machtreproduktion einer männlichen Elite führe, die über höheres soziales und kulturelles Kapital verfügt; zweitens, die Präsenz von Frauen in den wählbaren Ämtern als einen Vorteil für die Demokratie herauszustellen; drittens, zu zeigen, dass die Verfassungsänderung aufgrund der Rechtsprechung des Verfassungsrats im Jahre 1982 zwar bedauerlich, aber notwendig sei.26

29 Robert Hue (COM, Val d’Oise) hat die erste Möglichkeit der Antwort verteidigt: »Man darf dem Druck jener nicht nachgeben, die aus der Politik ein Privileg einer Elite machen wollen, die an den Elitehochschulen ausgebildet wurden und von

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einer verstümmelten demokratischen Repräsentation profitieren. […] Um mit ihren Worten zu sagen, was sie von der Politik erwarten, und um ihr ihre spezifische Besonderheit aufzuprägen, sind die Frauen es sich schuldig, hier wie in allen anderen Machtpositionen zahlreicher zu sein. […] Es heißt, die Männer hätten Angst, ihre Privilegien zu verlieren, aber auf dem praktischen und sozialen Terrain brauchen die Männer nichts aufzugeben. Sie haben alles zu gewinnen, sie sollten sich an der Alterität bereichern.«27 Catherine Tasca, die Präsidentin des Gesetzausschusses, hat ein Beispiel für die zweite Möglichkeit der Antwort formuliert: »Seien wir ehrlich: ein Platz für eine Frau ist ein Platz weniger für einen Mann. Eine solche Entscheidung zu akzeptieren ist nie leicht. Aber es geht nicht nur um die Frauen. Es geht vielmehr um die Repräsentationsfunktion und das Verhältnis der Franzosen zur Politik. Ein Weg, den Graben zu überbrücken, der sich zwischen den Eliten und der Bevölkerung aufgetan hat, geht auch über eine verstärkte Präsenz der Frauen in der Politik und in den verantwortlichen administrativen, sozialen und ökonomischen Stellungen.«28 Die dritte Argumentslinie wurde von vielen vertreten und besteht darin, den resignierten, aber entschiedenen Willen zu bekräftigen, die Verfassung zu ändern, eine Änderung, die durch die Entscheidung des Verfassungsrats notwendig geworden war, durch eine andere Lesart des Grundgesetzes aber hätte verhindert werden können. So erklärt Élisabeth Guigou: »Ob man sie [die Entscheidung des Verfassungsrats] kritisiert oder lobt, sie liegt vor. In seiner Beweisführung hat sich der Verfassungsrat nicht auf die Präambel der Verfassung aus dem Jahre 1946 gestützt, die die Gleichheit zwischen Männer und Frauen in allen Bereichen gewährleistet. Er hat eine universalistische und egalitäre Konzeption der Staatsbürgerschaft vorgezogen und den gesetzgeberischen Weg zur Parität verschlossen. Doch ist es ein fundamentales Prinzip der republikanischen Regierung, dass das Volk das Recht hat, die Verfassung zu ändern, wenn es glaubt, dass sie seinem Wohl entgegensteht.«29 Die gleiche gebieterische Notwendigkeit wird von der Rechten durch Nicole Ameline (DL, Calvados) vertreten: »In Wirklichkeit gibt es in einer modernen Demokratie Momente, in denen die Verfassung und das Gesetz ihre Rolle als Anreger und Erneuerer, kurz, der Reform der Gesellschaft und des Rechts, wahrnehmen müssen. […] Wäre es beschämender, sich von der Verfassung durch ein Gesetz ein Recht anerkennen zu lassen, als nichts zu sein, weil man nirgendwo ist?«30 Die Verteidigung ist somit auch hier theoretisch äußerst schwach. Auf das absolute Prinzip der Volkssouveränität mit Argumenten der sozialen Nützlichkeit, der politischen Modernität und dem »Wohle« des Volkes zu antworten, stellt eine Abweichung vom großen Prinzip dar, das für alle wenig befriedigend, aber in der Praxis wirksam ist.

30 Der dritte anlässlich der Parlamentsdebatten zur Parität festgestellte theoretische Widerspruch betrifft schließlich das Gleichheitsprinzip. Wenn in den zwei zuvor entwickelten Fällen das Prinzip der abbildmäßigen Entsprechung von Repräsentierten und Repräsentanten der Diskussion vorgängig war (jeder Parlamentarier eröffnete seinen Beitrag damit, dass er die Diskrepanz zwischen jenen zwei bereits erwähnten Momentaufnahmen von der Stellung der Frauen beschwor) und lediglich die Legitimität der Diskussion rechtfertigte, so wird es nun anlässlich der Reden um die Gleichheit direkt als Antwort vorgeschlagen.

31 Die Verteidiger der republikanischen Gleichheit werden nun mit dem unantastbaren Prinzip der Gleichheit des Bürgers vor dem Gesetz argumentieren und erneut vor der

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verfassungsrechtlichen Einführung einer Diskriminierung warnen. So argumentiert François Goulard (DL, Morbihan): »Das Gesetz ist nicht dazu da, um Sitten und Gebräuche vorzuschreiben. Es darf zudem nicht ein tragendes Prinzip der Demokratie, die Gleichheit des Bürgers vor dem Gesetz, verletzen. Mit dieser Verfassungsänderung riskieren wir Abgeordnete zu haben, die in geringerem Maß als die anderen gewählt sind, um nicht zu sagen Abgeordnete durch Protektion. […] Die Frauen waren einer schweren Diskriminierung ausgesetzt, die erst 1944 behoben wurde und deren Folgen noch zu spüren sind. Doch wir erleben das Ende dieser Zeit. Es gibt keinen Grund, dass Entwicklungen, die andere Ländern ohne die Hilfe eines Diskriminierungsgesetzes erlebt haben, nicht auch in Frankreich festgestellt werden können. Ich nehme nicht hin, dass man das Gleichheitsprinzip verletzt, um diesen Übergang zu beschleunigen.«31 Oder noch die Worte von Didier Julia, die in die gleiche Richtung gehen: »Wenn man durch Gesetz Frauen wählen will, weil sie Frauen sind, dann wird allen gewählten Frauen gegenüber ein Misstrauen ausgesprochen. Die Demagogie wird als das entlarvt, was sie ist, das heißt der Schleier der Verachtung. Nichts ist für die Frauen würdiger verteidigt zu werden als die republikanische Gleichheit.«32 Um dieses schlagende Gleichheitsargument zu bekämpfen, finden sich die Verteidiger des Gesetzentwurfs mit dem gleichen Paradox konfrontiert, das die ganze Geschichte des französischen Feminismus bestimmt hat, der zerrissen war zwischen der Forderung nach Gleichheit im Namen des (abstrakten und neutralen) Individuums und der Anerkennung eines Geschlechterunterschieds auf politischer Ebene, ohne die Universalität des Rechts zu brechen. In der Geschichte des französischen Republikanismus ist in der Tat eine erstaunliche Verbindung zwischen zwei Universalien zu beobachten: dem Universalismus individueller politischer Rechte (die natürlichen Rechte des Menschen) und dem Universalismus des Geschlechtsunterschieds, verstanden als natürlicher Unterschied zwischen Männer und Frauen, der nicht überwunden werden kann. Diese zwei Universalismen sind in der Geschichte des französischen Republikanismus niemals getrennt gewesen; im Gegenteil, seit der Französischen Revolution hat der Bezug auf die natürlichen Unterschiede zwischen den Geschlechtern den Ausschluss der Frauen aus der Staatsbürgerschaft gerechtfertigt und dann, nach der Erlangung des Stimmrechts, ihren Ausschluss aus der aktiven politischen Beteiligung. Der Universalismus des Geschlechterunterschieds hat also über den der Naturrechte den Sieg davongetragen. Folglich war das abstrakte Individuum nicht neutral, sondern männlich. Joan Scott hat die Geschichte und den grundlegenden Charakter dieses Paradoxes, das dem französischen Feminismus eigen ist, meisterhaft ausgeführt: »Das Paradox ist jenes, das aus der Koexistenz von zwei widersprüchlichen Universalismen innerhalb des republikanischen Diskurses erwächst: dem abstrakten Individualismus und dem Geschlechtsunterschied. Was auch immer die Besonderheiten ihrer Forderungen gewesen waren (und diese haben sich ja nach historischem Kontext geändert), die Feministen mussten gegen den Ausschluss und für den Universalismus kämpfen, indem sie sich auf den Unterschied der Frauen beriefen – eben denselben, der an erster Stelle zu ihrem Ausschluss geführt hatte.« 33 Die Parlamentarier, die für das Verfassungsgesetz zur Gleichheit zwischen den Geschlechtern eintraten, sahen sich ebenfalls mit diesem Paradox konfrontiert. Im Namen des »natürlichen« Unterschieds der Frauen forderten sie daher zunächst die Anpassung und die Verstärkung der republikanischen Gleichheit. In einem zweiten Schritt forderten sie im Namen der Universalität des Geschlechterunterschieds, dieses

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Abbildes einer unwandelbar geschlechtsbestimmten Gesellschaft, eine »Spiegel- Repräsentation« dieser universellen Gegebenheit.

32 Für die erste Gruppe an Argumenten konnte man so in den parlamentarischen Debatten Äußerungen hören, die einer essentialistischen Aufwertung des weiblichen Geschlechts nahekamen: »Ich betone, dass es nicht wildgewordene Feministinnen sind, die diesen Fortschritt wünschen, sondern Frauen, die – das trifft jedenfalls auf mich und auf zahlreiche Frauen zu – sich als unterschiedlich und komplementär erkennen und die daher ihren Part bei den Entscheidungen zu spielen haben, die durch diese Komplementarität bereichert werden.«34 Ein weiteres Beispiel: »Wundern wir uns nicht, wenn jedes Mal, wenn die Menschheit sich auf den Weg der Gewalt begibt, sich die Kassandra-Rufe erheben. Nicht weil sie Frauen sind, sind sie missgelaunt, sondern weil ihre Liebe zum Leben sie mehr als andere, aber für die andern, empfänglicher für die Leiden aller macht.«35 Indem er auf die Besonderheit der Frauen oder auf ihre Komplementarität in Bezug auf die Männer besteht, läuft dieser Typus von Argumenten dem Prinzip der abstrakten Gleichheit zwischen den Staatsbürgern entgegen.

33 Zweiter Teil des Paradoxes, die Berufung auf eine politische Repräsentation, die dem Sozialen »gleiche«, zeigt eine Gesellschaft, die aus Bürgern besteht, die sich hinsichtlich ihres Geschlechts unterscheiden und die sich in den politischen Organen wiedererkennen sollen: »Eine lebendige Demokratie soll zunächst tatsächlich die Gesellschaft widerspiegeln. Was Wunder, dass die Politik so oft fern von den alltäglichen Sorgen unserer Mitbürgerinnen und Mitbürgern erscheint, wenn die Frauen, d.h. die Hälfte der Bevölkerung, so wenig Zugang zu den Mandaten und öffentlichen Ämtern haben. […] Mehr als ein unerträglicher Archaismus, wäre der Ausschluss der Frauen aus der öffentlichen Sphäre, sofern er fortdauerte, ein Schandfleck im Herzen unseres politischen Repräsentationssystems.«36 Die gleiche Idee äußert sich auf der Rechten folgendermaßen: »Wenn diese Verfassungsänderung sich nicht selbst genügt, wird sie den sicherlich engen und schwierigen Weg des Zwanges und des entschlossenen Anreizes öffnen. Nutzen wir die Chance, die sie uns bietet, um zu bewerkstelligen, dass die Repräsentation der Franzosen gemäß dem Wunsch des Staatspräsidenten ›dem Bild Frankreichs‹ entspricht.«37 Beispiele für diese Argumentation ließen sich endlos vermehren, so häufig war der Rekurs auf die Metapher der politischen Repräsentation als Widerspiegelung des Sozialen in allen Stadien des parlamentarischen Diskurses. Gegenüber dem Prinzip der abstrakten republikanischen Gleichheit haben sich die Positionen der Anhänger einer Verfassungsänderung erneut mittels einer theoretischen Pirouette gerechtfertigt, indem sie paradoxerweise zugleich die wertvolle Besonderheit der Frauen und die Universalität des Geschlechterunterschieds in der Gesellschaft beschworen.

IV. Eine vor allem geschlechtsspezifisch bestimmte Gesellschaft… und danach?

34 Die Kontroversen um die Verfassungsgesetzesvorlage zur Gleichheit von Männer und Frauen noch eingehender zu untersuchen, ist nicht nötig. Es ist ersichtlich geworden, wie der Sturz grundlegender Prinzipien der französischen Demokratie – Universalität,

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Souveränität, Gleichheit – sich im Namen der Praxis, der polemischen Nützlichkeit und der politischen Vorteile der »Spiegel-Repräsentation« der Gesellschaft vollzogen hat.

35 Und dies erscheint denn auch als theoretische Besonderheit dieser parlamentarischen Debatten, wenn man sie durch das Prisma des Rekurses auf das diskursive Schema des Entsprechungsprinzips, im Sinne der abbildmäßigen Entsprechung von Repräsentanten und Repräsentierten, untersucht. Das Neuartige an diesen Diskursen über die Parität besteht darin, dass die Variable Geschlechterunterschied mobilisiert wird, die nun einen neuen performativen Wert erhält, indem sie uns das Bild einer vor allem geschlechtsspezifisch strukturierten Gesellschaft vor Augen führt.

36 Die Analyse lässt sich verlängern, indem man sich fragt, was dieses Bild des Geschlechterunterschieds abdeckt, wenn er als das vorrangige Organisationsprinzip der Gesellschaft aufgefasst wird. Und hier drängt sich die Parallele mit den sozusagen gleichzeitigen parlamentarischen Debatten um die eingetragene Partnerschaft, den »PaCS« (pacte civil de solidarité), auf. Wenn die Überschneidung der beiden Rhetorikmuster von den Intellektuellen, die Stellung bezogen, bevor die parlamentarischen Debatten begannen, oft zum Ausdruck gebracht wurde, so konnte das den Abgeordneten und Senatoren natürlich nicht entgehen. In der Tat haben die linken Verfechter der Parität den theoretischen Wert ihrer Argumentation zugunsten des PaCS dadurch entkräftet, dass sie zugleich auf die unüberwindliche »anthropologische« Gegebenheit der universellen menschlichen Geschlechtermischung bestanden. So konnte die konservative Rechte unter dem Deckmantel der Öffnung gegenüber der Parität ihre Opposition gegen den PaCS verstärken. Pierre Lellouche hat dies ab der ersten Lesung der Gesetzesvorlage in der Assemblée nationale unter Beweis gestellt: »Man hat uns immer wieder gesagt, dass die Unterscheidung Männer-Frauen keine kommunitaristische Unterscheidung sei, sondern eine Unterscheidung, die die Menschheit strukturiere. Ich verstehe das gut, und ich hätte gewünscht, dieses Argument während der Diskussion über den PaCS öfter zu hören …«38

BIBLIOGRAPHIE

Ähnlich setzte sich die Justizministerin im Senat, als sie darauf verwies, dass die Menschheit aus Männer und Frauen bestehe, und damit endete: »Übrigens bleiben die Menschen frei und gleich gegenüber dem Recht; und wem verdanken sie ihre Geburt, wenn nicht einem Mann und einer Frau?«, der Replik der rechten Abgeordnetenbank aus: »Und was ist dann mit dem PaCS?«39 Die Rhetorik der Linken in Bezug auf den Geschlechterunterschied, die während der Debatten um die Parität dominierend war40, führt daher zwangsläufig – was in der anderen Debatte schwer aufrechtzuerhalten ist – zur Privilegierung der Heterosexualität.41 Kurzum, die von theoretischen Widersprüchen und strategischen Pirouetten gekennzeichneten Diskurse der Parlamentarier über die notwendige »Spiegel-Repräsentation« einer vor allem geschlechtsspezifisch strukturierten Gesellschaft könnte andere Wirkungen haben als die vorab vermuteten. Denn was heute schließlich von diesen Polemiken um die Parität übrigbleibt, ist trotz alledem ein kleiner Absatz, der dem Artikel 3 der Verfassung angefügt worden ist und der präzisiert, dass »das

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Gesetz den gleichen Zugang der Frauen und Männer zu den Wahlmandaten und -ämtern fördert«. Ein kleiner Absatz, der sicherlich die Verabschiedung paritätischer Gesetze für die künftigen Wahlen erlaubt hat, aber vielleicht auch den Gegnern von Gesetzentwürfen, die gegen andere Diskriminierungen kämpfen, künftig als theoretische Grundlage dienen könnte.

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NOTES

1. Wir beziehen uns hier auf die von Jean-Claude Passeron (1991) entwickelte und von Éric Fassin (1997a, S. 194 f.) weiterentwickelten Methode: »[…] in einer Gesellschaft das oder die symbolstrukturierenden Kernelemente in den verschiedenen Kulturen zu finden: diese Knotenpunkte sind per definitionem der Punkt, an dem die verschiedenen Fäden zusammenlaufen, die ein Kulturgeflecht ausmachen, aber an dem sich zugleich und aus demselben Grund die höchsten Spannungen konzentrieren. Diese Knotenpunkte zum Gegenstand der Forschung zu machen bedeutet, in diesen Verschlingungen der Zeichen, die im Zentrum der Interpretationskonflikte stehen, den symbolischen Ort ausfindig zu machen, an dem etwas vorgeht oder sich etwas abspielt.« 2. Das bedeutet natürlich nicht, dass alle Parlamentarier wirklich den massiveren Eintritt der Frauen in die Politik befürworteten. Aber der Konsens besteht natürlich darin, was zu sagen »möglich« ist, was politisch in Übereinstimmung mit dem politically correct sagbar ist. 3. Die Legitimitätskrise der Politiker in Frankreich bildete den Hintergrund, vor dem die Argumente der Rechten und der Linken für die politische Parität von Männern und Frauen leicht ausgebreitet werden konnten: die Unterrepräsentierung der Frauen wurde als eines der Symptome für die zunehmende Entfremdung der Repräsentanten von den Repräsentierten dargestellt. Die Verschärfung dieser Krise gab den Verfechtern der These von der »Spiegelrepräsentation« gegenüber den Verfechtern derjenigen von der »Mandatsrepräsentation«, die auf der Einheit von Macht und Gesellschaft besteht, eine gewisse Glaubwürdigkeit. Wir zeigen allerdings, dass die »Krise der politischen Repräsentation« kein neues Phänomen ist, wohl aber massiv auf die Quasi-Abwesenheit der Frauen in den politischen

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Repräsentationsorganen als eine der prinzipiellen Erklärungsgründe dieser Krise hingewiesen hat. Das verordnete Heilmittel sei daher deren gerechte Repräsentation. 4. Es muss unterstrichen werden, dass die Zustimmung des Staatspräsidenten Jacques Chirac und des Premierministers Lionel Jospin, die den jeweiligen Wahlversprechen entsprach, ebenfalls zu dem relativen politischen Konsens in dieser Frage beigetragen hat. 5. Bataille / Gaspard (1999), S. 32. 6. Fassin (1997b), S. 68. 7. Auszug aus der Begründung: »Aufgrund der unzureichenden Beteiligung der Frauen am öffentlichen Leben und seinen Institutionen ist es wichtig, durch angemessene Maßnahmen das Ziel der Parität zwischen Männer und Frauen zu fördern. […] Was die öffentlichen Institutionen betrifft, hat der Verfassungsrat durch eine Entscheidung vom 18. November 1982 beschlossen, dass die auf die politische Repräsentation anzuwendenden Regeln und Prinzipien jede Diskriminierung zwischen Männer und Frauen untersagen. Daher ist es angebracht, den Artikel 3 der Verfassung zu ergänzen […].« 8. Der vom Senat vorgeschlagene einzige Artikel, der die Abänderung des Artikel 4 der Verfassung betrifft: »Sie [die Parteien] fördern den gleichen Zugang der Frauen und Männer zu den Wahlmandaten und -ämtern. Die Regelungen bezüglich ihrer öffentlichen Finanzierung können dazu beitragen, das im vorhergehenden Absatz genannte Prinzip geltend zu machen.« 9. Abstimmungsergebnisse des zum Kongress in Versailles versammelten Gesamtparlaments am 28. Juni 1999 für die Verfassungsänderung bezüglich der Gleichheit von Männern und Frauen: Stimmberechtigte: 836; abgegebene Stimmen: 788; erforderliche Mehrheit: 473; dafür: 745; dagegen: 43. 10. Die Auswahl der analysierten Autoren ist natürlich einseitig. Wir haben vorgezogen, die Auswahl auf jene Analysen der klassischen und als solche in der Politikwissenschaft anerkannten Repräsentationstheorien zu beschränken, die am stärksten eine historische (und, was Pierre Rosanvallon anbelangt, eine »sozialhistorische«) Dimension in ihre Analysen einbeziehen. Es erschien relevanter, diejenigen Arbeiten zu Rate zu ziehen, die sich der Geschichte der demokratischen Repräsentation und ihrer Prinzipien widmen, als jene, die sich eher direkt auf die Frage der Beziehungen zwischen Frauen und Repräsentation richten. 11. Rosanvallon (1998), S. 10 f. 12. Es ist festzuhalten, dass die fundamentale Tragweite dieser Verfassungsänderung gleich bei der Eröffnung der Debatten in der Assemblée nationale am 15. Dezember 1998 von der Justizministerin Élisabeth Guigou klar herausgestellt worden war: »Ich bin stolz, die Ehre zu haben, Ihnen den Vorschlag unterbreiten zu dürfen, den vornehmsten Titel unserer Verfassung, den ersten Titel ›über die Souveränität‹ zu ändern, um in den Artikel 3 aufzunehmen, dass es dem Gesetz zusteht, die Bedingungen für den gleichen Zugang der Frauen und Männer zu den Mandaten und Ämtern festzulegen. Indem wir dies tun, werden wir eine Entscheidung von beachtlicher Tragweite treffen: die souveräne Nation wird keine abstrakte Einheit mehr sein, sondern sie wird von Frauen und Männern, die in ihrer Zeit leben, verkörpert sein.« 13. Smith (1788) in Storing (1981); frz. in Manin (1996), S. 145. 14. Manin (1996), S. 169. 15. Die Namen der Feministen Théroigne de Méricourt, Madeleine Roland oder Olympe de Gouges wurden in den Debatten mehrfach genannt. Sie wurden als Vorläuferinnen der diskutierten Forderungen zitiert. Die vorausschauende Aussage aus der 1791 von Olympe de Gouge verfassten Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne wurde mehrmals erwähnt: »Die Frau hat das Recht, aufs Schafott zu steigen; sie muss auch jenes haben, auf die Rednertribüne zu steigen« (in: Catherine Tasca, Rapport au nom de la Commission des lois, 2. Dez. 1998, S. 3). 16. Dieses Manifest, das am 6. Juni 1996 im Express veröffentlicht wurde, ist von zehn Frauen verschiedener politischer Parteien unterzeichnet, die hohe politische Ämter innehatten. 17. Rosanvallon (1998), S. 347 f.

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18. Rosanvallon (1998), S. 353. 19. Geneviève Fraisse, Philosophin und ehemalige interministerielle Delegierte für Frauenrechte, hat mehrmals diese Umkehrung des Kant’schen Titels »Die Parität ist ein Konzept, das in der Theorie falsch sein mag, aber in der Praxis taugt« verwendet, um ihre Meinung über die Parität zusammenzufassen. »Sie taugt in der Praxis, weil die Debatte einen wunderbaren Bewusstseinsprozess in Gang gesetzt hat, der von Leuten wie mir erwartet wurde. […] Meine Erfahrung erlaubt mir zu sagen, dass die Parität mir verteidigungswert erschienen ist […], als das, was ich das ›Gewand‹ der Gleichheit nennen würde oder ein Instrument, sie herbeizuführen« (in: Réunion de la Commission des lois du 18 novembre 1998, Anhörungen). 20. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 12. 21. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 23. Es ist anzumerken, dass sich hinter dem Bezug auf den amerikanischen Kommunitarismus das Schreckgespenst eines anderen Stereotyps verbirgt: der amerikanische Feminismus, der des Geschlechterkriegs und der hasserfüllten Radikalität, die in der Französischen Republik völlig deplatziert ist. 22. Sénat, Compte rendu intégral, séance du 26 janvier 1999, S. 259. 23. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 17. 24. Sénat, Compte rendu intégral, séance du mardi 26 janvier 1999, S. 243. 25. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 24. 26. 1982 hatte Gisèle Halimi eine Gesetzesvorlage eingereicht, die die Einführung einer Quote von 75% des gleichen Geschlechts für die Wahllisten zur Lokalwahl vorsah. Dieser Gesetzentwurf, der nahezu einstimmig vom Parlament verabschiedet worden war, wurde vom Verfassungsrat, der bei dieser Gelegenheit selbst die Initiative ergriffen hatte, in seiner Entscheidung vom 18. November 1982 zurückgewiesen. Die Verfassungsrichter beriefen sich auf Artikel 3 der Verfassung und auf Artikel 6 der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte von 1789 und vertraten den allgemeinen Grundsatz, wonach der Zugang zum aktiven und passiven Wahlrecht der Staatsbürger nur durch das Alter, die Staatsangehörigkeit und die Fähigkeit begrenzt ist. 27. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 8. 28. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 22. 29. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 17 f. 30. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 4. 31. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 11. 32. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 2e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 23. 33. Scott (1998 [1996]), S. 12. 34. Monique Pelletier, in: Examen en Commission des lois, auditions, réunion du 28 novembre 1998, S. 27. 35. Huguette Bello (COM, La Réunion), in: Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 3. 36. Élisabeth Guigou, in: Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 16.

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37. Marie-Jo Zimmermann, in: Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3 e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 7. 38. Assemblée Nationale, Compte rendu analytique officiel de la 3e séance du mardi 15 décembre 1998, S. 22 f. 39. Élisabeth Guigou und Henri de Richemont, in: Sénat, Compte rendu intégral, séance du 26 janvier 1999, S. 281. 40. Die linke Alternative wurde von dem Senator Robert Badinter vertreten, der sich im Namen einer durch ihre Komponenten durchgehenden einheitlichen Menschheit, einer Menschheit, die allen Menschen über jegliche Unterscheidung hinaus gemeinsam ist, gegen die Parität stellte. Er weigert sich aus philosophischer Sicht, die Menschheit unter dem Vorwand, sie bestehe physisch aus Frauen und Männern, als zweigeteilt anzusehen. 41. Das Verhältnis der Argumentationsstrategien in Bezug auf die Parität und den PaCS in den intellektuellen Debatten, die den politischen Debatten vorhergingen, ist von Éric Fassin und Michel Feher analysiert worden (1999). Sie zeigen, wie die »universelle Geschlechtermischung« als Antwort auf die Anschuldigungen des Mulitikulturalismus und des Diffentialismus gegen die Parität ihren Sinn erhält, aber mit den Debatten um den PaCS auch zur Replik gegen die Forderungen der Homosexuellen bezüglich Heirat und Nachkommenschaft wird.

INDEX

Mots-clés : Parlamentarische Debatten; Geschlechtsunterschied; Parität; Repräsentation

AUTEURS

CATHERINE ACHIN Catherine Achin ist Politikwissenschaftlerin. Nähere Informationen finden Sie hier.

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Die Zeit der Arbeiterseparierung

Pierre Rosanvallon Traduction : Andreas Pfeuffer

NOTE DE L’ÉDITEUR

Wir danken Herrn Pierre Rosanvallon für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren. Nous remercions M. Pierre Rosanvallon de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

Das Manifest der Sechzig

1 Im Jahr 1832, einige Monate nach den Erhebungen in Lyon, veröffentlicht Jean Reynaud, ein glühender Anhänger Saint-Simons, einen Artikel, dessen Titel wie ein Manifest klingt: »Von der Notwendigkeit einer gesonderten Vertretung (représentation) der Proletarier«.1 Die Argumentation lässt sich auf einen Satz bringen: In der in Klassen geteilten Gesellschaft müssen die Arbeiter ihre eigenen Abgeordneten ernennen können.2 Jean Reynaud macht mit bissigem Witz dem, was er die Zersetzung der repräsentativen Demokratie nennt, den Prozess. Die Hürde des Zensus ist gewiss fundamental, seiner Ansicht nach geht es jedoch nicht allein darum. Das Hauptproblem besteht ihm zufolge in dem Umstand, dass sich »die Interessen des Volkes […] verflüchtigen und aus den Räumen des Parlaments verschwinden«. Wie lässt sich dem abhelfen? Die Antwort lautet ganz unmissverständlich: »Die (repräsentative) Wahrheit lässt sich nur erreichen, indem man die gleichgelagerten Interessen auf homogene Gruppen aufteilt und einer jeden ihr Recht und ihr Organ gibt; denn jeder repräsentiert seinen Teil des gesellschaftlichen Interesses, ein jeder hat seine Legitimität und ein jeder muss auch seine Garantie haben.« Und er präzisiert: »Das Volk setzt sich hinsichtlich der Lage und der Interessensunterschiede aus zwei Klassen zusammen: Proletarier und Bourgeois.« Der Fortschritt in Sachen Repräsentation beschränkt sich

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daher nicht auf die Ausweitung des Wahlrechts, er umfasst über die Erweiterung der individuellen Rechte hinaus die Berücksichtigung einer soziologischen Variablen.

