SITUATION SAHEL CENTRAL / TILLABÉRY & Rapport de monitoring de protection Mai 2020 Sommaire

I. Aperçu du contexte sécuritaire et de protection...... 1 II. Contexte opérationnel...... 2 III. Points sur l’impact du COVID 19 dans la communauté/ Mesures préventives en cours...... 3 IV. Incidents de protection dans les régions de Tillabéri et de Tahoua...... 4 V. Mouvements de populations : ...... 5 VI. L’accès aux besoins sociaux de base et à l’assistance hu- manitaire...... 6 VII. Quelques réponses apportées et en cours par les ac- teurs sectoriels...... 7 VIII. Contraintes et Défis...... 8 VIII. Recommandations...... 9

Attaque d’Intikane: déplacement de population

I. Aperçu du contexte sécuritaire et de protection

NIGER - REGIONS DE TILLABERI ET TAHOUA: INCURSIONS ET MENACES DES GANE Situation au 5 Juin 2020

Tassara

cTachigarte cTassak

Egareck c cInkotayene Intourzawen Tagalate Mali c c cTillia cBakoret Tankadami c Agando c Ekneiwane cIntikane Chinewarene c ccIntazayene cTélemcès Assagaygay Azakaza c c cTahamou cTabatol

Agazicneyc Tamalaoulaou Fandou Banda Tinazagaz Agay Zarma Dinara c c ï c Talfatate Inchinanane Abala Tidirgalene c Zaroumbey Darey c c ïTidikit c Tahoua Ville de Ayerou Tahoua Weilabon Tissouhag c ï Keita Assalamey cMangayzé cTégueye c Sanguilléc Gaigorou Tafagou c Molia Zibane c ilaré Gatali c c Bank Sarakoiraïïcc cKadabo Fantio KofounoïSangara ï c Bibiyorgo ïDoukou Djindey Doukou Makani Tintakanet Illéla c Tillabery Filingué Téra

Baney Bery cTéra c Chatoumance Karbaran Gothèye c cDiagourou Birni N'Konni Dingadinguiel DaressalamTchéro cc ccTchenel Bangare cHobocukacDoulgouc c Yélo Hamidou c Balleyara Mamassirou c c Koulia Loga Gourel mama c Boupo cTingou kamabangou Burkina Ville de Dole c Kollo Tchelahi Faso Bolsi c c ckakou cBanizoubou Torodci Dcjayel cBellabé (Fada) Boboye cKodjoga Tolba Bellabé (Fada) Kiki c Ouro Bokki Dosso cKodieri c Nigeria Légende Léro c Nambiti (Tassiol) Limite internationale c cTchambouli, Tamcou Limite départementale Say Limite régionale Bande de 50Km autours de la frontière c Localité ayant connu une incursion des GANE ï ¯ Localité sous la menace des GANE Incursion transfrontalière des GANE 50km

Les noms et les limites utilisés sur cette carte n'impliquent aucune acceptation ou reconnaissance officielle de l'UNHCR. Sources: Monitoring de protection Auteur: Habibatou YOUNSA YANSAMBOU, [email protected] Feedback: Alice Bardot, [email protected]

1 Au cours du mois de mai 2020, la situation sécuritaire a des ultimatums de quitter leurs villages dans les brefs continué à se dégrader avec des attaques meurtrières délais. des GANE de plus en plus ciblées vers la population Au cours du mois de mai 2020, on observe une civile. Ces attaques répétitives interviennent dans augmentation du nombre d’incidents de protection 5% un contexte marqué par les opérations militaires de dans la région de Tahoua par rapport au mois d’avril grandes envergures des forces de défense et de sécurité 2020, et dans les localités du frontalières avec le (FDS) nigériennes et des forces internationales (G5 Burkina Faso. Sahel, Opération Barkhane, etc.) En outre, les GANE ont multiplié les incursions le long de Une trentaine de villages a fait l’objet de 81 incidents de la bande frontalière avec le Mali, suivies d’exactions sur protection (Tillabéri 36 et Tahoua 45) dont 15 attaques la population civile, notamment les assassinats ciblés, ciblées ayant fait 92 victimes, des mouvements massifs les enlèvements de personnes soupçonnées d’être des de populations, des biens et matériels incendiés et/ou informateurs des FDS, les extorsions de biens, les vols emportés. dans les boutiques, les menaces des populations avec