2 Diese Kritik am revolutionären Universalismus bleibt bei weitem eine Minderheitenposition. Die Forderung nach einer eigenen Repräsentation der Arbeiter bekommt erst nach der Erringung des allgemeinen Wahlrechts eine gewisse Breitenwirkung. Sie resultiert aus einer Enttäuschung angesichts deren Wirkungen. Zu Beginn der 30er Jahre des 19. Jahrhunderts oder während der großen Reformkampagne von 1839–1840 genügt die Forderung nach politischer Gleichheit, um einem Gefühl mangelnder Repräsentation Ausdruck zu verleihen. »Wir sehen die Regierung dann als wahrhaft repräsentativ, als eine Wahrheit an, wenn sie wirklich die Regierung der Mehrheit der volljährigen Franzosen sein wird«, schreibt das Journal des ouvriers im Jahr 1830.3 Wenn die Proletarier ihre Helotensituation anprangern, wenn sie die Phantasmen der Bourgeoisie brandmarken, in denen sie mit in den Vorstädten hausenden Barbaren gleichgesetzt werden, dann sehen sie in der Erringung des Wahlrechts das Symbol und zugleich das praktische Mittel zu ihrer Integration in die nationale Gemeinschaft. Die repräsentative Gleichheit bedeutet also nicht Separierung, Differenzierung, sondern ganz im Gegenteil Absorption und Vermischung der Klassen in dem, was Sieyès einmal als das »große nationale Ganze« bezeichnet hat.4

3 Im Frühjahr 1848, während das allgemeine Wahlrecht in einem Klima kollektiver Brüderlichkeit und einer Annäherung der Klassen errungen wird (man erinnert sich an den berühmten Ausspruch Lamartines), lassen sich freilich auch einige Forderungen nach einer eigenen Vertretung (représentation) der Arbeiterschaft vernehmen. »Einigen wir uns, um die Wahl von zwanzig Arbeitern, echten Arbeitern, in die Nationalversammlung zu unterstützen«, fordert beispielsweise der Pariser Club des Égalitaires.5 In Grenoble fordert ein Zentralausschuss der Werktätigen, dass die verschiedenen Berufe auf der republikanischen Liste repräsentiert sein und sich daher darunter vier Arbeiter befinden sollen.6 Einen gewissen auf Wahlen bezogenen ›Ouvrierismus‹ hört man auch aus den Kolumnen von L’Atelier heraus, das seine Leser ermahnt, den »bürgerlichen Radikalen« mit Misstrauen zu begegnen, und für die Aufstellung einer in der Mehrzahl aus Arbeitenden bestehenden Liste plädiert.7 Doch bleibt die Bewegung begrenzt und niemand arbeitet zu dieser Zeit daran, die Arbeiterkandidaturen mit einem theoretischen Unterbau zu versehen. Der republikanische Universalismus überbrückt einen Frühling lang alle sozialen Spaltungen. Das zeigt sich im Übrigen deutlich bei der Untersuchung des Vokabulars von 1848. Das Wort »Volk« erweist sich als der am meisten verbreitete gesellschaftliche Terminus der Epoche. In den Liedern, in den Reden oder in den Zeitschriften verblassen die Bezugnahmen auf die »Werktätigen« oder auf die »Arbeiter«, die das Soziale spezifizieren, zugunsten einer Zelebrierung des »Volkes«, das die Unterschiede zwischen den Menschen einebnet und ihre neue Gleichheit vor der Wahlurne illustriert.8

4 Es soll noch bis in die 1860er Jahre dauern, bis die Idee der sozialen Repräsentation in Frankreich breiteren Widerhall findet. Sie taucht dann mit Nachdruck in den Debatten über den Modus der Designierung der Oppositionskandidaten für die Parlamentswahlen von 1863 auf. Diese Geschichte sei hier kurz nachgezeichnet, da das Ereignis einen fundamentalen Bruch mit dem bis dahin vorherrschenden Universalismus markiert. Zehn Jahre nach dem Staatsstreich des 2. Dezember beginnt sich der Schraubstock der Repression zu lockern. Die Opposition entledigt sich nach

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und nach des ihr vom Regime auferlegten Schweigens. Es sind nun nicht mehr allein die Stimmen aus dem Ausland, die dem Cäsarismus den Prozess machen. Jules Simon veröffentlicht 1859 die beiden Bände von La Liberté und auch La Démocratie von Étienne Vacherot verlässt die Druckerpresse im Jahr 1860. Auch wenn gegen die beiden Werke vorgegangen wird, markieren sie um nichts weniger eine Wende. In den 60er Jahren des 19. Jahrhunderts vollzieht sich eine echte Erneuerung des liberalen Denkens, das durchaus an die intellektuelle Gärung der Restaurationszeit erinnert. Im Jahr 1860 erscheint wie schon 1820 eine Neuformulierung des Programms der modernen Politik notwendig, nachdem die Auswüchse des Cäsarismus im Anschluss an diejenigen der Revolution und des Kaiserreichs danach verlangen, die Möglichkeitsbedingungen der Demokratie neu zu überdenken. Doch die Opposition organisiert sich auch politisch. Der Wahltermin von 1863 markiert diesbezüglich einen politischen Durchbruch. Liberale und Republikaner vereinigen sich zur Union libérale, um die Anzahl ihrer Abgeordneten zu erhöhen (1857 waren nur fünf Abgeordnete der Opposition gewählt worden!9). Eine zentrale Frage stellt sich allerdings: Auf welche Weise sollen die Kandidaten der Opposition ausgewählt werden? Es existieren keinerlei Parteien, die diese Funktion übernehmen könnten. Es kommt daher zu spontanen Kandidaturen, während sich an manchen Orten Wahlausschüsse bilden. In Paris gestaltet sich die Situation besonders konfus. Dort spielen die Zeitungen die ausschlaggebende Rolle. Le siècle, das große republikanische Blatt, das Journal des Débats sowie Le Temps auf liberaler Seite, aber auch Émile de Girardins La Presse sind die einzig wahren Verbindungs- und Bildungsorgane einer öffentlichen Meinung, der keinerlei organisierte Kraft Struktur verleiht. Zahlreiche Demokraten erregen sich unter diesen Umständen über das, was sie als eine Beschlagnahmung der Volkssouveränität ansehen, und agitieren für die Aufstellung eines repräsentativen Wahlausschusses für die Auswahl der Kandidaten, der sich aus den verschiedenen Oppositionsgruppen zusammensetzt. Daran entzündet sich eine umfassende Debatte über den Sinn und die Techniken der Demokratie in ihrer Beziehung zu den Voraussetzungen für die Bildung eines kollektiven Willens.10 Es wird schließlich ein Ausschuss gebildet, doch die Kandidaten der Opposition werden nach einem undurchsichtigen Verfahren ernannt, wodurch sich die Unzufriedenheit noch steigert. Manche zögern nicht einmal, von den »aufgenötigten Kandidaten« zu sprechen, womit sie implizit die Art und Weise, wie die offiziellen Kandidaten durch die regierende Macht bestimmt werden, und die Auswahl der Leute der Opposition über einen Leisten schlagen. Bei den Arbeitern ist die Enttäuschung besonders groß. Keiner von ihnen ist ausgewählt worden. Ihre Unzufriedenheit verschafft einer Bewegung der Stimmenthaltung Zulauf, für die Proudhon in seiner Broschüre vom April 1863 mit dem Titel Les Démocrates assermentés et les réfractaires (Die vereidigten und die widerspenstigen Demokraten) die Argumente liefert. Es kommt jedoch auch eine neue Idee auf, nämlich die der Arbeiterkandidatur. In ihr kristallisiert sich ein ganzes Bündel an Erwartungen und Überlegungen bezüglich des Wesens der Repräsentation.

5 Zwei Drucker, Jean-Jacques Blanc und Coutant, sowie ein Ziseleur, Tolain, kandidieren in diesem Zusammenhang gegen die liberalen und republikanischen Notabeln. »Alle sind in der Kammer vertreten: die Industrie, die Künste, die Armee, die Juristerei, die Wissenschaften, die Landwirtschaft, ja sogar die Dichtkunst. Allein die Arbeit bleibt außen vor«, behauptet Coutant in seiner Adresse aux électeurs. »Die Fragen der Arbeit«, fährt er fort, »werden stets nur von abgeordneten Arbeitern dargestellt (représenté), beharrlich unterstützt werden, und das Volk wird nur dann Einfluss haben, wenn es sich durch die Seinen einen Stützpunkt in der gesetzgebenden Körperschaft geschaffen

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hat.«11 Trotz einiger bemerkenswerter Unterstützungen – so setzt sich beispielsweise Gambetta nachhaltig für Tolain ein12 – werden die Kandidaten der Arbeiter an den Rand gedrängt. Am Tag der Abstimmung votieren die Volksklassen in Massen für die offiziellen Kandidaten der Opposition: Blanc bekommt daher nur 332 Stimmen (bei 34.614 eingetragenen Wählern), während Coutant gar nur elf Wähler für sich mobilisieren kann! In einem am 6. Juni 1863 von Le Temps abgedruckten Brief kommt Blanc mit einer gewissen Verlegenheit auf seine – wie er es nennt – »unglückliche Kandidatur« zu sprechen, verkündet zugleich aber: »Der Kandidat beugt sich, doch die Idee bleibt und kapituliert nicht.«

6 Es wäre falsch, würde man die Wirkung dieser ersten Arbeiterkandidaturen nur an der Elle ihres mageren Ergebnisses messen. Sie markieren nämlich in zweifacher Hinsicht einen historischen Durchbruch. Sie zeugen zum einen von der Kluft, die sich zwischen der Welt der Arbeiter und dem republikanischen Universum auftut. Es zeigt sich in ihnen zum anderen aber auch ein gewisses Abbröckeln der aus der Französischen Revolution hervorgegangenen universalistischen politischen Kultur. Ein Jahr nach dem Versuch von Blanc und Coutant wird sich dieser zweifache Bruch anlässlich der in Paris veranstalteten partiellen Parlamentswahlen herauskristallisieren. Am 17. Februar 1864 publiziert L’Opinion nationale in diesem Zusammenhang einen von sechzig Arbeitern unterzeichneten langen Brief, in dem sie sich nachdrücklich für die Sache der Arbeitervertretung aussprechen. »Das hätte das Zeug für eine kleine Sensation«, urteilt unmittelbar darauf Proudhon.13 Tatsächlich sorgt der Brief rasch für Aufsehen und Diskussionsstoff. Zahlreiche Zeitungen drucken ihn ab, ebenso wie ihn betreffende Kritiken und Kommentare. Der Text wird rasch als das Manifest der Sechzig bekannt. Zusammen mit dem Manifest der Gleichen von Babeuf, dem Manifest der Demokratie im 19. Jahrhundert von Victor Considérant oder der Charte d’Amiens wird es zu einem der Gründungstexte der französischen Arbeiterbewegung. Seine Geschichte bleibt noch zu schreiben, so lange blieb sie durch die Tradition des offiziellen politischen Sozialismus verdeckt. In intellektueller Hinsicht ist sie entscheidend, insofern sie durch den Bezug auf Proudhon geprägt ist, dessen Persönlichkeit und Schriften damals eine führende Rolle in der französischen Arbeiterbewegung spielen.14

7 Das Manifest baut auf zwei Argumenten auf: Das erste davon bewegt sich auf einer klassisch ökonomischen Ebene: Es genügt nicht, die Gleichheit aller vor dem Gesetz verwirklicht zu haben, um die Arbeiterfrage zu lösen. »Das allgemeine Wahlrecht hat uns politisch mündig gemacht, aber wir müssen uns auch noch gesellschaftlich emanzipieren«, fasst das Manifest zusammen. Diese Analyse ist nun keineswegs originell. Sie läuft gewissermaßen in der Geschichte des Sozialismus mit und greift Themen auf, die seit Beginn der 30er Jahre des 19. Jahrhunderts beständig behandelt werden. Das zweite Argument dagegen ist neuartig: Ihm zufolge reicht die Erringung des allgemeinen Wahlrechts nicht einmal aus, um die eigentliche politische Emanzipation zu gewährleisten. »Wir sind nicht repräsentiert«, meißeln die Sechzig in eine Formulierung, in der sie ihr Anliegen immer wieder herunterleiern. Was ist der Grund für diese mangelnde Repräsentation? Sie resultiert für die Sechzig aus der Falle, die der demokratischen Abstraktion quasi inhärent ist. Das Aufkommen des allgemeinen Wahlrechts errichtet nämlich eine Gleichheit unter den verschiedenen Arten der Staatsbürgerlichkeit, die problematisch ist: Sie gibt allen Individuen gleiches Gewicht und leugnet zugleich ihre Verschiedenheit. »Man hat bis zum Überdruss wiederholt, dass es keine Klassen mehr gebe und dass seit 1789 alle Franzosen vor dem Gesetz gleich seien«, stellt das Manifest fest. »Doch wir, die wir nichts als unsere Arme

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unser Eigen nennen können, wir, die wir Tag für Tag die legitimen oder willkürlichen Bedingungen des Kapitals zu erdulden haben […], uns fällt es schwer, an diese Beteuerung zu glauben.« Im Grunde ist es der Vorgriff auf vermeintlich bereits bestehende demokratische Zustände, der auf Ablehnung stößt. Die abstrakte Kategorie der Staatsbürgerschaft setzt sich dem Verdacht aus, auf eine Verleugnung des realen Lebens hinauszulaufen. Die Tatsache der Klassenteilung erfordert in diesem Maße, dass die Arbeiter sich autonom zu Wort melden können. Separierung wird in diesem Fall zur neuen Voraussetzung für Gleichheit. Repräsentation bedeutet nicht mehr Vermengung, sondern Unterscheidung. Die Frage der politischen Emanzipation erfährt in diesem Rahmen eine Ausweitung. Sie ist nicht mehr nur mit dem Wahlrecht verknüpft, sondern geht nun gewissermaßen vom Wähler auf den Gewählten über.

8 Die Bewegung für die Arbeiterkandidaturen bleibt nicht auf die Hauptstadt beschränkt. Die Veröffentlichung des Manifests der Sechzig sorgt zwar in Paris für besonderes Aufsehen, sie ist jedoch auch in der Provinz spürbar. In Lyon beispielsweise akzeptiert die noch in den Traditionen und Erinnerungen von 1848 schwelgende große Masse der Arbeiter die gewählten liberalen Vertreter (élus) nur als das kleinere Übel. 1863 erklärt der Wahlausschuss der Croix-Rousse zwei Tage vor der Wahl öffentlich, dass er nur widerwillig den von einem bürgerlichen Ausschuss durchgedrückten Kandidaten der Opposition15 unterstützt und schickt einen mit Hunderten von Unterschriften versehenen Unterstützerbrief an die Pariser Kandidaten der Arbeiter. »Warum sollten wir zukünftig nicht Kandidaten aus unserer Mitte finden?«, schreibt er am Vorabend der Abstimmung. »Glaubt man, dass sich unter uns nicht Leute finden lassen, die mit Leib und Seele bei der Sache sind, gebildete Eliteintelligenzen? Man täusche sich da nicht«.16 Im Jahr darauf stößt das Manifest der Sechzig auf ein breites Echo von Sympathie in den Unterschichtenmilieus von Lyon. »Die Arbeiterkandidaturen«, stellt die Polizei fest, »gewinnen an Terrain, man befasst sich mehr mit ihnen, man diskutiert recht hitzig den Gegenstand, und die Arbeiter lassen sich nicht davon abbringen, dass alles gut wird, sobald sie erst von den Ihrigen vertreten (représentés) werden. Man kann ihnen noch so sehr zu beweisen suchen, dass wenn sich erst einmal von ihren Leuten welche in der Nationalversammlung befinden, diese dann aufhören, Arbeiter zu sein. Sie werden dann zu Abgeordneten und können sich nicht mehr an das Elend der Werkstätten erinnern. Sie antworten dann, dass man, wenn sich die ersten, die man dorthin schickt, schlecht aufführen und ihrer Pflicht nicht nachkommen, in fünf Jahren andere schicken werde und dass man halt bis dahin zusehe, eine bessere Auswahl zu treffen.«17

9 Die Originalität der Arbeiterkandidaturen lässt sich nur jenseits eventueller politischer und programmatischer Differenzen zur liberalen Opposition richtig fassen. Sie steckt schlicht in der ihr zugrunde liegenden soziologischen Feststellung. Es ist in erster Linie das Gefühl der gesellschaftlichen Separierung, das Arbeiterkandidaturen kennzeichnet. Das Gefühl der Separierung der Arbeiter ist in den 1860er Jahren sicherlich nichts Neues mehr, es findet jedoch einen organisierteren Ausdruck. Er stützt sich in zunehmendem Maße auf Praktiken und Institutionen. Die Entwicklung von Kooperativen und Gesellschaften auf Gegenseitigkeit wie auch der Aufschwung der Gewerkschaftsbewegung bilden bei den Arbeitern ein gewisses Bewusstsein ihrer Autonomie aus, deren Vision sich im Werk von Proudhon in großartiger Weise zeigt. »Separiert Euch«, fordert er daher von den Arbeitern bei der Veröffentlichung des Manifests und gebraucht damit eine Formulierung, für die er eine Vorliebe hat und die den Kern seines Werks fast schon auf den Punkt bringt. Sein im Januar 1865

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veröffentlichtes politisches Testament De la capacité politique des classes ouvrières ist denn auch eine ausführliche Ermahnung zur gesellschaftlichen Separierung als historischer Mission des Proletariats. Indem sie sich von der Gesellschaft lösen, die sie geknechtet hat, könnten die Arbeiter zum Aufbau eines echten Universalismus ihren Beitrag leisten. » Bürger, macht Ihr Eure Geschäfte; für uns gilt: Jeder zu seinen Zelten, Israel!«, ruft er voller Hochmut aus.18

10 Die Klassenteilung wird zwar als ein die Gesellschaft strukturierendes Laster angeprangert, was eine zweite Französische Revolution rechtfertigt, dagegen wird die gesellschaftliche Separierung kulturell als konstitutiv für die Identitätsbildung gefordert. Dies freilich unter der Bedingung, dass sie nicht passiv geduldet wird, sondern reflektiert wird als ein Moment des Zugangs zu einer Form von Autonomie. Dieses Bestreben kam schon in der Arbeiterliteratur der Julimonarchie zum Ausdruck. An den Begriffen, mit denen sich der Schreiner Boissy an seine Arbeitskameraden richtete, lässt sich bestens der dahinter steckende Geist ersehen. »Erhebt Euch inmitten der elenden Arbeiter, Ihr Freunde, Ihr Kameraden«, schreibt er, »und sagt ihnen: Tretet aus, tretet doch aus dieser Gesellschaft aus, für die Ihr alles macht und die doch nichts für Euch tut, aus dieser Gesellschaft, in der diejenigen, die alles tun, nichts haben, und wo die, die nichts tun, alles besitzen. […]. Ach meine Brüder, ich verlange das von Euch. Ist es nicht Zeit, mit einer derartigen Unordnung Schluss zu machen oder nicht mehr daran teilzuhaben. Trennen wir uns von einer Welt, in der die Ehre nur noch ein Wort ist, die Liebe eine Verrücktheit, die Freundschaft eine Chimäre.«19 Sich zu trennen heißt, wie einstmals der Dritte Stand, danach zu streben, ein autonomes Ganzes zu werden, das ganz aus sich heraus und unabhängig von seinen früheren Herren existiert. Beinahe ein halbes Jahrhundert später knüpft ein einfacher Delegierter beim Arbeiterkongress von Marseille daran mit den großartigen Worten an: »Was können wir besseres tun als uns von dieser spekulierungssüchtigen Bourgeoisie zu separieren sowie voller Stolz die uns entgegengebrachte Verachtung zu akzeptieren, und, da uns die alte Welt zurückweist, davon zu unterscheiden, indem wir uns von ihr radikal separieren. Denn vergesst nicht, Bürgerinnen und Bürger, sich zu unterscheiden, sich abzugrenzen, bedeutet Sein, ebenso wie sich aufzulösen und aufgesogen zu werden, Selbstverlust bedeutet. Eine Spaltung zu bewirken, eine legitime Spaltung, ist das einzige Mittel, wie wir unser Recht behaupten können.«20 Das Thema wird unaufhörlich von den Kongresstribünen herab wie auch in Massen von Publikationen in die Köpfe der Menschen eingehämmert.21

11 1864 erleiden die Arbeiterkandidaturen wie schon 1863 eine herbe Niederlage. Doch die Idee wird nicht aufgegeben. Sie taucht umso nachdrücklicher wieder anlässlich der Wahlen von 1869 auf (Eugène Varin ist einer ihrer bedeutenden Verfechter22).23 Die Frage einer »direkten Repräsentation des Proletariats im Parlament« wird noch das gesamte 19. Jahrhundert über auf der Traktandenliste der Arbeiterkongresse stehen.

Die unscheinbaren Männer

12 Kehren wir nochmals zum Manifest der Sechzig zurück. Der Aufruf für eine separate Repräsentation der Arbeiter zeugt auch von einer neuen Auffassung des vom Volk gewählten Vertreters. Die auf seine Verkörperungsfunktion gelegte Betonung bewirkt einen radikalen Wandel der Beurteilung seiner Qualitäten. Im Gegensatz zu jeglicher revolutionären Philosophie der demokratischen Auszeichnung preisen die Sechzig den

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einfachen Mann. Ein soziales und nicht individuelles Verständnis von Repräsentation und eine radikale Ablehnung jeglicher Vorstellung von Prominenz gehen in den Augen der Sechzig miteinander einher. Ein Lobpreis der gesellschaftlichen Unscheinbarkeit ersetzt bei ihnen den Kult persönlichen Verdienstes. Die letzten Absätze des Manifests, die sich an die republikanischen Notabeln richten, bringen diesen Bruch klar zum Ausdruck. »Die Eignung, die Fähigkeit der Kandidaten, die mögliche Unauffälligkeit ihrer Namen, da sie ja unter den Werktätigen ausgewählt werden, die ihren Beruf im Augenblick der Auswahl ausüben (und dies, um die Bedeutung ihrer Kandidatur genau anzugeben), das sind alles Fragen, die man an uns richtet, um daraus zu schließen, dass sich unser Vorhaben nicht realisieren lässt. Ist es wirklich so, dass die Arbeiterkandidaten notwendigerweise diese herausragenden Eigenschaften als Redner oder Publizisten besitzen müssen, die einen Mann der Bewunderung durch seine Mitbürger empfehlen? Wir denken, dass dem nicht so ist […]. Verleiht das Votum der Wähler ihrer Rede überdies nicht eine größere Autorität als sie der berühmteste Redner besitzt? Dem Schoß der Volksmassen entsprungen, wäre die Bedeutung dieser Wahlen umso strahlender, je unscheinbarer und unbekannter die gewählten Vertreter zuvor noch gewesen sind.« Die entstehende Arbeiterbewegung treibt einen Kult mit dieser Bescheidenheit. Als ein Delegierter bei einem der ersten Kongresse Wert darauf legt, dass die Arbeiter keinen »um seiner persönlichen Qualitäten willen ausgewählten« Mann entsenden dürfen, erntet er dafür tosenden Applaus.24 Man erwartet demnach vom Repräsentanten, dass er bis zur Unterschiedslosigkeit in seinen Wählern aufgeht.

13 Es zeigt sich, dass die Frage der Arbeiterkandidaturen so über die einfache Kritik am demokratischen Individualismus hinausgeht. Sie ist auch getragen von Überlegungen bezüglich des Wesens des Repräsentanten. Aus der Konzeption der Spiegel- Repräsentation ergibt sich eine Auffassung des Repräsentanten als einer einfachen Zufallsauswahl aus der Gruppe.25 Man will keine persönlichen Qualitäten mehr auszeichnen, sondern schlicht gemeinsame Züge wiederfinden. Der erste der Arbeiterkandidaten, Jean-Jacques Blanc, unterstreicht dies im Jahr 1863 gleich zum Beginn seiner Wahlerklärung: »Soll ein einfacher Arbeiter sich die Ehre anmaßen, eine Stadt wie Paris zu vertreten (représenter)? Ja, das ist möglich, ja, das ist gerecht, weil es an der Zeit ist, dass sich die Arbeiter behaupten, und sei es in der Person des einfachsten von ihnen.«26

14 Hinsichtlich der Auffassung des Repräsentanten kommt es zwar erst in den sechziger Jahren des 19. Jahrhunderts, also in dem Moment, in dem sich die Arbeiterklasse als autonome Macht zu behaupten beginnt, zu einem Umbruch, ein Wendepunkt ist freilich schon früher spürbar. Bei den Kommunalwahlen während der Juli-Monarchie, die auf dem Land auf der Basis eines stark erweiterten Wahlrechts erfolgen, vermelden die Berichte der Präfekten bereits zahlreiche feindselige Reaktionen gegenüber den Notabeln aus den Milieus der Unterschichten heraus. Einer von ihnen berichtet von dem »Eifer, den die Wähler der unteren Klassen dabei an den Tag legen, die den höheren Klassen angehörenden Bürger vom Rat fernzuhalten. Auf dem Land wollten die Bauern nur Bauern«.27 Andere bemerken, dass »die Kittelträger« sich bemüht haben, die »großen Hüte«, d.h. die sich »durch ihr Vermögen und ihr Wissen« auszeichnenden Notabeln, aus den Stadträten herauszudrängen. Zugleich stellen die Präfekten mit einer gewissen Verstörung fest, dass »die bürgerliche und gebildete Klasse« bzw. diejenigen, die sie als »gesellschaftlich Höhergestellten« bezeichnen, sich auf dem Land häufig aus den Gemeinderäten ausgeschlossen sehen. Die Ausdrücke, die die Bauern zur

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Bezeichnung derer, denen sie ihre Wahl verweigern, verwenden, sind aufschlussreich. Sie prangern nicht so sehr deren Reichtum an als vielmehr die gesellschaftliche Distanz, wenn sie von den »Herren«, den »Fracks aus Tuch«, den »Schwarzhüten« oder den »gesellschaftlich Höhergestellten« sprechen. Ein reicher Landwirt wird daher viel leichter gewählt als einer von den einfacheren Notabeln. »Wir wollen keine Hutträger mehr als Gemeindeverwalter«. »Wir wollen keine Bourgeois. Die machen schöne Worte, auf die wir nur antworten können: Kümmern wir uns besser um unsere Angelegenheiten selbst«. Solche Aussagen finden sich häufig. Man zitiert sogar das Beispiel von Wählern aus dem Departement Seine-et-Oise, die Transparente mit der Aufschrift tragen: »Weg mit den Bourgeois, es leben die Bauern«. Mit den gleichen Reaktionen lassen sich etwas später die Erfolge der offiziellen Kandidaten des Zweiten Kaiserreichs im Vergleich zu den traditionellen Notabeln bei den Landbewohnern erklären. Für das Kaiserreich zu stimmen bringt auf eine paradoxe Weise eine Form gesellschaftlichen Misstrauens zum Ausdruck.28

15 Derartige Reaktionen finden sich 1848 dagegen kaum, selbst wenn tatsächlich einmal einige wenige republikanischen Komitees die Kandidatur von »unscheinbaren Männern« anpreisen.29 Durch das Ideal der Verbrüderung und der Verschmelzung der Klassen kann sich nämlich der republikanische Universalismus behaupten, da sämtliche sozialen Unterschiede für einen Augenblick durch die jüngste Weihe des Staatsbürgers aufgehoben zu sein scheinen. Einzig eine im Herbst 1851 von Émile de Girardin lancierte Kampagne bezeugt das fortwährende Nachdenken über die Figur des Repräsentanten. Auf sie näher einzugehen ist durchaus lohnenswert, da sie in so hohem Maße exemplarisch ist, selbst wenn sie letztlich nur einen bescheidenen Widerhall fand. Auf die Feststellung einer Unbeweglichkeit der Regierung hin erklärt der Begründer von La Presse, ein Hochschrecken des Volkes anlässlich der Präsidentschaftswahlen, die normalerweise zu Beginn des Jahres 1852 hätten stattfinden sollen, sei ganz nach seinem Wunsch. Der Titel der von ihm zu diesem Anlass publizierten Broschüre bringt seinen Gedanken auf den Punkt: Die legale Revolution durch das Präsidentenamt eines Arbeiters, die demokratische Lösung von 1852.30

16 Girardin empfiehlt den Volkskräften schlicht, sich um die Kandidatur eines anonymen Arbeiters zu mobilisieren. Ein Arbeiter als Präsident? Die Idee allein hat schon durchschlagende Wirkung, so ungehörig, ja fast schon verrückt ist sie. Doch verdient vor allem die Argumentation de Girardins unsere Aufmerksamkeit. Er führt zunächst ein materielles Faktum an: Die große Zahl möglicher Kandidaturen bekannter Persönlichkeiten und die daraus resultierende Schwierigkeit, sich zwischen ihnen zu entscheiden, wenn keine »Höhergestellte« in der Lage zu sein scheint, sich durchzusetzen, so schwammig und variabel wie die Kriterien für ihre Anerkennung sind. »Was ist zu tun, wenn man sich vereinigen will, da ja nun einmal der Name das Spaltende ist?«, fragt er. »Jeden bekannten Namen, der auf eine Partei oder Schule verweist, entfernen und einen unbekannten Namen zu nehmen, der keine andere Bedeutung als folgende hat, nämlich: Menge.«31 Dagegen lässt sich mit einem unbekannten Kandidaten ihm zufolge eher Einstimmigkeit erzielen, und das gerade aus dem Grund heraus, dass er keinen ins Auge springenden Merkmalszug aufweist. Doch Girardin – und genau darauf sollte sich die Aufmerksamkeit richten – geht viel weiter. Er behauptet vor allem, dass eine solche Kandidatur die Aporien der Repräsentation lösen könnte. Ein unmittelbar einleuchtendes Prinzip sozialer Identität würde an die Stelle einer abstrakteren Konzeption der Wahl treten. »Man suche«, sagt Girardin, »auf allen Seiten den Würdigsten, den Fähigsten, den Arbeitsamsten, vor allem aber den

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Einfachsten. Man wähle ihn weniger um dessentwillen, was er an sich gilt, als für das, was er bedeutet, und das weniger als Mann denn als Symbol. […] Wessen bedarf es? Eines Mannes, dessen demokratische Herkunft für sich allein genommen ein imperatives Mandat ist.«32 Im Gegensatz zur republikanischen Apologie des Verdiensts, preist Girardin den Mann ohne Eigenschaften. »Je unbedeutender der Kandidat ist«, betont er, »desto mehr Glanz und Widerhall fände seine Wahl, da sie belegen würde, dass das, wonach man gesucht und es in ihm gesehen hat, weniger der geistige Wert des Menschen als die Stoßkraft der Idee ist.«33 Etwa zehn Jahre später kommt im Manifest der Sechzig diese Verteidigung der demokratischen Unbedeutendheit zur vollen Geltung.

17 Die Forderung nach Arbeiterkandidaturen stützt sich nicht nur auf das Kriterium der Identität von Gewähltem und Wähler. Sie entspricht ebenso einem auf epistemologischer Ebene liegenden Argument bezüglich der politischen Kompetenz. Die Sechzig machen den republikanischen Notabeln ihren wohlwollenden Paternalismus 34 heftig zum Vorwurf, noch heftiger jedoch geißeln sie deren Anspruch auf das Monopol über die Kompetenz, und dies in zweierlei Hinsicht. Zum einen dadurch, dass sie die Fortschritte bei der Bildung der Arbeiter betonen, die sie zugleich in den Stand versetzt, sich selbst zu verteidigen.35 Inmitten der Arbeiter gibt es nun auch »redegewandte Proletarier«, um eine treffende Formulierung Pecqueurs zu gebrauchen.36 Vor allem aber, indem sie die gesellschaftliche und praktische Dimension der politischen Kompetenz betonen. Die Disqualifizierung der Anwälte oder der Journalisten, im Namen der Proletarier zu sprechen, hat hier ihre Wurzeln: Ihr »Bildung« ist keine allgemeine, und die Lage der Arbeiter ist ihnen nicht zugänglich, auch wenn sie noch so sehr guten Willens sind. »Oben weiß man nichts von dem, was man unten weiß«, resümiert Girardin.37 Es gibt durchaus einige Stimmen, die behaupten, dass die Repräsentation der Arbeiter verfrüht wäre, sie bleiben jedoch in der Minderheit. Die möglichen »Handicaps« des Arbeiters werden als zweitrangig im Verhältnis zu dem angesehen, wovon er als einziger Zeugnis ablegen kann: von seiner lagespezifischen Erfahrung. Ein glühender Anhänger Saint-Simons, Jean Terson, schrieb schon gegen Ende der 30er Jahre des 19. Jahrhunderts: »Es wäre durchaus nicht verkehrt, wenn neben so manchem feschen und nach Moschus duftenden Abgeordneten ein paar dieser sonnenverbrannten und nach Erde riechenden Gestalten auftauchen würden, mit einer so groben Redeweise wie es ihrem Klima entspricht, jedoch mit einem Willen, der so unerschütterlich ist wie das Gebirge, von dem sie kommen. Solche Abgeordneten […] würden zuweilen einige Fehler im Französischen begehen, jedoch niemals hinsichtlich ihres Patriotismus.«38 In einem großartigen Text mit dem Titel Nach Lyon, der 1832 die Saint-Simonisten dazu aufrief, Paris zu verlassen, um in die Stadt der Arbeiterkämpfe zu gehen, lud Michel Chevalier zu einer »neuen Kommunion« mit den Proletariern ein, um die »Offenbarungen«, die sie der Gesellschaft zu machen hätten, kennenzulernen.39

18 »Sie kennen die Arbeiter nicht«, wiederholen ihrerseits die Sechzig, wobei sie sich an das »demokratische Bürgertum« wenden, um das Prinzip einer separaten Repräsentation zu begründen. In ihren Augen rechtfertigt nicht so sehr die Partikularität der Interessen die Segmentierung der Repräsentation, als vielmehr die Struktur des gesellschaftlichen Wissens. »Doch man sagt uns«, schreiben die Sechzig, »die gewählten Abgeordneten können doch all die Reformen, deren sie bedürfen, besser einfordern als sie; sie sind die Repräsentanten aller und von allen ernannt. Aber nein! werden wir antworten. Wir fühlen uns nicht repräsentiert, und gerade deshalb

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werfen wir ja die Frage nach den Arbeiterkandidaturen auf.« Tolain, der den Text hauptsächlich redigiert hat, hatte das Argument schon in seinem Kommentar zu den Arbeiterkandidaturen von 1863 vorgebracht. In einer Passage zu den freien Berufen schrieb er: »Die meisten sind in gesellschaftlicher Hinsicht von Kurzsichtigkeit befallen«.40 Aus genau diesem Grund kann ein Arbeiter seiner Ansicht nach nur von einem Arbeiter vertreten werden. »Wir stellen weder die Allgemeinbildung noch die eloquente Redeweise unserer Anwälte in Zweifel«, schrieb er. »Doch das soziale Milieu, in dem man lebt und sich entwickelt, prägt den Ideen eine Tendenz, eine Richtung ein. Nun, in Bezug auf die Arbeit können wir uns für kompetent halten.«41

19 An diesem Thema der eigenen Kompetenz der Arbeiter zeigt sich die wesentliche Kluft. Sie liegt unterschwellig jeder Erfahrung der Arbeiterbewegung zugrunde. Zeitschriften wie L’Atelier oder La Ruche populaire sind ab den 30er Jahren des 19. Jahrhunderts ein Beleg hierfür. Doch entfaltet sie ihre ganze politische Wirkung erst in den 1860er Jahren. Die Organisation der Arbeiterdelegationen für die Weltausstellungen, insbesondere die von London 1862, hat viel zur Katalysierung dieses Gefühls beigetragen. Die ganze Kultur der Arbeiterautonomie ging aus diesem Zusammenhang gestärkt hervor. Überdies wurden die Arbeiter anlässlich dieser Ausstellungen zum ersten Mal in allgemeiner Wahl aufgefordert, Delegierte zu bestimmen, die ihre Genossen bei diesen Veranstaltungen vertreten sollten, um wiederum nach ihrer Rückkehr ihre Entdeckungen mitzuteilen.42 Zum ersten Male wurde die Sicht der Arbeiter auf die Arbeitswelt in ihrer Besonderheit und Unreduzierbarkeit anerkannt. Man erkannte dabei beinahe »offiziell« an (insofern der Staat für die Reise- und Aufenthaltskosten der für jedes Gewerbe gewählten Delegierten aufkam), dass einzig die Arbeiter dafür qualifiziert waren, über Fragen der Arbeit zu sprechen, und die Perspektive der Industriellen kein Ersatz für die ihrige war. »Wir bekräftigen, dass die Arbeitgeber für die Beurteilung der Details eines fertig gestellten Werks weniger kompetent sind als die daran beteiligten Arbeiter«, bemerkt einer dieser Delegierten. »Die Arbeiter sehen nicht mit den gleichen Augen wie die Unternehmer, die sie beschäftigen.«43 Die abgeordneten Mechaniker der Ausstellung von 1867 werden später ein in einer Unmenge von Broschüren und Artikeln tausendfach wiederholtes Argument zusammenfassen: »Der Arbeiter kennt seine Bedürfnisse und seine Einkünfte. Wer kann uns besser über das, was er braucht und was er will, in Kenntnis setzen als er selbst? Die hochgestellten Personen bilden sich ein, dass nur sie über die Macht verfügen, die klaffenden Wunden der Gesellschaft zu heilen, und dass nur sie über das hierfür notwendige Wissen verfügen, doch bei der kleinsten Anwendung derselben kleben sie dann doch das Pflaster neben die schmerzende Stelle.«44 Kaum verwunderlich, dass sich aus diesem Pool der ersten »gewählten Vertreter« (élus) der Arbeiterklasse die ersten Unterzeichner der Sechzig rekrutieren. Es findet sich tatsächlich ein und dieselbe Auffassung von den Beziehungen zwischen Repräsentation und gesellschaftlichem Wissen in den beiden Erfahrungen wieder.

20 Das Manifest der Sechzig bedeutete also nicht einfach einen Bruch in der traditionellen Auffassung über das Subjekt der Repräsentation (die Gruppe gegen das Individuum). Es brachte auch eine radikale Kritik an der Idee politischer Kompetenz zum Ausdruck, die sämtlichen liberalen und republikanischen Konzeptionen zuwiderlief. Indem sie das Loblied auf die unscheinbaren Kandidaten anstimmen, erteilten die Arbeiter den Ansprüchen der Notabeln, eine Art Anrecht auf die Vertretung (à représenter) des Landes zu besitzen45, aber auch dem gesamten Thema der Befähigung zum Politischen, wie es von , Guizot oder Jules Ferry formuliert wurde, eine Absage. Sie

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betonen auf ihre Weise die Eigentümlichkeit des politischen Feldes, bezüglich dessen sich die klassische Herangehensweise des Expertentums als eines Spezialwissens als völlig unangebracht erweist. Der Repräsentant ist für sie nicht nur ein Mann des Vertrauens, er ist für sie auch ein lebendes Symbol kollektiver Identität. In ihm muss die eigentümliche Figur des gewählten Vertreters (élu) aufgehen, damit die Präsenz der Gruppe unmittelbar sichtbar wird. Coutant schreibt daher: »Wenn ihr einen Arbeiter in die gesetzgebende Körperschaft bringt, werdet ihr nicht nur einen Mann dorthin schicken […], sondern eine ganze Legion, eine Arbeiterlegion.«46 Was man bisweilen etwas geringschätzig als Ouvrierismus qualifiziert hat, bekommt aus diesem Blickwinkel betrachtet eine neue Bedeutung. Es mischt das Alte mit dem Neuen. Das Alte, vielleicht aus einer organischen Sicht des Sozialen, die überdauert hat. Das Neue aber gleichermaßen aus einer fast schon reinen Auffassung des auf sein Wesen beschränkten Politischen: Das Politische als radikal jenseits der von Expertentum und Verwaltung liegende Sphäre, einzig bestimmt über das staatsbürgerliche Prinzip der Zugehörigkeit. Genau genommen besteht das, worum es in Wirklichkeit geht, der eigentliche Kern des Autonomieprojekts, das sich durch die Arbeiterbewegung gegen Ende des 19. Jahrhunderts hindurchzieht, in einer Neuverständigung über das Wesens der Politik im Zeitalter der Demokratie.47

21 Ein Hinweis darauf ist auch die innerhalb der entstehenden Arbeiterbewegung gehegte Sorge um die Einhaltung einer Art proletarischen Reinheitsgebots in den Organisationen. Wenn man bedenkt, dass Tolain der Begründer der französischen Sektion der Internationalen Arbeiterassoziation war, dann nimmt es kaum wunder, dass er in dieser Organisation darum kämpfte, dass sie strikt arbeiterlich geprägt blieb, und sich gegen Führungsfiguren mit bürgerlichem Hintergrund stemmte. In einer ihrer ersten Versammlungen bringt er dies klar und deutlich zum Ausdruck: »Wenn es belanglos ist, zur internationalen Vereinigung Staatsangehörige jeglicher Klasse zuzulassen, Werktätige wie Nicht-Werktätige, so folgt daraus nicht das Gleiche für die Auswahl eines Delegierten. Angesichts der gegenwärtigen Verfasstheit der Gesellschaft, in der die Arbeiterklasse einen unermüdlichen und gnadenlosen Kampf gegen die bürgerliche Klasse auszufechten hat, ist es von Nutzen, ja unerlässlich, dass sämtliche Menschen, denen die Repräsentation der Arbeitergruppierungen obliegt, Werktätige sind.«48 Zugleich reagiert Marx, für den Tolain einige Zeit vorher noch ein »sehr netter Kerl« gewesen war49, und der seine Kandidatur von 1864 begrüßt hatte, einige Monate später etwas irritiert angesichts von dessen Kompromisslosigkeit, die ihn selbst auf ein Mandat für den Zentralrat der Internationalen verzichten ließ!50 Die Spannung zwischen dem Prominenten und dem Unscheinbaren zeigte sich hier in aller Schärfe.

Das Alte und das Neue

22 Die Arbeiterkandidaturen erwiesen sich um die Mitte der 1860er Jahre als aufschlussreicher Indikator für die Ambivalenzen der politischen Kultur des französischen Mutterlands. Die von ihnen ausgelösten Reaktionen machen die damals in Frankreich herrschenden Schwierigkeiten deutlich, gesellschaftliche Vielfalt und staatsbürgerlichen Universalismus zugleich zu denken. Die von republikanischer und liberaler Seite kommende Kritik ist diesbezüglich besonders aufschlussreich. Von der von Gambetta und einigen seiner Freunde vorübergehend gewährten Unterstützung für Tolain einmal abgesehen, sprachen sich die Republikaner mit Nachdruck gegen die

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Idee einer eigenen Repräsentation der Arbeiter aus, wenn sie sie nicht gleich verächtlich als eine Art Marotte abtaten. Jules Ferry widmet dem Problem keine einzige Zeile in seinem doch so reichhaltig mit Quellenbelegen versehenen Werk La Lutte électorale en 1863.51 Für dieses Misstrauen lassen sich sicherlich rein politische sowie den Umständen geschuldete Motive anführen. Zahlreiche Regimegegner konnten den Verdacht nicht loswerden, die Arbeiter stünden unter der Voraussetzung hinter der Diktatur, dass diese gewisse Zugeständnisse hinsichtlich einiger Sozialreformen machen würde. Der Kaiser und einige Personen aus seiner engeren Umgebung, darunter Prinz Napoleon, scheuten in der Tat keinerlei Mühe, um auf solche Weise die Opposition auf ein paar nostalgische Legitimisten und die Eliten des demokratisch gesonnenen Bürgertums zu reduzieren, indem sie die soziale von der politischen Frage ablösten.52 Die Liberalen und die gemäßigten Republikaner hegten zudem die Befürchtung, dass die negativen Erinnerungen an den Juni 1848 mit den Arbeiterkandidaturen und der Agitation gegen ein »rotes Schreckgespenst«, das den kaiserlichen Machenschaften Vorschub leisten könnte, wieder virulent würden. »Bekanntlich ziehen die Feinde der Freiheit aus diesen Erinnerungen ihre Kraft«, stellte Prévost-Paradol fest.53 Ein Brief des Republikaners Clamageran fasst ebenfalls diese feindselige Haltung gegenüber dem Manifest der Sechzig zusammen. »Was Tolain anbelangt«, schreibt er am 22. März 1864, » bin ich begeistert von seiner Pleite, die nun vollends eingetreten ist. Zum einen drängt das das rote Schreckgespenst zur Seite, das die Regierung zu beschwören sich erneut angeschickt hatte. Dann gab es eine Menge Intrigen im Zusammenhang mit dieser Kandidatur. Der Palais-Royal hatte da durchaus die Finger mit im Spiel.«54

23 Über diese unmittelbaren Reaktionen hinaus stellte die Kritik an den Arbeiterkandidaturen diese grundsätzlich in Frage. Der dem Manifest von Le Temps gewidmete Kommentar aus der Feder von Nefftzer macht dies deutlich: »Wir können in einem Land, in dem das Gesetz keine Klassen mehr kennt, auch keine Kasten- oder Klassenkandidaturen zulassen; wir können ebenso wenig Arbeiterkandidaturen zulassen, wie wir bürgerliche oder aristokratische Kandidaturen zulassen. Ohne Abstriche aber lassen wir Kandidaturen von Arbeitern zu, so wie wir Kandidaturen von Bürgern oder Adeligen zulassen, und zwar nicht weil sie adelig, bürgerlich oder Arbeiter sind, sondern weil sie französische Staatsbürger sind und weil das Gesetz vor der Urne nur Staatsbürger kennt. In einem Wort kann die Eigenschaft, ein Arbeiter zu sein, in unseren Augen weder einen Ausschluss noch einen Vorzug rechtfertigen.«55 In der Revue des Deux Mondes sind Ton und Argumentation identisch. Es lohnt sich freilich, sie zu zitieren, so sehr machen diese Seiten die Stärke wie auch die Verblendung eines gewissen politischen Universalismus deutlich. »Den Verfassern des Programms bezüglich der Arbeiterkandidaturen muss man es frank und frei heraus sagen«, kündigt der Redakteur der Chronique politique an. »Wenn sie die Arbeiter als eine Klasse innerhalb der Nation ansehen, mit Interessen, die sich von denen der übrigen Kategorien von Staatsbürgern unterscheiden, begehen sie einen schweren Irrtum, der zweifelsohne einen Schritt nach hinten darstellt. Das Glück und die Ehre der französischen Demokratie bestehen darin, in unserem Land die verhassten und kränkenden Klassenunterschiede zum Verschwinden gebracht zu haben. Diejenigen, die diese Unterschiede just im Namen der Demokratie gerne wieder aufleben lassen wollten, begingen den ungeheuerlichsten und beklagenswertesten Widersinn […] und würden mit eigenen Händen das Werk der Französischen Revolution zunichtemachen. Sie arbeiteten daran, diese Grundbedingung des bei uns herrschenden öffentlichen

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Friedens durcheinanderzubringen, der auf dem universellen Gefühl der Gleichheit beruht.«56 Dieser Argumentation zufolge macht die rechtliche Gleichheit allein die Formulierung von Unterschieden faktisch zu einem Ding der Unmöglichkeit. Sie fällt also im chemischen Sinne den Abstraktionstyp, der eine instrumentelle Voraussetzung für die moderne Emanzipation darstellt, so weit aus, bis er zu einem in sich selbst geschlossenen Prinzip wird.

24 Es existiert eine Art Radikalisierung der Wahrnehmung, die in einem derartigen republikanischen Diskurs beständig am Werk ist. Jegliche Form von Partikularität gerät in den Verdacht, automatisch in die inakzeptabelsten Formen des Unterschieds zwischen den Menschen auszuarten. Woher das kommt, wird in diesen Texten klar benannt: Es ist die Radikalität des revolutionären Bruchs, die tendenziell alles, was die Verheißungen der neuen Welt zu bedrohen scheint, den Formen der Vergangenheit zuschlägt. Das Schreckgespenst der Kaste schwebt somit ständig über den Repräsentationen des Sozialen. Das von den Republikanern als Gegenfeuer gegen die Initiative Tolains lancierte »Gegenmanifest« der Achtzig zögern im Übrigen nicht, es sogleich zu schwenken. »In dem Kampf, zu dem es erneut kommen wird«, liest man darin, »müssen die Kasten angesichts der Prinzipien verschwinden.«57 Eine ganz außerordentliche Formulierung, in der die Realität aufgefordert wird, sich den Weisungen der historischen Vernunft unterzuordnen!

25 Im Frühjahr 1848 brachte Le National, das symbolträchtige Sprachrohr der republikanischen Orthodoxie, bereits die gleichen Argumente vor, um dem Anspruch einiger Arbeiter, in eben dieser Eigenschaft einen Platz auf den republikanischen Listen zu bekommen, nachdrücklich entgegenzutreten. Der Kontrast zwischen dem eher marginalen Charakter solcher Forderungen und dem Platz, den diese Zeitschrift der Kritik an ihnen widmet, ist überdies überraschend. Die Redakteure von Le National räumen der theoretischen Widerlegung der Idee der Arbeiterrepräsentation enorme Bedeutung ein, als ob sie befürchteten, dass sich damit eine Büchse der Pandora öffnen könnte. Das Schreckgespenst des Korporatismus lässt damals die Republikaner buchstäblich erstarren, indem es eine Scheidelinie zieht, unterhalb deren es als unmöglich erscheint, die politische Moderne und den Fortschritt zu denken. »Was faselt man da noch von Klassen? Es gibt heute keine Klassen mehr«, donnerte Le National. »Reiche oder Arme, Ungebildete oder Gebildete, Müßiggänger oder Werktätige, wir sind alle gleichermaßen Staatsbürger, alle sind wir Nationalgardisten, alle Wähler, alle Wahlkandidaten, und zwischen uns gibt es keine andere Unterscheidungen mehr als die, die sich aus der Rechtschaffenheit, der Aufgeklärtheit, der Selbstlosigkeit und den geleisteten Diensten ergibt. Es wäre eine Verkennung des Geists der Epoche, in die wir eintreten, es wäre ein wahrhaftiger Anachronismus, eine Verletzung des Grundsatzes bürgerlicher und politischer Gleichheit, die zukünftig die Gesellschaftsordnung beherrschen soll, sorgte man sich bei den nächsten Wahlen um das Vermögen oder die Profession der Kandidaten. Verschaffte man nicht diesem Berufsstand ein echtes Privileg, wenn man sagte, es braucht so und so viele Abgeordnete dieser oder jener Profession […]. Es gibt in sämtlichen Ständen, in sämtlichen Rängen der Gesellschaft verdienstvolle Menschen. Suchen wir sie also nicht eher hier als da: nehmen wir sie von überall her.«58 Die Argumente haben 1864 nicht gewechselt. Bis zum Überdruss werden sie in den liberalen und republikanischen Gazetten ganzseitig wiedergekäut und zeugen so von der außerordentlichen

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Wirkmächtigkeit der revolutionären politischen Kultur, die es fast schon unmöglich macht, sich eine konkrete Sicht auf das Soziale überhaupt gedanklich vorzustellen.

26 Allgemeiner illustrieren die Begrifflichkeiten der Debatte über die Arbeiterkandidaturen die Komplexität der sich um die Repräsentationsthematik drehenden Fragen. Sie verweisen zunächst schlicht auf den Gegensatz zwischen den beiden klassischen Verwendungen des Begriffs Repräsentation: Identitäten hervorzubringen und eine Macht zu legitimieren. Auf der einen Seite die Darstellungsrepräsentation ( représentation-figuration), deren Ziel darin besteht, zuzulassen, dass die Gesellschaft sich in ihrer Verschiedenheit ausdrücken kann, indem sie allen Gruppen die Möglichkeit zur Äußerung ihrer Ansichten bietet; auf der anderen Seite die Vertretungsrepräsentation ( représentation-mandat), deren Ziel es ist, die repräsentative Regierung zu konstituieren, und die die Einheit von Macht wie Gesellschaft betont (die Repräsentation dient in diesem Fall als Ersatz für eine für nicht praktikabel gehaltene direkte Demokratie). Diese Unterscheidung hat gewissermaßen strikt funktionalen Charakter und führt in sich zu keinerlei unüberwindlichen Widersprüchen. Wie erklären sich in diesem Fall die beinahe unauflöslichen Spannungen, die in den Diskussionen über die Bedeutung und die Tragweite des Manifests der Sechzig zum Ausdruck kommen? Grund dafür ist, dass sie sich nicht allein aus dieser funktionalen Unterscheidung ergeben und mit etwas Fundamentalerem korrespondieren. Die Frage der Repräsentation verkompliziert sich historisch in zweifacher Hinsicht, nämlich soziologisch wie auch philosophisch.

27 Die Formen der Spiegel-Repräsentation können so je nach Lesart, die man sich von der Gesellschaft macht, beträchtlich variieren. Wird die Gesellschaft als aus bestimmbaren elementaren Einheiten zusammengesetzt gefasst, besteht die Repräsentation in einer einfachen Beschreibung, in einer Übersetzung. Wird die Gesellschaft aber als undurchsichtig und unlesbar angesehen, wird die Repräsentation eine konstruktive Dimension ausbilden müssen: Um die Gesellschaft ausdrücken zu können, muss sie diese zunächst erst einmal herstellen. Eine Unterscheidung, die sich selbst wiederum in einen auf historischer Ebene gelegenen Gegensatz zwischen dem »Alten« (die Stände- und Klassengesellschaft) und dem »Modernen« (die Gesellschaft der Individuen), sodann in eine politische Antinomie zwischen dem Wagnis eines möglichen Hinter- sich-Lassen des Alten im Neuen (indem sie betont, dass das Nachflimmern der Klassenteilung nur vorübergehend ist) und der im Gegensatz dazu stehenden Feststellung einer Unüberwindlichkeit der Teilung in Klassen auffächert. Dieser politische Gegensatz nimmt in der Folge eine philosophische Dimension an, insofern er die Bedeutung, die man dem Regime der Fiktion in der modernen Politik zugesteht, ins Spiel bringt. Wenn die Fiktion staatsbürgerlicher Gleichheit und der Totalität-Nation nur als fromme Lüge angesehen wird, bekommt die moderne Abstraktion eine negative Dimension (sie ist reine Entfremdung und verweist auf keinerlei Emanzipationsprozess) und tritt in Gegensatz zu einer »realen« Gesellschaft. Wird die demokratische Fiktion dagegen als ein positives Werk angesehen, das eine (auf der Ähnlichkeit und nicht mehr auf der hierarchischen Organisation der Unterschiede gegründete) neue Form sozialer Integration möglich macht und zugleich präfiguriert, wird die Konstruktion qua Repräsentation einer abstrakten Nation zu einer Voraussetzung für die gesellschaftliche Emanzipation.

28 Die Fakten und ihre Interpretation verschränken sich permanent, wodurch das Problem der Repräsentation ein Mehr an Tiefe bekommt und sie ins Zentrum der

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Schwierigkeiten gerückt wird, auf die man bei der Errichtung der modernen Demokratie stößt. Offenkundig wird das, sobald man eine vergleichende Perspektive einnimmt. Im Gegensatz zum französischen Fall wurden die Fortschritte der Demokratieentwicklung in England an ein Klassenkonzept geknüpft. Hier stützte sich die Ausdehnung des allgemeinen Wahlrechts im 19. Jahrhundert auf eine »überkommene« Sicht auf das Soziale. Das zeigt sich besonders am Beispiel der Reform Bill von 1867, eben jener, mit der die entscheidende Wende durch die Verdopplung der Anzahl der Wähler bewirkt wurde.59 Als 1866 den ersten Reformentwurf verteidigt, betont er bezeichnender Weise diesen Ansatz, um die konservativen Stimmen zu gewinnen. »Der Entwurf«, so erklärt er, »leitet sicht nicht von so etwas ab, was man eine arithmetische Theorie der Repräsentation nennen könnte. Sie ergibt sich logisch aus einer Klassentheorie, jener, von der wir alle wissen, dass sie die konservative Sicht der Constitution wiedergibt.«60 Die Gegner der Reform lehnten nämlich jeglichen individuellen Begriff politischer Rechte ab, einzig Gruppen, Territorien oder organisierte Interessen kamen ihrer Auffassung nach in Frage, vertreten zu werden. Während die Liberalen das Wahlrecht auf das Bildungsniveau und die Fähigkeit zu rationalem und aufgeklärtem Verhalten gründeten, fassten die Konservativen die Repräsentation immer noch nach den veralteten Konzepten von Stand und Körperschaft. Um seine Ideen voranzubringen, führt Mill also die Anomalie an, dass eine ganze Gruppe, die der working classes, keine Stimme habe, um sich im Parlament Gehör zu verschaffen: »Wir fordern, dass sie als Klasse repräsentiert werden, wenn sie schon nicht als menschliche Wesen repräsentiert werden können«, argumentierte er.61 Als die Konservativen im Jahr darauf nach dem Scheitern des Whig- Kabinetts die Initiative ergreifen, machen sie sich übrigens diese Thematik völlig zu eigen. Sie misstrauen zwar den Anmaßungen der Vernunft, die sie a priori revolutionärer Neigungen verdächtigen, vertrauen jedoch den Gewohnheiten und Interessen, die sie für stabiler und weniger gewagt halten.62 Es ist auffallend, dass Frankreich und England innerhalb von nur wenigen Jahren zwei zueinander gegensätzliche Philosophien der Repräsentation aufweisen. Während die französischen Republikaner von 1864 sich entschieden den Arbeiterkandidaturen entgegenstemmen, dient jenseits des Ärmelkanals gerade die Anerkennung der Legitimität einer Klassenvertretung zur Begründung der Wahlreform.

29 In seinem berühmten Essay The English Constitution, der just im Jahr 1867 veröffentlicht wird, greift nun Walter Bagehot die Thematik auf. An der Stelle, wo er über die politische Interessenartikulation spricht, macht er folgende Bemerkung: »Diese Lehre war bei unseren Vorfahren wohlbekannt. Sie strebten danach, den verschiedenen Wahlversammlungen oder doch vielen derselben einen bestimmten Charakter zu geben. Sie wünschten, daß jeder Handelszweig, die Seegeschäfte, das Wollgeschäft, der Leinenhandel seinen eigenen Fürsprecher haben sollte; damit das Parlament, das keiner Abtheilung angehört, die Gedanken jeder Abtheilung wissen könnte, ehe es zur nationale Entscheidung käme. Dies ist der wahre Grund, weshalb man den arbeitenden Klassen ein Theil an der Repräsentation gewähren sollte«.63 Bagehot betont auch nachdrücklich, dass diese Philosophie der Repräsentation auf eine ursprünglich vorherrschende Auffassung des House of Commons als eines Petitionsorgans verweise, das im Wesentlichen eine »Funktion des Ausdruckgebens« gehabt habe.64 Die soziale Dimension der Repräsentation erscheint in diesem Fall also einer vordemokratischen Sicht des Parlaments eingeschrieben, in der die Problematik der Wahl von jener der Staatsbürgerschaft abgelöst ist. Die Repräsentation nach Klassen scheint damit zugleich

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als diesseits wie jenseits des demokratischen Universalismus zu liegen. Diesseits, weil sie sich an eine restriktive Auffassung der parlamentarischen Macht anlehnt, zugleich aber für eine geteilte und hierarchisch strukturierte Gesellschaft Partei ergreift; in gewisser Hinsicht aber auch jenseits, weil sie sich als Antwort auf die Beschränkungen des demokratischen Formalismus verstehen lässt.

30 Man übersieht nun alles, was die Geschichte der Demokratie auf den beiden Seiten des Ärmelkanals im 19. Jahrhundert trennt. Als aufmerksamer Beobachter bemerkt Pierre Leroux, dass »die echte Nachahmung der englischen Verfassung für Frankreich darin bestanden hätte, der Vertretung (représentation) der Bourgeoisie eine spezielle Vertretung (représentation) des Proletariats als Gegengewicht beizugeben«.65 Allerdings um sogleich festzustellen, dass sie ein Ding der Unmöglichkeit wäre. »Diese Politik«, bemerkt er, »sollten weder unsere Freunde noch unsere Gegner verstehen. Für die Revolutionäre war sie zu brav und zu gemäßigt; für die Konservativen allzu revolutionär«.66 Pierre Leroux wird hier nicht nur als Bewunderer Jean Reynauds zitiert, der als erster den Gedanken einer separaten Arbeiterrepräsentation formuliert hat, sondern auch als besonders hellsichtiger Analytiker der Widersprüche, mit denen sich die politische Kultur Frankreichs im 19. Jahrhundert herumschlug. In den inspirierten Seiten seines Discours aux politiques hat er gut gezeigt, wie Frankreich »seit einem halben Jahrhundert schon zwischen der Nachahmung der früheren französischen Regierung und der Nachahmung der englischen Regierung« schwankte.67 Auf der einen Seite Rousseau und die Schwärmerei für die eine und alleinige Macht, die absolute Souveränität, auf der anderen Seite Montesquieu und die nostalgische Verklärung einer organischen Gesellschaft, in der die Pluralität der Mächte und Gegenmächte in der gesellschaftlichen Ordnung selbst verankert ist. Während der Pragmatismus Disraelis und der Torys England erlaubt, ohne größere Reibereien seinen eigenen Weg in die moderne Demokratie zu finden, erscheint der französische Weg ungemein holpriger. Die Debatte über die Repräsentation ist hier durch das Nachwirken der revolutionären Ereignisse permanent überdeterminiert. Der Grund für die Schwierigkeit der Republikaner, eine universalistische Sicht mit der Anerkennung des gesellschaftlichen Pluralismus zu versöhnen, findet sich in den Aporien der revolutionären politischen Kultur, ihr Argwohn und ihre Reserviertheit werden auch durch all die Uneindeutigkeiten genährt, die mit den Forderung nach gesellschaftlicher Repräsentation im 19. Jahrhundert einhergehen.

31 Die Unentschiedenheit zwischen dem Alten und dem Neuen an der Idee gesellschaftlicher Repräsentation zeigt sich im institutionellen Feld. Sie verweist jedoch zugleich exakt auf den Sinn der Forderung nach Repräsentation. Zielt diese darauf ab, einem speziellen Teil der Nation eigene Ausdrucksmöglichkeiten zu verschaffen oder besteht das Ziel in der Wiedereingliederung einer ausgegrenzten Bevölkerungsgruppe in eben diese Nation? Will man dabei die gewöhnliche Lage des Arbeiters oder die Ausgrenzung des Proletariers in Rechnung stellen? Die beiden Problematiken überlappen sich nicht. Im ersten der beiden Fälle stellt die Klassenrepräsentation eine Modalität des normalen Funktionierens der Institutionen dar, während sie im zweiten als eine Art Wiedereingliederungstechnik, eine situationsbedingte und damit im Wesentlichen zeitlich befristete, für Ausgleich sorgende Notwendigkeit angesehen werden kann. Die beiden Herangehensweisen lassen sich nie eindeutig voneinander trennen oder in ihrer spezifischen Besonderheit wirklich identifizieren. Dennoch entsprechen ihnen zwei historische Formen des Sozialismus. Die Sozialdemokratie beruht auf dem Grundsatz der separaten Vertretung

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(représentation) von Klasseninteressen, die als stabil und in ihrer Verschiedenartigkeit als gleichermaßen legitim angesehen werden. Auf der anderen Seite behauptet sich ein radikalerer Sozialismus – historisch gesehen ist das der Kommunismus –, der auf dem Versuch der Verwirklichung eines neuen Universalismus basiert. Die Negativität des Proletariats ist in diesem Fall die Voraussetzung für das Aufkommen einer echten klassenlosen Gesellschaft. Die gesellschaftliche Separierung und die Differenzierung der Interessen stellen dann nur einen historischen Moment des revolutionären Kampfes dar. Das französische Problem besteht darin, dass die Arbeiterbewegung diese beiden Wege im 19. Jahrhundert abgelehnt hat. Sie wollte die Legitimität der gesellschaftlichen Separierung und die Verbundenheit zum universalistischen Horizont gemeinsam stark machen, weshalb sie ins Oszillieren zwischen den beiden Polen des Proudhonismus und des Republikanismus geriet, ohne jedoch die politische Formel für den gesellschaftlichen Pluralismus finden zu können.