NIGER: Incidents majeurs ayant entrainés des mouvements de population en interne au Niger et transfrontaliers avec le Mali

06 mai 2020 à Gaigorou, commune de Dessa, 60 Km au nord de Tillaberi, 17 mai 2020 : Incursions et menaces des villages frontaliers avec Labbezanga, incursion des GANE sur une dizaine de motos. Bilan : 02 civils tués, un à la frontière avec le Mali : repositionnement des Forces armés malienne a autre blessé, plusieurs boutiques pillées et du bétail emporté ; labbezanga; 09 mai 2020 : Assassinat d’une personne dans le village de Zaroumbey 20 mai 2020 Enlèvement d’une personne à Mangaize : peur et psychose suivi Darey de la commune de Tondikiwindi, par les GANE et un ultimatum de de déplacement des membres de la famille ; 21 mai 2020 assassinat d’un homme à baneybery : déplacement de quitter le village: Déplacement de population vers Mangaize ; population; 08 mai 2020, à Zaroumdarey, localité située à 30 Km au nord-ouest de 27 mai 2020 : tentative d’assassinat du chef de village de Yassan gourou Mangaizé, un civil tué et du bétail emporté ; departement d’Ayorou, 09 mai 2020, incursion de GANE dans la commune d’Anzourou, 23 civils 28 mai 2020 : Assassinat d’un officier de Police et 02 civils dans le ont été tués dans trois villages les boutiques pillés et bétail emportés et departement de Tera sur l’axe Tera -petelkoli, plusieurs personnes molestées. Un ultimatum de 05 jours a été donné à 30 mai 2020 : Enlevement d’une personne a Tizégorou departement de la population de Theim pour déguerpir ; Déplacement massifs de plus de Baninbangou; 4000 personnes; 31 mai 2020 : Attaque de la ZAR d'Intikane et assassinats ciblés de deux 09 mai 2020, à 30 Km nord-ouest de Mangaizé, commune de représentants des réfugiés maliens et d’un dirigeant de la communauté locale Tondikiwindi :04 villages sommé par les GANE de déguerpir ; d’accueil : Deplacement massif de population.

Du 6 au 31 mai 2020

SOURCES: - PF MONITORING DE PROTECTION; - LEADERS COMMUNAUTAIRES; Les- UNDSS; extorsions des biens sous couvert de la zakat sont toujours signalées dans beaucoup de localités frontalières avec - AUTORITÉS ADMINISTRATIVES ET SÉCURITAIRES. le Mali. Notons aussi la perte des moyens de subsistance notamment le vol de bétail, les stocks de céréales pillés et divers autres biens emportés. Durant cette même période, 52 villages ont été menacés par les GANE dans les communes d’Ayorou, Abala, Banibangou, Tondikiwindi, Anzourou, , , et Diagourou, (régions de Tillabéri), Tillia et pour la région de Tahoua.