32 Wie ließen sich in dieser französischen Sichtweise die Fakten und die Prinzipien miteinander versöhnen? Darin besteht die Kernfrage, die die Gestalt einer Spannung zwischen dem Sozialen und dem Politischen annimmt, wobei jede der beiden Sphären die einen oder die anderen in sich zu fassen scheint. Die Distanz zwischen der Realität und ihrer Repräsentation findet hier also ihren radikalst-schizophrenen Ausdruck. In diesem Kontext existieren nur zwei Möglichkeiten, den Umgang mit den realen Unterschieden zu denken: der demokratische Elitismus einerseits, das Arrangement andererseits.

33 Im individuellen Aufstieg kann die egalitäre Verheißung Gestalt annehmen. Sie bewirkt eine Art Gestaltwandel der sozialen Unterschiede. Das Soziale muss hierfür jedoch singularisiert werden und darf nicht mehr in der Klassengestalt begriffen werden. Man will, dass der Arbeiter in seinem eigenen Namen spricht und sich nur als Individuum vorstellt. Unter dieser Voraussetzung kann er seinen Platz in der Gesellschaft uneingeschränkt finden. »Auf dem Schlachtfeld der Wahl, mit den umfangreichen Proportionen, die ihm das allgemeine Wahlrecht verschafft hat«, schreibt La Presse in diesem Sinne, »besteht keine größere Veranlassung mehr dafür, dass der einfache Arbeiter nicht Abgeordneter, als dafür, dass der einfache Soldat nicht Marschall von Frankreich wird. Ja, es ist gut, es ist gerecht, dass wer auch immer sich unterscheidet und sich erhebt, auch unterschieden und gehoben wird. Nur unter dieser Voraussetzung wird die wahrhafte und einzig dauerhafte Ordnung begründet; nur unter dieser Bedingung werden die Massen schließlich gegenüber den Institutionen ihres Landes den gleichen patriotischen Stolz und die gleiche heroische Ergebenheit empfinden, wie sie es auch für seine Flagge tun.«68 Je ausgeprägter als die Verleugnung des Sozialen, desto stärker die Bekräftigung eines solchen demokratischen Elitismus. Seine Aufgabe besteht darin, durch eine Sublimierung auf individueller Ebene die sozialen Spaltungen zu exorzieren. Daraus erklärt sich auch der für Frankreich typische Kult der Schule. Über das volksaufklärerische Bemühen, die Zahl und die Vernunft zu vereinigen, hinaus, erlaubt es die Schule, dem Grundsatz der Gleichheit über die Bildung einer neuartigen Kategorie, jener der Eliten, sinnlich wahrnehmbare Gestalt zu geben. Über deren Erscheinen gelingt ihr eine Art imaginäre Transsubstantation des Sozialen und sie erlaubt, dass – zwangsläufig begrenzt auf ihr Feld, aber exemplarisch hinsichtlich der Modalitäten – Prinzipien und Wirklichkeit in eins fallen. Damit erklärt sich die Bedeutung dieser Unterscheidung von Arbeiterkandidaturen und Kandidaturen von Arbeitern. »Diese Unterscheidung, die auf den ersten Blick etwas haarspalterisch erscheinen mag«, schreibt L’Opinion nationale,

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»entbehrt keineswegs jeglicher Grundlage. Man kann nämlich nicht mehr einfach, ohne ein Gesetz, das die gesetzlich garantierte Gleichheit aller Staatsbürger verböte, Abgeordnete der Arbeiterklasse oder des Bürgertums ins Parlament schicken, so wie es früher in den Generalständen Vertreter (représentants) des Adels, der Klerus und des dritten Standes gab.«69

34 Man kann vielleicht auf der Ebene der Prinzipien nicht nachgeben, allerdings lässt sich alles situationsangemessen arrangieren. Die Republikaner laden demnach die Sechzig zu einer Art institutioneller Bricolage ein. »Wir finden es sehr natürlich, dass die Arbeiter einen der Ihren delegieren möchten, wenn sie der Auffassung sind, dass ihre Interessen in der Kammer nicht genügend repräsentiert sind«, räumt Le Temps in konzilianter Weise ein.70 Zwar wird der Grundsatz der Klassenvertretung entschieden gebrandmarkt, doch können die Arbeiterkandidaturen ihren Platz im normalen Spiel der Politik finden. »Es kann passieren«, schreibt die Revue des Deux Mondes, »dass bei einer Wahl der Einfluss kollektiver, damit aber partikularer Interessen spürbar wird, sei es durch die Art und Weise, in der sich die Stimmen gruppieren, sei es durch die Auswahl eines Kandidaten, der sich aufgrund einer speziellen Fähigkeit empfiehlt […]. Wenn auf der Tagesordnung entweder eine Steuer auf ein Massenprodukt oder die Regulierung der Arbeitszeiten in den Werkstätten steht, dann ist es auch vollkommen natürlich, dass sich die Arbeiter untereinander abstimmen, um sich von einem der Ihren vertreten zu lassen.«71 Doch in diesem Fall, warnt das liberale Blatt, »reduzieren sich die von den Arbeitern geforderten Kandidaturen, wie alle anderen, nur auf ein zeitliches oder örtliches Arrangement.«72 Tolain und die Sechzig waren sehr vorsichtig bei der Wahl ihrer Formulierungen. Ihre Idee ist durchaus die einer Klassenrepräsentation, sie drücken sie aber in Begrifflichkeiten aus, die genügend vage bleiben, um nicht den Konflikt mit den republikanischen Doktrinären heraufzubeschwören. Die Vorsichtsmaßregeln, die Tolain in seinem persönlichen Wahlmanifest trifft, sind diesbezüglich aufschlussreich. »Im Grundsatz», schreibt er, »weisen wir jede Klassenunterscheidung zurück, allerorten sehen wir nur Staatsbürger mit gleichen Rechten, gleichen Pflichten. In dieser Beziehung empfinden wir genau so wie Ihr; nicht Ihr seid es, Ihr intelligenten Söhne der Republik, die Ihr darüber nachdenkt, die Korporationen im Namen eines Einzelinteresses wieder aufleben zu lassen, das in Euren wie in unseren Augen in der großen staatsbürgerlichen Gleichheit aufgeht, die Ihr zusammen mit uns verfolgt und die wir in Bälde erringen werden.«73 Er geht sogar soweit zu schreiben, dass die »Arbeiterkandidatur kein Grundsatz« sei.74 Er hatte nicht einmal gezögert, vom allgemeinen Wahlrecht als der »souveränen Säure, die die alten Parteiungen auflöst«75, zu sprechen und damit eine Formulierung zu gebrauchen, die die Republikaner mit Genugtuung aufnahmen.

35 Die Republikaner beabsichtigten im Grunde, mittels der Flexibilität der Praxis das zu lösen, was die Starrheit der Theorie ihnen zu denken untersagte. Man erwartet die Lösung des Gesellschaftsproblems in der Politik mittels einer Kultur des Arrangements und des Aushandelns. Sie haben ein Verständnis des Problems des politischen Universalismus, die man kulturell nennen könnte. Nicht durch die Anpassung der Prinzipien, sondern durch eine Änderung des praktischen Umgangs will man auf die Forderung der Arbeiter antworten. Die Republikaner des 19. Jahrhunderts benehmen sich gegenüber den Arbeitern wie die Aristokraten des 18. Jahrhunderts gegenüber den Frauen: die Gleichheit ist für sie eine Sache des praktischen Umgangs und nicht der Institutionen.

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NOTES

1. Reynaud (1832a). Vgl. auch vom selben Autor (1832b), wo er die Überlegungen des vorausgegangenen Artikels fortführt. Zur Figur Jean Reynauds, der einen bedeutenden Platz in der intellektuellen Geschichte des französischen Sozialismus einnimmt, vgl. Griffiths (1965). 2. Pierre Leroux sorgte maßgeblich für den Widerhall, den dieser Artikel fand, den er auch als einen der Gründungstexte der französischen Arbeiterbewegung ansah. Er gibt lange Auszüge davon in seinem Buch De la ploutocratie ou du gouvernement des riches (Leroux [1848)) wieder und druckt ihn sogar vollständig in einem Anhang zur endgültigen Auflage der Trois discours sur la situation actuelle de la société et de l’esprit humain ab (Leroux [1850a], S. 346–364). 3. Journal des ouvriers, 11, 28. Oktober 1830. 4. Diesbezüglich sei beispielhaft auf den Artikel »De l’égalité représentative« verwiesen, den Anselme Petétin am 10. April 1843 in der Revue indépendante veröffentlicht hat. Der ehemalige

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Redakteur des Précurseur Petétin verkörpert das Denken und Fühlen der Arbeiterschaft in den 1830er Jahren. 5. Abgedruckt in Delvau (1867–1868). Vgl. für Paris auch die am 1. April 1848 von der Generalversammlung der Delegierten der Arbeiter (die Assemblée du Luxembourg mit Albert und Louis Blanc als Vorsitzenden) verabschiedete Wahlordnung, in der gefordert wird, dass unter den 34 Abgeordneten des Departements Seine zwanzig Arbeiter sein müssen (B.N. Le 64 - 853). In einer Bekanntmachung vom 7. März hatten Albert und Louis Blanc gefordert, dass die Nationalversammlung zu einem »lebendigen Querschnitt durch die ganze Gesellschaft« werden solle (La Réforme, 6. März 1848). 6. Vgl. Rude (1949). In der Sammlung De Vinck (B.N., cabinet des Estampes) finden sich mehrere Plakate vom Frühjahr 1848 mit ähnlich lautenden Forderungen. In Montmorency fordert der städtische Wahlausschuss, dass »jede Gesellschaftsklasse zu gleichen Teilen vertreten sein solle, so dass es beispielsweise hundert Arbeiter, hundert Kaufleute, hundert Literaten usw. gebe« (nr. 14011). In L’Éducation sentimentale findet diese Bewegung ein Echo in dem, was Deslauriers über die Arbeiter sagt, »sie forderten sogar eigene Abgeordnete, die nur für sie gesprochen hätten« (Flaubert [2000 [1869], S. 496 ). 7. Vgl. L’Atelier vom 12. März 1848, wo gefordert wird, die elf Mitglieder der provisorischen Regierung, die fünf wichtigsten Anführer der sozialistischen oder philosophischen Schulen sowie 18 Arbeiter für die Abgeordnetenkammer von Paris aufzustellen. Es sei daran erinnert, dass L’Atelier in seinem Untertitel stolz betont, dass es ein »ausschließlich von Arbeitern redigiertes Spezialorgan der Arbeiterschaft« sei. 8. Vgl. den höchst anregenden Artikel von Tournier (1975). 9. Alfred Darimon, Jules Favre, Émile Ollivier, Ernest Picard und Hénon sind diejenigen, die die öffentliche Meinung »die Fünf« nennt. Vgl. zu dieser zu den »Männern von 1848« auf Distanz gehenden, gemäßigten republikanischen Opposition die von Darimon publizierten vier Bände Souvenirs. 10. Sämtliche Unterlagen dieser Debatte finden sich im Untersuchungsbericht der von den Behörden angestrengten Prozesse gegen die dreizehn Republikaner, die die Wahlausschüsse organisiert hatten. Vgl. Le Procès des treize en première instance, Paris(1864); Le Procès des treize en appel, Paris (1864); Le Procès des treize en cassation. Question des comités électoraux, Paris (1865). 11. Coutant, Drucker, Adresse aux électeurs de la 5e circonscription de la Seine (B.N., Le 77 -1203 A). 12. Seine Unterstützung entspricht eher einem beiden gemeinsamen Anliegen, nämlich der »sozialen Frage«, denn einer Anerkennung der Arbeiterkandidatur aus grundsätzlichen politischen Erwägungen heraus. Vgl. hierzu die Hinweise von Tchernoff (1906) und Thomas (1907). 13. Brief vom 22. Februar an seinen Freund Chaudey (Proudhon [1911], S. 71). 14. Das wichtigste Material für eine solche Geschichte findet sich im Fonds Proudhon der städtischen Bibliothek von Besançon. Vgl. insbesondere die zahlreichen Briefe von Arbeitern an Proudhon, in denen von ihrer Enttäuschung angesichts des geringen Interesses von Männern der Opposition wie Darimon für ihre Probleme die Rede ist (z. B. ein langer, kollektiv verfasster Brief von Arbeitern aus Rouen vom 4. Oktober 1862, B.M. Besançon, ms. 2942, ffos 153–155). Die praktische Entstehung des Manifeste lässt sich aus einem vom 3. Januar 1864 datierenden Brief Jean-Baptiste Petits an Tolain ersehen (B.M. Besançon, ms. 2981, ffos 106–111). Nachdem Petit darin seine Zustimmung zu der 1863 von Tolain veröffentlichten Broschüre zum Ausdruck gebracht hat, schlägt er diesem vor, ein Manifest für die Kandidaturen von Arbeitern zu verfassen und die Presse um dessen Abdruck zu bitten. Das Vorhandensein dieses außerordentlich bedeutsamen Briefes im Nachlass Proudhons legt die Vermutung nahe, dass er ihm von Tolain anvertraut wurde, was die zentrale intellektuelle und politische Bedeutung des Sozialisten aus Besançon für die Arbeitermilieus belegt.

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15. Vgl. die von Maritch (1930) gegebenen Hinweise. Maritch unterstreicht den spontanen Charakter der Arbeiterkandidaturen in Lyon, zu denen es unabhängig von den Pariser Ereignissen kommt. Vgl. zu den Arbeiterkandidaturen in Marseille Bastelica (1869). 16. Im Salut public vom 28. Mai 1863 inserierter Brief. 17. Bericht der politischen Polizei vom 27. Februar 1864, zit. nach Maritch (1930), S. 87. 18. Proudhon (1873), S. 191. Es sei hier daran erinnert, dass dieses kurz nach dem Tod Proudhons veröffentlichte Werk, das sein politisches Vermächtnis darstellt, eine Art langen Kommentar zum Manifest der Sechzig darstellt (dieses Manifest ist im Übrigen als Anhang der von Maxime Leroy edierten kritischen Ausgabe von Proudhons Werk beigegeben (Proudhon 1924); es ist zugleich die am besten zugängliche Edition). Édouard Berth, einer der großen Vordenker des revolutionären Syndikalismus, sagte einmal: »Die Arbeiterklasse sieht sich keinesfalls als das Teil eines Ganzen; sie versteht sich als ein Ganzes für sich allein« (Mouvement socialiste, Mai 1907, S. 491). 19. Zit. nach Rancière (1981), S. 195-196. 20. Chartier, Delegierter der Werktätigen von Nîmes, Séances du Congrès ouvrier socialiste de France, Troisième session tenue à Marseille du 20 au 31 octobre 1879, Marseille, 1879, S. 596. Chartier greift damit, ohne ihn zu zitieren, Äußerungen Proudhons aus De la capacité politique des classes ouvrières auf. »Dieses Wort Separation, mein Freund und Leser«, bemerkt Proudhon, »möge für euch kein alarmierendes Thema, ebenso wenig einen Vorwand für Verleumdung darstellen. […] Die Separation, zu der ich rate, ist die Vorbedingung des Lebens selbst« (Proudhon [1873], S. 237). 21. »Solange wir uns nicht als Klasse behaupten«, schreibt beispielsweise der Arbeiter Daniel, »werden wir nicht organisiert sein. Wir bleiben verkannt. Wenn wir uns hingegen separieren, dann heißt das, im Leben anzukommen, das heißt, dass wir uns abgrenzen, das heißt Sein« (Le Prolétaire, 28. Dezember 1878, S. 2). 22. »Ich hoffe, dass wir gegen die liberalen Republikanern aller Schattierungen in den Wahlkampf eintreten, um die Abspaltung des Volkes von der Bourgeoisie zu bekräftigen«, schreibt er 1869 vor den Parlamentswahlen (zit. nach Zevaès 1933, S. 144). 23. Vgl. insbesondere die in bissigem Ton verfasste Broschüre Coutants (1869), in der er sich ereifert: »In unseren Zeiten gibt es unter den Demokraten Leute, die die Arbeiter noch wie Neger behandeln«. Vgl. auch den »Brief an die Abgeordneten der liberalen Opposition«, ein von Proudhon inspiriertes Manifest (in dem man auf die Unterzeichner des Manifests des Sechzig stößt), das am 5. April 1869 in Le Siècle veröffentlicht wurde. L’Opinion nationale vom 10. April 1869 wird eine heftige Entgegnung auf diesen Brief veröffentlichen, der die Zusammenstöße von 1864 wieder aufleben lässt. 24. Wortmeldung von Ernest Roche, Delegierter der Gewerkschaftskammer von Bordeaux, Séances du congrès ouvrier socialiste de France, Troisième session tenue à Marseille du 20 au 31 octobre 1879, Marseille, 1879, S. 588. 25. Was im Übrigen zugleich den Sinn des Wahlvorgangs ändert. Die Wahl ist in diesem Fall nämlich kein Wettkampf mehr. Es wäre im Extremfall auch mit einer Verlosung getan. 26. Ansprache Jean-Jacques Blancs an die Wähler, zit. nach Le Temps vom 26. Mai 1863. 27. Bericht des Präfekten der Aude, zit. nach Vigier (1973), S. 279. Die Präfekten der Basses-Alpes und der Bouches-du-Rhone stellen ähnliche Beobachtungen an. In seinem Compte rendu au Roi sur les élections municipales de 1843, kommt Thiers (1836) auf »die eifersüchtige Haltung« zu sprechen, »die 1831 die vermögenden und gebildeten Bürger von den Gemeinderäten entfernt hatten«. Auf diesen Punkt weist Guionnet in ihrer Dissertation (1997) hin, auf die wir uns für die unten folgenden Zitate stützen. 28. Vgl. hierzu die aufschlussreichen Ausführungen von Thabault (1945). Vgl. ebenso Rohr (1963). 29. Der im April 1848 in Grenoble zusammengetretene »Zentralausschuss der Werktätigen« distanziert sich von den Vorschlägen des republikanischen Wahlausschusses und macht den

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Vorschlag, eine Liste aufzustellen, auf der »wirklich sämtliche Interessen repräsentiert« und vier Arbeiter als »unauffällige Männer« vertreten sind. Zitiert nach Rude (1949). 30. De Girardin (1851a). Ein Teil dieser Broschüre wurde in mehreren Lieferungen in Le Bien-être universel veröffentlicht. 31. De Girardin (1851b), S. 6. 32. De Girardin (1851a); S. 8-10. 33. De Girardin (1851a); S. 19. 34. Der Vorwurf richtet sich häufig auch an die sozialistischen Theoretiker. »Was die sozialistischen Schreiber auf der Stelle lassen sollten, ist der Ton und das überhebliche Gebaren […] in ihren Schriften, Reden und Taten«, La Mutualité, 6, 15. April 1866, S. 93, Artikel von Charles Limousin. 35. »Das Monopol (der freien Berufe) auf das Vermögen, sich auszudrücken, ist in Auflösung begriffen, denn Tag für Tag nimmt die Zahl der Arbeiter zu, die mit Worten und Feder umgehen und damit ihre Sache selbst in die Hand nehmen können (La Mutualité, 6, 15. April 1866, S. 94). Théodore Six (1864), S. 4, schreibt seinerseits, dass » die Arbeiterklasse seit 1848 viel studiert und viel beim Studium der sozialen Fragen gelernt hat, weshalb sie etwas Besseres verdient hat, als nur in die Arkana des Forums verdrängt zu werden. Proudhon (1873), S. 87, bemerkt ebenso: »Es gibt innerhalb der Arbeiterdemokratie eine große Zahl gebildeter Personen, die mit der Feder umzugehen und ebenso gewandt zu reden wissen, die ihre Sache verstehen, und zwar zwanzig Mal fähiger und vor allem auch würdiger sind, sie zu repräsentieren, als die Anwälte, Journalisten, Schriftsteller, Pedanten, Intriganten und Scharlatane, denen sie ihre Stimmen anvertraut, und sie weist sie zurück! Sie will sie nicht als Mandatsträger!« 36. Constantin Pecqueur (1841), S. 332, verwendet den Ausdruck. »Es gibt nichts gefährlicheres als einen redegewandten Proletarier«, sagte schon Charles Béranger (1831), S. 11, ein Anhänger Saint-Simons. 37. de Girardin (1851a), S. 10. 38. Terson (1839), S. 15. 39. »Ich habe mich gehäutet. Die Bürger und Doktoren haben sich von mir zurückgezogen; wir sind Proletarier«: Chevalier (1832), S. 2. 40. Tolain (1863), S. 33. 41. Tolain (1863), S. 33-34. Und er fährt fort: »Als Klienten neuer Art fordert man uns bereits auf, unsere Notizen zu sammeln, unsere Akten anzulegen, um sie unseren Vertretern auszuhändigen. Sie sortieren unsere Ideen aus, trennen die Spreu vom Weizen; sie entscheiden in ihrer überaus großen Weisheit über das, was vernünftig und was übertrieben ist. Es scheint nur so, dass diese Fragen, die jeder gebildete und liberal denkende Mensch ebenso gut behandeln kann wie wir, noch keineswegs vollkommen geklärt sind, da man die Ermittlung fordert und uns nahelegt, hierfür die Materialien zu liefern. Ist das nicht der offenkundige Beleg dafür, dass unser Verhalten politisch, opportun gewesen ist? Wir haben den Finger in die Wunde gelegt.« Tolain (1863), S. 33 f. 42. S. zu diesem Punkt von größter Wichtigkeit die Dissertation von Fougère (1905) und ebenso die Zusammenstellung von Tartaret (1868-1869), die äußerst wertvolle Dokumente zu den Arbeiterdelegationen von 1851 bis 1867 versammelt. Vgl. auch Les Délégations ouvrières à l’exposition universelle de Londres en 1862, Paris 1862, in der Reihe der »Brochures ouvrières«. 43. A. Coquard, Buchbinder, »Les délégués en 1851 et 1861«, in : Tartaret (1868–1869), Bd. 2, S. 33. 44. Zit. nach H. Fougère (1905), S. 208. Es sei erwähnt, dass L’Opinion nationale das Prinzip der Wahl von Arbeiterdelegierten für die Londoner Ausstellung folgendermaßen begründete: »Es gibt Dinge, die sich nur von einem Arbeiter richtig ermessen lassen« (4. Februar 1862). 45. Vgl. zu dem Bewusstsein, das die hohen Notabeln von diesem Anrecht hatten, die Ausführungen von Tudesq (1964), v.a. im ersten Band.

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46. Coutant, Adresse aux électeurs de la 5e circonscription de la Seine, (s. oben, Fn. 11), Plakat für die Parlamentswahlen von 1863. 47. Verglichen mit dem Argumenten zugunsten der Arbeiterkandidaturen müsste man um der Vollständigkeit willen die von den Republikanern an die in die Politik einsteigenden Arbeiter gerichtete Kritik in Erinnerung rufen, der zufolge die Arbeiter gesichtslos, unfähig und unwissend sind. Rochefort spottete beispielweise über die »Kandidaten ohne Orthographiekenntnisse«. S. den gut mit Belegen versehenen Artikel von Offerlé (1984). 48. Sitzung vom 6. September 1866 (Kongress der IAA in Genf), in: Freymond (1963), Bd. 1, S. 55. Der Vorschlag Tolains wird letztlich abgelehnt. 49. Brief Marx’ an Engels vom 4. November 1864, in: Marx/Engels (1965), S. 10. 50. »Damit hat der Bürger Marx zu erkennen gegeben, dass die Arbeiterkongresse sich allein aus Handarbeitern zusammensetzen sollten«, sagt Tolain beim Genfer Kongress 1866 (Freymond [1963]), S. 36). Es sei angemerkt, dass Marx durch dieses Problem in Verlegenheit geriet. Seiner Korrespondenz zufolge bedauerte er zwar, dass die Arbeiterkandidaturen in Paris zu keinem Ergebnis geführt hätten (vgl. seine Briefe vom 4. Oktober und vom 29. November 1864), gegenüber der Position Tolains zeigte er sich jedoch reserviert. An Engels schreibt er, »Die Arbeiter scheinen sich darauf zu spitzen jeden literary man etc. auszuschließen, was doch Unsinn ist, da sie derselben in der Presse bedürfen, aber verzeihlich ist bei dem fortgesetzten Verrat der literary men« (Brief vom 25. Februar 1865, in: Marx/Engels [1965], S. 85). 51. Es findet sich ebenfalls keine einzige Bezugnahme auf die Arbeiterkandidaturen aus einer weiteren Feder, derjenigen von Albiot (1896). 52. Vgl. zum Verhältnis der Arbeiterschaft zum Kaiserreich die bekannten »brochures ouvrières« vom Anfang der Sechziger Jahre des 19. Jahrhunderts, in denen sich zahlreiche Texte aus der Feder derer finden, die 1862 als Abgesandte an der Weltausstellung von London teilnehmen und 1864 das Manifest der Sechzig mitunterzeichnen (s. insbesondere Le Peuple, l’empereur et les anciens partis, Paris 1861). Zahlreiche interessante Hinweise finden sich auch in der Dissertation von Coste (1968). 53. Zit. nach Guiral (1955), S. 360. 54. Clamageran (1906), S. 273. Ernest Duvergier de Hauranne (1869, S. 24) wiederum schreibt : »Wer sonst, wenn nicht die Regierung, zettelt denn das mit den Arbeiterkandidaturen an, denen der gesunde Menschenverstand der Einwohner unserer Städte bis zum heutigen Tag hat Gerechtigkeit widerfahren lassen?« 55. Le Temps vom 18. Februar 1864 (in Form einer dem Abdruck des Manifest der Sechzig voranstehenden Kopfnote publizierter Artikel). 56. Revue des Deux Mondes, 1. März 1864, S. 237. 57. Le Siècle vom 29. Februar 1864. Es ist von achtzig Arbeitern unterzeichnet (von denen kein einziger eine besondere Rolle innerhalb der Organisationen der Arbeiterschaft spielt, ob das nun das mutualistische oder das genossenschaftliche Universum ist) und stellt das genaue Gegenteil des Proudhon’schen Denkens dar. In einem (auf den 8. März datierten) Brief an die Arbeiter, seiner ersten Reaktion auf das Manifest der Sechzig, schreibt Proudhon unter Bezugnahme auf diese Angriffe: »Meinem Dafürhalten nach bezieht die Arbeiterkandidatur ihren Wert gerade aufgrund ihres Sondercharakters und als Manifestation einer Kaste oder Klasse – ich schrecke nicht vor der Nennung dieses Worts zurück. Ohne dies verlöre sie jegliche Bedeutung.« (im Anhang zu Proudhon [1870], S. 314). 58. Le National, 15. März 1848, S. 1. Just an dem Tag der ersten Wahlen nach dem allgemeinen Wahlrecht greift ein umfangreiches Editorial die Frage auf und klagt darüber, dass einige Listen versucht hätten, verschiedene Berufe repräsentierende Arbeiter aufzustellen. »Es scheint, dass man es sich zum Ziel gemacht hätte, einen Vertreter (représentant) aus jedem Gewerke in die Nationalversammlung zu bringen«, beunruhigt sich das republikanische Blatt. »Das zielt auf nichts weniger als auf ein Wiederauflebenlassen der Zünfte ab, die unsere Revolution doch

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abgeschafft hat. Darin besteht eine unselige Bestrebung, denn sie ist rückwärtsgewandt und konterrevolutionär« (Le National, 23. April 1848, S. 1). Umgekehrt werden die Verfechter der Arbeiterkandidaturen bis zum Ende des Jahrhunderts nicht müde zu fordern: »Warum haben wir keine Abgeordneten, die ernannt sind, nicht, obwohl sie Arbeiter sind, sondern vor allem weil sie Arbeiter sind« (Nicolas, in: Séances du Congrès ouvrier de France, Deuxième Session, Lyon 1878, S. 334; der Ausdruck findet sich beinahe wörtlich schon in Proudhons Lettre aux ouvriers). 59. Die Zahl der Wahlberechtigten steigt von 1.364.000 auf 2.445.000 und markiert damit zum ersten Mal den Eintritt eines Anteils der arbeitenden Klassen in die Politik. Vgl. Smith (1966) und Parkl (1920). 60. Rede vom 13. April 1866, in: Mill (1866), Sp. 1255. 61. Mill (1866), Sp. 1256. Es sei auch daran erinnert, dass der große Historiker Macaulay (1852) schrieb, dass »die parlamentarische Regierung nicht die Repräsentation der Zahl, sondern die Repräsentation der Klassen ist«. Vgl. für diese Rechtfertigung des Wahlrechts der Arbeiter durch die Klassentheorie die zahlreichen, in Gutsman (1967) gesammelten zeitgenössischen Texte (vgl. insbesondere diejenigen von Lord Houghton, Albert Venn Dicey und Lesley Stephen). 62. Vgl. hierzu die sehr erhellende Beweisführung von Himmelfarb (1966). Die englischen Konservativen spekulierten auf die respektvolle Haltung der Volksklassen gegenüber den Notabeln (vgl. hierzu Moore [1976] und Davis [1974]). Im Gegensatz dazu gründet John Stuart Mill (1977), Bd. 2, S. 326, seine Haltung auf »die melancholische Wahrheit«, dass die Gruppen eine Tendenz haben, »harmlose Mittelmäßigkeiten, die am besten ihre durchschnittliche Zusammensetzung repräsentieren«, zu wählen und »nicht die wahrhaft herausragenden Männer«. Die Frage steht im Zentrum sämtlicher englischer Debatten über das Ballot, d.h. die geheime Wahl. 63. Bagehot (1867), hier zit. nach der deutschen Übersetzung Bagehot (1868), S. 221 f. 64. S. in dieser Perspektive seine umfangreiche Rechtfertigung der Repräsentation der Arbeiter in Bagehot (1859). Bagehot stützt sich in diesem Text auf einen häufig zitierten Artikel von Sir James Mackintosh (1818) in der Edinburgh Review (Rezension des Buches von Bentham, Plan of Parliamentary Reform). »Um die Grundsätze der Zusammensetzung einer repräsentativen Versammlung völlig zu verstehen«, bemerkt Mackintosh, »muss man die Bevölkerung in Klassen einteilen und die Verschiedenheit der das Allgemeininteresse konstituierenden örtlichen und beruflichen Interessen genau untersuchen. Jede dieser Klassen muss von Personen repräsentiert werden, die über ihre Partikularinteressen wachen« (S. 175). 65. Leroux (1850c), S. 347 (Vorwort von 1850 zum Wiederabdruck der Broschüre Jean Reynauds). 66. Leroux (1850c), S. 347. 67. Leroux (1850b), S. 205. 68. La Presse, 25. Februar 1864. 69. L’Opinion nationale, 22. Februar 1864. 70. Clément Duvernois, »Une candidature d’ouvrier«, Le Temps, 20. Februar 1864. 71. Revue des Deux Mondes, 1. März 1864, S. 238. 72. Ebenda, S. 239. 73. Tolain (1864), S. 1. 74. Tolain (1864), S. 2. 75. Tolain, (1863), S. 36.

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INDEX

Mots-clés : Arbeitervertretung; Arbeiterkandidatur; Separation; republikanischer Universalismus

AUTEURS

PIERRE ROSANVALLON Pierre Rosanvallon (geb. 1948) ist Historiker. Nähere Informationen finden Sie hier.

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Sollten wir nicht mal über Politik reden?

Bruno Latour Traduction : Bettina Engels et Michael Adrian

NOTE DE L’ÉDITEUR

Wir danken Herrn Bruno Latour und der Zeitschrift Politix für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren. Nous remercions M. Bruno Latour et la revue Politix de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

1 Allenthalben ist von politischer Apathie die Rede. Wie aber, wenn sich die berühmte »Krise der Repräsentation« lediglich einem neuen Unverständnis verdankt, wie dieser Typ von Repräsentation genau beschaffen ist? So als würde man von der Politik seit einigen Jahren eine Zuverlässigkeit, Genauigkeit und Wahrheit verlangen, die sie beim besten Willen nicht zu bieten vermag. Als würde sich das Idiom der Politik in eine Fremdsprache verwandeln, die uns nach und nach jeder Ausdruckmöglichkeit beraubt. Könnte es also sein, dass wir die Politik verlernen? Handelt es sich vielleicht gar nicht um eine universelle Kompetenz des nach ihr benannten Lebewesens, sondern um eine Lebensform, die so fragil ist, dass wir ihr sukzessives Erscheinen und Verschwinden nachvollziehen können? Dies ist jedenfalls die Hypothese, die ich im vorliegenden Aufsatz durchspielen möchte.

2 Die Hypothese lässt sich ganz einfach so formulieren: Versucht man, die Politik durch etwas anderes als durch sich selbst zu erklären, dann hat man bereits ihre Eigenart aus dem Blick verloren und damit versäumt, ihre innere Dynamik zu erhalten; man hat sie dann zum alten Eisen geworfen. Um die kostbare Wirksamkeit der politischen Rede wiederzuerlangen, müssen wir uns von der Idee leiten lassen, dass es nach Margaret Thatchers kerniger Formulierung »die Gesellschaft nicht gibt« … Wenn es sie nicht gibt, muss sie gemacht werden. Wenn sie gemacht werden muss, muss man die hierfür nötigen Mittel bereitstellen. Politik ist eines dieser Mittel. Eine politische Soziologie,

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die darauf ausgerichtet ist, die Politik durch die Gesellschaft zu erklären, macht die Politik oberflächlich und austauschbar. Eine politische Soziologie hingegen, die darauf abzielt, die Existenz sozialer Aggregate aus dem Wirken der politischen Rede zu erklären, macht Letztere sogleich unersetzlich. Im ersten Fall würde man nicht viel verlieren, wenn man die Politik verlöre; im zweiten würde man jede Möglichkeit verlieren, sich neu zu gruppieren.

3 Die gegenwärtige Wiederentdeckung des Werks von Gabriel Tarde erlaubt uns, zwei völlig entgegengesetzte Arten von Soziologie deutlicher voneinander abzugrenzen. Soziologien des einen Typs halten die Frage nach der Konstitution der Gesellschaft für beantwortet, die des anderen Typs machen die störanfällige und vorläufige Konstruktion sozialer Aggregate zu ihrem Gegenstand. Die erste, von Emile Durkheim begründete Tradition bedient sich sozialer Erklärungen, um – eben auch politische – Verhaltensweisen bzw. Handlungen zu verstehen; die andere, von Tarde begründete Tradition verzichtet auf jede soziale Erklärung und lässt die Formen der Koordination stattdessen aus den praktischen Vermittlungen hervorgehen. Theorien des ersten Typs bezeichne ich als »Soziologien des Sozialen«, die des zweiten als »Soziologien der Assoziation« oder »der Übersetzung«.

4 Die Soziologien der Assoziation bzw. der Übersetzung haben allerdings nicht nur Vorteile. Denn sie sind mit einem Problem konfrontiert, das sich den Soziologien des Sozialen, die stets von der vorgängigen Existenz der Aggregate ausgehen, nicht stellt. Wie arrangieren sich die von der Forschung aufgezeigten heterogenen Vermittlungen so um, dass sie provisorische Kohärenzen erzeugen? Diese Frage, die Tarde ursprünglich an Durkheim stellte, ist umso komplexer geworden, als die Soziologen der Vermittlung bewusst auf jede vorgängige soziale Struktur zur Koordinierung der Interaktion verzichten.1 Die aussichtsreichste Lösung besteht meines Erachtens darin, in den Formen der Ausbreitung (déploiement) und des Rückzugs (repliement) der Vermittlungen den Ursprung jener Koordinationsweisen zu suchen, welche die Soziologien des Sozialen in den zugrundeliegenden bzw. vorgängigen Strukturen verorten. Das genau bezeichne ich als »Äußerungsregime«.2 Wie Antoine Hennion im Anschluss an Howie Becker gezeigt hat, gibt es beispielsweise für die Welten der Kunst ein sehr spezifisches ästhetisches Regime der Entfaltung (dépliement) von Vermittlungen.3 Ich selbst habe mich bemüht, in Wissenschaft, Technik, Recht und Religion einigen weiteren solcher Regime nachzuspüren.4 Jedes Mal erlaubt eine klar umrissene Form der Ansteckung, Verkettung, Verbindung, Vermittlung, Übertragung – auf das Wort kommt es nicht an –, den jeweiligen Typ von Assoziation zu erklären, den die Wendung vom »sozialen Zusammenhalt« oder »sozialen Band« im Dunkeln lässt.

5 Gemäß diesem Programm eines systematischen Vergleichs von Äußerungsregimen möchte ich hier die Frage aufgreifen, was eigentlich in Umlauf gebracht wird, wenn man mit jemandem politisch über etwas spricht. Welche Tonalität ist diesem Äußerungsregime zu Eigen? Durch welches Transportmittel wird die politische Form der Bindung befördert? Unter Politik verstehe ich dabei nicht die Gespräche, bei denen es unmittelbar und ausdrücklich um politische Themen geht, seien es die nächsten Parlamentswahlen, die Korruption der Abgeordneten oder Gesetze, die zu verabschieden wären. Ich habe auch nicht vor, diesen Ausdruck darauf zu beschränken, was die sogenannten Politiker und Politikerinnen so von sich geben, als hätten wir es mit einer eigenen Sphäre oder Domäne zu tun, die sich von denjenigen der Wirtschaft, der Gesellschaft, des Rechts usw. unterscheidet. Ebenso wenig möchte ich mit diesem

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Ausdruck die Menge an Zutaten bezeichnen, die die Institution der Politik oder des Politischen ausmachen, so wie man sie nach einem Gang durch die Flure der ›Sciences Po‹ bzw. der Institute für Politische Wissenschaften definieren könnte: Internationale Beziehungen, Verfassungsrecht, Machtverhältnisse usw.

6 Zweifellos ist Politik – nicht anders als Wissenschaft, Recht oder Religion – eine heterogene Institution. Alle diese Institutionen gehören wiederum zur Gesamtheit der Äußerungsregime. Doch ich möchte für einen Augenblick jede Definition von Institutionen, Themen, Gattungen und politischen Akteuren – die uns an einen gewissen Typ von Inhalt fesseln würde – beiseitelassen und mich stattdessen mit einem Sprechregime, einem bestimmten Typ von Beinhaltendem bzw. Behältnis befassen. Man kann Abgeordneter im Parlament sein und dort unpolitisch sprechen; umgekehrt kann man bei sich zu Hause, in einem Büro oder einer Firma sein und politisch über eine beliebige Angelegenheit sprechen, ohne dass irgendeines der dabei gebrauchten Wörter darauf hinwiese, dass diese Wörter auf die eine oder andere Weise zum Bereich des Politischen gehören.

7 Wenn es uns gelänge, dieses so charakteristische Äußerungsregime mit einiger Genauigkeit zu bestimmen, dann könnten wir anschließend die Momente, Orte, Themen und Personen identifizieren, die effektiv mit Politik zu tun haben, ohne uns im mindesten darum kümmern zu müssen, ob sie wirklich Teil dessen sind, was die Politikwissenschaft unter »Politik« versteht. Sollte es wirklich eine »Krise des Politischen« oder eine »soziale Spaltung« geben, wie so viele Stimmen behaupten, dann vielleicht mangels einer hinreichend genauen Unterscheidung zwischen diesem Äußerungsregime und jenem viel beschränkteren Bereich, von dem die Volksvertreter (élus) und ihre Wähler sprechen.

Stärken und Schwächen der politischen Rede

8 Die politische Äußerung ist immer enttäuschend; hier müssen wir ansetzen. Vor dem Hintergrund der Übermittlung genauer und unverzerrter Informationen über die soziale oder die natürliche Welt scheint sie stets an einem fürchterlichen Defizit zu leiden. Banalitäten, Klischees, Händeschütteln, Halbwahrheiten, halbe Lügen, »schöne Worte« und vor allem Wiederholungen, Wiederholungen bis zum Überdruss. Das ist der gewöhnliche, »plumpe«, alltägliche, »flaue«, tautologische Charakter dieser Form des Sprechens, der die Brillanten, die Rechtschaffenen, die Fixen, die Organisierten, die Aufgeweckten, die Gutinformierten, die Großen, die Entschlossenen schockiert. Jemanden oder etwas »politisch« zu nennen signalisiert zunächst jene grundlegende Enttäuschung, als könnte man nun nicht mehr auf geradlinige, vernünftige, rasche, effiziente Weise fortfahren, sondern wäre gezwungen, »einem ganzen Berg« »nicht rationaler Faktoren« »Rechnung zu tragen«, von denen man nicht wirklich versteht, was sie eigentlich sollen, die vielmehr eine dunkle, dumpfe, schwere, runde Masse bilden, die an den Füßen noch der Wohlmeinendsten kleben bleibt und sie zu bremsen scheint, jedenfalls behaupten sie das. Die Wendung »das ist Politik« besagt in erster Linie »das geht nicht recht voran«, »das geht nicht schnell voran«. Der unausgesprochene Subtext lautet dabei stets: »Wären wir nur von dieser Last befreit, dann würden wir unser Ziel auf direkterem Weg erreichen.«

9 Und warum gehören das Krumme, das Schwere und das Langsame so sehr zu dieser Form der Rede? Nun, weil sie durchgängig von anderen Formen, die sie nicht

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verstehen, bewertet wird. Es ist unmöglich, das Wort »Politik« in den Mund zu nehmen, ohne sich sofort rechtfertigen zu müssen, so als müsste man für dieses Wort erst einen Gerichtsbeschluss erwirken, der ihm erlaubt, sich zu entfalten.

10 Was aber ist das für ein Gericht, was für eine misstrauische Polizei, die den politischen Ausdruck unablässig überwacht? Man kann diese Instanz in erster Annäherung mit den Begriffen wahrheitsgetreuer Information, Transparenz, Genauigkeit, Richtigkeit oder Darstellung (représentation) charakterisieren. Es handelt sich um den Traum des rechtschaffenen Denkens, der Nichtverzerrung, der Unmittelbarkeit, der Abwesenheit jeglicher Vermittlung, der Doppelklick-Kommunikation, wie ich sie gerne nenne. An diesem Anspruch, Traum oder Mythos gemessen, wird sich der politische Ausdruck immer dazu bekennen müssen, umwegig, durchtrieben, raffiniert, bloßstellend, unzuverlässig, manipulativ und unbeständig zu sein. Sobald wir ein politisches Wort in den Mund nehmen, soll es sich an die Geradlinigkeit der uneingeschränkten und ungeteilten Information anlehnen. Wenn das politische Sprechen immer krumme Wege zu gehen scheint, so deshalb, weil das Krumme vom Geraden beurteilt wird.

11 Auch wenn dieses Urteil günstig ausfällt, dann stets im Hinblick auf ein fremdes Maß. Wie man unschwer zugeben wird, ist es manchmal unvermeidlich, sich an problematische Notwendigkeiten anzupassen und »politisch« zu verhalten; in solchen Fällen verleiht man den Ausdrücken, die darauf verweisen, dass jemand geschickt ist, sich auf die Kunst des Kompromisses versteht, einen Sinn für Taktik hat, sich an die Umstände anpassen kann, die Fähigkeiten besitzt, sich gütlich zu einigen und zu schwanken, einen positiven Wert. Notfalls beruft man sich auf Machiavellis Fürsten, der den Sinn der Worte für die gute Sache verdreht. Aber auch das tut man nur mangels besserer Alternativen, weil es keinen direkten Weg gibt. Meistens jedoch wird man all diesen Abweichungen von der Geradlinigkeit der wahrheitsgetreuen Information und Darstellung (représentation) einen negativen Wert zuschreiben und die politische Verlautbarung der Verschleierung und der Lüge bezichtigen, der Korruption oder Unbeständigkeit, der mangelnden Authentizität und der List. In beiden Fällen, dem positiven wie dem negativen, akzeptiert die politische Rede, dass sie von einem Richter beurteilt wird, der anspruchsvoller ist als sie und der die Geltungskriterien dieser Sprechakte definiert, das, was in der Sprechakttheorie Gelingensbedingungen genannt wird.

12 Wenn wir nun aber die zur Vermittlung der Politik dienenden Aussagen nach dem Richtmaß der kommunikativen Rede bewerten, dann sind wir auf die eine oder andere Weise gezwungen, die Politik als Lüge zu betrachten, eine notwendige vielleicht, aber eben doch eine Lüge. Wie befreien wir uns von dieser Bürde, die auf unserer Sprache lastet und uns daran hindert, unsere politische Rede an ihren eigenen Kriterien zu messen? Wie können wir diese Äußerungsform als eine – zweifellos besondere – Form der Veridiktion, des »Wahrsprechens«, begreifen?5

13 Die Lösung besteht zunächst einmal darin, diese Äußerungsform nicht länger an einer anderen zu messen. Jedes Aussageregime bringt seine eigenen Kriterien für Wahrheit und Lüge hervor, seine eigenen Bedingungen des Gelingens und Misslingens. Wenn man von der politischen Rede sagt, sie sei »verdreht«, dann hat dies eine ganz andere Bedeutung, je nachdem, ob man als Idealmodell jeder Verlautbarung das der Geraden oder das der Kurve wählt. Gerade Linien sind ziemlich nützlich, wenn man ein Quadrat, aber wenig hilfreich, wenn man eine Ellipse zeichnen will. Im ersten Fall wird das politische Sprechen an einem Anspruch gemessen, der es gar nicht betrifft; im zweiten

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macht es sich selbst zum Richter dessen, was es zu gestalten versucht: Die Frage besteht nun nicht mehr darin, ob es von der geraden Linie abweicht oder nicht, sondern ob es nachweisen kann, dass es eine gute Kurve zeichnet (oder nicht). In den Einstellungen von Grafikprogrammen können wir auswählen, ob der Cursor gerade Linien oder Kurven ziehen soll. Wir kämen nie auf die Idee, die Qualitäten der einen an denen der anderen zu messen. Und so sollten wir auch in der Lage sein, das politische Sprechen von der Herrschaft – der Diktatur – der geradlinigen Rede zu befreien. Können wir seine genuinen Gelingensbedingungen angeben? Dies ist das Ziel der vorliegenden Übung.

14 Warum beklagt man immer wieder, dass die Politiker »nicht die Wahrheit sagen«? Warum fordert man von ihnen »mehr Transparenz«? Warum will man »künftig größere Nähe zwischen den Repräsentanten und den Repräsentierten«? Und, was noch merkwürdiger ist: Warum sollte man wünschen, »dass die Politiker nicht ständig ihre Meinung ändern« und »nicht wegen jeder Kleinigkeit ihr Fähnchen nach dem Wind hängen«? Diese Mahnungen, die in der gesamten Presse als Klage, Gerücht, Verkündung oder Jagdruf immer wieder aufgewärmt werden, zeugen nur scheinbar von gesundem Menschenverstand. Sie laufen nämlich alle darauf hinaus, die Gelingensbedingungen eines Sprachregimes an denen eines anderen zu messen. Eine solche Verunglimpfung politischer Reden wäre schlechterdings nicht möglich ohne die Unkenntnis ihrer Tonart, ihrer spezifischen Tonalität, ihres Spins, wie die englischen Medien so richtig sagen – wenn auch nur, um sich darüber lustig zu machen.

15 Räumen wir zuallererst mit einer Doppeldeutigkeit, ja mit einem Betrug auf: Die Doppelklick-Information kann sich auf keinen Fall mit dem weißen Kittel des wissenschaftlichen Verfahrens bemänteln, um sich als rechtmäßigen Vertreter der Geradlinigkeit wahrheitsgetreuer Rede darzustellen. Müssten wir die Politiker für ihre Lügen verabscheuen, was wäre dann erst von den Wissenschaftlern zu halten? Ausgerechnet von ihnen zu verlangen, dass sie direkt die Wahrheit sagen, ohne Labor, ohne Instrument, ohne Ausrüstung, ohne Frisieren der Daten, ohne Fachaufsätze, ohne Kongress und ohne Streit, einfach so, ohne Vorlauf, stehenden Fußes, vor aller Welt, ohne herumzudrucksen, ganz ungeschützt – das wäre nicht weniger sinnlos. Macht der Anspruch einer transparenten und direkten Wahrheit das Verständnis für die politische Kurve schon ziemlich unmöglich, um wie viel undenkbarer würde er die wissenschaftliche Herstellung von Referenzketten machen! Das sollten wir nicht vergessen. Das Direkte, Transparente, Unmittelbare ist weder den komplexen Assemblagen der Wissenschaft noch den delikaten Montagen der politischen Rede angemessen, wie Gaston Bachelard zur Genüge gezeigt hat.6 Erhebt man das direkte und transparente Vorgehen zum obersten Gesetz jeder Bewegung, dann sind Wissenschaftler nichts als Lügner oder Manipulatoren und Politiker nichts als korrupte Dreckskerle. Die »Krise der Repräsentation« hat nichts mit einem plötzlichen Qualitätsverlust der Politiker oder Wissenschaftler zu tun: Sie entsteht, sobald man Praktiken, die ganz andere Ziele verfolgen, unter das Joch der Informationsübermittlung zwängt. Absurde Frage, absurde Antwort. Genauso gut könnte man sich über die schlechte Qualität seines Modems ärgern, weil es nicht dazu taugt, den Kaffee durchzuseihen, den man im Internet gekauft hat.

16 Wenn wir den Anspruch auf transparente Information einmal zurückstellen, um uns etwas unmittelbarer für die spezifischen Bedingungen des Gelingens der politischen Rede zu interessieren, dann werden wir einen ganz anderen Wahrheitsanspruch

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entdecken. Nur im Vergleich mit den anderen Formen von Wahrheit erscheint das politische Sprechen verlogen; an und für sich unterscheidet es das Wahre mit verblüffender Genauigkeit vom Falschen. Die Wahrheit ist dem politischen Sprechen nicht gleichgültig, wie man ihm ungerechterweise vorwirft, doch unterscheidet es sich von allen anderen Regimen durch seine Art und Weise, die Veridiktion zu beurteilen. Was also ist sein Prüfstein, seine Bewährungsprobe? Es beabsichtigt, ins Leben zu rufen, was ohne es nicht existieren würde: die Öffentlichkeit als vorläufig definierte Totalität.7 Entweder diese Öffentlichkeit ist für eine gewisse Zeit umrissen, und die Rede hat den Nagel auf den Kopf getroffen, also »wahr gesprochen«, oder sie ist es nicht, und die Rede wurde zu Unrecht geäußert.

17 Wahr und falsch in der Politik können folglich nicht mit dem herkömmlichen Typ von Veridiktion verglichen werden. Dieser entspricht eigentlich einer entstellten Version der wissenschaftlichen Referenz. Dem groben gemeinen Menschenverstand der Sprachphilosophien zufolge ist ein Satz dann wahr, wenn er einem Sachverhalt entspricht, und falsch, wenn es keinen Sachverhalt gibt, der ihm entspricht. Nach ihren Lehrbüchern befindet man wie folgt über die Wahrheit oder Falschheit des Satzes »der König von Frankreich hat eine Glatze«: Es gibt einen König in Frankreich oder nicht, und er hat Haare auf dem Kopf oder nicht. Wer aber sagt »ich habe euch verstanden«, »wir sind alle eine große Familie«, »wir wollen« oder auch »unser Unternehmen muss neue Marktanteile erobern«, wer skandiert »alle zusammen, alle zusammen, alle!«, könnte einem Wahr/Falsch-Urteil dieses Typs nicht standhalten. Er weiß indes genau, worin der Unterschied zwischen falschen und wahren Äußerungen besteht, macht diese Wahrheit oder Falschheit jedoch nicht am Vorhandensein oder Fehlen einer Referenz fest, sondern, wie wir gleich sehen werden, an einem völlig neuen Phänomen: dem Wiederaufnehmen oder Aussetzen jener unablässigen Arbeit des Entwerfens und der Verwirklichung jener Gruppe, die diese Rede zu konstituieren versucht. Wahrheitsgemäß ist alles, was sie fortsetzt, verlogen alles, was sie unterbricht.

18 Diese Frage der unablässigen Erzeugung von Öffentlichkeit stellen sich die Soziologien des Sozialen natürlich nie, weil sie alle von der vorgängigen und fraglosen Existenz der sozialen Aggregate ausgehen, ganz gleich in welcher Dimension: vom Individuum über die Kultur, die Gesellschaft, den Staat, die Referenzgruppe usw. bis zur Nation. Wollen wir aber etwas über die Eigenart der politischen Rede erfahren, dann müssen wir uns – wie es uns Harold Garfinkel und vor ihm Gabriel Tarde gelehrt haben – jede gesicherte Existenz von Gruppen aus dem Kopf schlagen. Gruppen müssen immer wieder neu gebildet werden, und eine der Methoden, um sie ins Leben zu rufen, um sie »andicken« zu lassen wie eine Soße, besteht darin, sie zu umzingeln, sie zu ergreifen und wieder zu ergreifen, sie zu reproduzieren, in immer neuen Anläufen, mit dem »Lasso«, der Umzingelung, der Kurve des politischen Sprechens. Ohne diesen politischen Äußerungsakt gäbe es schlicht kein denkbares, sichtbares, lebensfähiges soziales Aggregat, dem man eine hinreichende Einheit verleihen könnte.8

19 Löst man aber einmal die Gruppe von dem Sprechakt ab, der sie zu einer solchen macht, dann sieht man nicht mehr, wozu die politische Rede gut ist. Sie wirkt nun überflüssig, redundant, parasitär im Verhältnis zur »Wirklichkeit« der »sozialen Beziehungen« und der »Gruppen«, die nur noch in einer von der »künstlichen« »Rhetorik« der »bloßen Politik« »verstellten«, »missbräuchlichen« oder »verschleierten« Form erscheinen. Wenn es andere Möglichkeiten gäbe, eine Gruppe zusammenzuschweißen, dann wäre die Politik tatsächlich zu nichts nütze und man

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könnte ohne Scheu in den Chor derjenigen einstimmen, die diese skandalöse Form von Rhetorik, diesen Spin, einhellig verachten. Wer aber weiß, dass es keine anderen Vermittlungen gibt, um das Soziale in aller Vorläufigkeit hervorzubringen, ist es sich schuldig, die von der politischen Kunst entwickelten empfindlichen, störanfälligen Formen der Rede mit unendlicher Gewissenhaftigkeit zu respektieren – ganz wie zuvor schon in den Fällen der wissenschaftlichen, technischen, juristischen, religiösen und ökonomischen Vermittlungen.9

20 Nun ist vielleicht auch besser zu verstehen, warum sich die politische Rede nicht mit einer bestimmten Sphäre oder Domäne decken kann – der des politischen Lebens oder der politischen Themen, der der Politikerinnen und Politiker: Für jedes beliebige Aggregat ist eine Arbeit des (Wieder-)Ergreifens nötig; hierzu ist eine umwegige Rede erforderlich, der es gelingt, die provisorischen Umrisse dieses Aggregats zu zeichnen oder nachzuzeichnen. Keine Gruppierung ohne (Neu-)Gruppierung, keine Neugruppierung ohne mobilisierende Rede. Eine Familie, selbst ein Individuum, ein Unternehmen, ein Labor, eine Werkstatt, ein Planet, ein Organismus, eine Institution sind nicht weniger auf dieses Regime angewiesen als ein Staat oder eine Nation, ein Rotary-Club, ein Jazzorchester oder eine Bande von Rowdys. Damit sich ein Aggregat abzeichnen oder wieder abzeichnen kann, bedarf es der jeweils richtigen Dosis von Politik. Wollte man also die politische Rede ausschließlich auf die offizielle Form des öffentlichen Lebens beschränken, dann könnte man genauso gut sagen, dass es kein anderes Aggregat, keine andere Gruppierung gibt als die Nation oder den Staat, dass die anderen keine Existenzberechtigung haben oder sich mit anderen Mitteln am Leben erhalten müssen, mit Mitteln sui generis, die uns unbekannt sind und die ohne ein – so charakteristisches – Wiederaufnehmen des konstituierenden Äußerungsakts auskommen. Man würde diese Äußerung dann ausschließlich auf die politische Sphäre beschränken, ohne allen anderen Gruppen die Mittel an die Hand zu geben, mit denen auch sie sich am Leben erhalten können.

Die Besonderheiten der politischen Rede

21 Zu sagen, das Aggregat werde durch eine auf Neugruppierung zielende Rede »ins Leben gerufen«, bringt mich gefährlich in die Nähe eines Begriffs, den ich unter allen Umständen vermeiden wollte: des Performativs. Dieser sehr nützliche, aber abgegriffene Ausdruck verbirgt die Besonderheit des hier in Rede stehenden Performativs. Betrachten wir die Eigenbewegung dieses »Lassos«, dieser Umzingelung, indem wir uns ein theoretisches Schema dieses Äußerungsregimes vor Augen führen. Einige Züge werden uns vertraut vorkommen, weil die politische Philosophie sie schon vor langer Zeit herausgearbeitet hat, andere werden uns exotisch oder unlogisch erscheinen, wieder andere dürften in neuem Glanz erstrahlen.

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22 Aus der Perspektive der Geradlinigkeit, der Informationsübertragung, der Genauigkeit und Wahrheitstreue scheint der Gegenstand des politischen Kreises, wie ich ihn nennen werde, inkongruent, widersprüchlich und sogar skandalös. Um was geht es eigentlich? Darum, die Vielen in Eins zu verwandeln, erst durch eine Arbeit der Repräsentation – ich werde dieses vieldeutige Wort gleich näher definieren – und dann durch eine zweite Arbeit, nämlich die, das Eine in Viele zurückzuverwandeln, was man häufig als Machtausübung bezeichnet, was ich aber, schonungsloser, Gehorsam nennen werde. Halten wir schon einmal fest, dass wir mit diesem Schema gezwungen sind, beide Teile der viel zu häufig getrennten politischen Wissenschaften zusammenzudenken: die Frage, wie man eine Repräsentation zustande bringt, und die Frage, wie Macht ausgeübt werden soll. Im Grunde handelt es sich um dieselbe Frage, die an zwei verschiedenen Punkten der Kreisbewegung gestellt wird. Ich werde darauf noch zurückkommen.

23 Auf den ersten Blick erscheint uns dieser Kreis, wie ihn die gesamte politische Philosophie von den Griechen bis in unsere Tage gezogen und gepriesen hat, wohlvertraut. Denn beim Anblick dieser Form erkennen wir den Ausdruck der Freiheit wieder, jener denkwürdigen Autonomie, die immer gesucht und immer angezweifelt wird: Ist der Kreis einmal zur Gänze durchlaufen, so gibt es keine empfangene Ordnung – im Schema der rechte Halbkreis –, die nicht zugleich von denen produziert wird, die sie empfangen – linker Halbkreis. Ich bin frei, wenn ich mich – auf die eine oder andere Weise, wir werden noch sehen, wie – zugleich auf der oberen und der unteren Hälfte der Abbildung befinde. Die Politik ist tautologisch, nicht mehr im obigen Sinne, weil sie für eine Flut von Banalitäten stünde, sondern weil sie tatsächlich zweimal dasselbe sagt – und wieder von vorne anfängt, ohne die geringste Befürchtung, sie könnte langweilen … Der klassischen Konzeption zufolge bin ich autonom (im Gegensatz zu heteronom), wenn das Gesetz (nomos) zugleich das Resultat meiner Willensbekundung ist und das, dem ich mich aus freien Stücken füge. Sobald diese Übereinstimmung unterbrochen ist, trete ich aus dem Zustand der Freiheit heraus und in den der Dissidenz, der Revolte, der Unzufriedenheit oder der Herrschaft ein. Die hinreißendste Befreiung und die

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niederschmetterndste Abhängigkeit bilden keinen Gegensatz; sie kennzeichnen die Bewegung, die Wiederaufnahme, den Verlauf dieser Figur, je nachdem ob sich der Kreis schließt oder nicht. (Man braucht wohl kaum zu betonen, dass diese Kreisform nicht im Mindesten vom Vorhandensein oder Nichtvorhandensein jener besonderen Einrichtung namens Wahlen abhängt: Es lassen sich tausendfach Wahlen ohne die politische Rede im eigentlichen Sinne finden und andererseits tausend Gelegenheiten, bei denen dieser Kreis umsichtig nachgezeichnet wird, ohne dass es jemals zu einer Stimmabgabe kommt.10)

24 Selbst wenn uns die Figur des Kreises vertraut ist, müsste sie uns in dem Maße, wie diese Zwangsbewegung – »erzwungene Bewegung« würde man in der Mechanik sagen – völlig undurchführbar ist, in Angst und Schrecken versetzen. Die Bewegung der Autonomie ist konstruktionsbedingt unmöglich, weil in ihr die Vielheit zu Einem wird – in der Repräsentation –, bevor die Einheit wieder Vielheit wird – im Gehorsam. Diese Verwandlung ist noch unwahrscheinlicher als die von Brot und Wein. Auf dem Hin- wie auf dem Rückweg wird das Eine zum Vielfachen und umgekehrt. Die Heteronomie ist somit Teil des Kreises. (In unserem Schema ist dies dadurch veranschaulicht, dass sich mehrere Kreise überlagern, die am Scheitelpunkt zusammenfallen.) Genauer gesagt: Die Figur der Autonomie – man gehorcht seinem eigenen Gesetz – verschleiert die Arbeit der Metamorphose, der Übersetzung der Repräsentation genauso gut, wie es die Figur des Gehorsams tut: Die, die im Namen aller spricht, muss diejenigen, die sie repräsentiert, zwangsläufig verraten, weil es ihr sonst nicht gelänge, die Vielheit in eine Einheit zu verwandeln; umgekehrt müssen die, die gehorchen, die empfangene Anordnung zwangsläufig verwandeln, weil sie sonst den Befehl bis zum Überdruss wiederholen würden, ohne ihn je auszuführen. Anders gesagt: Entweder gibt es einen doppelten Verrat, und der Kreis schließt sich tatsächlich, oder es herrscht Treue, eine genaue Informationsübertragung, und die Kreisbewegung vollendet sich nie. Eine – im Sinne der Information – wahrheitsgemäße politische Rede ist so undenkbar wie ein Perpetuum mobile oder die Quadratur des Kreises …

25 Somit könnte es keine Autonomie ohne doppelten Verrat geben – eine unerhörte Paradoxie! Dies dürfte hinlänglich den Schrecken erklären, den das Hereinbrechen der Politik vernünftigen Menschen für gewöhnlich einjagt: Die Freiheit, diese oberste Tugend, hängt von einer vorgängigen Arbeit ab, die uns wie ein Laster, ja schlimmer noch, wie ein abscheulicher Betrug vorkommt. Vorbehalte gegenüber der Politik haben keine andere Ursache als diese: Kratzt man am ehrwürdigen Lack der Autonomie und der Freiheit, kommt die entsetzliche Mühsal der Kompromisse, des Verrats, der Verwandlung und der Metamorphose zum Vorschein. Hinter dem Ergebnis, der Autonomie, verbergen sich die Machenschaften der Heteronomie.