Bande frontalière du Niger avec le Mali Dans la même lancée, le 31 mai 2020, les éléments des GANE ont attaqué la zone d’accueil des réfugiés Les départements d’Ayorou, Banibangou, Ouallam, d’Intikane dans la région de Tahoua, et assassiné deux Abala, et Tillia sont frontaliers avec les cercles de représentants des réfugiés maliens et un dirigeant de la Ménaka et d’Andéramboukane et sont confrontés à communauté d’accueil. plusieurs attaques successives. Les raisons probables de ces attaques ciblées, selon Le 9 mai 2020, les GANE ont procédé une fois de plus certains leaders communautaires seraient, des à une attaque meurtrière (23 personnes tuées et 5 représailles pour soupçons de complicité avec les FDS; autres blessées) visant les civils dans plusieurs localités le besoin d’occupation de la zone ; l’Intimidation des de la commune d’Anzourou, département de Tillabéri. populations et l’instauration de la peur au sein de la 2 communauté pour le contrôle des zones ; le refus de payer la zakat ; la dissuasion des populations à toute forme de résistance.

Face à ce contexte d’insécurité, l’accès aux moyens de subsistance, à l’assistance humanitaire reste un défi pour les personnes dans le besoin. Les mesures d’état d’urgence déjà existantes avec notamment les escortes militaires obligatoires aux acteurs humanitaires pour se rendre dans plusieurs sites des PDI. Ces mesures ont ralenti considérablement les assistances humanitaires sur le terrain à l’endroit des populations déplacées et hôtes. Cette population, à majorité agriculteurs et commerçants, est confrontée à des difficultés d’accès dans leurs champs pour les cultures suite aux opérations militaires ainsi que la présence des GANE en fuite. Avant la crise sécuritaire, 15 grands axes communautaires étaient utilisés par les populations des localités frontalières pour se rendre vers les marchés hebdomadaires (Niger et Burkina Faso) ainsi que dans les services sociaux de base notamment les centres de santé, même si actuellement, seuls 4 axes sont fonctionnels et très insécurisés.

En conclusion, cette situation d’insécurité et les opérations militaires contribuent à réduire l’accès des Les populations à la recherche des zones sécurisées et humanitaires sur le terrain afin d’apporter l’assistance aux moyens de subsistance se déplacent vers le Mali et aux personnes déplacées. Le RRM estime à 13 474 à l’intérieur du Niger. Les déplacements vers le Mali se personnes en attente d’assistance dans plus d’une font en majorité les jours des marchés hebdomadaires dizaine de localités d’accueil. en utilisant les points frontaliers officiels et secondaires nonobstant les risques sécuritaires encourus. 32 points En plus de l’insécurité dans les villages, l’insuffisance frontaliers non officiels ont été identifiés par les points d’assistance humanitaire, la recherche des opportunités focaux et moniteurs des régions de Tillabéri et de socio -économiques telles que l’accessibilité aux Tahoua (cf. carte ci-dessus). marchés fonctionnels au Nord Mali, la découverte des sites aurifères à Gao et Ménaka, constituent des Bande frontalière du Niger avec le Burkina Faso facteurs favorisant les déplacements vers le Mali des populations du Niger mais aussi du Burkina Faso (zone Le contexte sécuritaire à la frontière Niger-Burkina Faso, du Liptako Gourma). dans la région de Tillabéri, reste marqué par la présence Les points focaux ont identifié 36 marchés active des GANE sur cette bande frontalière. La pression hebdomadaires actuellement non fonctionnels dans les continue des opérations des FDS nigériennes et/ régions de Tillabéry et de Tahoua. ou conjointes (FDS, G5 Sahel, Barkhane, Sarki2) à la frontière avec le Burkina, a conduit les GANE à se replier dans les villages frontaliers. Les cas d’enlèvements et d’assassinats ciblés de personnes se poursuivent ainsi que la stigmatisation de certains groupes ethniques pour des liens supposés avec les GANE. Les sources communautaires à la frontière Niger-Burkina Faso, rapportent la présence de nouveaux groupes armés non étatiques qui seraient venus du nord Mali. Les populations vivant dans les localités frontalières vivent dans la peur. L’accès dans ces zones reste très difficile pour les acteurs humanitaires du fait de l’insécurité.

3 II. INCIDENTS DE PROTECTION DANS LES RÉGIONS DE TILLABÉRI ET DE TAHOUA

Au total 81 incidents de protection ont été collectés au cours du mois de mai 2020 dont 36 incidents dans la région de Tillabéri et 45 incidents dans la région de Tahoua. Lesdits incidents ont fait 92 victimes dont 32 personnes tuées et 7 enlevées. Parmi les victimes on compte 2 femmes et 4 enfants. 933 victimes de janvier à mai 2020 dont92 au cours Incidents de protection du mois de mai 2020 (02 femmes et 04 mineurs) • 347 incidents de protection de janvier à mai 2020 ; • 81 incidents de protection pour le mois de mai 2020 dont 36 dans la région de Tillabéri et 45 dans la région de Tahoua; • 933 victimes dont 92 au mois de mai 2020 dont2 femmes et 4 enfants; • 40 incidents en moyenne par mois pour la région de Tillabéri et 25 incidents pour la région de Tahoua. Nombre d’incidents par région

Tillbéri Tahoua

54 47 45 39 36 36

28 24 21 17

Janvier Février Mars Avril Mai

On constate une augmentation du nombre d’incidents de protection enregistrés dans la région de Tahoua et une légère réduction des incidents dans la région de Tillaberi au cours du mois du mai 2020 par rapport au La tendance montre une augmentation du mois d’avril 2020. nombre d’incidents de protection consolidés pour les deux régions de Tillaberi et Tahoua au cours du mois de mai 2020. Ceci montre la Comparaison des typologies d’incidents de protec- volatilité de la situation sécuritaire. tion -région de Tillaberi (avril-mai 2020) Comparaison des typologies d’incidents de protection -région de Tahoua (avril-mai 2020)

Pour la région de Tillabéri on constate une augmentation des cas d’incursions et attaques particulièrement dans les localités frontalières avec Pour la région de Tahoua, on observe une le Burkina Faso, et l’attaque des trois villages de la augmentation des cas d’incursions et d’attaques, commune d’Anzourou ayant causé la mort d’une des cas d’assassinats, d’agression physique et des vingtaine de personnes. Notons aussi la persistance vols et pillages. des enlèvements et assassinats ciblés.

4 Région de Tillabéri Région de Tahoua

Répartition des victimes par Répartition des victimes par type de popu- type de population lation

Répartition du nombre d’incidents Répartition du nombre d’incidents par auteurs présumés par auteurs présumés

Pour la region de Tillaberi : : La population hôte reste Pour la région de Tahoua : La population hôte est la la plus touchée (75%). Cela s’explique par le fait que les plus affectée à 65%, suivi des PDI 20%, des réfugiés groupes armés non étatiques effectuent les incursions et 15%. Les incidents ont touchés en majorité les attaques dans les villages n’ayant pas encore effectués de personnes de sexe masculin à 96% et 4% de féminin. déplacement. Et les populations hôtes disposent plus de ressources utiles aux éléments de GANE.

Types de violations enregistrés :

Violation du droit à la propriété 44% privée

Violation du droit à la vie et à 42% l’intégrité physique

Violation du droit à la liberté de 13% mouvement

SGBV 1%

Realisations au cours du mois de mai 2020 169 PBS identifiées dont 127 référées 25 alertes diffusées 3 rapports d’analyses produits 4 participations aux réunions de coordination 3 missions d’évaluation de protection réalisées Les communes les plus touchées sont celles dont 4 notes d’analyses produites les villages sont représentées sur la carte en rouges dont Ayerou, Tillia, Abala, Bankilaré ,tera ,Tillaberi (commune d’Anzourou).

5 III. MOUVEMENTS DE POPULATIONS : SUIVI DES MOUVEMENTS

Quelques facteurs favorisants les déplacements de GANE et aux effets des opérations militaires dans leurs population: villages.