26 Um diese Paradoxie noch etwas weiterzutreiben, müssen wir uns nur das Schicksal vor Augen halten, das dem Kreis beschert wäre, wenn wir auf dem Hin- oder Rückweg scheinheilig Treue, Transparenz, Geradlinigkeit, Unmittelbarkeit und Natürlichkeit einklagten; wenn wir nicht schief und krumm, sondern geradeheraus sprächen; wenn wir, statt die Umzingelung abzuschließen, Geraden zögen, die wahrheitsgetreu repräsentierten, statt zu »betrügen« und zu »lügen«.

27 Nehmen wir an, wir verlangten von Politikern – und noch einmal, die Rede ist nicht von den Fachleuten, die auf diesen Namen hören, sondern von der politischen Funktion, die mit der Zusammensetzung einer jeden Gruppe verbunden ist –, sie sollten »die Wahrheit sagen«, indem sie »genau wiederholen«, was ihre Vollmachtgeber sagen,

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»ohne sie zu betrügen oder zu manipulieren«. Was würde geschehen? Die Mehreren blieben die Mehreren, die Vielheit bliebe die Vielheit; man hätte lediglich (wahrheitsgetreu aus der Perspektive der Information und somit verfehlt aus der Perspektive der Politik) zweimal dasselbe gesagt. Ein absurdes Ansinnen? Aber genau das wird Tag für Tag vehement eingefordert, wenn man von Politikern verlangt, sie sollten »volksnah« sein, sie sollten »sein wie wir«, wir sollten uns »mit ihnen identifizieren« können, es sollte »keine Distanz zwischen ihnen und uns mehr« geben, und sie sollten die »Spaltung der Gesellschaft überwinden«, indem sie mit »Natürlichkeit« und »Authentizität« beweisen, dass sie »genauso sind wie wir«. Besteht man auf Transparenz, Geradlinigkeit und Treue, so besteht man auch darauf, dass der Kreis kein Kreis mehr sein soll, sondern eine gerade Linie, dank deren etwas in vollkommener (und tödlichster) Gleichartigkeit exakt mit sich identisch bliebe. In der Praxis läuft das darauf hinaus, das Ende der Politik zu fordern und somit auch das Ende der hochgelobten Autonomie. Da die Vielheit nämlich nie und nimmer wüsste, wie sie Eins werden sollte, hätte auch die Repräsentation keinen Nutzen mehr. Wenn eine wahrheitsgetreue Repräsentation (in dem Sinn, in dem die Doppelklickinformation dies verspricht) möglich wäre, würde sie das Objekt der politischen Treue selbst verraten. Man muss sich entscheiden zwischen einer bis zur letzten Konsequenz getriebenen Authentizität und der schwierigen Arbeit der Freiheit, die allerdings eine bestimmte Form von »Lüge« – oder jedenfalls von Verbiegung – voraussetzt.

28 Die Paradoxie wird noch größer, wenn man sich nun, in umgekehrter Richtung, Politiker vorstellt, die mit der unverschämten Forderung auftreten, man möge ihnen »treu Gefolgschaft leisten«. In diesem Fall wäre der Übergang vom Einen zu den Vielen undurchführbar: Man würde von einer gegebenen Anordnung verlangen, dass sie exakt, direkt, wahrheitsgetreu, ohne Verrat, Verzerrung, Einseitigkeit und Übersetzung übermittelt würde! Man würde von der Anordnung verlangen, dass sie vollzogen wird, ohne dass etwas hinzugefügt oder weggelassen wird. Wir wissen bereits, dass dies unmöglich ist, weil die Menschen, wie uns Ludwig Wittgenstein lehrte, nie Regeln folgen, sondern über das Motiv »fabulieren«, das diese implizieren. Nichts könnte den »Abgrund der Ausführung« auffüllen, wie Don Norman das genannt hat.11

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29 Selbst wenn es im Übrigen möglich wäre, selbst wenn die Menschen Regeln folgten, würde es immer noch nicht gelingen, den Kreis zu schließen, denn es ist ja eine Vielzahl, die sich in Bewegung setzt, und nicht mehr die Einheit. Um diesen anderen Abgrund zu überqueren, um diese andere Transsubstantiation zu überspringen, kann man sich per definitionem auf keine formale Ähnlichkeit zwischen der Aussage des Einen und dem Übergang zum Handeln der Vielzahl verlassen: nicht nur, weil Worte zu Handlungen werden, sondern vor allem auch, weil aus Einem Mehrere werden. Der Betrug und die »Lüge« sind auf dem Rückweg genauso notwendig wie auf dem Hinweg.

30 Von einer Anordnung zu erwarten, dass ihr getreu gehorcht wird, heißt auch hier wieder, den Kreis an seiner Schließung zu hindern und das Streben nach Autonomie unmöglich zu machen. Trotz dieser Ungereimtheit beschweren sich Politiker unablässig darüber, dass man sie »falsch versteht«, dass sie ihre »Botschaft nicht deutlich genug erklärt« haben, dass sie »den Wählern etwas nicht gut genug vermittelt haben«, dass »ihnen die Zeit gefehlt hat, ihr Programm umzusetzen«. Auch sie beklagen sich also unentwegt über den »Bruch« und die »Krise« der Repräsentation: Man »missinterpretiert, was sie sagen«! – Allerdings, und zum Glück, denn wie sonst sollte man sie auch verstehen! Ein Mandatsträger, der von den Bürgern treuen Gehorsam verlangt, ist nicht weniger unsinnig als Bürger, die von Politikern verlangen, sie bitte treu zu repräsentieren: Die doppelte Untreue, der doppelte Betrug ist das einzige Mittel, um den Kreis zu schließen – der deshalb auch immer »aufgesetzt« bleibt wie in Abbildung 2. Daher das Entsetzen, das der schiere Anblick des politischen Prozesses hervorruft. Um nicht von diesem Medusenhaupt versteinert zu werden, tut man alles, um seine monströse Wirkung zu ignorieren. Und kurioserweise werden die Bedingungen für das Gelingen der Politik immer inkongruenter, je länger das Reich der Doppelklickinformation währt. Vielleicht kommen wir einmal an einen Punkt, an dem die politische Rede so unverständlich wird wie die religiöse. Müssen wir wirklich nach anderen Ursachen für die »Krise der Repräsentation« suchen?

Den ganzen Kreis der Repräsentation durchlaufen

31 Wenn diese Kreisbewegung so unmöglich ist, wenn sie aus unserer modernen, mit Doppelklickinformationen gesättigten Perspektive wie ein falsches Spiel erscheint, wie vollendet sich dann die gleichwohl reale Arbeit der Autonomie? Durch welche Heldentaten gelingt es unzähligen Personen tagtäglich, diese Quadratur des Kreises, die in der Theorie unmöglich ist, in der Praxis umzusetzen? Die Antwort hängt mit dem neuen Sinn zusammen, den wir dem Wort Repräsentation geben müssen. In der Politik verweist dieser Ausdruck auf keinerlei Ähnlichkeit zwischen dem, was repräsentiert wird, und dem, was repräsentiert – dies hätte schließlich gar keinen Sinn. Er bezeichnet vielmehr den Neubeginn der Bewegung der Quadratur selbst. Die einzige Möglichkeit, dem konstitutiven Betrug der politischen Rede ein Ende zu bereiten, besteht darin, ihren Pilgerstab wiederaufzunehmen und den unmöglichen Kreis erneut nachzuzeichnen, indem man den doppelten Verrat auf andere Weise erprobt.

32 Die Politik ist ein falsches Spiel, einverstanden. Die Tugend der Autonomie lässt sich auf dem Hinweg wie auf dem Rückweg nur um den Preis des Verrats ertrotzen, zugegeben. Zweifellos ist die Lüge – im Gegensatz zur Wahrheit der getreuen Informationsübermittlung, die vermeintlich leicht zu haben ist – integraler Bestandteil der Arbeit des Kompromissefindens. Von einem Wortführer zu verlangen, dass er »die

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Wahrheit sagen«, dass er »authentisch« sein soll, läuft, wie wir wohl wissen, darauf hinaus, ebenjene Arbeit der Transsubstantiation zunichte zu machen. Was noch lange nicht heißt, dass Lug und Trug ausreichen würden, um ein guter Politiker zu werden! Ganz so einfach ist es nicht … Der Fürst der verdrehten Worte hätte dann nur den weißen Ritter der Transparenz abgelöst. Verschleierung, Opportunismus, Populismus, Korruption, Haarspalterei, die Kunst des Kompromisses und des geschickten Manövers genügen selbst noch nicht, um eine Wiederaufnahme des Kreises zu gewährleisten. Man kann im Krebsgang gehen, in Umwegen denken, Zickzack laufen, ausgekocht sein, ohne damit schon den politischen Kreis zu ziehen.12 Nur weil sie alle von der geraden Linie abweichen, gleichen sich die umzingelnden Bewegungen deshalb noch lange nicht. Die »umwegigen Geister« unterscheiden sich sehr wohl voneinander, auch wenn sie von den »rechtschaffenen Geistern« unterschiedslos zum Gespött gemacht werden.

33 Die Besonderheit des politischen Kreises besteht nicht darin, ein – konstruktionsbedingt unmöglicher – Kreis zu sein, sondern diese Unmöglichkeit, diese Undurchführbarkeit praktisch aufzulösen, und zwar durch das beharrliche, unaufhörliche, erschütternde, erschöpfende Wiederaufnehmen der Arbeit der Repräsentation. Seine Besonderheit ergibt sich aus der oben vermerkten Differenz zwischen dem Aussetzen und dem Neubeginnen der Wiederaufnahmebewegung. Der wahrheitsliebende Sprecher ist nicht der, der gegenüber den anderen Recht behält, dem man eher gehorcht und der weiter blickt als die anderen. Es ist vielmehr der, der die Wahrheit sagen wird, weil er die Bewegung in ihrer Gesamtheit von Neuem durchläuft. Sie führt ihn von der Vielzahl zur Einheit und wieder zurück, wobei er sich zweimal, auf dem Hin- und auf dem Rückweg, vergewissert, dass es keine direkte Beziehung zwischen der Vielzahl und ihrer Einheit gibt. Umgekehrt beginnt der zuverlässigste Mandatsträger, der glaubwürdigste Repräsentant, der klügste Abgeordnete, die genialste Führungskraft, der visionärste Delegierte in dem Moment zu lügen, in dem er den Parcours unterbricht und sich in der Erwartung, ihm werde gehorcht, in der Zuversicht, er sei tatsächlich ein für allemal Wortführer der Vielzahl, der Menge, gewissermaßen auf seinem politischen Kapital auszuruhen versucht.

34 Lüge und Wahrheit beziehen sich mithin nicht auf den Inhalt der geäußerten Worte, sondern auf die Fähigkeit, die unmögliche Aufgabe der Vereinigung, Übersetzung, Metamorphose, welche eine Schließung des Kreises erlaubt, zu unterbrechen oder weiterzuführen – obwohl sich der Kreis definitionsgemäß niemals schließen kann, da die Vielzahl immer ungenau repräsentiert ist und beim besten Willen keiner Ordnung gehorcht, sondern zwangsläufig etwas ganz anderes tut als das, was man ihr befohlen hat …

35 Um diese Bewegung des unablässigen Wiederaufnehmens zu beschreiben, durch die sich praktisch verwirklichen lässt, was theoretisch unmöglich, widersprüchlich bleibt, stand den Griechen ein Ausdruck zur Verfügung, der zwar von weniger edler Abstammung als die Autonomie und doch mit ihr verwandt war: autophyos, zu Deutsch »Selbsterzeugung«. (Das Verb »phyo« klingt noch in dem Wort »Physik« nach.) In einer Schlüsselpassage des Gorgias, die ich an anderer Stelle ausführlich kommentiert habe, stößt man auf diesen erstaunlichen Ausdruck.13 Sokrates versteht seinen Sinn nicht mehr. Er macht sich darüber lustig, indem er so tut, als begriffe er diese Wiederholung als reines Echo, durch das der Sophist, in diesem Fall sein Gegner-Komplize Kallikles, dem Zaudern der Menge, des Pöbels nur untertänigst nachgibt, ihm das Wort redet. Für Sokrates ist autophyos nichts als eine Tautologie. Nun sind die Ausdrücke autophyos und

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Autonomie aber allem Sarkasmus zum Trotz so miteinander verbunden, dass Letztere nur mithilfe des Ersteren erlangt werden kann. Unterwürfigkeit ist nur einer der Werte, die diese durch den Kreis symbolisierte doppelte Metamorphose annehmen kann; man würde ihn heute als Demagogie oder Populismus bezeichnen. Doch gibt es noch viele andere Werte, alle nämlich, die es ermöglichen, die doppelte Transformation der/des Vielen in Eines und des Einen in Viele(s) zu verwirklichen.

36 Die Tatsache, dass diese Operation in Sokrates’ Augen – des ersten, der versuchte, die umwegige Rede durch die geradlinige Stimme der Epistemologie zu ersetzen – unmöglich ist, ändert nichts daran, dass sie zum Zwecke des politischen Sprechens unbedingt gelingen muss, und sei es um den Preis eines radikalen Bruchs mit dem Diktat der diskursiven Vernunft. Das gesamte Neugruppierungspotential einer Rede hängt vom Fortbestand dieses kleinen Unterschieds zwischen Tautologie und autophyos ab, zwischen dem, was man vor einem Moment gesagt hat, und dem, was man jetzt sagt, zwischen dem Kreislauf und dem beharrlichen Wideraufnehmen dieses Kreislaufs.

37 Der Schrecken, den autophyos auslösen kann, lässt sich auf zwei Ursachen zurückführen: Die erste, normale und positive, ist dem unaufhörlichen Lärmen der Agora geschuldet, dem Tumult der Menge, der Schwierigkeit, auf so viele Stimmen zu hören, sie zum Zuhören und Gehorchen zu bringen, dem Zwang, in Echtzeit und Lebensgröße zu entscheiden, auf der untersten Stufe der Leiter, ohne sichere Kenntnis der Ursachen und Wirkungen – den typischen Zwängen der öffentlichen Rede also, wie sie die Sophisten immer wieder betonten.14 Diesen grundlegenden Schrecken kennen die meisten Politiker, doch wegen der Verachtung, mit der man ihnen begegnet, sprechen sie nie öffentlich darüber. Man muss geduldig darauf warten, dass sie hinter verschlossenen Türen aus dem Nähkästchen plaudern, um Bruchstücke dieses bewundernswerten Wissens zu erhaschen.

38 Die zweite, ganz anders gelagerte Ursache lässt sich auf einen künstlichen, imaginären Vergleich zwischen der chaotischen Agora und der heiteren Gelassenheit des zivilisierten Gesprächs zurückführen. Das zivilisierte Gespräch endet dieser Vorstellung zufolge mit einer durchdachten Entscheidung, die den wahrheitsgetreu repräsentierten divergierenden Interessen gerecht wird – ganz nach Art der von Jürgen Habermas ersonnenen idealen Kommunikationsbedingungen. Allein diese zweite Ursache ist für die Verachtung verantwortlich, die jedem entgegenschlägt, der sich auf den Radau der politischen Verlautbarung einlässt. Und in der Tat, seit Sokrates gibt man vor zu glauben, Politiker könnten auch nicht irreführend reden und nicht verraten, was sie verstehen, so als gäbe es irgendwo eine wundersame Quelle der Transzendenz: die Vernunft, die ein wenig gesunden Menschenverstand in den Tumult der Agora hineinzubringen vermag. Diese Maßnahme, mit der man offiziell behauptet, »das Niveau der Debatte zu heben«, »etwas vernünftig zu machen«, »sich wie rationale Menschen zu verständigen«, ist in Wirklichkeit nur darauf ausgerichtet, die besondere, autochthone, gewagte Transzendenz der autophyos zu beseitigen.

39 Ja, auch die politische Äußerung besitzt ihre eigene winzige, essentielle, entscheidende, bodenständige Transzendenz, die zur Folge hat, dass man das Kollektiv, die sich soeben bildende Gruppe, nie zweimal in derselben Verfassung antrifft. Diese Transzendenz lässt eine Gruppe, ein Kollektiv in gewisser Weise sieden oder fermentieren und so durch wiederholten Treuebruch vom Vielfachen zum Einen und dann, in anderer Form, vom Einen zum Vielfachen gelangen. Zugegeben, im Vergleich zu der bewundernswerten Transzendenz, die uns die rechtschaffene Vernunft verspricht,

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sieht die Minitranszendenz der Politik etwas kümmerlich aus. Da Erstere aber nichts anderes als eine Illusion ist, lassen wir uns gerne vom bescheideneren Licht der Letzteren den Weg erhellen.15 Der winzige Unterschied zwischen Tautologie und autophyos genügt, um sicherzustellen, dass sich nach und nach Autonomie herauskristallisiert.

40 So seltsam es vielleicht scheinen mag: Man muss zugeben, dass nichts der politischen Rede mehr geschadet hat als die verwirrende Anmaßung, ihr durch Rückgriff auf die diskursive Vernunft ein Ende zu bereiten. Die spezielle Form des Wiederaufnehmens und der Bewegtheit der Politik ist wahrlich gefährdet genug, um sie nicht auch noch mit dem unsinnigen Traum zu belasten, die verdrehte Rede ließe sich durch eine geradlinige ersetzen. Mit der ersten Quelle von Verwirrung kann man noch zurechtkommen, weil sie zum Äußerungsakt an sich gehört, angesichts der völlig willkürlichen und parasitären zweiten aber ist man sprachlos, geradezu gelähmt. Ohne den Beistand der diskursiven Vernunft bleibt Politik schwierig, aber machbar; seit man ihr aber in Aussicht gestellt hat, all ihre armen Lügen durch eine überlegene Vernunft zu retten, ist sie zu nichts mehr zu gebrauchen: Sie wagt gerade noch, im Stillen vor sich hin zu murmeln: »Und sie bewegt sich doch« …

41 Warum ist es so wichtig, die politische Rede vom überflüssigen Gewicht der diskursiven Vernunft zu befreien? Nun, weil man die zu konstituierende Gruppe in ein Aggregat aus festgelegten Elementen verwandelt und dadurch eine flexible Konstitution von Gruppen ebenso unmöglich wie die Ausübung von Autonomie und Freiheit undurchführbar macht, wenn man sich an die schlechten Ratschläge der Vernunft hält – an Transparenz, Ausgeglichenheit, Rechtschaffenheit, Treue, Authentizität, Repräsentation durch Wiederholung usw. Mit den allerbesten Absichten haben diejenigen, die Politik rationalisieren wollten (es waren ihrer im Lauf der Geschichte weiß Gott nicht wenige!), nichts als Monstrositäten in die Welt gesetzt, die unendlich viel schlimmer waren als die, die sie aus der Welt schaffen wollten. Wie sich im Lauf der Zeit erwiesen hat, hat auf dem Gebiet der Politik noch jede Dosis Vernunft nichts anderes bewirkt als eine Austreibung des Teufels durch den Beelzebub. Vielleicht hat man die Sophisten vertrieben, an ihre Stelle aber hat man einfach Kommissare aller Couleur gesetzt. Die wankelmütigen, manchmal auch perversen Spezialisten der autophyos wurden durch Meister ersetzt, die, so wie Sokrates im Gorgias, den Anspruch erheben, die Menschen aus dem Totenreich heraus zu beherrschen – und auch an Toten hat wahrlich nie ein Mangel bestanden.

Der doppelte Betrug der politischen Äußerung

42 Versuchen wir noch einmal, die winzige Transzendenz der politischen Rede zu charakterisieren, ohne sie durch einen so gefährlichen wie überflüssigen Vergleich mit anderen, ihr ganz und gar unangemessenen Formen zu verdecken. Wir werden dann sehen, warum das Regime der politischen Äußerung nur entfernt mit der Sphäre, der Institution oder der Domäne der Politik als solcher zusammenhängt. Ermessen wir, um noch etwas tiefer in das spezielle Geheimnis der autophyos einzudringen, den Abstand zwischen dem, was gesagt, und dem, was wiederholt wird. Dies wird uns zu der Einsicht verhelfen, warum es keine hundertprozentige Tautologie geben kann. Der Kreis ist nur dann möglich, wenn dieselben Stimmen gerade die beiden unvereinbaren Positionen einnehmen: »Was Sie mich zu tun heißen, ist genau das, was ich selber tun wollte« – so

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spricht der Gehorsam; »was Sie sagen, ist im Übrigen genau das, was ich auch gesagt hätte, wenn ich mich zu Wort gemeldet hätte« – so die Repräsentation; »ich tue also, was ich will, und bin frei« – so die Autonomie.

43 Vielleicht wurde noch nicht gebührend gewürdigt, dass dieses Verhältnis zwischen dem, der spricht, und dem, der gesprochen wird, exakt mit dem Äußerungsakt ( énonciation) in seiner sprachtheoretischen Definition übereinstimmt. Von Linguisten und Semiotikern haben wir gelernt, dass jeder Sprechakt im Gegenzug einen verborgenen, verschleierten, implizierten Sprecher (énonciateur) auf den Plan ruft, der seine Stimme delegiert.16 So wie jede materielle Form bei Sonnenschein von einem Schatten begleitet wird, projiziert jeder Sprechakt, möge er auch noch so banal sein, eine implizite Struktur des Äußerungsakts.

44 Höre ich den Satz: »Unsre Katz’ ist tot«, so erscheint sofort ein Sprecher, der diesen Satz sagt, selbst wenn ich keinen Schimmer habe, dass es sich um Agnes aus Molières Die Schule der Frauen handelt, die sich an Arnolph wendet. Dieser Sprecher ist der Aussage (enoncé) zugleich eingeschrieben und eine Leerstelle in ihr: Er wird stillschweigend vorausgesetzt oder impliziert. Es verhielte sich im Übrigen nicht anders, wenn man mit dem Satz »Ich denke, also bin ich« begonnen hätte: Sogleich erschiene hinter dem »Ich« ein anderer impliziter, unausgesprochener Sprecher, der diesem gleichsam die Wortmeldung »übergäbe« – dies ist auch die Wurzel des lateinischen Terminus Enunziation (énonciation), ex-nuncius, der noch im Begriff des »Apostolischen Nuntius« weiterlebt. Hält man sich an diese Begriffsbestimmungen, dann stammt die Wortmeldung nie von demjenigen, der sie im Munde führt, sondern stets von dem Sprecher n-1, der sie ihm gegeben hat. In Erzählungen, in Diskussionen, in Gesprächen im Allgemeinen stellen diese Strukturen meist kein Problem dar, sei es, weil in der Literatur der »wirkliche« Sprecher – der Autor »aus Fleisch und Blut« – gar keine Rolle spielt und es allein auf den Sprecher n ankommt, der in die Erzählung eingeschrieben ist; oder sei es umgekehrt, weil die Gegenwart des Sprechers im Austausch von Angesicht zu Angesicht bewirkt, dass die subtilen Verschiebungen zwischen den verschiedenen Äußerungsebenen leicht zu entschlüsseln sind. Das heißt natürlich nicht, dass der lebendige Sprecher »von sich aus« spricht.

45 Nun verfügt aber die politische Äußerung über die Besonderheit, dass sie der Dimension des Delegierens, die uns zum Sprechen bringt, Gestalt und Realität verleiht: »Wenn ich spreche, dann bringt mich jemand anderer zum Sprechen – ich gehorche –, und dieser andere sagt nichts, was ich ihn nicht sagen lasse – er repräsentiert mich.« Wie in der klassischen Äußerung geht es hierbei selbstverständlich nicht um eine Gleichartigkeit, eine Ähnlichkeit, eine Deckungsgleichheit zwischen dem, der spricht, und dem, der sprechen lässt, wie es Sokrates naiverweise glaubt, wenn er Kallikles bezichtigt, ein unkritischer »Nachahmer« zu sein: Ein Abgrund klafft vielmehr zwischen dem in den Diskurs eingeschriebenen Sprecher und dem Sprecher am verborgenen Ort desjenigen, der mich »zum Sprechen bringt«. Im Unterschied aber zu allen anderen Äußerungsformen, die ich bislang kartographiert habe, ist dieser Ort in der politischen Rede durchaus nicht implizit, unzugänglich oder einfach vorausgesetzt; an diesem Ort herrscht vielmehr höchste Geschäftigkeit: Ich kann den sehen, der mich gehorchen lässt; ich kann mich durch die Bekundungen derjenigen, die behaupten, in meinem Namen zu sprechen, zeigen.

46 Die Rede gehört zwar nie dem, der sie im Munde führt, ihren Ursprung aber kann man nichtsdestoweniger ausmachen, und es ist diese Standortbestimmung, die die politische

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Form zu sprechen definiert: »Im Namen welches anderen Akteurs, im Namen welcher anderen Akteure sprechen wir?« Die ständige Präsenz all dieser Anderen, all dieser Aliens – ob nun in Form ihrer irreduziblen Vielheit oder in Form ihrer unvermeidlichen Vereinigung – erklärt hinreichend die eingangs festgestellte Schwere, Langsamkeit und Verbiegung der politischen Form der Rede. Sie erklärt auch, warum die Frage des Autors, der Autorität, der Autorisierung wesentlich mit der politischen Redeweise verbunden ist. Alle anderen Formen der Rede können sich von ihrem Sprecher emanzipieren, ihn vergessen oder ignorieren – deshalb fliegen, schweben, verwehen sie, geradenwegs und schnell –, die politische Äußerung kann das nicht.

47 Und zwar vor allem deshalb nicht, weil schon die Form des Kreises den Sprecher dazu zwingt, zwei Positionen einzunehmen, die gemäß der Theorie des Äußerungsakts prinzipiell unmöglich sind: Wie in der folgenden Abbildung zu sehen, delegiert derjenige, der spricht, die Aufgabe der Rede an denjenigen, der für ihn spricht – der technische Ausdruck hierfür ist die Entkopplung (débrayage, shifting out) an einen anderen Raum, eine andere Zeit, einen anderen Aktanten. Nichts davon ist neu: Jeder Geschichtenerzähler, jeder Texter, jeder Sprecher wie in »Unsre Katz’ ist tot« oder »Ego cogito« tut genau das. Nun bringt aber etwas den üblichen Rahmen durcheinander: Derjenige, an den man die Rede delegiert hat, nimmt ebenfalls die Position n- 1 ein, indem er den Sprecher, der ihn zum Sprechen bringt, zum Sprechen bringt … »Sie lassen mich nichts sagen, was ich nicht Sie sagen lasse; daraus beziehen wir die Möglichkeit unserer Autonomie und somit unserer Freiheit.« Das »Ich« (moi-je) ist folglich zugleich Delegierender und Delegierter: Man hat ihm das Wort erteilt, das er nun gibt. Nichts ist weniger authentisch, primitiv, natürlich, autochthon als der Delegierende: Wie das »Ich denke« (moi, je pense) und aus denselben Gründen muss ein Sprecher auf erster Ebene ihn bereits etwas »sagen geschickt« haben, damit er zu sprechen beginnen kann. Und natürlich ist dieser Sprecher der Ebene n-1 selbst keine Einheit, sondern eine Vielzahl … Nun lässt sich leicht einsehen, warum die politische Rede Unbehagen bereitet, sobald man die politischen Redeweisen mit der Elle der diskursiven Vernunft misst – die, wie wir uns erinnern, auch der wahrheitsorientierten List der Wissenschaften nicht Rechnung tragen kann: Denn aus der Perspektive derer, die sich als Herren ihrer eigenen Worte wähnen, erscheint die politische Rede stets monströs.