• Insécurité persistante dans leurs villages : Attaques Les attaques majeures sont celles du 09 mai 2020, fréquentes des GANE et exactions sur la population dans les villages de Zibane 1, Zibane 2 et Gadabo dans ; la commune d’Anzourou, l’attaque de Tamalolo et de • Affrontements armés entre les GANE et les FDS ; la zone d’accueil des refugiés d’Intikane qui abritent • Multiplication des arrestations et fouilles à domicile environ 2500 déplacés internes. par les FDS ayant conduit à des tortures, détentions et exécutions extra judiciaires ; b. Mouvements du Niger vers le Mali • Accès limité à l’assistance humanitaire : Assistance humanitaire très faible dans les localités d’accueil Durant le mois de mai 2020, les mouvements importants des PDI au Niger pour des raisons d’accès physique d’environ 100 personnes par semaine sont rapportés mais aussi l’insuffisance des ressources financières ; par les points focaux aux frontières avec le Mali dans • Déplacements de personnes attirées par les départements d’Ayorou, de Ouallam, d’Abala, et de l’assistance en CASH faite récemment par une ONG Banibangou. internationale au Nord Mali ; Selon des sources communautaires, certaines personnes • Accès limité aux moyens de subsistance : réduction parties pour les activités commerciales ne retournent et/ou perte du cheptel suite aux vols par les pas aussitôt au Niger et se font enregistrées au Mali GANE et la fermeture de certains grands marchés comme demandeurs d’Asile. hebdomadaires, opportunités économiques au Notons que plusieurs mouvements pendulaires entre le Mali; Mali et le Niger sont rapportés par les moniteurs aux • Sécurisation du reste de bétail suite aux vols frontières du fait des opportunités socio-économiques fréquents par les GANE; (découverte des nouvelles mines aurifères, marchés • Visite familiale : Selon certaines informations, près fonctionnels, assistances humanitaires…). de 75 % des boutiques qui sont dans les localités maliennes d’Inchinanane, Tamalat, Abagrame seraient tenues par des ressortissants nigériens ; c. Mouvements du Mali vers le Niger en plus, les mêmes communautés (Peulhs, Zarma et Daoussak) se retrouvent de part et d’autre de la En plus des 5087 personnes venant d’Ansongo, Karou, frontière du Niger avec le Mali ; Tamakaza, Andéramboukane et Tinazirau au Mali • Bonne connaissance de la zone des trois frontières au cours du mois d’avril 2020, environ 80 ménages par ces populations : car habituées à traverser la représentant 600 personnes sont nouvellement arrivés frontière pour des activités de commerce et/ ou la sur la ZAR d’Intikane au cours du mois de mai 2020 et recherche du pâturage pour le bétail. préenregistrés par l’équipe terrain de la Commission Nationale d’Eligibilité (CNE). Les ménages seraient originaires de la Commune d’Andéramboukane/Région de Ménaka.

Les principales raisons indiquées des déplacements de cette population sont : la recrudescence de l’insécurité dans le nord Mali, l’extorsion des biens d’autrui, les attaques des groupes armés non étatiques (GANE) contre des positions de l’armée Malienne ou contre les populations civiles et l’insécurité alimentaire. La population est composée de Touaregs majoritairement, des Peulhs Bororos et quelques ménages Haoussa minoritaires. a. Mouvements internes de populations

Les nouveaux mouvements internes de population se poursuivent dans les régions de Tillabéry et de Tahoua. Plus de 8000 personnes en avril et 5553 personnes au mois de mai 2020 ont effectué des nouveaux mouvements suite à l’insécurité, aux exactions des 6 IV. ACCÈS AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE ET ASSISTANCE HUMANITAIRE

Il faut noter aussi que plusieurs déplacés se sont installés dans les champs appartenant aux membres de la communauté hôte, qui en auront besoin pour la mise en valeur durant cette saison pluvieuse.

Besoins urgents en kits abris pour les PDI des régions de Tillabéri et de Tahoua

• WASH : le problème de l’insuffisance d’eau persiste toujours sur tous les sites des déplacés, (Abala, Banibangou) L’inexistence de latrines s’observe toujours sur tous les sites à l’exception de la ZAR d’Intikane. L’on peut donc conclure que les PDI vivant sur les autres sites défèquent à l’air libre et Entretien avec un ménage déplacé à Abala en sont aussi exposées aux maladies liées au manque attente d’appui en kit abris. d’hygiène. Les premières pluies de la saison ont été enregistrées au cours du mois de mai 2020. En effet, les saisons • Santé : l’accès aux soins de santé reste toujours pluvieuses au Niger, sont généralement caractérisées problématique pour les PDI, compte tenu des par des intempéries violentes (inondations, blocage longues distances qui les séparent des centres de de l’accès physique vers plusieurs localités par les santé mais aussi, suite au manque de moyen de koris) causant énormément de dégâts même pour les déplacement depuis l’interdiction de circuler à populations hôtes disposant d’abris aux normes. motos; à tout cela s’ajoute le problème d’accès En somme, la mise à jour des gaps multisectoriels révèle aux produits, faute de moyen financier. Seuls les qu’au cours du mois de mai 2020, très peu de kits abris déplacés de la ZAR d’Intikane bénéficient de la prise ont été distribués dans les localités d’accueil des PDI en charge médicale gratuite. dans les régions de Tillabéri et de Tahoua. • Education : la réouverture des écoles fermées Certains ménages ont besoin de renouvellement des suite à l’avènement du COVID19 est prévue pour abris distribués depuis 2019, et les nouveaux déplacés le 1er juin 2020, mais bien avant cela, plusieurs ciblés par le RRM sont en attente. Les kits abris sont établissements scolaires ont été soit fermés par vitaux pour ces populations déplacées en cette saison l’Etat pour des questions d’insécurité soit désertés pluvieuse. Les risques de protection sont énormes pour et abandonnés par les enseignants pour ces mêmes les personnes âgées, les femmes, les enfants et les raisons. personnes à besoins spécifiques.