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48 Es gibt mindestens vier Gründe für die Schwere und Langsamkeit, für den völligen Mangel an Authentizität und Natürlichkeit, die für die politische Äußerung so typisch sind: (a) Derjenige, der »sprechen lässt«, bleibt sichtbar und spürbar, statt wie in allen anderen Äußerungsakten lediglich stillschweigend vorausgesetzt zu werden; (b) er nimmt zwei unvereinbare Positionen ein, insofern er zugleich vor uns ist – derjenige, an den wir das Wort richten – und hinter uns – er ist es, der uns delegiert, der in uns die Rede ausspricht; (c) in diesen beiden unvereinbaren Positionen unterscheidet er sich wesentlich, radikal von dem, der spricht, und zwar so sehr, dass es niemals irgendeine Ähnlichkeit, Transparenz, Unmittelbarkeit, Mimesis, Deckungsgleichheit geben kann; und schließlich (d) ist er stets der Effekt einer Vielheit: Wenn ich spreche, spricht gleichzeitig immer eine Vielzahl anderer – ihr Name ist, wie der der Teufel, Legion. So ist es nicht verwunderlich, dass man Himmel und Hölle in Bewegung setzt, um tunlichst nicht politisch über etwas zu sprechen …

Vor allem darf man die Politik nie durch etwas anderes erklären

49 Mit einer letzten Schlussfolgerung möchte ich auf den Unterschied zwischen den Soziologien des Sozialen und den Soziologien der Übersetzung zurückkommen. Wie bereits angemerkt, setzen Erstere im Wesentlichen jene Gruppen voraus, deren Aggregation für Letztere gerade erklärungsbedürftig bleibt. Die Soziologien des Sozialen können es sich leisten, die politische Äußerung zu verachten (mit der sie selbst übrigens keineswegs geizen); sie sehen in der politischen Rhetorik nämlich eine »Lüge, die die wahren Probleme und Herrschaftsverhältnisse verschleiert«. Für die Soziologien der Übersetzung jedoch existiert kein anderes Mittel der Hervorbringung von Gruppen als jene (Neu-)Gruppierungen, die durch das unaufhörliche Wiederaufnehmen der politischen Repräsentation im weitesten Sinn möglich werden. Folglich läuft jeder Versuch, die politische Rede zu rationalisieren, sie in das

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Prokrustesbett der unverzerrten Informationsübermittlung zu zwingen, darauf hinaus, mit dem Kreis das einzige Verfahren unmöglich zu machen, welches Gruppen zu einer vorläufigen Existenz verhelfen kann. Setzte man das kontinuierliche Wiederaufnehmen des Kreises aus, wären schlichtweg keine (Neu-)Gruppierungen mehr möglich. Man fände sich unter festgelegten Akteuren wieder, die das Exklusivrecht auf ihre Wortmeldungen beanspruchen könnten: Sie hätten Interessen, Willen, Identitäten, Meinungen. Sie wären nicht mehr benennbar und kritisierbar; ihre Mitglieder könnten sich weder repräsentieren lassen noch befehlen, noch gehorchen, noch auch nur dazugehören.

50 Wenn man nun aber die unmögliche Meisterleistung vollbringen muss, aus einer Vielheit eine Gruppe (neu) zu komponieren, oder wenn man, was genauso unmöglich ist, eine Pluralität dazu bringen muss, einer gemeinsamen Anordnung zu gehorchen, dann darf man vor allem nicht mit Wesen beginnen, die sich durch starre Meinungen, etablierte Interessen, definitive Identitäten und einen festen Willen auszeichnen. Dies würde eine sichere Niederlage bedeuten, denn jede Kompositionstätigkeit erschiene als ein unerträglicher Kompromiss, um nicht zu sagen als kompromittierend. Schließlich würde sie ja die Willen, Meinungen, Interessen und Identitäten zunichtemachen, zermalmen, zerstören. Würde man umgekehrt alle Zugehörigkeiten »anerkennen«, alle Interessen »berücksichtigen«, auf alle Meinungen »hören«, jeden Willen »respektieren«, ließe sich der Kreis nie schließen – weder auf dem Hin- noch auf dem Rückweg –, da die Vielheiten, die sich hartnäckig auf ihre irreduzible Differenz versteifen, das letzte Wort behielten. Die einzige Möglichkeit, den Kreis arbeiten zu lassen, die Politikmühle zu drehen, (Neu-)Gruppierungen herzustellen, besteht darin, auf keinen Fall von den etablierten Meinungen, Willen, Identitäten und Interessen auszugehen. Allein die politische Rede kann sie begründen, wiederherstellen, abwandeln.

51 Damit das politische Leben denkbar, ausdrückbar, sagbar wird, dürfen die Akteure noch keine Meinung haben, sondern müssen offen dafür sein, sie zu ändern; sie dürfen keine Identität haben, sondern nur Zugehörigkeiten, die sich im Lauf der Debatte verschieben; sie dürfen sich der Interessen, die sie repräsentieren, nicht sicher sein; und ihr Wille muss schwanken oder sich vielmehr so entwickeln, wie sich die Beziehungen zwischen allen anderen Akteuren ordnen und wandeln, von denen sie zum Sprechen gebracht werden – Halbkreis des Gehorsams – und die sie ihrerseits zum Sprechen bringen – Halbkreis der Repräsentation. Nunmehr verstehen wir den Sinn dieser empfindlichen, widersprüchlichen, peinlich genauen Alchemie, die die Sophisten auf den Namen autophyos tauften und die ungeachtet der Ironie des Sokrates nichts Tautologisches an sich hat: Wer spricht, spricht nicht von sich, sondern von einem anderen aus, der nicht einer ist, sondern Legion. Nichts könnte weniger aufrichtig, weniger authentisch sein als der politische Ausdruck.

52 Auf diesem geringfügigen Auseinanderklaffen (dislocation) der Rede beruht die winzige Transzendenz der Politik. Dadurch ist es ihr möglich, das öffentliche Leben in Unruhe zu versetzen, zur Gärung zu bringen, es manchmal zu stören, d.h. in Verwirrung zu stürzen, es aber auch »umzurühren«, wenn man so sagen darf, ehe man es klärt oder mindestens auf höhere Flamme stellt. Im Gegensatz zu Platons Befürchtungen ist das Kollektiv nie einfach sich selbst gleich; das öffentliche Leben ist immer in Aufruhr. Die Vorstellung, dieser Lebensform könne es an Transzendenz fehlen, an Äußerlichkeit, Überschreitung, Geistigkeit, und man müsse sie um einen Souverän ergänzen, der sie von außen abschlösse – jenem kleinen Balken gleich, den Jupiter den Fröschen zuwarf,

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als sie sich einen König von ihm erbaten –, hat keinen Sinn mehr, sobald man das konstitutive Stottern der politischen Äußerung erkennt: Wer spricht, hat nicht das Wort, er spricht im Namen der anderen.

53 Wenn man, wie Sokrates, Bürger fordert, die ihr eigener Herr sind und sich beherrschen; die vernünftig urteilen; die ausschließlich von sich aus und für sich sprechen; die wissenschaftlich abgesicherte Meinungen vor sich hertragen; deren Interessen dermaßen unverhandelbar sind, dass sie für diese sterben würden; die sich zu Identitäten bekennen, die in einem solchen Maße nicht von dieser Welt sind, dass man die Bürger eigentlich als Bürger des Totenreichs betrachten müsste – dann ist keine Politik mehr möglich. Merkwürdigerweise entspricht das Bild einer verantwortungsbewussten und vernünftigen Bürgerschaft, die selbstgewiss über ihr eigenes Wort gebietet, der tödlichsten Form einer politischen Körperschaft. Und noch einmal: Unter einer Körperschaft verstehe ich nicht das Gemeinwesen, den Staat oder die Nation, sondern jede Gruppierung, die sich als solche durch ein politisches Leben fortschreibt, das ihrem eigenen Maß angemessen ist.

54 Wenn die Meinungen nicht die Meinungen desjenigen sind, der sie ausspricht, sondern die desjenigen, der ihn sprechen lässt, seines Enunziators (énonciateur); wenn der Wille nicht der des Bürgers ist, sondern der-, dem- oder denjenigen gehört, die ihn zum Handeln veranlassen; wenn die Zugehörigkeiten nicht die von heute sind, sondern die von morgen; wenn die Interessen nicht feststehen, sondern von den zahlreichen Elementen abhängen, die in sie »eingreifen«, dann kann man sich vorstellen, welchen katastrophalen Effekt es gegebenenfalls auf die empfindliche Ökologie der politischen Rede hat, wenn plötzlich allerorten von der Notwendigkeit schwadroniert wird, »die Wahrheit zu sagen«, »transparent«, »treu«, »natürlich«, »man selbst«, »authentisch«, »direkt«, »ungekünstelt«, »ohne Manipulation« und »vernünftig« zu sein. Alle Sprecher sind plötzlich von zwei Imperativen gelähmt, die sich widersprechen: Gegen die alte Arbeit des politischen Äußerungsakts, der auf Unruhe, Bewegung und eine Vervielfältigung der Äußerungsebenen hinwirkt, steht der neue Anspruch, der verlangt, man möge »für sich und aus sich heraus« sprechen. Setzt sich der zweite Anspruch durch, dann war’s das mit dem politischen Leben, die politische Rede wird sich rarmachen, sie wird unpassend, sogar schockierend. Und infolgedessen werden auch die Aggregate, deren provisorische Zusammensetzung nur sie zuwege bringen kann, knapp. Es gibt immer weniger (Um-)Gruppierungen. Die Meinungen werden starr, die Interessen borniert, die Zugehörigkeiten abgekapselt, der Wille, ob gut oder schlecht, bekommt Seltenheitswert.

55 Auf die politische Trägheit kann man nicht setzen. Denn wenn man die »erzwungene« Kreisbewegung auch nur für einen Tag aussetzt, gehen die Interessen, Identitäten, Zugehörigkeiten und Willen wieder ihren jeweils eigenen Gang und zerstreuen sich wie Blätter im Wind. Man verachtet die Politik so sehr, weil es eben kein Beharrungsvermögen gibt, auf das man ein für allemal bauen könnte: eine Gruppe, die nicht mehr durch die zwangsläufig künstliche und arglistige Schwerstarbeit der Neukomposition, Neueinberufung, Neumobilisierung (um-)gruppiert würde, gäbe es bald nicht mehr.

56 Dieser flüchtige Charakter der Politik erschöpft von vornherein alle, die nicht wagen, den Kreis zur Gänze zu durchlaufen. Wie viel bequemer ist es, in stummer Klage und Hass auf die Eliten zu verharren oder sich, den Kreis durchlaufend, in seiner Amtsstube zu verbarrikadieren und in eine Legitimität zu hüllen, die man keiner

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Bewährungsprobe mehr aussetzt. Wie es ja auch bequem wäre, sich auf Recht und Ordnung zu berufen, um Gehorsam zu erzwingen, oder sich – immer noch in der Kreisbewegung – über die Absurdität der Anordnungen von »denen da oben« zu beklagen. Aber es hilft ja nichts: Weder die Klage noch der Hass, noch die Legitimität, noch das Recht, noch die Anordnung haben einen Sinn, solange man sich nicht von Neuem an die Quadratur des Kreises macht. Auf die Trägheit zu setzen, um die Verwandlung der Vielen in Eines und des Einen in Viele sicherzustellen, ist leider ein Verbrechen, das bei helllichtem Tag begangen werden kann, ohne Empörung auszulösen, so sehr sind wir damit beschäftigt, unseren Hass auf die Politiker herauszuschreien. Indem wir uns über ihre Winkelzüge entrüsten, berauben wir uns ihrer einzigen genuinen Qualität. Dies ist das Paradox der sogenannten kritischen Soziologie: Man belobhudelt sie, weil sie den Mut hatte, sich »politisch einzumischen«. In Wirklichkeit aber verbreitet sie sich flächendeckend und erstickt allmählich jede Form des politischen Ausdrucks und ersetzt ihn durch die monotone Darlegung »symbolischer Herrschaftsverhältnisse«, die sie hinter den Lügen der Repräsentanten vermutet.

57 Häufig werden Wortmeldungen politischen Inhalts mit Wortmeldungen verwechselt, deren Behältnis politischer Natur ist. Diese Verwechslung ist dazu angetan, den fortschreitenden Verlust der politischen Äußerungsform dem Blick des Betrachters zu entziehen. Wie gut lässt sich von Wahlen, Machtverhältnissen, internationalen Beziehungen, dem Kampf um Einfluss usw. sprechen, ohne dass man diese Dinge deswegen schon politisch ansprechen müsste: Um sie ihres Sinns, ihrer Tonart, ihrer Tonalität und ihres Spins zu berauben, genügt es, den so ins Spiel gebrachten Angelegenheiten eine unverzerrte Übertragung zuzuschreiben. Wer von »Herrschaftsverhältnissen« spricht, meint, politisch zu sprechen. Doch weil sich diese Machtverhältnisse nach dem Vorbild der Information geradlinig verschieben und nicht in gewundener Linie durch Übersetzung, spricht man darum noch längst nicht politisch. Wer sich empört oder pädagogisiert, glaubt, er treibe Politik, weil er die Sprache der Empörung oder der Organisation, der Legitimität oder des Kampfes gegen die Tyrannei spricht. Diejenigen aber, die den Kreis nicht zur Gänze durchlaufen wollen, wettern umsonst. Im Grunde wünschen sie sich, ihre Reden wären gerade und direkt. Während diese Reden voll tiefschürfender und radikaler politischer Überlegungen zu sein scheinen, haben sie in Wirklichkeit das Register verloren, das ihnen einen politischen Klang verleihen würde: den Mut, den Kreis von Neuem zu durchlaufen und die Totalität auf andere Weise zu repräsentieren.

58 Wenn meine Hypothese zutrifft, dann kann man sich mühelos Epochen vorstellen, in denen die politische Rede verschwände oder zumindest so fremdartig erschiene, dass man sie, kaum ausgesprochen, mit einem Verbot belegen würde. Ich denke hier nicht an die Zensur irgendwelcher Meinungen, an eine Einschränkung der Redefreiheit, die auf Inhalte gemünzt wäre. Nein, es handelt sich um eine unendlich viel schwerere Krankheit, die das Beinhaltende oder Behältnis der politischen Sprache selbst befiele. Weil man diese Form des Sprechens verachtet, weil man sie ständig mit der Elle der getreuen und transparenten Übertragung von Informationen oder Machtverhältnissen misst, hat man sie allmählich sehr effektiv sämtlicher Ressourcen beraubt – so, wie man es bereits (ich habe es an anderer Stelle gezeigt) an der Wissenschaft und der Religion vorexerziert hatte. Sie gliche am Ende einem aufgegebenen Straßennetz, das alle größeren Bewegungen unmöglich machen und nur lokale Beziehungen erlauben würde. Wir können uns leider nicht mit dem Gedanken trösten, die politische Rede

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wohne dem politischen Tier schicksalhaft inne, man könne sich mithin auf die Natur der Dinge verlassen, um diese wertvolle Äußerungsform intakt zu halten. Nein, sie ist ebenso fragil wie wertvoll, und sie überlebt allein durch die akribische Sorgfalt einer gleichermaßen behutsamen und artifiziellen Kultur. Wenn man die verdrehte durch die wahrheitsgetreue Repräsentation ersetzt, den unmöglichen Gehorsam durch die Pädagogik, die Komposition von Umgruppierungen durch die lineare Übertragung von »Herrschaftsverhältnissen«, dann kann man der Politik sehr wohl ein für allemal den Garaus machen oder sie zumindest so weit herunterkühlen, dass sie – heimlich, still und leise – an Erstarrung stirbt, wie ein sorgloser Fußgänger, der im Schneesturm vom Weg abkommt.

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NOTES

1. Tarde (2009 [1893]). 2. Im Original: » régimes d’énonciation«. Latour bedient sich im vorliegenden Aufsatz unter anderem einer Terminologie, die in Deutschland nur in semiotischen und narratologischen Fachkreisen geläufig ist. Dort wird der Terminus énonciation, dessen gewöhnliche lexikalische Bedeutung u.a. »Äußerung« ist, wahlweise mit Äußerung, Äußerungsakt, Aussageakt, aber auch Enunziation wiedergegeben. Die vorliegende Übersetzung variiert zwischen Äußerung und Äußerungsakt und erinnert in einem Moment der verstärkten semiotischen Bezugnahme durch die Einfügung der französischen Begriffe an diesen terminologischen Hintergrund. [A. d. Ü.] 3. Becker (1982); Hennion (1993). 4. Zur Wissenschaft vgl. Latour (1995); zur Technik: Latour (1992); zur Religion: Latour (2011 [2002]); zum Recht: Latour (2002). 5. So gesehen, ist die politische Rede in einer sehr ähnlichen Lage wie die religiöse Rede, die, gemessen an der Richtschnur der Doppelklick-Kommunikation, ebenfalls der Lüge bezichtigt wird. Vgl. Latour (2011 [2002]). 6. Vgl. auch Latour (2000 [1999]). Muss man daran erinnern, dass die Vielzahl der Vermittlungen der Objektivität der Wissenschaften selbstverständlich nichts nimmt, weil sie diese Objektivität ja überhaupt erst ermöglicht? Vgl. hierzu etwa Galison (1987). 7. »Öffentlichkeit« ist hier in dem Sinn gemeint, den diesem Ausdruck gab; vgl. Dewey (2001 [1927]). Für Dewey handelt es sich bei der Öffentlichkeit nicht um das Gegenteil des Privaten, sondern um das, was aus den unvorhergesehenen und unsichtbaren Folgen von Handlungen resultiert. Die Öffentlichkeit ist somit nicht der Allgemeinwille, auch nicht der Staat oder das »Gemeinwohl«, sondern lediglich das, was sich uns entzieht, was wir blindlings verfolgen bzw. in unserem Auftrag von Spezialisten verfolgen lassen, die genauso blind sind wie wir. 8. Darin liegt für mich die ganze Bedeutung der hervorragenden, von A. Boureau so genau analysierten Beispiele; vgl. seine Arbeiten Boureau (1990), (1992) oder jüngst (2001), insbes. die Kapitel über die Erfindung des politischen Sprechens. 9. Zu Letzteren vgl. etwa Callon (1998). 10. Abelès (1990). 11. Norman (1988). 12. Man könnte allerdings die Hypothese aufstellen, dass das überraschende Vertrauen der Wähler in kompromittierte Volksvertreter auf die Probe hinausläuft, wie sehr diese sich in ihrer Sprache »verbiegen«: Von den korrumpierten Politikern weiß man wenigstens, dass sie uns nicht – wie die mit weißer Weste – mit einem »geradlinigen« pädagogischen Diskurs auf die Nerven gehen, dass sie die Öffentlichkeit nicht wie einen Haufen Erstklässler behandeln werden. 13. Latour (2000 [1999]), Kap. 7 und 8: »Glaubst du aber, irgendein Mensch könne dir eine solche Kunst mitteilen, welche dich vielvermögend machen kann in dieser Stadt, wenn du auch ihrer Verfassung unähnlich bist, gleichviel ob besser oder schlechter: so berätst du dich schlecht, o Kallikles, wie mich dünkt. Denn nicht einmal nur sein Nachahmer mußt du sein, sondern schon von Natur ihm ähnlich [ou gar mimeten dei einai all’ autophyos omoin toutois], wenn du etwas Ordentliches erlangen willst in der Freundschaft des athenischen Volks […]. Wer dich also diesem

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recht ähnlich macht [ostis oun se toutoi omoiotaton apergasetai], der macht dich, wie du ein Staatsmann zu sein wünschst, zu einem solchen Staatsmann und Redner. Denn was nach seinem eignen Sinn gesprochen wird, daran freut sich ein jeder, was aber aus einem fremden, das ist ihm zuwider, wenn du nicht etwa anders meinst, edelster Freund.« (513 a-c) 14. Cassin (1995). 15. So die bedeutsame Lektion von W. Lippmann (1990 [1922]). Es fällt darüber hinaus auf, dass alle, die die krumme/umwegige Politik verteidigt haben – zunächst die Sophisten, dann Machiavelli, Spinoza, Lippmann –, der fürchterlichsten Demokratiefeindlichkeit bezichtigt wurden, während sie doch die einzigen waren, die sich darum bemühten, in den dunklen Schwierigkeiten der politischen Rede jene praktischen Bedingungen aufzudecken, die die Ausübung der Demokratie überhaupt ermöglichten. Ich danke Noortje Marres dafür, dass sie mich mit ihrer Arbeit über Lippmann bekannt gemacht hat. 16. Greimas / Courtès (1979); Ducrot (1989); Fontanille (1998).

INDEX

Mots-clés : Repräsentation, politische Rede

AUTEURS

BRUNO LATOUR Bruno Latour (geb. 1947) ist Philosoph. Nähere Informationen finden Sie hier.

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»Repräsentation« und ihre Bedeutung

Roger Chartier Traduction : Katrin Heydenreich

NOTE DE L’ÉDITEUR

Wir danken Herrn Roger Chartier für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren. Nous remercions M. Roger Chartier de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

1. Definitionen

1 Das 1690 von Furetière veröffentlichte Dictionnaire de la langue française verzeichnet zwei scheinbar gegensätzliche Bedeutungsfamilien des Wortes »Repräsentation«1.

Veranschaulichung eines abwesenden Gegenstands

2 Der ersten Bedeutung zufolge ist »Repräsentation« das »Bild, das uns abwesende Gegenstände in den Sinn und in Erinnerung ruft und das sie uns schildert, wie sie sind«. Dementsprechend veranschaulicht eine »Repräsentation« etwas (Ding, Begriff oder Person), das nicht anwesend ist, indem sie an dessen Stelle ein »Bild« setzt, das das Abwesende angemessen darzustellen vermag. Repräsentieren bedeutet in diesem Sinne, die Dinge mittelbar, über die Zeichnung eines Gegenstands, über Wörter und Gesten, über Figuren und Zeichen (so z. B. im Rätsel, im Emblem, in der Fabel, in der Allegorie) zu erkennen zu geben. Repräsentieren bedeutet im juristischen und politischen Sinn aber auch »jemandes Platz annehmen, seine Macht in der Hand haben«. Von daher die doppelte Definition des Repräsentanten als desjenigen, der in einem öffentlichen Amt eine abwesende Person vertritt, die es eigentlich bekleidet, wie

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auch desjenigen, der in Erbangelegenheiten an Stelle der Person, deren Recht er innehat, bestellt wird.

3 Diese Definition gründet in dem alten, sachlichen Verständnis von »Repräsentation« als eines Abbilds, das anstelle des Leichnams des Königs auf dessen Totenbett gelegt wurde. Dieser sowohl im Englischen als auch im Französischen existierende Wortsinn ist untrennbar verbunden mit der von Ernst Kantorowicz in Die zwei Körper des Königs analysierten politischen Theorie, die ihren sichtbaren Ausdruck in den Begräbniszeremonien der französischen und englischen Könige und ihre begriffliche Formulierung bei den Juristen des 16. Jahrhunderts findet. In dem für das Weiterleben der Dynastie zentralen Moment der Bestattung vollzieht sich eine dramatische Umkehrung der doppelten Präsenz des Herrschers, der als Person sterblich ist und gleichzeitig als Verkörperung der königlichen Würde niemals stirbt. Sie beruht auf »[der] Sitte […], auf den Sarg eine ›königliche Repräsentation‹ zu legen, ein Bild oder eine Figur ad similitudinem regis. Das Abbild war aus Holz oder Leder, ausgestopft und gegipst; es trug die Krönungsgewänder, später eine parlamentarische Robe. Das Abbild trug die königlichen Insignien zur Schau. Auf dem Kopf des Bildes, das seit Heinrich VII. nach der Totenmaske gearbeitet war, saß die Krone, in den künstlichen Händen trug es Szepter und Reichsapfel. Wo es die Umstände nicht verboten, wurden von da an die Bilder bei königlichen Begräbnissen verwendet. Im bleiernen Sarg, der von einer Holzkiste umschlossen war, ruhte die Leiche des Königs, sein sterblicher und sonst sichtbarer, wenn auch jetzt unsichtbarer natürlicher Leib, während sein sonst unsichtbarer ›politischer Körper‹ bei diesem Anlaß in Gestalt des königlich geschmückten Abbilds zur Schau gestellt war. Eine persona ficta, das Abbild, personifizierte eine andere persona ficta, die dignitas.« 2 Wie Furetière schrieb, »betrachtet man einen verstorbenen Herrscher auf seinem Totenbett, so sieht man lediglich seine Repräsentation, sein Abbild«. Es besteht somit eine radikale Trennung zwischen dem abwesenden Repräsentierten (ob fiktive oder wirkliche Person) und dem Gegenstand, der ihn vergegenwärtigt, ihn veranschaulicht.

4 In Shakespeares Drama Richard II. wird in drei zentralen, von Ernst Kantorowicz kommentierten Szenen (III, 2, III, 3 und IV, 1 laut den Einteilungen der Folio-Ausgabe von 1623) der schrittweise Rückzug des natürlichen Körpers von seinem politischen Körper, die Trennung des Individuums Richard von der heiligen Würde des gewählten Königs und Stellvertreter Gottes nachgezeichnet. Wie die drei Szenen auf der politischen Theorie der zwei Körper des Königs beruhen, hat Kantorowicz großartig dargestellt. Durch zahllose Metaphern wird die Theorie in gleichermaßen poetische wie religiöse und politische Bilder umgewandelt: so durch Vergleiche mit natürlichen Elementen (Tag und Nacht, Sonne und Schatten), biblischen Gleichsetzungen (allen voran die des Königs mit Jesus Christus und seiner Feinde mit Judas oder Pontius Pilatus) oder durch Figuren einer verkehrten Welt, die die Rollen des Herrschers und des Untertanen oder des Königs und des Narren umkehren. Der Text baut auf der Spannung, die von den beiden möglichen Formen der Machtentsagung des Königs ausgeht: Auf der einen Seite wird sie als Abdankung formuliert, wodurch der neue König vollste Legitimität erhält, auf der anderen stellt sie sich als Absetzung dar, deren Gewalt den Frieden im Königreich aufs Höchste zu gefährden droht. Des Weiteren fußt der Text auf der von der Theorie der zwei Körper vorausgesetzten doppelten Verkörperung: Verschmilzt der natürliche Körper des Königs mit dem politischen Körper in ein- und demselben Individuum, so ist das Umgekehrte ebenfalls wahr. Sobald dieser politische Körper an einen anderen übergeht, ist der König nichts mehr.

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Er hat weder Namen noch Gesicht mehr, er ist nur noch jener »gekrönte Schneemann«, der in der Sonne des neuen Herrschers dahinschmilzt.

5 In Richard II. wandelt Shakespeare Holinsheds Chronik in einem ganz wesentlichen Punkt ab, nämlich in der Szene der Absetzung des Königs. In der Chronik, die Shakespeare in ihrer Ausgabe von 1587 gelesen hatte, besteht die Rolle des Parlaments darin, die vermeintliche Abdankung Richards zu bestätigen und der Besteigung des Throns durch Bolingbroke, inzwischen Heinrich IV., zuzustimmen. Erst nach dieser zweifachen Billigung sollen die Gründe für dieses doppelte Ereignis dargelegt werden. In Shakespeares Stück, zumindest in seiner Ausgabe von 1608, spielt sich das Ganze etwas anders ab, denn dort – so wird es von Northumberland berichtet – fordert das Unterhaus die öffentliche Absetzung des Königs. Dieser Unterschied, der sicherlich mehr auf dramatische als auf politische Motive zurückzuführen ist, erklärt, weshalb ein großer Teil der Parlamentsszene (IV, 1, Vers 154–317) in den ersten drei Quarto- Ausgaben der 1597 und 1598 veröffentlichten »tragedy« fehlt, und weshalb in der Folio- Ausgabe von 1623 (mittlerweile ist das Stück eine »history«) der Text der 1604 hinzugefügten Szene dahingehend abgeändert wurde, dass nicht mehr das Unterhaus, vermittelt über Northumberland, sondern Bolingbroke jene Worte ausspricht, die das öffentliche Erscheinen des Königs fordern.

Öffentliche Präsenz einer Person oder einer Sache

6 Bei Furetière hat der Begriff »Repräsentation« eine weitere Bedeutung: »Unter Repräsentation versteht man im (Justiz-)Palast die Aus- und Darstellung einer Sache«. Damit wird die Definition von repräsentieren als »persönlich erscheinen und eine Sache darstellen« eingeführt. Repräsentation bedeutet hier soviel wie das Zeigen einer Präsenz, die öffentliche Präsentation einer Sache oder einer Person. Dabei ist die Sache oder die Person die Repräsentation ihrer selbst. Das oder der Repräsentierte und sein Bild sind eins, untrennbar miteinander verbunden: »Man spricht auch bei lebenden Menschen manchmal von Repräsentation. Vor einer ernsten, majestätischen Gestalt sagt man: das ist eine Person von schöner Repräsentation [›voilà une personne de belle représentation‹].«

7 Auch die Wörterbücher anderer europäischer Sprachen des 17. Jahrhunderts verzeichnen dieses doppelte Präsenzregime des Worts »Repräsentation«, indem sie entweder eine Beziehung zwischen Zeichen und Sache voraussetzen oder eine Übereinstimmung von Sache und Zeichen. Im 1611 erschienenen Tesoro de la lengua castellana von Covarrubias wird noch lediglich die erste Sinnfamilie erwähnt: »Repräsentieren: vergegenwärtigt uns eine Sache durch Worte oder Abbildungen, die sich in unserer Vorstellung festsetzen«. Daran schließt sich der juristische Sinn an (»repräsentieren heißt, eine Person so in sich einzuschließen, als wäre man diese Person selbst, um an ihre Stelle mit allen Handlungen und Rechten zu treten«) bzw. die mit »repräsentieren« / »Repräsentation« verbundenen Wörter im Bereich des Theaters: »Repräsentation, Komödie oder Tragödie« oder »Repräsentanten, Komödianten, einer, der den König repräsentiert, so als wäre dessen Gestalt präsent; ein anderer gibt den Liebhaber, ein anderer die Dame usw.«

8 Zu Beginn des 18. Jahrhunderts im Diccionario de Autoridades teilt sich die Bedeutung von »representar« wie bei Furetière auf in »etwas vergegenwärtigen« und das dem Tesoro von Covarrubias noch nicht geläufige »etwas sichtbar machen, das es gibt oder

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zu geben scheint«. So werden beide Definitionen – Erstere, die von der Abwesenheit der repräsentierten Person oder Sache, und Letztere, die von Selbstdarstellung ausgeht – zusammengeführt: »Repräsentation bedeutet auch Autorität, Würde, Charakter oder die Empfehlung einer Person. Und so sagt man, dass Herr Fulano in Madrid ein Mann von Repräsentation ist«.

9 In seinen Überlegungen zur Beziehung zwischen der Repräsentation politischer Macht und der politischen Macht der Repräsentation hat Louis Marin diese beiden alten Bedeutungen des Wortes niemals außer Acht gelassen. Der erste Wortsinn, der sich in die Tradition der Zeichentheorie der Grammatiker und Logiker von Port Royal einfügt, bezeichnet die beiden Operationen der Repräsentation, wenn diese einen abwesenden Referenten vergegenwärtigt: »Zu den operativsten Modellen, die geschaffen wurden, um das Funktionieren der modernen Repräsentation – sei sie linguistisch oder visuell – zu erforschen, gehört dasjenige, das die Berücksichtigung der doppelten Dimension ihres Dispositivs verlangt: hier die ›transitive‹ Dimension oder Transparenz des Äußerungsinhalts, d.h. jede Repräsentation repräsentiert etwas; dort die ›reflexive‹ Dimension oder Äußerungs-Opazität, d.h. jede Repräsentation präsentiert sich als etwas repräsentierend«.3 Bei der Übertragung des eucharistischen Modells auf die Macht des obersten katholischen Kirchenfürsten resultiert daraus eine erste Dimension, bei der die Hostie die Repräsentation des Leibes Jesu Christi und dessen Abbild die Repräsentation seines abwesenden Körpers ist. Doch mit dieser narrativen, historischen Repräsentation, die eine Beziehung zwischen einem Zeichen und der bedeutungsstiftenden impliziert, ist die Bedeutung der Eucharistie oder des Bildes des Herrschers nicht erschöpft. Sie fallen nämlich auch unter den zweiten Sinn von Repräsentation, jenem, der Repräsentation als das (Auf)Zeigen einer Präsenz versteht. Die Hostie ist der Leib Jesu in seiner wahren Präsenz, ebenso wie seine Abbilder – in aller Abwesenheit – die sichtbare Bekundung der Präsenz seines sakramentalen Körpers sind. Diese auf den beiden Bedeutungen von Repräsentation fußende komplexe Konstruktion gerät ins Wanken, als Ludwig XIV. sein eigenes naturalistisches Porträt auf den Symbolen einführt, die ihn in seiner Abwesenheit wie seiner Anwesenheit repräsentieren sollen. Indem die beiden Dispositive der Repräsentation, das transitive und das reflexive, in ihrer eigenen Historizität verknüpft werden, können die Mechanismen in Augenschein genommen werden, dank deren die Repräsentation sich als etwas Repräsentierendes darstellt. In der Einleitung seines Buches Das Opake in der Malerei unterstreicht Louis Marin die heuristischen Wirkungen einer solchen Verschiebung, bei der ein einzig auf der Analyse der Sprache aufgebauter, rein semiotischer, strukturaler Ansatz durch eine historische und materielle Studie der Modalitäten und Verfahren der »Präsentation der Repräsentation« ersetzt wird. Somit kann eine enge Verknüpfung hergestellt werden zwischen konzeptueller Reflexion über den Repräsentationsbegriff auf den Gebieten der Logik, der Theologie und des Politischen und den analytischen Perspektiven, die auf die Bedeutungseffekte achten, die von den Einschreibungsformen der Diskurse hervorgebracht werden.

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2. Kollektive Repräsentationen/Vorstellungen und soziale Welt

10 Mit Hilfe des Repräsentationskonzepts konnten die unterschiedlichen Beziehungen zwischen Individuen bzw. Gruppen und der sozialen Welt, der sie angehören, besser als mit dem Mentalitätenbegriff artikuliert werden. Dank seiner Mehrdeutigkeit bezeichnet es im soziologischen Sinn von »kollektiver Repräsentation« bzw. »kollektiver Vorstellung« zunächst die Wahrnehmungs- und Beurteilungsmuster, auf denen die Klassifizierungen und Hierarchisierungen, die die soziale Welt konstruieren, beruhen. Dem in den Wörterbüchern des 17. und 18. Jahrhunderts verzeichneten älteren Sinn nach kann das Konzept Praktiken und Zeichen, Symbole und Verhaltensweisen bezeichnen, deren Ziel es ist, eine soziale Identität oder eine Machtinstanz aufzuzeigen und anerkennen zu lassen. Im politischen Sinn schließlich kennzeichnet das Konzept die institutionalisierten Formen, anhand deren »Repräsentanten« (ob Individuen oder kollektive Instanzen) in sichtbarer Weise den Zusammenhalt einer sozialen Kategorie, die Beständigkeit einer Identität oder die Stärke einer Macht verkörpern, »vergegenwärtigen«. Indem das Repräsentationskonzept diese drei Ebenen verbindet, verändert es das Verständnis der sozialen Welt, denn es zwingt dazu, die Konstruktion von Identitäten, Hierarchien und Klassifizierungen als Ergebnis von »Repräsentationskämpfen« zu denken, in denen es um die (anerkannte oder verleugnete) Macht der Zeichen geht, die eine Herrschaft oder Hoheitsgewalt als legitim anerkennen lassen sollen.

11 So wird auch verständlich, wie Konfrontationen, in denen gegensätzliche Gewalten, rohe Kräfte sich gegenüberstehen, in symbolische Kämpfe verwandelt werden, in denen die Repräsentationen zugleich Waffe wie Streitobjekt sind. Die Repräsentation hat eine solche Fähigkeit, denn Louis Marin zufolge »vollzieht [das Bild] die Substitution der äußerlichen Manifestation, in der eine Kraft nur erscheint, um eine andere Kraft im Kampf auf Leben und Tod zu vernichten, durch Zeichen der Kraft oder besser durch Signale und Indizien, die nur gesehen, konstatiert, gezeigt, dann erzählt und rezitiert werden müssen, damit die Kraft, deren Effekte sie sind, geglaubt wird.«4 Der Verweis auf Pascal liegt hier ganz nah. Wenn dieser nämlich den Mechanismus der »Zurschaustellung« beschreibt, der sich an die Einbildung richtet und Glauben hervorbringt, dann stellt er die, für die ein solcher »Apparat notwendig ist, jenen gegenüber, für die er es nicht ist«. Unter Ersteren finden sich die Richter und die Ärzte: »Unsere Justizbeamten haben dieses Geheimnis genau erkannt. Ihre roten Talare, ihr Hermelin, worin sie sich wie mit Pelzstreifen geschmückte Katzen einwickeln, die Paläste, in denen sie Recht sprechen, die Lilienwappen, diese ganze erhabene Pracht war sehr notwendig […] und wenn die Ärzte keine Leibröcke und Pantoffeln hätten und die Rechtsgelehrten keine vierteiligen Barette und vierteilige, viel zu weite Roben, so hätten sie nie die Welt betrogen, die dieser so glaubwürdigen Zurschaustellung nicht widerstehen kann. Wenn sie das wahre Recht sprächen und wenn die Ärzte die wirkliche Heilkunst beherrschten, hätten sie keine viereckigen Barette nötig. Die Würde dieser Wissenschaften wäre durch sich selbst ehrfurchtbietend genug, da sie jedoch nur eingebildete Wissenschaften haben, müssen sie zu diesen eitlen Hilfsmitteln greifen, die auf die Einbildung wirken, mit der sie es ja zu tun haben, und hierdurch verschaffen sie sich tatsächlich Achtung.«5 Für die Meister der rohen Gewalt jedoch ist eine solche Manipulation der Zeichen vollkommen nutzlos:

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»Nur die Kriegsleute haben sich nicht derart verkleidet, weil ihr persönliches Eingreifen in der Tat wesentlicher ist. Sie setzen sich mit Gewalt durch, die anderen mit Blendwerk.«6 Für die Geschichte der Gesellschaften des Ancien Régime ist der von Pascal festgestellte Kontrast ganz besonders relevant, erlaubt er doch, die Formen der symbolischen Herrschaft – durch Bilder, »Zurschaustellung« oder »prunkhafte Ausstattung« (l’attirail )« (das Wort ist von La Bruyère) – als logische Konsequenz des Monopols auf die legitime Anwendung der Gewalt, das der absolute Herrscher zu errichten strebt, zu denken. Die Gewalt verschwindet in dem Vorgang, der sie in Macht umwandelt, nicht, sie steht dem Herrscher vielmehr – wie seine Soldaten auch –jederzeit zu Diensten, ist durch die Vervielfältigung der Symbole (Porträts, Münzen, Bauwerke, Lobgesänge, Erzählungen usw.), die die Macht des Herrschers veranschaulichen und ohne die geringste Gewaltanwendung Gehorsam und Anbetung hervorrufen sollen, jedoch auf Eis gelegt. Folglich gewährleisten die Instrumente der symbolischen Herrschaft im Grunde »die Negation und zugleich die Konservierung des Absoluten der Gewalt: Negation, weil die Gewalt weder ausgeübt wird noch sich manifestiert, denn in den Zeichen, die sie bedeuten und die sie bezeichnen, ist sie friedlich; Konservierung, weil die Gewalt durch die Repräsentation und in ihr sich als Gerechtigkeit darstellt, will sagen als bei Strafe des Todes obligatorisch zwingendes Gesetz«.7 Die Ausübung der politischen Herrschaft stützt sich somit auf die Zurschaustellung der symbolischen Formen, welche die Macht des Königs repräsentieren, die selbst in seiner Abwesenheit sichtbar und glaubwürdig gegeben ist. In Verlängerung dieses stummen Zwiegesprächs zwischen Marin und Elias kann man hinzufügen, dass gerade die (zumindest relative, tendenzielle) Pazifizierung des sozialen Raums zwischen dem Mittelalter und dem 17. Jahrhundert die Umwandlung der gewaltsamen Auseinandersetzungen in Repräsentationskämpfe ermöglichte, in denen die Ordnung der sozialen Welt und damit der Rang jedes Standes (état), jeder Körperschaft (corps) oder jedes einzelnen Menschen auf dem Spiel stand.

12 Daher rührt auch die in der frühen Neuzeit so ausgeprägte Beziehung zwischen kollektiven mentalen Vorstellungen und Theatervorstellungen. Wie Stephen Greenblatt in Verhandlungen mit Shakespeare hervorhebt, bemächtigen sich diese der sozialen Energie, die in den Sprachen, Reden, Ritualen und Praktiken der sozialen Welt liegt, und wandeln sie in machtvolle Fiktionen um: »Worin aber besteht die soziale Energie, die hier umgesetzt wird? Es handelt sich um Macht, Charisma, sexuelle Erregung, kollektive Träume, Staunen, Begehren, Angst, religiöse Ehrfurcht, zufällige, intensive Erlebnisse. In gewissem Sinn ist die Frage absurd, denn alles, was von der Gesellschaft produziert wird, kann auch zirkulieren, es sei denn, es wird absichtlich vom Kreislauf ausgeschlossen.«8 Die Repräsentationen auf der Bühne modellieren wiederum jene des Publikums: »Kraft der ihm eigenen Darstellungsmittel bringt jedes Stück verschiedene Quanten sozialer Energie auf die Bühne; die Bühne wiederum verwandelt diese Energie und leitet sie ans Publikum zurück.«9 Dieses Zirkulieren der Repräsentationen zwischen einem Werk und seinen Zuschauern oder Lesern wird somit definiert als die

13 »Fähigkeit gewisser sprachlicher, auditiver und visueller Spuren, kollektive physische und mentale Empfindungen hervorzurufen und diese zu gestalten und zu ordnen«.10 Nun beschränkt die heuristische Relevanz des Repräsentationskonzepts trotz der geschichtlichen Einordnung sich nicht auf die Gesellschaften des Ancien Régime und ist

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nicht allein durch die juristische Kodifizierung der sozialen Ungleichheit geregelt, sondern es ist nicht weniger brauchbar zum Verständnis dessen, wie in den zeitgenössischen »demokratischen« Gesellschaften am Schnittpunkt der objektiven sozialen Eigenschaften und der (akzeptierten oder abgelehnten) Repräsentationen, die Klassen bzw. Gruppen von sich vorlegen, Ränge und Hierarchien konstruiert werden. Bourdieu schreibt in Die feinen Unterschiede: »Man braucht sich nur einmal zu vergegenwärtigen, daß Güter sich in distinktive Zeichen verwandeln, die – einmal in Beziehung zu anderen gesehen – Zeichen von Distinktion, aber auch von Vulgarität sein können, um zu erkennen, daß die Vorstellung, die Individuen und Gruppen durch ihre Eigenschaften und Praktiken unvermeidlich vermitteln, integraler Bestandteil ihrer sozialen Realität ist. Eine Klasse definiert sich durch ihr Wahrgenommen-Sein ebenso wie durch ihr Sein, durch ihren Konsum – der nicht ostentativ sein muß, um symbolischen Charakter zu tragen – ebenso wie durch ihre Stellung innerhalb der Produktionsverhältnisse (selbst wenn diese jenen bedingt)«.11 Demnach gestalten Klassifizierungs- und Repräsentationskämpfe die soziale Welt mindestens ebenso stark, wenn nicht noch stärker, wie objektive Festlegungen, nach denen Klassen und Gruppen getrennt sind. Die Einverleibung der sozialen Strukturen durch den Einzelnen, je nach dessen Herkunft, Lebensweg und Zugehörigkeit, und die durch die Perpetuierung der sie legitimierenden Repräsentationen ermöglichten Herrschaftsverhältnisse führen hier zusammen. Erst wenn diese Repräsentationen Risse bekommen und bröckeln, werden Kritik und Brüche denkbar.

14 Wahrscheinlich wird aus eben diesem Grund in den letzten Jahrzehnten in so vielen Arbeiten das Repräsentationskonzept herangezogen, das mittlerweile in sich selbst die Kulturgeschichte bezeichnet, wie auch die Begriffe der symbolischen Herrschaft oder der symbolischen Gewalt, die, so Bourdieu in den Meditationen, voraussetzen, dass der Betroffene durch seinen Glauben an die Legitimität der ihn unterdrückenden Prinzipien zu deren Wirksamkeit beiträgt. »Die symbolische Gewalt ist ein Zwang, der ohne die Zustimmung nicht zustande kommt, die der Beherrschte dem Herrschenden (und also der Herrschaft) nicht verweigern kann, wenn er zur Reflexion über ihn und über sich oder besser: zur Reflexion seiner Beziehung zu ihm nur über Erkenntnisinstrumente verfügt, die er mit ihm gemein hat und die, da sie nichts anderes als die einverleibte Form der Struktur der Herrschaftsbeziehung sind, diese Beziehung als natürliche erscheinen lassen; oder anders gesagt, wenn die Schemata, über die er sich wahrnimmt und bewertet (hoch/niedrig, männlich/weiblich, weiß/schwarz usw.) das Produkt der Einverleibung von somit zur eigenen Natur werdenden Klassifizierungen sind, deren Produkt sein soziales Sein ist.«12 Das Zusammenspiel dieser beiden Konzepte hat bekanntlich das Verständnis mehrerer grundlegender Realitäten tiefgreifend verändert: so zum Beispiel die Ausübung von Autorität, die auf der Akzeptanz der sie darstellenden und zum Gehorsam aufrufenden Zeichen, Riten und Bilder beruht. Oder die Konstruktion von Identitäten, egal welcher, die sich stets im Spannungsfeld zwischen den (von Mächten, Obrigkeiten oder Lehrmeinungen) aufoktroyierten Vorstellungen und dem Zugehörigkeitsbewusstsein der einzelnen Menschen selbst vollzieht. Nicht zu vergessen: die Beziehungen zwischen den Geschlechtern, die widersprüchlicherweise gleichzeitig als ein Aufzwingen bestimmter Rollen durch Vorstellungen und Praktiken, die die männliche Vorherrschaft rechtfertigen, und das Geltendmachen einer, je nachdem, ob die männlichen Modelle abgelehnt oder verinnerlicht werden, außer- oder innerhalb der Zustimmung angesiedelten weiblichen Identität verstanden werden.

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15 Die Reflexion über die Konstruktion männlicher und weiblicher Identitäten durch Repräsentationen veranschaulicht exemplarisch den hohen Anspruch, der heute jede geschichtswissenschaftliche Praxis durchzieht: Gilt es doch zu verstehen, wie Repräsentationen, seien sie durch Sprache, durch Bilder oder durch Handlungen vermittelt, die Herrschaftsbeziehungen festlegen und gleichzeitig selbst von den ungleichen Ressourcen und gegensätzlichen Interessen jener, deren Macht sie legitimieren, und jener anderen, deren Unterwerfung sie perpetuieren sollen, abhängig sind. Eine Perspektive, die die Untersuchung von Repräsentationen zum grundlegenden Gegenstand ihrer Forschung macht, geht demnach nicht etwa an den Wirklichkeiten der sozialen Welt vorbei, wie einige geglaubt oder gefürchtet haben, sondern ist im Gegenteil die sozialste aller Geschichtsschreibungen.

3. Repräsentation und »Repräsentanz« – das historiographische Regime

16 In den letzten Jahren hat zweifelsohne Paul Ricœur in seinen Arbeiten sich am nachdrücklichsten mit der Verwandtschaft und den Unterschieden zwischen den verschiedenen Modalitäten der Repräsentation des Vergangenen – die erzählende Fiktion, die Vorgänge des Gedächtnisses, die historische Erkenntnis – auseinandergesetzt. In seinem Werk Gedächtnis, Geschichte, Vergessen stellt er eine Reihe an Unterscheidungen an zwischen den beiden Präsenzformen der Vergangenheit in der Gegenwart: der Erinnerungssuche oder Anamnese, wenn ein Mensch, wie Borges schreibt, »in sein Gedächtnis hinabsteigt«, und dem historiographischen Verfahren. Die erste Unterscheidung ist die zwischen Zeugnis und Dokument. Ersteres ist untrennbar mit dem (Augen)Zeugen verbunden und mit der Glaubwürdigkeit, die seine Aussagen hervorrufen oder nicht; Letzteres, das Zugang zu einer Vergangenheit schafft, die niemandes Erinnerung ist, kann lediglich mit den Techniken der Geschichtskritik ausgewertet werden. Eine zweite Unterscheidung stellt den Kontrast zwischen der Unmittelbarkeit der Reminiszenz und der Konstruktion der historischen Erklärung heraus, wobei Letztere entweder die von den Akteuren verkannten Regelmäßigkeiten und Zusammenhänge oder die ihnen eigenen expliziten Motive oder bewussten Strategien privilegieren kann. Und schließlich steht das von der Erinnerung verheißene (An)Erkennen der Vergangenheit im Gegensatz zu ihrer wahrheitsgetreuen Darstellung, die von der der Historiographie eigenen Dokumentenkritik und Erklärungskonstruktion bereitgestellt wird.

17 Daraus erklärt sich der doppelte Status der Repräsentation in Ricœurs Überlegungen: Sie bezeichnet in der Tat einen besonderen Gegenstand des historiographischen Fragebogens, der in der kulturgeschichtlichen Praxis einen zentralen Stellenwert eingenommen hat; und gleichzeitig bezeichnet sie das Regime der historischen Aussagen an sich, die dem der Disziplin eigenen Anspruch auf Wahrheit und Verifizierbarkeit des Wissens unterliegen. In Paraphrasierung der von Louis Marin aufgestellten Unterscheidung könnte man sagen, dass die historische Repräsentation der Vergangenheit wirklich eine doppelte Dimension hat: eine transitive, insofern sie etwas repräsentiert, was gewesen ist und nicht mehr ist, und eine reflexive, weil sie dies tut, indem sie die Regeln und Ansprüche, die ihre Repräsentationsarbeit beherrschen, offen darlegt. Im Fall der weiter oben bereits angesprochenen Sozial- und Kulturgeschichte werden die Repräsentationen der Akteure selbst zu dem von der

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historischen Repräsentation repräsentierten Gegenstand. Und eben daher rührt für Ricœur die Zwiespältigkeit und die Prägnanz des Repräsentationsbegriffs, der imstande ist, den zu erkennenden Gegenstand und das Verfahren des Erkennens miteinander zu vereinen: »Der Historiker sieht sich also dem gegenüber, was zunächst eine bedauerliche Zwiedeutigkeit des Begriffs ›Repräsentation‹ zu sein scheint, der je nach Kontext als widerspenstiges Erbe der Mentalitätsidee den Gegenstand des historischen Diskurses bezeichnet oder als Phase der Historiographie die Repräsentation als Operation. […] Hier drängt sich eine Hypothese auf: Sollte der Historiker, der Geschichte erzählt, nicht auf schöpferische Weise, indem er sie auf das Niveau des gelehrten Diskurses hebt, die interpretierende Geste mimen, durch die diejenigen, die die Geschichte machen, sich selbst und ihre Welt zu verstehen versuchen? Die Hypothese ist besonders plausibel innerhalb einer pragmatischen Konzeption der Historiographie, die darauf achtet, die Repräsentationen nicht von den Praxisformen zu trennen, durch die die sozialen Akteure das soziale Band begründen und mit vielfachen Identitäten ausstatten. Es würde dann zwischen der Repräsentation als Operation, die ein Moment des Geschichte-Erzählens ist, und der Repräsentation als Objekt, die ein Moment des Geschichte-Machens ist, ein mimetisches Verhältnis bestehen.«13 Letztere stellt sich stets in Form einer Erzählung dar. Muss man aber deshalb daraus folgern, sie sei nur eine Fiktion unter vielen? Mehrere Gründe haben zu einem solchen Schluss geführt: Zunächst hat die Tatsache, dass sowohl in der Historiographie als auch im Roman dieselben rhetorischen Tropen und Erzählstrukturen zum Einsatz kommen, dazu geführt, dass die der Geschichte inhärente Fähigkeit zur Erkenntnis sich in einer Narrativität auflöst, die epistemologisch durch nichts von der Wahrheit der Fabel unterschieden werden kann. Des Weiteren wird die historische Repräsentation der Vergangenheit stets durch die referentielle Illusion bedroht. Freilich ist die Kraft einer solchen Illusion, die einen Referenten ohne objektive Realität als wirklich darstellt, wie Barthes bekräftigt, im Roman, der, die Kategorie der Glaubhaftigkeit aufgebend, realistische Schreibweisen hervorgebracht hat, die der Fiktion Wahrheit verleihen sollen, nicht dieselbe wie im historischen Diskurs, bei der »das Dagewesensein der Dinge ein ausreichendes Prinzip für das Sprechen ist«.14 Und in der Tat fügt der Historiker in seine Erzählung die Beweise – Quellzitate, Reproduktionen von Dokumenten, Fotografien – für jenes »Dagewesensein der Dinge« ein. Michel de Certeau spricht in diesem Zusammenhang von einer verdoppelten, gespaltenen oder auch schichthaften Struktur des historischen Diskurses, der in der historischen Analyse die Spuren des Vergangenen, zu dessen Verständnis er beitragen möchte, einschließt.

18 Die wahrheitsgetreue Repräsentation der Vergangenheit ist jedoch, wie sämtliche historische Fälschungen und Fiktionen, die sich als historische Erzählungen ausgeben, es zeigen, nie vollkommen gegen die Versuchung der referentiellen Illusion gefeit. Sie als wahre Erkenntnis zu belegen, ist ebenso notwendig wie schwierig. Diese Aufgabe ist in einer Zeit wie der heutigen, in der von ersonnenen Geschichten eine starke Versuchung ausgeht, jedoch ganz grundlegend, legt sie doch die Kriterien fest, anhand deren eine Distanz in Betracht gezogen werden kann, die den historischen Diskurs als adäquate Repräsentation von der Vergangenheit oder, genauer, von der Vergangenheit, die der Historiker als seinen Gegenstand konstruiert hat, abtrennt.

19 Einmal mehr zeigt Ricoeur einen möglichen Weg auf, indem er bekräftigt, dass erst indem man von der (mit der Fiktion verwandten) Geschichtsschreibung zu den kritischen Forschungsmethoden und -verfahren, die dem dokumentarischen Beweis

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und der geschichtlichen Konstruktion zugrunde liegen, zurückgeht, diese den Wahrheitsanspruch ihres Diskurses akkreditieren kann: »Sind die repräsentativen Modi, die der historischen Intentionalität literarische Form geben sollen, erst einmal in Frage gestellt, dann besteht die einzig verantwortliche Weise, den Nachweis der Wirklichkeit gegen den Verdacht der Irrelevanz zu stärken, darin, der skripturalen Phase gegenüber den vorhergehenden Phasen des verstehenden Erklärens und der dokumentarischen Beweisaufnahme wieder den ihr zukommenden Platz anzuweisen. Nur alle zusammen sind also, in anderen Worten, Skripturalität, verstehende Erklärung und dokumentarischer Beweis imstande, den Wahrheitsanspruch des historischen Diskurses zu akkreditieren. Nur wenn die Kunst des Schreibens zurückverweist auf die ›Techniken der Recherche‹ und auf die ›kritischen Verfahren‹, ist sie imstande, den Protest in eine zu Kritik gewordene Bestätigung zu verwandeln.«15

4. Wirklichkeit der Repräsentation

20 Die geschichtswissenschaftliche Anwendung des Repräsentationsbegriffs wurde zweifach kritisiert. Der Begriff sei doppelt schädlich: Er entferne die Geschichte von den objektiven Wirklichkeiten, aus denen die Vergangenheit besteht, weil er der Untersuchung der Illusionen, Träume und Phantasien den Vorrang einräume und, schlimmer noch, er untergrabe den Status der Erkenntnis zugunsten einer Fabel über Fabeln oder zugunsten einer unkritischen Weitergabe von Mythen, die von den geschichtlichen Akteuren selbst konstruiert wurden. Dem ist meiner Meinung nach keineswegs so. Das Konzept der Repräsentation ist in seinen vielfachen Bedeutungen eines jener Konzepte, die mit größter Schärfe zu verstehen helfen, wie sich die Trennungslinien und Hierarchien der sozialen Welt herausbilden. Akzeptieren, dass der historische Diskurs selbst nur eine Repräsentation der Vergangenheit ist und sein kann, bedeutet keineswegs, ihm jegliche Wissenschaftlichkeit abzuerkennen, sondern im Gegenteil, deren Fundamente zu legen.

21 Die Repräsentationen, auf denen Wahrnehmungen und Urteile gründen und die die unterschiedlichen Sprechweisen und Handlungsarten lenken, sind genau so »real« wie die Prozesse, Verhaltensweisen oder Konflikte, die als »konkret« erachtet werden. Dieses Beharren auf dem »Konkreten«, als Gegensatz zum vermeintlich Abstrakten der Repräsentation, das einige Verfechter der Sozialgeschichte an den Tag legen, ist durchaus beunruhigend. Man kann sich, Foucault in Erinnerung rufend, die Frage stellen, ob nicht dort, wo sie allein mit »konkreten« Situationen gleichgesetzt wird, eine »sehr magere Idee von der Wirklichkeit« vorliegt. Foucault schrieb: »Es gibt nicht ›das‹ Reale, das man erreichen könnte, wenn man von allem spricht oder von bestimmten Dingen, die ›realer‹ sind als andere, und das man verfehlen würde, wenn man sich darauf beschränkte, im Interesse haltloser Abstraktionen andere Elemente und andere Beziehungen sichtbar zu machen. […] Ein bestimmter Rationalitätstyp, eine Denkweise, ein Programm, eine Technik, eine Gesamtheit von rationalen und koordinierten Anstrengungen, definierte und verfolgte Ziele, die Instrumente zu ihrer Erreichung usw., all dies ist real, auch wenn es nicht den Anspruch erhebt, ›die Realität‹ oder ›die‹ Gesellschaft als Ganzes zu sein.«16 Diese Warnung dürfte genügen, um die intellektuelle Diskussion von den falschen Gegensätzen zu befreien, die sie bisweilen noch versperren.

22 Gewiss sind die Praktiken, auf die die Repräsentationen auf verschiedene Weise gerichtet sind, nicht zurückführbar auf die Diskurse, die sie beschreiben, regeln, vorschreiben oder verbieten. Sie werden von den Repräsentationen, die sie bezeichnen,

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weder subsumiert noch absorbiert. Stellt sich also folgende Frage: Wie kann der Historiker stumme Praktiken erfassen, deren spezifische Logik nicht die der – welcher auch immer – Diskurse ist, die sie zu lesen geben? In seinem Kommentar zu Foucaults Überwachen und Strafen hat Michel de Certeau die Spannung (und das Risiko) hervorgehoben, die jedem Versuch innewohnt, von der Ausführung der Praktiken zu berichten: »Wenn die Theorie nicht länger ein Diskurs über andere vorhergehende Diskurse sein will und sich in nicht- oder vorsprachliche Regionen vorwagt, in denen es nur Praktiken ohne Diskurs gibt, so entstehen gewisse Probleme. Es kommt zunächst zu einem plötzlichen Wechsel, durch den der verlässliche Boden der Sprache verschwindet. Das theoretische Verfahren findet sich mit einem Mal an der äußersten Grenze seines üblichen Bereichs, so wie ein Auto am Rande einer Felsklippe. Jenseits davon ist nur noch die See. Foucault arbeitet am Rand dieser Klippe, wenn er einen Diskurs erfinden will, der von nicht-diskursiven Praktiken sprechen kann.«17

23 Eine jede Geschichte der Praktiken arbeitet notwendigerweise am Rande dieses Abgrunds und muss die zwingende Vermittlung durch die Repräsentationen akzeptieren, nicht ohne sie mit Hilfe der Techniken der dokumentarischen Kritik unter Kontrolle zu halten.

BIBLIOGRAPHIE

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Kantorowicz, E. (1992 [1957]): Die zwei Körper des Königs. Eine Studie zur politischen Theologie des Mittelalters, übers. v. W. Theimer, Stuttgart: Klett-Cotta.

Marin, L. (2004 [1989]): »Paolo Uccello im Chiostro Verde von Santa Maria Novella in Florenz«, Das Opake der Malerei. Zur Repräsentation im Quattrocento, übers. v. H. Jatho, Berlin: Diaphanes, S. 103–109.

Marin, L. (2005 [1981]): Das Porträt des Königs, übers. v. H. Jatho, Berlin: Diaphanes.

Marin, L. (2007[1993]): »Einleitung. Das Sein des Bildes und seine Wirkungskraft«, Von den Mächten des Bildes, übers. v. T. Bardoux, Zürich /Berlin: Diaphanes, S. 11–32.

Pascal, B. (1997 [1975]): Gedanken über die Religion und einige andere Themen, übers. v. U. Kunzmann, Stuttgart: Philipp Reclam jun.

Ricœur, P. (2004 [2000]): Gedächtnis, Geschichte, Vergessen, übers. v. H.-D. Gondek, Paderborn / München: Fink.

NOTES

1. Im Original »représentation«. Entsprechend der grundlegenden theoretischen Bedeutung des Repräsentationsbegriffs im Ansatz von Roger Chartier verwenden wir weitgehend diesen Terminus, nicht ohne jedoch bei Bedarf auf weitere deutsche Entsprechungen zurückzugreifen wie Darstellung, Abbildung, Vorstellung, Veranschaulichung. [A.d.Ü.] 2. Kantorowicz (1992 [1957]), S. 416.

F0 F0 F0 3. Marin (2004 [1989]), S. 31 30 33 .

F0 F0 4. Marin (2007[1993]), S. 31 38 . 5. Pascal (1997 [1975]), S. 50. 6. Pascal (1997 [1975]), S. 50 f.. 7. Marin (2005 [1981]), S. 14. 8. Greenblatt (1993 [1988]), S. 41. 9. Greenblatt (1993 [1988]), S. 25. 10. Greenblatt (1993 [1988]), S. 15. 11. Bourdieu (1982 [1979]) S. 754. 12. Bourdieu (2001 [1997]), S. 218. 13. Ricoeur (2004 [2000]), S. 353 f. 14. Barthes (2005 [1968]), S. 170. 15. Ricœur (2004 [2000]), S. 430. 16. Foucault (2009[1994), S. 19 f.. 17. De Certeau (2006 [1987]), S. 147.

INDEX

Mots-clés : Repräsentation; Selbstdarstellung; Präsenz; Repräsentationskämpfe; symbolische Herrschaft

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AUTEURS

ROGER CHARTIER Roger Chartier (geb. 1945), Historiker, war zunächst Dozent (1978–1983), anschließend Directeur d’études an der Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Nähere Informationen finden Sie hier.

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