VI. IMPACTS DES MESURES RESTRICTIVES DUES AU COVID 19 Au cours du mois de mai 2020, Les mesures préventives et réponses liées à la crise sanitaire née de la D’où la nécessité de : maladie à coronavirus (COVID-19) se poursuivent. Le • Engager encore plus la communauté ; gouvernement a assoupli certaines mesures restrictives • Poursuivre les activités de protection notamment la notamment….. gestion des cas de protection ; • poursuivre les assistances humanitaires vitales Néanmoins il est important de souligner l’impact des pour les personnes déplacées et le respect des restrictions dues au COVID 19 sur le maintien des droits fondamentaux notamment l’accès aux activités de protection dont entre autres : moyens de subsistance, le droit à l’éducation, à la • la faible présence des partenaires/acteurs sur santé en accordant une attention particulière aux le terrain en raison de certaines mesures de personnes vulnérables, aux personnes atteintes de prévention contre la pandémie du COVID-19 maladies chroniques, aux personnes handicapées, notamment la distanciation sociale et le respect des aux enfants et autres personnes ayant des besoins gestes barrières ; spécifiques ; • les difficultés dans la gestion des cas à distance ; • Poursuivre les actions de plaidoyer pour la • l’ augmentation du mariage précoce et du sexe de protection des civils à travers le cluster protection survie, de violence domestique; et veiller à ce que les aspects de transversalité de • l’exposition des enfants au travail, à l’exploitation et la protection ne soient négligés. Plaidoyer pour le abus et l’abandon scolaire. renforcement de l’accès des personnes déplacées 7 aux moyens de subsistance et aux services sociaux commune de Djagourou et Tillia. D’où nécessité de de base ; renforcer les activités de cohésion sociale dans ces • Renforcer le monitoring aux frontières du Niger avec localités. le Mali et le Burkina Faso pour garantir l’accès au territoire et à l’asile des réfugiés et des demandeurs VII. QUELQUES ACTIONS ET RÉPONSES d’asile APPORTÉES • Orientation de 26 personnes blessées au centre de Autres problèmes de protection : santé pour prise en charge (5 à Anzourou et 21 à Intikane) ; a. Violences basées sur le genre • Identification et orientation de 168 personnes à besoins spécifiques (PBS) pour des réponses Au cours du mois de mai 2020, les moniteurs ont rapporté médicales, appui en vivres, et biens non alimentaires, l’enlèvement de 8 filles de moins de 15 ans pour mariage suivi des cas de protection ; dans les communes de et (région de • Evaluations multisectorielles et de protection à Tillabéri). Cette pratique d’enlèvement des filles pour Tamalaoulaou ; mariage relève de la coutume de l’ethnie gourmantché. • Assistance en vivres par le PAM ; Et cela impacte négativement la scolarisation des filles • Appui à 880 ménages déplacés de Famalé, Gabou et dans cette zone car les filles enlevées sont des élèves. Kandadji par le CICR ; Dans la région de Tahoua, 28 cas de mariage d’enfants • Soutien psychologique aux familles endeuillées à ont été rapportés, et un cas de violence domestique Anzourou et Intikane par les acteurs de protection ; dont la victime a été référée au CSI d’Intikane pour une • Suivi des mouvements de population avec le MAH prise en charge médicale, puis à l’APBE pour la gestion et la CNE ; de cas. • Appui à l’enrôlement des PDI en cours dans les régions de Tillabéri et de Tahoua; b. Protection de l’enfance • Appui aux plaidoyers à l’endroit des FDS, de l’EHP par le Cluster Protection pour la protection des La protection de l’enfant reste problématique sur les civils pendant les opérations militaires et au cours sites des PDI au vu des conditions sécuritaires dans des déplacements de part et d’autre des frontières ; les régions de Tillabéri et de Tahoua. En effet, les • Suivi des cas de violations de droits de l’homme en attaques du 09 mai 2020 perpétrées dans les localités collaboration avec l’OHDH et le CNDH ; de la commune d’Anzourou, ont malheureusement • Identification de 38 cas de protection de l’enfance occasionné la mort de trois mineurs âgés de moins de 18 et orientation action; ans. Aussi, il faut noter également, les menaces ciblant les talibés dans la commune de Diagourou (Téra), et les VIII. CONTRAINTES ET DÉFIS inquiétudes liées à ces menaces directes visant pour la première fois cette catégorie de population en majorité Au regard de la situation sécuritaire et humanitaire, des mineurs. s’ajoute la crise sanitaire de Covid-19, les défis et contraintes actuels sont les suivants : Dans la région de Tahoua, il est à noter l’existence des cas d’exploitation des enfants de moins de 18 ans pour • La réponse aux nouveaux besoins multisectorielles plusieurs travaux a but lucratifs. Au total 38 enfants ont liés aux mouvements massifs suite aux attaques des été identifiés: GANE ; • Les mouvements multiples et transfrontaliers ; • 08 cas pour l’ utilisation quotidienne dans le • La poursuite des interventions humanitaires dans creusage des puisards, les zones les plus affectées à la frontière Niger- • 17 cas d’enfants soumis à la corvée d’eau à but Burkina Faso et le Mali sans mettre en danger les lucratif pour les parents dont 02 décès ont été populations (principe «Ne pas nuire») ; enregistrés et 01 cas de condition médicale critique • Application difficile des mesures de prévention du ; COVID-19 par les communautés (plus préoccupées • 14 cas d’enfants sur le site de Tagalalte employés par les assistances que les conséquences de la par des autochtones dans la ville de Tillia dans des maladie) ; tâches ménagères moyennant un peu d’argent et • Capacités de réponses opérationnelles des acteurs de nourritures ; humanitaires dans le respect des restrictions en lien avec le COVID-19 ; c. Coexistence / Cohabitation pacifique • La mobilité des communautés et acteurs humanitaires sur le terrain liée à l’insécurité mais La pression sur les ressources naturelles, la dénonciation aussi aux mesures d’états d’urgence récemment et la stigmatisation de certaines ethnies ,les tensions instaurées et à l’imposition d’escorte pour certaines autour des points d’eau dans différentes localités zones ; risquent de conduire à une situation conflictuelle entre • L’insuffisance des ressources pour couvrir les les différentes communautés. Des cas de tensions différents besoins multisectoriels identifiés. communautaires violentes ont été rapportées dans la 8 IX- DÉFIS DE PROTECTION ET ACTIONS DE SUIVI

Domaine Défis Actions de suivi Responsable Maintenir les patrouilles des FDS Plaidoyer auprès du Gouvernement CIMCoord constantes dans les villages à risques Les activités de promotion de la Acteurs humanitaires Sécurité des populations civiles et de coexistence pacifique entre réfugiés, CNE / DGECMR leurs biens populations hôtes et PDI HCR et partenaires

Accueil et installation sur les sites et Installer des PDI dans des conditions Accueil et installation des PDI dans Autorités administratives et locales villages d’accueil décentes en cette saison de pluie des sites viabilisés WASH Insuffisance en eau, en latrine Renforcer l’appui en eau et construire Acteurs RRM des latrines a Banibangou et Abala Renforcement des moyens de subsis- Poursuivre les activités (d’élevage et Appuyer les PDI en bétails et se- Acteurs SECAL et moyens de subsis- tance d’agriculture) mences en céréales pour la prochaine tance saison agricole Coordination transfrontalière de la Gestion des effets Pull- Factor Renforcer les réponses de protection Acteurs de protection et de moyens réponse aux PDI au Niger de subsistance Discuter des modalités coordonnées en CASH transfert avec le Mali Mouvements transfrontaliers de Porosité des frontières Poursuivre le suivi les mouvements Acteur de Border monitoring Population des populations transfrontalières Mouvements continus des popula- (Mali-Niger et vice versa) tions Poursuivre le suivi des mouvements Gouvernement interne de population et l’enregistre- ment des PDI Prévention et Réponse aux SGBV/ La recrudescence des VBG et les Nécessité de suivi par les acteurs Acteurs Humanitaires Protection de l’Enfance défis liés à la protection des enfants humanitaires des cas référés pour les Acteurs du Monitoring de Protection en cette période de fermeture des situations de SGBV et protection de Responsables sectoriels écoles (par exemple les mariages l’enfance en accord avec les procé- précoces/forcés) dures opérationnelles standard (SOP) et mécanismes de référencement

Possibilité de situations de violences, Nécessité de suivi par les acteurs Acteurs Humanitaires exploitations, discriminations, abus et humanitaires des cas référés pour les Acteurs du Monitoring de Protection négligences (VEDAN) à l’endroit des situations de SGBV et protection de Responsables sectoriels enfants au regard des situations d’in- l’enfance en accord avec les procé- sécurité et de déplacements forcés dures opérationnelles standard (SOP) et mécanismes de référencement Mouvements internes et transfron- Nécessité de conduite/poursuite de Acteurs Humanitaires taliers de populations augmentant le séances de sensibilisation à l’endroit Acteurs du Monitoring de Protection risque de propagation du coronavirus des populations affectées sur les -me Responsables sectoriels sures sanitaires en vigueur Distribution de kits sanitaires Urgence COVID-19 au Niger Plusieurs structures sanitaires non Plaidoyer auprès des autorités pour Gouvernement du Niger fonctionnelles dans les sites d’ac- l’ouverture de structures sanitaires Acteurs humanitaires cueils. dans les zones concernées Possibilité d’appui par les acteurs humanitaires.